Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Payara - Pont principal



"- Le Commander est blessé ! "

"- Faites de la place, on va l'allonger ici!"

"- Plus vite devant, il est brûlant..."

"- Il perd beaucoup de sang! Où sont les infirmiers?!"

Le navire entier est en effervescence. L'équipage s'éprouve sur la titanesque machine pour la porter malgré son poids, malgré son volume, malgré la température encore brûlante de son acier chauffé à blanc, trempé et tiédit, à présent glissant. Sa main droite est toujours fermée sur un poignard maculé de sang - minuscule dans la paume immense - témoin silencieux de la lutte furieuse qui s'est tenue quelques minutes plus tôt. On ramène ses effets: sa longue cape gorgée d'eau et de poussière, ainsi qu'une fine broche d'un métal et de facture proprement alien, en forme de croissant lunaire.

Les infirmiers se hâtent autour du monstre! Respire-t-il toujours? Oui, peut-on trouver son pouls? Impossible d'accéder à la peau, il est dans son armure comme dans un coffre fort! On surveillera ses organes par holoscans! Une sphère médicale rétropropulsée vient flotter en vrombissant au-dessus du cyborg, qu'on étend sur un chariot de transport - véritable plateforme à lève-répulseurs destinée au matériel de hangar lourd. L'équipe médicale prend le relais, on descend vers le pont médical. La sphère noire reste au-dessus du torse artificiel, ses trois lentilles scannent méticuleusement le Commander en émettant des "boup" doux périodiques. Bientôt les coursives avalent l'inopiné brancard, et les dialogues pressés des urgentistes ne sont plus qu'un écho noyé par le grondement perpétuel de la puissante machinerie qu'est le Payara.

Les équipes reprennent leurs postes, chapeautées par les commandants Zurukk et Mabro, désormais maîtres de la flotte par la chute de Zerath Ular'Iim.

Mais tandis que les soldats rejoignent les canons, que les opérateurs retournent à leurs naviordinateurs, que les pilotes préparent à nouveau leurs manœuvres, un vent sinistre souffle sur la flotte. Leur Commander, le héros d'Arda, a-t-il échoué? Aurait-il été préférable de reculer, de se conformer aux directives de l'État Major? Et quelle suite s'annonce pour la flotte?

Une attente fébrile brûle dans les cœurs : l'angoisse - et ses braises sont la haine. Est-ce la guerre qui menace? Les visages se ferment, l'ébullition est devenue tétanie. Leur supérieur, allongé aux soins médicaux expire ses derniers instants. Il a donné sa vie pour la cause. Pour ses hommes.

Chaque cœur ne bat plus que pour une attente. Qu'on l'en délivre seulement! Qu'on prononce les mots, et que se déchaîne l'enfer! "Ouvrez le feu" et on engloutira les traîtres, on vengera le prêtre tombé, et tous ceux qui en bas ont payé de leur vie pour avoir osé croire que l'Empire tiendrait ses promesses. Leur grand stratège vit peut-être ses dernières secondes mais son sacrifice ne sera pas vain. Il a montré la voie, sans armes, il a montré que l'Empire peut saigner, il ne reste qu'à suivre son exemple.



Les regards se teintent de surprise devant les instruments. Le constat se fait parole:

"- La flotte Sith bat en retraite..."

Un malaise s'empare des cœurs, une frustration qui peine à avouer un profond soulagement. On raille l'Empire couard, l'Empire fuyard, l'Empire pleutre; sa fuite n'est-elle pas preuve de sa culpabilité, de la perfidie qu'il tentait de démentir?

"- Ils reculent, oui, mais pour revenir en force." affirment certains d'un ton à discerner les plus profondes confidences stellaires.

"- Leur amiral a été blessé. Le Commander a la lame cruelle. J'ai entendu dire que son peuple utilise des poisons mortels. Le chien impérial n'en a plus pour longtemps."

Les rumeurs et hypothèses les plus folles courent dans le rang, des prochaines décisions tactiques impériales, des supposées toxines redoutables que manie le Commander - savant mélange de magie et de biochimie.

"- C'est comme ça qu'il s'est enflammé. Il prie toujours dans sa langue étrange, il y a de la magie là dessous, ou de la Force."

Sur les craintes de l'Empire, on apporte bientôt la lumière : le discours public et les ordres de Darth Khorog expliquent la retraite inopinée. Si des incrédules observent l'espace noir avec défiance, dans l'attente d'une autre attaque, on s'avoue enfin la réalité que chacun espérait follement:

Les heures affreuses sont passées.

Et, qu'il usa de magie ou de pure ingéniosité, le Commander a réussi son pari: il a tenu l'Empire immobile assez longtemps pour éviter à ses hommes de trop lourdes pertes.

Dans l'infirmerie, on s'acharne autour du reptile. La bataille d'Ossus est terminée.



***




Une eau trouble, épaisse, gluante. L'impression de flotter dans un bain glacé, une apesanteur inhabituelle. Il inspire profondément, un air froid envahit sa gorge, descend dans son torse, enfle ses poumons puis sort en cohortes bulleuses qui s'en vont - taquines - fébrilement vers la surface. Le monde est aplati, comme si l'on l'avait étiré en un curieux papier peint sur sa toile courbée. On distingue de cette étrange fenêtre deux lourdes consoles, bardées de capteurs, connectées à de gros fils sombres qui vont serpenter au plafond. On voit à leur gauche aussi un grand cylindre translucide où par transparence apparaît un piston en accordéon, qui monte et descend au rythme de la profonde respiration. Sa respiration.

Et bien sûr, il y a le public immobile - désincarné. Il y a les formes humanoïdes, aux yeux vides, circulaires, ces visages figés qui guettent sans être attentifs, qui observent sans percevoir, qui agissent sans cognition. L'un d'entre eux, dans son rythme tout mécanique, va aux consoles et y opère une combinaison dont lui seul a le secret.

Un rideau de bulles avale le monde et sa conscience.



Ses constantes sont à nouveau stables.

Mais son foie était tranché de part en part...!

Il a cicatrisé grâce au bain kolto.

Vous nous sous-estimez, khaan aemal.

Son pronostic vital n'est plus engagé.

Va-t'il se réveiller ?

Il l'a déjà été.

Et son armure?

Nous n'aurions pas pu le sortir sans l'aide de madame.

Nous vous devons donc sa survie. A-t-il reçu une greffe de votre part?

Non. Ce combat, il doit mener seul. Je ne peux déshonorer sa lutte en y prenant part.

Et vous êtes...?




Zerath sursaute, inspire! Avide d'air, comme un plongeur resté trop longtemps en apnée qui brise la surface de l'onde en un ultime effort, et ses yeux se gorgent avec peine du jour naissant. Il avale à grandes lampées l'air matinal qui enfle joyeusement son torse à chacune de ses inspirations encore saccadées - comme s'éveillant d'un cauchemar. L'aveuglante blancheur qui accueille son réveil s'atténue. Les contours de la matière se figent devant ses sens. Le monde, d'abord flou, devient à chaque battement de paupières plus net. Les arêtes s'aiguisent, les ombres se projettent, les reflets se précisent.

Puis parvient le ronronnement doux d'une lointaine ventilation. Une alimentation liquide qui bulle tranquillement. Une holo-horloge aux bips réguliers. Il flotte une odeur aseptisée aussi, de chlore mais pourtant il lui parvient aussi la fraîcheur de fleurs sauvages.

Et qu'est-ce...?

Zerath penche la tête vers l'avant. Un rayon de soleil s'est glissé entre les stores blancs, joueur il s’étale le long de sa peau, la pénètre d’une chaude douceur. Longtemps n’a-t-il sentie la température du monde, reclus dans son armure ouvragée - une carapace de froid et d’obscurité; où le corps se prend à lentement s’asphyxier. Libre un instant de ses chaînes, libre de ce qu’il est, le prêtre se baigne dans les rayons de l’aube revigorante; ses écailles luisent dans le matin argenté, de cuivre là où autrefois on ne pouvait que du noir distinguer. Il savoure l’écoulement du soleil sur sa peau et du temps qui s’étire sans échéances; une montre qui n’attend aucune finalité, un monde qui tourne sans urgence. Son esprit s’étend dans toutes les sensations que lui procure la clarté de l’aurore; il goûte l’air du monde qui s’éveille à peine, savoure le jour nouveau qui l’accueille.

Sa conscience pleinement éveillée, il observe son torse; son épiderme a retrouvé sa splendeur d’antan. Là où n’étaient que brûlures, à présent de jeunes écailles bourgeonnent. Où on ne voyait que balafres, désormais la peau est unie.

Et sur son torse, sur son ventre, dans son dos, aux joues, il n'est plus nulle douleur…! Plus cette sensation d'être dévoré par un éternel glouton incandescent, plus de chairs en perpétuels charbons ardents.

An’mia Tha’l Awt* l'a véritablement tué; et la pluie salvatrice, clémente et nourricière, a fait naître des cendres une âme à neuf. Zerath, pourtant, n'est pas entier. Il détaille la pièce autour de lui. C'est une chambre sommaire, aux murs beiges de plastacier. Dans les parois on a aménagé des cavités rectangulaires, qui s'agencent en curieuses suites anguleuses. Sur la droite de Zerath, trois petites consoles, qui affichent sur leur écran carré des graphismes changeants à chaque seconde, verts sur fond noir. Au plafond, cinq gros tuyaux courent du pan de mur opposé, serpentent puis disparaissent sur le mur gauche. Et face à Zerath, sur une table beige - sans pieds, comme un bas-relief intégré au mur - là repose un vêtement violacé, plié avec soin. À son côté repose un précieux brassard, une pièce ouvragée et brillante, incrustée de pierres précieuses chatoyantes dans le jour naissant. Sur le vêtement, au-dessus d'une broche qui zigzague en croissant lunaire érodé est déposée innocemment une fleur solitaire. Zerath se fige. Même d'ici, il en connaît les pétales. Sans la sentir, il sait son parfum.
Et il en devine la portée: viens me cueillir si tu l'oses!

Il observe encore ses alentours. À sa gauche repose, vide, sa grande armure. Sa surface, couleur os, est parfaitement uniforme. Zerath fronce les sourcils. Cela n'est pas normal. Il devrait y avoir au torse une grande entaille, là où son adversaire l'a frappé...Pourquoi le métal est-il indemne?

Et...Où sont donc passés les bras et jambes du squelette…?

Zerath réalise subitement les reliefs anormaux sous sa couverture; ses jambes se prolongent bien au-delà des cuisses. Et ses bras…Il lève le biceps gauche; de sous les draps jaillit son moignon, mais à la limite où s'arrête normalement la chair se prolonge désormais le métal. Zerath détaille les anneaux concentriques qui agrippent sa chair, incrustés soigneusement de motifs complexes. Technologie Xi Char, à n'en pas douter. Mais l'interface...L'interface est nouvelle. Inédite. Permanente, intime une voix subconsciente.

Il ne pouvait en être autrement: son corps et son âme ont été purifiés par le rituel. Zerath a péri contre l'amiral Antarxarxès, et Zerath est revenu de la mort. Mais une telle renaissance de la chair et de la psychée ne pouvait se faire qu'à travers l'accouchement le plus pur de son âme.

Du corps ou de l'âme, lequel est venu le premier?

Aucun. Le corps est l'âme et l'âme est le corps. Zerath est entier. Par les flammes, il est tombé, et par le feu il s'est relevé. Repoussant la chaleur des draps, le grand prêtre se lève, se dresse de toute sa hauteur, drapé d'une chemise médicale blanche dans laquelle il tient à peine. Son état médical ne l'a jamais empêché de pratiquer les rites des siens - et un prêtre de la guerre affûte son corps autant que son esprit.

Sur la droite de sa chambre, une petite porte débouche sur une douche automatique minuscule. Après une douche soigneuse, le kaleesh se dirige vers la table. Avec un geste pieux - comme soudain enfant ingénu - il tend son index et son pouce, qui répondent parfaitement. Il cueille la fleur, en porte les arômes enivrants à ses narines.

Un parfum sucré, sauvage pourtant, corsé et rêche. Une fleur de luugma. Une fleur de son monde.

"/- Je vois que vous êtes réveillé Commander./"

Zerath pose ses iris en fentes sur le nouvel arrivant, qui se tient dans l'encadrement de la porte au mur gauche. Derrière lui, on distingue un long couloir d'hôpital. Le droïde est une imitation curieuse d'humanoïde, sur laquelle l'Ular'Iim ne parvient pas à mettre le doigt. Il y a quelque chose de familier aux couleurs et à l'ensemble esthétique de la machine, mais pourtant...Pourtant ces deux disques photorécepteurs larges, ce vocodécodeur losange, ce torse bombé gris lui semblent à la fois étrangers et usuels.
Le droïde s'exprime avec une voix douce, typique de celles qu'on donne à ceux du relationnel. Un accent coruscanti ponctue ses fins de phrases et ses intonations.
Après un bref silence, le droïde reprend:

"- / Commander, je ne peux guère vous conseiller pareille fleur./ Elle n'est pas répertoriée dans nos holoencyclopédies et pourrait être hautement toxique."

"- C'est ces fleurs que nous suspendions pourtant au temple dans nos jeunes années."

Zerath sourit, rêveur. À cette époque Cin et lui se battaient constamment à qui devrait diriger le temple, de la Lune ou du Soleil. Chacun allait de sa propre rhétorique à cet égard. Ils n'étaient ni mariés, ni amants, seulement cohabitants dans les grandes salles de pierres muettes. Quand leurs disputes hiérarchiques explosaient enfin en combats, il s'agissait alors de qui aurait la supériorité sur l'autre - et leurs affrontements se déclinaient en toute forme imaginable.
Cependant, il fallait bien parfois une trêve; quand des affaires trop importantes venaient au temple, qui réclamaient les deux prêtres. Alors, ils accrochaient dans l'enceinte centrale des bouquets de luugma en signe d'harmonie.

La mélancolie ne dure guère. Il pose la fleur sur le côté, interroge tout en s'habillant:

"- Où est la personne qui a déposé cette fleur?"

"/- Partie longtemps avant votre réveil je le crains./"

Naturellement. Telles sont ses façons. Zerath doit prouver qu'il est digne, après tout. Il pointe son corps artificiel autant que son bras droit, interrogateur.

"/- Je peux convoquer la docteure Malobi./"

Zerath congédie la machine d'un revers de main. Curieux objets que ces droïdes. Il enfile en silence une chemise de toile. Bientôt, l'automate revient accompagné d'une humaine qui paraît minuscule devant le kaleesh immense. Elle ouvre des yeux surpris.

"- Vous êtes réveillé Commander! Doucement, ne forcez pas trop!"

Elle se précipite vers lui pour lui offrir son soutien, comme à un vieillard en besoin d'un appui.

"- Comment vous sentez-vous ?"

"- Vivant, et en santé telle que je ne l'ai jamais été depuis des décennies. Une grâce que je dois aux dieux autant qu'à vous. Est-ce à vous que je dois ces réparations également? "

"- En effet. Je n'ai jamais vu une technologie comme la vôtre Commander. On aurait jamais pu ouvrir votre armure sans aide d'ailleurs. Mais cela dit l'alliage de duranium est...Curieux."

"- Curieux?" demande Zerath en tournant sa tête vers elle, l'invitant à poursuivre. La femme, la main droite dans la poche de sa blouse, obtempère.

"- Faire une armure entière en duranium, je vous le cache pas, ça relève du miracle. C'est un métal réfractaire: extrêmement difficile à travailler mais très robuste...En théorie.
Mais votre armure est pas comme ça. Elle contient un deuxième métal dedans, c'est du duranium coupé si vous voulez. Ça en altère les propriétés : il est tout aussi solide mais son point de fusion est plus bas. Ce qui signifie qu'il est plus facile à travailler...Mais aussi qu'il ne résiste pas aux lasers, contrairement au duranium pur. C'est comme ça qu'on a pu réparer votre armure: avec une homogénéisation thermique, grâce à l'alliage. C'est une combinaison assez impressionnante je dois dire.

Pour vos bras, celui indemne a servi de modèle pour reconstruire l'avant-bras détruit. L'interface nerveuse est très ingénieuse, mais la maintenir par électrodes était pas judicieux. On vous a donc greffé les prothèses, pour votre confort
."

Zerath hoche tranquillement de la tête, essayant d'enregistrer la foule d'informations avec un succès tout relatif.

"- Vous avez fourni des efforts colossaux et aimeriez rencontrer les artisans responsables pour cette armure.", synthétise-t-il.

"- Si...si ce n'est pas trop demander Commander."

"- À l'inverse. Mais je ne puis vous mener à eux pour le moment. Je dois d'abord m'enquérir du monde. Combien de temps s'est écoulé depuis le dix-huit, droïde? "

La machine, interpellée, se met en mouvement:

"- / Il s'est écoulé 17 jours Commander. /"

"- Alors je n'ai dormi que trop longtemps."



***




Coruscant s'est bâtie au fil des siècles par étages. Si ailleurs l'architecture rase l'ancien et l'obsolète, terrasse l'insalubre pour lui substituer le neuf et le moderne, il n'en a jamais rien été dans cette cité. On a construit au-dessus, étage après étage, ensevelissant les plus anciens niveaux dans le durabéton et les ténèbres, au plus profond de l'espace urbain, loin des yeux et des regards du monde.

Ainsi s'élancent vers le ciel en quartiers de tours et de ponts suspendus les étages bénis, ceux qu'embrasse le jour, les enfants chéris et favorisés; les plus fortunés dans tous les sens du terme. Au cinq-millième étage d'une de ces tours, qui perce au-delà des nuages de Coruscant - îlot au milieu des flots gris n'apercevant que ses frères de prestige qui s'étirent comme lui par delà le bas, le vil, la pègre démunie - le toit est ouvert sur un dôme transparent qui donne l'impression d'un ciel ouvert.

Dans ce hall gigantesque, on a aménagé de longues tables de service couvertes de blanc. Des droïdes avancent avec leurs plateaux lourdement chargés de mets raffinés et de cocktails bulleux et fluorescents. Au pan est, une volée de marches en bois mène à une estrade qui surplombe le hall. Derrière l'estrade, dans un champ antigravité lévitent en arabesques étranges des formes allongées ; l'on croirait à quelque créature marine, un serpent extirpé d'une mer profonde et lointaine. Mais les éclats argentés ne sont pas ceux des écailles. C'est en réalité une substance chimique, qui s'actionne pour un spectacle visuel surprenant.

À mesure que recule le jour face à la nuit sans étoiles, le hall se pare de bannières dorées et bleues, et de convives richement vêtus qui se saluent poliment, se reconnaissent entre vieux amis ou rivaux - souvent les deux. Mais il est une autre population qui vient se mêler au gratin d'êtres d'affaires, de sénateurs, de juristes et autres éminents représentants de la civilisation républicaine. Ceux là arborent un vêtement uniforme dans leur rang, soigné et sombre. Ceux là aussi portent gants blancs, coiffes, ceux là sont bien moins extravagants et ne se mêlent aux discussions avec les autres qu'avec une politesse compassée.

L’air, pourtant, n’est pas à la célébration. Les coeurs sont lourds, et il règne un air de funérailles davantage que de festivités. On voit ici certains convives vêtus de noir - endeuillis de pertes dramatiques.

C'est un banquet qui se tiendra bientôt ici. Mais pour l'heure, et devant les foules, on appelle au silence pour le moment solennel: quelle fête officielle se priverait de sa toute aussi officielle cérémonie?

Sur l'estrade, un droïde sonde porte un micro.

"/- Le Commander Ular’Iim en charge de l’opération./

Un murmure parcourt les rangs. Ce nom est chargé d’une attente pour ceux et celles qui n’ont jamais entendu que les rumeurs de l’individu; celui qui a dit-on pris Arda-2 par sa seule audace; celui qui a affronté par armes et par magie l’adversaire impérial, s’est élevé au-dessus de ses vices pour repousser leur général. On le dit stratège, on le dit philosophe. Lequel des beaux vétérans à l’air grave va fendre la cohue dans l’expectative ? Quel militaire ce doit être, aux yeux azur ou émeraude, au regard intense comme la mer en tempête, aux traits rudes comme la roche façonnée par les vents. Au regard profond, marqué par la perte de ses subordonnés, de la paix vacillante...! Un reflet digne des craintes et du malaise naissant, du mal-être général qui règne depuis plusieurs semaines dans l’espace public, mais élevé par la discipline et la rigueur martiale qui incombe à sa fonction.

Mais ce n’est pas un miroir fantasque qui se distingue; de la foule s’extirpe figure plus irréelle encore, qui fend de son allure titanesque les rangs et cercles, rencontre regards étonnés sinon médusés. Pour l’occasion, il porte une longue robe aux manches larges qui dissimulent entièrement ses bras, bleue océan aux liserets d’argent. On devine en dessous un pantalon plus sombre. À la clavicule droite, le vêtement est tenu par une broche noire aux nervures perlées, un croissant lunaire décharné. Sur le masque figé du personnage des motifs courent en cercles concentriques, en courbes noires et en lignes précises dans la lumière - mais sitôt qu’il quitte la lumière ces derniers s’illuminent d’un pâle azur par quelque composé phosphorescent.

Grand sceptre osseux en main droite, il grimpe les marches deux à deux - trop petites pour ses immenses jambes. Sur ses épaules s’étire une cape si grande qu’on pourrait s’en servir d’étendard - mais elle peine à arriver aux chevilles du géant. Aussi pure que les neiges au sommet des plus vierges montagnes, elle n’est perturbée dans sa blancheur suprême que par un seul symbole: celui républicain, profondément brodé dans le centre du dos. Et rayonnant, alors que dans son dos apparaît une lune timide, Zerath vient se placer face au micro, surplombe l’auditoire endeuillé de son allégresse qui ne transparaît qu’à travers ses yeux plissés de satisfaction, dressé droit comme il ne l’a plus été depuis des décennies. Au loin la vieillesse, au loin les cicatrices; son âme est unifiée, il est rajeuni. Il est revenu d’entre les morts, donc sa cause est juste! Ses prunelles se promènent sur les convives - masse thermique multiple sous son regard surnaturel.

- Joyeuse rencontre à vous tous; à vous qui prospérez de la République autant qu’elle prospère de vous; à vous également qui en portez les voix, légiférez ses valeurs, actez les libertés; à vous enfin, qui gardez chacun des précédents, qu’en les bordures consacrées du territoire s’opèrent librement des cycles les plus vils aux plus admirables. À vous, gouvernants et gouvernés, êtres de textes et êtres de guerres, joyeuse rencontre.

Je vous viens, en cette nuit de la meilleure des augures pour offrir des mots d’apaisement et de célébration.

À ceux qui n’arpenteront plus ce monde, d’abord. Pleurez, si vous en ressentez le désir - mais ne regardez pas au passé avec regret. Nos camarades ne sont pas déchus, mais se sont au contraire élevés (sa main gauche pointe vers le ciel), transcendés dans leur courage et leur dévotion au-delà de leur simple individu; ils ont offert à tous qui sont encore de matière le plus précieux cadeau: l’occasion.
L’occasion de décider de ce que l’un devient, de ce qu’il accomplit, du chemin dans lequel s’engager. Leur esprit est à présent dans les rayons lunaires; leur âme marchera dans les vents célestes; mais célébrons à notre tour cette précieuse offrande. Ils ne sont pas tombés au combat - ils y ont gagné l’immortalité!

Cette soirée fêtera l’élévation de ces nobles âmes: à leur succès! À leur triomphe!
Ne priez plus les morts, car leur sauvegarde est assurée; les plaines divines accueillent les valeureux à bras ouverts.

Nous ne fêterons pas que les morts; car les vivants aussi se sont démarqués, démenés au-delà de leurs propres limites.

Ce soir nous célébrons la séparation; de ceux qui ont trouvé la gloire au combat et de ceux dont l’heure n’est pas encore venue. Ne craignez pas: car chacun aura son tour à l’immortalité, si sa pensée est aiguisée et sa main sûre. Mes chers Aa’lbarhy** n’ayez pas peur car nous resterons gardes vigilants de votre pureté; puissiez-vous croître et prospérer vers votre plénitude pour que vienne enfin votre chance à la transcendance.



*: la danse de l'Étoile Mourante
**: “Juvéniles” en Kaleesh. Désigne typiquement les jeunes enfants qui n’ont pas encore atteint leur majorité en abattant rituellement un Mumuu et qui, en conséquence, ne sont pas encore aptes à participer aux guerres de clans. Utilisé par Zerath pour parler des populations qui ne sont pas guerrières, qu’il considère comme des enfants encore en manque de maturité
Evea Ekway
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- Est-tu digne de ton existence ?

- Je le pense, oui.

- Guerroie-tu pour mener ton navire ?

- D'une manière où d'une autre nous y sommes tous amenés.

- Te crois-tu du même acabit que ceux qui luttent une lame sous la gorge ? L'arme à la main ?

- Je...

- Pendant que d'autres disparaissent dans les ténèbres, tu te contente de rédiger tes discours, cela dans le seul but de fourvoyer ceux qui t'écoutent.

- Je ne suis pas de ceux-là qui débitent plus qu'ils n'agissent. Si je n'ai pas de blaster à la main, mon arme est bel et bien les paroles que j'estime au plus profond de mon être.

- Voilà donc ce que tu fait pour sauver ceux que tu tes jurée de protéger ?

- De tout temps la parole s'est avérée plus efficace que la guerre. Si j'appuie de sentiments les paroles que je prononce, toute personne de bonne foi y reconnaitra la vérité.

- Tu te crois donc détentrice de la vérité ? Eh bien, porte donc ma réalité aux oreilles de tous ceux qui m'ont abandonnés.

- Qui est-tu ?

- Celle que tu as toi même oubliée.

- Je ne t'ai pas oubliée, et je ne t'oublierai jamais. Toi qui est morte selon l'adamantine volonté de stoïciens à l'hubris névrotique.



La lourdeur de cette dernière formule retentie avec fracas, la colère emplissait bientôt la salle teinte de noir. Une haine profonde pouvait être ressentie dans le plus profond de l'être, le noir profond devint petit à petit de plus en plus flou, s'estompant doucement. Si ces dernières paroles auraient pu paraitre incompréhensibles dans notre réalité, lorsqu'un cerveau se parlait à lui-même, il pouvait évangéliser l'entièreté du vocabulaire dans le seul but d'embellir sa complexité. Ou de masquer des souhaits irréalisés, ou irréalisables... Le cauchemar se dégrada alors qu'Evea revenait à la réalité, s'extirpant difficilement de son sommeil profond, interrompu par une apparition, produit de son imaginaire onirique. Ce n'en était pas moins déstabilisant, Evea se redressait sur son lit, les yeux à demi-éteins et la bouche pâteuse. Est-ce que son cerveau lui avait joué un vilain tour en la mettant ainsi à l'épreuve ? Ou bien avait-elle ressentie une présence psychique outrepassant sa réalité ? En temps qu'être rationnel, elle ne pouvait s'accorder à penser que l'esprit de cette défunte avait pu la prendre à parti dans un rêve.

Evea rumina un instant les paroles perçues dans sa rêverie, afin de ne pas les oublier tant qu'elles étaient encore dans son esprit. Peut-être cela avait-il un sens après tout. Constatant crûment qu'elle ne parviendrai pas à retrouver le sommeil, Evea entreprit de se lever. C'était en passant les pieds dans ses chaussons lapin qu'elle saisi un peu mieux le sens des paroles du fantôme de la soldate tombée au combat : Avait-elle légitimité à ce confort ? Un lit simple aux draps pelotonnés, un toit au dessus de sa tête, un plancher sous ses pieds. S'était-elle battu pour obtenir ceci ? Peut-être d'ailleurs cela représentait-il une défaite que de se conforter dans ces acquis ? Evea n'était pas la bonne personne pour juger de cela. Mais ce dont elle était sûre, c'était qu'elle allait observer le lever du soleil. Ceux qui disaient que chaque jour de la vie était un nouveau combat étaient de vrais indoctes. S'était cela que voulait dire l'apparition, Evea ne pouvait se permettre de vivre tranquillement pendant qu'une kyrielle d'autres mourraient pour assurer la protection de son petit confort. Mais alors qu'Evea se faisait couler un thé dans sa tasse, elle ne pouvait déterminer les motivations de cet esprit lui aillant rendu visite. Pourquoi venir la prendre à parti elle, alors qu'une palette infinitésimale d'autres êtres, infiniment plus perfides qu'elle, peuplaient des foyers extraordinairement plus luxueusement candides ?

Alors qu'elle traversait son salon, la pantoranne se demanda pour la première fois de manière obvie, quelle était donc sa place profonde dans cet univers ? Le message qu'elle avait ainsi reçu n'était donc pas qu'elle méritait un châtiment divin d'aucune sorte, mais bel et bien que c'était à elle, la moins notoire des plus prosélytes, de devenir la plus empathique des moins égotistes. Evea était bien loin d'être indifférente à ceux qui mourraient par milliards dans la Galaxie, d'ailleurs cela la tourmentait en tout temps, et c'était donc à elle de les reconnaitre devant ses pairs. Pendant qu'elle prenait place sur sa terrasse, la sénatrice conclue alors que son arme ne serait pas un blaster, mais ses mots. Sa voix serait entendue, et elle aurait pour vocation de rappeler les défunts à ceux qui l'écoutait, et de mettre en sureté ceux dont elle parlait. Tâche déjà entreprise depuis son entrée dans ce monde, et mission qu'elle accomplirai à présent avec le plus d'effervescence que son être pourrait fournir.

Evea était ainsi immergée dans une introspection des plus platonicienne, installée sur un fauteuil en bois trônant devant l'entrée de sa modeste maisonnée. La bâtisse de granit aux parois partiellement couverte de vigne sauvage, était orientée de Nord au Sud, permettant ainsi à Evea d'observer le lever de soleil d'Alderaan, se tenant devant sa porte, assise sur son exigüe terrasse. Mais à quoi bon posséder une esplanade domestique devant chez soi alors que des pâturages couverts de fleurs aux milles couleurs s'étendaient devant vous ?


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Transcendance dans le paysage. Evea était à présent plongée dans la tourmente d'un violent orage sur Coruscant. Plus aucun soleil à observer avec engouement, les arbres environnants avaient été remplacés par des tours métalliques aux personnalités acides. Les gouttelettes, accompagnées de grêlons, dévalaient la vitre incurvée de l'appartement proéminent où Evea logeait à présent. Tel un patin que l'on avait déposé là par inadvertance, la pantoranne était assise sur la moquette, dévisageant le sombre paysage gentrifié. Derrière elle, trônait un lit double, bien moins accueillant que le petit où elle avait dormie quelques nuits auparavant dans son petit chez-soi d'Alderaan. Mais si elle regrettait le temps passé au frais de la campagne, elle se sentait bien plus utile en ces lieux. Prête à faire entendre la voix des plus oubliés de la République, parée à défendre un idéal d'harmonie galactique qui se mourrait. Beaucoup la qualifiaient d'extra-empathique pacifiste aux tendances socialistes. Et ils avaient raison.

- Mademoiselle ? Demanda alors une voix de l'autre côté de la porte.

- Tu peux entrer Kriple. Répondit alors Evea, tout en se levant.

- Avez-vous terminés vos préparatifs ? Questionna le droïde de protocole qui passa alors la porte de la chambre.

Quelques tenues, robes, chemisiers, pantalons, tuniques, étaient éparpillées sur la large lit, attendant d'être choisis. Souvent, lorsque des citoyens s'amusaient à se demander quels étaient les défis auxquels faisaient face leurs chers politiciens, ils imaginaient qu'ils luttaient à bras déployés dans le sénat pour se faire entendre, discutaient avec verve face à des experts clivés, ou bien encore malmenaient leurs neurones à établir quelque traité. Ceci-dit cela n'était que les tâches les plus médiatisées. En revanche, Alysanne Méridan, vous la connaissez tous, ne faites pas les enfants de coeur, avait appris à Evea que l'apparence était un enjeu clé de tout politicien. Jusque là la pantoranne s'était efforcée de se vêtir avec toute la sobriété naturelle qui était à son gout, sans apparats quelconques, et sans trop réfléchir autre mesure à ce que cela reflétait. Elle pensait uniquement que ses robes à fleurs ou ses petits châles colorés exprimeraient sa confiance et sa sensibilité, et pourtant depuis le début de sa carrière, cette affabilité vestimentaire avait été interprété comme de l'inexpérience par nombres de ses pairs, et principalement par l'opposition.

- Mademoiselle ? Réitéra le droïde.

Elle avait donc retenue une leçon d'Alysanne Méridan - qui n'était pas tant critiquable que ça si l'ont constatait qu'elle avait menée sa barge à la tête de l'AGPU - qui était la suivante : se vêtir selon les circonstances. Evea avait de tout temps privilégiée un aspect des plus mignon au travers de coloris à l'affabilité immanente. Mais cette fois-ci, elle s'efforcerai de faire entendre sa voix sur un sujet qu'elle tenait à coeur : Les morts au combat et, in extenso, le ridicule de la guerre. Evea allait ainsi judicieusement opter pour une tenue justement choisie pour accentuer son ton qui serait des plus sévères. Un ton qu'elle n'empruntait jamais, sauf pour dénoncer des faits viscéralement révoltants.

- Je porterai ce tailleur pour cette pseudo-cérémonie. Elle désigna d'un signe la tenue cintrée.

- Pseudo ? Ne pu s'empêcher de s'étonner KR1PL3.

- J'appellerai plus cela un gala, sans philanthropisme quelconque. Ou un banquet de victoire. Mais l'intention est là, si je suis amenée à y prendre la parole, que ce ne soient que quelques mots, il me faut une tenue qui fasse martiale pour m'aligner sur celle du Commander qui me précédera, n'est-ce pas ?

- Vous semblez oublier que le Commander Ular'Iim a été grièvement blessé au combat. Commenta le droïde.

- Des blessés de guerre jonchent par dizaines de milliers les bas-fonds, et pourtant ils sont oubliés de tous et vivent dans la misère, souvent des membres en moins, ou des dégâts psychologiques irréversibles. Eux n'ont pas droit aux cérémonies. Rappela amèrement la sénatrice.

Ce dialogue prenait alors place le matin même de la dite-cérémonie. Evea n'avait rallié Coruscant que la veille, aillant quelques petites affaires d'ordre bénignes à régler sur Alderaan la semaine passée. Tout comme la plupart des sénateurs éminents représentant des mondes influents, la sénatrice d'Alderaan avait tout naturellement reçue une invitation à cette réception de la Haute. Eh bien oui, les cérémonies prestigieuses n'étaient pas réservées qu'aux élites sous la coupe de la chancellerie. Et étant donné qu'Alderaan était l'un des mondes fondateurs de la République, il aurait fort désobligeant que de ne pas en convier la sénatrice, d'autant plus que son fervent pacifisme pourrai y apporter un peu de piquant. Evea en était pertinemment consciente, et pensait justement que nombreux étaient ceux qui aimeraient avoir son avis personnel sur la crise d'Ossus, et de facto, sur la guerre-paix avec l'Empire. D'autant plus qu'entre-temps les élucubrations de S'orn avaient apportées un nouveau sujet sur la table, mais là ne serai pas le thème de la soirée à laquelle elle se préparait déjà. Détrompez-vous, la préparation n'était pas que vestimentaire, elle était, d'ailleurs majoritairement, d'ordre psychologique.


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Cette fois-ci le récit prenait place au point exacte de l'action principale que vise à décrire notre histoire : La réception introduite par un discours du Commander Ular'Iim, au sommet de sa gloire, au sens propre et figuré. Outre le fait que la salle de banquet se trouvait au sommet d'une des plus hautes tours, avoisinant le centre névralgique de la planète capitale, le Commander était de nature très grande disait-on, voilà pour le sens propre. Tant qu'au sens figuré, il avait été le chef de file de la défense d'Ossus - "victoire" partiellement critiquable - et s'il avait été blessé au combat, mettant sa survie en jeu, c'était dans le seul but d'éviter des velléités plus que concrètes entre sa flotte et l'ennemi impérial. Il s'en était miraculeusement tiré, et, a fortiori, s'était attiré la gloire d'un chef militaire ayant de vraies valeurs. Voilà ce que savait la sénatrice d'Alderaan sur le cas du Commander acclamé par tous les républicains.

Florento parlait : Vous avez réussis à obtenir une véritable perle en vous voyant octroyer le droit de monter sur l'estrade après le Commander. Un honneur que peu d'entre-nous auraient pu ne serait-ce qu'imaginer. Si nous sommes tout autant sénateurs que vous ma chère, nous ne possédons pas la même carrure politique. Votre rhétorique élaborée n'a plus à faire ses preuves, nombreux sont ceux qui connaissent votre nom, alors inconnu il y a pas moins d'une année. Je voulais vous dire que vous avez remarquablement bien menée votre barque, surtout pour une personne de votre âge, ma petite. D'autant plus qu'avec votre récente adhésion à l'UGSS, vous avez ainsi obtenus une certaine notoriété dans les sphères législatives républicaines, quiconque de sage aimerai vous compter dans ses alliés à présent. Bientôt ministre dit-on ! Si seulement vous ne faisiez pas partie de l'opposition, Grendo S'orn se serait déjà démené pour vous nommer à un tel poste.

Victor Florento était un vieil homme, mais il était sénateur de Christophsis, et, conditio sine qua non, il parlait beaucoup mais était écouté. Sans quoi nombreux seraient ceux qui ne tiendrai pas compte des galimatias que le vieil humain pouvait parfois broder au lieu de tenir des idées concises et claires. Il se tenait face à Evea, une flute de champagne à la main, discutaillant avec la petite Fleur Bleue, un grand sourire aux lèvres. Le duo était bien au centre de la vaste salle élégamment décorée. Les deux sénateurs étaient entourés d'une vaste foule d'autres convives aux diverses fonctions. Mais Evea était nerveuse, embêtée, elle se contenta de répondre par un borborygme à l'harangue de son homologue.

Florento s'en inquiéta : Sénatrice ? Je peux accorder que par moment je peux être rébarbatif, je ne voudrais pas être indiscret, mais vous ne semblez pas m'accorder toute votre attention.

- Si, si absolument, sachez d'ailleurs que le bureau de S'orn m'avait déjà offert sur un plateau le poste de Ministre des affaires étrangères il y a deçà quelques mois... Mais je m'en excuse, je suis quelque peu embêtée de ne pas voir le premier orateur, pourtant on m'avais dit que le Commander ne pouvait être manqué.

- Vous faites surement allusion au colosse qui vient de faire son entrée. Retournez-vous, le voilà qui arrive.

Tel un positron transcendant les divers nucléons gravitant dans la salle, la masse - en effet colossale - d'Ular'Iim se dirigeait en direction de l'estrade. Evea n'avait vu que des holo-images du Commander, elle avait pu ainsi l'imaginer imposant voire effrayant, mais jamais elle n'aurait pu deviner que le Kaleesh était si grand que ça. Le tout accentué par son austère cape soutenue par cette intimidante broche, le tout couplé à sa démarche des plus vindicative, comme si à chaque pas il conquérait un nouveau territoire. S'en était presque comme si les contenus des verres vibraient à son approche... Evea en était à présent toute intimidée, lorsque le géant passa à ses côtés, elle dû lever les yeux à la verticale afin de distinguer son visage. Une visage abrupt, un regard atrabilaire, une stature comminatoire. La pantoranne ne pu s'imaginer ce qu'était devenu son adversaire qu'il avait combattu il y a plus de deux semaines, surement était-il mort depuis si l'impérial n'était qu'un être régulier. Il aurait fallu que ce soit un tout aussi immense adversaire pour que l'amiral impérial n'ai pas frémit à la vue du Commander. Ou un fou.

En temps qu'athée, Evea ne pouvait apporter tant de crédit que ça au préambule de l'oraison proférée par Ular'Iim. Tout comme la majorité des religions, ces dogmes ne servent qu'à déprécier l'abjection de la mort en promulguant quelque immortalité hypothétique au bout d'un quelconque chemin de la vie. Cela était fort commode à un chef militaire d'assurer que ses soldats envoyés à l'abattoir se retrouvaient dans un Paradis aux milles jouissances. Dans ce cas, pourquoi passer par une vie à la dure labeurs pour au final obtenir une existence divine ? Pourquoi ne pas directement passer au stade de l'immortalité ? Ce qu'avançait le prélat n'était que justification bancale pour tenter de faire passer la pilule que des soldats républicains étaient morts au nom d'aversions entre politicards. Ceci-dit son introduction fut des plus respectueuse et efficace, il ne faisait aucun doute que le Commander était des plus efficient à diriger des hommes. Tout cela sonnait plus comme un sermon que comme un discours, Evea s'était trompée, cette réunion n'était pas apparent à un gala ou une "pseudo-cérémonie", mais en tout point commun, Ex æquo avec une messe.

Cependant, on avait bien mis en garde Evea que Zerath Ular'Iim avait tendance à s'affilier plus à un pontife qu'à un militaire. Elle s'y était préparée, et avait demandée respectueusement dans une lettre des plus officielle si elle pourrai prendre la parole lors de cette... réception. Chose qui lui avait été tout naturellement accordé, ceci-dit il serai compliqué de passer après les paroles du Commander, qui furent acclamées à grandes ovations. Evea avait prévue un petit discours des plus sobre, mais magistralement plus moralisateur que celui du Kaleesh qui s'écartait de quelques pas du pupitre, le laissant libre à qui de droit. C'est ainsi que la sénatrice d'Alderaan, qu'il était inutile de présenter à présent, s'avança, grimpa les marches une à une tandis que les applaudissements perduraient en direction du Commander, l'air triomphant. Contrairement à son prédécesseur, Evea dû grimper toutes les marches, incapable d'en sauter une seule d'entre-elles. Elle prit dignement place derrière le pupitre, soudainement au fait de la foule qu'elle ne pensait pas aussi large. Evea réajusta brièvement le col de son tailleur, s'éclaircit doucement la voix, et lorsque les applaudissements et les murmures s'estompèrent, la sénatrice pris la parole, déterminée :


- Merci à vous Commander pour cette intromission des plus sage. A présent, je souhaiterai à mon tour m'adresser avec déférence à l'auditoire tout aussi varié que remarquable qui me fait l'honneur de m'accorder quelque intérêt en cette soirée de deuil. J'ai donc choisi ce moment et ce lieu pour discuter d'un sujet - sur lequel l'ignorance abonde trop souvent et la vérité trop rarement perçue - et c'est le sujet le plus insigne de notre si précieuse Galaxie : la paix. Quel genre de paix est-ce que je veux vous présenter et quel genre de paix recherchons-nous ? Pas une paix imposée à la Galaxie par les armes de la guerre, loin de là mon propos. Je parle de paix authentique, le genre qui permet aux kyrielles d'êtres et aux myriades de nations de grandir et d'espérer, et de construire une vie meilleure pour leurs descendants, non seulement la paix à notre époque, mais la paix intemporelle.

La guerre totale n'a aucun sens à une époque où les grandes puissances peuvent maintenir des forces de destructions faramineuses. Aujourd'hui, la dépense de milliers de milliards de crédits chaque année en armes acquises - dans le but de s'assurer que nous n'en avons jamais besoin - est essentielle au maintien de la paix me direz-vous peut-être ? Mais il est certain que l'acquisition de tels stocks inutilisés – qui ne peuvent que détruire et ne jamais créer – n'est pas le seul, et encore moins le plus efficace, moyen d'assurer la paix. Je me rends compte que la poursuite de la paix n'est pas aussi dramatique que la poursuite de la guerre. Mais nous n'avons pas de tâche plus urgente que la paix.

Examinez notre attitude envers la paix elle-même. Trop d'entre nous pensent que c'est impossible. Trop de gens pensent que c'est irréel. Mais c'est une croyance dangereuse et défaitiste. Cela conduit à la conclusion que la guerre est inévitable – que la galaxie est condamnée – que nous sommes aux prises avec des forces que nous ne pouvons pas contrôler. Nous n'avons pas besoin d'accepter ce point de vue. Nos problèmes sont créés par nous même - par conséquent, ils peuvent uniquement être résolus par nous-même. Je ne parle pas du concept absolu et infini de paix et de bonne volonté universelle dont rêvent certains fantasmes et fanatiques. Je ne nie pas la valeur des espoirs et des rêves, mais nous invitons simplement le découragement et l'incrédulité en en faisant notre objectif unique et immédiat.

Concentrons-nous plutôt sur une paix plus pratique et plus accessible - basée non pas sur une révolution soudaine de notre nature, mais sur une évolution progressive des institutions galactiques - sur une série d'actions concrètes et d'accords efficaces qui sont dans l'intérêt de tous. Il n'y a pas de clé unique et simple à cette paix - pas de formule grandiose ou magique à adopter par un ou deux pouvoirs. La paix véritable doit être le produit de plusieurs nations, la somme de plusieurs actes. Elle doit être dynamique et non statique, évolutive, pour relever le défi de chaque nouvelle génération. Car la paix est un processus – une manière de résoudre les problèmes.

Alors persévérons. La paix n'a pas besoin d'être impraticable, et la guerre n'a pas besoin d'être inévitable. En définissant plus clairement notre objectif, l'objectif entreprit par l'AGPU, en le faisant paraître plus gérable et moins lointain, nous pouvons aider tout le monde à le voir, à en tirer de l'espoir et à avancer irrésistiblement vers lui. Il semble primordial d'aller de l'avant, mais il est capital de ne pas oublier. Car ce sont bel et bien les souvenirs de telles tragédies, telles que celle d'Ossus - nous nous souviendrons toujours de Dubrillion et de ses déplorable égales - qui nous permettront de ne pas reproduire ces erreurs à l'avenir.


Tout du long de son éloquent - quoiqu'émouvant - discours, le silence le plus absolu avait été respecté, elle donnait crédit à l'assemblée pour avoir su tenir le respect qu'une sénatrice - et tout autre orateur d'ailleurs - méritait à juste titre. Tout comme le Commander, le discours moralisateur d'Evea fut ovationné par tous les membres en présence. Même le prélat esquissa le mouvement d'un applaudissement. Si l'occasion se présentait, la pantoranne aimerai échanger quelques paroles avec le militaire, essayer de comprendre un peu mieux cet inextricable esprit.

Elle avait bien huilée son habile plaidoyer. Et elle se fichait bien que la controverse vienne s'y abattre, elle était amplement consciente que nombreux seraient les colportages tant qu'à ce pacifisme "radical", cet idéal que la pantoranne présentait là serait qualifié d'idyllique, d'irréalisable, d'enfantin. Et pourtant elle n'y ferai pas attention, elle prouverai à ces béotiens qu'une paix solide et inconditionnelle, de cohabitation, pourrai être obtenue. Il n'était pas question d'imposer la paix à son voisin, mais il était question de cohabiter avec l'Empire dans un climat pacifique. Comme cela avait été quelque peu esquissé par la brève existence de l'AGPU de Thélophilius. Il ne restait plus qu'à refonder l'AGPU de Méridan, de croire en cette institution, et avant tout de croire en la possibilité d'entente !

C'était sur ce point qu'elle s'écartait du point de vue d'Ular'Iim, pendant que lui ordonnait vaillamment les combats au sol et se lançait dans un duel sanglant avec un amiral impérial, Evea se serai contentée de se retirer, de manifester sa bonne volonté, de pacifier, pendant que les discussions entre Antarxarxès et Ular'Iim avaient aboutis à un duel au sabre, la discussion entre Antarxarxès et Ekway aurait aboutis à un serrage de main entendu. Elle ne pouvait s'arguer d'être une stratège aguerris, mais pouvait au moins estimer être en position d'obtenir des résultats salutaires pour les deux camps.

Décidément, la Fleur Bleue aurait la trempe d'une Ministre des Affaires Étrangères.



Discours en partie inspiré de celui de J.F. Kennedy à l'Université américaine (1963)

Kaldor Mantell
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Coruscant, tour privée
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Quand on voit Coruscant sur les holo-pub, on a déjà une idée de l'endroit, quand on voit Coruscant depuis l'espace, l'image se précise.

Et quand on voit Coruscant en étant sur place, on se rend vraiment compte sur quoi on pose le pied.

En bas, les bas-fonds, repère des criminels, des parias, des pauvres. Au milieu, la masse ouvrière, les gens qui parviennent à se faire une vie sans avoir à craindre les bas-fonds, mais encore bien loin sous les hautes-sphères Coruscantis, celles-là qui vivent tellement longtemps dans leurs tours d'ivoire qu'on ne les voit jamais.

Mais pour cette soirée, il n'y aura pas de mendiants des bas-fonds, ou de travailleurs des classes moyennes, il n'y aura pas tous les grands de ce monde ou de la République. Il n'y aura que les très grands, les hauts-gradés de l'armée, les ministres, voir le chancelier lui-même ! Il n'y aura pas d'anonyme, seulement des gens tous plus importants les uns que les autres, de ceux qui ont marqués, qui marquent et qui marqueront l'Histoire, avec le grand H.

Et parmi ces convives qui venaient progressivement, se saluant, discutant, échangeant politesses mielleuses et paroles protocolaires, un verre à la main, il y avait...

« Kaldor, tu dors?
- Hmm ? »

Le mantellien fut tiré de ses rêveries par la douce voix de sa sergent, qui lui tendait une flûte de champagne.

Toute l'escouade était là, ainsi, comme expliqué plus haut, que certains hauts-gradés de l'armée républicaine. Même un néophyte saurait reconnaître les militaires des autres invités : ils portaient tous une tenue de gala rouge et or, képi de même couleur, gants blancs aux mains, les femmes avaient coiffées leurs cheveux en chignon stricte, là où les hommes s'étaient rasés de prêts, ou s'étaient taillés la barbe pour ceux qui en avait une. Les deux genres avaient le pantalon en accord avec leurs vestes et ceux qui en avaient arboraient fièrement leurs médailles, obtenues pour actes de bravoures, blessures au combat, ou bien en récompense après des missions dangereuses. Peut importait qu'elles soient de bronze, d'argent ou d'or, peu importait que certaines se gagnaient "plus facilement" que d'autres, ces médailles témoignaient de la valeur de ceux qui les portaient.

On reconnaissait les militaires à un autre point : ils restaient entre eux, affichant mine polie et saluant les grandes personnalités qui venaient les voir poliment. Certains étaient plus à l'aise que d'autres, mais la grande partie restait pour l'instant à l'écart.

« Merci. Fit le brun en acceptant le verre alcoolisé.
- Pas l'habitude de ce genre de soirée, pas vrai ?
- C'est pas comme si on mettaient deux mondes si proches et pourtant si éloignés dans la même pièce...
- Ce genre de soirée est parfois nécessaire tu sais. C'est pas si différent de celles qui sont organisées dans la base, sauf que nous sommes invités avec les politicards cette fois. Dit Sylvia en buvant une gorgée, imitée par Kaldor qui affichait toujours un air pensif.
- Tu es perturbée, et pas besoin de mon sixième sens pour le savoir... Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Je me demandais combien de temps mettrait ma salive pour toucher le sol si j'ouvrais une fenêtre pour cracher dehors. Répondit-il le plus sérieusement du monde.
- Ça va plutôt tomber sur la tête de quelqu'un. Ria la zeltronne.

L'élite de la République durant son temps libre...

- Plus sérieusement, je me demande pourquoi nous avons étés invités à cette soirée, ce n'est vraiment pas dans mes habitudes.
- Et moi alors, tu crois quoi ? Mais on va essayer de s'intégrer, ok ? Après tout, c'est typiquement le genre d'endroit et de moment utile pour nouer de nouvelles relations avec certains, se montrer en soirée est tout aussi important que de mener ses hommes à la victoire sur le champ de bataille. Surtout que, d'après ce que j'ai compris ici et là, tu commence à avoir une certaine réputation chez certaines personnes au vu de tes derniers exploits, si j'étais toi j'en profiterai un peu.
- Ma réputation et mes exploits, je partage ça avec mes camarades, seul je ne suis pas grand-chose, un instrument obéissant, un...
- Ah non, pas ce soir ! Le coupa Sylvia d'un ton un peu sec, mais toujours à l'abri des oreilles indiscrètes. On s'en fiche de ce que certains peuvent penser de toi, qui a participé au sauvetage de la sénatrice Ekway ? Qui a sauvé des camarades d'un bunker impérial ? Qui a été témoin de la guerre civile sur Taanab ? Qui a risqué sa vie-ses doigts se serrèrent-sur Ossus et a frôlé la mort pour sauver un maximum de civils ? Toi ou eux ? Qui est invité ici ce soir ? Toi ou eux ?
- … Moi.
- Voilà, ce ne sont pas des morveux et des suceurs de limaces qui auront le dernier mot, alors s'il-te-plaît, essaie de ne pas trop y penser, concentre-toi sur ce que tu peux faire, mais surtout, pour ce soir, fais une pause, d'accord ?
- D'accord, vous avez raison. » Répondit Kaldor d'un air convaincu.

La zeltronne avait vu juste. Peu importe les messes-basses et les insultes, Kaldor était un soldat, un guerrier, il se salit les mains pour que des innocents puissent vivre ne serait-ce qu'un jour de plus, le brun savait très bien qu'il ne pouvait pas sauver toute la galaxie à lui tout seul, mais chaque action comptait, même les plus insignifiantes.

C'est donc rassuré et ayant regagné un sourire sur le visage que le mantellien reprit une gorgée de son verre et décida de s'intéresser un peu plus à cette cérémonie, regardant distraitement les invités.

Il reconnut certains visages pour les avoir vu au moins une fois en affiche, tout comme il reconnu d'autres gradés de l'armée. Son attention fut particulièrement attirée par la présence de la sénatrice d'Alderaan : la petite pantoranne était bel et bien venue, comme elle l'avait annoncé l'autre jour. Le tailleur noir avec chemise blanche qu'elle portait lui donnait un air plus martial que mignon, contrairement à son habitude, mais Kaldor ne pouvait s'empêcher de la trouver jolie dans cette tenue, comme dans n'importe quelle autre d'ailleurs.

« Oooouh, toi, elle te plaît la petite Fleur Bleue. Le titilla Sylvia d'un air plaisantin.
- Je la trouve jolie, c'est pas un mal. Bougonna Kaldor comme un gamin.
- Arrête, pas à moi, je le sens bien qu'elle est à ton goût, comme pas mal de femmes d'ailleurs...
- Ce n'est pas le lieu ni le moment pour parler de ça...
- Ok Monsieur Ronchon, mais rien ne t'interdit d'aller lui parler, ce n'est pas elle qui va te manger, ou alors elle cache hyper bien son jeu... Continua Sylvia sur le ton de la plaisanterie.
- Sergent, s'il-vous-plaît...
- D'accord, d'accord, je te laisse tranquille. » Termina-t-elle en roulant des yeux.

Le caporal termina sa flûte d'une traite, préférant oublier ce qui a été dit. Reposant son verre sur l'une des tables, il reporta son attention sur la sénatrice Ekway qui discutait avec un autre homme, sûrement un collègue politicien.

Et puis, le silence ce fit progressivement dans la salle, lorsque celui qui avait organisé l’événement arriva : le commander Zerath Ular'Iim, un chef de guerre de légende, celui qui a participé et réussi des opérations militaires plus dangereuses les unes que les autres ; celui qui, dit-on, a défié l'amiral des forces impériales en orbite d'Ossus dans un duel singulier et qui a faillit en mourir, mais il était là, portant masque mortuaire et cape républicaine , un véritable drapeau vu la taille du commander. À mesure que ce dernier grimpa les marches menant à l'estrade qui surplombait le hall de réception, Kaldor et tous les autres invités purent mieux remarquer les multiples implants cybernétiques et autres prothèses du kaleesh : il tenait presque plus de la machine que de l'organique.

Puis, de sa voix grave, le cyborg entama un discours. Il souhaita la bienvenue à tous, puis prononça quelques mots pour ceux tombés au combat, assurant qu'ils étaient à présent dans l'au-delà, auréolés de gloire éternelle. Cela provoqua une légère inspiration au fond du cœur de Kaldor, les grandes histoires de héros qui gagnaient une place éternelle dans l'autre-monde, glorifiés par les vivants, lui ont toujours données des étoiles dans les yeux lorsqu'il était enfant...

La fin de son discours déclencha un tonnerre d'applaudissements, auquel participa le mantellien. Mourir ne lui faisait pas peur, car c'était un risque du métier, le sacrifice ultime parfois inévitable pour arracher la victoire sur le champ de bataille. Mais dans ce cas, comment être sûr que sa mort ne serait pas un gaspillage inutile, comment savoir si cela pourrait faire changer le cours des choses ? À cela, il n'avait qu'une réponse : ne pas mourir et survivre, cela était toujours une victoire en soit.

Alors que le commander descendit de l'estrade, une autre personnalité n'attendit pas longtemps pour prendre la place : grimpant les marches à son tour, Evea Ekway avait elle aussi un discours à prononcer, comme elle l'avait dit l'autre jour lorsqu'elle était venue voir l'escouade dans les hangars.

Son discours, plus long que celui du cyborg, n'en était pas moins fascinant : là où le kaleesh glorifiait les morts et la Guerre, la pantoranne mettait la Paix en lumière. Elle voulait une Paix totale, et que l'AGPU était encore capable de mener cette quête que certains pourraient juger impossible.

Le caporal était subjugué par ces paroles. Elles restaient similaires à ce qui fut échangé entre Evea et lui, sur Taanab. Et alors qu'elle continuait son discours, Kaldor ne put s'empêcher de se faire des réflexions.

La Fleur Bleue voulait la paix, le commander prônait une mort glorieuse au combat, et même si l'un comme l'autre avait de bons arguments, Kaldor ne pouvait s'empêcher de songer que les derniers événements, voir toute l'Histoire telle qu'on la connaissait, faisaient pencher la balance en faveur de la guerre.

Certains peuples ne vivent que de ça, ou bien l'ont abordé comme une étape essentielle de l'existence, et il est vrai qu'une certaine partie des civilisations qui se sont développées au cours de l'histoire galactique a un jour été en guerre avec d'autres. Les Jedi avec les Sith, la République avec l'Empire, les Cartels Hutts entre eux, quand des alliances improbables ne se mettaient pas en place pour pouvoir mieux faire la guerre à un autre camp.

La Guerre était horrible, mais certains n'ont que ce moyen pour survivre et se développer : la survie, l'ambition, le simple plaisir de tuer, la folie, le désespoir, les ressources, tout peut devenir une bonne raison d'aller en guerre lorsque l'on est motivé. Pendant qu'ici se tient cette cérémonie, pendant qu'ici les gens buvaient du champagne et mangeaient des petits fours... quelque part ailleurs, dans les bas-fonds de Coruscant ou bien ailleurs dans la galaxie, des gens se battent et s'entre-tuent, des familles sont déchirées et disparaissent... Il y a toujours un endroit dans la galaxie qui est en proie au conflit.

Et si il y a bien une chose que Kaldor a apprise à l'armée : c'est que la guerre ne meurt jamais.

L'ovation qui suivit le discours de la sénatrice d'Alderaan ramena Kaldor à la réalité, et il se joignit aux applaudissements d'un rythme plus lent que les autres, mais sincère. Il était très honnêtement touché par les convictions pacifiques de la Fleur Bleue, et si elles venaient à aboutir, alors il sera dans les premiers à l'applaudir.
Alysha Myy’Lano
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Notre speeder vole au-dessus de Coruscant. Engoncé dans le trafic sans cesse boursouflé de la Capitale, j’ai le sentiment que nous ne parviendrons jamais là où l’on m’attend. Mon regard se perd. Par la fenêtre, j’essaie de deviner s’il existe le moindre sens dans cette cacophonie de lumières en mouvement. Le moindre sens… Je ne suis pas seule. Le Docteur est là. Il me suffirait de tendre la main pour toucher la sienne qui repose sur sa cuisse. Avec cette présence, reviennent les souvenirs de Kohlma, de son sauvetage, de ses opérations, des heures passées à le regarder dormir. Ces heures passées, aussi, à apprendre la harpe tandis qu’il oscillait entre torpeur médicamenteuse et sommeil comateux. Nous n’avions pas pu échanger depuis. La situation, sur Coruscant, avait exigé que je sois là. Que je brave la tempête, en sorte non seulement vivante mais aussi plus forte. Comme elle avait soufflé, la marâtre. Ballottée, usée, j’en suis pourtant sortie et vivante, et plus forte.

Un grand discours. Rien que d’y penser, j’en ris. Amère, agacée et même, honteuse dans une mesure. Moi, devant une assemblée, pour prononcer un discours. Première Lame Prétorienne. Pratiquement la seule Lame, encore. Cela ne fait que quelques semaines. Dire que nous avons reçu de nombreuses candidatures seraient mentir. C’est pour quoi je suis là. Beaucoup craigne encore que les Lames ne soient qu’une milice personnelle déguisée. Je me dois de les convaincre du contraire. Alors me voilà, à devoir prononcer des discours… Quel spectacle vais-je donner de moi ?

Sur mes jambes, ma casquette d’officier soigneusement déposée. Je porte l’uniforme de cérémonie de ce nouveau corps d’armée. Sur mon bras, ce nouveau blason, sur mon épaule, mes nouveaux galons, sur ma poitrine, des colifichets dont je ne suis pas tout à fait sûre de me souvenir la signification. Un nouveau costume. Un nouveau rôle. Alysha. Cette autre vie que je devais à présent endosser plus que l’ancienne. Je cherche le moindre sens…

Après un long silence, une heure peut-être depuis nos retrouvailles dans mes appartements de fonction de la tour de la Chancellerie, je lui livre enfin ma confusion en pâture : :: Je ne t'ai jamais demandé, Ryden, ce que tu pensais de tout cela. De ce que j'ai fait. De ce que je m'apprête à faire. Il me sourit et me répond, le plus franchement du monde. – Je suis heureux que tu aies trouvé une voie qui te corresponde. J'ai été surpris quand j'ai appris que tu étais devenue la Première Lame de cet Ordre militaire. Mais je sais que tu sauras utiliser tes compétences durement acquises à bon escient. Ton émancipation de notre ancienne employeuse est totale. Et c'est tout ce qui compte. Et je suis content d'être là pour te voir accomplir cela. N’a-t-il pas compris ? Son éloge glisse sur mes plumes aussi bien que l’eau et il n’y a que la surprise pour s’accrocher à mon visage lorsque je me tourne vers lui pour le regarder, scrutant la vérité dans ses yeux. – Ainsi tu le crois ? Que... Ce costume me sied davantage que les précédents ? Il rit et cela m’agace terriblement. Il ne semble pas comprendre me trouble, ou le prend-il à la légère ? Je n’ai aucun sentiment de félicité. Aucun. – Ne doute pas de toi, l'uniforme te va à ravir, dans tous les sens du terme. Il marque un temps d’arrêt, Rappelle-toi ce que je t'ai dit, l'important c'est ce que toi tu veux, pour trouver ton chemin sur lequel t'épanouir. Ceci, il désigne alors mon uniforme,est une opportunité. Et je pense que ce poste te conviendra mieux que les précédents. Même si tu es au service de la Chancellerie...tu es ton propre chef désormais. ::

Je ne réponds pas et me détourne en colère. Il n’est plus un exilé. Revenu dans le giron de la République, même sous un patronyme fictif, même sur un autre monde, il n’empêche qu’il retrouve la température des eaux qui l’ont baigné jusque-là. Il retrouve les courants, les marques, les repères qui l’ont guidé jadis. Tandis que moi, je continue d’aller seul. Dans un monde qui n’est pas le mien. Un monde qui refuse mon existence même pour ce qu’elle est. Un monde duquel je dois continuer de me cacher, auquel je dois jouer la comédie chaque jour un peu plus. Un monde duquel je ne parviens pas à arracher la moindre bribe de sens. :: Je ne suis pas ici de mon propre souhait. Je n'ai fait que trouver les moyens de ma survie. De notre survie. Que pouvais-je faire d'autre ? ELLE s'est montrée suffisamment stupide pour laisser son supérieur Sith l'amener à deux doigts de la mort. ELLE a eu l'idiotie de commettre l'un des pires crimes sur le territoire de la République. ELLE a été déchue de l'ensemble de ses droits. Lors, que me restait-il ? Je n'avais d'autres choix que de la trahir tout à fait. Je n'ai fait que confirmer le choix que j'avais pris en venant te sauver. Soit je poussais le poignard jusqu'au cœur, soit je le plongeais dans mon propre ventre.

Je n'ai qu'une promesse à tenir. Tu en es le dépositaire. Comment aurais-je pu tenir cette parole donnée recluse auprès d'une bête blessée sur un monde d'ombre et de petites manigances. Sa couronne, là-bas, et prête de choir.

Pourquoi devrais-je me soucier davantage de la République que de tout autre chose ? Que peut bien me faire la vie de ces gens ? S'ils ne sont pas capables de se défendre eux-mêmes, pourquoi devrais-je me fendre d'encaisser les coups à leur place ? Je me suis élevée par moi-même, qu'ils trouvent la même détermination ou qu'ils meurent, grand bien m'en fasse dans l'un ou l'autre cas...
Je laisse la colère aller et venir en moi, bouillonnante, magmatique. J’ai le sentiment d’avoir troquer mes barreaux contre de nouvelles chaînes, quoique ces chaînes ne manquent pas de clinquant. Je n'avais pas d'autre choix. Si je désirais poursuivre ma quête, la seule chose que je me crois décidé à faire, je n'avais pas le choix. Il continue de me sourire. Des mois plus tôt, sûrement l’aurais-je poussé, d’une pensée, dans le vide en-deçà de nous. Quelques mois plus tôt… Que c’était-il passé depuis pour que je retienne ainsi ma main ? – Je n'ai pas dit que cela sera facile. Vois cela comme un moyen de parvenir à tes fins. Ces républicains, tout comme les impériaux, les Hutts...on s'en moque. Simplement tu n'es plus enchainée à une cause perdue. Il baisse la tête, se défait de son sourire, pense à voix haute. Parfois il faut endurer bien des choses avant de retrouver son chemin. Comme tu le dis si bien...tu t'es élevée...à toi d'utiliser cette position. Tout comme j'ai choisi de LA servir quand elle m'a capturé, parce que je voulais survivre. La survie, pour un jour enfin être qui l'on souhaite, c'est tout ce qui compte, c'est une des clés de la réussite. Et au moins...nous ne sommes plus liés à elle. :: Il me sermonne comme une enfant. Cela n’aurait pu être plus agaçant si ça n’avait été vrai. Je me comporte comme une enfant, boudant le jouet acquis mais incapable de savoir ce qu’elle aurait voulu d’autres.

Je laisse le temps s’agripper à mon humeur orageuse et l’entraîner dans son sillage. Je continue de regarder le bal des véhicules, soupire et parle à nouveau, plus calme. :: J'ai continué depuis... ton alitement. Savait-il seulement de quoi je parlais ? Il était dans un tel état lorsque je jouais pour lui… Il ne réponds pas immédiatement. – Je m'en doutais. Je ne l'ai pas compris de suite. J'étais dans un état second à cause des perfusions. Et quand je suis sorti de cette torpeur, je n'étais pas capable de déceler ce qui était le fruit de mon imagination, de ce qui avait vraiment eu lieu pendant tout ce temps. Les médicaments peuvent causer des formes d'amnésie. Il soupire, j’ignore pourquoi. Nous avions si peu échangé depuis tout cela. Etait-ce la crainte de voir quel monstre était sorti des décombres de ce laboratoire ? Je me suis autorisé à penser que je n'avais pas tout rêvé...et tu avais bel et bien été présente à mes côtés tout en t'entrainant. J'ai donc la confirmation. Je sens son regard se poser sur moi. Merci de m'avoir sauvé. Et pas que dans les décombres. C’est à mon tour de ne pas le comprendre, de me tourner vers lui, de trouver ses yeux qui attendaient les miens, et de demander : – Pas que dans les décombres ? – Ton soutien quand j'étais captif sur Kohlma...Tes encouragements et ton aide promise pour trouver une solution à ma...situation actuelle. Le temps que tu as passé à mes côté alors que j'étais alité. Tout ceci a contribué à me sauver d'une façon ou d'une autre. Je sais que nous avons pour habitude de nous baser sur des échanges de bons procédés... Mais tout de même, je tenais à te le dire. :: Que puis-je répondre ? Rien. Je n’ai rien à ajouter. En attendait-il davantage ? De nouveau, mon regard se porte vers l’extérieur. Délaissant ma casquette, ma main finit par aller trouver la sienne, tandis que l’autre s’occupe de caler mon menton sur un perchoir digne de cette triste observation.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Je me tiens à l’écart de la foule. Les autres officiers présents se sont tenus jusque-là à distance respectueuse de moi, ne me rendant mon salut que parce que je leur présentais le mien. S’il n’y avait le Docteur, dans son joli costume de gala, et ma secrétaire, Inte R’prëte, dans son uniforme de cérémonie aussi soigné que le mien. Soldate de formation, elle avait, par le miracle des naissances nomades, échappés à la vigilance Jedi avant de s’engager, bien plus tard, dans l’armée. Elle avait été l’une des premières à se présenter à mon bureau et cette façon pétillante qu’elle avait d’user de la langue des signes, avec un accent de Ryloth absolument charmant, n’avait fait que parfaire sa candidature de la plus ravissante manière. Nous avions discuté longuement, elle m’avait ouvert son esprit. Sa loyauté envers l’armée est admirable, c’est un élément de qualité et d’une compagnie policée des plus agréables, d’autant plus précieux que sa voix chaude me sert à présent, très souvent, de relai. Si souvent qu’en réalité, d’un geste, on me fait savoir qu’il est temps de faire ce pour quoi je suis venue ici, ce soir.

Je monte sur scène, elle me suit. Le micro a été courtoisement mis de côté afin qu’elle puisse y parler, traduisant mes gestes. Le dos droit, l’air sûre, je dépose ma casquette sur le pupitre et commence ma gestuelle qu’elle reprend, mot pour mot.

« Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,

Permettez-moi d’abord de m’excuser pour cette forme singulière de discours. Ne pouvant prononcer moi-même ces mots, j’ai accepté que le sous-officier R’prëte me concède sa voix, un temps, plutôt que de vous faire endurer l’artifice glacial d’un synthétiseur vocal. C’est, en effet, par mes propres gestes que je tenais, à la suite de notre Commandeur et de Madame la Sénatrice, dont les paroles résonnent encore dans le cœur de tous et à raison, à saluer ces hommes et ces femmes qui, une nouvelle fois, m’ont persuadée par leur engagement, leur dévotion que j’avais trouvé ma place auprès d’eux. Il me faut à présent la mériter. Beaucoup d’entre vous l’auront deviné à l’écusson que je porte, d’autres se seront souvenus de mon visage, en retrait de celui du chancelier, il y a quelques jours de cela, d’aucun, aussi, s’interroge encore sur ma présence ici ; je suis la Première Lame Prétorienne Alysha Myy’Lano, chargée de l’organisation du Corps des Lames Républicaines et de la protection du Chancelier Suprême de la République lui-même.

Ces titres ronflants, pourtant, ne doivent pas détourner l’attention des raisons de ma venue, ni jeter sur mon discours une sombre accusation d’opportunisme. Si je me présente en toute honnêteté, c’est d’abord et avant tout en toute humilité. Humble de l’honneur qui m’est fait d’être accueillie dans la grande armée de la République. Humble de l’honneur qui m’est fait de pouvoir servir aux côtés d’hommes et de femmes de votre qualité. Honteuse, même, pour dire vrai, de n’avoir su, plus tôt, prendre cet engagement que de plus braves que moi ont payé de leurs vies.

J’ai juré, comme l’ont fait ces héros trop souvent anonymes, comme le feront chacune des Lames, de me tenir aux côtés de ces sœurs et de ses frères comme un rempart face à l’oppression et à l’injustice. Ils sont la muraille magnifique de la République à l’ombre de laquelle la liberté peut prospérer. Par leur corps, d’abord, et leur courage maintes fois, et une nouvelle fois, démontré sur le champ de bataille ; mais aussi par le souvenir de leurs nobles actes et de leur sacrifice quand malheureusement ils ne purent en revenir de bout comme ils y sont allés. J’ai longuement réfléchi, à ce qui faisaient de ces gens des êtres exceptionnels. J’ai longtemps médité sur ce qui faisait de cette uniforme la fierté de notre Galaxie. Ces gens ne sont pas extraordinaires par nature, par leur éducation, par leur puissance ou leur présence. Ils ne vaudraient alors pas davantage que toute personne portant une arme, impériale comme simple mercenaire. Non, ce qui fait que je ne peux que les admirer, que je ne peux que me sentir minuscule, recouverte de leur ombre, c’est que ces gens ne cherchèrent ni la gloire, ni la richesse. Ils ne se battirent toujours que pour la dignité des faibles et offrirent leur vie à cette absolue valeur de notre République.

A la mémoire de ceux qui sont tombés, face à toutes celles et ceux qui ont aujourd’hui mérités l’admiration de tous, sur mon honneur, je renouvelle ici mon serment de me tenir à leurs côtés et de faire tout ce qu’il est en mon pouvoir pour que perdure ce combat qu’ils ont mené. Pour que la liberté, la justice dont ils ont été et sont encore les gardiens puissent continuer de fleurir dans notre belle République. Nous n’oublions pas les vivants que gardent encore l’ennemi. Nous n’oublierons jamais les valeureux qu’ils nous ont pris. Et forts de ce souvenir et cet exemple, nous nous joindrons à la muraille qu’ils ont érigée pour que jamais ne meurt ni la joie, ni la liberté. A ces hommes, à ces femmes, vivants et disparus, de tout cœur et bien que cela ne sera jamais suffisant : merci. »
Je reste, un instant, immobile sur l’estrade. Trouvant ici et là, le regard de ceux qui m’ont écouté. J’ignore qu’elle sera leur réaction, mais je ne peux me permettre de l’attendre, et après un salut, me retire pour laisser ma place à d’autres. Le moindre sens…
Torhyn Lokred
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Coruscant…m’y revoici à nouveau. J’avais accepté d’accompagner He’Thu à cette cérémonie. Notre conversation dans le speeder qui nous conduisait fut…teintée d’émotions. Si je comprenais les craintes et les ressentis de la jeune femme, je ne pouvais cautionner qu’elle se laisse obscurcir l’esprit et le cœur. Certes le sort de Sly Keto nous avait forcé, surtout He’Thu, à prendre des décisions difficiles. Cette nouvelle position qu’allait être la sienne devait devenir un avantage pour elle afin de poursuivre sa route. La fin justifiant les moyens, ce poste au sein de ces Lames Républicaine ne devait être qu’un moyen de trouver sa voie. Et j’étais sûr qu’elle y parviendrait. Voila pourquoi je l’avais sermonné avec douceur, mais une pointe de morale.

Sa main venant chercher la mienne fut lourde de sens, et les mots furent inutiles. Nous savions ce que nous avions enduré et ce que nous allions devoir encore supporter.

Enfin le speeder arriva à destination. Je ne savais guère à quoi m’en tenir au sujet de cette cérémonie. Je ne faisais pas de politique, et je n’éprouvais aucune sympathie pour ces militaires républicains tombés au combat. Cependant, se montrer au sein de cette bonne société me permettrait de doucement me positionner dans des sphères influentes. J’allais devoir faire bonne figure, mais cela…je savais faire. Tromper les autres par mon jeu du charmant et humble docteur…c’était devenu ma marque de fabrique…En sortant du speeder, je me redressais fièrement, affichant toute mon éducation et ma bienséance dans mes gestes et mon maintien. Ryden Thorlok s’effaça pour laisser apparaitre Torhyn Lokred. J’espérais tant qu’un jour, je puisse à nouveau entendre mon véritable nom sans avoir à me cacher derrière une fausse identité. Voila pourquoi j’appréciais les rares fois où des personnes comme He’Thu ou encore Absalom m’appelaient « Ryden » …

J’avais choisi un joli costume de gala noir avec une chemise blanche. Ma barbe était impeccablement taillée et j’avais relevé mes cheveux en un chignon simple mais efficace. Mes iris bleues pétillaient et mon sourire était ravageur. J’avais profité de mon retour sur Coruscant pour retourner voir un « ami » à moi qui s’adonnait à la chirurgie esthétique. Il avait fait des merveilles sur mon visage. De mon côté j’avais poursuivi mes exercices pour sculpter mon corps et retrouver cet adage qui que je chérissais dans mes plus jeunes années : « un esprit sain dans un corps sain ». Mais…j’avais noté que depuis quelques temps mes séances d’entrainement m’épuisaient davantage. Je ne m’étais pas remis à tousser heureusement, mais je me sentais las…Des migraines affreuse me saisissaient parfois. Et j’avais eu une fois la sensation horrible de défaillir…Cela avait commencé…A nouveau mon corps dépérissait…Heureusement grâce à He’Thu et Absalom, j’avançais dans mes recherches. Et mes dernières découvertes en matière de manipulations génétique étaient très prometteuses. Je ne savais à quelle vitesse mon corps allait mourir…je devais donc me préparer au pire à tout moment et accélérer mes travaux.

Voila bien longtemps que je n’avais pas été à une réception républicaine. Il y avait beaucoup de monde. Certains retinrent mon attention. Cette gigantesque créature de chair et d’acier. Un monstre à mes yeux qui haïssaient tout ce qui s’apparentait de prêt ou de loin à un droïde. Le Commander Ular’Iim était un être des plus particulier. Sa conception de la mort était…à l’image des croyances de son peuple. Il y avait autant de logique que de mysticisme dans ses propos. Puis vint le tour d’une sénatrice. Une Pantoranne. Evea Ekway d’Alderande. Je ne l’avais jamais rencontré, mais dans un souci d’être en mesure de jouer le bon petit docteur républicain, je me devais de me tenir informé des personnalités ascendantes de la République. Et cette délicate personne à la peau bleue en faisait partie. Son discours était à son image…d’une naïveté affligeante. J’en avais presque un haut le cœur. Ce genre de vision utopiste de personnes qui souhaitaient changer la galaxie en un monde de petite peluches soi-disant mignonne me donnais des nausées. Comme si cette petite donzelle allait changer quoique ce soit. Elle fera comme les autres, gratter un peu le sommet de l’iceberg…puis elle se rendra compte que tout ceci la dépasse. Pire, parce qu’elle aura fait quelques bonnes actions et rendu meilleur quelques vies insignifiantes, elle s’imaginera qu’elle aura fait quelque chose de grand. Pathétique…ce monde était régit par les lobbyistes et les grandes corporations. La Galaxie était corrompue, la République ne faisait pas exception, bien au contraire. Et ces grands moralisateurs comme cette petite sénatrice bleue pensaient pouvoir agir. De la poudre aux yeux. Comment pouvait-elle distinguer le bien du mal ? Qui pouvait se targuer de savoir le faire…Ce n’était qu’une question de point de vue.

La guerre faisait des morts, c’était indéniable. Cela sera toujours ainsi. Mais la République aimait se draper dans de faux semblants vertueux. Où était la République quand l’Empire avait ravagé ma planète ? Quand elle s’est décidée à agir il était trop tard ! Décidément, je ne serai jamais en adéquation avec ces bien-pensants.

Vint le tour d’He’Thu de prendre la parole. A sa manière. Son aide de camp traduisait les signes et la gestuelle de la Première Lame. Le ballet des doigts de la jeune Kiffar me fit sourire. Je me rappelais la première fois que nous nous étions rencontrés. Je ne comprenais pas un traitre mot de ce qu’elle me racontait à l’époque. Il ne m’avait pas fallut longtemps pour apprendre le langage des signes afin de communiquer directement avec cette enfant de Kiffu et ainsi nous passer d’une satanée mécanique. Le discours de mon amie était teinté de bienséance, et en même temps assez réaliste. Je saluais intérieurement ses efforts. Je lui avais décroché un sourire de soutien. Elle ne s’éternisa et laissa la place pour le discours prochain.

Il y eu un mouvement de foule au même moment que des employés proposaient des rafraichissements et des petits fours. Je fus happé par ce mouvement et je sentis mon dos entrer en contact avec celui de quelqu’un d’autre. Je me tournais, et me retrouvais face à face avec la sénatrice Ekway…misère. Je pris l’air le plus navré possible :

- Veuillez m’excuser ma chère. Il semblerait que la nourriture créer quelques véhémences gourmandes chez certains ici présents. Je lui décrochais mon plus beau sourire : je ne vous ai pas trop molestée j’espère ?

- Non non, ne vous en faites pas, monsieur...

Je la fixais un court instant, réalisant alors :

- Vous m’en voyez soulagé, mais je manque à mes devoirs. Je m’inclinais doucement et me présentais : Docteur Torhyn Lokred. Ravi de vous rencontrer Sénatrice Ekway.

- Enchanté Docteur.
Elle s’inclina à son tour. Vous aussi ne subissez donc pas la force gravitationnelle des petits fours ?

Je ris à sa remarque :

- Non l'étude gustative des amuses-bouches servis n'est pas ma spécialité Je laissais mon regard bleuté plonger dans le sien, prenant un air à la fois charmant et mystérieux. Vous aviez l'air très inspirée pendant votre discours...ce fut très instructif fis-je avec douceur. Qu’avez-vous pensé de celui de la Première Lame ?

- En vous remerciant pour ce compliment, je vous répondrai que je ne suis nullement opposée aux Lames Républicaines, mais hostile au Jexit, une nuance à souligner nécessairement. Tant qu'au discours en lui-même je l'ai trouvé à la fois étayé mais vide. C'est plus un sentiment qu'un constat, donc difficile à cerner.

- J'entends la nuance concernant votre avis sur les Lames et le Jexit. Je me dis que les militaires seront heureux de voir cette force armée rejoindre leurs rangs. Pour avoir déjà côtoyé et travaillé avec des êtres sensibles à la Force ils peuvent changer la donne dans bien des situations. Qu'entendez-vous par "vide" ma chère ?

- Peut-être le terme peut sembler radical, mais par là je veux signifier qu'il n'apporte pas grand-chose de supplémentaire à la situation tendue en tout point au sujet de cette nouvelle organisation, il semblait évident que les Lames ont comme prérogatives principale de défendre le peuple républicain. En revanche cela a permis au moins de souligner le profond humanisme - à condition qu'il ne soit pas un artifice - de la Première Lame, chose qui me rassure.

Elle arqua un sourcil. Je souris aimablement, songeant intérieurement à l'humanisme d'He'Thu...je repris doucement :

- Je comprends. L'avenir vous apportera surement plus d'éclaircissements. En revanche, si vous le souhaitez, je peux vous présenter la Première Lame. Je tendis mon bras à la sénatrice, lui désignant à quelques pas celle qui venait de prendre la parole. Alysha, ma chère, approchez que je vous présente la Sénatrice Evea Ekway.
Grendo S'orn
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Coruscant - Cérémonie de remises des médailles

Dix neuf jours après l'attentat à la bombe sur Ossus, soit deux jours avant le délai fixé par le Gouvernement pour le départ des Jedi

Debout fièrement sur l'estrade face à l'assemblée, Grendo S'orn ne tenait aucun discours entre ses mains, bien trop habitué à improviser en ce genre de circonstance. Pour l'occasion, le neimoidien portait exactement la même tenue d'apparat prestigieuse et tape-à-l'oeil qu'il avait enfilé lors de son discours d'investiture; une sombre tunique couleur ébène parfaitement ajustée et un large collier pectoral en or massif sur lequel figurait l'emblème de la Chancellerie. Le tout accompagné d'une coiffe relativement haute en forme de mitre mêlant plumes de Pylat albinos parsemée de part et d'autre d'une fine couche dorée. A son apparition sous la lumière artificielle du cinq millième étage de l'une de ces énièmes tours de Coruscant, le brouhaha ambiant dû aux multiples conversations des invités fit place à de francs applaudissements qui recouvrèrent littéralement le parterre de convives venu assister à l'événement. Les flashs incessants des médias venu assister à la cérémonie n'étaient pas sans déplaire au neimoidien qui affichait comme à l'accoutumé, son plus beau sourire carnassier.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, si nous sommes tous réunis ici aujourd'hui c'est pour saluer le courage, la loyauté, le sens du devoir et l'honneur d'hommes et de femmes d'exceptions. Une fois encore, vous avez défendu notre Nation et ses ressortissants, prouvant à l'Empire mais également au reste de la galaxie que la République d'aujourd'hui n'est plus celle d'autrefois. L'Ancien régime n'est plus qu'un vieux souvenir ... il savourait chacun de ces mots qu'il venait de prononcer. La fin de l'Ancien Régime, celui la même qui avait fait sombré, selon lui, la République dans un chaos monumental et une désorganisation inouïe. Aucune planification, une économie en perte de vitesse, une stratégie en matière de diplomatie étrangère quasi inexistante ... il avait tout reconstruit.

- Mais cette cérémonie est aussi l'occasion de rendre hommage à tout ceux qui ont défendu notre liberté et qui ne sont plus là pour en profiter. Plus que lourds sacrifices nous avons un réel devoir de mémoire vis-à-vis de ces héros de guerre qui méritent tout notre respect et notre reconnaissance. Eux ainsi que leur conjoint survivant. A ce titre, et dans un but d'aider les familles des victimes, le Ministère du Trésor m'a fait savoir que le budget actuel nous permettait d'accorder une enveloppe de plusieurs millions de crédits qui seront reversés aux mutilés et invalides de guerre. une décision loin d'être désintéressée vu la fin de mandat approchant. Sa stratégie visant à se rapprocher de la branche militaire républicaine était toujours la même depuis le début. Et quoi de plus efficace en grassant largement la patte de ceux qu'il surnommait ses frères d'arme.

- Je me dois de remettre la première Médaille d’Honneur Républicaine à celui que l'Empire ne peut plus se permettre d'ignorer sur le champs de bataille. Commander U'larlim, approchez. le neimoidien épingla la première médaille et serra la main du Kaleesh. Vous avez dominé le ciel d'Arda il y a quelques années face à la flotte de l'Inquisiteur Khorog et aujourd'hui vous étiez notre principal rempart contre l'assaut impérial sur Ossus. Vos nombreux exploits contre nos ennemis méritent toute notre gratitude. En guise de reconnaissance et avec l'accord unanime des membres de l'Etat Major, je vous nomme Amiral. Zerath Ular'Iim représentait selon Grendo l'un des meilleurs espoirs de la République pour venir un jour à bout de l'Empire. Il était le seul à avoir percé le territoire impérial permettant aux républicains d'atteindre un jour Dromund Kaas.

- Caporal Mantell avancez. il épingla la seconde médaille sur le torse de Kaldor tout en lui serrant la main. Au péril de votre vie vous avez défendu l'une des figures les plus emblématique de la diplomatie internationale, le président de l'Alliance Galactique des Puissances Unies, Maître Thélophilus. Et même si ce dernier est porté disparu, votre ténacité est un exemple pour tous les jeunes républicains. Afin de vous remercier, l'Etat Major et moi-même vous nommons Caporal Chef. sous ces airs rustres, Kaldor s'affichait comme le militaire de carrière par excellence, un allié potentiellement intéressant pour Grendo qui ne manquerait pas de suivre sa carrière avec grand intérêt.

- La troisième Médaille d'Honneur Républicaine revient au Capitaine Darsch. Dans un élan d'héroïsme faisant abstraction de blessures qui en auraient terrassés plus d'un, vous avez réussi à rétablir les communications en traversant Knossa sous le feu ennemi. Je vous prie d'accepter les remerciements de la République toute entière. dernier serrage de main, du moins pour le moment, mais S'orn ne comptait pas oublier tout ceux qui étaient morts au combat.

- Et enfin, morts sur le champs de bataille; le Caporal Chef Nomi Reed, le Caporal Malou, le Lieutenant Anderson, le Caporal Rick, le Sergent Jil, le Capitaine Hanx, le Lieutenant Koup, ... et quatre vingt dix huit noms plus tard, S'orn releva la tête. ... tous méritent également la Médaille d'Honneur de la République. Ces noms, pour que jamais ils ne soient oubliés, seront gravé sur un obélisque qui sera érigé sur la Place des Monuments de Coruscant aux côtés des héros de notre Nation. un projet abordé quelques heures plus tôt en conseil des Ministres et qui ne manquerait pas de faire plaisir aux militaires.

- Avant de clôturer mon discours je vous propose d'observer tous ensemble une minute de silence en hommage à nos frères d'armes tombés au combat. N'oublions pas aussi le lourd sacrifice du peuple d'Ossus qui a vécu l'horreur de cet attentat sur son propre sol et ceux de nos alliés qui déplorent également de nombreuses pertes. aucun détail sur ces alliés, parlait-il de l'Empire ? Des Kajidics ? Des Bothans ?

Une minute de silence solennelle respectée par la majorité de l'assemblée. Un silence tranchant littéralement avec le brouhaha qui s'était élevé depuis le début de la cérémonie. Une fois la minute entière écoulée, S'orn releva la tête et posa ses deux mains sur le rebord de son pupitre.

- Il est évident que vous êtes bien plus nombreux à mériter les reconnaissances de la République. Je pense notamment à tout ceux qui ont oeuvré ces longues années pour développer ce projet pharaonique qu'est l'AGPU qu'ils soient ambassadeurs, diplomates ou experts en politique étrangère. Mais également tous les membres du Sénat, majorité comme opposition, qui chaque jour, convaincu de défendre leurs idéaux enrichissent toujours plus nos débats par leurs différents points de vue. Et enfin, je tiens à remercier tous les républicains pour leur confiance en nos instances politique qui jamais ne s'est affaiblie durant ces dernières années. Bientôt mon mandat se terminera et le rôle de Chancelier sera remis à celui ou celle que vous jugerez apte à endosser ce titre pour les quatre années suivantes. Je ne doute pas un seul instant que vous ferez ... le bon choix.

Vive la République !


Tonnerre d’applaudissements, les partisans pro-S'orn ne se privaient pas pour se faire entendre à la satisfaction du neimoidien qui remerciait l'assemblée les bras dans sa direction avant de quitter l'estrade et de se mêler à la foule, un petit four à la main.
Greg Ory
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Pour la troisième fois, depuis que je suis dans la navette, je me lave les mains à l’aide d’un gel désinfectant. Le petit vaisseau volant doit être plein de bactérie, c’est certain ! Je vois bien le regard désapprobateur de mon père, le général Ken Ory, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi.

Je l’écoute d’ailleurs me répéter pour la cinquième fois de la soirée ses consignes :

Surtout, ne me fais pas honte, je t’ai emmené à cette cérémonie car j’aimerais te présenter à certains des officiers haut gradé de la flotte qui pourrait t’aider dans ta carrière, alors tiens-toi bien, tu es un Ory.


Je soupire et pour me détresser, je passe ma main dans mes cheveux, coupés très court pour éviter qu’ils deviennent gras et je contemple mon uniforme de capitaine, noire avec quelques touches de rouge et de jaune. Il est tout neuf, ma nomination à ce grade ayant été réalisé hier. J’ai dit au revoir à mes hommes d’ailleurs et ils semblaient tous soulagés de me voir quitter la frégate nommé Victoire, mon obsession pour l’hygiène a dut les contrarier quelque peu.

Nous arrivons enfin dans un des endroits pour privilégié dans la capitale et je quitte avec grande satisfaction le nid à virus. Je reste près de mon père et en attendant le premier discours, je suis introduit par mon paternel auprès de diverses personnes avec tant de médaille que l'on ne voit mêmeplus le tissus de leurs uniformes. Tout ceci prend fin quand un colosse, que j’identifie immédiatement comme le fameux Zerath Ular’Iim arrive pour nous faire un discours qui, j’avoue me touche. Je pense à mes propres hommes qui sont tombés lors des différents combats contre les Siths, certains à cause de mon manque d’expérience d’ailleurs.

J’espère sincèrement qu’ils sont bien dans les rayons lunaires ou un endroit au calme et que leurs âmes ne tombent pas dans un trou sans fin comme je l’ai lu dans un livre ancien. J’applaudis donc à la fin de ses paroles et reprends une petite coupe de vin, appréciant la boisson qui est excellente.

Mais ce n’est pas fini, car c’est maintenant au tour d’une Pantoranne, qui parait minuscule auprès du géant, on me dit qu’il s’agit de la sénatrice d’Alderan, ce qui ne me dit pas grand-chose, mais il y a tellement de sénateur qu’il est difficile de les connaître tous. Je l’écoute parler de paix, ce qui est forcément une bonne chose, mais aussi critiquer le budget dévolu à l’armée, ce qui est une mauvaise chose.

Mon père a aussi le nez plissé, ce qui est un signe de désaccord profond chez lui et je me rends compte que je montre la même expression ! Décidément, je suis bien le fils de mon père. Pour nous, il ne peut y avoir de paix avec l’Empire, ce dernier ne s’arrêtera jamais de vouloir conquérir toute la galaxie, c’est dans sa nature même.

Mais je n’ai guère le temps d’y penser, car une autre femme, kiffar celle-là, prends la parole, enfin, c’est une façon de parler, car elle se fait traduire par une autre personne. J’apprends ainsi que c’est la chef du nouveau corps qui vient d’être constitué et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle partage la même vision que moi de la République, ce qui est assez réconfortant.

Le prochain à parler est immédiatement reconnaissable, il s’agit du Chancelier en chair et en plume ! À sa demande, je me tais pendant la minute de silence et bien sûr applaudis à la fin de son discours, vive la République !
Huan Rhŷn
Huan Rhŷn
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L’humidité dans l’air alourdit la respiration. Le lointain bourdonnement mécanique couvre l’absence de vie dans les entrailles de la capitale, la routine du vide industriel est à son paroxysme et seul les lampes de sécurité empêche la noirceur de s’accomplir dans l’espace des lieux. Un rouge intermittent accompagne le temps sous une lumière harassante, ombrant toutes formes qui se trouve ici, dans les profondeurs, dans l’oublie. L’abysse est soudainement perturbé dans sa torpeur, le métal est secoué et des cris étouffés viennent se perdre dans l’écho inhabité de cet endroit. Curieuses, les profondeurs s'approchent des tumultes, elles aiment laisser en scène les perturbateurs, ils sont si rares, si remarquables et si informatifs. Une chaîne raide danse sous le poid d’un homme qui y est attaché par ses deux poignets ensanglantés. Les jambes abattues du candidat trainent, incapable de reprendre leur forces, brisé par les coups, elle ont abandonnés le combat. Le manège est soutenue d’une poulie industrielle, gardant la hauteur désirée à la merci de l'interrogateur qui pour chaque goutte de sueur et de sang, rappelle à son invité que fermer les yeux pour s’endormir n’est pas une option.

D’un élan digne d’un boxeur, le vieux retraité donne coup de poing remontant dans les côtes de son captif. Le cris de douleur est bâillonné par le blanc du tissu qui lui ceinture la bouche, seul ses yeux peuvent exprimer sa douleur, sa peur et sa colère. La main du bourreau vient alors agripper le visage de l’enchaîné pour lui parler de plus prêt, voire même lui chuchoter quelques mots. Cependant, le torturé se résigne, il accepte la douleur et vient cracher au visage de celui qui le possède pour lui démontrer sa volonté. Calme, le policier en retrait se nettoie lentement le visage avec sa main de libre, libérant ensuite l’homme de sa poigne pour prendre un peu de recul, saisissant par la même occasion l’autre extrémité de la chaîne. De ses deux mains, il tire consécutivement pour faire monter la charge dans les airs, laissant le bruit métallique et des pieds nues frotter sur le sol jusqu’à ce que tout son corps soit exposé et pendu à ses poignets. Le retraité saisit alors un pistolet à injection et de deux mouvements rapides, il vient presser la détente sur chacune des cuisses du suspendu qui hurle sous l’étouffement. L’arme est alors relier à deux câbles conducteurs soudés à des électrodes implantées solidement dans les deux jambes du supplicié. On se concentre! Dit il en montrant un datapad qui démontre des donnés défilants seuls tout en lui retirant ce qui lui bâillonne la bouche. Qui es ton contact? l’interroge-t-il agressivement avant de se faire cracher dessus à nouveau. Du plus sérieusement au monde, il entre de force le tissu dans la bouche de sa victime, fait quelques pas derrière pour brancher les deux câbles électriques dans une boîte d'alimentation et d’un simple mouvement de doigt, tourne un interrupteur. Un hurlement de douleur frappe avec soins l’éclairage qui se met à lentement papilloter. De ses yeux ronds, de son tremblement et de ses muscles qui se raidissent, des postillons commencent à sortir hors de sa bouche. Toujours détendu, le policier rebalance son doigt sur l'interrupteur pour tout arrêter avant de revenir s’approcher de lui.

Tu sais, on avait l’habitude de sous traiter ce genre d'exercice, mais souvent on était dans les étages bien plus inférieurs où le courant n’était pas fiable. Ils nous arrivaient quelquefois d’attendre le courant pendant des heures, on finissait par perdre patience, on a trouvé autre chose, on a arraché les ongles, on a brûlé la peau à l’acide goûte à goûte mais... Finalement cet exercice était improductif, mais ici on peut se fier au courant, il est régulier et constant. L’avantage c’est qu’on peut rester branché sans problème toute la journée.

Il s’approche et lui redonne le droit de parole à nouveau en lui retirant ce qui lui couvre la bouche. Quelle est son nom!? L’homme tente de reprendre son souffle, le regard terrorisé Je sais pas, je sais pas, elle ne me l’a jamais dit, je sais pas, pitié, je ne le connaît pas. Le regard planté dans le regard de l’autre, la discussion continue Elle? Il affirme de la tête À quoi elle ressemble? L’homme fait signe de non de la tête, incapable de répondre, refusant d’aller plus loin mais il est rapidement remis sur place alors que son bourreau fint lui venir lui remettre la boule de tissu dans sa gorge. Bleu, elle avait la peau bleu… bleu, les yeux, je sais pas, les yeux… je… je sais pas, elle portait beaucoup… de vêtement...Un effort Kidu, un effort! Son regard tremble car décidément, il allait avoir besoin d’aide pour mieux se souvenir de son ancienne rencontre.


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Un doigt sur son oreillette de gauche, Huan regarde le vide du haut d’un des balcons de la cérémonie, tous ces speeders qui circulent dans l’œcuménopole aident pour patienter ainsi que pour s’occuper l’esprit. Un de ses agents est parti interpeller la seule source d’information qu’il possède présentement, il est conscient qu’il marche sur des œufs, mais il est prêt à prendre le risque, sachant que sa cible fait partie de là classe présente aux festivités actuelles. La chasse à l’homme actuelle commencera alors par ce peu d’informations. Une voix robotique ultra synthétisée et grave entre alors en contact avec le lieutenant qui, d'un clic, accepte la transmission en hologramme de son partenaire.

Bon, tu vas devoir travailler avec peu pour le moment, physique et voix féminine, humanoïde et surtout, elle a la peau bleue. Le roux regarde alors le ciel, en réflection Entendu, je te met en connection privé dans mon système, évitons la hollo-diffusion Plusieurs écran s’ouvre devant le chandilien, ce qui lui donne l’impression que les fenêtres de contrôle sont dans le ciel, mais en réalité ce n’est qu’une illusion créé par mes lentilles, seul lui les vois. Après avoir réglé le “channel” d’écoute, il ferme l'hologramme.
Un, deux. Huan se tourne et s’avance lentement vers l’assemblé en ajustant ses boutons de manchettes, le regard bleu azur étincelant, il termine son dialogue de manière net Entendu. Le lieutenant rejoint alors les rangs de ses camarades sans dire un mot, sans s'adresser du regard non plus, il fixe les politiciennes les une après l’autre en identifiant les pantoriennes, Twi’lek, chagriene falleen et autres races qui ont ce large trait physique. Un légère banque de données se fait avec les visages, trop de gens pour le moment, mais plus les informations entrent en compte et plus le chandrilien va pouvoir filtrer la liste.

Zerath Ular'Iim, non pas étonné de le voir, Huan le voit partout, il l’entend sur toute les lèvres et sur tous les ponts de la 3ème. Il se souvient encore de son discours de victoire pour Arda, un souvenir bien sombre et encore douloureux. Non sans manquer de respect pour son commander, Huan a cependant toujours gardé une certaine froideur vis-à-vis la philosophie du kaleesh, car la gloire du combat pour l’humain, c’est dépassé et surtout, elle n’est pas son allié, elle l’a déjà trahie une fois, une fois de trop. Visiblement, le long discours du géant revêtu de vêtement traditionnel de son espèce est prévisible pour le pilote, lourd à entendre quand on comprend le sens profond des mots utilisés, certes, mais il ne lui en tient pas rigueur, sachant que les Kaleesh ont leur culture propre et qu’ils en sont plutôt fier.

Evea Ekway un discours sur la paix est très politique bien entendu. Y croire est d’une nature si simple de première vue, si niaise, mais plus on y porte réflection, plus on se rend compte que cela peut aller loin. Premièrement il faut comprendre qu’en politique, les mots ont une définition publique et une définition interne. La paix peut autant dire la guerre dans certains cas, comme la guerre peut définir la paix pour d'autres. Certes il est bon qu’elle soit présente, Huan a toujours apprécié voir les divergences d'opinions en politique, le grand “clash” des idées est une nécessité, moins les choix sont filtrés dans leur idées, plus elles sont construits pour l’électorat. Pour sa part, il est surtout curieux de savoir quelle genre de guerre elle va proposer pour sécuriser la paix qu’elle propose, mais dans tous les cas, le lieutenant apprécie beaucoup la réflection apporté, il n’y a pas vraiment de bonne réponses au final, autre que s'aider soit-même à évoluer dans une société qui évolue elle-même. Cependant le militaire n’oublie pas un détail, il s’agit d’une pantorienne, le profilage racial est obligé, son visage se classe parmi les autres sous le regard de l’homme dans un dossier.

Alysha Myy’Lano est une totale inconnue pour le chandrilien et ses sources, ce qui n’est pas très grave pour le moment. Son discours frappe cependant Huan de plein fouet, il ne s'agit pas de simples paroles, car dans ce qu’elle dit, elle offre directement une solution à celui qui l’écoute. Les lames… L’homme aux yeux bleus a l’impression que l’interprète parle pour lui aussi en fait.

« En la mémoire de mon père qui est tombé, face à toutes celles et ceux qui ont aujourd’hui mérité l'admiration de tous, sur mon honneur je… je. » Le regard vers le sol, il soulève finalement les yeux pour les plonger directement dans ceux de la femme qui gesticule ses mots. « Pour que la liberté, la justice dont il a été et est encore le gardien puissent continuer de fleurir dans notre belle République… Je n'oublierai jamais le père qu’ils m’ont pris. Et forts de ce souvenir et de cet exemple, je me joindrai à la muraille qu’il a érigée pour que jamais ne meurt ni la joie, ni la liberté. »

Les mots ci dessus sont tous mimés des lèvres de huan avec une presque parfaite synchronisation avec la twi’lek, il supporte le regard de Alysha un certain moment quand elle vint le regarder à son tour, mais Huan détourne le regard pour éviter d’attirer d’avantage l’attention de la femme vers lui.


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Les applaudissements ont lieu suite au discours du chancelier suprême, traditionnel et glorieux, le tout est centré sur la promotion de quelque personnes dont le commander Ular'Iim qui devient maintenant amiral Ular'Iim, un moment dont Huan mémorise le symbolisme, c’est un accomplissement pour la république, une avancée et le lieutenant ne peux qu’en être fier lui aussi, pour sa nation. Il participe donc à l’acclamation sans pour autant crier, en restant serein et tranquille

Je confirme, il s’agit d’une pantoranne.

Le soldat ne bronche pas et n’arrête pas d’applaudir, en supprimant alors une bonne partie des suspects de sa liste du même coup. Son regard se porte alors sur la sénatrice brièvement, mais voyant qu’elle a autour d’elle un attroupement comprenant la première lame Myy’Lano, il s’y détourne rapidement pour faire quelques pas vers un endroit où il va pouvoir s’installer confortablement proche des autres militaires.
Voyl Clawback
Voyl Clawback
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Coruscant - Quartier 500 Republica - Place du Sénat Galactique - 10:10 am

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Parfois, l’histoire avait cette fâcheuse manie de se répéter, à la façon d’un conférencier s’égarant dans ses notes, peu sûr du passage qu’il avait pourtant lui-même écrit. Cette journée, pour Clawback, était de celles-là : tout, jusque dans le décorum choisi pour l’occasion, lui rappelait soudain la remise des médailles qu’avait [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], sur cette même place. Aujourd’hui, cependant, les protagonistes étaient différents. Beaucoup de choses avaient changé en peu de temps, et s’il fallait en parler, l’évolution de la situation sur Ossus venait de connaître un virage à cent-quatre-vingt degrés. De quoi faire grincer des dents beaucoup de diplomates et de lobbyistes, mais qui, dans les couloirs feutrés d’une administration volontiers secrète, ne déplaisait pas à tout le monde. Les conflits avaient toujours fait les bonnes affaires d’une minorité silencieuse.

Ils parlaient de guerre, ils parlaient de paix. Qu’aurait été une guerre perpétuelle sinon une existence… sans guerre ni paix ? Qu’aurait été une paix sans début ni fin, sinon le repos éternel d’une vie réduite à un simple potentiel ? On ne faisait pas de chaud sans froid, pensait sombrement Voyl, il fallait prendre la perspective dans son ensemble sans la tronquer par commodité. Que l’on prônât l’un ou l’autre, on ne faisait guère que mettre le pied sur l’un des plateaux d’une balance métaphorique, dont on ne pouvait jamais faire à soi seul le parfait équilibre. Des utopistes, les uns comme les autres, des rêveurs qui tentaient par leurs dessins soignés ourlés de mots de persuader la foule que leur tableau était plus abouti que celui du voisin. Ils parlaient tous de la même chose, seule leur langage était dissemblable, car chacun entendait nettement se distinguer, faire en sorte qu’on ne les confondit pas. Mais s’en rendaient-ils vraiment compte, emballés comme des pod-racers furieux lancés tous freins coupés sur des pistes sans visibilité ?

Contrairement à l’homme assis – vautré – sur le siège devant le sien, Clawback savait apprécier les discours. Les muuns, de manière générale, avaient une résistance à l’ennui et une capacité de concentration que la majorité des êtres humains pouvaient parfois leur envier. Cependant, rien n’agaçait davantage l’esprit mathématique et réfractaire aux subtilités du langage émotionnel de Voyl, que d’être l’impuissant spectateur d’un déballage de fausses émotions de toutes les couleurs. Le seul témoignage de ce silencieux agacement demeurait scellé dans son regard : un reflet las dans ses iris d’un violet glacial. Peut-être, à l’occasion d’une phrase, un pli à la racine de son nez plat trahissait encore l'existence du moindre sentiment dans ce corps droit et sec, comme vitrifié sur son siège. Il avait beau avoir compris de longue date tout l’intérêt de ces exploits rhétoriques que requérait l’art politique, il ne s’y faisait pas. Et ne s’y ferait sans doute jamais. Pour lui, ne comptait que l’efficacité d’une décision bien prise, d’une exécution millimétrée, et le doux ronron virtuel de la mécanique systémique mise en place depuis des éons, faite pour délivrer des résultats parfaitement mécaniques. Le foisonnement du théâtre des charismatiques égos ne l’atteignait que rarement – peut-être, à l’occasion d’une prouesse exceptionnelle d’un mestre des formules éclatantes, et encore… Sa personnalité avait en cela toujours refroidi les plus enjoués. Dans les milieux qu'il fréquentait, il avait fini par gagner la réputation d'un triste sire que bien peu de choses savaient dérider.

Remarquant son mutisme – ordinaire s’il en était – K’aaris Klark, toujours à la même place, avec la même veste - mais quelques années de plus sur les épaules - tenta de transformer les quelques longues minutes en compagnie des figures de cire du Clan Bancaire en quelque chose de plus… interactif. Un défi à la mesure d’un sénateur avec autant de bouteille, mais même lui doutait de parvenir à sortir l’imposante figure du directeur adjoint de sa méditation solitaire.

" Ce militaire est vraiment une curieuse créature, n’est-ce pas ? tenta-t-il de plaisanter avec l’esquisse vague d’un sourire, je n’en avais jamais vu de semblable. Il paraît qu’il est doté d’une technologie singulière : nombre d’industriels s’y intéressent en sous-main.

-Vous parlez de ses particularités physiques ? finit par rétorquer Voyl d’un ton aussi égal que son masque de marbre, ou bien de son propos ? L’un comme l’autre sont d’une originalité propre à plaire à la presse. Ce vocable semble sorti tout droit d’un ancien dictionnaire des clusters indépendantistes de la Bordure Médiane. Quant à sa vision de la mort glorieuse, permettez-moi de trouver tel discours en parfait décalage avec les pensées politiques du moment : je doute qu’aucune des figures ci-présente ne souhaitent dévoiler à leurs chers corps électoraux que nos dirigeants militaires envoient les troupes à la mort… avec le sourire.

-Mmh… Il est vrai que je ne m’attendais pas à ce que ce discours d’ouverture fasse état d’une… euh… d’une fête des morts ? Ahah ! Quel panache, quand on y pense ! Mais enfin, je trouve l’idée assez amusante. Nous devrions peut-être confronter nos vieilles coutumes à de telles avancées, pour dépoussiérer nos funérailles planétaires ? Cela nous changerait des litanies mortuaires ?

-Mon cher Klark, vous devriez réellement réviser la définition du mot amusant. "

Mais, au fin fond de cette phrase au ton décidément trop monocorde, ceux qui le connaissaient auraient pu y déceler une réelle ironie. Sur leur discret échange noyé dans les rumeurs de la foule dont ils faisaient partie intégrante, les tenants de l’estrade avaient changé, entamant la longue séance de défilé que comptait toujours un tel évènement.

Les applaudissements retentirent de nouveau, et le muun suivit, mécanique, pour laisser son corps piloter l'action à sa place, là où son attention n'était déjà plus. Il avait repéré quelques mouvements intéressants dans les rangées les plus proches, et, à l'affût de ce qui s'y passait, laissait sans rien dire sa mémoire sélectionner ce qui lui plaisait dans ce balais mondain. Sans surprise, beaucoup des figures du FLR avaient fait le déplacement. Beaucoup de personnalités de l'économie coruscanti au sens large, mais aussi une grande partie de l'opposition, qui entendait encore et toujours se préparer à la joute glorieuse que constituait chaque nouvelle élection. Sous le décors fastueux, c'était un authentique combat qui se menait. On en voulait pour preuve l'allocution suivante, menée par l'une des figures montantes des parties ayant succédé aux anciennes mouvances Scalia. Bien plus médiatisable que la revêche Laz'ziark et sa garde rapprochées des syndicats ouvriers, la jeune Ekway jouait la partition des politiques avec talent, propre à toucher son public. Elle faisait désormais partie d'un ensemble de corps sénatoriaux qui avaient longtemps hésité à se joindre. La pantoranne était toujours apparue aux côtés de polémistes de leur temps, et entendait sans nul doute continuer dans son élan. Mêlée, ils le pensaient, à ses jeunesses idéalistes et férues de grandes réformes qui feignaient de ne pas comprendre la réalité du système qui étaient le leur, pour mieux gagner leur combats, hypocrites. Une, parmi tant d'autres avant et après elle... qui les avaient visé, les "eux", les "ils", industriels et financiers, économistes et armateurs, comme une masse anonyme mais dangereuse pour le prolétariat, ramenant sur la table le vieux schéma des ennemis endémiques dans cette galaxie qui peinait toujours autant à s'unir.

" Il se raconte que les mondes non-alignés ont fait de grands ronds de jambes aux membres de l'UGSS l'an passé, figurez-vous. Au départ, certains s'en sont moqués, mais il semblerait que toute cette machinerie ait finalement aboutie. Voyez-vous ça ! Scalia doit battre des pieds dans sa tombe !

-En effet. Mais, je ne vous cache pas qu'au delà de ces manœuvres un peu trop évidentes, mon intérêt va au jeune poulain de Kira.

-Quoi... ce freluquet de Jonas ? Vraiment ? Il ne brille pas par ses talents d'orateur, je peux vous l'assurer...

-Méfiez-vous des partis silencieux, Klark. Tout autant que des marchés de niche. "

Une femme, humaine selon toute apparence, monta à son tour, digne et fière, prit place au centre, et commença à discourir, flanquée de deux autres personnes, comme pour souligner son importance. A sa plus grande surprise, en langage des signes. Elle portait l’uniforme des fameuses Lames Républicaines, la création de Grendo S’orn et du gouvernement porté par le FLR. Une nouveauté telle que la galaxie n’en avait pas encore vue, une force étatique dotée de la Force, d’utilisateurs qui, cette fois, ne seraient pas téléguidés par un organe externe à la République. Une telle révolution dans le petit monde des élites républicaines ne passait pas inaperçue, et tous les mondes industrialisés n'avaient pas tardé à faire tourner les machines à jaser dès l'annonce de la chancellerie faite. Nombre de figures républicaines s'étaient méfiées, pour diverses raisons, de l'engouement du neimoidien pour ceux que l'on nommait parfois les mystificateurs de la Force. Pour cause : Clawback était bien placé pour le savoir, mêmes les esprits les plus cryptiques n'étaient pas à l'abri d'une agression en présence de telles personnalités. Croire pouvoir contrôler, pire, dominer un utilisateur de la Force, sans les connaissances adéquates, était une véritable folie aux yeux du banquier. Sa rancune et sa peur n'étaient pas étrangère à sa pensée radicale sur le sujet.

Ses inquiétudes à ce sujet, Clawback ne les avaient pas cachées, depuis que S’orn et son équipe gouvernementale avaient voulu mettre sur pied ce projet immense qu’étaient les Lames Républicaines. Un but qui promettait un bouleversement tel que les mondes républicains en seraient sans doute changé, sinon à jamais, tout du moins pour des siècles. A commencer par l’éviction des Jedi, et l’encadrement des utilisateurs de la Force directement par des instances… qui n’en comptaient aucun ! Du moins, officiellement.

L’année écoulée, l’épisode douloureux d’Ondéron et sa confrontation au [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] s'ajoutant à ses précédents déboires avec les utilisateurs de la Force avaient achevé de le convaincre de la nécessité de se pencher sur le problème que constituait cette Force, ce paramètre insaisissable qui avait l'outrecuidance de mettre systématiquement en échec même les modélisations les plus poussées de l'Univers connu. Un authentique scandale scientifique pour le vieux muun, ce d'autant plus qu'elle octroyait par le truchement d'un hasard improbable des pouvoirs à des personnalités qui, de son point de vue, n'avaient rien qui put faire penser qu'elles les méritaient.

Sa courte entrevue fortuite avec la chancelière Von, des années auparavant, lui revint en mémoire. La naïveté qui était la sienne à un tel poste, la candeur, presque, de son dévouement à cette République qu’elle pensait idéale et éternelle l’avait presque choqué. Avait-il un jour, lui aussi, été un tel idéaliste ? La réponse, surprenante, était... oui. Le jeune ingénieur des hypercommunications qu’il avait été avait eu, en son temps, cet élan fantastique qui lui avait fait aussi commettre de terribles impairs, dans ce monde calibré, contrôlé, où toute interaction appelait une réplique sans fin. Lorsqu’on se battait pour des idées, on avait tout d’abord cette énergie formidable qui nous faisait croire que tout était possible, mais l’idéal résistait difficilement à l’usure à laquelle le soumettait la réalité. L’âge, la plupart du temps, avait raison des idéalistes… et Voyl, comme l’écrasante majorité, avait rapidement abandonné cette flamme mystique.

Sa pensée divergea, puis convergea de nouveau en éliminant les pistes stériles en séquences successives, loin des schémas mentaux humains. Il finit par reprendre conscience du verre posé sur l'accoudoir. Dans les tribunes, les invités avaient eu le privilège délicat de se voir servir des rafraichissements, et il n'avait rien trouvé de plus appétant qu'un simple verre d'eau minérale de R'alla, loin de se laisser tenter par un alcool quelconque, prompt à lui donner un état physique et mental peu appropriés pour la suite de la journée.

" Qui est-ce ? interrogea-t-il, anodin, en fixant intensément le visage illuminé de la dénommée Myy'lano, dont la gestuelle étaient retranscrite en paroles en temps réel,

-Eh bien... difficile à dire. Dégotée par S'orn la galaxie sait où ! Elle présente bien, vous ne trouvez pas ? Qui sait ? Sans doute est-elle issue d'un ancien mouvement anti-jedi, ou que sais-je ? Une bonne raison de lui confier telle mission. Beaucoup de rumeurs courent sur ces Lames au Sénat, difficile d'y démêler le vrai du faux, en fin de compte.

-Étonnant, une muette, à un tel poste ? Notre chancelier a l'art de savoir garder ses secrets.

-Je n'y avais pas songé. Mais connaissant S'orn, il n'aurait pas placé une personnalité qui ne lui était pas acquise à la tête d'un tel corps d'armé... Surtout avec les récentes décisions ! Qui qu'elle soit, elle a ses entrées, et du talent à revendre, j'en suis certain.

-Dire que la Rotonde est sensée être votre bocal depuis plus d'une décennie. Vous êtes un piètre enquêteur, sénateur.

-Bon sang, je ne passe pas mon temps à écouter aux portes de la chancellerie, Clawback... Vous en savez sûrement plus long que moi à ce stade !

-Vous savez que je me tiens bien loin de ce genre de... personnalité. Leur nature les incline à se comporter dangereusement. "

Le mot seul contenait une acidité dangereuse, que Klark ne put que remarquer. Il eut un bref sourire crispé, alors que l’allocution touchait à sa fin. Et les applaudissement de reprendre, comme si quelqu'un avait de nouveau enclenché la machine.

" Quoi qu'il en soit, j'ai hâte de voir quelles conséquences concrètes le départ des Jedi aura sur le paysage politique de notre chère république ! Un changement si radical, les sénateurs de tous bords vont devoir revoir leur copie, pour sûr ! Sans doute que toutes leurs sourdes combines risquent d'être mises à mal, depuis le temps que nous étions habitués à cette ingérence latente. C'était, je crois, l'une de vos craintes, à l'époque ? Arnor et Von... Que les jedi finissent par nous manipuler totalement, et s'octroyer un pouvoir absolu ?

-Vous n'imaginez pas à quel point les Jedi et les Sith ne sont que la face d'une même datarie, ricana Clawback en terminant d'applaudir sans conviction, alors que son esprit se replongeait avec morgue dans les volumes des traités sur le sujet par les essayistes érudits, qu'il avait lu quelques semaines auparavant, tracassé par ce que sa vie lui avait démontré des mois plus tôt. Inconscient de tout cela, K'aaris mettait la hargne de Voyl sur le dos de son caractère - toujours le même - et de ses affinités avec un parti qu'il fréquentait depuis sa création. L'un dans l'autre, le départ des jedi n'avait pas ému grand monde sur Muunlilinst.

Alors que S’orn procédait, comme à son habitude désormais, à la grande messe qu’il présidait d’une main de maître, et s’occupait doctement de s’acheter l’électorat militaire, Clawback se détachait du discours pour poser son regard scrutateur sur les rangs des invités en contrebas. Les rangs bien disciplinés des officiels, politiciens et autres figures du tout Coruscant, laissaient peu à peu place à une foule compacte et hétéroclite alors que l’on se plongeait dans la masse des badauds venus assister à l’évènement plus par opportunisme que par volonté de s’afficher sur un holoécran.

Dans toute cette lente agitation presque uniforme, ce mouvement immobile que constituait ce parterre coloré, Clawback vit une silhouette en costume, solitaire, quitter subitement son poste pour regagner à la hâte le rang des militaires. La scène fut brève, et le directeur adjoint eut tôt fait de sélectionner de nouveaux centres d'intérêt. Dont la tête reconnaissable de Shrithek Fey'lya, encore et toujours en embuscade pour bavasser avec qui de droit, dont bien entendu, le reste de la première ligne du FLR. Presque spontanément, Voyl remarqua l'absence de toilettes extravagantes, eut égard aux absences de Kira et de Méridan, qui avaient pourtant l'habitude de faire les couvertures des affichages holo de leurs presses avides. Peut-être, au final, cette remise des médailles n'auraient pas le même parfum que les précédentes. Un climat de tension semblait s'être abattu sur la capitale républicaine, alors même que l'on voulait y fêter une victoire.

" Dites-moi, entre nous... murmura Klark d'un air soucieux, vous y croyez, vous, à ces histoires de paradis et d'immortalité ?

-C'est une question que je ne me pose pas, conclut platement Voyl. Car me la poser reviendrait à formuler des hypothèses invérifiables, et nous avons bien d'autres hypothèses plus utiles à composer. "

On ne décernerait pas de médaille, ni le moindre laurier, jamais, aux besogneux financiers qui tournaient les roues invisibles d’une économie plus complexe à maintenir chaque an passé… Sous le soleil éclatant d’un zénith insolant bénissant l’esplanade, ce ne serait pas leurs silhouettes que l’on verrait au milieu des ors et des pourpres. Mais, en échange, combien de médailles auraient-ils vu décernées, par combien de mains, par combien de gouvernements, en l'espace d'une seule vie ? Certaines choses dépassaient parfois les guerres, même les plus spectaculaires.

Son regard porté au-delà de l’horizon gris des tours de Coruscant, Voyl porta machinalement le verre qu’il tenait à ses lèvres. Eux, au moins, étaient à l’ombre.
Kil Regh
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Le genre de champs de bataille dont Kil Regh ne raffolait guère (guerre?). Les longs discours motiverait les troupes. Toutes stratégies visaient à palabrer ou parader avec les bonnes personnes. Les petits fours allaient être pris d'assaut.

La guerrière observait les différentes forces en présence. Tout d'abord, des militaires : des gens valeureux, tenue de gala rouge et or, képi de même couleur, gants blancs aux mains, qu'elle ne manqua pas de saluer à la républicaine, claquant des talons de manière impeccable. Ce fut un réel plaisir de revoir quelques gradés de la 103th, venus pour honorer la mémoire de la Caporale-Cheffe Nomi Reed.
Puis, des politiciens de tout bord. Le genre d'individu qu'elle aimerait bien voir une arme à la main, juste histoire de voir s'ils étaient prêts à mourir pour leurs convictions. La froide sénatrice d'Eshan salua poliment de la tête les quelques collègues avec qui elle était en lien, dont quelques membres du Rassemblement Patriote, dont la fameuse Fleur Bleue - qui avait perdue ses couleurs pour l'occasion - la dénommée Evea Ekway, son alliée contre la corruption interne à la République.
Enfin, ou plutôt hélas, des financiers, indiqués par plusieurs membres de la délégation echani qui accompagnait Kil. Ces sales types étaient ceux à abattre, ceux qui n'avaient rien affaire ici (à moins d'avoir un proche parmi les morts d'Ossus).
Kil ne put s'empêcher d'arborer son rictus de dégoût, imaginant lobbyistes et financiers se mêlant aux décideurs et faiseurs de loi. Le grain de sable dans la machine politique et démocratique. Une hérésie. N'y avait-il aucun garde pour les abattre à l'entrée de la haute tour? Non, quel dommage.
Et le problème était bien là, la Sénatrice l'avait bien remarqué. Kil devait se faire une raison: le système était bien trop corrompu et, si personne n'agissait rapidement en amputant, les parasites allaient gangrener l'ensemble du corps décisionnaire, condamnant ainsi le système politique actuel.
D'ailleurs, à la fin de son mandat, la Sénatrice d'Eshan allait exposé tout ceci à la Commandante Lisaela Drasal et faire en sorte que la gangrène des lobbyistes n'atteigne jamais l'âme des echanis. Sortir de la République était donc une option.

Heureusement, pour la faire sortir de ses sombres pensées, arriva l'investigateur de cette soirée. Celui qui défia l'ennemi à la régulière. Celui dont le fait d'arme était dans tous les esprits des militaires. Zerath Ular'Iim.
La Dame de Glace ne fut pas déçue par le Monstre de Fer qui s'approcha de l'estrade afin d'apporter la bonne parole à la foule.
Certains détails ne lui échappèrent pas : la lune sur sa tenue, la lune en guise de broche, ainsi que la référence aux rayons lunaires dans son discours. Par la Déesse-Lune, cela attisa la curiosité de la dame, de quoi faire fondre sa carapace. Le discours de l'être de chair et de métal ne fut pas des moindres, il la toucha en plein cœur. Les plus grandes cheffes de guerre d'Eshan parlaient ainsi. Ce Ular'Iim, ce Kaleesh, s'était couvert de gloire et d'honneur en duel, à l'instar d'une digne echani. Il était ce genre de héros que Kil pouvait suivre jusqu'en enfer. Que le Chancelier prenne exemple !

Vint le tour de la Sénatrice d'Alderaan de prendre les armes oratoires. Si le discours du Géant de Fer avait transporté la Regh, celui de la Pantoranne lui fit monter une colère et un désaccord puissant. Cela se traduit sur la balafrée par un visage fermé et des yeux froidement haineux.
La Fleur Bleue voulait une paix intemporelle, une paix non imposée par les armes de la guerre. Elle souhait baisser les dépenses militaires. Ramassis d'idioties!
La guerre régulait les populations et permettait aux peuples de s'exprimer. Les faibles mourraient et les combattifs restaient. Chaque guerre avait permis de relancer une société et de chaque guerre renaissait une économie et une société améliorée. La guerre était nécessaire. Quoique pouvait dire Ekway, les idéaux des uns n'étaient pas compatibles avec les idéaux des autres. La guerre était donc inéluctable. Et la question n'était pas de savoir si la paix était possible mais de savoir qui en profiterait et quelles idéaux seraient portées par la société renaissante, jusqu'à ce qu'elle renaisse à nouveau d'une nouvelle guerre. Le cycle de la vie et de la mort, en somme.
Kil Regh fut donc une des rares à ne pas applaudir son discours, bras croisés sur sa poitrine, l'air revêche.

Puis, dans le défilé des beaux parleurs, vint la Première Lame Prétorienne Alysha Myy'Lano, sans doute aussi la Première tout court au vu de la nouveauté de son corps d'armée. Kil était loin de se douter de la future proposition qu'elle allait recevoir de cette Myy'Lano, ni à quel point cette proposition allait être salutaire pour la Dame de Glace.

Quant à Grendo S'orn, si il était capable de mitrailler de médailles et de noms aussi efficacement qu'avec une vrai arme, Kil aurait aimé l'avoir à ses côtés sur le champs de bataille de Dubrillion.
En tout cas, le Neimoidien au sourire carnassier savait honorer les guerriers comme il se devait, ça elle devait le reconnaitre.
Elle applaudit donc.

À la fin des discours, nouvel assaut sur les petits fours. Leur nombre tombait au combat à vu d'œil. Mais son regard se posa surtout sur la personne qui avait le plus de mérite à ses yeux en cette soirée, celui qu'elle avait en haute estime : l'Amiral Zerath Ular'Iim.
À la manière d'une fan, elle n'osa pas aller vers sa star, car complètement intimidée.
Cela ne dura que quelques secondes, car détermination et courage composaient la guerrière.
Zerath Ular'Iim
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C'est une volonté sans doute curieuse de l'univers qui agit souvent par contrastes; qu'après le titanesque alien belliqueux dans ses motifs chatoyants et à la langue liturgique et datée vienne une frêle femme va-t-en-paix sobrement vêtue et au parler moderne. Zerath écoute paisiblement le discours, sans offense ni ombrage; la jeune politicienne est à l'image de son peuple - elle n'a pas encore acquis la maturité philosophique pour apprécier les notions qu'elle manipule. Est-il vrai que la tranquillité invite au développement et à la prospérité ? Si la paix est la sérénité et la guerre le trouble, la perturbation, la vibration, qu'est-il à en déduire ? En Kaleesh, paix se dit Su'lkun, tandis qu'immobilisme se dit Sa'lkun. Ce n'est pas un hasard; si la paix est une absence de perturbations il faut ainsi que ce soit une absence de mouvement. La paix, c'est l'ère polaire, ce sont les lunes glacées où rien en surface ne bouge. Un théoricien républicain a ainsi écrit "Les progrès techniques se font plus rapidement à la guerre, ceux sociaux uniquement à la paix.". Est-ce vrai? Les promesses de ce vibrant discours ont-elles un aboutissement? Car cela part d'un principe fondateur: tout saurait être réglé par le discours.



Si l'on ôte à Zerath son armée, si l'on fait d'un claquement de doigt disparaître tous les arsenaux, tous les blasters et chasseurs, droïdes et boucliers, si alors on contraint par quelque injonction divine les mortels à ne plus se confronter que par dialogues, obtiendra-t-on la fin de la discorde? Il suffit d'interroger simplement l'histoire. Cette merveilleuse civilisation républicaine a tenu au cœur de sa structure en exergue la parole, n'est-ce pas précisément pour cela qu'on peut lire parfois "La plume est plus forte que l'épée"? Elle a donné à chaque idée sa chance égale dans la démocratie, de sorte que le désaccord se règle sur l'exposition de son parti pris confronté à ceux des autres. Plus d'un millénaire de philosophie et de réflexion sociétaire, de transformations successives et progressives, d'éveils métaphoriques à la nature de l'esprit, pour arriver à la forme ô exquise du vote majoritaire, des mondes représentés dans la rotonde résonnante du Sénat. Maintenant, chaque peuple et ethnie peut contribuer à décider de ce qu'il advient de la société et de quelle direction idéologique est préférable, dans le dialogue et non la force. Ainsi à quoi mène la paix ?

Droit à Zerath.

Ce n'est pas qu'il s'est imposé à ces mondes, il n'a jamais fait vibrer les cœurs des hommes aussi bien que ceux des siens, il y a toujours eu un gouffre, une incompréhension fondamentale qui le séparait des républicains. Cette mésentente est toujours venue de la paix. Pourquoi alors le Kaleesh est-il en cette soirée acclamé en héros mais que l'on applaudit maintenant de même la pantoranne? Cela est d'une désarmante simplicité: la démocratie suppose que ceux dont les idées sont refusées accepteront la défaite calmement d'une part; d'autre part que les idées acceptées satisfaisant la majorité, elles ne feront pas assez de mécontents pour que naisse le trouble. C'est sans doute à ce fondement que tout tient.

À présent donc, est-ce que si l'on forçait au dialogue tous les individus on obtiendrait l'harmonie? Et si l'on repousse les idées minoritaires en frange, qu'en est-il de leurs géniteurs? D'ici, c'est d'ici que par l'utopie même on démontre le problème d'appréciation fondamental. Les guerres raciales, les guerres sociales, les guerres économiques, les guerres culturelles, les guerres romantiques...Il n'existe il pas un lieu qui soit dépourvu de compétition - et toute compétition est un conflit. La société établit des règles, mais que se passe-t-il lorsque certains ne souhaitent plus les suivre? La divergence d'opinion, puis le conflit. La guerre verbale, puis idéologique. Il n'est en réalité pas un instant qui ne s'écoule sans que sans armes se livre une guerre.

Faut-il que ce soit chose mauvaise ? Il n'est à la confrontation des problèmes nul mal; l'hypocrisie est hennie et pourtant l'on voudrait porter en exergue les guerres sans armes? Est-il préférable pour le monde civilisé qu'une planète soit pacifiquement étranglée par des accords commerciaux qui lâchent sur sa civilisation la famine et la pestilence, qui l'éreintent et l'avilissent à petit feu? Non, s'il faut après tout disparaître il est préférable de sombrer après avoir combattu de toutes ses ultimes forces et moyens.



Non, songe Zerath, ce n'est pas tant que la paix est impossible ; c'est que ce que réclament les politiciens n'est pas une paix mais tout juste une forme de guerre où ils seront plus à l'aise. On est bien plus aisément accablé de cent mille hommes envoyés à la mort que cent millions de familles laissées sans travail. La guerre ouverte est ainsi plus répréhensible que celle du chômage.



C'est cela, peut-être que la pantoranne n'a pas compris - ou au contraire ne le sait que trop bien. L'absence de conflit armée ne fait que repousser ailleurs les perturbations.



Il observe la forme frêle au ton sévère, qui parle si aisément de la paix et de la guerre, comme d'affaires triviales qui étaient en finalité et en réflexion abouties. Cela est typique songe Zerath de ces juvéniles qui songent qu'à regarder seulement les morts on peut se figurer le combat et la cause. La réalité est infiniment plus complexe sénatrice, mais vous n'en aurez sans doute jamais conscience derrière votre confortable bureau. Vous observerez peut-être avec effroi ces familles disloquées sur Dubrillion, mais oublierez vous peut-être les mondes tombés sous la botte impériale ? Dénoncez les morts mais oubliez les esclaves, car on ne remarque pas les peuples qui souffrent - uniquement les cadavres!



Ah, qu'il est facile pour ces profanes de discourir de la guerre quand ils n'ont jamais fait que se méprendre sur sa nature et ses finalités. Il suffit sans même parler de société de réfléchir pour être aisément fixé: si les dieux ne désiraient pas la guerre pourquoi auraient-ils permis aux mortels de s'armer?

C'est ainsi. Ils ne savent pas encore, ils n'ont pas compris. L'heure viendra.

"-...Car ce sont bel et bien les souvenirs de telles tragédies, telles que celle d'Ossus - nous nous souviendrons toujours de Dubrillion et de ses déplorable égales - qui nous permettront de ne pas reproduire ces erreurs à l'avenir."

Non, en effet. Car aux premières batailles de Dubrillion il n'était pas présent. Et quant à Ossus...L'AGPU discourant de la paix, sacrifié à une conclusion violente et brutale. N'est-ce pas au contraire la preuve suprême que l'harmonie n'est pas recherchée unanimement ? Ces événements ne démontrent que deux choses. D'abord, que l'univers remarque la guerre plus aisément que la paix. Ensuite, que s'il faut livrer combat il faut le faire correctement. Dubrillion a été un fiasco par deux fois parce que les batailles étaient menées par des officiers trop désireux de suivre les recommandations d'un Sénat frileux dans sa conviction.

Et où cela a-t-il mené?

Droit à Zerath.



Tandis que la foule applaudit, le Kaleesh frotte ses phalanges les unes contre les autres, pensif. La minuscule sénatrice Ekway est baignée dans les applaudissements tandis qu'elle disparaît au cœur des convives, cédant la place à une nouvelle figure que l'Ular'Iim ne connaît que de nom. Alysha Myy’Lano. Sous son masque mortuaire, il se fend d'un sourire. Ah, le nouvel instrument venu compléter la machinerie merveilleuse de l'armée républicaine! Un fragment de Force mais pourtant, ni Sith ni Jedi - y a-t-il là quelque chose de profane? L'Ular'Iim y voit autre chose. Les Jedi et Sith sont marqués par l'empreinte des dieux. Ils sont la preuve vivante que le panthéon est réel; leur combat pourrait passer pour une guerre de paroisse, mais ce serait ne voir que l'arbre en lieu de la forêt. Chaque Jedi est armé par l'étincelle divine qui palpite en lui - et à quelle fin si ce n'est le combat ? Le symbole de leur ordre n'est-il pas, après tout, le sabre laser? Zerath, pensif, n'écoute que la surface du discours - une touchante confession livrée candidement et sans paroles. Il observe la figure humanoïde qui revêt l'uniforme républicain.

Autrefois les Jedi collaboraient avec l'armée. Certains, même, s'arrogeaient un statut de commandement que les soldats du rang acceptaient docilement, sans réaliser quelle place leur était sensément dûe. Qui aurait pu les blâmer ? Lorsque l'être commun se trouve placé face à l'individu digne et réfléchi, habité de l'essence cosmique et parlant la sagesse à chaque phrase avec une aisance n'ayant rien à envier aux plus grands philosophes il n'est que naturel de vouloir s'engager dans son sillage. Guidez nous donc, ô illuminés! Levez les ténèbres du doute et nous vous suivrons jusqu'aux plus froides orbites!

Après tout, il est un caractère indubitable de ces humains; ils ont en angoisse profonde de s'isoler et d'aller à contre-courant. La solitude leur est plus insupportable que la servitude.



Mais à présent l'être du rang et l'être divin se côtoient, égaux et distingués par la hiérarchie seule. Surtout: à présent viendra la démonstration la plus magistrale. Avec les échardes de Force sous sa bannière, il pourra montrer à tous les siens que les miracles divins existent et sont le prolongement sublime de Shrupak, et que ces miracles répondent à sa volonté.

Par la déclaration cantide de cette fière Première Lame, Zerath ne saisit qu'une chose: la galaxie est prête. Les dieux lui offrent les plus beaux présages. Nouveaux applaudissements polis, puis vient le visage le plus connu à n'en pas douter de toute la République: le chancelier S'orn lui-même.



Un individu curieux, à n'en pas douter. Intelligent, cela est au-delà de tout doute - parfois sujet au courroux. Il livre bataille par les mots et non les poings, terrasse par accords et non combats, achève par usure et non lames mais pourtant sans être guerrier il est certainement valeureux. Sa réputation en bien comme en mal n'est plus à faire. On le dit vipère sournoise et il y a certainement une part de vérité là-dessous, cependant il faut le reconnaître: il a tenu ses promesses. "Une place à l'état-major vous est promise si vous réussissez" avait-il dit, et il en avait été ainsi car Zerath menait ses desseins au succès lorsqu'il avait le luxe de choisir son champ de bataille.

Bien que disposé à préserver la paix, le neimoidien semble nourrir une antipathie à l'égard de l'Empire qu'il contient merveilleusement en public. Les longues réunions d'état-major ont établi le fait; il n'attend que la bonne opportunité pour frapper droit au cœur. S'il mène son gouvernement d'un poing de fer, il a su s'entourer dans l'armée de ceux compétents pour non pas boire servilement ses propos mais instruire savamment ses réflexions et répondre à ses demandes par les opérations appropriées. À cet égard, Zerath éprouve une forme de respect pour le Chancelier. Si sa loyauté pleine et entière est à ses dieux, il n'en demeure pas moins que Sorn s'est montré digne d'être un meneur d'armées. Il faudrait à présent qu'il vienne sur le front pour achever son sacre...



"-...Je me dois de remettre la première Médaille d’Honneur Républicaine à celui que l'Empire ne peut plus se permettre d'ignorer sur le champs de bataille. Commander Ular'Iim, approchez."



Zerath approche à grandes enjambées, pensif. Sur Kalee, une décoration est un motif peint à l'encre shri sur le masque Mumuu de l'être qui s'est distingué dans la fureur et le sang. Ce sont les marques nécessaires au passage dans l'au-delà: une clé spirituelle qui ouvre à l'âme les portes vers l'immortalité ou au contraire en proscrit l'élévation.

Une médaille aurait-elle la moindre empreinte dans le monde surnaturel? Voyons donc où mène cette temporaire décoration. D'un pas assuré il répond à l’appel, les couches de sa robe s'enflent d'air et ondulent plus légères que les ailes d'une abeille. Amples nageoires hypnotiques qui s'étiolent sous l'effet d'une mer calme, les motifs argent et bleu luisent en motifs diffractaires - maillage complexe et d'une exquise complexité - se courbent en monts puis en vallées, forment un coloré sillon alors que le cardinal brèche la surface de l'estrade.

Il s'y hisse, s'y éclabousse de ses lumières, baigné de tous les regards. Le prêtre est remonté mais ce ne sera pas un sermon; il n'est pas là pour donner, seulement recevoir. Ainsi il écoute, patient, les éloges à son égard - en telle occasion c'est une procédure normale. Une phrase, subitement, perturbe l'onde calme de son humeur compassée.

Il s'en trouve là, les yeux d'abord marqués d'une brève surprise, qui se ferment de satisfaction. Sous les étoiles témoins, le héraut de la misère est nommé amiral.

La médaille épinglée il se penche au-dessus de son Chancelier; sa gigantesque main est tendue, ouverte en signe d'amitié. La manœuvre pour beaucoup est claire. Le neimoidien, comme son prédécesseur, fait de l'armée son alliée. Mais tandis que sur scène le jeune Kaldor Mantell se voit à son tour récompensé, Zerath embrasse du regard tous les convives assemblés. Ils sont venus de Naboo comme de Pantora pour en cette soirée célébrer les morts. Célébrer ceux qui, par leur dévouement, ont su leur offrir un répit si temporaire fût-il, ceux dont les noms ne seront jamais oubliés; qui se souvient des hommes de paix? On se rappelle bien cependant des hommes de guerre.

Ils célèbrent les trêves et haïssent les guerres, et ce soir en cette fête des morts ils ont célébré ceux qu'ils admirent. Où cela a-t-il mené?

Droit à Zerath.



- Mes respects amiral Ular’Iim.

L’attention du kaleesh - un instant - s’extirpe de l’observation amusée de la partie de Dejarik acharnée entre le capitaine Darsch et un Muun qui à son vêtement appartient certainement à la finance. Ses yeux rencontrent ceux d’un homme habillé avec élégance - mais surtout il revêt la couleur militaire. Zerath cherche dans sa mémoire le nom pendant quelques secondes, avant de risquer d’un ton égal:

- Aal'Anaf'uus ealayk*, général Ory.

L’homme accueille la salutation cryptique d’un hochement de tête. Victoire, songe le prêtre, il s’agit du bon nom et du bon grade!

- Félicitations pour votre promotion, la galaxie est bien plus sûre avec des hommes de votre trempe à la tête de nos soldats.

Le prêtre n’a rien d’un homme. Mais il ne relève plus cet écart de terminologie depuis des années. À son tour il accueille d’un hochement de tête la flatterie.

- Vous ne jouez pas vous-même?” interroge poliment le général en désignant le plateau de Dejarik.

- L’observation peut parfois abreuver les futurs tactiques de considérations inédites.

- Avec tout vot’ respect Ular’Iim, j’essaie de gagner!” tonne Darsch depuis sa table. Zerath adresse un regard entendu à Ken Ory. En deux enjambées, il parvient à la table. Son index pointe la quatrième case noire sur le cercle le plus extérieur du plateau; droit devant le Muun, qui pâlit devant le geste.

- Ne laissez pas votre médaille vous aveugler. Votre victoire se fera ici ou vous serez vaincu, Darsch.

Sur l’énigmatique conseil, il revient vivement au général.

- Pardonnez ma subite disparition; mais un supérieur ne doit-il pas en toute heure veiller sur ses subordonnés?

- Tout juste, et à ce propos: puis-je vous présenter le capitaine Ory, mon fils?

Les deux grandes pupilles dorées tombent droit sur l’autre homme, plus jeune, qui accompagne le général avec une acuité telle qu’on songerait qu’elles tentent de percer de leur seul regard jusqu’au coeur. Ce n’est pas tout à fait incorrect; Zerath, de sa vision si particulière, épie comme la chaleur irrigue le corps du jeune capitaine Ory. Les joues sont-elles tièdes? Le front est-il glacé? Ces myriades de détails livrent une information particulière sur l’humeur et l’esprit. On ne voit à la couleur que l’extérieur du corps. Mais l’oeil du prêtre perce au-delà: droit dans la divine vapeur qui actionne toute la machinerie du vivant - la mécanique de l’âme.

- Aal'Anaf'uus ealayk, capitaine Ory. Atan’ohu anh tahrzdahir tal’ht urkmi naal.**

Son fils, assurément: plus jeune. Et en meilleure santé; le signe d’une âme dynamique ne trompe jamais. La chaleur et le froid galopent en ce jeune capitaine, eau et huile qui se chassent sans cesse sur chaque parcelle de peau; le père par opposition est plus ralenti. Tel est l’effet de l’âge, qui finira un jour par totalement figer l’âme dans son ultime repos.

- J’ose espérer que la fête est à votre goût. Il me semble que bientôt il sera possible de danser - encore que j’ignore quel moment sera choisi exactement et quel espace ménagé à cet effet.

Zerath observe un instant les convives. Son regard s’accroche à une forme qui s’approche du trio. C’est une humanoïde aux cheveux nacrés. Sa posture est droite - discipline? Non, il y a autre chose, gage le vieux prêtre. Elle est grande pour son espèce certainement; sa silhouette dépasse presque les Ory, père comme fils. L’Ular’Iim détaille les traits. Les membres du corps politique échappent à sa veille perpétuelle des identités - mais celle-ci n’est pas inconnue à l’armée. Les bords de ses yeux se plissent; il sourit sous son masque mortuaire, dont les motifs semblent incandescents dans la lumière tamisée.

- Aal’qmul yal’bahsiiim***, sénatrice Regh.

Il connaît après tout fort bien celle qui a, un jour, défié en duel un fragment de Force et l’a terrassé. Il se pourrait fort bien que Kil Regh, en cette soirée, ne soit pas là par hasard.

On entend, derrière, Darsch qui annonce le torse enflé et fier sa défaite à son adversaire Muun alors qu'au quatrième carreau noir du cercle extérieur il dépose sa pièce finale.



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*: “Que le Souffle Eternel vous baigne”, salutation polie kaleesh
**: “Puissiez-vous prospérer sous mon règne”, formulation généralement adressée aux subordonnés qui viennent nouvellement prêter allégeance à un seigneur de guerre kaleesh
***: "Le Croissant Lunaire scintille"
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A peine le kaleechien est descendu de la scène, après avoir reçu sa médaille bien méritée, que je vois avec stupeur mon paternel allez droit vers lui, tout en me faisant signe de le suivre. Je lui emboîte donc le pas, inquiet du pourquoi de cette visite, j’espère qu’il ne va pas aller trop loin. J’ai un peu de mal à suivre l’échange, mais heureusement, la réaction de mon paternel m’aide à comprendre le sens des paroles du cyborg.

Il commence d’abord par se dire bonjour, enfin, je crois, les deux humanoïdes se connaissant manifestement, après les salutations d’usages, nous nous dirigeons vers un plateau de jeu où ils parlent un moment de ce que doit être un bon supérieur hiérarchique avant que mon père me présente. Je suis transpercé par son regard et j’ai beaucoup de mal à m’en soustraire, comme si j’étais happé. Il me dit quelques mots que je ne comprends toujours pas, mon père ne me faisant pas de traduction et je me rends rends compte avec effroi qu'il ne doit rien comprendre non plus. Il faudra sans aucun doute que je comprenne cette langue si je veux pouvoir communiquer avec le chef des armées.

Après qu’il m’a indiqué qu’il est possible de danser, chose que je ne veux absolument pas faire, être juste à côté d’inconnu alors que je ne sais pas s’ils ont été désinfectés correctement, rien que l'idée me rends très mal à l’aise. Mon père de toute façon, ne fait guère attention à moi et demande à son chef :

Je voulais également vous demander, mon fils est actuellement sans affectation, enchaînant les patrouilles avec différents bâtiments et réussissant dans ses différentes missions, j’ai pensé qu’il serait bon de lui permettre d’avoir son propre vaisseau, qu’en pensez-vous ?

Je suis stupéfait de culot de mon père, demandez cela lors d’une cérémonie ! Bien sûr, il m’a aidé à de nombreuses reprises, sinon je ne serais pas au grade de capitaine à mon âge, mais c’était toujours plus ou moins subtil, mais là, ce n’est clairement plus le cas, alors je prends la parole, pour indiquer au reptilien :

Je suis désolé, veuillez excuser mon père, ce n’est ni le lieu, ni le moment, je me tiens à votre disposition pour en discuter plus tard, si vous le souhaitez.

Sans attendre la réponse, je tire mon père à l’écart et je lui indique à voix basse :

Je sais que tu veux bien faire, papa, mais je suis assez grand pour faire mon chemin tout seul.

Il me répond, d’un ton froid :

Tu es un Ory et…

Prenant mon courage à deux mains, je fais quelque chose que je n’ai jamais fait de ma vie, je l’interromps :

Justement, je suis un Ory, je dois pouvoir réussir grâce à mes seules qualités.

Je le vois me regarder, je pense qu’il va m’envoyer sur les roses, mais à la place, il me sourit et me met la main sur l’épaule. Il ne dit rien pendant plusieurs secondes et finalement annonce :

Très bien, je ne me mêlerai plus de tes affaires.


Je reste dubitatif, mon paternel peut-être très têtu, sûrement un trait de famille, mais pour le moment cela me convient et je lui dis, d’un ton reconnaissant :

Je te remercie.
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
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He’Thu Lhoss aka Alysha Myy’Lano, #EFFDD6
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] aka Torhyn Lokred – #FF3300
Inte R’prëte – #FF7B61
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] – #00CCFF

« Alysha, ma chère, approchez que je vous présente la Sénatrice Evea Ekway. C’est la voix de mon Docteur qui me harponne alors que je me tiens en marge de la foule avec Inte à mes côtés. Les discours se sont succédé, les discussions ont proliféré, et je saisis à mon tour l’occasion de m’y mêler. Je suis venue ce soir pour trouver des alliés, peut-être étonnamment en trouverai-je une auprès de la Sénatrice Ekway. – C'est un honneur pour moi que de rencontrer la Première Lame, cheffe de file d'un renouveau institué par le chancelier suprême lui-même. Je discutais à l'instant de votre prise de parole avec le docteur Lokred que vous semblez déjà connaître. L’accueil est solennel, l’échange immédiatement éclairé de politique. - Comme je le disais, il n'y a pas encore d'honneur à avoir simplement accéder à la fonction. Contrairement à vous, Sénatrice, j'ai toutes mes preuves à faire encore. Votre discussion m'honore bien plus que l'inverse. J’adresse un regard à Ryden. Nous ne comprenons, je lui souris Et oui, je connais bien notre aimable Docteur. Et pour cause, c'est lui qui a assuré ma visite médicale avant ma prise de fonction. Nous sommes depuis, pour ainsi dire, devenus de proches amis. Un fragment informel au milieu des civilités. Je me tourne à nouveau tout entière vers la Sénatrice et de nouveau, parle à travers mon aide. Je veux mon visage sérieux mais mon sourire engageant. Puis-je quelque chose pour vous ? Je suis absolument ouverte aux questions que vous pourriez avoir, je vous accorde volontiers la légitimité de celles-ci. »

Mon amabilité trouve un écho en la Sénatrice qui me pose ses questions avec tranquillité et sourire. « Votre modestie est louable, c'est tout à votre honneur. Si j'avais une question à poser, j'aimerais savoir quelle position vous occupiez avant, il m'intrigue de savoir ce qui mène à devenir Première Lame. Cette question est un classique attendu. Nous avons convenu, avec le Chancelier, de ne rien cacher. De toute manière les images sont trop nombreuses, il n’était pas possible de nier mes liens avec l’ennemie de la République. Une ombre passe sur mon visage. La trahison. Mes doigts hésitent un peu avant de s’agiter. – Prenez mon honnêteté comme un gage de loyauté envers nos institutions, le sujet me peine terriblement et... J'ai longtemps été au service de la Reine Keto, jusqu'à ce qu'elle me congédie, afin d'offrir mes compétences au projet du Chancelier. Je n'imaginais pas... Je n'imaginais pas ce qui allait advenir, j'avais quitté son service depuis des semaines lorsque nous avons appris la nouvelle. J'admirais tant cette femme et aujourd'hui, je crains qu'elle ne m'avait placé malgré moi aux côtés du Chancelier pour quelque funeste dessein à l'encontre de la République. Je n'ose imaginer la défiance que cela engendrera à mon égard, et à raison, j'espère simplement que je saurais donner les gages de ma fidélité à nos institutions et à notre armée. Nous en avons longuement discuté avec le Chancelier, j'ai su le convaincre de l'importance qu'avait, pour moi, cet engagement à ses côtés et de la répugnance que m'ont inspiré les manigances de la Reine. Il ne faut pas longtemps à la Sénatrice pour rebondir. – Je comprends amplement votre peine, moi aussi ayant accordée une confiance aveugle à la Reine lorsque je l'ai rencontré, et depuis. Jamais, au grand jamais, nous n'aurions pu deviner ce qu'il est arrivé sur Tanaab, la surprise est d'ailleurs ce qui a rendu la chose des plus retentissante. C'est pourquoi personne ne tiendra rigueur à ceux qui ont servis la Reine et Vice-chancelière, c'est évident que personne d'autre n'est responsable qu'elle-même. Ceci-dit votre besoin de vous rendre utile à la République est une marque de loyauté que, j'en suis sûre, le chancelier suprême n'a pas manqué. Tout comme nous l'avons tous constaté lors de votre récent discours. »

Un léger sourire réconforté sur mes lèvres teinte la tristesse de mon regard d'une légère note positive. « Il ne m'avait jamais été donnée l'occasion de m'adresser à tant de monde, et pour cause... J’effleure ma gorge pour souligner l’évidence. J'étais d'autant plus inquiète de la réception de mon discours que j'étais précédée de personnes bien plus habiles que moi-même. J'ignore, d'ailleurs, ce qu'en auront pensé vos homologues et mes propres confrères. Je suis heureuse, au moins, de vous avoir convaincue de ma bonne foi. Peut-être, un jour, souhaiteriez-vous visiter nos infrastructures ? Ou peut-être discuter plus avant de notre organisation, de nos missions ? Gagner en crédibilité, devenir un élément angulaire des opérations républicaines. La genèse des Lames est autant une question de logistique que de communication. – Vous avez donc ressenti ma curiosité latente ? Eh bien ce serait très volontiers de pouvoir en apprendre un peu plus sur les nouvelles prérogatives de cette organisation naissante, cela étant que je cherche inlassablement à connaître les sujets que j'ai à aborder dans le cadre de ma fonction. Et qui ne l’était pas ? Simplement, dans cette foule, quelques-uns seulement prendrait le temps de juger de la réalité de l’objet qu’ils ne manqueront pas de juger. Le Chancelier m’a prévenue, la politique n’est pas une question d’établir le fait objectif mais bien de proposer une lecture singulière de la réalité : de là, à quoi bon s’attarder sur celle-ci ? – Et je l'entends parfaitement, dans la mesure où une partie des Lames seront amenées, pour des raisons de protection, à côtoyer régulièrement les membres importants du Sénat et de la République. De fait, vous comprendrez que je ne puis entrer dans les considérations du Jexit et de sa mise en œuvre : ce n'est pas mon rôle et je suis tenue, au même titre que mes camarades, au devoir de réserve quant aux questions strictement politiques - je vous fais entièrement confiance sur ce point pour le discuter avec vos homologues d'une bien meilleure façon que moi-même. Pour ce qui est de nos missions, à proprement parler, elles différeront suivant notre division. Les trois principales, si nous les réduisons au plus succins, sont : protéger, enseigner et guider. Les Lames prétoriennes ont vocation à protéger n'importe quel représentant de la République susceptible d'être exposé à un danger lié à l'usage de la Force. Ils s'intégreront alors aux équipes de sécurité déjà déployées afin de renforcer les dispositifs à l'aide de leurs compétences en matière d'art Sith, Jedi et de la Force, en général. Les Lames Séculaires ont vocation à enseigner les jeunes générations et à administrer, globalement, ce nouveau corps d'armée. Ils sont aussi aptes à venir suppléer nos grands stratèges, nos chercheurs ou même nos médecins. Les Lames Célestes, elles, sont à rapprocher de nos services de renseignements mais aussi des services d'exploration. Ils sont nos ingénieurs de l'extrême, en quelque sorte, très polyvalents et amenés, souvent, à évoluer en solitaire. J'ai cru comprendre que l'une des inquiétudes du Sénat était que nous supplantions l'armée conventionnelle. Ce n'est pas le cas. Nous nous intégrons à leurs rangs, à la façon dont on formerait un nouveau corps du génie, et nous collaborons étroitement avec eux, tout en restant soumis aux mêmes vœux de service et d'honneur. » Je m’interromps et j’ajoute un signe à l’adresse d’Inte pour la remercier de la patience et de la qualité de sa traduction. Cette femme, brillante, ne cesse de m’étonner à sa façon. Elle sourit, et se contente d’un léger signe de la tête pour me faire savoir qu’il n’est pas la peine que je la remercie ainsi.

« - Je vois, et je comprends, ce que vous me dites. L'honneur et la loyauté semblent donc être au centre des valeurs prônées, c'est précisément ce que la République a besoin en ce moment. Ceci-dit, cela signifie donc que les Lames Républicaines peuvent être amenées à alimenter la guerre qui plane au-dessus de nos têtes, ou bien est-ce que la protection est préférées à des actions offensives ? Vous comprendrez que la Paix équivoque est au centre de mes préoccupations. Les espoirs de paix de la Sénatrice surgissent de nouveau. Pour dire vrai, je n’ai guère de doute sur la vacuité de ceux-ci. Comment espérer qu’un monstre furieux comme l’Empire Sith cesse ainsi sa folie ? Pourquoi les industries d’armement Républicaines, dont les revenus n’ont jamais été aussi élevés, feraient-ils en sorte que ce conflit trouve une conclusion durable ? Beaucoup trop de rapaces, beaucoup trop de proies faciles. Les Lames, l’Armée, dans tout cela, ne sont pas moins des outils que toutes les institutions politiques. Simplement, plutôt que de délivrer cette vision brute, mon devoir de réserve m’oblige aussi bien qu’il me permet de travailler à davantage d’ambiguïté. – Nous n'avons pas plus vocation à l'un qu'à l'autre, à l'exemple de toute notre armée. Nous ferons ce que le Sénat, le Chancelier et le Conseil de Guerre nous demanderons de faire. Sachez, cependant, que notre présence est pensée comme un bouclier face aux pouvoirs colossaux que l'ennemi pourrait abattre sur nous. J'ignore si vous avez pu constater un jour de la folie destructrice d'une Tempête de Force, aucun de nos soldats n'est préparé à affronter un pouvoir si odieux ; nous sommes la réponse à cette menace, tout comme nos soldats sont une réponse aux menaces plus conventionnelles de la Galaxie. Par ailleurs, nous espérons que les Lames Célestes, notamment, pourront jouer un rôle dans le développement de nos Colonies et dans les territoires encore sauvages. Si les pirates sont un danger, c'est parfois face aux climats singuliers ou aux phénomènes galactiques dangereux que nous trouverons notre utilité ; à la façon dont l'armée a toujours pu se mobiliser pour venir en aide aux sinistrés. » Quelque part, j’appelle la Sénatrice à s’emparer de l’objet. Les Lames ne sont qu’un manche, il appartient à la République de décider ce qu’elle souhaite fixer au bout : une pique ? un marteau ? S’il est idiot d’occulter le caractère martiale de l’institution que je représente, il faut aussi être de fort mauvaise foi pour affirmer ne jamais avoir transformer le moindre couteau en tournevis.

Autour de nous, la réception continue de s’animer…
Kil Regh
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La sénatrice d'Eshan, accompagné de son bruyant droïde de protocole aux reflets dorés, quitta donc les autres membre de la délégation echani et s'approcha du Kaleesh qui semblait s'entretenir avec deux militaires. Soudain, le premier, un trentenaire aux yeux bleus assez marquants, entraîna en aparté le deuxième, le Général Ken Ory, connu seulement de vue par l'ancienne Capitaine républicaine de feu le vaisseau Intrepid.
En passant à côté d'eux, Kil n'eût aucun doute sur la teneur de leur discussion.

- Je sais que tu veux bien faire, papa, mais je suis assez grand pour faire mon chemin tout seul.

Un fils souhaitait voler de ses propres ailes. Quoi de plus normal? Cela renvoya directement la Dame au Cœur de Glace au souvenir de sa propre fille.

- Non! Je refuse d'aller au cours de défense de rue! J'en ai assez!

La fillette aux cheveux blancs de huit ans fixait sa mère dans les yeux, la foudroyant de colère. Une telle opposition, aussi vive... C'était la première fois.
La mère l'observait avec un certain étonnement.

- Tu iras. Ce cours te permettra de renforcer tes arrières, de toujours avoir un œil sur...

- Jamais! Le ton était sans appel et Kil ne pouvait que constater le mimétisme des intonations de sa propre voix. Les chiens kath ne faisaient pas des dinkos.

- Je vois. Je connais ce regard, crois-moi. Celui de ton père qui accuse, et qui annonce qu'il ne renoncera pas.

Cette phrase décontenança la petite.

- Ne baisse pas les yeux, Carlriya Regh. Tu veux décider par toi même?

La guerrière se mit en garde, penchant la tête en avant et levant les bras, paumes ouvertes vers l'avant. La garde de l'aigle, une garde aérienne, qui signifiait que la fillette n'aurait aucune chance de l'atteindre.

Chez les echanis, la posture d'une combattante exprimait mieux ses intentions que des mots. Par sont corps, Kil disait :

Je te laisse t'exprimer comme une adulte. Prouve-moi que tu as raison.

La surprise se lit dans les yeux de la gamine. Puis cette dernière hurla de rage avant de se jeter sur sa mère, parlant la même langue corporelle qu'elle.

Tu ne me fais pas peur. A voler si haut, tu risques de laisser passer l'ennemi par dessous.

Tandis que Kil envoya une frappe de la jambe, puissante et directe, Carlriya se jeta au sol pour glisser sous son attaque. Il ne restait plus qu'à frapper. Mais, soudain, Kil replia sa jambe tendue afin d'écraser son talon sur la tête de sa fille.

Imprudente! Apprends à assurer tes arrières avant de crier victoire.

Carlriya s'écroula au sol en gémissant de douleur.

- Debout ! Une Regh accepte la douleur et s'en nourrit! Et ne baisse les yeux. Une guerrière se doit d'être fière.

La fillette s'exécuta, se relevant péniblement et forçant à planter son regard bleu dans celui, acier, de sa mère. Elle avait échouer à la convaincre et elle le savait. La discussion était close. Elle irait.

Une voix d'homme la tira de son souvenir.

- Très bien, je ne me mêlerai plus de tes affaires.

Kil se détourna du duo, non pas sans avoir simplement salué de la tête Ken Ory de manière à ne pas le gêner dans l'intimité de sa discussion avec son fils, et...

- Aal'qmul yal'bahsiiim, sénatrice Regh.

La créature au masque mortuaire l'avait donc reconnue. Reconnue par son titre de Sénatrice, voilà qui était fâcheux. La guerrière rectifia le tir aussitôt.

- Salutations, Amiral Zerath Ular'Iim. Je suis également Amirale dans Marine d'Eshan. Vos mots me sont étrangers, dit-elle en tournant la tête vers son droïde afin d'avoir une traduction au pied levé.

- "Aal'qmul yal'bahsiiim" signifie "Le Croissant Lunaire scintille", en basic. Cela semblerait correspondre à une formule de politesse vous étant directement adressé.

Kil Regh planta alors son regard froid dans l'incandescence des iris de son vis-à-vis. La Glace et le Feu. La Chair et le Métal. La Guerrière et le Mystique. L'Echani et le Kaleesh. Tant de différences, pourtant les deux individus étaient sans doute plus proches qu'ils ne le croyaient, par leur philosophie. Peut-être même plus. Chose incroyable, la dame esquissa un sourire. Léger et fugace, certes, mais un sourire quand même.

- En plus de m'honorer de votre présence, vous m'honorez de vos paroles. Que la Déesse-Lune veille sur un tel guerrier autant que sur Eshan. Serait-ce me tromper si je pense qu'une religion lunaire illumine aussi votre planète ?

Les Regh n'étaient pas le plus pieux des clans, mais ils n'ignoraient pas les croyances guidant leur culture.

- Nous célébrons l'ascension des dieux autant que l'expression de leur volonté. Les miens m'ont donné à charge de présider les esprits lunaires et de déceler leur langage. Ma femme, elle, préside au Soleil primordial.

Kil resta surprise un instant.

- Oh. Le Soleil Primordial.

Puis, une moue désapprobatrice se figea sur son visage froid.

- Sur Thyrsus, la naissance d'une religion solaire vient perturber l'ordre établit. Il s'agit d'une rébellion à mater car ces impies s'opposent à la Commandante Lisaela Drasal et aux courants lunaires. Ce sont principalement des mâles.

Cette dernière phrase avait été prononcée avec un dédain non dissimulé.

- Mais parlez-moi plutôt des esprits de la Lune et du rôle que vous y jouez. Vous savez, dans notre délégation echani se trouve également une prêtresse-guerrière.

- La Lune est le discernement au-delà des chairs. Men'phis nous apprend le flot de l'esprit et Shagaal sa compréhension. La Lune est également la clef; c'est elle qui ouvre le ciel Solaire lors de l'éclipse sacrée. Un moment saint, où l'âme et le corps se confondent en pleine pureté. Il m'appartient de percer à jour les présages - qui sont l'écho des nouveaux combats immortels - et d'en tirer les enseignements. À cela je vous dis: ne négligez pas les nouvelles croyances astrales. Elles sont l'expression d'un conflit grandiose - et il n'importe qu'au sublime qui marquera l'histoire.

Kil plissa les yeux. Si les paroles du kaleesh s'imprégnaient de mysticisme, celles de l'echani ramenaient au pragmatisme.

- Je vois. Lune et Soleil sont complémentaires dans votre culture tandis que chez nous, ils s'opposent. Pour ma part, je ne néglige pas cette nouvelle croyance. Je la combats. A elle de se défendre si elle veut prendre sa place sur nos terres.

- Telle est la voie des dieux, il n'en serait pas autrement.

Kil hocha de la tête. Sous son air dur, la conversion lui plaisait. Un serveur passa par là et elle n'hésita pas à prendre une coupe d'un breuvage élaboré aux couleurs bleutées.
Evea Ekway
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Evea était absolument attentive à tout ce que lui disait son interlocutrice, bien qu'elle avait tendance à focaliser son regard sur la personne qui parlait, c'est-à-dire l'oratrice, la sénatrice faisait du va et vient, orientant son regard un temps sur l'interprète puis sur Myy'Lano, comme si la discussion se déroulait entre trois personnes. Ce qui était le cas d'ailleurs dans les faits, le docteur ne pipant mot, faisant également un va et vient avec son regard entre les deux femmes. Cet échange était des plus édifiant pour la pantoranne qui y prenait plaisir, agrémentant son argumentaire de petits sourires, rien de hautain, des sourires respectueux comme elle les maitrisait à la perfection. Elle n'était en aucun cas ici pour se lancer dans un débat, orientant donc plutôt leurs discussion sur un chemin pacifique, ne voulant surtout pas s'opposer à la Première Lame, cela aurait été fort irrévérencieux. Comme quoi tout le monde pouvait parler avec déférence, et la main sur le coeur. Plus loin derrière la Première Lame, se tenait le nouvellement nommé Amiral, dépassant les autres convives de sa carcasse hypertrophiée. Evea pu ansi remarquer la Sénatrice Kil Regh venir à la rencontre de Zerath, il ne manquait plus que ça ! Au vu du discours tenu par le militaire, il était sûr que l'echani l'adulait au plus haut point. Cela ce remarquait a minima dans la démarche moins vindicative que d'habitude de la sénatrice, il allait falloir surveiller de près ce duo qui ne manquerai pas de vriller au tandem. Affaire à suivre. Evea restait entièrement concentrée sur les propos de son interlocutrice et sur rien d'autre pour l'instant.

- Votre discours me rassure, nous craignions - je parle pour nombre de mes pairs - que les Lames Républicaines ne feraient qu'attiser le bellicisme latent de la République. Mais votre analogie au bouclier plutôt qu'à celle de l'épée est plus rassurante. Ceci-dit il demeure que les mesures du jexit sont quelque peu radicales, je voulais savoir - à vous de voir si vous pouvez me répondre ou pas - si vous avez déjà recueillis ou prévoyez de recevoir un nombre conséquent de membres de l'Ordre Jedi moribond, cherchant à trouver une nouvelle vie au sein de votre organisation ?

- Nous n'avons aucune animosité envers les Jedis qui auraient le courage de reconnaître l'errance de leurs anciens maîtres et qui, choisissant la voie du devoir et de la protection de nos concitoyens, viendraient à se joindre à nous. Bien entendu, pour des raisons de sécurité, nous serions obligés de les soumettre à différents tests de probité : nous ne pouvons risquer la sûreté des Sénateurs, du Chancelier et même de nos hommes par trop de naïveté.

Pour ce qui est des choix politiques qui ont été fait quant au traitement des Jedis, vous comprendrez que mon devoir de réserve m'empêche de me prononcer dessus. Je fais confiance, en cela, à ma hiérarchie au premier rang de laquelle se trouve le Chancelier Suprême, à l'exemple de tous mes confrères généraux, j'en suis sûre.


Sur ces mots prononcés par l'interprète, Alysha Myy'Lano adressa un sourire à son interlocutrice, un sourire que la sénatrice lui renvoya en croisant les mains sur son bas-ventre, préparant sa réponse.

- Vous prenez très à coeur vos nouvelle prérogatives, c'est une excellente chose. Vous parlez justement de votre hiérarchie, ce qui me rappelle que cela fait déjà un certain temps que j'ai demandée une entrevue avec le chancelier suprême afin de m'entretenir avec lui du sujet dont nous parlons justement. Le fait est que je n'ai pas eu de rencontre fixée encore, je vais surement tenter durant la soirée de m'approcher de notre cher chancelier suprême. Evea mîma un songe, portant une main à son menton.

Les deux femmes étaient tellement plongée dans leurs discussion, sûrement toutes deux avides de mieux se connaitre - surtout la sénatrice Ekway - qu'elles faisaient totalement abstraction du docteur se tenant près d'elles. Cependant il ne semblait pas s'ennuyer, suivant la discussion comme une partie de ping-pong, tout attentif aux mondanités entre sommités.


- Je vous souhaite de tout cœur d'y parvenir. Même mes nouveaux galons, malheureusement, n'ont pas le pouvoir d'exaucer un souhait si haut. Les responsabilités ne semblent jamais lui laisser l'instant d'une conversation aussi plaisante que la vôtre. Je ne vais pas davantage compromettre vos chances et vous souhaite bonne soirée. Je suis ravie de vous avoir rencontrée, Sénatrice.

- Plaisir partagé. Inclinaison respectueuse de la tête.

Huan Rhŷn
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◘ L’inspiration et l’expiration sont les seuls paroles expulsées par le militaire qui agit à son compte. Croiser aucun des regards des gens présents semble être à première vue une volonté chez l’homme, n’étant pas interpellé par personne, il ne fait qu'écouter son instinct à travers la foule. Une main vient alors se poser sur son épaule, venant stopper abruptement la marche de Huan ainsi que d’attirer son œil curieux. L’examination rapide du lieutenant ne lui révéla pas l’identité de du sujet, il s’agit donc d’un inconnu et de son iris lumineuse, le lieutenant Rhŷn lui démontre une certaine froideur.

- " Lieutenant Rhŷn, tient donc, je ne croyais pas vous voir ici aujourd’hui."

- " L’amiral a tendance à faire participer un minimum ses officiers, il n’y a donc rien de surprenant à ce que ma présence soit factuelle."

Huan se tourne complètement vers l'interpelleur pour se tenir face à face avec l’homme. Ce dernier a le regard faussement favorable, d’une tenu non militaire mais à la fois formel, il inspire au chandrilien certaines émotions négatives; l’animosité.

- " Les services secret républicain donc, je suis surpris de vous voir actif sur le terrain en cette journée de festivité."

Le sourire de l’apostat se dessine enfin, alors que les pupilles de l’inconnue se figent un instant, il retire sa main de son épaule pour de bon. Huan ne bronche pas, il ne le faut pas, son dossier a sûrement été finement étudié par le passé et il veut tout sauf que le SIS interviennent dans son opération. Avoir postulé trois fois pour leur services par le passé peut clairement avoir attiré l’attention de certain, Huan en est conscient et cette histoire sur Metalhorn fait ouvrir l'œil au plus curieux.

- " Il est bien normal que nous soyons actifs alors que notre chancelier est exposé de la sorte jeune homme. Je suis bien heureux de vous rencontrer enfin, j’ai beaucoup entendu parlé de vous entre les branches, vous êtes bien actif et à la fois… investie."
- " Les marines sont toujours investies, il s’agit tout de même de la branche la plus financé dans l’histoire de la république, les écoles militaires savent quoi faire."
- " Bien entendu, bien entendu. M’enfin, voilà, je suis attendu quelque part, je suis heureux d’avoir pus vous échanger quelque mots lieutenant."
- " De même monsieur…"
- " Xef Vandal, des affaires internes."

D’un signe commun, les deux hommes s'éloignent l’un de l’autre, laissant derrière eux un nuage tendu et électrisant.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]


◘ Agir est dangereux, ce l’est toujours quand on sombre dans les prismes de l'espionnage. Tout peut trahir, que ce soit la loi, la morale et même la justice, il faut apprendre à bien jongler avec tout ce qui s’impose, faire des choix, sans perdre de vue son objectif de base, question de ne devenir complètement subversif.

Huan reste aux aguets, difficile d’agir en sachant qu’il est probablement, maintenant, regardé, voir même, surveillé de près. En même temps, sa mission présentement est plutôt simple et peu hostile, profilage, identification et installer un mouchard. Hors de question de livrer bataille à quiconque ici, ou même de tout simplement attirer l’attention des gens sur soi.

Le lieutenant se heurte aussi à un certain dilemme, Alysha Myy’Lano avait cueilli l’attention du militaire avec ses mots, devait-t-il dévoiler son secret a cette inconnue? Devenir une lame l’exposera assurément au public vu l'engouement derrière et il ne sait aucunement quel outil lui sera offert pour progresser. L’envie de communiquer avec elle se formule à être de plus en plus nécessaire pour lui, reste à savoir comment attirer une situation de dialogue sans complètement se dévoiler.

Des têtes importantes se rencontrent autour du lieutenant, l’amiral Ular’Iim avec le général Ory et la première lame avec la sénatrice d’Alderaan. Trop loin pour entendre, il décide finalement de tout simplement venir se poser les avant bras sur la rambarde qui expose la frontière de la plateforme au vide.

- " J’ai terminé, je n’ai rien d’autre."
- " Compris."

D’un soupire, l’humain se passe le visage sous son index et son pouce pour se masser les yeux, laissant subséquemment une fenêtre de contrôle s’ouvrir dans son navigateur. Son troisième œil s’active en plein centre du trafic aérien de Coruscant, s’éloignant lentement de la circulation pour prendre de l’altitude, il est maintenant temps d’avoir une vue en hauteur pour mieux localiser certains individus. Le drône est bien situé dans le ciel, à contre jour, face au bâtiment, il n’attire pas l’attention. Un signe de verrouillage rectangulaire se place ainsi sur chaque personne analysée à partir des cieux, Xef Vandal et les cibles pantorannes, rendant leur position relativement facile à positionner pour Huan.

Le trentenaire tourne alors le dos au vide, appuyant le bas de son dos sur la rambarde, il se contente d’examiner les différents gens. Grendo est bien entendu bien visible, mais Huan prit surtout le chapeau forme non loin de là en chasse du regard, assis bien confortablement, un gentilhomme de Muunilinst surement. L’aristocrate semble discret, dissocié de tout sauf peut-être le verre qu’il tient entre ses doigts et ce genre de sujet d’analyse intéresse généralement le chandrillien. Cependant l’attention du rouquin est capté à nouveau par la sensitive muette qui s’est maintenant libérée de son tête-à-tête politique, c’est plutôt le bon moment pour lui de l’approcher et il ne manque pas de le faire. Direct, il se présente sous posture de garde à vous adéquates à la différence de rang.

- " Lieutenant Rhŷn, marine de la deuxième flotte républicaine, j'espère ne pas vous déranger, mais je tenais à vous dires que j'ai apprécié vos mots plus tôt."

Alysha invite rapidement le lieutenant au repos, proposant ensuite un dialogue par le mouvement, interprété par la même femme de tout a l’heure.

- " Et j'apprécie que vous ayez le courage de venir me présenter vos compliments, Lieutenant. Je suis sincère dans ma volonté de trouver ma place dans les rangs de l'armée. Je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre votre nom, avez-vous le temps d'une conversation ? Je sors de longs échanges parsemés d'écueils politiques et la compagnie d'un confrère ami comme moi du pragmatisme me ferait du bien."
- " Travailler sous le commandement de l'actuel amiral apporte beaucoup d'expérience, mais cela a le prix d'être coincé sous l'ombre de sa présence, personnellement, c'est une position que j'apprécie. N'ayant pas eu d'ordre clair de mon supérieur, je crois bien que je peux dire que oui, j'ai le temps pour une conversation. Je dois avouer que moi non plus, je n'ai jamais vraiment entendu votre nom par le passé, j'imagine que nos parcours sont très différents."

Un sourire plus honnête vient alors se dessiner sur le visage du chandrillien, tout en gardant un regard froid et bleu tel une glace lumineuse. L’exclamation soudaine de la première lame mit un doute dans l’esprit du rouquin, elle rit ostensiblement alors que lui n’en comprend pas trop les raisons. Le rire de la femme est muet, un souffle et un grand sourire, c’est spécial, mais à la fois évident pour Huan qui préfère s’en tenir au fait qu’elle riait tous simplement de quelque chose pour une raison qu’il ignore encore. La militaire agite les mains pour s’exprimer et le capitaine Twilek prend à nouveau la parole.

- " Je ne sais pas, avez-vous d'abord été des années durant sous les ordres de la plus grande traîtresse que la République ait connu depuis des siècles ? Non ? Donc j'imagine que nous avons effectivement eu deux parcours très différents, Lieutenant. Vous n'étiez pas au courant ? Les journaux se sont pourtant longuement attardés sur la question. La sénatrice Ekway n'a pas manqué de m'interroger à ce propos, d'ailleurs."

D’un regard direct et bref, Huan offre un sourire bref à la twi’lek avant de reprendre la parole. Il ne semble pas désappointé, ou même gêné, gardant son air plutôt sobre et distant émotionnellement.

- " Disons que pour ce genre d'histoire, je ne suis pas du genre à faire complètement confiance au média, mais oui, j'aurais peut-être dû m'informer d'avantage sur vous avant de lancer un constat de la sorte. J'imagine qu'on ne connaîtra jamais complètement l'histoire de toute façon, si le chancelier vous fait confiance pour vous léguer sa sécurité, et bien soit."
- " Il est des situations dans lesquelles le secret garanti la survie, et je dois veiller à celle du Chancelier Suprême plus qu'à tout autre. Mais la démocratie est une belle chose, peut-être dans trente ans, quand je serai devenue vieille, que les chanceliers auront changé, que quelqu'un même l'aura remplacée, alors peut-être aurais-je le loisir de m'épancher dans un journal à mon tour pour y dire ma vérité.

Pour l'heure je dois construire la confiance malgré cela. Faute de disposer d'actes passés dignes, mes actes futurs, je l'espère, témoigneront pour moi.
"


À ce moment-là, Alysha marque une pause qui vient briser le tempo de la conversation, venant peser son regard dans celui de Huan, une sensation étrange vient parcourir son être, tel un hurlement dans le plus profond des tunnels, enfouie sous la pierre, une voix a été entendue. A t-elle ressenti tout cela? Le lieutenant se le demande, même qu’il a l’impression qu’elle a volontairement fait ressortir toute cette sensibilité par la force.

- " Vous ne me dites pas tout, Lieutenant... Ou peut-être l'ignorez-vous vous-même ? N'êtes-vous venu que pour le compliment, vraiment ?"

Décidément, il n’est pas facile de cacher quoi que ce soit à ces jedi, ou autre groupe semblable. Le regard de Huan démontre alors une certaine surprise pour souligner le changement de ton de la discussion, mais décide de couler le silence en prenant parole, ne souhaitant pas laisser le malaise triompher ici.

- " Je ne suis pas certain de comprendre ce que vous essayez d'insinuer, il est normal qu'un inconnu ne vous dise pas tout au sein d'une festivité, non?"

C’est à ce moment-là que le signal de l’emplacement de l’homme des affaires internes du service de renseignement prit une trajectoire en hauteur, d’un mouvement de tête, il vint regarder brièvement dans la direction de ce dernier pour s’assurer qu’il ne puisse pas écouter leur discussion.

- " En fait, je me demande surtout à quel point vous allez être préparé et équipé pour faire votre travail , dans la marine, on a une culture de la guerre historique, qui se serre les coudes, qui fonctionne et qui a fait ses preuves à de multiples reprises. Vous, vous avez déjà plus d'ennemie que d'allié à peine après avoir été dévoilé et votre réseau reste un total mystère, autre le fait que vous êtes en sous nombre, on ne connaît que très peu de chose sur vous et vos réels effectifs. J'ai beaucoup de questionnements et d'incertitudes envers votre section en fait, j'imagine que vous êtes la mieux placé pour en répondre."

Le visage de l’humaine reste indéchiffrable pour Huan, le rendant incapable de même lui offrir une émotion simple.

- " Vous êtes sensible à la Force, Lieutenant. Et je pensais simplement qu'en approchant le Général chargé du Corps des Lames, précisément les hommes et les femmes formés à user de ce don en faveur de la République, vous auriez considéré l'information comme d'importance.

Vos questions sont tout à fait compréhensibles, j'en aurais moi-même de nombreuses, que diriez-vous de poursuivre cette conversation plus officiellement, la semaine prochaine, dans mon bureau pour un entretien. D'ici là, vous pourrez vous renseigner très exactement grâce aux brochures et aux déclarations publiques, et songer combien vos talents seraient précieux pour la République s'ils se déployaient tout à fait.
"


Que ces mots ai été dit à haute voix dérange l’homme aux yeux bleus, lui qui a gardé cela caché toute sa vie, la voilà en train de dévoiler son secret en plein centre d’une festivité. Par réflexe, son drône vient automatiquement la cibler au radar pour signaler sa position, sans avoir d’intention derrière un geste de la sorte, Huan se dit que de garder ses mouvements en note pour plus tard pouvait s’avérer utile. Il continue de la regarder, la voyant maintenant surplomber d’un calque rouge sous ses lentilles, il reprit parole.

- " et pourtant tout les rapports et test à mon encontre disent que non, je n’ai aucun don ou rapprochement avec la force, mais dans tout les cas, je serai stupide de refuser de poursuivre la discussion une autre fois si vous le souhaitez, première lame"
- " C'est fou tout ce que peuvent omettre les tests et les rapports, n'est-ce pas ? Nous aurons définitivement cette discussion, lieutenant, vous aurez l'obligeance de laisser votre contact au Capitaine R'prëte qui a l'amabilité de me prêter sa voix présentement ?"

À peine la requête avait été faite que la twi’lek put voir qu’un nouveau message était entré dans sa boite mail, suffit d’un clignement d'œil en fait. D’un sec geste de la main, il salue les deux femmes au garde à vous et sans dire un mot, prend ses distances d’un pas sûr.


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Alysanne Méridan
Alysanne Méridan
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Alysanne Méridan était confortablement installée à l’arrière d’une limousine et observait passivement par la vitre teintée, et ce pour la première fois depuis longtemps, Coruscant. Elle n’avait pas remis les pieds ici depuis bien des mois, s’étant d’abord retranchée sur Ralltiir, ayant ensuite élu domicile au siège de l’Alliance Galactique des Puissances Unies. Elle regarda donc, hagarde, les hauts bâtiments défilant sur sa gauche, reconnaissant en eux son quotidien d’antan, lorsqu’elle exerçait encore la fonction de Sénatrice. Absorbée par ces derniers, la Primadonna n’aperçut pas sur sa droite le airspeeder tunné série X58 qui arrivait à toute allure. Ni Alysanne, ni le conducteur distrait d’ailleurs, ne prêtèrent attention au bolide, et tandis que le carrefour approchait dangereusement, le choc s’annonçait déjà.

Soudain, le airspeeder percuta de plein fouet la limousine, et le bruit fut assourdissant. En un instant la tôle se contorsionna, les vitres et le pare-brise éclatèrent, et le capot s’éventra. Par chance, la ceinture de sécurité d’Alysanne se tendit, mais elle fut tout de même projetée contre le dossier. Il n’y eut, l’espace d’un moment, plus aucune pesanteur à l’intérieur de la limousine. Le klaxon hurla malgré lui, et comme dans un film d’action, des étincelles jaillirent d’un peu partout, et une fumée noirâtre commença à s’élever de l’amas métallique.

La Primadonna reprit ses esprits quelques instants plus tard, courbaturée mais entière. Son premier réflexe fut de vociférer, de toutes ses forces et à plein poumons :

- AU SECOURS ! A MOI ! A L'AIDE ! PAS MAINTENANT !

Alysanne qui avait récemment survécu à une rencontre au sommet avec le chef de l’inquisition Sith, n’était évidemment pas prête à mourir du fait d’une bête collision avec un airspeeder chromé, probablement conduit par rien de plus qu’une espèce de kéké bon à agiter des gourmettes plaquées or. Rassurez-vous toutefois, Alysanne vivrait ; affirmation déjà plus incertaine pour son chauffeur qui commençait à tressauter sur son siège. Tout son corps se bandait et donnait l’impression que son âme voulait en sortir et que sa chair se débattait pour qu’elle y reste. Alysanne observa circonspecte la scène, puis entreprit de sortir du véhicule accidenté, folle de rage : elle allait être en retard.

Ce fut une grosse heure plus tard qu’Alysanne arriva enfin à bon port, à bord d’un médiocre véhicule et conduit par un employé d’assurance (de ce que la Ralltiirienne en avait compris en tout cas). Alysanne avait naturellement pris le temps d’appeler les secours avant de filer, et quant à sa santé personnelle, celle-ci pouvait une fois encore attendre.

Malgré tous les efforts de la Primadonna pour ne pas manquer l’inauguration de la soirée; à en croire les employés qui commençaient à replier le tapis rouge, la cérémonie avait déjà bien débuté. Un bruyant et vulgaire coup de klaxon suffit toutefois à capturer l’attention des derniers photographes présents, tout comme celle d’un laquais qui, clope au bec, s’empressa d’ouvrir la portière de la conserve volante.

Alysanne sortit alors une première jambe nue, et ce fut comme si on l’avait aussitôt reconnue, car c’est sous une mitraille de flashs qu’elle finit de s’extirper du véhicule, et on ordonna même de dérouler une nouvelle fois le tapis rouge. La Primadonna gravit donc lentement l’escalier jusqu’au hall dans un froissement de soie et de satin, la traîne de sa robe caressant les marches derrière elle. Juchée sur de somptueux escarpins vernis noirs qui mettaient en valeur ses jambes fuselées, Alysanne ondula avec un naturel si troublant qu’on en frissonnait d’envie (l’envie de glisser sa main dans ses cheveux soyeux, de fondre sur ses lèvres, de goûter ce gloss pailleté qui les rendait plus tentatrices encore).

Pour l’occasion, la Ralltiirienne était vêtue d’une robe émeraude qui se métamorphosait dès la taille en une corolle de fleur dotée de géants pétales de rose. De cet ensemble émergeait son buste statuaire ébène dont la poitrine n’était que brièvement éclipsée par les pétales. Deux barrettes en diamants retenaient quant à elles au niveau des tempes sa somptueuse chevelure dorée et laquée qui se répandait sur ses épaules en un nuage vaporeux, et que l’accident n’avait même pas réussi à faire bouger.

Sur le tapis rouge, la Primadonna sourit sans se forcer, après tout elle était dans son élément. Sa tenue provoqua l’effet escompté, les photographes frôlèrent l’apoplexie et s’égosillèrent sur son passage. Mais haut les cœurs, car la partie ne faisait que commencer, quelques mètres plus loin, la Primadonna entreprit en effet de détacher un premier pétale qu’elle agita tel un éventail, qu’elle projeta ensuite au sol. Telle une strip-teaseuse, Alysanne continua de se dévêtir, dévoilant finalement un corset nacré. La Ralltiirienne s’amusa alors à plonger un regard soutenu dans les yeux de chaque journaliste, ces mêmes qui avaient détruit sa réputation et piétiné son intimité en relayant sur leurs plateformes la sextape qui lui avait coûté l’AGPU. Encore une fois, ceux-ci s’enrichissaient sur sa personne, cette grande blonde ardente qui n’avait jamais déçu la presse people. Elle les avait désormais vaincus, puisqu’elle était envers et contre tout parvenue à saisir la fonction suprême qu’on lui avait injustement volée par le passé. Ce fut donc une Alysanne triomphante qui passa les portes du hall. Elle lança un bref regard à l’assemblée, à la fois délicieux et dédaigneux, avant de rejoindre une personnalité qu’elle connaissait bien, qu’elle connaissait intimement même.

- Madame Méridan ! s’écria gaiement le Sénateur Etheve. Ou devrais-je vous appeler madame la Présidente peut-être ? Il sourit joyeusement avant de l'enlacer, non sans une certaine sensualité.

- Je t’en prie Fuad, pour le nombre de fois où tu as déjà hurlé mon nom, appelle-moi simplement Alysanne. Elle ricana. Je suis désolée pour le retard, un empêchement de dernière minute, tu connais. Dis moi juste que j’ai bien fait de ne pas arriver plus tôt.

Fuad attrapa à la volée une coupe de champagne qu’il tendit aussitôt à son interlocutrice, avant de lui répondre.

- Pour le moment, c’est un véritable cirque. Outre une cohorte de politiciens vieillissants vêtus de noirs et qui se sont disputés les meilleures places pour charmer leur Chancelier, le hall est rempli de tout le gratin de l’armée. Et bien entendu, la presse, mais elle, tu n’as pas dû la râter.

- Et c’est l’Etat-major qui a invité tout ce beau monde ? demanda Alysanne entre les dents alors qu’un photographe venait de leur fourrer son objectif sous le nez.

- Bien sûr que non. C’est la Chancellerie qui tient à ce que ses moindres faits et gestes soient immortalisés.

- Evidemment. Alysanne plongea ses lèvres dans le champagne.

- Pas trop chahutée par les journalistes ? Certains jugeraient ta robe inadaptée aux circonstances tu sais.

Il est vrai que l’habillement de notre diplomate en disait long sur ses sentiments.

- Je vois la cérémonie d’aujourd’hui comme une façon de célébrer la mémoire de ces soldats, tenta-t’elle d’expliquer, ils auraient probablement tous détesté ce noir, c’est si déprimant… En vérité, Alysanne n’avait pas su résister à cette nouvelle robe spécialement confectionnée par un grand couturier bothan. Dis moi Fuad, a-t’on parlé de moi en bien ?

Baissant légèrement le regard, Fuad grimaça, un peu gêné.

- C’est-à-dire que… Malheureusement Alysanne, je crains qu’on n’ait pas parlé de toi… du tout.

A ces mots, l’ingratitude et la colère se liguèrent en elle pour lui ôter toute raison, aussi rétorqua-t’elle sans réfléchir :

- Quel enfoiré. Trois semaines que j’attends ne serait-ce qu’un message de sa part pour me remercier. Comme si me farcir l’autre connard d’inquisiteur au nom et pour les intérêts de la République avait été une partie de plaisir.

- Je te comprends, mais relativise, te voilà à la tête de l’Alliance, n’était-ce pas ce dont tu rêvais ?

- Tu parles, une Alliance en ruines. Et puis, la République s’est bien gardée de soutenir mon dossier, et sans les mondes neutres, je serais encore sur Ralltiir à faire la poussière au Baobab.

- Parce que tu fais toi-même le ménage ?

- Non, bien sûr que non, c’était une image Fuad, fais donc un effort.


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