Greg Ory
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Premier semestre de l’année 21.577

Alors que je vais encore râler sur mon fournisseur d’accès holonet, puisque mon datapad fonctionne mal, je m’aperçois que ce dernier a été piraté et que j’ai reçu des messages. Curieux, je les écoute tous les deux, je connais un peu la Technoacido Sauce Industry et la sauce Swifnest, mais je n’aime pas le sucré-salé, pour moi, soit un plat est salé, soit il sucré, mais il n’est bon de faire le mélange des deux.

De plus, la personne qui vint de me contacter n’a pas dit son nom et ce pourrait très bien être une Sith ! Je me méfie de leurs tactiques indirectes, car j’en ai déjà fait les frais à de nombreuses reprises lors de la guerre. Alors que celle qui m’a appelé après c’est présenté comme Drega Oar'tio, travaillant pour Vers le Vert, sur Rodia. J’effectue quelques recherches et trouve bien ce nom sur le site officiel de l’association, ce qui me met immédiatement en confiance. En plus, je cherche à progresser au sein de la hiérarchie militaire et avoir cette personne comme allié me serait très précieux.

Je regarde ensuite comment me rendre sur la planète, et ce n’est guère compliqué, l’avantage de vivre dans la capitale de la République, c’est qu’il existe des transports pour aller partout, même à la frontière sud-est, tout prêt de l’espace Hutt, je vais donc devoir prendre la Passe Corelienne. Je pars donc avec ma tenue de civil entièrement noire, dans mon holster mon pistolet blaster lourd, une relique familiale pour laquelle j’ai un permis et un sac à dos pour les différentes affaires indispensables à un voyage, notamment une grande quantité de lingette pour nettoyer les différents objets que je serais amenés à toucher, ne supportant pas la saleté et mon amure composite, car on n’est jamais trop prudent.

Je n’ai plus qu’à informer mon supérieur hiérarchique que je prends quelques jours de congés, ce qui m’est accordé sans difficulté, depuis le temps que je travaille pour la Flotte, j’en ai accumulé une belle quantité, l’avantage de faire des patrouilles très longues. Il me faut du temps pour arriver à destination, mais finalement, je débarque comme un simple touriste à la surface de la planète, me rendant immédiatement près de l’usine où je trouve un hôtel prêt de l’usine Technoacido Sauce Industry où il reste quelques chambres de libre.

J’ai de la chance, car je vois bien que les lieux sont déjà occupés par des activistes de tout poil, mais qui ont pour point commun d’être de fervent écologiste, si j’en crois leurs banderoles. Je n’ai plus qu’à joindre Drega Oar'tio pour lui indiquer que je suis sur place. La rodienne semble soulagé, même si c’est difficile à dire avec sa tête de non-humaine et m’indique qu’elle va prévenir une autre personne, intéressé également par la mission, lui précisant de m’attendre au bar de l’hôtel, pour faire encore plus secret, je devrais boire une boisson verte, ce qui sera notre signe de reconnaissance.

Je soupire devant tout ce mystère, mais j’acquiesce, n’ayant pas vraiment le choix. C’est pourquoi je me retrouve accoudé au comptoir, après en avoir désinfecté une partie et j’attends, savourant une bière Adoan, dans un verre propre.
Lune Volteplume
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Une belle bande de fascistes !
Ouais !

Lune suit d’une oreille distraite la conversation de ses camarades. Les jeunes gens sont réunis autour d’une table d’un bar associatif autogéré vegan ecofriendly inclusif et non-jugeant, non loin de la faculté de sciences sociales de l’université de Coruscant, et la conversation du jour roule sur le thème favori de l’assemblée : les fascistes. Angle du débat : ils sont partout.

C’est comme les fabricants d’anti-grav, là.
Tous des fascistes !
Ouais !
Lune, tu nous écoutes pas du tout.
Hmm hmm, fait Lune d’un air distrait, parce qu’il est occupé à hacker la boite mail d’un type qui a l’audace de draguer sa sœur.
On parle de fascistes, là !
Très bien, très, répond-t-il machinalement.
Ils sont en train de raser la forêt sur Rodia.
Bien un truc de fascistes, ça !
Ouais !

Il n’empêche que ce soir-là, Lune se connecte sur un salon de discussion pas tout à fait officiel ni même très légal et, sous son pseudonyme de Fox, il commence à poser quelques questions sur la fameuse affaire rodienne. De fil en aiguille, il finit dans une conversation privée avec un autre membre de leur respectable communauté de criminels.

Code:
> Fox : Et du coup ?
> Marthe Zukaberk : Ben c’est ça, de la déforestation et puis une campagne d’opinions.
> Fox : Quel genre ?
> Marthe Zukaberk : Ben ils coupent des arbres.
> Marthe Zukaberk : De la déforestation, quoi.
> Fox : Non mais la campagne d’opinion !
> Marthe Zukaberk : Ah ! Du bien sale. Il traîne les écolos de VlV dans la boue.
> Fox : Ça craint.
> Marthe Zukaberk : Ouais.
> Marthe Zukaberk : Pourquoi ?
> Marthe Zukaberk : Ça t’intéresse ?
> Marthe Zukaberk : Tu veux t’y mettre ?
> Fox : M’y mettre ?
> Marthe Zukaberk : Paraît qu’ils recherchent des gens un peu ingénieux pour faire plonger l’usine.
> Fox : Ma foi…
> Marthe Zukaberk : Ça doit être sérieux parce qu’ils ont du budget.
> Fox : Vas-y, envoie.

Cinq jours, Lune pose des RTT, se fait porter pâle à l’université et s’envole pour Rodia, où une jeune rodienne la nuit dans un garage à speeder.

En cette saison c’est beau les pissenlits, souffle-t-elle en remontant le col de son imperméable.
Ma grand-mère souffre d’une hernie, réplique Lune d’un air entendu.

Ils hochent la tête de concert en signe de reconnaissance.

J’ai… pas vraiment l’habitude de recourir à ce genre de méthodes, avoue sa contacte, mais la situation est devenue critique et les militants ici sont à bout. On est en train de perdre, c’est sûr, et si les gens d’en face ne reculent devant rien, quel autre choix nous reste-t-il que d’employer à notre tour des mesures que la loi réprouve certes mais qui…
Non mais vous avez pas besoin de vous justifier avec moi.
Je ne suis pas une criminelle, insiste-t-elle.
Ma foi, y a un début à tout.

Ce n’est peut-être pas la réponse la plus finement psychologique qui soit et un long silence préoccupé suit cette remarque imprudente. La Rodienne reprend finalement :

En tout cas, hors de question de faire des blessés, n’est-ce pas ?
Vous avez vu ma tête ? Vous croyez franchement que j’ai la carrure de blesser qui que ce soit ?
Certes, certes.

(C’est quand même un peu vexant qu’elle soit aussi facilement d’accord sur ce point, mais passons.)

Une autre personne s’est manifestée pour cette mission.
Et vous lui faites confiance ?
Ben… euh… oui. Pourquoi ? Il faut pas ?

Toute cette conspiration criminelle est décidément préparée de fort habile façon.

Non mais très bien, allons-y, dites toujours.

Le lendemain soir, Lune se décide à s’installer au bar à côté d’un type qu’il a longuement observé et qui boit, c’est manifeste, une boisson verte. Il signale son identité de complice grâce à une phrase convenue à l’avance :

Moi, ce que j’aime, c’est les concombres à la crème.

Puis d’un signe de tête, il l’invite à s’installer à une petite table entourée par un canapé circulaire, dans un coin du bar, loin des oreilles indiscrètes. L’établissement diffuse un vague jazz bith pour se donner un genre de lounge bar de Coruscant et le reste de la clientèle semble surtout composé de VRP, d’universitaires en colloques et de touristes qui ont échoué là à cause d’une panne d’inspiration. Lune balaie une dernière fois l’assistance, avant de reporter son attention sur l’inconnu.

Je m’appelle Fox, dit-il.

(Ironiquement, ce nom d’emprunt est plus crédible que son nom véritable.)

Je suis spécialiste de sécurité informatique et d’infiltration discrète. Je me suis proposé pour récupérer des dossiers sensibles dans le serveur privé du directeur de l’usine. Le truc est pas connecté à l’holonet, c’est une sorte de coffre-fort numérique, si vous voulez, il va nous falloir un accès physique pour que je puisse travailler. Le truc, c’est que j’imagine que vous avez vu les plans : y a que deux entrées en bonne et due forme, et encore, il faudrait qu’on se procure des pass pour passer les contrôles. Après ça, c’est un paquet de couloirs et de turbolifts avant d’arriver au bon endroit. Notez que les pass, ça se vole.

En réalité, Lune a déjà tout un plan en tête.
Ou deux.
Ou trois.

C’est… Plutôt quoi, votre domaine d’expertise, à vous ?
Greg Ory
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Encore une phrase codée ? Décidément, ces écologistes ont vu trop de films et je me tourne vers mon interlocuteur, un blond aux yeux bleus, jeune, très jeune, sans doute trop jeune pour se retrouver ici, mêler à cette affaire. Il est habillé comme le sont tous les civils, c’est-à-dire n’importe comment ou ce que les gens branchés nomment « à la mode ». Je dois lui sembler bien terne avec ma tenue noire, mais c’est mon style habituel.

Je l’accompagne dans un coin plus discret pour discuter. Tout d’abord, il se présente, ce qui est bonne chose, je déteste les gens impolies et pour ne pas être en reste, je donne moi aussi mon identité, pas la vrais bien sûr, car il faut être discret :

Moi, c’est Sombre.


Voilà, comme mes vêtements, c’est simple, sobre et efficace. Il me fait ensuite un long exposé sur ses compétences et je suis soulagé quand il m’indique qu’il ne veut pas recourir à la solution la plus violente, c’est-à-dire faire sauter les machines. Il a déjà prévu tout un scénario et lorsqu’il me demande ce que je sais faire, je lui réponds en souriant :

Moi, je sais commander et la stratégie n’a pas de secret pour moi. Je me débrouille également avec un blaster.

Je tapote la bosse faite par mon holster pour lui montrer que je suis venu armer et je continue :

Ne vous inquiétez pas, je le laisserai sur le mode étourdissant, je n’ai aucune envie de tuer quelqu’un.

J’ai été quelques fois obligé de la faire lors de ma carrière militaire et j’avoue ne pas avoir apprécié l’expérience, sauf quand ce sont des pirates ou des Impériaux, bien sûr. Je continue donc :

Votre approche est bonne, les dossiers secrets permettront de faire fermer cette usine pour de bon, la vérité est parfois la meilleure des armes. Toutefois, je vous propose une petite alternative, pourquoi faire dans la finesse ?

Je souris à mon interlocuteur et je termine mon monologue :

Nous avons à notre disposition de nombreux militants écologiste prêt à en découdre, je suis sûr qu’ils peuvent faire une petite diversion tout à fait convenable en envahissant l’usine, j’ai eu le temps d’étudier les plans en venant ici et j’ai vu de nombreux points faibles. Je pense pouvoir convaincre leur chef, Rick Imo de nous aider dans notre plan, plus précisément, mon but est de profiter du chaos ambiant pour entrer avec eux et pendant qu’ils feront le maximum de raffut, aller droit vers le bureau principal de Rakak Down.

C’est un plan simple et ingénieux, normalement, je serais resté tranquillement à l’extérieur, laissant mes troupes faire le travail, mais là, il va falloir que je me salisse un minimum les mains. Je me console en repensant à la récompense, le soutiens d’un homme aussi influent que Vers le Vert, cela ne se refuse pas.

Pendant que le blondinet réfléchis à ma proposition, je commande deux verres de kopi et je lui demande :

Le plus simple serait de se tutoyer, qu’en pensez-vous ?
Lune Volteplume
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Lune hoche la tête.

Se tutoyer, oui, c’est bien, répond-t-il d’un ton distrait, en considérant une nouvelle fois les plans qu’il a pourtant déjà longuement étudiés, et qui sont désormais gravés dans sa mémoire. Une diversion pourrait fonctionner en effet et ça aurait le mérite d’expédier un peu le temps de préparation. Voler des pass, c’est plus discret, mais notre amie la Rodienne est un peu… Comment dire…

Il tapote du bout des doigts au bord de la table, à la recherche du terme approprié. Peut-être parce qu’il n’existe pas dans sa langue natale ? C’est qu’il a un accent, discret, mais qu’on peut tout de même à distinguer, et qui sent bon le huttese de l’Espace Hutt.

Disons que recruter des gens comme nous n’est pas sa grande spécialité et je doute qu’elle s’y soit prise sans laisser de traces, tu vois ce que je veux dire ? À mon avis, l’usine ne va pas tarder à redoubler sa sécurité quand ils découvriront que l’ONG a décidé de passer à la vitesse supérieure.

Pour l’heure, Lune est plutôt confiant en leurs chances de succès. Après tout, ils ne se proposent pas de prendre d’assaut une base militaire ou même le siège social de Technoacido. Une usine, c’est dans leurs cordes, mais si jamais le chef de la sécurité là-dedans se met à traquer les espions industriels plutôt qu’à repousser des chevelus idéalistes, c’est une autre histoire.

OK. Alors faisons comme tu dis. Une diversion, on entre avec les autres, on leur fasse compagnie et au pire, on se fait jeter dehors par les gros bras de la sécurité qui croiront qu’on est venus taguer des slogans ou quelque chose dans ce goût-là. En revanche…

Il désactive l’affichage des plans quelques instants avant qu’un serveur, qu’il n’a pourtant pas pu voir venir, se présente à leur table pour passer commande.

Un Ardees, fait Lune avec son sourire le plus angélique, ce qui n’est pas peu dire.

Le serveur hoche la tête et disparaît, avant que le jeune homme ne reprenne, un ton plus bas.

Les plans qu’on nous a fournis sont ceux déposés au cadastre et à l’Agence rodienne des risques industriels, par la TSI, au moment de la construction de l’usine. Ils sont sans doute entièrement fiables quant à la disposition générale de l’usine, mais on peut supposer que les systèmes de sécurité interne aient été mis à jour depuis.

Il s’interrompt à nouveau et, quelques secondes après, le serveur réapparaît dans leur champ de vision pour déposer le thé effervescent devant lui. Lune tend quelques crédits et reprend la parole une fois éloignées ces oreilles indiscrètes.

Il ne faudra pas s’attendre à ce que toutes les portes s’ouvrent facilement devant nous, mais rien d’insurmontable. J’espère.

Le bar commence à se remplir. Lune jette un coup d’oeil à sa montre. C’est bientôt l’heure du dîner et le restaurant de l’hôtel ne sera bientôt plus l’endroit idéal pour planifier un cambriolage, même si une bonne partie des clients sont des membres de Vers le Vert et d’autres groupes du coin, affiliés à la puissante ONG. Le jeune homme les étudie du regard. Il se demande si certains d’entre eux sont des agents de la TSI infiltrés. L’entreprise a peut-être fait appel à l’une de ces firmes de sécurité spécialisées dans ce genre d’opérations ?

Il essaie de laisser le Courant Blanc lui porter la vérité de ces êtres qui s’agitent autour d’eux, lui souffleur leurs intentions secrètes et leurs identités cachées, mais en vain. Sa mère saurait probablement faire ça, elle. Il faut décidément qu’il s’astreigne à des exercices plus rigoureux.

Après avoir siroté son thé pour ne pas donner l’impression de vouloir se précipiter, Lune fait un signe de tête à son complice et ils se glissent discrètement hors du restaurant. Le quartier général de Vers le Vert pour ces manifestations n’est pas très loin, dans un local associatif prêté par un groupe de maraîchage autogéré du coin.

Les deux conspirateurs se frayent un chemin par une succession de ruelles de moins en moins fréquentées. La nuit tombée, la chaleur tropicale de la jungle rodienne où se niche la petite ville choisie par TSI pour y implanter son usine rend la vie au dehors plus supportable, mais celle-ci se concentre dans le quartier du centre, avec son unique boîte de nuit, ses quelques bars et son parc public où traînent toujours la même bande de jeunes perpétuellement éméchés.

Alors Sombre et Fox n’ont pas de mal à se glisser dans le local par une porte de derrière. À l’intérieur, tout est encombré par les pancartes, les banderoles, les petits drones bon marchés qui diffusent des slogans une fois lâchés dans les airs, les vieux datapads. Dans un coin, un serveur informatique fatigué abrite des copies des pétitions dont les militants tentent d’inonder l’holonet.

Éclairé par une petite lampe de bureau, Rik Imo, demeuré seul, est plongé dans la lecture d’un énième rapport d’experts, qui va plutôt en leur faveur, sur l’impact environnemental de l’usine. C’est une prose aride pleine de démonstrations compliquées qu’il faudra simplifier pour la rendre compréhensible par les médias et le grand public, ce qui ne représente pas un mince travail.

Lune fait un pas de côté pour s’effacer et laisser Sombre parler, jugeant que son acolyte aurait de meilleures chances de convaincre leur contact du plan qu’il a lui-même élaboré.
Greg Ory
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Après discussion, le dénommé Fox accepte mon plan, m’indiquant même que la vitesse d’exécution est primordiale. Je hoche la tête pour montrer que je suis d’accord, notre employeur n’est pas un maître de la dissimulation et il est prudent de prendre en compte la pire des possibilités.

Nous parlons d'ouverture de porte et autre moyen de sécurité, mais j’avoue que ce n’est pas ma partie et je l’écoute donc sans rien dire, je vais devoir me reposer entièrement sur le jeune homme pour passer les mesures de sécurité. Notre diversion devrait occuper les gardes de sécurité pendant un bon moment, mais il faudra quand même faire preuve de discrétion.

Nous quittons donc l’hôtel et après quelques minutes dans des rues sales qui me font me faire nettoyer les mains au désinfectant, au cas où, nous arrivons devant le quartier général de Vers le Vert. La chaleur me fait transpirer et je déteste cela, je vais devoir prendre une bonne douche dès que je serais revenu dans ma chambre climatisée.

Mon comparse repère une porte à l’arrière du bâtiment, non fermé, les membres de cette mouvance écologiste étant vraiment des amateurs et je recule instinctivement devant le chaos qui règne dans ses lieux. Il y a en a littéralement partout, je suis sûr que les rats sont légion à l’intérieur. Je remets donc une couche de désinfectant sur mes mains et notant mentalement que mes chaussures vont devoir aller directement à la machine à laver comme le reste de mes vêtements d’ailleurs.

Un homme d’une trentaine d’années lit un datapad et je reconnais immédiatement Rik Imo, il lève la tête en nous voyant arrivés, repose d’un coup son outil de lecture et nous dit, d’un ton plein de défis :

Vous êtes venu pour me faire taire, chiens de la Technoacido, mais vous pouvez me menacer, me battre, je n’abonnerai jamais.

Il lève son poing vers le plafond en criant :

No pasaran, bande de fasciste !

J’ai essayé de l’interrompre à de nombreuses reprises, mais il est pris dans son élan et ce n’est qu’une fois qu’il a terminé sa diatribe enflammé que je peux finalement en placer une :

Nous ne sommes pas venus pour vous faire du mal.

Je vois immédiatement un profond soulagement sur son visage, malgré toute sa fougue, il n’est pas si courageux que cela, je profite de son bon état d’esprit pour nous présenter :

Je m’appelle Sombre et voici Fox, nous sommes envoyés par Drega Oar'tio, afin de vous aider.

Il parait immédiatement intéressé et nous invite à s’asseoir, je prends bien la chaise la plus propre et j’expose mon plan :

Je vais être bref, nous avons besoin d’entrer dans l’usine pour récupérer des documents compromettants. J’ai besoin de vous afin de rassembler le maximum de soutient à votre cause, pour demain matin, 8h15, heure de la relève du personnel de l’usine.


Je sors ensuite mon Datapad et je projette une image holographique représentant l’usine :

J’ai besoin d’au minimum cinquante personnes, ils devront se positionner en groupe de dix aux endroits marqué en rouge et à l’heure dites, foncer vers les entrées, en bousculant tous les ouvriers et agents de sécurité sur leur passage. Une fois à l’intérieur, c’est entièrement libre, je veux qu’ils s’éparpillent dans toutes les directions, pour que les gardiens passent des heures à les retrouver.


Voilà, je pense avoir tout dit, il ne reste plus qu’à savoir si j’ai réussis à convaincre mon interlocuteur.
Lune Volteplume
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Rik Imo écoute avec attention — ça se remarque à ses antennes, qui frémissent régulièrement. Une fois sa démonstration de bravoure passée, il dévoile petit à petit une nature pragmatique et consciencieuse, en se faisant expliquer le plan deux fois, pour être sûr de bien comprendre ce qu’on attend de lui. Puis il s’appuie contre le dossier de sa chaise plastifiée, croise les bras et réfléchit quelques instants.

C’est possible, finit-il par dire. Cinquante personnes, c’est largement possible. Cette usine est une vraie plaie ici, même si la municipalité et Technacido tentent de nous faire croire le contraire. Chute de la biodiversité dans la jungle, contamination de l’eau courante, rejets acides dans l’atmosphère. Les effets sur la santé des habitants sont terribles à long terme, et je ne vous parle pas de la nature elle-même.

Il tapote son datapad qui contient une profusion de rapports scientifiques sur le sujet. Des argumentaires compliqués à n’en plus finir, que les communicants de l’entreprise et les porte-paroles de la mairie ont beau jeu de balayer comme un charabia scientifique. Tout cela relève d’un combat épuisant contre un ennemi aux moyens incommensurables.

Heureusement, on en reste à présent aux apparences de la légalité.
C’est-à-dire, demande Lune ?
C’est-à-dire que ni les politiques ni la TSI n’ont intérêt à ce que les holojournaux soient pleins d’images de manifestants tabassés par les services de sécurité, si vous voyez ce que je veux dire ?

Le jeune homme hoche la tête.

Pas dit qu’il n’y ait pas une escalade dans les affrontements, surtout si on donne dans le coup d’éclat que vous proposez. Vous êtes sûr de parvenir à quelque chose de votre côté ?

Le Rodien les sonde tous les deux tour à tour d’un regard entièrement noir et inquisiteur. Lune ne se sent sûr de rien, mais il est porté par la fougue idéaliste de la jeunesse et par une conscience toute relative des risques, alors il hoche la tête avec conviction.

Alors soit, soupire leur interlocuteur, comme quelqu’un qui jette les dés de son destin. Soit. On fait comme ça.

Les deux hommes quittent les lieux une heure plus tard, après avoir affiné les détails du plan et envisager diverses possibilités. Malgré le désordre apparent de son opération, Rik Imo ne laisse pas grand-chose au hasard. Sombre et Fox se faufilent une nouvelle fois dans les rues de la ville tropicale, avant de regagner le hall de l’hôtel, où un droïde réceptionniste est en grande conversation avec une Bothane qui a l’air mécontente.

Fox quitte son nouveau contact dans le couloir, à l’étage, et disparaît dans sa chambre. C’est là seulement que la nervosité commence à le gagner, parce que c’est là qu’il commence à réfléchir à tous les dangers de la situation. Il se brosse les dents en imaginant toutes sortes de scénarios catastrophes. En général, il se voit tombé dans une cuve pleine de liquide acide après un affrontement héroïque sur la passerelle métallique d’une usine en plein fonctionnement, et finir ainsi ses jours dissout dans de la sauce barbecue.

Le lendemain, à six heures, il est déjà levé et il part courir dans les rues de la ville pour se changer les idées. En général, rien n’indique que cette petite bourgade industrielle est agitée par un affrontement quotidien depuis plusieurs mois à présent mais, de temps en temps, on voit suspendus à un balcon un drapeau de Vers le Vert ou, tout au contraire, une publicité géante pour Swifnest. L’usine doit rapporter gros à la ville, pour ce qui est des taxes.

Sombre, Fox et les autres se retrouvent autour de l’usine vers huit heures. Jusque là, rien d’inhabituel : les écolos sont habitués à faire le piquet devant l’établissement. C’est une bonne tactique, car les journalistes savent où les trouver et, en arrière-plan des images lors des reportages, on voit toujours l’usine, bloc de permabéton qui paraît s’être écrasé dans la jungle, avec ses cheminées fumeuses et ses gros tuyaux inquiétants. Ici, dans ce grand bâtiment qui devait rester caché des regards au milieu de la jungle dans une ville de province d’une planète périphérique, l’architecte n’a pas fait dans la subtilité.

Ce matin-là, quelques journalistes sont justement présents, alertés la veille par Rik que les manifestants allaient se livrer à une action coup de poing. Une mesure de protection comme une autre. Le Rodien a veillé à les placer à un autre endroit que celui-i par lequel ses deux contacts doivent s’infiltrer.

À huit heures dix, une sonnerie se fait entendre dans le lointain et c’est le signe de la relève. Les ouvriers de jour patientent déjà devant les grilles automatiques de l’usine. La fabrication est en partie automatisée, mais en partie seulement, d’autant plus que donner de l’emploi à des gens du coin est toujours une excellente manière de se faire accepter par la population.

La chaleur commence déjà se faire sentir. En arrivant, Lune a aussi remarqué que la jungle, qui devrait bruisser de vie, de cris, de grattements, de hululements étranges, est tout à fait silencieuse dans les alentours de l’usine, signe que son impact sur l’environnement est loin d’être fantasmé.

Des travailleurs commencent à sortir du bâtiment principal. Ils sont fatigués, courbés par le travail de nuit. Les manifestants échangent des regards entendus. Rik fait un signe aux journalistes. Les caméras embarquées dans de petits drones sont de toute façon déjà en train de tourner. Et puis les grilles s’ouvrent, et c’est la grande bousculade.

Les écolos se ruent dans l’usine en chantant à l’unisson un couplet de circonstances :


Teechnoooo !
A-ciiideuh
C’est l’ho oh oh !
C’est l’homicideuh !
Technoooo !
A-ciiideuh
C’est l’éco co co
C’est l’écocideuh !

Aucu ! Aucu, scande une voix amplifiée par un collier mégaphonique, aucune réparation ! La la la ! L’arrêt d’la production !
Teechnoooo !
A-ciiideuh
C’est l’ho oh oh !
C’est l’homicideuh !
Technoooo !
A-ciiideuh
C’est l’éco co co
C’est l’écocideuh!


Il règne la plus parfaite confusion. Des bagarres ponctuelles éclatent entre les travailleurs de jour et certains manifestants particulièrement remontés, avant même que les services de sécurité n’interviennent. Les autres infiltrés se précipitent en masse vers les bâtiments, avec parmi eux Sombre et Fox. Un peu plus loin cela dit, au lieu de se ruer vers l’une des entrées principales, le jeune hackeur entraîne son complice jusqu’à une petite porte métallique sur laquelle est vissée une plaque qui indique : « Entretien pompes climatisation — réservé au personnel autorisé ».

Lune presse un bouton sur son étrange brassard et un clavier virtuel apparaît le long de son bras gauche. Il pianote sur les touches translucides, pour connecter l’appareil à la serrure magnétique. Quelques secondes plus tard, celle-ci laisse échapper une sourde vibration et les deux hommes pénètrent secrètement dans l’usine.
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Après quelques instants de réflexion, le Rhodien prend sa décision et accepte de nous aider ! Je soupire de soulagement, mais intérieurement pour ne pas le troubler, car sans son aide, les choses auraient été beaucoup plus compliqués. Il nous explique les raisons qui l’ont poussé à rejoindre ce combat qui semble perdu d’avance et je dois avouer que, si j’étais écologiste, elle m’aurait sans doute ému, heureusement pour moi, je suis un militaire et je me soucis assez peu de l’environnement, ayant déjà réduit en poussière des hectares de forêt en tirant dessus avec des canons lasers pour débusquer des ennemis.

Évidemment, je reste silencieux à ce propos et me contente de hocher la tête, comme Fox d’ailleurs, pour montrer mon approbation à ses paroles. Il essaye de nous sonder tous les deux, et je dois paraître suffisamment sûr de moi, ce que je suis en réalité, pour nous faire confiance. Il nous faut près d’une heure pour régler les différents détails, les plans reçus par l’organisation étant précis et je rejoins l’hôtel avec le jeune homme.

J’avoue être épuisé, parler de stratégie avec des amateurs est épuisant, car il faut expliquer en détails tous les termes basiques, et les convaincre de réaliser les étapes de préparation qui sont pourtant des évidences pour moi. Je m’affale donc sur mon lit et je dors comme une bûche jusqu’à ce que le réveil de mon datapad sonne à six heures du matin comme tous les jours.
Je commence ma routine matinale par une longue douche, très longue douche, avec le produit désinfectant que j’ai moi-même amené, ne faisant guère confiance aux produits de l’hôtel. Je n’ai plus qu’à me brancher sur l’holonet et je commande dans une boutique des vêtements identiques à ceux que portent les jeunes chevelus qui passent des heures à manifester devant l’usine.
J’aurais pu en acheter d’occasion, mais la simple idée que je puisse porter des vêtements portés par des personnes ayant un manque d’hygiène certain me répugne. Je les reçois très vite et m’habille comme un fier représentant de Vers le vert et je suis comme méconnaissable, avec mes lunettes de soleil et mon bandana, vert bien sûr qui me mange la moitié de mon visage.

Je pose sur moi un long manteau avec une capuche pour que personne ne voie la tenue que je porte en quittant l’hôtel et rejoins l’usine, un peu avant l’heure de début de l’opération. Le bâtiment me plaît, il fait très fonctionnel et pourrais tout à fait servir d’usine d’armement. Je n’ai plus qu’à enlever mon manteau, ajuster ma tenue, prenant grand soin de ne pas ma salir et après avoir saisi un carton où il est noté :

« A bas la déforestation sauvage », je me précipite avec les autres et arrive au moment de la bousculade et là, c’est le drame ! Je ne dis pas que je suis un mélomane, mais avec une sœur, nommée Priscille qui joue du kloo horn comme personne, j’ai développé un minimum, mon oreille musicale et la chanson que baragouinent nos alliés me fais saigner des oreilles. Pourtant, j’ai déjà été étourdi par des grenailles soniques lors des entraînements dans l’armée, mais là, c’est encore pire.

Par un effort surhumain, je réussis à me concentrer et suis Fox dans l’usine, ce dernier ayant réussi à ouvrir une porte grâce à un mécanisme ingénieux. Comme je le pensais, c’est le chaos à l’intérieur, les alarmes sonnent de partout, nous entendons quelques bruits de pas pressé, mais il n’y a personne en vue et je guide mon complice à travers tout un dédale de couloirs. À chaque fois que nous risquons de rencontrer quelqu’un, nous empruntons une autre route, ce qui certes nous ralentit, mais permet d’arriver, sans avoir été repéré, devant notre objectif, une grande porte où est noté :

Directeur Rakak Down


Nous sommes donc au bon endroit et je dégaine mon pistolet blaster lourd, réglé en mode étourdissant. C’est en effet la phase la plus critique de l’opération, j’ai entendu que la Technacido Sauce Industry avait embauché petit groupe de mercenaires armés. Je n’ai plus qu’à me tourner vers le spécialiste et je le regarde droit dans les yeux, lui disant simplement :

C’est à toi de jouer.

Je n’ajoute pas qu’il n’a pas intérêt à merder, mais je le pense très fort.
Lune Volteplume
Lune Volteplume
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Hmm…

Connecté à la serrure de la porte du directeur, Lune semble encore plus concentré que d’habitude. En suivant son complice jusque-là, le gamin a trahi son inquiétude par une série de regards nerveux tout autour d’eux, mais désormais, toutes les émotions se dissipent alors que son esprit se consacre à la tâche unique qui lui incombe.

Bizarre…, murmure-t-il plutôt pour lui-même que pour Sombre.

Les alarmes se taisent brutalement, mais ce n’est pas forcément le signe que l’invasion des manifestants est désormais sous contrôle. Elle a rempli son office, à savoir alerter la sécurité. Deux ou trois secondes passent encore, puis, avec un sifflement, la porte coulisse dans le mur et révèle le bureau de Ralak Down, où les deux hommes s’engouffrent sans attendre, avant de refermer derrière eux.

C’est une grande pièce qu’on jurerait tout droit sortie d’un magazine pour cadres supérieurs amateurs de mobilier épuré. Dans un coin, il y a un minibar où s’alignent les carafes transparentes, dans un autre, une table d’holoprojection. Sur le mur en face du bureau lui-même, un écran projette en permanence un plan de l’usine et une mosaïque de caméras de sécurité.

De haut niveau, la serrure, lâche Lune en se penchant sur le bureau pour examiner la console principale, avant de partir fureter du côté de l’écran puis de la table d’holoprojection. Pas vraiment le genre de trucs qu’on trouve en série dans un bâtiment industriel qui ne fabrique rien de très sensible.

Quelle conclusion en tirer, il ne saurait le dire. Ce qui le préoccupe, c’est qu’il ne trouve aucune trace du fameux serveur sécurisé.

Une petite seconde, finit-il par dire, avant de fermer les yeux et de tendre l’oreille.

Petit à petit, l’acuité de son ouïe s’affine, jusqu’à dépasser ce qui est humainement possible. Il laisse le Courant Blanc affluer à lui, charrier les sons discrets et lointains, en rendant son esprit disponible aux mouvements des choses. Puis le jeune Fallanassi prête une attention particulière au vrombissement électrique. L’écran, la console. La serrure de la porte. Les câbles électriques au plafond.

Le mur en face des fenêtres.

Lune rouvre brusquement les yeux.

Je vous laisse surveiller les caméras de sécurité ?

Lui s’approche du mur et commence à promener son datapad au-dessus de la surface unie. L’écran se met soudain à clignoter en repérant une borne de lecture dissimulée sous la cloison et le jeune homme entreprend alors de la convaincre qu’il dispose de la bonne carte d’accès. Les caméras dispersées dans l’usine, elles, filment les manifestants qui cavalent devant des hommes de la sécurité, dans un vaste chassé-croisé au milieu des cuves agroalimentaires ou de l’open space de l’administration.

Une série de petits bips électroniques se fait finalement entendre et la cloison pivote pour dévoiler un serveur noir constellé de diodes.

Wow…, souffle hackeur. Ce truc est…

Incongru.
Pas à sa place.
Plus suspect encore qu’il s’y attendait.

Sans perdre de temps, il se poste devant et commence son travail. Tout en pianotant sur son clavier virtuel, il explique :

C’est un ancien serveur militaire d’encryptage de l’armée républicaine. De ce que j’en sais, l’État-Major a changé l’équipement il y a cinq ou six ans et les anciens modèles sont sans cesse avoir été tous détruits.

Il se souvient très bien de l’exposé d’une intervenante extérieure dans son cours sur la cybersécurité, une colonelle des services de contre-espionnage de l’armée, venue partager un peu de son expérience et — surtout — repérer de futures recrues prometteuses pour l’enrôlement. Elle ne s’était pas arrêtée sur son cas, évidemment. Qui aurait fait confiance à un Shaddaese ?

La possession d’un machin pareil est, genre, totalement illégal, poursuit le jeune pirate qui trifouille désormais dans les câbles de la machine, parce qu’un peu de bricolage en dur ne fait jamais de mal dans ces cas-là. Faut être extrêmement motivé par le fait de cacher ses secrets pour se fournir en matos pareil.

Il y a un crépitement électrique, une petite gerbe d’étincelles que le hackeur accueille avec un certain flegme, avant de se remettre au travail. Ses premières tentatives ont été vaines, alors il a décidé de désosser une partie du serveur de ses systèmes superflus, pour accéder directement au stockage des données.

Enfin il regarde la machine, son écran, la machine, et sur le ton du médecin qui donne son diagnostic :

Trois minutes pour le téléchargement de données.

C’est une petite prouesse informatique qu’il vient d’accomplir là et lui-même n’en prend pas immédiatement la mesure. Il faut dire que sur l’écran du directeur, on voit distinctement quatre mercenaires, un Wookie et trois humains, marcher d’un pas décidé en direction du bureau. Ils ne sont pas en train de courir, alors ils ne doivent pas se douter de leur intrusion, mais il est évident qu’ils sont bien décidés à venir inspecter les lieux.
Greg Ory
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Je ne peux m’empêcher de soupirer de soulagement quand les sirènes s'arrêtent enfin de hurler, je sais que je suis à l’origine du plan d’entrée en force, mais dans le domaine de la guerre dans l’espace, entendre ce genre de bruit, c’est toujours très mauvais signe. En plus, comme par magie, la porte s’ouvre immédiatement possible et nous pouvons quitter le couloir, où nous étions des cibles faciles.

La décoration du directeur me plaît beaucoup, en plus la pièce est très propre, sûrement un homme de bon goût, c’est vraiment dommage qu’il soit devenu notre ennemi, je me serais surement bien entendu avec lui, surtout qu’il a un minibar ! J’ai bien envie de me servir une petite rasade, mais il ne faut que l’on pense que nous étions entré ici, alors je me contente de les couver du regard pendant quelques secondes.

Mon acolyte indique que la sécurité a été renforcée et je lui réponds :

La secrétaire de Vers le Vert a bien indiqué qu’il se méfiait chez Technoacido, ils ont peut-être changé les serrures récemment.

De toute façon, je ne sais même pas reconnaître un système sécurisé d’un autre, je préfère donc me concentrer, comme me l’a si bien demandé Fox, sur les écrans. Ce que je vois me fait sourire, les manifestants font vraiment du bon boulot, les itinéraires détournés que chacun emprunte et le fais qu’ils ne sont pas en groupe important oblige les forces de sécurité à les prendre un par un. Pourtant, cela ne va pas durer éternellement et déjà la moitié se sont fait coffrer.

Pourtant, je détourne les yeux quand il me parle d’un équipement que je connais bien et je regarde par-dessus son épaule et je suis d’accord sur son analyse, ce truc ne devrait pas être là. Quand je le vois désosser le système, je lui indique avec un certain flegme :

Surtout, quoiqu’il arrive, ne touche pas le troisième bouton sur la gauche en même temps que le premier bouton sur la droite, c’est le système d’autodestruction.

Je connais bien ce système, j’ai été formé dessus à l’époque, pendant la guerre contre l’Empire, si nous étions capturés, nous avions pour consigne d’activer son mécanisme infernal. Si je me souviens, il faut trente secondes avant que cela n'explose et ravage tout sur une dizaine de mètres de rayon. Bien sûr, il est possible que l’explosif ait été enlevé, mais on n’est jamais trop prudent.

Je regarde à nouveau les écrans et je suis de bonne humeur quand l’apprenti soudeur m’indique qu’il ne faut que trois minutes avant qu’il ait fini de jouer avec son datapad, car c’est pile le temps qu’il va nous falloir pour dégager pour filer d’ici, avant que débarque la cavalerie. Mais alors que je croyais notre mission terminée, je vois dans un coin de l’usine, un adolescent, habillé comme nous qui est en train d’armer une bombe. De toute évidence, un écervelé a décidé de passer à la vitesse supérieure et je demande au jeune homme :

Tu sais courir vite ? Une bombe a été mise en place, nous pouvons l’éviter en passant par les itinéraires trois et quatre, mais il risque d’y avoir des morts dans les deux camps, ou nous pouvons essayer de la désamorcer, mais ce sera risqué et nous devrons prendre obligatoirement la sortie six.

Je frémis involontairement en prononçant ce dernier mot, car il s’agit, ni plus, ni moins, que de se faufiler dans le vide-ordure pour accéder à la sortie, mon pire cauchemar. Toutefois, je pense que nous n’avons pas le choix, je détesterai être poursuivi pour attentat et c’est ce qui risque d’arriver si la bombe explose. Pour le moment, nous n’avons, presque, rien fait d’illégal et j’aimerais bien que cela continue.
Lune Volteplume
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Une bombe ? Comment ça, une bombe ?

Lune jette un coup d’oeil.

C’est bien une bombe.

Ah, fait-il d’un ton peu enthousiaste.

Qui aurait cru que s’infiltrer illégalement dans une usine en compagnie d’un dangereux inconnu sur une planète lointaine en plein milieu de la jungle serait problématique ?

Ben…

Lune est à deux doigts de répondre que ce n’est pas leurs affaires. Eux, ils ont une mission, une mission précise qu’ils sont en train d’accomplir avec brio, et puis toute guerre mérite de sacrifice, de préférence pas celui de sa vie à lui. Il regarde l’écran, la bombe, le type qui est en train de s’enfuir après l’avoir déposé, et qui a probablement plus ou moins son âge, les autres qui s’agitent dans d’autres petits carrés, des ouvriers Rodiens qui n’ont rien demander à personne, des gars qui bossent à la sécurité parce qu’il faut bien payer les factures, des écolos qui n’ont probablement aucune envie d’être pulvérisés en aérosol.

Oui…, soupire-t-il, oui, je suppose qu’on va aller désamorcer la bombe. Pas que je sache désamorcer les bombes, notez… La démolition et les explosifs, ce n’est pas précisément mon dom… Ça y est.

Il n’a pas le temps de parcourir les données, mais il faut supposer qu’elles seront utiles, car l’heure n’est pas à la lecture. Le placard secret est soigneusement refermé et ils se glissent hors du bureau, pour s’engager à nouveau dans les couloirs de l’usine.

Lune tend l’oreille. Il tend même l’oreille avec une insistance surnaturelle. Derrière lui, il entend les pas des types qui s’arrêtent devant le bureau du directeur, ouvrent la porte et pénètrent à l’intérieur pour s’assurer que personne n’est là. Un examen superficiel ne révèle rien, alors ils referment. Mais leurs pas ne cessent de se rapprocher.

Les mecs de la sécurité sont en train de nous rattraper, chuchote-t-il à son complice, sans vraiment préciser d’où il tire cette certitude. Mais je crois pas qu’ils sachent qu’on est là.

Au bout de quelques minutes, ils débouchent sur une galerie métallique qui surplombe la principale salle de production, bâtie sous le niveau du sol, parce que les tuyaux de vidange qui s’enfoncent dans les murs courent sous la jungle pour se déverser en partie — en tout cas c’est que prétend Vers le Vert — dans les cours d’eau au milieu de la végétation luxuriante.

Là, des ouvriers contrôlent le fonctionnement semi-automatique de puissantes machines qui forment une chaîne compliquée aux dimensions impressionnantes. Des tonnes de fruits et de légumes de piètre aspect sont déversés par les rampes venus des docks de livraison à l’intérieur de cuves munies de puissantes hélices qui les broient continuellement, avant que la pâte épaisse ne soit injectée dans d’autres immenses récipients métalliques. Ceux-là entrent régulièrement en vibrations pour décanter la pulpe, qui repart dans les mixeurs, tandis que la partie la plus liquide poursuit son chemin dans des tuyaux semi-transparents, vers les mélangeurs à additifs.

C’est de là surtout que vient l’odeur chimique presque insupportable qui règne dans la chaîne montage. Elle force d’ailleurs les Rodiens qui y travaillent à porter un masque. L’acidité de la sauce n’a de toute évidence rien de naturel, et puis pour être transportée dans tous les supermarchés de la République, ses proportions de conservation reposent sur la chimie. Quand tout est prêt, des conduits aspirent la mixture en direction d’une seconde salle où se déroule l’empaquetage.

Plaqué contre le mur, Fox murmure :

La bombe est cachée entre les cuves d’additifs. Ça risque d’être délicat de se faufiler sans être aperçu de personne comme ça, mais je pense que je peux atteindre le tableau électrique, là-bas…

D’un geste, il désigne une série de plaques métalliques au bout de la galerie supérieure, en face d’eux.

… et couper les lumières, pendant que tu t’occupes de la désamorcer. Ou de la récupérer pour l’abandonner dans un endroit moins problématique. Ils ont probablement des générateurs de secours, on risque d’avoir une fenêtre d’action limitée, mais je peux voir pour une diversion.

Les miracles de l’automation offrent bien des ressources à quelqu’un comme lui. Pour l’heure, en tout cas, rien ne perturbe les travaux des ouvriers et il est évident que, dans cette section-là au moins de l’installation, l’irruption des militants écologistes a été finalement maîtrisée. Ça n’empêche pas des membres de la sécurité de patrouiller en contrebas, bâton paralysant à la main.

Les mecs de tout à l’heure ne sont plus très loin derrière nous, rajoute par ailleurs le jeune homme. On peut pas rebrousser chemin de toute façon, alors maintenant qu’on est là, autant que ça profite à tout le monde…

Il a un sourire un peu crispé, parce que tout cela est tout de même très loin du plan originel, mais il ne s’en met pas moins à raser les murs en direction du panneau électrique. Il les rase même tellement bien qu’on jurerait qu’il est devenu invisible.
Greg Ory
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Après quelques hésitations, mon complice dans le crime prend la décision d’empêcher la bombe d'exploser, ce qui me convient très bien. Le problème, c’est que je ne m’y connais pas non plus, mais je suis sûr que nous trouverons un moyen de la désamorcer ou de la mettre dans un endroit où elle fera peu de dégât.

Lorsque nous mettons finalement la main sur le bloc de donnée, je soupire de soulagement, pour la vingtième fois de la journée. Nous allons pouvoir partir juste avant que les mercenaires n’entrent. Pour le moment, je n’ai pas fait usage de mon arme et j’espère que cela continuera. Nous sortons donc ensemble de la pièce, rien ne semble avoir été bougé, même si un examen approfondi révélera sans aucun doute les traces de passage de deux individus.

Après quelques instants dans le couloir, le jeune homme qui doit avoir une ouïe bien plus fine que la mienne, m’indique que nous sommes toujours poursuivis, mais sans doute de manière involontaire. Il ne faut donc pas s’arrêter et pourtant, je peux m’en empêcher quand je sens une odeur très désagréable qui me prend littéralement à la gorge. L’origine de ce désagrément est plus bas, dans des cuves où un mélange dégoutant est mixé. Je me jure de ne plus jamais manger de cette sauce ! Je remets correctement mon bandana devant ma bouche pour essayer de filtrer l’air que j’inspire au moins un minimum.

Je n’ai plus qu’à écouter le plan du jeune audacieux que j’en face de moi et je fais la moue, je vais devoir m’approcher de la source de cette puanteur et dans le noir en plus ! Mais vu le peu de temps dont l’on dispose, c’est sans doute le meilleur plan et je me dirige vers l’escalier qui descend, tout en faisant attention à ce pas être aperçu. J’ai de la chance que les ouvriers sont trop absorbés par leurs tâches et les agents de sécurité trop confiant après leurs petites courses contre les hommes de Vers le Vert, car aucun ne pense à lever la tête.

Dès que le courant est coupé, je profite de l’agitation pour descendre quatre à quatre les marches, heureusement que j’ai la forme ! L’entraînement sur la planète Balmorra avec Kaldor Mantell porte ses fruits et je me retrouve très vite au niveau des différentes tuyauteries. Je m’apprête à saisir la bombe, mais un agent de sécurité, c’est trop approché et me bloque le passage. Je ne sais pas s’il m’a reconnu comme un des sympathisants de la cause écologiste à cause de l’obscurité, mais une fois que le courant sera revenu, vu mon accoutrement, il va ameuter tous ses petits copains. Je ne perds donc pas mon temps à réfléchir et lui tire dessus à bout portant avec mon blaster lourd en mode étourdissant, le rattrapant juste à temps pour l’accompagner au sol sans faire de bruit.

Il ne me reste plus qu’à remonter, espérant que la diversion va durer assez longtemps pour que nous puissions nous en sortir. Maintenant, que j’ai le paquet dans mes bras, je me rends compte qu’il s’agit d’un système sans minuterie, mais munie d’un petit radar. Je connais le mécanisme, car nous l’utilisons également pour les mines de la Flotte en cas de poursuite, même si c’est bien sûr considérablement plus gros. Dès que l’émetteur, sans doute porté par l’adolescent sera assez éloigné, la bombe explosera.

Nous avons donc de bonne chance de survivre, il n’y a qu’un seul passage pour sortir d’ici sans ce faire repérer, nous pouvons donc le rattraper ! Pourtant, je ne suis pas à l’aise, utiliser un vide-ordure géant est mon pire cauchemar.
Lune Volteplume
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OK.

OK OK OK.

OK.


Après s’être faufilé le long de la galerie supérieure à l’abri des regards, en partie voilé par le Courant Blanc, en partie dissimulé comme il peut dans l’obscurité, Lune, planté devant le panneau électrique de la salle de mélange, fait tout son possible pour se rappeler ses cours d’ingénierie industrielle. Les schémas électriques, c’est tous les mêmes, leur assure régulièrement leur prof, avant de leur en montrer des dizaines de différents.

Connecté à l’interface avec son ordinateur, le jeune homme considère les indications cryptiques quasi toutes constituées d’acronymes et de chiffres sans queue ni tête.

Bon… ben…

Il pianote et désactive un premier circuit. Quelque part, les pompes à liquide s’arrêtent brusquement, privées d’énergie, et les flots de substances plus ou moins rebutantes cessent de se déverser dans les cuves de mélange.

Donc c’est pas ça…, murmure-t-il pour lui-même, de plus en plus conscient de l’urgence de la situation. Ma foi… Tant pis.

Et il tapote de l’index sur tous les circuits, les uns après les autres. La lumière s’éteint, les chaînes automatiques aussi, les mélangeurs, la ventilation industrielle, les capteurs de niveau, le système de surveillance des ouvriers. En contrebas, il y a quelques cris inquiets, des ordres inutiles qui se lancent d’un bout à l’autre de la salle pour que chacun prenne les mesures nécessaires. Il s’agit surtout de veiller à ce que les cuves ne débordent pas en attendant que les générateurs de secours prennent le relai.

Ceux-ci tardent à se mettre en branle, parce que quelque part au-dessus de tout ce chaos, un Shaddaese leur envoie des contre-ordres rédigés à la hâte. Puis Lune se déconnecte et entreprend de se frayer un chemin dans la pénombre éclairée par les lumières blafardes et ponctuelles des voyants de secours. On aperçoit des ombres qui s’agitent entre les cuves et les machines. Des gardes, des ouvriers, peut-être des manifestations : c’est difficile à dire. Lune lui-même s’est à nouveau fondu dans le Courant Blanc pour se soustraire à la vigilance de la sécurité.

Il y a un tir de blaster, puis un silence, puis de nouveaux cris. Lune s’élance au pas de course en direction du vide-ordure qui doit constituer leur porte de sortie. Il espère de tout coeur que Sombre a réussi sa mission et que ce n’est pas lui qui vient justement de se faire abattre dans l’obscurité, mais il ne compte pas aller vérifier ça de trop près. Tant pis si la bombe explose : il préfère avoir des morts sur la conscience que conscience de sa mort.

Ah, la vache, t’es encore vivant, souffle-t-il d’un coup en retrouvant son complice près du sas circulaire qui marque l’entrée du vide-ordure industriel.

On dirait que sa voix sort de nulle part.
Peut-être parce qu’il fait sombre ?

En tout cas, il se met aussitôt au travail sur la serrure de l’appareil qui…

… activée par l’électricité…

… qu’il vient de couper.

Eeeeuh…

Brusquement, tout autour d’eux, il y a un vrombissement général. Les machines sont les premières à se rallumer : on entend à nouveau l’écoulement boueux de la sauce dans les tuyaux, puis les pales métalliques des mélangeurs, et enfin ce sont les lumières qui reviennent les unes après les autres. Dès que l’interface sommaire du vide-ordure apparaît sur son écran, Lune entreprend de la pirate.

Hé ! Hé, vous, là, qu’est-ce que vous…

La dizaine de sections métalliques qui constituent la porte circulaire se rétractent et les deux acolytes s’engouffrent à l’intérieur, avant qu’elles ne se referment.

Accrochez-vous, ça va tanguer.

Lune presse une touche sur son brassard et le sol s’incline soudainement. C’est un long toboggan couvert d’une substance poisseuse : les reliquats de la macération de la sauce, ce qui reste au fond des mélangeurs quand la partie la plus liquide est dirigée vers l’empaquetage. Elle dégage une odeur acide mêlée de parfums de légumes chimiquement exagérés.

Le conduit…

Aaaaaah…

… descend de cette manière…

… aaaaaaaah…

… jusqu’aux égouts…


…. aaattention!

Lune se rattrape de justesse à un barreau métallique d’une échelle de maintenance, juste au moment où ils sont sur le point d’être éjectés dans la rivière pestilentielle dans laquelle se rejoignent toutes les vidanges de l’usine, avant de se diriger vers une station d’épuration sommaire, installée de façon souterraine quelques kilomètres plus loin.

En cherchant à éviter de plonger la tête la première, le jeune homme se heurte violemment contre le mur de permabéton avant de tomber sur l’étroite corniche qui sert de chemin de maintenance le long du tunnel égoutier. Il y a un bruit un peu inquiétant, une vive douleur, un gémissement penaud et, dans la pénombre éclairée par des néons faiblards installés tous les cent mètres, un petit :

Je crois que je me suis démis l’épaule…

Hackeur, c’est quand même plus reposant quand on fait ça depuis son salon…
Greg Ory
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Hors d’haleine, je rejoins mon complice dans le « crime » et il semble surpris de me voir en un seul morceau, alors je lui réponds, très sérieux :

Bien sûr, je n’ai pas encore reçu l’ordre de mourir.

Cela fait un peu trop guerrier, mais je considère depuis le début cette intrusion comme une affaire militaire. J’ai un peu de mal à le distinguer, sans doute à cause de la fatigue qui commence à se faire, malgré ma bonne forme physique, j’ai mal partout et une furieuse envie de me reposer. Pourtant ce n’est pas fini et le jeune pianote à nouveau sur son espèce de brassard, n’étant pas un féru de la technologie, je ne vois pas comment le dénommer autrement.

Nous entrons dans une sorte de conduite et Fox me prévient que les choses sérieuses vont commencer, mais je dois dire que je n’ai aucune idée de comment me préparer, j’essaye donc de me tenir à ce que je peux, mais très vite la pente devient trop forte et je glisse sur une sorte de produits visqueux immonde, mais le pire est atteint quand après quelques secondes qui m’ont paru une éternité je plonge dans une sorte de rivière regroupant mes pires cauchemars.

Je tombe les pieds devant et heureusement pour moi, le conduit n’est pas très profond, j’arrive ainsi à toucher le fond et je donne un vigoureux coup de talon pour remonter à la surface avant de grimper sur une sorte de corniche, ce qui me permet de ne pas me noyé et de mourir dans d’atroces souffrances, ce qui est une bonne chose.

Bien sûr, j’ai perdu la bombe, pensant avant tout à ma survie et celle-ci à dû être emportée par le courant. Elle explosera tôt ou tard, à moins que l’exposition dans cette substance la ronge complètement, la rendant inerte. De toute façon, même si elle reste opérationnelle, elle ne risque plus de blesser quelqu’un, elle va exploser dans cette pâte et peut-être crever un bout de canalisation, ce qui sera un moindre mal.

Je m’allonge un peu afin de reprendre mon souffle et quand je vois mon acolyte descendre difficilement son échelle, je lui demande sincèrement inquiet :

Tu veux de l’aide ? La sortie la plus proche est à cinq cents mètres, il s’agit d’une conduite de maintenance qui rejoint la jungle.


L’avantage d’avoir préparé les choses en amont, c’est de bien connaître les lieux. Je suis donc prêt à l’aider s’il en a besoin, et nous continuons notre route vers la sortie. Le liquide dans la rigole est légèrement fluorescent, ce qui m’inquiète pour ma santé et celle de l’environnement, mais cela nous aide à distinguer enfin notre tuyau de sortie.

Encore une fois, j’aide le blessé s’il me le demande et je suis surpris de voir l’écoutille extérieure ouverte. Je dégaine donc mon blaster lourds et passant prudemment la tête, j’ai la surprise de voir l’adolescent amateur de bombe, en train d’essayer de vider ses bottes de produits, comme quoi, je ne suis pas le seul à avoir pris un bain !

Je sors complètement essayant de ne faire aucun un bruit et une fois que nous sommes tous les deux en sécurité, étant maintenant à l’extérieur de l’usine, dont je vois le mur d’enceinte un peu plus loin, derrière les arbres, je peux soupirer de soulagement et même faire une petite danse de la victoire. Reprenant mon sérieux, je me pose devant le terroriste, qui n’ayant rien remarqué, essaye toujours de se rendre plus présentable et avec ma tenue dégoulinante de produit, je le menace avec mon arme, lui disant d’une voix que j’espère intimidante malgré ma fatigue :

Qui es-tu ?
Lune Volteplume
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Non non, s’empresse de répondre Lune quand on lui propose de l’aide. Ça va aller !

C’est qu’il s’agit d’avoir l’air fort, indépendant et professionnel, surtout face à l’adversité. Il prend donc le parti complètement idiot de se promener tout seul avec son épaule douloureuse. La bombe a disparu de la circulation, ce qui l’inquiète beaucoup plus que son complice, qui n’a pas l’air de s’en soucier plus que ça. Lune essaie de se convaincre qu’il se fait une idée disproportionnée des dégâts qui pourraient être causés par l’engin : ça l’aide à se donner bonne conscience.

Ils longent la corniche, tant bien que mal. Les sens en alerte, le jeune Fallanassi essaie de repérer le moindre bruit qui trahirait dans l’obscurité que des gens se sont lancés à leur poursuite. On les a vus pénétrer dans le vide-ordure, ce qui est préoccupant, mais avec un peu de chance, la sécurité les aura pris pour des manifestants comme des autres et sera satisfaite de les savoir hors de l’installation.

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent à braquer un jeune écoterroriste au pistolet blaster.

Y a pas à dire.
Le crime, c’est une activité épuisante.

Il paraît jeune, mais les apparences peuvent être trompeuses, car sous ses cheveux bruns mi-longs apparaissent des oreilles pointues qui trahissent ses origines sephi. Peut-être a-t-il en réalité plus de trente ans déjà. En tout cas, se retrouver avec un canon de blaster pointé dans sa direction n’a pas l’air de beaucoup l’émouvoir.

Et toi, t’es qui, réplique-t-il du tac au tac, en se levant avec des gestes très lents, comme quelqu’un qui a l’habitude d’être menacé avec une arme laser ? Encore un de ces types engagés par la sécurité pour faire le sale travail ?

Lune fronce les sourcils.
Il y a quelque chose qui cloche — il ne saurait pas dire quoi, précisément — un infime détail qui essaie d’attirer son attention mais lui échappe encore.

On t’a vu posé la bombe, risque-t-il.

Le regard du terroriste se pose sur lui.

Je vois pas de quoi vous voulez parler.
C’était supposé être une action non-violente, aujourd’hui.
Parce que vous croyez que les types d’en face sont non-violents, eux ?
La question est pas là…
Et vous comptez rester là à tailler le bout du gras en attendant que la flicaille rapplique ?

Lune échange un regard avec Sombre. Il serait probablement plus sage de s’éloigner.

Ils se mettent en route dans la jungle, pour laisser l’usine derrière eux.

En nous divisant, on fait le sale travail des capitalistes, commente leur prisonnier, en continuant à garder les mains levées.

Soudain, tout s’éclaire pour Lune. Le Shaddaese se rapproche de son complice et chuchote aussi bas que possible :

Le type, là. Il a un accent huttese. C’est discret, mais ça s’entend qu’on y fait attention.

Il est bien placé pour le savoir : c’est celui de sa propre langue maternelle, et chez lui, en revanche, il se remarque sans le moindre effort. Lune se demande quelle conclusion tirer de cette observation. Peut-être aucune. Après tout, le huttese est l’une des langues les plus parlées de la galaxie.

Et puis soudain, c’est l’explosion.

Elle soulève le sol non loin d’eux, alors que la bombe s’active dans la canalisation. La terre s’ouvre en deux pour libérer un geyser de sauce Swifnest fermentée, qui ne fait plus dans cet état les délices ni des petits, ni des grands. La violence de la déflagration est telle que des arbres tombent à la renverse.

Attention, s’écrie Lune, alors qu’un immense palmier vacille dans leur direction !

L’arbre craque sous son propre poids et tombe avec fracas dans la jungle. Lune l’évite de justesse. Le terroriste s’est fait la malle.

Par là !

Lune s’élance à sa suite, même si c’est un peu présomptueux. Lui, il est habitué au ville, à s’orienter dans le dédale des coursives et des niveaux, à dévaler les escaliers de permabéton et à glisser sur les rampes, à se frayer un chemin en jouant des coudes dans les foules compactes des quartiers surpeuplés. La jungle est différente, dense, bruyante, bouillonnante, encombrée.

Il faut à peine quelques secondes pour que l’autre disparaisse de son champ de vision au milieu d’une profusion de vert et de couleurs vives, dans la chaleur de midi, et bientôt les bruits de sa course sont couverts par les piaillements innombrables provoqués par l’explosion.

Lune s’arrête, complètement désorienté. Comment ce type a-t-il pu déclencher la bombe sans un geste ? Un cyborg ? Le jeune homme s’appuie contre le tronc d’un arbre, pour reprendre son souffle. Son intuition lui souffle que toute cette histoire est moins simple qu’il n’y paraît. Le serveur d’encryptage militaire du directeur de l’usine, ses serrures haut de gammes, ses mercenaires en guise de service de sécurité, ce cyborg huttophone qui pose des bombes en prenant le contre-pied des instructions du mouvement. Quelque chose lui dit que les données qu’il garde précieusement dans sa poche sont loin d’être aussi banales qu’on aurait pu le croire.
Greg Ory
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L’adolescent me répond du tac à tac, avec flegme, comme si poser une bombe puis plonger dans une rivière de fruit mélangé à des produits chimiques était la chose la plus naturelle au monde. Ce qui me dérange le plus, c’est qu’il me répond comme si nous étions concurrents et lorsque Lune l’interroge, il utilise un mot que plus personne n’emploie sur Coruscant, depuis des siècles : flicaille.

Je l’observe donc un peu mieux et je remarque à son physique, qu’il n’est pas humain, mais Sephi. Où va le monde si des extraterrestres ressemblent à des enfants ? D’emblée, je me méfie, je n’aime guère les dissimulateurs ou les fils de Hutt. Pourtant, son conseil est bon, et après un regard à mon acolyte, nous quittons promptement les lieux pour rejoindre le camp principal des écologistes, il faudra juste traverser un petit bout de jungle, rien de bien difficile, du moins si rien ni personne ne se met en travers de notre route.

Sur le chemin, Fox m’informe que notre prisonnier à un accent Hutt, ce qui est bien possible, même si je n’ai aucune idée de à quoi celui-ci peut bien ressembler, ayant vécu presque uniquement sur Corruscant ou dans des vaisseaux militaires de la République. En pleine réflexion, je suis surpris quand la fin du monde arrive, avec le sol qui se soulève et les arbres qui tombent n’importe comment. Heureusement, mon acolyte me prévient et j’échappe de très peu à une mort atroce, aplatit comme une crêpe par un arbre.

L’alien en profite pour se faire la malle et le jeune homme, manifestement motivé, le poursuit. Pour ma part, je ramasse mon arme, puis je les suis en faisant bien attention là où je mets les pieds, de nombreux arbres ont été abattu et on peut voir une tranchée là où devait se trouver la conduite, sur une dizaine de mètres. Je fronce un peu les sourcils en voyant le résultat et j’indique à Fox que je trouve un peu plus moins, manifestement essoufflé :

C’est une sacrée puissance pour une bombe artisanale.


Pendant que l’on y est, je fais part de mes autres doutes :

Je ne suis pas sûr que le Sephi fait partie du mouvement de Vers le Vert, il n’en pas l’allure ou le langage.


La plupart que j’ai vus sont des fils à papa, prêt à se rebeller, mais qui feraient dans leur froc en se voyant menacé par un blaster lourd, alors notre cible n’a pas bougé un cil. Dans tous les cas, je vais attraper la mort avec mes vêtements trempés, alors je lui dis à voix basse pour éviter d’être écouté :

Fox, nous devrions partir d’ici, nous avons réalisé ce pourquoi nous étions venus. J’ai planqué des vêtements non loin d’ici et je peux faire un speeder taxi, il va y avoir du monde dans peu de temps.


Mais il reste quelques détails à éclaircir :

Je ne pense pas qu’il soit judicieux de revoir notre commanditaire pour le moment ou l’hôtel, on ne sait jamais. Je peux nous trouver deux chambres dans un motel discret des environs, j’ai suffisamment d’argent pour que l’on ne nous pose pas de question.

L’avantage d’être logé, nourris et blanchit pas l’armée, c’est que j’ai pu faire quelques économies, ces dernières risquent d’être très utiles.
Lune Volteplume
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J’ai…

Inspire.
Expire.

… un truc…

Inspire.
Expire.

… dans le dos.

De son bras valide, le garçon fouille l’arrière de son tee-shirt, avant d’extirper un énorme mille-pattes dont les extrémités s’agitent dans tous les sens. Il a une moue de dégoût, mais ça ne l’empêche pas de poser la bête au sol avec une certaine délicatesse, pour qu’elle puisse partir de toutes ses nombreuses jambes se réfugier sous le couvert de la végétation.

Je suis d’accord que ce type-là était très suspect. Spontanément, j’aurais pensé à un agitateur de la police infiltré chez les manifestants pour les pousser à la faute, mais ce serait quand même un peu racinal.

Racinal ?

Radical, corrige distraitement l’informaticien, avant de se remettre en marche. D’accord pour faire profil bas. De toute façon, on a besoin d’un peu de temps pour vérifier qu’on a bien téléchargé des choses intéressantes. S’agirait pas qu’on vienne fanfaronner avec la liste des courses.

Alors ils reprennent leur chemin à travers la jungle, en s’approchant petit à petit de la ville. La première halte est la cache de Sombre pour changer de vêtements. En se déshabillant — tant bien que mal, car son épaule demeure douloureuse — Lune révèle une musculature plus définie qu’on ne l’aurait cru de prime abord. Et puis il y a quelque chose d’un peu étrange dans son apparence, quelque chose de presque insaisissable : une sorte de régularité harmonieuse qui se trouve rarement chez les humains pure souche.

Trois heures plus tard, les deux complices s’installent avec des plats à emporter dans deux chambres mitoyennes d’un motel en bordure de jungle, le genre d’endroits qui doit surtout servir pour les batifolages extraconjugaux et la prostitution. Ce n’est pas très propre, ce n’est pas très grand, mais ça a le mérite d’être à l’écart de l’usine et du centre-ville où Vers le Vert s’est installé.

Lune s’installe sur une chaise, enlève sa chemise et, d’un ton résigné, déclare :

Bon allez. Remboîte moi l’épaule un bon coup qu’on en finisse. Ça va faire mal, je vais pleurer, interdiction de le répéter à qui que ce soit : j’ai une réputation de virilité à conserver.

Et il esquisse un sourire d’autodérision, parce que la virilité, ce n’est vraiment le trait qu’on lui associerait spontanément. Par prudence, il affiche sur son datapad un tutoriel vidéo de premiers secours trouvé sur l’Holonet qui décrit la marche à suivre, sur un mannequin d’entraînement.

Pour sa part, il ferme les yeux, inspire profondément et essaie de penser à des choses agréables. Les cookies. Les tookas. Un bon lit. Le dernier épisode de sa série préférée. Sa mère lui recommanderait sans doute de méditer pour se glisser au sein du Courant Blanc, mais il est fourbu, stressé et passablement affamé : l’élévation spirituelle, ce serait pour plus t…

Karking chuba fierfek !

Pour préserver la sensibilité de nos jeunes lecteurs, on s’abstiendra de traduire cette série de jurons en huttese. Lune papillonne des paupières pour retenir les larmes de douleur qui lui viennent spontanément au moment où son épaule est remise en place. Puis, avec beaucoup de prudence, il essaie de faire jouer son interlocuteur. C’est encore un peu inconfortable, mais au moins tout fonctionne.

Merci.

Sombre a le droit à un bref sourire encore un peu crispé, avant que le jeune homme — sans doute en pleine croissance ! — ne commence à farfouiller dans leurs boites de nourriture locale. En bon shaddaese, Fox a consciencieusement commandé les items du menu les plus épicés, de la nourriture à faire exploser les moteurs des speeders, et il en enfourne sans tarder toute une fourchette dans sa bouche.

Ch’est bon mais ch’est chaud, commente-t-il en guise de critique gastronomique.

Plus objectivement, ça calcine les papilles.

Tout en parlant, le geek de service branche la clé de données téléchargées dans son ordinateur, dont l’écran virtuel est projeté au centre de la table.

OK. Alors… Rapports financiers, bon, très bien, dossiers RH, conseils juridiques, états des stocks, partenariats…

Parce qu’il faut bien commencer quelque part, Lune clique sur le dernier dossier, pour en faire défiler la liste des fichiers.

Tiens donc…, murmure-t-il, quand les mots en basic disparaissent très vite de l’écran pour céder la place à un autre langage.

Il jette un coup d’oeil à son complice et précise à tout hasard :

C’est du huttese.

Il ouvre les fichiers concernés les uns après les autres.

Des sortes de conventions, explique-t-il en les parcourant rapidement. Avec des gens… Peu recommandables. Enfin, selon les critères républicains, quoi. Des prête-noms pour les Hutts, j’imagine. Je suis pas… Nécessairement un expert de ce genre de montages, mais à ce que je crois comprendre, les Hutts investissent dans Technomachin, là, et en échange… là, par exemple, ça dit : « l’investisseur profitera de facilité sur toute la chaîne logistique de l’entreprise, qui veillera à explorer la synergie entre les activités ». Y a vraiment des gens qui écrivent pour pas être compris, c’est dingue, hein… Je crois que l’idée, c’est de pouvoir bouger certaines marchandises dans les conteneurs de Technotruc, pour passer la frontière républicaine. De la contrebande.

Son ton est sans doute moins fasciné ou révolté que l’aurait été celui d’un jeune Républicain, car au fond, ce genre de magouilles fait partie du quotidien d’un Shaddaese et il ne mesure au fond même pas à quel point l’information qu’ils viennent de dénicher est explosive pour l’entreprise.
Greg Ory
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Après avoir enlevé un insecte sans doute rempli de bactérie et autres saletés, le jeune homme m’indique qu’il est d’accord avec mon analyse de la situation et me suit dans un petit hôtel. Sur le chemin, je me change, enfilant avec délice mes vêtements propres, prenant avec moi mes frusques souillées pour les jeter dans un égout dans la ville, me débarrassant ainsi de toute trace de mon déguisement.

Mon acolyte fait de même et je peux remarquer qu’il a quand même la musculature d’un adulte, mais également que son épaule est bien déboîtée, il doit souffrir le martyre, mais ne se plaint pas, ce qui est une bonne chose. Avec un peu d’entraînement, je suis sûr qu’il fera un militaire tout à fait convenable.

Il nous faut quelques heures pour rejoindre notre objectif et trente minutes de plus pour que je nettoie à fond la chambre avec du désinfectant que j’ai acheté à un magasin non loin d'ici. J’ai acquis également un nécessaire entier de toilette, pour rester impeccable et je prends d’ailleurs une bonne douche pour me décrasser entièrement. C’est donc redevenu présentable avec mon vêtement noir impeccable que je rejoins Fox dans sa chambre.

Au début, j’ai un peu peur en le voyant enlever sa chemise, mais très vite, il indique ce qu’il attend de moi et je le fais après m’être désinfecté les mains, bien sûr. Je n’ai aucune connaissance dans le domaine médical et je pense lui avoir fait très mal, malgré la vidéo qui m’a montré la marche à suivre, d’ailleurs, je lui précise :

Tu devras rendre visite à un véritable médecin le plus rapidement possible.

Nous puisons ensuite dans nos provisions et pour ma part, j’ai pris uniquement des plats sous vide, à la propreté irréprochable et je mange consciencieusement comme m’a appris mon père, ni trop lentement pour ne pas perdre de temps, ni trop vite pour ne pas avoir de problème pour digérer. De toute évidence, ce n’est pas le cas de mon partenaire qui engloutit rapidement des plats extrêmement épicés sans sourciller.

Puis il se met à pianoter sur son terminal, ne pouvant pas l’aider, mes connaissances en informatiques étant particulièrement faibles, je décide de nettoyer mon arme qui en a bien besoin après son bain forcé. Je démonte donc pièce par pièce mon pistolet blaster modifié par chacun de mes ancêtres et je les nettoie exactement comme mon paternel me l’a appris. Je fais cela automatiquement, ayant une grande habitude de ce genre de tâche et je peux ainsi écouter les explications de Fox, qui me font réfléchir.

Les documents que nous possédons pourraient faire fermer cette entreprise et mettre à mal les affaires des Hutts. J’avoue ne pas avoir pensé que les choses iraient aussi loin et remontant à présent mon arme, je lui indique :

On peut tenir pour acquis que les dirigeants de l’usine sont au courant du vol de donnée et qu’ils ont prévenu leurs complices. Je pense que le Sephi était chargé de provoquer une attaque mortelle pour les ouvriers de l’usine de manière à décrédibiliser le mouvement écologiste, après tout, que sont-ce quelques décès pour des malfrats ?


Je laisse mon interlocuteur répondre, avant de reprendre :

Maintenant, il va falloir trouver quoi faire de ces informations. Le plus simple serait de les envoyer à la presse locale, mais je crains que des pots-de-vin ou l’intimidation les empêchent de diffuser quoi que ce soit.


Je réfléchis quelques secondes, avant d’avoir une idée lumineuse et je lui dis :

Il y a une base de la République ici, je peux facilement nous faire entrer et donner les données au responsable des forces armées. Je suis sûr qu’il ne sera pas corrompu et il les diffusera à l’état-major, cela fera un joli coup de filet et l’usine sera très vite fermée.

C’est faire deux pierres, deux coups, mais il faut que le jeune homme me fasse suffisamment confiance pour accepter que nous allions dans une base militaire, remplis d’hommes armées.
Lune Volteplume
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Un médecin, ouais…

Fox baisse la tête, comme pour examiner attentivement ses plats, mais c’est surtout pour que de longues mèches blondes voilent son visage tandis qu’il murmure :

Pas trop mon truc, les médecins.

Toujours à lui faire la morale. Toujours à le regarder bizarrement. D’accord, il se blesse souvent, mais est-ce que ça les empêche d’être courtois ? Lune préfère de loin avoir affaire aux droïdes médicaux. Froids, impersonnels, mais aussi impartiaux. Alors il se rend dans les dispensaires automatisés de l’université de Coruscant quand la nécessité s’impose : là, des machines se chargent de traiter les petits maux des millions d’étudiants qui transitent chaque année par le plus grand établissement sanitaire de la galaxie.

De toute façon, la douleur, il a l’habitude.

Alors la conversation part sur autre chose.

Les fichiers, l’usine.
Les Hutts.

Lune hausse un sourcil quand il est question de militaire et de coup de filet. L’armée républicaine n’est pas très haut dans la liste des institutions en lesquelles il place sa confiance. Juste au-dessus de la police, qui est plutôt dans le fond du tableau.

Eeeuh…

Le jeune homme pose un regard prudent sur son complice du jour. Qu’est-ce que c’est que cette entourloupe ? D’où est-ce que ce type venu participer à une action coup de poing d’un groupe d’écolos a des contacts avec les soldats du coin ?

Moi, je dis…, recommence-t-il avec une prudence nerveuse dans la voix, on file ça à Vers le Vert, c’est une grosse ONG, ils ont l’habitude de gérer la presse et tout ça sur ce genre de questions. C’est sans doute plus que ce qu’ils s’attendaient à trouver, mais ça fait plutôt leurs affaires.

Après tout, ils parlent de l’une des plus grosses organisations écologistes de la Galaxie, soutenue par les Ithoriens.

Après…

Par réflexe, Lune jette un coup d’oeil à la porte de la chambre. Et si ça tournait au vinaigre ? Et si ce type était un agent des forces de l’ordre républicaines ? Il est en train de remonter son blaster. Lune se flatte d’être plutôt bon coureur, mais peut-être pas aussi rapide qu’il le faudrait.

De toute façon, moi, j’ai copié les données sur un de mes serveurs.

Une manière de dire qu’il est inutile de l’assassiner dans une ruelle obscure d’une petite ville rodienne, parce que ça ne suffira pas à faire disparaître les informations.

Et rien n’empêche de distribuer ça largement. Aux… militaires…, à la presse ici et sur Coruscant, à l’ONG. Sur l’holonet. J’pense qu’on peut balancer ça sur Lepi-Leaks, conclut-il en faisant allusion au site dont le logo aux oreilles de Lépi tendues pour détecter les infos se fait fort de révéler au grand jour les affaires des riches et des puissants. J’te fais une copie.

Une solution de compromis dont il n’est pas particulièrement fier, mais tant qu’à faire, il aimerait ne pas se retrouver cramé au blaster par un agent secret à des années-lumières de chez lui. L’intérêt que le système militaire républicain peut avoir à déployer un agent dans une pareille opération lui échappe à vrai dire, mais cette histoire est déjà si compliquée que plus rien ne le surprend.

Moi, en tout cas, je mets pas les pieds sur une base militaire, poursuit-il en insérant une dataclé vierge dans sa tablette pour amorcer le transfert des fichiers. J’sais pas trop ce que tu fais dans la vie, mais si tu as des amis dans ce genre d’endroits, c’est pas précisément mon cas. Je suis même pas citoyen républicain, je préférerais éviter d’attirer l’attention sur moi. Je n’ai pas envie de finir avec des électrodes dans tous les orifices à répondre aux questions de colonel je sais pas qui dans un geôle humide ou d’être expulsé du territoire.

(Deux hypothèses d’une égale gravité.)

En plus…

Lune s’interrompt brusquement.

T’entends ça, souffle-t-il ?

Le jeune homme presse un bouton intégré à la petite table de la chambre pour couper le ventilateur au plafond. Dans le silence perdu par le discret vrombissement des systèmes électriques, les deux hommes perçoivent distinctement du remue-ménage dans la chambre voisine — précisément celle que le hackeur est censé occuper.

Fox échange un regard avec son complice. Il devient très clair que de l’autre côté de la mince cloison du motel, quelqu’un est en train de retourner les tiroirs puis de soulever le matelas.

… j’espère que t’as fini de nettoyer ton flingue…, chuchote le Shaddaese tout bas.

Ils détachent les cartes-mémoires de son datapad pour les cacher sous les semelles de ses chaussures. Une conversation incompréhensible s’engage de l’autre côté de la paroi. Lune ferme les yeux et se fond dans le Courant Blanc. Petit à petit, les propos lui deviennent plus intelligibles.

Ils parlent en huttese, murmure-t-il, ce qui trahit tout de même une sacrée acuité auditive. Ils cherchent les données. Sont… Deux, je pense. J… j’crois que ta chambre est la prochaine escale…


Greg Ory
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Mon interlocuteur semble hésité quand je lui parle des militaires, ce qui est bizarre, tout le monde adore l’Armée. Il préfère donner cela directement à Vers le Vert, il fait même preuve de prudence car il a déjà fais une copie sur nombre de support, donc une pour moi, je suppose qu’il a déjà dû voir mon Datapad, rien ne m’étonne de la part du jeune homme qui me fait face.

Il me questionne ensuite habilement sur ce que je fais dans la vie, puis me confie qu’il n’est même pas citoyen de notre grande nation, ce qui est dommage. Cela explique sans doute qu’il pense que nous agissons comme les Siths alors que nous sommes respectueux des droits individuels, je m’apprête à lui réponds d’ailleurs, n’ayant rien à cacher sur mon métier quand il m’indique qu’il entend quelque chose.

Je tends l’oreille, mais ne remarque rien, il va vraiment falloir que je fasse un test auditif dès que possible, j’ai l’impression d’être devenu sourd depuis que j’ai croisé mon acolyte. Il faut qu’il coupe la ventilation pour que j’entende enfin des bruits qui ne plaisent guère, et alors que j’entends une conversation, mais que je suis incapable de la comprendre, c’est encore une fois Fox qui me met en garde.

Il me demande également si mon arme est prête et comme j’ai pratiquement fini, je mets le chargeur à sa place et je lui indique en souriant, d’un ton très bas :

Oui, elle est opérationnelle.

Toujours mon vocabulaire de militaire qui reprend le dessus en période de stress intense comme celle que nous venons de vivre. Je commence à en avoir assez de courir et je pense qu’il est temps de rendre coup sur coup, en plus, je suis fatigué et je me vois très mal courir à nouveau à travers la jungle, c’est pourquoi je murmure à mon compagnon d’aventure :

Suis-moi, j’ai une idée.

J’ouvre la fenêtre et sors, le sol n’est qu’à deux mètres de haut de ce côté du bâtiment, puis je fais le tour de la bâtisse pour arriver au parking où je vois tout de suite ma cible, un type musclé et bien habillé qui attend prêt d’un speeder quatre places, moteur allumé, sur le qui-vive, bref, pas le genre de gens que l’on peut croiser prêt d’un motel, sauf si c’est un chauffeur pour le cartel Hutt bien sûr.

J’ajuste donc soigneusement la visée de mon blaster lourd, toujours réglé sur paralysant et une fois que je suis sûr de faire mouche, je tire et je peux voir avec satisfaction ma cible tombée. Il ne reste plus qu’à monter à bord et nous pouvons prendre la poudre d’escampette. Une fois à l’abri à plus d’un kilomètre de l’hôtel, j’indique à l’expert en décodage :

Je suis bien soldat, mais actuellement en congé, j’ai pensé que le soutien d’une organisation écologiste de cette importance pouvait m’aider pour ma carrière.


Autant jouer cartes sur table, je lui demande ensuite :

Et toi, pourquoi tu as choisi cette voie ?

Je suis curieux, j’écoute donc sa réponse avant de lui demander :

Maintenant, on va où ?

Nous avons plusieurs options, aller directement au siège de Vers le Vert, essayé de trouver un endroit équipé d’une connexion pour diffuser le message en espérant que nous ne serons pas coupé avant, bref, nous avons un terrain de jeu immense. Mon moral, c’est bien amélioré depuis que je pilote, je souris même, appréciant cette sensation de vitesse et je suis prêt à suivre les instructions et voler aussi longtemps qu'il le faudra, je suis bien.
Lune Volteplume
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Lune jette un regard par la fenêtre.

Dites donc.
Deux mètres, c’est haut, quand même.
Entre la perspective de se briser une jambe et celle de finir avec un trou dans le crâne, il se résout à se laisser glisser le long de la façade avec une élégance…

… disons discutable.

Pendant que Lune retombe comme un sac par terre très près de ce qui ressemble furieusement à un préservatif usager taille rodien, Sombre règle son compte au chauffeur et, quelques instants plus tard, ils embarquent à bord d’un speeder. À peine attaché, le jeune homme jette des regards inquiets par dessus son épaule pour vérifier qu’on ne les poursuit pas.

Difficile à dire : dans les pourtours de cette petite ville de province au milieu de la jungle, l’éclairage public est réduit au strict minimum. En désespoir de cause, Lune se retourne vers le speeder et entreprend, comme tout passager normal, de démonter une partie du tableau de bord.

Ah oui, soldat…, fait-il de son ton le plus neutre, mais qui ne parvient pas à cacher une certaine méfiance. Vous devez être un soldat un peu spécial, quand même, pour vous laisser dans ce genre d’opérations.

Lune mise sur le renseignement. C’est le plus probable à ses yeux. Avec les soldats du génie qui viennent en appui dans les situations de crise humanitaire, les agents de renseignement sont les seuls susceptibles de tirer un vrai profit des contacts avec les ONG. Et au fond, Vers le Vert est une organisation assez institutionnelle pour y trouver son compte : renseigner pour être renseignée, informer pour être protégée.

Moi c’est plutôt pour la cause, répond le hackeur en trifouillant dans les câbles. Je suis pas… Tu sais, pas intégriste du retour complet à la nature ou ce genre de délires. Ce serait bizarre de la part d’un geek et puis… Ah, voilà.

Il arrache deux câbles et le système de guidage cartographique du tableau de bord s’éteint. Au cas où il viendrait à l’idée de leurs éventuels poursuivants de les suivre à la trace.

Et puis voilà, j’aime bien la ville. Mais j’ai grandi sur Nar Shaddaa, avant de venir faire mes études sur Coruscant, et j’ai vu ce que c’est, un endroit où les grosses entreprises font absolument ce qu’elles veulent et où les gens peuvent mourir de la pollution sans que ça n’intéresse personne. C’est bien, le développement économique, mais si les gens du coin tombent malades, au bout du compte, ça ne développe pas grand-chose.

Il a bien conscience que la situation n’est pas toute noire ni toute blanche. Sombre et lui ont bien vu les ouvriers rodiens sortir de l’usine et y rentrer ce matin-là, tout comme les Rodiens qui se sont rassemblés pour protester contre l’installation industrielle.

Bref. Allons voir tes collègues…

Ce n’est pas dit avec un enthousiasme débordant.

Si les financeurs hutts impliqués sont vindicatifs comme ça, à en utiliser des explosifs et à nous traquer, on mettrait en danger les gens de Vers le Vert inutilement en allant droit vers eux. Ça ferait pas avancer beaucoup la cause si on les conduisait à se faire mitrailler par des loubards. Je vais leur envoyer les données cryptées, ils sauront bien que ça vient de nous, et on les remettra aussi à l’armée, qui branchera la police du coin sur la partie corruption et terrorisme de cette histoire.

Lune se masse l’arrête du nez. Si on lui avait dit que sa petite quête écologiste commencé par sur le darknet anarchiste finirait dans une base militaire…

Par contre, bon… De toute évidence, tu te doutes que dans la vie, je suis pas un citoyen totalement respectueux des lois. Ça me donne un peu l’impression de me jeter dans la gueule du loup que de filer vers une base militaire pour signaler un dossier à la police. J’ai pas très envie qu’on se penche de trop près sur mon cas après ça, tu vois ce que je veux dire…

Il ne sait même pas si ce qu’il craint, c’est qu’on s’intéresse à ses autres activités criminelles ou bien que ses pouvoirs nés du Courant Blanc soient révélés. Il a beau se sentir complètement étranger des Jedis, de leurs convictions et de la persécution qu’ils subissent, quelque chose lui dit que les autorités républicains ne feraient pas nécessairement la distinction.

Je suis pas en train de demander un chèque en blanc niveau immunité, hein… mais disons une protection et qu’on me relâche dans la nature sur Coruscant sans trop me poser de questions. Tu vois ce que je veux dire… ? Après, si y a besoin d’aide dans le futur pour démêler cette affaire avec des méthodes… Peu conventionnelles. Ça me dérangerait de suivre ça jusqu’au bout.

Quitte à tomber sur un type des services secrets, autant essayer de gratter de nouveaux contrats !
Greg Ory
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Je vois mon passager commencer à démonter le tableau de bord, ce qui est très dangereux, car nous sommes en plein vol, toutefois, j’ai appris à lui faire confiance, même si je ne comprends pas tout ce qu'il fait. Finalement, après avoir bidouillé quelques fils, le système de guidage cartographique tombe en panne et c’est sûrement pour le mieux si on ne veut pas être suivi à la trace.

Nous pouvons ainsi discuter tranquille et je ne peux m’empêcher d’acquiescer quand il dit que je suis un soldat spécial, car c’est exactement cela. Puis il me parle de ses motivations et de son passé et j’avoue comprendre un peu ce qu’il veut dire par pollution, car même si la République est un modèle en matière d’écologie, il y a toujours des entreprises, qui par commodité ou appât du gain, essayent de contourner les lois.

C’est une bonne chose qu’il y eut des citoyens engagés comme ce jeune homme et je félicite :

C’est très bien de ta part et je suis d’accord avec toi, je suis né et j’ai vécu toute ma vie sur Corruscant. J’ai bien vu ce que tu décris dans la capitale et il faut rester vigilant.

Le prochain sujet de conversation est sur la transmission des données et je suis content qu’il se range à mon avis, même si je comprends sa réticence quand il m’informe de ses méfaits. Je ne suis pas sûr d’avoir l’autorité suffisante sur cette planète pour lui accorder un sauf-conduit, alors je lui propose un compromis :

La situation est donc plus complexe que je ne le pensais, le mieux serait alors un centre de recrutement de l’armée.

Je regarde sur mon datapad et l’informe :

Il y en a un à seulement trois blocs d’ici.

Quelques minutes plus tard, je me pose devant un grand batiment civil où se trouve au rez de chaussée, ce qui ressemble fort à des bureaux. Nous entrons et un militaire, un caporal de l’armée de terre si j’en crois ses insignes, Rhodien comme la majorité des gens peuplant cette planète, lève le nez de son écran et nous demande en souriant :

Bienvenue jeunes gens, vous êtes là pour vous enrôler ?

Je secoue la tête et lui dit simplement :

Je suis le capitaine Greg Ory, de la Flotte, je souhaite rencontrer le responsable de cet endroit, ce jeune homme est avec moi.

Mon interlocuteur devient blanc d’un coup et après avoir pianoté sur son ordinateur, sûrement pour vérifier mon identité, il se met au garde-à-vous et m’indique d’une voix forte :

Désolé mon Capitaine, j’ignorais qui vous étiez, mon Capitaine, je vais vous emmener chez mon officier, mon Capitaine.

Cela fait beaucoup de capitaine, mais je ne lui fais pas de réflexion et je le salut également. Nous passons ainsi à un autre bureau, tenus par une humaine d’une cinquantaine d’années, semblant très sévère avec des lunettes de vue, un objet archaïque et coiffé d’un chignon, elle se lève également et après un salut impeccable, m’informe :

Je suis la Sergente Colu’m Bo, en charge de cette structure, que puis-je faire pour vous, mon Capitaine ?


Je lui souris pour l’adoucir un peu, tout en la saluant et je lui indique, en fermant la porte pour que nous ne soyons que trois à entendre ce qu'il va se dire ici :

Je suis actuellement en congé, mais j’ai croisé ce jeune homme qui a des informations qui pourraient grandement intéresser le Quartier Général de ce secteur, je souhaite donc vous demandez une faveur, pouvez-vous leur envoyer cela ?

Je tends la clé que m‘a donné Fox, puis je continue :

Une organisation proche a également besoin de cette information, il s’agit de Vers le Vert, vous devez le connaître.

Elle me regarde surprise, tout en complétant :

Mais c’est un civil.

C’est là, que je fais jouer ma célèbre rhétorique et je lui dis :

C’est exact, mais c’est grâce à lui que nous avons pu acquérir ces données et je suis persuadé qu’il saura taire les détails. Je vous demanderai juste de d’être discrète sur ma venue. Le jeune homme qui m’accompagne est un spécialiste en informatique et il va, vous montrez comment les envoyer en crypté.

Je laisse donc la main à mon acolyte, car ce n’est visiblement pas ma partie, une fois que tout ceci terminé, nous aurons mérité un bon verre, dans un endroit propre, bien sûr.
Lune Volteplume
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Nous enrôler ?

Lune fait tous les efforts du monde pour ne pas avoir l’air insulté par cette hypothèse audacieuse, mais ça ne l’empêche pas de traîner des pieds alors qu’on le conduit dans les couloirs du petit centre de recrutement. Sur les murs, des affiches de propagande vantent les mérites de l’armée et le jeune homme ne peut s’empêcher de remarquer qu’elles évitent toutes de parler du coeur du sujet : pas un Sith, pas une guerre à l’horizon, l’armée n’est là que pour défendre contre un ennemi vague et aider les populations à se reconstruire. Se reconstruire après quoi, voilà qui n’est pas précisé.

Au moins, la sergente et lui sont d’accord sur un point : il n’a rien à faire là.

OK, j’ai besoin d’accéder à votre terminal.

L’humaine fait lentement tourner la dataclé entre ses doigts secs et nerveux. À sa place, Lune ne laisserait personne approcher de sa machine, mais les gens sont souvent imprudents, et puis l’autorité du capitaine fait beaucoup à l’affaire. Elle finit par tourner l’ordinateur vers lui et il insère la clé avant de pianoter sur le clavier.

C’est pas de première jeunesse, dites donc…
Je vous demande pardon, fait la militaire d’un air offensé ?
Votre matériel.
Ah. C’est… Suffisant pour notre mission.

Quelque chose lui dit que la mission ne doit être bien palpitante. Tenter de recruter des gens pour des guerres lointaines dans une ville de province d’une planète périphérique. Pas exactement la base d’une épopée.

Et puis-je savoir de quoi il est question ?
Vous savez que vous avez des éléments hutts dans le coin ?
Hé bien…, commence-t-elle d’une voix prudente. Dans ce secteur, des relations commerciales existent naturellement…

Elle croise successivement le regard des deux hommes et comprend qu’il n’est pas question de transit légitime entre Rodia et ce que l’Espace Hutt offre encore de recommandable.

Je vois, commence-t-elle sobrement.

Elle considère le capitaine, de toute évidence pour évaluer les implications d’une affaire dont on ne lui dit presque rien.

Je déjeune régulièrement avec le commissaire de la ville, explique-t-elle après mûre réflexion. Il semblerait que ses hommes soupçonnent des activités de contrebande, avec la complicité de certains élus municipaux. C’est loin de mes prérogatives, naturellement, mais est-ce que j’ai cru comprendre, l’enquête piétine, faute de pistes tangibles.
Hé ben ça va s’arranger, dit Lune en achevant le transfert de données sur un canal militaire, en direction des autorités locales. C’est par l’usine que ça transite. De Swifnest.
Il y a eu une explosion par là-bas, c’est après-midi.

Lune réintègre son siège, au bout du compte plutôt content d’avoir pu profiter de ce petit aperçu ni vu ni connu de l’architecture système des ordinateurs de l’armée républicaine.

La direction de l’usine évoque un accident industriel sans gravité. Une canalisation qui aurait été soumise à une trop grande pression.

Une théorie qu’elle avait jugé un peu fumeuse, pour une usine agroalimentaire. Mais la conversation est interrompue par les vibrations d’un comlink.

Quand on parle du loup…

Elle connecte l’appareil à son bureau et l’holoprojecteur intégré au meuble affiche le buste d’un Rodien dans une image grisâtre et vacillante. Il y a une brève conversation en rodien, avec que la sergente ne pivote son comlink pour que la caméra attrape les deux visiteurs. L’homme dit alors en basic :

Où est-ce que vous avez trouvé ça ?
Le commissaire Rün, précise la militaire.
Oui oui, peu importe, s’exclame le policier, homme au tempérament brusque mais efficace. Vos documents, là, vous tirez ça d’où ?
Quelle importance, réplique Lune sur la défensive ?
Parce que si c’est des choses que vous avez inventées de toute pièce, je ne vais pas me précipiter chez le juge, jeune fille.

Il y a un silence puis Lune, qui n’a pas l’air froissé qu’on le prenne pour une femme, risque :

J’ai envoyé ça à Vers le Vert aussi. Ça fera tache si vous vous en occupez ça…
Oui hé bien, la politique et les médias, mademoiselle, ce ne sont pas mes affaires. Moi, j’arrête les criminels, et je les arrête dans le respect des procédures, pour qu’ils ne se fassent pas libérer par des avocats astucieux deux semaines plus tard, vous me comprenez ? Alors si vous donnez dans la dénonciation calomnieuse…
Ça vient de l’usine.

Le commissaire Rün se calme aussitôt et son visage d’ordinaire agité adopte une expression méditative.

On est poursuivis par des loubards qui parlent en huttese, précise Lune.
Je vois…

Les rouages du droit et de la stratégie tournent dans l’esprit du Rodien. Après quelques instants, il commence une série de questions rapides et précises :

Ces données, vous les avez lues ?
Parcourues.
Effacées de là où vous les avez prises ?
Seulement copiées.
Alors si je vais y chercher moi-même ?
C’est toujours là. Je peux vous dire où.
Ne m’en dites pas trop, jeune fille, j’aimerais éviter d’avoir à vous arrêter. Est-ce que vous avez tué quelqu’un ?
Mais non !
Blessé quelqu’un ?

Le hackeur marque un temps d’arrêt en pensant à l’homme paralysé par Sombre au moment de leur fuite du motel.

Blessé quelqu’un, insiste le policier ?
Pas grièvement.
Et vous témoigneriez… ?

Lune secoue la tête. Le policier interroge Greg du regard, avant d’enchaîner :

Bon, tous les deux, arrêtez de jouer aux bantha-boys. Je vais profiter de cette histoire d’explosion… Un accident industriel, mon œil, oui ! Pour perquisitionner l’usine. Pour non respect des normes de sécurité, ça sera très bien. J’imagine que vous seriez pris d’une quinte de toux irrépressible tous les deux si je me trompais lourdement en disant qu’une visite dans le bureau du directeur ne serait pas peine perdue.

Le silence qui s’ensuit le satisfait.

Bon… On fera ça demain matin à la première heure, je m’en vais tirer un juge du sommeil, ça va encore être une partie de plaisir, cette histoire. En attendant, vous deux, restez au chaud chez la sergente : j’aimerais éviter une fusillade dans ma ville. Je n’ai rien contre un peu d’animation, mais on va éviter les cadavres dans la rue.

Et l’image du commissaire disparaît.
Greg Ory
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Encore une fois, Fox ne me déçoit pas, il pianote rapidement et envoie les documents nécessaires en un tour de main. La sergente essaie de nous tirer les vers du nez et mon complice lui donne quelques informations pour la faire patienter le temps qu’il finisse sa tâche. Il s’assoit ensuite à côté de moi et nous avons droit à un appel du commissaire, un certain Rün d’après notre hôte, qui nous regarde d’un air méchant et nous demande la provenance des documents que l’informaticien de génie lui a envoyé.

Avant que je ne puisse lui répondre le jeune homme, ou la jeune femme, je ne sais plus, lui explique les tenants et aboutissants de l’affaire. Comme mon compagnon d’aventure ne réagit pas à l'évocation de mademoiselle, j’ai vraiment un doute, est-ce que Fox est une femelle ? Tout est possible, j’ai toujours été nul au jeu du Qui est-ce holographique, pour certains c’est facile de genrer les personnes, mais je n’ai guère l’habitude de le faire, la plupart du temps c’est clairement inscrit dans leurs dossiers, je n’ai donc pas à le deviner.

Quand l’officier de police évoque la question des blessés, et je prends alors la parole pour lui préciser :

J’ai dû utiliser mon paralysant sur un garde, mais j’ai ralenti sa chute, il a dû s’en sortir sans dommage.

Puis arrive la question du témoignage et je lui réponds en souriant :

Bien sûr que je peux témoigner, mais il vaut mieux pour tout le monde que ce ne soit pas le cas, nous sommes juste deux citoyens concernés par l’écologie de cette planète qui avons eu accès à des informations sensibles. Il est alors de notre devoir de les transmettre aux autorités compétentes, c’est tout.


Je reste silencieux quand il évoque cette histoire de perquisition, lui donnant donc l’information qu’il fallait pour obtenir par lui-même le fin mot de l’histoire. Je me contente juste de hocher la tête quand il nous conseille de faire profil bas jusqu’à demain, chose que je comptais de toute façon bien faire.

À peine l’image du commissaire effacé, je reçois un appel sur mon datapad, il s’agit de Vers le Vert en personne ! J’accepte dont la communication, faisant signe à Fox, s’il ou elle veut faire partie de la conversation. Je le mets en holo et un minuscule hologramme apparaît et pourtant, je peux voir à quel point mon interlocuteur a l’air content, il ne cesse de bouger les mans et ne semble pas vouloir rester en place, aussi excité qu’un rancor avant un bon repas, dès qu’il me voit, son sourire s’élargit et il m’indique :

Voilà un excellent moyen de pression ! J’ai cru au début, que cette explosion avait été réalisée pour effacer les preuves, mais ils ont manqué leurs coups ! Je vais diffuser cette information dans toute la République et tout le monde saura à quel point cette société est pourrie jusqu’à l’os !

Mince, s’il fait cela, les preuves vont disparaître rapidement du serveur, alors je l’interromps dans sa diatribe et lui indique d’un ton calme :

Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je viens d’avoir les autorités en ligne et elles vont intervenir très prochainement, il vaut mieux garder profil bas, le temps qu’elles récoltent les preuves légalement, ainsi ils seront mis devant le fait accomplis et ne pourront pas nier les documents.

J’ai essayé de toutes mes forces de convaincre mon interlocuteur à l’aide d’un peu de rhétorique et finalement, cela fonctionne quand le Rhodien m’indique :

Très bien, je leur laisse une journée complète, si la police locale est trop corrompue, je diffuserai cela sur tous les réseaux locaux.


Je soupire de soulagement, cela permettra à l’officier d’intervenir en toute quiétude, sans être dérangé. Je laisse parler Fox s’il veut ajouter quelque chose, je le considère toujours comme un garçon d’ailleurs et j’éteins mon datapad une foi que tout est terminé. La sergent prend ensuite la parole :

Nous avons quelques lits de camp dans la réserve, nous pouvons vous installer ici pour la nuit, ce sera spartiate, mais c’est mieux que dormir sur une chaise.

Je lui réponds en lui souriant :

Ce sera très bien.

Après tout, depuis le camp d’entraînement des cadets, j’ai l’habitude de dormir à la dure, je regarde donc mon acolyte, attendant de voir ce qu’il va dire.
Lune Volteplume
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Lune répond par un bâillement.
Un long, long bâillement.

Non mais moi, je suis prêt à m’endormir sur votre moquette, après une journée pareille, vous savez.
Nous n’avons pas de moquette.
Encore mieux.

La sergente et son subordonné installent deux lits de camp dans une petite salle carrée qui sert d’ordinaire à des présentations sur les formidables opportunités s’offrant aux Rodiens déscolarisés dans les rangs de l’armée républicaine. Le centre de recrutement n’est pas très grand, pas beaucoup plus qu’un préfabriqué en bordure de jungle, mais Lune y dormira aussi bien que dans un palace.

Le jeune Shaddaese se laisse tomber sur son lit dont les ressorts grincent d’inquiétante façon. Il pousse un long soupir. Sans doute qu’il devrait s’inquiéter de la réaction des Hutts. Examiner toutes les conséquences de leurs actions de la journée. Mais la nuit est déjà bien avancée et le sommeil ne tarde pas à le gagner, guère troublé par le ronronnement uniforme de la ventilation qui tempère tant bien que mal la chaleur tropicale.

Quelques heures plus tard, la militaire tente un :

Messieurs.
Non, maman, marmonne Lune en huttese, vautré sur le ventre, la face écrasée contre un oreiller tout plat, encore cinq minutes…
Messieurs, nous allons avoir besoin de la salle ce matin.

Lune roule sur le dos avec un long soupir, avant de se redresser dans le lit, tout courbaturé et ses longs cheveux blonds emmêlés dans une cascade compliquée.

L’est quelle heure, dit-il en articulant plus ou moins ?
Sept heures du matin.
Pffff…
Je vous ai laissé dormir aussi longtemps que possible, se justifie la Républicaine.

Le hackeur s’extrait du lit et titube jusqu’à la petite cuisine où le déjeuner sommaire est composé de biscuits et de café soluble. Les idées de Lune prennent un petit moment à se remettre en place, mais les événements finissent par se recomposer dans son esprit, avec leurs conséquences. Tout en enchaînant les biscuits, il déclare :

Bon, perso, je me réserve une place sur le premier vol commercial en partance de la capitale. Et sur la première navette en direction de la capitale. Accessoirement. Aucune envie de traîner trop longtemps avec des mercenaires des kajidics pleins la jungle.

Pleins la jungle, c’est sans doute une exagération. Du reste, la perquisition du commissaire se déroule au même moment dans les locaux de l’usine et il y a fort à parier que les gros bras tenteront aussi de se faire discrets, pour ne pas se retrouver pris dans les filets de la police locale.

Une heure plus tard, des vétérans des guerres impériales affluent dans le centre de recrutement pour partager leurs souvenirs, souvent traumatiques. Les deux visiteurs prennent discrètement la poudre d’escampette par la porte du local à poubelle. Dans la rue, Lune garde les yeux rivés sur son datapad, en actualisant les différents réseaux sociaux — de Technoacido, de Vers le Vert, de la police locale et des médias du coin.

Ah, ça y est, s’exclame-t-il alors qu’ils arrivent près de la gare interurbaine dont partent les barges aérospeeders qui transportent les passagers de la province jusqu’à la capitale ! C’est dans le Rodien libéré. Alors… Blablabla…

Il fait défiler le début de l’article.

La police a refusé de s’exprimer sur les raisons de la perquisition, mais des sources proches du dossier, lit-il à haute voix, assurent que l’usine aurait des liens avec des organisations criminelles de l’Espace Hutt. Les porte-paroles de Technoacido Sauce Industry ont fait savoir qu’ils prenaient les interrogations de la police très au sérieux.

Lune lève brièvement le regard pour commenter :

Ben tu m’étonnes…

Afin de reprendre :

Un cadre qui travaille au siège de l’entreprise a confié, sous couvert d’anonymat, que si malversations il y avait, elles relevaient probablement d’une initiative personnelle du directeur de l’usine.

Lune range son datapad alors qu’ils sont proches du guichet automatique, où une vieille dame mène un combat désespéré contre l’écran tactile.

J’espère qu’ils ne vont pas s’en tirer à si bon compte, marmonne-t-il, tout en n’étant qu’à moitié convaincu que leur petit coup d’éclat suffira à provoquer l’effondrement d’un grand groupe de l’agro-alimentaire.

La conversation est interrompue pour permettre au jeune homme de voler au secours de la Rodienne. Il leur faut quelques secondes pour trouver une langue commune, avant de se débrouiller dans une conversation boiteuse en basico-huttese. Une fois les tickets pris, Lune se met un peu à l’écart sur le quai.

J’imagine que c’est plus sage si on voyage séparément à partir de maintenant. De toute façon, on devrait pas avoir trop de problème à se fondre dans la foule une fois dans la capitale et j’imagine que nos poursuivants de la veille ont bien d’autres tookas à fouetter en ce moment.

Lune a vu si souvent son complice se laver les mains lors de cette petite escapade qu’il ne lui présente pas la sienne pour la serrer, persuadé que Sombre préférera ne pas s’exposer à ses germes.

C’était…

Un plaisir ?
Peut-être pas.

… intéressant. Je t’ai laissé une adresse holo où me connecter dans la dataclé. Si jamais… je sais pas. T’as d’autres trucs intéressants en perspective. Je ne fais pas nécessairement que dans l’idéalisme. J’ai rien contre… Quelques contrats rémunérés.

Proposer ses services à un agent de renseignement républicain, c’est inédit pour lui, mais il a un appartement sur Coruscant, des études et une famille nombreuse à financer.

La navette arrive. Lune fait un petit signe de tête à son complice, et puis il recule de quelques pas et disparaît dans la foule des passagers — disparaît presque littéralement.
Greg Ory
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Les militaires nous installent les deux lits et je tombe littéralement dedans, enfin une fois après bien vérifié que les couvertures étaient propres. Je ne fais guère attention au reste et je me réveille comme d’habitude à six heures du matin, mais je suis tellement fatigué que je me rendors et c’est finalement la sergente qui nous sort du lit.

Je bondis pour être le premier dans la salle de bain, pendant que mon acolyte perd un temps précieux à se lever et je peux ainsi profiter d’un endroit n’ayant pas été sali par les miasmes des autres. Je me dépêche et reviens pour le petit-déjeuner qui est servi dans des sachets individuels, typique de l’armée.

C’est avec plaisir que je prends un kawa bien chaud et Fox m’annonce comment il compte quitter les lieux, sur un vol civil. Pour ma part, il me reste encore du travail à accomplir ici, et pendant que le pirate informatique prend possession de la salle d’eau, je tape sur l’ordinateur du centre de recrutement mon rapport, que j’envoie au quartier général, celui-ci me demande de me rendre au centre de commandement de la sécurité, situé à la capitale pour de plus amples interrogations.

Pour le moment, nous restons ensemble et sur le chemin, le jeune homme me fait la lecture du canard local, concernant notre affaire qui semble avoir décollé. Avec les documents que nous avons récupérés, la police et la flotte du système pourrons arrêter une bonne partie du trafic, peu importe pour moi que la société soit en faillite ou que les dirigeants s’en tirent, ils éviterons à l’avenir, de traiter avec la mafia Hutt et c’est le plus important.

Les adieux avec le jeune sont bizarrement tristes, comme si nous étions restés des étrangers dans nos deux mondes, sans jamais pouvoir faire un pas l’un vers l’autre, alors je décide de faire un geste ayant symbolique et je lui prends la main pour lui serrer quelques secondes, lui répondant par la même occasion :

C’est une bonne idée, de toute façon, j’ai encore des choses à faire ici.

Puis il m’indique un moyen de le joindre et je lui dis en souriant :

Ce fut un moment fort, même si j’aimerais omettre certains passages comme la chute dans la mélasse, j’espère que ton bras se remettra correctement, je te conseil d’ailleurs d’aller à l’hôpital.

On n’est jamais trop prudent, mais je ne m’en fais pas trop, il est jeune, il guérira vite. Quand il parle d'accepter des contrats, je vois que finalement, il pourrait devenir un free-lance pour la République, ce qui est une bonne chose et je réponds à sa demande avec un sourire :

C’est une très bonne idée, tu as du talent, un grand talent.

Il quitte ensuite les lieux et après m’être désinfecté la main, je prends une autre navette, pour le centre de commandement. Là-bas, je suis questionné sur la bombe, taille, poids et caractéristique, les hommes qui nous ont poursuivi et surtout le centre de stockage républicain, ils l'ont trouvé dans le bureau du directeur de l'usine comme prévu et c’est là le plus inquiétant, il était marqué comme détruit, ce qui implique que quelque chose à dysfonctionné dans un des sous-traitant de l’armée.

Je reçois également les félicitations d’avoir pu aider au démantèlement du réseau de contrebande et comme un vaisseau rapide part en direction de Corruscant, on m’offre une place à l’intérieur, ce qui est une bonne chose, je pourrais rentrer plus vite dans ma famille, il me reste encore quelques jours de congés.
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