L'Ombre d'Obsidienne, ce vaisseau monoplace aux contours agressifs, transperçait l'atmosphère comme une flèche de verre noir. Le cockpit, baigné uniquement dans le rouge des instruments de navigation, servait de sanctuaire au pilote.  À mesure qu'il descendait, les néons des gratte-ciels de la lune des contrebandiers dessinaient un paysage nocturne hypnotique, un éclatant contraste avec la pénombre environnante. Les moteurs modulèrent leur tonalité, annonçant une descente imminente au cœur de ce labyrinthe malfamé. La communication s'établit, et un hologramme aux couleurs bleutées jaillit du tableau de bord du monoplace. L'image d'un Togruta aux teintes rouges pâles se matérialisa, ses cornes élaborées encadrant un visage où brûlaient des yeux d'un air belliqueux.
L'hologramme du Togruta vacilla un instant, comme pour accentuer la gravité de sa déclaration. "Vaisseau à signature Sith identifié, ici le spatioport. Nos turbocanons sont orientés vers vous, préparez-vous à décorer l'atmosphère."

La menace était claire, et l'atmosphère dans le cockpit de L'Ombre d'Obsidienne devint électrique. Les mains du pilote se crispèrent sur les commandes, un frisson d'urgence traversa son dos. Les indicateurs passèrent au rouge, confirmant que des armes terrestres visaient le vaisseau.

Un éclat de rire guttural, suivi de plusieurs autres, retentit soudainement à travers la communication. L'hologramme du Togruta se dissipa un instant, révélant un arrière-plan où d'autres figures s'amusaient visiblement de la situation.

"Ha, ha, ha ! Vous auriez dû voir votre tête ! Relax, Sith, relax. C'était une petite plaisanterie de bienvenue. Vous êtes autorisé à atterrir au spatioport. Suivez les coordonnées que nous vous transmettons." Alors que les rires résonnaient dans la transmission, le pilote, lui, demeurait imperturbable, préoccupé non pas par la blague puérile mais par une idée fixe : celle d'une vengeance redemptive.

Sur la verrière de son vaisseau, des coordonnées s'affichaient en un flux de caractères basiques, indiquant les angles à prendre et l'itinéraire à suivre pour rejoindre son dock assigné. Guidé par les instructions, le pilote engagea L'Ombre d'Obsidienne dans un ballet aérien audacieux au milieu des gratte-ciels de Naarshada. Ces monolithes de métal et de lumière, éparpillés comme des sentinelles dans la nuit, semblaient presque s'écarter pour laisser passer le vaisseau. Les néons qui balisaient leurs façades produisaient une myriade de couleurs chatoyantes, reflétant la diversité et l'anarchie de la cité-lune.

Le moteur émit un grondement sourd alors que le vaisseau s'ajustait, évitant de justesse un train aérien bondé qui zigzaguait entre les édifices. Plus bas, les marchés nocturnes brillaient d'une activité frénétique, écho lointain du tumulte qui régnait en surface.

Enfin, le spatioport apparut à l'horizon en un îlot de stabilité au cœur de cette jungle urbaine. Des vaisseaux de toutes formes et tailles s'y trouvaient, allant des chasseurs monoplaces aux imposants cargos interstellaires. L'Ombre d'Obsidienne se stabilisa, alignant son axe avec la piste d'atterrissage illuminée qui se dessinait devant lui. Les propulseurs passèrent en mode vertical, et le vaisseau se posa en douceur. Aussitôt, des sondes de sécurité se mirent à graviter autour de L'Ombre d'Obsidienne, scannant avec minutie la structure et son unique passager en quête de marchandises illégales. Le processus de vérification terminé, le cockpit s'ouvrit, libérant son mystérieux occupant dans le ventre du spatioport.




Une trentaine d'enfants émergèrent du Theta, venant de divers mondes sous le joug de l'Empire. Vêtus de tenues qui trahissaient leur condition d'esclaves, ils se rangèrent en formation, évoquant un mini-régiment. Fixant leur regard sur l'instructeur Sith qui les guidait, ils écoutaient attentivement chaque mot qui sortait de sa bouche.

"Bienvenue à Korriban, esclaves. Vous foulez désormais le sol sacré des Sith, où s'ouvre devant vous la voie de l'initiation au côté obscur. Si vous pensiez avoir déjà connu la souffrance dans la servitude, préparez-vous à des épreuves bien plus redoutables." Chaque mouvement qu'il faisait était mesuré, chaque geste calculé pour maximiser son effet intimidant. Quand il parlait, il n'avait pas besoin de lever la voix. Son timbre bas et assuré suffisait à capter l'attention, à imposer le respect. Ses mains étaient soit croisées derrière son dos, soit appuyées sur les hanches, accentuant la symétrie de sa posture dominante. "Sachez-le, nombreux sont ceux parmi vous qui ne survivront pas à cet apprentissage. Mais c'est dans la sueur, le sang et les larmes que vous alimenterez cette flamme intérieure, celle qui réduira en cendres les ennemis de l'Impératrice."

Alors que la plupart des enfants autour de lui semblaient terrifiés par l'avenir incertain qui les attendait, Sovereign Blake, du haut de ses dix ans, dégageait une aura de confiance indéniable. Il ne s'agissait pas d'une confiance irréfléchie ou naïve, mais d'une certitude profonde alimentée par la Force qui pulsait en lui. Chacun de ses sens était chatouillé par cette énergie mystique, comme si une conversation silencieuse et continue avait lieu entre lui et cette puissance. Elle ne se contentait pas de résider en lui ; elle semblait avoir fusionné avec lui, formant un lien indissociable qui rendait la notion de peur presque étrangère.
D'emblée, Sovereign avait attiré l'attention des maîtres Sith, ces vétérans qui avaient formé des centaines de novices. Ils discernaient chez lui une rareté, bien au-delà de son habileté avec un sabre d'entraînement ou de sa maîtrise naissante de la Force. Ce qui les fascinait, c'était cette lueur indomptée d'ambition, cette étincelle sauvage qui contrastait avec son jeune âge. Kren'tal, un Zabrak généralement stoïque, ne put s'empêcher de remarquer : "Ce gamin abrite une fureur intérieure qui pourrait soit le consumer, soit devenir une flamme sombre capable d'anéantir tout ce qui se dresse sur son chemin."

Dans les couloirs sombres du complexe, des murmures se propageaient. On parlait de la manière dont Sovereign trouvait des solutions inattendues à des défis ardus et surmontait des adversaires bien plus robustes ou expérimentés. Il semblait posséder une intuition innée pour la Force, mais aussi pour l'art subtil de la manipuler afin d'ouvrir des voies où il n'y en avait pas.

Lyra'k, en observant un duel particulièrement intense, articula ce que beaucoup pensaient : "Ce n'est pas que de la chance ou du talent. C'est comme s'il avait un sixième sens, une intuition pour choisir le bon moment d'attaquer ou de se replier."

Cette alchimie de compétences et d'instincts faisait de Sovereign plus qu'un simple sujet de curiosité; il était devenu une promesse de grandeur dans les yeux des maîtres Sith. Une promesse suffisamment captivante pour attirer finalement l'œil d'un membre du Conseil Noir.


La verrière de la cabine de pilotage se leva, libérant un flot sonore mêlant voix, bips et rugissements de machines en plein travail. Les annonces à l'interphone se superposaient, énumérant les départs et arrivées depuis divers systèmes. Dans le tumulte, les autorités du spatioport étaient en train de menotter des passagers clandestins, émergés d'un conteneur d'un vaisseau cargo. La scène, banale aux yeux des habitués, se déroulait sans attirer l'attention. Nar Shaddaa s'offrait en spectacle dès le seuil du spatioport, donnant un avant-goût de son quotidien agité et impitoyable.
trois droïdes de maintenance se mirent immédiatement en action. Ils se glissèrent sous le vaisseau avec une précision calculée, leurs instruments s'activant dans un concert de cliquetis métalliques et de sifflements hydrauliques. Grâce à leur programmation avancée, ces automates étaient capables de détecter exactement quels composants nécessitaient un entretien.

Un droïde se chargea de purger les huiles usagées des systèmes hydrauliques, sa pompe aspirant le liquide vieilli dans une cuve de stockage. Un autre, armé de différents embouts, s'attaqua aux circuits d'alimentation en carburant, connectant des tuyaux pour injecter une nouvelle charge d'énergie dans les réservoirs du vaisseau.

Le troisième, un modèle spécialisé, effectua un diagnostic rapide du système de navigation et ajusta quelques paramètres pour optimiser les performances du vaisseau. C'était un service premium, réservé aux agents de l'Empire.
Le pilote descendit, ajustant la capuche de sa cape pour dissimuler ses traits. Les projecteurs du spatioport baignaient la scène d'une lumière crue, mais il savait que les véritables nuances de Nar Shaddaa se dévoilaient dans ses ombres.

Il traversa les portiques de sécurité, où des gardes indifférents fouillaient machinalement des voyageurs. Il passa à côté d'une famille de réfugiés qui partageaient un repas frugal, leurs visages assombris par le spectre du désespoir. Des mercenaires agitaient des hologrammes, négociant des contrats d'assassinat ou de contrebande. Plus loin, des droïdes chargés de nettoyage zigzaguaient entre les passants, ramassant les déchets que les multitudes laissaient derrière elles. L'air était chargé d'une myriade d'odeurs : nourriture épicée, huile de moteur, et le parfum capiteux de promesses et de trahisons.

Après une marche de quelques minutes qui lui parut une éternité tant il était happé par l'effervescence ambiante, il arriva devant une cantina dont l'enseigne lumineuse clignotait aléatoirement, comme pour refléter la moralité fluctuante de ses clients. Il poussa la porte et pénétra dans un monde à part, où la musique entraînante se mélangeait aux rires gras et aux discussions enfiévrées. L'atmosphère était saturée de fumée, et un kaléidoscope de visages de toutes les races de la galaxie se retournèrent brièvement pour le dévisager, avant de retourner à leurs affaires.

Le pilote repéra rapidement son contact, niché dans un recoin obscur de la cantina, son visage partiellement masqué par un verre d'une liqueur locale. À son arrivée, le contact leva les yeux et un sourire en coin ourla ses lèvres. Il fit un geste vers une bouteille posée sur la table, proposant tacitement à boire. Mais le pilote déclina l'offre sans un mot, son silence faisant office de réponse, suffisamment éloquent pour charger l'atmosphère entre eux. "Bon, d'accord, je vois que tu n'es pas d'humeur à bavarder," dit-il, la nonchalance perçant dans sa voix. "Mais entre nous, peu importe. J'ai mes consignes et tu as les tiennes." Il sortit alors un datapad de sa poche et l'activa, affichant une carte d'un secteur spécifique de Narshaada.
Sur l'écran, les plans d'un bâtiment se matérialisèrent, agrémentés de multiples annotations, elles signalaient les positions stratégiques des gardes et le dispositif de sécurité en place pour contrer toute intrusion. Un point en surbrillance sur les plans indiquait la chambre de la cible, révélant ainsi le véritable objectif de la mission.
"Écoute, c'est tout ce que je peux te donner, mais ça devrait être suffisant pour t'approcher au plus près de la cible. Je ne prévois pas de traîner dans les parages, ça va chauffer. Qui aurait l'idée saugrenue de s'attaquer à l'apprenti de Darth Nécrosis ?!"


Un prodige en devenir, une lueur d'espoir pour l'Empire, mais quiconque s'approche trop près d'une étoile risque de se consumer. Darth Nécrosis, un seigneur Sith de renom et disciple de la Sorcière Suprême, avait pris sous son aile le jeune Sovereign. Plutôt que de s'en tenir à un programme académique classique, il avait opté pour un entraînement sur mesure, axé sur l'exploration et la maîtrise de l'obscurité innée qui coulait dans les veines de l'adolescent. Ensemble, ils arpentèrent les contrées sauvages de mondes dévastés, où le Côté Obscur imprégnait chaque recoin. Des lieux souvent ignorés, mais essentiels pour l'éveil des sensibilités obscures, où chaque pierre, chaque souffle de vent, était saturé de cette énergie sombre. Ce périple servit de terrain d'entraînement idéal pour Sovereign, lui permettant de s'immerger totalement dans la Force et d'en comprendre les nuances les plus subtiles.
Le point culminant de leur voyage fut un monde où la Force, au lieu d'être omniprésente, semblait absente, voire anéantie. Les détails étaient rares et précieusement gardés, mais selon les bribes d'information que Darth Nécrosis consentit à partager, ce vide mystérieux résulterait d'un étrange rituel exécuté par un jeune enfant doté de talents exceptionnels. Ce lieu tranchait radicalement avec les autres mondes explorés, chaque moment y étant un véritable supplice. Entre vomissements, migraines insupportables et hallucinations cauchemardesques, l'expérience poussait Sovereign au bord de la rupture. Sans la présence stabilisatrice de son maître, il aurait sans doute succombé à la terrible atmosphère de ce caillou nécrosé. Pour le jeune apprenti, c'était une expérience déstabilisante mais aussi profondément révélatrice, un cruel rappel des dangers inhérents au Côté Obscur.

Au sein du vaisseau amiral, la tension était palpable. Les apprentis Sith étaient alignés en formation rigide, leurs yeux fixés droit devant eux, sur l'estrade où trônait Darth Nécrosis. La lumière ambiante était ténue, créant des ombres qui accentuaient la mystique de l'atmosphère.

Darth Nécrosis, vêtu de sa robe noire et de son masque terrifiant, se leva et le silence se fit aussitôt. Sa voix, profonde et impérieuse, brisa le calme. "Sovereign, avance."

La salle semblait retenir son souffle alors que le jeune adulte s'avançait, ses pas résonnant sur le sol métallique. Il grimpa les quelques marches menant à l'estrade, sentant les regards pesants de ses pairs, mélange d'envie et de respect, glisser sur lui comme de l'eau. Mais il demeurait centré, focalisé sur ce qui l'attendait.

Arrivé devant son maître, Darth Nécrosis leva la main et toucha légèrement le front de son apprenti. Un moment suspendu, puis la main se retira.

"Par le pouvoir du Côté Obscur qui coule en toi et en moi, je t'accorde le titre de Darth Aralakh," proclama Nécrosis.

L'écho de ces mots se perdit dans un murmure d'assentiment qui s'éleva subtilement à travers la salle. À ce moment-là, une image holographique brouillée, représentant un membre du Conseil Noir, apparut brièvement. Son identité était indéchiffrable, enveloppée dans un voile de distorsions numériques, mais sa simple présence, même à distance, ajoutait un poids indéniable à la cérémonie.

Les apprentis ressentaient une tension, un mélange de jalousie et de respect, mais ils comprenaient que quelque chose d'important venait de se produire dans les annales de l'Empire Sith. Une nouvelle puissance venait d'entrer en scène, une force obscure dotée d'une ambition incommensurable.

Darth Aralakh inclina la tête, un geste chargé de respect et de reconnaissance envers Darth Nécrosis.

"J'ai exalté tes hauts faits, apprentis, t'offrant l'hommage le plus sincère pour les exploits partagés au fil des ans. Mais à présent, une récompense d'une singularité absolue t'attend: ma maîtresse, ayant contemplé la trajectoire fulgurante de ton ascension, aspire à te conférer une audience en personne. Les vents te rappellent vers Korriban." C'est avec une voix imprégnée de mystère que Darth Nécrosis a prononcé ces mots.

Il ressentit un mélange d'excitation et d'inquiétude en descendant du transport qui l'avait amené sur Korriban. Il avait été ici autrefois, en tant que novice, un être insignifiant dans l'écosystème sauvage de l'académie. À présent, il revenait comme un seigneur des Sith, ses talons martelant la terre ocre avec assurance.

Le lieu de rendez-vous était à l'écart des structures habituelles de formation et d'endoctrinement, une zone sacrée que peu avaient la chance de voir. En y arrivant, il découvrit une étrange assemblée qui l'attendait. Pas des guerriers, comme il l'avait d'abord supposé, mais des ritualistes enveloppés dans des capes sombres, le visage masqué par des capuchons.

Au centre de cette assemblée, deux cercles tracés sur le sol captèrent son attention. Les inscriptions gravées à leur intérieur étaient d'une langue ancienne, évoquant des rituels complexes et puissants. Dans le premier cercle, les regards des ritualistes semblaient l'inviter à entrer. Le deuxième cercle était obscurci par un rideau circulaire, derrière lequel se dessinait la silhouette d'une femme.

L'air était épais de l'énergie du Côté Obscur, et le sol lui-même semblait vibrer d'une puissance ancestrale. Darth Aralakh sentit qu'il se trouvait au bord d'un précipice vertigineux, et qu'une fois qu'il franchirait cette limite, il n'y aurait pas de retour en arrière. Le rituel qui allait suivre ne serait pas qu'une simple formalité : il allait marquer son âme, le changer de façon irréversible.

Il avança, franchissant la barrière invisible que formaient les regards scrutateurs des ritualistes, et se plaça au centre du premier cercle, prêt pour ce qui allait suivre.

Durant plusieurs minutes d'incantation rien ne se déroulait puis l'atmosphère changea soudainement, une lourdeur sinistre s'abattant sur la scène. Darth Aralakh se rendit compte bien trop tard de la véritable nature du rituel. La sensation de puissance qui l'avait envahi se transforma en une sensation de vide, un gouffre sans fond qui aspirait sa force vitale.
Les incantations des ritualistes se firent plus désespérées, presque frénétiques. Ils tombèrent un à un, leurs corps incapables de supporter le fardeau du en action. Leurs cadavres s'effondrèrent autour des cercles, de simples sacrifices sur l'autel de cette terrible magie.

Les membres de Darth Aralakh commencèrent à pourrir à une vitesse alarmante, sa chair se décomposant tandis que sa vitalité était siphonnée. Il réalisa que sa vie s'échappait, sa force vitale canalisée vers la silhouette mystérieuse derrière le rideau.

Malgré la douleur atroce et le choc de la trahison, il ne put rien faire. Ses muscles refusaient de lui obéir, et sa vision se troubla. L'obscurité le gagna, son esprit sombrant dans l'abîme. Son dernier regard fut pour le cercle au centre duquel il se tenait, un piège mortel qu'il avait trop tardivement identifié.

La silhouette derrière le rideau demeurait anonyme, sa véritable identité voilée même dans ces derniers instants. Mais dans l'obscurité croissante qui l'envahissait, Darth Aralakh sut que sa puissance allait alimenter une nouvelle ombre dans l'univers, une force à laquelle il avait involontairement contribué.

Et puis, plus rien. Seule subsistait l'obscurité, un voile final qui enveloppait tout, même les dernières étincelles de sa conscience.


Les alarmes de l'immeuble hurlaient, faisant des couloirs une caisse de résonance pour le désastre à venir. Les lumières s'éclipsèrent, remplacées par la lueur rouge des alarmes qui baignait l'atmosphère, transformant le lieu en une vision d'enfer. Du sang éclaboussé sur les murs témoignait d'une violence débridée. Les tourelles, ces sentinelles automatisées, gisaient maintenant fendues et inutiles. Des étincelles sauvages jaillissaient de leur mécanisme détruit, éclairant brièvement les abords macabres.

Le décor attestait d'une bataille sans merci, d'une violation qui avait mis à mal les défenses les plus robustes du lieu. Ce spectacle représentait un acte de force brutale, métamorphosant une forteresse en un paysage digne d'une apocalypse. Seule demeurait la pièce circulaire, celle qui ressortait en surbrillance sur le datapad, l'antre où patientait l'apprenti renommé de Darth
Nécrosis.


Ce qui autrefois scintillait comme une étoile resplendissante n'était plus qu'un astre déclinant dans la Vallée des Seigneurs Sith. Le vent, comme s'il conspirait à l'enterrer, charriait des volutes de sable écarlate. Elles se déposaient sur lui, englobant la décomposition avancée de ses membres, depuis la plante de ses pieds jusqu'à sa mâchoire inférieure. Mais malgré l'absence de la Force, qui s'était dissipée comme un ami de longue date vous tournant le dos, Sovereign subsistait. Le rituel, interrompu avant son achèvement, avait échoué à éteindre totalement sa vie, laissant en lui une étincelle de vitalité encore palpable. Le temps qui suivit s'écoula comme une mosaïque de fragments de réalité. Le martèlement des bottes sur le sable fut le prélude, vite supplanté par le rugissement des moteurs d'un vaisseau assiégé par le feu d'une artillerie spatiale  Et finalement, le froid mordant s'invita, accompagné d'une vision floue d'un univers dominé par des étendues immaculées de blanc.
Une douleur aiguë, semblable à une décharge électrique, arracha Sovereign à la mort, insufflant une nouvelle vitalité dans ses veines desséchées. Tels des éclats d'un passé démembré, ses souvenirs se restructurèrent en labyrinthe mental, tournoyant dans des recoins obscurs de sa conscience. La lumière écrasante, digne d'un soleil à son zénith, brouillait sa perception du lieu, réduisant objets et ombres à des taches floues. Devant lui, une silhouette indistincte ondulait. Sa forme vague et ses mouvements imprévisibles ajoutaient à la confusion de son réveil. En ajustant son regard, les formes se clarifièrent, révélant des tentacules visqueux qui émergeaient de la base crânienne de cette créature. Un autre être émergea du seuil d'une porte coulissante, suivi d'un troisième qui s'installa à sa gauche. Ce dernier se pencha sur plusieurs écrans, examinant des données qui semblaient refléter son état physique.
Puisant dans les recoins les plus profonds de sa mémoire, où dormaient des connaissances d'une vie révolue consacrée à l'étude des origines des espèces galactiques, Sovereign retrouva l'évocation d'une race à présent presque éteinte, les gree. Dans les annales d'un passé lointain et oublié, cette espèce avait bâti un empire florissant, alimenté par des technologies si avancées qu'elles surpassaient encore celles connues aujourd'hui.
Ils se tenaient là, à son chevet, comme s'il était un simple spécimen jetable dans un laboratoire d'expérimentation. Mais malgré la curiosité que les gree aurait pu susciter, ou l'émerveillement qu'une telle rencontre aurait normalement engendré, une mélancolie profonde l'emportait. La Force, qui avait autrefois vécu en lui comme une symphonie vibrante, ne résonnait plus. Son silence intérieur était plus assourdissant que tout le reste.
Un bruit mécanique retentit lorsque l'un des Gree actionna un dispositif. Le lit d'opération sur lequel il reposait commença à se redresser doucement jusqu'à atteindre une position verticale. Des sangles l'empêchaient de basculer en avant. C'est alors, face à un miroir dévoilé devant lui, que la vérité le frappa de plein fouet : bien qu'il se sentît inchangé en essence, son corps arborait désormais des modifications irréversibles.



"Depuis des années, mon esprit est hanté par ta présence, depuis ce jour mémorable où Darth Nécrosis t'a honoré en te confiant le service de l'Impératrice, depuis les hauteurs vertigineuses de l'Ordre Sith. Aujourd'hui, enfin, nous nous faisons face. Et c'est en cet instant béni que mon cauchemar cessera. Car je te terrasserai, toi, l'apprenti vénéré de mon maître."Le siège pivota lentement sur lui-même, effectuant un demi-tour parfait. L'homme verrouilla son regard sur celui de son assaillant. "Sovereign, te voilà donc, réduit à ce simulacre mécanique. Mais sache que l'assaut que tu mènes s'achèvera ici, brisé contre le roc inébranlable que je représente." Se redressant avec majesté, l'homme contourna son bureau où trônaient des archives cryptées, un datacron mystérieux et l'encens parfumé de Naboo. Sa longue robe s'épanouissait derrière lui comme une ombre, une imposante coiffe dissimulant son crâne dépourvu de cheveux. Sa peau, parcheminée et desséchée, rappelait celle d'un cadavre, et ses yeux émettaient une lueur sinistre. En un seul regard, il incarnait les ravages du côté obscur sur le corps et l'âme.

"Avant que nos lames ne s'entrelacent dans une danse macabre, pourrais-tu m'éclairer sur les raisons de ton assaut contre mon sanctuaire de quiétude ?"

Sovereign avançait dans la chambre ultime, une pièce dominée par une immense baie vitrée offrant une vue panoramique sur l'agitation incessante de Nar Shaddaa. Son épée de cortosis, tenue en garde haute, reflétait les lumières de la métropole. À chaque pas délibéré, ses articulations mécaniques émettaient un sifflement aigu, tranchant le silence ambiant. Son œil bionique, flamboyant comme une braise, verrouillait sa cible. "Vous êtes cinq à servir votre maître, et si je veux atteindre Darth Nécrosis," commença Sovereign, sa voix s'exprimant à travers un synthétiseur vocal. Chaque mot résonnait dans la pièce, mêlant colère et froideur métallique, une intonation presque inhumaine mais d'une clarté effrayante. "Eh bien, je vais devoir faire de vous des obstacles surmontés."

L'homme laissa échapper un soupir mêlant consternation et déception. Avec une élégance calculée, comme s'il maîtrisait le temps, il s'empara du sabre laser dissimulé derrière la cape de sa bure. "Je désirais me mesurer à un égal dans la Force, mais il semble que je doive me contenter de l'insignifiante résistance d'une simple machine..." La lame du sabre laser s'éveilla dans un vrombissement caractéristique, une lueur rouge sang jaillit de la poignée pour former une colonne d'énergie palpitante, éclairant les visages tendus de la pièce d'une teinte sinistre.

***