Darth Yrlion
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Le quartier de la Casse dans les bas-fonds était perpétuellement couvert par une brume résultat des fumées émanant de ses multiples atelier clandestins. Mal éclairées, les rues n'étaient pas sûr au point que les droïds eux-même n'étaient pas sereins. Mais au milieu de ce brouillard les lumières vives du Star Palatium attiraient les âmes en peine tel un phare dans la nuit noire. Les slogans et les hologrammes étaient accrocheurs, la façade extérieure était plutôt propre et harmonieuse, tout semblait être pensé pour faire oublier au client qu'il mettait les pieds dans un bouge. Construit sur plusieurs étages, l’établissement offrait la possibilité aux clients du quartier d'assouvir leurs plus bas instincts grâce à sa cantina, ses tables de jeux du rez-de-chaussée et aux chambres dans les étages. Que se soit pour la nuit ou juste pour un moment, il y avait toujours une chambre ou une salle de libre. Le confort était sommaire mais suffisant pour s’adonner au plaisir et à la passion dans la plus grande discrétion.

Depuis plus de trois heures déjà, la chambre seize était le théâtre de cette passion débridée. Les draps et les couvertures étaient chiffonnés et comme jetés là sur le sol, pourtant le lit était inoccupé. Au dessus de lui, à l’abri dans la pénombre, flottaient dans une atmosphère enivrante et suintante les deux amants. La chose était réalisée sans l’aide d’une quelconque technologie et par la volonté d’un seul. Celui-là même qui, au moment le plus grand de la passion, enlaça son partenaire dans ses bras comme pour le rassurer et ne faire qu’un avec lui. Une tendresse soudaine masquant l’étreinte invisible et mortelle qui enveloppa rapidement jusqu’à que toute sa force vitale lui soit dérobée et qu’il soit reposé doucement sans vie sur le lit.

Un énième fait divers ou bien un accident malheureux dû à une santé fragile. Peu importe la conclusion qui serait établie lors de la découverte du corps, cela n’avait aucune importance en vérité dans ce quartier où on allait, venait et mourrait dans la plus grande indifférence.


_________________________________________________________________________

Situé dans les strates les plus hautes de Nar Shadda, le terrain de courses du Paralax fourmillait d’une euphorie coutumière des jours de compétitions. La Grande course des Fonceurs, évènement annuel sponsorisé par les Hutts, attiraient chaque année des milliers et des milliers de spectateurs venus des quatre coins de la galaxie. Une dizaine de pilotes allaient s’affronter aux commandes d’engins aussi rapides que dangereux le long d’un parcours semé d’obstacles alternant les passages entre la surface, les airs et les sous-sols de la lune.

Un verre de whisky corrélien à la main, Valtus observait machinalement les gradins se remplir au fur et à mesure. De là où il était, il avait une vue imprenable sur le champ de course et tout le complexe urbain alentour. Il n’était pas le seul. D’autres observaient et se gaussaient avec mépris de voir ses « pauvres » s’entasser les uns sur les autres et devoir suivre la course la majeur partie de la course sur des holo-projecteurs géants tandis qu’eux étaient confortablement installés sur cette plate-forme itinérante programmée pour suivre le parcours de la course.

En effet, tous ceux dont la fortune était suffisante pour se payer un accès VIP pouvaient suivre la course à bord de la plate-forme qui flottait au dessus du complexe. Le luxe et l’opulence de l’endroit étaient volontairement excessif pour mettre en valeur le statut particulier de ceux qui étaient présents et flatter les egos qu’ils soient républicains ou impériaux car il n’y avait pas de politique, pas de rivalité ici. Seuls l’argent et le sport comptaient. Il n’était pas rare de voir des sénateurs et des dignitaires impériaux boire et rire ensemble sans que cela ne trouble personne.

Valtus lui n’était pas là en tant que dignitaire impérial, encore moins en tant que seigneur sith, mais comme souverain de Sigil. A ce titre, il avait même droit à une attention toute particulière, avec par exemple l’attribution d’un majordome particulier. Il observait tout ce petit monde avec intérêt et curiosité. Son lien avec la Force lui permettait d’avoir un point de vue différent sur ses semblables, sur ces mondanités et même s’il y adhérait et se prêtait volontiers à ces usages, il restait néanmoins conscient de la vacuité et de l’hypocrisie de tout ceci. Mais le moment n’était pas à la philosophie… la course commençait.

Les autres spectateurs de la plate-forme se précipitèrent alors pour prendre place sur le balcon et profitez du point de vue. Sur la ligne de départ, les fonceurs étaient tous bien alignés, les mécanos et les droïds finissaient les derniers réglages et se retiraient sur les côtés. Un à un, les compétiteurs étaient présentés et acclamés, ainsi que leur bolide… Ils étaient douze au total. Le coup de feu annonçant le départ fut alors tiré.  Dans la seconde qui suivie, les fonceurs disparurent de la ligne de départ et commencèrent à filer le long du parcours.
Gary Kovani
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Être au bon endroit en bon moment. Tout un art ? Seulement de la chance, dénigrent les mauvaises langues ! Ou une question d'instinct éructent les orgueilleux. Non. Ni l'un ni l'autre. Seule la Force immatérielle guide nos actes : Nous sommes toujours à l'endroit ou nous devions être, il en est ainsi. Un point c'est tout.

Dans mon dos, la petite chose fébrile et livide qu'est devenu le patron du Lupanar le plus miteux à des centaines de kilomètres à la ronde tente de capter mon attention.

« Vous êtes certains de ce que vous faites, je peux... »
« Non. »


Réponse sèche, froide, sans même daigner lui décocher le moindre regard assassin. Il m'a suffit d'évoquer « Drelgun Kretta » pour m’octroyer tous ces droits. Un chef de gang qui a réussi à détrôner Naskosh le Hutt, il y a peu. L'opportuniste s'est approprié tout le secteur, dont le sulfureux quartier de la Casse. Ai-je menti ? Par omission seulement. L'autre n'a fait qu'interpréter mes silences et mes non-dits. L'imbécile jadis prétentieux me prend pour une brute envoyée pour faire la lumière sur le décès douteux d'un gigolo dans la force de l'âge, c'est à dire : au top de la courbe de rentabilité. Qui se soucient des putes ? Ceux qui leur suce le pognon bien-sur ! L'insécurité et les décès violents font fuir les clients. Déjà que ce taudis n'a rien pour lui...

« Je... Très... Bien, je vous laisse... œuvrer... »
« Et fermez la porte derrière vous. »


Deux pas. La porte siffle en glissant dans son logement. Le silence. Seuls les bourdonnements de quelques mouches se font l'écho de ma respiration. L'air est déjà saturé de miasmes méphitiques, mélange de baise et de mort... Je baisse les yeux sur le cadavre. Une scène surréaliste. Un corps nu lové dans des draps froissés, sur lequel les larges pales d'un ventilateur mural dessinent des ombres chinoises. Il tourne au ralenti, joue avec la lumière tamisée des néons agonisants de la devanture aguicheuse qui daignent traverser la fenêtre crasseuse. Une chambre de passe classique. Rectangulaire, seulement équipée d'un large lit et d'un coin salle de bain : pour se débarbouiller l'entre-cuisse. Il ne faut pas y chercher des décorations ou des effets personnels. Aussi, je me dirige aussitôt vers le cadavre.

Je m'agenouille. Mon visage flotte à quelques centimètres de celui qui fut quelques heures plus tôt qu'un gigolo parmi tant d'autres. Ses traits sont lisses, ne témoignent d'aucune violence. Je soupire. Une mort naturelle ? Une mouche insolente se posent à la commissure de ses lèvres violacées. Elles y sucent ce qui reste d'humidité : salive ou toute autre semence.

Mes doigts gantés glissent sur son visage, jouent avec les arrêtes saillantes de ses pommettes, son nez plusieurs fois brisé, son menton proéminent, réparé chirurgicalement. Une visage taillé à la serpe, celui d'un bagarreur. Le profil d'un type qui ne rend pas l'âme sans combattre. Lentement, ma main descends, navigue sur sa nudité que la mort a rendu frigide. Une silhouette athlétique. Ma bouche se tord. Je grimace. Un rictus interrogatif alors que les pièces d'un puzzle dont j'ignore tout du motif se matérialisent sous mon crâne. Ses mains ne présentent nuls signe de lutte. Les hématomes récents, encore rougeâtres sont la géniture d'actes sexuels débridés plutôt que d'une violence déchainée. Pourtant mon intuition refuse de croire à un décès... naturel. Trop simple. La rigidité cadavérique m'interdit une analyse plus poussée... Mais je doute trouver sur son corps le moindre indice qui saurait assouvir ma soif de compréhension.

Alors je me relève, et recule d'un pas. Pour embrasser la scène d'un regard neuf et aérien. Une vision d'ensemble. Quelque chose m'intrigue. Il me faut de longues minutes mettre le doigt sur le malaise qui me noue les tripes sans que ma raison ne parvienne à le saisir. Ce n'est seulement lorsque je décide de fermer les yeux pour laisser la Force couler en moi, que je comprends.

L'homme est une coquille vide. Je ne saurais comment l'exprimer autrement. Comme s'il... Comme s'il avait été vidé de son essence vitale. Je peux sentir la plaie laissée dans la trame immatérielle de la Force à l'intérieur de ses chairs, chaque cellule en porte les stigmates invisibles. Je frissonne. Terrible... Je... Qu'est-ce qui a bien pu lui faire ça ?! Des centaines de questions s'invitent, brisent en milliers de morceaux l'épave chavirante de ma concentration. Lorsque je rouvre les yeux, mes pupilles sont dilatées, je transpire, j'ai chaud. Je secoue la tête.

J'inspire, expire. Je dois en apprendre plus. Il le faut ! Celui ou celle qui est responsable de cette acte barbare doit être identifié, à défaut d'être neutralisé. Mais comment retrouver sa trace ? Il n'y a aucune caméra dans cet établissement, et j'imagine mal la direction tenir des comptes propres ou vérifier l'identité de ses clients... Même des prélèvements ne donneraient rien... Il n'existe aucune base de données galactique contenant les empruntes et la signature adn de tous les individus... Encore moins ici, sur Nar Shaddaa, lune des contrebandiers. Il ne me reste qu'une solution.

Lentement je retire mon gant droit. D'abord je tire sur le majeur, puis l'index... Enfin le pouce. Ma peau blafarde, veinée, tranche avec la pénombre ambiante. Une silhouette fantomatiques aux contours flous. Je l'observe quelques instants. Ma meilleure alliée, ma pire ennemie. Je ferme les yeux, plonge à corps perdu dans la Force. Il ne me faut qu'une poignée de secondes pour entrer en méditation. Mon rythme cardiaque ralenti. Mon esprit se vide. Je ne fais plus qu'un avec la Force. Je ne suis qu'un gain de sable prisonnier de sa trame invisible. Je tends le bras. La pulpe de mes doigts effleurent le tissu...

Aussitôt un torrent d'émotions me submerge. Puissant, sauvage. Mais plutôt que de lutter et de m'y noyer, je laisse le courant m'emporter. Je lâche prise. Je sens de la lassitude. Une mécanique huilée. Le jeu de séduction mainte fois répété qui n'en est plus un. Deux ombres s’enlacent. Une étreinte sexuelle dépourvue de tendresse. Elle dure des heures. Un acte bestial, une débauche, une délivrance. La victime se laisse séduire, prendre au jeu. Ce qui est devenu un geste mécanique se mue en un véritable plaisir. Il en veut plus. Un frisson me parcours soudain. Une angoisse. De la peur. L'étreinte s'évade au dessus des draps. Des interrogations. Une bouche s'ouvre. Mais une inexpliquée tendresse chasse les questions. Un regard. Et le froid. Le froid. Les abîmes.

La mort.

Je sursaute, tremble. Mes jambes ploient sous mon poids. Je m'écrase loudement au sol. Ma tête tourne, la nausée joue avec mes crampes d'estomac. Je sue à grosses gouttes. Je peine a respirer. J'ai déjà expérimenté ce sentiment... La morsure froide de la mort. Je frisonne encore... Je me recroqueville. Position fœtale. Des pulsions morbides tambourinent à mes tempes... Mais je m'efforce de recouvrer le contrôle de mes nerfs, de mes pensées. Je me focalise sur le suspect...

Un homme. Un utilisateur de la Force ! Jedi Noir ? Sith ? Il apparaît clairement qu'une telle technique ne peut être autre que l'apanage d'un Obscur. Un suceur d'âme. Je fouille dans les miettes des images et de sensations extraites par Psychométrie. Une stature. Un port de tête. Tout semble indiquer une condition sociale élevée. Dominateur, qui aime contrôler. Quelqu'un de passage que la victime n'avait jamais vu.

Les suppositions s'entre-mêlent. Pourquoi ici et maintenant ? Le mobile semble évident, mais l'opportunité ? Certes, le quartier est mal famé, personne, à part moi, n'ira enquêter sur le décès d'un gigolo. Mais je doute que ce prédateur ait parcouru la moitié de la lune pour s'arrêter expressément ici. Non. Il y a des lupanars miteux un peu partout. S'il s'est arrêté ici, c'est qu'il séjourne de ce coté de la Lune, dans les strates les plus hautes certainement. Ou du moins que ses activités l'y ont conduit... Un événement ?

Je me relève. Une question digne d’intérêt qui chasse la torpeur. Je volte-face. Je presse sur le commutateur. La porte s'ouvre. Derrière, la patron de l'établissement attend toujours.

« Alors ? »
« Mort naturelle. Aucune trace de lutte. »


Je mens éhontément cette fois. Mais mon interlocuteur accepte servilement une réponse qu'il espérait de tous ses vœux. Il ne pose pas plus de questions. Je peux lire sur son visage toute la tension se dissiper. C'est malheureux, mais il n'aura pas de compter à rendre.

« J'informerai Drelgun. Reprenez le business, sans faire de vagues... »
« Oui monsieur, bien sur monsieur... »
« Ha, et une dernière chose. »
« Oui ? »
« Quel est l’événement qui attire le plus de monde en ce moment dans ce secteur ? Du beau monde. »
« Pardon ? »
« Dois-je répéter la question ?! »
« Je... non... C'est que.... Bref. Je dirais : la Grande Course des fonceurs de Paralax. Elle commence ce soir. Et... »


Je hoche la tête et quitte rapidement l'établissement. Avant que Drelgun ait eu vent d'un usurpateur usant de son patronyme pour s'inviter dans ses affaires...

****


Le soir même, sur la plate-forme « VIP » du Paralax

« Un autre Whisky monsieur ? »

J'esquisse un large sourire amical. Ce n'est pas la première fois que je joue le rôle d'un serveur anonyme dans une fête mondaine. Bien que ce le soit dans le contexte d'une course de fonceurs. Il m'aura fallut jouer de mes talents de... persuasion, pour remplacer à la volée un régulier tombé subitement... malade. Quelle coïncidence ! Clin d’œil intérieur. Le costume de soubrette me gratte aux coutures, légèrement trop petit. J'ai la sensation que le pantalon moulant s'invite dans mon sillon inter-fessier... Mais un geste, même vif, pour l'en extirper risquerait d'attirer une attention réprobatrice du coordinateur tatillon de l’événement. Carré VIP oblige, nous n'avons nul droit à l'erreur. Les riches se bâfrent et se gaussent, pendant que le petit personnel transpire... Et écoute discrètement les bribes de conversations. Le seul avantage d'être réduit à l'état de mobilier qui bouge et parle.

Un coup de tête. Un pari osé. Suis-je en train de perdre mon temps ? J'ignore tout de celui qui m'intrigue. Du suceur d'âme. Mais mon intuition me dit qu'il est quelque part, ici, non loin... Oui, j'en suis persuadé... Qui es-tu... Montre toi...
Darth Yrlion
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Le front plissé de Valtus exprimait la déception soudaine qui le saisi lorsqu’il fit le constat que son verre était vide au moment de le porter à ses lèvres. Un rapide coup d’œil autour de lui permit de voir qu’il n’y avait aucun serveur ni aucun droïd-serveur à proximité. Se rendre directement au bar était tentant cependant la course s’engageait dans un moment critique.

Tous les riches de cette galaxie et qui s’intéressaient encore à la course s’étaient regroupé autour des holo-projecteurs disséminés ici et là pour suivre l’étape des Chutes Infernales soit un tronçon de dix kilomètres au cour duquel des partie de la piste disparaissait de manière aléatoire pour laisser s’échapper des panaches de gaz enflammés si chaud que le fonceur qui entrerai en contact avec l’un d’eux exploserait immédiatement. Pour ajouter à la difficulté le tronçon passait sous terre, dans un tunnel étroit où la chaleur dégagée par les colonnes de feu était volontairement mal évacuée afin d’y faire stagne une chaleur intense mettant à mal la survie des engins de courses et des pilotes eux-mêmes.

Valtus se tenait à une distance suffisante pour apprécier le spectacle de la course tout en ne se mêlant pas plus que nécessaire avec le reste de la foule agaçante. Son attention se portait sur le pilote favori, Nax Emrik, un humain natif d’Anaxes pour être précis. Il observait depuis le début son adresse et son audace à prendre de vitesse ses concurrents et en usant de feinte pour les mettre en échec et reprendre l’avantage. Le chronomètre lui donnait une courte avance de trente et une secondes. Le sith était curieux de voir comment il allait déjouer les pièges de se tronçon et rester favori. Les deux commentateurs de la course alternaient les phases d’euphorie surjouées et les phases de commentaires sérieux.


 « Ah ! Très cher ami ! Quelle surprise de vous revoir ! »

Celui qui venait de s’adresser à Valtus était un vieille homme à la panse bien ronde cachée sous une veste trop petite visiblement en souffrance. Ses cheveux gris coiffés à la mode d’un autre temps lui donnait une allure étrange amplifiée par son techno-monocle. Valtus l’avait observer des pieds à la tête sans réussir à se remémorer qui était cet importun.

 « Pardonnez-moi, serait-ce que nous nous connaissons ? »

L’homme se mit à s’esclaffer d’un rire amusé. Valtus lui souriait timidement par politesse.

 « Ahah ! Ahah ! Que vous êtes drôle ! Voyons… Amil Tempus, nous avons pris part ensemble à la négociation d’un contrat d’approvisionnement en kolto. Vous pour votre employeur et moi pour ma reine. Ce ne fut pas facile, les Selkath sont plutôt des êtres bornés et qui n’y connaissent rien en affaire… »

 « Suffisamment pour savoir défendre leurs intérêts, de ce que je m’en souviens. »

Amil ne fit même pas attention à sa remarque et semblait vouloir poursuivre son monologue sur sa lancée. Valtus se rappelait à présent les circonstances dans lesquelles ils s’étaient rencontrés, sur Manaan justement. C’était il y a des années, à une époque où Valtus était connu comme l’envoyé et le représentant d’Egyr Darmarth, en vérité son maître Darth Corthus, magna des affaires de la Bordure extérieure. Corthus cherchait à sécuriser l’approvisionnement en Kolto pour la future armée impériale. Amil, lui, représentait le gouvernement d’Anaxes.

 «… Enfin… le plus important est que nous ayons réussi vous et moi ! Et quelle réussite ! Pour ma part, ma reine à été si satisfaite du contrat que j’ai réussi à négocier qu’elle m’a accordé le titre de Duc figurez-vous ! Avec tous les privilèges et les avantages que cela implique ! Ahah ! »

Il temporisa son monologue par une gorgée de breuvage jaune pétillant qui remplissait son verre.

 « Et vous, très cher ? Si vous êtes ici à bord de cette plate-forme, j’en conclu que l’on vous a récompensé grassement vous aussi pour votre bon travail ! N’est ce pas ? Allons, dites-moi, je veux tout savoir ! »

Le regard de Valtus était agréable pour la forme, mais une profonde exaspération s’était saisie de lui depuis la première seconde de cette rencontre. Il esquissa un léger sourire jubilant déjà de la réaction de son interlocuteur à l’écoute de ce qu’il était sur le point de lui dire.

 « Mon cher Duc, je dois avouer que vous êtes remarque de déduction. Je l’avoue volontiers, j’ai bel et bien été récompensé mais pas à la même hauteur que ce qui vous à été octroyé, je le craint. Le conglomérat pour lequel je travaillais à disparut ainsi qu...»

 « Allons, ne désespérer pas mon brave ! Avec encore plus de travail et de... »

Valtus lui coupa la parole.

 « Un Roi...»

Un silence s’installa alors tandis que le visage d’Amil se figeait l’espace d’un instant.

 « Plaît-il ? »

 « Je suis devenu roi. Je règne sur mon monde natal et de surcroît vous vous adressez à un haut dignitaire impérial. Comme je vous le disait donc précédemment, mon très cher Duc, nous ne jouons pas à la même échelle… Mais ne désespérer pas, mon brave, avec encore plus de travail et persévérance vous y arriverez aussi ! »

Valtus venait de reprendre mot pour mot la phrase que Duc s’apprêtait à dire l’instant d’avant. Lire dans l’esprit d’autrui n’était une tâche difficile lorsqu’on maîtrisait la Force comme un seigneur Sith encore moins face à un esprit si … basique … que celui d’Amil.

Le Duc était comme prostré et son visage rempli de frustration. Valtus lui au contraire était plus que satisfait et avait le sourire vainqueur pour avoir rabaisser si facilement son interlocuteur bouffi d’orgueil. Il lui adressa une tape franche sur l’épaule avant de s’éloigner de lui.

« Ohhhhhhh » venaient de scander presque tous en cœur les spectateurs de la plate-forme et des gradins. Le fonceur du favori Nax Emrik venait de se prendre une colonne de feu qui avait jaillie juste en dessous de lui. L’explosion était impressionnante et il ne restait plus rien de l’appareil et de son pilote au grand désespoir des commentateurs.

Valtus éprouvait comme du regret et une certaine déception aussi pour le manque de réactivité de celui qui avait réussi à susciter son intérêt.

Enfin, un serveur s’approchait avec un plateau chargé de boissons diverses. D’un geste, l’impérial lui fit signe de s’approcher afin qu’il puisse échanger son verre vide contre un autre.
Gary Kovani
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// Et c’est parti pour le grand départ ! Nax Emrik prend la tête, suivi de près par Gordon Goldy ! Il le déborde sur la droite ! Remontée de Brek’din Fist ! Attention ! Oualalala ! Quel choc ! Hardin est hors course ! Les pilotes s’engagent dans la première ligne droite ! Nax est toujours en tête ! Le peloton gagne du terrain ! Noooon ! Vanyx Kzz’rel s’est pulvérisé sur la chicane ! Spectaculaire ! De la ferraille, du sang et des trippes ! Comme on adore ! La foule est en délire ! Incroyable ! Queue de poisson de Nax sur Brek’din ! Le Trandoshan s’en tire de justesse ! Son fonceur fume ! Est-ce l’abandon technique ! Ça y est ! Nax s’engage dans les Chutes Infernes ! Brek’din tente le tout pour le tout ! Ils sont suivis de près par Oozlakisar et Prweesh Jcosmamlieeth, l’outsider de cette course ! Le Rodien finira-t-il une course cette saison ?! C’est le moment de revoir vos paris ! //

Le commentateur débite ces mots avec une vélocité verbale incroyable. J’en ai le souffle coupé. Sur la plate-forme, rapidement, deux groupes se forment : ceux qui s’agglutinent contre les Holo projecteurs, réellement intéressés par le déroulement de la course… Et les autres, qui ne suivent l’évènement que du coin de l’œil, presque entièrement absorbés par leurs interlopes affaires. Je les observe, tout en continuant d’officier discrètement…

A chaque seconde qui s’égrène, le doute s’invite plus lourdement dans mes pensées électrisées par l’ambiance survoltée. Un sentiment tantôt salvateur tantôt fatal. Soit il vous préserve du danger, soit il vous y précipite. Tout dépend du contexte. Hésiter permet parfois de prendre le temps d’en juger du résultat... Mais lorsque l’indécision s’escrime à ralentir le passage à l’acte, alors que le monde, lui, contenue sa course folle, les conséquences peuvent être dramatique....

Un énième fonceur explose. Dévoré par une colonne de gaz enflammée traîtresse. Les pièges sont à l’image des spectateurs enfiévrés : dépourvu de la moindre considération pour la vie des pilotes. J’ai perdu le compte des décès. Ils sont peu nombreux à survivre à une saison entière… Mais ceux qui y parviennent, deviennent des Légendes. Quel gâchis. Je me demande souvent ce qui pousse ces êtres vivants à prendre autant de risques.

Mais suis-je si différent ? Je me suis jeté à âme perdue dans une traque dangereuse. Sur les traces d’un être capable de vider de son essence un individu en quelques secondes. Ma foi aveugle, absurde et inébranlable en mes capacités inhibe mon plus basique instinct de survie, celui qui devrait me dicter de prendre mes jambes à cou pour ne jamais croiser un tel vampire. Et pourtant je suis là. Comme ces pilotes sont là, au milieu de la piste. Je soupire. Je suis comme eux.

Ainsi naît le doute. Pourquoi ? Pourquoi me lancer dans cette poursuite ? Addict à l’adrénaline ? Sens de la justice distordu ? Curiosité malsaine ? Pulsions suicidaires ? Je l’ignore… Mais je crois que les émotions ressenties dans cette chambre de passe se sont inscrites en moi… J’ai… J’ai envie de le revoir. Non ! C’est absurde ! Si je le poursuis, c’est seulement parce que je ne peux laisser une telle menace dans la nature sans au moins l’identifier ! Je n’ai ni le luxe, ni le temps pour hésiter ! Pas cette fois. Ou j’y laisserai ma peau, comme ces pilotes impulsifs et leurs fonceurs sur vitaminés. Je secoue la tête, tente de chasser ces pensées parasites. Je ne m’aide pas. Je dois me reprendre. Je décide de bannir ce doute naissant au plus profond de mon esprit, là ou sommeille mon côté obscur que je parviens depuis tant d’année à contenir. Il y sera bien, entouré de mes fantômes, angoisses et frustrations.

A vrai dire, le doute a raison sur un point. Au moins un. Plus les minutes défilent, plus les Fonceurs explosent sous les hourras d’une foule dépourvue d’empathie, plus je me rends compte de mon… impuissance. Dans ma précipitions, j’ai opté l’option de facilité : me faire passer pour un serveur plutôt que de tenter de me glisser dans le costume d’un riche personnage. Certes, ce rôle m’offre une incroyable latitude : je peux déambuler, écouter, m’approcher des élites douteuses qu’un tel événement attire… Mais mes interactions sont dramatiquement limitées. Impossible d’engager la conversation, de rester assez de temps aux cotés des plus suspects pour confirmer mes intuitions. Non. Je suis coincé. Servile serveur qui erre sur une plate-forme aérienne. Alors que faire ?

L’inspiration. Le souffle créateur qui anime les artistes et les idéalistes. Encore plus impalpable que la Force elle-même. Indomptable maîtresse, elle va et vient, selon ses propres codes, ses règles obscures. Lorsque le sommeil vous emporte, parfois elle sème ses graines dans votre esprit… Mais le réveil les dévore, ne vous laissant que le frustrant sentiment d’avoir touché du doigt une Vérité déjà disparue. Pourtant, plus rarement, elle daigne vous offrir une inespérée fulgurance… Cette ampoule qui s’allume dans l’esprit et éclaire soudainement les méandres d’une pensée jusque-là noyée dans les incertitudes… Comme ce pilote, Prweesh Jcosmamlieeth. Parti dans le dernier tiers, compte tenu de ses temps désastreux pendant les tours d’essais, mais à présent dans le trio de tête. Le rodien insignifiant n’a rien du pilote modèle… Et pourtant. Il faut croire que l’inspiration a touché son esprit, le poussant à adopter une conduite imaginative… Sous les sifflets railleurs des spectateurs.

Je m’arrête quelques instants, les yeux rivés sur les holo-retransmissions géantes. Le petit malin a trouvé la faille… Plutôt que de tenter de prendre la tête, il s’évertue à suivre, avec un mimétisme sidérant, le pilote juste devant lui. Il reproduit chacun de ses mouvements. Accélération, décélération, vrilles… Et lorsque ce dernier, par maladresse ou manque de chance, disparaît dans une assassine gerbe de gaz incandescents, il vire de bord. Un virage serré qui lui fait perdre de précieuses secondes, qui offre à ses adversaire l’opportunité de lui voler sa place… Mais Prweesh s’en fou. Aussitôt la maîtrise de son bolide retrouvée, il réitère l’opération au cul d’un lièvre devenu pigeon.

Preuve que les choix les inattendus sont parfois les plus prolifiques… L’inspiration est-elle contagieuse ? je l’ignore… Mais en cet instant, celle de Prweesh me fait prendre conscience que je n’obtiendrais aucun résultat en usant de stratagèmes classiques. A moi aussi il me faut penser à contre-courant… Je ferme les yeux… Avec les années, dissimuler ma connexion à la Force est devenu plus que naturel : un réflexe de survie, comme inspirer ou expirer. Alors il me faut me concentrer pour relâcher mon contrôle. Une poignée de secondes seulement… Je laisse la Force affluer en moi. Je ne fais plus rien pour m’y soustraire. Je deviens bougie au milieu des ténèbres. Une flamme vacillante, anodine, mais qu’un observateur du monde invisible ne saurait ignorer. Telle est ma stratégie stupide : révéler ma nature pour attirer l’attention, et pousser le suceur d’âme à me considérer comme… Une proie.

Je passe à proximité d’un duo que tout oppose. Un homme à la stature solide, au port de tête aristocrate. Son langage corporel m’indique qu’il n’apprécie guère l’échange qui s’achève… Au contraire de son interlocuteur, un homme bedonnant à l’allure pataude, un parvenu qui fraie dans les hautes sphères sans en maîtriser les codes les plus élémentaires… Je tends l'oreille. Le ventru s’offusque de quelques mots et s’éclipse sans ménagement, me frôlant sans même daigner me décocher un regard. Je l’ignore. Il n’a pas le profil de ma cible. Trop gros, pas assez… intelligent. L’autre par contre… Il pourrait…

// Incroyyyaaaaable ! Terrible erreur de Nax Emrik ! Il ne reste qu'un tas de cendres ! La foule est en dééééliiiireeeeeee !!! //

Un signe. Je m'approche. Je remarque aussitôt le verre vide et tend le plateau.

« Puis-je vous proposer un autre verre de bourbon, votre altesse ? Sinon nous avons également des alcools forts de la bordure, ou du vin aux épices amères de Bakura... »

Mon regard se fixe dans le siens. Sans ciller, sans se détourner. Votre altesse. Je glisse le titre, avec une fausse innocence et un sourire candide sur les lèvres. Qui es-tu l'ami ? Celui qui mordra à l’hameçon ou un illustre inconnu qui disparaître de mes pensées à peine le dos tourné ?
Darth Yrlion
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Alors qu’il attendait l’arrivé du serveur, Valtus senti un léger frisson courir du haut vers le bas de son dos. Il ressentait toujours cela lorsqu’un autre sensitif a proximité se faisait connaître dans la Force. Dès son arrivé, il avait prit soin d’observer tous ceux qui étaient présent sur la plate-forme et avait remarqué que de tous les impériaux présents, il était le seul Sith et le seul sensitif. Il n’avait rien perçu chez les républicains et les non-affiliés…

* Intéressant… Soit mes capacités de perceptions commencent à rouiller, soit notre mystérieux inconnu sait passer inaperçu dans la Force … *

L’évènement venait de prendre un nouveau tournant visiblement. Le fait que cette présence nouvelle dans la Force disparaisse quelques instants seulement après son apparition intriguait encore plus le Sith. Il ne laissait cependant rien paraître de ses interrogations et gardait la même attitude qu’auparavant, comme pour donner le change au cas où.

Lorsque le serveur qu’il avait appelé arriva enfin, l’esprit de Valtus retomba à des considérations plus terre à terre. Prendre le même verre ou bien changer ? Mais son attention se porta vite sur le serveur en lui même n’hésitant pas à le détailler des pieds à la tête en posant son verre vide sur le plateau.


 « Vous avez d’excellentes manières, pour un serveur. C’est une qualité rare et qui tend de plus en plus à disparaître. »

L’allure du serveur était loin d’être orthodoxe dans ce genre d’endroit fréquenté exclusivement par la haute société. Mais ce n’était pas sans déplaire à Valtus qui trouvait son costume fort saillant malgré sa petite taille manifeste.

 « Je suis curieux de goûter votre vin de Bakura, votre meilleur millésime bien entendu. »

Une idée traversa l’esprit de Valtus. Une apparition et une disparition soudaine dans la Force… Il avait déjà été témoin de cela sur Dromund Kaas et sur Korriban… lorsque les assassins Sith s’apprêtaient à attaquer. Une inquiétude soudaine s’empara de lui. Pourquoi un assassin serait présent sur la plate-forme ? Dans quel but et envoyé par qui ? Pour lui ? Un partisan de son ancien maître qui lui aurait échappé ? Ou qui aurait décidé de retourner sa veste après lui avoir prêter allégeance ? Ou peut-être… un rival ? Le temps que le serveur lui serve son verre, Valtus observa furtivement les alentours sans réellement espérer voir quelque chose qui viendrait l’aiguiller.

Lorsque le verre de vin fut en sa possession, Valtus en pris une gorgée aussitôt. De son point de vue, cela ne valait pas une verre de Brandi d’Alderaan mais c’était loin d’être désagréable.


 « Dite-moi, seriez-vous nouveau ici ? Sans être un habitué, il m’arrive de venir régulièrement ici et je dois dire que je suis surpris de voir une nouvelle tête. Une… agréable surprise, je dois dire. »

La flatterie était volontaire envers ce personnage qui n’était pourtant qu’un simple serveur. Mais pour Valtus, il pouvait être bien plus que cela…

La plate-forme venait de se stabiliser et de stopper ses répulseurs. Au loin et en contre-bas étaient disposés dans le ciel des dizaines et des dizaines d’anneaux anti-grav. Les holo-projecteurs annonçaient la prochaine épreuve en approche et affichaient l’image du présentateur. Il avait la mine grave qui tranchait avec son costume coloré et bariolé d’effets lumineux.


// Chers spectateurs… voici probablement l’épreuve la plus difficile de la Course… le passage des Aéro-cercles. De toute ma carrière de commentateur, je dois bien vous avouer que je n’ai jamais vu une étape avec un si faible taux de survie. Nos courageux concurrents…

...encore que à ce niveau là, si je peux me permettre, ce n’est plus du courage mais carrément de la fooolie !…

… seront propulsés dans les airs lorsqu’ils passeront sur la plate-forme de l’éjecteur anti-grav. Leur objectif ? Passer à travers les aéro-cercles pour atteindre la plate-forme qui se trouve à cinq kilomètres de là. Vous êtes sur le point de me demander « Mais quelle est la difficulté ? »…

A mes chers, très chers spectateurs aux âmes sensibles, je vous demande d’écarter vos oreilles afin de ne pas entendre ce qui suit… Une fois propulsé dans les airs, les capacités de propulsion des fonceurs seront automatiquement limitées aux simples changements de trajectoires. Pour qu’ils puissent commencer à avancer, il faut impérativement passer à travers les aéro-cercles qui propulseront les fonceurs avec suffisamment de force pour atteindre le cercle suivant et ainsi de suite… Tout en prenant en compte le fait que les vents atmosphériques perturbent les stabilisateurs et par conséquent… font bouger quelques les aéro-cercles.

Mais vous l’aurez compris… Nous assistons à une « grande course » …. ce qui veut dire que c’est sans filet… si un fonceur n’arrive pas à atteindre le cercle suivant et bien… c’est la chute libre et la mort assurée…

Hahaha !! Comme c’est excitant !! Voyons comment Prweesh vas s’en sortir ! Et s’il va concervez la tête de la course ! Haha ! Haha !//
Gary Kovani
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Lorsqu'un Roi vous détaille, des pieds à la tête, comme un morceau de jambon, la seule attitude qu'il vous incombe d'adapter est la suivante : lâcher prise et laisser faire. Aussi, c'est toujours ce même sourire avenant qui illumine mon visage couleur miel, alors que je rends le plateau à son altesse pou qu'elle puisse estimer quel breuvage lui conviendrait le mieux. Choix un choix cornélien aussi vieux que la galaxie elle-même : rester sur une valeur sûre, ou tenter l'inconnu au risque d'être déçu ? Quoi que dans notre situation précise, le risque semble particulièrement ridicule : en effet, les boissons sont gratuites pour les VIP ayant payé leur place bien au dessus de la plèbe à prix d'or... Mais j'imagine que les papilles distinguées d'un Roi ne sauraient souffrir de l'affront d'une boisson un peu trop suave ou âpre. Mon sourire s'étire imperceptiblement, amusée par cette pensée sarcastique.

Autour de nous, la tension est encore monté d'un cran. Le décès de Nax Emrik, le favori, a rabattu toutes les cartes du jeu. Les esprits s'échaudent, les parieurs ne taisent plus leur déception, tandis que les audacieux ayant misés sur les outsiders crient déjà victoire. Dans tout ce capharnaüm, je ne détecte nulle trace d'un individu alerté par mes signaux sans la Force. Ma proie fait preuve d'une incroyable discrétion, d'un sang-froid à toute épreuve... Ou n'est simplement pas là. Il se pourrait également que je me sois emporté, faut de preuves concrètes. Ce ne serait pas le première fois...

« Ce vin est originaire d'un vignoble de l'hémisphère Sud de Bakura. Des terres arides, qui gorgent le raisin de soleil, lui offrant une sucrosité exceptionnelle, en plus d'un tempérament unique. Le revers de la médaille, c'est que ce sol pauvre en nutriment a tendance à rendre le moût acide, quelque peu agressif pour les papilles avisées. C'est pour cette raison qu'il est macéré avec des épices qui permettent de sublimer ses arômes naturelles en masquant ses défauts. Un savant assemblage donc, qui offre à ce breuvage un goût unique. Je suis persuadé que vous apprécierez l'expérience, votre altesse, à défaut de le trouver exceptionnel... »

Je récite le manuel du parfait petit serveurs. Avant le début des hostilités, nous avons été briefé par un œnologue. Par chance, j'ai une bonne mémoire. Une très bonne mémoire de travail, celle qui enregistre quantité d'informations sur le court terme. Demain j'aurais oublié tous ces détails.

« Vous êtes physionomiste. J'ai effectivement été engagé à la dernière minute pour remplacer un absent. Je fais de mon mieux, merci de vos compliments. Je ne suis guère familier de ce genre d’événements. J'essaye de faire de mon mieux. J'étais serveur dans un restaurant huppé sur Ondéron. Je viens d'arriver sur Nar Shaddaa. »

Soupire théâtral. J'ai préparé ma couverture dans les grandes lignes. Celle d'un expatrié sans attaches, sans proches. Une proie facile en somme. Le meilleur moyen d'attirer un prédateur, c'est de lui agiter un appât sous le nez. En l'occurrence, JE suis l'appât. Je joue un jeu dangereux.

«  Croyez-vous aux secondes chances votre Altesse ? J'espère ne pas m'illusionner... Repartir à Zéro, sans attaches, avec seulement une valise et quelques crédits en poche... Sur la Lune des Contrebandiers tout est possible, ne croyez-vous pas ? L'avenir appartient aux opportunistes qui n'ont pas froid aux yeux ! »

Petit rire nerveux. Je jette un coup d’œil par dessus mon épaule. Gary, acteur studio.

« Mon superviseur va râler si je discute au lieu de travailler. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me faire signe. »

Mon interlocuteur a le profil de mon suspect. Mais rien, absolument rien, dans son attitude me permet d’esquisser la moindre certitude. Bien au contraire. Le doute s'immisce toujours un peu plus dans l'espace séparant mes neurones surexcités. L'instinct. J'écoute mon instinct offrant à cet orgueilleux personnage une ouverture éhontée. Un être qui se sent d'une telle supériorité y flaira-t-il un piège ou bien simplement l’œuvre de son charisme surfait ? Aucune idée. Seule la Force le sait. Et je lui fais confiance.
Darth Yrlion
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C’est au contact du palais de Valtus que le doux nectar que lui avait suggéré le serveur commença à développer ses arômes. Il ne l’avait pas abusé et sa petite présentation était en accord parfait avec ce que le Sith ressentait en le buvant. Autour d’eux, les convives allaient et venaient tandis que les autres collègues de son interlocuteur s’affairaient à les satisfaire en une valse perpétuelle de service qui n’était récompensé que par de l’indifférence ou du dédain.

Valtus gardait son regard intensément posé sur le serveur. Il n’était pas vraiment son genre, mais il lui accordait volontiers de posséder un petit quelque chose de charmant dans son attitude. Le bon emploi des mots, la justesse du ton et le langage précis ajoutait à la singularité de sa personne. Le Sith appréciait cela.
 « N’ayez aucune crainte pour votre superviseur. La moindre chose qui suscite l’intérêt de cette clique mondaine dont je fais partie, l’intéressera aussi forcément. C’est dans son intérêt et dans l’intérêt de ses affaires. Attendez vous plutôt à un interrogatoire en règle plutôt qu’une remontrance. »

L’espace d’un instant, Valtus déporta son regard sur un impérial qui venait de se présenter au bar non loin de là. Plus qu’un impérial, cet homme qui n’avait pas encore atteint la trentaine était un sensitif, affilié à l’obscurité. Il n’avait pas eu recours à la Force pour le savoir pour la simple et bonne raison qu’il l’avait déjà croisé quelques fois sur Korriban. Sa présence ici était… curieuse. Serait-ce lui l’origine de la perturbation qu’il avait perçu quelques instants auparavant ? Difficile à dire… Il ne le quitta pas des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse dans la foule après avoir obtenu son verre. Comme si de rien n’était, Valtus reprit le fil de la discussion avec le serveur.
 « Passer d’Ondéron à Nar Shaddaa… fascinant. On ne vient pas sur Nar Shaddaa pour repartir de zéro, mais on tente d’échapper à la vie que l’on a. Qu’est ce que le destin à bien pu vous réserver pour en arriver à cette folie de croire que l’on peut trouver son salut dans ce lieu de perdition ? »

Un lieu de perdition… le terme était plus que justifié. Lorsqu’il était au service de son maître, Valtus avait arpenté cette planète des plus sombres bas fonds aux plus luxueux sommets pour remplir ses missions. Il avait mainte fois pu constater que rien ni personne n’était innocent sur la Lune des contrebandiers. Argent, criminalité, concurrence déloyale et vendetta étaient les maîtres de ce monde.

Au fil de la discussion, la Force commandée par Valtus commençait à se poser sur le serveur tel des lianes fines parcourant se peau de la base de son cou jusqu’au sommet de son crâne. Infiltrer ainsi l’esprit d’une personne pour découvrir ses secrets était une douce habitude que Valtus avait pris. D’autres Sith préféraient faire cela brutalement, comme lui même fut quelques fois amené à le faire, en usant de la Force pour percer et ébranler les fondements de l’esprit mais Valtus lui était adepte de la manière douce en laissant la Force faire son chemin lentement jusqu’à trouver la faille, le point d’accès qui lui permettrait de s’infiltrer dans un esprit sans que l’autre ne s’en rend compte… La chose était relativement rapide en général.

Mais tandis que les minutes passaient que le Sith entretenait la conversation avec le serveur, aucune faille n’était encore trouvée, aucun point d’accès à cet esprit si intriguant n’était découvert. Cela intriguait encore plus Valtus.
Gary Kovani
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Je lance une œillade en direction du bar circulaire qui occupe le centre de la plate-forme flottante. L'effervescence y est à son comble. Les VIP défilent, les barmen défient la gravité avec des figures acrobatiques, armés de verres et de shakers. Au centre de toute cette drôle de scène, trône fièrement le superviseur. Un arbitre in transigeant qui siège sur une estrade. Il observe, analyse, aboie ordres et remontrances. Rien ne lui échappe.

J'hésite. L'espace d'une interminable seconde. Une demi-seconde même. L'argument de son Altesse Royale est imparable. L'homme est assurément maître des codes et des étiquettes mondaines. Il ne me reste que deux solutions : refuser poliment et en subir les conséquences, ou accepter poliment et perdre un temps précieux. Alors j'hésite. L'idée d'échanger quelques civilités avec un illustre inconnu ne m'inspire aucun intérêt... Mais nul dégoût pour autant. Juste un sentiment... de superflu. Doucement je soupire. Qu'ai-je de mieux à faire en vérité ? M'user la voûte plantaire à la recherche d'un vampire qui, statistiquement parlant, a de forte chances d'être n'importe où, sauf ici...

Ainsi je volte-face, et pose le plateau sur le mange-debout le plus proche.

« J'imagine que tant que je ne consomme pas les délicieux breuvages destinés au beau monde... J'admets volontiers ne pas maîtriser tous les codes. »

Sourire crispé. Je me rapproche imperceptiblement. Il transpire de cet homme, une assurance et un charisme intimidant, qui, étrangement, ne me donne pas envie de fuir. Au contraire. Les mots qu'il décoche avec grâce et justesse m'invite à une courte mais intense réflexion.

Nar Shaddaa. Une fois qu'on y a goutté... Cette lune agit sur l'esprit tel un aimant sur la limaille. Elle attire et oriente vers un direction dont il devient de plus en plus difficile de s'échapper : celle des bas-fonds. Plus on y passe de temps, plus ce qui dégoûtait jadis devient attractif. Une drogue. Je l'admets, oui, mais silencieusement cette fois. Je me contente de hausser des épaules.

« C'est compliqué... Mais qu'est-ce qui ne l'est pas ? »

Cette introduction pataude m'offre un échappatoire d'une poignée de secondes pour recadrer mes pensées. Je me suis précipité dans la gueule du loup sans réellement travailler ma couverture... Alors, les mots qui suivent éclosent sans malice, sans mensonge. Au travers de mon personnage, ce sont mes pensées qui transpirent, sans filtre.

« Vous êtes vous déjà retrouvé entouré de personnes qui ne partage aucune de vos idées ou opinions ? »

Question rhétorique. J’enchaîne sans attendre de réponse.

« Au début on se tait. On les ignore. On ronge son frein. On fait la sourde d'oreilles... Mais avec le temps, il devient de plus en plus difficile de garder le silence... La frustration grandit, gonfle. Et lorsque ça sort, qu'on explose, les dégâts sont irréversibles... »

A travers son regard j'essaye de déchiffrer la couleur de son âme. Il semble, un instant, se focaliser sur quelque chose dans mon dos. Un léger froncement de sourcils trahit une réflexion. Une questionnement ? Une crainte ? Peut-être de la surprise. Impossible de le dire avec certitude sans relâcher mes pouvoirs pour le sonder plus en profondeur. Intrigué à mon tour, j'use soudainement d'un éhonté subterfuge.

« Aller, au diable les règles... »

Je me retourne pour me saisir d'une verre de Brandy abandonné sur mon plateau. Un quart de volte qui m'assure une ligne de mire dégagée sur le bar. Parmi la douzaine de silhouettes aux formes aussi variées que leurs espèces respectives, une aura sombre m'hâpe l'attention. Un Sith. Sans l'ombre d'un lumineux doute... Ici, dans l'espace Hutt, zone neutre, il n'est pas rare de rencontrer de genre d'individu pavaner sans pudeur. Des orgueilleux qui, volontairement, laissent leur obscurité se répandre autour d'eux, imprégner l'air, et frôler les esprits assez faibles pour y réagir instinctivement. La foule se fend sans même y réfléchir pour le laisser s'esquiver à nos regards. Sur ma rétine, il ne s'imprime aucune autre silhouette notable. Une connaissance de son Altesse Royale ? Je réalise naïvement ne rien connaître de lui si ce n'est son pompeux titre, qu'il arbore comme pour chasser les mouches à merdes indésirables. Juste avant de reporter toute mon attention sur lui, et de m'humecter les lèvres de la liqueur ambrée, je suis foudroyé par un regard assassin du superviseur. Peste ! Je viens d'être viré... Mais tant que je resterai proche du VIP, il ne viendra pas me chercher des noises. Il faut sauver les apparences. Par contre, si je m'éloigne, je serai dégagé à coups de pieds dans les fondements, illico presto, sans transition, et sans indemnités de licenciement ! Vive le libéralisme ! Bref. Je me contente de répondre avec une inhabituelle franchise :

« J'ai mis les voiles. Plus je reste loin de mes proches, mieux je me sens... Dans un premier temps. Puis ils me manquent, j'y retourne... Et ils finissent par m’insupporter. Alors je reviens. Ici, sur Nar Shaddaa. Cette lune n'est pas un lieu de perdition à mes yeux : mais le temple de l'amnésie. Une journée sur ici, et le reste de la galaxie, avec ses problèmes, disparaît de vos pensées... »

Sourire las. D'après les canons humains, j'ai dépassé la moitié de mon espérance de vie. Je me sens vieux par moment.

« Je me rends compte que ne ne nous sommes pas officiellement présenté. Garibaldi, votre Altesse... »

Je laisse un blanc pour qu'il m'indique son pedigree, s'il le souhaite.

« Si vous voyez en Nar Shaddaa un lieu de naufrage... C'est que vous êtes ici pour sombrer avec nous, ou simplement pour profiter de cette réconfortante décrépitude ? »

Déambuler sur Nar Shaddaa lorsque l'on déprime, c'est comme visiter un service hospitalier pour cancéreux en phase terminale alors qu'on a une angine : on se sent rapidement beaucoup mieux...

// Tout bonnement INCROYABLE ! Prweesh vient de prendre la tête ! Il a passé tous les aéro-cercles ! IN-CRO-YABLE ! Si on ne le connaissait pas aussi bien, on pourrait le prendre pour un pilote exceptionnel ! Mais qu'à-t-il mangé ?! Quel est son secret ?! Hurler chez spectateur ! Hurler son nom ! Il passera devant nous dans quelques instants ! Survivra--il au sprint final sous le feu des tourelles automatiques qui lui barreront la ligne d'arrivée ?! //
Darth Yrlion
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Un esprit ordinaire trouverait l’histoire ainsi narrée par Garibaldi touchante et émouvante, voir même un peu poétique par certains aspects. Le personnage solitaire qui part, puis reviens, puis repart à nouveau suivant la vague des ses émotions et de son tempérament, trouvant refuge dans la fange et marginalité. Émouvant…

Valtus lui voyait les choses d’un œil tout autre, plus prosaïque. Pour lui et au regard des ses propos, Garibaldi ressemblait, au mieux, à quelqu’un vivant en dilettante ou bien, au pire, à un enfant gâté qui laisse libre court à ses caprices et cherchant le frisson en s’encanaillant. Le regard qu’il posait sur le serveur était faussement admiratif… il en avait entendu quantité auparavant, lors de ses missions, lors de ses infiltrations de la bouche de parvenus, de personnages faussement baroudeurs et même de la bouche de certaines de ses proies.


 « Voilà une histoire intéressante, monsieur Garibaldi. »

Le Sith commençait à s’amuser du changement d’attitude que le serveur venait d’entamer. Plus décontracté, plus ouvert et visiblement plus en confiance.

 « Comparée à la vôtre ma propre histoire est tristement banale et insipide, hélas. C’est pourquoi je vais nous en faire grâce. Je règne sur Sigil en tant que roi, ce qui me confère pouvoir, richesse et influence, ce qui pour beaucoup de personnes présentes ici est gage d’une volupté suprême perpétuelle… »

Il ne termina pas sa phrase et se contenta de porter à ses lèvres son verre de vin à moité vide tandis que l’apprenti qu’il avait aperçu au bar précédemment déambulait non loin de là. Valtus feignait l’indifférence. L’apprenti aussi à sa manière en évitant soigneusement de regarder dans sa direction. Une attitude suffisamment détachée pour piquer encore plus la curiosité et les nerfs du souverain. Mais c’est alors que son interlocuteur le rappela à leur conversation en lui posant une question.

 « Regardez autour de vous, monsieur Garibaldi. Qu’avez-vous observer depuis le début de votre service sur cette plate-forme ? Des êtres fortunés ou prétendument fortunés, des personnes influentes, des personnes imbues d’elles-même, prétentieuses et hautaines. La quintessence de la haute société galactique à laquelle j’appartiens… Tout ce que j’exècre, en vérité.

J’apprécie de venir ici pour me rappeler constamment ce que je ne veux surtout pas être, ni devenir et il me plaît de voir ses parvenus fantasmer une vie qu’ils n’auront jamais, dont ils ignorent tous les aspects et les voir s’écharper parfois pour ne serait-ce qu’un croisement de regard obtenu, dans l’espoir futile qu’un peu de gloire ou de noblesse retombe sur eux.

….

Sur la centaine d’individu ici présent, dites-vous que ceux qui méritent et assument noblement leur position privilégiée se compte sur les doigts d’une main. Mais, je vous crois assez intelligent et observateur pour l’avoir déjà remarqué n’est-ce pas? »


Il se mit à le regarder intensémment. Il était persuadé que Garibaldi n’était pas celui qu’il prétendait être, celui qu’il avait dépeint dans son histoire, à la fois trop vague et trop commune.

 « Nar Shaadda offre aussi un autre avantage substantiel pour quelqu’un dans ma position. Le calme apaisant de la neutralité… »

D’un geste discret et mesuré, Valtus désigna un homme et une femme qui était en train de deviser calmement, échangeant même quelques rires.

 « Voyez… Elle est amirale de la République et lui un Moff de l’Empire. Ils sont ennemis et se vouent une haine viscéral… Pourtant, ici, ils discutent et partagent un verre.

Vous voyez le rodien qui observe la course depuis la rampe d’observation ? Il fait partie du conseil d’administration des Chantiers navals de Kuat. Je dois le rencontrer prochainement afin de renouveler ou non leur contrat d’approvisionnement avec les forges royales de Sigil. Cela vous surprendra peut-être mais les affaires font fi des allégeances politiques… jusqu’à un certain point évidemment.

Enfin, c’est grâce à cette neutralité que nous pouvons converser sans crainte comme nous le faisons vous et moi. En tant que citoyen de la République, vous seriez déjà au fond d’une sombre cellule sur Sigil ou bien empaler au sommet d’une électro-lance… En tant que haut dignitaire impérial, mon sort serait peut être plus enviable, mais guère plus au regard des nouvelles instances qui dirigent la République… Oh ! Je ne serait même pas étonné de voir un Jedi déambuler même dans les rangs de cette pompeuse compagnie… étant donné les évènements récents.

Nar Shaddaa vous offre l’amnésie…  elle m’offre la liberté... »


A nouveau, il bu et termina son verre et se mit à sourire.

 « Et… elle m’offre aussi le frisson de l’incertitude que partage tous les parieurs. »

Sous le voile à moitié feint de la décontraction et de la mise en confiance, Valtus cherchait toujours la faille qui lui permettrait d’entrer dans l’esprit de Garibaldi mais l’esprit de l’homme semblait solide et sans faille.

Perdu dans ses pensées, Valtus se tourna machinalement pour reposer son verre vide sur le plateau abandonné par son interlocuteur. L’apprenti de Korriban lui fit face soudainement sans qu’il ne le perçoive. Bien que surpris, Valtus n’en laissa rien paraître.


 « Il… Il semblerai que vous vous soyez égaré, jeune homme. »

Le jeune apprenti le fixait avec une rare assurance. Il observa Garibaldi l’espace d’un instant avant de se fixer sur Valtus.

 « Veuillez me pardonnez, mon seigneur. Je suis Roan Flox. Mon… responsable… Keneth Rys… tenait à vous adresser ses félicitations chaleureuses pour vos récents… accomplissements… et à partager avec vous le regret de la disparition de son … très cher ami…  Egyr Damarth. Puisse-t-il avoir trouver la paix. »

Quelques secondes s’écoulèrent avant que Valtus ne réponde, moins d’une dizaine de secondes certes, mais une éternité en vérité. Keneth Rys alias Darth Terhliss… Roan était donc envoyé par elle. Valtus la connaissait de nom et ne l’avait vu qu’une seule fois lorsqu’il était apprenti sur Dromund Kaas, elle était alors en grande discussion avec son maître, Egyr Damarth alias Darth Corthus

 « C’est aimable à elle. Je lui présente mes amitiés et partage également la tristesse de cette disparition tragique. Faites lui savoir qu’un entretien est envisageable à cette fin. »

Toute cette mise en scène et se langage « diplomatique » ne signifiait qu’une chose… une ombre approchait et allait sûrement tenter de s’abattre sur Valtus.

Flox s’inclina parfaitement et adressa à nouveau un regard à Garibaldi en laissant s’échapper une vague d’obscurité en sa direction comme pour l’intimider...
Gary Kovani
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Les mots sont-ils vivants ?

Ils naissent, d'un coup de langue, entre deux lèvres. Ils voyagent dans les souffles, s'assemblent en phrases, croissent et se développent dans les esprits de ceux qui les recueillent. Là, dans les ménades de nos neurones entremêlées ils enfantent de pensées nouvelles... Pour enfin mourir, sans bruit, mais non sans laisser une trace indélébile dans notre mémoire conscience ou inconsciente...

Mon sourire s'étire. D'abord discret. L'émail apparaît timidement entre mes lèvres gercées par des années d'une vie chaotique. Un sourire aimable, peut-être amical. En façade seulement. Car derrière ce rictus compatissant se dissimule une morne moquerie, un sardonique sarcasme, une irritante ironie. Le grand souverain cherchait-il, dans un excès d'éhontée modestie, à se plaindre, et se faire plaindre, de sa triste vie de privilégier ? J'ai déjà entendu ces mots. De multiple fois. Comme il est difficile d'être puissant, riche, ou influent. Peste, comment ces êtres peuvent-ils supporter tant de pression sur leurs frêles épaules. Ce pouvoir qu'ils n'ont jamais vraiment désiré. Et ils en assument le fardeau, tous les jours, s'usant la santé et le moral pour que la commun des mortels puissent jouir d'une vie misérable... Je dois user de tout mon contrôle pour ne pas soupirer. Alors je me prête mollement au jeu, par politesse. Hochant de la tête lorsque l'on m'y invite d'un regard plus perçant, sans passion aucune. M'attendais-je à mieux ? Pas vraiment. Je ne m'attendais à rien, sauf tuer le temps. Malgré tout, quelques groupes de mots attirent mon attention. Je tourne la tête pour observer individus désigné discrètement. La manière dont il explicite sa vision me confirme que son monde Sigil, se situe dans l'Espace Sith. Dans le cas contraire, pourquoi un représentant des chantiers de Kuat chercherait à négocier avec le souverain ici ?

Je me fige soudain. Mon visage se crispe. Je fronce des sourcils. Une pression sombre et malveillante se glissent entre nous. Avant même de tourner la tête, j'identifie l'importun. Le Sith exubérant qui musardait près du bar, quelques minutes plus tôt. Je dois reconnaître ma surprise, et une pointe fugace, presque honteuse, d'estime. Seule une ombre chevronnée ou un maître assassin saurait me prendre ainsi au dépourvu. Le trublion n'est pas une néophyte, même si son attitude désinvolte pourrait laisser croire. Aussi, désireux ne pas point éventer ma maigre couverture, je baisse le regard, jouant, à mon corps défendant, l'intimidé.

Je n'ai ni l'envie, ni l'opportunité de me retrouver sur la route d'un obscur tueur de sang froid. Même ici, sur Nar Shaddaa, fief de la neutralité vantée par mon interlocuteur, une telle confrontation serait inévitable. Ombres et Assassins sont des ennemis naturels, instinctifs. Moi une ombre ? Je pourrais en rire dans d'autres circonstances. Je l'ai été pourtant, deux décennies plus tôt. Sous la houlette d'un Maître Jedi passionné. Mais depuis sa mort, des mains d'un Sith, je rejette tout de ce titre pompeux que se donnent les agents silencieux d'un Conseil Jedi sclérosé ayant conduit l'Ordre au pied du mur, face au gouffre de sa propre disparition.

Je frissonne alors que le coté obscur, en volutes épaisses et invisibles, glisse sur ma peau, pénètre mes pores. Dissimuler son affinité demande bien des années d’entraînement. Bien que ce soit devenu naturel chez moi, je dois contenir tous mes sentiments pour que rien ne transpire. Si je frissonne, ce n'est ni de peur, ni de colère. Si je frissonne, c'est parce que j'use d'absolument toutes mes forces pour éteindre mon aura, l'assujettir au plus profond de mon être. Peut-être, s'il sonde mon esprit, le Sith s'étonnera de son hermétisme. Une forteresse impénétrable sans y consacrer bien plus d'énergie pour saper ses défenses mentales. Mais bien des individus dans cette galaxie se voient dotés par le destin, l'un des multiples noms de la Force, d'un résistance étonnante, et surtout inattendue, aux pouvoirs mentaux.

Enfin, l'autoproclamé Roan Flox – oui, je doute qu'il nous ait ainsi délivré son véritable nom, au mieux un pseudonyme récurrent – s'éloigne. Je peux sentir la chape de plomb qui m'oppresse l'échine se lever enfin. Quelques pas, et le malicieux Sith disparaît de notre champ de vision. A quoi joue-t-il ?! J'ai soudainement un très mauvais pressentiment.

« Je ne l'aime pas lui. L'ami d'un ami donc ? »

Une question maladroite, indiscrète. Une question levée par un subite curiosité : celle d'en savoir plus sur les relations du Seigneur avec les membres de l'Ordre Sith. Je tique d'ailleurs, alors que cette pensée fuse dans mon esprit. Seigneur. Un mot qui peut signifier bien des choses. Une simple marque de déférence ? Dans la bouche des Sith, pourtant, il peut revêtir une toute autre signification... Et si le Monarque de Sigil était...? Non. Je préfère esquiver la question faute de preuves... Loin de moi l'idée de colporter des supputations hasardeuses. Mais l'interrogation dans un coin de mon crâne, bien au chaud.

Aussi j’enchaîne...

« Veuillez excuser mon impertinence, votre Altesse. C'est juste que... Je ne sais pas comment l'expliquer. Cet individu m'a laissé une impression... Désagréable. Oppressante même. Mais changeons de sujets. »

Je rebondis habilement sur ses précédents propos, espérant une ouverture plus adroite pour nourrir ma vilaine curiosité mal placée.

« Tout ce que vous dites, je l'ai effectivement remarqué. J'oserai dire que nous ne sommes pas si différent, vous et moi... Un mot pourrait nous décrire : l'insatiabilité.

Vous êtes un souverain. Vous êtes, j'imagine, influent, riche. Et pourtant vous quittez vos palais et vos privilèges pour venir ici. Ce n'est pas seulement la liberté que vous cherchez. Vous êtes un être insatisfait, votre Altesse, tout comme je le suis. Vous cherchez le dépaysement. Autre chose. Quelque chose qui finira irrémédiablement par vous ennuyer, ou vous énerver.

Moi, lorsque je retourne dans ma famille. Je me sens oppressé. Je n'ai qu'une envie : m'évader... Mais lorsque je m'évade, je finis par déprimer, regretter, et j'y retourne.

Sommes nous destinés à ne jamais nous satisfaire de ce que nous sommes ? De ce que nous accomplissons ? Somme nous voués à ne jamais être rassasié ? »


Je ricane, hanté par une pensée philosophique de bas étage que je m’empresse de partager

« Je crois même que l'insatiabilité est un héritage de notre évolution. Les espèce satisfaites et heureuses de leur sort stage et périclite. Nous, nous progressons sans cesse, poussé par ce besoin de toujours obtenir plus, ou mieux, ou simplement autre chose... Nous sommes des audacieux, des téméraires... »

// ET C'EST INCROYABLE ! PRWEESH VIENT DE REPORTER LA COURSE ! SA PREMIERE VICTOIRE EN TROIS SAISONS ! LA FOULE EST EN DELIRE ! LES PARIEURS PLEURENT ! //

Soudain un hurlement me fait tressaillir. Je me redresse, me retourne. Juste à temps pour distinguer, vaguement, une masse sombre qui s'enfonce dans les ténèbres atmosphériques entre deux tours vertigineuses. La foule est déjà massée contre les rambardes. Notre plate-forme tangue tant elle s'agglutine. Des cris. Des hoquets de stupeurs. Des rires gras et des applaudissement odieux. Je n'ai pas besoin de laisser la Force porter mon audition pour comprendre. Un individu vient de sauter. Suicide. Je secoue la tête. Probablement ruiné par un pari un peu trop... osé. Je me racle la gorge.

« Oui bon. Je l'avoue. Il arrive aussi qu'à en vouloir toujours plus, on fasse le pari de temps, et qu'on perde tout. Même le plus insatiable doit raison garder, au risque de se laissé dévorer par ses volontés débridées... Une expression de la sélection naturelle croyez-vous ? »

La plate-forme penche dangereusement. Plusieurs personnes hurlent aux curieux de reculer. Les bottes des agents de la sécurité claquent sur le sol froid. Ils sifflent pour attirer l'attention... Mais tous les regards sont comme hypnotisés par cette silhouette méconnaissable qui s'enfonce dans les brouillards de pollution sous nos pieds.

« J'ai un mauvais pressentiment, votre Altesse... Nous devrions peut-être... »
Darth Yrlion
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A la question « L’ami d’un ami donc ? » les lèvres de Valtus ne formèrent rien d’autre qu’un léger rictus avant de se porter vers le verre d’alcool tempéré qu’il tenait en main. Les yeux à l’affût du moindre geste suspect de la part du jeune Sith qui s’éloignait, Valtus bu son verre, pourtant bien rempli,d’un seul trait sans sourciller.

Son apparente assurance venait soudainement d’être fragilisée au point qu’il en oubliait presque Garibaldi. Une angoisse soudaine se saisi de lui et qui se répercuta une fraction de seconde dans la Force. Roan marqua même un arrêt et tourna la tête sur le côté mais pas assez pour voir le visage du monarque. Il avait l’air satisfait d’avoir obtenu l’effet escompté de son intervention.

L’esprit de Valtus était assailli de questionnements. Mais s’il ne savait pas encore répondre à toutes ses interrogations, il prit le parti de faire bonne figure en attendant. Il avait manqué la moitié des choses que son interlocuteur lui avait dit et il n’avait même pas suivis le dénouement de la course mais il cela ne comptait pas, il en avait suffisamment entendu de ses dernières paroles pour reprendre la discussion.


 « Une fine analyse que voici… Vous avez raison, mon ami, je suis un insatisfait ! »

Oui, il était insatisfait mais certainement pas pour ces mêmes raisons avancées par le serveur qui, s’il savait l’entière vérité à son propos, fuirait en courant…

Flox avait totalement disparut. Valtus avait beau le chercher du regard, il ne le voyait nul part. C’est alors que des cris retentirent et que la foule se précipita et commença à s’agglutiner. Invisible à tous, le cervo-pilote automatique de la plate-forme manœuvrait déjà les répulseurs afin de compenser la déstabilisation de l’appareil et rectifier son l’assiette. Garibaldi et lui s’écartèrent même à un moment pour laisser passer les forces de sécurité qui venait « inviter » les VIP à plus de prudence. Quelques bados commencèrent aussi à se regrouper autour d’eux pour profiter du « spectacle ».

Un malheureux en pari ? De là où il était Valtus observait la silhouette de celui ou celle qui était en train de tomber en piquet, se débattant dans l’espoir futile de se raccrocher à quelque chose qui empêcherait le funeste dénouement de sa chute. Un désespéré de plus…

Garibaldi venait curieusement de le mettre en garde… Au même moment, les sens de Valtus qui se trouvaient être optimisés par son affinité avec la Force s’affolèrent. Le temps était comme ralenti de manière figurative autour de lui. Il percevait une menace dans la Force ou à tout le moins une perturbation. Son regard se déporta vers la zone où il percevait cette perturbation… un salon d’apparat accolé au bar. Il était vide. Valtus ne voyait rien d’anormal et pourtant la Force subissait bel et bien une perturbation cet endroit…

4…. 3…. 2…. 1….

Par un réflexe mue par la Force, Valtus saisi un VIP qui se trouvait juste à côté de lui et qui était en train de se précipiter à le contourner afin d’avoir une meilleure vue. Il bloqua sa course et fit lui même un pas sur le côté de manière à ce que leur deux silhouette se confonde en une. Le VIP s’effondra en une fraction de secondes, ventre à terre et une fléchette métallique plantée dans le cou.

Dans sa chute, le bras du défunt frappa légèrement la cheville d’une femme d’âge mûr qui s’entousiasmait alors d’observer le suicide en direct. « Comme c’est rafraîchissant » dit-elle avant de détourner le regard pour constater le corps inerte qui venait de la frôler. Dans l’euphorie générale, elle était visiblement la seule à l’avoir remarqué et à s’en soucier. Son regard affûté remarqua même aussitôt la fléchette qu’elle prit à tord pour un bijou… et qu’elle lâcha subitement lorsqu’elle comprit.


 « Haaaaaaaaaaaaaaa !! A l’aide !! A l’assassin ! Au secours !! »

Valtus n’avait jamais entendu de cri si strident même lorsqu’il crapahutait dans la jungle mortelle de Kashyyyk. D’abord stupéfait, les spectateurs alentours se tournèrent avec circonspection pour certains, avec avidité pour d’autres vers ce nouvel évènement « si excitant » qui venait pimenté cette formidable course riche en rebondissement !

 « Gard…. »

Son cou fut à son tour la cible d’une autre fléchette. Elle se trouvait à moins de deux mètres de Valtus lorsqu’elle s’effondra. Ce n’était pas un hasard. Il était la cible. Cette fois, le fait de voir en direct la chute et la mort de la courtisane provoqua un véritable mouvement de panique au sein des VIP qui commençaient à partir dans tous les sens. Les agents de sécurité étaient totalement démunie face à une si soudaine agitation.

Dissimulé dans sa manche et attaché autour de son poignet, Valtus activa une balise qui envoya un signal jusqu’à sa résidence. Le salon à côté du bar était toujours vide de toute présence mais c’est bien de là que venaient les fléchettes.

Cependant, un détail qui avait échappé à tous était à présent différent. Au mur face à la foule, parmi les objets de décorations et les ouvrages artistiques ainsi accrochés, un objet en forme d’étoile couplé à un autre en forme de croissant n’était plus à la place qu’il occupait quelques minutes avant.

Au détour d’un regard, il remarqua que Garibaldi lui aussi observait dans la direction du salon.
Gary Kovani
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Tout se passe extrêmement vite. L’oppressante sensation d'un danger imminent se concrétise. Un sifflement. Une ombre minuscule qui fuse, à peine perceptible. Tous mes indicateurs internes virent à l'alerte rouge. Réflexe entraînée par de longues années d'errances dans les milieux interlopes : je me précipite au sol, roule sous le mange-debout. Une masse tombe. Un homme. Trahi par des jambes. Fauché par une fléchette. Elle darde fièrement à son cou. Peste ! L'étincelle de vie disparaît de son corps devenu un amas de chair inerte. Son regard vitreux n'affiche que les précises d'une expression de surprise. Il n'a pas eu le temps d'appréhender la sordide conclusion de son tragique destin.

Alors je suis convaincu d'être la cible de l'attaque, démasqué et pris pour cible par le vampire que je traque imprudemment. Mais très vite je me ravise. Une femme hurle. Cri suraigu, qui se répercute en échos dans des dizaines de bouches affolées. Elle est touchée à son tour. Elle chancelle et bascule par dessus une banquette. Je tilte alors. Non, je ne suis pas la cible de l’assassin. Le souverain de Sigil : lui seul se tenait à proximité des deux victimes !

Je l'avoue. Une vague de soulagement traverse mon humeur échaudée.  L'idée de fuir, tapi dans la foule paniquée s’immisce dans mes pensées. Mais je la chasse aussitôt. Je ne suis pas du genre à abandonner une victime aux Sith. Je me redresse prudemment, yeux mi-clos pour sonder, dans la Force, les turbulences du coté obscur. Je les rouvre, regard rivé dans la direction du bar. Il est là bas. Invisible, dissimulé, comme un lâche assassin. Mes lèvres s'étirent pour dessiner un rictus déconfit. L'espace est bien trop grand pour que je puisse agir sans être la prochaine victime.

Une troisième fléchette siffle. Elle me frôle. Bordel ! La panique générale explose. Des dizaines de bottes martèlent le plancher de la plate-forme qui peine à conserver son équilibre. J'entends vaguement les cris des agents de sécurité qui échouent à s'imposer pour calmer la panique, aveugles, sciemment, aux tirs mortels qui nous menacent. Nar Shaddaa, l'Empire du « chacun pour soi, chacun ses problèmes. » Autant dire que nous ne pouvons compter que sur nous même.

Je soupire. L'urgence impose des solutions extrême. Ce n'est plus l'heure de jouer. Tant pis pour ma couverture... J'ouvre la bouche pour hurler son nom... Mais je réalise aussitôt que hautain n'a daigné, à aucun moment, me confier son patronyme... Pffff...

« Altesse ! Par ici ! »

Les mots quittent à peine mes lèvres que je passe déjà à l'action. J'active l'une de mes griffes laser, dissimulées dans ma prothèse de main, sous mon gant. Elle perce le cuir épais, avant de trancher l'unique pied du manger debout. Le plateau en acier massif bascule, percute le sol. Une chute contrôlée qui nous offre un couvert limité, mais plus décent qu'un amas d'innocents paniqués. Il mesure un mètre cinquante de diamètre, il nous faut rester à genou derrière.

Une quatrième fléchette siffle. Elle s'enfiche dans le plateau, avec assez d'inertie pour le traverser. L'acier déformé laisse apparaître sa pointe, à quelques centimètres seulement du visage du souverain.

« On est fait comme des rats ! Le plateau ne va pas tenir longtemps ! J'imagine que lorsque vous parliez de liberté... Çà sous-entendait voyager sans une garde rapprochée armée jusqu'aux dents... »

Question rhétorique. Notre assassin pourrait se déplacer furtivement pour trouver un meilleur angle de tir. Nous devons agir.

« Il va bientôt devoir recharger, il faudra bouger à ce moment... »

Je sens le picotement d'une interrogation poindre dans l'esprit de son Altesse Royale. J'y réponds mécaniquement, comme si le flot de paroles suffisait à retarder inévitable.

« Fléchettes Mandaloriennes. Y'en a dans tous les rayonnages du grand musée des Guerres Mandaloriennes à Isis, sur Ondéron. Les bracelets qui les lancent peuvent en tirer cinq. Après il faut en réarmer cinq autres... »

Une hypothèse hâtive, et donc bien fragile. Ce matériel, vieux de plusieurs centaines d'années et donc devenu rare, est toujours prisé par les chasseurs de primes et autres assassins en raison de leur efficacité, discrétion et fiabilité. Mais beaucoup ont été modifiés au fil des décennies. Bidouillés, à de multiples reprises... Donc, en vérité, rien garanti mon propos.

Inhérente à toute hypothèse, il y a une marge d'erreur. L'art d'un bon détective, c'est justement de savoir la jauger... Et dans notre cas présent, lorsque l'on pose dans la balance le fait qu'une seule fléchette suffit à passer de vie à trépas, il dévient évident qu'il ne vaut mieux pas jouer naïvement au héros... Je continue de parler, pendant mes pensées s'assemblent, dopée par l'adrénaline :

« Nar Shaddaa, un havre de liberté et de neutralité alors ? Vous en êtes toujours aussi certain ? C'est aussi ici que se règlent les comptes, en dehors de toutes juridictions... »

Les pièces d'un puzzle encore flou s'imbriquent. Le Sith, ses mots. Ses félicitations barbantes dissimulaient une menace bien réelle. Je peste intérieurement. Pourquoi n'ai-je rien vu venir ?! J'ai cru lire sur le visage de mon interlocuteur l'agacement d'avoir été dérangé par un être d'un caste inférieure... Mais non, il s'agissait de surprise, de doute, les prémices d'une crainte d'être, à juste titre, pris pour cible. Un jeu de pouvoir en cours dans les sphères impériales ? Ce ne serait pas la première fois...

« Lorsque vos amis vous envoient leurs félicitations, il ne font pas dans la dentelle... »

Un bourdonnement attire mon attention. Celui des énormes moteurs du fonceur de Prweesh qui, parfaitement étranger à ce qui se joue sur la plate-forme VIP, effectue des tours sous les hourras de la foule en délire. C'est notre porte de sortie.

« J'espère que vous n'avez pas peur du vide votre Altesse... »

Enfin la cinquième fléchette transperce le plateau. De part en part cette fois. Comme si notre agresseur venait d'ajuster la puissance de son arme. C'est maintenant ou jamais... Je désigne d'un geste de la main le fonceur qui se rapproche rapidement.

« Si on saute à mon top, on atterrira dessus... Et ensuite... »


Aucune idée. Chaque chose en son temps. L'urgence, c'est d'échapper à la ligne de mire de l'assasin.

« On a quatre chances sur dix d'y parvenir à vue de nez. J'ai tenté bien pire, et suis toujours là... C'est plutôt un bon taux, même, compte tenu des circonstances... Prêt ? »
Darth Yrlion
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La plate-forme était lamproie à la panique. Les gardes totalement submergés commençaient à se faire malmener par certains VIP qui ne cherchaient qu’une seule chose après avoir vu deux des leurs tomber. Fuir.

Après la mort de la deuxième victime, Valtus s’était mis à terre par réflexe mais il restait à découvert. Le moment n’était pas encore propice à la riposte. S’il ne bougeait pas rapidement, il subirait le même sort assurément. A travers la Force, il percevait toujours cette même perturbation, mais il lui était impossible de localiser avec précision la position de l’assassin invisible à tous.


 « Altesse ! Par ici! »

Sans plus attendre et sans plus de réflexion, Valtus roula son corps sur le côté en direction de Garabaldi. Alors qu’il était en train de se stabiliser, il tomba nez à nez avec ses griffes lasers qui tranchèrent en un instant le pied du mange-debout. L’abri était de fortune et temporaire mais efficace. Se redressant légèrement sur un genou tandis qu’il s’appuyait sur l’autre, le Sith perçu soudainement la connexion que le pseudo serveur avait à la Force. La fléchette qui venait de perforer la plaque de métal à quelques centimètres seulement de son visage anéanti toute forme d’interrogation…

 « Une garde rapprochée ? En voilà une idée… !! »

Peu importe où ils allaient se déplacer sur la plate-forme, si l’assassin était bien du genre que Valtus imaginait il les suivraient à la trace. La foule avait cette fois décidé d’en finir avec la pseudo ligne de sécurité formée par les gardes. Un VIP un peu plus imposant que la moyenne poussa violemment l’un d’eux pour dégager le passage. Le garde au sol et cette brèche ouverte, il n’en fallait pas plus pour que cela sonne le départ. Tous les VIP commencèrent alors à se précipiter vers les nacelles d’apparats, sorte de balcons flottants qui pouvaient se détacher de la plate-forme pour s’éloigner tout au plus d’une vingtaine de mètres. Ce n’était pas des capsules de sauvetages en bonne et due forme, mais en la circonstance il s’agissait du seul moyen d’être en sécurité.

 « C’est ce que je pensais aussi… Mais il y a des règles et ceux qui les enfreignent devrons en répondre… »

Pour Valtus, il était évident à présent que Darth Terhliss était derrière tout cela. Ce qu’il venait de dire était vrai. Ils y avaient des règles à respecter et elle venait de les enfreindre. Il ne pouvait dire si Roan était l’assassin qui se drapait d’invisibilité, il ne percevait plus son aura et il n’arrivait pas à percer non plus le voile entourant la position de l’assassin.

 « J’espère que vous n’avez pas peur du vide votre Altesse... »

Il comprit où Garibaldi voulait en venir seulement lorsqu’il aperçu dans un des écrans alors dans son champs de vision, l’image du fonceur de Prweesh en train de s’approcher de plus en plus de la plate-forme. L’idée est audacieuse, voir suicidaire mais c’est leur seule chance.

La cinquième fléchette perfore à son tour le plateau derrière lequel ils s’abritent. C’est le moment. Valtus se releva rapidement et commença à sprinter en direction de la balustrade. La Force lui permettait d’ajuster avec précision son allure et de déterminer parfaitement le point de saut pour qu’il retombe au bon moment sur l’engin.

Le saut ne dura qu’un instant. Un heureux hasard avait fait que Prweesh ralentit ses moteurs au bon moment, pour se faire acclamer par ses riches supporters, ce qui permis à l’un et à l’autre d’atterrir sur l’aile droite du fonceur. Non sans difficulté… Il n’avait pas vu comment Garibaldi s’en était tiré mais au moment de percuter la carlingue du fonceur, Valtus roula malgré lui sur l’aile gauche et dû tendre ses mains en direction de la carrosserie, comme pour se saisir d’elle. Immédiatement, la Force noua des liens invisibles entre la carrosserie et lui ce qui lui permis de ne pas être éjecté de l’appareil. Il lui fallait déployer un effort considérable pour se maintenir ainsi. Même à travers la Force, les liens tiraient dans les muscles de ses bras, de son abdomen et de tout son corps.

Déjà les insultes, les aboiements de réprimande et d’incompréhension de Prweesh se faisaient entendre à l’intérieur de son cockpit. Il venait à nouveau de ralentir tout en cherchant à voir ce qui se passait sur son appareil.
 
Gary Kovani
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Dans la vie, il y a deux types de personnes : Celles qui comptent jusqu'à trois avant de s'élancer... Et les autres, qui se jettent dans le vide sans un mot.

J'échange un regard, un signe de tête imperceptible. Dans ces pupilles où brillent tout sauf la peur d'y laisser la vie, je devine que mes intentions trouvent de l'écho. En silence donc, à peine la cinquième fléchette tirée, il se relève pour sprinter en direction de la balustrade. J'ai juste le temps de pousser un râle rauque : un cri d'alerte qui s'étouffe dans ma gorge et meurt au bord de mes lèvres. Peste ! Je bondis pour le rattraper ! Cet aristocrate court à une mort certaine ! Jamais il ne...

Soudain une vibration dans la Force aspire ma conscience, dissous mes jérémiades intérieures. La stupéfaction sape ma concentration. Je perds le fil de mes pensées, mon ultime foulée échappe à mon contrôle... Je perds l'équilibre alors que je prends appuis sur la balustrade pour me jeter dans le vide. Un terrible frisson me hérisse l'échine. Je bascule, devenu le pantin d'une gravite à laquelle je ne me peux me soustraire. Chute libre.

J'agite les bras, les jambes. Par chance, ou parce que la Force elle-même a pitié de moi, je retombe lourdement sur l'aile du fonceur. Sans grâce aucune. Ma ceinture abdominale s'écrase sur l'acier couvert d'une fine pellicule de givre persistante des cabrioles dans la haute atmosphère. Le choc m'arrache l'air des poumons. Mes doigts cherchent frénétiquement une prise. Je glisse, impuissant. Merde ! J'active mes griffes. Les lasers couleur de l'aurore s'enfoncent dans l'acier comme un couteau dans du beurre. Ils tracent rapidement des sillons rougeoyants alors que je continue mon inexorable descente vers les enfers vertigineuses de la Lune des Contrebandiers.

Je n'ai plus le choix. Je ferme les yeux. Ma conscience s'échappe de mon corps. La seconde suivante, je suis ici et ailleurs, partout à la fois. Je projette toute ma volonté sur les commandes du fonceurs. Je presse dessus, avec l’énergie du désespoir. Le rodien vocifère, insulte ses passagers clandestins, avant de réaliser qu'il fonce droit vers un immeuble. Alors ses cris se muent en hurlements de terreur. Il tire de toutes ses forces sur le manche, mais rien ne saurait, alors, s'opposer à ma volonté d'échapper à une mort certaine.

Je beugle aussitôt, pour couvrir le hurlement du vent et les cris de détresse du pilote :

« A trois, on saute ! »

J'inspire un grand coup...

« Trois ! »

Je rétracte mes griffes, lâche tout. La seconde suivante la fonceur de Prweesh s'écrase contre la façade de l'immeuble. Le cockpit traverse les épaisses vitres de transparacier qui explosent en milles morceaux. Les ailes sont sectionnées, arrachée dans une gerbe d'étincelles surréalistes par les poutrelles structurelles qui encadre la baie vitrée éventrée. L'inertie nous catapulte à l'intérieur de l'édifice, dans le sillage chaotique du bolide agonisant. Mon épaule frappe durement le sol jonché de débris, je termine ma course en un roulé-boulé difficilement contrôlable. Fort heureusement, une fois de plus, la Force m'offre un soutient indéfectible. Je ralentis ma chute, mes acrobaties involontaires. J'achève ma course folle sur le ventre, la tête protégée entre mes avants bras lardés de fines cicatrices et d'hématomes en devenir. Je suis sonné, le gorge sèche, l'esprit embrumé. Mais je suis en vie. C'est tout ce qui compte.

Je me redresse enfin. Sur un genou d'abord, puis debout fébrilement. Autour de nous s'étend un open-space. Des bureaux anonymes alignés, couvert d'assez de poussière pour nous laisser comprendre que cette étage est abandonné depuis quelques mois déjà. Sur Nar Shaddaa, tout peut naître et disparaître en un claquement de doigts, les personnes physiques comme les personnes morales. Au moins je n'ai à me reprocher que quelques dégâts matériels... Je n'ose imaginer la scène si ces bureaux avaient été noirs de monde.

Je cherche le Roi du regard. Ma vision est encore trouble. Une pensée effleure mon esprit : finalement je me suis trompé. Il n'y a pas deux sortes de personnes, mais trois : ceux qui comptent à trois, ceux qui s'élancent sans compter... Et ceux qui sautent direct au « trois ». Malgré moi je laisse échapper un sourire amusé. Ma lèvre inférieure entaillée dessine une traînée carmine sur mes dents.

« On s'en sort pas si mal ! »

Instinctivement, je tends le cou pour tenter d'observer la plate-forme récréative. Elle n'est pas visible de ma position, il faudrait que je me rapproche de l'ouverture béante dans la façade. Mais je ne veux prendre aucun risque, le tireur pourrait déjà pointer son arme dans notre direction. Dehors, les brouhahas de la foule surexcitée par l'accident rebondit en une multitude d'échos assourdissants.

« Je ne sais pas si vous aviez prévu quelque chose... Mais je propose qu'on termine la soirée ailleurs. Y'a quelques bars sympa un peu plus bas, assez fréquentés pour se noyer dans la foule, et assez mal famés pour qu'on ne nous remarque pas avec nos gueules de rescapés... Le temps que votre poursuivant abandonne et passe à autre chose.

Et puis, j'ai encore jamais pris un verre avec un Sith. C'est maintenant ou jamais. Qu'en dites-vous ? »


Les pièces du puzzle forment enfin une image lisible. Roi de Sigil, Espace Impérial. Seigneur. Un Sith. Je l'observe, soudain plus sérieux. Je pourrais sortir mon sabre et continuer le combat ancestral qui oppose les membres de nos ordres respectifs. Mais à quoi bon ? Sur Nar Shaddaa, les règles sont édictées pour être enfreintes.

Au même instant, un sifflement pneumatique suraiguë accompagne l'ouverture d'urgence du cockpit du fonceur. Un rodien vert de rage s'en extrait, vociférant et gesticulant. Il exhibe un petit pistolet blaster qu'il pointe dans notre direction en nous injuriant.

« C'est le moment de déguerpir ! Je me suis fait assez tiré dessus pour aujourd'hui ! »
Darth Yrlion
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Dans le panache de fumées et des poussières, le corps de Valtus criait de toute part. Après s’être dégagé de l’appareil et avoir plus ou moins bien amorti sa chute, le Sith avait rebondi d’abord sur le sol puis sur une cloison de mauvaise facture qui se déchira face à la puissance de l’impact. Ses réflexes conditionnés par des années d’entraînement lui commandèrent de s’envelopper d’une barrière de Force pour se protéger, mais le temps trop court ne lui permis pas de constituer une barrière assez épaisse pour amortir complètement la chute.

Immobile, Valtus resta là, conscient de sa propre douleur, à attendre que son corps veuille bien répondre à ses ordres. Le simple fait de respirer était une épreuve à elle seule. Si le Côté obscur de la Force permet acquérir de nombres facultés considérées a bien des égards comme contraire à la nature, il n’en demeure pas moins soumis à certaines limites dont il est impossible de s’affranchir. Valtus venait à nouveau d’en faire l’expérience.

Lentement, le monarque réussi à basculer sur le côté gauche. Pliant d’abord sa jambe, il réussit à se relever finalement en prenant appui sur son genou et son coude. Les muscles de son cou sont tellement tendus qu’il en éprouve de terribles vertiges.


 // Par le Grand Concepteur ! Mais que vient-il de se passer !! Mes chers spectateurs et vous tous qui suivez avec moi cette course en direct.. Vous l’avez vu comme moi ! Le fonceur de notre grand vainqueur semble avoir été percuté par quelque chose… Vu l’avez vu aussi ! Il a perdu le contrôle de son appareil et s’est écrasé dans en plein de cet immeuble !! Haha ! Je ne voudrait pas être à la place du propriétaire, ni encore moins du personnels de ménage !! Haha ! HAHA ! //

Valtus tenait  suffisamment sur ses deux jambes pour se rapprocher du bord de la plaie béante qui ouvrait sur l’espace urbain de Nar Shaada.

 « On s’en sort pas si mal ! »

Même si cela ne dura qu’un instant, de là où il se trouvait, il pouvait voir la plate-forme en train de virer de bord et entamer un virage vers la gauche, en direction de son complexe d’amarrage. Deux nacelles de sécurité s’orientaient autour d’elle, l’une pour l’escorter et l’autre pour s’y amarrer. Alors que ses esprits et ses sens revenaient progressivement, Valtus ne percevait plus de menace dans la Force… du moins, il ne percevait plus le trouble que l’assaillant avait provoqué. Cependant…

Une fraction de seconde avant que l’ouverture d’urgence du cockpit du fonceur ne s’ouvre, le Sith perçu à nouveau quelque chose dans la Force. D’un geste presque imperceptible à l’œil nu, il dégaina son sabre-laser. Une arme à l’aspect simple mais aux finissions raffinées exhibant une lame à l’aspect doré, couleur caractéristique des cristaux sigils. Une arme royale qui était prête à être utilisée…

Aussi, il poussa presque un soupire de soulagement lorsque cette menace dans la Force trouva sa forme en la personne du pilote du fonceur qui tenait fermement et avec assurance son blaster. Une arme qu’il avait l’habitude de manier apparemment. Mais malgré cette assurance affichée, il ne représentait en vérité aucune menace. Valtus était presque rassuré...

Lorsque les yeux étoilés de Prweesh virent la lame su sabre-laser, le Rodien hésita aussitôt, son bras commença à se fléchir et sa respiration à se couper. Du soulagement, le Sith passa à l’agacement voir à l’exaspération de se voir menacer à nouveau et par si faible partie. D’autant plus que le Prweesh commençait à se confondre en justifications, en excuses et en invectives diverses.


 « C’est le moment de déguerpir ! Je me suis fait assez tiré dessus pour aujourd’hui ! »

 « Alors finissons s’en... »

Le regard sombre de Valtus ne laissait aucun doute sur l’avenir à court terme du Rodien. Mais pour Valtus, un adversaire de si peu de valeur n’était même pas digne de recevoir la mort de sa main. Il désactiva son sabre et le remis à l’intérieur de son manteau déchiré et roussi à plusieurs endroits. Tout en se détournant de Prweesh et par un geste méprisant, Valtus arracha le blaster des mains du Rodien avec la Force. C’était lui à présent qui était en joug par sa propre arme qui était en train de flotter juste en face de sa tête. La seconde d’après, le blaster virevoltait et venait frapper son propriétaire sur l’arrière de la tête et l’assommer. Le baster retomba au sol en même temps que Prweesh.

Cette fois, Valtus s’attardait sur Garibaldi. Pendant un instant, il avait pensé qu’il faisait partie du complot d’une manière ou d’une autre et qu’il était lié à Roan. Mais à présent que tous avaient fait tomber les masques, le monarque pouvait la sentir… la Lumière et cette douce, cette apaisante et étouffante présence émanant de ses fidèles serviteurs.


 « Personnellement, j’ai assez donné pour ce qui est des bars, des réceptions et … des serveurs. »

Une nouvelle perturbation se fit sentir dans la Force. Mais cette fois, elle ne semblait pas indiquer une menace. Il y eu d’abord un vrombissement, puis un mouvement d’air qui balaya fumées et poussières vers l’intérieur de l’open-space. Une navette se montra alors, avec sa rampe d’embarquement déployée. La coque était noire, ses courbes rectilignes et ses ailes rectangulaires, le design courant d’un transport impérial.

La rampe ne toucha même pas le sol qu’une dizaine de soldats en armes envahirent l’endroit pour se positionner autour du Jedi. Chaque soldat portait le même équipement renforcé, du plastron au casque en passant par les jambières. Tous portaient se même vêtement noir en dessous et qui rappelait par certain aspects une tenue de Sith ou même de Jedi. Le casque dissimulait la plus grande partie du visage à l’exception des yeux. Tous tenaient en main le même fusil-blaster de manufacture impériale et tous portaient le même modèle de sabre-laser maintenue par un holster directement implanté dans le renfort de leur jambe droite ou gauche.

Souhaitant taquiner un peu le Jedi et pour son propre amusement, Valtus laissa quelques instant ses gardes faire leur office avant qu’il n’intervienne.


 « Baisser vos armes. Ce Jedi n’est pas une menace .»

Les gardes obéirent, même s’ils mirent quelques longues secondes. Une des gardes, une femme a en croire les courbes de ses vêtements, s’approcha de Valtus. Les traits rouges sur l’arrière de son plastron indiquait vraisemblablement qu’il s’agissait de la capitaine.

 « Mon seigneur, vous semblez blesser ! Nous sommes parti aussitôt que nous avons reçu votre signal, mais visiblement pas encore assez rapidement... »

 « Je vais bien, Ilorna… du moins rien d’insurmontable. Partons d’ici, immédiatement, certains ont décidés d’attirer trop l’attention… Nous retournons à la résidence. Je veux que le niveau de sécurité soit à son maximum. »

Il s’adressa aussitôt au Jedi.

 « C’est vous qui parliez de garde rapprochée… »

Il accompagna cela d’un petit clin d’oeil malicieux à l’attention de celui qui, il y a quelques minutes encore, se présentait comme un serveur.

 «A vos ordres, mon seigneur. Devons nous laisser le Jedi… libre de partir ? »

La question trahissait non seulement une certaine surprise mais aussi le fait que ses hommes et elle étaient parfaitement à l’aise avec l’idée d’une réponse négative...

 « Allons, Capitaine… Il y a des règles sur Nar Shaddaa… et puis… bien que cela me coûte de le dire… le Jedi a mérité le droit de vivre… aujourd’hui. »

Alors à une certaine distance de Garibaldi, Valtus fit quelques pas pour se rapprocher.

 « En d’autres circonstances, l’un de nous deux aurait déjà cessé de vivre. Mais comme dit, il y a des règles et… li ne me semble pas du tout opportun de les enfreindre… Vous êtes libre de partir où bon vous semble…

Cependant, moi non plus… je n’ai jamais pris un verre avec un Jedi… Considérez que ce n’est pas le seigneur Sith, mais le roi de Sigil qui vous offre l’hospitalité. Montez à bord de cette navette ou bien rejoignez moi plus tard, trouver ma résidence ne devrait pas être un problème pour vous, ou bien faite ce que bon vous semble…


Valtus donna alors l’ordre à sa garde personnelle de se replier avant de lui même monter à bord pour s’en retourner chez lui.
Gary Kovani
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J'ouvre la bouche. Mais aucun son n'accepte de passer la barrière immatérielle de mes lèvres crispées par l'hésitation. Un nestor a dit un jour : « Le courage croît en osant, la peur en hésitant ». Est-ce la peur qui retient ma décision ? La crainte d'accepter une proposition qui pourrait s'avérer fatale... Ou, au contraire, la lâcheté que m'inspire l'envie irrépressible de fuir tant que j'en ai le loisir ?

Je dévisage le souverain comme si je le découvrais pour la première fois. Son froid charisme, son attitude désinvolte dissimule en réalité un prédateur mortel. Un maître des arts obscurs, très certainement fin bretteur. Un être face à qui je ne peux qu'avouer mon impuissance. Mais j'hésite. Et si j'avais vu juste depuis le début : si cet homme était bel et bien le vampire que je recherche ? Que faire ? Le suivre pour en apprendre le plus possible, au risque d'y laisser ma vie ? Ou bien m'éloigner au plus vite, et laisser à l'ombre et l'ignorance les méfaits de ce dangereux assassin ?

Les questions s’entrechoquent, se culbutent. Des premières naissent une multitude qui s'articulent en ramifications telles les branches noueuses d'un arbre centenaire. Je ne peux nullement me fier à mes impressions, ni aux apparences. Les Sith sont des parangon de l'imposture. Une fois de plus, il agite l'épouvantail de la Neutralité. Comme si cette règle artificielle pouvait, à elle-seule, déjouer l'ordre naturel des choses : l'éternel combat qui oppose les adorateurs des ténèbres aux lumineux gardiens de la Force. Y croit-il vraiment ? Rien dans son attitude ou sa gestuelle me fait craindre un mensonge. Et pourtant j'hésite, faute d'une confiance suffisante pour lui répondre aussi simplement par la positive.

C'est dans l’œil du tumulte, pourtant, que le calme prend toute sa substance. J'étais prêt à passer le reste de la soirée en sa compagnie, autour d'un verre. Avec cette légèreté qui m'aura valu bien des remontrances. Une proposition similaire, oui, mais dans un lieu public, où il serait possible de s'esquiver au moindre doute. J'hésite toujours. Si la Force a décidé de mêler nos destins, c'est qu'elle a un plan pour nous. Quel qu’il soit. Et seul un fou tenterait de résister à l'inéluctable. Aussi je réponds enfin, la mine grave, l’œil sérieux :

« Je... »

Un sifflement m’interrompt. La suite de la phrase meurt dans ma gorge en un gargouillis inintelligible alors que je me jette précipitamment au sol. La garde rapprochée du Seigneur Sith, rassemblée sur la rampe pour embarquer, offre une cible parfaite à qui voudrait achever ce qui a été commencé.

La première fléchette se plante dans le tissu sombre à la jointure entre le plastron et le casque impersonnel. L'homme s’effondre, rapidement suivi par un autre, avant que la troupe d'élite n'ait le temps de réagir, handicapée par le peu de mobilité que lui permet l'étroite rampe de la navette. Je roule de coté. Quatre silhouettes descendent en rappel de la façade fracturée. Elle atterrissent lourdement sur le sol jonché de débris. Aussitôt deux d'entre-elle activent des sabres à la lame rouge-sang. Les deux autres, équipés de morceaux bigarrés d'antiques armures de facture Mandalorienne, se mettent à couvert derrière des cloisons éventrées. Le plus imposant tire deux nouvelles fléchettes. Le nombre joue contre les assaillants, mais l'effet de surprise a permis de réduire drastiquement l'inéquation.

Alors, contre toute attente, je me décide à prendre part aux hostilités. Le jeu mortel auquel j'assiste ne me concerne en rien... Mais la noirceur sans bornes qui se dégage des deux silhouettes patibulaires armées de sabres ne m'inspire que du dégoût. Mon corps, tout comme mon esprit, se refusent à fuir.

Mes deux paumes se pressent contre le sol de permabéton brut. Yeux mi-clos, je laisse la force refluer en moi. Et relâche la pression accumulée. Une puissante vague télékinétique projette les poussières et les petits débris dans les airs. Un brouillard opaque nous enrobe de son écrin suffoquant, mais protecteur. Nos silhouettes se dérobent aux lignes de mire. Les lueurs rougeoyantes donnent à la scène un surréalisme digne d'un holofim horrifique. Des halos qui jouent avec les particules en suspensions, assez légère pour refuser d'être commandées par la sempiternelle gravité.

Je me déplace aussitôt. Ventre contre sol, à quatre pattes pour rester bien au dessous des quelques tirs surpris lancés au hasard. Je me plaque contre la carcasse d'un bureau... Et je me laisse disparaître. Je n'ai jamais été un maître de l'illusion. La plupart des ombres maîtrise à la perfection l'art de se dissimuler derrière le Voile. Ce n'est pas mon cas. Mais j'ai un autre talent : celui de retenir la flamme qui m'anime avec tant d'intensité que je deviens aussi inerte, au yeux d'un adepte de la Force, qu'une masse inanimée. Je reste ainsi, parfaitement immobile. Mais prêt à bondir sur ma proie.

Une vibration dans la Force m'indique qu'elle approche. Ma cible. Mise en travers de mon chemin par mon intuition : l'infériorité numérique de nos assaillants les poussent à nous encercler. Ils profitent du brouillard pour contourner la pente de la navette. Une botte passe à quelques centimètres de mon visage. Aussitôt, je tend le bras, comme pour frapper d'un direct cette chevilles en mouvement. Mais, au dernier moment, alors que le poing fermé de ma prothèse n'est qu'à dix centimètres de l'articulation, j'active mes griffes. Les lasers fusent, transperce la chair, sectionnent net le tendon d’Achille. Je les éteins aussitôt.

La masse sombre s'écrase au sol. Trop surprise pour émettre le moindre son. Je glisse à son coté, avec la célérité et la discrétion d'un arachnide. La seconde suivante, ma lame disloque les tendons du poignet crispé sur la crosse d'un pistolet blaster. L'impudent lâche son arme. Enfin, alors que mon visage n'est qu'à quelques centimètres du sien, je lève ma seconde main. Elle s'écrase sur sa bouche, lui interdisant de crier. Nos regards se croisent. Ses iris dardent de colère. Une terrible haine au coté de laquelle la peur n'a plus sa place. Je place ma prothèse devant son visage... Et pour la dernière fois active ma lame et la rééteins aussitôt :

Le laser pénètre sa boite crânienne, par l'arcade, juste au dessus de son œil gauche. Son expression change de tout au tout. Ses pupilles ne renvoient plus qu'un éclat vide. Une lobotomie laser. Avec une précision chirurgicale, je viens de cramer les connexions de son lobe frontal avec le reste de son cerveau. Un filet de bave perle à ses lèvres entrouvertes. Je recule alors, abandonnant le chasseur devenu légume à son sort...

J'ai l'habitude de dire que, lorqu'approche l'heure de notre trépas, ceux qui nous entourent deviennent le miroir de nos propres actes. Les gens honnêtes et bons attirent la sympathie... Tandis que les plus mauvais subissent les conséquence d'une vie de méfaits. Sera-t-il secouru par ses « amis » ? Ou laissé pour mort dans ces décombres ? J'opte pour la seconde solution. Son corps devenu la prison de son esprit lui offrira peut-être le temps nécessaire pour méditer et se repentir de ses crimes, avant que la déshydratation achève enfin son tourment...

Pendant ce temps, le combat continue, intense.
Darth Yrlion
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La relative sécurité que Valtus pensait avoir trouvé avec l’arrivée de sa garde personnelle se déroba bien trop vite à son goût. Le temps sembla se figer à nouveau quelques instants avant que ses eux gardes ne soient vilement abattus par ces mêmes armes dont Garibaldi et lui furent la cible sur la plate-forme de plaisance… Valuts n’en avait jamais vu de pareil et si le Jedi disait vrai à propos de leurs origines mandaloriennes, il saurait à qui d’adresser pour en savoir d’avantage.

Sa garde venait de quitter la rampe d’embarquement et de se disperser pour prendre une position défensive autour de celle-ci, en usant des débris ici et là. La capitaine de la garde donnait des ordres en une langue inconnue. Des mots courts, un ton martial et des gestes précis qui ne laissaient place à aucune interprétation possible. Par réflexe dû à sa tâche, elle avait saisi Valtus par le bras pour le pousser avec vigueur à l’intérieur de la navette pour le mettre à l’abri et avait remplacé son fusil-blaster par son sabre-laser, lui aussi à lame dorée. Un autre garde était resté avec elle pour doubler la protection du souverain, lui aussi brandissait un sabre-laser.


 « Mon seigneur, vous devez partir, vous serez plus en sécurité à la résidence avec le reste de la garde ! »

Le ton d’Ilorna ne semblait véritablement pas donné le choix à Valtus que de s’exécuter. Dans la masse de poussières en suspension, il était difficile de voir autre chose que les traits rougeâtres des armes d’assauts qui fusaient de toutes parts. Valtus observait à la recherche du Jedi… mais sans succès. Il ne sentait plus sa présence dans la Force… mais il ne sentait pas non plus sa mort.

Le combat venait de s’engager sur le flanc droit qui était couvert par deux gardes de Valtus. Par manque de réactivité ou part simple concourt de circonstance, il n’eut pas le temps de se saisir de son sabre-laser pour contrer la manœuvre d’attaque de son adversaire qui attaqua subitement en surgissant du panache de poussière. Sa tête roula au sol en un instant.

Sur le flanc gauche, un des gardes avait l’un des assaillants en ligne de mire. Il n’avait qu’une seule opportunité à la faveur d’un passage où le nuage de poussière était temporairement moins dense. Le viseur de son fusil-blaster bien dans l’axe, il tira tout droit dans la tête. Le tir était parfait, d’un grande précision et porteur de mort à coup sûr… Mais il n’en fut rien. La décharge de plasma avait bien atteint la cible mais elle avait aussitôt rebondi et déviée de trajectoire en allant calciner le mur non loin de là. Le seul désagrément que subit le guerrier ennemi fut la puissance du tir qui fit basculer légèrement sa tête sur le côté.


//Leurs armures dévient les tirs de blasters… je répéte… leurs armures dévient les tirs de blasters. //

L’information venait d’être transmise via la liaison sécurisée qui reliait tous les membres de la garde.

De là où il était, Valtus sentait la colère et la frustration monter en lui. Il se faisait attaquer en terrain neutre, par un adversaire préparé visiblement, lui un Seigneur des Sith, un roi, un dignitaire impérial… Comment osait-elle !

La position centrale était le théâtre d’un duel à trois. Les deux gardes royaux de Valtus affrontaient le dernier guerrier identifié. Les reflets dorés et rouges des lames qui s’entrechoquaient à travers le nuage de poussière donnaient une ambiance particulière et un spectacle de jeux de lumière fascinant. Le combat était rude… les trois combattants étaient de toute évidence très bien entraîné. Les deux gardes savaient se battre en coopération. Ils coordonnaient leurs attaquent et leurs mouvements à la perfection. L’un deux pensa réussir à porter le coup fatal à leur adversaire, mais avec le même étonnement que son frère d’arme il constata que l’armure stoppait également les sabre-lasers. Un effet de surprise qui ne profita pas au guerrier cependant. Toujours en coordination, les deux gardes usèrent des pouvoirs de la Force pour le déstabiliser, lui faire perdre un instant l’équilibre en le frappant à la jointure du genou et dans un mouvement de retour de sabre le décapiter.

En dépit de leur préparation et de l’effet de surprise le vent était en train de tourner pour les deux assaillants restant. Ils avaient sous-estimer la garde personnelle de Valtus et l’un d’eux avaient mystérieusement disparut au début de l’assaut. Ils paieraient sûrement très cher leur échec… mais la retraite était néanmoins envisageable d’autant plus que le nuage de poussière commençait à perdre en épaisseur. Ils seraient bientôt à découvert. Leur meilleur option était de se replier au fond de l’openspace pour atteindre le turbolift qui les conduiraient dans les étages inférieurs. C’était le plan de repli prévu… Mais il fallait faire vite !

Il donna alors l’ordre de repli par télépathie à l’autre guerrier, mais il ne se passa rien en retour. Pas de confirmation de sa part comme cela était prévu. Les tirs de blasters continuait cependant de filer ici et là sur la gauche. Le décor devenant de plus en plus visible, il n’avait plus le temps d’hésiter ou d’attendre.

C’était le plan…


 « Mon seigneur, j’insiste ! »

Valtus lui objecta un regard froid et réprobateur. Pour lui la retraite n’était pas une option acceptable et enviable en la circonstance. La capitaine n’insista pas et se prépara à ce qu’elle savait qu’il adviendrait.

Marchant vers les combats, Valtus quitta la rampe d’embarquement et s’arrêta au bout de quelques pas. Il appela la Force à lui pour que le nuage de poussière ce dissipe rapidement à la grâce de vents mystérieusement orientés.


 « Assez ! »

Le mot raisonna aux proches alentours avec la gravité et la réverbération d’une petite explosion.

 « Où est votre honneur ?! Vous qui osez m’attaquer ! Venez m’affronter directement ! »

L’activation de son sabre-laser vint conclure son appel. Les tirs de blasters se turent. Tout le monde était bien en vue de tout le monde. Valtus se tenait en garde non pas à la manière d’un guerrier mais d’un aristocrate d’apprêtant à s’adonner à un sport noble, la tête et le torse haut.

L’assassin qui s’apprêtait à fuir hésita un instant. L’occasion était trop belle. Alors que la situation était critique la seconde d’avant, leur cible lui offrait un potentiel retournement de situation qu’il comptait bien mettre à profit. Sans rien dire, il quitta donc sa position et lâcha son fusil d’assaut contre son sabre-laser écarlate. L’autre assassin fit de même tandis que les gardes de Valtus les laissaient passer.


 « Bien… vous n’êtes peut être pas tant que ça de la chaire à Bantha finalement...

L’un des assaillants répondit en décrivant des petits coups vif avec son sabre témoignant ainsi de son impatience à se battre.

 « Votre tête me vaudra une récompense… royale ! Mon… Sei...gneur…!

Le combat commença alors. Valtus se battait contre deux adversaires, ce n’était pas la première fois mais il n’était pas rompu à ce genre d’exercice. Pour le moment, il se contentait d’esquiver leurs assauts. Les lames rouges et dorées s’entrechoquaient. La technique de Valtus consistant a contrer les coups d’un adversaire à la fois en tenant l’autre à distance grâce à des poussées de Force. Une technique qui semblait agacer de plus en plus les deux assassins vu son efficacité.

Le style de combat des deux guerriers étaient brutal, sans raffinement ni subtilité. Le poids de leur armures étaient aussi bien un avantage qu’un inconvénient pour eux. Résistante à la lame d’un sabre-laser, l’armure semblait peser leur cependant ce qui pénalisait leur agilité et leurs déplacements. Valtus lui se déplaçait plus vite et possédait une meilleure dextérité. Au bout quelques minutes, les trois lames se rejoignirent en une gerbe incandescente. L’angle était parfait, la force des un et des autres étaient telles qu’elles s’équilibraient et se bloquaient. Le regard de Valtus était celui d’un combat en souffrance. Il haletait et c’était comme si son corps tremblait d’épuisement. Une chose que les deux assassins avaient remarqué au point de faire montre de plus de force physique pour le faire céder. Les gardes et leur capitaine restaient cependant en retrait, ils suivant en cela leurs ordres. Valtus rompit soudainement le silence tendu du combat.


 « J’espère que votre maître sera à la hauteur pour vous récompenser… Savez vous seulement qui vous combattez ? Et quelles forces vous venez de déchaîner ?! »

 « Darth Terhliss récompense toujours ceux qui lui obéisse… et nous n’avons rien à craindre d’un petit seigneur Sith qui peine à tenir un sabre-laser en main ! »

Le visage atteint de Valtus disparut alors pour laisser place à un sourire narquois.

 « Mais… je ne tiens rien en main... »

Les deux guerriers ne comprirent que lorsque Valtus fit deux pas en arrière, les bras le long de son corps… et pourtant son sabre-laser était toujours là flottant seul dans les airs, les lames toujours coller les unes contre les autres à se repousser avec la même force.

 « Comment ?! »

 « Un… petit seigneur Sith… disiez vous ? »

Le sourire narquois se dissipa alors et le regard du Sith devint sombre et satisfait. Le Côté obscur était avec lui à n’en pas douter, il affluait et rayonnait en lui de son aura ténébreuse. Les mains de Valtus bougèrent légèrement. Aussitôt une pression invisible et oppressante se saisit de la gorge de chacun des guerriers qui lachèrent leur sabre au bout de quelques instants. Leurs casques blindées laissaient s’évader des bruits de suffocations. Le sabre-laser de Valtus était toujours allumé mais se déplaça pour se ranger du côté droit de son maître.

La poigne de Force qui étranglait les assassins laissa place à une autre emprise mais cette fois qui s’étendait à tout le corps et qui les souleva. Les guerriers ne pouvaient plus bouger, toute tentative en se sens était veine. Faisant bouger ses doigts avec amusements, Valtus commanda à la Force de s’infiltrer dans les moindres partie de leur armures et de leurs combinaisons. Une à une, les pièces d’armures ternes qui leur donnait un si précieux avantage se détachèrent avec une facilité déconcertante. Leur casque se déchira pour chacun laissant ainsi leur visage contrit à découvert. D’une pensée, Valtus accentua la pression qui bloquait les corps flottant des ses adversaires. Chaque parcelle de leur être était comme comprimée, comme écrasée.

Valtus n’était certes pas le meilleur bretteur de l’Empire, mais il n’était pas en reste en ce qui concerne la manipulation de la Force. Il était en train de le démontrer à leur dépend.

A l’étreinte étouffante s’ajoutèrent quelques volées d’éclaires bleutés comme le Côté obscur savait en produire. Une fois… deux fois… trois fois la foudre les frappa ainsi. Valtus semblait insatiable de torture...


 « Therliss aurait dû venir en personne plutôt que m’envoyer ses rebus... »

Il était temps d’en finir… Après tout cela, Valtus espérait une chose… que ses deux victimes aient encore quelques force en eux. D’un geste de la main, le Sith les fit venir à lui. Il posa sans considération un main sur la tête de l’un et sur la tête de l’autre de manière à s’accaparer leur forces vitales. Le Côté obscur était à l’œuvre à travers Valtus qui ne faisait preuve d’aucune clémence ni d’aucune modération. L’essence vitale de chacun des guerriers était aspirée jusqu’à la moindre parcelle de vie qui pouvait subsister en eux.

Lorsque le processus fut accompli. La Force relâcha son étreinte d’eux et les deux corps dévitalisés et desséchés tombèrent comme deux poids morts qu’ils étaient. Valtus prit une grande et profonde inspiration… Ce la lui faisait toujours cet effet de profonde satisfaction lorsqu’il s’adonnait à cela. Il se sentait en forme, revigoré et presque euphorique à l’intérieur de lui… Après un instant cependant, il regarda autour de lui en quête du Jedi...
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Gary Kovani
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Adossé au cadavre éventré de ce qui fut jadis, peut-être quelques minutes plus tôt seulement, un bureau, je reste assis, silencieux, invisible aux yeux de ceux qui usent de la Force pour percer les épaisseurs vaporeuses de la nue poussiéreuse. L’air se charge rapidement de cette odeur azotée si indescriptible dégagée par l’énergie pure des tirs de blasters et des lames lasers. Un orage aux teintes carmines. Pareil à ces éclats tambourinant, en hautes atmosphère, qui déchirent les altostratus gonflés et noircis. Je baisse les yeux sur la silhouette immobile, prostrée à mon côté. Compagnon apathique. Le trou calciné laissé par ma griffe dans son arcane me happe l’attention, les pensées. L’acte, sorti du contexte de la fureur du combat, m’apparait alors barbare. Réduire ainsi, d’un seul geste, un être à l’état de légume seulement capable de baver en bredouillante des vocalises inintelligibles à peine audibles. Je soupire. Oui, mon geste peut sembler terriblement sadique. Mais partout, par celui, je lui sauve probablement la vie. De nos jours, ce genre de trépanation n’a rien d’irréversible : il suffit d’un implant cybernétique pour, artificiellement, recréer les liaisons synaptiques entre le lobe frontal et le reste du cerveau.

Pourtant je doute que ses amis tenteront quoi que ce soit pour l’exfiltrer. J’ai seulement abattu le couperet du destin qu’il s’est lui-même tracé. Les conséquences d’un karma chargé des salissures d’une vie d’assassin à la solde de maitres impitoyables... Une conclusion tragique écrit d’avance.

Alors que lentement, la poussière retombe, je laisse mes mains gantées glisser sur les restes cabossés de l’armure mandalorienne qui compose son équipement. D’un geste vif, je dégrafe une épaulette, et l’observe de plus prêt. J’ai lu des choses là-dessus. Les musées d’Ondéron en sont plein. Du Beskar. Un métal devenu introuvable, en théorie capable de stopper les tirs de blaster. Le vestige d’une époque qui resurgit encore, un fantôme du passé charriant le spectre de guerres depuis longtemps révolues. Certains s’y accrochent encore. Par nostalgie, ou par opportunisme : dans l’idée de profiter de l’aura mystique laissée par les armées mandalorienne dans l’inconscient galactique... De simples mercenaires n’auraient les moyens de se doter de pareil équipement. Impossible. Ceux-là répondent donc aux directives d’un puissant personnage.

D’un coup de mâchoire, j’arrache mon gant de simili-cuir. Ma peau nue, miel pâle, presque translucide, se pose sur le métal glacial. Un contact léger, fugace, de la pulpe de l’index seulement. Juste suffisant pour laisser dans mon esprit les stigmates acerbes d’une haine viscérale, créature d’une peur irrépressible. Celle d’imaginer la possibilité d’échouer cette mission. Un ultime assaut, baroud d’honneur, d’un petit nombre contre bien plus, uniquement dicté par le sempiternelle ratio bénéfice-risque. En résumé, celui-ci, comme ses acolytes certainement, craint bien plus la colère de son maitre qu’une mort plus que probable face à un Seigneur Sith escorté d’une garde royale. Des impressions qui confirment mes supputations.

Soudain un reflux violent dans les ondes déjà malmenée de la Force intercepte mes réflexions. Je relève la tête, sourcil levé. Au pied de la rampe déployée de la navette blindée, le Seigneur de Sigil absorbe l’énergie vital des deux assaillants à présent maitrisés. Ma respiration se bloque. Au travers de la Force ce que j’observe ne saurait être décrit avec des mots. Je secoue la tête lentement. Et dire que j’ai osé douter de mon instinct, de mes intuitions. Après toutes ces années, comment le puis-je encore.

Je me redresse alors. Droit comme un piquet. Sur la défensive bien que je ne laisse rien paraitre. Après un telle déferlante de violence débridée, la bête immonde pourrait ne plus savoir s’arrêter.

« C’était donc vous, dans le quartier de la Casse. »

Des mots qui fusent comme des accusations ne requérant nulle confirmation. Je recule d’un pas. Dans mon dos, à moins de dix mètres, les tubes vides des turbolifts abandonnés m’offre l’unique échappatoire si la situation devait dégénérer.

« Vous me voyez forcé, finalement, de décliner votre invitation. Je n’ai aucune honte à vous avouer ne pas être de taille à m’opposer à vos pouvoirs. Mais vous devriez être plus prudents à l’avenir. Même la neutralité de Nar Shaddaa ne saura vous protéger éternellement. Lorsque les miens sauront, ils n’hésiteront pas à vous attaquer à vue. Ici ou ailleurs. »

D’un geste du menton, sans quitter des yeux le souverain et son escorte, je désigne l’assassin trépané.

« Celui-ci vit encore. J’imagine que vous pourriez en tirer les informations nécessaires pour ourdir votre vengeance… »

Quelle irone quand on y pense. J’offre à l’un de nos pires ennemis un cadeau… Mais un cadeau qui pourrait conduire, d’une manière ou d’une autre, au trépas d’un puissant Sith. Je me suis souvent demandé pourquoi nos plus zélés chevaliers dépensent tant d’énergie à traquer et tuer des adorateurs de l’Obscur. Ils le font très bien eux-mêmes.

« Restons-en là si vous le voulez bien. Même si cette conclusion vient quelque peu ternir le tableau général, nos échanges auront agréables et intéressants. Vous n’êtes pas de la trempe de ces Sith qui se laissent gouverner par leurs pulsions morbides. J’ai senti la flamme de la raison en vous. Cette manière dont vous défendez ardemment les règles tacites entourant la présumée Neutralité de cette Lune le démontre. Je le respecte. Peut-être qu’un jour vous comprendrez que les ténèbres sont une voie sans issue. Qu’elles ne conduisent qu’à plus de violence et de combats tels que celui d’aujourd’hui. Peut-être qu’un jour l’étincelle que j’ai deviné en vous chassera votre colère et vous ramènera vers la lumière et la paix de l’esprit. »

Je recule encore d’un pas, toujours sur le qui-vive, mais les griffes sagement rangées. Mieux vaut être prudent, mais ne laisser aucun signe susceptible de faire de mon humble personne une menace fantasmée.
Darth Yrlion
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Il ne fallut pas longtemps pour que Garibaldi soit en vue. Valtus l’observait avec un regard avenant et agréable en voyant qu’il était entier. Pendant ce temps, le sabre-laser rouge du Sith qui flottait toujours dans les airs se désactiva et retourna s’attacher à son vêtement.

 « Haaa… Quelle journée ! Je vois que vous avez su vous en sortir. Un verre sera vraiment le bien venu après... »

Le ton enjoué et le verbe euphorique du Sith furent brutalement interrompu par le Jedi.

 « C’était donc vous dans le quartier de la Casse. »

Le regard de Valtus se figea alors tant il ne s’attendait pas à cette sortie. Ce qui était le plus surprenant pour le souverain en vérité n’était pas que sa présence dans le quartier mentionné et le destin funeste de son amant du moment aient été découvert. Non. Ce qui le surprenait le plus était qu’un Jedi ait été investi pour enquêter… Un endroit sordide, un gigolo parmi tant d’autres, le royaume du crime organisé… pourquoi cela intéresserai un Jedi ?

Un Jedi qui venait de décliner son invitation...

Ayant remarqué le pas en arrière que son interlocuteur avait fait, Valtus soupira à nouveau. Étant donné sa position, sa posture et la distance qui le séparait des turbolifts, le Sith avait compris ce que son adversaire séculaire avait en tête. Il n’y avait nul besoin de la Force pour le comprendre. Les gardes royaux de Valtus commençaient à se regrouper vers la navette qui attendait toujours en vol stationnaire à flanc de décombres. Ils ne tenaient pas le Jedi en joug, mais tous avaient les yeux fixés sur lui, n’attendant qu’un geste, une parole, un signe de leur roi. L’euphorie de la ponction se dissipant rapidement, le Sith retrouva une rigidité et ce ton glaçant dont il avait le secret.


 « L’invitation d’un roi, cela ne se refuse pas… Mais cela n’a rien de surprenant en vérité… Ce sont bien là les manières des Jedis. Incapable de faire la part des choses... »

Au delà du mépris qui accompagnait les paroles du Sith, c’est aussi une certaine déception qui pouvait s’entendre dans le ton qu’il adoptait. Après cela, Valtus croisa les bras derrière lui en écoutant le Jedi le mettre en garde contre une intervention inévitable de la part de ses confrères à son encontre. Semblant ne plus faire attention à ce qu’il disait, le sith remarqua alors que le bras flétri d’un des assassins touchait le bout de sa botte. D’un geste sec du pied, il le repoussa aussitôt. Garibaldi venait de finir de parler. Le Sith savait à présent qu’il s’agissait d’un nom d’emprunt. Avant de lui répondre, Valtus s’inclina légèrement comme pour lui témoigner du respect.

 « J’apprécie votre sollicitude, très cher. Aussi, permettez moi de vous rendre la pareil ou plutôt d’émettre une vive recommandation. Je sais que certains Jedis vénèrent la Lumière tout comme certains des miens vénèrent le Côté obscur.  Je ne sais pas quel est votre rapport à la Force en ce qui vous concerne mais… que ce soit vous ou vos camarades… priez !

Priez la Force pour que le jour où vous les vôtre décident follement de s’en prendre à moi, je sois enclin à faire preuve de clémence. Car si tel n’est pas le cas, ils comprendront à leur dépend ce qu’est la fureur du côte obscur… et même la Lumière ne saura les rappeler à elle pour préserver leur essence. »


L’étincelle qui brillait dans les yeux de Valtus confirmait le sérieux de ses propos. De son point de vue, il avait affronté bien plus coriace et plus puissant que des Jedis. Il se tourna alors vers la capitaine de sa garde.

 « Cette fois, il est temps de partir, capitaine. Mais essayons cependant de remettre un peu d’ordre par ici... »

Aussitôt, Ilorna donna des ordres. Un des gardes s’approcha des cadavres tandis que Valtus faisait un pas de côté pour lui laisser libre accès. Le garde dégaina alors une arme semblable à un blaster qu’il gardait dissimulé dans le pli de son vêtement. Il y eu comme un bref bruit de chargement puis le garde ouvrit le feu sur le cadavre qui se vaporisa en fines particules de poussières. L’arme se chargea à nouveau et le deuxième corps se vaporisa à son tour. Deux autres gardes dépassèrent la position du premier et sortirent d’un compartiment de leur armure un objet en forme d’oeuf. Après avoir enclenché le mécanisme, les objets se mirent à flotter dans les airs et à disperser une sorte de gaz grisâtre qui se propagea aux alentours. Il se dissipa aussitôt, à la manière de flammes qui disparaissent faute de combustible à brûler.

 « Le gaz n’est pas très agréable à respirer mais il n’est pas dangereux… Il ne s’attaque qu’aux particules d’énergies résiduelles communes aux blasters et aux résidus organiques qui subsistes après la désintégration... »

Après un geste Valtus, deux gardes s’affairèrent à aller chercher le corps du survivant et le rapatrier à l’intérieur de la navette. Le visage aux yeux révulsés de l’assassin passa devant Valtus. Il lui était totalement inconnu mais ce manque d’information n’était que temporaire...

 « Nous saurons prendre soin de lui… rassurez-vous... »

Tandis que le dernier gardes venaient de monter à bord de la navette, Valtus s’adressa une dernière fois au Jedi.

 « Vous avez bien des choses à apprendre, Jedi. Les Sith ne se résument pas à des fanatiques et des extrémistes qui entendent propager le Côté obscur par tous moyens dans la galaxie.

Vous ne semblez pas dénué d’intelligence. Peut être qu’un jour à votre tour, vous comprendrez… »


Tournant les talons pour emprunter la rampe d’accès, Valtus se tourna une ultime fois vers Garibaldi.

 « De la Lumière naît l’Obscurité… et … de l’Obscurité naît la Lumière. Je laisse cela à vos réflexions, Jedi. Adieu. »

Les vrombissements des moteurs souleva la navette qui s’envola rapidement dans les hauteurs de Nar Shaddaa…

Non loin de là, sur les contreforts supérieurs d’un immeuble en construction celui qui s’était présenté sous le nom de Roan Flox observait la navette prendre son envol à travers ses macrobinoculaires. Au fond de lui s’affrontait fureur et peur. Il s’était échappé de la plate-forme dès que les autorités avait activé le retour automatique sur son point d’encrage. C’est lui qui depuis sa position avait guidé les mercenaires pour qu’ils interviennent. Et… c’est lui qui avait échoué au final. Il devait maintenant se faire à l’idée d’affronter la colère de celle qui était encore son maître.

Depuis ces débuts en tant qu’apprenti, il se destinait à faire partie de ce corps très particulier des assassins Sith, des maîtres de la dissimulation et de la mise à mort. Des êtres que même les autres Sith regardaient d’un œil intimidé, parfois craintif et prenant toujours soin de ne pas trop s’approcher d’eux. De ce qu’il avait pu observer par lui même à l’Académie. Des êtres connus pour ne pas renoncer facilement et mettre tout en œuvre pour accomplir leur mission.

Aussi, s’il devait affronter la colère de Darth Therliss, il se devait d’avoir vraiment tout tenté...


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Dans son habit noir et gris, Ipas faisait les cent pas devant la grande arche d’accès à la plate-forme d’atterrissage. En plus de son attitude, les légères contractions de ses longues lekkus oranges de twi’lek démontrait combien il était nerveux. A ses côtés, M4-09 l’observait sans rien dire, de la manière la plus impassible qu’un médico-droïd puisse adopter.

 « Monsieur, mes senseurs indiquent un taux d’anxiété et de stress anormalement élevé. Souhaitez-vous que je vous administre un relaxant ? »

Tout en continuant de marcher inlassablement, Ipas fustigea le droïd d’un regard noir.

 « Je te conseille de rester loin de moi, droïd. Je vais parfaitement bien. »

 « Erreur. Votre sécrétion de cortisol indique que... »

Un grand courant d’air balaya alors la plate-forme coupant le droïd dans sa démonstration. Le vrombissement des moteurs de la navette qui venait d’apparaître faisait vibrer l’air. Derrière le twi’lek, l’arche s’ouvrit laissant quatre gardes royaux se joindre à eux et se mettre en position d’escorte devant la rampe d’accès qui était en train de s’abaisser. En voyant Valtus sortir en tête du transport, le twi’lek éprouvait un réel soulagement. Son maître était vivant ce qui voulait dire que son avenir était encore assuré. Dans le cas contraire, en tant qu’esclave, on aurait légitimement laissé le successeur de Valtus décider de son sort. La plus grande peur de Ipas étant de se retrouver à nouveau entre les mains de la « Compagnie » comme on l’appelait pudiquement, autrement dit l’organisation réglementant et organisant le commerce d’esclave au sein de l’Empire. Le pire endroit dans la galaxie…

Depuis qu’il était entré au service du roi de Sigil, le twi’lek ne se sentait plus vraiment esclave quand bien même il l’était toujours officiellement. Il travaillait dur et montrait de réelles qualités et dons dans ses tâches d’intendant. Valtus accordait une grande importance à cela et il le récompensa même en faisant retirer son collier d’entrave montrant ainsi qu’il lui accordait une certaine confiance. En vérité, en tant qu’intendant de Valtus, le twi’lek bénéficiait d’une vie presque normale et de certains privilèges par rapport à d’autres serviteurs et à d’autres esclaves. Aussi, il se précipita à sa rencontre.


 « Majesté ! Vous êtes sain et sauf ? Êtes-vous blessé ? J’ai fait venir le droïd-médical pour qu’il vous examine. Toi ! Approches! Qu’est ce que tu attends ?! »

Le droïd resta impassible à son interpellation virulente. Il s’approcha comme si de rien n’était. De toute façon, il se serait déplacé quoi qu’il advienne.

 « Doucement Ipas… Je suis blessé mais uniquement dans mon orgueil. Pour le reste, je m’en remettrai très vite. »

Alors que M4 commençait ses analyses le sith lui ordonna de s’inquiéter plutôt de la santé des autres gardes et notamment de ceux qui étaient tombés face au assassins et qui étaient dans un état critique.

 « Dites moi ce qui je peux faire mon seigneur et se sera fait dans la minute ! »

 « Contactes le Docteur Traven et informes la que je lui envoie un sujet… pour… reconstruction…  et qu’elle lui apporte le plus grand soin surtout. »

Ipas s’inclina et se saisi de son datapad pour y annoter des choses diverses en fonction de ce que lui disait son maître.

 « Maintenant… la journée à été plutôt mouvementée… et j’ai grand besoin de me « détendre » et « d’attentions ». Occupes t’en et ce sera tout.

Ipas n’avait nul besoin de demander des précisions. Il savait parfaitement ce que cela voulait dire et ce qu’il devait faire.

 « Je m’en occupes immédiatement, Majesté. »

Valtus s’approcha alors d’Ilorna qui était déjà en train de donner des ordres aux gardes qui assuraient la sécurité de la résidence.

 « Je suis en train de réorganiser et renforcer la sécurité de la résidence, mon seigneur. Cependant, si nous devons nous attendre à une attaque, je recommande de regagner Sigil au plus vite. Nous ne seront pas assez nombreux en cas d’assaut. »

Valtus acquiesça. Le temps du trajet, il avait prit le temps d’y réfléchir. Bien que la probabilité d’un assaut soit faible, il se devait d’être pris en compte. Mais son instinct le conduisait à d’autres possibilités.

 « C’est ce que recommande la prudence, en effet. Cependant, je ne crois pas à un assaut frontal. Ce qui s’est passé sur lors de la course était déjà trop voyant. Un assaut d’envergure ici attirerai trop l’attention des Hutts… Et mon instinct me dit que ce n’est pas du tout dans l’intérêt de nos adversaires…

Renforcez la présence des gardes à l’extérieur de la résidence. Surtout qu’ils soient bien visibles et que cet endroit devienne une forteresse imprenable... »


Valtus et la capitaine de sa garde rapprochée échangèrent encore pendant un temps avant de regagner l’intérieur où ils poursuivirent leur discussion.

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Même s’ils n’égalaient pas le confort et le raffinement de u palais royal, les appartements royaux de la résidence de Nar Shaddaa restait digne de Valtus et de ses exigences. Des statues d’antiques héros, des sculptures abstraites, des tapisseries et des tentures précieuses ornaient la pièce qui, vu sa taille, pouvait loger sans difficulté une navette de transport impériale. Le mobilier n’était en reste lui non plus. On avait fournit les matériaux les plus précieux et les plus nobles aux artisans les plus doués pour confectionner lit, table, fauteuil, commode, coffre et autres compartiments de rangements et de décorations.

La couche royale faisait d’ailleurs l’objet de toutes les attentions alors que le soleil commençait à se coucher et que ses rayons dardaient la chambre d’une lueur orange déclinante. Cela faisait déjà un long moment que les passions charnelles se déchaînaient. Valtus avait dit vrai à son intendant, il avait besoin d’attention. Une chose que ses deux courtisans et ses deux courtisanes officiels avaient appris à maîtriser et à laquelle ils s’adonnaient tous volontiers. Bien qu’ils n’en savaient rien, aucun d’eux ne risquait de subir le sort funeste de ce gigolo du quartier de la Casse. Eux, ils étaient tous de Sigil, ils étaient tous des patriotes et mettaient en œuvre l’amour pour leur peuple et leur roi d’une autre manière qu’en prenant les armes. La Force était en eux aussi, mais de manière bien moins intense que chez Valtus ou même qu’un acolyte d’une des Académies des Sith. Du fait de cette faiblesse, ils étaient donc destinés à une certaine forme de servitude sans pour autant être des esclaves.

La passion des uns et des autres alimentait le Côté obscur qui irradiait littéralement la pièce. Valtus le sentait en lui, dans sa chaire et dans ses os, jusque dans chacune de ses cellules. Le Côté obscur effaçait la fatigue, lui donnait de la vigueur et renforçait encore plus l’avidité de son désir. Sa puissance était telle que les corps entrelacés et en mouvement flottaient au dessus du lit comme si la Force obscure les soulevaient de sa main pour écarter toute entrave à leur passion.

Mais même la Force ne peut défier infiniment la nature et contrer ses plus élémentaires mécaniques. Aussi, lorsque la passion de chacun atteint son paroxysme et qu’aucun ne put la contenir, les murs tremblèrent faisant même vibrer la Force elle-même aux alentours. Valtus suait plus que lors d’un entraînement intense au sabre-laser. Les corps regagnaient peu à peu la douceur des draps royaux à mesure que la passion et la tension redescendait.

Valtus se sentait détendu malgré la soif qui le tiraillait. Avec une élégance qui lui est propre, il commanda à son corps dénudé de se lever pour rejoindre le bar incrusté dans une partie du mur en face de la couche. Là il commença à se servir un verre d’eau, un simple verre d’eau. La passion perdait en intensité mais le Côté obscur était toujours en lui, il coulait dans ses veines comme s’il en demandait encore, comme s’il n’était pas rassasié… En vérité, il ne faudrait pas longtemps avant que la passion ne regagne en intensité et en activité.

Cependant, ce n’était pas dans cette direction que la Force semblait l’attirer dans l’immédiat. Il y avait autre chose, quelque chose de plus diffus mais aussi de plus proche... de beaucoup plus proche. Lâchant soudainement son verre, le monarque la main qu’il avait encore de libre et en appela à la Force. A l’autre bout de la pièce, un coffret s’ouvrit et libéra le sabre-laser qu’il contenait pour qu’il arrive directement dans la main de Valtus. C’est dans le plus simple appareil que le Sith brandit la lame incandescente de son arme juste à temps pour intercepter une fléchette qui le visait personnellement et qui se vaporisa à son contact. Pris de panique, le harem de Valtus s’échappa rapidement.

Le Sith observait les environs à la recherche de l’assassin.


 « Je dois reconnaître que tu as de l’audace… Venir s’attaquer à moi, ici, chez moi, au moment où je suis le plus vulnérable… Certains y verraient de la folie. »

 «  La véritable folie est d’avoir défié Darth Terhliss ! »

Valtus se tourna vers sa droite, là d’où provenait le son de la voix de son interlocuteur. Mais il semblait avoir été dupé, il se tourna alors sur sa gauche, là où la voix se faisait aussi entendre. Après un bref instant, Valtus compris qu’il ne pouvait se fier à ses oreilles car la voix provenait de partout autour de lui. Une ruse d’assassin pour troubler et déstabiliser sa cible.

 « La défier ?! Comment ? Je ne l’ai même jamais rencontrée ! Comment aurais-je... »

C’est alors qu’il se rappela les propos de Roan… « Son très cher ami » avait-il dit en parlant de l’ancien maître de Valtus. La colère de Terhliss à son encontre viendrait donc de là… parce-qu’il avait vaincu et tué, officiellement, celui avec lequel elle était liée d’une manière ou d’une autre.

 « En prenant la place de Darth Corthus, vous avez contrarié ses plans… chose qu’elle n’a pas apprécié du tout... »

 « En t’envoyant ici sur ce monde et en te demandant de t’en prendre à moi de cette manière, c’est elle qui a commis une folie. Elle a méprisé les règles qui nous lient aux Hutts… mais pire encore… elle a bafoué son serment ! La Loge ne laissera jamais passer cela. »

 « La Loge ne compte pas… elle ne compte plus… et rien absolument rien n’empêchera ma maîtresse d’obtenir ce qu’elle veut. »

C’est à dessin que Valtus entretenait la discussion. Sans le savoir, plus l’assassin entrait dans son jeu, lui répondait et plus il affinait ses sens et sa perception dans la Force. La voix était identique à celle de Roan. Il savait donc reconnaître sa présence, son aura à travers la Force. Ses talents et sa formation d’assassin lui permettait de se dissimuler à travers elle, mais il n’était encore qu’un apprenti et donc sujet aux erreurs. Des erreurs que Valtus s’affairaient à détecter, pour le moment sans succès.

Le soleil avait totalement disparu et la chambre baignait dans l’obscurité. Les lumières du monde extérieurs ne suffisaient pas à donner une visibilité digne de ce nom, pas plus que la lame du sabre de Valtus. Cela donnait à Roan un avantage supplémentaire et encore de Valtus une cible facile et immanquable. Il le sentait… Même s’il ne pouvait définir la position exacte de Raon, il pouvait ressentir sa colère, sa concentration et la force de sa détermination à le tuer.

C’est alors que la porte des appartements de Valtus s’ouvrirent subitement laissant entrer M4 qui marchait rapidement. Dans le même temps, le système d’éclairage des appartements s’activa à son niveau maximum inondant en une fraction de seconde la chambre d’une lumière vive.


 « Protocole d’urgence médicale activé… Protocole d’urgence médicale activé... »

Une fléchette percuta la tête du droid et la fit exploser. La distraction ainsi offerte par le droïd n’était pas fortuite. Elle avait été planifié par Valtus et sa garde royale dans l’éventualité plus que probable que l’assassin vienne tenter de le tuer directement dans la résidence. Lorsque les concubins s’étaient enfuis ils avaient aussitôt donné l’alerte.

Aussi bien Valtus que Roan furent tous deux brièvement surpris et aveuglés par l’augmentation brutal du niveau de lumière. Cela ne dura qu’une ou deux secondes mais cette surprise provoqua une fluctuation dans la Force autour de Roan. Un temps suffisant pour que Valtus la perçoive et ne réagisse. A la manière d’un shoot d’adrénaline que l’on administrerai à un humain pour faire repartir son cœur inerte, Valtus concentra le Côté obscur en lui et le libéra dans la zone où il avait perçu la fluctuation en une puissante onde de Force. Comme par enchantement, le corps de Roan se matérialisa pendant qu’il était projeté dans les airs. Il retomba lourdement. Malgré la surprise de cette attaque, l’assassin chercha à se relever rapidement mais c’était déjà trop tard. Valtus avait dégagé les armes qu’il possédait, y compris son sabre-laser à double lames. La Force l’avait déjà agrippé au niveau de la gorge et exerçait une pression énorme pour l’empêcher de respirer tout en le soulevant. Les gardes royaux avaient à leur tour pénétré dans la chambre en brandissant leur sabre-laser et avait pris position autour de Roan.

Sur l’instant, Valtus n’avait qu’une envie… faire venir à lui Roan et exercer lui même la pression mortelle sur sa gorge qui conduirait à son trépas. C’était son désir, c’était ce que le Côté obscur lui commandait, lui susurrait à l’oreille. Aussi, il du se faire violence pour relâcher son étreinte et ainsi pouvoir mettre en œuvre la suite de ses plans. Les gardes se saisirent de lui et s’assurèrent avec vigueur qu’il ne serait plus en mesure de faire quoi que se soit dans un délai immédiat.

Ipas s’approcha de Valtus pour lui apposer une sorte de peignoir sur les épaules.

Une fois le passage à tabac achevé, Valtus s’approcha de Roan avec un air de mépris et de jubilation. Il se pencha vers son visage meurtri et commotionné.


 « Affronter la colère de Darth Terhliss aurait été un moindre mal je pense, en comparaison de la mienne. Mais ne t’inquiète pas… tu ne mourra pas ! Je sais prendre grand soin de mes invités. Tout le nécessaire sera fait pour que tu ne meurs que lorsque je t’en donnerai le droit. D’ici là… hé bien… »

Le Sith ne finit pas sa phrase et se contenta de donner l’ordre de l’évacuer. Il ferait lui aussi partie du voyage de retour sur Sigil… pour son plus grand malheur.

Valtus prenait conscience que ce qui venait de se passer ici sur Nar Shaadda n'était que le début et qu'il se devait de réagir vite.
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De la lumière naît l'obscurité, et de la l'obscurité naît la lumière...

Les ultimes mots du Seigneurs Sith tournoient sous mon crâne alors que les répulseurs grondent, impitoyables, tyranniques. Et malgré la pression douloureuse sur mes tympans, je me pare d'un sourire narquois, une moue amusée, un air emprunt de sarcasmes.

De la lumière naît l'obscurité, et de la l'obscurité naît la lumière... Il est sérieux ? Je pouffe. Comment peut-t-on proférer pareille absurdité avec autant de d’aplomb ? Je secoue la tête. L'obscurité n'a jamais enfanté de la moindre lumière. Derrière ces mots, je devine un mantra imprimé dans un esprit anesthésié par le dogme Sith.

La navette disparaît rapidement. Elle entraîne dans son sillage des volutes de poussières avec lesquels jouent les turbulences. Tourbillons et arabesques éphémères qui se disloquent lentement. Bientôt, un malingre silence ressuscite, matraqué par les gémissements plaintifs des vents de haute-altitude qui s'engouffrent par la baie vitrée éventrée.

J'aime à dire, par pure provocation, que les Jedi sont des chiens d'aveugle. Mais, en vérité, nous sommes pareils aux phares qui gardent les côtes rocheuses de bon nombre de mondes. Notre lumière repousse les ténèbres, illumine le rivage, et permet aux âmes voyageuses de gagner leur destination en évitant les écueils et les traîtres étocs. L'obscurité est un prédateur opportuniste, qui n'existe que là où la lumière n'est plus. Il suffit d'allumer milles lampes dans une pièce pour s'en rendre compte : les ombres disparaissent, retournent au néant. Jamais l'obscurité, seule, ne parviendra à déchirer leurs flamboiements... Elle ne peut rien contre la lumière... Et pourtant. Il suffit, même après mille ans, qu'une seule de ces lampes s'éteigne pour qu'elles ressurgissent, aussi opaques qu'au premier jour, comme si elles n'avaient jamais cessé d'exister. Tel est le fardeau des Jedi. Éclairer la galaxie, tout en sachant que du moindre faux-pas renaîtront les adorateurs de l'Obscurité.

Je soupire. Ces sophismes, ersatz de philosophe, ne sont que des jeux de mots, des traits d'esprits, bien éloignés des réalités. Les dogmes, qu'ils soient noyés d'ombres ou baignés de lumières, transforment des êtres pourtant intelligents en marionnettes exaltées. Des zélés au service de doctrines ne laissant place à rien d'autre qu'un terrifiant manichéisme... Alors que je tente de chasser ces pensées qui me contraigne à l'immobilisme, mes doigts jouent mécaniquement avec la spalière de beskar empruntée, doux euphémisme, au mercenaire assassin anonyme. Elle a échappé à la désintégration moléculaire. Je baisse les yeux dessus. Pourquoi l'ai-je conservé ? Un trophée ? Non. Une intuition me hurle que toute cette histoire est loin d'être terminée. Je relève la tête et plonge mon regard dans l'horizon découpé par les massives silhouettes des gratte-espace – on ne peut plus parler de gratte-ciel alors que leurs pointes percent éhontément la stratosphère – au de-là de la façade fracturée. Un murmure glisse entre mes lèvres closes :

« A bientôt, votre Altesse. Je ne doute pas que nos chemins se recroiseront. La Force a délibérément choisi d'entre-mêler nos Destins, et elle n'en a pas fini avec nous... »

Les coïncidences... Quelles chances y avait-il pour qu'un Seigneur Sith décide, le jour de mon retour sur Nar Shaddaa, après près de cinq années d'absence, d'aspirer la vie de l'un de mes vieux indics ? Un indic dont j'avais grand besoin pour retrouver le Chevalier Vertigen. Nulle. Sauf si la Force, maîtresse implacables aux dessins insaisissables, en décide autrement...

Soudain un mouvement, à la limite de mon champ de vision, me fait sursauter. Je lève ma prothèse, prêt à réactiver les griffes si quelques retardataires décidaient d'intervenir malgré le départ du monarque. Mais je rebaisse aussitôt la main. La masse au sol s'agite, se redresse en titubant. Prweesh. Il se palpe l'arrière du crâne où une bosse impressionnante a élu domicile pour quelques jours, ou semaines peut-être.

« C'est quoi ce bordel ?! »

Ses grognements suraigus sont traduits en temps réel par un dispositif vocal imitant assez médiocrement les intonations humaines. Il se fige lorsque son regard globuleux se pose sur ma silhouette immobile. Je lui adresse un sourire.

« Seulement les conséquences inattendues d'une entente contre-nature... »
Je volte-face et plonge dans le tube d'un turbo-lift hors-service.
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