La Main de la Force
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Photographie d’un produit de la firme Fabrin ; élément non-contractuel.

20 Benduday Ier (Elona) 21 577
Seize jours après la fin du Conclave Jedi


La période était, pour l’Ordre Jedi, absolument inédite. Seize jour, déjà, depuis la fin du Conclave. Beaucoup de décisions avaient été prises à la suite des nombreuses conversations survenues ce jour, et beaucoup de décisions restaient encore à prendre : les conversations se poursuivaient encore sur de nombreux thèmes. Un sujet, pourtant, avait fait consensus : la nécessité pour les Jedis et leurs alliés de disposer à nouveau d’une flotte efficiente afin qu’ils puissent poursuivre leur mission auprès de la Galaxie. Certains vaisseaux avaient besoin d’être transformés, d’autres étaient à acquérir. Il y avait tant à faire. La patience guidait leurs pas, ils procèderaient par étapes, comme toujours…

La plupart des chantiers navaux avaient malheureusement d’ores et déjà choisis leur camp, il faut dire que la puissance économique des trois géants qu’étaient la République, l’Empire et les Hutts avaient de quoi convaincre même les plus acharnés. Malgré tout, une fenêtre semblait s’être soudain ouverte sur l’hyperspace lorsque le groupe d’étude chargé de mener cette prospection avait reçu une réponse potentiellement favorable : Fabritech. Restait à savoir qui seraient les délégués envoyés pour y représenter les intérêts de l’Ordre.

« Je vous assure qu’ils sont parfaits pour se rendre sur Fabrin. Vraiment. Le Consulaire au blond si pâle qu’il en semblait parfois blanc avait ce ton doux mais terriblement inflexible de la résolution. Ses homologues poursuivaient la discussion mais, à vrai dire, ils savaient déjà que la réponse à leur question avait été trouvée. – Avec toute l’admiration que je lui porte, Maître Torr a tout de même des goûts tantinet « spéciaux » en matière de vaisseaux. – Et c’est justement parce qu’il est, de ce point de vue, un digne représentant de son peuple, qu’il saura au mieux saisir les implications des transformations que nous souhaitons apporter à notre flotte. Dans les pires des cas, dans un second temps, la Sentinelle Sîdh saura colmater les éventuelles brèches laissées par notre illustre mentor. Un léger sourire passa sur les lèvres du Jedi. Des souvenirs, clairement, sous-tendaient ses paroles et affermissaient ses certitudes. – Si vous saviez comment il pilote. – Je ne le sais que trop bien, mais on ne lui demande pas de ramener lui-même une flotte, rien que de la commander sur pièce. – J’oublie toujours que vous avez aussi été son Padawan. Un grand soupir échappa de la barbe du dernier interlocuteur. Il s’était résigné à son tour. – Bon…cela dit, je me demande toujours comment la Chevalière H'phedia Kith'Araquia fait pour piloter. – L’important reste qu’elle est une représentante de nos Sentinelles et qu’elle saura répondre lorsque viendra le moment d’exposer nos attentes à nos interlocuteurs. Ensemble, ils devront dresser un cahier des charges tout en montrant que nous sommes encore des partenaires suffisamment solides pour honorer un tel contrat. – Certes. Alors nous nous en remettons à votre jugement Loé…Un Ark-ni et une Araquia… quelle équipe ! Il n’y a plus qu’à espérer que ces négociations avec Fabritech seront fructueuses. – Et que cette technologie de camouflage dont nous avons besoin pour nos vaisseaux ne nous mettra pas en faillite à elle seule. – Inutile d’être pessimiste, d’autant que par miracle, ils doivent aussi nous dégoter d’autres vaisseaux. Ce serait mémorable. Et totalement inespéré. Tiens, s’ils y parviennent, peut-être commenceré-je à reconsidérer ma position à propos de votre Force… Nouveau soupire plein de pilosité faciale. – Je suis sûr que Maitre Torr saura faire démonstration de son savoir-faire diplomatique. Je ne connais pas assez bien la Chevalière Araquia pour porter un jugement aussi sûr, mais vous l’avez estimée capable pour cette mission. – Et de toute façon, nos meilleurs ingénieurs ont des tâches autrement plus urgentes… Il faut qu’ils en soient capables. »

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A noter que :
  • Le RP se terminera le 08/02/2022 à 18h00 heure de Paris.
    Vous avez deux mois pour développer au maximum cette intrigue à la suite de ce message et parvenir à atteindre l'objectif imposé dans les attendus de fin de rencontre. A vous de vous intégrer au RP comme bon vous semble en fonction de l'introduction produite par le staff. Attention la cohérence et le réalisme sont de mises. Tout comme pour les Evénements, chaque joueur dispose de quatre jours pour répondre à ses partenaires de jeu. Au-delà de ce délai, le prochain joueur peut répondre, sans demander l'accord du staff. Si un joueur vient à ne pas répondre deux fois consécutives, il est disqualifié automatiquement.

  • Précisions scénaristiques : Vous êtes les premiers étonnés d’avoir été choisis pour mener cette mission. Certes, vous n’êtes pas les moins habiles de l’Ordre, mais dans ces domaines précis, vous êtes loin d’être les plus brillants, aussi bien pour ce qui est de la mécanique que de la diplomatie. Simplement, le fait est que l’Ordre est en émoi, que milles tâches doivent être attribuées en même temps, que les ressources humaines manquent et, encore plus que les ressources humaines, le temps. L’entreprise que vous allez rencontrer est appelée Fabritech et est implantée sur Fabrin dont les coordonnées, O-12, la situe juste en dehors de l’espace Républicain. Sur ces deux éléments, l’entreprise comme la planète, l’univers ne donne que peu d’informations si bien que vous êtes assez libres des descriptions qui pourront être proposées. Attention, lors de votre sujet, il n’est pas impossible que l’Adepte intervienne pour ajouter, sur l’échiquier, une pièce inattendue.

  • Attendu(s) de fin de rencontre :
    - Avoir menées à leurs termes les négociations quant à la flotte Jedi.
    - Avoir su mettre en avant l’incongruité de la situation du fait de vos profils respectifs.
    - (Objectif Bonus) Rapporter un souvenir à Thann qui mourra d’envie en apprenant qu’elle a raté une mission pareille.

  • Ordre de passage :
    - Karm Torr
    - H’Phedia Kith’Araquia


May the force be with you !
Karm Torr
Karm Torr
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Bordel, mais qu’est-ce que c’est que ça ?

Karm se retourne.
Considère la chose.
Médite sa réponse.
Et déclare :

Ben c’est mon vaisseau, quoi.

(D’ores et déjà, ce sont les fleurs de la rhétorique dont le diplomate tire ses discours méliflus qui s’épanouissent dans le basic d’exception de notre respectable protagoniste.)

Je l’ai baptisé l’Épave, rajoute le Maître Jedi.
Sans blague est le commentaire un tantinet désobligeant que la mécanicienne en cheffe des quais 72, 73 et 74 de l’astroport central de Fabrin trouve à lui faire.

Elle se gratte l’arrière du crâne avec une clé à mollette graisseuse.

Moi, je vous garantis qu’il redécollera, votre machin, là, quand vous voudrez repartir…
Bip bip bip, s’offusque, et il a bien raison, l’astromech du Jedi, principal pour ne pas dire unique responsable de l’entretien du splendide quoiqu’un peu vintage vaisseau de l’ExploCorps.
M’étonne pas que vous vouliez acheter du neuf…

L’Ark-Ni se drape dans sa dignité, signe deux ou trois formulaires et abandonne l’astromech sur le quai, pour des discussions sans doute houleuses avec la mécanicienne.

Dehors, la Ville Céleste, capitale de Fabrin, offre le tableau spectaculaire d’un urbanisme soudain et incontrôlé. Elle étend ses bras dans toutes les directions, dans les vallées de ses collines originelles, et Karm compte au moins une dizaine de grands robots de construction, dans les quartiers de la cité, qui abattent ou érigent de nouveaux bâtiments.

Karm grimpe dans un taxi piloté par un Rodien au basic approximatif. Le speeder s’élance des plateformes de l’astroport pour plonger vers les artères principales de la ville. Là, c’est une curieuse rencontre entre petites échoppes traditionnelles et grands magasins ultra-technologiques, avec leurs vitrines transparentes qui holodiffusent des publicités pour les produits high-tech fabriqués dans les usines de la planète — grâce à de la main d’oeuvre bon marché.

Fabrin a su se positionner. Et évoluer. Fut un temps, les grandes entreprises multiplanétaires délocalisaient là leurs productions à bas prix. Et puis, de transfert de technologie en transfert de technologie, des concurrents du cru ont émergé à leur tour. Désormais, Fabrin invente ses propres comlinks, ses propres systèmes de navigation, ses propres vaisseaux spatiaux. Sous le regard attentif de son gouvernement.

Très attentif.

Karm remarque les petits drones sphériques qui filent dans les rues, s’arrêtent parfois brusquement, pour scruter un passant, avant de disparaître dans la cohue des speeders plus ou moins bien régulées. Le chauffeur de taxi est extraordinairement bavard et il n’arrête pas de l’observer dans le rétroviseur central.

Sur le siège, un écran diffuse des images du XXIVe Congrès du Parti Industrialiste de Fabrin. Le PIF contrôle la planète. Le PIF est partout. Votre voisin est au PIF, votre N+1 est au PIF, les profs de vos enfants sont au PIF. Les organes du PIF dédoublent tous les organes de la République Populaire de Fabrin, c’est un État à côté de l’État, ou plutôt un État au-dessus de l’État.

Magnifique hôtel, s’exclame brusquement le Rodien en s’arrêtant non moins brusquement devant un gratte-ciel qui n’aurait pas défiguré dans l’un des innombrables quartiers d’affaires de Coruscant.

Pour récupérer des contrats, Fabritech ne fait pas les choses à moitié. Karm ne s’explique pas entièrement l’empressement de leurs interlocuteurs à traiter avec eux, et franchement, les explications des Consulaires sur ce point lui ont paru un peu… Nébuleuses. Selon lui, il y a Mon Calamari sous gravillon.

Il n’empêche.

On l’accueille à la réception avec un sourire d’autant plus grand que la bouche de son interlocutrice s’ouvre d’une oreille à l’autre, sur une, deux, trois très belles rangées de dents.

Bienvenue sur Fabrin, Maître Torr. Nos droïdes vont monter vos…

Elle tend le cou et constate que l’homme en face d’elle ne transporte qu’un gros sac à dos de camping.

… vos bagages…
Je voyage léger.

Un couple d’Humains en fourrure et diamants passent dans le hall de l’hôtel. Dans la transition entre les idéaux collectivistes des premiers temps de la Révolution et le dogme sensiblement réformé de l’économie mixte planifiée qualifiée de collectivisme industriel à caractéristiques fabriniennes par le Parti, certains ont su tirer leur épingle du jeu.

La chambre est grande, en tout cas du point de vue d’un Jedi, et elle est haute surtout : assez pour pouvoir contempler le QG de Fabritech, entreprise mixte possédée à moitié par l’État, à moitié par des investisseurs privés. Karm est donc prié d’admirer la beauté et le modernisme du bâtiment qui sert de siège au constructeur. Qui pourrait prétendre après avoir vu cela que Fabrin n’est pas en mesure de rivaliser avec les meilleures planètes du Noyau ?

Cinq heures plus tard, la nuit est tombée, Karm mange des beignets de patates frites — suppose-t-il — fourrés aux champignons — suppose-t-il — et il attend sa collègue, installé en tailleur sur un baril d’huile de moteur, sur le quai où, précisément, un vaisseau est en train de se poser. Le souffle des réacteurs décoiffe Karm, ce qui lui donne un air cool et décontracté.

(En tout cas, c’est ce qu’il aime croire.)
(Il est surtout échevelé.)

La mécanicienne fixe la nouvelle venue avec un enthousiasme inversement proportionnel au nombre de pattes qui sortent successivement de l’appareil.

Mon dieu…
Y a pas à dire, le service au client, vous avez ça dans la peau, hein ?
Pardon ?
Rien rien.

Karm engloutit son dernier beignet, comme l’indigne petit goinfre qu’il est, se laisse tomber souplement, comme le digne petit gymnaste qu’il est, de son baril et s’approche de H’phedia pour l’accueillir avec toute la dignité hiératique qui convient à un sage de son rang, dans les termes suivants :

Salut, ça roule ? Tu veux des chips de chou rouge ?

Quelques minutes plus tard, une fois les formalités réglées avec la mécanicienne, qui met un point d’honneur à maintenir une certaine distance de sécurité entre elle et la gigantesque arachnide qui vient de débarquer dans son astroport, les deux Jedis reprennent le chemin de la ville, cette fois-ci dans un gros speeder loué pour l’occasion par Karm, seul engin disponible capable de s’accommoder vaguement à la physiologie de sa coéquipière.

Drôle d’endroit, commente l’explorateur en conduisant. Fabritech est aux petits soins, tu verras les chambres d’hôtel. Ils tiennent à signer un contrat, je suppose, mais sous quelles conditions ? Si c’est pour nous retrouver avec une flotte blindée de logiciels espions… Y a quelque chose à démêler dans tout ça, je crois. C’est pas que j’aime pas être courtisé, mais un peu de circonspection nous fera pas de mal.
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Soudainement, la présence se fit sentir. Les senseurs de son vaisseau restèrent muets, ses propres sens ne lui montrèrent que le vide étoilé du cosmos, pourtant, dans la Force, elle pouvait sentir une présence, une forme de vie flottant dans le grand rien, tout comme elle, un pilote, tout comme elle, d'un vaisseau qu'on ne pouvait percevoir.

« Contact confirmé... Il y a bien quelqu'un ici... »

Une voix aux accents rocailleux lui répondit dans le comlink de son vaisseau.

« Comme on le pensait. Approchez-vous de lui, qu'on voit comment il réagit. »

La Sentinelle s'exécuta et dirigea son chasseur vers la position de la présence. Le résultat fut immédiat, elle la sentit s'éloigner instantanément jusqu'à quitter le champ de ses perceptions. Une étrange ondulation devint alors perceptible, comme si un morceau de l'espace c'était soudainement détaché.

« Contact perdu... Je pense qu'il est parti. »

« Comme les autres, répondit la voix. Ce sera tout pour aujourd'hui, rentrez à la base pour le débriefing, terminé. »

« Bien reçu, terminé »

Et ainsi s’acheva une autre patrouille aux limites de l'espace souverain de Dantooine.

****

« C'est la troisième incursion de ce genre en l'espace de deux semaines, il doit y avoir quelqu'un en haut lieu qui est vraiment curieux. »

La voix rocailleuse, les traits burinés et la peau tannée, Otso Limsuuri était un homme forgé par une vie de rude labeur, comme la plupart des colons de Dantooinne. Ce qui le distinguait des autres était l'uniforme qu'il portait, l'identifiant comme membre de la force d'autodéfense.

« Ou inquiet. »

L'autre voix, qui parvenait à être encore plus râpeuse, appartenait à Arka Laraska. Avec son visage qui n'était plus qu'une masse de tissus cicatriciels et son blaster lourd accroché à la ceinture, on aurait pu la prendre pour une mercenaire ou une chasseuse de primes endurcie, mais elle était en réalité une Sentinelle Jedi.

« Inquiet de quoi ?

— Ceux qui commettent des injustices redoutent toujours que leurs victimes décident un jour de venir demander leur rétribution.

— La vengeance, vous voulez dire ? Est-ce pour ça que vous êtes tous réunis ici, pour préparer votre revanche ?

— Les Jedis ne se vengent pas, mais les gens comme Grendo S'orn pensent que le reste du monde raisonne comme eux. Il s'attendait sans doute à ce que nous nous éparpillons aux quatre vents ou qu'on se dissolve une fois sorti de l'espace républicain, que sais-je encore. Au lieu de cela, on se rassemble sur un monde qui quitte aussitôt la République, il y a de quoi être curieux, comme vous dites.

— Vous parlez comme si vous étiez certaine qu'il s'agissait de la République, cela pourrait être les Sith. »

« Celui-là n'en était pas un en tout cas... Un espion Sith aurait complètement dissimulé sa présence.» dit H'phedia alors qu'elle entra dans la pièce.

Cette dernière était un local en préfabriqué où plusieurs équipements informatiques avaient été disposés à la hâte dont un holo-projecteur. Les deux individus qui se tenaient là composaient pour ainsi dire la totalité du service de contre-espionnage de Dantooine. Depuis le Jexit, les yeux de la galaxie semblaient s'être braqué sur ce paisible monde agricole de la bordure extérieure, ce qui avait engendré toute une foule de problèmes, certains attendus, d'autres moins. Du fait de sa faible population et de son environnement plus que favorable, Dantooine était auto-suffisante, ce qui la protégeait des représailles à ce niveau-là, mais elle n'avait aucune forme d'armée à proprement parler, juste une petite force d'autodéfense qui dut vite être renforcée par les Jedi. C'est ainsi qu'un certain nombre de Jedi, dont la jeune araignée, s'étaient retrouvés à faire des patrouilles dans l'espace, leurs capacités extra-sensorielles étant difficiles à tromper. C'est là que les incursions des vaisseaux fantôme avaient commencé, les espions étaient entrés dans la danse, laissant dans leur sillage une vague de paranoïa.

« Donc il s'agissait bien de la République. » Annonça Maître Laraska, fière de voir sa déduction être confirmée. Plus âgée que H'phedia, elle était sa supérieure en ce qui concernait la surveillance de Dantooine, c'était aussi l'un des très rares Jedi à maîtriser le tir au blaster.

« Pour cette fois-ci du moins, rétorqua Lumsuuri, si comme mademoiselle l'araignée ici présente le dit les espions Sith ne peuvent même pas être détecté par vous, alors ils pourraient bien être parmi nous en ce moment même.

— Un problème à la fois, de préférence celui qui est juste sous notre nez. »

La Zabrak prit un instant de réflexion avant de poursuivre :

« Ils guettent notre prochain mouvement, ils savent qu'on ne peut, et qu'on ne va pas, s'enterrer sur Dantooine jusqu'à la fin des temps, alors, le moment où on va finalement bouger, ils veulent savoir quand, et vers où.

— Une excuse, ajouta Lumsuuri, ils attendent juste une putain d'excuse pour vous foutre derrière les barreaux comme votre conseil, ou pire. »

Maître Lariska garda le silence pendant un moment avant de finalement se tourner vers H'phedia :

« Il est temps qu'on rééquilibre un peu le jeu, lui dit-elle, Sentinelle, nous avons une nouvelle mission pour vous. »

*****

Des vaisseaux, ils leur fallait des vaisseaux. La flotte de l'Ordre Jedi, celle qui les avait conduits jusqu'à Dantooine, était un mélange hétéroclite assemblé à la va-vite qui avait besoin d'une remise à niveau de toute urgence. L'accent était à mettre sur la discrétion, l'avenir des Jedi étant, tristement, parmi les ombres, cela impliquait de s'assurer que l'on ne pouvait plus les suivre à la trace. Certains vaisseaux pouvaient être directement modifiés dans ce sens, d'autres devaient être achetés. L'Ordre n'ayant pas les ressources de faire cela par eux-mêmes, ils devaient donc engager les services d'une entreprise spécialisée, une qui n'était pas assujettit à l'une des grandes puissances galactiques. Malgré ces critères draconiens, l'Ordre était parvenu à en trouver une, Fabritech. L'entreprise avait percé sur le marché des technologies des senseurs, ainsi que celle pour les contrer, et c'était exactement ce dont ils avaient besoin.

Deux jours plus tard, le Vesper émergea de l'hyperespace dans le système de Fabrin, où se trouvait le Siège Social de l'entreprise. Une délégation devait être envoyée afin de signer le contrat, une tache toute choisie pour des consulaires, malheureusement, l'Ordre était débordé, il y avait trop à faire en trop peu de temps, aussi envoyait-on qui on pouvait, quand on pouvait. C'était donc tombé sur elle, mais elle ne serait pas seule là-bas, Maître Karm Torr serait là aussi, en fait, il l'avait devancé et attendait patiemment son arrivé.

C'était la nuit quand elle atterrit à l'Astroport Central de Fabrin, Quai 74. À peine débarquée qu'elle trouva l'Ark-Ni pour l'accueillir, ainsi qu'une mécanicienne visiblement éberluée par son apparence, typique des mondes à majorité humaine.

Comme toujours le Maître Jedi faisait preuve d'une familiarité désarmante, ce qui était ironique quand on savait qu'après le Conclave beaucoup le considérait, lui et Maître Kayan, comme les leaders officieux de l'Ordre, un fait qui ne devait pas manquer d'agacer l'Ark-Ni.

« Sans façon Maître Karm, lui répondit-elle, c'est trop petit et émietté pour moi. » Elle claqua de ses crochets pour appuyer son propos et lui signifier que toutes les nourritures faites pour des êtres capables de mastiquer lui était interdite.

Il y eut un bruit non loin d'elle, la mécanicienne, livide, venait de faire tomber sa clé à molette par terre. La pauvre devait être arachnophobe, cela aurait expliqué pourquoi, au moment de signer les formulaires, elle se contenta de les poser au sol, puis de s’éloigner le temps que la Sentinelle les signent avant de venir ensuite les reprendre.

Ces formalités accomplies, elle se retrouva chargée, c'était le mot juste, à l'arrière d'un speeder conduit par Karm. « Drôle d'endroit », avait-il dit, alors que les lumières de la ville défilaient tout autour d'eux.

« Cela me rappelle Muunillinst, lui dit-elle, je suppose que les mondes corporatistes sont ainsi... l'Entreprise... l'État... la Société... la Planète... Ils sont indissociables... C'est peut-être efficace... mais... personnellement... je trouve cela dérangeant... »

Mais l'Ark-Ni avait dit plus que cela et, une fois encore, comme avec le Conclave, elle était d'accord avec lui.

« Je partage vos inquiétudes Maître Karm... J'aimerais penser que le nom des Jedi signifie encore quelque chose pour certains... Mais je ne me laisserais pas aller à un tel optimisme... Fabritech nous traite peut-être comme des client VIP mais il ne faudra pas oublier de lire toutes les petites lignes du contrat qu'ils nous présenterons... Un vrai travail de Consulaire... mais il n'y a que nous de disponible alors nous devrons faire avec... »

Voyant l'hôtel se profiler, elle ajouta : « Quand devons-nous les rencontrer déjà ? »
Karm Torr
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Demain.

Karm aurait préféré que la Sentinelle le traite de paranoïaque. De vieux cinglé qui voit le mal partout. Mais puisque les soupçons de la jeune femme confirme les siens, l’Ark-Ni en est réduit à essayer d’imaginer toutes les entourloupes auxquelles ils pourraient être confrontés. Lui, son monde, c’est la ruse des prédateurs et des proies, les mille petites manigances astucieuses de la nature, et même si les bons auteurs aiment souvent comparer les sociétés aux animaux, la vérité, c’est que les logiques à l’oeuvre y sont bien différentes.

C’que je propose, finit-il par dire alors que leur speeder s’engage dans les rues de la capitale fabrienne, mégalopole étendue à toute vitesse en quelques décennies à peine, où les petites échoppes étroites à l’ancienne survivent au milieu de gigantesques centres commerciaux dont les projections holographiques envahissent l’espace public, c’est qu’on attende leur proposition, demain, avant de se montrer trop curieux. On écoute poliment, on fait oui de la tête, on dit qu’on va réfléchir et après, sur la foi de ces éléments, on essaie d’en savoir un peu plus sur le climat des affaires. De comprendre le pourquoi du comment.

Les notes laissées par les Consulaires sur la question sont bien spéculatives. Fabrin n’apparaît pas encore beaucoup sur les radars des grands géopoliticens de la Galaxie. Peut-être que les intentions de Fabritech sont sincères. Peut-être la firme cherche-t-elle un client emblématique pour convaincre les autres mondes neutres de l’excellence de sa technologie. Après tout, qui réussit à convaincre des Jedis doit sans doute avoir un produit irréprochable.

Le speeder plonge, bifurque et remonte pendant un bon quart d’heure d’une course mouvementée où la conduite de l’explorateur est conforme à ce qui s’en murmure dans les couloirs de l’Ordre : rapide, chaotique et pas toujours très légale. Les deux Jedis arrivent tout de même en un seul morceau à l’hôtel.

La physionomie de l’Araquia y suscite moins d’émotions qu’à l’astroport. Le personnel a été prévenu. On l’accueille avec cette courtoisie commerciale qui est le propre des grands établissements touristiques. Quelques étages plus haut, les deux Jedis se séparent, Karm ayant promis de méditer sur les circonstances de leur séjour avant de dormir.

Son esprit écoute pendant plusieurs heures les grandes symphonies et les mélodies discrètes de la Force. L’avenir et le présent, le réel et l’hypothétique, l’ici et le nul part sont des matières fragiles et incertaines, et des indications fugitives sont tout ce qu’il croit pouvoir espérer. Des images confuses lui parviennent. Des images de cette ville, cinquante ans plus tôt, en plein chantier de la tour de Fabritech. Des images de vaisseaux neufs, blasonnés pour l’Ordre Jedi, qui parcourent la galaxie. Une possibilité parmi de nombreuses autres, sans aucun doute. Des cris, des mots lancés, des disputes.

Une dispute.

Entre qui et qui ? Il voit une pièce sombre, un bureau qui est comme la tanière d’une fauve, deux hommes qui en viennent aux éclats de voix, dans une langue qu’il ne comprend. Leurs visages se dessinent nettement dans la lumière d’une lampe unique, mais Karm ne reconnaît ni l’un, ni l’autre.

Il ouvre brusquement les yeux. La vision s’étiole. Difficile pour l’heure de l’interpréter, mais la Force lui a appris à être patient : la vérité, comme les fleurs, s’épanouit à la saison opportune.

Le lendemain matin, quand les deux Jedis se présentent aux bureaux de Fabritech, ils sont reçus par un droïde protocolaire flambant neuf. Ses articulations, surtout, sont des miracles de précision et de délicatesse mécanique, avec une infinité de petites pièces dont la subtilité lui confère des mouvements fluides, presque organiques.

Karm échange un regard avec sa consoeur.
(Tout du moins c’est ce qu’il suppose.)
(H’phedia a beaucoup trop d’yeux pour qu’il en soit sûr.)

Quelque chose dans le design de ce droïde l’interpelle : un indice important. Mais qui lui échappe.

Bienvenue à Fabritech, Maîtres Jedi. Je suis S3XY, pour vous servir. Si vous voulez bien me suivre…

S3XY pivote sur ses talons et les entraîne vers un grand turbolift tout transparent qui monte le long de la façade du bâtiment et permet de contempler le panorama offert par la capitale industrieuse. C’est l’heure de pointe et un vaste encombrement de speeders bloque nombre des grandes artères de la cité. Quand on pousse le regard vers l’ouest, on peut aussi apercevoir la silhouette comme venue d’un autre temps d’usines qui ont encore des cheminées — signe qu’elles brûlent de l’énergie fossile. Le Parti Industrialiste a rejeté ces reliques d’un temps ancien, mais pas tout à fait révolu, aux marges de la capitale, mais il est impossible de les ignorer quand on prend de la hauteur.

L’ascenseur s’arrête et S3XY s’engage dans un couloir digne des meilleurs holofilms de recrutement pour jeunes ingénieurs coruscanti. Il y a des salles de réunion avec des murs transparents interactifs sur lesquels de jeunes cadres dynamiques en tenue décontractée griffonnent des graphiques révolutionnaires, des baby-nuna-ball, des machines à smoothies Healthy Slurp® et des trottinettes anti-grav pour se déplacer plus rapidement.

Par ici.

S3XY les fait pénétrer dans un grand bureau en baie vitrée où un homme dans la quarantaine habillé d’un sweat proclamant « Keep calm and code » et d’un jean troué est assis sur un siège ballon ergonomique au couleur de l’entreprise.

Ah, excellent, s’exclame-t-il avec un léger mouvement gyroscopique, avant de parvenir à se relever pour contourner son bureau de verre et d’acier et rejoindre ses deux invités ! Je suis Xi Wen-Xei, le CDO de Fabritech.
COD, demande Karm avec un zeste d’incompréhension en serrant la main qu’on lui tend ?
CDO. Chief Disruptive Officer.
Je vois.

(Il ne voit pas du tout.)
Xi Wen-Xei se tourne vers H’phedia, esquisse un geste pour lui tendre la main à elle aussi, mais se ravise, hésite, puis s’incline en signe de respect.

S3XY, deux Slurpies® Hyperdrive Detox pour nos invités, s’il te plaît.
Oki doki, s’exclame le droïde d’une voix guillerette !
Je vous en prie.

D’un geste de la main, Xi Wen-Xei indique un petit salon qui compose une partie de son bureau, avec des meubles colorés comme un test contre le daltonisme.

Vous voulez un massage du crâne pendant qu’on discute ?
Eeeuh…
Chez Fabritech, le bien-être des employés est notre valeur numéro 1. Notre CWO… Chief Wellness Officer. Notre CWO manage une équipe de masseurs agiles pour hacker les performances de nos Techies.
Ah.

Karm hésite à utiliser ses dons de voyance pour mieux comprendre de quoi il est question.

Ça… ira, merci.

S3XY choisit ce moment pour refaire son apparition avec trois Slurpies® Hyperdrive Detox.

Donc, reprend Xi Wen-Xei. Vous êtes en quête d’addition à votre flotte. Des préoccupations relatives à la détection et au déplacement furtif, si j’en crois votre premier cahier des charges.
Entre autres.
Les premières notes étaient assez elliptiques. Comme souvent, dans ce genre de commandes. Mieux vaut en discuter de vive voix.

Il ponctue cette remarque de bon sens d’un très long slurp.

De quoi parle-t-on, précisément ? Surveillance planétaire et reconnaissance standards ou quelque chose de plus… ? Incursifs, disons. Vous comprenez, si vous souhaitez pénétrer dans des secteurs très protégés, la technologie impliquée n’est pas du tout la même…
Invité
Anonymous
Demain.

Cela leur laissait donc une nuit pour se préparer.

La conduite sportive de Karm lui faisait traverser la ville à toute allure. Sous l'effet de la vitesse, les lumières brûlantes du capitalisme se fondaient en un corridor de lueurs lancinantes, un stroboscope hypnotique qui assaillent son esprit et ses sens.

Des pirates dans votre secteur ? C'est plus fréquent que vous ne le pensez. Avec la nouvelle batterie de senseurs GS-8, voyez-les arriver depuis la bordure extérieure.

Amorto 76, le compensateur inertiel nouvel génération, encaisse les chocs les plus rudes et les plus sauvages.

Fabritech, ici, maintenant, toujours.


Les Siths et les publicitaires avaient cela en commun que chacun essayait d’assujettir votre esprit à leur volonté, les uns avec la Force, et les autres avec la science. Renforçant son esprit comme elle le ferait contre un serviteur du Côté Obscur, elle se concentra sur ce que lui disait son collègue.

« Je suis d'accord... lui répondit-elle. S'ils voient que nous nous méfions... ils se méfieront à leur tour... s'ils croient que nous avons tout gober avec le sourire... ils baisseront leur garde et feront des erreurs... »

Finalement, ils arrivèrent à l'hôtel. L'accueil y fut plus chaleureux qu'à l'Astroport, c'était à s'y attendre, Fabritech avait tout intérêt à prendre soin de ses clients potentiels après tout. Pourtant, cela ne lui fit aucunement baisser sa garde, elle ne savait que trop bien qu'un sourire pouvait cacher un poignard. Elle se sermonna brièvement d'avoir de telles pensées, avant de se rappeler, comme elle l'avait dit à Karm, que l'Ordre ne pouvait plus se permettre le moindre optimisme, la moindre naïveté. Elle se demanda alors si, les années avançant, elle finirait comme son maître, à ne plus rien attendre de la galaxie qu'un blaster pointé sur sa tête.

Ils se séparent pour la nuit, chacun dans leur chambre respective. Suivant l'exemple du Maître, elle se décida elle aussi à méditer, contemplant le paysage urbain s'étalant face à elle par-delà la large verrière, avec, pour large point culminant, la tour de Fabritech elle-même, tour avec laquelle ils ferraient plus ample connaissance le lendemain.

Après s'être amusée de la coïncidence parfaitement calculée d'une telle perspective, elle se demanda, plus sérieusement, si ce qu'elle voyait devant ses yeux était vraiment une bonne chose, s'il s'agissait vraiment du seul modèle viable pour une société d'ampleur galactique. Souvent, elle avait pesé l'ampleur de cette tâche colossale, celle de rendre la galaxie meilleure, et, souvent, elle avait failli ployer sous son poids. Tellement à faire, partout, tout le temps, et parfois il semblait qu'il n'y eut rien qu'il soit possible de faire.

Autrefois, elle n'aimait pas trop y penser, l'on pourrait dire même que cela l'effrayait de le faire. Ce n'était pas temps ces questions qu'elle redoutaient, que leurs réponses. Oui, la galaxie pouvait être sauvée, il suffisait de la conquérir, une fois qu'on en était les maîtres, le reste coulait de source. C'était une logique d'une implacable simplicité, et c'était cette simplicité qui la rendait redoutable. Le raisonnement s'écoulait fluidement dans votre esprit comme un serpent qui se glissait en silence dans vos draps, et comme le reptile, il était venimeux.

Pour elle, c'était ainsi que les Sith avaient commencé, avec ces questions et leurs réponses. Il était tentant de se penser infaillible, incorruptible, que les enseignements Jedi, appliqués depuis les plus hautes sphères du pouvoir, pourraient créer une galaxie meilleure... Mais les Jedi sombraient, c'était là un fait que nul ne pouvait ignorer, et les Jedi se trompaient aussi, la situation actuelle en était la preuve. Ils étaient donc faillibles et corruptibles comme tout à chacun, ce faisant, assit sur le trône, ils ne seraient pas meilleurs que ceux qu'ils remplaceraient.

C'est pour cela que ce qu'elle avait proposé au Conclave lui semblait être la seule solution valable.
Si les Sith et les S'orn ne se préoccupaient que du sommet, alors s'occuper de la base devait être la voie des Jedi, celle de la lumière. L'on ne pouvait combattre les ténèbres en devenant un ombre soi-même, la seule façon de repousser l'obscurité, c'était de briller.

*****

Le lendemain, les voici rendus à cette tour qui les narguaient depuis leur chambre d'hôtel. Le droïde protocolaire qui les accueillit était d'un modèle bien plus avancé que tous ceux qu'elle avait pu croiser jusque-là, la minutie du détail avec laquelle il avait été élaboré avait presque quelque chose de dérangeant ; la fluidité de ses mouvements évoquait à la Sentinelle ce droïde assassin qu'elle et son maître avaient affronté il y a quelques années de cela. Elle n'osait même pas imaginer son prix.

L'ambiance dans les locaux tranchait radicalement avec celle plus austère et guindée de Muunilinst, une touche plus humaine pourrait-on dire, lié aussi sans doute à la jeunesse de l'entreprise. Cela fut encore plus exemplifié quand ils se retrouvèrent enfin face au... représentant... de Fabritech, Xi Wen-xei. L'homme se présenta à eux avec une exubérance parfaitement contrôlée, comme l'on s'y attendrait d'un commercial voulant mettre de futurs clients en confiance. Il agissait comme un prolongement de l'hôtel qui était lui-même un prolongement de l'entreprise, la boucle était bouclée.

La tentative de serrage de main tourna court, elle n'en avait pas, même si elle essaya de tendre la patte pour compenser, et se conclut par un échange de révérence. Elle dut aussi décliner le massage de crâne car elle n'en n'avait pas en tant que tel, c'était compliqué. Finalement, c'est avec un gobelet rempli d'une boisson au nom aussi douteux que son aspect que les choses sérieuses commencèrent.

Wen-xei commença par demander des détails quant à la nature exacte des vaisseaux que l'Ordre voulait, ce qui était compréhensible, pourtant, la jeune araignée ne pouvait s'empêcher de se demander s'il ne cherchait pas ainsi à savoir aussi ce que l'Ordre préparait.

Cependant, suivant le plan de Karm, elle cacha sa méfiance et, après avoir bu une gorgée de Slurpies, un action qu'elle regretta presque aussitôt, elle lui répondit :

« Il est vrai que nous avons des frontières à surveiller... entre autres choses... Mais il est aussi vrai que nous serons amenés à aller là où nous ne serons pas toujours les bienvenues... être là où les gens ne veulent pas que nous soyons pourrait fort bien résumer le fait d'être un jedi ces temps-ci... Plus simplement... nous en avons assez que tout le monde puisse nous suivre à la trace dès que nous allumons nos propulseurs... »

C'est qui était l'absolue vérité, et ce faisant, serait bien plus efficace pour révéler les intentions de ce Chief Disruptive Officer que tous les mensonges qu'elle aurait pu pauvrement inventer. Elle se dit alors que, entre l'attitude laconique de Karm et sa propre forme inhumaine, ils étaient involontairement particulièrement indéchiffrables.
Karm Torr
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Je vois, je vois, je vois…

Xei Wen-Xei coince la paille de son Slurpie® au coin de sa bouche et aspire le liquide d’un air particulièrement pensif.

Vous voulez du modulable et acheter en bloc ?

Karm a un bref regard pour l’Araquia et il doit avoir l’air suffisamment indécis pour que le CDO précise sa pensée.

Des modules furtifs pour équiper votre flotte ou un achat de vaisseaux tout compris ? Vous avez… encore une flotte, j’imagine ?
Vous imaginez ? Je suis sûr que vous savez très bien ce qu’on a et ce qu’on a pas.

(Pour le tact, on repassera.)

Hmmm…

Xei tapote sa paille au bord de son verre d’Hyperdrive Detox.

J’ai les données officielles de la République avant votre… séparation. Mais je ne sais pas si elles reflètent la situation réelle de votre flotte et quelle portion de celle-ci vous avez pu conserver. Mais enfin, quoi qu’il en soit, si vous voulez qu’on équipe des vaisseaux déjà existants, il va nous falloir les spécifications techniques et des séjours d’expertise pour être sûrs d’être bien au point sur le matériel.
Ça ne vous dérange pas d’être vus en train de collaborer avec nous ?
Mais Fabritech s’intéresse à tous les marchés, Maître Torr, réplique le sémillant commercial avec un sémillant sourire. Et nous laissons la politique aux politiciens.

« Prends moi pour une belette », c’est ce que Karm lui aurait volontiers répondu, mais à la place il adopte une expression suffisamment neutre pour que le CDO en soit réduit à l’interpréter. Le regard de Xei passe de l’un à l’autre des deux Jedis. Il y a un silence qui commence à devenir pesant, jusqu’à ce que l’humain reconnaisse :

Bon, d’accord, on s’intéresse un peu à la politique, mais la République…

Xei hausse les épaules.

C’est un marché tellement minoritaire pour nous, et tellement inaccessible, qu’on ne va pas écarter des contrats d’importance pour s’attirer les faveurs d’un système qui passe toutes ses commandes en interne. Entre Dac, Abhean, Kuat… Nous sommes réalistes sur nos chances d’obtenir un contrat à l’intérieur du territoire républicain, depuis notre position périphérique. Mais dans les mondes indépendants, c’est une toute autre histoire et…

Il s’arrête en pleine phrase, craignant de paraître courtiser ses clients avec trop d’insistance. Mieux vaut préserver sa position dans les négociations.

Vous voulez visiter ?

Karm hoche la tête.

Xei avale d’un trait le reste de son smoothie. Une petit trappe s’ouvre dans son bureau high tech pour lui permettre d’y jeter son gobelet, aussi détruit par un mini-désintégrateur. Puis le CDO ouvre la voie dans les locaux de l’entreprise. À en juger par l’indifférence totale des employés à leur passage, les petits tours de ce genre doivent faire partie de l’expérience de base pour tous les clients.

Le département de marketing, indique Xei alors qu’ils traversent un open space où de jeunes gens à moustaches et des demoiselles à bonnets en laine s’affrontent dans un grand débat pour savoir lequel de deux slogans est le meilleur : « Fabritech — hype & drive hyperdrive » ou « Fabritech — Shipyard 4.0 ».

Pourquoi 4.0, demande Karm ?
Hmmm ?
Shipyard 4.0 ? 4.0 par rapport à quoi ?
Hé bien, vous savez ! La quatrième révolution cyber-industrielle pour l’holonet de nouvelle génération qui révolutionne l’industrie du transport et l’expérience pilote, grâce à une approche holistique du vaisseau de demain.
Ah.

Karm essaie de voir d’un coup d’oeil si H’phedia y a compris quelque chose, elle.

Pour sûr, fait-il à tout hasard.
Ici, vous avez le service client, dit Xei Wen-Xei en désignant trois droïdes protocolaires reliés par une mangrove de câbles à des ordinateurs au-dessus desquels flotte une holoprojection qui affiche en temps réel le nombre de requêtes traitées. Nous avons bien entendu d’excellentes extensions de garantie et assurances entretiens qui, pour une somme modique chaque mois, vous permettent d’étendre la durée de vie de vos vaisseaux.
Ah ? Parce qu’elle est faible, la durée de vie de vos vaisseaux ?
Mais… euh… Non, bien entendu, non. Notre matériel est d’une solidité à toute… Par là, je vous en prie.

Ils débouchent sur une galerie dont le mur de gauche, entièrement transparent, permet d’admirer de vastes chaînes d’assemblage où s’activent, à côté de bras robotisés, plusieurs dizaines d’ouvriers.

Tiens, j’aurais cru que vous donneriez dans le tout automatisé.
Parfois, le soin du détail vaut mieux que la rapidité de production.

En tout cas, Xei contemple le spectacle avec une fierté professionnelle manifeste. Karm hésite, puis se laisse un instant aller dans la Force, pour percevoir les émotions de leur interlocuteur. Comme il lui semble bien disposé, le Jedi se risque à profiter de cet instant de satisfaction pour demander :

Et vous travaillez ici depuis longtemps ?
Cinq ans, répond Xei. Avant cela, j’ai fondé une start-up spécialisée dans l’interprétation des signatures électroniques pour l’identification des appareils, en atmosphère ou dans l’espace. Nous avons été rachetés par Fabritech…

Il ouvre les bras d’un geste théâtral pour embrasser la baie vitrée.

… et voilà !
Et ça, interroge encore le Jedi, en pointant de l’autre côté du couloir une porte métallique décorée d’un emblème figurant une roue jaune, crantée à la façon d’un engrenage, sur un fond rouge ?
Ah !

Xei se compose aussitôt un sourire jovial un peu crispé, qui contraste avec l’enthousiasme spontané dont il a fait preuve jusque là.

C’est le bureau du RP, bien sûr.
RP ? Qu’est-ce que le RP ?
Le Représentant du Parti. Toute entreprise d’envergure sur Fabrin accueille un Représentant du Parti, qui s’assure que… mais enfin, que les objectifs de l’entreprise concordent avec le Plan Triennal.
Le Plan Triennal ?
La planification industrielle.

Quasi sur le ton de la récitation scolaire, Xei explique :

La planification industrielle est l’un des piliers de la prospérité de Fabrin et toute entreprise, grâce aux conseils avisés des RP, contribuent à ce grand progrès populaire qui profite à chacun et chacune des habitants de cette planète.
Je vois…
Venez, enchaîne aussitôt un Xei peut-être pressé de changer de sujet. Je vais vous montrer quelques-uns de nos modèles fraîchement assemblés.
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Modulable ou en bloc, des pièces ou des vaisseaux, voilà basiquement ce que Wen-Xei demandait. Techniquement, ils leur fallait les deux. Elle s'apprêtait à répondre pour aider son collègue, mais ce dernier préféra attaquer sur un autre angle.

Finalement, le masque du businessman sûr de lui craqua quelque peu, laissant entrevoir la raison pour laquelle Fabritech avait répondu à la proposition de l'Ordre, la même, à vrai dire, que celle qui avait poussé ce dernier à les contacter. La République était un géant, elle avait à sa disposition toutes les entreprises dont elle avait besoin sur son territoire, ce qui compliquait terriblement la tache d'un challenger implanté hors de leurs frontières ; voilà pourquoi l'entreprise était donc à l’affût de tous les contrats un minimum alléchant. Ceci constituait une information particulièrement intéressante, car cela signifiait qu'ils n'étaient pas autant en position de force qu'ils voulaient le faire croire, ils avaient autant besoin de l'Ordre qu'eux avaient besoin de lui, si ce n'est plus, un fait qu'il sera peut-être utile de le leur rappeler en temps utile.

Tentant de reprendre le contrôle de la situation, le CDO leur proposa de faire le tour du propriétaire. H'phedia profita de l'occasion pour laisser sa boisson derrière elle sans le moindre regret.

Le début de la visite fut d'un ennui mortel, Wen-Xei recommençant à les abreuver de son charabia corporatiste. Voyant la détresse de Karm à ce sujet, elle envoya une subtile onde dans la Force pour lui faire comprendre que, oui, pour elle aussi tout ceci n'avait pas beaucoup de sens. Elle en vint à regretter les Muuns, leur jargon à eux, au moins, ne ressemblait pas à des mots de basic placés au hasard.

Fort heureusement, l'intérêt remonta quand ils se rapprochèrent des chaînes d'assemblage, et par là même de quelque chose de plus concret. Son collègue, de son côté, poursuivit une routine désormais bien établit qui consistait à laisser leur hôte parler tout seul avant de le déstabiliser par quelques remarques laconiques judicieusement placées.

C'est alors que cette fameuse porte se retrouva pointée du doigt et que la Sentinelle vit alors une émotion bien précise cachée derrière le visage crispé de leur interlocuteur et la récitation scolaire qui en suivit : La Peur. Xi Wen-Xei n'était en fin de compte qu'un simple rouage dans une machinerie bien plus vaste que lui, et il ne semblait guère apprécier que l'on remarque les ficelles qui l'attachaient à ses maîtres, ces derniers ne devant être guère bienveillants au vu de la réaction qu'ils inspiraient. Elle aurait aimé enchaîner sur cela, avant de se rappeler que les Jedi avaient besoin de ses vaisseaux, aussi devraient-ils détourner le regard de comment le « Parti » gérait cette planète.

Soucieux d'éloigner à nouveau la conversation d'un sujet un peu trop sensible, le CDO leur proposa d'examiner quelques-uns de leurs vaisseaux tout chaud sortit de la chaîne d'assemblage. Enfin, se dit-elle, passait-on aux choses sérieuses.

Ils se trouvaient désormais dans un vaste hangar, même si le terme d'entrepôt lui aurait mieux convenu. Les vrais hangars n'étaient pas aussi propres, les vaisseaux à l'intérieur guère aussi immaculés et ils n'étaient certainement pas disposés avec un tel sens de la composition photographique.

Wen-xei les fit traverser ce décor d'holomagazine jusqu'à un premier vaisseau à l'aspect oblong et à la taille respectable. A vue de chélicère, la Sentinelle aurait dit qu'ils étaient en présence d'un transporteur de tonnage médian, elle ne s'était pas trompée.

« Laissez-moi vous présentez le Jixu, dit l'homme de sa plus belle voix mercantile, notre tout dernier-né en matière de transporteur polyvalent, de quoi rendre jalouse Corellia elle-même. Parfaitement modulaire, il peut servir autant pour convoyer des biens que des personnes. Si votre ordre à besoin de déplacer un certain nombre de ses membres ou bien... Oh, je ne sais pas, mener une mission humanitaire par exemple, alors c'est le choix parfait. »

H'phedia se souvient de leur voyage sur Ossus et ce dit que, effectivement, ce genre de vaisseau pourrait être utile.

« Cela pourrait nous être utile... en effet... Mais... n'avez-vous pas quelque chose de plus... petit ? »

Un peu plus et elle allait finir par parler de façon aussi brève que Karm.

« Oh, bien sûr ! Dit-il, les amenant à un autre vaisseau à la ligne effilé et au gabarit de chasseur. Voici le Jingti, notre modèle de patrouilleur le plus demandé, doté lui aussi d'un design modulaire pour s'adapter au mieux aux besoins de nos clients. Si vous voulez assurer la sécurité d'un système, il n'y a pas mieux ! »

Elle repensa à ses propres missions de patouilles, à cette chasse aux vaisseaux fantôme.

« C'est déjà plus intéressant... Mais... Si nous voulons quelque chose de plus... incursif... comme vous dites ? »

« Ah ! Fit-il avant de les mettre face à un troisième appareil, similaire au précédent par la taille, mais un peu plus bulbeux. Alors ne cherchez pas plus loin que le Dadao, spécialement conçu pour l'exploration, il dispose de nos systèmes de senseurs les plus avancés. Avec ça vous pourrez scanner une planète depuis l'autre bout de son système. »

Elle se dit que ce genre de modèle avait toutes les chances de plaire à Karm, vétéran de l'Explocorp qu'il était. Il serait, qui plus est, aisé de mettre à profit ces senseurs pour des types d'explorations plus atypique, du moins le pensait-elle.

« Et si nous voulons quelque chose d'encore plus incursif ? »

Wen-Xei parut réfléchir quelques instants avant de les conduire à un quatrième et dernier appareil, placé plus en retrait que les autres. D'une plus large envergure que les précédents, il abandonnait le design tout en rondeur des précédents pour quelque chose de bien plus aplatit et effilé. Il était aussi recouvert d'un étrange revêtement noir qui semblait aspirer la lumière ambiante.

« Ceci, annonça-t-il sur un ton plus grave, est le Yincang. Voyez-le comme une sorte de série limitée, un vaisseau furtif. Fabritech est expert dans la technologie des senseurs, ce faisant, elle l'est aussi quand il s'agit de s'en protéger. Si vous voulez voir sans être vu, ou seulement ne pas être vu du tout, c'est lui qu'il vous faut. »

« Est-ce que cette protection s'applique aussi à vos propres produits ? »

Le CDO se figea un instant, avant de répondre avec un rire gêné :

« Ah ! C'est un paradoxe vieux comme le monde ça... Je dirais que c'est une question de... Eh bien ! Une question de gamme, voilà tout. »

H'phedia n'était pas tout à fait convaincue par son argumentation.

« Je vois... Et vous... Maître Karm... pensez-vous vous aussi qu'il ne s'agît que d'une question de gamme ? »
Karm Torr
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Des vaisseaux.
Des vaisseaux partout.
Des vaisseaux neufs.

Malgré lui, Karm pose un regard soupçonneux sur ces appareils d’aspect pourtant fort recommandable. C’est que né et élevé les premières années de sa vie à bord de la flotte ark-ni qu’un historien du voyage spatial avait un jour décrit comme « l’équivalent aérospatial d’une ratatouille vieille de deux ans », l’explorateur garde une affection sincère pour les vieilles mécaniques rapiécées.

Mais il lui faut bien reconnaître que les engins de Fabritech paraissent de très bonne facture. Il tourne autour, à pas lents, avec des réflexes de pilote plutôt que d’ingénieur. Le regard du CDO passe de l’Araquia à lui, de lui à l’Araquia, mais ces deux clients d’un genre un peu particuliers sont plus difficiles à déchiffrer que les autres.

Question de gamme, hein ?
Nous avons des structures de prix adaptées à toutes les portefeuilles et fournissons aussi bien des organisations comme la vôtre que des gouvernements ou des entreprises privées. Voire de simples particuliers, même si c’est plus rare.
Ah ouais ?
Nous ne sommes pas un chantier naval gigantesque, reconnaît Wen-Xei, et il y a des considérations d’échelle pour rendre la production rentable.
C’est testable ?
Nos prix ? Vous voulez parler de crédit ?
Les appareils.

D’un geste de la tête, l’explorateur désigne les deux chasseurs.

Naturellement. Je peux arranger un vol pour cet après-midi, à partir de notre astroport de recherche. Il est situé à la périphérie de la ville et vous assurera toute la tranquillité nécessaire.
Cool.

L’homme le fixe, en attendant d’autres questions qui ne viennent pas.

Vous avez de la documentation sur les prix ?
Naturellement. Mon droïde va vous transférer tout cela. Voulez-vous voir notre département de design ? Il est possible de personnaliser vos vaisseaux avec des enceintes dernière génération, des sièges en cuir de…
Ça ira, merci. Vous concevez l’armement vous-même ?
Non.

Wen-Xei rebrousse chemin pour les guider hors de l’entrepôt.

Tous nos dispositifs offensifs sont issus d’un partenariat avec une entreprise spécialisée. Qiang Systems. Ils conçoivent les canons laser, les canons à ions, les boucliers, les torpilles. Éventuellement des choses plus spécialisées. Naturellement, nous ne vendons que des modèles en respect des conventions sur l’armement qui s’appliquent sur le territoire d’utilisation. Même si j’imagine que dans votre cas…

Il ne finit pas sa phrase. À vrai dire, il ne sait pas ce qu’il faut imaginer. À quelles lois les Jedis entendent-ils se soumettre, libérés comme ils le sont des traités républicains ?

Notre service juridique pourra se pencher sur la question, si vous le souhaitez et que vous avez des incertitudes sur vos obligations en la matière.

Karm a un vague hochement de tête. Lui non plus ne s’est pas posé la question. Pas d’armes chimiques, voilà qui lui paraît évident, mais pour le reste ? Peuvent-ils vraiment se dispenser de l’arsenal complet nécessaire à leur survie, et à leurs missions ?

Sur le chemin de la sortie, Wen-Xei essaie encore de leur vendre toute une tripotée d’options. Fabritech a développé une application qui permet de rentrer en contact avec les autres Fabries, comme ils appellent leurs clients. Des logiciels pour optimiser la gestion mécanique de sa flotte. Des astromechs personnalisés avec la voix d’acteurs célèbres. Un dispositif de pilotage en réalité virtuelle. Des sièges anti-hémorroïdes. Des couchettes massantes. Un hyperdrive qui fait de la musique.

Quand les deux Jedis ont enfin regagné l’air libre et laissé leur guide volubile au seuil du bâtiment, Karm soupire :

J’croisi que je vais avoir la migraine.

Ils rembarquent dans leur fourgonnette speeder et s’élèvent dans les rues de la ville.

Bon, perso, ça m’inspire plusieurs réflexions. Déjà, j’pense qu’il faut se concentrer sur les chasseurs et les appareils offensifs et défensifs. Les fermiers de Dantooine ont déjà des transporteurs, plus ceux qu’on a utilisés pour l’évacuation. C’est pas du dernier cri, mais ça fait l’affaire. J’ai l’impression qu’on est d’accord sur ça, non ?

Il jette un coup d’oeil dans le rétroviseur, même s’il aurait en réalité bien du mal à interpréter les expressions de sa passagère.

Ensuite, y a la question du prix, de c’qu’on est capable de payer, de ce qui est vraiment négociable, du crédit qu’on peut prendre, de l’étalement des paiements et… Ben j’avoue que je suis pas hyper au point sur ces questions. Dis moi que t’as une passion pour la comptabilité et le négoce.

Après avoir pris un peu d’altitude, Karm se dirige vers le centre administratif de la capitale.

Trois et quatre, c’est lié, mais y a la question des autres clients. Faudrait qu’on ait quand même une vague idée d’avec qui on partage nos futures technologies. Et celle du Parti. Quel est son rôle dans tout le système ? À quel point il surveille ? Est-ce qu’il va falloir qu’on démonte et reprogramme entièrement ce qu’ils nous livreront pour se débarrasser de tout dispositif de surveillance, ou bien… ? J’trouve pas nécessairement ça malsain par principe que des représentants du pouvoir public soient présents dans des grosses entreprises stratégiques, mais ça avait pas l’air d’être le grand amour, si ?

Et c’est justement pour mieux prendre la mesure de ce fameux parti que le speeder navigue désormais entre les bâtiments officiels de Fabrin.
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Maître Karm Torr n'avait pas été choisi totalement au hasard, en plus d'être un vétéran de l'Explocorps, il venait aussi d'un peuple qui vivait dans l'espace, il s'y connaissait donc en matière de vaisseau mine de rien. Cela pouvait se voir à la façon dont il examinait silencieusement les vaisseaux proposés pendant que Wen-Xei était concentré sur elle.

La discussion commerciale se poursuivit, l'on convint d'un vol d'essai dans l'après-midi, l'on évoqua la question du prix, de l'armement, elle prit d'ailleurs soin de noter le nom du sous-traitant, et, finalement, après ce qui sembla être une interminable réclame pour un étalage d'options toutes plus inutiles les unes que les autres, l'entrevu pris enfin fin.

La jeune araignée partageait la lassitude de son collègue, ne pouvant soupirer, elle l'indiqua en agitant ses poils.

« Et encore... vous n'avez pas goûté à ce Slurpie... Je crois que je vais avoir besoin d'un bilan toxicologique quand tout sera fini... » ajouta-t-elle.

Revenus à leur speeder, le temps était venu de faire le bilan et de décider de la marche à suivre, à commencer par se décider ce qu'ils allaient acheter à Fabritech.

« En effet... Nous sommes d'accord sur ce point... répondit-elle à Karm... Ce dont nous avons le plus besoin actuellement... c'est de quoi nous permettre de protéger nos frontières et de nous projeter efficacement pour nos missions... »

Vint ensuite le domaine de l'argent, un dans lequel elle devait reconnaître sa crasse ignorance. C'était bien pour ce genre de cas qu'elle aurait bien aimé avoir un consulaire à ses côtés.

« C'est dans ce genre de moment que je me rends compte à quel point je suis ignorante d'un bon nombre de choses concernant mon propre ordre... dit-elle. Je ne me suis jamais vraiment posé la question d'où les crédits venaient pour tout ce que nous avions... Nous étions les Jedi... La république était notre alliée... Tout ce dont nous avions besoin pour nos missions nous était presque offert sur un plateau... Il y a tellement de choses que nous avons prises pour acquises... Quand je regarde en arrière... je vois tellement d'arrogance... »

Elle claqua des crochets pour se forcer à revenir à l'instant présent.

« Pour en revenir à notre sujet... Non... Je n'ai pas la moindre idée de comment nous allons pouvoir payer ça... Mais je suppose que ceux qui nous ont envoyés ici ne l'auraient pas fait si nous ne disposions pas des fonds nécessaires... peut-être même que Dantooine pourrait contribuer... même si ce n'est pas une planète très riche... »

Elle marqua une courte pause avant d'ajouter : « Je ne sais pas non plus comment négocier les détails du dit paiement sans que l'on ne se fasse avoir... Et je ne suis pas certaine que s'en remettre à la Force sera suffisant... »

Vint ensuite une question plus préoccupante encore que celle de l'argent : Avec qui faisaient-ils affaire exactement ?

« Concernant leurs clients... S'il faut en croire les dire de Wen-Xei... tout ce qui se trouve entre la République et l'Empire... ce qui fait beaucoup de monde mine de rien... Concernant le Parti... »

Elle repensa à la réaction du CDO, à cette porte et à ce symbole peint dessus.

« De la peur... c'était de la peur que j'ai vu chez cet homme... celle d'un serviteur qui ne veut en aucun cas déplaire à ses maîtres... et ses louanges récitées comme une leçon bien apprise... tout ça... juste pour un doigt tendu et une porte... Les Sith diraient que le pouvoir d'un individu ou d'une entité se mesure à la terreur qu'ils inspirent... Cela nous donne une assez bonne idée... je pense... de l'influence et des méthodes ce Parti... Parti au singulier au passage... »

La sentinelle remarqua alors qu'au lieu de rester au sol comme à l'arrivée, Karm avait cette fois-ci choisi la voie des airs.

« Si Fabritech ne fait pas... ou peu... de politique... Je doute fort que ce soit le cas du Parti... Que se passerait-il alors si... disons... un représentant de la République se présentait à eux et leur proposait un accès à leur marché en échange de ne plus faire affaire avec nous ?... Voir... pire... de nous fournir du matériel saboté ou vérolé... C'est une possibilité que nous ne pouvons pas ignorer... Ce n'est pas parce que nous en avons été banni que la République va cesser pour autant de garder un œil sur nous... elle pourrait bien déjà être au courant que nous sommes ici... »

La perspective pessimiste d'H'phedia fut interrompue par une autre, celle du centre administratif de la ville, là où son collègue se dirigeait depuis le début de leur conversation et où devait se trouver le siège local du Parti.

La jeune araignée remarqua alors deux choses, d'abord que l'ensemble du district était perché sur un plateau surélevé par rapport au reste de la ville, dépassé seulement par la tour de Fabritech, ensuite, qu'ils n'étaient pas seuls là-haut. D'autres choses croisaient dans cet espace aérien et ce n'était pas des speeders. De forme sphérique, d'un diamètre supérieur encore au speeder fourgonnette qui les transportait tous les deux, les objets affichaient une ligne brutale tout en blindage, bien loin des courbes épurées des vaisseaux qu'on leur avait montrés. Ils volaient par groupe de cinq en formations serré. La sentinelle tendit ses sens vers la concentration la plus proche, mais ne reçut que le néant en réponse, il n'y avait pas la moindre vie dans ces choses.

« Des droïdes... de calibre militaire... dit-elle sombrement... Nous avons vu la marionnette... nous allons bientôt faire la rencontre du marionnettiste. »
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Karm suivit du regard le passage des drones militaires. Leur présence avait quelque chose d’intimidant. De menaçant, même. Mais l’Ark-Ni tenta de se montrer circonspect. Après tout, rares étaient les centres-villes des capitales à n’être pas protégés par l’armée ou la police, d’une manière ou d’une autre. Le gouvernement de Fabrin avait simplement opté pour une solution plus théâtrale que d’autres.

Jouons un peu les touristes, déclara-t-il brusquement, après avoir considéré la situation.

Le speeder commença sa descente vers l’une des esplanades soigneusement délimitées qui accueillaient les engins privés.

Je suis d’accord sur la nécessité de se prémunir de l’influence de ce Parti. Si c’est pas en tant que tel, du moins pour éviter toute interférence par effet de ricochet. Je pense que… Logiquement, ça implique de commander des modèles relativement standard. De se limiter sur les options spécialisées et les fonctionnalités uniques. J’veux dire : pour que nos engins soient réparables par d’autres que Fabritech. Que si les choses s’enveniment dans deux ou trois ans, on puisse s’adresser à n’importe quel constructeur naval et qu’il se retrouve pas face à des technologies complètement exotiques. Ça, c’est un premier point.

Et puis, c’était une affaire de bon sens économique. Fabrin était loin, Fabritech aussi : s’enfermer dans un contrat de réparation avec une entreprise unique sise sur une planète lointaine entraînerait des coûts supplémentaires, et Karm préférait de loin avoir des modèles moins exotiques, mais plus faciles à entretenir.

L’autre conséquence, ça me paraît, comment dire…

Leur speeder se stabilisa à quelques centimètres au-dessus du sol, avant de descendre lentement et de se poser pour de bon. L’ordinateur de l’appareil se connecta à celui du parking et Karm pianota sur l’écran de bord pour remplir un formulaire qui déclarait le motif de leur visite dans ce qu’il était apparemment convenu d’appeler la Cité du Progrès National.

De ce que j’comprends, quand on négocie un achat d’équipements de cette ampleur, on achète les engins, mais aussi un stock de pièces, des sessions de formation, de la prestation de services, parfois du transfert de technologie. Je pense qu’il faut qu’on négocie autant de formations que possible pour nos mécanos et nos Sentinelles, histoire qu’in fine, on soit aussi indépendants que possible avec nos appareils. Pas sûr que ça plaise beaucoup à Fabritech, qui doit compter sur ce genre de revenus réguliers. J’imagine que c’est plus sécurisant pour eux de se dire que pendant dix ans on va payer pour l’entretien, plutôt que tout d’un coup.

Le vol d’essai serait probablement une bonne occasion de se rendre compte de la complexité de l’appareil, même si ni H’phedia ni lui n’avaient les connaissances mécaniques nécessaires pour en évaluer tous les rouages en détail.

Les deux Jedis quittèrent leur speeder. La Cité était organisée autour de vastes places monumentales, de grands espaces dégagés du plateau rocheux d’où on pouvait admirer le reste de la ville et qui incarnaient le luxe suprême de tout urbanisme moderne : le vide.

Karm s’était attendu à voir des bannières et des statues à la gloire des chefs du Parti, toute une collection de messieurs immortalisés pour le peuple qui auraient tourné des regards pensifs mais déterminés vers quelque horizon lointain. Il n’en était rien. Tous les monuments qui s’offraient à leur curiosité tenaient de l’allégorie : des hommes et des femmes immortalisées dans la pierre, le verre ou l’hologramme, qui incarnaient les valeurs de Fabrin. L’ingéniosité. Le progrès. Le travail. La solidarité.

C’est p’têt un peu cynique de ma part, murmura l’explorateur devant une statue hololithique dont la surface de pierre sculptée servait de support aux représentations fugitives de la liberté sous les traits de gens du peuple, qui connaissaient la prospérité grâce à leurs efforts, mais j’ai tendance à penser que plus on a besoin de célébrer des valeurs avec des monuments grandioses, plus on est convaincu qu’elles sont absentes dans les pensées spontanées de ceux à qui les monuments s’adressent. ‘Fin… Y a sans doute moyen de dire ça de façon plus claire, mais tu vois, quoi…

Ils reprirent leur chemin. Les passants de la Cité du Progrès National, dont les rues accueillaient les bureaux de la plupart des grandes administrations planétaires, étaient composés pour moitié de touristes venus des autres régions de la planète et de fonctionnaires. Les premiers admiraient les frontons sévères et majestueux des bâtiments officiels, tout pénétrés de la gloire nationale, tandis que les seconds allaient d’un pas pressé, parfois accompagnés de leur droïde de protocole.

Ce qui était remarquable, c’est que chaque organisation paraissait s’être dédoublée. À votre gauche, le Bureau National de l’Agriculture. À votre droite, le Commissariat du Parti pour les affaires agricoles. D’un côté de la rue, le Bureau National des Infrastructures. De l’autre, le Commissariat du Parti pour les ponts, les ports et les stations spatiales.

Karm murmura tout bas, d’une voix presque inaudible pour quelqu’un d’autre qu’une Jedi :

C’est très instructif, pas vrai ? J’y comprends pas grand-chose à la politique, pour être honnête, mais si y a bien une chose que j’ai apprise avec mon Consulaire favori…

Avant leur exil, il n’aurait jamais parlé de Luke si librement, ni évoquer leur relation en des termes si explicites, mais désormais, l’Ordre était moins rigoriste, et puis leur compagnonnage n’était plus guère un secret pour personne.

… c’est qu’un État est jamais un monolithe. De toute évidence, y a de la défiance entre le gouvernement et le Parti. Probablement entre le Parti et les entreprises. Les entreprises et le gouvernement. Une façon d’assurer la séparation des pouvoirs, peut-être. À garder à l’esprit quand on devra manœuvrer Fabritech.

Pour l’heure, ils n’avaient d’entrée dans aucun de ces bâtiments vénérables. L’époque où ils pouvaient se parer de leur titre de Jedi pour être accueillis par les officiels des planètes qu’ils visitaient était révolue. Mais les villes, vues depuis leurs rues, n’étaient pas sans enseignements.
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Ignorant les escadrons de drones, de la même façon qu'eux-mêmes semblaient être ignorés par ces derniers, ils s'étaient posés à l'un des endroits prévu à cet effet avant de continuer leur visite, et leur conversation, à pieds, enfin, à pattes pour son cas.

« Des modèles standards... Oui... c'est une bonne idée... de même en ce qui concerne les formations à l'équipement... Nous avons vu ce qui arrivait quand on se retrouvait à dépendre d'une seule entité pour tout... Il est vrai qu'il va nous falloir négocier finement pour le second... Fabritech risque de très vite voir clair dans notre jeu quand nous demanderons cela... et exiger une forme de compensation en échange... »

Dire qu'H'phedia appréhendait le moment des négociations était un mot faible, elle se savait hors de son élément, tout comme elle savait aussi que cette mission était cruciale pour l'avenir de l'Ordre, ils n'avaient tout simplement pas le droit à l'échec. Elle se força cependant à enfouir ce sentiment, elle ne pouvait se permettre de se laisser déconcentrer.

Ils flânèrent donc au sein de ce qui était appelé la Cité du Progrès National, se mêlant au flux des touristes, ce qu'ils étaient d'ailleurs d'une certaine façon. L'endroit affichait une vide démesure, mettant à profit le relief naturel pour créer d'impressionnantes perspectives qui mettaient autant en valeur la ville au loin que les bâtiments présent. Complétant le tout, une série de monuments de formes diverses, mais à la thématique unie, célébrait les valeurs que voulaient exalter les pouvoirs en place. Ils semblaient rendre Karm légèrement philosophe.

« Nous bâtissons tous des monuments... répondit-t-elle... du plus humble au plus démesuré... ils servent tous la même fonction... d'être un rappel qui survivra à ceux qui les ont érigés... On dit que l'histoire est un éternel recommencement... mais n'est-elle pas plutôt un éternel oubli ?... Nous répétons sans cesse les mêmes erreurs car nous oublions les leçons que nous en avons tiré... voir pire... nous les ignorons volontairement parce que nous sommes convaincus que cette fois-ci cela se passera différemment... Je me demande si la même chose arrivera avec le Conclave et notre bannissement... Mais je digresse à nouveau... pour ces œuvres-là... l'on peut le voir de deux façons différentes... soit elles s'assurent que ces valeurs ne seront pas oubliées... soit elles essayent désespérément de les rappeler... même à ceux qui les ont construites... »

Il y avait cependant sur cette place quelque chose de bien plus singulier que quelques monuments, à savoir le dédoublage systématique des institutions officielles entre celles tenues par le gouvernement en tant que tel et celles du Parti. Pour le Sentinelle, c'était une première, s'il arrivait que certaines structures étatiques se chevauchent, ce n'était jamais à ce point-là. Karm y voyait la preuve que Fabrin n'était pas un bloc unique et qu'ils pouvaient exploiter cela dans leurs négociations avec Fabritech, elle voyait la logique.

« Si Fabrin n'est pas aussi unifiée qu'elle semble l'être... cela peut en effet être une carte que nous pouvons jouer... La question reste de savoir qui... du gouvernement ou du Parti... possède actuellement le plus d'influence sur Fabritech... et lequel est le plus favorable aux Jedi... ou le moins défavorable... »

Elle continua d'observer les passants aux côtés de Karm, notant que ceux allant dans les bâtiments du Gouvernement et du Parti semblaient s'éviter mutuellement.
Karm Torr
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Ce n’est pas faux, murmura Karm en considérant d’un oeil nouveau les monuments auxquels sa consoeur venait de prêter un sens plus positif peut-être. Je crois que je fais preuve ces derniers temps de plus de pessimisme encore que d’habitude sur les affaires de la grande politique. Ironique, pour quelqu’un de persuadé que les grandes adversités doivent nous inspirer plus de douceur, et pas plus de dureté.

Le reste de la promenade leur offrit les mêmes perspectives et les mêmes observations. Karm regrettait que les informations de l’Ordre sur Fabrin fussent si elliptiques. Quelles carrières menait-on au sein du Parti ? Quels en étaient les ressorts ? Passait-on du gouvernement au Parti, et du Parti au gouvernement ? Sans doute y avait-il dans ces grands bâtiments d’autres divisions encore, des rivalités plus internes et plus secrètes, qu’il eût été tout aussi profitable de savoir.

Mais l’heure tournait et l’humilité les obligeait à reconnaître, elle la Sentinelle et lui le Gardien, que cette mission était mal taillée pour eux. Ensemble, ils reprirent le chemin de leur speeder. Karm avait l’impression que certains drones les suivaient de près, mais après tout, c’était peut-être le cas pour la plupart des visiteurs étrangers.

Deux ou trois heures plus tard, après un déjeuner dans l’un des innombrables marchés de rue qui s’étageaient sur les plateformes de la ville, là où le désordre et le bruit contrastaient avec la belle et froide régularité de la Cité du Progrès National, les deux Jedis atterrissaient dans la périphérie de la capitale, sur les pistes de l’un des astroports d’essai et de recherche de Fabritech.

Xi Wen-Xei s’y tenait, flanqué de deux autres Fabriens. Tous les deux des humains. Tous les deux des hommes.

Et voici nos visiteurs de marque, s’exclama-t-il avec son enthousiasme habituel, qui tenait à moitié d’un tempérament enjoué et à moitié de la nécessité commerciale. Je vous présente Ji An-Pin.

Il désigna l’homme à sa gauche, un cinquantenaire dégarni qui portait un costume sévère.

Le Représentant du Parti au sein de Fabritech. Il était… Très impatient à la perspective de vous rencontrer, alors je lui ai proposé de se joindre à nous cet après-midi.

Ji An-Pin s’inclina devant Karm, puis devant H’Phedia. En se tournant vers le Maître Jedi, il dit :

La République Populaire de Fabrin est heureuse de vous recevoir sur son sol, Maître Jedi, et se réjouit d’une coopération avec une organisation qui, comme nous, cultive si ardemment les valeurs de démocratie, de justice sociale et de neutralité. Vous allez pouvoir constater dans quelques instants que les vaisseaux de la République Populaire n’ont rien à envier à ceux que les géants de l’aérospatial produisent en série sans considération pour les besoins particuliers de leurs clients et dans une entente coupable avec les appareils militaro-coloniaux de la ploutocratie galactique et de l’Empire fasciste.

Karm ouvrit la bouche pour répliquer.

Euh…

Xi Wen-Xei faisait de son mieux pour dissimuler son embarras et le troisième homme s’était pris de passion pour la silhouette d’un groupe de hangars, au loin.

Euh, oui, voilà, finit par dire le Jedi. On est… Aussi très impatients de tester.

Ji An-Pin s’inclina une seconde fois et Xi Wen-Xei s’empressa d’enchaîner en désignant son second associé du jour, un homme d’une quarantaine d’années dont les traits différaient beaucoup de ceux des deux autres.

Safarali Iskandrov, fit le CDO, le directeur de cette infrastructure. Si vous voulez bien nous suivre.

Une barge speeder s’était avancée vers eux et ils y prirent place. Alors que le véhicule anti-grav les acheminait vers le centre des pistes de décollage, Xi Wen-Xei expliqua :

Nous vous avons préparé deux vaisseaux. Notre modèle standard de transport, modulable en transporteur de marchandises, de passagers ou de troupes. J’ai pensé que vous seriez, Chevalière, intéressé par son maniement. Une équipe de techniciens vous assistera.

C’était une manière pleine de tact de suggérer qu’ils n’avaient pas de chasseurs de ligne adaptés adaptés à la morphologie singulière de l’Araquia.

Et l’un de nos vaisseaux individuels de reconnaissance, pour vous, Maître. Un astromech spécialisé vous secondera pour prendre la main en cas de difficulté. Je crois que nous avons obtenu une autorisation pour des vols atmosphériques et suborbitaux.

Wen-Xei eut un bref regard pour Ji An-Pin, qui confirma en inclinant la tête.

Et en attendant, nous pouvons affréter d’autres modèles. Nous avons des… Engins plus offensifs pour des cibles terrestres, mais j’ai supposé…
… que l’Ordre Jedi avait peu l’usage de bombardiers, compléta Karm parce que leur interlocuteur avait laissé sa phrase inachevée ?
Mais naturellement, nous sommes en mesure de fournir ce genre de modèles.

Karm se contenta de secouer la tête, en s’abstenant de préciser que l’étendue et la nature de leurs futures capacités offensives dépendraient beaucoup des options prises par le Conclave.

Vos chasseurs sont tous pour les humanoïdes ?

L’Ark-Ni se rendit compte que sa question avait été trop brutale au silence qui lui répondit et aux regards embarrassés qui furent adressés de façon furtive à H’phedia.

C’est… notre principal marché, mais bien sûr, nous étudierons volontiers toute personnalisation adaptée à des morphologies plus… enfin moins… enfin… Vous voyez. Ah ! Excellent ! Nous arrivons !

Sauvé par le gong.
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Ils ne glanèrent pas grand-chose de plus de leur séjour à la Cité du Progrès National, observer la foule avait ses limites, et l'accès aux bâtiments officiels leur était interdit. Le temps où le statut de Jedi suffisait à vous ouvrir certaines portes était bel et bien révolu, dorénavant, ils n'étaient que des touristes, et des clients, comme les autres.

L'idée de se rendre invisible et d'aller fouiner là où elle n'était pas censé être lui avait brièvement traversée l'esprit, mais il lui aurait été difficile de disparaître dans un espace aussi ouvert, sans compter qu'ils étaient très certainement surveillés et que l'on se serait demandé où elle aurait bien pu passer ; et il y avait aussi le risque qu'elle se fasse prendre. Étant donné qu'ils étaient là pour obtenir un accord commercial vital, il valait mieux éviter les situations embarrassantes qui les mettraient en porte-à-faux avec les autorités, ô combien nombreuses, de Fabrin.

L'heure de leur rendez-vous pour le vol d'essai approchant, ils se résignèrent donc à quitter l'endroit pour rejoindre les quartiers plus populaires de la ville où ils prirent un repas bien mérité. H'phedia préféra largement cette partie de la mégalopole par rapport à son centre administratif rutilant, elle avait l'impression qu'elle contemplait ici la véritable Fabrin, qui survivait tant bien que mal, asphyxiée qu'elle était sous le lacis de son industrie.

Une fois qu'elle eut fini d'ingurgiter sa collation, la première depuis son arrivée, l’infâme breuvage de Fabritech ne comptant pas, elle se mit en route aux côtés de Karm vers l'un des zones d'essai de l'entreprise. L'installation se trouvait en périphérie de la ville, ici, la densité urbaine diminuait graduellement et le relief s'aplanissait de façon significative. Le métal restait cependant omniprésent, ce qui donnait à l'ensemble du paysage un aspect irréel.

Comme à l'hôtel et à la tour, un comité d'accueil les attendait, mais il était cette fois-ci un peu plus étoffé. Il y avait toujours l'inénarrable Xi Wen-Xei, mais deux autres hommes l'accompagnaient. Le premier, Ji An-Pin, était le représentant du Parti auprès de Fabritech, ce qui lui valut toute l'attention de la Sentinelle. Malheureusement, l'homme qui se cachait derrière la porte n'eut à leur offrir qu'un charabia politique au moins aussi abscons que celui du CDO, qui plus est, il sembla ignorer la jeune araignée au profit de l'Ak-ni, c'était lui le maître après tout. H'phedia lui rendit quand même et sa révérence et ajouta :

« Je suis moi aussi heureuse de vous rencontrer... Ji An-Pin... et tout aussi heureuse de savoir que l'Ordre et le Parti partagent des valeurs communes... »

Le troisième homme, Safarali Iskandrov, qui était le directeur de l'infrastructure, différait grandement des deux autres, autant par son apparence que par son nom, bien loin des patronymes typique de Fabrin. Pour couronner le tout, il n'accorda pas le moindre regard aux Jedi, perdu qu'il était dans sa contemplation des hangars au loin. La Sentinelle n'eut cependant pas le temps d'examiner plus en avant, ou même d'aborder, ce personnage lunaire, car Wen-Xei avait entre temps repris le contrôle de la situation et les conduisit à leurs vaisseaux de démonstration.

Deux modèles leurs furent proposés, un transporteur et un chasseur de reconnaissance. Sans surprise, l'appareil le plus massif lui fut réservé, elle évita de laisser échapper que l'Ordre serait plus intéressé par des patrouilleurs que des cargos, ce serait malvenu.

Sur la dernière droite, Karm, comme à son habitude, lança une énième question désarmante qui laissa leur hôte dans un état de sudation avancé. Cette fois-ci, c'était à propos de la compatibilité vis-à-vis des morphologies exotiques, un sujet qui la concernait plus que directement.

« Je vous conseil d'y penser... dit-elle au CDO... L'Ordre abrite une gamme de profils très variée... »

Sur ces derniers mots, elle laissa le Maître Jedi à son vaisseau tandis qu'elle alla au sien. À peine avait-elle posé une patte sur la rampe de l'imposant engin à la forme ovoïde qu'elle fut assailli par un groupe de pas moins de cinq techniciens qui cerclèrent autour d'elle tel une volée d'oiseaux prédateurs. Elle fut presque assommée par une cacophonie où se mêlaient salutations, descriptions techniques et conseils divers et variés. À en juger par les émotions qu'ils projetaient dans la Force, ils devaient craindre soit qu'elle fasse exploser le transport au décollage... ou qu'elle le mange, ce n'était pas sûr. Elle fut conduite, et par là, il fallait comprendre encerclée et poussée, jusqu'au poste de pilotage qui avait été plus ou moins aménagé pour elle. Une nouvelle volée d'instructions inquiètes plus tard, elle sut à quoi servait les différentes commandes et fut prête à décoller.

Le premier point positif était que les moteurs se lançait assez rapidement pour un engin de cette taille, de même, elle parvint assez aisément à s'arracher à la gravité de Fabrin. Alors qu'elle prenait lentement de l'altitude, elle se remémora l'évacuation d'Onderon et se dit qu'avoir des transports capables de décoller en un temps record était toujours utile.

Elle continua de monter, et à mesure qu'elle le faisait, elle pouvait sentir le regard des techniciens posé sur elle, ils n'étaient pas là uniquement pour la familiariser avec les commandes. Il était vrai qu'ils n'étaient pas censés dépasser le suborbital pour ce vol d'essai, elle n'avait pas l'intention d'outrepasser, mais elle voulait quand même vérifier si cet engin pouvait quitter l'atmosphère sans se désintégrer.

Elle fit alors franchir à son appareil la limite communément admise, et hautement variable, qui séparait l'air de l'espace. Les techniciens formaient comme un mur compact derrière elle, sûrement prêt à se jeter sur elle au cas où elle essaierait d'aller plus loin que prévu. Ironiquement, si elle avait vraiment voulu voler ce vaisseau, il n'y aurait rien qu'ils auraient pu faire pour l'en empêcher, en fait, ils seraient mort avant même d'avoir pu essayer. Une chance pour eux, c'était un Jedi qui était dans le cockpit.

Elle n'était pas une pilote émérite et ce genre d'appareil n'était pas vraiment conçu pour les acrobaties, aussi se contenta-t-elle de lui faire exécuter une grande courbe en cloche qui le ramena tout en douceur dans l'atmosphère, et vers le centre d'essai. Une fois sa descente entamée, elle put sentir ses accompagnateurs se détendre imperceptiblement.
Karm Torr
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Vous nous entendez bien, Maître Torr ?

Si Karm avait cru échapper au prolixe CDO pendant la phase d’essai, il s’était lourdement trompé : la voix du Fabrien se fit entendre dans son casque à peine la verrière du cockpit refermée.

Yep, fit Karm d’un ton distrait en étudiant le tableau de bord.

Derrière lui, le petit astromech encastré à sa place avait achevé les vérifications techniques et diffusait des instructions qui tenaient du tutoriel pour pilote débutant sur l’écran central.

Vous verrez : nos appareils sont adaptés à la délicatesse et à l’élégance qui sont les grandes qualités de l’Ordre Jedi.
Délicatesse, hein…
Et élégance !

Karm abaissa trois interrupteurs, pressa un bouton et l’engin fit un bond depuis le tarmac, pour décoller en trombe avec une accélération brutale. Quelques centaines de mètres plus haut, il fit un virage sec, se laissa tomber en piquée, récupéra non loin du sol et reprit une ascension moins suicidaire vers les hauteurs de l’atmosphère.

Vous… vous allez bien, Maître Karm, s’enquit Xi Wen-Xei d’une voix blanche ?
Ah, ouais.

Pour la forme, Karm activa les systèmes d’armement et tenta d’acquérir une cible en visant le transporteur piloté par sa consoeur.

Paraît que j’ai un style de conduite un brin particulier.

Par là, il voulait dire bien sûr que c’était un miracle qu’il fût encore vivant.

J’aurais peut-être dû prévenir, rajouta-t-il d’un ton indifférent.
Je… Mais non, bien sûr, bien sûr…

Il ne fallut pas longtemps au commercial pour se reprendre et se lancer dans le panégyrique de son appareil.

C’est parfait : vous avez pu voir combien notre appareil est réactif. Idéal pour parer à tous les imprévus.

Karm avait atteint l’espace et, tout en veillant à rester en-dessous de la frontière des satellites, il lança un diagnostic complet de la machine. Le droïde derrière lui entreprit de faire défiler diligemment le bilan des systèmes, et si le Jedi fut pris un instant d’un doute, en songeant que ces informations pouvaient être mensongères, il se raisonna vite : Fabritech n’était pas une entreprise sortie de nulle part et il n’y avait pas de raison de douter de la solidité du matériel.

L’explorateur fit encore quelques tests d’accélération, et une ou deux acrobaties rudimentaires, avant de fondre sur la planète, puis le continent, plus la ville et l’astroport d’essai, où il se posa en se redressant de justesse, sans encombre et d’une façon qui lui aurait sans doute valu l’exclusion de n’importe quelle école de pilotage digne de ce nom.

À sa sortie du cockpit, il se retrouva face à une cohorte de mécaniciens au bord de la crise cardiaque. Le CDO continuait à faire bonne figure, le représentant du Parti avait disparu de la circulation et Iskandrov s’était soudain animé.

Alors, demanda-t-il au Jedi les yeux brillants ? L’accélération ? N’est-ce pas qu’il accélère bien ?
Impeccable.
La réactivité ? N’est-ce pas qu’il est réactif ?
Carrément.
Et l’interface ? N’est-ce pas qu’elle est belle, l’interface ?
Mais oui.

Et Iskandrov de se désintéresser aussitôt de son interlocuteur, pour couver le chasseur d’un regard de fierté et même d’amour, dont Karm espéra au fond de son coeur qu’il ne confinait pas à la secrète lubricité.

Le cargo se posa à son tour et Iskandrov se précipita sur la Chevalière pour lui faire le même genre de questions, avec le même genre d’espoirs, tandis que des techniciens s’agglutinaient autour de l’appareil pour l’inspecter dans les moindres détails. Quand H’phedia les eut rejoints, Wen-Xei les entraîna pour une marche le long du parking des vaisseaux, où des prototypes plus ou moins aboutis attendaient leur tour d’être testés.

Donc, reprit Karm quand ils se furent un peu éloignés de la horde piaillante des techniciens, à quel point c’est de la technologie propre à Fabrin ?
Les moteurs, traditionnels et hyperdrive, l’interface, la navigation dans sa partie matérielle et logicielle, les systèmes furtifs et de détection sont de purs produits de Fabritech. L’armement est produit pour nous par nos partenaires. Le reste, le fuselage, les sièges, ce genre de choses… Nous travaillons avec des centaines de fournisseurs qui sont à la pointe des bonnes pratiques du marché. Vous trouverez le détail dans la documentation technique.
Et l’interopérabilité ?
De quel point de vue ?

Karm réfléchit rapidement à ce qui pourrait être pour commencer le terrain le plus consensuel et il suggéra :

L’armement, par exemple ?
Hé bien… Nous proposons naturellement des contrats privilégiés avec notre fournisseur de référence et un large choix de canons et de munitions. Mais bien entendu, nous sommes conscients que les nécessités opérationnelles imposent à nos clients de s’approvisionner à des sources diverses et nos lanceurs de torpilles peuvent recevoir la plupart des modèles standard du marché.
Et le reste ? Les logiciels ? La réparation mécanique ?
Comme vous vous en doutez, toute vente comprend l’entretien sur plusieurs années, la formation de vos mécaniciens aux réparations de première nécessité et une mise à jour de vos astromechs.
Et si on voulait une formation complète ?
Complète ? C’est-à-dire ?
Ben… Pouvoir démonter et remonter l’appareil par nos propres moyens si la nécessité s’en fait sentir.

Wen-Xei éclata d’un rire franc, manifestement convaincu avec sincérité que le Maître Jedi était en train de plaisanter.

Hé bien, dans ce cas, répondit-il avec légèreté, je crois qu’il faut postuler à un emploi chez nous ! Nos accueillons toujours volontiers des talents de tous les horizons, vous savez.
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Au cours de sa décente, H'phedia remarqua, ou plutôt les senseurs de son vaisseau s'en chargèrent pour elle, le chasseur piloté par Karm qui croissait dans les environs. Visiblement, sa conduite était sportive en toute circonstance, cela dit, c'était un peu moins problématique dans l'espace qu'à la surface d'une planète, et cela pouvait être on ne peut plus utile en cas de combat... Peut-être que c'était aussi simple que ça, finalement ; le Maître jedi conduisait son speeder comme s'il se trouvait en permanence en plein milieu d'une bataille spatiale. La Sentinelle se demanda s'il l'avait déjà remarqué lui-même ou qu'on lui avait déjà fait la remarque dans ce sens.

Son transporteur étant plus lourd et plus lent, bien que l'Ak-ni eut décollé après elle, se fut lui qui se posa le premier. Quand elle ramena à son tour son vaisseau sur la terre ferme, elle pensa que ce délai l'aurait épargné d'une partie de l'attention des officiels de Fabritech, mais il n'en fut rien, pire, ce fut même l'inverse, s'étant déjà entretenus avec Karm, cette attention était maintenant libre de se reporter pleinement et entièrement sur elle.

À peine avait-elle rejoint à nouveau la rampe, presque poussé hors du cockpit par le mur formé par les ingénieurs derrière elle, qu'à peu près le double l'attendait à l'extérieur, telle une meute ayant encerclé sa proie et s’apprêtant à fondre sur elle. Et à la tête de cette meute, il y avait Iskandrov. Cette fois-ci, l'homme s’avéra être un petit peu plus loquace qu'à leur première rencontre.

« Alors, dit-il, satisfaite ? »

« Oui... C'est un bon vaisseau... »

« Et la maniabilité, vous avez senti à quel point il était maniable ? »

« Oui... Il est assez maniable pour un engin de cette taille... »

« Et les commandes, vous les avez aimées, les commandes ? »

« Elles étaient... appropriées... »

« Elles sont douces, mais fermes en même temps, vous avez vu ? »

« Euh... »

« Ça demande d'avoir de la poigne, hein ? Faut leur montrer c'est qui le patron. »

« ... »

« C'est qu'elles aiment ça ces petites— »

« Je... Je vais vous laisser... »

Et elle le laissa donc là, en compagnie de la horde des techniciens qui semblaient plus que satisfait qu'elle s'éloigne enfin de l'appareil. Elle se hâta de rejoindre Karm qui l'attendait en compagnie de Wen-Xei, le Représentant du Parti, lui, n'était pas contre nulle part en vu. La Sentinelle se demanda où ce dernier avait-il bien pu passer, elle tenta d'étendre ses sens pour le chercher, mais fut interrompu quand le CDO les emmenèrent tous les deux dans une de ses longues marches dont il avait le secret. Cela rappela à la jeune araignée de se concentrer sur l'homme en face, l'affaire, après tout, était encore loin d'être conclue.

Karm se décida à aborder l'épineuse question de la dépendance technologique et de l'interopérabilité. Comme attendu, Fabritech fabriquait elle-même la quasi-totalité des technologies embarquées dans ses vaisseaux à l'exception de l'armement. Ce dernier, pour des raisons purement pratiques, était compatible avec des modèles tiers. La maintenance posa un cas plus épineux, la société proposait bien évidement une offre de support, mais cette dernière serait très loin de suffire à l'Ordre, comme le Maître Jedi l'avait signifié à sa façon. Mais Wen-Xei ne semblait pas avoir compris le message, aussi, la Sentinelle se permit d'intervenir.

« Il est vrai que Maître Karm peut faire preuve d'un humour qui peut être désarmant... Mr Wen-Xei... Mais j'ai bien peur que cette fois-ci... il soit sérieux... Être un Jedi... voyez-vous... c'est parfois... même assez souvent... se retrouver dans des situations particulièrement extrêmes... des situations où il nous faudrait justement pouvoir faire plus que des réparations première nécessité... et où nous ne serions pas en mesure d'obtenir le support de Fabritech... Ce genre de situations nécessite justement que nous ayons une connaissance poussée de nos appareils... »

Le CDO abandonna totalement l'air jovial qu'il avait eut auparavant.

« Je vous comprends, je vous assure, mais il faut que vous compreniez en retour que ce n'est pas aussi simple pour nous. Il y a ces petites choses que l'on appelle le secret industriel et la propriété intellectuelle, l'on ne peut pas se permettre d'offrir à tous nos clients les plans complets de nos produits avec tous les détails de nos secrets de fabrications, sinon qu'est-ce qui les empêcheraient de les fabriquer à notre place par la suite ? C'est un milieu extrêmement concurrentiel, les coups-tordus y sont légion, il faut donc savoir s'en prémunir. »

« Les Jedi n'ont aucune intention... et encore moins les ressources... de faire cela... »

« Je sais, je sais, mais, si nous cédons à un client, les autres vont se demander ''Pourquoi pas nous ?'', l'on ne peut pas se permettre un tel traitement de faveur... »

Wen-Xei marqua une courte pause, comme pour réfléchir à quelque chose.

« Bien sûr, reprit-il, on peut peut-être arriver à un compromis. Une documentation étendue, peut-être, ou bien une licence d'exploitation étendue, en échange d'une, légère, réévaluation de notre barème tarifaire ? »
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« Une légère réévaluation de nos barèmes tarifaires ».

Et voilà.

Karm se voyait déjà en train de vendre ses charmes dans les rues de Nar Shaddaa pour financer la future armada de l’Ordre Jedi. Un battement de cils, un petit soupir suggestif et c’est une torpille à protons en plus pour défendre la Lumière et la Justice à travers la Galaxie.

Faut c’qui faut.

Il est parti, monsieur Ji, demanda brusquement le Maître Jedi ?

Le CDO ralentit un peu le pas. La conversation avait pris un tour déplaisant, mais c’était la rude loi des affaires : l’Ordre Jedi, c’était un bon client prospectif, un client fidèle qui serait susceptible de servir de modèle à certains membres indépendants, et cela méritait bien de la patience.

Il a préféré nous laisser évoquer ensemble tous ces détails techniques, répondit Wen-Xei d’une voix prudente.
On se sentirait… Hyper impolis. Pas vrai ?

Karm prit sa consoeur à témoin.

Hyper impolis, ouais, de quitter l’astroport sans lui dire au revoir.
Je suppose que nous pouvons le retrouver dans le centre de recherches, qu’il est en train d’inspecter.

S’il y avait bien une chose que leur avait apprise leur visite du centre-ville administratif de la capitale, c’était que le Parti offrait toujours un second interlocuteur possible quand les discussions s’engageaient mal avec le premier. Karm était bien décidé à explorer toutes ses opportunités avant d’accepter de sacrifier une partie du précieux trésor jedi.

Xi Wen-Xei les fit embarquer dans un petit speeder qui prit le chemin des bâtiments qu’on apercevait au bout de l’astroport de recherche. Sur les pistes, les deux Jedis pouvaient apercevoir d’autres appareils de Fabritech. Les plus intéressants étaient sans conteste les engins pour l’exploitation minière des astéroïdes, des appareils circulaires et plats dont les trains d’atterrissage étaient prévus pour forer dans la roche afin de s’y arrimer puissamment.

Vous savez, reprit Wen-Xei qui avait retrouvé son ton enjoué, il est toujours possible d’envisager des plans de paiement étalés dans le temps et Fabritech a des partenaires bancaires qui peuvent ouvrir des lignes de crédit. J’imagine que l’Ordre Jedi opérait en partie grâce à la dette publique républicaine, mais peut-être pouvez-vous désormais envisager de cultiver votre propre statut d’emprunteur sur les marchés financiers ?

Karm fit tout son possible pour que son regard ne trahisse pas qu’il n’avait pas compris un traître mot de ce qu’on venait de lui suggérer. À la place, il employa l’une des plus belles techniques secrètes des Maîtres Jedi : hocher la tête d’un air songeur et inspiré, pour dégager une inattaquable aura de sagesse.

La stabilité et l’indépendance de Fabrin en font une place financière de choix pour ceux qui ne souhaitent pas être soumis aux aléas des réglementations partisanes de la République ou de l’Empire en temps de guerre.

C’était un petit paradis fiscal qu’on lui décrivait là, mais l’explorateur aurait été bien incapable de s’en rendre compte.

Le speeder bulbeux finit par se ranger en face du bâtiment. À l’intérieur, ingénieurs et scientifiques de Fabritech travaillaient d’arrache-pied et, pour certains, d’arrache-tentacule sur les prototypes les plus avancés de l’entreprise, mais qui n’étaient pas encore prêts pour la production en série. Tous les laboratoires-hangars étaient scellés par de lourdes portes métalliques opaques auxquelles on n’accédait qu’avec le bon code et les bonnes empreintes, comme il était d’usage dans les entreprises de haute technologie.

Wen-Xei alpagua plusieurs de ses collègues dans les couloirs afin de localiser le Représentant et il finit par les faire pénétrer dans l’un des hangars, où des ingénieurs s’animaient autour d’un long vaisseau tubulaire.

L’un de nos projets les plus audacieux, expliqua Xi Wen-Xei avec la fierté authentique de l’homme qui, au-là de son rôle de commercial, éprouvait une passion sincère pour les conquêtes de l’aérospatial.
C’est…?
Un vaisseau-grappe.
Ça ressemble pas tellement à une grappe…
C’est un nom provisoire. À cause de l’acronyme. VESoGraP. Vaisseau d’Exploration Solaire de Grande Proximité. Nous travaillons avec un consortium d’académies des sciences républicaines pour développer un engin capable de s’approcher plus qu’aucun autre des étoiles.

Le représentant de l’ExploCorp se sentit venir mille et une questions qu’il refoula à regrets, car Ji An-Pin, jusqu’à lors en pleine conversation avec une scientifique, les rejoignait.

Maître Jedi, j’espère que votre vol d’essai vous a donné pleine satisfaction.

Décidément, ce type-là avait un sens névrotique de la hiérarchie et il paraissait déterminé à ne s’adresser qu’à la personne la plus gradée.

Tout à fait. Vous auriez quelques secondes ? On avait des questions d’ordre général sur Fabrin. Puisqu’on est là, autant en profiter.
Mais… Naturellement. Tout pour favoriser l’amitié entre les peuples, dont la République Populaire est l’un des garants les plus fervents.
J’en doute pas.

Le Représentant du Parti se tourna vers Xi Wen-Xei et lui dit, avec un sourire plus chaleureux que Karm ne s’y serait attendu :

Cher camarade, je m’occupe d’assurer le retour de nos estimables visiteurs au centre-ville.

Le CDO fit de son mieux pour cacher son mécontentement et, quelques minutes plus tard, ils se quittaient avec des sourires de façade sur le tarmac de l’astroport.

Je vous écoute, Maître Jedi, reprit Ji An-Pin en raccompagnant d’un pas tranquille les deux visiteurs vers leur propre véhicule.
Hé bien… Pour être honnête, c’est qu’on s’est aperçus que monsieur Xi… Un type formidable, hein, attention… Mais il a des idées bien arrêtées sur la manière de faire les choses, vous voyez ce que je veux dire ?

Ji An-Pin inclina la tête dans un signe que chacun était libre d’interpréter comme un assentiment. Karm choisit de ne pas s’en tenir à l’interprétation et, dans la Force, il déployait toute son empathie pour mieux démêler les sentiments du Représentant, qui lui sembla attentif à son propos.

Vous comprenez que l’Ordre vit à l’autre bout de la galaxie, dans une situation quand même assez précaire, qu’il conduit des missions, parfois longues, dans des territoires plus éloignés encore et que…

Comme c’était l’usage en ark-ni et comme il le faisait souvent en basic, Karm avait laissé sa phrase inachevée en arrivant au point délicat. Ji An-Pin enchaîna aussitôt :

Vous souhaiteriez un plein transfert de technologie ?
Pour l’usage, oui. La réparation. Pour l’Ordre, seulement. On cherche pas à revendre ça à qui que ce soit. Ni même à le donner. On a juste besoin… D’avoir la maîtrise sur nos vaisseaux. Et franchement… Enfin, si je peux parler sans détour…

Nouvelle inclination de tête. Karm percevait un intérêt vif à travers la Force, plus vif, en réalité, qu’il ne parvenait à le comprendre.

Hé bien ce serait une bonne manière de nous fidéliser. Et puis… Pour continuer à parler sans détour… Comme le disait ma consoeur ici présente, l’Ordre Jedi, c’est très divers, c’est des dizaines de morphologies différentes, des dizaines de missions et de contexte d’utilisation. Pour Fabritech, c’est une manière facile de prouver, dans le cadre d’un seul contrat, que ses appareils peuvent s’adapter à une grande diversité de planètes, d’espèces et d’usage. C’est comme cent cinquante références en une.

Il y eut un long silence. Ils étaient arrivés devant la fourgonnette louée par les Jedis. Le Représentant semblait presque méditatif, jusqu’à ce qu’il réponde :

Vous voyez, Maître et Chevalière…

(Alleluia !)

… Jedi, Fabrin est une économie qui cherche encore à se développer et qui a besoin d’argent.

Karm sentait venir un « mais », alors il ne dit rien.

Ceci étant, le travail de modernisation est institutionnel et politique, tout autant qu’économique. Sans doute notre organisation diffère-t-elle de ce que vous avez souvent pu observer au sein de la République, mais le Parti est soucieux d’établir un consensus et une participation sociale de plus en plus large. Des tâches qui doivent composer avec l’héritage et la culture politiques de notre nation.

Pour Karm, le discours était quasi labyrinthique, mais il faisait tous les efforts du monde pour le suivre.

Pendant longtemps, poursuivit imperturbablement Ji An-Pin, les efforts de la République Populaire et du Parti ont été essentiellement intérieurs. Mais plus Fabrin prospère, plus elle se tourne vers le reste de la Galaxie. Une nouvelle entreprise pour laquelle nous manquons… D’expertise, il faut bien le reconnaître. Ce qui nous a conduit dans à une certaine prudente dans la sortie de notre isolation. Vous voyez, je suppose, où je veux en venir ?
Euh…

Pas vraiment.

Hmm hmm.
Il me semble qu’une organisation avec une vaste et longue expérience des arcanes de la diplomatie républicaine, mais qui se trouve désormais indépendante, pourrait peut-être nous apporter un secours précieux dans nos efforts de modernisation, et c’est un secours dont nous n’ignorerions pas la valeur.
Invité
Anonymous
Les négociations avec Wen-Xei ne se déroulèrent pas comme la Sentinelle l'avait espéré, ou, plus exactement, elles se déroulaient exactement comme elle l'avait redouté. Loin d'être aussi conciliant qu'il semblait le montrer, le CDO ne leur offrait aucune concession, seulement la spirale d'un piège financier déguisé en tant que tel. Quand la jeune araignée entendit parler de Dette, de Crédit et autres emprunts, cela tira plusieurs signaux d'alarme en elle. Même si son séjour sur Muunillinst avait été des plus bref, elle en avait retenu qu'il fallait se méfier de la finance autant que de la politique, si ce n'est plus.

Cet avertissement, elle le convoya à Karm via la Force, mais, il sembla que le Maître Jedi soit arrivé à la même conclusion qu'elle quand il demanda à connaître la position de Ji An-pin. Mettant à profit ce qu'ils avaient appris à la Cité du Progrès National, l'Ak-Ni avait décidé de faire jouer la concurrence, en quelque sorte. Comme tout à Fabrin, le pouvoir au sein de Fabritech était double, si les négociations avec l'une de ses têtes n'étaient pas concluantes, alors ils pouvaient encore tenter leur chance auprès de l'autre.

Et c'est ainsi, donc, que la trajectoire de leur marche changea et, alors que Wen-Xei essayait encore de les attirer dans les filets de ses montages financiers, ils traversèrent les vastes installations de la société. Autour d'eux défilaient de vastes vaisseaux, et des hangars plus vastes encore, verrouillés à double tour, où Fabritech mettait au point le futur de son catalogue. C'est l'un d'entre eux qui fut leur destination, il abritait un vaste vaisseau dédié à étudier les étoiles, ce qui sembla intéresser grandement Karm, mais, plus important encore, il abritait aussi le Représentant du Parti. Très vite, ce dernier congédia le CDO et une nouvelle marche commença, amenant avec elle une nouvelle série de négociations. Ils quittaient le financier pour se retrouver face au politique.

Le Maître Jedi fut prompt à exposer son cas et An-pin tout autant à comprendre ce qu'ils voulaient, mais cela était la partie la plus facile, le plus dur serait ce qu'il demanderait en échange. Le Représentant parlait un autre langage que celui du CDO, mais il n'en était pas moins tortueux pour autant et la Sentinelle dut se faire violence pour comprendre où l'homme en voulait en venir. De ce qu'elle en discerna, An-pin leur expliqua, plus ou moins, pourquoi l'administration de Fabrin était ainsi jumelée, à savoir une façon de réformer la société de la planète en quelque chose de nouveau sans pour autant s'aliéner ce qui était là avant. Le Représentant ajouta que cette mutation, sa phase interne en tout cas, touchait à sa fin et que Fabrin était prête à se tourner vers l'extérieur à nouveau.

C'est à ce moment-là que la jeune araignée comprit où An-pin voulait en venir, et par la même occasion, ce qu'il attendait des Jedi. Le Parti, étant l'entité politique qu'il était, n'avait que peu d'intérêt dans les quelques économies que l'Ordre pouvait bien posséder, l'expertise de ce dernier en temps que corps diplomatique supplétif pour la République par contre... Oui, H'phedia pensait avoir parfaitement compris le « paiement » que l'on exigeait d'eux.

« Une valeur qui... j'en suis sûre... vaut bien amplement un raisonnable et modeste transfert de technologie »

« Bien plus qu'amplement, Chevalière. Dois-je donc supposer que vous partagez mon point de vue ? »

Les Jedi pouvaient en effet s'enorgueillir d'avoir mené un nombre incalculable de missions diplomatiques et autres négociations, une expérience que même Grendo S'orn ne pouvait leur retirer et qui, pour ceux comme Ji An-Pin, avait plus de valeur que les crédits. Une valeur qui avait encore grimpée depuis leur neutralité forcée, difficile, en effet, de les accuser de servir les intérêts de la République quand cette dernière les avait mis dehors. En résumé, le Parti offrirait à l'Ordre ce qu'il voulait, et, en échange, ce dernier devrait l'assister sur le volet diplomatique. La jeune araignée n'était pas certaine de beaucoup apprécier ce Parti, mais c'était définitivement un meilleur marché que celui de Wen-Xei. Ils obtenaient les vaisseaux qu'ils voulaient selon leurs termes, et, au lieu de finir endetter jusqu'au cou, ils se retrouvaient simplement à faire ce qu'ils faisaient déjà du temps de la République.

« L'Ordre Jedi ne manque pas d'expertise dans ce domaine... comme vous l'avez si bien dit... et il est toujours ravi d'offrir son assistance à ceux qui en ont besoin... et qui en font la demande... comme vous venez de le faire... »
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An-Pin considéra longuement son interlocutrice. Sans doute ne tirait-il pas grand-chose des expressions d’une Araquia dont l’espèce lui était si étrangère, mais c’était un homme prudent et réfléchi, qui n’avait pas fait sa carrière au sein du Parti jusqu’à l’enviable position qui était la sienne, en plein coeur de l’un des fleurons de l’industrie planétaire, sans faire preuve d’une certaine sagacité.

Karm sentit sa nervosité croître encore un peu. Il avait la certitude que ni H’phedia ni lui n’avaient l’expérience pour parcourir les mêmes pensées que cet homme. Sa seule ressource était la Force, et la Force lui prouvait que les intentions de son interlocuteur n’était pas hostile, mais quand deux personnes nourrissent des intérêts contraires, l’hostilité n’est pas nécessaire à l’adversité.

Finalement, An-Pin déclara d’une voix posée :

Je ne doute pas que l’Ordre préférerait, néanmoins, que son indépendance stratégique retrouvée ne soit pas entachée par un mécénat trop général, qui remettrait en question les valeurs mêmes que vous vous proposez de défendre.

La Force, c’était merveilleux, mais ça ne permettait pas de comprendre les allusions aussi labyrinthiques. An-Pin les considéra tour à tour et, se fiant à la physionomie humaine du Maître Jedi, il dût juger qu’il n’avait pas été compris, parce qu’il reformula :

En somme, votre réputation souffrirait peut-être si vous vous retrouviez dans une situation où une seule entité politique financerait votre équipement stratégique.

C’était un degré de plus dans l’explicitation de sa pensée et très loin encore d’être clair et direct. Histoire de ne pas passer pour un idiot fini, Karm tenta de relancer la machine avec :

C’est sûr qu’on aspire désormais à la neutralité et pour que cette aspiration soit prise au sérieux, il faut en donner les preuves.
Excellent : nous sommes donc d’accord.

Sans doute, mais sur quoi, toute la question était là.

Fabritech peut donc vous fournir le matériel à prix coûtant dans le cadre de notre accord, mais il serait étrange, voire délétère pour votre réputation, si tous les frais étaient couverts de notre côté. Je ne doute pas que cette dépense très loin des prix du marché paraîtra entièrement raisonnable autant à vos comptables qu’aux observateurs extérieurs qui scrutent avec le plus grand intérêt le futur de l’Ordre Jedi.

Cette fois-ci, Karm avait compris.

Tout cela n’était pas sans logique, lui sembla-t-il, mais peut-être que son interlocuteur avait d’autres motivations que celle de la pure image. La nécessité de préserver sa position au sein de Fabritech et du Parti en ne donnant pas les clefs du coffre-fort pour une bouchée de pain ? Ou bien la volonté de garantir la valeur de son nouveau partenariat en s’assurant que la respectabilité du partenaire n’en sorte pas entachée ?

De la même façon, je suis sûr que vous aspirez pas à ce qu’on se substitue à votre corps diplomatique.

Un mince sourire se dessina sur le visage du Représentant.

Consultant, c’est le terme approprié, je crois, n’est-ce pas ?

Karm inclina la tête.

Hé bien je crois que nos juristes vont pouvoir parler à vos juristes et j’espère que nous aurons un accord formalisé très prochainement. Permettez-moi l’audace de vous dire, Maîtres Jedi, que votre présence future sur Fabrin à l’inauguration du premier de vos vaisseaux serait un honneur dont notre planète s’enorgueillirait comme du symbole d’une collaboration longue et fructueuse entre deux nations amies de la liberté et de l’indépendance.
Et… euh…

L’explorateur tenta de composer dans sa tête à toute vitesse un discours lyrique de circonstances, ce qui aboutit à :

Ben nous aussi…

Ji An-Pin s’inclina en avant, et le Jedi aussi. Une fois qu’ils eurent pris congé, les deux visiteurs grimpèrent à nouveau dans leur speeder. L’engin suivit les signaux lumineux qui traçaient le chemin pour sortir de l’astroport dans un vecteur sécurisé, afin d’éviter toute collision avec d’éventuels prototypes en goguette, et ils reprirent la direction de la ville.

Un endroit spécial, quand même, hein…, commenta Karm quand ils se furent un peu éloignés et qu’ils survolaient à nouveau les quartiers résidentiels de la périphérie de la capitale. Ça doit être épuisant, d’être diplomate au quotidien. Les choses sont jamais telles qu’on croit, jamais tout à fait claires et jamais tout à fait sombres, on sait pas si c’est du cynisme de se méfier ou du bon sens.

Le speeder ne tarda pas à passer entre les immeubles animés du gigantesque centre-ville.

Mais je suppose que le principe même de la diplomatie, c’est de bosser avec des institutions qui sont imparfaites, dans des relations qui sont imparfaites, avec l’espoir de les faire évoluer. Et puis on ressort toujours grandi quand on se confronte à l’indécidable complexité du monde.

Non loin de là, la tour de Fabritech dominait le quartier technologique.
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