Luke Kayan
Luke Kayan
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Encore ébranlé, Luke était revenu sur Dantooine. Après une douche glacée dans une des petites chambres d'invités sur Coruscant qu'on lui octroyait lorsqu'il venait, le jeune homme avait retrouvé ses esprits. Bien sûr qu'il comptait faire un rapport sur Darth Noctis, raconter au Conseil cette rencontre impromptue et parler des étranges idéaux, fascinants mais effrayants de ce Mégalomane Tolérant. Cet Oxymore vivant qui cumulait les contradictions et qui l'avait abordé amicalement, sans besoin de menace ou de prise d'otages. Deux rencontres de cet autre type à suivre, s'en était trop pour le Hapien. Aussi avait-il décidé de réfléchir, d'en parler avec Karm avant d'aborder ce thème avec ses aînés. Ces derniers, très occupés, n'avaient nul besoin d'un gamin effrayé, échevelé qui bégayait ses aventures. Il fallait leur faire gagner de précieuses heures en choisissant les informations, en les réinterprétant afin d'offrir un compte-rendu sérieux capable d'aider les Gardiens, voire les Ombres qui traquaient le Boucher depuis des années... Et peut-être aussi, garder quelques remarques pour lui, était-ce justifié ? Contraire aux règles implicites régissant leur communauté ?

Puisqu'il avait de toutes manières encore beaucoup de travail sur Dantooine, le Hapien avait demandé l'autorisation de s'y rendre. Personne n'ayant besoin de lui pour une mission particulière, il avait pu partir. L'Enclave se dressait devant ses yeux éteints, tandis qu'il descendait de la navette. Au travers de la Force et un peu du brouhaha environnant, Luke entrevoyait une parcelle de sa grandeur. Ce projet, il l'avait vu naître dans les pensées de l'explorateur, balbutier sur un papier. Il avait participé aux premiers rendez-vous, dont un assez mémorable concernant l'alimentation. Chaque pas dans les couloirs lui offrait un souvenir récent mais tenace. Le combat pour que la cuisine soit mise aux normes, l'organisation des menus pour convenir à toutes les races, la réflexion sur l'architecture, la discussion avec les autorités pour obtenir durablement les droits d'un terrain privé, les rendez-vous pour sécuriser le site et l'interdire au public. Mais surtout, dans cette fameuse cantine, Nata, lui et quelques autres poussants le Créateur à s'exprimer. Sensibles et Insensibles ensemble, autour d'une table, applaudissant cet homme qui avait fait de cette "folie douce" une réalité.

Tout ceci paraissait énorme en comparaison à la simple rencontre, presque anecdotique avec Absalom Thorn. Ils avaient connu pire, comme le duel avec Tavaï et au moins Luke était-il quasiment certain que le blond ne ferait pas directement de mal à Karm. Ce qu'il voulait exactement ? L'objectif n'était pas aussi clair que celui de l'Amaran qui souhaitait relier son ex-Padawan à sa cause ou le tuer. C'était à la fois rassurant et inquiétant. Un nouveau frisson parcourut l'échine du jeune homme. Il avait beau se consoler avec des souvenirs d'obstacles traversés, en réalité, la rencontre gardait toute sa saveur amer-acide.

Luke attendit patiemment que Karm ait un créneau de libre. En attendant, il n'avait pas chômé et avait réglé quelques papiers. Par chance, son habitude à être (trop?) méticuleux avait empêché les documents de s'accumuler, il eut même le luxe de prendre un peu d'avance. Invité au jardin par un compagnon finalement très au courant de sa venue malgré le fait qu'elle n'ait pas été annoncée (ils sentaient la présence de l'un ou l'autre à des kilomètres.), Luke le rejoignit. Il respira profondément, exhalant une sorte de fumée blanche qui s'évanouit dans le paysage. Il faisait particulièrement froid, un temps idéal pour qui souhaitait un brin d'intimité dans ce recoin de parc désert. Sa hauteur relative permettait d'apercevoir les agriculteurs qui bêchaient et labouraient la terre sans relâche, tandis que derrière, se dressait le bâtiment imposant de l'Enclave. Karm et Luke s'étaient déjà rejoint dans ce bout discret d'herbe, à demi-caché par un énorme arbre aux feuilles qui retombaient jusqu'au sol.

- Bonjour.

Le sourire chaleureux du Hapien ne révélait qu'à peine la joie et l'émotion qui parcourait la Force, galopant sur son échine dorsale comme un fougueux animal épris de liberté. Heureux de retrouver son ami, le jeune homme rejeta tout inquiétude, puis posa doucement une main sur son épaule. Ses gestes doux ne transmettaient pas, eux non plus, la moitié de ce que le Jedi ressentait vraiment.

- Je suis toujours subjugué par cet endroit, ce minuscule recoin d'où on sent le monde entier. Ce monde que tu, ils, nous avons construit.

Le Chevalier ferma les yeux, accueillant une brise un peu trop fraîche qui déclencha un frisson, mais qu'importe. La bouffée d'air pur lui brûla presque les poumons tant il avait traîné (trop) sur Coruscant. Mais encore une fois, qu'importe. Après quelques respirations, le jeune homme profiterait davantage encore de la sensation d'harmonie qui l'entourait. C'était toujours lorsqu'on perdait, même momentanément, quelque chose que sa valeur augmentait en flèche. Même s'il mourrait d'envie d'aborder LE sujet, le Hapien respectait toujours ce temps de retrouvailles. Après celles-ci, tendres et retenues, du moins de l'extérieur, seulement, Luke entreprit de raconter son aventure avec Absalom Thorn à son ami.

- Je ne pense pas qu'il m'attendait, moi. Le hasard m'a juste mis sur son chemin, mais il n'a pas douté à me guider jusqu'à lui lorsque j'ai capté sa présence. Il semblait... Ravi de me parler, et ce n'est pas une remarque sarcastique. Non. Vraiment heureux, détendu, certain de ce qu'il appuyait.

La mémoire auditive de Luke compensant celle visuelle, inexistante, il put reproduire assez fidèlement le discours de Thorn à son compagnon. Il ne lui cacha rien, même si l'idée l'avait traversée, que ce soit pour épargner Karm ou... Qui sait, ne pas trop monter le mode de vie libertin de cet Absolom, peut-être en partie celui que l'Explorateur aurait apprécié vivre, mais Luke avait entièrement confiance en son ami, alors il avait rejeté l'idée et vraiment tout raconté. De Skill en passant par la relation familiale du Mégalomane avec sa famille, sa vision d'un futur monde sans inégalités qui valait des sacrifices mais pas "ses compagnons", son amour sincère pour eux.

Il lui conta les critiques faites à l'Ordre, l'esclavage que lui-même semblait reproduire, en subjuguant ses mignons, l'attitude ouverte du Sith et en effet, sa parole, conservée. Pas de menace, pas de mort, Luke avait pu partir librement. Enfin, le Hapien n'omis pas de détailler l'intérêt d'Absalom pour sa personne et ce, depuis sa prime jeunesse.

- Apparemment, il aimerait encore plus discuter avec toi. Je n'ai encore rien dit à nos aînés bien que je pense qu'il faille le faire et que je ne crois pas que son intérêt, principalement pour toi, soit juste scientifique... Mais ça te concerne surtout, alors je voulais en discuter avec toi avant... Sans compter cette Unus qui est "faisait du tourisme sur Ossus"... Elle m'a obligée à discuter avec elle, de faiblesses, de pouvoirs inexploités et je ne sais encore quelles bêtises en prenant en otage toute la cafétéria. Elle aurait pu les tuer, je le sais, via l'esprit.

Cette nouvelle vague de "méchants" mégalomanes, tolérants dont Noctis était le maître absolu, tant il était doué préoccupait Luke, toujours désireux de protéger son compagnon et l'Ordre. Dans le cas d'Absalom, c'était le premier qui semblait être la cible, dans le second, les Jedis en général. Pourquoi donc la Force le mettait lui au centre de ces intrigues en tant qu'intermédiaire ? Il n'en savait rien mais se sentait impuissant. Un frisson parcourut de nouveau l'échine du jeune homme, et ce n'était pas le froid.
Karm Torr
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Peut-être que tu devrais partir.
On cherche à faire un coup d’État, mademoiselle Nata ?


L’Auxiliaire leva les yeux au ciel.


Et voilà, Maître depuis même pas un an et déjà paranoïaque comme un Seigneur Sith.


L’Ark-Ni cessa d’asséner des coups de poings au punching ball — et c’était le punching ball qui le martyrisait plutôt que l’inverse —, pour adresser un sourire amusé à la jeune femme.


C’est pas trop mal ?
Quoi donc ? Mon jeu de jambes ?
Non, ça, c’est abyssal. Le sourire.
Ouais, je sais, j’ai promis à Max d’être un peu plus, genre, tu sais…
Normal ?
Expressif.
Bien ce que je dis.


Assise en tailleur sur le banc depuis lequel elle suivait l’entraînement de son mentor, l’administratrice de l’Enclave reprit sur un ton plus sérieux :


Mais c’est un lieu puissant dans la Force, avec une histoire douloureuse, et au bout d’un moment, tu ne vas pas pouvoir faire de la musculation dix heures par jour…
Si j’arrivais déjà plus d’une heure par jour avant d’avoir les bras en spaghettis, ce serait un miracle, répliqua le Gardien, dont les exercices pour redévelopper sa masse musculaire depuis un ou deux ans, après sa longue convalescence, ne portaient pas les fruits qu’il avait d’abord espérés. Et il faut bien que je m’entraîne.
Tu t’entraînes ou tu chasses les visions ?


Le regard du voyant malgré lui se fit fuyant.


Je me débrouille comme je peux.
Je n’en doute pas.
Pour ça aussi, je m’exerce.
Je ne dis pas le contraire.
C’est juste que…


Il s’interrompit brusquement et Nata haussa un sourcil. Une nouvelle vision ? Depuis des semaines, le Maître était agité par des fragments du passé qui se bousculaient dans son esprit. Elle était persuadée que demeurer sur Dantooine était une épreuve inutile et que Karm aurait pu apprivoiser plus sereinement ses pouvoirs, qui se développaient à une vitesse inquiétante, s’il était allé séjourner à H’rrat ou sur Coruscant.


Qu’est-ce que tu vois, demanda-t-il avec douceur ?
Hmm ? Ah ! Rien. Luke vient d’arriver.
OK, faut que j’aille cacher les yeux des Padawans pour préserver leur innocence.
N’importe quoi.


Néanmoins, Karm défit les bandes qui protégeaient ses poings et gagna la douche à grands pas. Sa progression vers Luke fut constamment interrompue par des conversations qui l’assaillirent en chemin et auxquelles il ne manqua pas, cependant, d’accorder toute son attention.


Enfin, il retrouva son compagnon dans le parc.


Bonjour.


Le Jedi fit un léger geste de la main et une tige s’éleva vers Luke parmi l’herbe de Dantooine, jusqu’à faire éclore tout près de lui une fleur dont Karm savait qu’il appréciait le parfum.


Tu m’as manqué, glissa-t-il, au cas où cela ne relevât pas de l’évidence.


Et puis, pour ne pas rompre la magie et le romantisme de ces retrouvailles, ils se mirent à parler de leur génocidaire favori. Karm prêta une oreille attentive au récit de son compagnon. À vrai dire, ses pensées le ramenaient moins souvent vers l’ancien Seigneur Sith que celles de Luke. Les lubies de Thorn ne lui avaient jamais paru relever de dangers pressants, et il se savait moins capable de les interpréter que les Sentinelles, dont c’était après tout le rôle. Alors, pragmatique, il était passé à autre chose.


Je vois, fit-il d’un ton pensif, quand Luke eut terminé ses explications. Le plus inquiétant dans tout cela, c’est peut-être au fond moins son intérêt pour nous que sa présence au Sénat galactique. Je ne suis pas un expert en politique, mais si la délégation hapienne l’a enrôlé, j’imagine que ça veut dire qu’il est plutôt bien installé sur place, malgré son genre, et s’il est reçu au Sénat, c’est qu’il y a des gens influents en République qui sont prêts à passer l’éponge.


La situation d’Absalom était complexe et il n’y avait jamais vraiment réfléchi. La République le considérait-elle seulement comme un déserteur ? En était-il un citoyen ? Karm avait la distincte impression que, pour sa part, il avait été naturalisé Républicain une fois devenu Padawan, mais peut-être Absalom n’avait-il que sa nationalité hapienne.


Il avait quitté l’Ordre Jedi, et cela, l’Ordre le considérait comme une trahison, mais à la connaissance du Maître, personne ne pouvait affirmer que, pendant qu’il était Chevalier, le Hapien avait oeuvré contre les intérêts de son institution, ou ceux de la République. Au sein de l’Empire, c’était une autre histoire, mais la guerre permettait de pardonner bien des choses.


Je crois que c’est le point principal, conclut-il à nouveau après un moment de réflexion. La situation est certes pas idéale à la base, mais il y a quelque chose de rassurant à l’imaginer relativement cantonné au sein du Consortium et à la rigueur dans l’Espace Hutt. S’il se met à se promener librement en territoire républicain, c’est quand même une autre affaire.


Le Jedi Noir n’était certes guère menaçant, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’était pas dangereux.


Quant à ce qu’il dit sur moi…


Karm se baissa pour ramasser un caillou et avoir de quoi s’occuper les mains.


Bon, déjà, s’il pense que je suis flatté de l’intérêt qu’il a pour moi ou que c’est réciproque, il se fourre évidemment le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Pour être tout à fait honnête, même en supposant qu’il ait pas été un franc psychopathe et que toi et moi, on aurait pas été ensemble, c’est pas du tout, mais alors pas du tout mon genre. Il a beau être objectivement hyper canon, j’aurais passé mon tour sans hésitation. Alors autant te dire que dans ces circonstances, t’as pas besoin de te battre pour conserver mon coeur.


(Ce qui amenait certes à une question : dans ce cas, qu’est-ce que c’était, le genre de Karm ?)


Pour le reste… Ouais, il a sans doute pas tort sur bien des points. À vrai dire… J’ai toujours eu du mal à concevoir que des gens pensaient à moi d’une façon particulière. Je sais pas, je crois que je me suis longtemps que j’étais plus ou moins banal et pas très intéressant. Bon, forcément, aujourd’hui, j’aurais du mal à prétendre que je me fonds dans la masse, mais… En fait…


Ces impressions fugitives, il avait du mal à les transformer en mot.


Je crois que j’ai tellement pas d’idée de l’image que je renvoie ou de qui je suis que je vois pas comment les autres penseraient à moi. Euh… Ouais, bon, ça fait encore plus chelou que dans ma tête, présenté comme ça, mais enfin voilà quoi. Bon.


Tout cela était d’une limpidité sans faille.


Bref. C’est clair que j’ai un rapport particulier à la Force. Plus immédiat, moins intellectuel, plus sensuel. Plus physique. Je suis loin d’être le seul, mais c’est quand même pas la voie majoritaire, de ce que j’observe autour de moi. Cela dit, peut-être que je manque d’imagination ésotérique, mais je conçois pas trop ce qu’il espérerait tirer de tout ça. C’est genre de la recherche fondamentale ? Parce que s’il promet de me lâcher les basques, je veux bien lui écrire une dissertation sur ce que je ressens dans la Force, hein, j’suis pas contrariant comme garçon, moi…
Luke Kayan
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Un frisson parcourut l’échine de Luke. Il avait toujours apprécié le parfum de cette fleur naturellement, mais elle le séduisait davantage encore depuis qu’il l’associait à Karm. Les pouvoirs de ce dernier se développaient à une vitesse incroyable sur Dantooine, dans plusieurs domaines, bien malgré l’explorateur d’ailleurs. Luke s’inquiétait des effets de la planète et de son passé sur le maître, percevant lui aussi de gros changements à cause de son lien particulier avec la Force. Des efforts doublés de longues méditations avaient permis au Hapien de mieux supporter l’endroit, mais au début il pouvait à peine y être sans ressentir de nausées. L’empreinte laissée par tous les Jedis qui la peuplaient, l’ambiance plutôt positive de cette espèce de “colonie” innovatrice et la présence de Karm bien entendu, commençaient juste à faire leurs effets. Ceci dit, pour un homme dont les pouvoirs ne s’étaient toujours pas stabilisés, l’expérience devait ètre rude, mais le blond aborderait un autre jour cette question. Pour l’instant, plus épineuse que la tige de la fleur qui venait d’éclore sous son nez, il y avait celle de Noctis. Contrairement à lui, son ami ne paraissait guère inquiet et le Consulaire comprenait son raisonnement, surtout qu’il était aussi du genre modeste, néanmoins ses incursions et excursions dans le monde de la police lui avaient fait comprendre que les méchants n’avaient pas toujours une raison particulière.

- Sa montée en pouvoir est indubitable, même pour une simple entrée dans le monde Républicain n’est pas “gratuite”. Il doit avoir des liens, des partenaires commerciaux et surtout politiciens qui lui donnent les accès. Cela devient particulièrement préoccupant dans le sens où nous savons qu’il ne va pas s’arrêter là. Ni dans ses projets externes, ni dans celui te concernant. C’est un malade, un psychopathe malheureusement capable d’autocontrôles impressionnants, les plus dangereux. Il a des obsessions mais parvient à les cacher et surtout attendre l’opportunité patiemment pour être certain d’y parvenir. Enfin, il ne fait absolument rien gratuitement, hormis cette faiblesse charnelle qu’avait détecté Ekkt, et encore… Il maîtrise parfaitement ceux avec qui il y cède. C’est donc en effet très inquiétant de le voir naviguer, par deux fois, dans le monde Républicain, et pire, au Sénat.

Absalom Thorn était un épicurien, mais pas un oisif. Il nourrissait d’énormes ambitions, pas vraiment en adéquation avec ses moyens : rétablir une paix parfaite grâce à un monde futuriste en commettant des meurtres. Malheureusement, ce qui comptait, ce n’était pas la logique de l’acte, sinon que ce genre de scientifique fou y croyait fermement, disposant en prime des moyens. Karm avait raison de rediriger ses inquiétudes sur un sujet plus global que sa propre personne, mais pas de s’exclure. S’il faisait partie de son obsession, l’explorateur serait mêlé aux agissements de Noctis, qu’il le veuille ou non.

- Je n’en suis pas certain moi-même, vu le charisme de ce fanatique… Mais je pense qu’une “lettre” n’arrangerait pas grand chose. Il y a du vrai, il s’intéresse à toi parce que tu sors de la norme quoique tu en dises ou que tu aies pu penser auparavant et ce depuis le début, mais aussi pour une raison… Plus obscure, personnelle. J’ai peur que lui expliquer tes “secrets” ne ferait qu’attiser l’envie d’en savoir plus, dérivant de prétextes professionnelles dirons-nous à personnels.

Le jeune homme avait une confiance aveugle en Karm, néanmoins, il se surprit et s’inquiéta de se sentir soulagé par les aveux de ce dernier. Il faut avouer que sans son côté mégalomane, Noctis avait tout à apporter à Karm : un style de vie plus ouvert, il n’était aucunement complexé, non exclusif, très savant et intelligent, sensuel aussi. Exactement ce que le blond n’était pas. Ceci dit, les questionnements eurent le mérite de se stopper net. Le hapien savait que si son aîné disait cela, il le faisait du fond du coeur. C’était un peu déroutant de penser que l’Explorateur s’était senti “forcé” de préciser ça, mais Luke décida de prendre le positif, refusant de se flageller davantage pour une fois.

- J’ai une totale confiance en toi Karm. Du moment que tu me dis que tout va bien entre nous, je pourrais te savoir dans la situation la plus ambigüe du monde que j’aurais entièrement confiance. La seule chose qui m’importe, que je veux que tu fasses si tu l’acceptes, c’est de me dire quand ça ne va pas. Dans tous les domaines. Comme je t’en avais fait la promesse, je discuterai avec toi. Avec plus ou moins de mal, mais j’essaierai toujours, Seulement je ne remarque pas toujours quand ça va mal… Alors il ne faut jamais hésiter à me prendre à part pour me le signifier. Je souhaite te combler, faire autant de pas vers toi que tu ne le fais vers moi.

Un sourire s’afficha sur les lèvres du jeune homme, certes un peu rougissant. Parler de sentiments restait toujours légèrement compliqué pour le Chevalier, éduqué pour être tempéré dans tous les cas, alors qu’il l’était déjà de nature. Implicitement, via ses mots, il lui signifiait aussi faire confiance à karm pour Maxence, alors que la mercenaire avait clairement énoncé son attirance pour le Maître, provoquant Luke à ce sujet et celui des actes de séduction qu’elle tentait sur lui. Malgré sa violence (un autre critère à prendre en compte), ses manières, le Consulaire se disait que son aîné avait des raisons de la garder proche de lui. Il ne l’aimait pas, n’approuvait presque rien de la blonde mais jamais ne songerait à demander à Karm de s’en éloigner, pas plus de Nata ou d’autres ayant démontré avoir un intérêt peu chaste pour lui (et de manière assez visible pour que Luke finisse par le noter). C’était ce qu’il appréciait dans cette relation : avoir offert à son ami la possibilité de reprendre une vie plus polygame une fois, obtenir de lui un refus clair, sans souffrance apparemment, et du coup, avoir pleinement confiance. Si le Maître changeait d’idée, le jeune homme savait qu’il le respectait assez pour le lui dire avant. Cette option le terrifiait évidemment, mais il préférait ne pas y songer. Pour lui, leur relation était solide, stable mais il ne la tenait pas pour acquis. Il lui fallait encore travailler sur de nombreux défauts desquels il était conscient.

- Pour en revenir à ta personnalité, ton éducation… Il est normal que tu ne te sois pas senti exceptionnel. À moins d’avoir un égo surdimensionné, personne ne songe naturellement avoir un parcours incroyable… Si incroyable fut-il, encore plus dans une communauté qui prône la modestie et l’austérité. C’est un des traits que j’apprécie, et je pense beaucoup d’autres chez toi : malgré tes réussites, ton parcours spécial -maître à 30 ans je rappelle et fondateur de l’Enclave, entre autres - tu restes accesibles, humble. Alors forcément tu peines à croire que les gens te voient. Je suis prêt à parier que Maître Don pense pareil… Et moi-même je suis surpris lorsque tu me dis que je suis un “modèle”. J’ai d’ailleurs du mal à y croire. Malheureusement, dans ce cas, c’est un cinglé qui a aperçu ton potentiel et qui, j’ignore la part de raison, ou de vérité, fait une fixette sur ta personne. Vu son caractère ceci dit, je suis à peu près sûr qu’il aurait pu choisir une autre victime… Parce que son talent artistique le passionne, ou qu’il trouve son parcours scolaire exceptionnel. Il ne prend pas n’importe qui, ni ne s’intéresse à des gens dans la norme, mais j’ignore ses critères… Je sais juste que c’est toi, et que pour l’instant, rien n’y changera,

La seule chose que je peux accorder à Noctis, c’est qu’il a raison de te considérer comme un exemple, quelqu’un qui est toujours sorti de la norme, tant par les pouvoirs que les idées et malheureusement, d’un certain côté, la formation, sans oublier ta manière d’en guérir ensuite. Pour tout t’avouer, je ne sais pas vraiment si nous devrions alimenter la “folie” de cet homme en faisant en sorte que tu lui écrives ou autre… J’ai peur qu’il ne cesse jamais, et qu’obtenant un semi-oui, il cherche le Oui total… Je pense que tu dois réfléchir profondément à ce que tu voudrais faire, si tu accepterais de lui parler, sans te sacrifier, te forcer, il en est hors de question… Et si c’est le cas, organiser cette “rencontre” sous condition. Il a une sorte d’honneur étrange qui permettrait de respecter certaines limites. Bien entendu, je crois aussi qu’il faudrait prévenir le Conseil ou les Ombres, notamment de tes inquiétudes justifiées quant à sa présence sur le sol Républicain. Mais je n’ai rien dit, rien laissé entrevoir à personne car c’est à toi de voir comment tu voudrais gérer ça… Ou si tu ne souhaites pas t’en occuper. Tu as déjà à faire, et quota mégalomanes, on n’a pas que le sien à gérer.

Luke respira le parfum de la fleur avec profondeur. Il tâtonna un peu le sol avant de se laisser choir dans l’herbe douce. Sa voix baissa d’un cran, son ton se fit réconfortant.

- Comment est-ce que ça va ? Je veux dire, avec tes rêves ? Je te connais, je me doute que tu y travailles, mais y parviens-tu dans cet environnement ?

Le jeune homme savait son ami très occupé, trop peut-être pour s’apercevoir qu’il allait mal, qu’il s’épuisait à ci ou à ça pour ne pas trop penser à ses nouveaux dons. (Encore une raison pour Noctis de s’obséder d’ailleurs. Était-il au courant ? Ce fou en serait bien capable.)

Karm Torr
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Tu as sans doute raison, concéda le Maître, alors qu’ils remontaient à pas lents les allées du jardin botanique, dont les graviers crissaient sous leurs semelles. Écrire n’arrangerait rien. Je ne suis pas… Très familier de ce genre de tempérament, à vrai dire, mais je crois comprendre que certaines personnes sont, comment dire… En pente ? Elles roulent sur une pente, et les pousser un peu, ça ne fait que les accélérer.

Est-ce que c’était l’origine de l’expression « avoir un penchant pour quelque chose » ? Encore un mystère du basic.

Dans ma langue, on appelle ça les gens à réactions. Tu sais, comme dans un réacteur. Y a tout qui leur sert de combustible, et puis ça carbure, et à la fin ça explose. Comme ça. Peut-être qu’il est pareil en effet. Si le mieux, c’est de l’ignorer, ma foi…

Karm s’accroupit pour redresser sur ses pattes un petit scarabée que sa tentative d’escalade d’un muret avant renversé sur le dos et qui s’agitait depuis inutilement. Le minuscule animal frôle le doigt du Jedi de ses antennes, avant de s’enfuir par une fissure.

Mais je crois qu’il faut que je réfléchisse plus sérieusement à ça. Pas seulement avec Noctis, mais… Disons l’effet de ma notoriété sur les gens. C’est pas quelque chose que j’ai souhaité, ni du tout anticipé, et pour être franc, ça me met mal à l’aise. Mais j’me rends compte que je joue un rôle désormais dans la vie de gens que je connais même pas. Et que ça commence à déborder un peu du seul Ordre Jedi. Ça crée des attentes. C’est…

La sensation était étrange. Pas entièrement déplaisante, bien sûr. Pour quelqu’un qui, comme lui, avait longtemps été si marginal, cette reconnaissance était un soulagement. Karm se souvenait encore nettement de l’époque où il choisissait avec beaucoup de prudence les personnes avec qui il partageait ses idées. Il y a encore quelques années de cela, c’était lui que les Ombres venaient interroger. Désormais, la vie était tout à la fois plus complexe et plus facile.

… déstabilisant, conclut-il, faute de mieux. Mais je veux pas pêcher par fausse humilité. C’est une faute de se vanter des mérites, mais c’en est une autre de refuser de les reconnaître. Ça revient à ignorer ses responsabilités.

L’Ark-Ni avait toujours porté un regard circonspect sur les préceptes d’humilité de son Ordre, ou tout du moins la manière dont ils étaient pratiqués. C’était par exemple le reproche qu’il adressait aux bures des Jedis. Là où la doctrine officielle y voyait un symbole de dépouillement, lui les tenait pour un uniforme qui entraînait à se distinguer du commun des mortels. Une sorte de marque de prestige. Il en allait pareil pour le raffinement au sabre, où l’élégance née du désir de briller l’emportait sur l’utilité.

En tout cas, oui, j’en parlerai aux Ombres et aux Consulaires de Coruscant. Qu’on sache au moins ce qu’il est allé fabriquer concrètement là-bas. Au-delà de sa mission de diplomate. Peut-être que c’était juste ça. Une façon de se rendre utile pour continuer à bénéficier de la protection du Consortium. J’imagine que c’est bien pratique pour lui d’être installé là-bas. Pas trop de concurrence du côté des Sensitifs, pas de législation contraignante, une famille bien connectée…

Et une terrible misandrie, certes, mais Karm supposait toujours, et parfois un peu à tort, que quand on avait des moyens et des relations, on était au-dessus des discriminations.

Ces décisions prises, la discussion dériva vers sa situation actuelle.

Hmm…

Ils étaient arrivés près d’une rivière qui s’écoulait du côté est de l’Enclave. L’eau bruissait contre les galets polis par le courant.

Disons que ma vie intérieure continue à être hyper mouvementée, ouais. Je suis plutôt habitué à exercer des pouvoirs physiques, des choses qui ont prises sur la matière, et là, j’ai l’impression qu’il faut procéder différemment. Ou peut-être pas. En fait, je change d’avis tous les jours. C’est pas hyper méthodique, pour l’instant.

Il s’assit sur un rocher qui affleurait là, en faisant une place à son compagnon à ses côtés.

Y a des jours où je me dis que je vais suivre à la lettre les consignes qu’on trouve dans les bouquins des Archives, tu sais. Le chemin tracé par les autres Voyants. Et d’autres où je me dis que c’est débile, que j’ai toujours fait les choses un peu à ma manière, parce que chacun est particulier, à son approche propre de la Force, et puis ça m’a pas mal réussi jusque là. Du coup, j’essaie de… d’approcher ça à travers le corps, de façon disons plus… euh… chamanique ? ‘Fin, comme d’habitude, quoi. Et donc, dans le premier cas, tout est sous contrôle et donc je progresse pas du tout. Dans le second cas, ça part en vrille, mais c’est extrêmement… Puissant. Marquant.

Jamais il n’avait rien éprouvé de tel dans ses autres exercices. Son âme d’ordinaire si calme en était bouleversée.

Et je me demande… J’sais pas ce que tu en penses, mais je me demande si tous les pouvoirs de la Force sont faits pour être contrôlé. Y a beaucoup de Voyants qui écrivent que… Ben les visions de Force, ça va, ça vient, tu peux rien y faire. Tu peux t’entraîner à te montrer plus réceptif, mais c’est pas toi qui choisis, c’est pas toi qui contrôles. Que c’est une leçon d’humilité, justement, ça te tombe dessus comme ça et il faut renoncer au désir d’être maître de sa propre vie. Autant te dire que c’est une attitude qui m’est relativement étrangère, hein…
Luke Kayan
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Par réflexe, le jeune homme haussa les épaules. Son visage affichait un air mi-dubitatif, mi-inquiet.

- Je pense que Noctis tendrait à ce profil mais rien n’est sûr. Premièrement je ne suis pas un profiler expert, loin de là, ensuite il échappe aux catégories, pourtant nombreuses, où l’on classe les criminels. Il semble afficher quelques caractéristiques avant de nous surprendre. Anticiper ses réactions est quasiment impossible malgré quelques traits récurrents et non moins préoccupants. Je suggère, comme tu le dis, de se référer aux professionnels du domaine sans lui répondre. De toutes manières, si tu devais le faire, nous devrions attendre encore. Il ne faudrait pas lui laisser croire qu’il hante nos pensées.

Luke se maudit aussitôt, se rappelant avoir suffisamment perdu ses moyens lors du fameux et étrange duel pour prouver ses inquiétudes. Noctis avait eu tout le loisir de noter le malaise du Hapien quant à son obsession pour Karm, mais face à cet homme, il était bien difficile d’appliquer un quelconque protocole. Il savait mettre à nu quiconque se cachait derrière des stratégies élaborées, et faire de l’étudiant, le sujet d’études.

Tandis que tous deux rejoignaient une rivière, Luke se concentra pour ne pas buter contre les cailloux. Il ne connaissait pas encore le parc, n’ayant guère eu le temps de jouer les explorateurs. Il savait les différents chemins menant aux dortoirs, à la cantine, à une aile d’entraînement ainsi qu’à l’infirmerie mais le reste, sauf ce bout de verdure, restait méconnu. Il y avait tant gens à l’Enclave que le Hapien peinait à se jeter dans l’eau et tenter une visite. Peut-être que les civils qui labouraient les champs l’intimidaient ?

Le jeune homme s’assit à côté de Karm, les yeux mi-clos, bercé par le chant de l’eau qui claquait sur les pierres plates, cinglées par un courant léger mais constant. Il prit le temps d’écouter l’Ark-Ni, essaya de se mettre à sa place tout en gardant autant d’objectivité que possible. Pour Luke, la situation n’était pas simple. Il peinait à saisir ce que son compagnon voulait exactement dire, pas du tout familier des pouvoirs de Voyance. Il n’avait jamais fait de rêve prémonitoire, ni cotoyé ces Jedis d’un genre particulier. De fait, le Chevalier ne s’était guère posé de questions à leur encontre. S’il pensait que l’Ordre avait ses raisons de leur faire confiance, par pur confort, simplicité, il avait délaissé ses interrogations à ce propos. Trop de choses à voir, à faire, à apprendre pour s’intéresser à ce mystérieux don. Seulement, son ami était désormais touché par la voyance. Cela le concernait donc de près. Il s’attacha à répondre de son mieux, combinant ce qu’il savait du caractère de Karm et ses connaissances, si maigres soient-elles à propos de la Voyance, il se référait à son expérience générale.

- Continue de tâtonner, tu trouveras bien la voie. Sois attentif à ce qui t’aide, le moindre pas, en veillant à ce que ceux-ci ne te mettent pas en danger ou ne te blessent. C’est peut être un mixte des deux qui te conviens le mieux. Ne te décide pas encore. Essaye à ta manière puis compare avec les ouvrages. Je pense que nous pouvons nous contrôler, nous, demeurer calmes, ne pas nous laisser envahir par des sentiments négatifs ou griser par le pouvoir, mais pas contrôler la Force. C’est en effet, elle qui vient, comme lorsqu’elle nous avise soudain d’un danger ou que des pressentiments à l’encontre de quelqu’un ou de quelque chose nous parviennent par son entremise. Les Voyants doivent pouvoir gérer ce don passif, recevoir les visions de façon plus apaisée, parvenir à fractionner leur vie quotidienne des visions. Tu devrais leur parler, sincèrement si tu ne l’as pas encore fait, de leurs ressentis, non pas de techniques… Mais de sentiments. De ce qu’ils ont perçu au début.

Entre Jedis, ce n’était pas une pratique commune, mais elle était compréhensible et relativement acceptée à l’égard de “nouveaux”. Il fallait bien rassurer, enseigner et Luke savait quelle importance son ami donnait à l’écoute de soi. Là où le vide méditatif continuait de le rassurer, lui, Karm favorisait la sensualité, la douleur ou autres sensations qui déferlaient dans l’être à ce moment. Si cela pouvait rassurer son ami, qu’il ne se sente pas seul dans cette épreuve et encore plus hors norme, ce pouvait être une solution. Le blond se sentait démuni de ne pouvoir faire davantage. Il ne pouvait malheureusement qu’accompagner son aîné sur une partie du chemin, étranger à ce pouvoir. Son domaine était plutôt celui de la lumière pure, la dissémination, en effet passive également, d’un halo protecteur, rassurant qu’il ne pouvait contrôler, mais c’était nettement moins envahissant que des visions.

- En t’entraînant, je suppose que tu pourras vivre ces moments avec moins d’intensité, prendre du recul sur ces rêves qui t’envahissent et en avoir moins peur. Pour l’instant ne sois pas trop dur, tu n’en es encore qu’aux prémisses de ce don, si différent en plus de ta manière habituelle de fonctionner. Tu vas devoir changer certaines choses, mais pas renoncer à ta personnalité, c’est juste… Et surtout déroutant maintenant. Il faut remettre de l’ordre dans tout ça mais admettre que cela peut prendre du temps. Vu le caractère passif de ton don, c’est surtout sur toi qu’il faut travailler, mais avant tout, découvrir la méthode qui fonctionne. Peut-être celle habituelle, empirique que tu favorises, peut-être un peu différente vu la spécificité de ce pouvoir. Mais peut-être avant toute chose, accepter ce don tel qu’il est et apprendre à vouloir le connaître, au lieu de le faire par crainte qu’il ne te surpasse, ce qui en soi est compréhensible !

Luke supputait après réflexion que son compagnon devrait d’abord travailler sur l’acceptation de soi, puis ses dons avant de contrôler quoique ce soit. Il avait d’ailleurs légèrement baissé la tête lorsque son ami avait parlé de la leçon d’humilité. Depuis tout petit, le Hapien disait “on n’exige pas à la Force, on lui demande”. Aujourd’hui, il pourrait rajouter qu’elle, elle ne demandait pas, elle allait et venait dans le frêle réceptacle qu’était leur corps comme bon lui semblait. De fait, le jeune Jedi ne pouvait céder au côté obscur à cause de cela. Son enveloppe charnelle était trop fragile pour contenir une telle puissance. La Force avait beau ne pas diriger leur destin -ce serait trop facile de la laisser assumer ça- elle s’en mêlait sans se faire prier.

- Quant à la notoriété, pour y revenir, il est vrai que plus elle est grande plus elle implique des responsabilités. Tu étais déjà un modèle pour beaucoup, ta nomination n’a fait qu’officialiser ce statut. Je crois qu’on ne peut pas “lutter contre”. Ce serait un combat vain, et sans doute, en effet, arrogant ou du moins déresponsabilisant. Tu peux juste continuer de faire de ton mieux, essayant toujours de respecter ces valeurs qui t’ont valu cette augmentation de notoriété. Rester soi-même sans essayer d’en gagner plus ou de ne pas la perdre, et toujours agir comme si beaucoup de monde attendaient des choses de notre part. C’est ce que j’ai toujours essayé d’appliquer, même sans notoriété ou relative, car il est vrai que le nom de mon maître m’y a toujours exposé.


Luke craignait la célébrité, il n’en voulait pas, c’était un fardeau. Chez lui en tout cas, parce qu’étonnamment il parvenait à être fier pour celle que son ami avait acquis. C’était un bon modèle sur qui les jeunes pouvaient compter. Son influence était positive mais, certes, il ne l’enviait pas car ce devait être lourd à porter.

Karm Torr
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T’as sans doute raison. Faire de mon mieux. En plus, tu vois… J’ai pas envie de reproduire ici le même schéma qu’ailleurs. Où c’est un petit nombre de Maîtres, ou juste moi, qui décide de tout ce qui se fait dans l’Enclave. C’est aussi pour ça que j’ai beaucoup délégué à Nata, pour ça qu’il y a des groupes de travail, qui prennent des décisions selon les sujets. Ce genre de choses. J’aimerais bien que le gouvernement de l’Ordre Jedi soit dans une certaine mesure distinct du… comment dire… Du rôle de guide spirituel qu’un Maître est censé jouer.


Ses convictions sur les sujets n’étaient pas encore élaborées sous la forme d’une théorie et puis, de toute façon, les théories de Karm étaient toujours fragmentaires. Les raisonnements de l’Ark-Ni progressaient par sauts successifs. Il n’était pas adepte de ces beaux traités bien argumentés, qui allaient soigneusement de chaque cause vers chaque conséquence, et dont beaucoup de Maîtres au fil des siècles avaient abreuvé les Archives de leur Ordre.


L’Ordre est une affaire commune, quoi. Pendant longtemps, j’ai cru que si je me sentais incapable de commander, c’était parce que je manque de talents en la matière. Bon, ben c’est pas faux, évidemment, mais c’est aussi que… C’est pas ma manière de faire. Je veux être Maître de mon savoir, pas Maître des autres.


Bien sûr, au fond de lui, il y avait le désir de dominer. Il en avait fait l’expérience près de l’artefact du Côté Obscur que Luke et lui avaient découvert, il y a plusieurs années de cela, en enquêtant sur une mystérieuse épidémie, qui s’était avérée être une diversion pour favoriser l’évasion. Mais le désir et la volonté pouvaient être deux choses différentes.


Et pour les visions… Ouais, je vais tâtonner. Parler aux autres Voyants. Quelque chose me dit qu’eux et moi, on a pas le même vocabulaire, mais on va bien se débrouiller. Allez, viens. J’ai pas envie que tu te congèles.


Le Jedi quitta la pierre sur laquelle ils s’étaient assis et, ensemble, ils reprirent le chemin de l’Enclave.


Mais comme tu dois, j’essaie de prendre de la distance, et aussi de me constituer petit à petit des protections mentales. Les affaires psychiques, ça a jamais été ma grande spécialité, mais ça me paraît un passage obligé. Je crois que Scrutation et Protection vont main dans la main. En tout cas dans mon cas. De ce côté-là en revanche, ça progresse assez lentement.


Sa première expérience en la matière, purement instinctive, avait été sur Coruscant, quand il essayait d’échapper à Tavaï. Depuis, il n’avait pas fait de découverte spectaculaire. Il était capable de prémunir son esprit contre les assauts les plus superficiels, mais s’il voulait s’en tirer face à ses visions, et ce qu’elles pouvaient avoir d’obscur et d’inquiétant, il allait avoir besoin de plus vastes ressources.


Ah, au fait ! Léo va revenir de sa première mission au long cours.


Comme il arrivait souvent pour les Consulaires qui se spécialisaient dans la voie diplomatique, après ses épreuves de Chevalerie, le jeune Kuatti avait été envoyé en poste sur une planète un peu lointaine, où il avait dû veiller à la bonne marche d’un processus de réconciliation entre différents pays. Ces missions-là étaient longues — dans son cas, elle avait duré plus de huit mois —, car elles avaient notamment pour but de familiariser les jeunes Chevaliers avec un rythme moins intense que celui de leur existence de Padawans.


Couronné de succès, semblerait-il.


Et Karm en ressentait un peu de fierté.


J’aimerais bien le réquisitionner pour gérer deux ou trois trucs sur les planètes des secteurs voisins, mais je sais pas trop si c’est opportun. Je veux pas qu’il reste constamment dans mon ombre, tu comprends ? C’est pesant d’être constamment identifié comme « le Padawan d’untel ».


Et Luke était bien placé pour le savoir.


T’en penses quoi ?


En parlant, les deux Jedis avaient regagné l’Enclave et Karm prit le chemin de sa chambre. À cette heure-ci, le bâtiment résidentiel était presque désert. Ils prirent un turbolift qui les emmena jusqu’au sommet, où se trouvaient la chambre de Luke et celle du Maître, évidemment aménagées l’une à côté de l’autre, et qui communiquaient par une porte. Il n’y avait pas grand-monde au sein de l’Enclave qui se fît d’illusion sur le fait qu’il ne s’agissait au fond que d’une seule et même pièce, et que l’un de ces deux lits devait rarement être défait.


Pour le reste, en revanche, la pièce ne différait pas de celles qui étaient dévolues par exemple aux Padawans. L’aménagement était sommaire et les effets personnels rares. Il y avait bien l’instrument de musique fabriqué par Karm dans sa jeunesse, posé sur une commode avec son archet électronique et l’oeuf récupéré par le Maître quelques semaines plus tôt sur Tatooine, qu’une couveuse gardait bien au chaud, mais c’était à peu près tout.


L’Ark-Ni se débarrassa de son manteau et de ses chaussures, avant de se pencher au-dessus de la couveuse et de poser délicatement une main sur la coquille. Il n’avait pas besoin de beaucoup se concentrer pour sentir la vie qui s’animait là-dessous, et dont il lui semblait qu’elle était bientôt prête à éclore.


Et en parlant de Padawans, reprit-il. Est-ce que tu as réfléchi à nouveau à cette question de ton côté ? À en avoir un, j’veux dire.
Luke Kayan
Luke Kayan
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Les intentions de Karm étaient louables, suivant le précepte d’humilité jusqu’au bout, il voulait offrir la pouvoir de décision au plus grand nombre. Luke avait l’impression que son aîné reformait, en quelques sortes, l’étrange et idyllique communauté dans laquelle il avait vécu : que chacun puisse s’exprimer, que les choix soient l’oeuvre de la majorité, y compris des enfants. Bien sûr, au sein de l’Ordre, il était impossible d’appliquer complètement la théorie mais le Chevalier était certain que le Conseil approuvait les groupes de travail et le fait de déléguer. Cela représentait bien la mentalité Jedi. Ni Saï ni les autres n’aspiraient à être au sommet, tout contrôler, ils se sacrifiaient pour le bon fonctionnement del l’Ordre. Pas de quoi, donc, s’opposer à la vision de Maître Torr.

- Ce sont de bonnes initiatives. Elles dérangent un peu les traditions, mais dans le bon sens. Elles étouffaient sous la poussière.

- Sourit le jeune homme, heureux que l’Enclave marche si bien. Jusque là, ses prognostics les plus fatalistes ne s’étaient pas accomplis. Les civils cohabitaient parfaitement avec les Jedis, on ne déplorait aucun bras arraché et nulle grève à l’horizon. Il était encore tôt pour déclarer que tout était fonctionnel, y compris le certain “laxisme” que les plus coincés pourraient reprocher à l’endroit où, finalement, même les plus jeunes s’exprimaient librement, mais les indices étaient positifs. Karm avait su s’entourer de personnes profondément douées, dénuées de malice comme Nata que Luke appréciait, son travail portait ses fruits. Comme le Consulaire l’avait espéré, son ami demeurait le même, sa personnalité, sa dignité mais aussi sa modestie étaient intactes. Évidemment, il avait un jour ou l’autre songé à cette sombre affaire, face à l’artefact Noir, mais ça n’avait été que de courts éclairs d’inquiétudes. Luke avait confiance en l’Ark-Ni, cet objet ne révélait pas la nature réelle de la personne, sinon un genre d’alter égo obscur, ses plus profonds désirs après une transformation lente et tragique. Vue la voie empruntée, il était probable que le trentenaire ne vienne jamais à prendre cette route. Le Hapien en était sûr, si lui-même sombrait, il serait alors terrible, plein de défauts inacceptables, comme tout être ayant vendu son âme à l’Ombre. Il lui semblait impossible de vivre sans cesse avec cette menace extrêmement lointaine au-dessus de la tête. Ce “si” était évident en soi : quiconque changeait de bord quittait son “soi”, celui qu’autrui avait connu, devenant soit Dominant, jaloux, tricheur, violent. À ce moment-là, Karm, le vrai serait en train de mourir.

- Donne-toi le temps. Trouvez un langage commun, réexplique-toi, demande-leur de faire de même. Parle-leur de tout ce qui te semble légitime ou illégitime concernant ce don, tes ressentis.

Renchérit doucement le jeune homme qui souhaitait que son ami désaprenne à avancer vite, apprendre à un rythme effréné. Il devait voir l’acquisition ou plutôt la compréhension de ce don comme un soin personnel. Il ne s’agissait pas de travailler pour améliorer ses capacités puis servir autrui, sinon être en accord avec sa personne. D’un côté, il comprenait aisément ce besoin de progresser pour “être utile”, le possédant lui-même et se refusant toute cajolerie. D’un autre, c’est pour cela qu’il était présent aujourd’hui : apporter à Karm un autre regard, une vision d’ensemble prise avec du recul.

- En effet, solidifier les barrières mentales me semble primordial.
-Répliqua le concerné, ravi que Karm prenne les choses dans le bon sens. Serait-il en train de devenir prudent ? Un soupir de soulagement involontaire s’échappa des lèvres du Hapien qui ne put s’empêcher de sourire.- Te voilà donc raisonnable. Mais qui donc a kidnappé le vrai Karm Torr ? Qu’on me le rende. Plus sérieusement, c’est un point sur lequel il faut insister, avancer lentement comme tu dis n’est pas un problème, mais il faut que ce soit constant, régulier. Cela te permettra ensuite de te dédier entièrement au don de voyance, à sa compréhension, à voyager d’introspections en introspections sans te mettre en danger. Je suis fier de toi, finalement tu as plus avancé que tu ne voulais l’admettre. Dans tout cette pelote emmêlée, tu es parvenu à trouver le bon bout. Le travail qui reste à faire est minutieux, ardu et tu te perdras sans doute au carrefour de noeuds serrés, mais tu tiens ton fil d’ariane, il te reste à le remonter patiemment. Les autres, les voyants, moi ou les membres de l’Ordre, ici, sont là pour t’aider à le maintenir si tu en as besoin, tu n’es pas seul. C’est toi qui est l’instigateur de tous ces travaux de groupe, considère aussi l’idée d’en profiter.

En général peu expansif, son compagnon demandait rarement de l’aide. Au moins, il semblait désormais enclin à parler à autrui, Luke l’avait déjà vu commencer à emprunter cette route moins isolée quand il avait parlé de Tavaï au Conseil, décidant de connaître leur avis. Petit à petit, le solitaire apprenait à compter réellement sur des pairs sans songer déranger.

- Loé ? C’est fantastique, tu peux être content de lui. Je ne doutais pas des dons de ce jeune homme.

S’était soudain exclamé le Chevalier, ravi de savoir que ce garçon se débrouillait parfaitement dans son rôle. Le Jedi l’avait peu cotoyé mais il l’appréciait.

- Au contraire, je pense que c’est une excellente idée. Cela vous donnera l’occasion de renouer. Il aura bien d’autres occasions de ne pas être identifié comme ton ancien Padawan. J’aime toujours travailler avec Maître Don, et l’idée saugrenue d’être dans “ton ombre” ne va certainement pas le traverser. Il sera surtout content de partager ces missions avec toi.

Il était vrai qu’accompagner Saï au Sénat le faisait redevenir l’ex apprenti de ce dernier, mais Luke n’en avait que faire et c’était probablement pareil pour un garçon aussi modeste que Loé. Vu sa relation avec Maître Torr, après une longue séparation, il serait sans doute enchanté de le retrouver.

- Au pire, si tu doutes, demande-lui simplement si ça l’intéresse. Il sait très bien qu’il peut être sincère avec toi.

Le Hapien était persuadé que le blond serait enthousiaste, comment pourrait-il en être autrement ? Luke n’aimait pas être vu comme l’ancien élève de Maître Don parce qu’on le supposait, alors, puissant. Il détestait que la gloire méritée du vieillard rejaillisse sur sa personne injustement, mais pour le reste, il ne s’en apercevait même pas. Au contraire, marcher de nouveau dans les pas de son mentor lui plaisait. C’était comme au bon vieux temps, l’occasion de passer quelques heures voire jours ensemble, de retrouver cette cohésion, cette dynamique de duo si particulière. Ne pas briller par soi-même était un prix risible à payer. Ainsi le jeune Chevalier avait-il immédiatement répondu présent lorsque le vieillard avait quémandé son aide au Sénat. La mission ne l’enchantait guère mais la confiance de son maître l’avait honoré. S’orn l’avait traité comme un gamin, cherchant à l’humilier discrètement en lui proposant une boisson pour enfants, recourant aussi à d’autres stratagèmes. On avait aussi retenu les actions de Maître Don et il avait marché derrière lui tout le temps, mais qu’importe finalement. Pas une seule fois, Luke ne s’était senti étouffé par Saï. Il était persuadé que Loé serait simplement heureux que son maître lui demande son secours. Ce serait une belle récompense pour sa dernière réussite, et puis surtout, Loé avait soutenu le projet de l’Enclave, il serait certainement content d’y participer à nouveau.

Les deux Jedis, à force de parlotte, se retrouvèrent dans la chambre de Karm. Luke avait été un peu sceptique au début, honteux d’afficher si clairement une relation et d’exiger indirectement des prérogatives. Même lui saisissait que deux chambres liées par une porte était un signal. Était-ce bien de s’accorder ce privilège ? Il n’en était toujours pas persuadé aujourd’hui, souvent mal à l’aise, quoiqu’heureux d’en profiter, ce qui bien entendu, augmentait encore sa gêne. Par chance, l’Ark-Ni parvenait à le décomplexer vis-à-vis de ce “problème”. N’avait-il pas été nommé maître en dépit de leur relation connue du Conseil ? N’accomplissaient-ils pas leur part du travail ? N’avaient-ils pas l’acceptation de Nata (dont le blond commençait à penser qu’elle était au courant) et l’approbation de Thann ? Personne ne lui parlait étrangement ou ne le rejetait à l’Enclave, voire l’accusait pour ce privilège. Il se détendait progressivement.

Sitôt rentré, le Hapien, si sensible à la Force, dirigea son regard éteint vers la couveuse.

- Il va bientôt naître.

Informa-t-il inutilement, sachant que Karm était encore certainement plus au courant de ce fait que lui. À propos de l’oeuf, le Consulaire était curieux et un peu inquiet à la fois. Étant médecin, il savait que certaines créatures étaient biologiquement programmées pour se débrouiller seules et ne possédaient pas d’affect. Un serpent ne reconnaissait pas de “parent” en général. Il partait en se tortillant dans la nature, déjà prédateur, avisé de tout ce qu’il fallait pour survivre. Quel genre de créature pouvait cacher la coquille ? Un dangereux, vorace et naturellement ombrageux prédateur ou un être plus innocent ? L’origine faisait pencher la balance pour le premier cas. Et si c’était un animal dangereux, inapprivoisable, qu’en ferait son ami ? Sans parler des lois de détention de certains animaux exotiques. Il ne faudrait pas que son cher Karm y déroge. Un Jedi, se soustraire aux lois. Impensable !

Perdu dans ses pensées, il fut tiré de ses pronostics sur l'animal à éclore par une question. Question qu'il eut du mal à comprendre de prime abord, perdu qu'il était dans sa contemplation du foetus à travers la Force.

- Quoi ? Oh un Padawan. Non, j’avoue que ça m’est complètement sorti de la tête. Je… Je n’y ai jamais repensé, l’idée ne m’a pas effleuré une seule fois après que ma décision fut prise. - Avoua tout de go le chevalier, confus et un peu honteux. Il lui avait été facile de ne plus songer à cette question, une fois celle-ci prétenduement réglée. Personne ne lui avait jamais redemandé d’avoir d’apprenti, ni même un apprenti d’ailleurs. C’était une situation bien confortable que d’estimer que l’hypothèse n’existait plus. Pas très digne d’un Jedi, peut-être comme attitude (?)-

- Je dirais que… Je continue de penser que je ne suis pas fait pour ce type d’enseignement… Même si je suis prêt à redonner quelques cours pour dépanner si besoin.

Après tout, Luke était de ceux qui ne refusait jamais de tendre la main. Si Zlurbug le convoquait, aussi bien qu’un professeur malade, il accourait, ce qui risquait pas mal d’arriver dans une Enclave dédiée à l’enseignement. Il avait donc fait des progrès parce que son traumatisme avait été si grand qu’à un moment, il aurait dérogé à ce devoir. Mais aujourd’hui, le jeune homme s’y était préparé, mais un élève. Après l’échec retentissant avec Ektor, il n’était pas encore prêt à réitérer la chose, persuadé que tout Padawan qu’il choisirait serait heureux dans un premier temps, soulagé d’avoir un maître, puis déçu. Aquilès avait rapidement démontré une inclinaison pour tout autre mentor que le sien : admirant les pilotes ou Karm. En soi, ça n’avait pas dérangé le Hapien qui ne possédait nul esprit de jalousie, mais il avait quand mÊme été ébranlé de savoir que ce jeune homme si admiratif, si “épris” de lui au début et enthousiaste change d’avis de la sorte. Au final, ceci dit, peu importe, Luke oeuvrait dans suffisamment d’autres domaines pour se rattraper, non ?

- Désolé, j’étais absorbé par ton oeuf. As-tu pu déterminer ce qui va en sortir ? Qu’en feras-tu si c’est une créature qu’on ne peut posséder ou relâcher ici ?

Demanda le chevalier avec curiosité. Il faisait confiance à son ami pour prendre la meilleure des décisions concernant le bien-être de la créature, mais il le savait aussi un peu frondeur et ça le gratouillait de savoir qu’aucun papier n’avait encore été mis en règle vis-à-vis de la bestiole. Luke restait Luke, il était plus aventurier qu’avant mais le changer complètement à propos de son amour pour la réglementation, ce serait comme demander à Karm Torr de devenir spirituel et de se faire voyant. Oups…

- Qu’est-ce que tu aimerais que ce soit ? En tout cas je suis heureux qu’il vienne à son terme, tu lui as dédié beaucoup de temps.

Le jeune homme s’approcha lentement sans aller jusqu’à le toucher, trop craintif de mal viser, d’être brusque et d’abîmer le fragile oeuf. Il se demandait pourquoi Karm avait sauvé une créature destinée à mourir, selon le cycle de la vie puis se ravisa. C’était un peu comme se poser la question de savoir pourquoi Luke s’échinait à combattre des maladies au lieu de laisser mourir ses patients. Karm avait agi par pur altruisme, d’ailleurs, le Hapien aussi avait parfois aidé une créature blessée dans le parc, des petits rongeurs ou oiseaux qui s’échouaient près de sa chambre, adolescent mais il n’avait jamais songé à les garder, les relâchant de suite.

Un sourire effleura les lèvres du jeune Jedi. C’était ainsi qu’il aimait Karm, doux, proche de la nature, persévérant et beaucoup plus empathique que ne le laissait penser son air impassible. Toujours attentif aux créatures et aux gens autour. Qu’il s’intéresse toujours à sa personne, rien qu’en lui demandant s’il voulait ou pas un Padawan avait touché le Chevalier timide. Autour du Maître, des choses sombres se tramaient, des êtres obscurs tels que Noctis ou Tavaï mais aussi beaucoup de personnes lumineuses : Thann, Loé, Nata et lui, espérait-il sans oublier tous ces gens de l’Enclave qui le suivaient. Malgré les groupes de travail, c’était avant tout un homme qu’ils suivaient, un enfant venu des Étoiles.

- Comment va Maxence ?

S’efforça de demander Luke, peu adepte de la jeune femme mais respectueux quant aux choix de son ami. Si ce dernier l’appréciait, il avait ses raisons et le blond se gardait bien d’émettre une seule critique à son endroit. Il demandait même de ses nouvelles, sachant que c’était important pour Karm de la savoir en sécurité, heureuse. Pour lui, il viendrait probablement en aide à la mercenaire, quoiqu’indirectement car pour sa part, il ne souhaitait plus la rencontrer, enchanté de la savoir en bonne santé, mais de loin. Son ami savait ce que le blond pensait d'elle. Ils en avaient prudemment discuté une fois. Luke avait été le plus délicat possible dans son avis, se gardant de brosser un portrait complètement noir. Respecter les amis de son aîné était une façon de vraiment lui prouver le respect envers sa propre personne. Ce qui importait à Karim importait à Luke, ce qui concernait donc, bon gré, mal gré, son étonnante et sarcastique amie.
Karm Torr
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Je comprends, fit Karm avec douceur, quand son compagnon témoigna une fois de plus de sa réticence à prendre un Padawan. Après tout, tu as tout le temps devant toi et certains Jedis ne prennent d’apprentis que lorsqu’ils sont déjà très vieux, parce que c’est le moment où ils se sentent prêts. D’autres pas du tout. Chacun son rythme.

Pour sa part, il ne concevait plus sa vie de Jedi sans Padawan à ses côtés. Ses débuts en la matière avaient été difficiles, et il prenait régulièrement des nouvelles de Soruan, la jeune femme qui n’était restée que quelques semaines à ses côtés. De loin. Mais Thann puis Loé lui avaient montré qu’il n’y avait de Maître que celui qui était capable d’apprendre des jeunes gens. C’était une relation essentielle qui clarifiait tout.

Pour les cours… Je pense que tu pourrais songer à des trucs un peu différents. Plutôt que des cours en bonne et due forme, tu sais, une classe, un holotableau, des élèves bien rangés, tu pourrais proposer des stages ou des ateliers à ceux qui sont les plus avancés. Des trucs concrets et ciblés. Pour qu’ils sachent quoi faire quand ils deviennent Chevaliers.

Karm ajusta soigneusement la température de la couveuse.

Typiquement… Ben, voilà, tu deviens Chevalier, t’as une première enquête, tu la résous avec une police républicaine, quelles sont les procédures ? Les rapports à remplir, que deviennent les dossiers ensuite, qu’est-ce qui se passe pour le procès. Ou tu interviens sur ta première épidémie, quelles sont les méthodes de travail des autorités sanitaires, de quelle manière tu interviens, aussi bien sur le plan administratif que médical. En gros, partager ton expérience concrète, en donnant les trucs et les astuces, à de jeunes Jedis qui savent déjà que c’est ce genre de situations qui les intéressent et dans lesquelles ils ont envie de s’impliquer. Eux, ça les rassurera d’avoir du concret, directement opérationnel, et puis toi, t’auras pas à te demander si ça les branche ou pas, parce qu’ils viendront de toute façon exprès pour ça.

Lui-même découvrait depuis quelques mois les joies d’un enseignement exactement opposé : s’adresser à des groupes de tout jeunes Initiés, à chaque fois qu’il faisait escale sur Ondéron. On lui confiait là-bas des classes d’enfants et il parlait avec eux de la nature, des animaux et des plantes, de tout ce que cela pouvait bien vouloir dire, pour la Force Vivante.

Karm déposa un baiser sur la joue de son petit ami. Possiblement pour faire diversion des questions de ce dernier à propos de l’oeuf. Mais comme Luke insistait, l’Ark-Ni n’eut d’autres choix que d’avouer la terrible vérité.

Eeeuh… C’est un, hm… un genre de, disons… Enfin ils ont un tempérament joueur, quoi.

Dans le sens où ils aimaient bien jouer avec les membres arrachés de leurs victimes. Le Jedi adressa un regard plein de tendresse à l’oeuf.

Un scyk. J’ai pas eu le coeur de le laisser derrière, le nid était complètement saccagé par le passage de speeder, et puis… Je sais pas. C’était une sorte d’impulsion. D’intuition. Je me suis détourné brusquement de mon chemin, ça m’a amené à l’oeuf, y avait quelque chose qui faisait sens. Du coup, je l’ai pris.

Comme Luke avait pu s’en rendre compte à bien des reprises, le Gardien faisait confiance, et depuis longtemps, à ses intuitions. Sa propension à prendre des décisions sur un coup de tête depuis des années s’expliquait mieux depuis qu’il avait conscience de ses dons de voyant. Mais en tout cas, Karm avait toujours été un mystique qui considérait que la Force était en large partie inexplicable et irrationnelle, et qu’il fallait accepter de sauter le pas et de se laisser emporter par le courant.

Il s’épanouira à merveille ici. Ou elle. J’suis pas sectaire. C’est clair que ça va détonner un peu au milieu des chiens kath et des éopies, mais c’est bien, ça mettra un peu de diversité. Faudra juste que j’anticipe le budget viande.

Très rassurant.

Quant à la légalité de la chose, elle ne lui avait bien sûr pas effleuré l’esprit. Il n’empêche que par amadouer son sévère Consulaire, le Maître Jedi se faufila dans ses bras et l’embrassa dans le cou.

Promis il sera adorable, murmura-t-il. Puis j’ai un talent inné pour ce genre de choses. Regarde Blip. Un caractère en or.

À deux ou trois écarts de langage près.

Et en parlant d’écarts de langage…

Ah, Maxence… Ben Maxence, c’est Maxence.

Certes.

Pas à pas, Karm repoussa le Chevalier vers au lit, jusqu’à le pousser à s’y asseoir, pour s’installer, lui, à cheval sur les cuisses du Hapien.

Tu peux poser tes mains sur mes fesses, précisa-t-il fort obligeamment. Des fois que t’aies peur que je tombe. T’sais. Par mesure de sécurité, tout ça.

C’était pour ainsi dire inscrit dans le règlement de l’Enclave de Dantooine !

Et donc, Maxence, en vrai, on s’est pas mal disputés ces derniers temps. C’est hyper difficile de trouver des terrains d’entente, parfois, et à la dernière mission, on a complètement divergé. On essaie de résoudre nos différends, mais y a des trucs irréconciliables. Des valeurs et des façons de faire qu’on aura jamais en commun. Mais enfin, ça fait au moins une personne dans la Galaxie qui me trouve réac. Comme quoi.

Tout en parlant, il jouait doucement avec les cheveux sur la nuque du Consulaire.

C’est un peu douloureux, en un sens. Les disputes. Surtout que bon, dans la vie d’un Jedi, c’est pas très commun. Mais y a aussi quelque chose de fertile d’être confronté à des points de vue radicalement différents des siens. Ça permet de mieux savoir ce à quoi on tient vraiment. Où sont nos valeurs. De la même façon, ces derniers temps, j’essaie aussi… Comment dire… De dialoguer avec d’autres Maîtres très, très conservateurs. Des gens complètement orthodoxes. Pour cerner leur manière de penser. Nouer quelque chose, malgré tout. Ça se passe… euh… difficilement.

Karm était à peu près sûr qu’il y en avait deux ou trois dans le lot qui le verraient bien exclu de l’Ordre Jedi.

L’autre jour, y en a qui m’a dit que j’étais… ‘Tends, c’était quoi sa formule… Ah oui ! « Corrupteur de la jeunesse ». C’est un peu la classe, pas vrai ? Je devrais fonder un groupe de musique industrielle avec ça. Et préparer en avance mon nom de Sith. Darth… Darth Sexappealus. Pas mal, non ?
Luke Kayan
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Des classes pour étudiants accomplis, la nature anxieuse de Luke le fit aussitôt songer à la différence de savoir, moindre, entre eux et lui. Comment pouvait-il prétendre donner des cours avec l’expérience restreinte qu’il traînait ? À peine quelques années sur le terrain… Mais son aîné ne faisait pas que le soutenir à bout de bras en temps et en heure. -par chance, ce serait, sinon, invivable- il lui avait aussi enseigné à valoriser certaines choses, surtout le concernant, à leur juste valeur. Le Chevalier effectua un calcul rapide : il connaissait les lois sur le bout des ongles, savait les appliquer avec parfois, des angles originaux lui ayant valu des remarques positives. Sa manière de procéder différait de certains collègues, plus roublards. Le blond maîtrisait l’art de ne pas flirter avec les limites, fidèle intransigeant envers son « amante » la constitution. Il perdait du coup des occasions mais en gagnait d’autres et avait appris à travailler dans un champ des possibles restreints. De plus, 8 ans d’expérience étaient toujours mieux que zéro et sa relative jeunesse dans le métier ne lui avait pas retiré les émotions du débutant. Luke pourrait être proche d’un public capable de s’identifier facilement, contrairement à ce qu’il ferait face à un grand ponte aux multiples médailles. Il faudrait y réfléchir, cependant si cela pouvait aider l’Ordre, alors le jeune homme s’exécuterait sans excuse, et puis, difficile de l’admettre mais l’échange avec des Padawans lui manquait. Le Consulaire, en effet, estimait comme son ami ou son maître auparavant que l’apprentissage allait toujours dans les deux sens, même ses plus petites classes étaient parvenues à l’enrichir.

-Je vais y penser.- Concéda le Hapien- et investiguer pour voir si certains maîtres voire l’Université avaient besoin de sa personne. - Un peu à l’image de l’Enclave, je me demande si un programme de collaboration entre des Padawans et certains apprentis des différents Corps de Justice pourraient être profitables. Un apprentissage mêlé. Chacun pourrait apprendre des techniques d’autrui, et la police est réellement très ingénieuse parfois.[/color]

Les futurs enquêteurs Jedis pourraient apprendre énormément de leurs confrères, Insensibles et donc capables d’avancer grâce à d’autres voies. Sans trop s’éparpiller, il serait bon que ces corps de Justice s’apprécient au lieu de valoriser cette espèce de compétition sourde qui régnait entre eux. Que les « civils » apprennent à voir autrement leurs confrères en bure comme des illuminés et ces derniers, jugent les policiers comme des « porte-flingues » grossiers et sans doigté.
- Je m’emballe certainement, ceci dit, je vais au moins penser à apporter un peu de mon aide pour ces jeunes prêts à aller sur le terrain.

Il fallait le reconnaître, 9 ans plus tôt, le blond aurait aimé avoir un aîné plus expérimenté, y compris de seulement 7 ou 8 ans, pour le guider. Pouvait-il modestement apporter son secours ? Si c’était le cas, hésiter serait presque criminel.

Mais avant qu’il ne juge davantage à cette perspective qui lui semblait vertigineuse, un baiser fondit sur sa joue, accompagné de confidences qui lui firent hausser un sourcil. Un Scyk ? Luke ne connaissait pas cette race, mais il connaissait en revanche celle de l’Ark-Ni, unique en son genre. Si son cher et tendre savait sans s’être précipité pour le lui révéler, c’était sûrement une bestiole dangereuse. L’idée de la savoir « joueuse » selon les critères de ce même explorateur, l’enlacement pour l’adoucir et les promesses achevaient d’inquiéter le Chevalier. Ponctuellement, il se crispa, décidé à rejeter son ami pour lui faire la leçon, mais impossible. Cela faisait trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés.
Le Jedi se laissa choir sur le lit, mais au lieu d’obéir à son aîné, recula afin de s’appuyer contre la tête de lit.

- Autant sécuriser complètement, plutôt.- Fit-il, taquin, semblant avoir éludé le souci de l’œuf, mais ce serait mal le connaître que d’imaginer pareil crime. Le jeune homme demeurait un fervent défenseur de « la loi et les droits s’appliquent à tous ». Après avoir invité son compagnon à s’installer entre ses jambes, il pressa sa main dans le bas de ses reins pour le rapprocher davantage encore. Un baiser langoureux, bien plus profond que d’habitude plus tard, il rouvrit les yeux, ses prunelles étaient chargées de tendresse mais aussi, constellées de sévérité.
- D’accord, c’était ton intuition, qui suis-je pour m’opposer à l’argument d’un voyant. Évite d’autres exemples du genre Blip… Ça, ça me donnerait plutôt envie de te dénoncer directement. - Commença le jeune homme, amusé malgré tout. [color=yellow]- Demain tu trouveras les papiers correspondant pour le permis de possession d’un tel animal en bonne et dûe forme. Malheureusement et heureusement, la Force se heurte aussi à aux lois régissant notre société, il nous est impossible de nous y soustraire. Je pense que tu pourras le garder… Après tout, tu es un expert en exploration de Mondes Hostiles. Un membre de l’ExploCorps reconnu, donc je ne vois pas de raison de te le refuser, il n’empêche que nous ne pouvons nous permettre d’éclats de ce genre. Comment pourrais-tu prétendre condamner des imports d’animaux exotiques illégaux ensuite ?

Les gens étaient à ce point cruels, oui. Ils ne penseraient jamais à la plus simples des vérités : Karm avait voulu aider un œuf de Scyk condamné sans réfléchir plus loin. Eux verraient un homme qui s’arrogeait le droit de posséder une créature extraordinaire, là où eux auraient aime (sans les connaissances nécessaires) l’avoir aussi, sauf qu’étant Jedi, il avait allègrement pu outrepasser les lois.
- Les tests Santé devraient être moins lourds à effectuer vu que c’est seulement un œuf et qu’il va naître ici. Cependant, il faut veiller à préserver la faune locale, tu le sais mieux que quiconque. Je ne sais pas s’ils te forceront à le ou la castrer… Nous verrons bien, mais en tout cas, je compte sur toi pour remplir tous les papiers nécessaires.

– Si le ton de Luke n’avait pas été bien dur, dans cette position -il n’aurait de toutes façons pas été crédible- il demeurait déterminé. – Que ce maître soit son amant facilitait les choses, mais qu’on ne s’y trompe pas, avec n’importe qui, le Hapien aurait eu le même discours. Quand il s’agissait d’agir en toute légalité, les rangs ne l’effrayaient plus. Il faut dire que quoique les mauvaises langues crachent, l’Ordre n’était pas une secte. Ses membres apprenaient à avoir un esprit critique, on leur enseignait à ne pas obéir aveuglément et s’exprimer. Selon les maîtres concernés, c’était plus ou moins compliqué, certes, surtout les réacs comme les appelaient son ami, mais le jeune homme avait été éduqué par Saï Don. Tout comme il estimait pouvoir être remis à sa place par un Padawan, Luke considérait pouvoir reprocher quelque chose à un aîné, bien sûr dans son cas, si la loi le soutenait. Jamais il n’oserait critiquer une personne plus expérimentée sans l’appui absolu de sa chère justice, il vénérait trop son Ordre. Tout juste commençait-il, notamment grâce à Karm, à reconnaître que certains principes étaient trop antiques voire injustes, et que même les plus élevés dans la hiérarchie pouvaient apprendre à faire mieux.

Afin de faire passer la pilule, à son tour, le jeune homme embrassa son chéri. Il en profite pour chercher l’ouverture de sa tunique et la défaire en y passant une main, avant de s’attaquer à la ceinture. Son entreprise le fit légèrement rougir, il sentait déjà de délicieux élancements tiédir son bassin. Il serait triste que son compagnon lui manque spirituellement seulement, mais il avait du mal encore, à se faire à l’idée que son corps soit davantage sensible à ces absences qu’à l’époque. La sensualité de son ami, leur rapprochement -si c’était encore possible de l’être plus.- l’avaient éveillé. S’il ne serait jamais aussi voluptueux que Karm [Hj : qui n’est pas un pervers ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai jamais dit], il était plus sensible qu’avant.
Luke caressa la poitrine désormais dénudée de l’explorateur, s’attardant sur le ventre quelques secondes, puis descendant vers une zone bien plus érotique encore. Il stoppa ses caresses à travers le tissu lorsque son ami évoqua les maîtres conservateurs. Un voile chagrin passa dans son regard. D’abord considéré comme le Padawan « erreur » de Saï Don car récupéré sur le tard et trop « renfermé », « souffrant », faible, presque autiste, il avait ensuite été qualifié de petit « prodige » par ces derniers. Son sérieux, le fait d’avoir résisté au côté Sombre et son comportement irréprochable lui avaient valu une certaine affection distante de leur part. Maître Uta notamment, un vieil Ithorien, lui l’avait démontré en l’emmenant lors de séminaires qu’il jugeait trop complexes pour ces bêtas d’apprentis d’une génération perdue, ingrate et décadente. La chute avait donc été vertigineuse lorsque ceux-ci avaient appris les rumeurs concernant leur chérubin. Luke avait dégringolé dans leur estime. Les plus doux estimaient que son passé l’avait rattrapé, démontrant le bien-fondé de leur théorie : on ne pouvait éduquer un enfant tourmenté, souillé par l’éducation d’une société anarchique. Les venimeux, eux, le voyaient comme un décadent ayant tout pour lui, mais décidant sciemment de se détourner du droit chemin pour se laisser aller aux plaisirs dégoûtants de la chair, et quelle chair. S’ils n’en étaient pas sûrs, le fait qu’il existe une telle rumeur démontrait déjà que le Hapien l’avait laissé naître. Il avait forcément mal agi. Heureusement, le groupe de réacs extrémiste représentait une minorité, peu de leurs pairs, élevés dans la tolérance appréciaient leurs commentaires touchant parfois au racisme « Un Hapien en même temps, ils ont ça dans le sang. »

- Maxence n’en est pas au point des plus conservateurs de l’Ordre, vous avez déjà trouvé des terrains d’entente. La dispute est douloureuse mais pas une mauvaise chose, surtout si la discussion revient après. Elle tient à toi, j’en suis persuadé, pour ne pas clore directement la porte.- Intervint doucement le Jedi, il avait beau ne pas aimer cette femme, dont il ne savait pourtant rien de l’étendue de sa haine envers sa personne, pas question d’en profiter pour la séparer de son ami.- - C’est à toi de voir si votre amitié reste viable malgré ces mésententes, s’il est possible de ne pas faire référence aux points où aucun accord ne sera possible et se concentrer sur les autres.

Luke était le plus délicat possible, il savait que la Mercenaire outrepassait allègrement la loi. Avait-elle était si loin que le Maître Jedi ne pouvait plus le cautionner ? Lui-même avait dénoncé son ex-compagnon suite à de graves implications, allant jusqu’au meurtre. Leur couple connaissait des difficultés surmontables, jusqu’à cette fissure, irréparable, les condamnant. Tout ce qu’espérait le Chevalier, c’est que la blonde ne soit pas allée jusque là, forçant Karm à un choix draconien : son intégrité ou cette amitié toxique. Le jeune homme pour sa part ne se sentait pas jaloux de la proximité de l’Ark-Ni avec Maxence. Il n’éprouvait pas ce type de sentiment, tout au plus, de l’inquiétude par comparaison, la peur de ne pas être à la hauteur. Par chance, son ami lui démontrait chaque jour combien il lui suffisait, c’était d’ailleurs une des choses qui avait poussé Luke à évoluer. Se rendant compte du bien que ça lui faisait d’être cajolé de la sorte, il était devenu un peu plus romantique, plus attentionné et proche du maître. La relation entre la mercenaire et l’explorateur était totalement différente, quoique désire la première -sans s’en être cachée face à Luke.- C’était bien lui, présentement qui était dans les bras de l’homme aux cheveux turquoises et qui s’appliquait, d’ailleurs, à retirer leurs pantalons. Il mesurait sa chance, se sentait chéri, protégé, privilégié. Mais ce droit avait un prix : réellement soutenir celui qui lui offrait son amour, dûsse-t-il tout faire pour renforcer les liens entre Maxence et lui, dans la mesure du raisonnable, si c’était ce dont le maître avait besoin. Ses doigts glissèrent à nouveau, effleurant le caleçon afin de créer une bien douce frustration. Il attendit sournoisement une minute avant de s’y employer de manière plus ferme puis de vraiment glisser sous le tissu.

- Certains conservateurs se donnent un « air », ils ronchonnent par principe.
– Luke sourit légèrement, malheureusement ce n’était pas le cas de Maître Uta qu’il avait appris à apprécier. L’Ithorien et lui s’adressaient la parole s’ils y étaient forcés. Au moins, ce type d’événements permettait de faire le tri. – Et puis, Corrupteur de jeunesse, je trouve qu’ils ont été gentils. Ça te vas bien, c’est plus classe que « petit décadent » ou « Déception de toute une vie ». Luke n’avait entendu ce terme qu’une fois, il lui avait brisé le cœur du temps où il était avec Jason, quelques temps après son adoubement pendant lequel il avait avoué avoir une relation. Ça lui avait alors brisé le cœur, mais Karm l’aidait à retrouver son estime, lui et tous les événements qui y étaient liés comme sa nomination, malgré le fait qu’on se doutait de leur relation. Aussi étonnant que cela puisse sembler, le jeune Jedi apprenait à ne plus faire attention aux réacs, ou plutôt si, il essayait juste de faire la différence entre les Conservateurs et les Extrémistes. À ce propos, il n’était pas loin de penser que Maître Marja en était une, vu ce qui était revenu de la guerre. Du peu qu’il savait, elle n’avait pas respecté les vraies règles Jedis en mettant ses hommes en danger, s’entêtant au possible. On en revenait toujours à la même chose : les lois devaient être appliquées à tous.

- Darth Corruptus, c’est plus subtil et tout aussi évocateur.
Acheva Luke en passant aussi une main dans les cheveux si particulier de son ami. Oh, oui, un véritable corrupteur d’âmes pures comme la sienne. Il se colla à son compagnon. Une décharge électrique parcourut l’ensemble de son être à l’idée que leurs peaux se collent et se retrouvent après tant d’absence. Il remonta ses paumes à la nuque de Karm, l’enserrant pour le rapprocher et l’embrasser longuement. Sa propre gêne en deviendrait presque un intensificateur de sensations, une exaltation de plus mêlée au reste, preuve en était, si ses soupirs ne suffisaient pas, une réaction beaucoup moins subtile entre les jambes du Maître.
Karm Torr
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Pfffff, fit Karm comme le plus mature des adolescents, des formulaires, toujours des formulaires. Je suis un explorateur maltraité !

Et de moins en moins habillé, ce qui avait une tendance remarquable à adoucir ces grands tourments.

Mais puisque tu l’ordonnes tyranniquement, oui. Je ferai tout ça. Les autorisations de machin, là, et… euh… Les trucs. Aussi.

Il en rajoutait un peu, car au fond il savait fort bien de quoi il était question : tout membre de l’ExploCorps digne de ce nom, même les plus rétifs aux arcanes de l’administration, avait une conscience nette des procédures qui gouvernaient à l’importation des animaux exotiques. S’il s’était abstenu jusque-là, c’était d’ailleurs moins par paresse que parce qu’il n’avait pas la même confiance que son compagnon dans le système et qu’il craignait qu’on ne lui enlève l’oeuf de scyk, pour s’en débarrasser comme d’un animal dangereux.

Ce jour-là cependant, il eut de la peine à se concentrer sur toutes ces questions, parce que les mains de son compagnon devenaient de plus en plus indiscrètes. C’était une initiative si rare qu’il en fut surpris, tout en même temps que charmé. Sa peau frémissait déjà sous les doigts de Luke, réchauffée par la présence du jeune homme, et il commença lui-même à effeuiller le corps délicat du Hapien.

Darth Corruptus, hmm, murmura-t-il tout contre ses lèvres ?



Le soir était presque tombé et les deux amants avaient fini par sombrer dans une demi-torpeur, après bien des étreintes. Karm traçait des arabesques rêveuses dans le dos de son compagnon, réfugié dans ses bras, et ils étaient encore nus tous les deux. Il avait fallu un moment pour que l’Ark-Ni retrouve ses esprits, remette le monde le bon ordre, passé avant le présent, et présent avant l’avenir, mais enfin, il murmura :

J’ai quelque chose pour toi, mon amour.

Après avoir déposé un baiser sur le front de Luke, il le repoussa délicatement pour l’allonger sur le dos et quitta le lit. Sa silhouette se découpait dans le jour déclinant, bien plus virile, ainsi débarrassée de ses vêtements, que ne le suggérait d’ordinaire son visage androgyne.

L’Ark-Ni tira un objet d’un tiroir et revient s’étendre sur le lit, sur le flanc, redressé sur un coude. Il posa sa trouvaille sur le ventre nu de son ami et guida les mains de Luke au-dessus. La chose pulsait de Force.

Un holocron jedi, retrouvé dans l’une de mes explorations. Qui contient, si je ne m’abuse, des données précieuses pour l’étude de la Restauration. Je te l’offre. Je t’aiderai à l’ouvrir, mais ce sera à toi de t’en imprégner, de l’étudier, d’en tirer les enseignements, pour pouvoir le cataloguer convenablement dans nos Archives. Je crois que tu y trouveras des secrets précieux sur la Force et la Vie, dont je sais que tu seras digne.
Luke Kayan
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- Le permis de possession et l'engagement à t'occuper de cet animal quelques soient les conséquences afin qu'il ne mette jamais personne en danger et que sa présence n'ait aucune incidence sur la faune et la flore locale. Ces trucs-là , oui.

Avait souligné Luke, plus inquiet qu'il ne le laissait paraître. Bien que Karm compte parmi les personnes les plus aptes à posséder ce genre de bête, le Hapien savait l'administration réfractaire par essence. Il s'en voudrait d'être celui qui, indirectement, retirerait le Scyk à son ami, ceci dit, c'était un mal nécessaire, ni Karm, ni l'Ordre n'avaient besoin d'un scandale, sans compter qu'il n'aurait pas trouvé le sommeil.

Quoique, la suite des événements l'y aurait aidé, bon gré mal gré. Épuisé après leurs retrouvailles, le jeune homme avait à demi fermé les yeux. Le soir était tombé, il le percevait malgré la chambre close, des odeurs discrètes, la chaleur qui fuyait avec les rayons du soleil et le chant des insectes nocturnes qui s'éveillaient. Il planait doucement dans cet état de demi-éveil, mi-rêveur, mi-pensif. La présence de Karm dans la Force était abruptement moins puissante que sa propre aura, mais elle contenait davantage de nuances. Son ami maîtrisait des courants qui lui étaient inaccessibles, et pas seulement la voyance, sinon la restauration. Depuis deux ans déjà, "l'apprenti" avait dépassé le maître, désormais c'était l'Explorateur qui supplantait le Guérisseur, mais ce dernier ne pouvait que se réjouir de la progression. Unique sentiment un brin négatif quant à ces circonstances : la crainte de ne pas être à la hauteur parfois car tandis que Luke s'éparpillait dans certains domaines voire stagnait, son compagnon continuait de grandir.

Le jeune homme frissonnait de plaisir lorsque la main courrait son corps, formant d'imprévisibles arabesques. Un élément étranger, froid le perturba juste après que Karm l'ait tourné sur le dos : un holocron ? Le temps d'une seconde intense, il se sentit mal à l'aise de recevoir une relique Jedi si précieuse, ainsi nu après avoir fait l'amour mais son compagnon le détourna de telles préoccupations futiles. Étonné, ému par la surprise, le Chevalier considéra l'objet. Il se redressa pour s'assoir, adossé à la tête de lit. La couverture couvrait son bassin puis chutait anarchiquement sur ses jambes, laissant s'échapper un pied. Avec prudence, il frôla l'holocron. Luke en avait déjà vu dans les archives mais il en avait peu étudié à vrai dire, concentré sur d'autres aspects comme, ironiquement étant donné l'état de sa vue, l'observation de la réaction à la Force d'éléments vivants sur diverses planètes.

Face à un holocron, il se sentait toujours minuscule, insignifiant curieux face au savoir de grands Jedis qui avaient rendu un objet banal, sacré, insufflant connaissance et lumière dans ce qui n'était finalement, qu'un bout de métal. Si l'instinct premier de Luke avait été de refusé, arguant ne pas être assez doué, surtout au niveau de la scrutation, il se retint. Le Maître avait promis de l'aider et s'il fallait se surpasser, il le ferait au lieu de geindre un habituel "je ne suis pas à la hauteur". Comme quoi, les leçons de confiance en soi commençaient à rentrer, bien que sous la forme d'une auto-maltraitance consentante pour le moment. Loin de se féliciter encore de ses capacités, le Chevalier se fustigeait surtout pour son attitude involontairement victimisante. Aussi surprenant cela soit-il, Maxence avait donné une bonne leçon à Luke "pose tes "couilles" sur la table" avait-elle péroré... Et si aujourd'hui, le Chevalier n'en était pas là, au moins souhaitait-il essayer avant de dire ne pas y arriver.

- Merci Karm pour ta confiance. Je suis vraiment touché.

Murmura doucement l'intéressé, encore soufflé par le singulier cadeau. Et encore, ses mots étaient un euphémisme. Ils représentaient un quart de la gratitude ressentie à ce moment par le Jedi. Que son ami lui offre cette immense source de savoir, si pure juste parce qu'il l'en pensait digne était une merveilleuse preuve de confiance. Luke se promit de ne pas trouver de repos avant d'avoir su accueillir convenablement les données qu'un savant avait déposé dans cette relique. Et puis, c'était si beau -mais moins étonnant de la part de son compagnon qu'il savait généreux- de lui donner ainsi le fruit d'une difficile exploration, en plus de l'aider à le décrypter.

- Merci encore. Je vais tout faire pour parvenir à comprendre ses précieux enseignements et les partager ensuite. Il est vrai que maintenant, tu vas pouvoir et devoir m'aider. Tu t'es tellement amélioré que tes compétences dépassent de loin les miennes.

Termina-t-il avec une douceur nuancée d'admiration et de fierté. Il était si heureux de voir progresser le maître bien que parfois, cela l'inquiète car Karm semblait travailler en dépit de sa santé. Du repos et plus d'écoute de son corps lui feraient du bien... Arguait un forcené du boulot convaincu. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Luke allait sans doute passer de longues journées à étudier l'holocron sans faillir, rognant sur repas et nuits, autant dire que cela l'enthousiasmait. Un objet qui pourrait l'aider à progresser en médecine afin d'aider ses patients, voilà qui réjouissait le Hapien, lequel fourmillait déjà de curiosité à l'égard des connaissances qui se cachaient dans l'holocron. Pour une fois, les pensées parasites étaient loin de lui, il profitait juste de l'instant, dans la pénombre d'une nuit qui mettrait bientôt Karm et lui à égalité question vue. En effet, le ciel noircissait rapidement, envahi de nuages vaporeux, calmes mais nombreux qui allaient jusqu'à occulter les rayons du faible quartier de lune.

Le blond se leva à regret pour partir à la douche, non sans un dernier baiser langoureux pour son compagnon.

- Quand je reviens, si tu ne dors pas -petite pique gentillette, en référence à leur épuisement ou du moins, le sien car force était de reconnaître que Karm l'avait tué à la tâche.- j'aimerais que tu me racontes l'histoire de cet holocron, comment l'as-tu découvert, à quel endroit et dans quelles circonstances ? Pourquoi penses-tu qu'il contienne des données sur ce domaine ?

Avec délicatesse, presque cérémonie, le jeune homme déposa l'objet sur le bureau de son ami. Il passa devant la couveuse, s'arrêtant imperceptiblement. Sa main frôla le couvercle, avalant les informations de l'être encore fragile qui y logeait. Il n'y avait pas encore de pensées, même primaires, juste des pulsations déterminées, régulières et étonnamment puissantes qui s'en échappaient.

- Je crois que ce sera un mâle.

Indiqua-t-il, loin d'imaginer que durant l'acte, son ami aurait aimé concevoir un enfant avec lui. Pour sa part, l'idée de transmettre son matériel génétique puis éducatif ne lui venaient pas à l'esprit. Luke était, inconsciemment, comme de nombreux enfants maltraités, craintif à l'idée de réitérer les sévices subis sur le gamin. De plus, son caractère naturellement calme, aimant la routine (même s'il en dérogeait souvent) le poussait à se contenter de ce qu'il avait présentement. Le souci rencontré avec Eckthor n'avait fait que consolider ses convictions, sans oublier les principes de l'Ordre ou sa propre nature, incapable de lui faire avoir des enfants. C'était comme ça, autant tirer un trait pour ne jamais souffrir d'amères hypothèses, un peu comme croire qu'il pourrait un jour retrouver la vue... Quoique Balian lui avait dit que c'était possible.

Le jeune homme se donna la douche pour réfléchir. Il ne voulait pas chambouler son compagnon à ce propos, avec cette idée reléguée au fin fond de son esprit. Retrouver la vue. C'était plus facile quand les médecins lui avaient parlé d'une opération impossible, pas risquée comme lui l'avait dit son ami, non, complètement, irrémédiablement impossible. En sortant, il portait un pyjama de lin simple et basique, un peu grand pour lui d'ailleurs. Ses cheveux retombaient en une masse claire, épaisse et soyeuse sur des épaules fines mais loin d'être maladives désormais. L'entrainement portait ses fruits, occultant avec habiletés ses quelques kilos manquants encore. Il salua l'holocron et son ami d'une douce lueur au sein de la Force puis s'assit sur le lit. Après avoir parlé restauration, dans l'intimité d'une nuit désormais bien noire, c'était peut-être le moment d'aborder le sujet.

- Karm, je t'ai déjà parlé de Balian Atraïde, un médecin militaire que je connais bien et qui... Hum on peut le dire, est un ami. Il y a quelques temps, juste avant que nous partions en mission, depuis nous avons été bien occupés et j'ai donc remisé ça au fon de ma tête mais... Bref, il y a quelques temps donc, il a suggéré que je pourrais éventuellement retrouver la vue. Ce serait un procédé complexe, il y aurait une opération évidemment et beaucoup de rééducation. Si cela échouait, ce serait aussi définitif et qui sait si cela n'empirerait pas ma situation initiale... Je n'ai pas encore beaucoup réfléchi à tout ça, je l'admets. Je crains surtout de vraiment ralentir le rythme, de ne plus pouvoir travailler pendant longtemps, d'être indisponible pour l'Ordre, ce qui me fait reculer, mais... J'ai bien des raisons de voir aussi - Son regard éteint s'arrêta sur Karm, évident de tendresse. Il faisait partie d ses principales raisons d'essayer cette terrifiante opération. Lui, puis Saï Don que Luke n'avait jamais entrevu et enfin bien sûr, son cher Ordre et les gens à qui il voulait tout apporter. je voudrais avoir ton avis. Je veux dire, tu as le droit de savoir et j'aimerais prendre ton opinion en compte, car elle vaut beaucoup pour moi.

Karm Torr
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Quand Luke quitta le lit, Karm s’affala sur le ventre, avec une grâce discutable, pour pouvoir tendre la main et effleurer les commandes de la table de chevet. Une légère lueur tamisa vint remplir la pièce et alors l’Ark-Ni roula sur le doux pour suivre du regard la silhouette de son compagnon qui disparaissait dans sa propre chambre pour en rejoindre un long soupir. Voir Luke se muscler petit à petit le rassurait. Depuis un moment déjà, il avait compris que son compagnon entretenait un rapport compliqué avec la nourriture, mais l’entraînement avait au moins le mérite d’astreindre le jeune Chevalier à une certaine discipline alimentaire.

Karm poussa un long soupir, avant de s’échapper des draps à son tour et de rejoindre sa douche. Il la prit glacée, presque comme toujours. Il aimait sentir ses muscles réagir brusquement à la froideur de l’eau. Son esprit devenait plus clair. Et puis cela lui rappelait les cascades des planètes sauvages où il se lavait souvent.

Il fut de retour dans la chambre à peu près au même moment que son compagnon, toujours nu, et ses cheveux blanc et argentés rejetés en arrière. Un petit détour près de la couveuse pour s’assurer que les réglages conviendraient aux températures de la nuit et il partit s’asseoir à son tour sur le lit, juste derrière le Hapien, pour lui entourer la taille de ses bras et l’inciter à s’adosser à son torse.

Les explications de Luke le prirent par surprise et, d’abord, il ne sut pas quoi répondre. Il aurait aimé que son ami puisse voir. Cela l’aurait rassuré. Un sens en plus, c’était des dangers mieux connus, et leur vie était trop mouvementée pour se priver de cet avantage. Dans le même temps, Karm se sentait gagné par une crainte égoïste et superficielle. Que se passerait-il si son apparence décevait le Chevalier ? Luke était un Hapien et il se rendrait facilement compte que sa beauté surpassait de loin celle des humains, et donc celle de l’explorateur.

Je vois…, fit-il enfin, mais sans se rendre compte de l’ironie de ces premiers mots.

Il dégagea délicatement les cheveux blonds de la nuque du jeune homme pour y déposer un baiser.

Je sais pas trop quoi dire, avoua-t-il avec simplicité. C’est compliqué sous tous les angles. D’un côté, je comprends que l’opération est pas sans danger et je voudrais pas que tu prennes des risques inutiles. Mais je pourrais être là, et des guérisseurs plus doués que moi surtout, pour m’assurer que ton état n’empire pas. Voire que l’opération soit un succès. Atraïde fonde ses prédictions sur ses connaissances médicales, mais avec la Force en prime, on peut arriver à des résultats bien plus certains encore.

Karm faufila ses mains sous le haut de pyjama de Luke, pour les croiser sur le ventre du jeune homme et sentir la chaleur de sa peau contre ses paumes.

Retrouver la vue, c’est utile. Je dis pas que t’en as absolument besoin, mais disons… Que c’est un outil supplémentaire. De ce côté, j’pense pas que tu doives avoir des scrupules de rentrer en convalescence et d’être un temps indisponible pour l’Ordre. Tu peux considérer ça un peu comme… disons comme un entraînement. Le temps qu’on passe à s’entraîner est pas immédiatement utile à l’Ordre, mais il le devient plus tard. Ben c’est un peu pareil. Du coup… Je pense que sur le plan strictement pragmatique, ça penche plutôt en faveur de l’opération.

Il réfléchissait à haute voix, en tentant de démêler la situation avec ordre et méthode, même si son esprit avait tendance à fonctionner d’ordinaire par des raccourcis inattendus.

Ensuite… Je pense que tu peux être un Jedi remarquable tout en restant aveugle. Et il y a des choses que tu sais faire parce que tu ne vois pas. Ces choses-là, tu les perdrais pas si tu recouvrais la vue, hein, juste… Moi, je te considère pas comme quelqu’un affligé d’une infirmité. C’est ce que je veux dire. J’espère que… c’est pas trop maladroit… ?

Ses mots étaient peut-être brutaux. Comme pour se faire pardonner, il embrassa Luke à nouveau, dans le cou, avant de le serrer un peu plus contre lui.

Voir quelqu’un, ça peut être une expérience précieuse. À travers la Force aussi. Quand tous mes sens sont tournés vers toi, je te connais dans toutes tes nuances. Je connais ta chaleur et ta douceur, ton goût et ton odeur, la musique de ton coeur et de ton souffle, et toutes les nuances de ta peau. Souvent, je médite en pensant à la couleur de tes cheveux. Je me perds dans leurs degrés de blond. J’abandonne toutes les prétentions de mon esprit pour me consacrer à la contemplation de ta beauté et dans la pureté de mes sensations, je trouve le chemin de la Force, la Force telle qu’en elle-même.

C’était un fragment de la philosophie du Maître, qu’il aurait encore eu bien de la peine à formaliser en un traité, mais qui trahissait ses convictions sensualistes : la Force était une expérience empirique, elle s’approchait par le corps, et le monde n’était pas une illusion, mais une émanation et un véhicule.

Bien sûr…

Sa voix devint soudain plus incertaine et, plus que d’habitude encore, ses tonalités androgynes la rendaient juvénile. Fragile.

Bien sûr je… Je peux pas prétendre offrir à tes yeux la même beauté que toi aux miens. Je suis vraiment pas… Enfin… Je ressemble à n’importe quel Ark-Ni, quoi. Enfin en plus… en moins… Et avec… mais à part ça, rien de spécial.

Des explications comme toujours d’une grande limpidité.

Mais enfin bref, peu importe : le désir que tu as de voir les autres n’est pas un caprice superficiel, c’est un élan naturel qui peut être la source d’une grande sagesse.

Bien malgré lui, Karm se mit soudain à se demander s’il était censé mettre une crème de nuit. Pour sa peau. Qu’elle soit plus jolie. C’était ce que les gens faisaient, non ? Avait-il besoin d’une coupe de cheveux ? Un appareil dentaire, peut-être ? Il passa sa langue sur ses dents, pour essayer de voir si elles étaient assez droites comme ça.

Et pour Balian, finit-il néanmoins par reprendre, je le connais un peu. On a fait une mission ensemble, avec Loé aussi. ‘Fin on s’est retrouvés embarqués dans la même mission par hasard, plus tôt. Infiltration dans l’Empire pour extraire des données. Tu te souviens, j’t’avais parlé d’un médecin militaire ? Ben c’était lui. Il m’a fait plutôt bonne impression.
Luke Kayan
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- Ce n'est pas maladroit, ne t'en fais pas.- Luke redressa vaguement la tête, pas assez pour capter le regard de son ami, mais l'idée était là. Aussi éteints soient-ils, ses yeux vairons exprimaient une tendresse certaine.- La cécité est un handicap. C'est un fait. Elle me prive de certaines choses, je ne serai jamais aussi rapide que toi pour descendre les escaliers. J'ai de la chance d'avoir été très bien entouré pour pallier le problème au maximum. Mon maître, toi et la majorité des autres Jedis ne me considèrent pas comme un infirme, moi non plus, mais je suis bien handicapé dans certaines situations. Ce n'est pas grave, c'est juste la stricte vérité.

Souffla doucement le jeune homme. Il possédait une grande maturité concernant sa vue. Si ce n'était pas le cas pour son homosexualité difficilement acceptée encore aujourd'hui (bien qu'il y ait de gros progrès), Luke avait beaucoup moins de soucis à parler de son handicap. Il avait grandi sans tabou à ce propos, certains maîtres l'avaient même un peu rudoyé dans l'idée de le faire avancer autant que les autres. Saï lui s'était adapté mais subtilement, juste ce qu'il fallait afin de ne pas le rendre dépendant sans le traumatiser. Le Hapien s'estimait très chanceux comparé à d'autres aveugles qui ne comptaient pas sur la Force. Dans bien des situations, elle ne lui était d'aucun secours contrairement à ce que croyaient les amateurs d'amalgames, le blond n'était pas un Miraluka. Il recourait donc à des astuces communes mais parfois, sa cécité le rendait meilleur. Il avait par exemple, appris à se guider uniquement via la Force lors d'un combat beaucoup plus jeune que la moyenne ou captait des ondes subtiles que d'autres ignoraient.

Savoir que pour Karm, la chose aussi était complexe rassura un peu le Jedi. Il avait peur d'être le seul à se compliquer la vie.

- C'est aussi le méli mélo dans ma tête. Je me sens coupable de vouloir plus que ce que je n'ai déjà, mais également de renoncer à une opération que d'autres auraient aimé pouvoir faire. Et... J'ai peur de changer. Deviendrais-je arrogant ? Suis-je égoïste de refuser une opportunité à laquelle d'autres n'ont même pas accès ? Est-ce que je me complais dans mon handicap ? Ce n'est finalement pas si simple.

Puisque son handicap le définissait quand même, Luke craignait que retrouver les couleurs lui monte à la tête ou du moins, le change assez pour que Karm ne l'aime plus. Il aurait sûrement des réactions et, en effet, littéralement une autre vision des choses. Et puis il y avait leur lien, Luke suivait l'Ark-Ni à l'aura, ils apprenaient d'une certaine manière, travaillaient en s'adaptant l'un à l'autre. Est-ce qu'en voyant, ce serait... Moins bien ? Moins particulier ? Moins intense ? En revanche, le jeune homme était bien sûr d'une chose.

- Karm... Je te rappelle que je t'ai déjà vu, je t'ai trouvé très beau.- Il ne se souvenait pas vraiment des couleurs habillant son ami, certes, mais cette présence dans ses pensées l'avait rassuré tandis qu'il affrontait le souvenir de sa génitrice dégénérée. Mieux, elle lui était apparue comme un magnifique soleil. - et je te vois, tous les jours. La structure de ton corps, de ton visage, je te trouve toujours beau. Si sans ma vue, je peux te reconnaître au milieu de tous les autres Ark-Nis, en voyant également. Un proche sait différencier deux vrais jumeaux, or il n'y a pas génétiquement plus semblables qu'eux, ça m'étonnerait donc que je ne trouve pas un moyen, avec mes yeux de ne pas te confondre… Et puis, tu es bien plus qu'un physique. Ton aura, ton adaptabilité, tu es maître Jedi. Difficile de faire plus unique. Ceux de ton peuple se ressemblent parce qu'ils ont une expérience pareille, ils ne sortent pas de leur zone de confort c'est toi qui me l'a dit... Pour autant, chacun possède sa propre personnalité. En ayant ton parcours, on noterait vraiment les différences, selon leurs réactions, leurs choix. Ce sont les tiens que j'ai apprécié, ton humour qui, certes, a une touche bien Ark-Ni mais que je sais différencier des autres de ta famille, avec tes références, ta manière de parler, ta voix, tes mots que tu sois sérieux ou non. Tu es différent, unique c'est toi que j'aime et que je trouve beau.

Un sourire attendri effleura les lèvres de Luke qui leva sa main pour chercher la tempe de l'explorateur qu'il caressa doucement avant de descendre le long d'une mâchoire dont il semblait connaître la forme, la taille et les spécificités par coeur, pareil pour les dimensions de ce nez ou encore l'épaisseur de ces lèvres aimées. La remarque incertaine de l'enfant des étoiles l'avait touché profondément, il ne comprenait pas vraiment l'inquiétude des gens pour leur physique mais il savait que cet aspect était important. Important au point que même un Jedi s'en préoccupait indirectement, important au point que des civils commettaient des folies pour préserver cette beauté, à commencer par les Hapiens.

- Ma... "Beauté" est artificielle, issue de bien des douleurs. Je mesure mal son impact mais je n'aime pas son origine, elle est malsaine, alors je vois difficilement comment tu peux te sentir inférieur. Et même si ça sonne probablement cynique, les Hapiens ne font certainement plus grand chose de leur beauté une fois âgés. Ou même pas d'ailleurs, car on dit que certains vieillards possèdent une dignité magnifique, une beauté extraordinaire venue d'ailleurs qui sublime leur rides, issue de leur sagesse et de leur expérience. Des gens capables de passer par des expériences cruelles en laboratoires ainsi qu'une inacceptable sélection pour conserver la beauté de leur jeunesse ne me semblent pas apte à être beaux une fois âgés. Insatisfaits, perdus, aigris... Mais quoi qu'il en soit, si je devais apprendre à connaître le principe pur de la beauté physique, je suis certain d'une chose, c'est que je ne serai pas déçu de ce que je découvrirai en ouvrant les yeux après cette opération.

Sa main retomba sur les bras qui l'enserraient, le Chevalier se cala plus confortablement contre Karm.

- C'est vrai en plus -S'amusa-t-il- il m'a dit t'avoir connu. Le pauvre était tout chamboulé car il pensait avoir failli te tuer. Je l'ai rassuré en lui expliquant que c'est très commun chez toi. C'est un homme qui a beaucoup souffert, il a plongé dans son propre Côté Obscur, mais il en est ressorti et cela le rend encore plus méritant.

Que Luke avoue avoir un ami comme Balian montrait son évolution, en grande partie dûe à la rééducation de Karm. Très manichéen, rendu maladroit voire blessant à cause de ce fait, il aurait jadis jugé le passé de l'homme. Après que le maître et lui aient assisté à la "chute" d'un jeune désespéré de L'ExploCorps mener sa petite amie enceinte à la catastrophe, Luke avait appris ce qu'était la tolérance. Aujourd'hui, il avait assez côtoyé de cas pour apprendre à ne pas culpabiliser de suite, interpréter un peu plus les lois froides, immuables à des vivants, remplis de sentiments, An'ya, ex-Sith qui faisait de son mieux par exemple, avait tout son respect, Balian aussi d'ailleurs. Serait-il capable, lui ? De se relever après une pareille chute. La leçon d'humilité avait été difficile mais elle était apprise et désormais, il n'en était que plus heureux. Ses amitiés émergeaient toujours très difficilement, Luke était un solitaire après tout, ou plutôt un être social maladroit, mais petit à petit, il commençait à avoir des liens.

- C'est devenu un ami. C'est un médecin très compétent et un homme avec un bon fond. Vraiment.

L'ambiance se radoucit, Luke veilla à ne pas de nouveau l'alourdir avec sa conclusion.

- Quoiqu'il en soit, tu as raison, la convalescence serait un entraînement. Tu m'as au moins retiré ce poids du coeur, merci. Tu as répondu sincèrement, en prenant ton temps et en exposant toutes tes pensées, c'est exactement ce dont j'avais besoin. C'est aussi une des choses, bien plus qu'une prétendue beauté, qui fait que je t'aime d'ailleurs. En tout cas, je crois que je vais réfléchir... Je ne sais pas si je suis prêt et si je le désire réellement. Je suis heureux ainsi. Mais au fait, combien de nuances de blond ai-je donc dans mes cheveux ? Et toi d'argenté ?

Termina-t-il sur un ton plus léger, décidant qu'il était heureux d'avoir parlé à Karm et que bien que restant dans un coin de sa tête, ce n'était pas encore le bon moment pour tenter une guérison.
Karm Torr
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Ah oui, quand même…, souffla Karm.

Trente-et-un ans, trois sabres lasers et un titre de Maître Jedi, et l’Ark-Ni se sentait présentement comme un adolescent tout intimidé à qui on fait une belle déclaration d’amour.

Tout ça…

L’explorateur resserra un peu plus son étreinte autour du Chevalier. Il se sentait un peu coupable d’être flatté par tous ces compliments. Sans doute l’humilité et la sagesse auraient-elles dû le pousser à se détacher de considérations aussi superficielles. Mais savoir que son compagnon appréciait son physique le réconfortait.

À vrai dire…

Il hésitait. Ce n’était pas des aveux faciles à faire, quoiqu’ils n’aient rien d’infamants.

Quand je suis arrivé ici, on m’a dit que j’étais humain. Au sein de l’Ordre, je veux dire. J’avais jamais pensé à moi comme à un humain, mais enfin bref, on m’a dit que j’étais humain et du coup, après, je me suis comparé aux autres, et euh… Je me suis souvent trouvé trop petit, ou trop maigre, ou trop… Les autres mâles humains, à l’adolescence, surtout ceux qui se destinent à devenir Gardiens, tu sais… Y en a qui font, genre, un mètre quatre-vingt dix, c’est délirant.

Des machines à torticolis, voilà ce qu’ils étaient !

Y en avait qui se laissaient pousser la barbe et tout… Je sais que c’est complètement débile, hein, mais ça m’a beaucoup fait complexer. Même si je suis plus grand et plus athlétique que les autres Ark-Ni, j’avais l’impression que j’étais surclassé par les autres humains. Physiquement. Et je me suis vite rendu compte qu’en mission… Ben les gens qui me voyaient me prenaient pas au sérieux, quoi. Ça arrive encore souvent maintenant. Entre ceux qui sont persuadés que je suis un Padawan, les soldats qui croient qu’ils doivent me protéger et ça les saoule, c’est… Parfois c’est un peu humiliant. Y a des gens qui me disent que j’ai de la chance de toujours avoir l’air aussi jeune, mais c’est à double tranchant.

Heureusement qu’il y avait les non-Humains. C’était l’une des innombrables raisons pour lesquelles il appréciait passer du temps avec les Wookies. Karm était à peu près sûr que la plupart d’entre eux ne voyaient pas de grande différence entre son apparence et celle de l’un de ces Gardiens bâtis comme des armoires à glace, avec une barbe fournie et qui imposaient naturellement le respect. C’était très reposant.

Bon, j’ai appris au fil des années que c’était aussi hyper utile d’être constamment sous-estimé par les inconnus. Sans mentir, j’pense qu’il y a une bonne partie des combats que je gagne parce que les gens d’en face croient qu’ils ont affaire à un gamin. Enfin bref, tout ça pour dire que l’apparence, la beauté, le physique, c’est pas… C’est pas si superficiel que ça. Ça a des conséquences, parfois très importantes. C’est dense de… D’histoire, de traditions, de considérations sociales, culturelles. Et c’est vrai que, toi… comment dire…

Karm, le poète, chercha les mots appropriés.

T’es hyper méga canon.

Presque du Victor Hugo.

J’comprends que ce soit difficile, compte tenu de ce qu’est la beauté dans la culture hapienne. De ce que t’as pu traverser. Mais je pense que… Tu sais, y a des gens contre lesquels on utilise des termes racistes et spécistes, et ils se les approprient pour dire : vous croyez que vous nous insultez, mais très bien, on reprend vos mots pour en faire un signe de fierté. C’est un peu pareil. Plus ou moins. T’as reçu quelque chose en héritage qui a des connotations assez terribles, mais plutôt que le redouter, tu peux aussi te dire que tu vas te les réapproprier. Montrer que y a pas de fatalité pour un Hapien. Désolé, c’est pas hyper clair.

Il fallait reconnaître que la culture hapienne demeurait difficile à comprendre pour quelqu’un de l’extérieur. Karm avait le sentiment confus que le culte de la beauté qui régnait au sein du Consortium était une chose sinistre, mais non moins subtile et nuancée, dont les implications lui échappaient à peu près complètement.

Ce que je veux dire, c’est que tu es très beau et que tu es vertueux. Ta beauté n’est pas cynique, elle n’est pas un mensonge : on te regarde, tu parais pur, céleste en quelque sorte, et c’est vers cette pureté que tu t’efforces d’aller. La végétation pousse à merveille sur les terres volcaniques, quand les éruptions ont tout dévasté et, de la même manière, tu peux devoir ta beauté à une culture terrible et en faire quelque chose de noble.

Karm s’était souvent demandé s’il serait tombé amoureux de Luke dans le cas où celui-ci eût été laid. Il aurait aimé pouvoir l’affirmer, mais il lui semblait que c’eût été prétentieux.

En tout cas, j’ pourrais passer des heures à te décrire ce que je trouve de beau et euh… herm…

D’un ton légèrement embarrassé, il glissa :

… excitant… dans ton apparence. Et ce sont des choses qui le sont d’autant plus que je te connais. Ta personnalité vient rehausser la beauté de ton corps. Tes cheveux sont…

Karm glissa une main dans les longues mèches blondes.

Comme les étoiles quand on les approche, loin de toutes les atmosphères. De la planète, elles semblent n’avoir qu’une couleur, mais qu’on est plus près, à travers le hublot d’un vaisseau, on voit les éruptions et les tempêtes, c’est tout un monde de nuances qui se déclinent. Et puis j’aime la manière dont ils tombent parfois jusqu’au creux de tes reins. Ça, hm…

Le Jedi baissa la voix pour murmurer à l’oreille de son ami :



Et puis, avec un peu plus de décence, il conclut :

Bref. Tout ça pour dire que tu n’as pas à te presser. Je comprends tes doutes. J’imagine qu’il y a des gens qui ont eu une opération semblable, ça peut valoir le coup de leur parler, tu penses pas ? Ils seront probablement pas sensibles à la Force, alors leur expérience sera sans doute plus difficile que serait la tienne, mais au moins, ça te donnera une petite idée du genre de… De sensations auxquelles s’attendre.

Luke Kayan
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Incapable de réagir, Luke écouta, surpris, les aveux de son compagnon. Au fur et à mesure, un constat s'imposait à son esprit : Tous étaient ainsi. S'il avait éprouvé également des complexes, surtout vis-à-vis des voyants, mais également des adolescents plus forts physiquement, le Hapien n'avait jamais été seul dans ce cas. Au final, personne n'était pleinement satisfait de ce qu'il avait. Des bribes de conversations, demeurant extrêmement rares, certes, surgirent dans son esprit. Un Rodien s'était plaint de son taux de midichloriens trop faible, ou un Mon Calamari des exigences d'adaptation dues à sa race, voire effectivement, un complexe physique.

- Je comprends. Ces gens qui n'ont pas les mêmes critères que les autres, ne distinguant pas les traits communs des membres d'une race de ceux qui sont rares doivent être un vrai repos.

Indiqua doucement dont le souvenir d'un certain Jack le traitant officiellement de "tantouse" à peine avait-il grimpé dans son vaisseau. Son physique, pas plus viril que celui de Karm lui valait aussi d'être sous-estimé, bien qu'il dispose, en contrepartie d'un charisme passif en tant que Hapien.

- C'est vrai qu'il y a de quoi se sentir petit, à ne pas réussir à porter un simple paquet, là où Jeremy Hopkins en embarquait trois. Et encore, moi on me l'a raconté, je ne le voyais pas.

Continua le Chevalier en souriant. Le déménagement d'une salle inutilisable n'avait pas été une mince affaire. À l'époque, tous les Padawans de sa classe avaient été mis à contribution. Jeremy avait fait l'admiration et l'envie de tous en portant de lourds paquets, remplis de sabres d'entraînement, d'holocrons ou de matériel informatique imposant. Lui-même avait tenu à aider mais moins autonome qu'aujourd'hui, il avait surtout contribué à mettre le bazar en trébuchant sur un tas mal empilé, cassant du matériel assez cher.

- J'imagine combien c'est difficile, surtout lorsque l'on veut devenir Gardien, de se retrouver confronté à des gens au physique naturellement avantageux... Pour le combat brut, je veux dire... Mais certains de ces chanceux, dirons-nous, se reposent sur leurs lauriers, alors que toi non. Tu ne serais pas le Karm rusé, maître d'une technique bien particulière sans ta taille ou ton apparence. Tout ça, c'est toi, ce qui t'as forgé. Et on m'a effectivement dit que tu fais plus jeune que ton âge, mais toi, tu sais ce que tu vaux, ce que tu as accompli, ainsi que le Conseil et la majorité des gens du Temple. Si cela te gêne en-dehors, ce n'est ni futile, ni superficiel, c'est compréhensible... Tu devrais essayer de t'imposer poliment. D'expliquer à ces messieurs dames que tu connais ton travail, que tu as déjà des faits d'armes qui le prouvent. De toutes manières, de nombreux soldats, c'est triste de l'avouer, ont beaucoup de préjugés. Même s'ils te savaient plus athlétiques que les autres Ark'Nis, il trouveraient un moyen de te discriminer, juste parce que tu ne leur sembles pas viril. Je ne sais pas vraiment quels sont les critères de virilité chez un homme, mais c'est assez visible pour qu'ils en repèrent un manque apparent chez de nombreuses espèces.

Le Hapien avait côtoyé relativement peu de militaires, mais suffisamment pour déterminer qu'ils avaient une attitude semblable, tristement. Son éducation avait beau lui avoir enseigné à ne pas juger les gens sur leurs apparences justement, le fait est que les soldats répondaient aux stéréotypes. Cet espèce de cinglé de Korgan Kessel par exemple.

- Si tu avais été grand et barbu, je suppose qu'on se serait aussi moqué de toi... En te traitant de rustre ou de grosse brute par exemple ? Je connais un collègue qui a du mal avec les victimes. Elles ne veulent pas se confier à lui à cause de ses 2 m pour un humain, aggravée par une blessure apparemment horrible au visage. Peut-être que des hommes plus grands aimeraient avoir l'air plus jeunes ou plus avenants, comme toi, et leur point de vue est tout aussi compréhensible que le tien. Malheureusement on ne peut pas y faire grand chose, sauf essayer d'être en paix avec soi-même et... Le dire lorsque cela te semble être du manque de respect. Je veux dire, tu aurais tout à fait le droit de reprendre ces soldats sur ton rang ou tes capacités, je sais que tu ne pousserais pas ces déclarations jusqu'à de l'arrogance... Mais il s'agirait de rétablir la stricte vérité.

Le jeune homme ferma à demi les yeux, réfléchissant à toutes ces choses. Celles-là qu'il s'était toujours plu à trouver trop basses pour l'atteindre, mais finalement, il en avait aussi été victime. Ces considérations l'avaient touchées, moins que Karm peut-être, ceci dit, sa cécité l'y aidait sûrement.

- Je complexais de ne pas pouvoir faire "des trucs de valides" normaux. Que toi tu peux exécuter en deux secondes, mais où je tourne en rond des heures par exemple, sauf qu'il y avait tellement de voyants autour de moi que j'ai bien été forcé de me désensibiliser. C'était pire de songer que je ne te plairais peut-être pas.

Car oui, malgré sa conception de beauté si restreinte, le jeune homme avait craint de ne pas plaire au Maître Jedi. Qu'en savait-il lui, des critères de sélection des autres ? Hormis qu'il était parfois un peu dépeigné, qu'il peinait à faire tenir sa tunique droite et donc, ne savait pas autant être à son avantage que les autres. Finalement, personne n'échappait à la peur de ne pas plaire, même lui.

- Tu es très clair, mais un peu trop flatteur. - Luke rougit, il ne se trouvait pas vraiment vertueux, surtout dans sa position actuelle, en pyjama, glissé contre son amant, dans une position intime.- Je vois ce que tu veux dire, et j'aime cette idée de transformer une beauté négative en positive. Être Hapien ne signifie pas grand chose pour moi, par chance, j'ai effacé ce patrimoine désastreux de mon esprit, je ne me sens pas uni à eux. Est-ce arrogant ? Je ne sais pas, mais c'est ainsi. C'est juste ma race d'origine, celle que je dois donner pour compléter mon carnet médical. Du coup, j'espère de part mon attitude, la plus tolérante possible, et j'ai encore des progrès à faire, parvenir à faire passer cette "beauté" néfaste en neutre... Leur montrer au moins que le sang et l'ADN ne condamnent pas quelqu'un. Je sais qu'il existe d'autres Hapiens comme ça.

Sans doute était-il parfois plus touché qu'il ne le pensait, inquiet d'être identifié comme un de ces Hapiens, mais en général, Luke avait effectivement la chance de ne pas trop y penser. Il se méfiait juste sans doute trop du mot "beauté" qui avait acquis un sens parfois maléfique, du moins quand il décrivait ceux de sa race, car ça ne le gênait absolument pas de considérer Karm comme beau... Ou Saï quoique dans un tout autre registre évidemment.

Ses yeux se fermant doucement, Luke somnola quelques douces secondes, bercé par les mots et la tendresse de Karm qui laissait filer ses mèches blondes entre ses mains d'explorateur.

- Je ne comprends pas tout dans ta description, mais ça parle d'étoiles... J'aime les étoiles.

Il ne les avait jamais vu, ou du moins il y avait de cela trop longtemps pour qu'elles aient une image ajustée dans son esprit. Néanmoins, Luke se rappelait d'avoir voyagé "dans les étoiles" avec son maître. Ils avaient un rituel qui consistait à dire à l'autre s'ils avaient vu les étoiles lors de leur dernière mission, depuis que Luke avait un jour demandé à son maître si on voyait celles de Coruscant.

- Il est vrai que j'ai cette chance incroyable de compter sur la Force. - Pourquoi s'être plaint ? Ces civils opérés devaient avoir un choc bien plus intense, Le Hapien se sentit ridicule mais il s'obligea à ne pas trop se morigéner. Son ami serait préoccupé et tâcherait de le réconforter. Ce serait encore plus stupide.- C'est une excellente idée, je demanderai leur avis à des gens sur qui cela a fonctionné et sur d'autres pour qui ce ne fut pas le cas, s'ils sont d'accord pour le faire et que ça ne leur cause pas plus de souffrance, bien sûr.

Décida-t-il, tout en sachant qu'il voulait que cela se fasse lentement, naturellement, au gré des rencontres. Demain, il se précipiterait surtout pour étudier le merveilleux Holocron, rempli de connaissances passionnantes et utiles à tous, afin de prendre de l'avance et que Karm ne doive l'aider qu'en dernier recours. Luke avait bien saisi les consignes, il ne se ferait pas assister par facilité et décoderait le maximum d'informations possibles seuls.

- Je t'aime Tam.

Murmura le jeune homme en embrassant le concerné sur la joue, pleinement heureux.
Karm Torr
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C’est juste, reconnut le jeune Maître quand Luke évoqua la situation bien différente de ces hommes intimidants qui ne parvenaient pas inspirer de la sympathie aux autres, à cause de leur apparence. Après, moi, je te dis tout ça, mais ça va beaucoup mieux ces derniers temps. Abstraction faite que je me décompose quand je dois prendre la parole en public, parce que j’ai l’impression d’être un gamin qui a enfilé le costume-cravate de son père, ‘videmment. Disons que je fais des progrès progressifs, hein.

Mais entre Luke et les avances répétées de Maxence, que l’on qualifierait même d’insistances, Karm avait des raisons de penser que, virilité ou non, il n’avait pas non plus un physique à cacher dans un sac en papier kraft.

Mais je sais que je dois apprendre à être plus sûr de moi. À m’imposer un peu. T’es pas le premier à me le dire. Nata, Maxence, d’autres gens pensent pareil. Et je suis pas devenu Maître pour rester effacé. Mais ça va un peu contre ma nature et… ‘Fin, faut que je me force, quoi. C’est mon rôle maintenant, et ma responsabilité, et ça implique de dépasser mes complexes d’ado. Franchement, si y a de grands Maîtres Jedi qui font cinquante centimètres de haut, j’imagine que je devrais pouvoir arriver à incarner un peu d’autorité au bout d’un moment.

Pour l’heure, il se reposait surtout sur sa réputation et sa popularité, et s’il s’agissait là d’armes solides, elles ne valaient guère qu’au sein de l’Ordre, et encore avec ceux qui ne lui étaient pas franchement hostiles. Commander, c’était plus qu’incarner : il ne suffisait pas d’être un exemple.

Quant à toi…

L’Ark-Ni passa une main dans les longs cheveux blonds de son compagnon.

En fait, j’suis pas sûr que tu aies tant à t’inquiéter que ça qu’on te prenne pour un Hapien comme les autres et qu’on te prête le même genre d’opinions, parce que… Ben, le Consortium, c’est un État isolationniste, non ? Par définition, les Hapiens ont pas précisément une passion pour courir aux quatre coins de la Galaxie et parler aux autres. Le simple fait que tu sois hors du Consortium, ça indique que t’es pas un Hapien ordinaire. En fait, ils ont un telle réputation que j’imagine qu’il suffit de genre, cinq minutes à la plupart des gens pour se dire que tu sors du lot.

Lui-même n’avait rencontré qu’une poignée de personnes de cette espèce, et presque toujours des gens qui étaient nés ou avaient été éduqués hors du Consortium. Même Noctis, à sa manière, avec sa passion pour les cultures étrangères et son goût du voyage tranchait avec l’image d’Épinal du parfait petit Hapien.

’Fin bref, on s’est un peu éloignés du sujet initial. Pour revenir sur ton intervention, voilà. Prends le temps d’écouter les gens. Y a rien de pressé, t’es jeune, t’es dans la force de l’âge, tu es pas à quelques mois ou quelques années près pour ce genre de choses.

Et puis Luke reprenait du poids : il était donc en meilleure santé que jamais, ce qui était nécessairement l’idéal pour subir une opération chirurgicale.

Et moi, conclut le Gardien après avoir déposé un baiser sur son front, tant que je suis sûr que tu me trouves toujours sexy au point d’avoir du mal à te concentrer sur tes formulaires…

(Grandes ambitions.)

… ça me va.

Karm se demandait s’il lui serait possible de percer le voile de l’avenir pour deviner les conséquences de l’opération de Luke. N’était-ce pas la destination de ses pouvoirs ? Ce que faisaient précisément les Voyants de l’Ordre, ceux à qui l’on confiait la tâche difficile d’élaborer certaines des prophéties de leur institution ?

L’Ark-Ni frémit en entendant son nom secret et il vint se serrer davantage contre son compagnon.

Moi aussi, je t’aime, dit-il avant de marquer l’une de ses pauses brèves mais solennels qui trahissaient son éducation ark-ni, quand il s’apprêtait à prononcer un prénom particulier, Luke.

Comme le voulait l’usage chez les siens, il laissa ainsi passer un long moment de silence, occupé à écouter la respiration de son ami, puis il consentit à tirer la couette au-dessus d’eux, dans la fraîcheur de la nuit de Dantooine. Dehors, ils pouvaient entendre les vagues qui venaient se briser régulièrement contre les digues de l’Enclave, et la mer était calme cette nuit-là.

Karm ne tarda pas à s’endormir. Il fit des rêves, des rêves de jour et de nuit, de soleil et d’éclipse, de fleurs qui poussent et qui se fanent, des rêves pleins de sens, et simples à interpréter, mais qui lui échappaient à chaque fois qu’il essayait d’y fixer son attention. Alors, pour se rassurer, sans se réveiller, il venait chercher dans le lit la présence de Luke.

FIN
Luke Kayan
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[HJ : Certaine d'être en retard pour un de nos rp's... Je me suis persuadée qu'il s'agissait de celui-ci et qu'il fallait le clore... Alors que tu l'avais déjà fait... Ridicule, mais bon maintenant que j'ai écrit la majorité de mon texte, je le finis. Rien de passionnant donc. lol! Ça ne m'étais jamais arrivé encore !]

- Tu te décomposes, mais on ne le remarque plus.

Sourit Luke, encourageant. Il était vrai que son ami avait fait de grands progrès. Le jeune homme le trouvait bien dans sa tête, chaque fois plus sûr, capable de prendre des décisions et de s'y tenir. Il était d'ailleurs assez incroyable d'imaginer l'explorateur libre, -presque- sans attache accomplir le rôle de "directeur" parfait de l'Enclave de Dantooine. Karm avait éduqué deux Padawans, le premier était Chevalier, l'autre aux portes d'une promotion, et désormais, il tenait à bout de bras un projet éducatif mixte qui pourrait bien être LE tournant dans l'histoire Jedi. Sans oublier l'oeuf de Scyk. À croire que l'Ark-Ni prenait goût aux responsabilités multiples. Ce temps où son ami parcourait les lunes et les mondes hostiles, amoureux d'endroits sauvages paraissait lointain et très proche à la fois, tout comme le jour de leur rencontre.

- L'autorité arrivera doucement, et je me dois de confirmer les propos de Maxence. Il serait injuste de ne pas le lui reconnaître. Nata est une jeune fille très bien, c'est une seconde parfaite, tu as bien su t'entourer. Ne te force pas directement à changer, devenir le grand patron. L'autorité n'est pas naturelle chez toi mais tu disposes d'autres qualités comme un bon leadership, savoir s'assurer la loyauté de personnes compétentes et travailleuses, former une équipe solide... C'est finalement plus important et sur le long terme, tout aussi utile pour s'imposer un peu. Doucement mais sûrement.

Conclut le jeune homme qui songeait toujours que son ami se sous-estimait. Ironiquement, son aîné semblait penser la même chose le concernant. Vraiment, une fine équipe ces deux-là.

- C'est vrai qu'il est très rare de voir des Hapiens en-dehors de leur planète.- Malgré lui, le blond frissonna entre les bras de son compagnon. Son peuple d'origine l'effrayait aussi parce qu'il représentait le pire de ce que pouvait offrir les être pensants. Ce peuple était né du viol de belles jeunes femmes, lesquelles avaient ensuite pris l'ascendant pour perpétuer l'attitude de leurs anciens tortionnaires. Les hommes étaient devenus des parias maltraités et les enfants "laids" des cadavres ou des rats de laboratoire. Ce constat, cependant, était plus inconscient, logé au fond de la tête de Luke. Il revenait parfois à la surface, débattre du bien-fondé de l'esprit optimiste, empathique du Hapien. C'était comme une moquerie diffuse, sournoise qui remontait à la surface. Que fallait-il attendre de civils capables de "ça"? - À bien y réfléchir, les Hapiens qui partent perdent naturellement le statut de Hapiens. Ils sont difficilement considérés comme. D'ailleurs eux-même abandonnent cette identité, enfin je n'en connais pas beaucoup d'autres, avouons-le, mais mon père, par exemple, ne se définit plus du tout comme Hapien. Pareillement pour une maître de l'Ordre, ou encore moi. Finalement, il n'y a guère que Noctis pour réussir à maintenir les deux facettes : l'homme cosmopolite et le Hapien traditionnel. Je me demande d'ailleurs encore comment il peut être convenablement accueilli là-bas.

Il était tout de même un peu injuste de se dire que Noctis était tombé sur une mère extraordinairement tolérante, quand on voyait le personnage affreux qu'était ce mégalomane. Heureusement, si Luke avait des défauts, il ne se laissait pas aller à des bassesses telles que la jalousie. En réalité Absalom le préoccupait à cause de sa capacité de persuasion. Réussir à déjouer les traditions, se faire accepter sur sa planète malgré ses "crimes" répétés en tant qu'Homme non-soumis, gay et traître à sa race car il vivait sur d'autres territoires... Comment avait-il fait ? Que pourrait-il leur faire ?

Mais Luke n'eut pas le temps d'épiloguer. Son ami avait glissé un "je t'aime aussi". Le jeune homme ne voulait pas "rater" son départ. Il laissa la Force filer entre eux, contrôla une onde légère pour la guider jusqu'aux bordures de l'esprit de l'Ark-Ni. Grâce à quelques ajustements habiles, le Jedi guettait l'état de conscience de ce dernier. Il voulait capturer ce moment où son ami sombrait dans le sommeil. Lorsque cela arriva, Luke se détendit doucement, il soupira quelques fois avant de se laisser emporter. Il songea au naufrage, revivant cette épopée qui les avaient rapprochés puis rêva, à sa façon, qu'il avait retrouvé la vue et qu'il contemplait Karm. Ce dernier l'acceptait malgré son caractère, ses manières d'agir différentes.

Argenté et bleu turquoise. Fluorescent. Il aimait bien.
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