Solstice Horrain
Solstice Horrain
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Biip Buoup.

Je sais pas, D4.

Je ne savais pas qui avait été chargé de cette mission. Assis sur une caisse de fret, j'étais comme ce droide, dans l'attente de celui ou celle qui devait encore arriver. Un Maitre ? Un Chevalier ? Un autre Padawan expérimenté ? Une chose était sûre : je regrettais que ce ne soit pas un membre du groupe. Ca aurait été tellement cool de le faire ensemble. Parce qu'ensemble, on était vraiment complémentaire. Mais non, fallait toujours que les choses se passent différemment de ce qui était envisageable et possible.

Je soupirais, m'allongeant sur la caisse. Pfiouuuu. Ca m'saoule d'attendreeee.

Biip biluuuup bouuup. Ma tête pivote vers le droide alors qu'il demande ça. Bah écoute, ce serait moi, je montrais dans un des transport Jawa et je leur demanderais d'aller dans cette direction mais peut-être que notre futur ami en retard aura une autre idée. Sait-on jamais, à défaut d'être ponctuel ? Biiiiip. C'est tout à fait ça. Mon regard revient vers le haut de la caverne et je baillais ouvertement. A ce rythme, j'allais finir par m'abandonner à faire une sieste moi.

Biip bup biiip. Cette fois, c'est mon corps qui réagit en entier, mes jambes se repliant avant de faire un mouvement de balancier pour me relever en un bond, devant la caisse où j'étais assise. Et face à l'homme qui approchait, que le droide semblait connaitre ou reconnaitre comme le responsable de la mission, je déclarais : Maitre. Je suis le Padawan Horrain.
Gary Kovani
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Je n’ai jamais cru aux nouveaux départs. Encore moins aux bonnes résolutions. Chassez le naturel, il revient au galop comme disent les adeptes des petites phrases toutes faites. L’Histoire prouve que nous répétons inlassablement les mêmes erreurs. Celle de l’Ordre s’émaille de schismes, de purges, de Jedi qui tournent mal. Un cercle vicieux que la Force elle-même ne semble capable de briser. Je soupire. Fataliste que je suis. Pourtant, je suis ici, sur Tatooine. Je participe activement à ce renouveau imposé par les dérives autoritaires d’une République en crise d’identité après une décennie de guerre avec l’Empire. Car même si je ne crois pas aux nouveaux départs, je me refuse d’abandonner mes sœurs et frères d’armes. Ceux avec qui j’ai grandi, évolué, muri. Ils sont l’âme du Temple, autant que son cerveau et ses bras.

Perdu dans ces réflexions bien peu utiles à la reconstitution du Temple, je déambule sans bruit dans les couloirs irréguliers de notre refuge. Les galeries ont été creusée à même les roches, et s’enfoncent profondément sous terre maintenant, loin de la chaleur harassante des soleils jumeaux, proche des rares sources d’eau potables qui cheminement à l’insu du plus grand nombre. Certains Planétologues affirment que jadis, en des temps immémoriaux, ce monde désertique abritait des forêts tropicales, similaires à celles d’Ondéron. Un paradis perdu, massacré par un dérèglement climatique... Et la Force nous a conduit justement ici. Faut-il y voir une métaphore ? Notre Ordre est lui aussi passé de la jungle au désert des suites d’un dérèglement... Mais politique celui-ci. En tout cas, lorsque j’admire l’horizon lisse de la grande mer de sable, je ne peux que ressentir de l’humilité. Face à cette nature extrême, face à la fragilité de nos corps, de nos esprits et de nos constructions sociales. Il suffit de marcher quelque heures dans le sable irradié par les rayons ardents pour se rappeler à quel point nous sommes de minuscules choses dans cette galaxie, que nos pouvoirs ne pourront nous sauver éternellement de nos erreurs.

Enfin je débouche dans une cavité plus large, plus haute. La Caverne. Une voute naturelle vierge des engins que nous avons utilisé depuis quatre ans pour percer le grès ocre et nous créer un refuge échappant aux regards indiscrets et belliqueux du reste de la galaxie. Je marque une pause. Le vaste espace est occupé par des rangées de caisses, la plupart vides. Les vestiges de notre arrivée sur ce monde. Quelques-unes n’ont jamais été ouvertes, tant nous étions convaincu de repartir rapidement vers des terres plus vertes. Et pourtant. Je crois bien qu’à présent nous nous sommes fait à l’idée construire un Temple souterrain. D’autres caisses, enfin, sont plus récentes : nos Jedi Consulaires ont mis leurs talents de diplomates et de négociateurs au service des échanges commerciaux avec les tribus Jawa. Du bon vieux troc. De quoi survivre en échangeant les pièces usagées de nos vieux vaisseaux contre des denrées alimentaires et des médicaments.

L’heure tardive sonne le glas des âpres négoces du jour. Déjà les petits êtres encapuchonnés rangent leurs invendus à l’arrière de leurs speeders pick-up . Des véhicules hideux mais robustes, capable de supporter les fortes chaleurs et le sable fin. Dans quelques instants ils s’élanceront dans le paysage torturé de cette région rocheuses, pour rejoindre leur char des sables stationné sur la lande de sable plus au Sud.

Les cris aigus des Jawa se mêlent aux bips stridents des droïdes qui inventorient nos nouvelles ressources. Je distingue une silhouette qui dénote. Celle d’une jeune fille avachie sur une caisse, dont le langage corporelle trahi un profond ennui. C’est elle. Je m’approche, sourire amusé aux lèvres face à cette nonchalance éhontée que seule la jeunesse insouciante est capable d’exhiber. Avec l’âge on devient plus pudique... Et subtiles. Mais pas tellement différents. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’arrive toujours en retards aux rendez-vous : je déteste attendre.

Avant de l’aborder, je laisse mon regard se perdre sur les soleils couchants, dans ce morceau d’horizon que nous offre la découpe rectangulaire dans l’épaisse paroi rocheuse. Dès que les Jawa seront repartis, les lourdes portes de duracier se refermeront pour la nuit, nous isolant de la fraicheur nocturne et des créatures sauvages qui profitent des températures plus supportables pour quérir nourriture. Sans cette protection, nos réserves auraient été boulotées par une nuée de rat-womp affamés.

« Maitre ? »

Je me retourne pour être bien certain qu’elle ne parle pas d’un vieux croulant s’étant glissé subrepticement dans mon dos. Ces jeunes…

« Je sais très bien qui tu es…. Padawan Horrain. »

Que de formalités. Stress de la mission ou véritable balais dans les fondements ? Je le saurais bien assez tôt.

« Appelle moi Gary. Les titres c’est pour les vieux et les vaniteux. Je ne suis ni l’un ni l’autre. Quoi que… »

Je lui décoche un clin d’œil.

« Bon. Je vois que tu végètes en m’attendant. J’espère que tout est prêt ? Eau, nourriture. Crème solaire et couvertures chauffantes ? »

Le dernier item de ma liste improvisée et non-exhaustive pourrait intriguer, compte tenu du climat caniculaire de Tatooine. Et pourtant. Dans le désert, le manque d’humidité interdit la formation de masses nuageuses capables de retenir la chaleur accumulée pendant la journée. Les nuits sont donc fraiches, pour ne pas dire glaciales en comparaison des températures diurnes. Evidemment, c’est le droïde de la logistique qui répond à mes questions par des bip frénétiques, vexé que je puisse mettre en doute sa capacité à suivre une liste préétablie. Je me suis toujours demandé comment de si petits tas de composants électroniques pouvaient avoir une personnalité aussi développée. Un des multiples mystères que nous offre la Force ?

« Suis-moi. »

Je fais signe à l'adolescente de m’emboiter le pas, alors que je quitte la Caverne par la large ouverture. Je porte une tenue ample, proche du kimono ocre traditionnel de l’ordre, mais plus long, il me descend jusqu’aux chevilles. Des chaussures de randonnées légères, un foulard écru pour me protéger le cou et la nuque du soleil. Enfin, sur ma tête dont les cheveux longs sont rabattus en une queue de cheval portée basse, trône un chapeau conique à large bords. Mes deux mains sont enrubannées dans des bandelettes couleur sable. Seul mon visage révèle ma peau couleur miel. Devenue plus sombre après les premiers mois sur Tatooine.

« Nous allons voyager de nuit. Autant que possible. Ca réduira le risque de tomber sur des hommes des sables, et nous évitera de faire une insolation. J’ignore combien de temps il faudra sur place pour retrouver la caisse que le medcorp nous demande de ramener. »

Alors que je parle, mes mains s’emparent d’un datapad jusqu’à dissimulé sous le kimono, logé dans une pochette de tissu accroché ma ceinture. Une ceinture dépourvue du moindre manche de sabrelaser remarquera la jeune fille si elle fait montre d’un minimum d’observation. Mon index glisse sur l’écran tactile.

« Je viens de t’envoyer des clichés de ladite caisse. Une caisse sécurisée. Impossible à ouvrir sans le bon code. Rouge et orange. Impossible à manquer. Elle devrait trainer quelque part dans… »

Je suis interrompu par les bips frénétiques d’un droïde rageur.

« Comment ça je spoil ton briefing ?! Qui a dit que c’était à toi, D4-B8, de le faire ?! »

Les bips deviennent plus graves, limite grossiers.

« Ok, si tu le prends comme ça, tu te débrouilles ! »

Je lève les yeux au ciel…

« Horrain, je te laisse voir les détails avec ce tas de boulons insupportable ! Je m’occupe de préparer le Bantha... »

Oui, parce que je ne l’avais pas précisé plus tôt… Mais la région extrêmement accidentée ou s’est posé en catastrophe le Selenaï n’est pas accessible en speeder. Sinon le Medcorp n’aurait pas eu besoin de nous pour récupérer la caisse. Logique non ? Donc on y va à l’ancienne comme disent les jeunes, où avec des moyens traditionnels comme disent les vieux. L’énorme bête poilue est harnaché avec plusieurs selles et des filets de chaque côté, pour y stocker les vivres et l’objet de notre mission… Je sais déjà ou je vais fourrer D4-B8 pour le voyage… Le premier soleil a déjà disparu derrière l’horizon, le second ne devrait plus tarder. L’heure du départ approche.
Solstice Horrain
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Il savait qui j'étais. Est-ce que je devais me rassurer de cette affirmation ou m'en inquiéter ? Je ne savais pas. Pas plus que du comment comprendre son attitude ? Etait-ce un test ? Un moyen de me jauger ? Est-ce que le but de cette mission, c'était ça : me sortir de ma zone de confort ? Fais chier, j'aimais pas avoir des questions sans réponses. Ma tête était pas conçue pour ce genre d'énigmes.

Suivant le Jedi, j'écoutais ce qu'il avait prévu comme mode opératoire. Agir de nuit, éviter les hommes des sables, retrouver la caisse, ... Et mon pad bipa alors qu'il m'avait envoyé des clichés de notre cible. Clichés que je prenais le temps de regarder alors que droïde et jedi commençait à se battre à coté de moi. Sérieusement, l'espace d'un instant, je me demandais qui était l'adulte ici.

Regardant le Chevalier s'éloigner, j'entendais B4 raler encore sur lui. Oui fin t'a pas été top non plus... Mon regard se pose sur notre compagnon de métal et je m'agenouille près de lui. Tu veux bien arrêter de bouder et me dire du coup où elle est sensé se trouver cette caisse ? L'oeil du droide s'active et la projection holographique me montre un plan du Sélénaï que j'avais vu en partie sur les données que Gary m'avait envoyées, un chemin en rouge se déplaçant vers ceux qui avait servi de dortoirs. Okay, donc en fait, on nous envoie chercher la garde robe de Maitre Hunter en fait ? Bordel, pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe ce genre de choses ? J'exagérais peut-être, et je savais que toutes les ressources étaient nécessaires, mais je me demandais quand même vraiment ce que pouvait contenir cette caisse.

B4 commencça à ajouter quelque chose mais une voix m'appela dans mon dos. Une voix que je connaissais, et qui me fit me retourner. J'arrive B4, tu peux aller au Bantha. Et me relevant, je me dirigeais vers l'initié qui courrait vers moi. Un petit Twilek qui trainait de plus en plus avec nous. Sol', La Force soit louée, t'es pas encore parti. J'avais peur d'arriver trop tard. Si tu savais... Siri, elle m'a dit de te donner ça, que t'en aurait besoin. Et dis-moi, tu vas revenir hein. Tu vas pas te faire bouffer par un dragon ou je ne sais quoi ? Parce que Kiran, il a dit que... Calme toi, Ryu. Kiran est un imbécile et toi, tu crois trop ce qu'il raconte. Y a pas de dragons là où je vais. Mais si y en avait un... Si j'en croise un, je te promet, je fais une photo souvenir et je te la ramene. Allez file. Et Merci pour le cadeau de Siri.

Parce que c'en était un. J'avais pas besoin d'ouvrir le linge où il était emballé pour le savoir. Siri était la High-tech de notre groupe et dès que l'un de nous partait en mission, elle s'arrangeait pour nous donner ses dernières créations en date. Sortant de la caverne pour me diriger vers notre moyen de transport, je découvrais qu'il s'agissait de lunette de protection pour les yeux. Une copie de celle qu'elle portait, et dont elle se servait dans les endroits sombres. Un mot accompagnait l'objet : fonction infrarouge si t'appuyes si tu appuies sur le bouton au niveau de la tempe droite.

Les plaçant autour de mon cou, j'entendais en approchant les bip d'un droide que je connaissais déjà que trop. Non mais c'est pas vrai... B4, steuplait, mets toi en veille. Et vous, foutez lui la paix Gary. Regardant l'animal, je ponctuais : Franchement.. Y avait pas autre chose qu'un Bantha ? Non parce que là... Son poil puait à dix lieux à la ronde.
Gary Kovani
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Je fais tour du Bantha, nez plissé. C'est qu'il sent fort le bestiaux. Il a pas du prendre un bain depuis sa naissance au moins. Faut dire, avec tous ces poils longs... Il doit transpirer là dessous... Il paraît que non en fait, tellement cette laine est isolante. Je hausse les épaules. J'y connais rien en Bantha. Et puis, la puanteur va s'évaporer avec le temps :  on fini par s'habituer aux pire odeurs une fois qu'on baigne dedans. C'est la magie de l'accoutumance olfactive ! Un petit cadeau de la sélection naturelle...

Je tire sur une sangle, puis une autre. Un observateur extérieur pourrait s'imaginer que je sais ce que je fais... Mais en fait pas du tout. Je n'ai jamais monté de Bantha. Encore moins préparé un. Celui-ci nous a été prêté par les Jawa. En échange d'un module d'hyperdrive de chasseur léger. Voilà à quoi nous en sommes réduits pour espérer retrouver du matériel médical disparu dans une épave vieille de six mois. Tout m'a l'air en ordre, solidement fixé. Le gros tas de poils est inerte, apathique. Certainement qu'ils ne nous ont pas refilé le plus fringant du lot. Mais il fera l'affaire. J'en suis convaincu. D4 revient à la charge, avec une série de bips interrogatifs.

« Alors là, non, même pas en rêve. Les selles ne sont pas adaptée à ton arrière-train d'acier. Tu vas tomber sur le coté... A moins que tu ne préfères voyager dans les filets, comme une vulgaire marchandise... »

Il s'agace de nouveau. Cette fois je m'amuse. Je lui réponds avec un sourire narquois. Moqueur même.

« Parce que tu crois que c'est mon choix hein ? Tu deviens parano vieux tas de ferrailles !! Tu nous donné toutes les infos, maintenant tu restes ici et tu attends qu'on revienne. On te contactera si on a un problème... »

Je lui balance un récepteur comlink. Le cylindre gros comme mon pouce roule sur le sol jusqu'à ses roues. Il peste de plus belle...

« Ne me force pas à utiliser de la Télékinésie pour te faire rentrer à l'intérieur... »

C'est à ce moment précis que la Padawan Horrain arrive à notre portée et nous coupe la chique. Je la fusille du regard, bras croisé sur le torse, l'air soudain bien moins sympathique.

« Mademoiselle Horrain! Faut pas pousser pépé Saï Don dans les orties ! Vous savez, il existe deux types de Chevalier Jedi. Les cool, et les rabat-joie. Moi je fais parti des cool... Mais faut pas pousser le bouchon trop loin : ce n'est pas parce que je te demande de m'appeler par mon prénom, que je t'autorise à me parler sur le ton. Le respect, il est pas resté sur Ondéron à ce que je sache... »

Malgré mon ton sec et réprobateur, mes lèvres s'étirent imperceptiblement à chaque mot. Je ne suis pas doué pour engueuler les gens. Je n'arrive jamais à garder mon sérieux...

« Et non, il n'y a que le Bantha. Mieux vaut ne pas prendre de retard. On y va. »


****

Dix minutes plus tard, sur le dos du Bantha.

J'ai la bouche pleine. Je n'ai pas pu résister... Qui a eu la somptueuse idée de fourrer ma marque préférée de gâteaux sec dans le paquetage de survie aussi ?!

« Je reconnais un truc quand même, Solstice... T'as du cran. Je respecte. C'est une qualité indéniable. T'en aura besoin, surtout par les temps qui s'annoncent. »

Je l'appelle par son prénom. Aux chiottes les formalités inutiles. Ici, au milieu de rien, dans la nature sauvage et glaciale, nous ne sommes que deux êtres vivants semblables. Je frissonne et réajuste la couverture chauffantes sur mes épaules tout ne achevant le paquet.

« Du coup je vais t'avouer un truc. Le Bantha... Bah D4 avait raison. Il est filou l'astromec. Il me rend dingue ! Comme un machin pareil peut avoir autant d'intuition ? C'est bien moi qui ait milité auprès du Conseil pour qu'on en utilise un Bantha, plutôt qu'un speeder, ou un chasseur biplace...

C'est la meilleure excuse que j'ai trouvé pour nous débarrasser de lui. Foutu droïde. Je ne lui fais pas confiance. Il m'a l'a déjà fait à l'envers. Tu devrais te méfier. Il enregistre tout. Et comme il ne sait pas mentir, il raconte au Conseil tout ce qu'on fait ou dit pendant les missions. Très peu pour moi... Pis de toute façon, le terrain est tellement accidenté là bas, qu'il aurait fallu marcher des heures. Le Bantha nous approchera plus prêt, en toute discrétion, sans attirer les pillards et les opportunistes avec des hurlements de moteurs. Et accessoirement, si on épuise les provisions, on pourra toujours le becter en attendant les renforts...»


Je marque une pause, simplement pour bailler. La nuit va être longue.

« C'est pas magnifique ? Toute cette nature vierge ? Le ciel criblé d'étoiles. Les masses sombres des dunes qui caressent l'horizon. Et toute cette vie. Tu arrives à la sentir ? Beaucoup croient que le désert est un lieu aride, un lieu de mort. Mais la vie s'adapte toujours. Elle grouille sous le sable. Partout... »

Je me laisse aller au monologue, entre deux gâteaux. Finalement je vide le paquet. Je baisse les yeux dessus. La nuit est si noire que je n'arrive même pas à distinguer mes mains. Mais la Force m'offre une vision du monde qui dépasse de loin le simple sens de la vue. Je soupire. Les meilleures plaisirs finissent toujours bien trop tôt. Je refourgue le sachet dans le sac de jute. Mon ton devient aussitôt beaucoup plus sérieux.

« Il est comment le moral en ce moment ? Chez les padawan je veux dire. Tu as quoi ? Quinze, seize ans ? T'as été arraché à Ondéron tu avais à peine plus de dix ans... Je suis déjà un vieux, j'en ai vu d'autres... Mais ça m'a crevé le cœur et retourné le cerveau... Alors vous les jeunes. Bordel. Vous méritiez pas ça... »

Cette fois, c'est de la mélancolie qui étreint mon cœur alors que je fixe la voute céleste. J'ai appris à reconnaître les constellations de ce secteur galactique... Je sais exactement derrière quelle nébuleuse se cache notre ancien foyer. Incroyable comme on découvre combien on tient aux choses lorqu'on en est privé... Moi, nostalgique ? Qui l'aurait cru ? Sûrement que c'est le troisième âge qui me guette. Je chasse les pensées nauséabondes avec un peu de légèreté improvisée :

« Le Bantha. Personne ne m'a filé son petit nom. On devrait le baptiser. Ça sera plus simple que de l'appeler « le Bantha » jusqu'à la fin de l'expédition... Aller, je propose... Hmm... Maitre Pulos. Comme notre éminent mêmbre du Conseil, haha. J'sais pas. Je crois que c'est l'odeur qui me fait penser à lui, haha... Tu vois c'est justement pour ce genre de conneries que je préfère que D4 ne soit pas dans nos pattes ! »
Solstice Horrain
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J'en revenais pas. Je me faisais engueuler. Ouvertement en plus. Et B4, lui, tranquille, il se casse. Ca veut dire que on nous confie un droide pour nous aider dans notre tâche, et ce droïde, pour une raison que je devines, est contrarié et se barre. Et en plus, je me fais engueuler ?

J'y crois pas... Vous m'saoulez tous les deux. J'avais même pas envie de développer. Je m'approchait du Bantha en tentant de pas sentir l'odeur qui se dégageait de ce mammifère, la mine renfrognée. Mais bien sur, je restes Solstice. Alors ce qui doit arriver arrive et j'ajoutes : Et si vous voulez que je vous appelle Gary et pas Maitre, vous avez qu'à m'appeler Solstice. Et pour votre gouverne, MAITRE, c'est pas parce qu'on dit qu'on est cool qu'on l'est. OU JEUNE ! Et dans une courbette plus à la princesse qu'à la Padawan, pour la note de respect, je montais sur le Bantha. J'étais peut-être sur le coup irrespectueuse, mais pas une tire-aux-flanc.

*****

« Je reconnais un truc quand même, Solstice... T'as du cran. Je respecte. C'est une qualité indéniable. T'en aura besoin, surtout par les temps qui s'annoncent. »

J'y ai peut-être été un peu fort quand même. Désolé. C'est que c'est rare les Jedi comme vous, M... Gary. C'était les premiers mots que je lui décochais, parce qu'il avait eu la maturité au fond d'ouvrir le dialogue, et que moi bah j'avais profité des dernières minutes pour refléchir. J'étais pas une mauvaise, n'importe qui qui me connaissait le savait. J'avais juste comme il le disait du cran et de la franchise. Trop, selon feu-Maitre Kara's. Le problème, c'est qu'elle était plus là pour me modérer, alors j'étais de plus en plus en sans-filtre. Certains copains de mon groupe tentaient de la remplacer mais..

PARDON ! Vous voulez dire que si on se tape ce pachiderme de malheur c'est... Un épais grognement se fait entendre de la part de notre monture, qui semble avoir meme compris ce que je disais. Oh la ferme, c'est ce que t'es ! T'y peux rien et c'est tout. Je me laissais retomber sur mon dossier de selle. J'en revenais pas. Il avait choisi d'avoir la paix en sacrifiant la rapidité. MAIS POURQUOI MONDE CRUEL C'ETAIT TOMBE SUR MOI ?! Alors qu'il m'y invite, je regarde les étoiles. Et je respire profondément. Non, je la sens pas. Le ton est presque aussi vite. Je répondais calmement, tout en regardant les dunes. Et je disais la vérité, je sentais rien. Je suis pas excellente dans tout ce qui est méditation et ressenti. J'avais pourtant l'impression qu'il m'écoutait pas plus que ça. Jusqu'à ce que le ton change. Mon regard se dirige vers lui, derrière les lunettes que Siri m'avait transmis.

L'attachement est prohibé... Réponse toute faite, tirée des cours qu'on recevait en tant qu'Initiés. Mais en vrai, ça va... suivie de celle-ci, beaucoup plus franche. Il y a des Padawan ou des Initiés plus touché que d'autres, mais on se sert les coudes. On sait que c'est la merde pour tout le monde alors... C'est pour ça qu'il y avait des groupes qui se formaient, peut-être de plus en plus d'un point de vue extérieur. J'étais pas sur Ondéron quand c'est arrivé. Pas directement en tout cas. J'étais déjà Padawan du Maitre Kara's. Aux premiers messages, on est revenus et on a aidé comme on a pu. Maitre Kara's, elle a fait en sorte que je vois ça comme une mission de plus.

Tu marques une pause, prenant le sabre qui orne ta ceinture et que tu utilises le plus souvent, ancienne arme de ce Maitre regrettée. Quelques secondes à peine, tu le fixes dans un silence. Elle m'a demandé d'aider les initiés à s'échapper, de les protéger, et c'est ce que je fais encore aujourd'hui. Une mission que tu n'estimais pas encore terminée. Pas tant que tout le monde ne serait pas rentré. Et au-delà des initiés, même lui, qui fut comme votre papy à tous : Maitre Don.

On est des Jedi. Le mérite n'a rien à voir la dedans. On fait juste notre devoir. Le sabre se raccroche à la ceinture et tu regardes à nouveau les étoiles. Elles sont belles finalement. Gary a raison d'apprécier cela.Mais tu ne peux t'empêcher de sourire, et de rire lorsqu'il parle du Bantha, et de Maitre Pullos. Vous êtes definitivement pas croyable. Mais vous avez raison... au fond vous êtes cool pour un vieux... Ce n'était qu'une petite provocation, sur le ton de la plaisanterie. Un moment plaisant où ton pad commença cependant à sonner. Et regardant le message, tu te redresse quelque peu :

Gary... regardez... Ils disent qu'il y a un risque quand même. Des pilleurs d'épaves ont été repéré dans la zone du crash.

Gary Kovani
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Assis en tailleur sur la selle du Bantha, je me laisse bercer par sa démarche chaloupée et incroyablement régulière. Les yeux à présent clos, j'inspire profondément, bloque ma respiration quelques secondes, avant d'expirer sans bruit. Ma conscience se dilue dans l'environnement. Mon esprit, navire porté sur les flots de mes sens débridés, s'étire dans toutes les directions, caresse le vivant et l'inerte, comme un aveugle tâtonnerait un visage pour s'en faire une emprunte mentale. Cette méditation consciente m'offre une vision profonde, plus large, de toute ce qui m'entoure, comme si je devenais un observateur universel dépourvu des contraintes inhérentes à la chair. De longues minutes s'écoulent depuis la dernière phrase prononcée par la jeune padawan, et l'amusement lu dans sa voix pourrait se muer en questionnement. Peut-être me croit elle endormi, à l'image de ces vieux maitres à bout de souffle capables de piquer du nez sur leurs sièges pendant les sessions un peu trop longues du Conseil. Mais non, je suis parfaitement conscient. Comme l'atteste ce sourire qui s'étire sur mon visage à mesure que je décortique les mots et les émotions de mon interlocutrice. Elle est pour moi un puzzle composées de pièces obscure qu'ils me faut révéler à mon esprit pour en comprendre le motif. Chaque mot est un indice de plus.

« Ne t'excuse pas. »

Mots mots fendent la nuit, brisant un silence déjà morcelé par les mugissements sourds de notre monture.

« Ne t'excuse jamais d'avoir été toi même. Tu peux regretter d'avoir manqué de tact, de diplomatie, oui. Mais tu n'as pas à t'excuser d'avoir révéler le fond de ta pensée. Nous sommes qui nous sommes, et la première étape de la maturité c'est d'accepter ce que l'ont est. Avec nos qualités et surtout nos défauts. »

J'inspire un grand coup. Je rouvre les yeux. Malgré le noir absolu, je peux lire les contours de son visage au travers de la Force, ainsi que les quelques émotions qu'elle laisse transpirer. J'ai senti un pic douloureux. A l'évocation de son ancien Maitre. Une émotion refoulée, plus que réellement canalisée. Un point faible dans une armure pourtant solide pour son jeune âge et son manque d'expérience, preuve d'un tempérament d'acier. Je décide de ne pas remuer le couteau dans la plaie avec des questions, bien que la curiosité me pique.

« Je t'avais dit que j'étais cool ! Un rabat-joie n'aurait pu s'empêcher de te faire la morale sur l'attachement. Alors que moi, non, c'est tout le contraire. »

Je prends quelques secondes pour rassembler mes pensées et les organiser. Je m'apprête à tenir des propos qui jouent malicieusement avec les limites de notre Dogme. De notre Code. Mais je crois sentir en elle une Padawan suffisamment solide pour accepter mon point de vue, et y méditer, sans risquer d'engendrer une crise de confiance.

« Je considère chaque Jedi comme un frère ou une sœur. Nous ne sommes pas qu'un agrégat d'êtres entassés autour de valeurs communes décrites par notre Code Jedi. Nous sommes une famille. Nous tenons les uns aux autres, nous comptons les uns sur les autres. Encore plus dans les périodes de crises. L'attachement est-il une porte d'entrée du Coté Obscur ? Oui. Mais seulement lorsqu'il est débridé. Le code est un garde-fou. Mais un monde ceinturé de garde-fou n'est autre qu'une cage qui nous empêche de vivre et de nous réaliser.

Tout est une question de mesure et de contrôle de soi... Il est important que nous prenions soin les uns des autres, même au péril de nos vie, et de notre santé mental, de nos valeurs.»


Je soupire, un exemple vaut tous les préceptes.

« Moi aussi j'ai perdu mon Maitre. C'était il y a longtemps. Tué par un Sith. Il s'est sacrifié pour que je puisse vivre. »

Tout en parlant, je dénoue les bandelettes de ma main gauche, révélant une prothèse. Je ne doute pas qu'avec ses lunettes infrarouges, elle ne manquera pas de voir ses reflets métalliques.

« L'épreuve la plus dure de ma vie. Un véritable test en ma capacité à contenir mes pulsions et mes émotions. Cette prothèse me rappelle chaque jour ce combat et cette perte. Mais aussi ce sacrifie ultime. Elle me rappelle aussi de comprendre le sens de notre engagement. Envers les êtres vivants de cette galaxie, aveugle à la Force, envers mes frères et mes sœurs, envers moi même. »

Au moment ou j'achève cette phrase lourde d'enseignements probablement nébuleux pour une si jeune âme, le Bantha laisse échapper un mugissement plus grave, plus sonore. Je lui tapote le flanc en plaisantant :

« Maitre Pulos approuve. Tant de sagesse sous tant de poils. Encore un autre point commun avec son homonyme ! »

Enfin, après tant de digressions, je prends en considération l'avertissement la jeune fille. Des pillards d'épaves ? La nouvelle ne me surprend guère, bien que le timing éveille ma suspicion.

« Raison de plus pour avoir pris ce Bantha ! Avec un peu de chance, ils auront récupéré de quoi se remplir les poches et seront repartis. Dans le cas contraire, il faudra compter sur nos compétences, et notre capacité à nous coordonner pour déterminer la marche à suivre... Ce qui sera grandement facilité par nos échanges : cette nuit va nous permettre d'apprendre à mieux nous connaître, pour nous préparer au pire. »

Si on m'avait dit un jour que je serais capable de parler avec tant de sagesse... haha. Si je continue je vais finir par gagner mon titre de Maître et siéger au Conseil ! La plaie ! Mais l'expérience m'a prouvé que les pilleurs ne prennent que le minimum de risque au milieu de désert : ils vont démonter les moteurs, le module d’hyper-propulsion et tous les équipements de la passerelle, et se tirer le plus rapidement possible avant d'attirer l'attention des hommes de sables ou de plus gros groupes.

« Pourtant je ne peux m'empêcher d'éprouver un mauvais pressentiment. Des pilleurs d'épaves repérés exactement le jour ou nous comptons nous rendre sur place ? Je crois que nos amis Jawa ont laissé traîner leurs oreilles et leur langues... Il va falloir que le Grand Maître Hunter Licht ait une petite conversation avec eux à notre retour... »

Je m'arrête aussitôt. Penser à la fin de la mission risque de détourner mon attention de l'instant présent. Et justement, le mugissement grave de Maitre Pulos se répète. J'y décèle de la nervosité cette fois.

« Tu le sens ? Maitre Pulos est stressé. Il a senti quelque chose... Je vais tenter de sonder plus en profondeur ce qui nous entoure. Je compte sur tes lunettes , et ton sens de l'observation pour m'avertir si quelque chose bouge... Il se peut que j'interprète mal, je n'y connais pas grand chose en Bantha... »

Il se pourrait que ce soit seulement quelques odeurs dans le vent nocturne, qu'aucun danger ne nous menace vraiment... Mais je préfère ne prendre aucun risque. Je déteste être pris au dépourvu, déformation professionnelle : on apprend aux Jedi Sentinelles à être ceux qui prennent les autres par surprise, et non l'inverse.
Solstice Horrain
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« Moi aussi j'ai perdu mon Maitre. C'était il y a longtemps. Tué par un Sith. Il s'est sacrifié pour que je puisse vivre. »

Plus que sa vision de l'Ordre ou son analyse du Code, cette phrase attire ton attention. Parce qu'elle fait écho en toi, au plus profond de ton âme. Chez toi, la plaie est plus récente. Le ressent-il ? Sait-il qu'elle était une Ombre ? La connaissait-il ? Tant de questions que tu ne prononceras pas, parce que le moment n'est pas venu. Mais surtout parce que tu fuis. Tu évites cette réalité en vivant dans un déni réel et profond. Tu rêves parfois de la revoir, franchissant la porte de ta chambre pour te tirer du lit, pour t'assommer d'exercice de lévitation et de voile, ou pour t'apprendre une nouvelle botte. Et c'est un soupir qui s'échappe de tes lèvres, tandis que ton datapad s'active.

La fuite viendrait des Jawa ? Peut-être, mais tu gardes un doute. Profondément enraciné en toi, tu te dis que ces petites créatures, aussi cupides soient elles, ne sont pas foncièrement méchantes, obscures. Ce sont justes des profiteurs, des opportunistes doté d'un sens aigu du marchandage.

A l'ordre du Chevalier, tu te redresses un peu, activant les dites lunettes. Tout devant tes yeux se drapent de rouge et tu vois, observes, cherches. Mais il n'y a rien. Rien d'autre qu'une étendue inimaginable de sables, formant des dunes à perte de vue. Sabre à la main, tu te laisses tout de même glisser sur le poil de la monture jusqu'à toucher le sol. Un sol encore chaud, comme si le sable engrengeait toute la journée la chaleur des soleils de ce système. T'éloignant de quelques pas seulement, tu continues de chercher, tournant la tête tantôt à droite, tantôt à gauche. Si tu n'es pas la plus douée avec la Force, tu ressens tout de même ce picotement au bout de tes doigts, cette impression dans ta nuque. Comme si on vous observait. Comme si...

Gary, je crois que...

Mais alors que Pulos maugréait une nouvelle fois, le sable se creuse sous tes pieds, happant ton corps en entier trop rapidement pour que tu ne puisses t'extirper de ce piège naturel ou non, dans un Putain de... aussi mémorable que retenu sur la fin, histoire de ne pas te retrouver avec du sable plein les poumons.
Gary Kovani
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« Peste ! »

L'injure n'est pas aussi mémorable que celle de ma malheureuse acolyte. J'ai toujours eu beaucoup de retenu. Enfin en général. De temps en temps. Oui ça m'arrive parfois. Bref. Un unique mot et je bondis dans les airs, en arrière, façon salto acrobatique. L'impulsion dopée à la Force m'élève bien au dessus de la scène. J’atterris trois mètres plus loin, avec l'agilité d'un félin en détresse. Je relève la tête. Juste à temps pour sentir dans la trame invisible de l'univers plusieurs flagelles qui balaient les airs, excitées par l'idée d'un copieux repas. Elles s'enroulent autour des pattes de Maître Pulos, tandis que sous son ventre le sable roule et révèle une bouche circulaire bardées de dents. La nuit noire et le silence glaçant du prédateur offrent à la scène un écrin surréaliste. Je frisonne.

« Un Sarlacc ! »

Peste ! C'est bien notre veine ! Quelle chance, statistiquement parlant, avions-nous de marcher pile-poil sur l'une de ces saloperies ?! Raaaaah. Je pose un genou à terre, tend les mains. De la gauche, je tente de retenir notre monture. De l'autre j'essaye d'attirer la padawan emportée par les sables mouvants. Je serre les dents, puise dans l'energie du désespoir. Étrangement, mon rythme cardiaque ralenti. Ma respiration se calme. Je ne fais plus qu'un avec la Force. Elle est en moi, et j'agis à travers elle. Je peux sentir sa présence en toute chose, dans chaque molécule qui compose les corps de mes partenaires d'infortune.

Malgré ma concentration, et mes années d'expérience, les résultats sont mitigés. Je parviens tout juste à maintenir le buste de Solstice hors du sable. Tandis que je peine à m'opposer aux vigoureuses tentacules qui tractent le Bantha avec une puissance étonnante. Notre monture gémit de douleur, écartelée. Une fraction de seconde un peu tard, je prends conscience de mes limites : je ne pourrais pas sauver les deux. Du moins pas comme ça.

Par chance - si on peut appeler ça dans la chance - je lutte contre un Sarlaac juvénile. Sa gueule ne dépasse pas les deux mètres de diamètre... Ce qui est déjà suffisamment impressionnant, avouons le. Les idées fusent sous mon crâne, et cheminement vers une seule et unique solution viable :

« Solstice ! »

Je beugle même si l'étonnant silence morbide nous nimbant ne menace nullement de dévorer mes ordres.

« A mon signal ! Coupe les tentacules ! »

Le bien-être animal on en parle ? Non, pas maintenant. Y'a des limites à la bien-pensance ! Et puis c'est pas comme si nous allions le tuer. Je secoue la tête pour chasser ces stupides pensées parasites. Je relâche d'un seul coup la pression que j’exerce sur la padawan. C'est risqué. Très risqué. Elle pourrait perdre l'équilibre et chuter dans la gueule du monstre... Mais intuitivement, je la crois capable de réagir avec célérité et intelligence. Je reporte aussitôt toute ma concentration sur Maître Pulos. J'inspire. La Force coule en moi, comme une vague prêt à déferler...

« MAINTENANT ! »

D'un impulsion soudaine, j'élève le Bantha aussi haut que possible. Surpris, le Sarlacc tarde à réagir. Ses tentacules s'étirent d'un bon mètre, offrant une cible parfaite pour qui serait armé d'un sabre-laser...
Solstice Horrain
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Le sable qui t'entourent s'effondre d'un coup, te dévoilant la scène. A travers les lunettes de ton amie, tu découvres la réalité. Tu aperçois les tentacules, tu vois le Bantha attiré par ces dernières, et tu sens que toi tu ne glisses plus. Le sable pourtant semble encore couler autour de toi, t'engloutissant toujours jusqu'au bassin, mais tu ne sombres pas plus, freiner par l'étreinte du Chevalier.

Tu l'entends hurler ton prénom, et t'aurais envie de répondre sur le même ton l'espace d'un instant. Un instant seulement. Parce que tout déjà semble se calmer autour de toi, et en toi. Que ce soit ta respiration, le sable qui continu sa chute, les tentacules de ce monstre ou même le rale de Maitre Pullos, tout devient presque irréel. Le plan de Gary parvient à tes oreilles comme un bruit sourd que tu ne comprend pas réellement, mais ton sabre s'active pourtant bel et bien. Parce qu'au fond tu le sais, tu le sens. Plus que la réalité, c'est la Force qui murmure à ton inconscient ce qui va arriver.

Une deuxième main se pose sur le manche de ton arme, et dans une inspiration, tu ressens la poigne du Chevalier te libérer. La réaction en soit est immédiate : ton corps recommence sa chute sur le sable, avec au fond de ce tourbillon la gueule ouverte de votre adversaire. Et tu te laisses d'abord rouler. Si tout peut sembler aller très vite, ce n'est pas le cas dans ton esprit et lorsque ton pied rencontre une surface plus dure que la composition classique de cette planète, tu t'en sers réellement d'appui pour sauter. Un Saut de Force, aidé de votre partenaire mystique autant pour sortir de ce gouffre que pour exécuter l'ordre du vieux. Et lorsque sur le chemin les tentacules se dressent comme un barrage, ton arme fend l'air autant que la chair.

Maitre Pullos est sauvé, quoi qu'il faudrait voir ce qu'il en reste à l'atterissage. Mais toi, ton mouvement reste géné par la réaction du Sarlacc mutilé. Elle était prévisible et pourtant, lorsque les tentacules se rétractent sous la douleur, l'une d'elles te touche, te dévie et t'empêche d'atteindre le sommet du gouffre. Sabre qui s'éteint, tu cherches d'abord à t'agripper, mais à quoi ? Le sable glisse entre tes mains, trop fin pour t'arrêter. Et tu glisses à nouveau sur ce toboggan naturel, en direction de son centre. Tu espères au fond que tu rencontrera à nouveau un tremplin pour armer un saut de ton pied. Tu es prête, te retournant pour glisser sur les fesses, l'arme au poing prete à réagir au besoin.
Gary Kovani
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L’action n’aura duré qu’une poignée de secondes. Le genre de poignée que l’on peut aisément compter sur les doigts boudinées d’une main de Hutt. Une fulgurance oui, mais qui, sur l’instant, semble durer approximativement une éternité.

L’adrénaline. Seule et unique responsable. Née du stress, émanation de mes glandes surrénales. Elle se déverse sans modestie dans mon système sanguin, abreuve mes organes de ses vertus analeptiques. Mon rythme cardiaque accélère, ma pression artérielle décolle. Mon pouls s’invitent à mes tempes. Je transpire, alors que mon cerveau, victime d'une surdose d'oxygène, trompe mes sens, mon appréciation du temps.

Ainsi le cours du temps déraille. Les secondes, surréalistes, s’étirent. Mes pupilles dilatées captent de vagues silhouettes seulement découpées du panorama nocturne par la lueur crue de la lame-laser. Mais c’est au travers d'un autre sens que je perçois la scène, avec une précision bafouée par l'angoisse. La Force. On a beau s’entraîner depuis son plus jeune age à refouler les pensées parasites, elles s'invitent toujours lorsque l'on laisse la stupeur nous assaillir. Il m’est difficile de décrire ce que j’observe, ce que je ressens. Les sensations s’entre-mêlent. La jeune apprentie bondit. Comme convenu. Son arme vrombit, bourdonne. Elle tranche autant le silence que les tentacules récalcitrantes jusqu’alors solidement enserrées à la toison hirsute de notre monture. Je crois lire du doute. De l’incertitude. Une hésitation. Mais aussi le sentiment du devoir accompli.

A l’opposé complet de ce spectre émotionnel, le Bantha se débat frénétiquement dans les airs. Ses larges pattes fauchent l'air, comme s'il luttait contre un ennemi invisible. Son regard fou roule dans ses orbites. Il beugle de terreur, la bave bulle à ses lèvres. Une peur décuplée par l’apparition soudain du sabre laser... J’étouffe un juron. Un presque aveu de faiblesse. Mes deux bras tendus dans sa direction sont aussi raides que des poutrelles de duracier. Muscles bandés à m’en déliter les tendons. J’use de toute ma maîtrise pour maintenir l’énorme bête en lévitation, alors qu’elle rue pour échapper à mon étreinte salvatrice. Les vieux professeurs affirment sans vergogne que seul l'esprit limite la Force... Mais à cet instant je les maudis. Je peine à déplacer cette boule de nerfs déchaînée de près de dix tonnes. Je l’attire lentement à moi, à présent qu’elle est libérée des tentacules. Ces dernières retombent mollement dans le sable, tranchées nettes. Une déconcertante odeur de chair brûlée m'irrite les narines. L'image d'un morceau de viande oublié sur un barbecue un soir de fête me saute au visage.

« Solstice, aide moi ! »

L'ordre fuse. Concis, abrupte. Mais c'est la crainte de défaillir qui dicte ce ton sévère, plutôt qu'un excès d'autorité. Je dois hurler les dents serrées. La mâchoire crispée par l’effort. Notre mission est en jeu : si je relâche Maitre Pulos dans cet état, il s’enfuira avec tout notre matériel et nos vivres. Impensable d'échouer aussi sottement ! Je manœuvre pour faire atterrir la bête en douceur, tant bien que mal... Le Bantha se débat de plus belle. Je m’approche sans relâcher mon étreinte.

« Aide moi à le maintenir… Ou à l’apaiser… »

Difficile d’être efficace dans l’action lorsque l’on ne connaît pas son partenaire. Qui est Solstice ? Quelles sont ses compétences ? Ses préférences ? Son mode de pensée, sa manière d'agir ? Je l'ignore. J'ai juste eu le temps de jeter un rapide coup d’œil sur son dossier scolaire avant d'embarquer. Privilège du Bureau de Recherche des Jedi Disparus. Nous avons accès sans limite à ce genre de documents.

C’est pour ça que je préfère agir seul en général. Ne compter que sur moi-même évite bien des déboires et des incompréhensions.  Même si je reconnais volontiers qu'une seconde paire de bras s'avère souvent utile. Enfin, au prix d’un effort qui transforme mon front en une cascade de sueur, je parviens à poser ma paume sur l’épaisse fourrure. Je presse dessus, m’y enfonce de vingt centimètres. Là, lové dans ce écrin d’une douceur inespérée, je laisse la Force quitter mon être pour s’immiscer dans l’esprit du Bantha. J’imagine à cet instant comme des volutes de fumée éthérée qui pénètre son cerveau. Des filaments invisibles qui plongent dans le liquide rachidien et nagent jusqu’aux neurones bombardés de signaux chimiques. J’inspire. Expire. Je calme mon cœur, mes pensées, mes humeurs. Une sérénité recouvrée que je tente d'infuser dans l’esprit de Maitre Pulos.

J’ignore si la padawan m’aide à le maintenir. Ou si, elle dispose d'assez d'expérience pour donner plus de force encore à mon Apaisement. Mon extrême concentration m'interdit tout autre réflexion. Il faut dire que je navigue en eaux troubles, que je déambule en terres inconnues. Jamais je n’ai tenté d’user de ce pouvoir pour chasser la terreur de l’esprit d’une bête de somme. Je procède avec délicatesse, lentement, comme si je tâtais de la pulpe des doigts une porcelaine en équilibre précaire.

J'ignore si je dois remercie Solstice, la Force ou seulement la chance du désespéré. Mais rapidement, je peux sentir Maître Pulos se rasséréner. La peur quitte son esprit, remplacée par une torpeur implacable. Il s'affaisse, ventre contre le sable encore tiède de la journée... Et s’endort en ronflant.

Je me laisse tomber en arrière. J’atterris sur le dos, les bras écartés, comme si, revenu en enfance, je m'apprêtait à dessiner un ange en les agitant. Moi aussi je suis exténué. Mais contrairement à notre monture, je refuse de laisser la fatigue triompher de ma conscience...

« Solstice, t'as assuré... »

Je tourne la tête. Le Sarlacc, invisible dans les ténèbres, végète à une dizaine de mètre seulement. Un monstre mortel, mais qui ne peut plus nous atteindre. Je me redresse enfin, assis. Je me frotte frénétiquement les cheveux pour en chasser les grains de sables agglomérés par la sueur.

« Bon. Laissons Maitre Pulos se reposer une demi-heure. Nous avons encore assez de temps, je pense, pour atteindre notre objectif avant l'aube. »

Je soupire.

« Je t'accorde que voyager en Bantha ce n'était peut-être pas l'idée du siècle... La prochaine fois, on prendre un speeder. »

Je secoue la tête, yeux braqués vers la Padawan. Dans la pénombre, je n'ai aucun mal à distinguer ses traits au travers de ma vision dans la Force. Je lui souris. Un sourire las, mais amical, où il est aisé de lire de la fierté.

« Tu as bien réagis en tout cas. On forme une bonne équipe non ? Maintenant que le danger est derrière nous... »

Au sens propre comme au figuré.

« … Je me dis que cette mésaventure peut nous être utile. Je voulais justement profiter du temps de trajet pour faire un peu plus connaissance. On ne sait jamais sur quoi, ou qui, on va tomber en mission. La preuve. La sagesse impose d'en apprendre le plus possible sur son partenaire pour être en mesure de se coordonner dans le feu de l'action. Vu qu'on a un peu de temps... Profitons en... »

J'ouvre le bal.

« Je suis un bretteur très passable. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment de sabre, du moins au sens... littéral du terme... »

Je lève une main, ma prothèse cachée sous les bandelettes. J'active alors l'arme qu'elle dissimule. Trois griffes d’énergie pure, orangée comme les soleils jumeaux au crépuscule, déchirent les ténèbres.

« Je ne me sers que très rarement de mon arme. Je préfère la discrétion, l'infiltration. Je ne suis pas du genre à foncer dans le tas. On va dire que c'est des restes : lorsque je suivais encore la voie des Ombres... »

Une autre époque. Lointaine. La nostalgie s'invite dans mes intonations. Un sentiment que je chasse immédiatement, sans ménagement.

« Certains me surnomme « Deck ». Le Détective Jedi. Ma mission principale c'est de retrouver des personnes... En ce moment, c'est surtout des Jedi disparus depuis l'Exode... Je possède le don de Psychométrie... Et de temps en temps une connerie de caisse dans une foutue épave ! »

J'éclate de rire. La tension cumulée s'évacue en décibels.

« Assez parlé de moi. A ton tour. Quels sont des compétences ? Points forts, points faible ? Et ta couleur préférée aussi ? Moi c'est l'indigo. C'est une couleur qui m'apaise. »
Solstice Horrain
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J'avais gravi les mètres de sable prudemment, le monstre tentaculaire semblant calmé, et finalement sans aide. Mes oreilles avaient perçues les demandes du Chevalier, mais alors que j'étais sur cette pente raide, je ne pouvais décemment pas l'aider plus. Et alors que j'atteignais le sommet de ce gouffre, je voyais le Bantha au sol. La situation semblait sous contrôle, et mon coeur décélérait finalement. Ce palpitant dégnait enfin reprendre son rythme normal.

Accrochant de l'index la jonction entre les deux verres de ces lunettes, je les retirais de mes yeux, les glissant vers mon cou. Je voulais voir de mes yeux l'immensité des étoiles au dessus de nous, sentir sur chaque parcelle de mon visage la vie, la brise si ténue. Il faudrait, je le savais, enregistrer la position de cette créature trop proche de l'enclave pour la signaler, pour prévenir nos pairs de sa présence et éviter ce qu'il venait de se passer.

« Solstice, t'as assuré... »

Vous aussi. Réponse automatique presque, bien que je la penses sincèrement. Mais c'est le respect du protocole qui prend le dessus, entrainant ce vous si habituel. Et calmement je m'installe aussi, m'asseyant cul au sol et chevilles croisées. Je prenais le temps de souffler, de calmer ce qui m'habitait tout en écoutant Gary m'en confier plus sur lui, son passé. Une Ombre, comme Maitre Karas, voila ce qu'il est. Une Ombre dont, à cause de mon entrainement, j'ai déjà entendu le pseudonyme. Un soldat à l'arme peut orthodoxe malgré ce qu'il appellera un talent passable. C'est en soi un paradoxe étrange pour moi, qui a toujours appris que les meilleurs bretteurs se dirigeaient vers l'exotisme des armes et rarement les autres. Une part de moi se demande alors si le Chevalier est une exception, ou cache une autre raison derrière ce choix...

Lorsque vient cependant le moment où il me renvoit la balle, ma bouche reste un instant scellée tout de même. Parce que j'avais déjà répondu à cette question plus avant, et parce que je venais de lui montrer. En rajouter, n'était-ce pas me vanter ?

Et finalement, mon corps disparait, ne laissant place qu'au vide de mon absence récente. Quelques secondes seulement, imperméable aux sens communs. Cependant je laisse encore une trace dans la Force, j'en suis parfaitement consciente. Et l'instant d'après, je réapparais, à la même place, comme si rien ne s'était passé.

Maitre Karas m'a appris ça. Elle voulait que je sache disparaitre, pour nos missions. Elle était une Ombre aussi. Etait-il utile de lui dire qu'elle m'avait choisi comme Padawan pour faire de moi une nouvelle recrue de cette caste ? Non. Absolument pas. Un jour, elle m'a dit qu'elle m'avait choisit parce que je suis de ceux qui n'abandonnent pas. Définitivement, mon regard se vide. Alors que je pense à elle, je ne suis plus sur Tatooine. Je ne suis plus en compagnie du Jedi Kovani, mais bien dans ces souvenirs que j'ai, avec cette tristesse qui n'a pas encore délaissé mon coeur et mon âme. Elle disait que j'étais une tête brulée, et une fonceuse, mais que rien ne semblait parvenir à me corrompre. Je n'en étais pas particulièrement fière, mais c'était pourtant la stricte vérité. Le Coté Obscur ne m'attirait pas comme la norme. Il me laissait simplement indifférent. C'est ce que mes épreuves avaient révélées, et je n'étais personne pour douter de cela. Maitre Karas m'avait même enseigné à ne pas le considérer comme acquis.

Paupières se fermant un instant, je m'attache à refermer cette porte sur mon coeur avant de les rouvrir et d'ajouter : Je suis une bonne bretteuse il parait. Mais j'excelle pas dans la maitrise de la Force. Mais ça, je vous l'ai dit tantot. Et j'aime le rose, le vert pomme et le bleu royal.

Maitre Pullos m'interrompit dans un gémissement, témoin de son bon état de santé et du fait qu'il rêvait surement de sa chérie. Vous devriez vous reposer. Je voudrais pas qu'à force de transpirer, vous puiez autant que lui. Il y avait une touche d'humour dans la phrase, mais aussi cette dernière qualité qu'on m'associait souvent : je me souciais des autres. Je vais monter la garde. Et je n'allais pas accepter de refus, quitte à l'assomer moi-même.

Gary Kovani
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Pourquoi lui demander sa couleur préférée ?

Simplement parce qu'avec les années, et l'expérience, je me suis forgé une amusante théorie. Les couleurs agissent sur nos esprits, inconsciemment, irrationnellement même. Particulièrement chez les Jedi où, depuis le plus jeune âge, nous sommes conditionnés malgré nous à suivre des préceptes dogmatiques. Des règles qui incluent une codification chromatique inflexible : la couleur des kimonos, celle des lasers de nos sabres... Alors, lorsque je demande à quelqu'un sa couleur préférée, et qu'il y répond sans vraiment y réfléchir, il m'ouvre une fenêtre sur son âme, sur le socle de sa personnalité. Un jour peut-être que j’écrirais un holo-bouquin là dessus ! Les 50 nuances de Gary. Titre accrocheur non ?

Trois couleurs donc. Et précises. Rose, vert pomme et bleu royal. Aussitôt mon cerveau turbine, dissolvant les brumes de l'exténuation dans un torrent chimique indomptable. Faut-il voir la multiplication des propositions comme de l'indécision ? Un manque de confiance ? Ou simplement comme l'émanation d'un esprit complexe, se refusant aux choix binaires ? Non. Je ne crois pas. L'intuition m'inspire une tout autre explication : elle est encore trop jeune pour appréhender ses goûts avec assez de précision pour n'en retenir qu'une. Un vieux bien plus sage que moi a affirmé un jour que choisir c'est renoncer. Avec l'âge on apprend à renoncer bien plus facilement, tout simplement.

En tout cas, les couleurs évoquées, dépeignent un portait intéressant, qui confirme mes premières impressions. Le rose : souvent imposée au subconscient comme une marque de féminité. Je crois surtout qu'elle est synonyme d'empathie, d'ouverture vers les autres. Le rose est un dérivé du rouge. L'expression d'un soft-power intérieur qui s'ignore encore. Le vert : La nature ? Pfff, le cliché... Vous croyez vraiment que les hommes des sables associent la vert à la nature ? Pour eux c'est plutôt le jaune et le brun. Non le vert c'est l'optimisme. Un était d'esprit que j'ai abandonné depuis bien longtemps, mais qui ne m'étonne guère chez une padawan de son âge. L'espoir d'un avenir meilleur, la volonté de dépasser ses maîtres pour graver sa marque dans l'Histoire de l'Ordre... Mais pourquoi choisir instinctivement la nuance « pomme » ? Je pourrais y déceler, peut-être, une soif d'apprendre assumée ? Enfin, le bleu. Bleu royal... Hmmm... Cette couleur évoque généralement la sérénité, mais aussi la fiabilité. Derrière la nuance royal, je crois deviner un caractère fort, volontaire, impérieux parfois... Une froideur que je retrouve dans sa manière de m'imposer le repos.

Je reste silencieux donc. Un silence révérencieux. Je hoche simplement la tête à plusieurs reprise, lorsque je sens son regard se poser sur ma silhouette. Mais la plupart du temps elle regarde ailleurs, comme perdue des penses nostalgiques. Rien d'étonnant pour une jeune fille ayant perdu son mentor. La schizophrénie habituelle. On nous apprend à canaliser, voir renier, nos émotions... Mais nous ne sommes pas des machines. Nous nous attachons à nos maîtres, à nos frères et sœurs, à nos padawans. Même les plus solides peuvent se laisser submerger par les drames. J'ai fini camé sur Nar Shaddaa à cause de ces conneries !

« Je comprends. »

Deux mots. Mais lourds de sens. Je compatis à son deuil encore récent, et j'atteste prendre la pleine mesure de ses paroles. Je n'ai rien à ajouter. Elle est parfaitement claire.

« Mais ce n'est pas parce que tu joues avec les ombres bien mieux que moi, que tu peux donner des ordres à ton aîné ! Il est ou le respect hein ? Tu l'as perdu derrière le voile ? »

Je ricane en secouant la tête.

« Rah, ces jeunes... Bon. Je reconnais que sans ton sang-froid, nous aurions probablement perdu notre bon vieux Maître Pulos... Et par conséquente échoué lamentablement la mission. Imagine la honte : appeler les secours après trois heures de mission ? Donc, et ne prend surtout pas ça pour un acquis, je t'accorde un compromis : on coupe le meiloorun en deux !

J'accepte de prendre du repos... Mais juste le temps que notre monture reprenne du poil de la bête. Trente minutes maximum.»


Je lui décoche un sourire en coin amusé. J'aime les padawan avec de la personnalité, qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Une qualité importante. Il vaut mieux être doté d'un fort caractère et d'une épaisse carapace morale avant d'arpenter les tréfonds galactiques. Surtout par les temps qui courent.

« Nous sommes donc complémentaires... Tu fonces, tu te planques dans le Voile, moi je cogite et je fais le tour. Haha. Ou alors ça va être la catastrophe, on partira dans deux directions opposées dès que les ennuis commenceront... »

Je m'allonge alors. La tête posée sur l'épais mais doux pelage du Bantha. Il gronde en dormant. Comme un ronronnement mais en plein plus sourd. Je lève un doigt.

« Là haut, derrière la constellation en forme de trapèze, il y a Ondéron. La nébuleuse nous empêche de distinguer son soleil. Avant je détestais ce monde. Trop humide, trop poisseux. Et les vieilles pierres, franchement... Je n'ai jamais aimé ces foutus vieilles pierres. Mais maintenant, quand je lève les yeux vers la voûte céleste, Ondéron me manque. Incroyable comme on peut être éternellement insatisfait... M'enfin. Notre avisé Grand maître a été séduit par un monde aride, parcouru par des pillards, et aux mains des Hutt. Comment ne pourrait-on pas regretter Ondéron ? »

Je roule sur le coté, en position fœtal. C'est toujours dans cette position rassurante que j'arrive à chasser les cauchemars qui m’assaillent dès que je clos les paupières. Tu parles d'un Chevalier Jedi modèle.

« Ne te fatigue pas trop pour la garde. Il ne se passe pas grand chose, habituellement, la nuit. Même les homme des sables dorment de temps en temps. Vu l'heure, je pense qu'il nous reste quatre heures de chevauchée avant l'aube. Tu pourras te reposer sur le Bantha quand on reprendra la route. »

Je laisse enfin la fatigue triompher. Qui sait ce qui nous attendre demain. Mieux vaut récupérer un peu que de jouer le héros inexpugnable.
Solstice Horrain
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Le calme. Voila ce qui t'entoure alors que le Jedi se laisse glisser dans les bras de morphée. Et malgré qu'il te conseille de faire de même, tu ne peux pas. Alors qu'il s'endort paisiblement, toi tu ne peux t'y résoudre, et cela même s'il t'a affirmé qu'actuellement vous ne craigniez rien. Parce que c'est finalement ce que l'on t'avait toujours répété à une époque : que vous ne craigniez rien. Et levant les yeux vers la constellation mentionnée plus tot, tu ne peux qu'y penser, à cette maison que vous avez partagé, lui, toi, tous les Jedi. Les maitres ne vous l'avaient-ils pas garanti là-bas aussi, que vous étiez en sécurité ? Pourtant les Siths étaient venus. Et après eux, la République. L'Ordre avait été contraint. Contraint de plier le genou, contraint de s'en aller, de se disperser, pour aujourd'hui en être là.

Comment pourrais tu dormir alors ? Pas alors que c'était ton tour de garde.

Croisant tes jambes, tu répétais les memes gestes inlassablement. Un chiffon dans la main, tu nettoyais la garde de ton sabre, relevant la tête toutes les trois minutes environ pour scanner les alentours à travers tes lunettes. Et la nuit donna raison au Sentinelle : personne ne vint menacer votre quiétude. Ni créature, ni Tusken, ni rien d'autre. Juste les mugissements de Maitre Pulos, Bantha de son état. Ca, et les quelques ronflements d'un Jedi un peu trop fatigué peut-être.

Est-ce que tu le réveillas au bout des trente minutes ? Non. Il ralerait peut-être pour insubordination à son réveil, mais au moins serait-il réellement reposer. La caisse attendrait, et si pas, et bien tant pis. Tu ne l'avouerais pas facilement ni oralement, mais la vie d'un compagnon, sa santé, primait sur la mission. Des caisses, il y en aurait d'autres. Des Jedi par contre, force était de reconnaitre que cela devenait une denrée rare.

Qu'auriez-vous pensé de lui, Maitre ? Un murmure, qui se perdrait dans la pénombre. Un murmure qui ne trouverait aucune réponse si ce n'est un écho lointain, poussé par une légère brise et qu'à ton niveau, tu ne peux ressentir, comprendre et appréhender.

Un mouvement plus intense du Jedi t'indique qu'il est proche du réveil, que son esprit emmerge. Et déjà à l'horizon, les premières lueurs d'un premier soleil tentent à poindre. Bien dormi, Garry ? Le ton de ta voix reste doux. Peut-être espères tu éviter de te faire rabrouer avec un ton calme. Mais la vérité, c'est que tu espères réellement que ce repos lui aura été profitable.
Gary Kovani
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Un sommeil profond, sans rêve. Le genre qui refuse de nous libérer, dont on s’extirpe la tête lourde, les paupières collées de larmes séchées mêlées aux grains de sable. Ces enfoirés s’infiltrent partout. Absolument partout. Lorsque la léthargie quitte enfin mes muscles, quelques instants après les brumes se soient dissipées dans mes pensées apathiques, je me redresse, péniblement, prenant appuis sur Maitre Pulos. Quelques tâches troublent ma vision. Une farandole pénible, qui s’éclipse rapidement, à mesure que ma pression artérielle s’équilibre. J’ai les membres engourdis. Je tends les bras, m’étire, en bayant. D’un revers de la manche, j’essuie le souvenir d’un filet de bave dans ma barbe de trois jours, qui donne à la carnation de mon menton une teinte miel plus sombre. Cernes sous les yeux, joues creusées par les mauvaises aventures. J’ai tous les traits d’un vagabond en fin de course. Je suis l’unique représentant d’une branche inavouée de l’Ordre : Gary Kovani, Jedi grunge et anarchiste. Je secoue la tête.

« Solstice, tu abuses sérieux… J’avais dit trente minutes maximums ! Tu m’as laissé dormir plusieurs heures ! On ne peut décidemment plus faire confiance aux jeunes hein. Comment vous ferez quand les anciens ne sont plus là pour veiller sur vous, pff… »

Je râle. Mais pour le plaisir de râler. Ces quelques heures de sommeil, m’ont ressourcé, revigoré, même si ma tronche de déterré du matin ne l’annonce pas au premier coup d’œil. Je volteface, et plonge les mains dans les paquetages disposés sur les flancs du Bantha toujours assoupi. Lui aussi mérite encore un peu de repos. J’en extirpe un paquet de gâteau, et un thermos de thé. Thé jaune fleur des sables. Une spécialité locale. Excessivement amer, et donc idéal pour les réveils difficiles. Un bon coup de fouet, il n’y a rien de mieux pour se remettre en selle. Je déchire le paquet d’un coup de dents, et balance deux gâteaux à la jeune fille. J’enfourne le reste. Puis lui tends un gobelet fumant.

« Ça ne vaut pas la cantine du Temple, mais ça fera l’affaire. L’important c’est d’avoir assez d’énergie pour les épreuves qui nous attendent. Statistiquement, on ne peut pas tomber sur pire. Sauf peut-être les hommes de sables. Ou des pillards. Ou des Jawa enragés, la bave aux lèvres et le blaster qui démange leurs petits pattes velues… Haha. Non, je ne devrais pas rire. Je vais nous porter la poisse. »

Je repense aux paroles de la jeune fille, quelques heures plus tôt.

« Avec un peu de bol, les pilleurs d’épaves sont déjà repartis. »

Je n’y crois pas vraiment. L’épave n’est pas aisée d’accès. S’ils s’y sont établi, ça sera pour plusieurs jours, afin de rentabiliser le déplacement. Pour autant, leur présence n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle. Certains sont parfaitement réglo. A condition de parler leur langage : celui du troc et des crédits. Le hic, c’est que nous n’avons pas grand-chose à échanger contre la caisse que nous recherchons…

« Je te propose qu’on réveille Maitre Pulos, et qu’on termine le petit dej’ en avançant. Nous avons une heure avant que le second soleil crève l’horizon. Alors la température deviendra infernale au milieu du désert. »

Déjà le ciel se pare de teintes chaudes, orangées tirant vers le rose, annonciatrice de l’aube imminente. Un soleil, puis l’autre. Je laisse mon regard se perdre sur les masses sombres des amas rocheux vers lesquels nous nous dirigeons. Après l’erg, le reg. Sur les prochains kilomètres, le sable fin cédera place à de la caillasse, de plus en plus nombreuses et traitresses, jusqu’à s’élever en agrégats de roches torturées par les éléments. Un terrain accidenté, très difficile d’accès, même pour un Bantha. L’épave s’est perdu quelque part au milieu de ce théâtre de roches millénaires. Au moins là-bas, nous pourrons profiter de l’ombre des ravines pour souffler un peu.

Il nous faut moins d’une dizaine de minutes pour nous remettre en route. Le Bantha grogne un peu, au début. Il aurait bien dormi quelques heures de plus. Mais il semble avoir oublié, ou digéré, les évènements stressant de la nuit. Ces créatures sont de vraies survivantes, adaptées aux milieux extrêmes. Il en faut bien plus pour les perturber. A moins qu’il ne soit victime d’une amnésie traumatique. Allez savoir. Assis à califourchon sur sa large encolure, je me perds en pensées énoncées à haute voix :

« L’exode nous aura arraché plus qu’un monde. Un mode de vie, des amis, des maitres, des padawan. Nous avons tous abandonné quelque chose ce jour-là. Mais drame n’est que la suite logique d’une longue série de mauvaises décisions, d’un aveuglement de notre Conseil. Tu es trop jeune pour t’en souvenir, je pense… Mais le Temple a été attaqué par des Sith, nos padawan enlevés, puis l’Empire a refait surface, et avec lui son flot de haine. Les batailles se sont enchainées, entre deux trêves branlantes. L’Ordre s’est lancé à corps perdu dans cette lutte fratricide, ancestrale, au coté de son allié de toujours : La République… Mais nous avons été insensibles aux changements. La guerre pervertit les cœurs. Durcit les esprits. Autorise la violence. Plus elle perdure, plus l’obscurité croît… Ce n’est pas en brandissant une épée que l’on déchire les ténèbres. C’est en allumant des lumières. Dans les esprits de nos contemporains. Les éclairer, est le seul moyen, à plus long terme, de prévenir de la colère, de la peur, de la haine, et de préserver la galaxie de l’obscurité qui sommeille en chacun de nous. »

Je me tourne enfin vers la jeune fille, regard sérieux :

« Et toi, Solstice, que pense-tu de cela ? Au plus profond de toi. Comment vois-tu notre avenir ? Penses-tu, comme moi, que nous devrions profiter de ce nouveau départ pour totalement repenser le fonctionnement de notre Ordre ? Quitte à dissoudre le Conseil ? Tu es la voix de la jeunesse, ceux qui nous succéderont. Ton avis m’intéresse beaucoup. »

C’est exactement à cause de ce genre de discussion que je préfère ne pas avoir un foutu droïde à mes côtés. Ces tas de ferrailles sont incapable de mentir, ou de dissimuler la vérité. Mes interrogations ne regardent que moi, et mes interlocuteurs.
Solstice Horrain
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Comment ferait-on sans les maitres ? Même sur le ton de la plaisanterie, avec ce regard qui le caractérise, je ne peux m'empêcher de me dire "Comme maintenant." Parce qu'actuellement, mon Maitre avait été laissé derrière comme tant d'autres. Parce qu'aujourd'hui, j'étais plus souvent livrée à moi-même que sous la tutelle d'un mentor. Et je n'étais pas la seule. L'Ordre n'existait au fond déjà plus réellement. Cet avis cependant, je le garde pour moi, feignant une esquisse de sourire, mimant que son jeu de comédien me plaisait. Et au fond, c'était plus facile.

Merci, Gary... Pour les gâteaux et le thé j'entendais. J'en mangeais un, rangeant l'autre dans une petite besace. Un réflexe avant tout, une habitude que nous essayons de prendre, avec mon groupe de Padawan, de prendre. On garde ce qui peut nous servir, nous être utile. Et on mange ce qui est nécessaire. Là, vous êtes trop optimistes. Je ne pouvais pas imaginer que les pilleurs soient partis. C'était peut-être de l'orgueil de ma part, mais j'osais croire que ce vaisseau recelait des trésors qui allaient leur prendre du temps, les attirer et les retenir quelque peu. Je pense qu'ils seront en plein dedans. Occupé à chercher la moindre chose à exploiter et à rapporter, comme des fourmis autour d'un sucrier.

Finalement, nous reprenons la route sur notre monture. Enfin, lui est sur la monture. Moi, j'ai besoin de marcher un peu alors j'arpente d'abord les dunes et ensuite la roche au côté de l'animal, en contrebas du responsable de cette mission. Et j'écoute. J'écoute ce qu'il dit, comprenant les mots mais redoutant ce qui va suivre. Parce que ça viendra, il est de ce gabarit, à demander l'avis de l'autre. Et il le fait. Ma tête tourne, se porte vers lui malgré la capuche de ma cape, et mon regard cherche le sien. L'Ordre est mort, Maitre. Les Jedi sont, étaient sencé être les gardiens de la paix dans la Galaxie. On servait la République. Sans cet accord, à quoi sert-on ? On est devenu un ordre sans raison d'être. Alors, mon avis, c'est que l'Ordre est mort. Et qu'on a tous un choix à faire : qui on veut être. Ca serait facile de se laisser glisser, aller vers le coté obscur tout ça. Ou de ranger le sabre. Moi... Prenant le sabre de mon maitre en main, le regardant, j'ajoutes alors : Moi j'ai fait le choix de ne plus laisser quelqu'un derrière. Qu'importe que l'Ordre survive ou qu'autre chose renaisse de ses cendres... Je ne veux juste plus regretter.

Gary Kovani
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« C’est donc ça qu’on vous apprend ? »

Je soupire, le regard perdu dans le vide, sur l’horizon qui se découpe de la voute céleste à mesure que la luminosité, et la chaleur, augmente. Nous ne sommes plus très loin du massif minéral torturé à l’intérieur duquel un audacieux pilote Jedi a eu la bonne idée de se crasher. J’imagine qu’on ne lui a pas vraiment laissé le choix. Mais quand même. Un ou deux degrés plus sur l’ouest nous aurait permis de récupérer le matériel sans avoir besoin d’autre chose qu’un speeder et une remorque répulsive. La nuit a été mouvementée certes, mais il faut s’attendre à une ascension difficile, traitresse, au milieu d’une terre stérile, rocheuse, découpée, poncée par le vent chargé de grains de sables insidieux. Des sentiers escarpés, instables, où même le Bantha ne pourra nous porter éternellement. Oui, la jeune padawan a raison sur un point : si des pillards se sont donnés tant de mal pour rejoindre cette position dérobée, ce n’est pas pour s’emparer de quelques caisses abandonnées. Ils vont désosser tout ce qu’ils peuvent, et vont donc rester sur place plusieurs jours. J’inspire. Concentrons-nous plutôt sur l’instant présent, le futur, et ses multiples potentialités, se présentera à nous bien assez tôt.

« Crois-tu que ce soit le rôle de l’Ordre soit d’être le grand défenseur de la paix galactique ? Que nous devons être au service d’une quelconque grande puissante ? Aussi bien intentionnée qu’elle soit ? »

Malgré moi je souris. Un rictus timide. Je pense que le jeune padawan assez mure pour entendre le fond de mes réflexions non-conformités, qui hérisserait le poil des Jedi les plus traditionnels. Son pessimisme se fait l’écho de ma philosophie de vie, de l’image que je porte à l’institution qui m’a pourtant modelée :

« L’Ordre est mourant, mais les Jedi sont immortels. Car tant que les ténèbres existeront, la lumière cherchera des avatars pour la contrecarrer. Il n’y a qu’à la Force que nous sommes inféodés. A nul autre. Chaque fois que l’Ordre s’égare, qu’il s’attache à une entité, qu’il perd de vue son objectif fondamental, qu’il s’invite dans des conflits qui ne le regarde pas, il frise l’éradication. Car la graine de la destruction vient toujours de l’intérieur. De l’intérieur de l’Ordre, de l’intérieur de nous-même.

Notre rôle n’est pas d’empêcher des guerres, de sauver des innocents, de prêter main forte à ceux qui gueulent le plus fort vouloir le bien du plus grand nombre, jusqu’à ce qu’ils retournent leur chemise. Nous suivons la voix de la Lumière. Nous sommes des phares qui éclairent les esprits. Ceux qui protègent les consciences de la marque des Ténèbres. Nous apportons la sérénité, l’apaisement, la tranquillité. C’est inscrit en grosse lettres capitales dans notre dogme, mais la plupart l’oublient : nous ne sommes pas des guerriers. Nous sommes des gardiens. Faire la guerre, lutter par les armes contre les Sith, combattre des gouvernements pervertis : autant de missions qui nous éloignent de notre raison d’être. Nous devons rayonner. Inspirer la galaxie. Leur démontrer qu’il suffit d’entrer dans la Lumière pour que l’ombre n’ait plus prise sur eux… »


De bien belles parles, mais vide de sens pour qui a été instruit depuis le plus jeune âge par quelques maitres obtus. On nous apprend très tôt que le côté obscur est l’ennemi ultime. Qu’il faut le combattre. Que les Sith sont des monstres à abattre. Que la République véhicule un idéal de paix et d’équité qui doit être imposé au reste de la galaxie comme un modèle de perfection. Tout est faux. Absolument tout.

« La violence n’engendre que la violence. Même si parfois la Force, dans son grand dessein, ne nous laisse pas le choix des armes. J’ai tué mon content d’âmes obscures, sensibles à la Force ou non. Mais je n’ai jamais porté le premier coup. L’Empire et ses Sith peuvent bien agir comme ils l’entendent, mais ce qu’ils créent est un château de cartes qui repose sur les fondations fébriles de la peur et de la haine. Des sentiments nocifs, instables, qui finiront par s’entredévorer, un jour ou l’autre. Nous, nous devons être les socles inexpugnables sur lesquels les civilisations, dans leurs grandes diversités, peuvent se construire et rayonner à leur tour. Plus la lumière brille, plus les hésitants et les inconscients désirent y entrer et rejettent l’obscurité. »

Maitre Pulos accélère. Lui aussi commence à sortir la morsure implacable des soleils jumeaux, deux boules orangées encore accolée à l’horizon de dunes à l’Est. Il espère, tout comme nous, profiter de la fraicheur très relatives du massif rocheux avant que la température devienne insupportable.

« Voilà ce que je pense, dans les faits. L’Ordre Jedi doit mourir. Pour se transformer. Comme il l’a toujours fait lors des grandes crises. S’accrocher au passer est stupide, idiot et dangereux. Nous devrions dissoudre le Conseil Jedi. Son autorité ne nous a rien apporté de bon. Il n’a fait que nous conduire droit dans le mur, en espérant créer un moule dans lequel fondre l’esprit des Jedi. D’en faire des bons petits soldats de la Lumière, obéissant à ses ordres et à ceux de la République. Non. Nous devons faire table rase de tout ça. Dissoudre l’Ordre, rejeter toute allégeance. Les Chevaliers et les Maitres sont assez matures pour prendre leurs décisions en toute indépendance d’esprit. Nous ne devons plus être un Ordre monolithique, mais une multitude de fragments autonomes, des cellules, capables de se répandre et de se fondre partout dans la galaxie. D’essaimer nos idéaux, de faire germe la lumière sur toutes les planètes de cette galaxie. Un Maitre et son padawan. Il n’y a rien besoin de plus….

Je sais ce que tu vas me répondre, j’ai déjà entendu l’argument : comment s’assurer que nous restons tous dans la lumière si nous nous détournons des règles, des préceptes, des dogmes communs de l’Ordre ? Mais, pourquoi, diable, aurions nous besoin de tous penser de la même façon ? D’interpréter les enseignements de la même manière ? En biologie, lorsque, dans une même espèce, trop de spécimens partagent trop de similitudes dans leur ADN, ils disparaissent dès la première épidémie. Ce qui préserve la vie ce n’est pas l’homogénéité. Non, c’est la diversité. Rayons l’Ordre Jedi de la carte, fondons l’Anarchie Jedi. Où chacun sera libre de suivre ses propres règles, en bonne intelligence, en bonne conscience. »


J’ai parlé bien plus que de raison. J’ignore où mes parles risque d’être reportées, dans quelles oreilles elles risquent d’atterrir. Mais est-ce que cela m’inquiète vraiment ? Le Conseil Jedi connait déjà quelques-uns de mes penchants antisystèmes. Au pire, je risque quoi ? La remontrance ? Le bannissement ? Rien qui ne changera mes pensées, et encore moins mes actes. Je déteste l’Ordre, pour ce qu’il représente, mais je suis terriblement amoureux des Jedi. De mes frères et sœurs d’âme. J’irai jusqu’à mourir dans les plus atroces souffrances pour en sauver un seul d’entre eux. Même le Conseil ne remet en question ma détermination à ce sujet.

Enfin, nous pénétrons dans l’ombre étirée par l’aube de la montagne la plus haute. La température baisse de plusieurs degrés en quelques pas seulement. La fraicheur nocturne perdurera ici encore quelques heures.

« Bon. Je propose qu’on laisse le Bantha ici. A l’ombre, à l’abri. Achevons notre route à pied. Le vaisseau est de l’autre côté des crêtes torturées, là-bas. J’ignore ce que les pillards nous réservent, mais attend toi au pire, tu seras préparée à toutes les éventualités. »
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