Lune Volteplume
Lune Volteplume
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Et elle couche avec Warkyd.
N’importe quoi.
Bien sûr que si.
Je reprendrais bien des frites…
Lune, t’entends ça ?
Je te dis que je les ai vus.
Elle a, genre, soixante-dix ans.
T’exagères.
Lune ?
Hmmm ?

Lune est occupé. Lune cherche à attirer l’attention du robot de service qui arpente la terrasse dominant les principaux bassins du parc AquaFun — Mon Calamari Adventures.

Tu crois que la prof de cryptographie couche avec Warkyd ?
J’veux des frites.
Comme tu fais pour pas grossir…
Des pouvoirs magiques ?
Très drôle.
La prof de crypto, Lune.
Elle a pas, genre, soixante-dix ans ?
Bien ce que je dis.

À la place du droïde de service, c’est un homme endimanché qui s’approche de la table où les trois jeunes gens en maillot de bain explorent la saga sentimentale des enseignants de leur faculté. Il pose une main sur l’épaule de Lune. Lui murmure quelque chose à l’oreille. Et s’en va.

Les deux amis du jeune homme échangent un regard d’abord surpris, puis entendu, puis moqueur.

C’est dingue, dit la première. Tu te fais toujours draguer par des vieux pervers.
Il était pas vieux.
Faudrait savoir.
Puis il était pas si mal.
Et c’est reparti…
C’est bon, c’est bon, je plaisante, tempère le hacker en faisant discrètement disparaître la clé de décryptage dans son sac à dos. Elles sont où, mes frites ?


***


J’ai envie de frites. Vous avez des frites.
On a de la bouillie de protéines, répond le cuistot de bord en fixant le jeune passager d’un regard particulièrement éteint.
Ben de la bouillie de protéines, alors…

Schplotch.

Une louche plutôt louche plus tard, Lune s’installe près de l’un des hublots crasseux, dans un coin du cargo de transport qui l’emmène de Circumtore à Riileb. C’est toujours moins cher et plus discret que les vols de passagers, et puis sa mère n’a pas de mal à lui arranger ce genre de petites faveurs auprès des capitaines de vaisseaux plus ou moins douteux qui se restaurent à sa cantina quand ils font escale sur Nar Shaddaa.

Le garçon engloutit sa bouillie de protéines en réfléchissant à sa nouvelle aventure. Depuis sa petite mission explosive avec Vers le Vert ! sa carrière commence à décoller, et le décollage n’est pas sans danger. Est-il vraiment prêt à faire ce genre de choses ? Un grand cambriolage ? En plein Espace Hutt ?

Mais d’un autre côté…

D’un autre côté, son aversion pour ceux qui traitent avec les Impériaux, au lendemain des guerres où les Siths ont annexé une partie des territoires libres de l’Espace Hutt, son aversion est profonde. Le système des cartels n’est pas parfait, c’est le moins qu’on puisse dire, mais il lui paraît toujours infiniment préférable au totalitarisme théocratique des sadiques de la chasuble.

Alors s’il peut créer des problèmes à l’un de leurs alliés…


***


La cantina des Deux Antennes se situe à deux pas du spatioport. En théorie. À vol d’oiseau. Mais Lune s’est vite rendu compte que la capitale de Riileb est un vrai labyrinthe. Des rues qui s’enroulent les unes sur les autres, des traboules notées sur aucune carte, qui passent sous des immeubles à l’architecture mystérieuse, et se perdent dans une prolifération de cours intérieures. Des passagers souterrains. Des ponts. Des ponts sous les ponts.

Même un Shaddaese s’y perdrait.

La preuve : il est quinze heures cinquante et Lune cavale dans les dédales de la ville pour atteindre les Deux Antennes à temps. Il finit par déraper juste devant la cantina. Fort heureusement elle se détache du reste des bâtiments alentours par deux antennes métalliques énormes — des relais d’holoréception pour tout le quartier, pour lesquels les propriétaires louent leur toit à la compagnie de télécommunications à un prix délirant.

Lune rajuste ce qu’à ce stade on n’appellera que charitablement une « coiffure » avant de pénétrer dans l’établissement. C’est l’un des rares endroits multiculturels d’une planète qui n’attire sinon que peu de visiteurs. Dans l’atmosphère enfumée les conversations mêlent le huttese, le rodien, le basic, le riileb et deux ou trois autres langues de la galaxie.

L’ambiance des Deux Antennes est bien différente de celle d’À Volte Santé, la cantina tenue par sa mère sur Nar Shaddaa. Ici, la musique est discrète et les conversations murmurées. Les clients sont réunis par petits groupes autour de tables circulaires où trônent des narguilés aux motifs compliqués dont s’échappent plusieurs tuyaux.

Dans la première salle, on fume surtout de la vapeur d’eau parfumée d’épices légères et inoffensives qui se mêlent dans l’atmosphère en une brume entêtante. Mais les clients les plus audacieux peuvent être introduits dans l’arrière-boutique où les chichas offrent des délices plus vives, mais plus dangereuses.

Lune tire son datapad de sa poche et rouvre une application de rencontres pour mercenaires en quête d’un peu d’amour et de douceur dans ce monde de brutes. Adopte Un Merc, c’est le moyen par lequel son futur partenaire et lui sont entrés en contact. Sous de faux profils. Le jeune homme lance la localisation des utilisateurs à proximité. Il tombe d’abord sur le dickpic d’un Twi’Lek situé dans un rayon de deux kilomètres, puis sur la photo censément romantique d’une Bothane qui pose en minijupe avec son lance-roquettes, avant que le datapad ne lui indique son contact à quelques mètres de là.

Lune jette un coup d’oeil à la table. Il y a bien quelqu’un. Une jeune femme. Elle est seule. C’est sans doute elle. Alors il rempoche son datapad et vient s’installer près d’elle, en déclarant, comme convenu :

Mon tonton Gaston a adopté une tarentule.

Elle n’est pas très impressionnante. Moins que la Bothane avec son bazooka. Mais Lune a grandi en plein Espace Hutt et appris à ne pas se fier aux apparences. Et puis lui non plus n’a pas vraiment la tête d’un tueur sanguinaire, après tout.

On devrait se réserver une pièce plus tranquille, là, dit-il en désignant d’un geste de la tête les rideaux de perles en plastique qui dissimulent le couloir où se trouvent les salons privatifs. Pour parler tout à notre aise.

Une serveuse s’approche de lui et il commande quelque chose en huttese. Quelques instants plus tard, elle revient avec un verre qui ressemble à s’y méprendre à de l’huile de moteur et les invite à la suivre. Ils passent le rideau de perles et, trois portes plus tard, elle les fait pénétrer dans un petit salon avec un narguilé gigantesque, de la musique planante et des projections holographiques psychédéliques.

Une fois la serveuse partie, Lune se laisse tomber sur le canapé, avec un sens très relatif du savoir-vivre.

On s’appelle avec des noms de code mystérieux et glamour, j’imagine ? Moi, c’est Fox. C’est… Pas très mystérieux ni très glamour, maintenant que j’y pense, m’enfin à ma décharge j’avais quatorze ans quand je l’ai choisi. On peut pas tous s’appeler Tenebros, Cybermind ou Le Vengeur Masqué, j’imagine…

Il fait tourner sa boisson dans le verre avant d’en avaler une gorgée.

Mon truc à moi, c’est l’infiltration, poursuit-il dans son basic très nettement teinté d’un accent shaddaese, Physique et électronique. Systèmes informatiques, systèmes de sécurité. Petites visites ni vu ni connu. Mais je ne fais pas trop la partie, disons… Pain dans la face et blaster dans la foie de l’opération, tu vois ce que je veux dire ?
Maxence Darkan
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-Qu'est-ce qu'elle a ?

Bonne question, Fély, excellente question, j'ajouterai. Maxence, dans son cargo, regardait, apathique, son bracelet d'où s'écoulait toute sorte d'information et de vidéos inintéressantes. Les cheveux mal arrangés, habillée comme toute personne normalement constitué, un dimanche après-midi pluvieux, à la fin des grandes vacances, elle était affalée sur un canapé, devant la baie vitrée donnant droit sur le vide spatial, faisant tourner entre ses mains une petite clé de décryptage. Abraham et Fély, côte à côte, partageaient un caf bien chaud.

-Des mauvaises nouvelles.

-Flakstaff ?

-Nan, nan. Elle a pas voulu en parler de ça, mais elle avait l'air plutôt conquise par son rendez-vous, genre, même carrément surexcitée... j'ai pas bien pigé, elle disait qu'elle nous en parlerait plus tard. C'est juste par rapport à une sauce. La sauce Swif-je sais plus trop quoi. C'était sa sauce préférée.

-Et... euh... et alors ?

-Et alors c'était sa sauce préférée...

Pendant qu'ils discutaient de l'état mental de leur cheffe qui, entre nous soit dit, était réellement discutable, elle enfila la clé de décryptage dans son bracelet pour en considérer son contenu. Elle haussa d'abord un sourcil, puis le second, ricana avant de réécrire les informations utiles dans un coin de son appareil et laisser le message s'effacer automatiquement. Après avoir allumé une cigarette, non sans une grande dose de frustration qui se montra par un grognement agacé, elle se dressa pour marcher en direction de l'échelle, vers le cockpit, en somme.

-Tu vas quelque part ? Après avoir ronchonné un « oui » vaguement compréhensible, il continua. Et tu vas faire quoi ?

-Faire chier l'Empire.

Chassez le naturel et il reviendra toujours au galop.

***

Drôle de façon de rencontrer quelqu'un. Sexy_blondie_78 venait de rencontrer son prince charmant dans un bar franchement trop propre pour qu'elle ne puisse l'apprécier pleinement. C'était étrange, mais elle s'attendait à quelqu'un de plus... petit. Non pas qu'il était spécialement grand, juste qu'elle s'attendait sincèrement à quelqu'un de plus petit. Question d'habitude, sûrement. Sur son trente-et-un, elle portait un drôle de poncho cachant en parti son corps, fait d'une matière synthétique conçue contre la pluie et un inévitable pantalon cargo.

Les premiers mots de son coéquipier furent pour le peu troublant. Assise à sa table, elle l'observa, le considéra, même, de haut en bas et, après une petite seconde de silence, elle plissa les yeux, fronça les sourcils en souriant nerveusement avant de très légèrement tourner sa tête de gauche à droite, affirmant, pour le peu perturbée.

-Et ta grand mère j'l'encu- mais j'me souviens pas avoir mis en place un code pour se rencontrer.

Délicate. Mais elle le suivit dans cet endroit plus discret pour discuter de leur fantastique -et complètement top secrète- mission de cambriolage. Assise dans un fauteuil matelassé et franchement réconfortant pour le postérieur, la blondinette ignora complètement l'appareil du milieu pour sortir une cigarette.

-Max. Pas fan des noms de code si l'intention n'était pas de dire des gros mots à la place. Machine de guerre en chair et en métal. Elle retroussa sa manche, dégageant son bras robotique de son poncho pour le poser lourdement sur la table. Tu sais c'que ça fait ?... un sabre laser tranchant tes muscles et ta peau comme une vieille motte de beurre tiède ? Elle laissa peser un silence, le fixant droit dans les yeux. Puis elle ricana. J'me fous d'ta gueule, j'suis tombée dans les escaliers. J'suis mercenaire, je tue, je démolis, je sauve, je protège et j'ai suffisamment d'contacts dans la galaxie pour retrouver ton nom, ton prénom, ton arbre généalogique dans son entièreté et ta couleur préférée sans qu't'es à t'présenter. … Et j'récupère les cabots coincés dans les arbres, ça paye franchement mieux qu'tu pourrais l'imaginer.

Joli concours de bite lancé par Maxence. Tout de suite les grosses cartes. La prochaine à être lancée était : « Et y' s'pourrait bien que j'me sois déjà tapée quelqu'un d'ta famille sans l'savoir », juste avant le « J'ai une super bécane, tu veux la monter ? » en parlant littéralement de sa moto, évidemment.

-Pour c'qui est d'l'infiltration je suis... euh... elle eut des flashbacks, de nombreux flashback, avec des explosions, des tirs dans la tête, des courses poursuites, des couteaux dans la gorge et des combats de pugilistes au sommet, en train d'm'y essayer.

Le profil en face d'elle n'était pas celui habituel. Pas un mercenaire, pas un Chasseur de Prime, pas un Sith, ou même un Jedi. Un petit jeune, comme elle, sans grande prétention, pas comme elle, sorti de nulle part, comme elle.

-À ton avis, pourquoi ce R.G. nous a choisi, nous, et pas deux autres demeurés ? J'veux dire, visiblement, il a l'air de bien avoir fait son choix, mais j'aimerai savoir si t'as vraiment les nerfs nécessaires pour cambrioler la maison d'un type allié aux plus grands meurtriers d'la galaxie, des meurtriers qui n'hésiteraient pas une seule seconde à t'élaguer comme un arbre trop touffu, juste pour le plaisir de l'faire.

Puis elle se pencha au-dessus de la table, cigarette au bord des lèvres, les braises passèrent de grisâtres à rouge incandescentes, reprenant un allure orange quand, lentement, la fumée s'échappa de ses narines.

-Sauf qu'avant qu'tu répondes, on va s'mettre en accord sur une chose, toi et moi. Affirma-t-elle, recommençant à fixer Fox intensément, scrutant le fond de ses pupilles. Bleu. C'est bleu, ta couleur préférée, pas vrai ?
Lune Volteplume
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Bleu ?

Lune, qui avait été élevé par une maman à cheval sur les principes de la politesse, avait laissé sa nouvelle coéquipière débiter ses états de service, ses menaces et ses histoires à vous retourner l’estomac en adoptant pour sa part un air d’intérêt poli, ponctué de ah oui ?, et de oh la la ! et autres ah ben dis donc. Quand on aidait comme serveur à la cantina familiale sur Nar Shaddaa, des discours comme ça, c’était tous les soirs, dès que les clients avaient trop bu.

Tout le monde avait affronté un Seigneur Sith sanguinaire, tout le monde slalomait entre les astéroïdes les mains bandées et les yeux dans le dos et tout le monde avait une amitié insoupçonnable avec un Jedi excentrique ou un agent secret républicain. Et vas-y que je te montre ma prothèse de pied, et regarde comme il est gros mon fusil blaster. Les mercenaires : tout un poème.

Bleu c’est pour les dépressifs, voyons. Ma colère préférée, c’est le doré. Ou le rouge. Je mets souvent des boxers rouges, il paraît que ça va avec la couleur de mes cheveux. En tout cas, personne s’est jamais plaint.

Maintenant que Maxence pouvait ajouter cette information capitale à son dossier, le hacker crut bon de passer aux choses sérieuses.

Je sais pas toi, mais on m’a choisi parce que je suis pas spécialement aligné. Ni avec l’Empire, ni avec la République, ni avec les Hutts. Vu le… comment on dit…

Il claqua les doigts à la recherche du basic qui correspondait au mot en huttese qu’il avait juste là, sur le bout de la langue.

L’ingrobongo ? L’imbrolilo ? Le… Les intérêts très divers qui sont en jeu ici, j’imagine que c’est pas si facile de trouver quelqu’un qui soit pas partie prenante de la gare par proxy que tout le monde se livre chez nous.

« Chez nous », en l’occurrence, c’était dans l’Espace Hutt. Lune n’était pas particulièrement attaché aux kajidics, mais il avait le patriotisme local, un attachement sincère pour ces mondes un peu à l’écart de la loi, préservés le plus souvent des guerres entre fanatiques religieux et complexes militaro-industriels qui ravageaient le reste de la Galaxie.

Ces dernières années, hélas, la guerre s’était invitée chez eux.

Et puis disons que j’ai des talents bien à moi qui me permettent d’être un hacker de terrain, là où la plupart de mes… Confrères. Ouais. Là où la plupart de mes confrères préfèrent restés bien au chaud chez eux et infiltrer de loin. Accessoirement, j’ai besoin de fric : j’ai des cadeaux d’anniversaire à faire, moi.

La malédiction des enfants de famille nombreuse.

Après, désolé, j’ai pas de membre en métal pour me la péter et j’ai jamais vu un sabre laser de ma vie, mais une fois, quand j’avais treize ans, je suis allé à un spectacle de lancer de vibrodagues, c’était génial. Enfin, c’était pas tellement un spectacle qu’un type qui en poursuivait un autre parce qu’il avait couché avec sa soeur. L’autre, pas le type. Avec la soeur du type, pas de l’autre. Enfin bref, tu m’as compris.

(Plus ou moins ?)

Tout ça pour dire qu’à moins que tu veuilles que je te fasse la démonstration de mes talents en craquant le compte Twi’Tok de ton ex pour vérifier s’il envoie pas des photos coquines à je sais pas qui, on peut se mettre au travail. Mais je suis pas opposé à répondre à d’autres questions.

C’était dit son animosité, et même : la proposition était sincère. Lune ne trouvait pas déraisonnable que sa coéquipière exige des preuves de son savoir-faire. Lui-même s’en dispensait, parce qu’un coup d’oeil à la prothèse de la jeune femme avait suffi à lui donner l’impression qu’il s’agissait du matériel de qualité et les mercenaires incompétents n’avaient pas les moyens de s’offrir des jouets de ce genre-là.

Je crois qu’on pourrait commencer par le musée municipal d’archéologie.

Le jeune homme pianota à toute vitesse sur l’objet qui lui couvrait une partie de l’avant-bras droit et un petit projecteur holographique intégré au-dessus de son poignet afficha une vue aérienne de la ville, comme on pouvait en trouver sur HoloMaps.

Si t’es arrivée par les mêmes chemins que moi, j’imagine que t’as vu combien la ville était labyrinthique. Construite sur les anciennes structures aménagées par la population insectoïde. Des galeries à n’en plus finir, creusées dans tous les sens, et recouvertes par couches successives au fil des générations. De ce que je crois comprendre, il y a de bonnes chances pour que d’anciens tunnels courent sous la plupart des bâtiments du coin. Des vestiges de l’urbanisme du passé désormais tombés dans l’oubli. Mais le musée d’archéologie doit probablement garder une trace de ce genre de choses et avec un peu de chance, certaines galeries mèneront sous chez la cible. Ça résoudra pas tous les problèmes, mais ça permettrait de se dispenser d’avoir à composer avec les mesures de sécurité extérieures.
Maxence Darkan
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-Doré ! Elle tapa son poing sur la table. Je l'savais.

Et elle s'enfonça dans son siège, l'air mystérieux, essayant de faire croire qu'elle avait cerné le personnage en face d'elle, un personnage qu'elle n'avait pas du tout cerné. Elle se caressa longuement le menton en l'observant, pensive, la mercenaire souffla une mèche rebelle de son visage pour la quatrième fois.

-Du coup, le type a couché avec sa sœur ou c'est... ouais nan, laisse tomber. Trop compliqué pour elle, cette histoire. Si t'es sûr de toi, alors j'demande pas plus.

Elle grimaça, compréhensive et le laissa se pencher sur son poignet, poignet qui attira l'attention soudaine de la blondinette qui plaqua ses paumes contre la table, se penchant de presque tout son corps pour regarder, bouche baie, l'appareil de son partenaire. Le bracelet. Pas l'appareil-appareil. Le bracelet. Ses yeux s'écarquillèrent tellement qu'ils se mirent à briller, non pas par simple effet de style pour vous faire croire qu'elle était suffisamment abasourdie par l'appareil que ses yeux se mettaient littéralement à briller. Non. Évidemment que non. Elle ne clignait plus des yeux. Donc les larmes montaient.

-T'es la première personne que je vois utiliser la même chose que moi. Fit-elle en dressant son poignet. Bon, ok, t'es p't'être plus la cinquième ou sixième personne, mais ça reste cool. Le tien aussi il parle ? Regarde, Eos, parle. … Eos ? Elle tapota sur son bracelet. J'te jure, il parle, c'est juste qu'y' fait ça pour me faire passer pour une folle. Aller parle. J'suis pas folle.

Et c'était exactement le genre de chose qu'une folle dirait. Puis quelque chose la frappa en relevant son regard sur le visage de son partenaire.

-Merde, j'ai pas suivi.

-Galeries labyrinthiques insectoïdes. Celles que vous avez empruntées pour venir ici. Musée archéologique pour les connaître.

-Ah, tu vois ? Il parle. Bref. Bref. En route pour le musée... euh... laissez lui un peu de temps. Hmmm... Elle allait y arriver. Gueule d'ange.

Les surnoms de hackeur, ce n'était pas son truc. Elle préférait ses surnoms. Il était gentilé, celui-là, il n'avait pas eu le droit à son magnifique « tocard », une réussite de harcèlement qui avait dû marquer un emburé à vie. Elle se dressa sur ses pattes et afficha une carte de la ville sur son bracelet, direction le musée d'archéologie. Cette carte n'était que celle tout public, facile d'accès sur l'holonet, sinon ils ne se dirigeraient pas vers le musée. Après près d'une heure de vagabondage, à prendre les mauvais transports en commun, rattrapant sur d'autre mauvais transports en commun avant de retomber sur leurs pas, ils arrivèrent à destination avec seulement une demi-heure de plus que nécessaire.

Le hall du musée était immense, un gigantesque squelette d'un animal millénaire trônait au milieu, accrocher par des câbles, accompagnés par d'autres petits. Il était possible de les admirer depuis une passerelle tout public qui faisait le tour de la pièce. Et au-dessus se trouvait une autre passerelle, celle du personnel qui servait à l'entretien des câbles du squelette. Il y avait un garde à l'entrée pour accueillir les gens, et un à l'intérieur, qui faisait des rondes et aidait les visiteurs submergés par la vaste pièce. Des Riilebs, évidemment. Maxence dut déposer ses armes à l'entrée. À l'accueil, un jeune humain qui leur fit un grand sourire à leur approche.

-Je peux vous aider ?

-Ouais, ouais-ouais. On cherche une carte de la ville.

-Il y a l'office de tourisme, pour ça.

-Nan, une carte archéologique de la ville. Il plissa les yeux. Une... euh... carte détaillée de la ville, avec les vieilles fondations ? Il plissa d'autant plus les yeux. C'est pour des travaux d'BTP. La dernière fois, on devait couler du béton, on s'est fait surprendre par les vieilles fondations d'un asile qu'était pas indiqué. Avec toutes les galeries, on sait jamais sur quoi on peut tomber.

-Hmm. Oui. Je vois. Il pianota sur son ordinateur. Malheureusement, la carte archéologique de la ville n'est pas à la disposition du public. Il faut une dérogation. Il haussa les sourcils en élargissant son sourire. Vous... avez une dérogation ?

-Hein ? Oh, oui, oui, évidemment. Elle tapota ses poches en claquant la langue. Mince... J'ai dû l'oublier dans... euh... mon... bureau de BTP. On revient plus tard.

Finger guns, petit sourire charmeur, elle choppa Gueule d'ange par le bras pour l'éloigner et lui parler à voix basse au milieu du hall.

-Ça valait l'coup d'essayer. Ok, plan B. Comme si elle avait vraiment des plans en tête. J'm'occupe de faire distraction et toi, tu choppes un terminal... ou peu importe c'qui peut t'servir pour faire tes trucs de... nerd, et t'en profites pour me prouver qu't'es vraiment un pro en hacking en nous dégottant la carte. Tu sauras quand t'l'ancer.

Elle lui tapa l'épaule en guise d'encouragement. En reculant, elle se tapa dans le garde qui faisait des rondes. S'engagea un rattrapage chaotique, petit jeu de passe-passe, grandes excuses, bien plus que nécessaire, formule de politesse, bonne journée, et Maxence s'en alla en rangeant la carte d'accès du garde dans sa poche. Dans un coin du hall, elle balaya la salle du regard et, comme si de rien était, elle emprunta un accès réservé au personnel pour monter sur la passerelle supérieure, celle réservée à l'entretien. Après un long escalier en colimaçon, elle arriva enfin tout en haut. Elle considéra une boite à outil qui traînait, attrapant une grosse clé, la blondinette s'approcha d'un câble. Elle enfourcha le gros boulon qui semblait tout tenir et força. Encore et encore. De toutes ses forces. Puis le boulon se mit à tourner. Quelques tours plus tard, le câble lâcha soudainement, sonnant comme une vieille corde de guitare pas changer depuis huit ans, il fut projeté par effet de tension sur le squelette.

Maxence s'écrasa sur le ventre, passant sa tête pour observer son œuvre. Le câble avait rebondit dans une côte de la bête qui s'était éjectée dans ce qui semblait être un genou, genou qui, lui-même, s'était plié pour affaisser toute la structure. Elle n'était pas tombée, mais elle menaçait de le faire. Décevant. Il fallait peut-être s'attendre à ce que les normes de sécurité de ce genre de structure étaient plus dures à compromettre. Un garde et l'homme du guichet s'organisèrent immédiatement pour écarter les visiteurs du squelette et l'autre garde monta voir ce qu'il s'était passé. En arrivant, il ne découvrit qu'un simple boulon défaillant. La mercenaire était redescendue par une autre porte d'accès, profitant du chaos pour récupérer ses affaires et sortir de l'établissement.
Lune Volteplume
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Attends !

On arrête tout.

Ton ordi parle ? C’est hyper classe. Ou flippant. Je sais pas. Classe et flippant ? Genre, il est toujours allumé ? Même quand… Tu sais. Quand tu vas aux toilettes ? Ton ordinateur te regarde, euh… Ouais, non, laisse tomber. Ça reste quand même plutôt cool. Moi…

Le jeune homme tapota son brassard d’un geste affectueux.

Je l’ai en bonne partie bricolé moi-même. J’ai toujours des idées de modifications à lui apporter, mais j’en suis à un point où les composants sont… Difficiles à se procurer. Le genre de trucs fabriqués par l’armée. Remarque, une fois, je suis sortie avec une fille qui était cadette dans une base militaire républicaine et je me suis arrangé pour pénétrer dedans, la base, hein, pas la fille, enfin, remarque… euh… Non mais rien, oublie.

Après cette démonstration irréprochable de son style de conversation bien à lui, Lune consentit à se taire — ce qui tenait apparemment du miracle — et à hocher la tête — ce qui l’était moins.

Gueule d’ange, ça me va. Toi, je devrais t’appeler… Je sais pas. La Poétesse ?

Ce fut ainsi que Gueule d’ange et la Poétesse trouvèrent leur chemin jusqu’au musée archéologique.

On aurait dû prendre un abonnement à la journée, ça nous serait revenu moins cher, marmonna le hacker. Pour les transports en commun, je veux dire. En plus, je crois qu’un type m’a mis la pince aux fesses dans le métro.

Par chance, Lune fut promptement consolé de leurs mésaventures par le squelette gigantesque qui s’offrit à eux. Le Shaddaese en oublia aussitôt la nature de la mission, pour se prendre de passion pour cette splendide créature, dont il essayait de s’imaginer un spécimen en chair et en os, pendant que Maxence négociait l’objet de leur visite.

Hein ? Quoi ?

Ah.
C’était l’heure de revenir à des préoccupations plus pressantes.

Non mais tu as vu la taille de ces mandibules !



Oui.
Bon.
D’accord.
La carte.
Je m’en occupe.


Après avoir adressé son sourire le plus angélique à sa complice, Lune recula de quelques pour se fondre dans la foule. Selon toute probabilité, la carte devait être enregistrée dans les archives numériques du musée, pour la préserver du moindre accident avec son support numérique : ce serait encore la version la plus simple à se procurer.

D’un rapide coup d’oeil circulaire, le hacker jugea que la section dédiée à l’exposition temporaire « La matière en décomposition : amie de l’archéologue » serait probablement la moins fréquentée. Ce fut vers elle qu’il se dirigea et, profitant d’un angle mort des caméras entre deux salles, il se laissa couler dans le Courant Blanc jusqu’à y devenir invisible.

Dans un coin, sur une chaise, un gardien assoupi faisait trembler ses antennes à chaque ronflement. Lune avança à pas lents dans l’exposition, à la recherche d’une projection holographique quelconque. Quelques mètres plus loin, l’une d’entre elles permettait aux visiteurs de visualiser les différentes couches de matières organiques putréfiées que les archéologues pouvaient découvrir lors de leurs fouilles.

Lune se connecta à la base de la console et, après quelques efforts pour convaincre le système qu’il était l’un des commissaires des expositions du musée, il entreprit d’en fouiller les bibliothèques numériques.

Tumulus funéraires des débuts de la féodalité.
Les astroports primitifs : une histoire de la technologie.
L’étui pénien à travers la galaxie : reconstitutions holographiques.
Plans.
Plan de Coruscant.
Plan d’Alderaan.
Plan des systèmes agricoles de…

C’est infini…, songea Lune, avant d’arriver, enfin, à la base de données de cartes, plans, coupes et représentations relatives à la capitale riilebienne.

Des milliers et des milliers de fichiers.

Pendant ce temps-là, un tumulte envahissait le hall principal, où le squelette du mastodonte menaçait d’écraser les curieux. Le jeune informaticien commença le téléchargement des cartes, à commencer par les plus anciennes, l’oeil fixé parfois sur son brassard, parfois sur la promenade qui serpentait entre les différents blocs de l’exposition.

Au bout de cinq minutes, une voix se fit entendre en riileb non loin de lui, rejointe bientôt par une seconde. Puis des pas s’approchèrent de lui. Lune déconnecta précipitamment son matériel avant de se reculer pour se plaquer contre le mur, alors que le gardien de salle et un autre insecte géant se penchaient sur la console holographique.

Gueule d’ange ferma les yeux un instant. Contrôler les battements de son coeur. Faire le vide dans son esprit. Le Courant Blanc protège. Le Courant Blanc dissimule. Aussi lentement que possible, il entreprit de battre en retraite. À un moment, le gardien se retourna vers lui. Lune se figea. Pas de réaction : l’homme reporta son attention sur la console.

Au bout d’un quart d’heure, le Shaddaese avait réussi à se frayer un chemin hors du musée.

Hé, la Poétesse…, souffla-t-il, après avoir retrouvé Maxence au coin d’une rue. Viens, on va se trouver une chambre d’hôtel…

(Perd pas de temps, le jeune.)

… on a de la documentation à éplucher.

Quatre cents mètres plus loin, après avoir inséré quelques dizaines de crédits dans un droïde d’accueil plus ou moins fonctionnel et récupéré la clef magnétique d’une chambre Au Coquet Cocon, qui n’avait de coquet et de cocon que le nom, Lune expliqua :

J’ai pu télécharger cinq cents documents cartographiques sur Riileb. Je pense qu’une partie ne concerne pas la capitale, mais il faut faire le tri pour trouver quelque chose qui nous intéresse. Pas manuellement, hein, je vais faire un petit programme avec la géolocalisation de la villa de notre cible et les métadonnées de la carte, pour que ça éjecte d’avance tout ce qui nous concerne pas, et ensuite, avec un petit peu de…

De longues explications plus tard sur les charmes de l’analyse cartographique assistée par ordinateur, Lune se mit au travail. Il lui fallut un petit heure pour élaborer le programme qui se mit à moissonner les images holographiques, jusqu’à n’en sélectionner que la poignée la plus pertinente. Les deux cambrioleurs en herbe purent ainsi superposer une petite dizaine de représentations du quartier qui les intéressait, des plus anciennes à celles qui ne dataient guère que d’une cinquantaine d’années.

Regarde…

Lune suivit de l’index des lignes sombres sur l’hologramme, tirées des cartes les plus anciennes.

Les premiers tunnels, enfouis sous la surface, mais avec des conduits de ventilation qui remontent parfois jusqu’aux constructions récentes. Tu vois comme la cité moderne correspond absolument pas à la disposition ancienne des rues ? Ça laisse espérer que les premières galeries sont tombées dans l’oubli pour la plupart des gens. Ce serait comme surveiller de vieux égouts, en vrai. Personne fait ça.
Maxence Darkan
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-Hm-hm. Ouais. Ok. Je vois.

Drôle d'activité pour un rendez-vous cocon. Non. Coquet. Elle l'écoutait attentivement -non- déblatérer la manière avec laquelle il allait trouver la carte, pendant qu'elle était assise, la tête à l'envers, les jambes en l'air, dans un fauteuil franchement dur, même pour le prix de la chambre. Pendant qu'il se chargeait de son codage, Maxence, elle, faisait dans la ressource humaine. Son but était simple, au-delà de connaître la demeure dans laquelle ils rentreraient, c'était surtout le nombre de gardes, leurs qualifications et, si possible, les rondes. Mais elle n'y croyait pas trop, ses relations sur Riileb étaient assez... minces. Elle n'était aller qu'une seule fois sur la planète pour un tout autre job dans une toute autre ville. Quand il eut terminé, c'est à dire après d'interminables minutes. Elle se leva pour scruter l'écran de son partenaire par dessus son épaule. Elle hocha la tête silencieuse, puis, avant qu'elle ne puisse couper le silence, Eos intervint.

-Je suis chaque mouvements de Maxence et l'ai déjà vu faire bien pire que ses besoins. Je pense pouvoir renverser l'industrie de l'holoporn par ma simple présence.

-Wow. Admit Maxence, tournant son regard vers son poignet. Premièrement, c't'extrêmement indélicat d'ta part, et deuxièmement... tu réponds à un question posée y' a deux heures.

-Il fallait que ça sorte. Je retiens tout ça depuis trop longtemps. Je suis à deux doigts de faire une dépression, Maxence.

-Han... mon intelligence artificielle de compagnie commence à développer des traits purement biologiques. C'est flippant. Puis elle se tourna en direction de Gueule d'ange. Si t'es vraiment en manque, j'peux t'vendre quelques unes de mes sextapes, surtout si, ça... la blondinette se mordit la lèvre inférieure en pointant son corps de haut en bas, t'intéresse. … Ho, j'viens d'avoir une révélation, j'devrais m'reconvertir dans l'holoporn... j'veux dire, j'ai même inventé mes propres positi...

-Pitié, arrêtez de parler de ça.

-Ouais, donc. Elle se tourna vers son bracelet. Ça m'semble plutôt simple dans la théorie... juste moins dans la pratique. Parce que c'est marrant d's'infiltrer via la ventilation, mais comment tu comptes rapporter toute la merde qu'on va voler ? Genre, traîner ton sac de voleur dans la ventilation c'est sympa, mais va falloir éviter d'le bloquer.

Il y eut un silence. Comment avait-elle fait pour réfléchir autant ? Ce n'était pas normal.

-En vrai j'chipote, faut savoir voyager léger, mais prendre plus de temps. Finalement, son bracelet sonna. Tu m'permets ? Fit-elle avec une étrange politesse en approchant son bracelet de celui de Gueule d'ange afin de transférer des données. Ok, voilà l'plan d'la demeure... bon, c'est des plans qu'ont maintenant une dizaine d'années, j'ai pas pu trouver mieux.

Le problème d'un plan âgé d'une dizaine d'années, c'était que les propriétaires riches et excentriques dans le genre de leur cible avaient tendance à faire des rénovations rapidement, avec les meilleurs ouvriers du coin. Donc, il fallait s'attendre à se retrouver avec un salon un peu plus grand et une dépendance désormais liée par un couloir à la maison.

-On devrait trouver une poignée d'gardes, cinq, peut-être six en l'absence de Bailand. De c'que j'comprends, ça a pas l'air d'être un mec très discret, plutôt du genre à accrocher ses trophées au mur en demandant aux autres de l'admirer. Donc faut viser le hall, le salon, la salle à manger et... la chambre. Faut pas s'étonner si tu retrouves du sperme sur les objets. … J'l'imagine bien secouer son gourdin dans tous les sens en s'admirant lui et ses possessions dans la glace.

Dégueulasse, mais réaliste. Avec ses quelques années de magouillage sur Coruscant, elle n'était pas étrangère à l'idée du cambriolage. Certes, plus jeune, les cambriolages avaient plus à voir avec du défonçage de porte, chopper tout ce qui était possible et se tirer avant que la police appelée par les voisins ne rapplique... là, c'était de la haute volée.

La blondinette se mit à réfléchir dans son coin, s'asseyant dans le bon sens, cette fois, sur le fauteuil, elle regardait le plan de la maison par rapport aux anciens tunnels de la ville. Ils semblait praticables avec sa moto-jet, sans voir plus grand, un speeder se retrouverait vit coincé aux intersections.

-Pour c'qui est du matériel, on peut s'contenter du minimum, j'ai une bécane pour qu'on puisse se tirer rapidement... j'ai aussi un droïde sonde qui peut nous être utile si besoin, mais j'suis pas vraiment spécialisée dans l'infiltration si tu vois c'que j'veux dire, y' moyen que j'me fasse chopper. Elle dégaina une cigarette et, au cas ou, elle lui jeta le paquet, si l'envie soudaine d'en fumer lui venait. La baraque doit être bourrée d'systèmes de sécurité. Caméras, portes blindées à ouverture digitale, putain de... lasers, ou d'capteurs de mouvements, j'sais pas. Haussa-t-elle les épaules. Tu t'sentirais capable de... tu sais... jouer les p'tits fouineurs et foutre joyeusement tout ça en l'air ?

Elle ne s'y connaissait vraiment pas en hacking, c'était Eos qui pouvait s'en charger, et encore... mais elle pouvait concevoir que la sécurité du réseau d'un musée était sûrement plus faible que celle de la maison du numéro deux d'une planète entière.

-Au moins nous offrir une fenêtre d'action ?

Finalement, il n'avait pas fallu plus que ce hacking du musée pour que Maxence le pense suffisamment doué pour mener la mission à bien. Mais que voulez vous ? Elle avait une bien plus grande confiance envers les capacités de la jeunesse que celle des vieux grabataires un peu trop sûrs d'eux.
Lune Volteplume
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Oh, si tu veux de te lancer dans l’holoporn, s’exclama le jeune homme avec un enthousiasme quasi innocent, je peux t’aider. Il faut te monter une plateforme, je peux te faire le système de paiement, quelque chose de sécurisé et de simple d’utilisation pour la clientèle. C’est ce qui est important. Combien de fois on voit des gens avec du contenu de qualité mais qui n’ont pas pensé à l’expérience utilisateur ? L’autre jour, je traînais sur un site de motoculteurs…

(Pardon ?)

… et l’interface, mais affreuse, je te raconte pas le cauchemar. Impossible de trouver les spécifications pour le modèle de… Enfin bref, peu importe. Tout ça pour dire que si tu as besoin d’un consultant, je suis là pour ça. J’ai même aidé ma soeur avec son petit business de fictions érotiques. C’est fou ce que ça se vend bien. Dire que les réacs prétendent que les gens ne lisent plus comme avant. Qu’est-ce qu’on disait déjà ?

Ah.
Oui.
Le cambriolage.

Pour le transport, je sais pas trop. En fait…

Le hacheur se mit à pianoter du bout des doigts sur le bord de la planche étroite qui servait de bureau dans leur chambre. Après tout, ils étaient payés au pourcentage et ils avaient tout intérêt à ratisser aussi large que possible. D’après leurs informations, leur cible récoltait des objets de tout types. Des artefacts archéologiques, des collections de pièces de monnaie. Des morceaux de monuments.

Hmm…

Lune hocha la tête d’un air un peu distrait quand Maxence se mit à compter les gardes — en théorie, en tout cas —, puis il répondit machinalement :

Oui. Oui, je peux fourrer. Fouiner ? Fou. I. Ner. Je peux fouiner.

Encore un nouveau mot à ajouter à son répertoire du basic.

Les systèmes de sécurité doivent rien à un poste de contrôle. C’est là qu’il faudrait intervenir directement. Ça, j’imagine que ça a pas beaucoup changer par rapport aux plans initiaux du bâtiment, je les vois mal refaire en permanence leur câblage pour le simple plaisir de bouger le PC sécurité. Il me faudrait quelque chose pour neutraliser les gardes qui y seront postés. Ensuite, je prends le contrôle du bâtiment, tu te charges de la résistance physique et on vide les lieux.

Lune agrandit les plans holographiques du palais.

Mettons qu’on rentre par là, dit-il en suivant de l’index leur trajet hypothétique à partir des anciennes galeries souterraines. Je te laisse dans le sous-sol, je pars du côté des locaux techniques, de ce côté. J’arrive au PC Sécurité par un moyen qui reste à déterminer, je neutralise les gardes… par un moyen qui reste à déterminer, OK. Et toi, tu fais un circuit dans les pièces d’exposition pour récupérer des objets. On présume que tu les descends dans les galeries souterraines. On y va en motojet, avec une barge à l’arrière, il nous faut un treuil pour descendre de la cargaison. Et du temps. Mais plus on y pense du temps, plus on risque de se faire pincer à la sortie. Ce serait plus efficace si… Tout se trouvait au même endroit, tu vois ce que je veux dire ?

Il fit pivoter l’image pour mettre en évidence la chambre forte du domaine.

Imagine. Je suis un mec qui a des trésors, mais qui aime bien les exposer. Il faut bien que j’ai des mesures de sécurité au cas où… Genre, je sais pas… Assaut orbital, incendie, inondation. Un endroit où entreposer toutes mes richesses. Imagine que des sismologues parfaitement respectables avertissent de l’éminence, pardon, l’imminence d’un tremblement de terre. Quelque chose de bien violent, épicentre pile sur la capitale. Je présume que les objets précieux et fragiles partent dans la chambre fort. Toute la maison est nettoyée, tout est concentré au même endroit. Si on force les mecs à faire la moitié du travail à notre place en décrochant les bibelots du mur, ce sera autant de temps de gagné et de butin supplémentaire.

D’un geste de la main, le jeune informaticien balaya la projection des plans pour afficher l’holonet et le fruit de ses recherches sur les dispositifs de la ville en cas de catastrophe naturelle. Tout en faisant défiler le site de la municipalité détaillant les différents nivaux d’alerte et les précautions d’usage, il suggéra :

Je monte un ou deux sites pour les convaincre de l’existence d’un centre d’experts en sismologie. C’est facile, on aspire du contenu de centres de recherche authentiques, un peu de toilettage, des images du coin, un petit article ou deux sur un programme de surveillance de l’activité sismique à Riileb et les points de vigilance du moment. Toi… Si jamais t’as le sens des explosifs, tu peux faire péter quelque chose sous leur bâtiment, juste pour leur faire ressentir une ou deux secousses en guise d’avertissement. On pirate le système de messages automatiques de la mairie pour leur envoyer une alerte tremblement de terre. Ils ramènent tout dans la chambre forte. On intervient le soir, pas la peine de se taper toute la maison, tu vas droit au but, je vais droit au PC Sécurité. Si on a une deuxième bombe, nouvelles secousses. Ils croiront que le système tombe en rade à cause du séisme. On fait notre affaire et on est déjà loin quand ils rouvrent la chambre forte le lendemain pour découvrir qu’elle a été en partie écumée.
Maxence Darkan
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Peut-être que cette idée de se lancer dans une carrière pornographique était sortie un peu vite de la bouche de Maxence, mais la réponse de Gueule d'ange avait fait pire. Maintenant elle commençait à considérer sérieusement à se faire de l'argent de poche facile de cette manière.

-Va falloir qu'on s'envoie en l'air si tu continues d'me parler comme ça grand fou. Façon de dire. Évidemment qu'j'ai l'sens des explosifs. J'suis née pour faire péter des trucs. Par contre j'ai pas d'matos. Donc j'vais faire des courses et toi, occupe toi des sites.

Le plan était... un plan. Bon, il fallait vraiment être sûr que les sites soient réellement convaincant, que les gardes de la demeure allaient déposer les bibelots dans la chambre forte et surtout... il fallait être sûr que les explosifs de Maxence marchent. Entre nous soit dit, ce n'était pas gagné. Elle avait disparut pendant très exactement deux heures et trente trois minutes, passant près d'une heure dans les transports en commun au total. Mais elle était bien là, dans son petit cocon avec Gueule d'ange, toujours en train de... faire ses trucs de nerd.

La blondinette avait deux gros sacs de course dans les mains. Une goutte de sueur coulait lentement sur son front tendit que son expression n'annonçait rien de bon quand à son état mental. Elle avait l'air : putain-d'en-colère. Bougonnant, marmonnant, grognant, elle lâcha lourdement sa cargaison sur le sol avant de se laisser tomber en tailleur sur le sol. La carte de la résidence s'afficha et son cerveau noyé de chaos et de destruction se mit à tourner pour se demander ce qui ferait le plus de dégâts sans en faire. En déversant les sacs, elle laissa tomber toute une trâlée de tuyaux, barres de faire, boites de poudre, tubes remplis de liquides franchement pas rassurant et de fils en tout genre. L'artificière se craqua les doigts, la nuque, et les orteils -parce qu'elle pouvait faire ça, et c'était encore pire en vrai qu'à l'écrit-, puis elle se mit au boulot sans attendre.

Maxence avait cet air. Un air que peu de personnes dans la galaxie avait vu. Son visage, ses traits, ses yeux... elle avait l'air... concentrée ? Je sais, remettez en place votre pacemaker en place, asseyez-vous bien, mais oui, elle était concentrée. Fabriquant trois bombes, quasi-identiques. Des tubes, en somme, d'à peu près cinq centimètres de diamètre et quinze de hauteur. Enroulés dans des fils de couleur bleue, rouge, jaune, vert. Quand elle les secouait, un bruit de liquide clapotant contre les parois retentissait. Sur la carte, elle avait placé trois points, exactement, répartit le long de la galerie qui passait sous la demeure. Un point rouge, un bleu et un jaune. Mais attention, chaque bombe avait sa gommette de couleur : une rouge, une bleue et une jaune.

-J'te présente Tiry, Miny et Viky. C'est des mecs, d'où la référence phallique. J'veux dire, j'aurais pu les faire en forme de vagin, mais c'est vachement plus complexe que l'truc que vous avez entre les jambes. Comment, exactement, savait-elle qu'il s'agissait biologiquement d'un mâle en face d'elle ? Il me faudra un peu d'temps pour les placer, mais l'idée est simple. La rouge, petite explosion pépouze. La bleue, elle commence à faire peur. La jaune c'est un autre niveau. On ira crescendo, pour leur faire croire que le tremblement d'terre s'intensifie... ou se rapproche, je sais pas comment fonctionne les tremblements d'terre.

Ils s'intensifiaient. Je crois. Je ne sais pas non plus comment fonctionnent les tremblements de terre. Elle se redressa pour les poser l'une à côté de l'autre, sur la table où travaillait gueule d'ange, juste pour s'assurer qu'il était bien concentré. Pour une fois, elle était sûre de la stabilité de ses joujoux... normalement il y avait une marge d'erreur à auteur de six contre dix... là elle tapait dans le quatre contre dix, ce qui restait son record à ce jour. Après ça, elle se tourna vers ses holsters pour en sortir un blaster. Elle le plaqua bruyamment sur la table pour le présenter à son équipier.

-Tu cherchais un truc pour neutraliser les gardes sur ton chemin ? Toc. Un flingue. Ça marche à tous les coups. Qu'entends-je ? Qu'ouïe-je ? Qu'accoustique-ai-je ? T'es pas du genre à tuer ? Elle enclencha le mode non létal. Hop, au dodo les gardes. Elle se pencha vers lui en prenant un air plus sérieux. J'peux éclater des gueules à la volée, mais j'peux pas être partout à la fois. Son index le désigna de haut en bas. T'as ni la gueule d'un tueur, ni celle d'un type qui porte un blaster sur lui, mais t'en fais pas, maman est là pour toi. On communiquera pendant l'casse, mais si tu t'fais chopper, tout s'écroule et j'tombe avec toi. Étrangement, l'inverse arrangeait plus gueule d'ange. Et si t'es pas trop flingue. Elle posa son couteau à côté de l'arme. Fais ton choix.

En attendant qu'il fasse son choix, s'il en faisait un... les petits jeunes, on ne sait jamais ce qu'ils pensent, rien d'étonnant s'il se mettait soudainement à refuser une des deux armes... Maxence se pencha sur les sites qu'il avait concoctés.

-Alors, on est bon ? T'as fini ?
Lune Volteplume
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Qui aurait cru que la sismologie était un univers aussi fascinant ?

Lune était :
CA
PTI


Ce fut à peine s’il se rendit compte que sa complice avait quitté la chambre. Assis n’importe quand sur la chaise bizarrement dimensionnée dans leur petit chambre d’hôtel peu engageante, le jeune homme s’était plongé dans les mystères des failles tectoniques, et des sables mouvants, et des volcans insoupçonnés, et puis aussi des ondes magnétiques, et des fabricants de sismographe, cette horde impitoyable déchirée par une rude concurrence qui faisait bien des victimes.

Il avait aspiré un site d’un centre de sismologie d’une obscure planète à l’autre bout de la Galaxie, aux confins de la République, dont le profil tellurique ressemblait à celui de Riileb et, à partir de là, tout n’avait été qu’une odieuse entreprise de désinformation à base d’images trafiquées et d’usurpations d’identités. Des scientifiques parfaitement authentiques d’autres mondes de l’Espace Hutt se trouvaient brusquement chercheurs associés à leur corps défendant dans le tout nouveau centre de recherche, un algorithme scannait tous les textes du site originel pour modifier les références géographiques et Lune, lui, apportait un soin méticuleux aux pages principales.

C’était une oeuvre d’art et, au fond, ce qui était désolant, c’est que personne ne pourrait jamais l’admirer à sa juste valeur. D’habitude, quand il créait de faux sites pour soutirer de l’argent à des bourgeois sous couvert de leur vendre des élixirs anti-âge miraculeux — exemple bien entendu purement fictif sur lequel il ne reviendra qu’en présence de son avocat —, le jeune hacker pouvait se vanter de ses exploits dans les profondeurs mal famées de l’Holonet, mais quelque chose lui disait que cette fois-ci, son employeur apprécierait sa discrétion.

Maxence n’eut pas même le droit à plus qu’un bref regard quand elle fit son retour, tout ça parce que môssieur était trop occupé à altérer une vidéo pour faire croire qu’une sismologue bothane s’inquiétait il y a quelques semaines de cela de l’impréparation de la municipalité de Riileb en matière de risques sismiques. Une splendeur. Une véritable splendeur.

Lune finit par pousser un soupir de satisfaction, juste avant qu’on ne lui mette un blaster sous le nez.

Cool !

Le Shaddaese s’empara aussitôt de l’arme.

Une fois, avec mes frères et mes soeurs, on a joué à tirer sur des canettes dans un terrain vague, ‘fin un terrain vague, on se comprend, quoi, un genre d’arrière-boutique dans un genre d’usine désaffectée, hé ben j’en ai touchée… euh… une. Je crois. C’était pas très, très clair.

Autant dire qu’on a affaire à un as de la gâchette. Il essaya de le faire tourner autour de son index comme un vrai cowboy de Tatooine. Sans succès.

Euh… ouais… Bon, je le garde au cas où, hein, mais mon truc à moi, c’est plutôt la discrétion, tu vois ? Et ma force de persuasion.

(Voire la persuasion par la Force.)

Bref ! Regarde moi cette merveille.

Lune ralluma son ordinateur qui se mit à projeter une vidéo avec deux tookas en train de faire des galipettes.

Ah non, mais ça, c’était pour me reposer les yeux. Voilà.

Beaucoup moins fun, le CHAT.

Centre Huttese d’Alertes Tectoniques. Y a une version en huttese, une version en basic, ça parle de Riileb mais pas que. Là, tu vois, quand tu fouilles dans les archives, y a des alertes progressives depuis deux ou trois mois sur l’augmentation de l’activité sismique. C’est un peu moche pour qu’on voie bien que c’est des scientifiques sans aucun sens du graphisme. Y a même…

Clic clic clic.

Des comptes sur les réseaux sociaux. Bon, tous les followers sont des bots, hein, évidemment, mais t’as des posts illustrés avec des graphiques immondes, parce que bon, c’est des scientifiques. Franchement, c’est pas trop mal du tout. Après, t’inquiètes pas, hein, si je te fais ta plateforme d’holoporn, ce sera vachement plus joli. Ou trash. Comme tu veux. Mais y aura des visuels percutants.

Après avoir acheté quelques boosts publicitaires sur les réseaux sociaux pour faire gagner un peu de visibilité aux messages alarmistes du CHAT, Lune désactiva la projection avant de s’étirer sur sa chaise.

On attend la nuit, on est d’accord ? Ce sera plus discret et l’équipe de gardes se posera moins de questions sur le fait que ça ne s’agite pas dans tous les coins de la ville. J’ai mémorisé le plan de la villa et celui qu’on a volé au musée. Reste la question de la livraison et de l’exfiltration. Est-ce qu’on va tous les deux larguer ça dans le désert ou est-ce que quelqu’un reste en ville pour vérifier que ça dégénère pas ? Et on part de la planète tout de suite après ou on reste deux ou trois jours discrétos à l’hôtel, pour pas trop s’attirer de soupçons ?

Non que ce fût le grand luxe, mais Lune tenait à entretenir l’illusion qu’il n’était pas venu sur Riileb seulement pour commettre un crime.

Perso, mon alibi, c’est que j’ai une idée de start-up qui offrirait des maisons en coliving sur des planètes bon marché pour des influenceurs social media en incubation qui auraient pas les moyens de se payer les grosses planètes. Je viens faire de la prospection. J’ai même écrit un business plan et tout. Au cas où.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Ouais, bah... les têtes, c'est un peu comme des canettes. … Sauf que ça bouge. … Et si tu rates, ça crie.

Les bleus avec leur besoin de ne pas utiliser des armes à feu. Quelle idée. Il fallait aussi se permettre de tuer des gens pour percer dans le métier, les Robin des Bois ne survivaient pas longtemps pour une raison.

Pour en revenir au boulot du Hackeur.

Ce n'était pas très encourageant pour sa plateforme d'holoporn, tous ces graphiques... Malgré tout, il fallait dire que pour Maxence -férue d'informatique, à n'en pas douter-, le travail de son coéquipier semblait convaincant, les sites et les personnes présentées avaient tout l'air de personnes envers lesquels la blondinette, qui, pendant un moment, croyait que les carottes poussaient dans les arbres à cause de ce genre de site, pouvait offrir sa confiance aussi limité soit-elle sur l'holonet. Sans compter le facteur : je ne suis qu'un garde à la botte d'un multimillionnaire qui n'hésitera pas à détruire ma vie si son bibelot millénaire venait à tomber sur le sol, un facteur pour le peu non négligeable qui les aidera sans aucun doute après l'explosion de la première bombe.

-Joli boulot. J'aime bien la couleur de ce graphique là. Sûrement l'avis le plus pertinent qu'il pouvait recevoir, et de loin. Il faut juste que je règle deux trois points sur les zones d'explosion. C't'à d'ire qu'y' faudrait éviter d'se faire sauter l'issue de secours.

Avec du recul, elle avait pensé aux points d'intérêt, mais il fallait sûrement repréciser la chose, c'était plus compliqué que ça, faire trembler une structure sans perdre de bout... il fallait un diplôme d'artificière que Maxence n'avait pas spécialement. En retournant se pencher sur les plans, elle discuta de lui... du plan, mais pas sur le... même... enfin, le plan de la mission.

-Ouais, évidemment qu'on va faire ça de nuit, j'ai pas envie d'me faire calculer par la voisine sous sa douche pendant qu'j'lui pique ses merdes. Elle dressa une main au-dessus de son épaule. Si tu m'fais suffisamment confiance, j'm'occuperai d'larguer la cargaison pendant qu'tu feras le gai en ville... j'te dis ça parce que j'te fais pas suffisamment confiance pour que tu conduises ma bécane. Ce qui, soyons honnêtes, pouvait se comprendre. Après j'suis pas... genre... super forte pour employer des stratégies à la lettre, si tant est qu'elle savait ce que « stratégie » voulait dire, mais ouais, j'suppose que rester deux trois jours, le temps qu'ça s'tasse, c'est pas con.

Dans tous les cas, la mercenaires ne s'inquiétait pas spécialement des répercussions possibles sur sa carrière... premièrement parce qu'un cambriolage réussi, pour une main à tout faire, ce n'était pas un point négatif sur le CV, en ignorant le fait qu'elle s'est fait chopper après. Secondement parce que ses proches étaient suffisamment vifs et intelligents pour ne pas se laisser faire par un politicien de l'espace Hutt qui ne pourra pas aller plus loin que d'envoyer quelques sbires à la mort en tentant de les tuer. … Bon, d'accord, si les Siths rentraient dans le tas, c'était une autre paire de manches. On ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs.

-J'suis mercenaire, les alibis, c'est pas une nécessité. J'ai un droit d'secret professionnel. Non, pas vraiment, mais des fois, il suffisait de croire très fort les conneries qu'on déballait. J'aurais qu'à dire que j'avais affaire avec le Kadjidic du coin pour... j'sais pas, un échange de biens. Tu vois l'genre.

La première bombe exploserait dans un renfort de la galerie, pas loin de là où ils accéderaient à la demeure. La seconde, placée un peu plus loin, secouera toute la structure, sur le chemin en continuant tout droit, elle explosera sous les cuisines. La troisième, quant à elle, explosera sur le flanc gauche de la maison, en continuant d'autant plus loin dans la galerie. La puissance de la troisième bombe risquait de détruire une partie des tunnels, mais leur échappatoire serait de l'autre côté. La secousse sera violente et une partie du jardin allait sûrement s'enfoncer après la déflagration, avec la structure de la galerie qui encaisserait le premier choque, à l'extérieur, il n'y aurait presque aucun mouvement jusqu'à ce que la terre retombe lourdement dans les cavités détruites. Parfait.

-Bon bah c'est bien. Manque plus qu'à attendre.

Et l'attente fut absolument fabuleuse. L'holotv Riileb est tout bonnement fascinante avec toutes ses mandibules et... ses... ouais, absolument fabuleuse.

***

Maxence, langue sortie, caressant sa lèvre supérieure, fixait, lampe scotchée à l'épaule, Tiry contre sa première parois. Les galeries, vieilles, délabrées et sûrement entretenue annuellement, histoire de s'assurer que rien n'allait s'écrouler, puait la poussière humide. Le sol poisseux fixait la terre aux chaussures et les murs de briques peut-être millénaires suintaient de petites bêtes, insectes au nombre de pattes surprenant, limaces camouflées par leur couleur, araignée aux comportements étonnement paisible. Pourtant ce long tunnel interminable était grand, large, la preuve, Maxence avait escaladé presque deux mètres pour placer son premier dispositif et, avec du recul, l'endroit témoignait d'une ancienne, très ancienne activité. La blondinette pouvait très bien imaginer les gamins courir dans tous les sens, bloquant les pattes des aînés, les pressés qui poussaient les baladeurs, les petits marchants à la sauvette qui vous promettait la fiole de Jouvence, l'éternelle jeunesse pour une poignée de pièces de la monnaie locale. Quelque part, elle aurait aimé voir cet endroit vivant.

-Pas trop paumé ? Elle tenta de distinguer son équipier. Tu te souviens pour le flingue, sur le côté, le petit bidule que tu montes ou tu descends, c'est la sécurité, le reste, t'y touche pas, t'as juste à appuyer sur la gâchette.

Sur la montre, il était l'équivalent d'un bon vingt-trois heures Coruscanti, en gros, il faisait nuit à l'extérieur. Elle fixa la première bombe, quitta son perchoir et continua plus loin. Les phares de la motojet éclairer l'élégant fessier de la mercenaire alors que, elle, de son côté, était incapable d'admirer gueule d'ange... le bougre l'éblouissait.

-Laisse moi encore cinq minutes.
Lune Volteplume
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Attends, j’ai rien compris.

Depuis la salle de bain, Lune essayait de suivre les méandres difficiles du soap opera entre insectes que l’holoprojecteur leur diffusait depuis deux heures.

Je croyais qu’elle couchait avec le frère de l’associé du mec qui était dans l’autre clan, là ?

Pas évident, cela dit : d’abord, les relations entre les protagonistes étaient incompréhensibles, ensuite, le doublage en huttese d’un niveau abyssal et enfin, le jeune homme était trop préoccupé par sa tenue de parfait petit cambrioleur pour suivre les images dans la chambre.

Présentement, il s’examinait les fesses, dans le pantalon un peu moulant, et vérifier d’un index critique leur fermeté. Au tour des abdominaux. Parfait. La natation portait ses fruits. Il ramena ses longs cheveux blonds dans un bonnet et sortit de la salle de bain.

Je suis prêt.

Et c’est ainsi qu’une ou deux heures plus tard, appuyé contre un speeder, il passait le temps en fixant les fesses de Maxence. Par pur souci, sans aucun doute, pour la sécurité de sa coéquipière.

Hmmm…?

De qui de quoi ?
Une mission ? Quelle mission ?

Ah. Euh.

Lune fit aussitôt mine de se reprendre de passion pour les plans de l’opération, mémorisés depuis longtemps.

Ouais, ouais. La sécurité, tout ça. T’inquiètes, je gère.

Hé bien avec tout ça, c’était l’heure de pénétrer un tunnel, si vous voyez ce que je veux dire. Lune s’assura d’avoir l’ordinateur bien fixé à l’avant-bras, avant de se mettre en route. Verticalement. Sur plusieurs mètres au-dessus de leur tête un large conduit, qui menait jadis jusqu’à la surface de la capitale, et désormais jusqu’aux sous-sols de la villa de Bailand Hoodste. Un ancien pilier d’aération, condamné par les constructions plus modernes, ce qui expliquait l’atmosphère pesante de tous ces souterrains.

Une ancienne échelle métallique servait à l’ascension, incrustée dans la roche. Elle avait servi jadis à la maintenance des puits de ventilation et ses barreaux usés témoignaient du passage du temps avec des grincements que Lune aurait aimé pouvoir ignorer. Malgré tout, une dizaine de mètres plus haut, il parvint à se cogner sans encombre contre une trappe soigneusement fermée.

Un bras autour de l’échelle, le hacker présenta l’autre à l’obstacle et attendit que son ordinateur détecte le système d’ouverture. Une serrure magnétique assez simple, contrôlée depuis un panneau à l’entrée des sous-sols. Il ne restait plus qu’à attendre avant d’agir, que les explosions sèment la confusion.







Ne pas penser à ses crampes.
Ne pas penser à ses crampes.
Ne pas penser à…

La première détonation ébranla l’échelle. Lune entendit un bruit d’éblouis et puis l’armature métallique se mit à pivoter, d’abord lentement, et puis très vite, en l’écrasant au passage contre le mur de roche.

Hmpf !

Après cette observation sagace, Lune fit tout son possible pour se retenir aux barreaux et pour peser de tout son poids afin de ramener l’échelle dans sa position originelle. Avec des mouvements de balancier, il parvint à la caler à nouveau contre le mur, mais il était évident que le choc à la structure avait dû sectionner l’échelle quelques barreaux en dessous.

Mais Maxence était une mercenaire aguerrie, pas vrai ? Elle saurait bien faire preuve d’un peu d’agilité.

À la deuxième détonation, le Shaddaese activa le décryptage de la serrure. Le code ne tarda pas à s’afficher à l’écran et la trappe à faire entendre un murmure électrique, avant de se déverrouiller. Le jeune homme se hissa aussitôt à l’intérieur du sous-sol avant de se précipiter vers le panneau de contrôle de la salle pour sectionner les câbles qui le reliaient au PC Sécurité. Avec un peu de chance, on croirait que le système avait été endommagé par le tremblement de terre.

La troisième explosion acheva de propager des ondes dans tout le bâtiment. Dans le sous-sol tremblaient les étagères où s’alignait le matériel d’entretien.

L’oreille contre la porte, les yeux fermés, Lune laissait le Courant Blanc lui portait les sons de ce qui se tramait à l’intérieur de la villa. D’abord, ce fut surtout le bruit des objets en cristal qui s’entrechoquent et des bibelots qui tombent les étagères. Puis le silence, une fois la secousse achevée. Le temps de consulter les alertes sismiques sur l’holonet, qui annonçaient des répliques plus inquiétantes encore.

Les secondes passaient et Lune commençait à se demander sur leur plan n’était pas voué à l’échec. Et puis il entendit des pas, d’abord lointain, et enfin plus proches. Une conversation, en riileb. Et une troisième voix, en huttese :

Mais dépêchez-vous, bordel, les simsologues…
Sismologues.
Tu emballes ou tu fais le dictionnaire ?
J’emballe, j’emballe !

C’était le début du grand déménagement. Des objets précieux enveloppés à la hâte pour être transportés dans la chambre forte originellement installée en cas d’attaque orbitale. Quand Lune eut l’impression que la pièce voisine avait été ratissée, il se laissa couler dans le Courant Blanc pour dissimuler sa présence et se faufila à l’intérieur.

Le sol était jonché de débris. On voyait sur le parquet la marque d’un tapis probablement hors de prix roulé à toute vitesse pour être transporté comme le reste de la collection. Lune bifurqua dans le couloir adjacent et s’y figea aussitôt, parce qu’un garde velu grognait des ordres incompréhensibles à une troupe d’esclaves qui se pressaient pour mettre les objets précieux à l’abri.

Le jeune homme dut attendre des minutes qui lui parurent interminables pour reprendre sa marche en direction du PC Sécurité. Quand il fut devant la porte protégée par un accès biométrique, il posa un genou au sol et, après un regard circulaire, abandonnant son invisibilité pour entreprendre d’instiller un Brouillard de l’Ombre dans les interstices.

En quelques secondes, l’épaisse brume avait envahi le poste de contrôle et une bonne partie du couloir. La porte ne tarda pas à s’ouvrir pour laisser passer deux Riilebs paniqués. Le Fallanassi se faufila à leur place dans la pièce. Se précipita sur la serrure pour la reprogrammer à son empreinte, avant de s’installer dans un fauteuil, de voler un donut abandonné et de boire une gorgée de soda.

OK OK, se murmura-t-il en faisant craquer ses doigts, et maintenant, c’est l’heure d’isoler les méchants et d’ouvrir le passage à la gentille. Je me demande si on peut zoomer sur ses fesses…
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Bien joué partenaire, joli travail partenaire... nan, nan, à la place il mate mon cul sans même me proposer de goutter l'sien.

On ne la faisait pas à une femme, le sixième sens du cul maté ne mentait jamais. Ceci dit, elle venait de fixer la dernière bombe et se mit à trottiner quelques mètres... quelques branlées de mètres, pour éviter de sauter avec les tunnels. Elle s'arrêta près de sa motojet, les mains sur les hanches, toute fière, prête à admirer ses créations à l’œuvre. La première explosion était cool. Petit rictus. La deuxième était vraiment bien. Sourire. La troisième était un véritable plaisir et, depuis sa position, elle put sentir le vent de la déflagration la décoiffer à la perfection. Il était temps de grimper récupérer les bibelots, sac à dos en place.

-Aïe ! Ouille ! Aoutch !

Elle était tombée. Il manquait des barreaux. Deuxième essai, avec plus de classe et un petit bond à base de traction et d'une articulation -la seule- de coude qui craque. Secouant son bras, accroupie, basse sur ses appuis, elle jeta un œil à gauche, puis à droite. La voie libre, elle s'avança. Combien de temps s'était écoulé depuis les détonations ? Difficile de tenir le compte, elle espérait ne pas s'être trop pressée, le gros de la marchandise devait se trouver déjà en sûreté... en « sûreté ». Elle avait suffisamment confiance en Gueule d'ange pour se dire qu'il avait atteint la salle de sécurité, comme il l'avait fait au musée, maintenant c'était à elle d'agir sans se faire remarquer et éviter d'alerter toute la maison et pire, la police. Mal barré, donc.

-Ici Poétesse à Gueule d'ange, chuchota-t-elle, marchant à pas de louve, j'suis dans l'bâtiment, je rentre dans le ventre de la bête. Je répète : je rentre dans le ventre de la bête.

Elle passa typiquement par le même chemin que son coéquipier et, quand elle ouvrit la porte pour entrer dans le ventre de cette fameuse bête, elle put entendre au loin l'agitation mener par les gardes. Ils rangeaient, certains se criaient dessus, mais c'était plus les pas pressés, les bibelot se cognant les uns aux autres. La demeure était absolument sublime. Maxence se trouvait dans un couloir, une sortie anodine due à l'utilisation réduite pour des raisons évidentes.

Le sol était parsemé de tapis rouges aux motifs dorés élaborés dont le style similaire prouvait bien que, malgré son supposé prix exorbitant, n'était pas l'une des cibles. Les murs, décorés de tableaux, blancs, les murs, étaient accompagnés de plaque à la dorure parfaite, sans une trace de main dessus. Froid. C'était froid, se disait la blondinette en tournant son regard dans chaque coin pour s'assurer qu'elle était bien seule. Froid, mais riche, sans aucun doute. Ici, quand on était habillé de son plus beau peignoir bordeaux, marchant lentement avec son petit cocktail préféré, servi sans demander, par les valets de la demeure, on devait se sentir fort, on devait se sentir puissant, on devait se sentir seul.

Le chemin était tout tracé dans sa tête... mais elle eut une autre idée. La chambre. Pourquoi ? Parce que... parce que. Alors, au lieu d'aller à droite, elle partit à gauche. Le couloir en lui-même n'avait rien d'une entrée labyrinthique, les riches n'aimaient pas se perdre, ils préféraient se savoir dans leur environnement et le cerveau obtus qui les habitait leur dirigeait une architecture simple, allant à la facilité : à droite, la sixième salle de salle de bain, à gauche, le troisième dressing, plus loin, la salle de sport, toujours à droite, ceci dit. Et la Mercenaire, par curiosité, entre ouvrit les portes de bois plein, manuelles, évidemment, pour plus d'authenticité. Il était assez simple de remarquer celles destinés aux employés du manoir, elles étaient tout bonnement dernier cri, le genre à vous souhaiter la bonne journée en les passant. Quelque part, elle détestait ses portes... elles faisaient trop de bruit, elle n'osait pas y entrer.

-Kriffing oom-al oors !

-Calm oown, widd hear uba.

Maxence entra dans la salle de sport toute équipée, avec la chance de ne pas posséder d'objet de valeur à l'intérieur. Elle glissa son œil dans la serrure pour regarder. Deux ombres passèrent, chargées, mais trop rapides pour comprendre à quoi elles ressemblaient. C'était du Huttesse... pas de chance, elle ne pigeait rien, mais ils continuaient de discuter dans les couloirs quand elle s'échappa de sa cachette, ayant juste le temps de les voir bifurquer, les bras pleins, en direction de la chambre forte.

-Je sais qu'ça paraît bizarre mon chou, mais j'ai l'flaire, je sans qu'on va trouver des trucs de dingues dans la chambre. Commença-t-elle en reprenant sa route. Juste de quoi leur laisser l'temps d's'organiser pour tout cacher dans la chambre forte et rafler sans soucis.

Quelle ingéniosité ! Quel coup de poker ! Quel... en vrai c'était pas ouf, comme plan, mais ça marchait. Après avoir grimpée des escaliers de marbre nappé d'un drap rouge donc les rambardes en métal doux étaient ornées de pierres rouges polies à la perfection, elle se retrouva à un croisement parfait, dont l'un des couloirs, celui central, menait droit à la chambre.

Les pointes comme sur des œufs et les talons sur les nuages, elle trottina avec douceur en direction de la double porte, entre ouverte. Passant un œil discret, une femme attrapait, sur une étagère, des petites statuettes qu'elle entassait méticuleusement dans une boite rembourrée, prévu pour. La mercenaire ouvrit la porte, lentement, glissant ses semelles rudes sur le parquet délicat, sans faire de bruit, s'approchant dangereusement.

-Ah, wata ub...

Elle sursauta en voyant une femme blonde qui n'avait rien à voir avec ses collègues. Elle lâcha les statuettes qu'elle avait dans la main. Maxence bondit, glissant sur le sol pour les attraper in extremis, tournant sur elle-même pour balayer la garde. Étouffant le choc en se plaçant en dessous d'elle, elle enroula son bras autour de son cou, passant l'une de ses jambes pour crocheter celles de sa proie et l'étouffer. Quand la garde s'évanouit, la mercenaire la poussa sur le côté, elle n'avait quasiment pas fait de bruit. Scrutant les quelques statuettes, elle ouvrit son sac pour prendre celles qui paraissaient les plus chères. Alors qu'elle cachait sa victime évanouie, pas morte, elle stoppa son regard sur son corps, haussant lentement un sourcil.

Maxence avait disparu sur les caméras, compréhensible, le propriétaire n'avait pas envie d'être observé durant ses nuits agitées avec ses maîtresses, ou peut-être même ses maîtres, mais quand quelqu'un sortit de la pièce, c'était une femme habillée comme une garde, casquette sur la tête, bien enfoncée pour masquer le plus possible son visage. Mais au-delà de ça, elle savait que, de loin, elle passerait inaperçu, mais de près, elle se ferait repérer.

-T'aimes bien ma nouvelle tenue ? Ça m'fait un cul d'excellence. Finalement, en voyant se genre de tenue plutôt moulante, il fréquentait de préférence des maîtresses. J'avais raison, j'ai quelques statuettes qui fond pas la gueule dans mon sac, crois-moi. T'as repéré des objets intéressants qu'ils ont emmené dans la chambre forte ?
Lune Volteplume
Lune Volteplume
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D’un autre côté, y a pas beaucoup de vêtements qui doivent pas te faire un cul d’excellence.

Hé oui !
Ça drague, ça drague.
Mais en attendant, faudrait que ça cambriole.

OK, reprit Lune d’un ton plus professionnel. Comme prévu, y a des trucs gigantesques qu’on va pas charrier, mais les mecs ont transporté la joaillerie dans la chambre forte. Y avait aussi une collection de vieux datadisks, probablement des bouquins de collection, ça mange pas de pain. Les toiles de peinture sont roulées et rangées dans des tubes, ça me semble possible d’en embarquer un. Peut-être plusieurs toiles, si t’as le temps de dévisser et d’en enfoncer plein dans le même.

Tout en parlant, Lune poursuivait son entreprise du moment : comprendre le système de sécurité de la villa, qu’il avait au bout des doigts.

C’est parti. Les plans qu’on a sont pas tout à fait conformes, mais en gros la chambre forte est dans la même direction. Les mecs sont en train de la sceller, quand tu seras assez proche, je déclencherai une alarme intrusion dans la partie opposée de la villa.

Pendant ce temps, les portes automatiques se fermaient les unes après les autres, pour compartimenter les gardes. L’effet de surprise était probablement révolu, mais désormais, les employés se retrouvaient prisonniers dans leur propre maison. De temps à autre, Lune jetait des regards sur le moniteur qui transmettait la caméra du couloir juste derrière lui et où le brouillard obscur commençait petit à petit à se dissiper.

Tu vas arriver sur un escalier dans dix mètres. Laisse-le sur ta gauche, continue tout droit, au fond à droite, y a une porte.

Le regard du jeune homme bondissait d’un moniteur à l’autre. Tout regarder, tout contrôler, tout savoir. Il avait confiance dans le Courant Blanc pour diriger ses yeux là où il le fallait.

Faut que t’accélères, t’as de la compagnie qui monte l’escalier. Deux gardes. OK, sprinte vers la porte. J’ouvre dans trois… deux… un…

Les deux gardes débouchèrent dans un couloir désert. Le regard de Lune fit un bref crochet par un autre écran.

Ils ont laissé deux types postés devant la chambre forte. J’balance l’alarme intrusion pour dévier les autres de ta trajectoire. T’es dans l’escalier de service, là. Faut que tu descendes trois étages, jusqu’aux sous-sols.

Dans son couloir à lui, le Brouillard avait disparu et les deux hommes qui s’étaient précipités hors du poste de contrôle, appuyés contre le mur, tentaient encore de comprendre ce qui venait de leur arriver. Au même moment, le hacker lança une alarme sur le mur d’enceinte des jardins de la villa, puis vers le coin le plus éloigné de la chambre forte.

OK, Popo, t’as un boulevard jusqu’à la chambre forte, mais les deux gardes devant sont toujours là. Tu prends sur ta gauche au bas des escaliers, tu suis le couloir. Il fait un coude vers la droite et là, t’as un long couloir sans porte qui débouche sur la chambre forte. J’vais être en silence pendant quatre-vingt-dix secondes…

Un nouveau brouillard commençait à envahir la pièce.

… y a des gens qui frappent à ma porte.

Et, pendant que Lune disparaissait dans ses volutes de fumée noire, son corps semblait vibrer, se dédoubler, et même se répliquer. En quelques secondes, le Double fut créé, et le premier réflexe du Double fut de jeter un regard un peu lubrique sur l’Original.

(Nous jetterons un voile pudique sur les intéressantes petites expériences personnelles auxquelles Lune a pu se livrer avec ses pouvoirs.)

L’Original déclencha l’ouverture de la porte dans son dos. Les deux gardes eurent un mouvement de recul en constatant que la pièce était envahie par le même brouillard dont ils venaient à peine de s’extraire. Et puis soudain, le Double en surgit, les bouscula et s’élança dans le couloir. Les deux hommes poussèrent des cris et partirent à sa poursuite, sans se rendre compte que, derrière eux, la porte se refermait à nouveau et que le brouillard était déjà en train de se dissiper.

Lune suivit d’un oeil la progresse de son autre moi. À gauche. À droite. Jusqu’à un salon de réception. Où les deux gardes se ruèrent, armes au poing. Lune en verrouilla aussitôt les portes et alors que les deux hommes braquaient leur pistolet laser sur le fuyard, celui-ci commença à perdre sa consistance, avant de s’évaporer tout à fait. Non sans envoyer, de la main, un baiser à ses deux poursuivants.

De retour, Poétesse. T’arrives en vue de tes gardes dans cinq… quatre… trois… deux… un.

Les siens tambourinaient sur les portes du salon de réception, sous le regard attendri du Shaddaese. Et puis, tout en gardant un oeil sur la rencontre de Maxence avec les deux agents de sécurité, le jeune homme entreprit d’ouvrir le logiciel de gestion de la vidéosurveillance, pour préparer l’effacement des archives.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Ce grand flatteur ! Comment était celle marcher droit avec toutes ces émotions qui lui montaient au cerveau ? Elle avait à peine réussi a se cacher quand les gardes montèrent à son niveau. Elle se retourna pour descendre les escaliers métalliques, sûrement pas fait pour la délicate plante des pieds du propriétaire de la demeure. Elle devait s'admettre que les bottes des gardes étaient vraiment très inconfortables... ou pas à sa taille. Avec l'alarme à l'autre bout de la villa, Maxence avait complètement la voie libre jusqu'au coffre fort. Elle marcha sans pression dans la bonne direction, casquette baissée au maximum, voyant juste devant elle, les deux gardes qui gardaient les bijoux. L'un d'eux avança.

-Stop ! Wooh uba ?

Ah, oui, merde, elle avait zappé le fait qu'ils parlaient tous huttesse ici... si seulement elle avait été attentive en cours de langue durant ses années de collège, elle aurait pu baratiner rapidement. À la place, elle la joua décontracte, haussant les épaules.

-Bah quoi ? On a des trucs à mettre dans le coffre fort, pas vrai ? J'ai plein d'trucs dans mon sac, des statuettes. Faut faire gaffe, le tremblement d'terre va s'intensifier. Ils froncèrent tout les deux les sourcils et celui qui l'avait interpellée venait de dégainer son arme dans sa direction. Oh, hé, mollo mon chou, c'est moi... euh... elle jeta un œil à son badge. Ath'ardey... merde, pas facile à porter comme prénom.

Il lui hurla dessus en la pointant directement avec son arme, serrant ses doigts autour, prêt à tirer si elle s'approchait. Maxence leva les mains en l'air en prenant un air faussement étonné. Il donna des ordres à son équipier, tout en continuant de fixer la blondinette et, à l'instant où il portait son comlink à sa bouche, sûrement pour prévenir les autres gardes, la porte de la chambre forte s'ouvrit. Ils détournèrent tous les deux le regard de surprise. La mercenaire se rua sur le blaster, désarmant sa cible en écrasant son talon contre la rotule de l'autre. Coup dans la gorge pour couper la respiration, ses doigts s'enfoncèrent dans un point précis de sa mâchoire pour lui engourdir toute la zone. Elle se tourna ensuite vers l'autre pour le redresser d'un coup de genou dans le talon, enchaînant par un pouce s'enfonçant profondément dans son poignet pour lui faire lâcher le blaster et, finalement saisir sa tête, l'écrasant violemment contre un mur.

Il n'en restait plus qu'un, mâchoire pendante, essayant de l'attaquer. Elle encaissa un coup dans le ventre pour lui attraper le bras. Les doigts, des aiguilles d'acupuncture, semblèrent éteindre le membre de son adversaire. Lorsqu'il recula, il tenta de parler, ne pouvant que lâcher des sons roques, sans pouvoir articuler quoi que ce soit. Elle avait démontré toutes les capacités de ses techniques de combats, destinées à tuer, une technique pour les assassins, mais elle l'avait modérée, juste pour cette fois.

-Quoi ? Répète ? Nan, attends, j'pige pas. Elle jeta un œil à la caméra. Tu piges, toi ? Puis merde. Coup de talon retourné dans le plexus, si violent qu'on entendit ses vertèbres craquer contre le mur, il allait se réveiller avec un nouveau dos, celui là. Ok, j'avoue, j'me la pète. Donc... Ah merde, c'est vrai, voler des trucs.

Elle retira la casquette -miraculeusement restée sur sa tête- et son blouson, tout en posant son sac sur le sol pour considérer la salle dans laquelle elle se trouvait. Elle se rendit compte sur l'instant qu'elle n'avait jamais été aussi proche d'autant d'argent, il devait y avoir des millions et des millions de crédits réunis en un point... et encore, elle n'était pas très bonne pour évaluer ce genre d'objets. Un milliers de joyaux, ici, tout étincelait, il était possible d'admirer son propre visage dans la plupart des statuettes, bijoux, ou autres pierres précieuses, taillées dans la plus grande des finesses, pour leur offrir la véritable beauté qu'elles méritaient. Organisé avec perfection, il fallait admettre que pour les datadisks et peinture, il était tout de même plus complexe de s'admirer dedans, mais leur valeur, des fois, dépassait largement ces choses brillantes qui attiraient à coup sûr l'œil avide de l'humaine.

-J'ai l'impression d'être fasse à un buffet à volonté, sauf que j'calcule pas c'que peut porter mon ventre, mais mon sac...

Ce qui prenait le moins de place était d'abord les datadisk. Attrapant une caisse pleine, elle y trempa sa main pour en sortir une vingtaine. Les bijoux, eux, étaient étiquetés, nom du bijou, date de création, certains étaient vieux de plusieurs millénaires. Les bibelots l'intéressèrent moins, trop fragiles, trop volumineux, elle se permit d'attraper quelques boules dorées, finement décorés, sculptés mains, des gravures représentant des dieux, supposément, dressant les mains vers le ciel. D'antiques décorations hérétiques, aux yeux de l'Empire, un bout d'histoire, pour les plus pragmatiques.

Loin d'être méticuleuse, elle était rapide, presque comme si elle avait déjà fait ça. Après avoir presque complètement rempli son sac de toutes ses pièces inestimables pour les historiens, bien plus estimable, cependant, pour les collectionneurs, elle se tourna vers les peintures. Comme son compère l'avait dit, elles étaient dans des tubes creux. La cambrioleuse prit l'un des plus grands et, suivant les indications de Gueule d'ange, commença à en ouvrir d'autres, souvent plus petits, pour en sortir les toiles et les enrouler les uns dans les autres dans son tube de référence. Lorsque, dans la précipitation, elle en déchira une ou deux, elle se contenta d'un « Oups » amusé avant de jeter la toile, la remplaçant par une autre. À la fin, elle avait réussi à en entasser une dizaine dans un seul tube et son sac était plein à ras bord. Il pesait un poids de -attention, jeu de mot- voleur. Arrangeant ses sangles pour ne pas se détruire le dos, Maxence se préparait à faire demi-tour.

-J'ai pris tout c'que j'pouvais. Du mouvement sur les caméras ?
Lune Volteplume
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Il dit qu’il a été opéré des couilles.

…?

Nan, attends. Il a dit : je vais te tempérer la bouille. Mais ça veut rien dire.

Lune plissa les yeux.

Ouais, laisse tomber, le son est trop mauvais et je capte rien. Fais lui avaler ses dents, ce sera plus rapide.

Pendant ce temps, lui gardait un oeil sur les autres caméras. Leurs diversions étaient multiples, mais précaires : il en avait bien conscience. Les gardes n’allaient pas tarder à se rendre compte qu’ils avaient été abusés, tant sur le tremblement de terre que sur l’intrusion.

OK, Po-Po, le speeder d’une compagnie d’électriciens vient de se ranger devant les grilles, faut qu’on mette les voiles.

Lune pianota à toute vitesse pour afficher sur l’un de ses écrans les plans du réseau électrique de la villa. Il se massa la tempe, comme pour se stimuler la mémoire et y puiser ses cours sur les infrastructures. Raccords à la ville, générateurs secondaires, disjoncteurs.

Ouais, j’pense qu’ils vont couper toute l’électricité dans la villa pour désactiver les systèmes de sécurité et passer les portes au pied-de-biche. Faut qu’on mette les voiles et fissa, je te rejoins au point de rendez-vous.

À ce stade, il n’y avait plus grand-chose qu’il pût faire. Impossible de provoquer une surcharge sans accéder directement au générateur et il aurait fallu traverser toute la villa. Alors Lune se contenta de s’assurer que toutes les portes qui ne leur étaient pas nécessaires, à Maxence et à lui, soient scellées magnétiquement, même si c’était une précaution de courte durée.

Caméras désactivées, enregistrements effacés, et le jeune homme disparut sous les consoles, pour débrancher des fils, les relier les uns aux autres au petit bonheur la chance et faire griller le système. Après cela, il n’était plus question que de courir.

À peine fut-il sorti dans le couloir que toutes les lumières s’éteignirent. L’électricité venait de sauter dans toute la villa. Le générateur secondaire, indépendant du réseau de la ville, se mit en route, avant d’être désactivé à son tour.

Lune prit une profonde inspiration avant de laisser le Courant Blanc rappeler à sa mémoire la disposition exacte des lieux. Il s’enfonçait vers le coeur de la villa : c’était là leur avantage. Tout le monde devait s’attendre à les voir sortir par l’extérieur, plutôt que par des souterrains dont l’existence lointaine n’évoquait plus grand-chose à qui que ce soit.

Des bruits mécaniques sur sa gauche. On était en train de forcer le passage en repoussant à l’huile de coude les portes désormais privées dans leur serrure magnétique. Lune bifurqua. De minces faisceaux de lumière commençaient à balayer les couloirs : c’était les lampes torches utilisées par les gardes.

Lune était proche de son but et les gardes étaient proches de Lune. Pas d’autre choix que de courir. Sans pouvoir prendre le temps de dissimuler sa présence dans le Courant Blanc, le hacker s’élança dans les couloirs. Il entendit des cris derrière lui. L’essentiel était de gagner de la distance, pour pouvoir atteindre la cave sans que sa destination ne devienne évidente.

Il dérapa dans un couloir, le souffle court, manqua de s’encastrer dans le mur et se rua dans le cellier. Derrière lui, les pas des gardes étaient tout proches. Le garçon se colla contre le mur. Les yeux fermés. Faire oublier sa présence. N’être plus rien. Plus un souffle. Plus un bruit.

Des lampes torches balayèrent le cellier. Elles créaient des reflets sur les étagères métalliques où s’alignaient les conserves et les bocaux. Un garde descendit quelques marches, arme à la main, pour mieux examiner les lieux. À deux mètres à peine, Lune était dissimulé dans l’ombre et le Courant. Respiration retenue. Le garde eut un instant la vague impression qu’il n’était pas seul dans la pièce, et puis cette intuition se dissipa et, quand il se retourna vers son acolyte, ce fut pour lancer :

Personne. On continue.
Le patron va nous buter…, murmura l’autre.

Lune attendit que les deux gardes fussent loin pour se décoller du mur et s’approcher de la trappe qui conduisait aux souterrains. Il rajusta son bonnet de cambrioleur avant de se glisser dans le puit d’aération, les muscles endoloris et les poumons déjà en feu. Ses mains tremblaient sur les barreaux métalliques de l’échelle toujours fragile.

Calme toi, se murmura-t-il dans sa langue maternelle. Calme toi, calme toi, calme toi.

C’était sans conteste la chose la plus dangereuse qu’il ait jamais faite et il en prenait seulement à l’instant toute la mesure. Cette idée l’obsédait alors qu’il entamait sa descente. Soudain, toutes les conséquences possibles se déployaient dans son esprit. Sa propre mort, bien sûr. Et s’il n’avait pas réussi à effacer les bandes de surveillance, alors on l’aurait identifié, et avec lui sa famille, et alors, à quelle terrible vengeance…

Tout à son angoissante qui montait pendant que lui descendait, il en oublia les barreaux manquants. Son pied se perdit dans le vide, il sentit sa main se relâcher et ensuite, la chute. Quelques secondes plus tard, un violent choc dans le dos lui coupa la respiration et, pendant un instant, la douleur et la peur lui firent perdre ses esprits.

Quand il revint à lui, ce fut en tâtonnant qu’il comprit qu’il était tête vers le bas et que l’un de ses pieds, en se prenant dans les barreaux de l’échelle, avait empêché sa chute. La douleur était cuisante dans son dos et sa cheville, mais quel autre choix que d’essayer d’en faire abstraction ? Les yeux humides et avec un gémissement, il entreprit de se plier en deux pour attraper à pleines mains les barreaux, puis dégager son pied.

Il crut que le reste de la descente serait insoutenable, parce qu’à chaque fois qu’il posait son pied blessé et devait y prendre appui, la douleur lui remontait dans tout le couloir. Son imagination s’emballait. Il se voyait déjà amputé, peut-être même paralysé, alité jusqu’à la fin de ses jours, abandonné par tous ceux qu’il aimait, condamné à faire du micro-marketing pour subvenir à ses besoins.

(Naturellement, quand il avait un rhume, il était persuadé que c’était la peste noire.)

Bon an mal an, malgré la gangrène qui commençait, à n’en pas douter selon lui, à lui ronger tout le corps, le jeune Shaddaese parvint au bout du compte à boitiller jusqu’au speeder.
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