Absalom Thorn
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Hmm…

Dans le bureau de sa mère, à l’Institut des Biotechnologies Évolutives de l’université de Hapès, Absalom attendait patiemment que la brillante généticienne finisse de parcourir du regard la liste qu’il venait de lui remettre. Cala Thorn pointait régulièrement de son stylet tel ou tel item au nom imprononçable. Elle finit par rendre le datapad à son fils.

C’est mieux que ce à quoi je m’attendais, observa-t-il en parcourant en faisant l’inventaire des entrées barrées par la scientifique.

Celles-ci constituaient la liste des substances que l’Institut ne serait pas en mesure de lui fournir. Légalement. La professeure Thorn était une femme influente, mais elle avait une réputation à préserver. Son Institut ne pouvait se permettre de passer des commandes douteuses.

Je vais t’indiquer des produits de remplacement. Des alternatives qui seront peut-être plus faciles à trouver sur le marché noir. Enfin, tout du moins, relativement plus facile.

Très relativement puisque, quelques jours plus tard, Absalom avait été obligé de s’embarquer à destination de Tatooine pour y faire ses courses. Les recherches de ses laboratoires secrets progressaient, mais les nouvelles découvertes exigeaient de nouveaux produits, et il n’était pas rare qu’il fût difficile de se les procurer.

Fort heureusement, le Dr. Lokred avait le chic pour fréquenter les gens infréquentables et il s’était récemment lié avec un trafiquant, ou un contrebandier, possiblement une sorte de marchand, ou peut-être un mercenaire. Bref. L’un de ces individus aux activités troubles et suspectes sur lesquels il était permis de fonder des espoirs. Rendez-vous avait été pris aussi loin que possible des grandes puissances de la galaxie et de leurs agences de contrôle pharmaceutique.

Sur Tatooine.
À Mos Eisley.

Loin des préjugés de ses congénères hapiens, Absalom avait une certaine tendresse pour ce genre d’endroits. Ces villes isolées où tout était permis, pour peu qu’on sache se défendre, ces havres de liberté à l’écart des autorités et de leurs lois. La misère qui régnait sur Tatooine ne lui échappait, mais il savait aussi combien une pareille planète pouvait servir de refuge à celles et ceux que la galaxie avait rejetés de ses cités plus respectables.

C’est sec, marmonna [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], son inquisitrice personnelle.
Finement observé.

Le voyage enthousiasmait nettement moins la Kaminoane que son maître. D’ailleurs, elles commençaient déjà promener tout autour d’eux des regards méfiants, pour ne pas dire tout à fait hostiles, mais fort heureusement sa physionomie exotique demeurait difficile à déchiffrer pour les gens du cru. Les deux voyageurs s’engagèrent dans les rues poussiéreuses d’Eisley.

Profite un peu du paysage, suggéra l’ancien Sith.
Sérieusement ?

L’inquisitrice embrassa les maisons en terre cuite, les gamins sales dans les rues, les droïdes rouillés et un bantha qui était en train de se soulager copieusement sur un speeder sans défense.

Très pittoresque…, commenta-t-elle.
Essaie de ne décapiter personne en chemin.
Un bon incendie, ça nous nettoierait tout ça.

Le Hapien leva les yeux au ciel, mais pas trop, parce qu’au-dessus d’eux, le soleil était brûlant. Il n’avait pas remis les pieds sur Tatooine depuis une éternité, depuis ses missions de Padawan même, à l’époque où il arpentait la Bordure Extérieure avec son maître, pour se former à la diplomatie des espaces reculés. Il lui semblait tout à la fois que la ville s’était profondément transformée et qu’elle était restée fidèle à elle-même : les bâtiments s’effondraient et se reconstruisaient au fil des années, mais au fond, c’était toujours le même agglomérat à demie anarchique de constructions perpétuellement provisoires.

On a rendez-vous Au Droïde Qui Tousse, précisa-t-il.

Plutôt que de demander son chemin — car il eût été dangereux de passer pour de parfaits touristes —, Absalom laissa son esprit vagabonder à la surface des pensées qui l’entouraient, en s’infiltrant parfois dans tel ou tel cerveau qui lui semblait malléable, pour en tirer des souvenirs de la ville, de sa disposition et de ses établissements. Il eut tôt fait de saisir la bonne direction.

Pendant que Darth Venenous s’attachait, non sans un certain succès, à paraître la garde du corps la plus intimidante du monde, pour un homme qui savait pourtant fort bien se protéger tout seul, le Hapien les guida dans les méandres de la ville, jusqu’à déboucher devant une cantina dont le nom, Au Droïde Qui Tousse, était surmontée par le dôme démonté d’un astromech, qui servait d’enseigne de fortune.

À l’intérieur, dans une salle enfumée et sombre, des clients bavardaient, jouaient au paazak ou fixaient d’un œil lubrique trois Twi’Leks féminins qui se déhanchaient sur une petite estrade. Le bar à proprement parlé était tenu par un ancien droïde protocolaire républicain savamment reprogrammé, mais dont le synthétiseur vocal crachotait. D’où le nom de l’établissement.

Absalom passa commande et ils partirent s’installer à une table libre, non loin des danseuses exotiques, auquel il ne prêta pas la moindre attention.

On ne fait pas de folies, n’est-ce pas, demanda Venenous ?
De folies ?

Absalom prit son air le plus innocent.

Moi ?
On achète, on rembarque, on s’en va.
Tu me connais.
C’est bien pour ça que je demande…
Jamais d’imprévus avec moi.
Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre…
Ma vie est un long fleuve tranquille et bien ordonné.

Et en conséquence, l’Inquisitrice s’attendait à moitié à devoir se battre avec la totalité des clients de la cantina.
Fâr Sorem
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[Dialogues traduits du Pyke]

Aaah... Tatooïne ! Ses couchers de double soleil sur les dunes, ses couleurs chatoyantes, ses senteurs exotiques, ses villages pittoresques, ses autochtones accueillants, son...

PUTAIN DE SABLE DE MERDE !!!

CLANG ! En rage, Tirim assène un coup de pied retourné à la carlingue déjà éprouvée d'un speeder dont le nez ne semble pas prêt de ressurgir dudit sable.

Fais yièch', ça s'enraye ! Qu'es'qu'on s'emmerde à taper une netpla d'sa race, y a foye ici ! Sérieux !

Arrête de baver pour qu'eud', Tir', et sors cette foutue bécane de là ! J'en ai déjà ma claque.

Et qu'es'qu'y fout, Velk' ? Y d'vait pas s'ram'ner genre, y a une plombe ?! Et pis qu'es-tu branles, ma gueule, à t'paill'sser comme une crasseuse à m'mater en train d'trimarder comme un Wook's ?! Sors-toi les doigts et tire, p'tite pute !

Le ton monte et les deux frères en viennent aux mains. Que leur humeur soit naturelle ou non, le ciel sans nuage du désert n'est pas étranger à l'énervement quasi instantané des pykes. Leur engin planté à quelques dunes de leur point de départ, ils ne sont pas prêts de s'extirper des sables. L'altercation est assez bruyante pour alarmer les quelques jakrabs qui ont jusqu'ici tenté de subtiliser la nourriture stockée dans les coffres du landspeeder. Les sauvagines détallent en courant, alors que le reste du gang préfère prendre les paris que de séparer frère et sœur s'écharpant copieusement.

Un tir plasma sorti de derrière la dune coupe court à la rixe. Touché à la main droite, Tirim lâche son aînée dans une trille de douleur. La tête dans le sable, Tisha éructe et menace, mais ne peut que tenter de retrouver figure alien quand elle réalise l'état lamentable dans lequel ils se sont tous les deux mis : le speeder, lui, ne s'est pas réparé tout seul. Difficile pour Fâr de faire un autre constat. Une heure à peine après les avoir quitté, le lieutenant découvre ce qu'il sait déjà, à savoir que ses jeunes suivant n'ont pas encore acquis la maturité nécessaire pour qu'il puisse les lâcher dans la nature. Jouant avec son arme, l'aîné termine de regagner le lieu du crime, confronte ses deux cloches sans mot dire. Autour, on attend la suite avec gourmandise.

J'allais pas la crever, Velk', j'voulais juste qu'elle ferme sa grand'gu...!

Ah ouais ?! T'vas voir c'qui qui va fermer oik's, là !

Ok, les z'bars ! Vous m'fatiguez, là. Quand z'aurez fini d'me ficha d'vant tout'l'Syndic' on pourra p'et envisager d'se payer aut'chose que des deal de zones, pas vrem's ? Vous croyez qu'ça m'flègue de nous coltiner c'cagnard juste pour filer des fouteurs de bronx ? Sans dec' ?

Le silence s'abat sur le petit groupe, comme si la vague déception dans la voix de Fâr avait suffit à leur faire réaliser le problème. Tirim continue de fixer Tisha avec rage, mais quand son frère lui témoigne finalement une attention soutenue, c'est avec dépit qu'il rentre les mains dans ses poches, et décide de reporter toute sa hargne sur ses deux pieds au sol.

Ok, j'prends ça pour oui.

En un clin d’œil, le blaster revient dans son holster pour ne plus en bouger. La main de Tirim porte pour plusieurs semaines encore le douloureux rappel que l'aîné de leur insupportable fratrie n'est pas qu'un grand guignol, mais aussi et surtout un tireur à ne jamais sous-estimer. Les méthodes d'éducation de Fâr étant ce qu'elles sont, inexistantes, le porte-flingue se doute que la leçon ne tiendra pas longtemps. Mais pour l'heure, il a d'autres gizka à fouetter :

Mais ça va changer rapidos... Un iencli à rencarder sur un truc précis, p'tet bien. Beau nesbi à la clef, tuyau du toubib par la Plaque. Pas d'bavure, que du propre, bien calé. Voilà c'qu'on est v'nu foutre ici ! Alors j'compte sur vos trognes de teubés pour pas m'bousiller l'plan. Tir', si tu veux t'dra' comme un gamo', va t'en trouver un, mais bordel j'te préviens... T'iras tout seul pénave au kapo comment t'as bien niqué la seule caisse qu'on avait. C'est claros ?

Fais ièch, p'tain...

J't'ai pas d'mander d'me faire d'la poésie, frangin : c'est clair dans l'citron ou faut qu'j'refasse les gammes ?

Ouais, c'est bon, c'est bon...

Ok, alors on décolle, direction Mos Eisley : j'espère pour toi qu'le carbu est pas naze, sinon c'toi qui rince.




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[Dialogues traduits du Huttese]



On avait la chose à l'ancienne. Pas d'holocom', pas de tour de passe-passe, pas de systèmes ultra complexes : le bon vieux bouche à antenne, d'un bout à l'autre d'une chaîne tordue pleines de maillons poisseux. Le toubib qui aime les puzzles avait utilisé l'appel à un ami, et l'ami en question se présente maintenant pour une nouvelle affaire. C'est ça, le commerce dans la Bordure, c'est festif ! Pour ceux qui n'y comprennent rien, c'est un fatras innommable, si plein d'embuches et d'incohérences qu'on rechigne à s'en approcher. Mais pour ceux qui peuvent y voir clair, c'est comme entrer dans une friperie avec vingt crédits en poche.

Sur Tatooine, en revanche, la partie se joue différemment. Pas de grandes mégalopoles, pas d'aérogare pour se déplacer d'un continent à l'autre, pas d'holonet, une cuisine déplorable, des locaux plutôt hostiles à tout le reste et... le sable. Tatooine n'a pas grand chose pour plaire, et c'est précisément ce qui la fait choisir pour quelques transactions discrètes ou périlleuses. Parce que personne n'est prêt à faire des kilomètres dans le sable pour un truc qui n'en vaut pas vraiment la peine !

Conclusion imparable de Fâr, l'affaire en vaut la peine, ou bien le guet-apens coûtera toujours plus cher qu'il ne rapportera. Une aberration, chez eux : le crime pas plus que le mercenariat ne versent dans la charité. Par retour de courrier, le rendez-vous a été donné sur l'un des rares spots assez confortable pour permettre de discuter sans se manger une ou deux tempêtes. Une cantina. Faute de donner dans l'originalité, ces endroits sont connus pour servir à tout, sauf à ce pourquoi ils sont sensés servir.

Ils sont deux, c'est l'info. D'abord un 'hapien', qu'il a dit. Tout l'monde remet ? Une sorte d'humano, quoi. Une variante plutôt secla, de c'qui jacte, mais osef. Des pelures, y en aura pas trente-six à tourner dans l'coin : ouvrez l’œil. Son ombre en tandem, pas du genre à pouvoir s'rater non plus, mais on a pas plus d'infos.

C'est fou ce qu'on trouve comme exilés et asociaux, sur ces planètes inhabitables ! Ils s'entassent comme des mouches sur une carcasse, dans ces cantinas trop petites pour un si grand nombre, consomment n'importe quoi pourvu que ça puisse humidifier le gosier. Ils entreraient par les fenêtres s'ils pouvaient, seulement pour échapper à la cuisson virulente des soleils de midi.

Fâr n'est pas différent de cette meute assoiffée, bien qu'il n'ait pas encore assez soif : créatures de la nuit, les pykes n'aiment pas vraiment la bronzette. C'est même plutôt l'inverse ! Rien ne leur tarde plus que de retrouver le permabéton et l'ombre. Alors, inutile de s'attarder dans ces rues poussiéreuses sans grand intérêt. Ici, hormis les jawa et les quelques espions kubaz, personne n'a pris l'habitude de tenir le coin de rue. Alors quand leur troupe disparate avise l'écriteau artisanal du lieu de rendez-vous, il n'y a aucune hésitation. Peu importe que l'endroit soit bondé, à la fin, il y aura de la place pour eux dans tous les cas.

Grands pratiquants de l'art d'entrer comme il faut dans une pièce où l'on risque plus de se faire descendre que de descendre une consommation quelconque, les Sorem se dispersent et prennent la large et basse salle du Hit' Droida* en tenaille. Les entrées dérobées sont rarement évidentes, sur les habitats désertiques d'Eisley. A moitié enterrés pour conserver une fraîcheur relative, ce qui tient lieu de maison se munit d'ouvertures protégées du sable par des chicanes, successions de murs rendant les portes difficiles à repérer dans l'aplat de beige.

Fâr, de son côté, apparaît seul sur le seuil de la cantina, comme un grand i sans point découpé dans le jour brûlant du dehors. Un rapide tour d'horizon des échoués du jour lui indique qu'un attroupement près du bar pourrait lui fournir la diversion qu'il recherche. Comme le client qu'il n'est pas, il plonge dans l'ombre salvatrice et serpente parmi les tables. Il regarde avec l'air de ne pas y toucher. Puis, après un temps à longer tranquillement l'un des murs, son regard s'arrête sur une paire dépareillée telle qu'il en espérait vaguement : un humain blond, et un alien immense, pâlichon. Fâr songe à un Qermien, quelque chose du genre... Difficile à dire. Il ne connaît pas, trop rare par ici. Mais cette simple info lui donne la confirmation qu'il voulait ! Peu de chance de se tromper avec autant de coïncidence, dont il est le seul à avoir la clef. Dans ce vaste mélange de corps hétéroclites et bariolés, on ne vient trouver que ceux que l'on cherche, le hasard n'intervient pas.

Là est le hic, pour Sombrêve. Qui dit foule, dit aussi risque de croiser du connu ou du néfaste. N'importe lequel de ces soulards du désert pourrait être une taupe. Malgré leur tendance à faire n'importe quoi, les pykes sont tout sauf de grands naïfs : là où ils sont, les autres finissent toujours par être aussi... Alors, il faut devancer le problème, couper l'herbe sous le pied, être plus rapide, comme au tir. Le pyke entreprend donc de se diriger vers le centre de la salle, mettant en route le plan simpliste qu'il a échafaudé l'air de rien. La technique, il la connaît, c'est du par cœur !

Sans la moindre précaution particulière, les paluches dans les poches et avec l'absolue décontraction du zonard de base qui cherche bien plus qu'une simple fozbeer, il s'approche de sa cible toute désignée. Autour, quelques regards accrochent, méfiants, avant de replonger vite fait dans la super donne de sabacc du moment. C'est plutôt paisible, pour un début d'après-midi à Mos Eisley.

Mais, Sorem n'ayant jamais revendiqué que le seul titre de parfait connard, sa méthode n'inclue aucune finesse, si ce n'est peut-être celle de l'action en elle-même.

Eh, va garer ton cul d'conteneur ailleurs, tu prends trop d'place, l'gros tonnage !

Lance-t-il subrepticement dans l'oreille d'un gigantesque herglic qui lui tourne présentement le dos.
Lequel, dans un mouvement de pure mauvaise humeur, suis tout naturellement l'origine de la voix, et tombe nez à nez, non pas avec le pyke, mais avec un minuscule rodien en train de noyer le reste de sa vie au fond d'un reste de bière jawa visiblement frelatée. D'une contorsion habile, Sorem demeure dans l'angle mort de l'immense alien, et profite de l'altercation pour se glisser dans le dos des autres clients.

QUI EST GROS ?!!

D'un bond d'une prestesse impressionnante pour une telle carrure, le herglic se remet sur ses pieds. L'antique tabouret à ressorts émet un remerciement grinçant. Que personne n'entend, puisque désormais, les clients s'intéressent davantage à ce qui va se dérouler au bar qu'au reste de la pièce :

T'as dit quoi, p'tite merde ?! J't'ai pas assez entendue !

Hein ?!! Mais j'ai rien dit, moi !! C'pas moi !

J'ai dit qu'c'était ta mère.

Et ça m'prends pour une truffe en plus ?!!

Hein ?!

Eh, mais c'est vrai, il a rien dit !

J't'ai causé, à toi ?!

Nan mais oh ! On va s'calmer, là !

Eh ta gueule, le bith, on t'a pas causé !

Mais j'ai pas dit qu'z'étiez gros, là ! Merde quoi ! J'veux juste b... // SBAF

L'énorme patte décalque la face écailleuse du mercenaire contre le comptoir. La suite est d'une confusion sans nom : qui dans ce bal, du herglic ou du rodien, a brandit son siège en premier ? Fâr n'en témoignera pas à la barre : il s'est rapidement soustrait à la scène du crime, glissant comme une anguille, jouant sans douceur de ses coudes recouverts de plastacier pour s'extraire du foutoir qu'il a joyeusement déclenché. Sa grande taille apparente révèle alors toute son utilité : ses dizaines de vertèbres s'articulent avec souplesse pour lui permettre de traverser la mêlée comme un animal aquatique fendrait l'eau. Il est à l'aise comme un type qui a grandi là, et en un sens, c'est le cas.

En l'espace d'une minute, la pièce entière est transformée en terrain de tout ce que l'on trouve comme arts martiaux chez les aliens les plus divers de ce coin de la Bordure. Les cartes volent, les verres, les sièges, ça se bouscule et ça se frappe. Toutes les espèces se mettent brusquement à parler la même langue. Danseuses et musiciens ont plié bagage dès les premières insultes hurlées à travers la pièce. Au milieu du tableau somme toute habituel, le barman automate continue de nettoyer consciencieusement son comptoir en insultant les malpropres entre deux grésillements. Même une guerre ne pourrait pas le dévisser. Soudain, dans le tas : un coup de blaster part, et le chaos monte d'un cran.

Car... oui ! En dépit de toute apparence, rien ne vaut une bonne bagarre générale pour se soustraire sans encombre à une éventuelle filature ! Le moment parfait pour aller cueillir leur clientèle du moment, sur ce caillou de fous.

Pendant que l'apocalypse,très localisée ; une apolocalypse quoi ; s'abat sur le Droïde Qui Tousse, Teshe'banza part à la recherche du duo étrange qu'il a vu près de l'estrade. C'est plus compliqué que prévu. Pourtant, la grande bringue qu'il a vu devrait dépasser dans tout ce souk ? Tandis qu'il se débarrasse d'un devaronian trop entreprenant, il l'aperçoit, entre deux paires de cornes : la grande bringue pâle. Ses deux contacts n'ont pas l'air perturbé par la joie débordante des gens du cru... Au contraire, presque, curieusement, ils semblent s'y fondre d'une façon confondante. C'est pas plus mal ! Dans ce contexte, aucune chance qu'on puisse sereinement les calculer tous les trois. Enfin, si le petit humain est bel et bien toujours coller à sa vivante pancarte 'je suis là'.
D'un geste, il invite le premier regard qui croise à filer par derrière.

Eh ! Psst ! Par ici.

Le but est de toute façon, toujours, de filer par derrière, non ?
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*trad. du huttese, littéralement Droïde qui tousse, ça ne s'invente pas.

Absalom Thorn
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Une bouteille vole à travers la pièce.

Tu vois, déclare Absalom après avoir bu une nouvelle gorgée de ce qu’il est pudiquement convenu d’appeler du lait de bantha, et dont il vaut mieux ne pas trop interroger la provenance. Qu’est-ce que je disais : pittoresque.

Un type poilu jusqu’aux paupières échoue contre leur table et leur adresse par principe un regard vindicatif. Mais quelque chose chez ces deux-là, attablés tranquillement au milieu du chaos, titille son instinct de survie et il se dit qu’il serait sans doute plus prudent d’aller se faire fendre le crâne par le Wookie le plus proche.

J’imagine que tu es responsable de tout ce chaos, soupire l’Inquisitrice.
Moi ? Mais pas du tout !

Voilà qu’on doute de son angélisme !

Je suis innocent comme le tooka qui vient de naître.

Darth Venenous reste convaincue que son maître est à l’origine de la colère qui semble s’être d’un coup emparée de tout l’établissement. Heureusement qu’elle est là pour le chaperonner. D’ailleurs, voilà que quelqu’un lui fait des gestes au milieu de la confusion.

Je crois que notre contact est là, murmure-t-elle.
Avec ou sens barreau de chaise en travers de la face ?
Sans. On dirait.

Et Anna Su se lève pour ouvrir la voie. Les gens les plus lucides s’écartent sur son passage. Les autres font une rencontre percutante avec ses bras qui semblent si gracieux, et qui ne les en percutent pas moins avec une force disproportionnée. Quelques côtes brisées plus tard, les deux touristes émergent à l’arrière de la cantina, dans la chaleur de Tatooine. Question de couleur locale, ils sont suivis par un tesson de verre, mais Absalom se penche juste à temps pour l’éviter, alors même qu’il n’a pas pu le voir venir.

La Kaminoane fait un pas de côté pour laisser passer son maître, mais elle reste tout près de lui, prête à abréger la détresse existentielle de tout agresseur d’un coin de sabre laser dans la trachée. Le sorcier, pour sa part, est infiniment plus chaleureux. Il pose son regard bleu sur le Pyke et déclare dans une huttese impeccable et d’une voix entendue :

Ma grand-mère tricote des chaussettes pour l’automne.

C’est le mot de passe dont ils ont convenu à l’avance. Impossible de tomber dessus par hasard : à Tatooine, il n’y a pas d’automne, assez peu de grands-mères et tout le monde ne porte pas de chaussettes. Une fois tout doute sur leurs identités respectives levés, Absalom déclare d’un ton affable :

C’est bien aimable à vous de me rencontrer.

Une colonie de gros insectes répugnants descend le long du mur dans la ruelle étroite dans laquelle ils ont débouché, en file indienne, pour se faufiler sur le sable, avant de se laisser couler à l’intérieur de la cantine, par une fenêtre fendue. Après l’avoir suivie du regard, Absalom prend la ferme résolution de ne consommer que les rations à bord de son vaisseau.

J’imagine que vous êtes impatient de retourner profiter des plaisirs de cette ville…

Sérieusement ?

… et je ne vous retiendrai pas longtemps. Je cherche à me procurer des psychotropes expérimentaux.

Encore des hippies.

Pas nécessairement un produit en particulier, poursuit-il,mais les prototypes qui sortiraient des laboratoires pharmaceutiques, des universités ou des… Producteurs plus confidentiels, disons. En quelque sorte, je souhaite pouvoir réaliser un benchmarking des prochaines drogues et médicaments les plus exotiques qui se retrouveront bientôt sur le marché officiel ou officieux. Je m’intéresse aux effets les plus spectaculaires.

Venenous incline la tête pour observer la rue perpendiculaire à la leur d’un air soudain pensif. Enfin. Sans doute. Pour peu qu’on puisse interpréter sa physionomie.

Propriétés hallucinogènes, précise Absalom pendant ce temps-là, modificateurs d’humeur soudains et radicaux, sérums de vérité d’un nouveau genre, vous voyez le genre.

C’est que Noctis est un sensitif, mais un sensitif pragmatique : il croit au secours de la science quand il s’agit de déployer ses pouvoirs. Et en matière de manipulation mentale, le génie des chimistes offre de précieux auxiliaires, à condition de pouvoir soigneusement étudier les produits en question.

Si vous étiez en mesure de dégotter les rapports de recherche en même temps que les échantillons, ce serait merveilleux, mais j’ai bien conscience que ça peut être plus délicat et…

Anna Su se penche vers lui et glisse en basic :

La rue est très, très calme.

Absalom hausse un sourcil.

Et c’est un problème, demande-t-il dans la même langue ?
Peut-être…

À l’intérieur de la cantina, en tout cas, la bagarre continue à faire rage, car l’alcool soutient l’opiniâtreté des belligérants. Le regard de Noctis se perd un instant dans le vide, alors que ses sens se déploient. Il écoute, surtout, ce qui se trame au-delà de leur ruelle. Mais il ne lui semble rien percevoir d’anormal. Peut-être parce qu’il manque d’expérience sur Tatooine.

Est-ce dans vos cordes, conclut-il donc, en reportant son attention sur son nouveau contact ?
Fâr Sorem
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[Dialogues traduits du Huttese]


Bordel, c'est qu'il est blond, le type ! Mais, genre, blond blond, pas juste... blond vite fait. Il faut pas croire, c'est assez rare dans la Bordure, cette teinte de poils. Fâr observe le spécimen avec grand intérêt : alors c'est ça, la variante 'hapien' ? Grande nouvelle ! D'ordinaire, ça tire plutôt sur le brun, le noir, le louvet, le moucheté... Faut dire, il a davantage l'habitude des toisons de wookies et de nevalaans que d'une touffe crânienne bien peignée d'humain. Même en infiltration dans une sableuse.

Ma grand-mère tricote des chaussettes pour l’automne.

Bah ça tombe bien, ma tante aussi ! Elles font la paire.

Répond leur hôte de la ruelle sur le même ton guilleret. Dommage que cette voix, déformée par le vocodeur, n'ait pas les accents si délicatement dentelés de celui qui a parlé le premier.

C’est bien aimable à vous de me rencontrer.

Surprise ! Une note étrange lui échappe. Ce fut donc la première et la dernière fois de son existence que Fâr Sorem fut qualifié d'aimable personne.

Y a pas d'quoi, on aime rend'service.

Conclut-il avec cet éternel fantôme de rire entre les syllabes. Ses mains ne restent pas plus de trois secondes en place, animées presque d'une vie propre. Tandis que le garde du corps observe et que le client parle, elles cherchent par tous les moyens à compenser une position statique de trop déplaisante après autant d'adrénaline. La droite a visiblement un objectif en tête, du côté des poches. Sombrêve, lui, le reste de son corps et sa tête, écoutent leur nouvel interlocuteur avec un réel intérêt.

Je cherche à me procurer des psychotropes expérimentaux.

Dans le mille, Émile ! C'est qu'il leur ramène des bons plans, le céphaloclastophile ! Du nez, qu'il a eu d'accepter de faire entrer l'inconnu bien fringué au Dan’Nagoha, des mois, ou peut-être des siècles plus tôt dans cette vie. Pas sûr de comprendre quel lien l'autre brun entretient avec le blond, mais ce ne sont pas ses affaires. Ce qui en sont, en revanche, c'est précisément ce qui les fait faire quelques pas innocents dans le sable qui tient lieu de macadam sur Mos Eisley. Sous l’œil vigilant de la tour de guet pâlichonne et des ombres à peine dissimulées des guetteurs autour de la cantina, l'enquêteur et son entremetteur devise à voix basse, maintenant persuadés de pouvoir échanger pleinement sans entrave sur la raison de leur voyage réciproque :

...Propriétés hallucinogènes, modificateurs d’humeur soudains et radicaux, sérums de vérité d’un nouveau genre, vous voyez le genre.

Genre, des choses de ce genre, il en existe des brassées entières, certaines légendaires depuis des millénaires, d'autres encore à découvrir ! Et si le duo avait dû parier sur un interlocuteur avisé, il aurait gagné son quinté dans l'ordre. Depuis son poste d'homme de main, Sorem n'est pas l'éminence grise derrière cette fourmilière peu disciplinée qu'est le Syndicat. Il n'en est que la porte d'entrée, certes bien gardée, mais que le commerçant de talent doit escompter franchir pour avoir affaire aux grands négociants. A lui de tester si son affaire en est une, et d'y mettre un terme si ce n'est pas le cas.

Je m’intéresse aux effets les plus spectaculaires.

Ah ouais, genre ça paye bien, l'bêche-marquis ? Que ça verse dans l'rencardage indus', p'tet ben ? Du style à s'mettre bien sur l'marché ?

Insinue suavement le ton factieux de l'alien. Sa main a finalement retrouvé ce qu'elle cherchait si désespérément : sa précieuse pipe en métal. Tout en continuant de discourir, et sans regarder le moins du monde ses propres gestes devenus machinaux, il l’allume et en tire un nuage de satisfaction par l'un de ses respirateurs :

Les secrets d'fabrication, kxringèyo, c'pas à vendre ! Mais si tu veux t'taxer une longueur d'avance sur la concurrence, pardi qu't'es au bon endroit. Des trucs bien sympas, sur une paire des catégories qui t’intéresse. Transformé ou pas, sur les mod'opé qu'tu veux, c't'a voir, ça vaut d'se pencher sur c'que tu renifles. Faut gratter plus précis, sinon on t'vend tout'la boutique. Mais dans tous les cas, on vend pas l'assurance avec, ahah ! L'mode d'emploi est pas inclus non plus.

Croit-il nécessaire de préciser avec un sourire qui s'entend plus qu'il ne se voit. Nombre d'espèces autochtones, inconscientes du fait que certains mélanges provoquent des réactions à l'intérieur même de leur organisme, ne prennent aucune précaution particulière lorsqu'elles décident de s'amuser un peu. Un loisir qui se solde parfois, au détour d'un coup malchanceux ou d'un dosage amateur, par un décès... festif ? Mais précoce. Si les épices brutes sont réputées par toute la galaxie pour être pour la plupart des poisons neurotoxiques pour la majorité humaine, d'autres substances moins connues n'en sont pas moins elles aussi à double tranchant. Qu'on ne vienne donc pas accuser les fournisseurs de ne pas avoir prévenu !

P'tet que dans l'spectacle, on a d'l'échantillon qui pourrait t'botter. Mais... des rapports, d' l'infal en scred, du tuyau d'labo et d'arrière burlingue, ça, c't'une autre affaire. Y a pas grand chose qu'on puisse pas t'filer si l'jeu en vaut l'démarreur, ûmaanh’ji mais va falloir qu'on sonde si t'as les moyens d'tes prétentions, tu vois ? C'est d'bonne guerre !

Tout l'avantage de tenir le premier maillon d'une chaîne d'approvisionnement, c'est qu'on a regard direct sur la provenance des matières premières. Néanmoins, la demande du hapien est cavalière : demander une avance stratégique sur ce qui fait les fonds de commerce d'un écosystème entier, rien de moins, c'est déjà mettre ledit système en alerte rouge. Quel est vraiment le dessein du petit humain aux traits ciselés ? Est-il seulement en quête d'un simple produit, ou bien cherche-il autre chose, derrière son air débonnaire ? Il semble avoir un spectre de recherche si large qu'il est difficile pour Sorem de ne pas hausser un sourcil devant une telle requête. Mais il n'a pas fait tout ce chemin pour en rester là : après tout, son audace lui a souvent porté chance.

Elles valent combien, avec ça, les chaussettes artisanales ?

Alors, à combien y s'monterait, ton deal ?


______________


Dans la ruelle adjacente, Tirim garde son poste à l'ombre, planté là comme un curieux lampadaire. Il lorgne toujours avec dépit sur la trace de brûlure laissée sur sa main par le tir. Son petit mètre quatre-vingt dix, qui lui laisse toujours une demi-tête de moins que son aîné, lui permet pour autant d'observer les environs avec un point de vue appréciable. Disposés le long des deux rues qui forment les abords de la cantina, les Sorem guettent, gardiens ni discrets ni particulièrement avenants. Plantés tous les trois mètres, de telle manière à se couvrir les uns les autres, les pykes gardent un regard vigilant sur leur frangin, et aussi, sur l'étrange paire de visiteurs qu'ils sont venus rencontrer. Sans avoir à se montrer menaçant, leur formation en quinconce le long de la ruelle et leur apparence suffisent à dissuader les quelques badauds de se lancer dans une traversée aux allures de guet-apens un peu trop évident.

Pourtant, alors que la discussion privée avec le hapien semble avancer, une silhouette solitaire trouve le courage de foncer au travers de la porte virtuelle crée par les dealers. Petite, vaguement humaine, une capuche de toile rabattue sur la tête, la forme avance à petites foulées rapides. Immédiatement repérée.

Eh ! Toi, là ! T'as rien à faire là ! Dégage.

J'fais qu'passer. souffle une voix rauque.

C'est ça ! Et moi j'fais qu'passer sur ta gueule, aussi ! Dégage, bordel : c'est fermé !

Encore passablement furieux, le cadet Sorem dégaine l'arme à sa hanche, prêt à mettre sa menace à exécution sans l'ombre d'une hésitation. Trop tard pour la discrétion : l'échange virulent a éveillé l'attention de toute la troupe.

__________



Absalom Thorn
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Naturellement, naturellement, fait le Hapien d’un ton conciliant, quand son interlocuteur souligne toute la difficulté de l’affaire. D’ailleurs, je ne me serais pas adressé à…

Un homme ?

… une personne telle que vous si je n’avais pas eu des besoins particuliers. Des drogues, il est possible de s’en fournir partout. Je m’intéresse à plus que cela : je m’intéresse à la science, voyez-vous ?

Quelque part, c’est encore moins rassurant.

Mais s’il faut restreindre le champ des recherches, alors concentrons-nous d’abord sur les produits qui rendent les gens plus maniables. Ceux qui dissipent les résistances. Calmants ou hallucinogènes, peu importe, mais que le sujet puisse survivre à l’expérience, voilà qui est essentiel.

Étrangement, Absalom préfère exercer son influence sur les vivants que les morts : en général, l’odeur est moins incommodante.

Pour ce qui est du paiement, j’imagine qu’il y a plusieurs manières de considérer la chose. S’il n’est question que d’une transaction ponctuelle, je serais ravi de convenir d’un échéancier en fonction de ce que vous serez à même de fournir, et de recevoir des livraisons progressives. Je placerai la somme sur un compte dédié, dont vous pourrez faire expertiser l’approvisionnement. Ceci étant dit, j’entrevois la possibilité d’un arrangement commercial qui nous serait plus profitable à tous les deux. Voyez-vous…

L’homme s’interrompt brusquement. Une vague intuition met ses sens en alerte et, petit à petit, son ouïe s’étend au-delà de la ruelle.

Votre périmètre de sécurité a arrêté quelqu’un, informe-t-il d’une voix lointaine. Mais je crains que ce ne soit qu’un leurre. Il y a quelque chose de l’autre côté.[/color]

Il cligne plusieurs fois des paupières, pour émerger de sa transe et se tourne vers la Kaminoane, pour lui dire en basic :

Chère amie, pourriez-vous jeter un œil à ce qui se trame à l’ouest d’ici ?

L’Inquisitrice s’incline et remonte à grands pas la ruelle, tandis que son maître reporte son attention sur son interlocuteur.

Je disais donc : plus profitable. Vous n’êtes pas sans savoir que le Consortium d’Hapès est un territoire dans lequel il est difficile de pénétrer et qui, pour l’essentiel, vit en autarcie. C’est un vaste marché que vos concurrents peinent à conquérir. Il a naturellement son propre milieu criminel, mais je crois que bien des opportunités restent à y saisir, pour une organisation qui saurait nouer des alliances stratégiques sur place. S’il s’avérait que vous étiez un partenaire fiable et efficace, je serais disposé à vous aider en la matière. Et pourquoi pas à investir dans votre développement sur place.

Un léger grésillement commence à se faire entendre, comme le bruit d’une mouche qui vole tout près de l’oreille. Absalom suit du regard une sphère mécanique, pas plus grosse que son poing, qui s’élève au-dessus des rues sablonneuses de Mos Eisley. Arrivée à quelques mètres au-dessus du toit des immeubles bas qui composent l’essentiel de l’architecture de la ville, l’appareil se met à diffuser une sonore déclaration lue par une voix masculine.

Habitants de Mos Eisley. Le jour de la Purge est arrivé. Vous êtes gangrenés par le vice et le crime, mais le vice et le crime ne sont pas des fatalités. Ceux qui ont pêché retrouveront la voie, dans la vie ou dans la mort. Ceux qui ont vécu une existence sainte seront sauvés.
Et voilà, soupire Absalom pour lui-même, encore une fois, je tombe sur des illuminés.
Les Templiers du Renouveau, poursuit l’enregistrement d’un ton imperturbable, ont porté leur regard bienveillant et protecteur sur toi. Réjouis-toi, Mos Eisley. Tu vas connaître enfin l’aube pure et le soleil éternel.
C’est sûr que c’est ça qui manque, ici. Plus de soleil.

À peine le message terminé, la sphère fonce à toute vitesse sur la cantina où la bagarre fait encore rage. Instinctivement, Absalom tend la main vers elle, les doigts écartés, et le petit appareil se fige dans le ciel. L’engin vibre, de plus en plus vite, et il a même l’audace de se mettre à luire.

Hmmm… J’ai un mauvais pressentiment…

Le sorcier fait pivoter sa main et la sphère est propulsée en arrière dans le ciel. La seconde d’après, elle explose, avec une violence qui aurait soufflé la cantina si elle avait atteint son but. Aussitôt, des cris se répandent dans la ville, car d’autres explosions ont eu lieu, ailleurs : des engins similaires, après avoir diffusé leur message énigmatique dans divers quartiers de la petite cité, ont réussi leur attentat.

Les Templiers ne font pas dans la dentelle : en même temps que les tavernes de criminel, ils soufflent des immeubles d’habitation attenants. Chacun peut constater que la rédemption proposée s’accommode sans peine du décès prématuré du pécheur.

M… maître…

C’est la voix de Darth Venenous, mais la communication peine à s’établir entre les deux comlinks.

Je suis pr… une sorte de mili… zaine d’hommes… ourdement arm… vos ordres.
Répétez le nombre. On vous entend mal.

Mais pour toute réponse, le sorcier n’obtient qu’une série de grésillements. Voilà qui est contrariant, mais il y a moins de raison de s’inquiéter pour la Kaminoane que pour ceux qui croiseraient son chemin.

Monsieur, dit-il en rangeant son comlink, peut-être serait-il opportun…

Tirs de blaster dans le lointain.

… que nous différions notre négociation, le temps de se pencher sur le problème du moment.

Par-dessus le bruit des combats qui commencent à se tenir dans les rues de Mos Eisley, de nouveaux drones, en circulant au-dessus des bâtiments, diffusent un curieux chant polyphonique.
Fâr Sorem
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You wanna' sell me death sticks





______________
[Dialogues traduits du Huttese]

Votre périmètre de sécurité a arrêté quelqu’un.

Mh ? La phrase sonne comme un curieux 'vous avez un nouveau message', et le visage pâle du hapien s'est teinté de méfiance. Sans bouger la tête, Fâr fait glisser son regard oblique vers le même point d'attention, intrigué. Le dos du grand garde du corps disparaît à l'angle. D'où tient-il cette information, l'autre ? La réponse lui parvient quelques secondes après que la question lui ait traversé l'esprit : des exclamations portées en échos par les murs de la rue. Ah, cet après-midi était vraiment trop calme ! Sur l'instant, le public ne s'en alarme pas outre mesure : que serait la Bordure sans un peu d'animation ?

Bah c'est l'but, p'tet bien ?

La pertinence, l'impertinence, cousines à la vie, à la mort.

Je disais donc : plus profitable.

Quand on résume la chose à l'essentiel : nous disons, 'profitable' ! Pas besoin de traduction. Là, l'attention de Sorem est de nouveau entière. Qu'est-ce donc que cette proposition si particulière ?

Vous n’êtes pas sans savoir que le Consortium d’Hapès est un territoire dans lequel il est difficile de pénétrer et qui, pour l’essentiel, vit en autarcie. C’est un vaste marché que vos concurrents peinent à conquérir...

A son âge et son vécu, Sorem n'a pas les armes pour penser à une telle échelle. Mais le mot 'stratégie' n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, oh que non ! Il sait déjà que les propos du hapien seront écoutés avec grande attention par ses pairs, qu'on ne rate pas une porte si grande ouverte. Pour sa gloriole personnelle, mais pour l'avenir de la Famille tout entière, le premier pas peut être le meilleur comme le pire. Il faut bien un type avec un culot comme le sien pour oser le faire ? Allez, avec les deux pieds.

Mh. T'es un bon en balnave, kxringè' ! J'adhère, ça vend bien là, ça chante, et on est pas du genre à faire d'la reculade quand l'occas' est bonne. Hapès, hein ? L'style de coin qu'les ratpis kiffent pas des masses. Si l'nesbi est si calé d'par chez toi, la fiabilité, on en f'ra notr'affaire : t'auras rapido la preuve qu'on prend pas les bons clients pour des payots.

Pour le Syndicat, se tailler une part dans le gâteau de l’Échange reste une vieille marotte. Une sorte d'endless game au travers des derniers siècles, aussi. Mais peut-être la guerre a-t-elle achevé de rebattre le deck ? Le vieux conglomérat criminel s'effrite-t-il sous le poids du temps ? De nouveaux challengers émergent de partout dans cette galaxie en feu et n'attendent pas pour prendre un ticket.

Sorem comprend où veut en venir le petit humain blond. Il a ce quelque chose, indéfini, au-delà de son physique atypique pour un humain, qui incite le pyke à le croire. Il a bien pensé que celui qui viendrait se trainer si loin dans les dunes brûlantes ne le ferait pas pour trop peu. Est-ce que ce hapien-là cherche ailleurs que dans sa nébuleuse un soutien d'un genre très particulier ? Les alliances, dans la pègre, sont comme la météo, différentes chaque jours qui passe. Mais quand deux univers si différents se rapprochent, qui sait ce qui peut advenir ?

En guise de ponctuation, Fâr reprend une longue seconde de confortable silence pour tirer de nouveau sur le bec métallique de son instrument à vent.

C'est le moment très opportun que choisit une petite sonde pour taper l'incruste dans leur rue. Étonné, puis méfiant, Sorem la suit des yeux sans bouger. Lorsque la chose prend clairement leur position pour point de chute, sa main droite glisse instantanément sur son blaster, tandis que l'autre demeure encore en place. Un enregistrement se lance alors. Instant dramatique. Le contenu de l'extrait vaut le détour : Sorem manque de respirer sa fumée de travers tant le discours est hilarant de sérieux.

Wow wow wow ! Ziav', refais-la moi là ? Hein ? Askip' c'est gang-runné par des vis ? Mah kes' tu jactes ma gueule ? Toi, t'as pas vrem's tenu la spik', faut pas bédave en plein cagnard si tu gères pas, t'sais quoi ? Allez !

Rire. La sonde continue sa ronde.

Hmmm… J’ai un mauvais pressentiment…

Travel-on sur les yeux clairs de l'individu, tension dans l'air.

Hm ?

C'est parfois pratique, d'avoir des pressentiments ! Le proche-humain fait un geste vif, suspendu dans l'air, une chose très bizarre compte tenu du contexte. Sorem se fige. La conséquence de l'action ne suit pas sa logique habituelle, car l'objet virevoltant est effectivement impacté par le petit tournemain malgré la distance qui les sépare.

Incrédule, Fâr voit l'objet se faire projeter très haut, jusqu'à ce qu'une explosion digne d'un vrai feu d'artifice décore le ciel au-dessus de leurs têtes.

Sa race, ça déchire c'bordel ! M'en faut un !

Puis, les fumerolles perdant tout attrait par rapport à ses idées immédiates, la méfiance de Fâr se mue brusquement en chafouinerie :

Eh, stylé, l'petit trick de kêzalníkx* en loucedé !

Pour expliciter sa remarque, le pyke croit bon d’imiter le geste du hapien, celui qui a déclenché l'action de Force. Mais là, rien ne se passe, évidemment, sinon un intense moment de théâtre de mime. C'est sûr qu'avec un utilisateur de la Force dans les parages, le jeu ne prend pas la même allure ! Dans ces coins reculés de la galaxie, la culture commune n'en reconnaît que de deux types, entre lesquels on ne saisit pas toujours la nuance : les Jedi, et les Sith. Fâr, dont le niveau d'éducation global doit atteindre à grand peine le premier sous-sol, avec quelques nuances âprement gagnées au fil du temps, pioche au hasard dans cette maigre culture générale :

T'es quoi en fait, un jis'deiy** képlan ?

Les uns et les autres n'ont jamais été de très bons partenaires commerciaux pour le marché noir, à quelques rares exceptions près. Va-t-on confirmer la règle en y collant une exception ?

Le comlink du client met fin à leur conversation badine : la voix du garde du corps, hachée, fait part d'une complication imprévue à l'ouest. Laquelle n'est sans doute pas étrangère aux bruits qui émanent maintenant de l'ensemble de la ville. Le décors reste identique, l'ambiance en revanche, change radicalement !

Monsieur, peut-être serait-il opportun… que nous différions notre négociation, le temps de se pencher sur le problème du moment.

J'kiffe pas bésef les différations d'opportun quand y a négo', clarem's.

Ils quittent leur poste au calme dans l'ombre de l'arrière boutique pour remonter la rue quatre à quatre, en direction du reste du groupe.

La forme encapuchonnée détalle au coin de rue, sans demander son reste, alors que Tirim, plus furieux encore qu'il ne l'a été trois minutes auparavant, se relève péniblement sous le ricanement discret de Tisha, deux pas derrière lui. La kaminoane, elle, s'époussette d'un revers de main élégant. Visiblement, sa venue a mis fin à tout ce qui menaçait de partir en live. Les pykes échangent des regards illisibles au travers de leurs masques. Personne n'approche la grande alien, mais tout le monde l'observe avec méfiance. C'est que le vol qu'elle vient d'infliger à l'intrus a été si magistral que personne n'a envie de finir de la même façon. Elle ne semble pas s'en soucier outre mesure, et d'ailleurs... Voilà les deux autres qui se ramènent.

Tout le monde observe ce qui se trame depuis le coin de rue encore protégé pour... quelques minutes ? Secondes ? Fâr toque de l'index contre le bras du hapien et d'un geste, désigne l'armée improvisée qui ratisse la ville :

Eh... Ton truc, avec la Force... T'peux l'refaire sur les gol d'la street d'en face, en vrai ?

C'est que la technique pourrait d'avérer d'une utilité certaine, selon lui. Au milieu de la tornade de tirs et de projectiles, un groupe armé forme une ligne serrée, qui avance en ordre le long de l'allée centrale de Mos Eisley. Leur costume ne laisse aucun doute sur leurs desseins : armures lourdes, casques d'inspiration vaguement mandalorienne, capes couleur sable flottant au vent floquée d'un double soleil aux rayons agressifs, blasters et fusils laser au clair, ils ne sont pas venus coller des gommettes.

Leur apparence a quelque chose de vieillot, propre à entrer dans le thème 'sable incrusté' de Tatooine. Les gens venus épouser le désert sur ce caillou ont l'air de finir invariablement par avoir les mêmes goûts vestimentaires.

Sorem se délecte du spectacle comme un gamin ayant réussi à entrer dans un stade de Huttball sans payer le ticket.

Ok, j'suppose qu'si on veut pas s'faire purifier la gueule comme des 'niards va falloir montrer qu'on sait faire la fête ?

Cette phrase est un sourire à elle seule, apparemment :

On peut rallier la sortie d'la téci rapidos et y piquer quelques bécanes : m'étonnerait qu'ces pantins s'soient radinés à pattes d'puis l'fond d'leur désert. Avec ça, tenter d'leur faire une caval'rie pour défoncer leur bat'ries lourdes, et d'profiter qu'on soit sur leur flanc pour les obliger à s'disperser, p'tet ben !

Il s'adresse à leurs deux visiteurs en goguette, pour cette fois. Difficile de savoir si l'activité au programme ce jour sera à leur goût. Toujours le même problème, lorsqu'on a un groupe : on est jamais sûr de plaire à tout le monde.

J'me charge de la diversion, et vous profitez du 'd'mi-tour droite' pour rusher à travers l'front. Et après ? ... Faut scinder leur gueule et s'les faire un par un.

En fait, dans sa large tête, Fâr n'a jamais vraiment eu l'intention de demander la permission à qui ou quoi que ce soit. Une nouvelle explosion manque de les noyer sous la poussière, et c'est le moment que choisi le porte-flingue pour déclencher son action :

Allez, go !

Le voilà donc parti comme une flèche dans le brouillard, ses ombres sur les talons, pour traverser le champ de bataille de la rue principale. Un tir ricoche sur son bouclier, puis deux. Il décide de se soustraire à la ligne de tir en passant au milieu de l'un des groupes de mercenaires qui tient encore sa position. A plusieurs pas en arrière, encore sur l'angle de rue, Tirim réalise brutalement que son voyage dans le sable l'a délesté d'un objet pourtant essentiel :

Eeh meeeeerde, il m'a carotte la clef du speed, l'enfoiré !!! J'vais m'le faire...

P'tain, t'es vrem's une brelle, t'sais oik's ?

J't'emmerde !

L'un des assaillants, muni d'une imposante mitrailleuse laser, arrose sans discontinuer le maigre front des bandits qui a subit de lourdes pertes. Jouant sur sa vitesse et son agilité, le pyke slalome entre les tireurs et utilise fortuitement le corps d'un vieux contrebandier à terre pour réceptionner l'une des rafales à sa place. Il parvient à se glisser entre deux bâtisses, alors qu'une dizaine de templiers lance la charge pour finir les pécheurs du jour au corps à corps. A la faveur d'un renfoncement, il cale son dos contre le premier mur et se propulse ses jambes contre le second, recommence, et parvient à se hisser sur l'un des toits plats de Mos Eisley. Sa longue silhouette s’aplatit et il franchit plusieurs toitures, échappant momentanément à la boucherie d'en bas. Deux templiers, restés en retrait de la première compagnie, surveille leurs arrières depuis la devanture d'un comptoir commercial, dont la large enseigne rouillée, endommagée par les tirs, leur fait de l'ombre. Avec un rapide regard vers la situation du reste du groupe, Sorem juge que cette cible lui convient.

Sans attendre de meilleurs lendemains, il saute du haut du toit et atterrit sur ses deux pieds, blasters en main, dans le dos des deux illuminés. L’atterrissage d'un alien de deux mètres n'étant pas un exemple de discrétion quoi qu'on en dise, tout le monde se retourne immédiatement. Ce qui, bien sûr, est le but premier de la manœuvre : quand on est pas discret, on essaye rarement de le paraitre, si ?

Bel' tosma, pour des gol du désert sans thune ! Z'avez cléra les Jawa pour crafter d'la blinque en loucedé des Hutts ou oik's, là ?

Comme n'importe qui de sensé l'aurait fait, les deux apôtres de la bronzette infinie dégainent leurs armes en un seul et unique mouvement, verrouillant le fou solitaire. Enfin, solitaire, en apparence ? Mais la vitesse de dégaine des zouaves ne leur permettent pas d'anticiper l'attaque de Sorem, qui, ses armes déjà en joue, a gardé l'initiative. Ambidextre inné, sa droite et sa gauche tirent en même temps, les deux touches visant non pas les templiers... mais uniquement leurs armes. L'arme du premier lui saute des mains, manque d'exploser lorsque le plasma touche l'intérieur du canon, alors que le second parvient à maîtriser la déviation porté par le coup.

Le premier templier recule, poings en position de défense, visiblement entrainé, et les combattants se font face. Dans le secret de son casque, le pyke calcule rapidement la position des types : peu de chance que ses blasters parviennent à percer l'armure. Pas de bouclier visible, mais ça ne veut rien dire. Alors, comment utiliser l'environnement à son avantage, avec tout ce sable de m...?

Je ne saisis pas un traître mot de ton baratin, maraud ! Cesse de déblatérer des inepties !

Quoi ? C' bien vous, les Tabliers du Caniveau ?

Les Templiers du Renouveau !!!

Baaah, c'pareil, y a juste les lettres qui changent.

Toujours cette incompatibilité culturelle.

Résistance futile, fanfaronnade bravache sans intérêt...! Mais un tel affront ne restera pas impuni ! Prépare-toi à mourir, félon ! Crois-tu un seul instant que tu pourras te défaire des soldats de la Voie Juste par ta seule rouerie ?! Rien ne pourra entraver le Renouveau !

Oh ! Eh, sa race, on s'en carre de ton renouveau, l'narvalo ! Retourne maroufler dans ton ragegar' et arrête d'faire chier l'petit commerce local ! Y a suffisamment degun dans c'coin d'ses morts pour pas venir fout'le dawa sur l'marché !

Jacassez donc ! Tant que vous le pouvez encore, damnés ! Aujourd'hui, cette planète va connaître la délivrance tant attendue ! Vos inepties n'ont aucune valeur face à notre force consacrée ! Il est trop tard pour vous repentir de votre vilénie : le seul salut se trouvera par l'expiation ! Venez donc goûter à votre châtiment !

Fais-moi plez, ma gueule ! J'aime bien êt'châtié... Mais pas dans l'sable, par contre.

Cette fois, la réponse se fait sous la forme d'une salve de plasma accompagnée d'un cri guttural. A-t-on idée de faire des sous-entendus très limites à un fanatique religieux, en même temps ? Fâr esquive la première et encaisse frontalement la seconde. Son bouclier marque son désaccord en émettant un bip net et clair : à trop jouer... Mais ses réflexes ont pris le dessus et les deux canons visent les montants métalliques de la large plaque écaillée de 'Cay Wahuota'litka'*** . Quatre coups partent en suivant, ne laissant qu'une courte seconde au pyke pour s'extraire de son propre piège. L'alien fait un large bond en arrière.

L'enseigne s'effondre, arrache la partie friable du mur de torchis, emportant sous les décombres les deux profils encasqués des templiers. Couvert de blanc de plâtre et de sable de la tête aux pieds, le jeune lieutenant exhale un nuage de poussière et de fumée avec agacement :

Les Templiers du Renouveau. Tssssss...

Il tire une capsule de l'une de ses poches et observe devant lui les quelques assaillants de l'arrière garde qui l'ont repéré, pas vraiment stressé par la situation pourtant devenue critique :

...Pourquoi pas la 'Fraternité d'l'Amour Éternel', tant qu'on y est !

D'ailleurs, ils sont passés où, les deux magiciens en vacances ? Sans attendre la réponse, il entreprend de s'attaquer à la suite des opérations.

C'est qu'on est pas sorti du sable.
__________

*trad. du pyke : litt. "prestidigitateur", désigne les utilisateurs de la Force en règle générale, toute orientation confondue.
**trad. du pyke : mot transparent, déformation de "Jedi"
***trad. du huttese : 'Aux Saveurs Désertiques'


Absalom Thorn
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Le Hapien et la Kaminoane, debout au milieu de la rue, suivent du regard avec ne certaine placidité leur bondissant interlocuteur qui s’éloigne dans la poussière et le danger.

Maître ?
Chère amie ?
Avez-vous compris un traître mot à ce qu’il vient de nous dire ?
Plus ou moins.
Ah.
Il était question de speeders.
Très bien.

Une grenade vole dans leur direction, mais Absalom la dévie d’une légère impulsion télékinésique.

Je crois.
Je propose que nous sombrions dans la violence et la brutalité.
Fort bien, fort bien.
Mais avant cela…

La grenade explose quelque part, il y a un cri, pour le bruit spongieux de chair fraîche qui gicle contre un mur.

… vous devriez probablement changer de vêtements.

Car en toutes circonstances, la garde-robe reste la première des priorités. D’ailleurs, Absalom hoche la tête et les deux anciens Siths s’éloignent à grands pas, pour s’inviter chez l’habitant. Ils pénètrent dans une petite bâtisse ronde en terre cuite, à l’intérieur de laquelle un couple d’humains — probablement — quarantenaires — probablement aussi, poussent une exclamation horrifiée en guise de mot de bienvenue.

Le mari les pointe d’une carabine blaster aussi rouillée que tremblotante, mais Ana Su pose sur lui un tel regard qu’il finit par renoncer à ses projets protecteurs. Pendant ce temps, Absalom ôte son blouson, ce qui fait tout de même une consolation pour madame, qui n’a pas eu souvent l’occasion dans la vie d’en voir, des spécimens comme celui-là.

Monsieur jette un coup d’oeil à son épouse occupée à se rincer le sien, tandis qu’un dangereux psychopathe enfile dans son salon un long manteau d’un bleu sombre tout liséré de fil d’or. Absalom ajuste le col de la légendaire bure de la Vallée des Sables, referme son sac à dos et adresse un signe de tête à son inquisitrice.

Madame, monsieur, dit-il tout de même avec courtoisie, votre hospitalité a été…

Et là, un type défonce le matériel.

La Voie Juste frappe à votre porte, déclare-t-il après l’avoir fait voler, ladite porte, d’un puissant coup de pied à travers la pièce.

Le paladin pénètre d’un pas lourd dans la pièce et considère tour à tour les quatre occupants, en tapotant de ses doigts gantés un blaster lourd qui repose contre sa hanche.

Vous vous adonnez à la fornication et vous convoitez la femme de votre voisin. Réjouissez-vous : le jour du jugement d…

Vvvwoom.

Et le corps du prédicateur, privé de sa tête par une belle plaie cautérisée à la chaleur d’un sabre laser, s’effondre lourdement sur le sol.

Mais enfin, Ana !
Quoi, fait la Kaminoane en éteignant son arme ?
Hiiiiiiii, interjecte la femme !
Nous aurions pu l’interroger.
Ah.

L’Inquisitrice pose un regard pensif sur la tête encasquée qui continue à rouler deux ou trois mètres avant de buter contre le pied de la table.

C’est vrai, concède-t-elle.
Bon, ce n’est pas grave. J’imagine que nous en trouverons d’autres. Madame, monsieur, mes hommages.

Il leur adresse un signe de tête et sort dans la rue, c’est-à-dire en plein apocalypse. Ça tire de tous les côtés, des gens ont l’impolitesse de mourir sur la voie publique, deux ou trois gangs du coin se sont mis à jeter des explosifs par question de principes, et des marchands prévoyants ont activé leurs droïdes assassins personnels qui se sont lancés dans une opération de nettoyage relativement indiscriminée. Il y en a un notamment qui flambe tout ce qui lui passe devant le lance-flamme en répétant en boucle de sa voix synthétique :

Merci de votre coopération.

Darth Venenous pousse un long soupir.

Tout est toujours si chaotique avec vous…
Divertissant, vous voulez dire ?
Si vous le dites…

Et elle active la double lame rouge de son sabre laser.

On a beau être un templier plein de convictions, il y a quand même comme ça des spectacles qui invitent à la circonspection, et une Sith qui surgit comme ça en pleine confession généralisée à des dizaines de systèmes de l’Empire, c’est joyeux comme une rage de dent.

Mais, étrangement, ce n’est pas l’irruption de la guerrière qui refroidit le plus les zélotes de l’éradication sotériologique, mais la silhouette quasi poétique d’un homme dont les cheveux blonds flottent avec angélisme dans le souffle des explosions et du désert. Une vague de peur se répand dans le petit détachement qui a progressé jusque-là, et la peur se mue en panique, puis la panique en terreur.

Soudain, on se reproche sa passion pour les bondieuseries et le salut commun et on se met à regretter de ne pas avoir ouvert une ferme à champignons comme son papa. Des paladins s’enfuient à toutes jambes, tandis que les plus courageux pointent en tremblotant un canon indécis sur l’homme qui s’avance vers eux. Absalom les abaisse vers le sol avec délicatesse.

Tant de violence et au fond si peu de conviction, se désole le sorcier à mi-voix tandis qu’un homme s’évanouit à ses pieds et se met à convulser, une écume sanglante au bord des lèvres.

Il promène un regard inquisiteur sur les trois autres.

Quelqu’un est-il disposé à parler ?

La terreur, c’est une chose, la trahison, c’en est une autre, et avec un certain courage on oppose un silence de mort à sa question. Hélas, le courage n’est pas toujours la décision la plus intelligente et un second paladin, brutalement affaibli, tombe à genoux avant de tourner de l’oeil.

L’un des deux autres lance un coup de poing au Hapien.

Courageux !
(Mais futile.)

Une bande de tissu jaillit en même temps de la bure de la Vallée des Sables, s’enroule autour du poignet du malheureux et dévie le coup, avant de lui libérer le bras.

Celui-ci, dit Absalom à son associée.

L’instant d’après, une lame rouge transperce le front de celui qui n’a pas osé le frapper, pendant que son maître se tourne vers le dernier survivant.

Vous êtes un jeune homme plein de tempérament, dites moi.
Je… je… je…
Oh, épargnez-vous cet effort, mon ami : parler ne vous sera pas utile.

Et Absalom pose la main sur le front de sa victime, pour entreprendre aussitôt de lui arracher ses souvenirs les plus récents. Dans le même temps, un bruit assourdissant se fait entendre : un vaisseau venu d’on ne sait où couvre de son ombre une partie de Mos Eisley. On dirait une vieille frégate impériale, du genre à ne plus être en service depuis un moment, mais son ventre est marqué du même symbole, gigantesque cette fois-ci, qui ornent les armures des templiers.

Pendant ce temps, les habitants du coin ont rencontré un certain succès sur un autre terrain de bataille, autour de l’astroport, et des vaisseaux commencent à s’élever, comme une nuée de mouches, certains décidés à fuir cette incompréhensible menace, d’autres à canarder le bâtiment qui survole leur ville.

Absalom abaisse la main et son témoin involontaire tombe inconscient dans le sable.

Alors ?
Il n’est qu’un simple initié, mais il semblerait que nous ayons affaire à un groupe de fanatiques qui opèrent dans les secteurs avoisinants et qui mêle une théologie manichéenne ultra-conservatrice et un ressentiment bien compréhensible face aux exactions des bandes criminelles. Ils m’ont tout de même l’air bien financés, pour des illuminés, mais ce simple fantassin ne sait pas grand-chose de la source de tous ces équipements.
Et que fait-on ?
On cherche le chef. Un grand humain balafré, à ce que j’ai compris.
Les chefs sont toujours balafrés.
N’est-ce pas que c’est pratique ?

Le chef a aussi l’amabilité de se signaler par le maniement d’une énorme vibrépée dont il se sert pour offrir la repentance (et la décapitation) aux gens du cru, avec un rire plein d’allégresse qui sent bon la satisfaction du travail bien fait.
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