Den Qovro
Den Qovro
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Réseaux filiaux. [Dalla, Gary, Den] Shadda10

Nar Shaddaa. Le petit vaisseau de transport qui emmenait Den tremblait de partout. Il puait, aussi, malgré l’air qui s’engouffrait de partout dans les trous de la coque. Venant de toute part, d’autres vaisseaux allaient et venaient autour du leur. Les passagers conversaient chacun dans leur coin, certains lisaient en silence. D’autres somnolaient. Qovro observait l’extérieur, debout. Il sentait une certaine excitation le gagner, il ne pouvait pas le nier. Il aimait se plonger dans les tréfonds de Nar Shaddaa. Il haïssait ce que les Hutts avaient fait de ce monde et regardait avec désarroi l’étalement de la corruption et de la misère, le règne de la violence et de la compétition la plus vile. Mais malgré tout cela, arpenter les recoins les plus secrets de cette lune lui apportait toujours une certaine satisfaction. Car il s’y savait utile. Nar Shaddaa était une décharge de la civilisation galactique, une excroissance qui concentrait selon certains ce qu’il y avait de pire dans les territoires Hutts, et où tout se négociait. Ce n’était qu’un miroir très sale. Ce qui était permis ou toléré ici servait les territoires plus légalistes. Les Hutts n’étaient pas en paix avec les puissances galactiques pour rien. Nar Shaddaa servait à tous. D’une manière ou d’une autre. À un moment, ou à un autre. Tout le monde finissait par passer un jour sur cette lune, où entendre son nom. Beaucoup détestaient Nar Shaddaa. Nombre de ses confrères, aussi. Den la considérait comme un exemple de ce que produisait l’organisation d’une grande partie de la galaxie. Une grande source d’enseignements. Et il ne fallait pas perdre de vue que la colonisation Hutt de Nal Hutta et Nar Shaddaa avait été menée de manière tout à fait légale.

La loi n’était pas synonyme de morale ou de bien, d’éthique ou de respectabilité. Souvent, le crime était légal. Et juteux. Celui-ci l’avait été, et la marchandisation absolue avait fait des Evocii un énième peuple déplacé. Une bonne partie de l’entassement urbain qui l’entourait actuellement était de leurs mains. Nar Shaddaa faisait office de petite Coruscant. Toutes deux étaient corrompues à leur manière. Et parfois de façon très semblable.

La navette finit par se fixer à une rampe d’amarrage, au sommet d’un des innombrables grattes-ciels vertigineux de ce monde. Suivant les autres anonymes de ce vol, Den quittait le véhicule de transport pour gagner le hall d’accueil. Il était encore loin de sa destination, mais décidait de flâner un peu. Se rendant sur un des balcons de la tour, il observait la cime de cette forêt d’acier et de verre. L’endroit était clos, préservé des vents extérieurs, si puissants à une cette altitude. Alors que le regard de Den se baladait sans réel but, il croisait son propre regard. Son reflet dans la vitre. Habillé sobrement, d’une combinaison noire et d’une cape grise, il songeait alors à la nécessaire discrétion avec laquelle il devait opérer. Mais il avait toujours trouvé que s’emmitoufler dans sa capuche et jouer les vagabonds mystérieux le rendait plus suspect encore, surtout à ces niveaux élevés. Il s’assurait juste que son sabre laser ne soit pas visible, bien dissimulé à sa ceinture, à l’extrémité de ses hanches, quasiment dans son dos. Refermant sa cape sur lui, il claquait les talons. Inutile de trop se faire prier. Après tout, il avait rendez-vous.

Il lui fallait descendre à des niveaux biens inférieurs. Deux autres Jedi devaient le retrouver dans les bas-fonds, les niveaux les plus intéressants au goût de Den. Les représentants des plus bas échelons de la hiérarchie criminelle locale y grouillaient, mêlés aux pauvres gens – ils en étaient aussi, d’après Den – aux junkies, orphelins, travailleurs miséreux et vagabonds sans abris. Des endroits dangereux, imprévisibles, pleins de vie et de destins brisés. Mais aussi de rencontres formidables. Et parfois, celles-ci étaient faites de recrues potentielles. L’attention portée par Den aux destins de chacun et son empathie débordante ne le détournait pas de son but et de sa fonction au sein de l’Ordre. Apporter sa pierre à l’édifice. Repérer et recruter les êtres qui seraient susceptibles de devenir les Jedi de demain. Et alors que l’avenir était plus incertain que jamais, les Jedi avaient besoin de la jeunesse. Et celle-ci était partout autour d’eux, il fallait seulement un peu de chance et d’expertise pour la dénicher. Du bagou, aussi. Surtout dans les territoires Hutts.

S’il n’avait pas demandé à être accompagné pour cette visite, le Conseil avait demandé à Den de rejoindre deux Jedi sur place. Il ne savait pas exactement de qui il s’agissait, mais avait rendez-vous avec ses confrères dans une suite d’un motel miteux des bas-niveaux. Celle-ci était réservée au nom d’un des alias de Den Qovro dans l’Espace Hutt : Vinca Henbec. L’endroit était sensé être tranquille et sécurisé, il y séjournait régulièrement sous sa fausse identité.

Désireux d’économiser des ressources, le Conseil avait cru bon de profiter de la volonté de Den d’aller sonder la sensibilités à la Force des enfants de Nar Shaddaa pour faire d’une pierre deux coups et lui confier la coordination d’une mission. Un des acolytes recruteurs de Qovro avait récemment transmis un rapport inquiétant à l’Ordre sur un réseau esclavagiste basé à Nar Shaddaa. Rien de vraiment original jusqu’ici, ce genre de réseaux cauchemardesques pullulait dans le coin. Celui-ci se spécialisait visiblement dans la traite d’enfants pauvres de diverses espèces. L’Ordre suspectait le réseau de s’adonner à un trafic juteux: proposer à l’adoption une partie de ces gamins aux grandes fortunes de la République et des mondes industriels de la Bordure Médiane selon leurs désirs précis. Des gamins sur mesure, un véritable catalogue. Ces enfants étaient parfois orphelins des rues, parfois arrachés dans des circonstances obscures à leurs familles et venaient de mondes diverses. Ils finissaient regroupés quelque part sur cette lune. Quant à ceux qui n’étaient pas revendus sur le marché de l’adoption clandestine et de luxe, leur sort était plus flou. Esclavagisme, travail infantile, combats illégaux, et peut-être pire encore. Le recruteur avait découvert la piste en suivant un gamin à grand potentiel, rencontré dans les bas-fonds de Nar Shaddaa. Sa famille toxicomane était difficile à convaincre, mais était sur le point de laisser le petit à l'Ordre. Le réseau avait finis par leur promettre une belle somme en échange de leur petit, et de la came gratuite. Le Chevalier s’était alors retiré du dossier après une enquête préliminaire et Den avait été positionné sur la question. Deux autres envoyés de l’Ordre devaient venir lui prêter main forte.

Le dubravan avait bouquiné le dossier pendant tout le trajet. Les hypothèses de son homologue recruteur faisaient froid dans le dos, mais il devait avouer ne plus être choqué ou surpris face à la cruauté du monde. La pureté des enfants était régulièrement mise à mal, et pas seulement sur Nar Shaddaa. Consacrés et surprotégés par certains, ils n’étaient que de la marchandise ou une source de plus-value pour d’autres. Des Dieux ou des outils. Parfois quelque chose entre les deux. Que ces gamins soient sensibles ou non à la Force, maintenant que l’Ordre avait autant de détails sur le sujet, difficile de laisser ce réseau opérant. Et s’ils le pouvaient, ils récupéreraient le poulain repéré par le prédécesseur de Den.

Plongé dans ses pensées, il n’avait pas réalisé qu’il arrivait presque à destination. L’ascenseur gravitationnel avait descendu les niveaux à une vitesse ahurissante. On avait même plus le temps de penser, ici bas. Il était le dernier dedans. Les autres passagers n’étaient pas descendus si bas. Les portes s’ouvrirent et Den en franchit le seuil. On ne voyait même plus le ciel pollué et couvert de la lune. Une circulation dense continuait de flotter au-dessus de lui. Il n’était même pas encore totalement au fond. Et pourtant, il était loin, si loin de l’élite de l’aristocratie du crime qui siégeait dans les cimes. Il tirait instinctivement la capuche de sa cape sur sa tête cette fois. C'était ridicule, mais finalement plus fort que lui. Dissimulant du mieux qu’il pouvait sa présence dans la Force, il se dirigeait directement au motel où il s’identifiait auprès du droïde d’accueil. On lui signifiait que deux personnes l’attendaient, sans autres précisions. Le Jedi ne réagit pas et gagnait la suite miteuse. Un petit salon permettait d’accueillir quelques personnes dans des banquettes tâchées. Le mini-bar avait été rempli. La piaule sentait globalement un mélange subtil entre l’urine, le tabac et l’alcool. Confiant mais demeurant alerte, Den se présentait sur le seuil du salon, la porte se refermant derrière lui. Découvrant sa tête, il posait ses yeux globuleux sur ses deux invités. Leur envoyant un infime signal dans la Force, une énergie qui allait les rencontrer et les entourer, il indiquait sa propre identité et s’enquérait de la leur, sondant leur présence. Une fois sûr de lui, il hochait doucement la tête. Toujours aussi peu souriant, il se laisser aller aux salutations et aux présentations, dans le cas où il n’aurait jamais formellement croisé ces Jedi.

« Je suis Den Qovro. Navré pour l’odeur, il semblerait que les précédents locataires ne partageaient pas mon goût pour la sobriété. Servez-vous en boisson et en collation dans le mini-bar, les consommations sont à ma charge personnelle. »

Se détendant légèrement, il fit quelques pas vers eux, et semblait inspecter le reste de la pièce, s’en imprégnant. Voilà bien longtemps qu’il n’était pas venu.

« Je m’excuse pour mon retard, j’ai un peu traîné des pieds. » Qovro avait une fâcheuse tendance à se laisser aller à l’observation méticuleuse, même des paysages les plus miséreux. Voyageant souvent seul, s’adapter au rythme des autres n’était pas non plus toujours son fort. Cette mission tombait à point nommée, il était temps pour lui de redécouvrir les joies du travail d’équipe. Qui plus est, il se savait destiné à reprendre des apprentis sous son aile un jour ou l’autre. Alors autant se réhabituer à avoir de la compagnie. « Vous avez fait bon voyage ? Vous a-t-on remis tous les documents ? J’ai une copie du rapport à disposition si jamais ce n’était pas le cas. » Il n’était jamais trop tard pour se mettre à la page, mais à priori ses confrères avaient du avoir accès aux mêmes documents que lui. « Je crois que cet appartement est la chose la moins sale que nous allons fréquenter dans les prochains jours, alors apprenons à l’apprécier. » Ils avaient du pain sur la planche, mais il fallait être méticuleux. Ils prendraient le temps qu'il faudrait. Den ne laisserait aucun de ces gamins sur le carreau. Mais avant tout, il allait faire du thé. Tout en écoutant les deux autres Jedi, il fouillait l'endroit à la recherche de quoi faire bouillir de l'eau, après avoir déposé quelques sachets de thé de sa collection personnelle sur la table blasse.
Gary Kovani
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« C’est pas possible ! C’est quoi ce quartier pourri ?! » Je peste, seul, devant le tableau de bord, les yeux rivés sur les caméras ventrales du Xalfocafacta, mon vieux cargo en bout de course. Ce district se love aux pieds d’une forêt de mégastructures, qui tutoient les nuages, de l’autre côté de l’épais et immuable Smog. Un brouillard de pollution atmosphérique si dense qu’il ne laisse pratiquement passer aucune lumière naturelle. Pour les gens du coin, l’azur n’est qu’une masse marronne, fluctuante, criblée de halos lumineux : les néons aguicheurs des publicités qui pullulent dans les niveaux supérieurs. Les constructions titanesques sont si proches les unes des autres qu’il ne reste que très peu de place pour garer un vaisseau de transport. Les rares plateformes adaptées sont déjà bondées… Et celles encore libres menacent de s’effondrer à tout moment. Quelques gamins me font des signes de la main, peu habitués, peut-être, à voir flotter des cargos à cette altitude. Usuellement les gens laissent leurs vaisseaux plus haut, et descendent via les ascenseurs, ou en louant un speeder plus agile. Mais je ne suis pas comme les autres gens… Et je n’ai surtout pas envie de laisser traîner mon vaisseau trop loin de moi. Sans parler des taxes exorbitantes pratiquées par la mafia locale… Le quartier au-dessus de ma tête est très côté. Des tours de verre luxueuses. Une vitrine pompeuse et trompeuse pour les touristes naïfs et les opportunistes en quête de bonnes affaires. « Bon, mon Xaxa… On fait un dernier tour, et après… » Je me fige soudain. Enfin. Elle est là. Une place. Libre. Assez large pour accueillir le popotin rondelet de Xaxa ! Je pousse sur le manche. Le vaisseau se cabre. De l’autre main, j’abaisse une série d’interrupteurs logés sur le plafonnier. Les répulseurs d’activent enfin. Grondement sourd qui fait vibrer la coque à l’unisson de mon rythme cardiaque déchainé. Je redresse l’assiette au dernier moment. Le cargo, malmené par l’inertie et l’énergie cinétique pousse un gémissement plaintif. Le seconde suivante, les trains d’atterrissages frappent durement le béton crasseux. Je souffle.

Une manœuvre abrupte, osée, mais nécessaire. Là-haut, un pilote rageux klaxonne, jugeant que je lui ai volé sa place. C’est le jeu ma pauv’ lucette. Je l’ignore. Je me contente d’éteindre tous les systèmes. Dans la soute, je rassemble mes maigres affaires. Veste de contrebandiers aux multiples poches, frappé d’un blason dont j’ignore la signification. Un gang peut-être ? Je l’ai trouvé dans une poubelle. Il est confortable, et les traces de sang n’ont pas résisté aux lavages multiples. Je fourre un pistolet blaster léger dans le holster sanglé à ma cuisse droite. Je passe une dernière fois la main dans mes cheveux pour, vainement, essayer de les dompter… J’abandonne aussitôt, préférant les ramener en arrière, en une queue de cheval approximative. Ma barbe hirsute d’une petite semaine me démange les joues. Je raserai tout ça quand j’aurais enfin un moment à moi…

Je presse le bouton coup-de-poing fixé au fond de la soute. La rampe se déploie. Sifflement des vérins. Ils mériteraient une petite révision. Enfin je quitte mon vaisseau. Je presse sur la télécommande pendue à ma ceinture pour replier la rampe et verrouiller le vaisseau. Click clik. Le clignotement des phrases frontaux confirment la réussite de l’opération. Un signal visuel et sonore qui n'a pas évolué des dizaines de milliers d'années.

« Et vous là, les mômes ! Ouais, c'est à vous que je parle ! » Je fais signe d’approcher à la bande de gamin qui tournent déjà autour de Xaxa. Ils sont méfiants mais flairent le bon coup. Instinct de survie en milieu urbain sans pitié. Ma main valide plonge dans une poche pour en extraire dix crédits. Je les lance. « Y en aura dix de plus si je retrouve mon vaisseau dans le même état à mon retour ? Capito giovani ? » Chaque quartier parle un créole bien à lui. Dans celui de la décharge, où j’ai posé mes valises pour développer le Dispensaire Jedi, on aurait plutôt dit : Entendido, Jovenes. Je n’ai pas la prétention de parler toutes les langues locales… Mais j’ai assez roulé ma bosse sur ce monde crasseux pour déchiffrer la plupart, et sortir quelques phrases types. Bref. Les gamins acquissent, les yeux brillants. La somme que le leur propose dépasse de loin ce qu’ils peuvent magouiller pendant un mois, sans prendre de grands risques en remontant dans les niveaux supérieurs.

Je les abandonne donc... Et à l’issu d’un périple tortueux qu’une dizaine de minutes, écrasé par l’ombre massive des gratte-espace. Oui, on ne parle plus de gratte-ciel à ce niveau… Je pénètre dans le motel miteux. Un établissement discret, parfaitement dans la moyenne de ce qui se fait dans le coin. Ni plus ni moins. D’un pas décidé je me dirige vers le comptoir. Je pose mes deux coudes dessus, et sans attendre, je massacre la petite sonnette. J’ai épuisé mon quota de patience pour la semaine. Un être informe, dont je suis bien incapable de reconnaître l’espèce, probablement un métissage douteux presque contre-nature, s’échappe de l’arrière-salle réservée au personnel, avec une lenteur affolante. Les pans de sa robe sont si long que je ne saurais dire s’il est doté de jambes, de tentacules, ou d’un pied de limace. Et franchement je m’en fou.

« Garibaldi Bruckkenschappel. B. R. U. C. K. K…. » Par réflexe, je commence à épeler mon pseudonyme… Mais l’autre en face s’est figé, attentif. D’habitude les réceptionnistes tapent des trucs sur leurs datapad pour vérifier les réservations non ? « Hmmm… Je suis attendu. » De son bras mou, il m’indique le couloir. « Là-bas ? Ma chambre est là-bas ? » Il secoue la tête. Je comprends alors seulement qu«’il désigne la carcasse rouillée d’un vieux droïde d’accueil abandonnée dans une alcôve mal éclairée. « Ooooké, j’ai pigé… Purée, c’est pas facile la communication hein. Grazie mille Signore… » Je prends aussitôt congés pour réitérer ma requête auprès du droïde. De sa voix chuintante il m’indique enfin le numéro de la chambre. Dernier étage, la porte du fond. Le plus tranquille. Quelqu’un m’y attend déjà… Une Twi’lek à la carnation reconnaissable d’entre toutes ! Je laisse éclater ma joie.

« Dalla ! Ca roule ? Bordel ça fait plaisir de te voir ! »  Je m’élance vers elle pour la serre entre mes bras. Une étreinte chaleureuse, amicale. Je recule d’un pas, mains toujours plaquées sur ses épaules. « Désolé de te le dire, mais t’as vraiment une sale gueule. T’as l’air claquée. » Je ricane. « Faut croire qu’on est condamnés à faire équipe dans tous les milieux extrêmes de cette galaxie… La fournaise de Tatooine, les glaces d’Ilum… Et la crasse de Nar Shaddaa… » Sourire franc, sur les lèvres, je la libère enfin, et me laisse tomber sur le canapé. Un nuage de poussières s’échappe des coussins avachis. L’assis grince à chaque mouvement de bassin. Je prête même plus attention aux taches suspectes. Ces dernières semaines ont été bien pires. Je me laisse glisser, la tête rejetée en arrière. Une myriade d’auréoles jaunâtres habille le plafond jadis blanc. Par endroit l’humidité a même dissous la peinture.

« Je suis H.S… Je n’ai pas quitté le district de la Décharge, la Chureca depuis presque un mois. C'est tous les jours la folie là bas... J’avais presque oublié à quoi ressemblait le monde civilisé… » J’ironise à peine. « D’ailleurs, quand tu auras le temps, n’hésite pas à passer ! Le Dispensaire commence à bien tourner. On garde profil bas, les gens du coin n’ont aucune idée que les jolies infirmières sont du MedCorp… S’il n’y avait pas tous ces gangs, ça serait presque un petit coin de paradis héhé… En parlant de ça. Devine quoi ? J’ai un peu… hmmm… Magouillé pour obtenir le titre de propriété de l’immeuble juste à côté du Dispensaire… On va bientôt ouvrir un foyer pour les gamins qui traînent dans les rues. Cool non ? Qui sait, peut-être de futures recrues. »

Evidemment, je tais les détails… gênants. Le fait, par exemple, que j’enfile tous les soirs le costume d’El Angel Sin Rosto pour botter le cul des gangs. Que je les dépouille de leurs crédits si mal acquis pour financer nos activités infiniment plus vertueuses. Mais voler des voleur, est-ce vraiment du vol ? Dans les holofilms, les gars qui font ça sont des héros populaires ! Dans cette position, affalé sur le canapé étonnement confortable, toute la fatigue jusqu’alors refoulée au plus profond de mon esprit ressurgit. Et avec elle un début de migraine qui tonne à mes tempes. Je me les masse. Et me relève, à contre-cœur. J’aurais tout le temps de me reposer lorsque je serai mort. « T’as déjà fait le tour ? C’est comment ? »
Je fais rapidement le tour du propriétaire. Chambre qui pue le moisi, salle de bain hors d’usage, cuisine crasseuse… ça sent la clope et l’urine. « Ca va, j'ai vu pire... Oh regarde ! Le mini-bar est plein. Classe. Tu veux un truc ? » Je choppe un paquet de crackers que je dévore sans même vérifier la date de péremption. Elle est dépassée depuis de nombreuses années, à coup sûr. Mais les gâteaux sec ça ne s’abime jamais vraiment, non ? Je récupère aussi une bière. Une sous marque locale. Dégueulasse mais sans risque pour la santé. Malgré son apparence douteuse, ce motel est une valeur sure dans le quartier. Il offre des services honnêtes pour son prix.

« Tu sais qui… » Je bafouille, la bouche pleine, lorsque soudain je ressens une présence. Une fluctuation dans la Force. Des salutations silencieuses. Den Qovron… Difficile d’oublier son regard globuleux. Je m’accoude à l’ilot central, nez au-dessus de la canette décapsulée, et réponds :

« T’inquiète Den. 0n n’a pas attendu ton autorisation avant de se servir… » J’affiche un sourire moqueur. « Attend, de quels documents tu parles ? » Ma main agile glisse jusqu’à la poche arrière de mon pantalon où paresse sagement mon datapad. Je le rallume. « Ah… Ceux là… Fallait les lires ? » Je secoue la tête. « Bah… C’est juste que je déteste me spoiler l’intrigue de l’histoire… Et puis, je me suis dis que tu allais nous refaire le topo de toute façon, non ? » Clin d’œil complice à Dalla. Elle commence à me connaitre : moi et mon amour des briefing écrits et des protocoles. « Je suis tout ouïe. C’est quoi le plan chef ? » En vérité, je les ai parcourus en diagonale… Mais j’aime bien jouer à l’idiot, surtout devant des Maitres qui se prennent un peu trop au sérieux à mon gout. Le Maitre a à peine daigné nous dire bonjour et nous demander comment on allait. Droit au but. C’est mon coté taquin, que voulez-vous. Je ne vais plus changer à mon age… «Et ne t'inquiète pas pour nous, les trucs crades ça nous connait, hein Dalla ? »
Dalla Tellura
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Dalla devait admettre qu’elle était assez remontée contre le Conseil Jedi, et que c’était sûrement la raison pour laquelle elle gigotait autant sur son siège, et que son voisin de gauche commençait à s’impatienter qu’elle frôle son bagage cabine de sa botte chaque fois qu’elle croisait et décroisait les jambes.
Pourtant, sur le papier, la mission qu’on lui avait confiée avait tout pour lui plaire et la satisfaire. D’ailleurs, elle avait accepté sans hésiter, et elle ne regrettait pas cette décision. Faire tomber un réseau de traite, de traite d’enfants qui pis est ! Et peut-être même récupérer un jeune initié pour l’Ordre...
Mais, encore une fois, c’était la façon dont on lui avait présenté le dossier et les moyens disponibles qui lui restait en travers de la gorge.

Elle était parfaitement consciente que l’Ordre Jedi n’avait plus les mêmes moyens qu’autrefois. Ni les moyens financiers, ni les moyens matériels, ni les moyens diplomatiques, ni même les moyens en terme de personnel. Elle le savait très bien ! C’était même, assez largement, ce qui la motivait à faire quatre choses en même temps : remplacements pour l’EduCorp, travail d’archivage, réparations mécaniques et enfin les missions comme celles-ci, où il manquait quelqu’un.

Elle ne voyait donc vraiment pas pourquoi le Conseil s’était cru obligé de la sermonner sur la question des moyens disponibles. Le pompon avait été atteint quand il s’était agi des moyens de transports. Dalla, pour des raisons pratiques évidentes, avait demandé comment elle devait se rendre sur Nar Shadaa. Maître Pulos était parti dans une diatribe sur la façon dont certains jedi utilisaient les vaisseaux de l’Ordre, les travaux à faire après les missions (comme si Dalla n’était pas personnellement au courant de cette question), de l’argent que ça coûtait, etc. Il avait fini sa diatribe en l’informant sèchement qu’elle n’avait qu’à prendre les transports en commun, qu’il verrait si l’Ordre pouvait financer l’aller, et que pour le retour, et n’aurait qu’à rentrer avec le chevalier Kovani.
L’entretien avait déjà suffisamment duré pour que Dalla ne prenne pas la peine de répondre que Kovani risquait fort de ne pas retourner tout de suite sur Tatooine, puisqu’il passait beaucoup de temps au dispensaire pour l’aider à se développer. Chaque chose en son temps, il serait toujours temps de savoir comment revenir au Temple après la mission achevée.

Mais elle en avait marre que, depuis son retour au sein de l'Ordre, au lieu d'assumer pleinement la dèche dans laquelle se trouvait l'Ordre (et dont tous les chevaliers, les maîtres et la grande majorité des padawans étaient pleinement conscients), le Conseil se contente de pointer les demandes -souvent justifiées- de moyens qui lui étaient envoyées.
Bien sûr, le Conseil était sous pression.
Bien sûr, il ne pouvait pas inventer l'argent et les ressources dont ils ne disposaient plus. Mais ce n'était pas une raison pour accuser les jedi, qui faisaient ce qu'ils pouvaient avec ce qu'ils avaient...

Elle était donc dans une navette StarSpeeder 202 (dont elle avait finalement acheté elle-même le billet avec l'argent qui lui restait de son dernier salaire au garage de Kark), après une correspondance à Syvris et une autre à Circumtore, coincée entre un barbadelien très chargé et une patrolienne qui dormait depuis le départ de la navette.

Elle essayait de calmer son agacement en relisant une troisième fois les documents fournis par le Conseil.
Au moins, la réalité de la situation décrite dans le rapport de terrain était si horrible, qu’elle lui fit oublier les mesquineries du Conseil. Elle repensait à Kolin et à ce qu’il lui avait fait découvrir des bas-fonds de Coruscant, il y avait des années de cela.
Elle repensait surtout à Nassa, à Laleeni, à Alyria… A la façon dont certaines d’entre elles étaient arrivées dans le monde de la danse, du spectacle, et des extras louches après le spectacle.
Cela dit… il valait mieux qu’elle ne pense pas trop à Nassa. La relation des jumelles était devenue un peu… tendue depuis la mort de Gredeon, le mari de Nassa.

Dalla soupira et se massa la base des lekku. Elle penserait à Nassa et ses messages sans réponses une autre fois.
Elle réussit à se replonger dans ses lectures jusqu’à ce que la navette approche de Nar Shadaa. Pendant les manœuvres d’entrée dans l’atmosphère et d’atterrissage, Dalla se pencha dans les plans de la ville, pour repérer le trajet à suivre jusqu’au point de rendez-vous.

Elle n’était encore jamais allée à Nar Shadaa. Ce n’était, bien sûr, pas faute d’en avoir entendu parler. Mais l’occasion ne s’en était jamais présentée, même avec son ancienne maître, Larna.

En sortant du spatioport, après presque une heure d’attente et de procédures administratives, Dalla fut presque déçue de constater que Nar Shadaa n’était pas si différente de Coruscant, en tout cas de certains quartiers de celle-ci.

Elle suivit scrupuleusement l’itinéraire qu’elle avait repéré, regardant tout autour d’elle, pour tenter d’apprendre à connaître la zone. Savoir ce pourquoi elle était là l’aidait à affronter la pauvreté et la précarité qu’elle croisait de plus en plus fréquemment à mesure qu’elle approchait du motel où elle devait retrouver Kovani et Maître Qovro.
Elle arriva au motel avec presque une heure d’avance. Nassa disait que sa manie d’être toujours en avance trahissait une anxiété profonde…
Non, ne pas penser à Nassa.
Ce qui n’était pas facile, quand elle pensait que, selon ses sources (c'est-à-dire leur demi-frère Kebko et leur ancienne colocataire, Alyria), Nassa était justement venue s’installer sur Nar Shadaa…

Après un court dialogue dans une version plus qu’approximative du huttese qu’elle enseignait aux initiés, elle pénétra dans la suite réservée au nom de « Vinca Henbec », et dut réprimer un haut le cœur.
L’odeur était immonde, et en regardant l’état des sols, des rideaux et du canapé, elle regretta de ne pas avoir apporté sa bure.

Elle avait mis un pantalon noir en toile solide, un débardeur simple et son blouson en similicuir pardessus sa ceinture multi-poches (où les deux parties de son sabre laser assemblable étaient dissimulées).
Ce qui voulait dire que si elle s’asseyait sur le canapé, non seulement ses vêtements entreraient en contact avec les tâches suspectes qui couvraient le tissu, mais potentiellement ses lombaires aussi, puisque son débardeur avait tendance à remonter un peu sur ses hanches…

Elle resta donc debout, après avoir inspecté les meubles pendant dix bonnes minutes pour trouver l’endroit le moins sale pour poser son sac.

Quand le fait de piétiner dans une odeur à laquelle elle ne parvenait vraiment pas à s’habituer devint vraiment insupportable, elle se décida à fouiller un peu la suite. En plus du salon avec cuisine, il y avait un petit fresher aux murs couverts de moisi et de rouille, une chambre sans fenêtre avec deux lits simples, collés l’un à l’autre, et des toilettes, dont la porte soutenait encore un demi-verrou.

Dalla respira à fond, dans l’espoir de ne pas céder à la panique.
Elle était une jedi, elle était venue sauver des enfants innocents, elle ne devait pas s’abaisser à des détails aussi bassement matériels que…

La porte d’entrée s’ouvrit. Dalla revint hâtivement dans le salon, où elle n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche avant d’être happée par un noorien visiblement au mieux de sa forme.

-Gary ! s’exclama-t-elle. Je suis contente de te voir, moi aussi ! Surtout que je ne connais pas du tout cette planète !

Dalla eut un petit sourire.

-Fatiguée, oui... et... disons que je ne me sens pas très à l’aise ici… J’ai l’impression que je vais attraper Force sait quoi si je touche la moindre surface de cet endroit…

Elle regarda avec un certain effroi Gary s’affaler sur l’une desdites surface. La poussière qui émanait du canapé (Dalla s’efforça d’oublier qu’elle savait que la poussière était en grande partie faite de peaux mortes) la fit tousser.

Dalla s’approcha de Gary quand la poussière fut retombée.

-J’aimerais beaucoup passer ! D’autant que… Enfin, non, laisse tomber.

Si seulement Nassa acceptait de répondre à ses messages…

-Mais… dis-moi… ce n’est quand même pas un de ces dispensaires de holosérie, où tous les médecins sont des hommes, et toutes les infirmières des femmes ? Je suis sûre que la chevalière Vertigen ne tolérerait pas une telle inégalité dans son dispensaire…

Elle taquinait Gary. Elle commençait à suffisamment connaître le jedi détective pour lui faire confiance sur pas mal de sujets, même quand il faisait des plaisanteries qu’elle n’aurait elle-même jamais tentées…

-Mais c’est vraiment génial ! Ils auront un logement, des soins… Il  ne leur manquera plus qu’une bonne éducation !


Elle avait peut-être toujours une sale gueule, mais au moins cela lui avait fait retrouver le sourire.

-C’est… un peu comme le salon. Pas très grand, pas très propre. Mais pas très cher… Et pour le Conseil, je pense que c’était le plus important !


Son ton était sûrement un peu plus amer qu’elle ne l’aurait voulu…

-Non, merci, j’ai pris une gourde d’eau avec moi.

Elle sursauta en sentant une nouvelle présence dans la Force. Maître Qovro leur manifestait son arrivée.

-Enchantée, Maître Qovro, Dalla Tellura, chevalière jedi.

Dalla ne s’était pas attendue à ce que Maître Qovro soit un dubravien. Bien sûr, la petite ville de Dubrava où elle avait vécu pendant cinq ans après la Diaspora était assez cosmopolite, mais elle avait tout de même assez côtoyé d’indigènes pour ressentir un pincement au cœur en voyant le jedi.

Dalla jeta un petit regard à Gary. Il n’avait vraiment pas lu les docs ?

-Oui, Maître Qovro, j’ai bien eu les documents, et d’ailleurs, j’avais une question. Le Conseil m’a bien parlé du réseau basé sur Nar Shadaa, mais… Enfin, je suppose que, malheureusement, nous ne pourrons pas faire grand-chose contre les entreprises et les agences, notamment républicaines, qui travaillent en lien avec eux ?

Dalla était quasiment sûre de la réponse. Bernard, du BRJD, avait visiblement réussi à dégoter plusieurs fichiers de l’agence d’adoption « l’Arche de Zare », qui mettait en relation des enfants récupérés par les esclavagistes et des candidats à l’adoption. Sur la liste, il y avait une certaine Aramintha Saro, petite fille de l’actionnaire principale des chantiers navals Saro, de Corellia. Il y avait aussi des assistants sénateurs, des ministres, des hommes et des femmes d’affaires de toute la République, etc. Une telle agence devait être intouchable pour un Ordre jedi aussi diminué...

Mais elle tenait à poser la question. Question de principe.

Elle regarda avec grande attention Maître Qovro s'agiter autour de la bouilloire. Elle était partagée entre la salive qui lui montait aux papilles en voyant les sachets apportés par le Maître, et le dégout à la simple idée de l'état dans lequel devait se trouver la vaisselle rangée dans la cuisine de cette suite.

Dalla ne put réprimer une grimace à l’idée de passer du temps dans cet espace, et surtout d’y dormir.

-Tu connais, surtout. Moi… Mais… on pourrait peut-être quand même essayer de…


Elle agita les mains autour d’elle.

-Nettoyer quand même un peu ?
Den Qovro
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Gary Kovani. Il semblait à Den que c’était la première fois qu’il rencontrait directement ce Jedi, mais il avait immédiatement mis un nom sur ce noorien désinvolte. Il avait lu assez de rapports mentionnant son nom récemment pour faire le rapprochement. Du moins, c’est l’identité qu’il attribuait par supposition à ce trublion. Peut-être faisait-il fausse route, mais tout semblait coller. Noorien, faussement détaché, taquin et très à l’aise. Un personnage haut en couleur, et qui connaissait bien Nar Shaddaa si le dubravien ne se trompait pas. Il avait même faillis arracher un sourire à ce dernier, franchement amusé par l’attitude du chevalier. Cela le changeait de la rigueur et la discipline absolue de nombre de ses confrères. Le tutoiement était également apprécié chez le maître. Dans ce genre de missions, ce type de casse-cous débrouillards était plus qu’utile. Tant qu’il ne jouait pas trop les têtes brûlées et mettait leurs objectifs en péril. Mais Den avait une totale confiance en ses pairs.

« Parfait. » répliquait le maître à Kovani, observant du coin de l’œil la boisson qu’il avait entre les pattes. « Vous constaterez rapidement que je ne suis pas vraiment adepte du protocole. » Par contre, ce que Den valorisait, c’était la discipline personnelle. Et le noorien n’avait pas consulté l’ordre de mission. Ce n’était pas dramatique, ce temps de rencontre était également pensé pour faire le point, et il savait que tout le monde n’avait pas le même amour pour la lecture. Surtout que des rapports, on leur en transmettait une sacré quantité, d’autant plus par les temps qui couraient. Il détournait son attention du noorien pour saluer d’un signe de tête la twi’lek qui l’accompagnait, Dalla Tellura. Celle-ci semblait plus… Consciencieuse. « Enchanté, Dalla. Pas besoin de m’appeler maître, Den suffira. » dit-il doucement. Il avait enfin trouvé une bouilloire et il ne tardait pas à la remplir et la mettre à chauffer. L’eau fut presque instantanément chaude. Comme quoi, l’équipement du motel n’était pas aussi vétuste qu’il n’y paraissait.

« Du thé ? »

Sans vraiment attendre de réponse de la part de ses comparses – n’importe quel être sensé appréciait le thé et les infusions – Den déposait trois tasses sur la table basse et commençait à les remplir. Se faisant, il écoutait Dalla parler. L’amusement du Jedi face au mal-être de la twi’lek dans leur environnement actuel lui arrachait un petit soupir amusé.

« C’est vrai que nous pourrions nettoyer un peu le lieu. Mais je ne suis pas sûr que nous puissions faire de miracles. »

Tout en servant le thé, il regardait rapidement autour d’eux. Certaines tâches semblaient plus vieilles que les trois occupants de la pièce réunis. Et profondément ancrés dans le lieu. La crasse ne dérangeait pas outre mesure Den, tant qu’elle ne menaçait pas sa santé. Mais certains endroits de ce lieu de vie étaient peu ragoûtants. Il était habitué à évoluer dans des conditions matérielles difficiles, mais préférait presque la nature à ce genre de cloaques. Ils pourraient au moins s’assurer de la propreté de la chambre, des banquettes, sanitaires et douches. Les propriétaires de l’hôtel leur seraient certainement reconnaissants de laisser la piaule en meilleur état qu’à leur arrivée, et qui sait, ils auraient une réduction ? Là-dessus, il était évident que Den pouvait se mettre le doigt dans l’œil.

« Concernant les clients de ce réseau... » Le dubravien s’emparait d’une tasse bouillante et tirait un tabouret pour s’asseoir dessus, près de l’îlot central. « Il y a en effet des noms connus qui se cachent derrière cette myriade d’acteurs et de sociétés écrans, d’intermédiaires et de structures faussement humanitaires. Juridiquement, vu la situation actuelle de l’Ordre, nous ne sommes pas en mesure de les mettre en cause dans l’espace républicain ou espérer les faire tomber. » C’était un constat d’impuissance, du moins, sur l’aspect légal et officiel de leurs opérations. Mais puisque les Jedi n’étaient plus en odeur de sainteté dans la République, pourquoi s’attacher à ces formalités ? « Mais cette enquête est une opportunité de leur porter un premier coup et d’affaiblir ce réseau. Nar Shaddaa n’est pas le seul monde où ont cours ce genre de pratiques, évidemment. Et l’Espace Hutt n’est pas connu pour abriter les plus fervents défenseurs des droits universels du vivant. Tout se monnaie ici. Au moins ont-ils l’honnêteté de ne pas s’en cacher. »

Den entreprit de prendre une gorgée de thé, avant de se raviser devant la chaleur brûlante de la boisson. Il reposait sa tasse devant, en faisant une grimace.

« Nous avons déjà quelques documents nous dévoilant des pistes sur les ramifications de ce réseau jusque dans les hautes sphères de la République. Avec un peu de chances, en plus de libérer des enfants pris dans ce système, nous pourrons accumuler d’autres preuves qui deviendront de nouveaux moyens de pression futurs. En espérant que le Conseil en fasse quelque chose. » Cette dernière phrase avait été prononcée avec une certaine amertume. Non pas qu’il jetait la pierre à ses pairs, mais il savait qu’en ces temps difficiles, leur capacité d’action et leur possibilité de se pencher sur ces sujets étaient d’autant plus limitées. L’Ordre avait de nombreuses priorités. Survivre et se reconstruire avant tout. Mais la situation était des plus frustrantes. Par le passé, il s'était déjà frotté au légalisme dogmatique de certains de ses pairs, au sein même de l'Ordre. Des pratiques injustes voire cruelles avaient parfois libre cours au nom de la légalité. Et il n'y avait rien de plus rageant. « Peut-être même que nous pourrons mettre sur la paille la branche de ce trafic sur cette lune. » Là, il était carrément audacieux. Mais à trois, ils pouvaient espérer faire quelques miracles. « Vous me trouverez peut-être gourmand, mais il m’est particulièrement difficile de me dire que nous allons plonger dans les méandres d’une telle organisation criminelle sans chercher à en couper la tête. Nous avons des objectifs clairs, mais je ne compte pas me contenter d’assurer le sauvetage de l’enfant repéré par mon confrère. »

Ça, c’est qu’il voulait. Le mettre en œuvre, c’était autre chose. Arracher des gosses à des esclavagistes, c’était une chose. Mais si c’était pour les mettre à la rue, cela n’avait pas grand intérêt, si ce n’est les jeter dans les bras de la pauvreté, de la criminalité ou d’autres prédateurs du même genre. Den devait avouer ne pas avoir encore toutes les cartes en main. Et il fallait composer avec l’environnement social particulièrement complexe de Nar Shaddaa. Il n’était pas question que des esclavagistes et kidnappeurs. La pègre locale trempait là-dedans à divers degrés, différents acteurs devaient y trouver leur compte, et si des pontes républicaines étaient clients, les secrets devaient être bien gardés, au prix de grandes quantités de crédits. Peut-être que la réalité du terrain forcerait le maître idéaliste à revoir ses espérances à la baisse. Il espérait seulement ne pas faire équipe avec des timorés au cœur froid. Car si Den dégageait une telle froideur, il était brûlant d’empathie et de révolte au fond de son âme. Le Jedi tentait une nouvelle approche en direction de son thé, plaçant timidement sa main au-dessus de celui-ci. La chaleur qui s’en dégageait le dissuadait une nouvelle fois.

« Dans les annexes du rapport, il nous est fourni une localisation assez précise. » Illustrant son propos, Den s’emparait de son propre datapad, ouvrant le document en question. Une carte du quartier s’affichait sous ses yeux, créant un large reflet bleuté dans ses yeux noirs. Une petite zone était indiquée. Un ancien complexe industriel désaffecté, dont les travaux de reconversion semblaient totalement à l’arrêt. Une partie au moins de l’usine semblait encore en activité au vue des volutes de vapeur se dégageant des interminables cheminées et gaines quittant ses murs. Sans parler des allers-retours à ses différents accès. « Il semblerait que cela soit la dernière position connue de notre potentielle recrue. Après ce dernier contact visuel, la filature a été rompue. » Faisant défiler les documents, Den s’arrêtait sur une photographie prise à la volée par le Jedi qui avait mené le travail préliminaire à cette mission. Une image de l’enfant qu’il suivait. C’était un jeune shahkirin, vêtu de haillons. Sur la photo, il regardait en direction de l’objectif, sans véritablement parvenir à le saisir. Comme si son instinct lui intimait qu’il était observé. On devinait une main gantée qui le poussait vers l’avant. « Voici Zopsut, l’enfant que nous avons perdu. » Le maître se tut un instant, fixant le visage du shahkirin. Il l’avait mémorisé dans les moindres détails. « Nous ne savons pas si les truands qui l’ont acheté ont conscience de sa sensibilité à la Force. Le rapport fait mention de grandes prédispositions, et il n’est pas impossible que celles-ci se manifestent ou se soient déjà manifestées devant eux. » Ce qui rendrait potentiellement la mission d’autant plus délicate. Den n’avait aucune idée de comment réagiraient ces types face à un gamin avec le potentiel de devenir Jedi. Faire monter le prix ? Y avait-il une clientèle pour ces enfants au sein de la République ? Le maltraiter ? S’en méfier ? Il y avait de manière générale énormément de zones d’ombres autour de ce réseau, ses pointures, son organisation, son fonctionnement précis. Tout ce qu’ils avaient, c’était ce fichu site industriel qui semblait faire office de lieu de récupération, de porte d’entrée du réseau. Ensuite ? Rien. Le reste des informations qui filtraient concernait l’autre bout du réseau, ses clients. Entre les deux, le flou total. Et Den avait à peine assez d’imagination pour deviner quelles horreurs pouvaient bien se pratiquer entre les deux. Tous ne devaient pas être logés à la même enseigne. Les gamins achetés par de riches clients devaient certainement être mieux traités voir dorlotés, aucun d’entre eux ne voulant récupérer un enfant traumatisé ou en piteux état. Mais ceux destinés au travail forcé ou à d’autres fins obscures ? Ils ne représentaient qu’une marchandise à stocker et gérer. Ce cirque devait cesser.
Gary Kovani
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Je baisse les yeux sur la canette décapsulée. L’amertume qui s’en dégage n’annonce rien de fameux. Bière bas de gamme. On peut difficilement trouver pire dans le commerce. Le parfum de levure rance me noue déjà l’estomac. Bien-sûr j’ai déjà bu pire… Mais là tout de suite… Je soupire. « Va pour le thé. » Je l’abandonne sur l’ilot central, sans le moindre regret. Ses effluves aigres attireront à coup sûr les mouches et autres insectes voraces qui rampent au plafond, ou virevoltent sous les tentures mitées suspendues aux fenêtres. Ils nous observent de loin, attendant le bon moment pour réclamer quelques gouttes de notre sang. Je nous ai fait gagner quelques instants de répit.

« Dalla… » Je réprime un sourire amusé. Je ne voudrais pas la vexer, mais sa remarque frise l’absurdité digne d’un sketch comique de haut-vol. « Crois-moi, mieux vaut ne pas retourner la crasse lorsqu'elle a séchée. Tu n’as pas envie de savoir ce qui se cache au-dessous. » Je me laisse de nouveau choir sur le canapé, bras largement écartés sur le dossier. Cette fois le nuage de poussière est un peu moins dense. Quelques mites diaphanes volètent entre les volutes mis en évidences par les maigres rayons lumineux qui parviennent à percer les vitres sales. Je les chasse de quelques revers de la main. Je laisse Maitre Den faire son topo. Je l’observe en silence. Je dois dire que ce que je vois à présent dénote avec la première impression suggérée par son entrée fracassante. Il a l’air à l’aise, dans son élément. Un être forgé sur le terrain, plutôt que derrière un pupitre à prodiguer des leçons hors-sol. Il ne s’est pas offusqué outre mesure de mon impertinence. J’ai aperçu seulement un éclair de désapprobation dans son regard. Y’a peut-être moyen qu’on s’entende bien… Mais bref. Je le coupe dès que possible :

« Faire tomber ce réseau par sa tête... Ça ne marchera jamais. » Je laisse la pique faire son effet. Quelques secondes d’un silence lourd d’interrogation. Il faut savoir susciter le désir hein ! Je continue d’observer le plafond, l’air faussement méditatif : « Même avec les meilleurs preuves possibles, il a y toutes les chances pour que cette affaire soit étouffée en haut lieu. D’autant plus s’ils se rendent compte que des Jedi ont été à l’œuvre. Toutes les personnes influentes citées dans le dossier… » Surprise ! Oui je l’ai un peu lu quand même, malgré mes fanfaronnades ! « Sauront se protéger. Des foutus coups de sabre dans l’eau si l’on suit les protocoles et les voies légales. » J’aborde un sujet sensible : celle des méthodes. Pour les Jedi les plus vertueux, les parangons de la lumière, les mots qui vont suivre frisent l’hérésie éthique. « Pour démanteler ce genre d’organisation, il faut jouer en dehors des règles : faire directement pression sur ceux qui ont le plus à perdre, là-haut. Laisse fuiter les informations sur l’holonet, les balancer sur des forums de théoriciens du complots… Envoyer des mails de menace, contacter leurs proches, leurs amis, leurs collègues pour tout leur raconter. Lorsque le bruit généré sera suffisamment génant pour les mettre en porte-à-faux, ils liquideront eux-mêmes leur réseau. Et ils le feront avec bien plus d’efficacité que n’importe quel organe légal. » Je laisse échapper un sourire narquois. « Et ce qui est génial avec cette méthode, c’est qu’on n’a même pas besoin de vraies preuves, collectées dans les règles de l’art pour être considérée par un tribunal… » Le revers de la médaille, c’est que les enfoirés friqués resteront intouchables. Mais c’est souvent ainsi.

Je me penche en avant, pour ramener les coudes sur mes cuisses. Le parfum d’agrumes épicées qui s’échappe des tasses en inox stimule mes glandes salivaires. Je déglutis. Mais l’épaisse vapeur surchauffée me convainc d’attendre que le thé refroidisse. Je reprends :

« La question que je me pose, Maitre… » Dans ma bouche ce titre sonne comme un sarcasme « C’est quelle est la finalité de notre mission ? Saper cette organisation OK. Mais que vont devenir les gamins ? Si c’est pour qu’ils retournent crever la faim dans les rues de Nar Shaddaa...  Ils deviendront la proie d’autres réseaux similaires… Nous leur offrirons peut-être un bref répit, mais certainement pas la sérénité qu'ils méritent. » Volontairement, je me fais l’avocat du Diable pour sonder les motivations de Den, et extraire l’essence même de ses bonnes intentions. Je décide même de le provoquer : « Au moins ceux qui ont été adoptés peuvent espérer une vie meilleure… Tout comme celle que nous proposerons à Zopsut, loin de sa famille et de la misère. »

Bien que nécessaire, j’ai toujours eu un peu de mal à assumer le fait d’arracher des enfants sensibles à la Force à leurs parents. Même si nos intentions sont nobles, nos méthodes ne sont-elles pas similaires à ces bandits ? Une interrogation que je tais, car hors propos, malhonnête. Pour un gamin vendu à une riche famille, combien finissent dans des réseaux de prostitution de mineurs ? Je ne préfère même pas y penser. La comparaison est de mauvais gout, je le reconnais moi-même. Je lève un main, paume en avant, pour faire taire les éventuelles protestation.

« Désolé. Tout ce que je veux dire, c’est qu’on ne peut pas foncer bille en tête. » Bordel, c’est moi qui dit ça ? « Il nous faut un plan sur du plus long terme pour tous ces gamins. Pas seulement pour celui qui a eu la chance d’être touché par la Force. » Je soupire. « Mais que faire ? Surtout avec les maigres moyens de l'Ordre à notre disposition...»

Je jette mon dévolu sur le thé. Je m’y brûle les lèvres. Ché bon mais ché chaud.
Dalla Tellura
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-Den, répéta sagement Dalla. D’accord.

Évidemment elle était toute contente de pouvoir appeler un maître par son prénom ! Même si elle était maintenant chevalière depuis plusieurs mois, il lui arrivait encore souvent d’être toute énervée des responsabilités qu’on lui donnait.

Elle accepta avec plaisir le thé, et, après un coup d’œil circonspect à la tasse, enroula ses doigts autour du récipient tout chaud. Elle écouta ses aînés essayer gentiment de l’habituer à la crasse environnante. Elle devait leur sembler bien puérile. Et c’était vrai qu’elle avait vécu bien moins de choses qu’eux. Et elle savait qu’on pouvait s’habituer à bien des choses. Le cambouis et l’huile de vidange, par exemple, ne la dérangeaient plus depuis longtemps.
Mais il y avait certaines formes de saleté, et notamment de saleté organique, dont elle ne voyait vraiment pas comment on pouvait les supporter sans dégoût. Et pourtant elle avait vécu en coloc avec plusieurs filles, avec des moments où il y en avait toujours une qui avait des serviettes périodiques sales à laver ou faire tremper dans la salle de bain commune…

En s’asseyant à son tour à la table, elle réfléchit donc à la possibilité d’acheter simplement un grand plaid pour faire barrière contre la saleté, un grand tissu à utiliser comme protection entre le canapé et ses fesses.

Dalla écoutait avec attention, les doigts parcourant machinalement la surface brûlante de sa tasse, le nez au dessus des vapeurs d’eau.

Elle fut étonnée de sentir dans les paroles de Maître Qovro – enfin, de Den – la même amertume qu’elle avait ressentie, quelques heures plus tôt, à propos du Conseil. Enfin, pas vraiment étonnée, malheureusement. Simplement, elle le remarqua.

Dalla hocha vivement la tête.

-Notre devoir est d’aider autant de gens qu’il nous est possible ! s’exclama-t-elle. On ne va quand même intervenir pour sauver un seul enfant !

Elle n’aurait même pas imaginé que le Conseil envisage une telle chose !

Dalla écouta les suggestions de Gary. Elles lui semblèrent assez peu orthodoxes au début, mais… en y réfléchissant, c’était une bonne idée. Bien sûr, cela ne changerait pas le système qui posait problème, ni dans l’espace hutt, ni dans la République. Mais ce n’était pas vraiment quelque chose dont ils seraient vraiment capables, juste à eux trois.

-L’avantage de laisser faire tout le travail de démantèlement aux grosses pontes, murmura-t-elle, c’est que ça nous laisse plus de temps pour essayer d’assainir la situation, de faire – un peu au moins – un travail de fond… Sur les causes structurelles…

Ce qui était plus facile à dire qu’à faire, bien sûr. Mais, c’était leur job, non ? Protéger la Galaxie, défendre les opprimés. Et cela impliquait plus que quelques coups de sabre laser. Plus jeune – c’est-à-dire avant la Diaspora -, Dalla voilait devenir jedi consulaire. Pour utiliser l’autorité des jedi, de la République, pour faire changer les choses. Les mentalités arriérées, les systèmes inégalitaires et discriminants. Cette mission était précisément l’occasion d'accomplir ce genre de choses. D’essayer, en tout cas…

Elle avait l’impression qu’ils étaient tous les trois sur la même longueur d’ondes. C’était indéniablement rassurant. Même s’ils avaient l’impression de lutter contre des moulins de paperasseries et de dépenses à équilibrer, ils ne perdaient pas leurs buts et leurs idéaux de vue.

Dalla observa la carte de Maî… de Den.

-Je suis passée devant cet endroit en arrivant, remarqua-t-elle. Il y avait tout un pan laissé à l’abandon… malgré les deux grues bancales fichées en plein milieu. Il y avait aussi plein de tentes et d’abris de fortune. Avec un étalement urbain pareil, toutes les friches urbaines sont vite prises d’assaut ! J’ai vu plein de ces quartiers d’habitats informels le long des rails de la navette urbaine.

Et ces habitats spontanés avaient généralement un taux d’accroissement naturel très élevé, malgré une mortalité supérieure à la moyenne planétaire. Un vrai vivier à enfant pour des esclavagistes sans scrupules…

Dalla frissonna en regardant le petit Zopsut. La plupart des gamins à qui elle faisait cours étaient plus âgés. Une nouvelle fois, elle pensa à Nassa, à Laleeni, Alyria. Dalla n’avait que trop entendu ce qui arrivait aux petites filles trop vite montées en graines, dans certaines écoles de danse…
Les yeux du shahkirin, dirigés vers un point un peu au-delà de l’objectif, semblaient tirés, hantés. Un enfant de son âge n’aurait jamais dû avoir un tel regard.

-Il me semble, si vous êtes d’accord, Den…

Le vouvoiement lui avait un peu échappé. D’un autre côté, Den avait dit de l’appeler par son prénom, cela n’impliquait pas nécessairement le tutoiement.

-Que la première chose à faire, c’est de commencer à rassembler des informations à diffuser pour laisser les riches et les esclavagistes se saboter entre eux. Des informations simples, faciles à transmettre, et en mesure d’émouvoir les honnêtes citoyens. Des photos, des témoignages… Je suis sûre que nous n’aurons aucun mal à rassembler des témoignages de parents, de voisins, de frères et sœurs… D’anciens enfants exploités aussi. Je peux… Je connais plusieurs filles qui sont passées par des réseaux de ce type. Je peux leur demander des conseils et des adresses ?

Elle était sûre qu’Alyria ferait tout ce qu’elle pourrait pour l’aider. Depuis qu’elle avait sa fille, elle avait entrepris un gros travail sur elle-même et son passé, et elle était prête à tout pour empêcher sa Ruusa de subir les mêmes choses qu’elle. Elle ne resterait pas non plus insensible aux enfant de Nar Shadaa.

Dalla souffla machinalement sur son thé, qui était maintenant plus que tiède.

-Quant au long terme… L’abolition du capitalisme et de l’esclavage étant un objectif de très long terme, nous pourrions réfléchir à un moyen de rendre plus viables les nombreux bidonvilles qui se développent… Comment avez-vous fait, pour le Dispensaire ?
demanda-t-elle à Gary.

Autant s’appuyer sur quelque chose de préexistant et de concret.

-Je pense que nous ne devons pas penser qu’à notre échelle à tous les trois. Certes, beaucoup d’habitants des bidonvilles sont trop occupés à leur propre survie pour se préoccuper de leur prochain. Mais ils constituent tout de même une force importante ! Une force que nous pourrions utiliser, guider, pour changer les rapports de force entre la pègre et les habitants. Pour changer un système corrompu, nous devons nous appuyer sur ceux qui le subissent directement. Aucun changement durable ne pourra se faire sans eux, non ?
Den Qovro
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Den s’était tu, laissant la parole à ses acolytes. A Gary d’abord, qui ne l’avait pas vraiment laissé finir avant d’intervenir. Se reposant légèrement sur le mur derrière lui, le dubravan écoutait le chevalier en silence, hochant doucement la tête. Si les interventions de Kovani pouvaient parfois prendre l’apparence de bravades et d’irruptions arrogantes, elles étaient intéressantes et venaient en réalité compléter les dires et la volonté de Den. Il partageait son analyse, notamment sur les méthodes à employer.

« En effet. La clandestinité semble nous coller à la peau ces derniers temps, alors autant en embrasser tous les codes, et certaines des méthodes qui y sont liées. L’idée de justice n’étant qu’un vague mirage dans la galaxie, d’autant plus sur cette lune, il faut savoir s’adapter. Les méthodes proposées par Gary me conviennent parfaitement, et pour être honnête, pour cette mission, ce n’est qu’à vous deux que je souhaite rendre des comptes. »

Il prit une gorgée de sa boisson brûlante, grimaçant légèrement.

« On m’a demandé de ramener un enfant. Le reste, cela nous regarde. Ils auront leur apprenti potentiel, et nous, nous aurons fait notre devoir concernant ce réseau. »

Den était relativement confiant. Non pas qu’il sous-estimait la tâche. Mais aux premiers abords, il était plutôt satisfait de l’équipe qu’ils allaient former. Dalla semblait appliquée et volontaire, intelligente. Un profil peut-être plus classique que Kovani, mais il était sûr qu’elle ne manquait pas de ressources et de débrouillardise. Quant à Kovani, il était clairement un élément clé pour une intervention sur Nar Shaddaa. Il semblait très à l’aise avec ces milieux troubles et des méthodes d’action dérogeant à ce dont avaient pu être habitués les jedi dans l’espace républicain. Un électron un peu plus libre que leurs camarades plus orthodoxes et friands d’une certaine pureté et d’un légalisme parfois affligeant et paralysant. Peut-être ne réussiraient-ils pas à créer la pression dont ils avaient besoin pour faire flancher ce système bien rodé, mais il savait qu’ils ne quitteraient pas cette lune sans avoir fait le maximum pour couler ce réseau ou le fragiliser au maximum.

Den reprit la parole.

« En effet. La question de l’après doit se poser. On ne sait pas combien d’enfants sont actuellement détenus par ce réseau sur la lune. Cela pourrait être une poignée comme des dizaines. Il faut une structure pour gérer l’après, ou des structures. Je n’ai pas encore de plan précis et c’est bien que nous en parlons. Quel est ce Dispensaire dont tu parles, Dalla ? » Intéressant. Quant au reste du propos de la twi’lek, il était d’une clairvoyance appréciable. Oui, rien ne changerait si tout venait du haut. Il fallait s’appuyer sur la base. Les gens. Les travailleurs, les mendiants, les affamés, tous. C’était presque le travail le plus primordial : impliquer et développer les communautés. Elles étaient au cœur de tout, de la solidarité et de meilleurs lendemains.

« Fais jouer tes contacts pour avoir des tuyaux, Dalla. C’est un très bon début. Si vous avez des contacts dans les communautés locales, c’est également le moment de l’utiliser et d’aller à leur rencontre. Je vais également mettre le nez dans les différents avis de recherche locaux, peut-être que certains de ces gamins ont encore une famille qui les attend. »

Soufflant légèrement sur son thé, il put enfin en prendre une longue gorgée sans se brûler la gorge.

« De toute évidence, la tâche qui nous incombe est grande et demandera du temps et de l’organisation. Ce logement nous servira de quartier général. Il nous faut un plan d’attaque avant de songer à même approcher de l’endroit. D’abord, il convient que chacun d’entre nous fasse un travail de renseignement. Dalla, via tes contacts. Gary, tu as des pistes de ton côté ? Quant à moi, je vais m’occuper des éventuelles avis de recherches d’enfants disparus et du bouche à oreille sur ces sujets là. Je vous propose que dès demain, nous nous rendions dans les bidonvilles qui sont en proximité direct du site pour se familiariser avec les lieux et prendre contact avec la population. Je suis ouvert à toute suggestion, idée, remarque… Peut-être que je vais trop vite en besogne ou que je m’y prends n’importe comment. Nous sommes trois dans cette mission, et nous agirons à trois. N’attendez pas de moi d’agir comme un maître rigide et autoritaire. Il n’y a aucune différence entre vous et moi dans cette opération. Je ne suis votre supérieur qu’aux yeux du Conseil. »

Il avait hâte de passer aux choses sérieuses. Il avait le sentiment que le travail qui les attendait était immense mais urgent, et qu'il leur réserverait bien des surprises. Mais il avait confiance en ses pairs. Il avait vite compris qu'on lui avait donné les bons coéquipiers.
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