Tchiïki Ranya
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es alliés et partenaires du Forum des non-alignés et moi, nous tenions enfin notre première revanche sur le S’ornisme – oui, j’inventais des concepts et des mots désormais ! Le S’ornisme était avant tout une façon d’exercer le pouvoir, c’était une pratique mixte qui parvenait à synthétiser de nombreux pans de la démagogie, avec le renforcement de la mainmise de la bourgeoisie sur l'économie, ou les systèmes bancaires et financiers. C’était également l’instigation d’un enième règne de l’absolu profit, mirifiquement redistribué à quelques privilégiés triés sur le volet. Afin de compléter cette définition, on pourrait aussi ajouter le simulacre de démocratie auquel se livrait l’actuel Chancelier, un homme qui ne rêvait, selon moi, que de déguiser son naturel autoritaire. Ainsi, un régime autocratique s'insinuerait le plus lentement possible, de telle sorte à ce que le basculement soit passé pratiquement inaperçu.

Grendo S’orn devrait fournir une myriade d’efforts pour se maintenir en place, puisqu’à un an du terme de son mandat, ses opposants s’organisaient. J’étais évidemment l’un d’eux et, grâce à d’intelligents tours de passe-passe, j’avais été brillamment – un peu de bienveillance envers soi ne fait jamais de mal – élue à la tête d’une nouvelle Commission sénatoriale du Trésor et de l’Économie. J’avais déjà à cœur de plancher sur la fameuse proposition de loi visant à lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, en compagnie de sa rédactrice, mademoiselle Evea Ekway. C’était justement cette Sénatrice, Pantorane d’à peine trente ans, dont je me sentais proche, tant politiquement que sororalement, que j’étais partie visiter. Connaissant la réputation et le sérieux de ma collègue, je me dirigeais vers son bureau, après tout nous étions en milieu d’après-midi, elle ne pouvait que s’y trouver. Eh bien non, son secrétaire personnel m’apprit qu’elle était à la piscine ! Je fus immédiatement surprise, je n’imaginais pas Evea faire des longueurs sur son temps de travail, qu’à cela ne tienne cependant, moi aussi j’allais m’improviser baigneuse.

Les bains publics de Coruscant se trouvaient à deux pas du Sénat et seraient bientôt le dernier établissement public de la République, vu le rythme effréné auquel le gouvernement privatisait ! D’extérieur, le bâtiment m’apparaissait des plus plaisants, son architecture raffinée rappelait d’autres pépites Art déco nichés dans les plus beaux quartiers de la capitale. J’approchai de l’entrée, puis arrivai dans un vaste hall carrelé, cloîtré par des balcons aux rambardes ouvragées, en fer forgé, peint en bleu-gris. Je fus soulagée, dès lors que je jetai un œil aux bassins, de voir qu’il n’y avait pas encore foule à cette heure-ci. Je partis payer un ticket qui me permettrait l’accès à l’eau, mais compris que quelque chose clochait : je n’avais pas pris mon maillot de bain, avant de venir ici.

Heureusement pour moi, une modeste échoppe tenue par un droïde, qui répondait apparemment au nom de Brisdenis, me permit de dépenser quelques crédits de plus, pour acquérir un costume de bain avec lequel je pourrais aller barboter. Je m’en allai me changer, déposai mes affaires dans un casier, passai par la douche et le pédiluve, avant d’accéder finalement à l’aire des bassins. Les murs étaient décorés de jolies mosaïques, le fond était blanc, tandis que les motifs étaient réalisés dans un camaïeu de bleus, parfois agrémentés de touches de jaune et de orange. J'aperçus Evea, au loin, qui venait de finir une longueur, je lui fis signe et passai devant une fresque exceptionnelle, tandis que je la rejoignais.


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Evea Ekway
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La majorité des citoyens de la République ne connaissent pas leurs représentants, dans cette majorité, une majorité est jeune. Les jeunes ne connaissent pas leurs représentants au sénat, c'est un fait, les jeunes sont de nos jours désintéressés de la politique, quelle soit fédérale ou régalienne. La preuve réside dans les taux d'abstentions pharaonique dont certaines élections sont gangrenées, et pourtant les votes sont capitaux dans un état gargantuesque qui se veut démocratique.

Prenez le cas de Gaelsha Dodgrim, un jeune nautolan seulement âgé de vingt-trois ans. Il vient tout juste d'obtenir sont diplôme de l'école d'électricien de Coruscant, relativement réputée, cette formation lui permettra d'entretenir les réseaux énergétiques de la planète capitale, ou bien d'avoir un poste respectable sur une autre planète. Pour l'instant il projete de se lancer à son compte. Après tout le climat économique actuel est propice à l'entreprenariat, étant donné que les entreprises énergétiques publiques s'apprêtent à passer dans le domaine privé.

Et pourtant Gaelsha Dodgrim ne s'intéresse pas une seule seconde au climat économique et encore moins politique, il a bien d'autres chats à fouetter. Beaucoup trop, en commençant par se trouver un logement plus abordable que celui que ses parents lui paient pour l'instant, le temps qu'il se trouve un métier stable. Ainsi Gaelsha ne connait pas le moindre nom de personnalité politique, bon bien sûr il sait que le chancelier suprême s'appelle Grendo S'orn, et que la Vice-chancelière se nomme Sly Keto. Mais il ne sait pas que cette dernière risque de changer sous peu.

Bref, il ne s'intéresse pas à la politique comme nombre de ses pairs.

C'est pourquoi, même s'il croisait un ministre dans une avenue, il n'en saurait rien, et quand bien même les prix des transports explosaient, il ne se posait pas la question de qui était derrière cette mesure. Souvent les gens connaissaient leurs représentants planétaires au sénat, d'autres mieux renseignés connaissaient les sénateurs les plus reconnus parmi les planètes les plus influentes. Mais Gaelsha ne connaissait aucune de ces personnalités. Dommage pour lui.

Dommage pour lui dans le sens où il aurait eu la chance de discuter avec une sénatrice particulièrement sociable. En effet, la sénatrice d'Alderaan, l'une des planètes fondatrice de la république et encore l'une des plus importante, a pris le même train aérien que lui juste à l'instant. Evea Ekway, de son doux patronyme, était rentrée chez elle après une séance du sénat pour récupérer quelques affaires indispensables à son activité de l'après-midi : La natation.

Et sur le chemin pour aller aux bains publics, ligne 125, ils s'étaient assis côte à côte dans le transport public. Ainsi Gaelsha était installé tout près d'une sénatrice, ce qui était fort rare compte tenue que peu de ses collègues prenaient les transport en commun. Toutefois, une femme âgée à la coiffure élaborée - assurément de la catégorie la mieux renseignée politiquement parlant - avait reconnue la pantoranne, assise en face, elle s'était adressée à la fonctionnaire avec respect :

- Excusez-moi, vous êtes la Sénatrice d'Alderaan non ?

- En effet, appelez moi Evea. Répondit la pantoranne avec un sourire.

- Je suis Alyslex Falden, je viens de Metellos. Il est particulièrement rare de rencontrer des sénateurs comme cela dans les transports. Fit-elle remarquer.

- Je le concède, les transports coruscanti commencent à se faire chers ! Plaisanta la sénatrice.

- C'est vrai, et pour cause : La politique libérale de notre gouvernement. D'ailleurs, que se dit-il ces derniers temps au sénat ? Sans vouloir paraitre indiscrète.

- Oh mais mon credo est la transparence, je vais essayer de faire bref cependant : Le chancelier cherche à dissoudre les commissions sénatoriales.

Gaelsha écoutait d'une oreille, curieux de comprendre de quoi parlait l'humaine et la pantoranne assises près de lui. Apparemment, ce que venait de dire la bleue qui se disait sénatrice sembla choquer la femme originaire de Metellos (D'ailleurs il se demanda où se trouvait Metellos dans la République). Gaelsha n'avait pas la moindre idée de ce qu'était une commission sénatoriale.

- Cela a dû être soumis à un vote non ? Demanda la femme, curieuse.

- Oui, et rassurez-vous les votes se sont avérés serrés mais les commissions restent intactes mais seront revues, ce qui est une bonne chose. A l'exception de la commission du Trésor qui sera dissoute et reformée, échappant au FLR. Avait résumée la petite bleue.

- Mais cela n'est-il pas anticonstitutionnel ?

- Rien d'anticonstitutionnellement parlant dans cela lorsque le chancelier a le pouvoir de revoir le texte fondateur de la République. Articula la sénatrice.

- Cela me parait tout de même étrange, et tant qu'aux élections à chancellerie, que pensez-vous des déclarations de Grendo S'orn ? Alyslex s'improvisait journaliste, elle était tout simplement heureuse de pouvoir parler à une sénatrice.

- Je ne vois aucun soucis qu'il tente sa chance ! Plaisanta Evea avec un large sourire qui se transmit à son interlocutrice. Je descend à cet arrêt, si vous prenez cette ligne régulièrement nous pourrions nous recroiser. Bonne journée à vous.

- Aurevoir Mademoiselle Ekway. Conclue Alyslex alors que la sénatrice descendait.

Gaelsha Dodgrim continua sa route sans trop se poser de question.

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Quelques minutes plus tard elle était dans l'eau. Pour s'échauffer rapidement, elle entreprit de faire quelques longueurs, facilitées par le peu de personnes présentent aux bains à cette heure de la journée. Armée de son maillot de bain blanc, la pantoranne exerça un cent mètres sans trop de difficulté, la nage était vraiment un sport complet qui, pratiqué régulièrement, permettait un entretien du corps propice à une vie bien vécue.

A peine eue-t'elle atteind le bord, qu'elle aperçu quelqu'un de sa connaissance lui faisant signe quelques mètres plus loin, c'était la sénatrice Ranya en personne qui s'avança vers elle à grande enjambées. Quel hasard succulent qui fit sourire la pantoranne - ce qui n'était pas bien compliqué en définitive - lorsque son homologue arriva devant elle.

- Sénatrice Ranya, quel hasard que de nous retrouver ici !

Tchiïki Ranya
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Je retournais son sourire à la Fleur bleue, avant de lui répondre d’une voix aimable et douce :

- Bonjour, Evea ! Figure-toi qu’il se pourrait que j’ai très légèrement provoqué notre rencontre, il s’avère que j’ai terminé ce matin mon passage en revue de tes propositions de loi et que j’aurais aimé que nous discutions ensemble des modifications qui pourraient être apportées à ces textes. Ainsi, je me suis rendue jusqu’à ton bureau en début d’après-midi, mais un de tes assistants m’a appris que tu te trouvais ici ! Accepterais-tu que je me joigne à toi ? Comme d’habitude, j’ai quelques douleurs au niveau des lombaires et je pense que barboter quelque temps ne me ferait pas de mal.

Je n’étais absolument pas effrayée à l’idée de vieillir, je dirais même que prendre de l’âge me faisait presque plaisir, car cela signifiait que je gagnais encore en maturité et que j’accumulais expériences et rencontres. Communier, être en contact avec les autres, les accompagner ne serait-ce que l’espace d’un instant, œuvrer ensemble pour plus de partage et une plus grande solidarité, ainsi que rendre possible toutes sortes d’échanges ; voici des idéaux que je chérissais sincèrement, autant que j’appréciais ma modeste existence. Après tout, nos vies ne devraient être faites que pour être pleinement vécues au service d’autrui, ainsi à quoi bon se soucier outre mesure, se tarauder, d’une mort que l’on sait indubitable. Cela étant, je dépréciais tout de même que le fait de prendre de l’âge coïncide avec l'apparition de douleurs, au niveau de mes articulations et de mes muscles fatiguant. Naïve, je croyais être tranquille une fois la souffrance mensuelle, due aux crampes menstruelles, disparue. Paraîtrais-je d’autant plus candide et ingénue si j’espérais que mes confitures des groseilles et de mûres, ainsi que les câlins de mon petit Isidore constituerait un puissant antidouleur ? Quittant mes pensées, je repris la parole :

- Enfin, oublions le temps de quelques longueurs le côté rébarbatif de nos fonctions et concentrons-nous sur ce qu’elles ont de plus réjouissant ! J’aimerais féliciter la Sénatrice, dont le maillot de bain est particulièrement joli, qui se trouve face à moi pour l'adhésion de sa délégation à l’Union galactique des Systèmes solidaires. Tu peux être fière de toi, Evea, une pareille réussite n’est point à la portée de tout le monde ! Quel objectif as-tu en vue désormais ? J’ai appris que des élections sénatoriales seraient prochainement organisées sur Alderaan, je compte évidemment sur toi pour y être candidate ! N’hésite pas, je t’en prie, si tu désires que nous menions, main dans la main, une campagne tambour battant. D’autant plus que cela pourrait faire office d'entraînement pour les élections générales de l’an prochain, je dois t’avouer que j’ai de grands projets et il m'apparaît que nous pourrions finir imbattables si nous additionnions l’ensemble de nos talents.

Cette Pantorane avait bien des qualités qu’elle ne soupçonnait que trop peu, en tête desquelles se trouvait, selon moi, son jeune âge. En effet, ce dernier pouvait avant tout être synonyme d'espérance, un véritable mantra en politique. Moi aussi, j’avais eu trente ans et me rappelais, comme si c’était hier, combien j’étais bercée de rêves à cet âge. Dire qu’à cette époque, j’étais encore une professeure et dirigeais modestement quelques recherches sur Chandrila.

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Evea Ekway
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La sénatrice Ekway était vraiment originale, transcendant sous toutes les coutures l'archétype de la politicienne régulière. Elle n'était pas ridée par le poids des années, ni la mine surmaquillée comme toutes bourgeoise coquète, elle n'avait pas le visage fermé et dénué d'empathie, sans être souriante jusqu'en en devenir fausse et hypocrite. Evea Ekway possédait un sourire naturellement enjoué, accompagné d'un doux visage sans apparats ni aucun maquillage, n'ayant pas besoin de se perfectionner le visage, son aspect naturel suffisant amplement. Peut-être aussi car elle acceptait la présence fortuite de petites cernes à l'occasion de quelques nuits chargées en masse de travail.

Et la pantoranne écoutait avec la plus fine attention son homologue tout aussi resplendissante à sa manière. La Togruta la dépassait de plusieurs dizaines de centimètres, sûrement facilitée par ses montrals propre à son espèce. Ainsi Evea observait, de ses grands yeux jaunes, Tchiïki en contre-plongée alors que cette dernière lui demanda très jovialement si elle pouvait se joindre à elle. Les deux sénatrices, de part leurs idéologies détachées de tout matérialisme superflu, ne possédaient pas de piscine privée dans quelconque demeure.

- Mais tout naturellement, cela me ferai très plaisir de pouvoir discuter en dehors de tout cadre prédéfinis à notre activité commune. Elle esquissa un vaste geste du bras.

En toute réponse, Son homologue inclina imperceptiblement la tête, souriant toujours. Elle repris donc la parole en complimentant la tenue aquatique de son amie, entama un jovial dialogue silencieux, Evea lui rendit un autre sourire tout aussi large. Adjoignant un signe de tête pour les félicitations professionnelles qui lui furent par la suite présentées. Cependant son sourire se tarie lorsque ce fut à son tour de prendre la parole pour répondre à la question des élections sénatoriales :

- Tout d'abord sachez, (Evea avait toujours du mal à tutoyer ses collègues) sache que c'est un grand honneur d'avoir un petite place dans ces grands projets. Mais pour l'instant, pour tout te dire, j'avais bel et bien prévue de me présenter aux élections sénatoriales pour la délégation d'Alderaan. Elle s'assit sur le rebord du grand bain. Sur Alderaan nous avons que très peu de candidats aux élections, par exemple les élections au titre de Vice-Roi n'ont comptées que trois candidats, comme vous le savez c'est Elvis Ulgo qui les a emportées. Revenant à son problème elle se pencha en arrière, battant l'eau des pieds. Ainsi, pour l'instant seul un candidat s'est présenté pour le poste que j'occupe actuellement : Igum Serrus. Mais d'autres viendront surement s'y ajouter sous peu. Son élastique lâcha et ses cheveux rosés se défirent, glissant sur ses fines épaules. Tout en les rattachant elle continua. Ma délégation devrait être sous peu ajoutée à la liste des candidats aux sénatoriales, ce n'est qu'une question de jours. Mais déjà j'ai le soutien direct de la famille Organa, la plus influente et surement la plus appréciée des maisons nobles, ce qui n'est pas rien. Et puis le peuple semble m'apprécier, et c'est tout ce qui compte vu que c'est le suffrage universel direct qui décidera de la place de sénateur. Evea sourit de plus belle à son amie. Mais tout soutien supplémentaire ne serai pas de refus en effet. Elle s'arrêta ici, ne parvenant pas à attacher d'une manière efficace sa chevelure. Une problème que la Togruta ne rencontrait pas.

Elle avait ainsi signifiée à son amie que si la délégation de Chandila voulait faire une déclaration ou un communiqué pour soutenir sa candidature, ce qui se faisait lors de telles élections locales, ce serait un appuis supplémentaire pour la petite pantoranne.



Tchiïki Ranya
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Evea m’y ayant autorisée, j’entrais prudemment dans le bassin, la main droite solidement accrochée à la rampe qui longeait les quelques marches s’enfonçant dans l’eau. J’eus à peine le temps de mettre un pied dans la piscine, que je fus déjà surprise par la température de l’eau, je m’attendais en effet à ce que cette dernière soit tout de même plus élevée ! C’était aussi cela l’ultra-libéralisme, il ne restait plus ne serait-ce qu’un pécule à allouer aux services publics, l’eau des piscines était donc froide. Qu’à cela ne tienne, je décidai de prendre mon courage à deux mains et de m'immerger jusqu’à la taille. J’observai ensuite l’expression d’Evea changer et l’écoutai, curieuse. Je plissai les yeux, puis lui répondis :

- Tu apprends chaque jour un peu plus comment tirer avantage des situations politiques les plus complexes, je pense donc que petit à petit, tu deviens de plus en plus qualifiée pour assumer de très hautes responsabilités. Ne t’es-tu jamais imaginée ministre, par exemple ? Revenons néanmoins à des préoccupations moins lointaines, je crois me souvenir que c’est cet Elvis Ulgo qui a, en bon tyran, choisi de congédier ta prédécesseure… Ne laissons pas ce brigand semer plus d’embûches sur ta route, connaissant ce genre d’homme, il va certainement chercher à imposer son candidat aux habitants d’Alderaan. C’est un très bon point que tu te sois arrogé le soutien de la famille Organa, j’ai déjà eu l’occasion de les rencontrer et il m’est apparu qu’ils étaient tous d’une parfaite droiture, je suis convaincue qu’ils t’aideront à repousser les attaques du Vice-roi. Je ne manquerai évidemment  pas, moi non plus, de signifier mon soutien à ta candidature ; nous verrons si il est également possible d’organiser un déplacement commun sur Alderaan. Légèrement amusée par la difficulté que rencontrait ma collègue à attacher ses cheveux, je n’hésitai pas à tendre une main, en direction de celle dans laquelle elle conservait son chouchou, comme pour lui offrir un peu d’aide. Après tout, j’avais eu une fille et ne pouvait guère m’empêcher de parfois retrouver certains instincts maternels. Toujours était-il que je retournai à mes analyses politiques :

- Te souviens-tu de ce jour où nous étions parties à la rencontre des cadres de l’Union galactique des Systèmes solidaires ? Je suis encore contrite que mon petit-fils soit tombé malade au même moment, j’aurais tellement préféré ne pas avoir à m’absenter et négocier avec toi. Quoiqu’il en soit, étant donné que la délégation que tu conduis appartient désormais à ce parti, ne crois-tu pas que nous pourrions espérer peser dans la balance l’an prochain ? Après tout, de mon côté j’ai, comme tu le sais, réussi à obtenir les voix de la Coalition populaire des Mondes opprimés et de l’Union galactique des Systèmes solidaires, pour ravir la présidence de la Commission sénatoriale du Trésor et de l’Economie, au Front libéral républicain. De plus, j’ai aussi reçu plusieurs réponses à l’appel au rassemblement que j’ai publié dernièrement, il me semble qu’il existe une réelle chance que l’Opposition parvienne à ne présenter qu’un candidat face au Chancelier sortant. Cette personne ne pourrait en aucun cas être Jeresen Fylesan, Ress Laz'ziark ne me semble pas non plus être un choix judicieux, elle n’est nullement douée de charisme et les membres de la CPMO n’accepterons jamais de se rallier à elle, tant ils méprisent la Confédération générale du Travail qu’elle dirige. Depuis la cuisante défaite qu’il a subi lors des élections présidentielles de l’Alliance galactique des Puissances unies, As'k Orgoul a lui aussi perdu toute crédibilité, il ne ferait jamais le poids contre Grendo S’orn. Pour que nous nous unissions, il nous faudrait une vraie personnalité d’avenir.

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Evea Ekway
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Souvent vous passez à côté.

Vous n'y faites pas attention, habitués que vous êtes à sa présence fortuite.

La majorité d'entre vous se contente de voguer sur son habitus sans se questionner sur la présence de ce petit rayon de soleil.

Il faut être un tant soit peu philosophe, ou au minimum esthète pour se rendre compte de sa présence dans la plus petite chose ridicule que vous manipulez ou observez chaque jours.

Il faut être philosophe pour se rendre compte de son omniprésence. Et peu d'entre nous le sommes. Car nous sommes fondés sur notre habitus, ne nous questionnant plus sur la Beauté de ce monde. Chaque jours nous passons devant de multiples Beautés sans y prêter attention.

Cela peut aller du banal rayon de soleil formant une colonne perçant les nuages, venant éclairer la paroi vitrée d'un immeuble, reflétant ce trou de lumière sur les tours voisines. La Beauté peut être plus concrète, lorsque vous observez un jeune homme vous plaisant dans les transports, mais que vous vous en détournez lorsque votre arrêt de métro approche. Tout ces petits détails, nous n'y faisons plus attention.

Mais il y a de ces fois, où perdu dans vos pensées, vous jetez un regard par la fenêtre de votre maison et, ne pensant plus à rien, la Beauté de cet olivier, dépassant au dessus des lavandiers, le rond du soleil surmontant le petit arbre sur un fond azuré, il y a de ces fois où de brèves visions disparates vous frappent de leurs Beauté.

Certaines de ces petites visions vous permettent de vous rendre compte que la Beauté est en toute chose, mais que vous n'y faites plus attention. Pour ma part, je trouve une Beauté enivrante dans une vision naturelle, par exemple. Lorsqu'il a plu toute la nuit d'un orage aux milles tourmentes, mais qu'au petit matin, le ciel se dégage pour afficher sa voûte d'un bleu absolument envoutant (Nous n'y faisons plus attention, mais je prend le temps occasionnellement de lever les yeux au ciel et d'apprécier cet azur au dégradé blanc.)

Et cette vision de Beauté se prolonge par cette rosée aux milles reflets, lorsque les rayons de soleils viennent frapper les cimes des sapins, et que l'humidité de la pluie s'évapore lentement, quittant la forêt, grimpant jusqu'au sommet de la montagne, la condensation lèche les cimes des arbres pour rejoindre dans un blanc ballet la nappe nuageuse qui a fini par engloutir le sommet de la montagne. Au grès du vent, cette nappe nuageuse s'enroule dans des tourbillons presque fantomatiques, glissant doucement entre les pointes des sapins immobiles, comme une rivière coulerait sur un râteau.

Voilà une vision de toute Beauté - avec une majuscule - qui me fait vibrer intérieurement. Excusez-moi pour ce petit moment de philosophie, mais il était important pour moi de mettre sous écrit cette Beauté nuageuse que j'ai pu observer encore une fois ce matin mais toujours avec autant de plaisir. A présent l'auteur se tait et laisse parler le récit fictionnel.



Evea écouta avec attention la première partie de la réponse de son amie, émettant un questionnement sur son accession au Gouvernement. La pantoranne n'en avait jamais parlée, et n'en parlait jamais. Et pour cause : Elle n'y pensait pas. Voyons ! Un peu de bon sens, elle était bien trop honnête et même un poil ingénu pour pouvoir tenir un tel poste, déjà que sa position de sénatrice est remise en question chaque jours, comment pourrait-elle imposer le respect à la tête d'un ministère ? Hérésie que tout cela !

Mais - Parce que ce petit mot était toujours quelque part dans une idée fondée - il est vrai que son empathie légendaire pourrai surement la faire réussir aux postes les plus sociaux, un simple sourire de sa part et n'importe qui accordait confiance en ses dires. Et pourquoi ce prérequis que tous les membres d'Etat devraient être pervertis, aigris, et encore moins dignes de confiance ? Pourquoi pas changer cela ?

Tchiïki émettait là une hypothèse à la trajectoire tout simplement séduisante.

La question qu'elle avait posée ne cherchait pas de réponses mais visait à faire réfléchir Evea, ce qui avait porté ses fruits. Elle fut cependant tirée de cette introspection passagère par le geste d'aide que fit son amie, afin de lui apporter soutien dans son combat avec ses cheveux mouillés. Elle accepta d'un sourire. La Togruta n'en possédait pas, mais savait bien se débrouiller pour attacher fermement une chevelure rebelle.

- Merci infiniment. Dit-elle comme d'habitude.

Tchiïki lui sourit avant de reprendre la discussion. Elle resta sur le même sujet mais passa à une dimension macroscopique, parlant ainsi des élections à la chancellerie, dont tout le monde parlait mais que tous redoutaient. Lorsqu'elle eue terminée, émettant l'idée d'une figure de proue pour l'opposition, Evea lui demanda faussement ingénument :

- Et as-tu une idée en tête pour cette personnalité d'avenir ?

Et sans attendre la réponse, qu'elle pensait connaitre, elle plongea et entama une traversée en crawl du cinquante mètres où elle bâtît son record de la journée en traversant la distance à trente secondes environ. Son record général était à peine plus court, mais traverser aussi vite ces cinquante mètres sans échauffement en trente secondes était preuve d'une bonne habitude.

Elle avait été suivie par Tchiïki, tout naturellement.

Tchiïki Ranya
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Pendant qu’Evea fonçait tête baissée et accomplissait une longueur en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je profitais paisiblement de ma traversée. Au milieu des remous que la Pantorane avait créés, ma superbe exécution de la brasse passait inaperçue et mon esprit vagabondait. J’avais évidemment saisi le sens caché de sa question rhétorique, mais si je devais être amenée à me présenter, il faudrait que nous soyons toutes et tous certains, que j’étais la plus à même de porter l’alternative, qui ferait tomber le d’ores et déjà candidat à sa réélection. Une fois arrivée de l’autre côté du bassin, je félicitai une Evea essoufflée et lui proposai d’opter pour la brasse, cette fois-ci. Je me demandai, soudain, ce que pourraient penser nos collègues Sénateurs de cette excursion à la piscine. Amusée par cette interrogation, je m'empressai de la partager avec la petite bleue :

- À ton avis, que diraient les autres élus de la rotonde, si ils savaient que nous nous mêlons de la sorte au commun des mortels ? A-t-on seulement déjà aperçue deux Sénatrices, en maillot de bain, dans une piscine publique comme celle-ci ?

Voyant Evea réfléchir ardemment à cette question des plus intellectuelles, je repensai aux figures de mon entourage qui auraient la niac et la stature nécessaires à l’exercice de la fonction dite suprême. Tout d’abord, il y avait Alysanne que je connaissais on ne peut mieux, une femme très populaire et qui avait le sens du verbe. Seulement, aurait-elle envie de se lancer dans une nouvelle campagne éprouvante ? Celle qui aurait dû la porter à la présidence de l’AGPU s’était achevée par un désastre, qu’elle avait toujours du mal à surmonter, j’étais donc déjà tout à fait sûre qu’elle balayerait la moindre proposition d’un revers de la main. Il y avait ensuite le bel Alan Bresancion, avec qui j’avais continué de sympathiser depuis notre rencontre ; il était certes doté d’un charisme fou et de l’étoffe d’un grand dirigeant, toutefois, il se tenait en retrait de la vie politique républicaine depuis plusieurs années. Il fallait dire que sa position actuelle n'était guère aisée : il n’était en effet plus le membre du gouvernement qu’il était autrefois. Je n’osais pas non plus imaginer ce que cela faisait de se voir contraint de quitter la tête du parti, que l’on avait soit même fondé, dépassé par la radicalisation de sa base. Pourtant, le Sénateur de Naboo tenait bon et restait fidèle à ses aspirations de toujours, simplement à l’écart, pour l’heure, de tout nouvel engagement partisan. Pouf, nous avions regagné notre point de départ et avant que nous repartions, je me risquai à évoquer, sur un ton résolument délicat, un sujet qui susciterait certainement quelques balbutiements chez Evea :

- Dis-moi, Evea, je comprendrais que maintenant que tu es Sénatrice, tu es une femme fort occupée, mais as-tu déjà songé à la vie de couple ? Tu sais, pour ma part, je suis tombée amoureuse très jeune ; il s'appelait Riko, c’était également un Togruta et un passionné de lecture et de nature. Entrer de la sorte sur le terrain des sentiments avait le don de me donner le cœur grenadine, je fis mine d’esquisser un sourire, gênée, mais heureuse.

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Evea Ekway
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Evea resta à demi-immergée dans l'eau jusqu'aux épaules, se tenant au bord de la piscine, elle toucha du pied les carreaux de la paroi immergée. Apparemment ces carreaux étaient phosphorescents, c'est-à-dire que la nuit les piscines étaient illuminées d'elles mêmes, ce qui devait créer de beaux effets de réflexion sur le plafond vitré des bains publics. Ce serai à essayer à l'occasion, si Tchiïki était emballée, elles pourraient y revenir en soirée un autre jour. La pantoranne détourna le regard des carreaux et releva la tête vers sa collègue lorsque celle-ci lui posa une question. Elle y réfléchit une seconde, si on les voyait ainsi, et bien...

- Je suppose que cela ne fasse pas scandale, je trouve justement que les sénateurs ne sont pas assez proches du peuple pour pouvoir les représenter optimalement. Et puis peut-être un jour verra-t'on une chancelière y nageant. Elle avait répondue fort sérieusement.

Et puis de toute façon, comme nous l'avions vus au premier post, peu de citoyens ne s'intéressaient à la politique pour pouvoir reconnaitre les sénatrices d'Alderaan et de Chandrila, les pantorans étaient peu nombreux sur Coruscant mais tout de même présents, et ne parlons même pas des populations de Togruta que nous comptions par centaines de millions sur la planète capitale. Alors bon, deux représentantes de ces espèces dans un bain public, les gens n'y faisaient guère attention. Et puis elles étaient vivantes tout comme le reste des coruscantis, elles avaient bien le droit d'aller aux bains publics !

Il ne fallut pas plus d'une seconde supplémentaire pour que les deux sénatrices repartent à la nage, cette fois plus calmement en empruntant la très gracieuse nage de la brasse. Arrivées de l'autre côté du bassin, Tchiïki changea encore une fois de sujet, c'était comme si elle avait débutée sur un débat très formel pour fondre peu à peu vers le personnel puis vers l'intime. S'en était presque déstabilisant de constater la manière dont le Togruta avait bâtît ses tactiques d'échanges.

Ou bien demandait-elle tout ce qui vagabondait dans son esprit ?

Bizarrement ce n'était pas la première fois qu'on lui posait cette question, et d'habitude la pantoranne répondait sobrement "Non, je n'ai pas le temps de me poser une telle question", mais le vent avait légèrement tourné ces derniers temps, alors elle combla le bref silence par une p'tit rire nerveux avant de répondre :

- Ah ah ! On dirait que nous discutons d'un secret d'Etat. Elle plongea son regard dans le remous de leur nage qui s'estompait. Ma dernière relation remonte à l'Université, soit d'il y a huit ans. Il s'appelait Bail Serrus, un humain d'Alderaan qui étudiait les mathématiques. Tu remarquera qu'il est de la même famille que mon premier concurrent aux sénatoriales... Igum Serrus est l'oncle de Bail. Se rendant compte qu'instinctivement elle tentait d'éviter la question, elle se recentra sur une réponse sincère. Mais bon bref... C'est du passé. Ca va t'étonner, mais il se trouve qu'un militaire me plait peut-être. Oh mais pas un militaire qui aime la guerre ! Non, un soldat qui n'utilise la violence qu'en dernier recours. Elle sourit à son amie, jugeant lui en avoir dit assez. Pourvu qu'elle n'aille pas creuser d'avantage.

C'est vrai que cela pouvait être étonnant qu'un soldat tape dans l'œil d'Evea alors qu'elle se disait profonde pacifiste et n'appréciait guère l'appareil militaire républicain. Et pourtant, tous les soldats n'étaient pas de sanguinaires bellicistes, certains ne faisaient que leur travail et savaient remettre en cause certains ordres à la violence gratuite. Certains soldats n'utilisaient la violence que si elle était nécessaire à leur survie ou à l'extrême réussite d'une noble cause.


Tchiïki Ranya
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Face à l’application dont Evea fit preuve, j’opinai du chef, avant de déclarer à mon tour :

- Sois assurée que si nous parvenons à faire tomber Grendo S’orn, la nouvelle Chancelière ne manquera jamais une occasion de venir faire un plouf à la piscine, un beau soir après sa rude journée de travail. Tout comme elle prendra la peine de faire elle-même quelques courses et cuisinera certains plats, parce que comme tu le soulignes très justement, la caste politique à laquelle nous appartenons est bien trop souvent déconnectée des réalités du terrain. Après tout, il était vrai que je faisais, le plus souvent, en sorte de faire moi-même mes courses. Pas plus tard qu’hier, j’avais été fort satisfaite de tomber sur un très joli chou bio et quelques saucisses du terroir, ingrédients essentiels à la confection d’une bonne choucroute. Je n’en raffolais pas et d’ordinaire, je n’en n’aurais jamais cuisiné pour moi seule, mais il s'avérait que c’était le plat favori de Matoaka, ce qui m’avait en quelque sorte obligée à faire une concession. Si vous tenez à tout savoir, nous avions achevé ce repas par un dessert que ma collègue affectionnait tout autant : une coupe de yaourt bul’gaar glacé, toujours dotée de son coulis de fruits rouges. La vieille ithorienne répétait sans cesse que le yaourt bul’gaar avait de très bonnes propriétés nutritionnelles et qu’il n’y avait rien de meilleur pour le système digestif et la flore intestinale – la cadence de ses flatulences prouvait en effet qu’elle était une experte du sujet. Même si je devais bien avouer, que Grendo S’orn restait l’ultime spécialiste du foutage de merde. Sans attendre, je reprenai la parole, l’air pensive :

- Cela représente d’ailleurs un insupportable paradoxe, tant la politique devrait avant tout demeurer une affaire populaire ! Je ne te cache pas que je rêverais de voir fleurir, un peu partout sur les Mondes de la République, des assemblées citoyennes en constante émulation. J’imagine que de tels dispositifs permettraient à nos concitoyens de reprendre la main, sur les décisions, que nous prenons en leur nom, parce qu’il n’y a rien de mieux qu’un peuple intéressé, qui ose se réapproprier la conduite des affaires publiques. Renouvelons également l’offre politique existante, rendons la plus désirable, afin que le plus grand nombre soit tenté de se mobiliser davantage, lorsque vient une échéance électorale. Tout en continuant à nager, je tournai la tête pour offrir un clin d'œil à Evea.

- Tiens, si votre relation ne s’est pas achevée par un déchainement mélodramatique et que tu es toujours en contact avec ce Bail Serrus, n’hésite pas à user de tes charmes, pour lui soutirer quelques précieuses informations ; si elle venait à apprendre que tu as fait cela, Alysanne serait fière de toi. Effectivement, je n’aurais pas tout de suite pensé à un militaire, j’aurais plutôt opté pour un médecin. Eh oui, je sais que tu t’es entichée du beau Balian Atraïde et que vous préparez je-ne-sais-quoi dans les bas fonds ! Enfin, j’espère que cette relation aboutira et que tu sais, que je reste disponible pour toi, au cas où tu as besoin de quoique ce soit, vis-à-vis de cette nouvelle histoire ! Je concluai et retournai un timide sourire à une Evea qui l’était peut-être tout autant, tandis que nous barbotions toujours.

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Evea Ekway
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Bail Serrus était un nom qui allait marquer l'histoire dans les décennies à venir, transcendant les conflits à venir, Bail Serrus serait un Alderanien qui ravirait occasionnellement les Unes de News à travers la République aux rébarbatifs nouvelles des guerres frontalières. Bail Serrus deviendrait bientôt un nom reconnu dans le milieu sportif, notamment dans le milieu du Grav-ball et de l'Ice-boarding. Il ramènerai par exemple en 21.581 la coupe Trellenienne de Grav-ball ainsi qu'en 21.583 il remporterai le championnat républicain d'Ice-boarding en exerçant un 1080, soit trois tours complets en l'air à près de douze mètres au dessus de la rampe. Des records remportés par le jeune alderanien.

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Bail Serrus, Holo-Picture familiale.

Mais ces succès sportifs n'étaient pas encore réalisés, et pour l'instant Bail Serrus continuait à s'exercer dans ses temps libres dans quelques clubs réputés d'Alderaan. Evea avait gardée un contact fugace avec le jeune homme avec qui elle s'entendait toujours bien, elle savait donc que Bail exerçait à présent une position de Chef Analyste Trajectoire au Ministère des transports alderanien. Un job intellectuel en attendant de se lancer dans une véritable carrière sportive qu'elle ne savait pas encore que ce serait une immense réussite, mais dont elle ne doutait point.

Elle ignorait également que Bail Serrus allait mourir en 21.590 lors d'une terrible chute en escalade, une nouvelle pratique sportive qu'il prévoyait de maitriser. Cela nul ne pouvait encore le prévoir, mais quoiqu'il en soit, Evea connaissait toujours Bail Serrus, et ce que proposait sa collègue pouvait être réalisé, mais cela ne correspondait guère à Evea qui n'était pas du tout enjôleuse, contrairement à Alysanne, la pantoranne ne savait absolument pas jouer sur son sens de la séduction qu'elle ignorait totalement d'ailleurs.

- Balian Atraïde ? Il est vrai qu'il a toujours été très aimable envers moi. Il est certe fort mignon, mais sa famille m'intimide beaucoup trop pour envisager quoique ce soit. Tu saurai de quoi je parle si tu avait rencontré sa tante ou ne serait-ce que son oncle...

Et la discussion dura ainsi quelques temps où les deux Sénatrices se détendirent en discutant de sujets diverses et variés et d'un commun tout à fait naturel. D'abord elles parlèrent timidement de leurs relations, tout du moins Tchiïki en parla bien plus qu'Evea était capable de développer son unique aventure. Puis elles vinrent à d'autres sujets moins personnels, surtout lorsque la Sénatrice Ranya aborda le sujet de la cuisine et ne pu s'empêcher de parler de la succulente choucroute qu'elle était parvenue à cuisiner, puis elle dévia en demandant comment Evea parvenait à garder une telle finesse, ce qui enfouie encore plus cette discussion dans un banal que nous ne saurions voir dans un tel sujet.

Mais elles s'entendaient bien ces deux amies. A merveille même.

Elles exercèrent encore quelques longueurs avant de décider de sortir des bains publics en constatant l'afflux grandissant de personnes dans les piscines. C'est ainsi que les deux femmes quittèrent le bâtiment central, se changèrent et sortirent dans le Hall où un petit café attira l'intérêt de Tchiïki qui proposa à la pantoranne de lui offrir un verre.

Après l'effort, ...


Tchiïki Ranya
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꧁⚝꧂


Quelle agréable session de natation nous venions de passer, Evea et moi ! Pouvoir me détendre ainsi et profiter de ce moment en compagnie de la jeune Sénatrice d’Alderaan étaient deux choses fort positives. Une fois sorties du bassin, nous prîmes ensemble la direction des douches, après quoi nous nous séparâmes momentanément, passant chacune par le casier dans lequel nous avions déposé nos affaires en arrivant et par un vestiaire distinct. Evea en sortit la première, elle se parfuma – d’une fragrance aux nuances de fève de tonka et de vanille bourbon – et tira profit de son attente, en se séchant légèrement les cheveux. Au moment où nous traversâmes, pour la seconde fois aujourd’hui, le hall des bains publics, mon regard fut happé par le “Café meringue”. M’étais-je tant précipitée lors de mon arrivée, que j’en avais manqué ce bijou ? Sans même y entrer, j’observai, qu’à l’instar du reste de l’édifice, ce café était d’un style Art déco, de très bon goût, où se retrouvaient cuivre, glaces, marbre, plafonds à caissons et vitraux. Tentée, je posai malicieusement à Evea la question suivante :

- Nager toutes ces longueurs m’a quelque peu ouvert l’appétit, que dirais-tu que nous allions nous réconforter autour d’un chocolat vien’noiht ? Dès qu’elle eut accepté, nous entrâmes et nous fîmes accoster par un Céréen, serveur. Il nous conduisit jusqu’à une table plutôt isolée, nous laissant ainsi tout loisir d’admirer les produits proposés : il y avait des biscuits, des chocolats, des confiseries, des crèmes glacées (ainsi que des sorbets), des pâtisseries et évidemment.. des meringues, sous toutes les formes déclinées, de la plus classique, à la plus créative ! Ils étaient disposés avec un tel soin, que ce dernier ne pouvait qu’accentuer leur raffinement et que l’on aurait presque pu se croire dans la galerie d’un musée. À en croire le Céréen, tous ces mets étaient confectionnés dans d’anciens moules en bois et métal argenté et élaborés selon des recettes jalousement gardées, de quoi perpétuer la tradition artisanale, qui avait tout de même construit la réputation du café. Une fois que le serveur eut achevé sa présentation, je lui commandai le goûter suivant :

- Très bien, écoutez, monsieur, ces explications furent fort intéressantes ! Je suis certaine que nous apprécions d’autant plus vos produits désormais, à ce propos, je pense opter pour un chocolat vien’noiht, que j’accompagnerais volontiers d’un macaron au cassis et d’un autre à la framboise. Je les ai repérés tout à l’heure et je suis prête à en raffoler ! Je laissai Evea passer, à son tour, commande auprès du Céréen, avant de lui signifier que je devais me rendre aux toilettes. Étant donné que la Pantorane n’était pas toujours très loquace, elle me sourit pour toute réponse, ignorant que je n’avais en fait pas la moindre envie de faire pipi – j’y étais déjà allée, après que nous ayons quitté les douches. Il me semblait en fait opportun de sortir du “Café meringue” l’espace d’un instant, pour retourner voir Brisdenis, le droïde à qui j’avais, en catastrophe, acheté le maillot de bain, que j’avais porté aujourd’hui. Quelques minutes après mon départ, je fis déjà mon retour et me réinstallai face à Evea, un petit paquet en papier à la main. Je lui tendis, un sourire aux lèvres, lorsqu’elle l’ouvrit, elle y découvrit un bonnet de bain et une carte disant : “Pour éviter que tes cheveux, mouillés, ne s’emmêlent de nouveau. – Tchiïki”

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Evea Ekway
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- Je vous prendrai également un chocolat vien'noiht... Avec une meringue que vous nous avez tant vendu. agrémenta-t'elle d'un sourire.

Le serveur demanda aimablement quel type de meringue elle désirait, en énumérant des parfums qu'elle n'aurait pu imaginer. En proie à un flot de possibilités, elle opta pour la carte de la facilité et de la surprise :

- Choisissez pour moi, s'il vous plait. Le serveur acquiesça et s'éloigna.

Finalement Tchiïki Ranya décida de s'éloigner à son tour, Evea lui sourit avant de se retrouver seule à la table. Assise toute seule à cette petite table vide, elle ne trouva comme occupation que d'observer les passants du Hall. La pantoranne posa sa tête sur son avant-bras, et zieuta ainsi les gens qui entraient et sortaient en se questionnant sur leurs vies, étaient-ils heureux ? Quel était leur job ? Venaient-ils ici tous les jours ? La Fleur Bleue fit cela pendant quelques minutes.

D'abord elle remarqua un homme de très grande taille, portant un long costume et tenait un data-pad à la main. Ses chaussures brillaient de propreté, c'était comme s'il avait un rendez-vous, ou bien qu'il se rendait tout simplement au travail, mais cela était tout de même étrange qu'un homme si bien vêtu se "rende au travail" aux bains publics. Elle en déduisit donc que l'homme qu'elle observait quittait son lieu de travail pour venir se défouler un moment dans l'eau des piscines, avant de rentrer chez lui.

Ensuite ses yeux furent attirés par une mirialian qui entrait dans le Hall par les large portes, marchant à toute allure sur le marbre de la salle. Evea laissa glisser son regard pour voir vers quoi - ou qui - elle marchait ainsi : Un mirialian sortant des vestiaires, reboutonnant sa chemise. Mais dès que ce dernier aperçu la mirialian, il stoppa son reboutonnage pour l'accueillir dans ses bras. S'en était touchant d'amour, mais Evea eue la vue obstruée par une Togruta qui s'installa de nouveau en face d'elle.

Tchiïki était réapparue sans que la pantoranne ne s'y attende, et lui tendit un paquet. Evea adressa un grand sourire à son amie et ouvrit ce qui s'apparentait à un cadeau. Et lorsqu'elle y découvrit un bonnet de bain avec un petit mot des plus agréables, son sourire redoubla d'intensité et Evea articula un remerciement involontairement minimaliste :

- Oh ! Merci beaucoup, j'en ferai bon usage. C'était exactement ce qu'il me fallait ! Tchiïki lui rendit son sourire.

Le serveur, constatant que la Togruta était de retour, jugea bon d'apporter leur commande. Et en silence, il déposa les deux chocolats vien'noiht devant les Sénatrice et plaça une petite assiette contenant les deux macarons pour Tchiïki ainsi que la meringue rosée destinée à Evea. Et il tourna les talons, retournant servir d'autres clients.

- Hola ! Jamais je ne pourrai manger cette meringue à moi seule. Regarde donc la taille, si tu ne m'aide pas je devrai la faire emballer pour plus tard. D'ailleurs, je voulais te demander, je ne vois guère de représentants de cette espèce sur Alderaan, ou même Coruscant, comment s'appellent-ils déjà ? Elle fit glisser son regard vers le serveur Céréen qui était retourné derrière le comptoir.

En effet, elle ne pensait pas que la meringue serait aussi volumineuse, le Céréen n'avait pas pris en compte la petite taille de la pantoranne qui se couplait assez facilement à son minuscule appétit.

Tchiïki Ranya
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Et voici qu’arrivaient nos boissons chaudes et leurs mignardises, sans plus attendre je récupérai l'une des deux tasses et la portai à mes lèvres. Je me réjouis de constater que ce lait cacaoté, surmonté d’un tourbillon de crème fouettée, se trouvait à la température parfaite, pour que je puisse m’en délecter ! Après quelques gorgées, je croquai dans le macaron au cassis et n’hésitai pas à goûter, à plusieurs reprises, la meringue commandée, presque malgré elle, par la petite Pantorane.

- Cet homme appartient effectivement à une espèce relativement peu répandue dans la Galaxie : c’est un Céréen. Ils sont originaires de Céréa, une planète agricole qui ressemble en partie à Chandrila, surtout pour ses paysages boisés et vallonnés ! Il me semble que sa capitale et plus grande ville se nomme Tecave City, le reste des habitants préférant la ruralité, une multitude de villages sont ensuite disséminés sur Céréa. Il existe également de nombreuses mers intérieures sur cette planète, qui se situe d'ailleurs dans le système céréen, un système stellaire du secteur Semagi, comprenant trois étoiles, Céréa et sa lune. Le secteur Semagi s'inscrit, lui, dans la Bordure médiane. ​Au plus je fus en mesure de trouver de nouvelles informations à apporter à la sérieuse Evea, au plus je le vis s’afférer, pianotant sur son datapad. Dès qu’elle eut semblée à jour, je poursuivis :

- Les êtres vivants à Tecave City, ou dans les villages agricoles, sont quasi-exclusivement des Céréens, pourtant, si tu te rendais sur Céréa, tu pourrais toujours croiser de rares groupes d’humains, ou d’Ithoriens, mais ils seraient presque tous chercheurs en biologie. Lorsque j’étais encore l’une d’entre eux, j’ai participé à un colloque, qui se déroulait sur cette planète et ai en fait été hébergée, dans une “Citadelle extérieure”. Ces citadelles sont des infrastructures spécifiquement conçus, par les Céréens, pour accueillir les espèces étrangères, tout en évitant de générer une quelconque mixité. Nous avions seulement à assurer l’entretien des lieux et étions libres d’y partager les résultats de nos travaux. Je percevais chez Evea à quel point elle avait dû être une étudiante studieuse et, enjouée de donner pareil cours, je dégainai à mon tour mon datapad, pour présenter à mon élève d’un jour les “Citadelles extérieures” de Céréa.


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- Tu l’auras peut-être deviné, les Céréens sont un peuple chauvin, on dénombre donc assez peu de ses ressortissants en dehors des frontières de leur monde d'origine. Cela est aussi dû au fait, que le mode de vie qui leur est propre, est devenu largement obsolète aux yeux du reste de la République. Je m’explique : proches de la nature, les Céréens vivent avec très peu de technologies, on pourrait presque dire qu’ils sont un des peuples les plus déconnectés de la Galaxie ! Sans pour autant se couper du reste de la République, les Céréens sont très peu intéressés par ce qu’il s’y passe et préfèrent entretenir leurs habitations traditionnelles, mener des existences pacifiques et se consacrer à leurs coutumes. ​Ce qui me surprend le plus est presque d’en croiser un, serveur, ici sur Coruscant ? Je m’essayai vaguement à imaginer les circonstances, qui auraient pu pousser cet homme à quitter son Monde natal. Les trajectoires personnelles étaient finalement parfois si complexes, que je préférai ne pas lever le voile déposé sur celle-ci. N’oublions pas que j’étais moi-même une Togruta, née et élevée sur un Monde humain : Chandrila.

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Evea Ekway
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Au long de la rivière
Je n'ai vu aucun pont -
Ce jour est sans fin

Masaoka Shiki

En effet Evea était très studieuse, toujours prête à acquérir un nouveau savoir, peu importe ce que c'était, elle s'y intéressait, au moins pour démontrer de l'intérêt envers le savoir partagé par son interlocuteur. La pantoranne était très curieuse, et ce n'était en aucun cas un vilain défaut ! Cela lui permettait de saisir de nouvelles informations aussi facilement que de respirer, peu importe ce que vous lui raconteriez, elle le retiendrai quelque part dans sa vaste mémoire.

Elle avait ainsi l'impression de retourner à l'Université d'Aldera pendant un temps, mais en mieux, avec une professeur particulière et sans omettre un chocolat devant elle. C'est ainsi que par habitude elle dégaina son data-pad pour prendre des notes, comme à l'Université !

Finalement Evea se rendit compte qu'elle ne connaissait guère les myriades de peuples qui traversaient la Galaxie. Elle les voyait chaque jours, mais sans savoir de quelle planète ils venaient et sans non plus retenir le nom de l'espèce à laquelle ils appartenaient. Et c'était un comble pour une Sénatrice qui se voulait proche des citoyens républicains ! D'autant plus qu'elle même n'était pas humaine, mais une alien de la bordure extérieure !

Elle prévoirai à présent de peut-être, à l'occasion de brèves vacances, retourner sur des bancs d'académie pour assister à des cours d'ethnographie, juste pour se cultiver dans ce domaine. Après tout elle était alderaanienne et avait ainsi des facilités à se faire une carte d'étudiante, et puis cela la ramènerai à sa jeunesse pas si lointaine.

Ou bien elle reviendrai voir son amie Tchiïki pour l'embêter avec une kyrielle d'autres questions...

- Et donc il est étonnant d'en croiser ne serait-ce que sur Coruscant, je n'ai donc aucune honte à ne pas connaitre cette espèce ? Questionna-t'elle par sécurité. Mais il me semble que, tout comme Céréa, ou dans le passé Umbara, les mondes restant isolés ne se comptent pas encore sur les doigts de la main, surtout dans la bordure extérieure. Elle était pensive, immergée dans le sujet. Et pourtant des délégations sénatoriales de ces mondes se battent au Sénat pour faire entendre leurs voix, d'où L'alliance des Mondes périphériques, isolés géographiquement parlant.

Elle faisait peut-être des liens saugrenus, mais la pantoranne ne s'en était jamais blamée et n'avais jamais été réprimandée pour ça. Au contraire, ses professeurs d'université aimaient à ce que leurs cours soient animés par des questionnements, et même s'ils sont dans le faux, cela permettait d'éclairer des sujets sur lesquels d'autres n'auraient pas osés questionner l'enseignant, par peur de dire une "bêtise".

En quelque sorte, Evea, par ses questions posées, était une pionnière de la vérité [Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Tchiïki Ranya
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Saisissant ma remarque finale au vol, Evea n’hésita pas une minute, avant de me poser de judicieuses questions. Je pris un temps pour réfléchir, avant de lui répondre :

- Sois rassurée, c’est tout à fait cela, la personne qui nous a servies est peut-être le seul serveur céréen, que tu croiseras de ta vie. D’une certaine manière, il est l'exception qui confirme la règle : oui, les Céréens font le choix de ne vivrent qu’entre eux, mais celui-ci nous a apporté notre goûter. Ensuite, je pense que tu devrais opérer une distinction entre les Mondes, dont les habitants font le choix de la non-mixité, pour préserver l’essence même d’une culture qui leur est propre et les Mondes abandonnés, plus délaissés, dont la République elle-même s’est malheureusement désintéressée. Instituer des politiques publiques, qui permettraient de prendre en compte ces derniers, est un des objectifs de mon engagement. C’est également en ce sens que le parti que tu as évoqué, ainsi que l’Alliance démocratique des Systèmes non-Humains et la Coalition populaire des Mondes opprimés ont été créés. Remarque d’ailleurs, que ces deux dernières forces politiques sont les deux plus anciennes du Sénat, ce qui en dit long sur la très lente évolution des mœurs républicaines, dominées par la satisfaction des besoins, des caprices et des exigences des Mondes du Noyau. Vois-tu, nos deux planètes sont de celles qui ont énormément profité et reçu de la colonisation notamment, il est maintenant grand temps de rendre la pareille ; c’est même impératif, si nous voulons prévenir tout morcellement de notre belle République. Je finis par froncer les yeux, comme pour témoigner de mon intarissable détermination.

- Je m’égare… Pour en revenir aux Céréens, je pense que leur physionomie, assez particulière, ne t’a pas échappée. À l’instar de la majorité des humanoïdes, ils sont dotés d’un cerveau complexe, situé dans leur boîte crânienne. La proéminence que tu distingues au-dessus de cette dernière est dûe au fait que, chez les Céréens, elle abrite en plus un second cerveau et un second cœur, le second cœur alimentant en sang le second cerveau. Ces deux cerveaux leur permettent d'analyser et de réfléchir deux fois plus rapidement que nous, puisqu’ils sont en mesure d'envisager deux solutions à la fois. Cette nature intellectuelle et pensante leur confèrent en général une attitude calme et très rationnelle, ce qui explique qu’ils adoptent la philosophie paisible et le style de vie proche de leur environnement que j’évoquais. Il y a bien des peuples qui aimeraient être heureux de vivre ainsi, modestement, loin des passions matérialistes des macrocéphales centres urbains, qui souhaiteraient comprendre comment il est possible de prendre autant de recul, de ne plus risquer de compromettre l’état de leurs planètes en endommageant leur faune et leur flore. J’ai réellement hâte que de plus en plus de nos concitoyens délaissent l'inexorable et nocive quête du développement technologique et industriel sans fin, nous vivrons mieux dès lors que nous deviendrons fermement soucieux de préserver les magnifiques spectacles naturels de nos planètes, appliquant des politiques de sauvegarde intégrale de nos environnements. Ça alors, il semblerait que je me sois mise à penser beaucoup trop fort.

- Alors.. sinon.. les réflexes bien coordonnés des Céréens leur permettent d’accomplir d’intrépides voyages, en effet ils n'hésitent guère à utiliser les rivières comme voies de circulation, également car celles-ci relient les principales concentrations de population. À côté de cela, j’ajoute volontiers, que certains sont d’excellents pratiquants de la planche à voile ! Sur la terre ferme, ils se déplacent à dos d’aryx, des grands oiseaux bipèdes et carnivores, domestiqués pour leur servir de montures. Lorsqu’il s’agit plutôt de transporter des charges lourdes, ou de travailler dans les champs, les Céréens peuvent compter sur les moofs. L'endurance et la robustesse de ces créatures font d’elles de fidèles habituées des tâches de longue haleine, comme le labour des champs, lors duquel les moofs sont couplés et tirent une charrue. Gare aux accidents cependant, car les mâles Céréens vieillissent bien plus vite que les femmes, ce qui entraîne parfois des élans de déclin démographique. Pour les pallier, les mariages polygames sont autorisés, jugés nécessaires à la survie de l'espèce ; les hommes ont le plus souvent une “femme liée”, qui bénéficie d’un statut privilégié au sein de la société et entre quatre et dix “femmes honorées”. Moins bien considérées, ces dernières voient notamment leurs libertés sensiblement réduites. Bravo pour le comportement féministe et valorisant, les gars. Aborder ce sujet spécifiquement me rappela Inisa et Roali, deux “femmes honorées” céréennes, que j’avais rencontré, dans le champ voisin de la “Citadelle extérieure” où j’avais logé.

- Voilà tout ce que je sais ! Si, par curiosité intellectuelle, tu souhaites encore approfondir ce sujet, je dispose de tout un tas d’exemplaires numériques de manuels tout à fait complets, que je peux te prêter. J’eus, pour ma disciple, un clin d’oeil, puis dévorai mon macaron à la framboise.

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Evea Ekway
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Quoiqu'on en disait, tout ça était tout bonnement passionnant. Tout du moins Evea était captivée par tout ce que lui racontait son homologue, il y avait tant à développer. Evea avait déjà face à elle une mine d'informations qu'elle n'hésiterai pas à décortiquer à l'aide de ses questions qui se bousculaient dans on esprit. Mais elle les retiendrai pour plus tard, déjà Tchiïki développait énormément le sujet, on voyait tout de suite qu'elle savait de quoi elle parlait et qu'elle en était passionnée. C'était au coeur même de ce qui faisait un bon professeur.

Ce qui était sûr c'est que tous les peuples de la galaxie avaient leurs différences, leurs petites aspérités qui leurs étaient propres à chacun. Aucune planète ne se ressemblait à cent pourcents. Et puis qui était elle pour juger quoique ce soit ? Les pantorans n'étaient pas tous blancs non plus.

Bah oui : Ils étaient bleus.

Mauvais jeu de mot.

Reprenons.

Hum.

Oui, où en était-je ?

Ah oui. Peu importe que tous les peuples au sénat étaient républicains, ils avaient leurs mœurs et coutumes qui pouvaient être critiquables, comme le soulignait si bien la Togruta. Et Evea ne le savait que trop bien pour s'être frottée aux Ishi Tibs de Tibrin avec Alysanne : C'était le comble qu'une République compte des dictatures comme membres de son sénat.

- Ouha ! Tu en sais des choses sur un sujet qui est si rarement abordé. Merci beaucoup, ça me redonne envie d'étudier haha, je prendrai volontiers les manuels que tu me proposera, après tout nos fonctions ne nous laissent pas de rares temps libres pour que nous nous y tournions les pouces. Elle but une petite lampée de son chocolat. Eh bien je te remercie pour tout ça, c'était une excellente idée que de venir dans ce café, j'y aurait appris beaucoup, elle désigna ses notes, et en plus de ça c'est l'un des meilleurs chocolats vien'noiht que j'ai eue l'occasion de gouter. Elle plongea ses yeux dans la tasse à peine entamée, elle préférait déguster sa boisson chaude, faisant ainsi durer un peu plus le temps passé avec Tchiïki. Ah, c'est dans ces moments là que je n'ai plus envie de retourner au travail. J'ai une nouvelle charge de travail que je doit abattre en rentrant : Tu est sans savoir que cela fait tout pile une année que les termes d'un accord commercial entre Alderaan et le secteur de Darpa a été établit. Et qui en est la rédactrice et l'intermédiaire ? Et ouvrit grand ses yeux jaunes. Je te le donne en milles : C'est moi. Et comme stipulé, un compte-rendu doit être établit tous les ans, cela n'est pas le plus dur, mais à présent je doit régulariser l'entièreté du dossier avec la nouvelle délégation du secteur de Darpa qui vient d'entrer en fonction. Evea s'affala un peu plus sur sa chaise. Enfin, je ne voudrai pas t'ennuyer avec nos fonctions professionnelles alors que nous parlions à l'instant d'un sujet mille fois plus captivant.

Elle cassa un petit morceau de meringue, mais avant de la porter à ses lèvres, elle se stoppa dans le mouvement. La pantoranne fit glisser son regard entre la sucrerie et sa tasse, puis de la tasse elle fit glisser son regard vers la meringue pour finalement reposer ses yeux sur le chocolat chaud.

Et finalement Evea trempa la meringue rosée dans le chocolat et dégusta le mélange osé qu'elle venait de concocter avec un sourire de contentement.


Tchiïki Ranya
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Flattée par les gentilles remarques d’Evea, mes joues s’échauffèrent légèrement, chose que ma comparse ne put apercevoir, au vu de la teinte ocre rouge de ma peau.

- C’est moi qui te remercie, Evea, de plus je suis touchée que tu sois autant intéressée, par une discipline que j’ai enseignée, plus jeune. Je n’hésiterai pas à te transmettre tous ces supports d’étude, une fois que nous aurons regagné nos pénates ! Pour l’heure, je t’avoue que je suis moi aussi très contente, que nous nous trouvions ici et que je pense, comme toi, que nous pourrions y rester un moment ; après tout la République peut encore se passer de nous quelques instants, S’orn, lui, le fait bien depuis le début de son mandat ! Je fis mine de mimer les gesticulations d’un individu hautain et méprisant, perché en plein cœur de notre assemblée législative, puis poursuivis :

- Tiens, tu fais très bien d’aborder le sujet de ce traité, car quelques interrogations, en lien avec ce domaine, ont récemment traversé mon esprit et il me semble, que tu es l’une des plus à même d’y répondre. Si j'aborde moi aussi cette question, c’est que discuter d’affaires moins universitaires me convient parfaitement également. Je me rappelle qu’Alysanne m’avait raconté la genèse – aux toilettes – de votre accord, avant d’ajouter à quel point elle décelait en toi un haut potentiel de serviteure de l’État ! J’ai cru comprendre que le nouveau Sénateur du secteur Darpa avait eu la courtoisie de reconduire, dans leurs fonctions, la majorité des anciens assistants sénatoriaux d’Alysanne, je présume donc que plancher sur les détails du traité, comme sur les termes de ce point d’étape, ne sera qu’une formalité. Alors qu’Evea s’était installée au fond de sa chaise, je me redressai au devant de la mienne et lui lançai :

- Sais-tu ce qui pourrait être des plus passionnants finalement ? Que tu reviennes sur ton périple chez les Ishi Tib ! Alysanne n’a jamais eu l’occasion de l’évoquer avec moi, étant donné que nous avons été absorbées par sa campagne électorale, dès votre retour de Tibrin. Pourtant, je serai très intéressée d’apprendre, de comprendre même, quels stratagèmes vous avez su mettre en place, afin de faire preuve de la déférence, de la finesse d’esprit et du tact nécessaires à la négociation avec un gouvernement ouvertement illibéral et isolationniste. À la suite de cet épisode sur Tibrin, Alysanne avait récolté les lauriers nécessaires à la lancée de sa douce ascension, vers la commission des Affaires étrangères. Là où notre Primadonna était la starlette héroïque, que l’on exposait sous le feu des projecteurs, Evea avait plutôt pour habitude d’être la femme de l’ombre, d’une discrétion à nulle autre pareille, mais diablement efficace. La Fleur bleue avait été de toutes les missions, toujours remarquée comme la ranger des forces spéciales, à la dévotion sans faille, envers une Alysanne officière d’État-major, qui lui avait sûrement beaucoup appris. Ainsi, lorsque cela avait été Evea, qui s’était exceptionnellement retrouvée dans l'embarras, capturée par la vermine des bas-fonds, ma belle amie Alysanne avait pu voler à son secours.

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Evea Ekway
Evea Ekway
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- Eh bien le premier détail que j'ai eue à constater est que Tibrin n'était pas habitué à recevoir des représentants de la République. Lors du trajet reliant l'astroport au palais de notre hôte, au lieu de faire un détour tactique, les convois militaires nous ayant conduit ont allégrement traversés un bidonville sans se soucier de l'image que cela renverrai du régime actuel. Pourtant les ishi tibs ont toujours su camoufler cet asservissement d'une partie du peuple en promouvant les lieux de débauches et de repos pour attirer les regards des touristes de la bordure extérieure. Elle passa sur ces détails d'un mouvement de main.

- Mais dès lors que nous fument arrivés dans le luxueux palais du dirigeant, étrange contraste que nous avions pu observer, les tons mielleux nous ont immédiatement accueillis. Tout à l'intérieur de cette antre semblait millimétré et organisé à l'atome prêt. Fort déstabilisant. Enfin bref, outre ces bénignités, la première erreur des Ishi Tibs fut que le dirigeant "n'a pas pu être présent", ainsi nous avons eu à discuter avec l'équivalent d'un premier ministre qui n'a fait que refléter le totalitarisme de A à Z. Elle sourit difficilement.

- Enfin, nous avons pour principe de dire qu'en négociation, il est primordial de se calquer, tel un miroir sur son interlocuteur, que ce soit ces gestes ou son style vestimentaire. Il se trouve que sur ce point j'ai fait mieux qu'Alysanne. Le bras droit du dictateur ne portait alors qu'une simple tunique, tout comme tous les autres serviteurs du régime. J'avais donc opté pour la sobriété vestimentaire tandis qu'Alysanne avait revêtue une tenue quelque peu... originalement ventilée. Fin bref, cela s'est reflété dans les échanges veineux qu'elle a eue avec notre interlocuteur. En revanche il était de principe que s'il se tiens droit, nous nous tenions droites, s'il tenait la fourchette de la main droite, nous faisions de même, et s'il se levait, nous suivions le mouvement. C'est dans la fondamentalité même des négociations. Elle but une brève gorgée.

- Ceci dit, nous étions face à deux Ishi Tibs, le sénateur en devenir étant présent, ainsi un autre principe sur lequel je me suis appuyée, accompagnée par Alysanne, était de ne pas accorder la parole à un seul des deux négociateurs afin qu'il n'y en ai jamais un qui se sente délaissé. Cela aurait initié une certaine stérilité voire hostilité dans les discussions si tu vois ce que je veux dire. Là aussi c'est un principe qu'il faut prendre en compte. Et puis, cela semble évident mais des plus difficile à mettre en œuvre dans notre cas d'étude, une règle sur laquelle mon professeur en diplomatie de l'Université d'Aldera avait tendance à asséner en boucle : Toujours aller dans le sens de votre interlocuteur. Il faut garder à l'esprit que nous avons tous deux un problème à régler, il ne faut donc en aucun cas chercher à tirer profit de cet échange, pourquoi confronter l'autre alors que nous avons un problème commun ? dans notre cas : l'adhésion à la République. Ainsi, s'il nous posait des questions, nous y répondions le plus sincèrement possible. En négociation, il faut toujours s'appuyer sur le fait que nous avons un problème commun à régler, il ne faut absolument par braquer l'autre en lui faisant remarquer l'anti-démocratie de son régime, cela n'est pas le but de notre rencontre. Même si cela nous démangeait toutes les deux. Elle se stoppa une seconde.

- Oh mais je me rend compte qu'il y a une kyrielle d'autres principes fondamentaux en négociation qu'il faut respecter. C'est une science à part entière.

C'est sur ces mots que le data-pad de poche de la pantoranne s'alluma, elle l'avait totalement oubliée, comme elle avait un temps oubliée ses prérogatives administratives. Le travail la rattrapait, c'était son tout nouveau parti qui appelait à délibération d'urgence, une réunion qu'elle ne pouvait pas manquer.

- Ah ! Il semblerai que notre cher chancelier, ou tout du moins l'un de ses laquais ai encore frappé, une réunion surprise comme cela ça n'arrive pas pour rien. Je suis désolée, mon emploi du temps se fait de plus en plus overbooké, j'en suis navrée. Il va falloir que je te laisse. Merci pour tout, et à la prochaine à la piscine ou ailleurs. Elle se leva avec déférence en souriant, imitée par son interlocutrice.

Evea fit mine d'aller régler, mais un geste de son amie lui signala que cela était inutile, la pantoranne lui renvoya un très large sourire avant de tourner les talons, appelée par le devoir.

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