An'ya Qelis
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Enfin, An'ya allait passer devant le Conseil, du moins devant certains de ces membres. Il fallait dire que ce n'était pas tous les jours qu'une Sith se repentait. Mais cela arrivait et Yulpi Belpads était le parfait exemple de reconversion, participant même au Tournois des Trois Cristaux. Mieux, il avait gagner l'épreuve.
Mais qu'en était-il de l'ancienne assassin au visage marqué de tatouages Siths, elle qui était arrivée au Temple dans le seul but de survivre, elle qui avait un œil plus que critique sur les enseignements Jedi?
Elle avait pourtant fait la promesse à Maître Marja Hildegarde d'essayer la rédemption. C'était en quelque sorte un signe de reconnaissance pour lui avoir ouvert la porte du Temple mais aussi la porte d'une autre voie, plus lumineuse, dans la Force.
Pourtant, croyait-elle vraiment dans les idéaux des Jedis? Ne faisait-elle que sauver sa peau et vivre au crochet du Temple, tel un parasite? Impossible d'ignorer les enseignements Siths qui ont impacter sa vie.
Le Conseil allait bientôt recevoir l'ancienne assassin et elle sentait une certaine nervosité la gagner.
De l'autre côté de la porte coulissante, se jouerait son destin. Allaient-ils décider qu'An'ya était viable pour parcourir le chemin de la Lumière? La laisserait-elle continuer ses travaux au MedCorps? Ou la considérerait-elle comme dangereuse et trop corrompue par le Côté Obscur? L'enverraient-ils dans une prison pour Sith? Tant de questions qui tourmentaient l'ex-impériale.

Bien sûr, le Conseil allait sans doute s'appuyer sur les rapports de ceux et celles qui l'avaient côtoyés et observés ces derniers mois...
Par la Force, qu'elle détestait dépendre de l'avis des autres!

Tandis qu'An'ya se tourmentait de questionnements, les membres de l'éminent Conseil de Jedis devaient sans doute explorer plusieurs holo-rapports.

Rapport de Maître Botarn, professeur et accompagnateur du Clan d'initiés qui a accueilli An'ya Qelis:

Rapport commun des trois Sentinelles, Jud'bile dit "Zita", May Lino et Dreg Pheer dit "Quatre Yeux", chargées de la surveiller lors de ses moments de vie quotidienne:

Rapport des services d'information du Temple:

Rapport de Edwgag Crewwon, médecin et chercheur du MedCorps:

Rapport du Chevalier Luke Kayan, ayant travaillé en binôme avec Qelis sur une mission pour le compte du Temple :

Rapport de la Sentinelle H'phedia Kith'Araquia:

Le rapport du Maître Karm Torr, quant à lui, brillait par son absence mais ce dernier se tenait à la disposition du Conseil pour répondre à leurs questions. Il s'agissait visiblement de l'individu le plus proche d'An'ya au Temple.

Cette fois-ci, on invita l'intéressée à entrer. L'inquiétude monta en An'ya qui s'approcha de la porte. Cette dernière s'ouvrit en coulissant dans le mur. La tatouée était accompagnée de Zita, la Twi'lek habituellement bavarde, sa Sentinelle du moment. Bien sûr, An'ya cacha ses émotions en se dissimulant dans la Force et montra un visage neutre et attentif.
Enfin, elle allait passer devant le Conseil. Enfin, son avenir serait scellé.

HRP:
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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- Je vous le demande comme un service, Maître Asho’Tye.

Depuis l’arrivée du Kaminoan, See’Ryl ne l’avait pas lâché des yeux. Le Maître du Haut Conseil ne bronchait pas face à cette contemplation sans la moindre complaisance. La méfiance de l’Arkanienne était plus que compréhensible au vu du passif entre l’Ordre et elle.

- Je ne comprends pas pourquoi le Conseil me donne une telle responsabilité. répondit-elle enfin après avoir opté pour la franchise. Il n’y a objectivement aucune raison pour cela. Il ne m’a pas fait confiance avant, pourquoi le ferait-il maintenant, Maître Deenia ?

Et comme ce qui était devenu une habitude, See’Ryl ne mâchait pas ses mots. Ce qu’elle avait récemment vécu ainsi que le résultat, surtout ce dernier, avaient provoqué un changement que de rares personnes pouvaient envisager dans sa totalité. Jamais encore elle ne s’était permise de questionner aussi franchement un membre du Conseil. Tout comme elle n’avait jamais osé émettre l’ombre d’un début de critique. Or, son interrogation en était une. Ou du moins les prémices d’une.

- Je n’ai rien à répondre. Le Conseil s’est prononcé pour votre participation.

Evidemment eut envie de répondre See’Ryl. A une autre époque, elle aurait vu dans ce « service », une tentative de conciliation. Plus maintenant. Elle avait arrêté d’espérer quoique ce soit de la par du Conseil et de voir des choses qui s’étaient toujours avérées inexistantes. Avant que le Kaminoan ne reprenne la parole, elle se leva.

-Très bien.

Pas de promesse inutile. Même si l’on pouvait s’interroger sur sa motivation, See’Ryl n’avait jamais remplis une mission en étant dépourvue de conscience. Aussi, bien qu’elle s’interrogeât à propos des motivations du Conseil, elle accomplirait ce qui était attendu d’elle.

Le jour dit, à l’heure exacte, elle était installée dans le fauteuil qui lui avait été attribué, Légion derrière elle. La jeune femme n’avait pas demandé d’autorisation pour qu’il l’accompagne et s’était contentée de lui indiquer où s’installer. Non loin, les autres personnes présentes échangeaient au gré de leurs lectures tandis qu’elle se contentait du silence. Bientôt, elle laissa le datapad en équilibre sur l’accoudoir de son fauteuil, patientant jusqu’à l’arrivée d’Anya. Quand la porte s’ouvrit, le silence se fit dans la salle.

-Bienvenue Mademoiselle Qelis.

L’infime nuance de froideur reniait le salut. Quelque chose de parfaitement commun pour See’Ryl habituée à devoir y faire face.

-Il est inutile de vous dissimuler dans la Force, vous ne ferez pas illusion ici.

-Laissez-la. Coupa See’Ryl.

Si on s’était attendu à ce qu’elle reste silencieuse, on s’était lourdement trompé. Ignorant les regards posés sur elle comme surpris par cette intervention, elle reprit.

- La mettre mal à l’aise ne vous donnera pas les réponses que vous cherchez. Et à ce que je sache, il ne s’agit pas d’un procès.

Il eut un court silence bientôt troublé par des murmures qui la laissèrent indifférente. Elle préféra porter son attention sur la jeune femme. A l’abri derrière ses lunettes, le regard immaculé de See’Ryl la scrutait et comme personne ne semblait vouloir lancer la discussion, l’Arkanienne prit les devant.

-Pourquoi ?

Un seul et unique mot qui renfermait une multitude d’interrogations et donnaient l’occasion de l’interpréter d’un nombre conséquent de manières. Pourtant, See’Ryl ne précisa pas. Elle laissa à An’ya l’occasion de répondre dans le sens qui lui semblerait le plus pertinent.

An'ya Qelis
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An'ya pénétra dans la salle aux huis clos. Plusieurs personnes s'y trouvèrent. Là, Maître Blankuna Jiljoo’, Twi'lek discrète connue pour réfléchir avant de parler. Ici, Maître Tendra Deenia, que l'on disait extrêmement renseigné sur tous les sujets, surtout ceux concernant les traditions Jedis. Il avait surtout une tête de poisson constipé. Puis d'autres, dont Maître See’Ryl Machin Truc Asho'Tye (An'ya ne se souvenait plus de son nom complet et elle s'en foutait). See’Ryl Truc avait pour réputation d'être froide, indifférente et pragmatique (et d'avoir fait mourir des padawans).
La tatouée chercha cette vieille peau de Maître Marja Hildegarde du regard mais, hélas, il semblait qu'elle fut occupée ailleurs.

Qelis inclina la tête, en signe de soumission. L'accueil fut plutôt froid malgré la formule de politesse. Visiblement, certains ici ne la voyaient pas du bon œil. Ce n'était pas gagné d'avance avec ces coincés du dogme! D'un autre côté, l'accepter à bras ouverts sans la passer au crible avant serait le gage d'un Temple faible et voué à se faire manger.

- Il est inutile de vous dissimuler dans la Force, vous ne ferez pas illusion ici.

Ah! Zut. An'ya aurait du s'en douter, elle se trouvait face à de grands maîtres de la Force Lumineuse. Et bien, soit, puisqu'il en était ainsi, la jeune femme laisserait ses émotions filtrer. Ça tombait bien, une de ses techniques de manipulation favorites consistait à mentir sur les causes de ce qui provoquait ses émois. Ainsi, elle laisserait ses interlocuteurs interpréter ses sentiments, à son avantage dans la discussion, bien entendu. D'autre part, en s'ouvrant à nouveau à la Force, elle pourrait sonder les ressentis des gens en face d'elle. Des informations qu'elle ne manquerait pas d'analyser afin d'avoir un avantage.

Mais avant ça, il se passa quelque chose des plus intéressants.

- Laissez-la.

Ce fut la voix de cette See’Ryl qui trancha l'air. Autour d'elle, les autres maîtres murmuraient d'indignation. Que se passait-il? Quelque chose d'anormal, clairement. Alors An'ya tendis l'oreille pour se renseigner. Oui, Asho'Tye n' avait pas autorité ici, car elle ne faisait pas parti du Conseil. Elle avait été invitée à cette réunion alors que certains désapprouvaient sa présence et ses méthodes. Mais alors, que faisait-elle là? An'ya devait le découvrir. Elle avait ressentie les émotions des Maîtres Jedis ici présents. Si la moitié était hostile à la tatouée, ce n'était pas aussi clair pour l'autre moitié. De plus, sans compter l'Arkanienne aux lunettes opaques, les membres du Conseil étaient un nombre paire. Ce pouvait-il que Asho'Tye soit là pour trancher en cas d'égalité? Si c'était le cas, pourquoi elle? Avait-elle été placée ici par quelqu'un qui souhaitait faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre? La proche-humaine aux cheveux blancs avait la réputation d'avoir un certain "détachement moral", lui permettant d'avoir du recul sur ce genre de situation, ce qui pouvait aussi expliquer sa présence.
Dans tous les cas, par son comportement, elle remettait l'autorité du Conseil en cause, ce qui était parfait pour créer une faille. Faille dans laquelle An'ya saurait s'engouffrer pour créer la discorde. Ou jouer à "papa maman". Papa, est ce que je peux? Demande à maman. Maman est ce que je peux? Demande à papa. Parfait pour obtenir ce qu'on voulait!
Mais l'ancienne espionne n'avait pas mesurer la sagesse de ces interlocuteurs, à commencer par celle de Asho'Tye :

- Pourquoi?

Les murmures se turent. Toutes et tous observaient à présent la Sith avec attention. An'ya détesta ça. Mais pas autant que la question en elle même. Pour la tatouée, Maître Asho'Tye brillait par sa pertinence. Une question si ouverte, tellement vaste, ne pouvait que faire ressortir des informations que le Conseil n'aurait pas forcément penser à creuser.

Bien joué!

Ou pas.

An'ya se mordilla la lèvre, comme à chaque fois qu'elle réfléchissait ardemment avant de parler. Par cette question, elle allait pouvoir orienter la conversation dans la direction de son choix, à son avantage.
Pourquoi s'était-elle rendue au Temple? Pour sauver sa peau et avoir un traitement de faveur contre des informations.
Pourquoi choisir de suivre le chemin de la Lumière? Pour rester vivre au crochet du Temple, elle qui était sur le territoire de la République en toute illégalité.
Pourquoi l'empire était risqué pour elle? Car elle était une déviante, une faible dont l'existence serait éradiquée par une Inquisition Sith toute puissante.
Pourquoi pensait-elle que le Temple ne pouvait prendre le dessus sur les Siths? Trop bienveillant. Trop tolérant. Et, surtout, pas soutenu par la République.
Pourquoi avait elle peur? Car l'ombre de Darth Misanthra planait sur An'ya. Car elle craignait son propre échec et elle craignait de retomber dans le côté obscur, si prometteur, si libérateur...
Pourquoi An'ya était elle encore accro au côté sombre de la Force? Une question dont elle ne voulait pas savoir la réponse.
Autant de question qu'elle allait soigneusement éviter d'aborder ici. Pourtant, An'ya avait fait du chemin sur ces sujets depuis qu'elle était au Temple. Elle avait essayé de comprendre. Elle était soutenue par une poignée d'individus, dont son ami Karm et Luke Kayan. Elle avait évolué même si elle restait une grosse égocentrique souvent malveillante. Une sale peste qui se soignait, en gros.

- Pourquoi... me garder au Temple? Car je suis un bon élément. En m'envoyant avec le Chevalier Luke Kayan sur Gerrenthum, vous aviez fait le bon choix. Je suis revenue victorieuse. Demandez-lui ce qu'il pense de moi, dit-elle avec assurance.

An'ya savait que le bel Hapien aveugle l'avait à la botte. Ce dernier était un modèle de droiture pour nombre de Padawan. Souligner la mission en sa compagnie ne pouvait que lui donner de bons points. Sa voix se voulait assurée mais en réalité, au fond d'elle, An'ya avait la trouille. Elle était impressionnée par ces grands maîtres.

- J-j-je me suis également pliée à toutes les exigences de Maître Hildegarde. Je... pense avoir prouvé ma loyauté au Temple en m'investissant dans les tâches quotidiennes, notamment celles du MedCorps.

Elle savait également que le MedCorps était content de son travail. Un deuxième point pour An'ya. Concernant les exigences de Marja Hildegarde, elle devait reconnaître qu'elle n'avait pas toujours été coopérative.

- Bon... Je ne suis pas parfaite, hein. Mais ce n'est pas ce qu'on demande ici, la perfection. On a le droit à l'erreur, non?

Soudainement, An'ya blanchit. Une question pour le Conseil lui brûlait les lèvres. Elle ne tint plus:

- Dites... Que... Qu'allez-vous faire de moi?
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Les murmures d’indignation fleurissaient, dépérissaient avant de renaître, relancés par un seul mot. See’Ryl n’en avait cure. Si le Conseil ne l’avait pas voulu ici, il n’avait qu’à pas l’inviter. D’autres Maître auraient pu jouer son rôle et auraient acceptés sans broncher ou même songer à intervenir. Mais voilà, depuis quelques temps, See’Ryl ne faisait plus partie de ceux qui exécutaient les yeux fermés, sans la moindre remise en question. Cette époque, fort longue, était terminée. Elle avait été annoncée par son départ du temple d’Ondéron pour celui de Coruscant, confirmée par sa très rare présence sur Ondéron… et entérinée par la nuit durant laquelle le père de Balian était mort et qu’elle-même avait frôlé l’anéantissement. Qu’elle refuse de venir faire son rapport en personne pendant deux mois faisait encore les gorges chaudes de ceux qui étaient avides de rumeurs. Qu’elle soit enceinte n’avait fait que rajouter une ligne sur une réputation usurpée. Et que dire du fait qu’elle refusait catégoriquement de dire qui en était le géniteur ? Certains Jedis allaient jusqu’à parier sur le temps restant avant que le divorce entre l’Arkanienne et l’Ordre soit définitivement consommé.

Qu’importe. En attendant, See’Ryl accomplissait ce que l’on attendait d’elle. Ce qui passait par siéger auprès du Conseil pour un cas qui n’était pas sans la faire sourire. En effet, comment pourrait-il en être autrement ? L’ironie de la situation était, en un sens, savoureuse : on demandait à un Jedi mis à l’écart de participer à la décision de quelqu’un qui le serait probablement aussi… Quelqu’un qui avait volontairement agit en mal… Alors qu’elle-même avait été rejetée simplement à cause des exactions passées de sa race. En ce sens, See’Ryl se demandait presque ce qui attendait An’ya si elle en venait à être acceptée au sein de l’Ordre.
Et comme personne ne se décidait à parler, l’Arkanienne le fit. Un mot qui eut l’avantage de faire cesser les murmures. Le silence régna sans que quelqu’un ne fasse un signe d’impatience. Tous laissaient le temps à leur « invitée » de réfléchir, de trouver ses mots.

Il fut intéressant, pour See’Ryl, tout du moins, de voir qu’An’ya avait choisi de répondre à son « pourquoi » en expliquant les raisons qui validaient une acceptation au sein de l’Ordre. Comme si elle ne voulait pas que l’on s’attarde sur celles qui l’avaient poussé à quitter l’Empire et les Siths. Les réponses provoquèrent leur lot d’échanges entre les membres du Conseil tandis que See’Ryl ne bougeait pas ni ne participait. Elle continuait à garder son attention posée sur An’ya.

- Le Chevalier Kayan n’a pas été avare en compliments dans son rapport. dit-elle sans récupérer le datapad contenant ledit rapport, toujours en équilibre sur son accoudoir. Il préconise la disparition du dispositif de surveillance et, dans le cas où vous seriez intégrée, de nouvelles missions avec un accompagnateur… à des fins d’apprentissage.

Elle désigna le datapad.

-Les rapports mettent en lumière à la fois vos lacunes et vos progrès… Mais ce qui m’intéresse, c’est de savoir pourquoi vous avez émis l’envie d’intégrer le Temple…


Non, See’Ryl n’avait pas obtenu toutes les réponses qu’elle désirait. Elle était du genre à creuser tant qu’elle avait l’intuition que tout n’avait pas été dit.

-On ne demande pas la perfection au sein de l’Ordre… confirma le Kaminoan Il appartient néanmoins à chacun de faire en sorte de s’en approcher. Le chemin est propre à chaque individu mais nous veillons à ce qu’il ne s’égare pas.

Un rappel qui pouvait sonner comme un avertissement aux oreilles de certains, notamment de See’Ryl qui se contenta d’y opposer son indifférence coutumière. La preuve la plus éclatante de ce détachement fut la réponse qu’elle donna à An’ya, prenant de court un autre membre du conseil.

- Ce que l’on va faire de vous ? C’est justement ce à quoi nous sommes en train de réfléchir.

Pas vraiment Jedi comme réponse mais on ne pouvait nier qu’au moins, elle était honnête. Et brutale.

hrp:
An'ya Qelis
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Et merde! Cette See'Ryl ramena la conversation sur un terrain glissant au bout duquel se trouvait peut être une falaise, au bas de laquelle se terrait sans doute un précipice, véritable potentiel abîme dans le raisonnement et l'argumentation de la Dromundienne. En exagérant à peine, bien entendu.
L'ancienne impériale aurait préférée que le conversation tourne le dos à la falaise pour se diriger vers la haute tour de l'acceptation de l'ancienne Sith parmi les Jedis. Tiens, cette tour, issue de l'imagination tordue de le jeune femme, n'avait-t-elle pas l'allure d'une prison dorée? Bref.

See'Ryl donna quelques éléments concernant les prérogatives de Kayan. Visiblement, le beau blondinet ne manquait pas d'éloge concernant sa binôme. Une bonne chose de l'avoir dans la poche, celui là. An'ya ne s'était pas trompée sur son compte. Elle esquissa un sourire en biais: la victoire se rapprochait.

- Oh, le Chevalier Kayan a entièrement raison. Si vous ne me faîtes pas confiance, lui, vous pouvez. C'est un modèle de droiture, vous n'êtes pas d'accord? Nous avons passé un certain temps ensemble, il n'est pas aveugl... Euh.... Je voulais dire dupe. Il n'est pas dupe... Et, donc, s'il y avait un problème avec moi, il vous l'aurait dit, non?

An'ya - qui dénotait avec sa tenue d'Initiée des plus simples - se massa les sinus du bout des doigts. Elle réfléchissait, se remémorerait ce qu'elle avait entendu à propos de l'Arkanienne. Des rumeurs. Pas mal de rumeurs. Elle aurait été enceinte. Elle partirait bientôt du Temple et pas en bon terme, d'après certains. An'ya soupira discrètement. Que faire de tout ceci? Comment l'utiliser à son avantage? En agissant contre Maître Asho'Tye, elle se mettrait certainement certains Maîtres du Conseil dans la poche. Mais pour l'instant, il valait mieux observer.
Une phrase avait marqué de manière indélébile la mémoire d'An'ya. Une phrase de Darth Oracci : "Le contrôle est la clef de la survie, le contrôle de la situation et des autres." Il lui fallait mettre la main sur la clé pour contrôler cette discussion! Elle aurait ainsi le pouvoir d'agir sur son avenir.

Pourquoi avoir eu envie d'intégrer le Temple ?
An'ya avait en tête sa rencontre avec Hildegarde. Elle lui avait entr'ouvert me chemin d'une autre voie. Celle du côté lumineux de la Force.
"Renoncer à la face sombre de la Force n’est pas si facile. C’est un combat de tous les instants, il vous faudra de l’abnégation, de la modestie, du courage." lui avait-elle dit. An'ya en était incapable, elle n'avait aucune des ces trois qualités, contrairement à un Luke Kayan. Pourtant, An'ya avait sincèrement promis à la vieille d'essayer de suivre ce parcours.
Puis, elle avait fait la rencontre de Karm, devenu son ami et confident. Il avait redonné un peu de baume au cœur de l'ancienne Sith, lui démontrant qu'il était normal de douter face à une alternative toute récente (le chemin de la Force Claire), qu'elle s'était battue avec les armes qu'on lui avait donné sur Dromund Kaas, que le Temple l'avait accueilli en connaissance de cause...
Mais les frontières, elle les voyaient dans le regard des gens.

- Pourquoi? Parce que j'ai vu la Lumière et je suis rentrée.

Une blague, sérieusement? Vu la tête des gens qu'elle avait en face, le jeu de mot n'était pas du goût de tout le monde. Ce n'était pas la meilleure stratégie. Non, elle devait trouver les arguments pour convaincre ces coincés du dogme. Du moins, c'était ce qu'elle pensait. (Mais peut-être faisait-elle fausse route ?)

- Euh... Comme je l'ai dit à Maître Hildegarde, au début, je voulais juste une protection contre l'ordre Sith et son Inquisition. L'idée de me rendre au Temple m'est venue. Après tout, qui d'autres que les Jedis peuvent me protéger de mon Maître? Euh... Je voulais dire... de mon ancien Maître.

Bon sang, la présence de tous ces grands Maîtres Jedis lui faisait-elle perdre ses moyens? Il y avait de quoi être intimidée mais il fallait qu'elle se reprenne !

- Et puis, j'ai observé. J'ai observé les gens ici, j'ai étudié la doctrine Jedi... Je me suis vite rendue compte des différences entre ici et l'Académie de Dromund Kaas. J'ai comparé les deux philosophies. Et... c'est mieux ici...

...Même si elle trouvait que les Jedis souffraient de laxisme, voir de faiblesse. Pour preuve: Cette Asho'Tye qui osait défier le Conseil. Elle aurait eu la tête coupée au lieu de siéger au côté des Maîtres, si elle avait eu ce genre d'attitude chez les Siths. Mais ça, An'ya se gardait bien de l'exprimer à voix haute.

Au contraire, la tatouée, n'étant pas du genre à s'étaler et se contenta de dire le stricte minimum. Elle ne voulait surtout pas que les Maîtres ici présents ne grattent plus que ça et qu'elle ne se retrouve dans un nid de Gundark.

- Voilà. C'est bon, je peux rester au Temple? Conclut-elle d'un air impatient - et un poil impertinent - qui devait sans doute traduire un certain stress lié à la situation.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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See’Ryl aimait les pentes glissantes, de celles à mener au fond du gouffre. Pourvu, qu’à la fin, il y ait les réponses qu’elle attendait. Suffisamment tôt, en tout cas, pour qu’elle puisse rattraper les choses avec son brio habituel. Parce qu’au final, elle ne cherchait que des réponses sans se permettre de juger si elles étaient bonnes ou mauvaises. Présentement, elle avait beau être gênée aux entournures d’avoir été ainsi utilisée par le Conseil, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir faire ce qui était attendu d’elle le mieux possible. Et cela passait par obtenir ce qu’An’ya était si réfractaire à leur donner. Et en un sens, si c’était elle qui le faisait… les membres du Conseil s’en sortirait sans trop de tâches et de problèmes de conscience… tout en ayant donné la preuve à See’Ryl qu’elle était utilisée « intégrée ».

« Evidemment que Luke a raison puisqu’il va dans votre sens. » souligna See’Ryl. Elle avait sciemment utilisé le prénom du chevalier comme une sorte d’indication comme quoi elle connaissait bien ledit chevalier mais aussi qu’elle ne se laisserait pas influencer. L’ombre d’un sourire fut perceptible au début de lapsus concernant Luke. C’était un problème récurrent qui avait toujours particulièrement intérieurement amusé See’Ryl. Il y avait quelque chose de distrayant à contempler les gens réaliser ce qu’ils venaient de dire à propos de Luke. Elle nota le frottement des sinus, signe que la postulante réfléchissait. Un minimum tout du moins. Un minimum si l’on en croyait la plaisanterie qui ne tarda pas à fuser. Si certains réagirent d’une manière ou d’une autre, See’Ry laissa les mots glisser sans faire l’aumône d’une ombre de réaction. En revanche, la question qui finit par suivre poussa See’Ryl à arborer un léger sourire.

« Vous pensez réellement que vous allez vous en sortir avec si peu ? » demanda-t-elle, prenant de court son voisin de droite. Elle accentua sa question en penchant légèrement la tête sur le côté. « Vous êtes impatiente et je le conçois. Il n’y a rien de plus… irritant que d’être plongé dans l’incertitude quant à son avenir. » Ajouta See’Ryl « Alors simplifiez-vous la vie et dites tout ce qui vous traverse. Répondez réellement sans que j’aie besoin de vous extorquer la moindre réponse. » Il n’y avait pas d’impatience dans le ton de sa voix. Ni même une once de chaleur. Elle se contentait d’énoncer un fait sans la moindre menace. See’Ryl faisait exactement ce que l’on attendait d’elle : à savoir obtenir le fin fond des choses sans le moindre état d’âmes. « Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Ce qui intéresse, présentement, ce sont vos mots, votre point de vue, votre honnêteté. Si vous espérez obtenir l’approbation du Conseil en lui disant ce que vous pensez qu’il désire, vous obtiendrez l’échec. »

Derrière ses lunettes, son regard navigua vers les membres du Conseil, tâchant de voir si l’un d’eux voulait intervenir. Sans signe évident, elle reprit « Exprimez-vous comme vous êtes la plus à l’aise. Est-ce-que la venue de Maître Torr vous aiderait à vous détendre ? Parce que tenez-le vous pour dit : vous ne partirez pas avant de m’avoir donné satisfaction. » M’avoir. Non pas « nous » ou « leur »… Par ces mots, See’Ryl indiquait clairement qu’elle avait conscience de son rôle et qu’elle ne doutait pas qu’An’ya le comprendrait tout aussi rapidement.
An'ya Qelis
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Derrière ses lunettes opaques, cette femmes aux cheveux blancs brillait par son intelligence. An'ya connaissait ses propres atouts et savait reconnaître une adversaire à sa hauteur. Luke ne suffirait donc pas à la convaincre, il faudrait ruser ou la prendre à son propre jeu. Challenge accepté, ma grande.

- Vous pensez réellement que vous allez vous en sortir avec si peu ?

Et merde.

Bien sûre que oui. An'ya aurait tellement aimé que oui! Elle ne répondit pas, se murant dans un silence attentif, observant son interlocutrice en quête de la moindre faille dans son discours. Ainsi était An'ya en ce moment: un mur, une carapace, pour se défendre mais aussi un serpent sournois prêt à mordre et instiller son venin à la moindre ouverture.

Hélas pour An'ya, cette faille par laquelle s'engouffrer ne vint pas. Au lieu de cela, Maître Asho'Tye parla de dire les choses, avec honnêteté. Un exercice dont le mur ne goûtait guère. Et le serpent avait plutôt l'habitude des demis vérités et des mensonges complets!

Pourtant, See'Ryl fit mouche, détruisant le plan d'attaque de la tatouée, ébréchant le mur. Ce fut lorsqu'elle prononça ces mots:

- Si vous espérez obtenir l'approbation du Conseil en lui disant ce que vous pensez qu'il désire, vous obtiendrez l'échec.


Le comble! Au lieu d'An'ya, ce fut cette Arkanienne qui créa une faille ! La mâchoires du serpent se crispa et son regard se chargea de panique. Son état d'âme lui laissait un goût du style "maudite Asho'Truc, tu vas m'obliger à me mettre à découvert, à sortir de ma muraille! Je te déteste !"

Cela se traduisit dans la Force par un agacement certain, provoqué par les paroles de See.
An'ya prit le temps de respirer, comme on lui avait apprit en cours de méditation, afin de se calmer. Puis elle prit la parole, parfaitement consciente du rôle que devait jouer l'arkannienne ici (c'est à dire, sans aucun doute, l'amener jusqu'au fond du précipice...) :

- Jouons cartes sur table alors. Premièrement, pardonnez l'irritation qui ne vous a pas échappé, Maîtres
-il valais mieux mettre les formes devant le Conseil- mais ce n'est pas facile pour moi de me livrer devant un groupe aussi important que le votre.

Voilà pour le mur. Na! La brèche commençait déjà à se refermer.

- Pour être honnête avec vous, je me méfie. Eh oui, je n'ai pas confiance en un Conseil dont je ne comprends pas les motivations.

Tout le monde retint sa respiration. Que venait-elle oser dire, cette satanée impie? Mais An'ya ne laissa pas le temps aux Jedis de réagir.

- Vous voulez jouer cartes sur table? Alors, allons-y: que faites-vous ici au beau milieu du Conseil, Maître Asho'Tye? Vous siégez parmi un Conseil... qui prône la valeur de l'honnêteté, j'imagine. Si vous voulez qu'on se fasse confiance, ça doit aller dans les deux sens, non? Alors, pourquoi vous?

Voila pour le serpent. Na! La question s'adressait aussi bien au Conseil qu'à See. Dans le fond, sa question, présentée ainsi, pouvait être tout à fait légitime... A moins qu'elle ne soit interprétée comme un signe de mauvaise foi.
Une idée saugrenue vint en tête à la tatouée: et si le Conseil voulait faire en sorte de donner An'ya comme Padawan à Maître Asho'Tye ? Ne serait ce pas faire d'une pierre deux coups? L'avantage serait double: réellement mettre à l'épreuve la foi d'An'ya et, au pire, se débarrasser d'elle avec une Maître des plus dures. En cas d'échec, la faute incomberait à See'Ryl. Une manœuvre plutôt habile. Restait à savoir si le Conseil était capable de ce genre de manoeuvre...

Pour l'heure, les Maîtres allaient-ils se déchirer devant l'ancienne assassin qui venait juste de cracher subrepticement son poison ?
Promesse d'un délicieux spectacle...

HRP: :
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Il en était pour dire que l’Arkanienne prenait un plaisir presque malsain à pousser les autres dans leurs retranchements, à leur poser des questions et à pointer les détails qui, autrement, seraient de bon ton d’occulter. Mais c’était précisément pour cela qu’elle était là et la jeune femme en avait toute conscience. Elle était plutôt douée pour cela. Bien plus que la majorité de ceux qui l’entouraient. La légère perturbation dans la Force en fut le témoin le plus évocateur. Certains s’agitèrent peut être alors que See’Ryl ne semblait pas plus surprise que cela. Elle attendait. Un peu comme un prédateur jouant avec sa proie…. Tout en ayant un objectif radicalement opposé à celui d’un prédateur. Elle n’était pas présente pour « tuer » mais pour comprendre. Et bien sûr, la contre-attaque ne tarda pas. Une question… qui provoqua l’ombre d’un sourire appréciateur sur les lèvres pâles.

« Pour être précise, je ne siège pas. Au cas où cela vous aurait échappé, il y a un nombre pair de Membres du Conseil. » débuta-t-elle sans même avoir attendu une éventuelle réponse de la part des autres. « Je ne donnerais mon opinion à votre sujet que si et seulement si il y a une égalité dans les votes. » Du bout des doigts, elle tapota son accoudoir. Non pas en un geste d’agacement mais plus dans un léger tic voué à brisé l’immobilisme rigide de sa posture. « En dehors de cela, je suis ici parce que je n’ai précisément aucune gêne avec l’idée de vous poser des questions jusqu’à ce que je sente que vous arrêtez de vous cacher. Cela ne me pose aucun problème de conscience de vous regarder vous débattre avec vos craintes, derrière le mur que vous dressez. » Et à son ton, on ne pouvait douter d’autre chose. Elle pensait le moindre des mots qu’elle venait de prononcer et les réactions qu’ils avaient provoqué l’indifféraient elles aussi.

See’Ryl avait passé depuis longtemps les affres angoissés qui l’avaient poussé à mesurer le moindre de ses mots. Quoiqu’elle fasse, sa situation n’avait que peu évolué. Autant faire en sorte de se consacrer à autre chose de bien plus intéressant à son sens. « Ceci dit… Il est tout à fait légitime de n’avoir aucune confiance envers le Conseil. reprit-elle avant d’être interrompue « Maître, vous ne pouvez dire cela… Nous… » Le visage de See’Ryl se tourna vers son nouvel interlocuteur. « Si, je le peux. Cette jeune femme vous fait face après avoir passé des années en territoire Sith. Originellement, elle est l’ennemie. Il est tout à fait naturel et légitime pour une personne qui semble vouloir changer de vie aussi drastiquement, de craindre et de se méfier. » Un court silence suivit, bientôt rompu par des échanges à voix basse.

Finalement… « Alors oui, comme je vous l’ai déjà dit, il est question de me donner satisfaction. Je ne cherche pas la flatterie, ni des paroles que je suis supposée attendre de vous. Ce n’est pas un examen théorique sur l’application de la Force. Il s’agit de vous. Jusqu’à présent, j’ai l’impression que quand vous n’êtes pas occupée à essayer de me déstabiliser, vous récitez vos antisèches comme n’importe quel novice un peu trop paresseux…. Il en vient difficile de savoir pourquoi vous voulez nous rejoindre. Est-ce-que c’est purement et simplement la peur de votre ancien Maître ? Est-ce-que c’est par conviction ? Par curiosité sincère ? Comment voyez-vous l’Ordre ? Comment vous vous y projetez ? » Des questions, encore des questions. Un autre serait sans doute d’ores et déjà lassé, sentant que rien ne pourrait être tiré d’An’ya. L’objectif de See’Ryl était pourtant simple et contrairement à ce qu’on pouvait penser de prime abord, elle ne cherchait pas à enterrer la jeune femme. Seules les réponses l’intéressaient vraiment. Qu’importe leur forme.

An'ya Qelis
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Cette saleté d'interrogatrice avait vu le mur et le serpent en face d'elle. Oui, l'impériale se débattait derrière son mur avec ses craintes. Oui, la sith essayait de la déstabiliser. An'ya écoutait désormais avec attention la Maître Jedi aux cheveux blancs. Au moins, elle obtenait réponses honnêtes à ses questions : See'Ryl était bel et bien présente pour apporter un avis à un Conseil diviser en deux moitiés. Cela expliquait pourquoi le Conseil ne s'était pas simplement appuyé sur les rapports pour statuer sur son cas. L'Arkanienne ferait-elle pencher la balance d'un côté ou de l'autre ? En aurait-elle seulement besoin ? Triste constat pour l'adepte du Côté Obscur.
Le seul lot de consolation pour An'ya la Manipulatrice prenait la forme d'un désaccord entre le Conseil et son bourreau du moment. Cette dernière cracha même à nouveau au visage des vénérables Jedis. De quoi définitivement prouver à l'ex-impériale qu'il ne s’agissait là que d'un organe de décision voué à disparaître un jour ou l'autre. Elle aurait aimé qu'ils s'entredéchirent devant elle, ces grands pontes du Côté Lumineux, ça l'aurait bien fait marrer, mais la sagesse qui les imprégnaient en voulut autrement. Le Conseil s'abstint donc de répliquer mais An'ya était sûre que cela faisait chuter le score de bons points pour l'Arkanienne. Score qui, d'après les rumeurs, tombait en négatif depuis un moment déjà.
Toujours était-il que See connaissait sa capacité à tirer les vers du nez. Le Conseil aussi. Et An'ya commençait à saisir l'ampleur du zèle de la "Tireuse de Vers du Nez".

Si tu veux tu la faire, pense autrement.

An'ya savait s'adapter, une qualité qu'elle avait entretenue à la manière d'un jardin d'aristocrate, avec des haies bien taillées et tout.
Bon. La comparaison n'était pas bonne. D'autant plus qu'elle était du genre à laisser ses plantes envahir sa chambre, jusqu'à en devenir une petite jungle d'Onderon, au grand damne de Maître Botarn, son tuteur.

Pense autrement.
An'ya replongea dans ses pensées imagées, introspective. Devant elle, la fameuse Tour de l'Acceptation, en réalité le Temple, l'envie personnifiée pour l'ancienne Sith, avec pour gardienne cette Asho'Truc. Derrière elle, la falaise, le vide du précipice. Plus qu'une incohérence dans le discours de la tatouée, il s'agissait du danger d'une zone d'inconfort, du danger que recélait son jardin secret, de ses cauchemars, vers laquelle la poussait la femme aux cheveux blancs, vers laquelle l'ancienne assassin ne voulait surtout pas approcher.
Trop dangereux pour elle.
Trop de peurs cristallisées au plus profond d'elle.

Pense autrement.
Alors, An'ya plissa les yeux pour mieux distinguer l'édifice sacré, si prometteur. Cette Tour Immaculée, ce Temple de ses rêves.

Pense autrement.
Le Temple disparu tranquillement pour ne laisser devant elle que sa gardienne aux lunettes opaques.
"Si vous espérez obtenir l'approbation du Conseil en lui disant ce que vous pensez qu'il désire, vous obtiendrez l'échec." La voix venait de l'image de l'Arkanienne, impassible, face à elle.
Le Temple n'était qu'un mirage?! Aucunement, il ne se trouvait en haut de la colline. Maître Asho'Tye avait ce subtil petit rictus au coin des lèvres. An'ya comprit alors que la Maître n'était pas contre elle mais qu'elle assumerait sa mission jusqu'au bout, à la manière d'une inquisitrice Sith (mais sans la douleur).
Instinctivement, comme si elle savait ce qui allait se passer, An'ya tourna lentement la tête, une terreur sourde au fond des yeux, ne souhaitant pas voir ce qui allait devenir si évident. Et si dur.
Elle contempla ainsi l'abîme. Et en regardant mieux en bas, en pensant autrement, elle vit avec horreur que tout au fond, bien loin en bas dans l'ombre, était le véritable Temple, majestueux et puissant.

La tatouée l'avait déjà comprit depuis longtemps mais elle avait refusé de le voir. Cette nouvelle clairvoyance lui montrait où voulait en venir See'Ryl Asho'Tye : Pour avoir une chance d'être acceptée par le Conseil, elle allait devoir descendre au fond du trou.

Bien sûr, tout ça c'était dans sa tête. En réalité, son visage resta impassible. Toutefois, une hésitation se fit sentir dans la Force. Elle allait devoir lui donner satisfaction, plus aucun doute là-dessus. Quelles informations lâcher? Quels secrets ne pas dévoiler? Un faux pas et les conséquences se feraient-ils ressentir sur l'avenir de l'ancienne assassin?

Bien sûr, elle éviterait de parler de certains détails qui n'allaient pas dans son intérêt, comme le fait qu'elle ait trafiqué deux des rapports que tout ces Grands Maîtres avaient sur leur datapad. Ce genre de petits détails, quoi.

Aller An'ya, courage. Parle-lui. Que ça sorte une bonne fois pour toute! Qu'on en finisse!

Il y eut un relâchement dans la Force, une sorte d'apaisement, une sorte de résignation. An'ya Qelis, anciennement Darth Misanthra, allait faire un pas en avant. Un pas en direction de la Maître Asho'Tye. La tatouée allait le faire: sauter dans le vide du précipice une bonne fois pour toute ! Et ainsi briser toutes ses peurs, se laisser porter par le vent dans ses cheveux, s'ouvrir au pardon, laisser derrière elle sournoise manipulation et autres fourbes techniques. En un mot, être vrai, être Vérité, être Honnêteté. Laisser choir au sol son habit de mensonges et de stratégies afin de se dévoiler, nue et faible.

Et puis non.

- Que dire de plus que ce que vous avez déjà lu dans les rapports ? J'ai déjà tout dit à vos services d'information, répondit-elle avec une mauvaise foi évidente.

Même pas en rêve. Jamais je n'irai au fond du précipice, tu entends. C'est trop dur ! (et puis non, tu n'entends pas puisque je me parle dans ma tête.)

Dans la Force, aussi soudainement qu'une huitre se ferme lorsqu'on tente de la forcer, An'ya se referma sur elle-même, ne laissant plus rien filtrer. Plus rien du tout.


Des regards s'échangèrent parmi les membres du Conseil. Certains firent "non" de la tête, indiquant ainsi que l'attitude de la jeune femme ne mènerait que dans un cul de sac. Dans une telle impasse, il allait effectivement être difficile de savoir pourquoi elle voulait rejoindre l'Ordre Jedi. Au fond, peut-être, An'ya n'était-elle qu'une cause perdue ?

Ce fut alors qu'une aura lumineuse, calme, apaisante se fit sentir dans la Force. Une aura qu'An'ya connaissait bien, qui lui fit tourné la tête en direction de la porte par laquelle elle était entrée. Une aura qui la rassurait, la réconfortait, la berçait d'une certaine manière. Celle de Karm Torr, son unique véritable ami, son confident, son sauveur.
Karm Torr
Karm Torr
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Maître Karm ?
’Tendez, faut qu’il rote.
Je vous demande pardon ?
Une toute petite seconde.
Maître Karm, les Archives du Temple ne sont pas un endroit pour jouer aux jeux vidéos.

Le respectable explorateur leva les yeux vers la bibliothécaire.

C’est pas un jeu vidéo, c’est un Karmagotchi. Une simulation d’animal pour apprendre aux Initiés les bases des techniques de l’AgriCorps en la matière. Je fais le beta-testing. Vous voyez, là, quand il fait ses besoins, on…
C’est captivant, coupa l’archiviste aussi vite qu’elle put. Le Conseil requiert votre présence.
Ah.

L’heure fatidique était venue et Karm mit son animal virtuel au lit avant de prendre le chemin de la Chambre du Conseil. Tout cela n’était pas sans lui donner un goût de déjà vu. Des années plus tôt, une éternité presque, quand sa Maître avait trahi l’Ordre Jedi, on avait cherché dans les moindres recoins de sa propre conscience le signe d’une corruption, pour statuer sur son cas. L’Ordre était un œil qui aimait fouiller les esprits.

Les deux Sentinelles qui barraient l’accès à la Chambre le détaillèrent de la tête aux pieds, avec un zeste de réprobation. Comme à son habitude, l’explorateur circulait dans les couloirs du Temple avec sa tenue de tous les jours, habillé comme les centaines de milliers d’aventuriers et de contrebandiers, de mercenaires et de chercheurs de Trésor qui peuplaient les lointains de la Galaxie : son milieu naturel. Pas de robe, pas de bure : il n’avait pas la prétention d’être si différent de ces gens qui se frayaient tant bien que mal un chemin dans l’existence.

Les portes s’ouvrirent et il retrouva la disposition intimidante du Conseil Jedi. Pour lui, il y avait quelque chose d’immoral dans ce théâtre du pouvoir. Son regard croisa celui de Raxle Vandreen, le Maître d’Armes de l’Ordre, et de Leti Geilvta, les seuls deux membres du Conseil avec qui il eût jamais sympathisé, abstraction faite de ses rencontres avec Marja et Maître Don.

Maître Karm, débuta le Kaminoan, nous vous remercions d’avoir accepté de quitter un temps vos responsabilités sur Dantooine pour venir assister le Conseil dans sa réflexion. J’imagine que vous venez d’arriver et que vous n’avez même pas eu le temps de vous changer…

Maître Geilvta réprima un sourire.

… et votre empressement témoigne d’un souci constant pour le bien-être d’une institution qui se repose, vous le savez, et chacun en a bien conscience, sur l’engagement et la…

Maître Waray s’éclaircit la gorge, pour abréger ce préambule dont elle savait d’expérience qu’il pouvait durer deux ou trois heures.

Hm… Bref, oui, bref. Le cas présent vous est familier, je présume ?

Le regard de Karm se posa dans celui d’An’ya. Pas besoin d’être un fin psychologue pour deviner l’état dans lequel l’entretien avait laissé la jeune femme. Il ne connaissait pas très bien Maître Asho’Tye, mais quelque chose lui disait d’ailleurs que le Conseil ne s’était pas adjoint ses services dans un souci de tact et de délicatesse.

L’Ark-Ni répondit d’un hochement de tête.

Qu’est-ce que tu en penses, demanda Vandreen ?

Le petit Advozse ne voyait pas l’utilité de s’embarrasser du protocole avec quelqu’un qui lui était proche. Entre bretteurs, on ne faisait pas de manière.

Ça dépend, fit Karm. C’est quoi la question ?
Pensez-vous que la jeune An’ya Qelis ait sa place au sein de l’Ordre Jedi, vous qui…
Oui.
… l’avez beaucoup fréquentée ?
Oui ?
Oui.
Seriez-vous assez aimable pour développer… ?

Karm haussa les épaules.

J’vois pas… Je ne vois pas pourquoi.
Quelles raisons justifieraient que nous l’accueillions ?
Pour être honnête, chez moi, quand des gens viennent chercher refuge auprès de nous, faut avoir des raisons pour les rejeter, pas pour les accueillir.
Ne craignez-vous pas, Karm, commença Maître Jeseladai avec l’aimable douceur qui la caractérisait, que les intentions de mademoiselle Qelis puissent être mauvaises ? Que le Côté Obscur qui vit encore en elle puisse corrompre les jeunes gens avec qui elle entrera en contact ? Que l’attachement qu’elle professe à l’Ordre tienne plutôt de l’instinct de conservation que d’un véritable dévouement à nos idéaux ?


Un silence suivit cette salve de questions, principalement occupé par les autres Maîtres du Haut Conseil à déterminer les intentions de Jesaladai, qui ne s’exprimait jamais sans raison, ni sans arrière-pensée. Venait-elle d’ouvrir un boulevard pour le jeune Maître qui leur faisait face aux côtés d’An’ya ou au contraire d’essayer d’enterrer les espoirs de la jeune fille ?

Ben…

Début peu prometteur, mais le Haut Conseil avait appris ces dernières années à ne pas sous-estimer Maître Karm et son influence au sein de l’Ordre.

Quand le médecin reçoit un patient, il ne lui demande pas d’être en bonne santé. La bienveillance qui s’exercerait qu’avec les cas faciles ne serait pas une vertu. Je crois pas que nos préceptes soient d’expulser ou d’éradiquer tous ceux qui côtoient le Côté Obscur. Si demain un Padawan subit des tentations, est-ce qu’on va le frapper d’oscra… d’os… de bannissement ? Ben la différence entre An’ya et un de nos Padawans, c’est qu’elle est pas née au bon moment au bon endroit.

Ça y est.
Le hippie de Dantooine était de sortie.

Vous la voyez comme un danger, moi je la vois comme un espoir. On a une meuf… pardon, une personne qui a été formée dans les pires conditions possibles, par les pires personnes imaginables, qui se tape des périls mortels pour venir jusqu’à nous, se fade notre méfiance au quotidien, qu’on traite pas comme une réfugiée, une rescapée, une survivante, mais comme une espionne potentielle, et qui pourtant essaie encore de se démener pour trouver sa place parmi nous.
Tu suggères que nous manquons à notre devoir moral dans cette affaire ?
Je dis juste que quand ceux qui n’ont plus rien frappent à ma porte pour être protégés du froid et de la faim, j’vais pas me plaindre de leurs manières à table.
Mais le Côté Obscur est toujours présent en elle…, objecta Deenia.
Hmouais.
Mais… ?
Mais je l’ai vu se battre contre d’autres Siths. En danger de mort, stress maximal. Aux dernières nouvelles, elle en est pas ressortie avec de grosses cernes sur les yeux, des éclairs au bout des doigts et une envie de chair humaine. Si elle peut surmonter une situation de danger mortel à la résolution violente comme ça, j’ose imaginer qu’elle survivra aux rigueurs des interros surprises en histoire des traditions jedis. Franchement, à part la suspendre par les chevilles au-dessus d’un fleuve de roches en fusion, je vois pas bien à quel test radical on peut encore la soumettre. Donc, ouais, elle a encore l’accent du pays, on va dire, mais je crois qu’on est pas mal dans cette pièce à pas être la figurine du parfait petit Jedi avec la raie de côté, et pourtant, on s’en est pas trop mal sortis. Les gens sont jamais parfaits, certains deviennent meilleurs, et pour elle, c’est quand même spectaculairement le cas.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Pour arriver à envisager le mode de fonctionnement de See’Ryl, il fallait comprendre qu’elle n’en avait strictement rien à faire d’être dans les petits papiers du Conseil. Pour être précise, elle n’en avait plus rien à faire. Cela changeait pas mal de chose dans sa manière de percevoir son environnement. Mais là n’était pas la question. Elle continua son observation d’An’ya, trouvant tout autant de réponses dans son attitude que dans ses mots. Pour ne pas dire plus compte tenu de la propension de la jeune femme à se cacher. Aussi attendait-elle la décision, le choix. Il n’y en avait pas de bons ou de mauvais à ses yeux. Et finalement… Si certains membres du Conseil furent surpris, See’Ryl se contenta d’un léger mouvement qui ne trahissait en rien son état d’esprit. Elle perçu la fermeture dans la Force.

Elle allait répondre lorsqu’une autre présence se fit sentir, approchant à pas rapide. Un fin observateur eut l’occasion de voir une nuance curieuse passer sur le visage habituellement inexpressif. See’Ryl n’avait jamais vraiment eu l’opportunité de côtoyer Karm. Son arrivée marquait donc une découverte égayée par l’échange avec le kaminoan qu’elle suivit avec intérêt. Ainsi n’était-elle pas la seule à refuser de se vêtir de la bure… en temps normal. La suite… provoqua un rire étouffé de justesse. Oui, oui… See’Ryl avait pouffé. Les hormones à ne pas en douter. Elle ne fit aucun commentaire, écoutant avec attention les échanges et les réponses, surtout les réponses.

En un sens, ils avaient le même point de vue. La différence était que l’on n’attendait pas de See’Ryl d’être l’avocat d’An’ya. On attendait d’elle qu’elle la pousse dans ses retranchements pour que le Conseil obtienne des réponses. A ses yeux, le jeu avait largement assez duré. La peur qu’elle avait perçue était une réponse en elle-même. « Que le côté obscur soit encore présent en elle est hors de propos. Ils ne sont pas nombreux les Jedis bénis par le Côté Lumineux. L’Ordre serait en lambeaux s’il ne se fiait qu’à cela… Et bon nombre de Jedis seraient déjà exilés depuis des années. » Dont elle-même, probablement.

Elle se releva souplement. Un léger décalage dans sa démarche indiquait son état. Elle s’approcha d’An’ya après avoir salué Karm d’un geste de la tête. Sans la lâcher des yeux, elle reprit. « Je ne crois pas que les intentions de mademoiselle Quelis soient mauvaises actuellement. Elle se cache, elle refuse de parler et cherche à déstabiliser… En cela, j’y vois une recherche de protection, une peur profondément ancrée. Il n’y a rien de plus normal pour quelqu’un de blessé de chercher à se préserver et de chercher protection. » Son regard dévia vers les membres du Conseil. « Je ne crois pas non plus qu’elle soit profondément attachée et dévouée aux idéaux de l’Ordre… Cependant, qui l’était à son arrivée ici ? Nous avons tous vécu dedans depuis notre plus jeune âge, depuis notre naissance pour certains. L’Ordre ne peut exiger la même dévotion de la part de quelqu’un à peine arrivé. »

L’arrivée de Karm permettait à See’Ryl d’afficher autre chose que ce qui était attendu d’elle. Il avait meilleure réputation qu’elle-même. Plus de poids. Autant s’appuyer dessus. « Je ne vois pas où vous voulez en venir, Maître. » intervint le Kaminoan. Evidemment eut envie de répondre l’Arkanienne. « Ce que je veux dire c’est que lui reprocher ses actes alors que des Jedis ont été pardonné pour des actes équivalents est hypocrite. » Lâcha-t-elle, clairement indifférente à l’impact de ses mots. « Pour reprendre Maître Torr, elle ne sera probablement jamais un bon petit Jedi avec la mèche sur le côté. Je crois même qu’il sera compliqué de changer quelques habitudes…. Mais je crois qu’elle mérite amplement d’être ici. Si mon vote est nécessaire, il ira en sa faveur. »

L’annonce était choquante tant il était compliqué de vraiment comprendre les motivations de See’Ryl. Encore plus quand elle annonça sans attendre. « Et avant que cela ne frôle vos esprits, je ne la prendrais pas en padawan. Pour la bonne et simple raison que je doute que nous soyons compatibles sur le long terme. Elle n’a pas besoin d’un maître comme moi…. A moins qu’elle n’en exprime le désir, bien entendu. Auquel cas, je réviserais mon jugement. » Voilà qui ne manquerait pas de couper l’herbe sous le pied de quelques personnes. Seul le choix d’An’ya l’intéresserait. Non loin, on chuchotait… Quelqu’un osa même penser que l’état de See’Ryl brouillait son avis. Mais il suffisait de contempler l’Arkanienne pour comprendre qu’il n’en était rien. Hormones ou pas, elle agissait comme elle l’avait toujours fait.

An'ya Qelis
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Elle observait son reflet en tout point identique à elle. Yeux dans les yeux, à la manière de jumelles face à face, une seule différence caractérisait cette même âme scindée en deux: l'aura qui s'en dégageait. La rédemption face à la l'insouciance, la culpabilité face à l'assurance, la faiblesse face à la puissance, la retenue face au bien-être, la moitié face à l'authentique. An'ya face à Misanthra.
Une seule personne, deux temps.

Les deux bouches s'animèrent pour prononcer les mêmes mots, avec pourtant une signification très différente :

- Délivre-moi.
- Délivre-moi.


Une phrase, deux messages.



***


Lorsque Karm fit son entrée, An'ya le regarda la bouche ouverte de stupéfaction.

Sérieusement, Karm, c'est quoi cette tenue?

Karm dans toute sa splendeur.

Après le préambule écourté de Maître Deenia, l'étrange regard phosphorescent de l'Ark-Ni croisa celui, marron clair, de la tatouée.
Puis il défendit sa "malade". Ses arguments tenaient même plutôt la route. Karm n'était pas loin de la vérité concernant l'ancienne Sith: Plutôt à la manière d'une droguée, le Côté Obscur l'appelait régulièrement, la tentait, la séduisait. Seule sa culpabilité - aidée de séances d'apaisement du Côté Obscur cristallisant son côté sombre, le gelant, le rendant latent - lui avait permis de tenir jusque là. Comment guérir définitivement de cela?

En tout cas, si An'ya avait du mal à remercier les gens, son aura de gratitude ondulant à travers la Force fut des plus limpides.

Merci Karm. Merci pour ce que tu fais pour moi.

Ses paroles lui allèrent droit au cœur. Karm ne jugeait pas ses "manières à table". Il avait l'art des comparaisons. Un vrai maître en la matière!
Lorsqu'il fit référence à leurs mésaventures sur H'ratth, An'ya fut ravie qu'il n'insiste pas sur ses manquements au Côté Clair de la Force. Par deux fois, elle avait puiser dans son Côté Sombre, ébréchant la prison en elle qui empêchait le Mal d'exploser. Sans l' Apaisement de l'obscur de Maitre Lopaki lors de leur confrontation avec les Siths, jusqu'où elle se serait laissée aller? Karm ne parla pas de ça. Cachait-il des choses au Conseil? Peut être de manière involontaire car, oui, An'ya ne présentait pas ou peu les stigmates du Côté Obscur. Et pour cause: telle une seconde nature, elle avait apprit à se fondre dans la Force jusqu'à en exclure les attributs visibles comme invisibles, jusqu'à même faire jaser les autres apprentis de l'Académie. Dur pour les autres de mesurer à coup sûr l'étendu de son côté sombre ou lumineux (ce qu'elle appelait à l'époque sa faiblesse dans l'âme). A un tel point qu'à l'adolescence, elle s'était senti obliger de prouver son affiliation avec le rituel des tatouages, marquant son visage à tout jamais.


***


D'un même mouvement effectué en miroir, elle leva la main, tendant des doigts fébriles et tremblotants vers ceux de son reflet. Une seule personne, deux destinées. Avant que le bout des doigts ne s'effleurent, toujours elle se réveillait, toujours à temps.
Pas cette fois-ci, pas lorsqu'elle fit face aux siths la mettant en danger de mort.
Les index se posèrent alors sur la surface plane. Soudain, à l'endroit même du contact avec le miroir, une fissure craquela. Nette, sous les deux index.
Les deux femmes ouvrirent la bouche mais une seule et même voix sorti des deux gorges. La voix d'un homme, puissante comme un ordre.

- DÉLIVRE-LÀ!



***


Karm finit sur ces paroles:

- Les gens sont jamais parfaits, certains deviennent meilleurs, et pour elle, c'est même spectaculairement le cas.

Un frisson vint parcourir le dos de l'ancienne impériale. Elle fut émue par le compliment. Pendant un instant, ses yeux brillèrent avant de reprendre le contrôle.

See'Ryl, à son tour, prit la parole de manière surprenante. An'ya écarquilla les yeux, à nouveau stupéfaite. Décidément, elle cachait bien son jeu, celle là! Après avoir poussé An'ya jusqu'au bord de la falaise afin d' obtenir des réponses, elle n'allait pas la pousser dans le précipice? L'ancienne espionne allait s'en sortir si facilement? Elle avait du mal à saisir les raisons de la femme enceinte, une donnée des plus importantes pour s'assurer de la garder dans son camp. Pourquoi dévoiler son avis maintenant, si ce n'est pour faire chier le Conseil?

Trop tôt. Trop soudain.

A moins que ce ne soit l'effet Karm? Il avait le don de convaincre les gens, avec une certaine douceur, une certaine candeur, qui lui était propre.

L'Arkanienne, une fois de plus, avait vu juste: "une recherche de protection, une peur profondément ancrée" mais avait-elle saisi contre qui ou quoi An'ya se protégeait, contre qui ou quoi elle avait peur?


***


Il était comme un père pour elle. Et, ça, elle savait qu'il le savait. Qui d'autre qu'un père pouvait terrifier autant que guider ? Qui d'autre qu'un père pouvait être tendresse autant qu' exigence? Donner autant que reprendre? Il était tout pour elle. Il lui avait donné un toit, un but, une existence, une chance de rejoindre l'ordre. Elle lui était fidèle comme un Chien Kath envers son maître. Combien de fois ses épreuves cruelles aurait pu la tuer ? Jamais s'enfuir ne lui avait traversé l'esprit. Combien de fois, il l'avait confronté à sa faiblesse en risquant de l'anéantir? Jamais elle n'avait douté que cela la renforcerait.
Il était là, puissant maître espion, subtil et rusé, à observer sa disciple de son œil bionique et de l'autre encore intact. Son visage avait le masque de la fatigue, on lui donnait sans doute plus que son âge, pourtant sa sombre aura marquait la Force d'une emprunte dans laquelle Misanthra marcherait derrière.

- Un jour, mon Apprentie, tu me dépasseras. Ce jour là, dans les ombres, tu modèleras les mondes. Ta puissance sera maline, ton pouvoir sera subtil. Marionnettiste je suis, marionnettiste tu seras.

Intimidée, la Darth en devenir répondit:

- Si telle est votre désir, Maitre... Mais en suis-je seulement capable?

- Une deuxième destinée t'est possible.

- Mh, laquelle? Demanda-t-elle avec une pointe de soulagement dans la voix.

- Succomber à ta faiblesse! Te pavaner dans la médiocrité et ne devenir qu'une pauvre chose inutile. C'est ce que tu souhaites, n'être rien d'autre qu'un déchet de notre immense nation Sith?

- Non, Maitre... Pardonnez-moi...

- J'ai beau te connaitre comme si je t'avais créé, te diriger comme bon me semble, t'amener là où je souhaite te voir, je ne peux prédire le futur.

Un sourire mauvais se dessina alors sur le visage mate de Darth Drâal.

- Mais je peux mettre toutes les chances de mon côté pour aller vers un futur que je désire. Un jour, An'ya, tu seras amené à faire un choix : faire taire cette faiblesse dans ton âme à jamais et prendre ta place en tant que Sith... ou n'être plus digne d'intérêt à mes yeux.

Cette perspective horrifia la jeune femme.


***


- Elle n'a pas besoin d'un maître comme moi.... A moins qu'elle n'en exprime le désir, bien entendu. Auquel cas, je réviserais mon jugement.


See'Ryl fini sur cette phrase, ce qui ne manqua pas de faire réagir An'ya au quart de tour:

- Non, ça ira!

La tatouée n'était ni folle ni suicidaire. Vu la réputation de l'Arkanienne, fallait être maso pour la vouloir comme Maître... Même si elle avait déjà eu pire sur Dromund Kaas.

Maître Jeseladai s'adressa directement à l'Arkanienne d'une voix douce :

- Votre avis nous est précieux, Maître Asho'Tye, et je le prendrai en compte une fois que nous aurons recueilli tous les propos sur An'ya Qelis. Après tout, peut être changerez vous d'avis d'ici la fin de notre réunion. Certaines questions, dont les vôtres qui sont particulièrement pertinentes, sont restés en suspens.

- Oui, renchéri le Kaminoan, les réponses seront des éléments qui nous permettrons de savoir (il jeta un regard à Torr) comment soigner au mieux... Je veux dire comment nous occuper du cas présent.

Voyant que l'idée qu'il voulait faire passer ne lui semblait pas très bien amené, il prit une grande inspiration qui était le signe évident pour qui le connaissait et précurseur d'une longue, très longue, explication. Fort heureusement, sa collègue de gauche intervint juste à temps.

- Nous avons compris l'idée.

- Oh, bien, bien. Puis son regard se porta à nouveau sur l'Ark-Ni. De plus, nous attendons toujours votre rapport afin de nous appuyer dessus. Nous nous doutons que vous êtes très occupés à œuvrer pour le bien de tous, et nous vous en remercions, mais nous vous serions gré de nous expliquer ici, en détail et de manière chronologique, vos observations et les faits concernant le cas qui nous intéresse. Bien sûr, nous comptons sur un certaine objectivité de votre part.

Après s'être raclé la gorge, le petit Advozse ajouta:

- Un résumé avec les détails qui te semble pertinents peut aussi convenir. Vous en conviendrez, Maitre Deenia?

- Oui, bon. Nous avons tous beaucoup de choses à faire alors, en effet, nous pouvons gagner du temps ainsi.


Les regards se tournèrent vers Maître Torr dans l'attente dudit rapport express.

Attends, "Maître" et non plus "Chevalier"? Bravo Karm, félicitation!

An'ya, elle, se contentait pour l'instant du silence de celle qui observait et attendait. Toutefois, avec la présence de Karm et la déclaration d'Asho'Tye, elle semblait plus détendue, plus encline à la discussion posée et sincère qu'au réflexe de se justifier et de jouer à l'anguille.
Karm Torr
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Un rapport ?


Spoiler:


Chronologique…

Les Maîtres qui siégeaient depuis longtemps au Conseil étaient tous fort familiers de la légendaire phobie administrative de l’explorateur. Si, sous l’influence de Luke Kayan et de la rigueur du Consulaire hapien, les rapports de Karm s’étaient petit à petit améliorés au fil des années, l’esprit de l’Ark-Ni avait toujours ce petit quelque chose de labyrinthique propre à son ethnie.

Euh… ouais… donc, j’ai rencontré An’ya à un moment, et ensuite, c’était sur H’rratt, enfin pas tout à fait, hein, évidemment, avant, il y avait le passage avec les sabres et puis…

Maître Jeseladai inclina la tête sur le côté et suggéra :

Ou bien un rapport analytique ?

Là où ses collègues ne voyaient que l’une des petites bizarreries de leur confrère, elle, en bonne diplomate, avait depuis longtemps pris la peine de se documenter sur la culture ark-ni, et elle savait que la chronologie n’y jouait qu’un rôle très accessoire. Et, en effet, le Gardien parut aussitôt soulagé d’être dispensé d’avoir à arranger les événements dans un ordre trop précis.

Je dirais qu’An’ya est arrivée sur Ondéron hantée par la peur, la colère et la méfiance, persuadée qu’elle ne trouverait pas sa place parmi nous et décidée, peut-être, à nous manoeuvrer pour obtenir de nous la protection dont elle aurait temporairement besoin. Bien sûr, il aurait été beaucoup plus facile pour elle, avec les capacités qui sont les siennes, de se volatiliser en pleine Espace Hutt, en profitant du chaos ambiant, sans avoir plus jamais de compte à rendre à personne. Mais est-ce que parfois, au fond, on ne vient pas chercher les consolations dont on prétend et on croit ne pas avoir besoin ? Y a un instinct de survie de l’âme, comme il y a un instinct de survie du corps, mais ses décisions nous plaisent pas toujours.

Le Kamonian passa l’un de ses doigts interminables au-dessus de son œil, tic qu’au fil des années, Karm avait appris à interpréter comme le signe d’une très relative impatience. Il comprit qu’il s’était éloigné de la stricte objectivité qu’on avait requise de lui.

J’ai pas mal parlé à An’ya après son arrivée. On m’a demandé de lui faire visiter l’ExploCorps et j’ai voulu lui montrer tout ce que l’Ordre Jedi faisait. J’imagine que quand on vient de l’Empire, on en connaît surtout l’aspect guerrier, et je voulais lui montrer que… Ben y avait de la place pour des parcours très différents. Que c’était pas obligé d’être sociable, ou diplomate, ou même de bonne composition pour être une Jedi. J’voulais aussi qu’elle puisse se projeter dans l’Ordre comme… Dans une vie. Qu’on lui parle pas constamment de Côté Obscur et de Côté Lumineux, que toutes ses conversations soient pas spirituelles, mais que concrètement, elle puisse se dire : ben tiens, je pourrais faire de la médecine, ou de la botanique, ou de la zoologie, ou que sais-je encore. J’ai pas mal bossé avec des réfugiés de guerre lors de relocalisations, et je sais que pour se construire, on a besoin d’imaginer le concret de son existence future.

Et des gens éprouvés par la guerre, Karm en avait rencontrés beaucoup. D’aucuns trouvaient sans aucun doute son approche du cas Qelis naïve, mais si naïveté il y avait, elle n’était pas le fruit de l’inexpérience.

Ensuite, je l’ai faite se battre. Contre moi d’abord. Vous savez qu’en la matière, j’ai un style…
Bien personnel, laissa échapper Maître Brock, avec une pointe de désapprobation.

Entre ces deux-là, il n’y avait pas la moindre once d’affinité personnelle, professionnelle ou philosophique.

Ultra violent, acheva Karm. Je l’ai poussée dans ses retranchements. Pour qu’elle se confronte à ce qu’elle garde au fond d’elle. Je crois qu’An’ya pratique beaucoup l’évitement. Le regard détourné. Le coup de balai sous le tapis. Quand on grandit dans un contexte douloureux ou abusif, c’est une stratégie de survie.

Il y eut un bref silence plein de non-dit entre le Conseil et Karm. Les Maîtres n’ignoraient pas que l’Ark-Ni savait ce qu’était une jeunesse douloureuse et ils devaient bien reconnaître que leurs prédécesseurs au sein du Conseil en avaient la responsabilité. C’était un parallèle qui les invitait à ne pas détourner le regard de la souffrance d’An’ya qui s’exposait devant eux.

Mon avis, c’est que c’est bien d’apaiser l’Obscur. C’est bien aussi de permettre aux choses de s’exprimer. Il faut des éruptions avant que les volcans se calment et que les cendres rendent la terre très fertile. An’ya est pleine de sombres grondements qui peinent à trouver un exutoire, parce qu’elle a quitté des terres où elle devait se surveiller pour ne pas paraître trop douce pour venir en un endroit où elle doit se surveiller pour ne pas paraître trop rêche. Mais qui peut se construire soi-même, quand il doit toujours s’occuper à écrire son propre rôle ?

Nouveau signe d’impatience kaminoan, nouveau correctif de trajectoire ark-ni.

Sur H’rratt, l’affrontement a été compliqué. La tentation était bien présente. Le Côté Obscur aussi. Mais grâce à l’aide des autres Jedis, elle en est sortie la tête haute, et grâce à son aide, les autres Jedis en sont sortis vivants. Ma conclusion est celle-ci. On a quelqu’un qui vient avec des plaies profondes, des habitudes bien ancrées, mais qui a le désir et la volonté de s’en sortir, dont le désir dépasse même la volonté, mais qui doit pouvoir se confronter avec ce qui se joue dans son âme, pour la purifier. Cette confrontation, elle doit se dérouler dans un environnement sûr et bienveillant. Elle se fera pas sans douleur, comme certaines maladies ne passent pas sans fièvre. Mais parmi toutes les solutions possibles pour se tirer de l’Empire, An’ya a choisi de loin la plus difficile, objectivement, et s’y est tenue. Quand elle aura conscience elle-même de la force supérieure qu’il lui a fallu pour ça, elle se sentira assez confiante en elle-même pour avoir confiance en nous.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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POn pouvait lui reprocher beaucoup de choses, à See’Ryl. Notamment celles de pousser les gens dans leurs retranchements sans la moindre pensée pour leurs réticences. Cela n’aurait pas manqué d’être un problème si elle ne l’avait pas doublé d’une tendance à rattraper ces mêmes personnes au dernier moment. Elle n’était jamais présente où on l’attendait. Elle ne motivait que rarement ses avis et, dans le cas présent, se servait de Karm de manière éhontée. Il disposait d’une chose dont elle était dépourvue : une certaine « bonne aura » auprès du Conseil. Derrière ses lunettes, elle dissimula ses prunelles brièvement amusées devant l’air surpris arboré par An’ya. La suite… provoqua un franc sourire, tellement rare quand on connaissait l’Arkanienne. Au moins, les deux jeunes femmes étaient elles d’accord sur un point : se côtoyer, pourquoi pas. Travailler ensemble… à l’occasion. Entamer une relation « maître padawan » ? Hors de question.


Et peut-être sans le vouloir, la tatouée avait aidé l’Arkanienne. Ainsi, l’idée hypothétique de les mettre ensemble venait-elle d’être coupée court en deux temps trois mouvements. Elle retourna à sa place, retrouvant son éternelle expression neutre. Le sourire, finalement, n’avait été qu’une éclipse. Assise, elle écouta les membres du Conseil, échanger… et l’un d’eux, demander un rapport. Intérieurement, elle se demanda pendant combien de temps le Conseil allait-il tourner autour du pot. Ce n’était pas étonnant que tout aille si lentement si à chaque fois qu’ils se réunissaient, il fallait sans cesse revenir sur les pas au lieu d’avancer.

Néanmoins, elle écouta Karm sans trop se formaliser sur la forme. Il y avait longtemps que l’Arkanienne avait compris que tout le monde ne partageait pas son goût pour les rapports exhaustifs. Sauf Luke, peut-être. Elle enregistra les informations, consciente qu’on lui demanderait, justement, de faire le compte-rendu de ce qui se serait dit. Elle nota la désapprobation de Maître Brock sans s’en émouvoir. Elle-même en avait fait les frais et, comme Karm, n’y attachait pas la moindre importance.

La suite, en revanche, provoqua une micro-réaction. Une approbation rapide qui indiquait que les deux Maîtres partageaient le même avis à propos de la jeune femme. See’Ryl avait son propre passif à ce sujet. Elle n’en fit pas cas, gardant le silence comme elle en avait l’habitude. D’autant plus qu’elle n’était pas le sujet. Le récit toucha à sa fin. See’Ryl laissa quelques instants aux autres pour intervenir et devant leur silence, décida de les forcer à avancer.

« Je crois que nous avons toutes les informations, non ? » demanda-t-elle sans que la moindre once de sarcasme ne soit détectable. Elle se contentait d’énoncer un fait qui se retrouva bientôt approuvé. Elle attrapa son datapad. « Avonçons. » commença-t-elle en faisant fi d’un éventuel protocole. Elle en avait assez. Il était plus que temps que la décision soit prise. Et pour se faire, il fallait que le Conseil pose ses questions. « Je ne pense pas que retarder la « sentence » soit bénéfique pour Mademoiselle Qelis. Si vous avez des questions, je crois qu'il convient de les poser maintenant. » ajouta-t-elle. Le Kaminoan acquiesça, comme pour l’inviter à poursuivre. On ne pouvait pas dire qu'elle s'encombrait du protocole. En cela, elle ressemblait bien plus à son défunt Maître que le Conseil acceptait de l'avouer.

« Mes propos précédents n’ont pas changé avec le rapport de Maître Torr. Au contraire, mon avis s’en est retrouvé renforcé… » pour ne pas dire « confirmé ». Il y avait une certaine satisfaction à voire son intuition être confirmée de la sorte. « J’ajoute cependant qu’il est primordial pour Mademoiselle Qelis d’avoir l’occasion d’entrer en éruption, pour reprendre une métaphore précédente, dans un milieu aussi sécurisé et sécurisant que possible pour elle. » Un léger brouhaha naquit lorsqu’elle se tut. See’Ryl leur laissa le temps de réfléchir et d’échanger entre eux. Elle finit par reprendre... On l'avait conviée pour poser les questions, pas pour qu'elle se défile à la première occasion. « Je ne vais pas pousser le vice jusqu'à vous demander encore pourquoi. En revanche... Je serais curieuse d'entendre la réponse à cette question: qu'est-ce-que l'Ordre peut faire pour vous, mademoiselle? »




An'ya Qelis
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C'est vrai, ça? Pourquoi ne pas s'être volatilisée en territoire Hutt plutôt que directement se jeter dans le gueule du Gundark? Karm analysait bien An'ya, ses sentiments de méfiance, ses intentions. Il était dans le vrai. Pourtant, était ce le cas pour les intentions d'An'ya de rejoindre le Temple?
An'ya, étrange humaine aux réactions illogiques, irrationnelles diraient certains, (Mais n'était ce pas là le propre de l'humain?), son instinct de survie - de l'âme ou du corps - l'avait poussé à se rendre au cœur du territoire ennemi: le Temple d' Onderon. Pour quelles (ir)raisons ce choix de chemin difficile?

Parce que les Jedis sont les seuls vraiment capable de te protéger de ton Maître et de l'ordre Sith, pensa-t-elle.

Un souvenir lui revint en mémoire:

- Les seules personnes qui peuvent protéger du pouvoir obscur sont nos ennemis millénaires. Les Jedis.

- Eux? Dit-elle avec scepticisme en regardant l' illustration d'un individu, bure claire, sabre aux éclats bleutés et raie sur le côté.

- Ne les sous-estime pas. Leurs pouvoirs sont sans pareil dans la Galaxie.

- ... je sais que pour se construire, on a besoin d'imaginer le concret de son existence future.

An'ya se reconcentra sur l'instant présent. Ce que venait de dire l'Ark-Ni était tellement vrai pour la transfuge. Sans lui, elle n'aurait jamais fait la rencontre de certaines personnes dans les Corps Auxiliaires. Aujourd'hui, ses travaux au MedCorps, elle les devait au petit androgyne.

Aussi, tellement vrai sa pratique de l'évitement et du regard détourné. Elle était passée maître en la matière durant son adolescence à l'Académie de Dromund Kaas. Pas seulement dans sa psychologie mais aussi dans ses compétences et pouvoirs de Force.

- ... elle devait se surveiller pour ne pas paraître trop douce pour venir en un endroit où elle doit se surveiller pour ne pas paraître trop rêche.

Il s'agissait là d'une seconde nature pour l'ancienne espionne.

Toutefois, An'ya ne put s'empêcher de détourner le regard lorsque l'Ark-Ni parla du Côté Obscur sur H'ratth. Étrangement, ce fut comme si elle avait honte d'avoir péché. Étrangement car en territoire Sith, on l'aurait félicité et encouragé de persévérer dans cette voix.

- Cette confrontation, elle doit se dérouler dans un environnement sûr et bienveillant. Elle se fera pas sans douleur, comme certaines maladies ne passent pas sans fièvre.

Une phrase corroborée par la suite par les propos de l'Arkanienne. Les deux Maîtres avaient le même avis sur la question. Sauf que la tatouée ne voulait pas de cette confrontation! Karm avait mis le doigt sur quelque chose mais avait-il conscience de l'ampleur de ce qui se tramait en elle?

- Mais parmi toutes les solutions possibles pour se tirer de l'Empire, An'ya a choisi de loin la plus difficile, objectivement, et s'y est tenue.

Donc, pour répondre à la question "Pourquoi ne pas s'être volatilisée en territoire Hutt plutôt que directement se jeter dans le gueule du Gundark?", elle prit conscience d'une chose, sous la forme d'une question. Une question qui vint soudainement heurter sa pensée : venait elle ici pour se protéger de son Maître ou bien d'elle même?

- Les seules personnes qui peuvent protéger du pouvoir obscur sont nos ennemis millénaires. Les Jedis, répéta le souvenir de son Maître Sith dans la tête de la jeune femme.

Mais alors? Inconsciemment, elle aurait fait tout ce chemin pour fuir sa part d'ombre, son côté obscur ? Elle aurait fait tout ce chemin jusqu'au Temple pour se fuir elle-même?

Se fuir, un nouveau concept par An'ya. De plus en plus tordue. Bravo.

Serait-ce là le fameux instinct de survie de l'âme? Pourtant, quelque chose clochait dans tout ça. An'ya n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

- Quand elle aura conscience elle-même de la force supérieure qu'il lui a fallu pour ça, elle se sentira assez confiante en elle-même pour avoir confiance en nous.

Pas d'accord. Mais, ça, il faudra bien qu'elle l'exprime d'une manière ou d'une autre.

Vint ensuite le tour de Maître Asho'Tee de prendre la parole. Avant cela, son franc sourire démontra que les deux femmes étaient sur la même longueur d'onde au sujet "maître padawan". An'ya en fut soulagée. Et lorsque l'Arkanienne annonça sa décision finale, An'ya eut un léger sourire de satisfaction. Pas besoin de se jeter à l'eau (ou plutôt, de se jeter de la falaise dans le vide), pas besoin de se justifier plus que ça?

Sauf que le Conseil ne l'entendit pas de cette oreille là.

- Je ne vais pas pousser le vice jusqu'à vous demander encore pourquoi. En revanche... Je serais curieuse d'entendre la réponse à cette question: qu'est-ce-que l'Ordre peut faire pour vous, mademoiselle?

- C'est une question forte intéressante, en effet. Et je pense qu'il serait sage de répondre aussi aux autres interrogations que nous avons déjà soulevées, An'ya Qelis. Cela ne peut que nous aider et vous aider aussi.

Ce fut le voix de Maître Jeseladai, calme et douce.

- Nous ne vous demandons qu'une chose : voir votre vrai visage. Il s'agit du seul moyen de vraiment statuer sur votre cas. Vous voulez avancer? Ici, seul votre authenticité pourra vous le permettre. Renchéri Maître Geilvta, afin de l'encourager dans ce sens.

An'ya ferma les yeux pour mieux se masser les sinus du bout des doigts - et histoire de faire disparaitre tout ce beau monde de sa vue - et inspira longuement. Elle surplombait le précipice, la présence sereine et bienveillante de Karm à ses côtés, ainsi que la présence aidante de See.

Il était temps. Et ce temps allait devenir réponses, ce temps allait voir le premier pas d'An'ya en direction du vide, du précipice.

Elle s'était déjà confiée à Hildegarde, elle s'était déjà confiée à Karm, mais elle avait survécu à l'expérience deux fois, non pas sans douleur.

Ça va devenir une sale habitude.

- Bon... Par où commencer? Je suis... Commença-t-elle, hésitante.

Le Conseil l'écoutait ce qui, paradoxalement, la mettait mal à l'aise. Maintenant qu'elle venait de se lancer dans le vide, les mots allaient sortir pêle-mêle. Elle ne répondrait plus de rien.

- Je suis... Je... Et puis merde! Je suis Darth Misanthra.

Mais qu'est ce que tu fais, idiote !?

- Telle est mon identité dans l'Empire. Sur Dromund Kass, j'ai surmonté des épreuves terribles pour mériter ce titre.

Le ton de sa voix eut la dureté et la simplicité d'un fait énoncé. Un vent d'indignation vint balayer les Jedis mais ce fut Deenia, à la grande surprise de beaucoup, qui leva une main aux longs doigts pour signifier qu'on n'interrompe pas la machine en marche.

- Oui... vous savez ce que cela induit. De quoi je suis capable... Même si pour moi, quelque chose en moi m'a empêché d'embrasser le Côté Obscur pleinement. Tout ce que Karm Torr vous a dit sur moi est la vérité. Le coup de balais sous le tapis, le volcan, toutes ces conneries...

Une phrase lui revint en mémoire. Une phrase récemment entendue : "Si vous espérez obtenir l'approbation du Conseil en lui disant ce que vous pensez qu'il désire, vous obtiendrez l'échec." La tatouée prit donc le contre pied:

- Je suis arrivé au Temple avec peur, colère et méfiance grondant en moi. Je pensais vous manœuvrer, avec tous les préjugés que j'avais sur les Jedis, pour avoir ce que je voulais : Une protection et un peu de liberté.

Cet aveux était sorti de sa bouche dans un seul souffle. Mais An'ya senti qu'il y avait toujours quelque chose qui clochait là dedans... Mais quoi?

Tu dérailles, reprends toi! Sincère, d'accord, mais au moins présente les choses à ton avantage.

- Mais je ne m'attendais pas à ce que Maître Hildegarde ouvre une porte en moi. Cette "chose" en moi... que je pense être... mon côté lumineux? Et je ne m'attendais à ce que Karm me permette d'imaginer un futur ici. J'aime mes travaux au MedCorps, alors... pitié... quoi que je dise, laissez-moi au moins ça... dit-elle d'une voix implorante.

Sa demande était sincère, tout comme ce qui allait suivre.

- Toutefois, il y a une chose où je ne suis pas d'accord avec Karm. Avoir confiance en moi pour pouvoir vous faire confiance? C'est faux!

Ces derniers mots avait les intonations habituellement présent dans le voix de son Maître Sith.

- Je n'ai pas confiance en vous car j'ai peur de la faiblesse du Conseil, j'ai peur qu'il ne soit pas à la hauteur!

Stupéfaction parmi les Maîtres. An'ya se rendit compte trop tard de la portée de ses mots et les regretta aussitôt. Mais impossible de faire marche arrière. Tant pis pour présenter les choses à son avantage. L'heure n'était plus aux non-dits mais aux quatre vérités.

- Ouvrez les yeux! Comment pouvez vous me protéger? Maitre Asho'Tye vous manque de respect et vous ne dites rien. Grendo S'orn vous instrumentalise et vous ne dites rien. Vous en arrivez à un point inimaginable! Jamais chez les Siths on ne verrait une chose pareil!

Elle s'enfonçait et elle s'en rendait compte. Elle s'était jetée dans le vide et la chute allait être mortelle... Aucun doute, là dessus. Si le stress lors de son combat sur H'ratth était impressionnant, celui qu'elle éprouvait maintenant ne fut pas moindre. Quelque chose au fond d'elle se réveillait, l'appelai. Mais elle tint bon et continua malgré tout:

- Comment allez v-v-vous m'accepter maintenant que j'ai dit ces choses... Pourtant, depuis que je suis ici, j'ai vu ce que développait le Code Jedi. De belles valeurs, des liens sains entre les uns et les autres. C'est... C'est beau. Pourquoi n'y ai je pas eu le droit, moi? C'est injuste!

Pour tout dire, la jalousie prenait régulièrement An'ya aux tripes, en même temps que sa dépendance au doucereux Côté Obscur. Elle détestait la chance des Initiés évoluant dans ce climat de bienveillance. Même la relation amoureuse que Luke et Karm vivaient la rendait jalouse. Au fond d'elle, elle avait envie de briser tout ça, enfin de se soulager.

- Mais, tout ça, n'est ce qu'une utopie? Le rêve des quelques illuminés? J'ai envie de participer à tout ça, vraiment, mais mon instinct rentre en contradiction avec cette doctrine. En comparant les deux Églises, j'ai l'impression que celle des Jedis se fera écraser ! Je vous en supplie... prouvez-moi que je me trompe. Donnez-moi la Foi!

Ce fut comme un cri d'appel au secours, implorant. Rapidement, des larmes sortirent. Elle voyait bien qu'elle perdait le contrôle de la situation et de ce qu'elle disait. Qu'aurait pensé d'elle Darth Oracci ? An'ya faisait tout le contraire de sa fameuse leçon! "Le contrôle est la clef de la survie, le contrôle de la situation et des autres." Là, elle ne contrôlait plus rien.

- Je... Je suis c-c-comme un arbre qui a grandit dans une terre nourrit au c-c-côté obscur... Cette terre qui me manque tellement! J'ai l'impression d'avoir été transplanté dans un j-j-jardin, un beau jardin lumineux, sauf que mes racines réclament sa terre d'origine... Je... Je dépéris... Je suis une plante destinée à des terres sombres... Je...

An'ya repensa à son adolescence, les lieux de son enfance, ses connaissances, ses habitudes sur Dromund Kass, son Maître et, surtout, Bail, l'homme qu'elle avait aimé ... Des images s'enchainèrent dans son cerveau. Tout cela fut des plus douloureux, les yeux de la Dromundienne devinrent encore plus trouble. Et toujours cette sensation que quelque chose clochait, sans savoir quoi.

Elle continua d'une voix saccadée de sanglots :

- Voilà, Maitre Asho'Tye... j-j-j'espère que vous être s-s-satisfaite. Maintenant vous savez mes raisons d'intégrer le Temple... c-c-ce que je pense de l'ordre... et à quel point le Côté Obscur en moi est ancré ! Quant à ce que l'ordre p-p-peut faire pour moi, et bien : me garder, me p-p-prouver que j'ai tort et... et... Alors que le Conseil vous écoute... qu'on arrête de me faire attendre... qu'on me dise une bonne fois pour toute...

An'ya serra les dents et les poings, incapable de finir sa phrase. Elle fixait le sol sans oser croiser le regard des Jedis. Elle n'avait qu'une envie: disparaître, ne plus exister.
Une pensée vint la heurter violemment: Disparaître pour lui laisser place. Se laisser aller et tout détruire: ces rêves, ces gens, ces lieux... Tout briser pour n'avoir plus rien à perdre. Oui, casser le miroir définitivement, tous les tuer et être enfin entière et puissante!

Telle était la promesse du Côté Obscur. Aller An'ya, juste une fois... Juste un petit peu... Maintenant que tu as touché le fond du précipice, tu as bien le droit de ne plus souffrir, non ?
Karm Torr
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Je peux ?

Karm sonda uniquement le regard de Geilvta, car il savait qu’il pouvait compter sur sa sympathie. Elle et lui avaient des vues semblables sur bien des sujets. Alors la Maître inclina la tête et, comme aucune protestation ne s’élevait de la part des autres membres du Conseil après la confession tumultueuse d’An’ya, le jeune Maître se tourna vers son amie et chercha son regard du sien.

C’est compréhensible d’être décontenancée par ce que tu vois ici. Par les décisions et l’attitude du Conseil. Je crois que personne ici prétendrait qu’eux et moi, on voit les choses de la même manière, mais les divergences de vue, c’est ça qui fait aussi marcher la machine. L’Ordre Jedi, c’est un écosystème, avec des idées qui se côtoient, parfois assez différentes. Survivre, c’est évoluer, et évoluer, c’est accepter d’explorer des voies qui sont pas toujours les mêmes. Les divergences de vues, une certaine dose de chaos et d’indiscipline, une patience de ceux qui dirigent face aux récriminations des autres, c’est pas une faiblesse : c’est le mécanisme le plus efficace pour s’assurer qu’on survit au chaos des époques.

Et le Haut Conseil était l’illustration de courants qui se confrontaient, car qu’y avait-il de commun entre Geilvta et Deenia, ou entre Waray et Vandreen ?

Y a des gens dans cette pièce qui pensent probablement que je suis un coupable décadent et qui pensent que Maître See’Ryl est une dangereuse déséquilibrée…

Karm tourna un instant les yeux vers l’Arkanienne.

’Fin, sauf vot’ respect, hein, précisa-t-il avec un sourire en coin, avant de reporter son attention sur An’ya. Mais ils sont capables de faire abstraction de leur inimitié pour se donner toutes les chances d’explorer la situation qui se présente à eux dans ses moindres détails, avec des angles de vue inattendus. La puissance de l’Empire et des Siths, c’est leur faiblesse originelle. Ils vont de l’avant en sortant de leurs cendres, ils s’élancent vers un but, mais plus on croît, plus il y a de désordre, et quand on gère le désordre pas par le pluralisme, mais par l’autorité, alors y a plus que deux solutions : la sécession ou la stagnation.

Tu dis que jamais chez les Siths on ne verrait une telle faiblesse ? Mais les Siths, c’t’un ordre qui passe son tout à mourir, à se faire raser de la carte, un Empire qui s’effondre perpétuellement. OK, ils gèrent les expansions spectaculaires et les démonstrations pyrotechniques, mais franchement, niveau résultat à long terme, c’est pas hyper, hyper convaincant. C’est pas que la situation soit pas critique ou qu’il faille les sous-estimer, mais juste qu’ici, tu es dans un Ordre qui a survécu des milliers et des milliers d’années, qui s’est développé dans toutes les directions du savoir, qui a façonné le destin de l’État le plus durable de l’histoire peut-être. I a connu ses crises, il en connaîtra d’autres, on frôle parfois l’anéantissement, mais si on fait le bilan en termes de puissance, on s’en tire pas trop mal. C’est juste que parfois, la puissance se mesure pas aux décibels de la fanfare militaire.

Moi j’aime bien ça, les fanfares militaires, marmonna Maître Brock dans son coin.
Est-ce que c’est une utopie ? Nope. C’est une organisation diplomatique, militaire, religieuse, scientifique et humanitaire majeure, depuis des milliers et des milliers d’années. Est-ce qu’on est des illuminées ? Ouais, probablement, mais ça n’empêche pas d’arriver à du concret. Est-ce qu’on court de graves dangers du côté de la République comme de l’Empire ? J’imagine. Ce serait pas la première fois. Ça a jamais réussi à nous terrasser. Les mecs d’en face peuvent pas en dire autant.

De toute façon, les Siths, c’était comme les groupes de rock : il suffisait de les laisser tout seuls pour qu’ils finissent par s’entredéchirer.

Personne te demande de mettre des fleurs dans tes cheveux, de sourire aux enfants et de chanter l’Amour des animaux de la forêt, hein. Le Côté Lumineux, les gens qui sont ici l’incarnent tous à leur manière, et la vache, je peux te dire que y en a deux ou trois à qui je confierais pas l’animation des soirées en colonie de vacances, hein.

Encore une fois, il précisa :

Sauf vot’ respect. Bref, si ta référence du Côté Lumineux, c’est ce qu’en disent les Siths et les mecs comme moi qui sympathisent avec les dindons et racontent des blagues aux gosses, ouais, forcément, je peux comprendre que ça te laisse perplexe, mais ce que t’appelles la faiblesse du Conseil, c’est la diversité de l’Ordre, et elle offre pas mal de chemins à parcourir. Si ton trip, c’est les terres sombres, les sujets difficiles et les manœuvres un peu machiavéliques, t’inquiètes pas, tu trouveras des exemples au sein de l’Ordre pour ça. Le Côté Lumineux, c’est pas un épisode d’holosérie pour gamins, c’est une grande saga avec dix mille personnages différents.
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Oui, redevenir Darth Misanthra. Qu'on en finisse...

Voilà qui aurait conclu l'histoire d'An'ya Qelis, mais c'était sans compter sur Karm Torr. Sa présence rassurante, le ton de sa voix posée, son regard qui cherchait à la reconnecter avec lui, firent frémir l'ancienne assassin. Elle n'était pas armée contre autant de bienveillance et de compréhension.

Putain de hippie.

N'importe qui dans cette pièce aurait pu prendre la parole et la faire exploser, ici et maintenant, la faire dérailler, la faire rechuter dans le Côté Obscur. Avec seulement un mot de travers, seulement une critique. Mais ce fut le seul qui pouvait la faire redescendre en pression qui prit la parole.

Au début, An'ya refusa de croiser le regard de son ami, toujours tête baissé, yeux larmoyants et poings crispés. Puis, au fil de son discours, de son argumentation, la jeune femme se concentra sur la voix doucereuse de l'Ark-Ni. Alors, toujours tête baissée, elle accepta de lui offrir un regard rempli de douleur.

Et s'il avait raison ? Et si la diversité permettait à l'Ordre Jedi de mieux s'adapter, contrairement à un Empire d'une grande dureté autoritaire mais tellement cassant. Après tout, n'était-ce pas la diversité qui permettait aux écosystèmes de ne pas disparaître en un seul claquement de doigts, qui leurs permettaient de se métamorphoser tranquillement en fonction de leur environnement?

Puis Karm parla de fleurs dans les cheveux, de dindons et d'autres conneries. Il réussit à faire rire l'ex-Sith ! Un petit rire un peu nerveux, court, certes, mais un rire quand même, salvateur, qui eut le mérite de décharger la tension en elle.

Karm avait fini de parler. An'ya, elle, ne savait pas quoi dire. Elle ferma les yeux une seconde, replaça une mèche collée sur sa joue par les larmes derrière son oreille. Elle eut un profond soupire avant de dire d'une petite voix :

- Peut-être que je me suis trompée.

Elle ne dit rien d'autre, se murant dans un silence, attendant la conclusion de l'histoire. Le Haut Conseil demanda poliment aux invités de sortir afin de pouvoir discuter et statuer entre eux. An'ya se retrouva donc à nouveau en dehors de la salle du Conseil en compagnie de Karm, See, Zita la Sentinelle et l'imposant droïde de See.

Personne ne disait rien, alors Zita - cette twi'lek incroyablement bavarde - se pencha vers An'ya pour...

- J'ai pas envie de te parler.

La Twi'Lek se rassit, avec un air légèrement frustré sur son visage pouponné.

Le temps sembla durer une éternité et l'inquiétude prit An'ya aux tripes. Karm s'en rendit surement compte puisqu'il sorti de sa poche un drôle d'objet pour détourner son attention.

- C't'un Karmagotchi.

Quelques dizaines de minutes plus tard, à l'intérieur de la salle du Conseil, les discussions avaient prit fin. Ce fut Maître Brock qui réapparu dans l'encadrure de la porte coulissante afin d'inviter d'un geste de la main tout ce beau monde à revenir devant le Conseil. Il était temps car An'ya s'amusait maintenant à trouver toutes les façons de faire crever son Karmagotchi, au grand damne de son concepteur.

Puisque Maître Deenia arborait un visage légèrement... disons... boudeur, Maître Jeseladai prit la parole d'une voix douce et assurée, afin de représenter la voix du Conseil :

- An'ya Qelis, pour reprendre votre métaphore, nous pensons que vous êtes en effet une plante qui a grandit en terre obscure. Vos carences dues à cela se ressentent, soyez-en certaine.


La tatouée baissa le regard.

- Pourtant, nous croyons en votre capacité à vous développer et, pour cela, nous vous aiderons avec un tuteur et de l'engrais. De l'engrais à base de Côté Lumineux de la Force, cela va de soi. Ajouta-t-elle avec un léger sourire bienveillant.

Maître Deenia prit la parole à son tour, de manière plus abrupte :

- En d'autres termes, vous troquez les Sentinelles chargées de votre surveillance par l'accompagnement d'un Maître Jedi qui pourra évaluer en continue votre progression et vos manques. Vous voilà désormais Padawan, An'ya Qelis. Il s'agit de notre réponse pour vous prouver que vous vous trompez et, surtout, pour vous redonner la Foi. A vous, maintenant, de nous prouver que nous ne faisons pas erreur et que nous pouvons avoir Foi en vous.


An'ya cligna des yeux. Elle n'était pas sûre d'avoir bien entendue. Padawan ? Il avait dit Padawan ? Cela voulait dire...

- Bien entendu, si votre devoir et le temps vous le permet, vous pourrez continuer vos travaux au MedCorps.

An'ya sentit les larmes lui monter aux yeux. Ah non, pas encore ! Mais quel soulagement ! Jamais on ne lui avait accordé une telle confiance, jamais elle n'avait espéré une telle chance.

- M-merci ! déglutit-elle. Merci mille fois, Maîtres, je ne vous décevrais pas !
Puis, elle se tourna vers Karm et See, leur offrant un regard plein de gratitude. Pas du genre à se jeter dans leur bras, même ceux de Karm (ceux de Luke, à la limite, peut-être, s'il avait été là...) mais elle n'en était pas moins reconnaissante.

Ce fut ainsi qu'An'ya Qelis, anciennement Darth Misanthra, rejoignit l'Ordre Jedi afin d'avancer sur le chemin de la Lumière.

Après toutes ces émotions, le soir même, An'ya s'endormit, encore heureuse de la tournure des évènements.

Un grand miroir se dressait devant elle. Ou plutôt entre elles. An'ya séparée de Misanthra par cette chose si fragile, si fine, déjà fissurée lors de leur mésaventure sur H'ratth. L'une face à l'autre, yeux dans les yeux. La délivrer ? Non. D'un même mouvement, les deux femmes se tournèrent le dos. Puis s'éloignèrent.

Mais...

Le Côté Obscur avait-il dit son dernier mot ?


***


PLUSIEURS MOIS PLUS TARD...
[HRP : Musique d'ambiance]

La jeune femme, aussi discrète qu'un serpent, avec la furtivité d'un rat, s'introduisit dans le bâtiment abandonné. Telle une ombre, d'ouvertures condamnées en fenêtres scellées, elle se glissa silencieusement vers son objectif.

La grille était là, inaccessible au quidam, cachée parmi les vestiges de cet ancienne bâtisse des bas quartiers d'Iziz, dans une zone peu fréquentée. L'endroit parfait pour cacher quelque chose. L'endroit parfait pour cacher un secret. Et surtout, l'endroit parfait pour détourner l'émetteur du bâtiment voisin, afin de transmettre un holomessage. An'ya avait préparé son coup.

Alors, elle ouvrit la grille avec son tournevis puis elle glissa la main à l'intérieur du sombre conduit. Quelques araignées furent dérangées mais aucune n'inquiéta l'ancienne assassin.
Elle mis la main sur le tissus. Il était toujours là.
Le cœur de la tatouée se mit à battre plus fort, plus rapidement.
Ce qu'elle s'apprêtait à faire n'était pas bien, elle le savait au plus profond de son être. Mais une force inconsciente la poussait à continuer.
Elle devait savoir. L'incertitude l'obnubilait, la rongeait de l'intérieur. Ses doutes sur le devenir de Dromund Kaas, sa terre natale, la hantaient la nuit. Sur son devenir à lui aussi. Était-il mort? La guerre civile impériale faisait rage. Les renégats gagnaient du terrain.
Une inexplicable inquiétude se muait en peur concrète. Pourquoi? S'agissait-il de quelque chose de plus insidieux? Ses racines et ses attaches du passé façonnaient-ils ses actes du présent? Les liens forgés par le Côté Obscur forçaient-il son destin ?
Alors, à la manière d'une enfant captivée, hypnotisée par la grosse bêtise qu'elle était en train de commettre, elle posa le tissus devant elle. Elle devait savoir.
D'une main tremblante, elle désempaqueta l'objet contenu par le tissus. La petite sphère métallique apparue, faiblement éclairée par la lumière qui filtrait entre deux planches. Son cœur accéléra. Elle devait savoir.

Alors elle activa le droïde. Ce dernier décolla d'un mètre du sol, sortant d'un long sommeil. An'ya brancha son ancien outil à son Datapad, brisant temporairement les brides imposées par le Temple. Elle tapota sur le clavier avec des doigts fébriles et tremblotants. Elle devait savoir. Et elle ne ferait pas marche arrière, quelque soit les conséquences.

Un droïde de protocole apparue en hologramme. CZ-3 l'intendant. Ce dernier esquissa un mouvement mécanique de surprise en reconnaissant son interlocutrice. An'ya, le haut du visage noyé dans l'ombre de son capuchon, prit la parole d'une voix basse et mal assurée :

- Bonjour à toi... CZ-3. Cela faisait longtemps. Écoute... je n'ai pas beaucoup de temps. J-j-je dois parler à...

An'ya déglutit. Pendant l'espace d'un instant, son cœur arrêta de battre. Et elle dit dans un souffle:

- Je dois parler à Darth Drâal.


FIN DU PREMIER ARC
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