Eldo Oti
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    Un long souffle balayait les cheveux argentés de l'homme balafré qui arpentait les archives. L'arrivée de Thann n'était passée inaperçue et l'image de l'enclave suscitait de nombreuses idées et fantasmes pour Eldo. Déjà, ceux de faire le lien avec Asakai. Qu'avec le renouveau de l'enclave de Dantooine, un jour, puisse renaître de ses cendres celle qui avait existé sur cette lune éloignée.

    Dans le coeur des archives, le jeune homme avait préparé son entrevue avec beaucoup d'attention. Beaucoup de temps et beaucoup de cœur. Bien sûr, cette dernière phrase n'avait pas sa place dans un groupe qui prônait la monotonie comme mode de vie. Mais il y avait bien de cela. Plus qu'une bienveillance, la flamme d'une curiosité insatiable qui croissait à chaque découverte du passé qu'il entreprenait. Maître Deenia, à ce sujet, avait senti les sursauts émotionnels du garçon non sans lui faire remarque de plus de modération dans ses découvertes... mais l’apaisement du Gardien des archives n'avait pas duré plus de quelque minutes.

    Peut-être Thann aurait-elle d'ailleurs un récit d'intérêt à lui donner, comme la redécouverte de savoirs que l'Ordre Jedi n'avait plus regardé depuis de nombreuses années. De ces mêmes savoirs qui aideraient le Padawan à faire valoir sa cause et ses recherches sur l'Ordre de Darth Ariathna auprès du conseil. De ces savoirs qui n'étaient pas aussi tranchés et catégoriques, qui au contraire permettaient de mettre les voiles vers l'océan de la réflexion pure et du savoir absolu. Où l'interdit n'est qu'une ligne à franchir pour trouver la complétude.

    Préparé longuement, le garçon était ainsi descendu pour trouver la Miraluka. Non, l'entrevue n'était pas prévue. Oui, il aurait peut-être mieux valu. Mais ainsi prise au dépourvu, le padawan espérait peut-être découvrir moins de retenue et plus de naturel. Moins de ces frontières soudaines qui bloquaient la pensée la plus claire pour plus de ce flot de paroles pures par leur spontanéité.

    Tablette sous le bras, sabre d'entrainement à la ceinture de sa bure soignée de Padawan, Eldo descend ainsi les marches à la recherche de sa cadette.

    En la voyant dans un couloir à marcher il ne sait vers où, un léger pincement le traverse. Il s'agissait de cette jalousie aussi lointaine qu'intime, réprimée par obligation. Bien que plus jeune, celle-ci avait eu un Maître avec lequel la symbiose semblait exister... et un maître qui ne prenait pas des allures de fanatiques comparables à celles d'Adriahn.

    Alors que son coeur bat un peu plus vite à sa rencontre, Eldo se focalise sur son attitude et son souffle. Progressivement, son sang se refroidit et ralentit. Le padawan reprend sa marche, dans un pas munit d'une assurance travaillée sur des journées d'études à préparer l'instant.

    Souriant et avenant, le dos plus droit que sa gueule défigurée, le balafré se positionne à sa droite, intrigué par le bandeau ou l'accoutrement qu'il inspecte sans un mot, mais les avec les sourcils froncés. Son attitude s'interrompt immédiatement sitôt le droïde semble-t-il avoir perçu sa présence... et donc la miraluka aussi, très probablement.

    - Bonjour Thann... Un belle journée sur Ondéron, avez-vous déjà déjeuné ?

    Environ 30 minutes avant l'heure du repas, cela lui semblait peu probable et une bonne discussion devenait toujours plus féconde autour d'un bon fruit. Sa propre histoire l'avait déjà mainte fois démontré.
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21.576, 2nd semestre • Ondéron, Archives du Temple Jedi.

Thann Sîdh – cornsilk
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« Thann, Jane Shepard cherche à vous joindre. Souhaitez-vous prendre la communication ? » Les couloirs monumentaux, les allées interminables, les statues, les marbres, les bures. Que c’était étrange, chaque fois, de revenir dans cet univers qui pourtant restait le sien. Ses visites sur Ondéron se faisaient de plus en plus rares, la plupart de ses obligations concernées Dantooïne à présent. Depuis quand n’était-elle pas revenue ? L’enquête, aux côtés de Luke, sa rencontre avec le Conseil. Pourtant, ces événements n’étaient pas si vieux. Ils lui semblaient juste tellement lointains. Tant de choses étaient arrivées depuis dans l’Enclave. Tant de réunions, de cours, de bricolages, de rencontres… Le temps n’allait pas plus vite, il se chargeait simplement en souvenirs. D’ailleurs, qu’était-elle venue faire ici, sinon, encore une fois, agir pour l’Enclave ? Il s’agissait cette fois de procéder à la copie des archives du Temple afin de procéder à leurs transferts vers Dantooïne. Simplement, la tâche était colossale et les structures d’accueil, sur Dantooïne, n’étaient pas encore prêtes à accueillir l’ensemble du savoir contenu entre ces murs depuis des siècles. Simplement, Thann, et l’équipe des archivistes locales, étaient tombées en accord sur l’idée qu’elles n’étaient pas obligées d’attendre que fût poser la toute dernière étagère avant d’entamer le processus d’installation des livres – en toute métaphore, bien sûr. Un temps, il avait été envisagé d’établir une ligne de transfert privilégiée, deux super ansibles connectées et uniquement réservées à ce besoin particulier, mais la distance, la possibilité d’incidents cosmiques venant perturber les liaisons et endommager les données eussent nécessité de doubler le dispositif d’un moyen de vérifier l’ensemble des fichiers avant de procéder à leur indexation finale. Même gérée par des droïdes, la tâche eût été colossale et interminable. Sans compter le risque, bien que minime, d’une tentative de vol de ces données. Or, un risque, même minime, restait supérieur à un risque nul. De fait, même si elle pas la solution au déploiement technologique et technique la plus excitante, la solution retenue avait été celle d’un transfert physique des données. Une petite flotte de trois vaisseaux cargos avaient été spécialement préparés, d’énormes serveurs volants, destinés à accueillir les données, et allaient entamés un ballet régulier entre les deux planètes. Un temps, on avait également pensé à affréter un bâtiment plus grand, mais la crainte de voir celui-ci intercepté avec, en son sein, une trop grande quantité de données avait poussé à toujours plus de prudence. Si dans l’urgence, il fallait procéder à l’élimination de l’ensemble des données contenus dans un appareil, une taille plus modeste des serveurs garantiraient la rapidité de l’opération.

« Je vais la prendre, oui. Préviens-la, et viens par-là, on sera plus tranquille. La jeune femme s’écarta du centre du couloir pour s’enfoncer dans une alcôve dont la structure même garantissait que le son n’en sorte que peu, pour ne pas se réverbérer dans l’ensemble du Temple, garantissant une forme de quiétude aux conversations qui s’y tenaient. B0-UT se présenta face à elle, activa son scan pour la modéliser à l’autre bout de la galaxie et libérant les dispositifs contenus dans son ventre, fit apparaître la Chargée de Sécurité de l’Enclave. – Bonjour, Thann, tu me reçois correctement ? – A la perfection, Jane. Comment vas-tu ? – Parfaitement. Il n’y a plus aucun incident à déplorer avec la faune locale. Il semblerait que nos techniques et le reboisement des parties plaines ont effectivement permis l’émergence d’un nouvel environnement qui leur a semblé préférable. Le gros de la population s’est éloignée, les quelques-uns qui restent se sont fait discrets et ont cessé de se jeter sur nos dispositifs de défense. Je n’aurais pas misé un crédit sur les diffuseurs de phéromones de Chan et Neil, mais force est d’admettre que le cahier des charges est rempli. Tout avance comme prévu de ton côté ? – Oui, et quelque part, malheureusement, oui. Mon quotidien, ici, se résume à l’attente interminable que des barres de chargement atteignent enfin les 100 %. – Considère ça comme des vacances, alors, tu n’as pas arrêté une minute depuis que le projet de l’Enclave s’est concrétisé. – Parce que tu en prends, toi, des vacances ? – Ce n’est pas parce que l’on est mauvais athlète qu’on ne peut pas être bon entraîneur, Padawan Sîdh. La Miraluka ne put s’empêcher de rire. – Piéger une Jedi grâce à ses propres préceptes, c’est d’une mesquinerie… M’enfin, j’entends ce que tu veux me dire. Je te recontacte après-demain pour te tenir au courant de la situation et s’il m’est possible, alors, d’entamer le voyage de retour. – C’est noté. Ah… Et… Euh… Je sais pas comment te présenter ça sans avoir l’air effrayée. – Laisse-moi deviner… Quelle commission mon Maître souhaite-t-il que je réalise, cette fois ? – Il aurait laissé, dans un coin du jardin, enterré, avec un petit drapeau dessus disant de ne pas y toucher, un genre d’expérience culinaire de légumes et de racines… Il devait ne la laisser là que quelques semaines, et finalement, ça aura duré des mois. Il faudrait que tu te charges de ça avant que la fermentation ne conduise à une possible… explosion ? Il m’assure que ce ne serait pas dangereux, simplement, ça risque de créer un trou suffisamment conséquent pour abimer les tulipes d’Aargau préférées de Maître Strey’Ssée, et il ne souhaite pas créer la possibilité d’un incident diplomatique entre l’Agricorps et un éminent Consulaire du Temple. Thann éclata de rire, d’autant plus profondément qu’elle connaissait suffisamment son Maître pour savoir qu’il était tout à fait sérieux lorsqu’il avait demandé cela à Jane. Soit. Alors puisque l’avenir même de l’Agricorps était en jeu dans cette affaire, elle prendrait le temps de désamorcer la bombe organique que son Maître avait négligemment plantée dans les Jardins. – Je m’en occuperai, Jane, promis, mon Maître peut aller en paix. Thann, terminé. »

🌿

Les premières heures de la matinée avaient donc été consacrées à la récupération de l’objet possiblement responsable d’un des schismes les plus dramatiques de l’Ordre, s’il n’avait été soigneusement recueilli par les soins de la Miraluka. Le drapeau n’avait pas été bien difficile à retrouver, quoi que les mois exposés aux intempéries avaient largement altéré sa superbe, et quelques coups de bèches et la libération de gaz absolument horrifiants plus tard, le chaudron maudit avait été remonté. On avait exigé d’elle, par message, que le résultat de l’expérience fut holographié et envoyé. Thann avait dû se résigner à laisser B0-UT procéder tant les premières vapeurs de putréfaction lui avait soulevées le cœur. Elle n’avait certes pas peur de se salir les mains et même de soulever elle-même le purin, Dantooine visait aussi à revenir à une certaine forme d’humilité, mais tout de même… Des mois de fermentations à huis-clos ? Autant vous dire que l’anaérobie avait battu son plein et dégager sa pleine puissance méphitique ici. Comme les instructions nouvelles l’avaient exigé, elle filtra le résultat, récupéra ce qui restait de racines et de choses assez peu identifiables parmi le liquide visqueux et scella le tout dans un contenant qu’elle expédia bientôt en direction de l’Enclave avec la mention express, sur le contenant, qu’il fallait laisser à Maître Karm le privilège d’ouvrir lui-même le résultat de ses expériences.

Après un rapide passage en salle d’eau pour éliminer de ses mains et de son visage l’humus qu’elle avait récolté en jardinant, la Padawane s’était décidée à aller de nouveau jeter un coup d’œil à l’opération de transfert des données qu’elle avait lancée la veille au soir. Elle était justement en chemin lorsqu’elle remarqua, dans son dos, puis à sa main droite la présence d’un autre Padawan qu’elle avait déjà eu l’occasion de rencontrer lors de son enquête sur la disparition du Chevalier O’Sil. Le Padawan Oti, un de ses quelques condisciples chargés d’apporter leur aide au Maître Archiviste. Il l’avait guidée, alors, dans les méandres parfois infinis de la classification des ouvrages et, en l’occurrence, des enregistrements de surveillance auxquels elle n’avait, jusqu’alors, jamais eu besoin d’accéder. La Miraluka nota cependant le temps que son confrère prit pour la détailler : n’avait-elle pas suffisamment épousseté sa tenue qui se trouvait encore maculée par la terre ? Ou était-ce peut-être son odeur qui avait été imprégnée par l’horrible substance créée par son Maître ? En réalité, la tenue blanche et gris-bleu qu’elle avait adoptée depuis un moment sur Dantooine tranchait par son manque d’accord avec la norme, ici, et c’est quelque chose qu’elle avait facilement tendance à oublier. Elle fut soulagée qu’il lui adressât enfin la parole. Si c’eût été l’odeur, il eut fait demi-tour, simplement, non ?

« Je n’ai pas encore déjeuné, mais je dois d’abord m’occuper d’une affaire, cela ne prendra que quelques instants. Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous remercier de nouveau convenablement pour votre aide, lors de mes recherches. Vous voudriez m’accompagner ? » Un sourire chaleureux, une invitation gentille et un ton posée. Rien d’inhabituel chez elle. Elle ajouta ensuite, en présentant la sphère qui la suivait. – Oh, et j’oubliais, je vous présente le tout nouveau B0-UT ! Vous l’aviez déjà rencontré, il me suivait déjà, mais il était encore dans son ancienne peau. – C’est un plaisir de croiser à nouveau votre chemin, Padawan Oti. »
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Un souffle d'air pur, du naturel, de la spontanéité... une couche de protocole envolée et une teinte de lumière dans la journée d'Eldo. Si son regard serpente entre Thann et le droïde le temps de la discussion, le jeune homme sent progressivement l'ombre de sa jalousie s'éloigner au profit d'une bienveillance aussi amicale que familiale.

Si le goût de l’amertume s'était de plus en plus développé au fil des discussions et de l'appréhension palpable de l'Ordre vis-à-vis de celui d'Asakai, force était de constater que le Temple restait sa famille et son chez lui. Eldo traversait peut-être simplement cette phase de recherche d'indépendance, mais avec la nette déception de ne pas se sentir suivi et encouragé pour ce qui dépassait les lignes rigides tracées par le sacro-saint Dogme des Jedi.


- Je n’ai pas encore déjeuné, mais je dois d’abord m’occuper d’une affaire, cela ne prendra que quelques instants. Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous remercier de nouveau convenablement pour votre aide, lors de mes recherches. Vous voudriez m’accompagner ?
- Convenablement dites-vous ? Vous assister était un plaisir...

Conscient du sens pernicieux qu'il pouvait parfois adopter - et réfréner, il hésite avant d'ajouter les mots qui suivent :


- Vous êtes une des rares dont les émotions sont communicatives et pour le mieux... Mais oui, avec plaisir, je vous suis !

Concluant sa phrase enjouée, le Jedi guette la réaction de la Miraluka, cherchant tout signe qui trahirait méfiance ou attitude négative. "Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix.". Le mantra lui revenait en pleine tête comme la culpabilité de cette cupidité d'aspirer à plus que les contours de ce que les vieux aigris de l'Ordre avaient pu choisir. Pourtant, dans son attitude générale, Thann semblait avoir, un peu, de cette ouverture qui le laisserait peut-être immiscer des discussions plus riches à l'avenir.

Détaillant soudainement le robot en fronçant les sourcils, le padawan examine la carrosserie ainsi que les renforts apparents de l'armure qui s'en présente. Intérieurement, comme avec les nouveaux modèles de vaisseau qu'il peut trouver, Oti cherche à se représenter les systèmes et comparer cette image mentale avec la précédente qu'il se faisait. Sont-elles proches de la réalité ? Non très loin, mais cet exercice ne l'empêche pas d'apprécier l'ingénierie qui l'entoure.


– C’est un plaisir de croiser à nouveau votre chemin, Padawan Oti.
- Plaisir partagé. Vous disposiez d'une vision infrarouge avant, non ? Je crois me souvenirs que nous étions seuls à percevoir le cadran endommagé d'une tablette des archives. J'imagine donc que vos augmentations dépassent les quelque lumières frontales ? Lesquelles sont-elles ?

Écoutant la réponse du droïde en cherchant à observer chaque détail externe qui trahirait les changements énoncés, Eldo emboîte le pas à sa cadette.

- Cette "affaire" que vous évoquiez était-elle liée aux cargos portent serveurs dont l'apport énergétique a fait vriller par instant les lumières des archives ?


Si la présence et l'utilité des vaisseaux n'était pas nécessairement connue de tous, il n'était guère surprenant qu'un Jedi des archives, qui avait examiné avec intérêt leur arrivée plus tôt, ne fasse le lien avec l'enclave.
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Thann Sîdh – cornsilk
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« Bien, alors, si nous sommes d’accord sur le constat du plaisir que nous avons eu à travailler ensemble, il me semble naturel de commencer par vous proposer que nous nous tutoyons ? Après tout, nous avons à peu de choses près le même âge et nous n’avons pas un titre bien différent… et quand bien même ! Sauf si cela devait faire naître un malaise, bien sûr. » Tout ce qui pouvait se dégager de la Miraluka, à cet instant, n’était que joie et gaieté. Elle souriait franchement et ne cachait à aucun moment son épanouissement du moment. Il accepta avec un sourire sa proposition et s’intéressa ensuite à B0-UT qu’elle laissa mener sa propre conversation. Après tout, elle avait veillé de près à ce qu’il puisse, sans aucun mal, interagir avec qui il souhaitait sans aucune restriction. Elle avait depuis longtemps cessé de le considérer comme un droïde pour ne plus le voir que comme un ami qu’elle avait aidé à changer de corps pour gagner une enveloppe qui lui rendait plus de justice.

« J’ai subi, globalement, une optimisation de toutes mes capacités initiales. Mon espace mémoire a été augmenté, ma connexion aérienne au réseau holonet également, ma capacité à établir des connexions supraluminique aussi. Comme vous l’aurez constaté, je suis désormais capable de synthétiser efficacement pour m’exprimer, au besoin je peux également reproduire avec une certaine exactitude une voix que j’aurais préalablement enregistrée. Vous pouvez constater également des outils que je comprends désormais et que je peux mettre à disposition de qui en exprimerait le besoin. » Il ouvrit alors la partie inférieure de sa sphère et libéra l’écran, micro et les petites pinces qu’il y dissimulait, laissant le Padawan allait à sa guise dans les différents menus de son interface qui se comportait, globalement, comme un datapad de grande qualité.

Lorsqu’il eut étanché sa curiosité, son aîné reprit sa marche et le tandem avança sur le chemin que traçait Thann. Son camarade était perspicace et il semblait suffisamment consciencieux dans son rôle aux archives pour avoir suivi ses péripéties de près. « Oui, effectivement, c’est bien et de ma faute pour les lumières, et la raison de ma présence ici dans l’immédiat. Vous comprendrez que les soucis en terme d’émission de photons ne m’ont pas sauter aux yeux au moment où nous avons réfléchi à notre plan. Elle sourit de plus belle, assez fière de son trait d’humour, et enchaîna assez vite. Je viens juste constater que les copies se poursuivent au rythme auquel elles sont censées se poursuivre. J’ai beaucoup à faire sur Dantooïne et j’avoue que j’ai du mal à rester ici, sachant ce qu’il y a ce là-bas. Elle soupira et son visage perdit un peu de sa lumière pour se faire juste nostalgique. J’ai le sentiment que cela fait dix ans que ces murs ont cessé d’être le rempart de tout mon monde, et pourtant, cela ne fait même pas deux ans que l’aventure a commencé. Elle soupira une nouvelle fois et sourit de nouveau, légèrement, pour même rire et se moquer d’elle-même sur la fin : Bravo, Padawan Sîdh, vous parlez déjà comme si vous aviez cent seize ans ! »

Alors qu’ils discutaient, les deux homologues avaient parcouru l’allée centrale des archives pour en gagner le grand escalier du fond qui menait aussi bien aux étages qu’aux zones plus délicates de l’ensemble. Un droïde protocolaire les y arrêta, demanda les identifications de chacun. « Je suis la Padawane Sîdh, j’ai les autorisations pour me rendre aux serveurs centraux, et je crois savoir qu’il m’est permis d’être accompagnée, je prête donc au Padawan Oti mes accréditations. » Le droïde sembla satisfait et ouvrit la porte au duo qui pénétra plus avant dans les profondeurs du savoir jedi. Les beaux rayons luminescents n’en étaient que la devanture, l’interface principale, la plupart de la magie des lieux se préparait ailleurs. « J’imagine que tes responsabilités ici t’ont déjà amené là où nous allons… Qu’est-ce que c’est, que d’œuvrer au cœur d’une telle quantité de savoir ? J’ai longtemps songé à devenir une érudite, moi aussi. » Toujours un sourire doux, de celle qui trouvait l’occasion d’un plaisir dans à peu près tout contact entre personne.
Eldo Oti
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    Le tutoiement faisait partie des familiarités contre lesquels Adriahn s'était toujours battu. "De la familiarité naît la proximité. De la proximité naît l'attachement. De l'attachement naît la souffrance. De la souffrance se nourrit le Côté Obscur de la Force.". Sa voix résonnait toujours dans la tête du padawan, mais des sentiments de moquerie faisaient par moment leur apparition comme à présent. Un tutoiement n'engageait à rien de bien grave après tout. Thann semblait d'ailleurs la plus heureuse et la plus épanouie des Jedi qu'Eldo connaisse.

    Un sourire qu'elle ne verrait pas pour seule ajout à son hochement de tête, le Jedi inspecte ensuite avec attention le robot, certain de ne pas tout comprendre, mais tout autant qu'il mènerait de longues recherches cette nuit pour palier à son manquement... et les nuits suivantes sûrement encore.

    L'écoutant en marchant, le Jedi se laisse à rire d'une voix rauque :

    - Tu parles peut-être comme une vieille femme de cent seize ans, mais tu n'en as pas encore le physique... satisfais toi au moins de ça...

    Lui-même n'avait guère connu plus que les murs de ce lieu et l'écouter ainsi parler réveillait un goût d'aventure qui se transcendait dans les histoires des archives. Qui sait toutes les nouveautés qu'offraient l'enclave. Peut-être, d'ailleurs, pourrait-il envisager d'y effectuer un travail d'archiviste, Un jour prochain à venir ? Hypothétiquement ?... Y avait-il d'ailleurs des Chevaliers ou des Maîtres sur place qui pourraient... l'émanciper de son statut actuel et de sa relation conflictuelle avec Adriahn ?...

    Face au droïde de contrôle, le Padawan hésita un instant à faire valoir son rôle auprès de Maître Ewted, mais se satisfaisant des prédispositions de Thann, Eldo se contente d'avancer, prenant une grande bouffée d'air à l'idée de pénétrer un lieu riche de savoir réglementés, et donc rares.

    Sa curiosité se détache ainsi pleinement de la Miraluka pour regarder autour de lui, les yeux rivés vers les hautes colonnes numériques qui les entourent.

    - De ?... Oui oui. Deux fois je crois. La première était pour Maître Ewted qui cherchait une utilisation spécifique de lentilles de granite pour la conception d'anciens sabre laser, avec les modalités de chauffage pour transformer la roche en verre... la seconde était une étude pour Maître Deenia qui recherchait une carte topographique pour la localisation d'un ancien complexe sur Dxun... J'ignore d'ailleurs si ses travaux ont abouti...

    Parvenant à contrôler une forme d'excitation à l'idée de ce qu'il pourrait profiter d'apprendre dans cette entrevue, le Jedi reprend :

    - Il y a quelque chose de très apaisant. Le sentiment d'effectuer un travail utile à chacun. Le sentiment d'insuffler la vie à des histoires de personnes qui ont rejoint la Force et qui ont été oublié dans ce monde... Par notre travail ici, leur empreinte continue de survivre...

    Hésitant un instant, il se permet d'ajouter sur un ton neutre:

    - Il y a aussi de la frustration... parfois, se corrige-t-il. Avec le temps, apprend-on que nous n'avons pas assez d'une vie pour tout comprendre ou tout savoir. Moins encore pour dépasser toutes les connaissances de nos anciens. Je me contente du travail que je peux mener ici, espérant qu'un jour, je pourrai accéder au titre de Chevalier et explorer pour l'Ordre, retrouver des savoirs disparus ou incompris. Quelles données viens-tu récupérer aujourd'hui ?... en as-tu déjà profiter pour consulter... plus que ce qui ne serait normalement disponible ?

    Le sourire qu'il voudrait aussi doux et calme que le sien trahit aussi un intérêt sincère que sa propre curiosité ne pouvait réfréner.
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Thann Sîdh – cornsilk
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Les archives était un complexe si vaste qu’elles accueillaient en leur sein un système de transport lorsqu’on souhaitait accéder en urgence à certains secteurs. En l’occurrence, Thann jugea que rien ne pressait, d’autant qu’elle n’avait pas si faim et que la conversation allait bon train.

« Je peux comprendre les frustrations. Notre mortalité, inévitable, face à l'infini de notre galaxie. Et compte bien qu'on s'arrête là à notre seule galaxie ; imagine les civilisations inconnues qui ont pu germer au-delà ? Inaccessible malgré toute la somme de notre technologie ! On en aurait le vertige, rien qu'à y penser... » Elle sourit, davantage enthousiaste qu'autre chose. Moins qu'une raison que de me plaindre, j'y vois l'occasion de ne jamais m'ennuyer. Et de rester humble, aussi. Tu imagines, le degré d'orgueil qu'on génèrerait à être littéralement omniscient ? L'horreur. La Padawane termina sur un rire que son homologue reprit en écho avant de répondre pourtant avec sérieux, – Le degré d'orgueil ou de plénitude ?... Tout savoir, tout comprendre, tout connaître. Si l'on avait la solution à chaque maladie, imagine la qualité de vie de toutes les personnes qui vivent... Et puis, même pour les autres galaxies, serait-on vraiment incapable d'y voyager si l'on rassemblait toutes les connaissances scientifiques de la galaxie et au-delà ?... Imagine le nombre de conflits qui pourraient être résolus si l'on en connaissait toutes les causes et tout ce qui les entoure pour y piocher des solutions... La Miraluka se plongea un instant dans ses pensées. Elle n’était plus habituée à ce genre d’exercice de pensée philosophique. Démêler le principe du factuel, considérer les arguments et les sophismes. De fait, ses problèmes, elle devait bien l’admettre, avaient été depuis près d’un an singulièrement prosaïque. Quoique les conversations avec son Maître restassent riches, elles n’en demeuraient pas moins dans une sorte… d’humus. Un ancrage dans le réel bien moins mêlé au discursif. – Malheureusement, je pense qu'il ne faut pas confondre savoir et moral. Bien des fois, nous connaissons la solution, mais préférons la laisser de côté. Autrefois, j'ai pensé que si chaque choix était éclairé, spontanément les personnes iraient vers le profitables au plus grand nombre. Autrefois... Pourvu que cette maladie ne concerne que peu de gens et que sa guérison soit extrêmement coûteuse, que feraient ceux en pouvoir de décider ? » Elle Soupira profondément. Elle se sentait l’âme d’une ancienne naïve qui, si elle croyait encore en l'individu, avait fini de croire en la société. Quand était-ce arrivé ?

Son aîné, quoique de peu, sembla un instant dubitatif et prit le temps de la réflexion avant de répondre : « J'entends le raisonnement, mais je ne pense pas qu'il tienne réellement : Si nous reprenons l'idée de la maladie, soulever l'argument du coût omet la possibilité que toutes ces connaissances permettent là aussi de le résoudre... par des procédés efficaces qui pourraient être mis en place. Des millénaires nous ont montré que les savoirs remettaient constamment en question tout ce que nous pensons savoir. Peut-être que tu as raison, tout comme peut-être ce flot de connaissances pourrait résoudre chaque problème que nous regardons aujourd'hui, aveugles à ses possibilités. Tant que personne n'aura essayé, nous n'en saurons rien. – Considérer que la technique est le moyen constant de faire ce qu'on n'était jusqu'alors incapable de faire, ce n'est pas oublié qu'elle s'appuie sur les lois naturelles qu'elles tentent de mieux comprendre et de mieux maîtriser ? Je veux dire, quand bien même toute la technique, il n'empêche que la vitesse de la lumière n'a jamais changé et ne changera jamais. Vouloir changer la vitesse la lumière dans le vide ne suffit pas à parvenir, un jour, à trouver les moyens techniques de le faire. Enfin... J'ai le sentiment que nous partons davantage sur ton terrain que le mien, cela fait longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de m'exercer à la philosophie et aux questionnements. » Elle sourit gentiment, il lui fallait davantage de temps pour être de nouveau affutée, cela ne faisait que trop longtemps que le réel l'avait totalement accaparée.

D’ailleurs, c’était bien ce même réel qui la rappelait à lui, lorsqu’elle réalisa qu’elle avait totalement oublié de répondre à la seconde question qu’Eldo lui avait posée. Comme à son habitude, elle la convoqua de nouveau, comme si elle n’avait jamais été oubliée. Quelque part, elle ne l’avait pas été : « Enfin... Qu'est-ce que tu veux dire par normalement disponible ? En prévision du transfert, nous avons dû partitionner clairement les savoirs et établir des urgences. Pour l'instant, nous nous concentrons sur les savoirs pratiques qu'il nous serait utile d'avoir sur place, en toute circonstance : biologie, physique, faune, flore... Déjà là, nous parlons au moins de quatre voyages. Paradoxalement, l'Histoire de l'Ordre, sa culture, ce qui fait notre identité passera ensuite. Les impératifs locaux priment, et le Temple reste de toute façon le premier lieu d'accueil des Novices, il n'y a donc pas urgence à les déplacer. Plongée dans les affaires et la technique, son enthousiasme s’était perdu dans ses pensées comme à chaque fois qu’elle abordait ses responsabilités et ses occupations. Il prit un instant pour choisir les mots justes et clarifia sa pensée : .Il y a des savoirs sur la Force que tout le monde ne connaît pas. Que des padawan ne connaissent pas. N'as-tu jamais été... curieuse de ce qui pouvait se dire dans le conseil ?... De secrets sur notre histoire que nous ne connaîtrions pas, peut-être mal rangés ici, oubliés depuis des siècles et qui pourraient changer notre vision de l'Ordre ? ... Le padawan avait tout de l’érudit et son rôle semblait lui tenir très à cœur. Le savoir, elle était de cette avis aussi, avait ce goût singulier, incomparable, et elle-même ne manquait pas une occasion d’assouvir son appétence. – Bien sûr que je suis curieuse de ces choses, mais de la même façon que j'ai trouvé judicieux qu'on m'apprenne à conduire sur un landspeeder avant de me mettre aux manettes d'une frégate en plein champ d'astéroïdes, j'apprécie de pouvoir gagner en assurance dans mes acquis avant de me lancer dans des mystères que plus instruits et plus expérimentés que moi n'ont pas su résoudre. J'ai soif d'apprendre, mais je n'irais pas risquer de détruire l'Enclave en bricolant un réacteur à fusion froide dans les sous-sols alors que je ne parviens pas encore à saisir les prémisses des sciences qui aident à sa conception. Et pourtant, combien de fois son maître avait débarqué, l’impossible entre les mains, lui demandant de le réaliser à son tour et clignant des yeux, déconcerté, lorsqu’elle lui avouait, en toute honnêteté, qu’elle n’en serait peut-être pas capable.

Le jeune homme semblait douter aussi bien qu’il était amusé. « Ton humilité t'honore... Mais le savoir implique-t-il nécessairement d'en faire usage ?... C'est comme repousser un voile. Savoir que tu sais et comprendre ce que tu dois savoir pour maîtriser. Décidément, il semblait aimer la controverse philosophique et avait décidé de batailler ferme sur tous les fronts qui se présentaient. Soit, cela la changeait des traités de stratégie et de philosophie des arts martiaux avec lesquels Seïid la noyait en ce moment. – Tout dépend la définition que tu donnes au mot savoir, j'imagine. Je n'ai pas la prétention de dire que je sais quand je n'ai pas effectivement réalisé. Sait-on nager à savoir que d'autres nagent effectivement ? Qu'il y a la brasse, le crawl et le papillon ? Ou sait-on nager à partir du moment où plonger dans l'eau, on ne se retrouve pas sans arrêt à gagner le fond ? Il rétorqua, presque aussitôt, leur pas lent offrant leur conversation le temps nécessaire à l’épanouissement. – Un peu de tout ceci. La faiblesse de la rigueur des mots, comme le "savoir nager" que tu emploies, ne permet pas correctement de préciser le réel dans ces termes. Connaître le trajet de nos aînés, apprendre comment ils ont pu se positionner face à l'adversité, peuvent représenter des ressources simples mais riches. N'as-tu jamais eu la sensation que tout ce qui nous entoure ne pouvait pas être un test ? Attendre de voir si nous sommes capables de nous affranchir de certaines règles pour grandir par nous-mêmes ? »

La pédagogie, la transmission, l’ouverture au savoir, à l’échange. C’était une chose qui avait été au cœur de sa propre formation et, elle l’assumait tout à fait, elle aimait tendrement son Maître pour lui avoir transmis ses savoirs comme il l’avait fait, et pour continuer à le faire. « Mon maître me laisse une grande liberté dans mes apprentissages et ne repousse jamais aucun de mes questions. Simplement, je pense que si j'exige de lui qu'il me fasse confiance et me laisse cette liberté, cela veut dire aussi que je dois lui témoigner la même confiance lorsqu'il m'évoque ses réticences, me conseille la patience et m'invite à remettre à plus tard l'exploration d'un acquis. Je dois bien avouer que j'ai le sentiment d'avoir été bénie par la Force, de ce point de vue. Nous nous entendons vraiment avec mon Maître. De nouveau, son visage s’illumina. C’était sans conteste l’une des plus grandes joies de ces dernières années, cette rencontre avec un mentor comme Karm. Sa propre joie ne trouva pas son miroir chez son collègue ; elle oublia parfois combien la Force avait été généreuse, avec elle, en lui offrant cette rencontre. – J'aurais souhaité que ce soit le cas du chevalier qui devait m'encadrer. Mais toute question sortant du domaine du maniement du sabre restait... déplacée. Adriahn ne voit que par le crédo... et se contente de le répéter pour réponse. Son regard quitta le bout de ses bottes et il reprit sincèrement. Je t'envierais presque. La vie que tu mène semble te rendre heureuse et d'ici l'année prochaine ou celle qui suivra, tu seras sans doute chevalier. Gardienne ? Consulaire ? Thann ne put ignorer la forme de détresse contenue dans le témoignage de dépit de son ainé, et tenta comme elle put d’apporter un peu de réconfort. – Il ne fait pas le voir comme une fatalité ni le vivre ainsi. Je suis sûre que si tu devais en souffrir, les maîtres du conseil accepterait qu'un ou qu'une autre te prenne sous son aile, si jamais vos caractères devaient être irréconciliables. Nous avons certes des croyances, mais elles peuvent être questionnées, elles le doivent même et Maître Saï Don lui-même m'en a assuré. Donc... Pour ce que peut valoir mon conseil, ne cache pas ton mal-être, il n'est pas un crime. J'ai moi-même connu des heures sombres. Son visage se voulait rassurant. Cette fois, elle ne laissa pas la question se perdre. Enfin... J'aspire à rejoindre les rangs des Sentinelles. Courir la galaxie, interagir avec elle, me fondre dans les cultures, les écosystèmes... Il suffit que Thann en parle pour que presque aussitôt l’exaltation la gagne. C’était en effet un espoir solidement ancré. A présent, ils descendaient, marche à marche, tranquillement, un escalier qui les menaient plus en profondeur dans les savoirs ancestraux.
Eldo Oti
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    Les sentinelles ?... La connaissant, Eldo n'a pas le sentiment d'être bien surpris par ces dires. Oui, il imaginait bien la miraluka et son énergie dans toutes les situations possibles et imaginables.

    Cette idée de constante nouveauté avait aussi un sens séduisant que le Keshi appréhendait bien. Pour autant, le "conseil" le laisse dubitatif. Son ancien mentor n'avait guère présenté que l'expression du mal-être pouvait trouver une quelconque place dans l'Ordre. Bien au contraire ce dernier semblait s'en détacher. "Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix.". La première doctrine de l'Ordre était très claire.

    Soucieux de ne pas plus avancer sur ce terrain, le Jedi change de sujet :

    – Quel sera le statut de l'enclave vis-à-vis du Temple ?... Qui la gérera ? Efficace pour changer de sujet et d'intérêt.
    – L'Enclave dispose de son propre organe de décision, composé de civils locaux pour moitié, de représentants Jedis pour l'autre. Le Conseil d'Ondéron n'exerce pas sur elle une autorité directe. Le Temple met à disposition des moyens, en collaboration avec le gouvernement de Dantooïne, mais l'idée et de... tenter une expérience. Proposer une nouvelle voie, moins monastique, plus proche des réalités. Nous espérons ainsi vivre en symbiose, et non plus en parallèle, et apprendre mutuellement les uns des autres.Elle marque une pause et reprend d'un ton enjoué. Tu aimerais faire partie des colis que je ramène bientôt ?

    La remarque fait mouche. Oui, peut-être. Pouvoir s'éloigner d'Adriahn, suivre une voie qui peut-être lui conviendrait mieux... L'expression générale d'Eldo trahit la vérité derrière ses mots détachés :

    – Il faudrait que j'y réfléchisse. J'ai un travail ici et j'attends peut-être un retour du conseil pour trouver un autre mentor. Plus que cela, ce n'était pas nécessairement une expérience "plus proche des réalité" qu'il cherchait. Une expérience monastique, tournée vers le savoir sans limite. Voilà ce dont il aurait rêvé... encore que, une idée lui vient. Être l'archiviste de l'Enclave, avoir la liberté de collecter les savoirs qu'il cherchait, tout comme obtenir les justifications de lire tout ce que le Temple lui refusait de ses connaissances classifiées. En quoi y consiste la vie ? Quelles sont les différences ? Les missions qui suivront la fin de toute la mise en place ?

    L'excitation et l'enthousiasme continue d'illuminer le visage doux de la Miraluka. Un enthousiasme très communicatif.

    – Nous avons eu à coeur de créer des classes réunissant aussi bien les enfants locaux, ne disposant pas de la Force, que des élèves sensibles, afin que ceux-ci grandissent ensemble et apprennent à se connaître, à se compléter. Nous explorons de concert tous les champs des savoirs, laissant une grande liberté aux uns et aux autres d'aller et venir dans les différents domaines : nous refusons de tracer une voie spatiale obligatoire. La créativité est encouragée. Si le code est toujours enseigné, il ne l'est pas comme un mantra mais bien comme des principes dont il s'agit à chacun de se les approprier, à sa façon, et de les considérer pour ce qu'ils sont : des guides et non des fins. Finalement, nous n'avons comme impératif qu'une bienveillance morale et l'entraide.

    Le Jedi oscille entre intérêt et scepticisme. Des cours "collectifs" ?... Vraiment ?... Comment combiner une bonne instruction avec des gens si différents ?

    – Et qu'en sera-t-il des sensibles ?... Ils seront initiés aux arts Jedi ?... Le maniement du sabre ? la compréhension de la Force elle-même ?... Il est peu... probable que ces cours soient d'un intérêt pour qui n'y est pas réceptif.
    – N'est-ce pas toi qui, tantôt, me disais que le savoir n'entendait pas nécessairement la pratique ? Beaucoup de nos jeunes non-sensibles sont curieux des arts Jedis et, s'étant souvent lié d'amitié avec un camarade sensible, prennent plaisir à participer également à ces entrainements.

    Pour ce qui est de la pratique des arts martiaux, nous adaptons notamment l'initiation au sabre-laser afin que les non-sensibles puissent attendre, aux côtés de leurs camarades, à se servir de lames physiques. En côtoyant ainsi de près toutes les armes, nous espérons qu'à l'avenir, s'ils devaient s'en défendre, tous le feraient avec davantage d'efficacité.
    Une expression inquiète balaye son visage. Celle d'Oti reste plus sceptique encore... il n'imaginait pas viable d'instruire des non-sensibles aux arts Jedi... une réflexion en totale contradiction avec son mépris de la tradition pour la tradition... Une contradiction interne qu'il est incapable de relever. Vers douze ans, des quatuor sont formés : deux adultes et deux jeunes, chaque fois un sensible et un non-sensible, et ces équipes évoluent ensemble à la façon des maîtres et des Padawans, apprenant ensemble, sur le terrain.

    Nous espérons que dans cinq ou six ans, les premières générations formées à l'Enclave nous rassure dans nos choix pédagogiques et de vie.

    – Qui a choisi cette organisation ? Est-ce le conseil ?... J'ai du mal... à y croire.
    Nous avons reçu la confiance et l'aval du conseil, mais l'organisation a été décidé de concert, comme je te le disais, entre les autorités locales et les chevaliers et maître Jedi enthousiasmés par le projet de l'Enclave. J'ai moi-même assistée à la plupart des réunions fondatrices de cette idée. Pourquoi doutes-tu ? Je ne suis pas en train de te raconter des carabistouilles, preuve en est, je suis bel et bien en train de procéder aux transferts des fichiers. Elle rit, mais pas Eldo qui force un sourire.
    – Non, pas de cela. Je te crois totalement sur ce que vous souhaitez faire ! assure le jeune homme avec grand sérieux. J'ai du mal à croire que le conseil puisse avoir collectivement souhaité cela. L'attachement au Credo, notamment pour Maître Waray, sonne comme une barrière à ce projet. Et elle n'est pas la seule avec une telle... rigueur.
    – Nous avons trouvé un allié en Maître Don. Par ailleurs, l'hostilité des différents gouvernements républicains de ces dernières années nous a invité à renouer par nous-mêmes avec la société. C'est de toute façon une idée qui tenait à cœur, de longtemps, à Maître Karm. Et puis, il faut dire que sa réputation nous a aidé à gagner la confiance du Conseil. Je pense que s'ils sont effectivement très attachés aux dogmes de l'ordre, ils n'en demeurent pas moins bienveillants, même s'ils ont parfois une drôle de façon de nous le montrer.

    En tous les cas, l'Enclave jouit d'une certaine autonomie quoi qu'il advienne à présent sur Ondéron.


    Le padawan relève le ton un peu détaché.

    – Et... il n'y a pas des gens d'ici qui te manquent? Ou qui vont te manquer ?

    – Comme Sentinelle, je vais être amenée à quitter souvent mes proches et l'Enclave. Le manque est une émotion qu'il me faudra apprivoiser. Elle m'encouragera à rentrer entière, voilà tout. Lui répond elle en un sourire. Eldo le lui en rend un autre, réalisant la bêtise de sa question en entendant la réponse.

    Arrivés à l'interface centrale, le Padawan colle le dos aux grandes armoires alors que sa cadette peut débuter les transferts.

    – Je serai curieux de vous rendre visite un jour prochain... Sous combien de temps l'enclave deviendra-t-elle opérationnelle ?

    – Elle l'est déjà en grande partie. À vrai dire, nous n'accueillions pas encore les très jeunes, mais l'Enclave est pour une bonne part déjà ouverte et chacun peut venir porter sa pierre à l'édifice.
    – Pourquoi pas les très jeunes ?
    – De simples questions de logistiques et de nécessités spécifiques à l'accueil d'un si jeune public. Nous ne voulons pas perturber les plus jeunes ici en les obligeant à un voyage, nous préférons attendre que tout soit terminé avant de régler ce dernier détail. On parle là de moins d'une année standard.
    – Quid des enfants qui, comme toi et moi, seront détectés dans la République ?... Qui décidera d'où ils iront ?
    – Les enfants des secteurs environnants Dantooïne gagneront l'Enclave, le temps que l'ensemble de la structure s'avère fonctionnelle. Il nous faudra plusieurs années pour montrer notre plein potentiel. Par ailleurs, quiconque le désire et est en âge de le formuler peut rejoindre l'Enclave.

    La possibilité d'un schisme crée un frisson au Padawan. Autant sur les possibilités qu'il offrait que le chaos et les tensions qu'il génèrerait...

    – Quid des autorités locales ? Comment perçoivent-elles l'enclave ?

Invité
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Thann Sîdh – cornsilk
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Eldo Oti – #706DA6
Jedi pour l’instant anonyme – #4785DF


« Quid des autorités locales ? Comment perçoivent-elles l'enclave ? Il était heureux que le Temple comptât autant de marches en des endroits si dissimulés, elles permettaient, toutes ensembles, jointes aux couloirs et aux détours, aux conversations de longue durée de perdurer. – Elles y sont pleinement investies. Comme je l'ai dit, selon nous, l'Enclave ne pouvait que se penser en étroite collaboration avec les autorités en locales. Les instances de directions sont toutes mixtes de gens issus de l'ordre et de citoyens de la région environnantes. Ses sourcils se froncèrent de façon indéniable. De l’inquiétude ? De la surprise ? Un désaccord ? La Padawane ne parvenait guère à interpréter les signes de son homologue, – Quelle sera leur influence sur les missions des Jedi ?... Sans guère laisser planer de suspens, elle répondit : – La même que celle des Jedis sur les civils de l'Enclave. Il faut bien comprendre que le but de l'Enclave n'est pas de proposer un espace commun et, en marge, un espace réservé aux Jedis auxquels les civils n'auraient pas voix au chapitre. Non, le but est bien de nous ancrer de nouveau dans le réel, dans cette échelle locale. Même le "nous" à terme n'aura plus grand sens, là-bas, s'il ne comprend pas les Civils aussi bien que les Jedis. C'est quelque chose qui t'inquiète ? termina-t-elle, histoire d’essayer de comprendre davantage ce que cherchait Eldo au travers de toutes ces questions.

« Beaucoup. La voie des Jedi a ses limites. Des dogmes avec lesquels... Il m'arrive d'avoir des réserves. Mais le Temple a tout de même de grandes réussites et sa neutralité lui a permis d'éviter beaucoup de vices de la République, comme la corruption. La voie que nous prenons est dure, mais j'imagine qu'elle nous permet d'être encadrés par des gens purs et sûrs. Parfois trop limités dans leur perception, mais qui malgré tout n'ont pas conduit l'Ordre à succomber comme beaucoup d'organisation ont pu l'être. Intégrer des non-Jedi à des décisions qui regardent les Jedi... oui, je trouve cela inquiétant. La réflexion troubla assez fort la Miraluka. Comment pouvait-on se permettre de porter un tel jugement sur son prochain lorsque, de son propre aveu, nous n’avions jamais rien vu d’autre que les murs du Temple, ou si peu ? Bien sûr, l’érudition était une façon de découvrir le monde, mais comment pouvait-elle conduire à cette sorte de… mépris ? Elle n’osait pas vraiment prêter ce sentiment à son camarade, elle le jugeait trop dégradant, mais tout de même… Pourquoi ? D’autant que le Temple n’avait jamais été neutre : de nombreuses fois ils s’étaient engagés auprès de la République que ce soit sur le terrain militaire ou politique. Les deux entités, depuis toujours – ou presque – avait toujours été étroitement lié par des serments de loyauté. Que cherchait-il à dire ? – Et de fait tu considères qu'un individu n'ayant pas la Force, ayant fait pourtant montre d'exemplarité auprès des siens au point d'être choisi pour les représenter ne pourrait pas avoir accéder aux mêmes vertus de bienveillance et de jugement ? Elle n’avait pas caché sa surprise.

« La carte n'est pas le territoire. rétorqua-t-il sur un ton sibyllin, avec cette manière allégorique dont les Consulaires aimaient ciseler leurs réflexions. Ceux qui ne sont pas sensibles à la Force ne peuvent pas la comprendre comme nous la comprenons nous. Tout comme tu ne peux pas comprendre ce que c'est de lire comme je le fais, ni comme je ne peux pas comprendre ce que c'est que de percevoir le monde comme tu le fais. Nous sommes différents et la voie des Jedi va au-delà d'une simple culture des vertus. Elle cherche à appréhender un équilibre qui dépasse les considérations matérielles. Malgré leur bienveillance, il manquera à ces gens la compréhension plus profonde de ce que nous sommes... et qui fait que je doute sérieusement de l'objectivité d'un jugement d'une personne qui ne peut pas comprendre les enjeux de ce qu'il juge. » Thann ne comprenait simplement pas où il voulait en venir, sinon que sa méfiance assez spontanée envers les gens extérieurs à l’Ordre le poussait à multiplier les arguments contre eux, quand bien même cela se faisait dans le plus grands des calme. Comment pouvait-il d’un côté permettre aux Jedis de régenter la vie de chacun, d’avoir le bon mot, l’exacte sagesse pour répondre aux problèmes de tous, tandis que tous se trouvaient absolument incapables de traiter des questions Jedis. Au-delà des réflexions autour de la Force, strictement, il y avait tant d’aspect de l’Ordre qui ne la concernait pas directement qu’elle ne comprenait tout simplement pas pourquoi il se servait de cet unique point comme coin pour tenter de faire se fendre l’ensemble de la poutre. Elle décida de se montrer honnête de ce qu’elle pensait comprendre, sans même en être tout à fait sûre, finalement. – Et tu considères que sachant eux-mêmes cela, lors d'un échange où des Sensibles auront alors une forme d'expertise sur ce sujet, ces mêmes gens ne pourront simplement prêter leur confiance aux Sensibles et suivre leur avis ? Et, qu'a contrario nous saurions sans mal décider pour eux de ce qui est le plus juste malgré notre... vision si singulière du monde ? »

« Si on attend d'eux qu'ils suivent les sensibles, alors pourquoi les faire intervenir dans le processus de décision ? C'est au mieux une illusion de liberté, au pire le vœux pieu qu'il fasse ce que l'on attend d'eux jusqu'au jour où certains, par cupidité, bêtise ou je ne sais, se risqueront à ne pas suivre les positions de ces Jedi. Le conseil Jedi est connu pour sa sagesse et c'est pourquoi il est invité en conseil sur des activités externes. Je ne perçois pas notre rôle comme interventionniste par défaut... Sauf quand la vérité ou la paix sont menacées, peut-être. Et à présent, on lui prêtait des mots qu’elle n’avait jamais eus ? Elle qui, de fait, n’exposait qu’une façon nouvelle de procéder à une prise de décision commune se retrouvait avec la désagréable impression de s’être finalement engagée – encore une fois – dans un procès fait contre l’Enclave. Elle était d’autant plus contrariée que cela vînt d’un autre Padawan. Elle n’avait jusqu’alors pas eu l’occasion de se trouver ainsi pris à parti par l’un de ses homologues ; peut-être n’était-elle pas si pédagogue qu’elle le croyait ? Peut-être était-ce elle qui, en réalité, ne comprenait rien de ce que cherchait à exprimer Eldo ? – Parce que selon toi, reconnaître que tu n'es pas expert d'un domaine c'est témoigner moins de liberté que de prétendre savoir là où on ne sait pas ? De la même façon certains Maîtres placeront leurs confiances dans le jugement des scientifiques lorsqu'il s'agira de discuter biologie. Suspendre son jugement n'est pas une forme d'avilissement, et le donner n'est pas une preuve de supériorité. – Non, pas du tout et je n'ai jamais dit cela. Je dis que si l'on invite des individus à prendre une décision pour qu'on attende d'eux qu'ils ne fassent que suivre l'avis d'experts, c'est alors une illusion de choix qui leur revient. Je n'ai jamais prêché le fait de prétendre savoir là où on ne sait rien. Très au contraire, mes positions sont à l'encontre, comme pour l'ensemble des Jedi j'imagine. Pas plus qu’elle n’avait jamais dit qu’il en était ainsi dans les discussions de l’Enclave, et elle ne lui avait pas coupé la parole, de plus. Nous tentons de mettre au point une nouvelle façon de décider ensemble et de suivre la Voie Jedi. Je ne conçois pas celle-ci comme unique, encore moins nous offrant un genre de sagesse ou je ne sais quel terme. Le vision de la galaxie dont nous disposons est différente, elle n'est pas supérieure à celle que peut développer nos homologues civils. Juste différente. Et l'une peut nourrir l'autre et c'est ainsi que nous essayons de bâtir cet endroit. Le temps nous donnera raison ou tort, j'imagine. » Tenta-t-elle de conclure pour ne pas s’enfermer dans une discussion qui ne solderait que par sur une opposition de valeur fondamentale assez vaine.

Cependant, sa tentative de changer de sujet passa totalement inaperçue, au grand damne de la jeune femme, et son camarade d’enchainer, tout entier pris dans ses propres réflexions : – Je ne partage pas ton point de vue. Notre vision, par notre formation et nos expériences, est bien supérieure dans les domaines de la Force, de son appréhension et de ce qu'elle régit, c'est à dire tous les êtres vivants. Si l'on en vient à parler de cybernétique ou de droïde... je ne pense pas que nous ayons une quelconque légitimité par notre statut de Jedi... Le rêve que tu défends a de belles valeurs, mais de ma maigre expérience, je crois voir des points qui me font douter de ses dérives... Et quid des risques d'infiltration ? Quid des accès des archives Jedi dont tu fais les copies ?... Qui y aura accès ? Il avait définitivement perdue son interlocutrice tant ces remarques semblaient hors de propos. Quel était le lien direct entre l’organisation mixte d’une enclave, dans laquelle des civils et des Jedis oeuvreraient à une vie en commun et… l’espionnage international ? En outre, comment pouvait-il seulement penser que les archives de Dantooïne n’allaient pas bénéficier de la même protection que celle d’Ondéron ? Avait-elle l’air à ce point inconsciente pour se laisser porter par l’idée d’un espace où tout à chacun, parfait inconnu, puisse accéder à des ressources potentiellement d’une dangerosité extrême ? Cela n’avait aucun sens, et elle se sentait terriblement fatiguée : – Nous les protégerons aussi bien qu'ici et les accès seront régulés comme partout ailleurs. Considérez ainsi les individus non-sensibles, comme gens dont il faut se méfier, plus susceptibles à la dérive que les Jedis... Pardon, mais c'est laisser de côté tous les schismes qu'a connu l'ordre, plus récemment les guerres d'Exar Kun ou la Guerre Civiles des Jedis. Nous n'avons jamais eu besoin des civils pour que certains prennent les mauvaises décisions.

Et puis, nous n'allons pas écarter de tous les organes de décisions les gens au prétexte qu'ils ne sont pas experts de tous les points abordés par cet organe. Les Maîtres Consulaires du Conseil ne sont pas mis à la porte lorsque vient le temps de discuter de la technique et des choix à faire concernant la flotte du Temple. Or le Conseil de l'Enclave aura à traiter de bien d'autres choses que de la Force.

Je comprends tes questions et à la fois, j'ai le sentiment que tu considères que l'ensemble des gens ayant pris part à cette expérience sont des nigauds. Cela fait des années que ce projet est en germe, sa conception s'est étalée sur des mois durant et tu soulèves des points qui ont été réglés de longue date. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas à moi seule qu'ils ont remis les clefs.
Elle rit, du moins en partie, mais elle eut toutes les peines du monde à dissimuler sa gêne, d’autant que qu’il ne fit pas grand-chose pour la dissiper, répondant froidement et avec un calme olympien qui, de l’extérieur, pouvait se teinter sans mal d’une certaine forme de condescendance pour l’esprit fatigué d’une jeune adulte venue officiellement ici pour une forme de vacances : – Ne me prête pas des sentiments que je n'ai pas. Non, je ne considère pas que ceux qui se prêtent à cette expérience sont des nigauds. Au contraire, je trouve que l'entreprise est très intéressante et penser autrement que nous le faisons depuis des millénaires a quelque chose que je trouve de très excitant. La critique n'a pas vocation à te déstabiliser, Thann. Si elle te fait réfléchir et t'aide à cerner des limites de certains raisonnements, j'en suis heureux pour toi... Mais elle vise aussi à voir les limites des miens. A comprendre les tiens et en apprendre. Tes réflexions, celles de toutes ces personnes qu'il y a eu avant toi sont justement une richesse et un savoir qui m'intéresse. Si je te pose la question pour les archives, c'était peut-être parce que la façon de réguler pouvait être différente et étendre ma perception des choses. Quelles sont les mesures qui ont été pensées... Il est justifié d'avoir de la méfiance, pour tout un chacun qui s'éloigne de tes valeurs car par définition, il en a d'autres. On peut donc apprendre comme ils peuvent nous nuire.... Mais si tu veux rentrer sur ce terrain : y a-t-il eu plus d'agissements contre l'Ordre en son sein ou provenant de l'extérieur ? Les guerres existent et nous n'avons pas que des alliés. Force est de constater que nous avons tendance à en trouver plus facilement dans l'Ordre malgré tout. » Les Consulaires ne devaient-ils pas également être prêts à remplir le rôle de diplomate ? Thann essaya de s’empêcher de penser que son camarade manquât cruellement d’empathie et dansait de près aux côtés de la condescendance mais il faut bien dire que cette pensée la traversa et plutôt que de l’adopter, elle préféra, comme son Maître le lui avait appris, botter en touche plutôt que de chercher à s’imposer là où elle n’avait pas l’énergie de le faire et sûrement pas l’esprit disposer à le faire.

Dans une démonstration de puissance digne de Maître Karm, elle soupira et se passa la main dans les cheveux. « Écoute, je pense surtout que je suis lasse de devoir simplement répondre aux questions depuis que j'ai remis le pied ici. Je me retrouve à représenter seule des décisions et des choix qui ont impliqué des dizaines de personnes, dont nombre autrement plus qualifiées que moi, et j'ai certainement amalgamé ton attitude à la leur, autrement plus hostile que curieuse. Tu trouveras peut-être cela drôlement ironique mais nos confrères les plus... À cheval sur le code justement, m'ont déjà posé cent fois ces questions avant toi. Je crois que la petite Padawane que je suis arrive à saturation. Je t'assure, le meilleur moyen d'étancher ta soif reste de visiter toi-même les lieux. Maître Karm se prête, d'ailleurs, parfois à la visite lui-même. Moi, je croyais m'être simplement engagée à un repas tranquille et reposant avec un camarade Padawan. » Elle sourit. Oui, clairement, elle avait l’air épuisée et le halo bleuté et blafard de l’écran qu’elle venait d’activer, enfin parvenue à destination, n’arrangeait rien à sa situation.

Eldo lui répondit avec un sourire digne d’un homme qui venait de se faire pincer la fesse par un gizka taquin, puis haussa les épaules : Je t'excuse... j'imagine que je viendrai te rendre visite un jour alors... Tu as eu l'occasion de faire des rencontres sur Dantooine sinon ? Les questions se poursuivaient, mais au moins changeait-il de sujet. Pendant qu’elle pianotait en même temps sur l’instrument, elle répondit d’un air détaché : – Oh oui, des tas. J'ai eu l'occasion d'y travailler avec le Maitre Asho'tye, avec le Chevalier Obred, le Capitaine Shepard - elle est une collègue très régulière et une experte en sécurité, l'architecte Të Tris - un véritable génie – la cheffe mécanicienne Meer C'cedes, un tempérament de feu mais d’un humour !, ah et Eddy Son, mon tandem à l’atelier... Tellement de gens, à vrai dire, je ne saurais même pas par où commencer si je devais tous les présenter. – Et bien... peut-être par celui ou celle qui t'a le plus impressionné ?... tu dois bien avoir quelques histoires à raconter ! – La fois où j'ai dû m'enfoncer dans une grotte de Laigreks et en condamner les accès menant aux chantiers ? La fois où mettre Karm est revenu du coeur d'une tempête pour me poser une bombe sur mon bureau ? Ou peut-être la fois où nous sommes parvenus à régler le souci des prédateurs en diffusant... Des odeurs. Dantooïne n'est pas si calme qu'on pourrait le penser. Elle marqua une pause de quelques instants tandis qu’elle vérifiait l’intégralité des flux d’informations en direction des différents serveurs. Tout semblait en ordre. Bon... Tout a l'air de de dérouler comme prévu, nous allons pouvoir aller manger. » annonça-t-elle. Pour consulter l’écran, elle n’avait pas chercher à baisser le visage. Peut-être avait-elle eu l’air bien étrange à faire glisser ses mains sur un écran qu’elle ne semblait pas regarder le moins du monde.

Thann s’apprêtait à reprendre la route pour quitter le cœur des archives, en prenant cette fois les voies d’accès rapide, lorsque soudain, non loin, une voix se fit entendre. « Padawan Oti ? Puis-je savoir ce que vous faites dans cette partie des Archives sans autorisation ? »
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    Se parant de son plus beau sourire à l'idée d'un fruit bien juteux, bien sucrée dont l'un et l'autre pourraient se délecter, Eldo débute un premier pas avant de se figer.

    La voix de Maître Brock était de loin reconnaissable. Lourde, grave, stricte et peut-être même plus tranchante qu'un sabre laser. Si Maître Waray n'incarnait guère la figure qu'Eldo savait apprécier, le nautolan était de loin celui qui le mettait le plus mal à l'aise. Jamais il n'avait eu un mot positif à son sujet. Jamais Oti n'avait eu la sensation qu'il l'eut regardé avec autre chose qu'une forme de dédain.

    Pire encore, tout jeune adulte qu'il était, le balafré avait bien compris que sa position de doyen parmi les padawan le plaçait dans une catégorie d'incompétents miteux qui ne trouveraient jamais grâces aux yeux du Maître.

    Plus que l'embarras de se trouver ici, ne pas avoir passé les épreuves à son âge était assez humiliant en soi.

    * *
    *

    Dans une profonde inspiration et un malaise palpable, Eldo Oti cherche à s'éclaircir la voix avant d'énoncer d'une voix manquant piteusement de confiance :

    - Je... viens aider... soutenir Thann.

    Et pourtant si justes, ces mots sortis de sa bouche sonnaient faux. Combien de siècles d'histoire les contemplaient tous quatre ici à se rire de sa situation ? Ici, Eldo n'avait rien fait. Et de quelle aide sa paire avait-elle besoin ? Aucun. Il ne s'agissait que de connecter une tablette pour lancer un transfert de données. A lutter contre l'ennui ? Argument ridicule. Autant que son expression d'ici. Autant que leur précédente entrevue.

    * *
    *

    Les lumières du conseil étaient en berne en ce jour du réveil. Au centre, faisant face à chaque membre sage et émérite, Eldo reste dos droit sous un regard plus jeune. A ses côtés, Adriahn reste silencieux, plus droit encore.

    - Non, trancha Maître Brock, ce que vous décrivez n'est pas la voie de l'Ordre. Ce que vous décrivez est une perversion du Côté Obscur de la Force.
    - Nous ne donnerons pas suite à votre requête, repris Maître Waray, d'une part parce que nous ne voyons pas de valeur dans ce que vous nous avez décrit. D'autre part parce que vous n'êtes encore qu'un Padawan et que vous n'avez pas à choisir quelles sont vos missions. Vous n'avez pas encore fait vos preuves, padawan Oti.

    A ces derniers mots, Maître Brock hocha la tête. Il copiera ce même ton condescendant dans les archives.

    * *
    *

    - La soutenir à ?...

    Eldo repris une nouvelle inspiration, comme si l'autorité du Maître abattait sur lui une incapacité totale de réagir. Si le Padawan avait souhaité évoquer l'autorisation informelle qu'il aurait eu, le flash de sa précédente humiliation embruma trop ses pensées pour répondre.
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La défiance du Maître à l’égard d’Eldo la stupéfia un instant, l’autre instant de stupéfaction, elle le devait à cette façon dont le Maître avait tout simplement oblitéré sa personne de l’existence, plus ou moins totalement. Pour une fois, elle n’avait pas le sentiment qu’on lui rappelait sa cécité, elle constatait de celle d’un autre, quoique celle-ci semblât éminemment sélective et dans le temps et dans les personnes. Il était temps, pour la jeune femme, de montrer tout ce qu’elle avait retenu des leçons de diplomatie« Je suis heureuse de vous revoir, Maître Brock, je ne pensais pas que nos chemins se croiseraient de sitôt après notre dernière conversation. J’ai personnellement demandé à mon confrère de m’accompagner et de répondre à mes questions. J’ai de nombreux devoirs et je ne pouvais pas me permettre de… – Excusez-moi, Padawan Sîdh, j’ignore comment votre Maître vous éduque, mais il ne me semble pas vous avoir autorisé à prendre la parole ni même vous l’avoir adressé. Je m’adressais au seul Padawan Oti, n’était-ce pas clair ? – Il ne m’a certes pas appris à me taire sans réagir lorsque j’entends un collègue être houspillé comme un enfant pour des méfaits dont je suis moi-même l’auteure, pourtant, ce qu’il n’a pas manqué de m’apprendre ce sont les minima attendus de la cordialité, comme saluer l’ensemble des gens présents dans une pièce, sans distinction de rang. En attendant, j’ai les autorisations nécessaires pour être présente ici, mes autorisations, délivrées par le Conseil lui-même, se prolongent à un assistant de mon choix au sein de vos Archives, ici, le Padawan Oti. Si jamais vous vouliez discuter la décision du Conseil, n’ayez aucune hésitation à le faire, c’est votre droit. » S’il y avait pu avoir une bataille de regard, peut-être celle-ci eût été l’une des plus intenses menées dans cette salle depuis la création du Temple d’Ondéron. Seulement, que vouliez fixer lorsque votre interlocutrice semblait fixer vaguement le mur derrière vous, sans prendre la peine d’essayer d’orienter son visage vers le vôtre. Thann savait pertinemment que cette attitude déstabilisait souvent les voyants et, à vrai dire, elle n’hésitait plus à s’en servir chaque fois que son prochain manquait cruellement à ses devoirs de respect mutuel et de sérénité. L’étrange permettait souvent de souffler la colère aussi efficacement que la manœuvre diplomatique, son mentor le lui avait plus d’une fois démontré.

Cette fois, cependant, elle ne semblait pas avoir soufflé assez fort. « Votre insolence est un outrage à ce Temple et à ses traditions, de même que toutes les raisons qui vous ont conduites ici. Comptez sur moi, le Conseil sera informé de l’ensemble des événements et votre conduite, de même que j’informerai personnellement votre Maître de la piètre éducation qu’il vous offre. Tout ceci n’est que pure hérésie. Le Maître marquait une pause pour reprendre son souffle, mais Thann ne lui laissa pas le temps de le retrouver. Il avait déjà passé suffisamment de temps à déverser sur elle, les jours précédents, toutes ses craintes et tous ses jugements pour qu’elle trouvât encore ce jour-là la patience nécessaire à subir un nouveau flot verbeux. – Bien, j’en répondrai à qui de droit, je vous en donne ma parole, si ces faits devaient conduire à une sanction. En attendant, puisque vous avez terminé et que nous vous avons entendu, Maître, nous allons nous diriger vers le self, nous mourrons l’un et l’autre de faim. Si vous voulez bien nous excuser, bonne journée à vous. » Ainsi fauché dans son élan, le Maître ne sut quoi répondre, d’autant que les préceptes Jedi qu’il avait lui-même convoqués plus tôt lui tinrent la bride haute, il n’était pas question pour lui de se laisser aller à un élan de colère quand déjà l’agacement l’avait submergé. Il se contenta d’un souffle dédaigneux, sans répondre, et regarda les deux Padawans s’éloigner.

Cette fois, Thann choisit de sortir au plus vite des lieux, afin de s’éloigner du point de friction, et fit le choix des turbolifts. Un silence gêné c’était installé entre les deux Jedis. Elle ignorait ce qui avait amené le Maître à un tel degré de méfiance vis-à-vis des agissements d’Eldo, mais à ses yeux, rien de ce qu’il avait pu faire ne justifier un assaut aussi frontal et une telle dureté de ton. Sans compter cette façon qu’il avait eu de l’ignorer elle-même… Le Temple avait toujours été parcouru de courants de pensées différents. C’était ce qui faisait sa richesse, sa beauté. Le rigorisme le plus absolu avait toujours pu côtoyer une grande liberté de penser. Pourtant… Les années de guerre, la résurgence des Siths, les tensions avec la République, tout semblait avoir concourut à une montée des incompréhensions et des doutes. Cela la peinait toujours de constater une telle distance entre elle et certains de ses confrères. Elle l’avait appris, aux côtés de son Maître, de longue date mais le fait n’en restait pas moins profondément dérangeant. Son Maître lui dirait qu’il existe des vertus au dialogue, même houleux, mais l’épuisement, aujourd’hui, ne l’aidait pas à s’en trouver persuadée. Après un long soupir, elle finit par répondre, alors qu’ils émergeaient de l’ascenseur pour regagner les niveaux publics de la bibliothèque. « Il y a une raison particulière pour que Maître Brock se montre aussi dur avec toi ? Je savais que notre dernière conversation ne s’était pas nécessairement terminée de la meilleure façon, mais clairement, tu sembles l’avoir bien davantage contrarié que moi. Enfin… Je ne sais pas si c’est encore tout à fait le cas, ceci dit… »
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