Coda Jago
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…a través de las estrellas…

De vieilles notes grinçantes aux accents bourrés de saturation s’échappaient d’un haut-parleur hors d’âge calé dans un angle du plafond taché de graisse. Devant une plancha tout aussi sale, une twi’lek aux larges courbes faisait griller des galettes de bouillie d’avoine supplémentées aux protéines exhaussées du docteur Salamango. Un truc de vieille qui filait à n’importe quel aliment autrement mangeable le goût du cuir trempé dans du vinaigre. Mais quand Mama Pablos appréciait assez quelqu’un pour lui faire des galettes, on fermait son clapet, on retenait sa respiration, et on mangeait avec un sourire et moult compliments. Coda avait pris assez de coups de l’énorme raclette en bois qu’elle utilisait pour tourner ses galettes sur son derrière osseux en étant gosse pour avoir assimilé la règle.

…mi amor para siempre…

Mama Pablos se dandinait en chantonnait avec la musique. Elle avait perdu son mari, deux de ses fils et son fond de commerce dans l’effondrement de l’immeuble de la vingt-huitième rue, qui avait aussi emporté ta quasi-totalité de la famille de Coda. Il lui restait un fils et une fille, et puis une quinzaine de gamins qui s’étaient retrouvés orphelins ce jour là et qu’elle avait pris sous son aile à sa façon, c’est à dire en déposant tous les jours un énorme panier de ses immondes galettes à l’orphelinat du coin de la rue. C’était dégueu, ça collait au palais et ça filait la chair de poule à chaque bouchée, mais entre ça et la soupe fadasse de l’orphelinat, dans laquelle flottaient des morceaux de… trucs inconnus qui remplissait à peine l’estomac des gamins en pleine croissance… ben on faisait pas trop les difficiles.

…viajar al paraiso contigo…

Les galettes glissèrent dans une assiette et Mama Pablos se faufila entre les tables bancales en aluminium du Nuevo Pablos Cafe, au rez-de-chaussée du trente-troisième immeuble de la vingt-huitième rue du neuvième district. Elle déposa l’assiette de galette devant Coda, en lui flanquant au passage un coup sec à l’arrière du crâne pour qu’il vire ses pieds de la table parce que, quand même, c’était pas comme ça qu’on se tenait et que les gosses de nos jours étaient vraiment mal élevés. « Aïe, pardon, pardon, s’exclama Coda, avant de baisser le ton. Bruja, marmonna-t-il alors que Mama Pablos s’éloignait.
- Eh, c’est de ma mère que tu parles là !
- Oui, et ? »
Un silence. Les deux gars se fixaient en silence, chacun d’un côté de la table. Coda levait farouchement le menton, tout en sachant que Pablos -le fils, cette fois- pouvait lui retourner la colonne en un geste s’il le voulait. Mais Pablos -le fils, toujours- était un bon chum. Presque un frère, en soit. Et il savait que Coda n’était qu’une petite frappe, doublé d’un blagueur, qui ne valait rien mais qu’on aimait bien sans trop savoir pourquoi.

Coda touilla l’eau chaude de sa tasse, dans laquelle l’extrait de café en poudre avait du mal à se dissoudre et formait de gros agglomérats collants qu’il fallait remuer sans cesse. Un peu plus loin dans la rue, il y avait un gars qui faisait du vrai café. Coda y avait été, une fois, avant d’être immédiatement balancé à Mama Pablos par l’une des vieilles du quartier. Elle lui avait fait la gueule pendant des semaines, et bizarrement, ça l’avait rendu un peu triste. Il avait dû avaler double ration de galettes pour se faire pardonner, l’un des pires moments de sa vie. Il prit l’une des galettes, la cassa en deux et la trempa dans sa tasse pour le faire ramollir. Ça aidait un peu avec le goût de la galette, mais ça rendait le café imbuvable par la suite. Un genre de compromis. Pablos fils jeta un oeil vers le comptoir ou sa mère leur tournait le dos, ayant repris sa cuisine en fredonnant, et lui et Coda reposèrent leurs pieds sur la table à l’unisson. « T’attends qui ? demanda Pablos en touillant son propre café.
- Ta copine.
- Très drôle, hiro de puta. Moi j’pense que t’attends Rashu parce que t’as plus un crédit et que si tu trouves pas de boulot d’ici la fin de la semaine, tu vas t’retrouver à devoir faire le tapin pour les vieux riches du district soixante-neuf.
- Mmh… »
Coda ne répondit pas. Il n’y avait pas grand chose à répondre face à la presque vérité. Oui, il n’avait plus un rond. On était dans les fins fonds de la mouscaille, les abîmes de la dèche, les tréfonds de la mistoufle. Réduit à en manger les affreuses galettes de Mama Pablos et à boire sa mixture de café. Les dernières expéditions de récupération avaient toutes été un échec et un salopard dans la troisième rue s’était mis à écouler des blasters de récup’ pour trois fois moins cher et avait récupéré tous les clients du quartier. Les petits gangs se foutaient bien de la qualité tant qu’ils pouvaient économiser trois crédits, et tant pis si ça leur explosait entre les mains à la première utilisation. Faudrait que quelqu’un le fume, ce salopard, pensa Coda en contemplant le plafond. Pas lui, lui il avait les mains propres… relativement. Mais quelqu’un.

Coda se redressa avec un soupir. « Ouais, j’sais pas. Rashu m’a dit qu’il avait besoin de moi pour un boulot, mais j’en sais pas plus. J’ai rendez-vous ici, mais je sais pas trop avec qui. Ça se trouve, le type est déjà là mais comme on s’connait pas, on attend tous les deux comme des cons. » finit-il par ajouter en regardant autour de lui. Le café n’était pas bien rempli. Deux habitués s’affalaient sur le comptoir, trois gars en tenue de travail du district voisin qui prenaient leur pause à une table dans le coin, un grand solitaire qui parlait tout seul un peu plus loin. La crème de la crème.
Pablos fils se leva finalement, réajusta sa veste. « Bon, j’me tire. J’dois aller sur un chantier, j’demanderai s’il y a du boulot pour toi si tu veux, mais ça m’étonnerait qu’il t’acceptent, vu ta carrure. Et vire tes pieds de la table, on est pas chez les perros ici. » ajouta-t-il en poussant la porte du café, qui fit tinter le carillon. Coda lui adressa un geste grossier à travers la vitrine crasse, sourcils froncés, pieds sur table. Il le regarda bousculer un pauvre passant dans la rue et lui aboyer dessus comme si c’était sa faute, souffla du nez. Il aurait aimé être comme Pablos, un gars grand, fort, qui n’avait pas peur d’engueuler les autres. Mais il était lui, charisme négatif et apparence de crevette. Cependant, Pablos n’avait rien d’autre qu’un pépin dans la tête, et Coda préférait largement sa trogne à celle du twi’lek. Chacun ses forces. Et si Rashu venait lui proposer quelque chose, c’est que personne d’autre n’avait pu l’aider, et qu’il avait épuisé toutes ses cartes.
Alita T. Drummer
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Quitter l’enfer de Nar Shadda s’avérait plus coriace que prévu.
Elle n’avait pas prévu d’y séjourner longtemps, encore moins en formule tout compris ! C’était sans compter l’Alliance Extérieure, foutus séparatistes républicains, qui avaient le don de flairer sa présence.
Inaros, leur chef, était mort.
Et un peu par sa faute, il fallait le reconnaître. Toutefois, elle n’avait jamais souhaité une tragédie pareille. Darek avait été son premier et seul amour… réciproque. Il possédait ses défauts. De là à mériter la mort… non.
Clairement que non.

Face à son verre de lait bleu, elle ruminait en silence, l’estomac noué. Elle n’avait rien envie d’avaler, avait boudé le menu à base de galettes du  Nuevo Pablos Cafe. Le moindre fumet la révulsait. Le mieux était de récupérer Jóska, de dire adieu à cette maudite planète.
Les terroristes en avaient décidé autrement.
Comment l’avaient-ils retrouvée ? Mystère. Ils avaient des yeux et des oreilles partout et l’espace Hutt était le centre névralgique de leurs opérations clandestines. Elle avait été naïve de penser qu’elle pourrait arpenter les districts de Nar Shaddaa sans que le spectre du passé ne lui attrapât la veste.
Quelle poisse.
Cul sec, elle avala le lait tiède, grimaça sa déception.
Ils lui avaient demandé un service. Le premier d’une longue série ; ce genre-là aimait prendre en otage, essorer leur proie sous la pression et les menaces. Qu’elle fût aimée de leur défunt leader ne changeait rien, et probablement que c’était mieux ainsi. Ils considéraient qu'elle avait une dette dont elle devait s'acquitter sans délai.

Par-dessus son épaule, elle évalua la salle, tenta de repérer celui que son intermédiaire avait choisi pour effectuer le travail. Récupérer des composants délicats dans une station spatiale abandonnée, non loin de l’orbite de Nar Shaddaa. Pourquoi ne le faisaient-ils pas eux-mêmes ? Elle ricana. Parce qu’il était toujours moins risqué de déléguer à plus compétent que soi ; qu’en cas de pépin, ils ne seraient pas arrêtés. Ces réseaux se voulaient fantômes, employeurs masqués, traces insaisissables.
Quoiqu’il en fût, elle n’avait pas l’intention de faire traîner les choses.

Elle inspira, expira par le nez, se raisonna une énième fois puis quitta son siège pour errer, de façon absolument peu naturelle, vers la silhouette malingre d’un… adolescent ?
De son petit mètre soixante trois, elle toisa la description approximative qu’un certain Rashu lui avait fait du bonhomme.
Jango Cado ?l’interpella-t-elle.
Quelque chose du genre, un nom tellement simple qu’elle n’avait pas pris la peine de le mémoriser.
Elle voulait juste que cette mission se terminât au plus vite.
Alors, elle lui tendit une main franche.
Je suis Tove.
Second prénom, bien sûr. La bienséance du monde de la contrebande exigeait qu’on ne donnât jamais sa vraie identité. D’ailleurs le Cado Jango devait en être une fausse.
— J’ai du travail pour toi et c’est Rashu qui m’envoie.
Sur demande de terroristes intergalactiquement reconnus comme ennemis des uns et des autres, mais vraiment, elle souhaitait partir d’un bon pied. Inutile de plomber l’ambiance, elle battait déjà assez de l’aile ainsi.
Elle baissa les yeux sur sa propre main tendue, espéra qu’il s’en saisît sans lui transmettre une mauvaise grippe. Les habitants des districts pauvres de Nar Shadda ne respiraient pas tous la santé, et elle se passerait volontiers d’un séjour dans une clinique clandestine hors de prix.



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Coda Jago
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Coda abandonna lâchement sur la table le morceau de galette imbibé qui s’effritait entre ses doigts et essuya sans ménagement sa main sur son pantalon déjà usé, renfrogné. Pablos n’avait pas tort, et il détestait ça. Et le client, ou l’ami, ou il ne savait quoi d’autre de Rashu qui lui posait un lapin, ça avait le don de le rendre fou. Comme s’il n’avait que ça à foutre de sa vie d’attendre dans ce trou à rat, avec tous les autres rats, qu’un rat un peu plus riche se pointe avec un sale boulot à faire. C’était pas une vie.

Il attendrait cinq minutes, décida-t-il. Cinq, et puis bye bye. Cinq longues minutes, pendant lesquelles il soupira bruyamment, s’agita sur sa chaise, regarda autour de lui avec des grognements agacés, fit clinquer son verre sur la table, fit racler sa chaise, secoua ses cheveux, remonta la fermeture éclair de son blouson d’un coup sec, comme un adolescent survolté incapable de rester en place.

- Jango Cado ?

Coda se redressa en fronçant les sourcils, et se retrouva nez à nez avec un petit brin -vraiment petit- qui le toisait sans vergogne. Jango Cado ? C’était une blague ou quoi ? C’était pas comme s’il avait un nom difficile, pourtant. Peut-être elle aussi n’avait-elle qu’un pépin dans la tête. Pendant un moment, Coda eut envie d’être très immature. De lui dire que nan, c’était pas lui ce Jango Cado, et qu’elle veuille bien le laisser en paix et aller voir ailleurs s’il y était, merci bien. Mais il ravala sa langue pour afficher un air neutre, qu’il voulait poli. Ses yeux se posèrent sur la main qu’elle lui tendait, et il les releva vers elle. « Tove ? Connais pas. » répliqua-t-il sans faire le moindre geste pour serrer cette main inconnue. On savait pas où elle avait traîné, ni avec qui, et en vérité, il n’aimait pas trop ça. On se connaissait pas.

Ce ne fut qu’à la mention de Rashu que Coda se détendit légèrement. « Ah, c’est toi. » répondit-il placidement, tout en levant une main hésitante, avant de se rappeler qu’elle avait été souillée de galette répugnante. Alors, à la place de lui serrer la main, il continua son geste l’air de rien en lui indiquant la chaise que Pablos avait quitté. Derrière le comptoir, Mama Pablos avait les yeux rivés sur eux. Devant elle, ses galettes grésillaient. Elle aurait dû les tourner, mais elle était trop occupée à surveiller la scène. Les étrangers, on en voyait pas beaucoup par ici. Encore moins des jeunes filles humaines à l’air propret comme ça. Son regard se glissa furtivement vers l’un des tiroirs du comptoir, où un blaster était sagement caché, attendant son heure. Elle n’aimait pas ce Rashu, et tout ce qu’il apportait avec lui. Une crapule, un escroc, une petite merde qui profitait de la détresse des jeunes paumés du coin pour faire ses sales boulots et s’en mettre plein les poches sans se salir les mains. Si la scène tournait au vinaigre, elle serait prêtre à orner la tête de la jeune fille d’un joli petit trou. Une paranoïa qui ne la quittait plus depuis l’effondrement de l’immeuble. Défaut d’architecture, vétusté, mauvais entretien… toutes les raisons qu’on lui avait données n’étaient que du vent, à ses yeux. Non, quelqu’un leur avait voulu du mal à l’époque. Et peut-être que c’était toujours le cas.

Coda, lui, était à des années lumières de ces délires complotistes. Oui, Rashu n’était peut-être pas le partenaire d’affaires le plus scrupuleux, mais en attendant, il n’avait plus vraiment le choix. Il avait besoin d’un travaille, la jeune femme en face de lui lui en proposait un, point barre. Il ferait ce qu’on lui demande, prêt à se carapater au moindre signe de danger trop grand, et voilà, on irait pas plus loin. « Tu veux une galette ? Elles sont pas trop mal. » mentit-il en poussant vers elle son assiette, avant de porter sa tasse à ses lèvres. Mierda, il avait oublié qu’il avait trempé une galette dedans. Il serra les dents et pinça les lèvres en reposant la tasse comme si de rien n’était. « Il t’a promis quoi exactement, Rashu ? » demanda-t-il en détaillant la dénommée Tove du regard, sans gêne. Dans le coin, tout le monde avait l’air plutôt mal en point. La toux facile à cause des fumées de la Chureca, les yeux creusés de ne jamais voir la lumière naturelle autrement qu’à travers des nappes de brouillard, l’air un peu verdâtre à force de manger des concentrés de rations trois fois reconditionnées, les jambes et les bras tordus à force d’aller écumer la décharge pour récupérer les vieilles pièces détachées et les ordures des autres, le dos tordu de bosser sur les chantiers, les mains brûlées par les produits chimiques, les nez cassés par les bagarres de rue… Alors qu’elle… elle avait presque l’air indemne. Coda se sentit soudain cradingue, rachitique, laid et, de manière générale, amoindri, comme à chaque fois qu’il se retrouvait face à ces gens là. Et quand il était amoindri, il ne pouvait s’empêcher d’être con. La gouaille revenait au galop, l’impolitesse et l’insolence poussaient toute la logique pour se faire une place de choix. « Je prends cinquante pour-cent du paiement maintenant, et le reste quand le travail est fini, et c’est pas négociable. Et franchement, c’est si dur que ça d’retenir un nom de quatre lettres ? C’est Coda, faut pas trois cerveaux pour s’en souvenir quand même. Moi j’ai retenu Tove, j’ai fait l’effort, mierda, alors que c’est vraiment pas très intéressant comme nom. » termina-t-il en croisant les bras d’un air agacé.

Tout autour, les clients avaient relevé la tête pour écouter la conversation. Coda n’était pas franchement poli, baragouinant sans queue ni tête, comme à son habitude. On fixait surtout la jeune femme, probablement car on la trouvait peu à sa place, et Coda parce qu’il était peu discret. Et après avoir craché sa dernière phrase et repris son souffle, Coda sourit finalement. « J’rigole. Alors, on va où, et on part quand ? »
Alita T. Drummer
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Rashu lui avait remis un petit paquet de crédits que, miracle ! elle n’avait pas dépensé.
En chemin, l’envie n’avait pas manqué de céder pour quelques gadgets technologiques ou un menu dans un restaurant de luxe. Pas de street-food, jamais ; encore moins sur Nar Shaddaa. Pour cette raison, elle tiendrait sa bouche loin de la moindre galette.

Voici, lâcha-t-elle en même temps que les crédits avant de se mordiller la lèvre. On part dans… exactement vingt-quatre heures standards, du spatioport principal. Un vaisseau nous attend. Le Cibola. Habille-toi chaudement, car j’ai pas prévu de faire du baby-sitting.

Travailler avec un gamin. En était-il vraiment un ? Tout cela avait-il la moindre importance dans l’espace sans foi, ni loi des Hutts ? L’âge légal pour travailler ? A voir toute la misère qui orbitait autour de Nar Shaddaa, il était bien vain de se poser toutes ces questions. La République et ses valeurs morales étaient loin, bien trop loin.
Inutile de s’attarder davantage ou pire, de s’appitoyer.

Notre destination est un astéroïde à la dérive près de Kemal Station, c’est là qu’on se dirige. Il y a visiblement quelque chose à récupérer là-bas, une histoire de vaisseau abandonné. Pas n’importe quel vaisseau, en réalité. C’est un prototype de Stargen, qui est une société cadézienne. Cadézia, tu connais ? C’est l’une des rares planètes de la Bordure Extérieure à faire partie de la République Galactique ce qui en fait le lieu idéal pour toute sorte d’expérimentation dont ce prototype de vaisseau de guerre, abandonné là, attendant sagement son heure de gloire. Et c’est nous qui allons la sonner. Tu es engagé pour désosser. J'espère que tu as bien pris des notes. Je ne pense pas me répéter.

Elle salua Coda d’un geste rapide, et disparut dehors.

Il était temps de retrouver son fidèle Pi ; d’achever les derniers préparatifs.
Pi la rejoignit dans l’une des cabines de location que le spatioport mettait à disposition des voyageurs moyennant une somme bien trop rondelette pour ce qu’elle qualifiait de placard vétuste. Quelques néons, une couchette miteuse, un confort inexistant, mais une intimité bienvenue lorsqu’il s’agissait de se changer. Elle enfilait sa combinaison anti-gravitationnelle dont le tissu, criblé de nanoparticules, asphyxiait sa peau. Il faudrait faire avec. Son corps portait les stigmates d’une vie sans pesanteur. Elle avait pratiquement grandi dans des environnements à la gravité nulle ; s’équiper pour survivre lui était aussi familier que respirer.

Alita. Alita.
Parfois, j’aimerais avoir un petit-ami juste pour zipper ces fichues fermetures éclairs dans le dos. Sérieusement ! Des nano-particules, de la technologie de pointe, mais pas foutu de mettre une fermeture ailleurs qu’à des endroits inatteignables par un corps humain lambda, maugréa-t-elle, la nuque contorsionnée, les bras tordus.
Alita, insista la voix synthétique de son droïde.
J’ai oublié quelque chose ?
C’est Jóska.

Elle laissa tomba la fermeture éclaire, se tourna vivement vers Pi dont l’un des bras rétractable tenait un datapad.
Son coeur chahuta.
Le datapad de Jóska.
Elle s’en empara, déverrouilla l’écran.
Lut la dernière entrée.

Merci.

Comment avait-elle pu croire une seule seconde qu’il se tiendrait à carreau ? L’avait-elle pris pour un animal tenu en laisse ?

Oui.

Mille fois oui.

Cela dit, elle l’avait traité ainsi pour son propre bien à lui ! Parce qu’il n’avait pas conscience d’être…
En danger.
A la merci de tous les opportunistes que comptait cette Galaxie.
Elle-même compris ? siffla sa conscience.
Non, elle… c’était différent, martela-t-elle.
Jóska comptait vraiment.
Elle déglutit, se laissa tomber sur la couchette.
Abandonna le datapad pour se prendre la tête entre les mains. Que devait-elle faire ? Elle secoua ses cheveux, nerveuse. Tout abandonner et partir à sa recherche ? Par où commencer ? Si le gouvernement cadézien le retrouvait avant elle ?
Une plainte fusa entre ses lèvres pincées. Elle venait de quitter la réalité pour un cauchemar.

Alita.

Non.
Elle avait besoin de temps.

Alita.

De réfléchir !

Elle prit une brusque inspiration, se releva d’un bond qui manqua d’envoyer sa tête rencontrer le plafond. Un bref vertige secoua ses sens.
D’un mouvement furieux, elle actionna l’ouverture de la porte, attrapa ses maigres affaires, puis sortit.

Au quai 36 l’attendait Edwan, le capitaine fripon du Cibola.

Elle leva les yeux sur la carcasse amarrée dont la coque externe ressemblait à de la tôle mal dégrossie. Un vaisseau délabré était le seul moyen de passer inaperçu dans l’espace Hutt. Derrière la peinture abîmée et la carrosserie bosselée se dissimulaient des moteurs à propulsion dernier cri, et une myriade de technologies avancées donnaient vie au fonctionnement interne du Cibola.

Sur la passerelle, Edwan patientait, privé d’un œil, le droit, d’une jambe, la gauche. Une prothèse synthétique soutenait son corps décharné tandis qu’un bandeau sombre couvrait ce qui ne pourrait jamais repousser.

Capitaine Edwan, tout est prêt ? demanda-t-elle en guise de salutations.

Elle ne digérait toujours pas la fugue de Joska.
En témoignait le tremblement de ses doigts et probablement la pâleur de son visage.

Mon équipage est prêt. Tu sais ce qu’on dit de la zone ?
Sûrement quelque chose d’original du genre, personne n’en revient indemne ? Je ne suis déjà pas sûre d’y arriver en un seul morceau.
Mouais. On attend encore un passager ?
Mon associé, un certain Jango. Faites gaffe, vous pourriez aisément le confondre avec un gamin des rues. Mais qu’est-ce que je raconte, c’est un gamin des rues.





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