J’avais retourné le problème dans ma tête toute la journée. Je ne voyais pas de meilleure solution…que celle d’être honnête. Et surtout le plus rapidement possible…avec Halex. J’étais tellement stressé que j’avais même été voir Vhagar pour lui demander de faire participer à l’entrainement physique du jour. J’avais beaucoup à évacuer. Il en fut surpris…Je n’avais pas encore eu l’occasion de lui parler…

Trop heureux de me faire passer le « fameux » test d’aptitude dont Tyberr’Hyus m’avait promis un moment « épique », le cathar n’avait pas lésiné sur les exercices. Il me fallut enchainer toutes sortes de défis sportifs, sans oublier ce foutu parcours du combattant, que j’eus droit à une pause. Complètement HS, je m’effondrais au sol, en nage, cherchant ma respiration. Vhagar me tendit une gourde d’eau…

- Alors ? Tu as décidé de te reprendre en mains ?

Il eut un geste pour les bleus dont il s’occupait cette journée là pour leur indiquer de reprendre la totalité du parcours.

- Oui…il faut…

Il prit la gourde que je lui rendais, pour boire une rasade d’eau fraiche lui aussi…

- Et…On peut savoir en quoi ce sera différent cette fois ?

- Je…je vais la demander en mariage. Aussitôt, le cathar manqua de s’étouffer non sans recracher un jet d’eau dans ma direction que j’eus tout juste le temps d’esquiver. Il me regarda, sous le choc, me questionnant du regard. Avec le plus grand sérieux je répétais posément : Je vais demander Halex en mariage.

Reprenant un peu de constance, mon ami me demanda :

- Mais…je croyais…enfin…sa famille ?

- J’ai la bénédiction de la fratrie. A condition que je contrôle mon addiction…

- Ha…fit-il un peu déçu d’apprendre qu’on n’exigeait pas ma sobriété.

Je soupirais…et me décidais à jeter un nouveau pavé dans la mare, justifiant ma décision de me reprendre en main :

- Il n’y a pas que cela…

Il partit dans un éclat de rire :

- Ha…ben excuse-moi, mais pour un type qui a le mariage en horreur, je vois pas ce qu’il peut y avoir de pl…

- See’Ryl est enceinte…de moi.

Cette fois Vhagar cessa tout net son hilarité. Il fronça les sourcils, incrédule. Je frottais mes sinus…je savais qu’il appréciait la Jedi…et je sentais poindre le début de la tempête. Je soupirais et m’expliquais : Ce n’est pas ce que tu pourrais imaginer…

- Et j’imagine quoi selon toi? feula -t-il

- Je n’ai pas…joué avec See’Ryl…C’est…un accident…

- Tu t’enfonces toubib…

- J’avais bu ! Papa venait d’être tué…Et See’Ryl avait refusé de me laisser alors qu’elle-même était blessée et …enfin tu sais bien dans quel état elle était.

Mon ami hocha la tête…affichant une moue certaine. Il reprit une gorgée d’eau et réalisa soudainement :

- Minute…Halex…

- …N’est pas encore au courant…


Il ouvrit de grands yeux…et se contenta d’ajouter avec un petit air compatissant :

- T’es dans la merde frangin…

Sans déconner ? C’était le moins que l’on puisse dire. J’avais achevé mon entrainement, et Vhagar m’avait envoyé à la douche non sans me convoquer officiellement pour déterminer ma capacité physique avec un entretien tout ce qu’il avait de plus réglementaire. Il profita bien sûr de l’occasion pour me demander plus de détails. J’avais également pris soin de contacter See’Ryl. N’avait-elle pas dit que je devais l’avertir lorsque je m’apprêtais à mettre Halex au courant ?

Le soir venu, Vhagar m’avait « relâché » en me souhaitant un « bon courage ». J’attendais qu’Halex rentre à mon appartement. Nous vivions plus ou moins ensembles désormais. Je ne savais trop comment me mettre afin de faire passer l’interminable attente que je subissais. Je passais d’un tabouret, à assis dans le canapé, puis adossé contre le comptoir, pour finalement revenir sur le tabouret…

La porte s’activa finalement, laissant le passage à Halex qui semblait…rayonnante. J’appuyais alors sur la touche « envoie » de mon datapad qui transmit instantanément le message que j’avais préalablement écrit pour prévenir ses frères qu’elle était bien arrivée à bon port. Intérieurement j’ignorais totalement quel serait le meilleur moment pour faire ce genre de…confidence. J’attendis qu’elle vienne vers moi pour l’embrasser doucement. Je n’étais pas comme d’habitude…et je ne doutais pas qu’elle le sente…Alors après les échanges de banalité d’usage sur nos journées respectives je lui indiquais…

- Trésor…il faut qu’on parle…

Elle rayonnait quand elle entra dans mon appartement. Elle avait acheté du vin…Effectivement on allait sans nul doute en avoir besoin. Je lui avais rendu son baiser avec moins d’entrain qu’habituellement, et sans la prendre dans mes bras. Je réfléchissais à la meilleure façon d’aborder la chose. Finalement, je tentais une approche. Elle eut une réaction à laquelle je ne m’attendais pas véritablement. Car elle cru tout bonnement que c’était elle qui avait mal agit. J’eus un soupire…et presque envie de revenir sur ma décision de lui parler en voyant qu’elle avait inopinément lâché l’ouvre-bouteille qu’elle avait en main…Une chance que ce n’était pas la bouteille.

Je devinais son inquiétude en cet instant, et mon regard fatigué s’était levé vers elle pour plonger dans ses prunelles. Avec un sourire doux, je tendis une main pour prendre la sienne avec tendresse. Je répondis :

- Par les étoiles, tu n’as absolument rien fait de mal …Ne t’inquiète pas de cela…

Je cherchais mes mots. J’hésitais…Elle allait tellement être furieuse…Sans nul doute blessée…percevant ce que j’allais lui dire comme une trahison. Mais je ne pouvais me résoudre à lui cacher cela. Sa seconde question me fit hausser un sourcil.

- Tyb ? Je soupirai…Bien sûr qu’elle avait vu son frère. Et il ne lui avait rien dit, bien entendu. Me laissant le soin de prendre mes responsabilités. Il avait raison en soi…Je pris une profonde inspiration, j’attirai Halex vers moi en la prenant par la taille, et la fit s’assoir, je n’avais pas lâché sa main. J’espérai lui assurer de ma présence…réelle si je puis dire. Puis je repris dans un souffle : Halex, s’il y a une chose que j’ai appris de mon ancien mariage, c’est que la discussion est primordiale. Il faut éviter les mensonges et les non-dits, et…faire confiance en l’autre et sa capacité à tout entendre.

A nouveau un sourire s’esquissa sur mes lèvres pincées.

- Je sais que j’ai déjà fortement éprouvé ta patience, et ta confiance en moi. Mais…si nous voulons partir sur de bonne base…Tu sais que je t’aime…et…je veux faire le mieux pour toi. Mais pour nous assurer un mariage sain…il y a encore une chose que je dois te révéler….

Je guettais ses réactions, avisant sa position assise, m’assurant de la distance suffisante de la bouteille pour ne pas qu’elle termine en éclat sur mon crane…Et je me décidais…une profonde inspiration et je m’entendis lui dire :

- Je…vais être père. Il y eut un silence…et j’assénais le coup final…et avant que tu ne me demandes avec qui…c’est…See’Ryl…

J’eus une grimace…attendant le déchainement de la tempête contre moi…J’étais prêt à retenir Halex, à lui expliquer les circonstances, à la rassurer…à lui expliquer que cela ne changeait rien pour elle et moi. Et que c’était elle que j’aimais. Mes yeux sombres reflétaient mon désarroi face à la situation. La nouvelle je ne l’avais apprise que très récemment, et j’avais encore du mal à accuser le coup. Et j’avais été obligé de me battre pour ne pas céder à l’appel de la tentation de la pernicieuse addiction qui ne cessait de m’appeler. C’était aussi une des raisons pour lesquelles j’avais demandé à Vhagar de « m’occuper » …pour que ne craque pas, et que je garde les idées claires pour parler à Halex.

Je savais qu’elle allait réagir assez…violement. J’avais vu son visage pâlir, elle avait compris le sérieux de cette conversation. Elle s’était figée, attendant que je lui révèle ce qui me travaillais. Halex sembla ne pas me croire, et explosa de rire...mais je sentais que c’était un rire nerveux plus qu’autre chose, car non je ne plaisantais pas. Lorsqu’elle prit pleinement conscience de mon annonce, elle retira sa main vivement. J’en fus quelque désolé, même si je m’y étais attendu. Je voulus la rattraper, mais elle m’esquiva…et leva sa main. Je n’avais bronché. Me demandant si elle allait finir par l’abattre sur moi dans une gifle magistrale. Mais finalement elle abaissa sa main menaçante. Compte tenu de l’apaisement qui n’augurait rien de bon j’aurai préféré qu’elle me gifle. Au moins cela lui aurait fait du bien, et moi aussi.

- Halex, soufflais-je doucement.

Ses mots suivant me firent froncer les sourcils…Elle était sévère…alors qu’elle ne faisait que chuchoter avec un manque cruel de classe. Je soupirais…

- C’est l’idée…repris-je un poil sarcastique. Je secouais la tête et repris avec plus de douceur : Halex, s’il te plait…See’Ryl ne mérite pas ce genre d’insulte.

Je comprenais cela dit la colère de ma compagne, et surtout son besoin d’extérioriser sa colère à travers un vocabulaire de bas étages. Mais tout de même. Elle s’était tu, semblant réfléchir avant de poursuivre sur sa lancée. Je serrai les dents, et frottais mes sinus…Je cherchais mes mots pour éviter d’aggraver la situation. Mais ses propos qu’elle venait de me jeter à la tronche étaient un réel coup bas. Elle savait très bien que je n’aurai jamais fait une telle chose.

- Halex je t’en prie. Tu sais très bien que je ne pensais pas cela…Ce n’était nullement calculé, et encore moins destiné à une quelconque vengeance contre toi. Je soupirais…C’est arrivé le soir où Balérion a été tué. Je n’étais pas prêt à encaisser une telle nouvelle. J’ai bu plus que de raison. Et See’Ryl ne voulait pas me laisser seul…Elle n’était pas non plus dans son état normal, avec l’explosion de l’entrepôt la drogue s’était répandue dans l’air ambiant que See’Ryl a inhalé à plein poumons.

Je n’étais clairement pas fier de moi, et encore moins alors qu’elle me rappela lui avoir tapé un scandale lors de nos « retrouvailles » pour un suçon qu’elle portait au cou…qui n’était pas de moi. Je soupirai de nouveau, cherchant à m’approcher d’elle :

- Halex, tu sais pourquoi je t’ai dit cela. Je ne suis pas fier de ce que j’ai pu te dire. Et je t’ai dit que je ferai tout pour me faire pardonner. La question n’est pas là !

La jeune femme s’était reculée, elle ne voulait pas que je la touche. J’en fus attristé. Ma franchise allait-elle tout briser entre nous ? Elle me révéla qu’elle aimerait bien se déchainer sur moi mais qu’elle ne le ferait pas car c’était précisément ce que j’attendais. Effectivement elle avait raison. J’eus cependant le souffle coupé quand elle m’apprit qu’elle ne pouvait accepter une telle annonce, notamment parce que cela concernant See’Ryl. Visiblement elle ne pouvait pas tout entendre. Je fermais les yeux quelques instant, essayant de canaliser ma propre colère grandissante. Ce genre de scène dramatique n’était pas sans me rappeler d’autres querelles du passé…Et de cela je me passerai bien. J’eus un geste d’agacement, il n’y avait pas mort d’homme bordel…

- Je viens d’apprendre l’existence de cet enfant. Qu’aurai-je du faire selon toi ? Te le cacher ? Que cela devienne un secret d’état ? Je fronçais les sourcils alors que je l’observais s’éloigner. Je descendis de mon tabouret pour voler à sa suite. Halex ! Voila qu’elle allait fuir…trop facile comme esquive…Je voulais la confronter, et surtout l’obliger à m’écouter. Pas question qu’elle me laisse en plan…pas comme cela.

Ce n’était pas une très bonne idée de faire du sarcasme, je le savais. Mais je commençais à m’énerver. Et pas seulement après les claques verbales d’Halex. Non…simplement après moi. J’avais été assez con pour laisser tout cela arriver. A commencer par me laisser entrainer par Vhagar et Cally pour que je me sociabilise. J’imaginais que si j’étais resté seul dans mon coin rien de tout ceci ne serait arrivé. Mais je savais bien que c’était un sacré raccourci que de penser cela. Car rien ne m’aurait empêché de rencontrer See’Ryl, Halex, Tyberr’Hyus, etc. Simplement leur aurai-je accordé moins d’importance en premier lieu. Mais les choses auraient tout de même fini par arriver. Pourquoi ? Parce que tel était mon destin. Et bien que je ne comprenais pourquoi la Force cherchait à me foutre dans la merde…je n’avais pas moyen de lutter contre cela.

Le sarcasme en retour du mien d’Halex me fit hausser un sourcil, et mes épaules avec. Sérieusement ? Je préférai ne pas enfoncer le clou plus loin dans la raillerie. Ce serait inutile et puéril de ma part. D’autant plus qu’Halex était loin d’imaginer que oui…Elle pouvait remercier See’Ryl sur certains points. Mais je ne me risquai pas de le lui signaler. Halex n’était pas sensible à la Force, elle ne pouvait comprendre ce lien invisible et puissant qui me reliais à See’Ryl. Ce qui ne justifiait en rien ce que nous avions fait…C’était indéniable.

Halex ne démordait pas au sujet de ce que j’avais pu lui dire lors de mon « pétage de plombs ». Il fallait dire que j’avais été gratiné. Entre ma volonté de la rejeter pour la « préserver » de mon état, et ma jalousie qui avait déchainé mes plus bas instincts. J’avais été le roi des cons. Et quelque chose me disait que j’allais le prendre dans les dents dès que le souvenir de cette affaire ressurgira. Je me retenais de lui servir sur un plateau les « arguments » qu’elle m’avait claqué au visage lors de ma propre crise de jalousie au sujet de ce foutu suçon.

Je me contentais de frotter encore une fois mes sinus. J’allais finir par ne plus être en mesure de contenir ma colère. Je ne voulais surtout pas perdre à nouveau le fragile contrôle que je parvenais à exercer sur moi-même malgré mon addiction. Sa réplique sur le fait que sans l’enfant je ne lui aurai pas dit que j’avais passé une nuit avec See’Ryl m’extirpa une grimace. Je soupirai avec un haussement d’épaules :

- J’en sais rien…Je commence d’ailleurs à me demander si j’ai bien fait de te le dire.

Non…Balian…Tais-toi…N’aggrave pas la situation. La voila qui voulait partir…L’imbécile amoureux que j’étais ne pouvais la laisser partir pour autant. Et je la suivis pour la retenir. Je voulais la prendre dans mes bras, la consoler, lui dire à quel point j’étais un crétin…Mais à mon appel, elle s’était retournée, juste devant la porte et ses mots suivants me figèrent sur place…Stoppant mon geste de l’enlacer tout juste esquissé. J’avais littéralement planté. Mes lèvres s’entrouvrirent mais aucun son ne sortit… Mes yeux trahissaient mon incompréhension, mon ire et surtout mon désarroi …Finalement je parvins à articuler :

- Epouser See ‘Ryl ? Comment…comment peux-tu croire cela après…

Halex connaissait mon expérience sur le mariage. Je lui avais expliqué lors de notre réunion avec ses frères que c’était elle qui m’avait finalement réconcilié avec cette pratique. A condition de l’épouser elle. Et nulle autre. Car en dehors de l’objectif de la libérer, j’avais décidé d’entrer dans la danse de ses prétendants par amour pour elle. Qu’elle puisse croire que je souhaite en épouser une autre me fit autant de mal que si elle venait de me tirer dessus à bout portant.

Ce fut mon tour de reculer. Ma respiration eut un raté alors que je détournais la tête d’Halex. Un éclair de colère avait scintillé dans mes yeux. Je fronçais les sourcils…J’essayais de me convaincre que je méritais ce qu’elle venait de me dire. Qu’elle aussi souffrait de ce que je venais de lui révéler…Sans doute plus par le fait que ce soit See’Ryl que de l’acte en lui-même. Mais j’avais beau chercher…autant je comprenais qu’elle m’en veuille pour cela…Autant cette ineptie sur le mariage…j’estimais ne pas mérité un tel manque de confiance.

- « Qu’elle te vole tout » ? Que je sache je n’ai jamais laissé sous-entendre une telle chose.

Ma voix s’était faite beaucoup moins douce…plus cinglante. Le même ton que j’avais utilisé ce jour-là…ce jour qu’Halex avait nommé « notre crise » …Je secouais la tête…comme pour chasser l’ombre de cette journée. Je ne voulais pas m’énerver davantage, et encore moins reproduire le désastre de cette journée…Je ne voulais pas infliger cela à Halex une fois de plus. J’avais pris conscience que je l’aimais trop pour cela. Je me contentais de reculer doucement, jusqu’à trouver le rebord du canapé où je m’assis en silence…Ecoutant la suite de sa logorrhée.

- Oui…tu as le droit…soufflais-je simplement, posant mes coudes sur mes jambes…et passant ma tête entre mes mains. Le haut de mon corps légèrement penché en avant, je finis par relever les yeux vers elle, pour dire d’un ton neutre : tu as le droit Halex…

Elle aurait pu en rester là…mais elle asséna un dernier coup sur ce que j’aurai pu faire…J’eus un faible sourire. Non pas que je me moquais d’elle…C’était plus un sourire nerveux…

- Bien entendu…je me retins de lui dire que j’étais désolé de n’être qu’un être faible, loin de sa perfection, mais le sarcasme n’était toujours pas une option. Je secouais de nouveau la tête…et repris toujours d’un ton neutre : Je ne peux pas défaire ce qui a été fait Halex…et je suis désolé de passer mon temps à te décevoir.

Qui a dit que m’aimer serait facile ?

Je n’avais pas envie de me battre. Pas ce soir. J’étais épuisé de l’entrainement que m’avais fait subir Vhagar ainsi que de l’entretien qui ressemblait plus à un interrogatoire par la suite. J’avais baissé les bras, après tout, Halex avait raison de m’en vouloir. Elle allait avoir besoin de temps pour avaler la pilule et surtout être en mesure de discuter avec calme. Du moins c’était ce que je m’étais figuré. Un court instant l’idée de reprendre une dose pour tout oublier me traversa l’esprit. Mais j’avais promis de me reprendre en main. Cet enfant n’avait pas besoin d’un père toxico…

Mais je devais avoir l’air particulièrement atterré. Halex reposa son sac au sol, se débarrassa de ses talons et se dirigea vers la salle de bain. Visiblement elle n’avait plus envie de s’en aller. Je faisais pitié à ce point-là ? Elle commença à se dévêtir, souhaitant prendre une douche. Elle en profita pour m’expliquer ce qu’elle avait voulu dire par… « vol ». Oui parce que personnellement je n’avais pas compris de quoi elle avait bien pu parler…Puisque See’Ryl ne m’avait pas « volé » à Halex que je sache !

L’entendre me dire qu’elle aurait souhaité être celle qui me donnait mon premier enfant me fit un drôle d’effet. Ma première réaction était de me demande si à un moment où un autre, on allait me demander mon avis ? Qui a dit que je voulais des enfants. Les enfants c’était très bien…chez les autres. Une fois qu’on les a faits on ne vit plus que pour eux, ils nous pourrissent l’existence, et pardessus tout ils foutent un sacré merdier dans nos vies. La preuve…celui-là n’était même pas né qu’il me gonflait déjà ! Je n’avais jamais voulu avoir d’enfant…Bon, la Force en avait décidé autrement. Et pas de la meilleure des façons.

Mais tout à coup je compris ce qu’avait voulu dire Halex, et j’en était désolé pour elle, même si cette idée me paraissait quelque peu…puérile plus que pathétique. Sans doute la différence d’âge…Où la différence d’hormones ? Allez savoir.

Ma compagne disparut dans la salle de bain, j’eus un instant de frayeur et je me tournais pour vérifier…La porte n’était pas verrouillée cette fois…Non parce que la dernière fois elle s’était ouvert les veines hein…Je n’avais pas envie de recommencer. Je me levais, gagnant la chambre. J’ouvris une armoire et saisis LE pull qu’Halex empruntait quand elle venait chez moi…J’entrais dans la salle de bain, et j’allais me contenter de simplement poser le pull et sortir quand je l’entendis…pleurer…Cela me déchira le cœur…Une fois de plus elle pleurait, par ma faute.

Je m’approchais de la porte de la douche et m’adossais à la paroi… ne voulant pas lui imposer ma présence sous l’eau…Je savais qu’elle aimait ce contact sur son corps… j’avais fermé les yeux…Je soupirais et me décidais :

- Halex…pour ce que ça vaut…je suis désolé…Je…n’avais pas perçu les choses de cette façon sur…ce que tu espérais question « premier enfant ». Je ne cherche pas d’excuse. Même si la situation était particulière…J’ai merdé. Et je comprends que tu sois déçue…Cela n’a jamais été dans mon intention de te faire du mal.

Sans ouvrir les yeux…non par pudeur mais plus par lassitude et réflexion, ma tête avait légèrement dévié vers l’entrée de la douche…J’aurai voulu apaiser Halex, comme les Jedis savaient le faire, mais j’en étais incapable.

- Et…oui…Cet enfant, je vais le reconnaitre. Comme tu l’as dit…Il n’y est pour rien…

Je songeais à Balérion…j’aurai presque aimé qu’il surgisse à travers la Fore pour m’en coller une. Tu parles d’un futur Partiarkhês…

- Halex…murmurai-je je t’en prie…ne pleure pas…

J’avais écouté avec attention ses propos qu’elle avait chuchoté suffisamment fort pour que je l’entende. Evidemment qu’elle se sentait dévastée et trahie. Je le regrettais profondément. Mais je ne pouvais revenir sur mes actions passées. J’essayais comprendre ce que la Force essayait de me montrer à travers ce chemin plus que tortueux et semé d’embûches que j’empruntais. Nous n’avions pas parlé d’enfants, en même temps il fallait peut-être déjà voir pour le mariage avant de penser à des enfants. Surtout que sur ce dernier point je n’étais pas tellement pressé.

Je ne sus pas quoi lui répondre. J’étais de toute façon incapable de parler. J’avais la gorge serrée, et mon cœur saignait de lui infliger encore une fois des blessures si profondes. L’entendre ce pendant m’assurer qu’elle savait que ce n’était pas dans mon intention de la blesser me soulagea…un peu. Juste un peu.

- Tu n’as pas à culpabiliser. Tu ne pouvais être là à cause de ces vestales…tu as même essayé de t’échapper. Non Halex…tu n’as rien à te reprocher.

J’avais entendu l’eau s’éteindre…mais elle ne sortait pas pour autant. Je commençais à me demander si ma présence ne la dérangeait pas…mais au moment où j’allais prendre la décision de la laisser tranquille, j’entendis de nouveau le son de sa voix. Sa question me parut complètement décalée. Je répondis avec spontanéité :

- Par la Force Halex, je n’ai jamais songé un seul instant à te quitter. Jamais…

Bon sang qu’est-ce qui avait pu se passer dans sa tête pour qu’elle aille s’imaginer une telle chose ? A moins que ce ne soit moi qui me sois mal exprimé…Ce n’était pas impossible après tout. Sa question suivante suivis sur le même ton et avec la même crainte. Je fus surpris de ce qu’elle me demandait. N’était-ce pas plutôt à moi de lui être redevable ?

- Ce que j’attends…Trésor je ne suis pas en droit d’exiger quoique ce soit de toi. C’est plutôt moi qui devrais te poser cette question. J’ai dit que je reconnaitrai cet enfant, je participerai à son éducation. Je ne veux pas fuir mes responsabilités. Pour le reste…quoi que tu décides je ne respecterai…et ne t’imposerai rien.

Finalement elle se décida à sortir de la douche. Je m’étais doucement écarté pour la regarder alors qu’elle s’enveloppait dans une serviette pour se sécher. A nouveau sa question me foudroya. Elle avait donc peur à ce point-là que je puisse la quitter ? Avec un aplomb des plus déconcertants, je repris :

- Pour moi rien ne change nous concernant. Tu es celle que j’aime et que je compte demander en mariage.

Comment pouvait-elle penser que je ne l’aime plus ? Même si désormais il y avait cet enfant, je ne renoncerai pas à Halex pour autant. Et cela See’Ryl l’avait bien compris, d’ailleurs elle n’avait rien exigé de ma part. Alors qu’Halex passa le pull que je lui avais apporté, je m’étais approché d’elle, j’esquissais la volonté de la prendre dans mes bras, sans savoir si elle accepterait mon étreinte. Je comprendrai qu’elle ait besoin de temps.

A nouveau elle formula la demande que je lui prépare quelque chose pour dormir…Je soupirais…Je n’étais pas friand de ce genre de procédé. Je sortis de la salle de bain pour gagner ma chambre. J’extirpais de dessous le lit mon sac de secours. J’observais les différentes molécules que j’avais sous les yeux…J’imaginais qu’elle pensait à du Lorazépam…Je m’y refusais…trop radical. Je saisis une boite de benzodiazépines. Cela aura le mérite de la détendre et de l’aider à s’endormir.

Je refermais mon sac et revins vers la jeune femme avec la boite.

- C’est un anxiolytique. Il n’agira pas instantanément. Et tu ne seras pas nauséeuse. Mais cela t’aidera.

- Nous campons chacun sur notre culpabilité respective Halex…

Et nous avions sans doute chacun notre raison de culpabiliser. Car oui, je culpabilisais d’avoir bu à un tel point que je n’avais pas été foutu de percuter qu’à cet instant là je faisais une connerie. Quant au fait de mettre une protection…facile à dire compte tenu de la situation. Disons qu’à la base je sortais pour démanteler un réseau de drogue ce jour-là…Pas pour veiller le cadavre de mon père et m’envoyer en l’air de désespoir.

Sa remarque sur la présence des parents pour un enfant dans la majorité des cultures me fit tiquer. Certes…elle avait raison…Et j’avais décidé d’être présent. Mais cela ne voulait pas dire que je devais quitter Halex pour See’Ryl. Et il n’en n’était de toute façon pas question. Ni moi ni See’Ryl ne le voulions.

- Un enfant peut avoir des parents qui ne sont pas ensembles. Soufflais-je à la jeune femme, espérant qu’elle n’aille pas plus loin dans ce genre de réflexion qui tendait un peu trop en direction du sacrifice à mon gout.

Elle poursuivit…je l’écoutais, en un sens je comprenais ce qu’elle voulait me dire. Mais j’avais du mal à me mettre à sa place et donc à percevoir toutes les…craintes et les doutes, et les nuances que ma compagne pouvait ressentir concernant cette histoire. Je n’avais pas fait le rapprochement entre le fait qu’Halex puisse se percevoir comme une belle-mère, je trouvais somme toute, ce titre assez péjoratif. Mon père ne s’était jamais remarié suite à la mort de ma mère. Sans doute par fidélité pour elle ? A moins que ce ne fusse pour m’éviter de me retrouver avec une belle-mère sur le dos justement. Mais quand bien même, sur Mirial nous n’avions clairement pas la même vie que sur Metellos. Enfin…sur la Mirial de mon enfance.

- Ce n’est pas parce que je l’assume que je vais renoncer à toi. Il n’est nul besoin de sacrifice…

Là…on y était…exactement ce que je craignais. « Constituer une gêne » …Bordel…cette tendance particulièrement féminine à dramatiser une situation. Qui avait parlé de gêne, de séparation, et de…Je soupirais…Non…je n’arrivais pas à comprendre le cheminement dans la tête de ma compagne. Enfin…si ? Non. Peut-être était-ce notre différence d’âge qui opérait ? Ou le fait que j’étais un homme ? Cependant je ne voulais pas juger la réaction d’Halex compte tenu de mon manque de discernement sur sa position. D’autant plus qu’elle avait des raisons d’être en pétard. Mais de là à parler de « sacrifice » ou de « gêne » …Merde personne n’était mort…

Oui réflexion assez restrictive – et que je me gardais bien de partager - compte tenu du fait que malgré tout il y avait à présent un enfant dans l’équation. Sa réflexion sur le fait que des choses avaient changé me tira de mes pensées. Je redoutais le pire. Devinant sans doute mes peurs grandissantes elle précisa son propos. Effectivement, cela laissera sans doute des traces. Et j’imaginais que cet enfant fera sans cesse ressurgir l’ombre de cette trahison. J’avais voulu la prendre dans mes bras, mais elle me repoussa, m’exposant une raison qui me fit grimacer. Je ne voulais pas qu’elle pleure. Mais je voulais tant la réconforter. L’instant d’après elle insista pour que je lui donne quelque chose. Je me résignais à accéder à sa requête. Elle prit le comprimé et me rendit la boite que je lui avais donné. Il était effectivement préférable que je garde cela avec moi. Au cas où des idées sombres viennent assaillirent Halex. Ma main fut prise de tremblements alors que je rangeais la boite dans ma poche de treillis.

Je la suivis vers la chambre, sa dernière question me fis hausser un sourcil. Comme toutes les personnes en état de détresse, la mécanique du cerveau pouvait être parfois déconcertante. Et ces personnes avaient tendance à s’enfoncer plus loin dans la tourmente en cherchant les détails, apportant une nouvelle dimension à la chose…l’inspiration au dégout.

Je lui répondis dans un murmure :

- Non…

Je frottais mes yeux… Ils s’étaient posés sur la jeune femme, la voir dans ce pull me rappela ce jour où elle était entrée chez moi par inadvertance…croyant être chez son frère. C’était déjà sur une situation épineuse que notre couple avait débuté. Je soupirais…tant pis. Et qu’importe ce qu’elle dirait. Je ne pouvais plus supporter cela. En deux enjambées je me retrouvais devant elle, et sans lui lui laisser le loisir de me repousser cette fois, je l’enlaçais. Mon geste était à la fois tendre, mais imposait une certaine forme d’autorité. Nous avions besoin de ce contact, l’un et l’autre. Je le savais. Et si elle pleurait…au moins le fera-t-elle dans mes bras et non seule.

J’avais dit à Halex que je refusais que l’un d’entre nous se sacrifie pour un autre. Et je comptais bien honorer cela. Il n’était pas question de cela. Et cette petite pointe d’égoïsme que je perçus dans son propos m’illustra qu’elle avait parfaitement compris ce point. Malgré ce désir qu’elle formulait de ne pas entraver le fait que je veuille être là pour cet enfant. Je secouais la tête :

- Halex…Ta présence ne m’empêche en rien de faire ce qui est juste. Je baissais la tête…repensant aux craintes que j’avais déjà évoqué avec See’Ryl…Passant une main sur mon visage j’expliquais : nous ne savons pas si ce fœtus survivra…Les drogues qui continuent de troubler l’organisme de See’Ryl ne sont pas bon pour lui…Et s’il parvenait tout de même à naître…il y a de fortes chances pour qu’il soit atteint d’une pathologie dégénérative. Pour l’heure See’ryl doit se rendre sur Arkania…voir un spécialiste en gynécologie obstétrique arkanienne. Ce genre de spécialité est assez éloigné de mon champ de compétences.

La jeune femme avait besoin de se reposer, aussi je la laissais prendre le cachet que je lui avais donné. Elle se dirigea vers la chambre. Je la rassurai sur le fait que non…cela n’avait pas eu lieu ici. Et je ne savais trop ce qui m’avait pris. Mû par une envie de la prendre contre moi, je l’avais enlacée, la forçant à venir contre moi. Elle s’était quelque peu débattue, mais j’avais tenu bon, la gardant au creux de mes bras…contre moi. Finalement elle avait fini par se calmer du moins quelques secondes seulement. Car l’instant d’après elle s’était effondrée dans mes bras, pleurant, cherchant à la fois à me repousser, tout en s’accrochant à moi.

A l’évidence Halex était particulièrement déroutée. Jonglant entre des sentiments contradictoires. Je ne pouvais lui en vouloir. Les mots que la jeune femme venait de déverser contre moi me révélèrent à quel point Halex souffrait, et j’en comprenais mieux la raison. Outre sa douleur de ma trahison…elle avait peur de ce que cet enfant allait représenter. Il serait définitivement le symbole de mon infidélité si l’on pouvait dire. Et Halex se voyait octroyé le rôle de « belle-mère » …Une image qui devait sans doute la ramener à celle de sa propre marâtre. Un détail qui m’avait échappé jusque-là. Et par-dessus tout…la crainte de me voir l’abandonner pour aller avec See’Ryl. Je soupirais…Ce que cela pouvait être compliqué les rapports sociaux…

- Ma chérie…Il faut que tu comprennes. Jamais je n’ai éprouvé autre chose que de l’amitié pour See’Ryl. Ce lien qui m’unit à elle est totalement différent et n’atteindra jamais la dimension de ce qu’il y a entre toi et moi…Je tâchais de peser mes mots et de les utiliser avec suffisamment d’impact pour qu’Halex comprenne bien ce que j’essayais de lui dire. See’Ryl et moi sommes liés à travers la Force. J’ai besoin de son aide pour me guider dans mon apprentissage à l’utilisation de ma…sensibilité. Grâce à la Force je vois de nouvelles perspectives s’offrirent à moi…notamment sur le plan médical. Je peux ressentir la douleur chez les autres…cela m’aide à poser un primo-diagnostic. C’était aussi une des raisons qui faisait que si Halex souffrait…je le ressentais à une échelle bien plus développée…Et j’étais toutefois incapable de prendre sa douleur…incapable de l’aider autrement qu’en la berçant dans mes bras et lui souffler mon aveu. Je marquais une pause…avant de reprendre : mais toi Halex…tu es celle que j’aime. Celle avec qui je veux vivre, la raison pour laquelle j’ouvre les yeux le matin. Celle qui a su m’atteindre au plus profond de mon cœur. Tu m’as appris à vivre de nouveau…et grâce à toi je sais ce que c’est d’aimer…véritablement quelqu’un.

J’avais juste mis du temps à le comprendre…J’avais resserré mon étreinte, non sans passer une de mes mains dans ses cheveux, cherchant à l’apaiser. Mon honnêteté était pour moi une preuve de ce que je voulais réellement avec elle…à savoir construire une nouvelle vie à ses côtés. Repartir sur des bases saines. J’étais prêt à épouser la jeune femme, à faire tout mon possible pour la rendre heureuse…Mais cela devait commencer par son pardon…pour mes fautes passées. La rédemption sera longue…et sinueuse.

J’eus un faible sourire. Même face à cette situation compliquée, Halex faisait preuve d’une bonté sincère. Je ne voulais pas spéculer et dramatiser sur le sort de ce fœtus dont nous ne savions encore pas grand-chose. Il n’y avait qu’à attendre les premiers tests.

Elle m’avait écouté sans m’interrompre, pleurant contre moi. Sa main avait glissé sur mon torse pour gagner la zone de mon cœur. Ce simple contact suffisait pour le faire battre un peu plus fort…un peu plus rapidement. Sa question sur le fait qu’un autre jedi pouvait m’aider, je m’y étais attendu en un sens. J’hochais la tête :

- Deux Jedis s’occupent de ma…formation. Celui qui est à l’origine de celle-ci, c’est le Chevalier Luke Kayan…il m’a appris beaucoup…Mais See’Ryl a une connexion qui correspond davantage à la mienne…Luke est…différent. Rien que part la nature même de son lien…Et outre le lien, il y a la pédagogie…Là ou Luke m’apprend à me vider la tête – et crois-moi ce n’est pas de tout repos pour lui – See’Ryl cherche à m’ancrer à quelque chose de concret pour que je ne me perde pas dans la Force…Je…suis assez instable…Alors certes ma sensibilité n’est pas assez forte pour me faire basculer…Mais les jedis espèrent que je parvienne à puiser dans la Force suffisamment d’énergie pour palier à mon addiction. Mais…je suis…mauvais élève sur ce point…je n’y arrive pas…

Alors deux Jedis n’étaient pas de trop pour gérer le cas désespéré que je pouvais être. Halex essayait d’établir une comparaison entre See’Ryl et elle-même…Il y avait encore un point que je n’avais pas encore abordé avec Halex au sujet de See’Ryl…et qui faisait qu’elle avait plus d’impact sur moi que ne pourrait l’avoir Luke, malgré toute l’amitié que je portais au chevalier Kayan.

- Je ne n’avais pas vu les choses de cette façon…Mais…en un sens c’est cela oui…Je me doutais que ma réponse n’allait pas plaire à Halex. C’était accorder beaucoup d’importance à See’Ryl dans ma vie. Mais cela avait le mérite d’être la vérité. Halex précisa sa pensée…Elle n’aimait pas See’Ryl, cela je le savais. Elle n’aimait pas ce lien qui m’unissait à la jedi, et elle n’aimait pas qu’elle me comprenne, et qu’elle soit…belle ? Nous y voilà, de nouveau cette jalousie. Je ne pus réprimer un petit sourire à cette idée…Tyberr’Hyus lui -même avait succombé aux charmes de See’Ryl. Je raffermis mon étreinte autour d’Halex et ajoutais :

- Trésor tu n’as rien à lui envier…Tu es magnifique…Je ne dirais pas qu’elle me comprend mieux que toi. Disons que sa perception est différente. Pour ce qui est du lien…je peux comprendre. La Force est quelque chose d’assez complexe, à expliquer c’est assez difficile. D’autant plus que ma formation est assez récente. Je ne sais pas grand-chose. Mais…il y a autre chose sur ce lien que je sais…Tu te souviens quand t’ai dit que les chamans de mon clan étaient tous sensibles à la Force…See’Ryl est un Maitre Jedi…et…elle espère une fois ses pouvoirs revenus…retrouver Balérion dans la Force…Ne serait-ce quelques instants…

Cette pensée m’obsédait depuis que See’Ryl m’en avait parlé…Elle ne s’était pas étendue sur la question alors je ne savais pas grand-chose sur le sujet. Elle eut un geste pour sécher ses larmes son regard planté dans le mien…Et ses quelques mots qui me réchauffèrent tout de même le cœur. Je savais qu’elle m’aimait, mais l’entendre le dire avait toujours cette petite valeur supplémentaire qui faisait battre mon cœur plus fort. L’instant d’après elle était de nouveau contre moi, à pleurer. Nul besoin de la retenir cependant, elle s’était lovée d’elle-même dans mes bras. S’excusant de ne pas être en mesure de ne pas être en colère. Quoi de plus normal…

- Je sais soufflais-je doucement…Je voudrais tant être en mesure de prendre cette douleur que tu ressens…Mais…je ne peux pas…

Je la gardais un temps contre moi, avant de murmurer à nouveau :

- Tu dois te reposer…Le cachet que tu as pris va faire effet.

Je ne l’avais pas lâchée pour autant…et j’avais posé un baiser sur son front…attendant qu’elle esquisse un geste qui m’indiquerait ce qu’elle voulait que je fasse.

See’Ryl était à la fois un mentor et une amie. Et je me doutais bien qu’Halex n’apprécierait pas cette idée. Sa jalousie envers la Jedi était particulièrement impressionnante, et même si je ne comprenais pas toujours les raisons qui la poussait à cela, il s’avérait que dans le cas présent, j’étais plus ou moins à l’origine de cette jalousie…Car outre le fait que See’Ryl était belle, il fallait être aveugle et de mauvaise foi pour ne pas le constater, c’était aussi la peur qui animait ma compagne. A moi de la rassurer suffisamment. Pour moi, Halex était une magnifique jeune femme qui n’avait définitivement rien à envier à See’Ryl. D’autant plus que c’était bien Halex que je comptais épouser…Compte tenu de mon passé avec le mariage, j’espérai qu’Halex comprenne l’importance qu’elle avait à mes yeux.

Et oui j’allais poursuivre ma formation auprès de mon amie jedi…Elle était une des rares à me connaitre assez pour appréhender mes doutes et mon lien particulier avec la Force. J’avais bien conscience que tout ceci passait au-dessus de la tête d’Halex. Je me rendais compte que je ne lui parlais de toutes ces choses sur moi que dans des cas extrêmes…Il allait falloir que j’apprenne à d’avantage m’ouvrir à elle…Cela dit, c’était plus ou moins ce que j’avais fait en lui révélant cet « accident », et qui était à l’origine de l’état de See’Ryl.

La jeune metelienne fut surprise d’apprendre qu’il était possible de percevoir les défunts dans la Force. Je repris :

- Je ne sais même pas comment cela est possible, ni comment cela peut se manifester. Mais j’espère qu’elle sera en mesure de m’aider à lui dire au revoir. J’ai…il y a tant de chose dont j’aimerai parler avec lui …Je l’ai négligé de son vivant et à présent…il n’est plus là. J’aurai tant aimé te le présenter. Il t’aurait adorée…

Je ne doutais nullement que Balérion aurait trouvé chez Halex cette étincelle qui avait fait fondre la glace de mon cœur. Voila qui aurait rendu mon père heureux d’apprendre que j’étais prêt à me marier…de mon propre chef cette fois…Et par amour. Je soupirais…

Halex manifesta sa désapprobation sur l’idée que je puisse « prendre » sa douleur si j’avais pu en être capable. Elle voulait la garder, parce qu’elle lui appartenait. Un sentiment que je pouvais comprendre. La douleur était, chez pas mal de personne, un moyen de se dire qu’on était en vie…Et que si on souffrait par amour…cela signifiait que cet amour était réel…En attendant la jeune femme s’était résolument blottie contre moi.

Finalement, je répondis à sa requête en me baissant doucement, je passais un bras derrière ses jambes et je la soulevais dans mes bras. Je déposais mon précieux fardeau sur le lit, la laissant se glisser dans les couvertures. Je m’allongeais également, ma tête légèrement surélevée sous un oreille. J’attirai la jeune femme contre mon corps. Ma cage thoracique se soulevait et s’affaissait au rythme de ma respiration… elle-même callée sur les battements de mon cœur… Réguliers… Sereins… Quoiqu’une légère accélération s’était faite sentir…Une conséquence qui allait de pair avec le tremblement de ma main… Mais rien de grave pour l’instant. Ce qui importait, c’était qu’Halex se repose…

Une chose était sûre…Mon père me manquait, et bien plus que je ne l’aurai cru. Mais il était impossible de faire machine arrière. Je me devais d’avancer désormais…sans lui. Mais d’autres personnes étaient à mes côtés. D’autres soutiens. C’était à moi à m’accrocher à eux pour garder la tête hors du marasme de mes difficultés.

J’avais porté Halex au lit, la laissant se réfugier dans les draps. Moi je demeurai à ses côtés, mais sans la rejoindre pleinement. Elle en connaissait la raison. Elle s’était allongée contre moi, sa tête reposant au niveau de mon cœur. Elle se laissait bercer par ses battements et ma respiration. De quoi l’achever pour qu’elle trouve le repos…Mais alors que je disais qu’elle ne mettrait pas longtemps à se laisser aller dans les bras de Morphée, sa voix parvint à nouveau à mes oreilles. Je ne savais pas vraiment s’il s’agissait d’un sarcasme…d’une espièglerie – mais le ton ne s’y prêtait pas – ou si elle était définitivement sérieuse. Sa question était brutale, et sonnait comme si j’étais une source d’ennuis…J’aurai pu en être plus affecté que cela…Mais je me contenais. Inutile de relancer le conflit.

- Non…murmurai-je simplement. Dors…repose-toi.

Elle finit par s’endormir…me laissant seul avec mes réflexions. Sa main s’était agrippée à mon pull, je n’avais pas su la rassurer sur le fait que je n’allais pas l’abandonner. Comme si j’en étais capable. Je ne savais combien de temps je laissais filer. Je m’assurais que ma compagne s’était bel et bien assoupie…suffisamment profondément pour que je puisse me mouvoir sans prendre le risque de la réveiller.

Avec la plus grande précaution, je me dégageai, installant la jeune femme confortablement, sa jolie tête sur l’oreiller que je venais de quitter. Avec lenteur, j’ouvris un tiroir et en extirpais mon « précieux » mélange nocif et Ô combien addictif. Mon regard se posa sur l’injecteur automatique contenant la dose dont que mon corps commençait à réclamer. Une si petite chose…capable de réduire un esprit et un tas de chairs en esclavage. Le tremblement de ma main me rappela à mes « obligations ».

Prenant l’injecteur, je le plaçais sur l’intérieur de mon bras gauche, juste au niveau de l’artère brachiale…J’appuyais sur le déclencheur. L’aiguille se planta dans mon bras. Je réprimais une légère grimace alors que le piston poussait le produit maléfique vers sa destination. Je sentais la drogue se répandre en moi…au départ c’était douloureux…mais rapidement la douleur cédait le pas à une chaleur réconfortante…annihilant mes sensations, même dans la Force. Je me sentais gagné par une forme olympique, nulle possibilité pour moi de dormir. Mon cerveau ainsi hyper-stimulé, ma concentration à son paroxysme, je mettais cela à profit pour mes travaux.

Je saisis mon datapad, et m’installais dans le lit aux côtés d’une Halex dormant à points fermés d’un sommeil que j’espérais paisible. Au moins si je m’endormais me trouvera -t-elle à ses côtés au matin. Comme toutes les nuits que nous partagions ces derniers temps. J’avais certes réduit mes quantités, mais je ne pouvais me soustraire à mes besoins en drogue…Pas encore…

FIN RP