Absalom Thorn
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Dites donc, vous êtes populaire, vous, marmonne le Bith alors que le datapad d’Absalom vient de vibrer pour la dixième fois en un quart d’heure.
Semblerait-il, répond le sorcier d’un ton dégagé, en ignorant l’énième message de Melara, sa conquête de la veille, qui ne cesse depuis ce matin-là de l’interroger.

Quand se reverront-ils ? A-t-il aimé leur étreinte ? Pourquoi est-il parti au milieu de la nuit ? Et sa sœur, elle va bien ? Quelle est sa couleur préférée ? C’est une interminable série de questions qui vont du grave à l’anecdotique et se ponctuent par des chapelets entiers de smileys qu’Absalom, avec son petit côté boomer, juge de plus en plus incompréhensibles.

Bon. Voilà.

Le Bith tira de sa console une datacarte qu’il jette sans ménagement à son visiteur. Absalom la presse sur son lecteur.

Leonardo DiCarpaccio, lit-il à haute voix ?
Vous êtes pas content, c’est pareil, grogne le Bith, avant d’insérer une carte vierge dans sa machine et de reprendre son travail. La patronne a dit de vous fournir une identité, pas de vous laisser tout personnaliser. C’est du travail, vous croyez quoi…
Non mais c’est très bi…
Comme si j’avais que ça à foutre de mes journées de faire des passeports pour les touristes en mal de festivités…
Nous sommes très reconnai…
Et vas-y Zizil fait nous un profil d’infirmière…

Absalom échange un regard avec He’Thu.

Et Zizil, tu nous fabriques ce certificat d’export…
Vous êtes un homme aux multiples talents, tente Absalom pour l’apaiser.
Hé ben Zizil il est fatigué, OK, s’emporte le Bith en pianotant furieusement sur son ordinateur ! Zizil il est au bord du burn out, OK ? Tenez.

Zizil, il tend une carte d’identité à la Kiffar. Au nom de Jessice Melba.

(Zizil, il a peut-être aussi un peu faim.)

Bon. Allez. Oust. Allez peigner des banthas ailleurs.

Et le duo lève le camp sans se le faire dire deux fois, pour émerger dans les ruelles tortueuses de Nar Kaaga. Après avoir consulté l’heure, Absalom déclare :

On va avoir tout juste le temps de faire un détour par le vaisseau pour se changer, avant d’aller au palais.

La contrebandière rencontrée cette nuit-là n’a pas traîné pour tenir parole. Leur invitation à la fête de Dogba le Hutt, ils l’ont déjà en poche, et désormais, ils jouissent de cette identité d’emprunt, qui devait leur suffire pour quelques heures, tant que personne n’y regarderait de trop près. Le reste, c’est à eux de s’en occuper.

Absalom a d’ores et déjà communiqué à son associée la disposition des lieux, telle qu’il en a déduit le plan partiel, en fouillant dans les souvenirs de son amante de la veille, la jeune femme habituée à ce genre de réjouissances. Les informations sont rudimentaires et il faudra bien improviser. Mais plus le temps passe, plus leur présence pourrait être surprise, et alors, capturer le Hutt en deviendrait presque impossible.

Quand ils sont de retour dans la soute de leur vaisseau et à l’abri des oreilles indiscrètes, le Hapien suggère :

:: Je ne crois pas que le plus difficile sera de lui mettre la main dessus. Nous jouissons d’un double effet de surprise : ni nos intentions, ni nos facultés ne sont connues. Ce qui sera délicat, c’est de le transporter. Il est jeune, mais il doit déjà peser un poids considérable, et ce n’est pas comme si nous pouvions le fourrer dans un sac et le balader sur notre dos. ::

Pour cela, il aurait fallu engager quelques Wookies solidement bâtis.

:: Mais nous pourrions peut-être tirer avantage des fournisseurs, poursuit Absalom en se déshabillant, sans la moindre pudeur, comme le jour de leur arrivée. :: Une fois Dogba inconscient, nous le ferions passer par la fenêtre dans un speeder que nous aurions subtilisé. Traiteur, marchand d’esclave, distillerie, peu importe. Ce qui compte, c’est qu’on nous laisse sortir en pensant que nous avons achevé notre livraison. ::

Il lui paraît plus facile de se soustraire aux contrôles en n’empruntant pas un speeder privé. Se fondre parmi le petit personnel : la méthode est éprouvée.

:: Il faudra que nous nous séparions à un moment. Que l’un s’occupe de se procurer le speeder, tandis que l’autre isole Dogba et le neutraliser, ainsi que ses gardes. Je doute qu’il assiste à un tête-à-tête sans quelques hommes de main pour assurer sa protection. ::

Absalom a du mal à jauger les dangers qu’un Hutt comme celui-ci court au quotidien sur Nar Kaaga, mais si leurs propres intentions sont une indication de l’atmosphère habituelle, alors Dogba ne doit pas manquer de la proverbiale paranoïa de son espèce.

Tout en fouillant dans son coffre aux déguisements à la recherche de la tenue un peu plus prestigieuse qui correspond à sa nouvelle identité, Leonardo DiCarpaccio, homme aux affaires vagues et troubles comme on en trouve tant dans l’Espace Hutt, le sorcier demande :

:: Qu’en pensez-vous ? Imaginez-vous une autre manière de procéder ? Je vous avoue que d’habitude, je kidnappe surtout les jolis garçons des mains des marchands d’esclave, et dans ces cas-là, les kidnappés ne sont pas précisément difficiles à convaincre. ::
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Premier Semestre de l’Année 21.576 • Sur Nar Kaaga.


Quelle étrange promenade. J’ai le sentiment, dans l’ensemble de cette traversée, de n’avoir su guère faire autre chose que me laisser porter par le courant. Je devais faire la démonstration de mon talent, et mis à part un bien étrange spectacle, j’ignore ce que j’ai offert jusqu’à présent. Absalom n’a pas la discourtoisie de me le signifier, il n’a pas les mauvaises manières des Siths, mais je le sais au moins aussi habile que moi à cacher toute forme d’émotion, si bien que j’ignore absolument le fond de sa pensée. Je m’émousse. Je m’émousse de ne pas suffisamment être utilisée. Comme une scie que l’on aurait abandonnée sur une table de jardin, depuis bien trop longtemps ; certes, il me reste mes dents, mais ont-elles piquetées de rouille, gardées tout leur mordant ? Et qu’en est-il de ma relation avec le Docteur… J’ai passé trop de temps à penser et j’ai le sentiment de ne pas l’avoir fait de la meilleure façon, si bien que ce temps est perdu.

Je reçois un nouveau nom, fort curieux, et plus tard, de nouveaux vêtements. J’ai le sentiment de me glisser sans cesse dans une nouvelle peau. Est-ce étrange que je parvienne finalement toujours à l’ajuster à mon aise ? Je n’ai moi-même pas terminé de me vêtir entièrement, lorsqu’il m’interroge. Encore à demi-nue, j’active mon THP et, d’une main preste, je vais et viens rapidement parmi les ressources accessibles sur Holonet. Je ne cache pas ma surprise en découvrant les détails de la biologie Hutt sur laquelle ne m’étais, il faut l’admettre, guère renseignée jusque-là. :: L’enfant n’a qu’à peine atteint sa cinquantaine, le chiffre peut sembler important mais, selon le cycle de vie des Hutts, il a les capacités mentales d’un enfant humain d’à peine dix ans. De ce que je lis, il ne devrait mesurer qu’un mètre et peser déjà a minima soixante-dix bons kilos. De fait, je vous rejoins sur le fait qu’il nous faudra trouver un moyen de le transporter, nous n’allons pas pouvoir nous saisir de l’une de ces choses pleines de mucus gluant et la traîner dans les couloirs. Il nous faudra un chariot répulseur, et certainement une caisse de transports. Certainement, en périphérie des cuisines, trouverons-nous notre bonheur. Un contenant réfrigéré, suffisamment vaste ? La température le maintiendra tranquille sans le tuer et l’odeur ne pourra filtrer.

Puisqu’il nous faut nous séparer, je pense qu’il vous faut vous charger de broder ce mensonge, je n’imagine guère mon mutisme être un atout dans le vacarme des batteries de cuisine et des casseroles. On n’engagerait pas, dans un tel endroit, quelqu’un incapable de s’exprimer sinon au travers d’un terminal. Je m’occuperai plus volontiers des gardes et de l’enfant. Devons-nous avoir la moindre considération pour la vie de ses hommes de main ? ::
Moi-même, je n’en aurai guère. Je ne connaissais pourtant pas le détail exact de la mission, si bien que peut-être, les morts devaient être moindre ou même, peut-être, ces morts devaient-elles advenir de manière à laisser penser… :: D’ailleurs, à ce propos, pensez-vous qu’il soit possible de nous servir de nos sabre-lasers ? J’ignore quelles seraient les conséquences si l’ont découvrait des cadavres mutilés par une lame laser, peut-être ne sont-elles pas désirées ou au contraire, elle pourrait jeter un trouble suffisant pour nous permettre de filer plus discrètement encore. ::
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Ah, s’exclame Absalom tout enthousiaste quand sa complice l’interroge sur les sabres lasers !

Avant de reprendre plus télépathiquement :

:: Mais quelle excellente question ! J’avoue que je n’y avais pas pensé. ::

Par conséquent, il y pense. Debout en boxer dans la soute de son vaisseau, les bras croisés, le regard perdu dans le vide. On dirait presque une publicité pour parfum. « Fragrance d’hyperdrive : la senteur des pirates hapiens ». Une fois parcourus les chemins tortueux où son esprit s’aventure si spontanément, il conclut :

:: Utilisons absolument nos sabres, si c’est possible. Après tout, l’Empire a lancé une offensive il n’y a pas si longtemps contre l’Espace Hutt et le coupable de l’enlèvement sera tout trouvé. Tout le monde pensera que c’est un coup des Impériaux. Notre commanditaire nous saura peut-être gré d’avoir couvert ses arrières, il y aura moins de chances de trouver plus tard des mercenaires à nos trousses et vous comme moi profiterions, je crois, de voir l’Empire plus occupé par la réaction des Hutts à son incursion, laquelle est, pour l’heure, inexplicablement apathique. ::

Comme son rôle est désormais mieux défini, il se détourne des tenues trop élégantes pour enfiler un ensemble passe-partout, qui convient aussi bien à l’homme d’affaires soucieux de sa discrétion, façon start-upeur du crime qui pratique le hotdesk, le flexirackettage et les tenues décontractées, qu’à un manager venu surveiller les livraisons.

:: Et par conséquent, de fait, si vous pouviez liquider un ou deux gardes en passant, ça n’en sera que plus convaincant. Tout du moins trancher un bras par ici, perforer une rotule par-là. Vous voyez le genre de choses. N’hésitez pas à prendre un air de sadique de série B : il faut savoir flatter l’imagination de son public. ::

Il ne leur reste plus qu’à se rendre au palais du Hutt, qui consiste, selon l’humble avis d’Absalom, en une espèce d’immondice de permabéton vérolé qui fait l’effet d’une tumeur architecturale suppurant en haut d’une colline. Il y a un peu de réalisme et beaucoup de snobisme hapien dans ce jugement de valeur, tant il est vrai que les fastes d’un palais hutt sont éloignés de l’esthétique épurée en faveur au sein du Consortium.

À l’extérieur, le palais semble avoir été construit par extensions successives, chacune dans un style architectural différent, mais pas précisément comme on les aurait trouvés sur leur planète d’origine : on a plutôt l’impression d’avoir affaire à la réplique en carton-pâte grandeur nature des traits les plus typiques pour les bâtiments de telle ou telle culture.

Devant le palais, c’est déjà une véritable cohue. Des gardes engagés pour l’occasion sont submergés par un flot d’invités, de fournisseurs, de curieux, d’extras recrutés juste pour la fête et que personne ne connaît vraiment, de pique-assiettes déterminés, toute une foule à identifier, vérifier et orienter, quand on n’a pourtant qu’une envie : tirer dans le tas puis tout jeter au compost.

Des livreurs crient qu’ils ont autre chose à faire et des invités s’impatientent. Absalom observe les mercenaires chargés de juguler le chaos et il devine qu’ils sont inquiets à l’idée de laisser un notable attendre trop longtemps. Dans cette vaste tempête, le diplomate cherche du regard la cohorte d’invités qui lui paraît la plus sûre de son bon droit et entraîne son associé pour se glisser à leur suite.

Au bout de quelques minutes, la femme qui mène ce groupe-là et dont les deux têtes sont occupés à foudroyer le petit personnel du regard se lance dans un vaste discours sur l’incompétence des hommes de main sur Dogba, et combien il fait chaud, et pourquoi on la fait attendre, mais est-ce qu’on sait seulement qui elle est, comme c’est inacceptable, où va donc le monde de la criminalité organisée, je vous le demande, mon bon monsieur.

Un Gothal se répand en excuses confuses que Deux Têtes accueille de « hmoui hmoui » aux lèvres pincées et puis toute la petite troupe est invitée à pénétrer dans le palais, après des vérifications des invitations qui ne sont plus guère que formelles. Absalom veille pour sa part à se composer un air blasé du meilleur effet en présentant la sienne, et pour faire bonne mesure, il se fend même d’un :

C’est mieux organisé sur Nal Hutta…

Et bam, dans ta face le Gothal.

À l’intérieur du palais, la décoration est opulente, dans le genre à faire parier que si Dogba le Hutt avait des pieds, il achèterait des baskets à paillettes. Ici ce sont des tentures et là des dorures, là encore, de magnifiques têtes empaillées témoignent des prouesses cynégétiques de Dogba, dans le sens où il n’a pas son pareil pour payer des gens afin de tuer du gros gibier. Ironie du sort, ce jour-là, le gibier, c’est lui.

Absalom échange un regard entendu avec sa co-conspiratrice, puis commence à se prendre d’une passion aussi soudaine que peu sincère pour les trophées de chasse de leur hôte. Il les examine d’ailleurs d’un air si fasciné que, distrait comme il est, il ne se rend pas compte le pauvre qu’il s’éloigne du groupe et s’engage dans le couloir dont viennent des effluves de nourriture et qui mènent, espère-t-il, aux cuisines.
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Peut-être ai-je tout de même un savoir à offrir. Peut-être mon doute l’a-t-il aiguillé et Absalom joue-t-il d’une feinte ignorance pour m’amadouer. La danse du cobra a ceci de superbe en commun avec lui. Pratiquement nu après avoir abandonné son entreprise première de se changer, il me regarde et partage sa pensée. L’aurais-je désiré si je n’avais pas passé tant d’années à être vendue à l’avidité des autres ? Et qu’est-ce que cela dit de moi, que j’en sois incapable aujourd’hui ? Idès me vient à l’esprit. Des images d’elle, de nous, de nos unions. A force de feindre cette attraction, est-ce que je finis par me duper moi-même ? J’ai parcouru l’espace jusqu’à la Sith pour m’y trouver un alter-ego et me voilà, pas plus habillée que l’un des individus les plus puissants qu’il m’ait été donné de côtoyer, certainement plus puissant que la Dame à qui j’ai prêté mes serments de loyauté, à m’interroger sur ce que je peux encore ressentir. Sur… ce que je suis encore. J’écarte mon trouble avec peine et il me faut un effort de concentration certain pour revenir à l’impératif présent.

Il salut mon intuition et me brosse le tableau qu’il entraperçoit. L’Empire sera accusé, nous disposerons de notre diversion et quand bien même quelqu’un parvenait à éventer notre ruse, nous serons alors suffisamment loin pour ne pas avoir à nous inquiéter de ce détail. Entrer, séduire, tuer. J’ai le sentiment de soudainement avoir trouvé ma place. Je tuerai, donc. Mais avant d’officier à cette macabre cérémonie, il me faut trouver le costume qui se prête à la liturgie. Les malles du nanti d’Hapès sont une véritable source et, bien vite, je me trouve à devoir faire un choix. Finalement, le côté pratique d’une traine trop ample me porte au choix d’une robe plus courte, le goût Hutt pour la chair humaine m’invite à jouer sur le diaphane et, tout à la fois, un certain sens de la mesure : je ne souhaite pas être prise ce soir pour une fille de joie. Je me glisse dans le vêtement, profite d’un miroir pour m’admirer, et avec un sourire, me tourne vers Absalom qui, de même, a trouvé son bonheur. :: Dites-moi, Absalom, quand avez-vous eu l'occasion de mettre ceci lors de vos... escapades. J'en suis quelque part assez curieuse. – Hmm ? Ah, mais jamais, voyons ! Il ne vous aura pas échappé cela dit que j'ai un certain nombre d'Acolytes et celles-ci ont parfois besoin de troquer leur bure contre des tenues plus mondaines. Moi-même, quand je souhaite attirer l'attention des hommes, je choisis d'autres... atours. – Oh... Vous m'en voyez presque déçue. Enfin ! vos acolytes ont donc d'excellents goûts ; ne soyez pas surpris s'il vous faut remplacer une pièce de votre garde-robe lorsque je vous aurai quitté. – Ma chère, fort heureusement, au contraire de vous, ces robes ne sont pas irremplaçables. :: Combien d’autres se l’étaient entendu dire ? Pourtant, mon orgueil aime à le croire.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

J’hésite longuement à déterminer si l’atroce esthétique du lieu m’horrifie davantage que la foule presque insectoïde qui grouillent aux abords. Finalement, ma sagesse m’appelle au choix le plus évident, celui de ne considérer aucun de ces deux affreux sentiments comme concurrents et considérer la masse piailleuse aussi piètrement que le lieu qu’elle cherche à submerger. Qu’on me traite donc d’aristocrate, pourvu que l’insulte soit lancée d’en-deçà des fenêtres de mon manoir, loin de tous ceux-là, se tortillant toujours plus pour espérer passer le filet de sécurité qui tient vaillamment l’entrée.

Nous pénétrons par la grande porte, ne prêtant guère plus d’attention à la cohue, tandis qu’après m’avoir effleuré le poignet, Absalom s’est engagé dans la trainée d’une officielle. Je souris, pointant du doigt ici et là des choses, comme si nous étions en pleine conversation, et finalement, sur un signe de tête, il décroche de notre escadrille et me laisse pénétrer plus avant, seule, dans les immensités du palais. Le manque de goût de notre hôte est aussi criant que le mal qu’il se donne à faire savoir sa richesse. Alors que je m’apprête à entrer dans le grand salon qui semble accueillir le cœur de l’événement, je me glisse immédiatement sur le côté, longeant le mur, et je viens me glisser au bras d’un homme entre deux âges qui se tourne vers moi un visage surpris, mais ne se recule pas. « Loin de moi l’idée de vous êtes désagréable mais… avons-nous eu l’honneur d’être présentés ? Je murmure alors, agitant les lèvres pour lui seul, et berce son esprit d’un peu de torpeur, afin qu’il croit m’entendre, :: Certes non, mais c’eût été le cas de n’importe qui dont j’eusse saisi le bras, ici. Je suis nouvelle dans cette société, et il me faut bien commencer quelque part. Je lui souris, innocente et honnête, mes yeux brillants d’autant plus que mes cheveux nattés sont piqués de quelques pierres. Il me regarde, hésitant un instant. – N’êtes-vous pas une… Je feins immédiatement l’outrage, le rouge, je le guide jusqu’à mes joues, et l’air profondément blessée, je me fâche. – Ai-je si mal choisi mon bras pour me faire insulter de la sorte ? :: Ma ruse fait mouche et le voilà qui se confond en excuse, se présente, me guide, me sert d’alibi. Je n’écoute tout cela que d’une oreille distraite, l’invitant à me promener ici ou là pour mieux repérer les lieux, repérant les gardes de la foule, les accès aux étages, les couloirs surveillés, les caméras, ici, et là. Avant d’intervenir, il me faut attendre son signal. Il serait malheureux que je m’engage à un massacre trop tôt, alors qu’aucun fidèle destrier ne m’attendra en contrebas d’une fenêtre.
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Absalom est tout content. Voler une voiture ! C’est tout de même une chance. La vie de criminel a décidément quelque chose de divertissant. En Empire ou en République, on a toujours voulu le forcer à mener des négociations complexes ou à commander des batailles. S’il avait su plutôt qu’on s’amuse tant dans l’Espace Hutt, il aurait mis les voiles depuis longtemps.

Il ne tarde pas à entendre des cris, des ordres brefs lancés par-dessus des fourneaux et les réponses faites d’une voix électronique des droïdes commis aux cuisines. Non loin de lui, des portes automatiques n’arrêtent pas de s’ouvrir et de refermer, pour laisser passer des serveurs, parfois organiques, parfois mécaniques, qui courent, rampent ou volettent avec des plateaux de petits fours. Ce qu’il y a de rude quand on est traiteur sur Nar Kaaga, c’est qu’on doit accommoder des palais très divers : là, ce sont de petits fromages frais roulés dans des légumes grillés avec soin et ici, des morceaux de fruits ciselés, pleins de vers juteux et grouillants, qui convulsent leurs corps blanchâtres. Gage de qualité, à n’en pas douter.

Le sorcier jette un coup d’oeil à l’intérieur des cuisines. Là aussi, les droïdes se mêlent au personnel en chair et en os, probablement parce que le Hutt veut que quelqu’un goûte les plats, pour s’assurer de leur qualité. Il en va de sa réputation. Une fête, ce n’est pas qu’une partie de plaisir : c’est aussi l’occasion de rappeler aussi publiquement que possible vers où coule l’argent, et donc le pouvoir. Le faste est utilitaire. Il coupe court aux élans séditieux.

Un Arcona mène l’affaire à la baguette. Littéralement. Il a une longue tige de bois dont il se sert pour gifler les mains des commis quand il juge que le travail n’est pas fait correctement. Absalom observe la scène par intermittence, selon que les portes s’ouvrent et se ferment, et tout le monde est trop pressé, trop affolé, pour s’interroger sur sa présence. Et puis, quand il voit un commis s’éclipser avec des mains tremblantes, il se recule dans le couloir et le laisse sortir, jusque dans la cour intérieure.

C’est là qu’il le rejoint : le jeune homme, un proche-humain à l’espèce mal définie, le genre d’héritier des arbres généalogiques chaotiques des mondes cosmopolites, est en train de calmer ses nerfs en fumant. Absalom se plante à côté de lui, se compose mentalement un accent populaire en huttese et lâche :

Journée de merde.
Bordel, à qui le dis-tu, réplique l’employé, car rien n’unit plus les âmes que de se plaindre de son travail.
Je dois livrer des bougies, poursuit Absalom, non mais t’y crois ça ? Des bougies. Le truc pèse trois tonnes à décharger mais…

D’un geste de la main, il embrasse tout l’encombrement de speeders dans la cour intérieure, des véhicules aux couleurs de beaucoup des entreprises du coin.

… les mecs sont agglutinés devant les zones de déchargement. Je vais pas me taper un demi-kilomètre à bout de bras parce qu’ils prennent trois plombes à livrer.
Laisse tomber, soupire le commis, qui commence à éprouver une inexplicable sympathie pour son interlocuteur. Tout est hyper mal organisé.
Moi on m’avait dit que les livraisons ici, c’était carré nickel tiré au cordeau.
Genre. C’est la fête aux pique-assiettes, ouais.
Comment ça ?

Absalom se montre fidèle à l’adage de tout bon diplomatique, ou de tout bon espion : quand on veut en savoir plus sur une maison prestigieuse, on parle aux domestiques.

Ben les mecs sont pas cons, explique l’employé. Les patrons accompagnent leurs livreurs, et comme ça, ils se glissent dans la fête. Meilleur endroit pour partir en quête de nouveaux clients. L’intendance ferme plus ou moins les yeux, parce que bon, en échange, ça baisse un peu les prix, tu vois ?
Ah ouais.

Et le sorcier répète d’un ton très inspiré :

Ah ouais…
Bon, faut que j’y retourne, lâche le jeune homme en jetant sa cigarette sans prendre la peine d’éteindre le mégot.
Mais genre, tu veux dire que les speeders, là, ils vont pas bouger avant la fin de la fête ?
Ouais, désolé, t’es condamné à te garer au bout du monde.
Ça craint.
Allez mon pote.

Absalom a le droit à une poignée de main virile. Pour un peu, son nouvel ami lui aurait présenté sa sœur. Le Jedi Noir accompagne encore un peu son esprit, jusque dans les cuisines, avant de reporter son attention sur les speeders garés. Tout cela, c’est plutôt une bonne nouvelle : si les propriétaires des speeders n’ont pas prévu de bouger avant la fin des festivités, les risques que le vol soit surpris sont minimes.

Reste à en repérer un dont le chauffeur soit dans le coin, car ce n’est pas Absalom, qui a déjà du mal avec le système informatique de gestion de sa propre bibliothèque, qui s’amusera à pirater l’ordinateur de bord pour démarrer sans les clés.
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Il rit d’une de mes impertinences et poursuit la conversation que j’alimente à peine sinon ces remarques habiles qui me prêtent de l’esprit et échauffe son cœur. « Et pourtant, j’ai oublié mes bonnes manières, je ne vous ai même pas présenté mon nom. :: Il faut dire que je ne vous ai pas donné davantage le mien. – Nous pouvons, alors, nous permettre cette échange de bons procédés ? Je suis Gëorg-Waalace Bussh’Truh. Mais ne soyez pas impressionnée, ce n’est psa parce que j’appartiens à une grande maison que je n’ai pas plaisir à côtoyer le tout-venant. :: Vous semblez effectivement tiré un grand plaisir à sa compagnie ; est-ce que vous tirez une joie délicate à l’insulter sitôt que l’occasion se présente ou… Il s’empêtre une nouvelle fois dans le lourd tapis de la culpabilité et se confond : – Ce n’est pas ce que je voulais dire, je vous assure. :: Non, certes, non, mais quelque part, cela participe de votre aura. Votre maison doit être effectivement exceptionnel si vous pouvez vous permettre d’insulter ainsi vos interlocuteurs en chaque occasion sans vous en rendre compte et sans finir molesté dans une ruelle, quelques coups de vibro-dague dans en travers des reins pour parfaire votre posture. Je souris, délicieuse fleur cueillie au hasard de sa promenade. Du moins l’a-t-elle été où s’est-elle glissée dans sa main ? Il a déjà commencé de l’oublier, bercé qu’il est par mes yeux et l’étreinte délicate de ma main sur son bras. – Hé bien… J’imagine que je dois me sentir flatté de ce constat ? j’ignore pourtant toujours votre nom. :: A-t-il seulement son importance s’il n’est celui de personne ? – J’ai comme l’intuition qu’un esprit aussi perspicace que le vôtre ne tardera pas de trouver sa voie sur l’échiquier. Je veux être celui qui vous aura accueilli sur le plateau de jeu. – Sha’Nen Doheerty. – C’est effectivement un nom que je n’avais jamais eu le plaisir d’entendre. Et d’où venez-vous, Sha’Nen ? :: Nar Shaddaa la triste, comme beaucoup, j’imagine. – Ce n’est effectivement pas d’une grande originalité, mais soit. Soyez la bienvenue parmi la bonne société Nar Kaagane. Il me salue comme il se doit puis reprend. Mais nous parlons et nous promenons maintenant depuis longtemps, et je ne vous ai même pas proposé le moindre rafraichissement. Le voulez-vous ? »

Je réponds positivement à sa proposition et d’un signe de main il appelle l’un des nombreux droïdes de service. Nous subtilisons chacun une coupe sur le plateau de bronze et j’en porte avec un sourire le contenu à ma bouche. Les bulles me montent au nez, elles semblent chercher une voie jusqu’à mon esprit. :: N’y a-t-il pas un balcon depuis lequel nous pourrions admirer la ville ou des jardins ? Le bruit et la chaleur, ici, commencent à devenir terriblement étouffant… Il regarde alentour, de nouveau arrête un majordome mécanique afin qu’on le renseigne, nos bras se lient encore. Nous montons un large escalier veiné de gris et de rouille sur un fond blanc d’un brillant tout à fait tapageur. Là-haut, nous remontons la piste de quelques badauds, certainement en quête de la même chose que nous, et nous débouchons sur une immense verrière, laquelle s’ouvre sur un balcon, lequel, à son tour, surplombe l’immense esplanade qui forme l’arrière du bâtiment. Là, loin, en bas, à quelques dizaines de mètre déjà – quand sommes-nous montés si haut ? – le maillage complexe des véhicules de service. Je gagne la balustrade, admire, puis me tourne vers le bâtiment pour essayer d’en distinguer la forme. Il est immense, des ailes partent en tout sens mais quelque chose me dit que la tour la plus extravagante ne peut qu’être la tour accueillant notre cher petit. Peut-être la réputation de mon cavalier peut être un sésame pour des couloirs autrement moins fréquentés que ce balcon bondé ? Il continue d’alimenter la conversation tandis que je laisse mon regard faussement s’émerveiller sur chaque élément sur lequel il se pose. Ma feinte ingénuité semble éveiller en lui un besoin de me couver presque attendrissant s’il n’était pas terriblement archaïque.
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Absalom a dégainé son comlink et, en déambulant entre les gros speeders de livraison et le véhicule du personnel, il feint d’avoir une conversation animée avec quelqu’un. De sorte, il passe pour une de ces personnes qui ne savent pas tenir en place quand elles téléphonent. Tout en se plaignant en huttese de son salaire à un interlocuteur imaginaire, il laisse affluer à lui les émotions des gens qui l’entourent, à la recherche de la proie parfaite.

L’arnaque… euh… pardon : la diplomatie de terrain n’est pas une science exacte, c’est un art, et Absalom attend donc que lui vienne l’inspiration. Il prête une oreille distraite aux sentiments de celui-ci ou de celle-là. Ici l’ennui, là l’agacement. Stress. Fatigue. Et puis soudain, le sorcier s’arrête de marcher dans la cour poussiéreuse et fait mine de terminer sa conversation. Quelque chose a retenu son attention.

Une fois le comlink rangé, il pivote et se dirige droit vers un speeder de transport dont le flanc est décoré d’une face d’éopie rigolarde et des mots :


FROMAGERIE
Rob Lochon
« Le fromton, c’est Lochon ! »


D’ailleurs le volant, un Twi’Lek à la peau verte, d’une quarantaine d’années, détourne le regard aussitôt qu’il le voit le Hapien se tourner vers lui. Absalom réprime un sourire et s’approche de lui à grands pas, avant de se présenter à la fenêtre de la portière, côté chauffeur, et de lui adresser l’un de ses grands regards innocents de jeune personne fragile et ingénue pour demander :

Dites, est-ce que ça vous dérangerait si je chargeais mon comlink dans votre speeder ? J’attends un appel de mon patron et… enfin… si je le manque, vous comprenez…

Pour faire bonne mesure, Absalom passe une main dans ses longs cheveux blonds qui retombe en cascade sur sa nuque. Le Twi’Lek ne peut pas s’empêcher de le regarder. Pour un chauffeur des lointains de l’Espace Hutt, les techniques de charme de la bonne société hapienne sont une redoutable toile d’araignée.

Je… hm… Oui. Oui, bien sûr, dit-il de sa voix grave en déverrouillant son speeder du côté passager.

Absalom l’achève sans sommation de son sourire le plus radieux avant de grimper à bord. Il pose son comlink sur le chargeur sans fil et se tourne vers son interlocuteur. Pour lui, c’est comme un livre lu mille fois, quasiment un type sociologique ambulant : quarante ans dont trente de refoulement, une vie qui fait de plus en plus l’effet d’être une prison, une sorte de colère imprécise mais envahissante, née d’une frustration inavouable, mais d’année en année plus difficile à ignorer.

Le sorcier entame une conversation pleine de banalités, dont le principal objectif est de lui permettre de hocher la tête d’un air passionné à intervalles réguliers, pendant que son esprit s’insinue dans celui du Twi’Lek et que, petit à petit, en se promenant dans les souvenirs de son interlocuteur, il fait ressurgir les rêves les plus explicites, les regards coupables en direction de tel ou tel esclave et les soirées passées à regarder les championnats de natation messieurs sur Naboo pour des raisons rien moins que sportives.

Envahi par des pensées parasites qui le troublent d’un instant en instant, le Twi’Lek commence à s’embrouiller dans les explications sur sa carrière de videur de nightclub-livreur de fromage-réparateur de turbolift à temps partie et au bout d’un bon quart d’heure du traitement psychique infligé par le redoutable Darth Viagrus, il ne répond plus guère que par un grognement d’animal en rut quand Noctis suggère avec une fausse innocence bien calculée :

Et sinon, vous ne voulez pas me faire visiter l’arrière de votre camionnette ?

Et c’est ainsi que, sur le parking d’un respectable palais hutt, le speeder de la fromagerie Rob Lochon se met à trembler rythmiquement dans l’indifférence générale. Il y a même quelques exclamations fort enthousiastes en hapien, car Absalom n’est pas homme à lésiner sur les compliments quand le travail est bien fait.

Le chauffeur est un homme fort vigoureux, comme il s’attache à le démontrer — à deux reprises — à sa nouvelle connaissance, et pourtant, tout cet interlude sportif l’épuise plus que de raisons. Après avoir pour la seconde fois démontré à son nouvel ami hapien sa joie de l’avoir rencontré avec un enthousiasme énergique et des arguments pénétrants, il est même si affaibli que sa vision s’embrouille et qu’il s’effondre lourdement sur le sol de la camionnette.

Absalom, qui n’est pas un rustre, se penche tout de même pour vérifier qu’il ne l’a pas tué en siphonnant son énergie, puis dépose un chaste baiser sur son front.

Ne vous inquiétez pas, déclare-t-il à l’homme aussi inconscient que dévêtu, on vous rendra votre speeder quand on aura fini et vous vous réveillerez avec des souvenirs bien agréables, quoique quelque peu confus.

Pour sa part, il commence à trouver que les kidnappings sont une activité plutôt épanouissantes.
Alysha Myy’Lano
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La façade a fini de me passionner. Déjà, j’ai à l’esprit le chemin qu’il me reste à parcourir, d’ici à là, puis de nouveau là et ici. Je mine l’ennuie soudain et me retourne pour observer en contrebas l’encombrement des speeders du petit personnel. Je l’indique du doigt, et demande :: J’avais un jeu, lorsque j’étais enfant, avec mes frères et sœurs… Nous pointions du doigt un badaud et nous devions lui inventer une vie qui corresponde à son allure. Voulez-vous jouer avec moi ? Je ne lui laisse en vérité par le choix et d’un sourire je vole son assentiment et commence, J’imagine cette femme, là-bas, comme une… C’est une grande Zabrak, solidement bâtie, qui manipule des caisses de boissons et les distribue aux différents droïdes qui composent sa suite de travailleur. Il est étonnant qu’un autre droïde ne se charge pas de sa besogne, mais à la fois il n’est pas rare que l’entreprise du luxe présente encore des visages organiques à ses clients. Il faut dire qu’il n’y a aucun plaisir à hurler sur un droïde lorsque celui-ci se trouve incapable de mener à bien sa tâche. … Une ancienne soldate de la République. Une femme forte, elle a certainement dû occuper des postes importants et des grades prestigieux, regardez la rigueur avec laquelle elle mène son bataillon. Une capitaine ? Une colonelle ? Une amirale peut-être ? – Vous ne semblez pas avoir la moindre idée de la hiérarchie militaire. s’amuse-t-il comme on s’amuserait d’une enfant. – Chhuutt ! Pas de ça avec moi, ne brisez pas mon histoire. Je disais donc, une ancienne colonelle. Comment en est-elle arrivée là ? D’aucun pourrait penser qu’elle a vécu quelque grand traumatisme, perdu toute une escouade dans une mission terrible, affectée par un choix crucial qu’elle aurait dû faire entre deux de ses gens, un sacrifice terrible, la mise à mort d’un allié rendu fou par la pression… Et bien non. Le café. Il me regarde, ostensiblement surpris mais égayé aussi par ce retournement soudain. – Le café ? – Oui, le café. Un matin, Em’ma s’est réveillée, dans la caserne, comme chaque matin. S’est rendue au réfection, après avoir refait son lit, comme chaque matin. A salué ses camarades, d’abord Primus, comme chaque matin, puis Penultiemus, comme chaque matin et enfin Télos, comme chaque matin. Comme chaque matin, elle a pris ses céréales favorites, ces petites graines étranges au chocolat et aux pommes, puis son café et son jus d’orange, comme chaque matin. Elle s’est assise, comme chaque matin, à la table du fond, à droite, avec cette demi-vue sur le bout de jardin de la caserne, quoiqu’elle fût encore un peu gâchée par la présence des véhicules mais soit, elle se contrerait, comme chaque matin, sur son demi-écrin de verdure. Là, comme chaque matin, Télos ce sera assis à sa main gauche, Penultiemus, en face d’elle, et Primus, enfin à main droite de Penultiemus. Je ménage une pause, observant encore la femme, là-bas, et je m’amuse moi-même de mon histoire aux vertus philosophiques non moins que douteuses. – Alors ils échangent sur la qualité de leur sommeil, comme chaque matin, sur la santé des enfants de Primus, comme chaque matin, sur l’entraînement à venir et sur leur détestation commune d’un quelconque exercice – toujours le même. Alors, comme chaque matin, après avoir d’abord terminé son jus puis ses céréales, Em’ma se a saisi son bol de café noir, a fixé la moitié de jardin qu’elle aimait, et a senti l’amertume carbonisée du liquide mal préparé – comme chaque matin.

Alors, quelque chose s’est brisé en elle. Clac. Un bruit si net, si puissant, si vibrant qu’elle a tressailli aussi bien que si sa colonne vertébrale elle-même avait cédé. Sans un mot pour ses camarades, elle a déposé dans son plateau le bol, sans le terminer, et là, elle a brisé l’effrayante monotonie, s’est rendue jusqu’à l’endroit attendu pour déposer son plateau, a soigneusement déposé le sien et s’en est allée pour ne plus jamais revenir-là. Aujourd’hui, sa vie n’est même pas meilleure, son salaire lui permet à peine de pouvoir envisager des vacances tous les ans, dans des endroits pas terribles, mais chaque matin, lorsqu’elle prend son café à peine plus réussi en face de sa fenêtre, ses yeux se posent sur tout un jardin d’hiver, rien qu’à elle, sans plus rien pour le gâcher, avec, serti au cœur de celui-ci, le plaisir infini d’en avoir cultivé chaque fleur, chaque feuille, chaque brindille… »
Je m’arrête là… Em’ma, depuis quelques instants déjà, a disparu sous nos pieds, pénétrant dans l’immense complexe palatial. – Tout cela à cause… Du café ? – Non, grâce au café. – Comment le café pourrait-il avoir une telle influence sur quelqu’un ? Je ne comprends pas… – Si vous ne comprenez pas, c’est peut-être que j’ai l’air bien moins sage que je ne suis. Ou peut-être ai-je été une piètre narratrice de cette histoire ? Ou bien suis-je mauvaise pédagogue et vous un élève fort peu brillant… Ou peut-être négligez-vous cruellement le pouvoir d’un mauvais café sur un esprit exigeant. Ou la vertu de disposer de son propre jardin. :: Je ris face à sa mine confuse. Il ne parvient pas à me cerner, je le charme tout à fait.

:: A vous ! Il tente de se dérober. – Je ne sais pas jouer à ce jeu. Je ne sais même pas par qui commencer. – Taratata ! Tout le monde sait jouer à ce jeu, l’important est de le vouloir. Et vous le voulez, puisque vous désirez mon plaisir aussi bien que le vôtre. Allez, je vous aide par exemple… Racontez-moi la vie de… Tiens ! Celui-là, là-bas ! Je veux que vous me racontiez la vie de ce domestique ! Je pointe du doigt une silhouette qui erre entre les speeders. – Le jeune homme blond, au com’link ? – Celui-là même. – Et bien il a l’air de… de… d’être en communication avec son supérieur et résolument très fâché. – Vous vous contentez de le décrire, là… Racontez-moi sa vie ! Creuser sous la surface. Il ne sait comment se tenir, gêné que je le pousse ainsi à faire preuve à son tour de candeur, charmé par cette fraîcheur juvénile avec laquelle je lui vaporise le visage, il se passe la main dans les cheveux et reprend, avec à peine plus de passion. – Et bien… j’imagine qu’il a pu… tiens, soyons fous, être Chancelier Suprême ou Prince ? Aujourd’hui en cavale alors que sa Cour, hier, à ses pieds, s’est rebellée contre son autoritarisme forcené. Un scandale financier, teinté d’une sexualité déviante, l’aura obligé à quitter ses fonctions d’abord, puis à fuir l’espace même de la République pour échapper aux autorités. Et le voilà, désargenté, allant… En quête d’un client potentiel à l’achat de son corps. Je le regarde, grimaçante. – Qu’ai-je dit ? – Vous aviez raison, vous ne savez pas du tout jouer à ce jeu, c’est terrible. – Et, qu’ai-je dit pour mériter pareil jugement ? – Regardez-le bien, il a tout d’un Seigneur Noir des Siths, c’est pourtant évident… Et voilà que vous en fait un prostitué à la petite semaine ? Qui travaillerait dans l’arrière court d’un palais quand l’argent à se faire se trouve à l’intérieur du palais ? Je n’y connais rien en militaire, Monsieur, mais vous avez vos propres lacunes. :: De nouveau, je laisse les ondes de mon rire se baigner son âme et ne lui laisse qu’à peine le temps de comprendre le jeu auquel nous jouons. Je porte de nouveau le verre à mes lèvres et, un éclat taquin dans le regard, je l’obverse par-dessus le bord cristallin.

:: Puisque vous avez perdu, vous me devez un gage. – Ah ? J’ai donc perdu ? Et selon quelles règles et quel arbitre ? – L’évidence, Gëorg-Wallace, l’évidence ! Et elle est un arbitre intransigeant. Donc… Puisque vous avez perdu… Je veux que vous me fassiez visiter ce palais ! Nous avons déjà tout vu de la salle de réception, et je meurs d’envie de voir le reste, s’il vous plaît. – J’ignore si les invités sont autorisés à… J’appuie tranquillement, de la Force, ma demande dans son esprit, des aiguilles de désir venant çà et là se ficher dans sa pensée, comme autant d’éclats ; Il ne demande qu’à me plaire. – Les invités, les invités… N’êtes-vous donc que ça ? M’auriez-vous menti en vantant la splendeur de votre famille ? :: Il ne répond pas, ne trouvant pas les mots pour résister à mon effronterie. Plutôt, il prend de nouveau mon bras, après m’avoir libérée de ma coupe vide pour l’abandonner négligemment sur la balustrade, et me guide de nouveau vers l’intérieur du bâtiment. Nous laissons à d'autres le soin d'imaginer les histoires qui se jouent à l'arrière des camionnettes.
Absalom Thorn
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Nous arrivons à l’épisode le plus épique de cette histoire.

Celui où Absalom, installé derrière le volant de son nouveau speeder, regarde d’un air très concentré une vidéo didactique sur l’Holonet destinée aux conducteurs inexpérimentés. Dessus, une humaine à la voix douce et patiente comme une hôtesse de l’air, explique :

Lorsque le véhicule se déporte trop d’un coté, c’est qu’il faut réparer les générateurs anti-grav.
Allons bon, marmonne le Hapien.

Le schéma qui suit achève de le perdre.

Assurez-vous que le siège est bien réglé à votre taille.

Et puis :

Si vous avez des tentacules, attention à ne pas les laisser traîner sur le tableau de bord.

Ou encore :

En l’absence d’yeux, n’oubliez pas d’enclencher le guidage auditif.

De guerre lasse, Absalom finit par considérer que ses souvenirs approximatifs, et une partie de ceux qu’il a siphonnés à son dernier amant, feront bien l’affaire. Après tout, depuis qu’il a appris à conduire comme tous les Padawans, les speeders n’ont pas dû tant évoluer que ça. On appuie sur le machin, on manœuvre le bidule, on tire de temps en temps le truc par acquis de conscience, et le tour est joué.

Il ne reste plus qu’à savoir où se rendre. Après avoir vérifié une dernière fois que le Twi’Lek est toujours plongé dans son sommeil extatique — Absalom est un succube, certes, mais un succube consciencieux —, le sorcier quitte son speeder et reprend le chemin du bâtiment. Il se poste dans l’un des couloirs de service et fait une nouvelle fois mine d’être absorbé par son comlink, jusqu’à ce qu’un serveur d’à peu près sa taille ne revienne de la salle du banquet.

Le Hapien se met à le fixer intensément et le jeune homme commence à avoir la tête qui tourne. Il se sent gagné par une grande faiblesse, au point qu’il a bientôt du mal à marcher et, vidé de son énergie, il finit par s’évanouir dans les bras d’un secourable étranger à cheveux blonds, qui le traîne aussitôt dans un placard à pièces détachées. Là, entre les droïdes de service désarticulés en attente d’une réparation, Absalom se livre à l’une de ses grandes passions : déshabiller les messieurs.

Une fois revêtu des habits du serveur et le serveur, lui, évanoui mais bien vivant, ce qui est plus que ce à quoi peuvent prétendre bien des gens qui ont croisé le chemin de Noctis, ce dernier adopte un air affairé et un peu fatigué et surgit dans les cuisines en s’exclamant :

Le patron veut un service en chambre !

L’Arcona le fixe aussitôt d’un regard méfiant.

Mais t’es qui, toi, au juste ?
Je suis Rocco.
Rocco ?
Je remplace Manuelo.
Manuelo ?

L’ancien Sith esquisse un geste de la main.

Je remplace Manuelo, dit-il d’une voix hypnotique.

L’Arcona cligne plusieurs fois de ses yeux jaunâtres.

Je suis un intérimaire inexpérimenté, insiste le sorcier.
Tu es un intérimaire inexpérimenté, murmure le chef de brigade d’un air absent.
Cette chemise me va à ravir.
Cette chemise te va à ravir.

L’Arcona frémit.

Donc ? La chambre du chef, c’est par où ?
Laisse, dit l’autre, On va envoyer quelqu’un de plus expérimenté.

Absalom adopte aussitôt un air mi-craintif, mi-embarrassé, avec juste ce qu’il faut d’innocence candide, et glisse :

C’est que… Je crois que le chef a promis à un… associé à lui que… Que c’est moi qui ferais le service.
Hmm…

L’Arcona le détaille de la têt aux pieds. Les goûts des proche-humains lui échapperont toujours. Ces tout petits yeux, cette tête étroite, ces allures de grands dadais. Mais enfin ! La galaxie abrite bien des perversions.

Soit…, soupire-t-il, sans une once de compassion pour le terrible destin qui attend ce serveur ingénu.

S’ensuit une série d’instructions sur la localisation précise de la chambre du maître des lieux, dont Absalom s’efforce de suivre la correspondance sur les façades du bâtiment. L’exercice architectural est d’autant plus compliqué qu’on lui met un plateau dans les mains et des plats sur le plateau. Des plats qui s’agitent tout seuls, pour une part, de grouillants potages où ondulent des larves — juteuses, à n’en pas douter.

De retour dans le couloir, Absalom vérifie que personne ne le suit et disparaît dans son placard, pour se changer une nouvelle fois. C’est là, entre une victime évanouie et des victuailles répugnantes qu’il convoque la Force pour rappeler à sa mémoire les propos exacts de l’Arcona et reprendre, patiemment, étage par étage, mètre par mètre, le trajet qu’on lui a indiqué, par rapport à ce qu’il a pu observer de l’extérieur.

Au bout du compte, quand il se sent certain de ne pas s’être trompé, il jette un prudent coup d’oeil dans le couloir et sort, pour traverser promptement la cour et se réinstaller au volant du speeder. La voix de son examinatrice au permis de conduire, une vieille mon calamari desséchée, lui revient à l’esprit :

Mais nom d’un poulpe, Absalom, vous avez deux pieds gauches à la place des yeux ou quoi ?
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De nouveau, nous entrons dans la demeure. Le couloir est immense mais chaque porte pouvant nous permettre de le quitter se trouve à être close. Le fait est que les convives ne peuvent jouir que de l’accès à la grande salle de réception ou à la terrasse. Mon guide n’a d’autres choix que de tenter d’intervenir directement auprès de la piétaille en charge du service, la garde étant largement robotisée. Tandis que nous nous présentons de nouveau en haut du grand escalier, il interpelle un jeune humain d’une vingtaine d’année à la chevelure rousse délicatement tressée. Je dois bien avouer que l’élégance simple de cette coiffure lui va à ravir. « Excusez-moi, jeune homme, pourriez-vous nous ouvrir l’accès à l’aile ouest ? J’aimerais beaucoup faire visiter l’endroit à mon amie. Le serveur sourit, un peu gêné. – Je suis désolé, Monsieur, mais nous avons l’interdiction formelle d’ouvrir ces portes. Je n’ai moi-même pas l’autorisation de circuler ailleurs qu’entre les cuisines et les lieux destinés à accueillir la réception. – Bon, bon… Je comprends bien que vous n’y pouvez grand-chose, mais allez me chercher immédiatement votre supérieur, lui saura certainement me satisfaire puisque vous en êtes incapable. Le domestique s’incline respectueusement, accueillant la pique avec toute la contrition attendu d’un être rampant, et s’éloigne à grandes enjambées, abandonnant le service. Gëorg se tourne alors vers moi pour commenter. Il ne sert à rien de discuter avec le petit personnel. Un claquement de doigt suffit à faire s’évaporer leurs contrats, parfois même leur tête. Comment pouvez-vous attendre d’eux quoi que ce soit ? Enfin… Un peu de patience, voilà tout. »

De la patience… Certes, la soirée n’en est qu’à ses débuts, bien que déjà nous avons largement travaillé à avancer nos pions. Nous nous approchons de la balustrade du grand escalier et nous penchons sur la salle immense de réception. Les lustres flamboient, des convives jaillit un tumulte de voix et de manifestations outrancières d’émotions. Les courtisans œuvrent à gagner les cœurs et les lits, les alliances commerciales se font ou se défont, les informations s’échangent aussi bien que les plateaux de denrées. Tout cela… Un bouillon crasseux d’une culture triste. Je pourrais ruiner l’esprit de chacun, étêter tous les autres. Pourquoi suis-je ici ? Pour n’œuvre-t-Elle toujours pas à me rendre davantage capable ? :: Je commence à m’ennuyer, et l’ennuie me rend maussade. Ne pourriez-vous pas m’occuper l’esprit en me présentant ces gens ? Vous êtes très mauvais pour leur inventer des vies, peut-être pourriez-vous simplement me les dépeindre pour ce qu’ils sont réellement ? Il me regarde, avec un sourire, je crois qu’il apprécie un caractère affirmé. – Si vous le souhaitez. Voyez-vous cette femme, avec le costume rouge ? Elle se nomme Y’Zabel Baalk-Ahni, une politique de l’Espace Républicain, elle brigue la charge de Sénatrice et fait en sorte, ici, de trouver quelques financements supplémentaires. Là, vous pouvez reconnaître l’uniforme de la Czerka, Seerj Däço, la branche armement, en pleine conversation avec Pab-Lauh Es’Ko’Baar, un représentant important du Cartel Djiilo, certainement en train de négocier un contrat d’important ; quoiqu’ils soient aussi bons amis, peut-être sont-ils simplement en train de plaisanter. Là, vous avez le Damoiseau Dio Nyysos, un courtisan de très haute volée, qui a fait tourner plus d’une tête, et de fait, un informateur d’une grande qualité. Il est à la tête d’un réseau assez impressionnant, pas si nombreux mais terriblement protégé. Il a un sens très singulier de la loyauté et du rapport aux contrats. J’imagine que lorsque vous connaissez bien ses règles, vous finissez par pouvoir lui faire confiance, ce qui maintient sa tête sur ses épaules : il n’est finalement l’ennemi de personne, tout le monde sait comment s’en faire un bon ami. Soudain, je réalise que je parviens pas à comprendre la place de mon cavalier dans ce vaste jeu, et je l’interromps. – Mais… Et vous alors ? Votre fortune, à quoi la devez-vous ? Il me regarde à nouveau, sourit, tourne le dos à la salle, s’appuie sur la solide rambarde et, non sans avoir balayer ses cheveux d’un geste princier de la main, se dévoile : – Je suis l’une des grandes baleines du secteur énergétique, ma chère. Si ce monde tourne, c’est que j’y injecte de quoi le faire tourner. Cela peut sembler terriblement prosaïque, et ça l’est, pour sûr, mais c’est aussi très lucratif et bien moins exposé que d’autres marchés comme la défense. – Effectivement, on aura fait plus excitant… Du moins, avez-vous la tranquillité nécessaire à profiter de votre argent. J’imagine qu’en cela, au moins, on peut trouver un avantage. » Une petite mort, aussi ?

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« Bon, écoutez, Alek, je connais ce palais pour y avoir été invité de nombreuses fois personnellement. Je peux vous faire, de mémoire, la visite entière des lieux. Jaliac lui-même m’a déjà présenté sa galerie d’art. Que vous ne fassiez pas confiance aux quelques nouvelles têtes présentes ici, c’est une chose, que vous m’insultiez en prétendant me traiter de la même façon… Le seigneur montre enfin les crocs. Son regard dur semble près de briser le front du laquais récalcitrant jusque-là. Il ajoute, coup d’estoc qui frappe à la carotide. J’ai foulé ces sols bien avant que vous ayez trouvé ce poste, mon garçon, je les foulerai encore lorsque vous l’aurez perdu. » Il n’en fallait pas plus pour que l’individu, devenu parfaitement blême, cède enfin et ouvre une porte, non sans en avoir averti la sécurité, nous assurant qu’il la referme immédiatement derrière nous.

Nous nous avançons, dignement, et nous attendons que le sifflement et le loquet retombe avant d’échanger de nouveau. :: Quelle démonstration... J’avoue que cela ne m’a pas laissé indifférente. Prendrons-nous du temps pour nous, durant cette visite, Gëorg ? De nouveau, j’use de mon esprit pour raviver, dans son esprit, ses souvenirs les plus brûlants. Je remarque la ferveur de son souffle, lorsqu’il répond. – Bien sûr, Sha’Nen. Tout ce que vous voudrez. Je souris, malicieuse. – Attention, lorsque vous vous avancez ainsi, je suis de celle qui désire beaucoup. ::

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Le petit salon est très faiblement éclairé, des lumières oranges, vacillantes, sur les murs imitent la flamme. Son corps est étendu, encore extatique, sur le canapé qui a accueilli nos ébats. Je ne l’ai pas ménagé, stimulant son esprit comme on aiguillonnerait un taureau, et, sitôt l’effort déployé, fichant dans la trame de ses pensées le sommeil, toujours plus présent, toujours plus accablant. Le quatrième verre de cognac git, abandonné, sur la table basse où il l’a abandonné. Il y a des savoirs-faires que je ne semble pas avoir perdu, malgré ma claire sous-exploitation.

Discrètement, drapée dans l’ombre, je quitte la pièce, dans ma main, un appareil de communication. Mon message s’envoie : « Mon cher ami, où en êtes-vous ? »
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Pignouf !

Tout de suite, c’est d’une violence…

Au volant de son speeder, Absalom progresse avec l’allant d’un septuagénaire myope et arthritique, tout crispé et tout anxieux, dans une cour encombrée par une nouvelle vague de livraisons. Pile au moment il démarrait. Devant lui, de vastes espaces vides pour se ranger sous la fenêtre de Hutt, et soudain, des flots de speeders, des camions qui déchargent leurs bouteilles, des droïdes et des manutentionnaires pressés, des disputes, des insultes, des infractions au code de la route.

Le pauvre Hapien manœuvre donc comme il peut, c’est-à-dire assez mal, dans les défilés étroits laissés libres par les livreurs garés n’importe comment. On ne cesse de lui couper le chemin, on lui fait des tentacules d’honneur, tout cela est d’une infinie grossièreté et, de la part des malotrus, d’une très grande imprudence qu’ils se reprocheraient sans doute s’ils savaient à qui ils ont affaire.

Et après ça s’étonne que les gens sombrent dans le Côté Obscur, marmonne Absalom.

À vrai dire, il est à deux doigts et un coup de klaxon d’étendre un champ de la mort tout autour de lui, histoire de couper court pour de bon à toutes ces incivilités, et puis de déblayer les speeders à la déflagration télékinésique. Un reste de savoir-vivre le retient dans ce projet assez radical de promotion de la sécurité routière et il parvient à manoeuvrer son véhicule jusqu’à un bouclier énergétique qui sert de barrière entre la cour de service et les espaces privatifs du luxueux palais.

Bonjour, lance-t-il au garde qui réussit l’exploit surhumain de dormir profondément malgré tout le remue-ménage à deux pas de lui. Bonjour ?

Pas de réponse. L’homme bedonnant ronfle prodigieusement, le nez baissé, la moustache tombante, et son ventre qui se soulève évoque un peu le ballon d’une montgolfière. Après s’être éclairci la gorge, avoir toussoté, siffloté, soupiré théâtralement, Absalom, à court de politesses, tend l’index et, d’une légère impulsion de la Force, dévie l’un des pieds de la chaise et le garde-barrière se relève en sursaut en se sentant basculer.

Bordel de chiottes, s’exclame-t-il poétiquement à cette occasion !
On ne saurait mieux dire, réplique Absalom. Je dois passer.
Pas possible.
Allons bon.
Ce sont les jardins privés du chef.
Mais justement : je viens livrer du fromage au chef en personne.
Passez par les cuisines.
J’en viens et on m’a dit qu’une dégustation était prévue dans les jardins. Moi, vous savez, je vais où on me dit.

L’homme est sceptique.

Et puis j’ai une grosse meule, insiste Absalom.
Je vous demande pardon ?

Absalom fait un geste de deux doigts devant les yeux de l’homme et insiste d’une voix qui résonne dans l’esprit du malheureux :

J’ai une très grosse meule.
Vous… vous avez une grosse meule, répète machinalement son interlocuteur.
Vous ne voulez pas voir ma grosse meule.
Je ne veux pas voir votre grosse meule.

Un silence s’installe entre eux, puis l’homme cligne des yeux plusieurs fois.

… et donc c’est plus pratique de livrer directement dans les jardins, fait le sorcier tout naturellement, comme s’ils venaient de conclure une conversation parfaitement rationnelle.
Je… euh… oui, oui, bien sûr, je suppose. Je vais appeler la sécurité, tout de même.
Encore, s’étonne Absalom avec tout son angélisme ?
Comment ça, encore ?
C’est pas précisément ce que vous venez de faire ?

Le garde-barrière sent en effet des souvenirs confus d’un appel assez vague s’agiter dans sa conscience.

Eeuh… ou… oui, oui, bien sûr…, balbutie-t-il. Bien sûr. Vous…
Vous voulez inspecter la cargaison une deuxième fois ?
Une deuxième fois ?
J’ai rien contre, assure Absalom, comme si l’arrière de sa camionnette ne refermait pas un musculeux Twi’Lek tout nu en plein rêve homoérotique.
Non non mais non, allez-y, allez-y.

Et le garde compose à toute vitesse un code à douze chiffres sur le petit clavier encastré dans le mur, qu’Absalom ne quitte pas des yeux. La barrière se dissipe et le speeder peut s’engager dans des allées élégantes qui longent des parterres impeccablement entretenus, symbole de la puissance d’un propriétaire capable de domestiquer une nature souvent hostile, au sein de l’Espace Hutt.

Le Hapien s’arrête sous les fenêtres qui donnent, selon ce qu’il a compris des explications du chef de brigade dans les cuisines, directement dans la chambre du Hutt. À peine le moteur coupé, il s’empresse de se plonger dans son souvenir du clavier et du code du bouclier, auquel la Force donne une acuité particulière, et il note les chiffres de désactivation sur son datapad.

Il ne reste plus qu’à récupérer son chargement, et voici justement que sa complice l’interroge. Noctis répond aussitôt :

Le berceau est prêt pour le nourrisson.

Et puis :

La corbeille attend la banane.

Et enfin :

La croûte est là pour le pâté.

Sur quoi, il descend de son speeder et lève les yeux vers la fenêtre, prêt à recevoir par la force de l’esprit la masse il l’espère pas encore trop considérable de leur proie.
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Absalom Thorn, goldenrod

L’étrangeté burlesque du message codé qui m’est envoyé en guise de réponse me surprend, et le sourire qui naît de cette légère stupeur ne manque pas non plus de me trouver surprise aussi. Suis-je finalement sensible à cet humour ? Sous les airs graves et travaillés ? Soit. Puisque le carrosse est avancé, en ce cas, il me faut parvenir jusqu’à monsieur et l’y mener. Aussitôt que je clos la porte, je me fons dans les ombres de la Force et j’enflamme mon corps de la fureur du Côté Obscur. Absalom m’a signifié sa volonté de voir mon chemin bordé de cadavres portant les marques de la Sith ; je m’apprête, non sans une excitation trop longtemps contenue, à œuvrer à l’avènement de ce nouveau paysage. Elève studieuse, je me répète la leçon qui m’a été donné par la bête terrassée que j’ai abandonnée dans le salon. Je sais quelle est la direction que mes pas doivent emprunter. Les couloirs sont singulièrement vides, tandis que je vais. Ici, là, un droïde va, peu soucieux de l’incongruité visuelle que je suis. Qu’ils vaquent, mon désir de mort ne s’étend pas à la destruction de l’inutile.

Alors que je gravis une volée d’escalier, je flaire la piste du vivant. Enfin, je trouve de pauvres agneaux à sacrifier sur l’autel de notre nécessité. Un simple domestique, d’abord, s’engage dans l’escalier, un lourd plateau d’argent dans les mains. Il n’a guère le temps de réaliser la lumière qui vient de jaillir de ma lame, l’esprit a quitté le corps, l’ensemble roule dans les escaliers dans un terrible fracas de vaisselle brisée et de métal bondissant. Des pas précipités dans le couloir m’avertissent aussi bien que la Force qu’un autre a entendu l’accident. Sa voix, clairement, me suggère qu’il ne s’inquiète pas du pire : « Tout va bien, Isa’ak ? Tu as raté une marche ? » J’entends presque un sourire moqueur se glisser sous la question. Cet élan des lèvres, je le vois aller, à son tour, de marche en marche, la surprise n’a pas eu le temps de le dissiper. Je laisse là les corps, il me faut à présent aller vite, nul doute qu’on s’interrogera de ne plus voir à l’image ces deux tristes sires.

Mes pas sont plus empressés, je termine de gravir l’escalier et me faufile dans un nouveau couloir. De nouveau, je perçois au-devant la présence d’esprit vivant, quoiqu’ils ne soient pas en alerte. Aucune alarme pour trahir les corps découverts. Je profite de cette avance qui m’est donnée pour poursuivre mon œuvre. Ils discutent, inconscients de la mort qui rampe jusqu’à eux. La soirée devait être tranquille. De part et d’autres de la porte qu’ils gardent, se faisant face, ils ne prêtent même pas un œil à l’ondulation curieuse qui va vers eux. Je me sais semblable, à cet instant, à la chaleur brisant la lumière à l’horizon, lorsque les rayons solaires frappent le sol avec une telle intensité que la réfraction fait vaciller le monde. Je plonge entre eux, activant les deux lames à la fois, lesquelles viennent se planter aux travers deux leurs deux cœurs. Ils n’ont pas le temps d’hurler. Je saisis une main, la tranche, m’en sers de sésame palmaire pour ouvrir l’accès au cœur du palais.

J’ignore si la Force me conseille ou si le sentiment d’urgence ne naît que du temps lui-même qui file. Je n’ignore pas que sitôt découvert mes actions, ma cible sera très certainement exfiltrée dans les minutes qui suivront. Je ne peux me permettre que cela arrive. Je puise dans la Force pour alimenter mon corps et ma course, soudain, dépasse les normes mortelles. J’ignore si mon empressement me trahit, peut-être est-ce simplement que mon pouvoir n’est pas encore assez grand. Devant la porte que je devine être celle que je cherche, un immense droïde jouxté d’une Weeqay colossale et d’un humain non moins menaçant. La Weeqay réagit la première et alors que je m’approche, se tourne immédiatement vers moi. « Un intrus ! » J’ai tout juste le temps de plonger que déjà, elle déverse un flot presque ininterrompu de plasma à travers l’espace. Sinon mes réflexes vivifiés par le feu obscur qui coule dans mes veines, sûrement aurais-je été fauchée là. L’humain, sidéré, incapable de comprendre ce sur quoi tire son homologue, me laisse l’opportunité de parvenir jusqu’à lui et de délester ses jambes de son buste. Ma présence ne fait plus aucun doute, mais elle était déjà une certitude : en témoigne la formidable percussion que m’administre le droïde. Tout juste parée, celle-ci m’oblige à un bond en arrière de quelques mètres. La douleur dans mes avants bras aussitôt enflamme mes sens : je ne suis pas faite du même métal que lui. Je grogne, mes lames s’activent à temps pour parer un tir, deux. Le troisième vient ajouter sa note brûlante à la douleur jusque-là soliste de mes bras. « La faille de sécurité a été communiqué, Truuk. Des renforts sont en rou… » J’ai bondi, pris appui sur le mur, virevolté, tranché le droïde en deux à la verticale. Ne reste plus que Truuk, qui de nouveau tire, tire, tire... Lorsque je parviens à défaire mon ennemi, celui est parvenu à m’entailler les côtes.

Mon sabre me ménage une entrée dans la porte des appartements princiers. Le spectacle que je découvre est pour le moins inattendu. Ma cible se tient bien sagement au milieu de la pièce, tenue en joue par une vibro-lame, tandis qu’un galant homme le tient en respect. Ma main effleure mon dispositif de communication pour envoyer le signal de détresse à Absalom, il doit, au plus vite, me proposer une porte de sortie. « J’ignore ce que vous faites ici, ou à vrai dire je ne le sais que trop bien. Cette ordure est à moi, et je ne vous laisserai pas me voler la victoire. » De l’autre main, le Togruta tire. J’ignore comment il a pu dissimuler, dans pareil tenue, autant d’armes, mais toujours est-il que je me trouve à devoir parer le tir, malgré les brûlures, et que j’oriente comme je le peux le feu vers l’immense baie vitrée du bureau princier. La verrière vole en éclat, mon équipier devra être aveugle pour manquer l’entrée ainsi ménagée.
Absalom Thorn
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Et nous accueillons cet après-midi, sur Rance Huttlture, l’éminent historien, le grand spécialiste des siècles passés, dont la voix et la plume nous enchantent, je veux bien sûr parler de Patriste Moucheron.

(Absalom est à deux doigts d’enfoncer son sabre laser lame la première dans l’holorécepteur du speeder qui diffuse les émissions audios locales.)

Patriste Moucheron, bonjour. Vous venez de publier aux éditions du Treuil La Crasse qu’il ôta, un ouvrage consacré à la réception posthume de saint Embraye de Giclan, figure religieuse tutélaire des mécaniciens de speeders dans les croyances des hérétiques néo-crypto-rodiens entre 20 999 et 21 002, un ouvrage d’un intérêt bien sûr brûlant pour le grand public, auquel nous allons dès à présent consacrer treize heures d’antenne.
Je vais décéder d’ennui, reproche le Hapien au haut-parleur, la tête enfoncée dans le dossier du speeder, précisément au moment où une vitre explose quelques étages plus haut et tombe dans une pluie fine et salvatrice sur le toit de la camionnette.

Le sorcier descend la fenêtre.
Jette un coup d’oeil à l’extérieur.
Et sourit.

Hé bien enfin un peu d’hospitalité !
Patriste Moucheron, vous avez aussi récemment dirigé l’Histoire monacale de la frange, une étude captivante et polyphonique sur la chevelure des…

Trop tard pour le célèbre professeur : Absalom a déjà déserté le speeder et il est en train de léviter vers la fenêtre pulvérisée. C’est moins rapide que le turbolift mais ça fait voler les cheveux au vent, ce qui est plus télégénique. Quand il prend appui sur le balcon, c’est pour découvrir :

petita. Un Hutt aux yeux globuleux qui semble se demander comment ses projets festifs ont pu aussi mal tourner.
petitb. Un Togruta à joli fessier qui nourrit de toute évidence des projets assassins.
petitc. Une Kiffar qui n’a pas la politesse de se laisser assassiner.

La présence de l’ancien Seigneur Sith se signale d’abord par un vague malaise, une inquiétude encore indéfinie avant même que le Togruta ne se rende compte qu’un nouveau danseur vient de se joindre au bal. Puis l’inquiétude se mue en peur et, quand il tourne un regard de tooka maniaco-dépressif sur l’intrus, la peur devient panique. Le Hutt lui-même semble en revanche entièrement préservé de cette aura hors du commun, quoiqu’il soit encore jeune pour jouir de la même résistance psychique que ses aînés.

Les mains du Togruta tremblent et son tir est si maladroit qu'il va brûler une tapisserie. Noctis esquisse un geste de l’index et du majeur, et le blaster saute des mains du malheureux pour rouler à l’autre bout de la pièce. Absalom fait un pas en avant. Le Togruta fait un pas en arrière. C’est une valse à deux temps, jusqu’à ce que le sorcier déclare :

Comment osez-vous vous attaquer au maître en sa demeure ?

Et alors que le Togruta, de plus en plus pâle, tombe à genoux car ses jambes ne parviennent plus à le supporter, le Hapien se tourne vers Dogba Djiilo, exécute une légère révérence et déclare :

Votre Excellence, permettez-nous de vous défaire de cet outrecuidant.

Un peu de théâtre ne fait jamais de mal pour impressionner les jeunes esprits de cinquante ans, alors le sabre laser d’Absalom jaillit de sous ses vêtements pour se loger dans sa paume et sa lame jette brièvement sa lumière rouge mat dans la chambre, pour décapiter d’un revers l’indélicat mercenaire.

Votre Excellence, je crains que votre sécurité n’ait été gravement compromise, enchaîne-t-il alors aussitôt. Mon associée et moi avons été engagés par votre famille pour veiller sur vous, après avoir appris que la corruption avait gagné les rangs de vos services de protection et qu’un terrible attentat avait été ourdi contre votre vie. Je regrette que nous ayons failli arriver trop tard, mais il nous a fallu nous frayer un chemin à travers ceux de vos gardes qui se sont retournés contre vous.

Par précaution, Absalom s’abstient de s’infiltrer dans l’esprit du Hutt pour soutenir son discours. Dans la vie, il faut savoir (très ponctuellement) faire preuve de modestie et il est des créatures contre lesquelles la télépathie est un instrument imprudent.

Il y a tout le lieu de craindre que…

Des bruits de botte se font entendre dans le couloir. Avec un air à la fois alarmé et sobrement professionnel, Absalom s’exclame :

Mon dieu ! Les renforts des conspirateurs sont déjà là.

Il fait un geste de la main pour renverser une lourde commode qui vient entraver l’accès à la pièce et se retourne une nouvelle fois vers le Hutt, pour dire d’une voix pressante :

Votre Excellence ! Vous êtes trahi par votre garde, mais l’heure de la vengeance n’a pas encore sonné. Il faut absolument que nous puissions vous mettre en sécurité, il en va de la survie de votre kajidic. De votre future ascension. Laissez-nous vous prêter assistance : votre famille n’aurait pas trouver meilleurs mercenaires que nous pour veiller sur votre auguste personne.
Alysha Myy’Lano
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Absalom Thorn, goldenrod

Il faut croire que notre victime vaut son pesant d’or. Il faut dire que sitôt indexé son prix en or à sa masse, un Hutt est toujours lucratif, qu’importe la quantité d’or initiale. Je ne m’attendais pourtant pas à trouver une telle compétitivité sur ce marché. L’entrée d’Absalom, toute angoissante qu’elle soit, est curieusement un soulagement. Il m’aurait été très compliqué de parvenir à exfiltrer la cible, une fois sa cervelle brûlée. Sa démonstration de puissance est sans équivoque. Il n’y a pas une seconde durant laquelle le Togruta dispose de la moindre chance avant que la lame ne s’abatte. Un chiot soudain encerclé par les loups. Le son sourd d’une tête retombant sur un tapis excessivement cher pour être tâché, mon corps se relâche, la tension retombe d’un cran. Nous n’avons pourtant que peu de temps.

Ne pouvant m’adjoindre au discours de l’Hapien autrement que par les actes, je scelle immédiatement la porte par laquelle je suis arrivée, passant rapidement ma lame sur les points clefs du métal afin que celui-ci fusionne. Qu’importe qui nous poursuivra, il ne le pourra le faire par-là qu’au moyen d’explosifs, nous faisant gagner quelques précieuses secondes, peut-être même minutes. Le temps de faire, déjà, Absalom est parvenu à convaincre le Hutt et tout deux s’avancent vers ce que tout indique être un simple mur. Il n’est pas surprenant pourtant d’y découvrir une porte dissimulée que l’œil, même averti, n’aurait jamais su trouver.

« Par-là, un véhicule nous attend quelque part. Le ton du Hutt est impérieux. J’use de la Force pour bondir en avant et être la première à m’engager dans le dédale secret du couloir. Je laisse à mon comparse le soin de faire la conversation à notre victime, je ne rivalise pas avec son talent en la matière. L’endroit est intelligemment pensé pour répondre au besoin d’un Hutt en pleine fuite. Le sol n’est ni de marbre, ni de fer, il s’agit en réalité d’un long tapis, lequel, aussitôt, s’anime pour pallier la lente mobilité de son principal utilisateur. Il est difficile, alors, de juger de la distance que nous parcourons, d’autant que la sobriété des murs ne laisse guère la possibilité de trouver repère. A intervalle régulier, nous voyons s’activer des dispositifs létaux de sécurité automatique, lesquels couvriront très certainement nos arrières. Ce chemin est une voie à passage unique. Soudain, le sol s’incline, et nous descendons. Vraisemblablement, nous quittons le complexe palatial. Derrière moi, j’entends en écho les inquiétudes de notre hôte. Des mercenaires ? Armés de sabre-laser et usant de la Force ? Tss… Ne me dites pas que ma famille s’amuse à s’accoquiner avec l’Empire ? Les rebelles, peut-être ? L’un comme l’autre… J’en aurais honte. Ces vermines ont suffisamment humilié les Cartels pour ne pas nous abaisser à faire appel à leur soutien. Je ne l’accepte pas. Non… Mon père ne l’accepterait pas non plus. Des Jedis, alors ? Impossible. Vous n’auriez pas ainsi tué l’autre vermisseau. Des indépendants ? Une chose si rare… J’ignore même le mot adéquat pour vous désigner, alors ? N’est-ce pas ce qu’on appellerait des Jedis Noirs ? Le terme semble si ridicule. Ceci dit, il vous siérait tout à fait. Bon sang, regardez-vous… Incapable d’arrêter cet attentat avant qu’il ne me pose un canon sur la tempe. Et voyez dans quel état vous avez laissé mon bureau… Un vitrail centenaire ! Des centaines d’année de savoir-faire, douze fois votre salaire, sûrement. Et mon tapis ? Certes, votre arme aura empêcher le sang de couler mais… Savez-vous ce qu’il arrive à vos rachitiques cadavres une fois ceux-ci laissé pour mort ? Mon tapis… Un bijou de l’artisanat d’Alderaan… Un cadeau de ma tante ! Et… »

La complainte dure tout le temps de notre trajet et participe largement à me faire perdre la notion du temps dans le long intestin bétonneux. Lorsqu’enfin le tapis ralentit, laissant la possibilité à nos corps de ralentir avec lui et de ne pas se laisser éjecter par l’inertie d’un arrêt brutal, nous découvrons un appareil, une navette, dans un hangar tout aussi minimaliste que ce que nous avons découvert jusque-là. Absalom comme le Hutt s’y engagent. Chacun nous prenons place à l’intérieur de l’appareil, lorsque soudain, la litanie plaintive de notre colis geignard attire de nouveau mon attention. « Attendez… attendez… quelque chose ne tourne pas rond. ». Un coup d’œil jeté vers Absalom. Ni lui, ni moi ne désirons avoir à maîtriser un Hutt dans l’espace ridiculement réduit de la navette dans laquelle nous sommes à présent.
Absalom Thorn
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Absalom déploie tout son attirail de :

Hmm hmm.

Et :

Ah ?

Voire :

Quelle indignité !

Et même :

On ne peut que le déplorer.

Le discours de leur captif qui s’ignore est interminable, mais l’ancien Sith l’écoute avec la plus grande attention. C’est parfois dans ces remarques sans intérêt que se cache la clef pour une future manipulation réussie. Le Hapien connaît mal cette espèce étrange qui a pourtant une si grande influence dans les secteurs où il cherche lui-même à étendre son activité. Alors, comme un chasseur, il observe et il étudie.

Absalom sait que Dogba est jeune. Très jeune, même, pour son espèce. Mais les conséquences précises de son âge demeurent floues pour lui. Sans doute y a-t-il une forme de naïveté dans la manière dont l’enfant s’est laissé prendre à son histoire — ou tout du moins une volonté toute juvénile de vivre un moment exceptionnel et romanesque, comme ses aînés, après avoir été enfermé pendant des années dans la prison dorée d’un palais trop lourdement gardé.

Mais la naïveté, même des enfants, a ses limites. Tout en laissant le soin à sa complice de démarrer la navette, Absalom pivote sur le siège du co-pilote pour faire face à leur prisonnier.

En effet, Votre Excellence, répond-t-il sans l’ombre d’une hésitation. La situation est trouble et moi-même, j’ai des doutes sur les informations qu’on nous a fournies. Je crains qu’un complot soit à l’oeuvre, dont les tenants et les aboutissants m’échappent…
Le contraire eût été surprenant…, réplique Dogba avec un sarcasme de réflexe.
… mais qu’il nous appartient désormais de débrouiller. Je crois que les personnes qui nous ont engagés sont peut-être les mêmes que celles qui ont fomenté la rébellion dans votre palais et que leur but est de faire croire à l’intervention de l’Empire très avant dans l’Espace Hutt, possiblement pour le compte de l’Empire lui-même.

Puisque Dogba semble porté à une paranoïa précoce, le diplomate s’est décidé à l’abreuver de complots de plus en plus confus et élaborés. Il flatte la pente naturelle aux spéculations les plus audacieuses, afin d’égarer l’esprit critique naissant du Hutt dans un labyrinthe de conjectures invérifiables et de doutes controuvés.

Mais… pourquoi l’Empire chercherait à se faire accuser lui-même ?
Réfléchissez, Votre Excellence ! Un esprit comme le vôtre voit sans doute que les apparences sont trompeuses et que la masse se laisse gouverner comme des éopies par les mensonges du système.
Évidemment, évidemment, s’empresse de répondre le Hutt dont on flatte l’égo. J’imagine que… Que l’Empire cherche à susciter une attaque des cartels pour faire sortir du bois la résistance hutt sur les territoires conquis afin de stabiliser son influence en l’éradiquant une bonne foi pour toute.
C’est très probable, Votre Excellence ! Moi-même, je me demande si certains dans les Kajidics n’emploient pas des agents de l’Empire pour se faire passer pour des agents des kajidics se faisant passer pour des agents de l’Empire se faisant passer pour des agents des kajidics afin de s’associer contre les kajidics dans le contexte de la guerre civile impériale. Vous me suivez ?

Dogba le fixe avec des yeux extraordinairement globuleux alors que la navette s’élève dans l’atmosphère planétaire.

Mais… Mais oui, bien sûr que je vous suis, voyons. Que croyez-vous ? J’avais envisagé cette… possibilité… avant même que vous ne l’énonciez. Pour tout vous dire, la situation m’a paru immédiatement assez claire dès l’irruption de ce Togruta dans mes appartements. Avant, même ! Je tenais conseil avec mon père à ce sujet avant même son départ.
Voilà qui ne m’étonne guère, Votre Excellence. Nous-mêmes, voyez-vous, nous sommes d’anciens membres de l’Inquisition impériale, trahis par notre hiérarchie à cause de notre histoire d’amour tumultueuse.

Tout un roman.

Persécutés par des forces contraires, nous avons été contraints de fuir et nous sommes animés désormais, tout autant que d’une passion torride qui peine toujours à se contenir, d’un insatiable désir de vengeance à l’encontre de nos anciens persécuteurs.

Absalom tend tellement de perches qu’on le croirait en train d’organiser une compétition d’athlétisme.

Et peut-être… Peut-être… Peut-être pourrais-je vous faire une offre plus intéressante pour que vous cessiez de travailler pour ceux qui cherchent à ce que vous fassiez passer pour des gens qui se font passer pour ce que vous êtes vraiment ? À la place, vous vous feriez passer pour des gens qui ont été engagés pour se faire passer pour des gens qui se font passer pour… Enfin, vous me suivez.
Votre Excellence souhaite que nous jouions sextuple jeu, en somme.
Voilà.
La situation, quand elle est présentée par Votre Excellence, devient en effet d’une rare limpidité. Nous avons, avec ma compagne pour laquelle je brûle d’un amour incontrôlable et presque désespéré qui me pousse a accepté avec sincérité les opportunités qui se présentent à moi, un pied à terre dans un endroit sécurisé, astucieusement dissimulé sous le nez même de vos adversaires, et où je propose que nous fassions escale, pour restaurer nos forces, là où on s’attend le moins à vous trouver. Vos ennemis sous-estiment probablement votre ruse, mais…
Ah, mais ils ont bien tort ! Ils croient que je suis faible parce que mon père me protège, mais j’ai hérité de toute son intelligence ! Je les prendrai bien par surprise, moi, ces hutto-império-hutto-império-hutto-impériaux.
La détermination courageuse de Votre Excellence est un exemple pour nous tous.
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