La Main de la Force
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Il soufflait dans les couloirs du Sénat un vent encore plus froid qu’à l'accoutumé aujourd’hui. En effet, on sentait s’installer l’ambiance pesante des fins de règne, le mandat de Grendo Sorn a la tête de la République touchant à sa fin. La période était plus que propice au déchainement des oppositions, plus que propice à ce que bon nombre de Sénateurs prennent un malin plaisir à tenter de gêner autant que possible le Gouvernement.

Une première intervenante fit signe à Leeno Coret, l’orateur sénatorial, qu’elle était prête à s’exprimer. Ainsi, celui-ci se leva, la mine grave. Il fit le silence dans la cacophonique assemblée avant de prendre la parole :

- Chers collègues, nos débats portent aujourd’hui sur la proposition de loi relative à la lutte contre la fraude fiscale, déposée par mademoiselle Evea Ekway, sénatrice d’Alderaan et adoptée en procédure accélérée par la Commission du Trésor et de l'économie. Sénatrice Ekway, la parole est à vous.

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PROPOSITION DE LOI

portant diverses mesures pour lutter contre la fraude fiscale
,

présentée
Par Mademoiselle Evea EKWAY
Avec Kil REGH, Victor FLORENTO, Alan BRESANCION, Shasa TRODE, Phil D’RONGUE, Lwon SAYAMA,
Sénateurs.

Proposition de loi portant diverses mesures pour lutter contre la fraude fiscale
Article 1er
Une branche est ajoutée au ministère des finances sous le nom de Direction générale des Contrôles fiscaux (DGCF). Ce bureau luttera contre toute fraude fiscale au sein de la république. Pour les professionnels, les impôts surveillés par la DGCF seront les impôts sur les résultats de l’entreprise, le chiffre d’affaires et les actifs. Pour les particuliers, les impôts surveillés sont ceux portant sur les revenus et les taxes d’habitations.

Article 2
Une partie des services de la DGCF a pour mission la détection des mécanismes frauduleux et la conduite d’opérations de recherches et d’enquêtes. Le bureau réalise des contrôles fiscaux en tout genre. Toutes personnes/groupes/gouvernements sous enquête du DGCF devra répondre à toutes les demandes des agents du bureau.

Article 3
Les impôts demandant une retenue à la source (La retenue à la source est une technique de prélèvement de l'impôt. Elle est réalisée pour l'État par un tiers payeur tel qu'un employeur ou encore une banque avant même le versement des revenus cités à l'article 1) sera appliqué à tout les citoyens républicains éligibles qui investissent des capitaux en bourse auprès d'organismes de placement.

La retenue à la source s'applique également lorsque les impôts sont payés hors de la République. L’établissement payeur de ces versements (entreprises ou banques) adresse chaque année à l’administration fiscale, une déclaration mentionnant le montant, la date, l’émetteur et le destinataire de chacun des versements.

Article 4
Les personnes physiques, soumises à une imposition, dont les revenus mensuels sont supérieurs à 1 500 000 crédits devront être soumis à une retenue à la source. La retenue à la source comprend également les personnes morales (Une personne morale est une entité dotée de la personnalité juridique, ce qui lui permet d'être directement titulaire de droits et d'obligations en lieu et place des personnes physiques ou morales qui la composent ou qui l'ont créée (par exemple : entreprises, associations…) ;

Article 5
Les services de recherche (DGCF) disposent principalement de quatre types de procédures de collecte d’informations strictement encadrées par la loi : Le droit de communication (Peuvent voir toutes les informations fiscales d'une personne), le droit d’enquête (Peuvent enquêter sur toute personnes suspectées de fraude) La procédure de visite et de saisie (En présence d'un juge, le DGCF peut fouiller les lieux de travail et de vie de la personne) La flagrance fiscale (dresser un procès-verbal et mettre en examen la personne).

Article 6
La DGCF est aussi en charge du contrôle des banques.

La DGCF est chargée également de la supervision du secteur des assurances.

La DGCF peut procéder à des examens de la situation financière des établissements bancaires et d’assurance. La DGCF procède au contrôle des conseillers en investissements financiers et au contrôle des démarcheurs financiers.

Il faut noter également que la DGCF est à l'écoute des citoyens de la République qui peuvent informer les agents du bureau de suspicions de fraude pouvant mener à une enquête. Dans le cadre de cette démarche, lesdits citoyens peuvent demander l'anonymat, une protection de la police si jugée nécessaire par la DGCF et ne peuvent être poursuivis pour diffamation.

Article 7
Les produits et entités économiques imposés par les taxes suivantes peuvent se voir appliqué une retenue à la source : Les contributeurs à l'impôt sur les sociétés, à la Cotisation foncière, cotisation sur la valeur ajouté, imposition forfaitaire, taxe d'habitation, redevance des mines, impôt sur le revenu, produits d’actions et parts sociales.

La retenue à la source est appliquée par l’établissement payeur lors de la mise en paiement des versements mentionnés sous contrôle de la DGCF.

Article 8
Le prélèvement à la source ne s'applique pas aux revenus qui sont déjà épargnés, ni aux revenus exonérés d'impôts pour les entreprises.

Article 9
Certaines personnes peuvent obtenir le remboursement de la retenue à la source s’il apporte la preuve que ses revenus ne viennent pas d'investissements dans le but d’obtenir l’octroi d’un avantage fiscal.

Article 10
La DGCF n'est pas en mesure d'appliquer des sanctions financières aux contrevenants fiscaux découverts après enquête. Cependant les sanctions peuvent aller d'une amende de 500% de la somme fraudée à 10 ans d'emprisonnement ferme selon la loi républicaine.

La DGCF saisira un tribunal en instance exceptionnelle. La partie civile ainsi que le procureur de la République seront accompagnés par des membres de la DGCF.
Evea Ekway
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La métaphore du vent glacial sifflant dans les couloirs de l'assemblée met à bas, en réalité, la brise de fraicheur - tout aussi métaphorique - soufflant dans les voiles de la Sénatrice Ekway. La sénatrice d'Alderaan en question était en ce jour magnifiée par la lumière des projecteurs qui se braquèrent sur sa petite personne lorsque son nom résonna au sein de la rotonde. La nacelle anti-grav de la pantoranne s'éleva dans les airs, descendit quelques niveaux, permettant à tout les Sénateurs présents de distinguer l'humanoïde se tenant droite dans une posture de fierté accompagné d'un large sourire.

Un sourire qui s'effaça bien vite au fil de son discours.

Monsieur l'orateur, mes très estimés collègues sénateurs. La Fleur Bleue - comme certains la surnommait - s'exprimait selon le très strict protocole comme à son habitude.

Si je suis devant vous en ce jour c'est pour présenter un projet de loi contre la fraude fiscale, un sujet difficile à aborder mais bien réel, inutile de continuer de fermer les yeux sur cette immense inégalité qui plombe toute une économie depuis des siècles. La lutte contre la fraude et l'évasion fiscale constitue un sujet majeur, non seulement en termes de finances publiques, mais aussi en termes de justice sociale. Le récent rapport de la Cour des comptes dresse un bilan assez sévère de la lutte contre la fraude et l'évasion fiscale. Le vote du récent projet de la loi Ozmac ne nous permet pas d'entrevoir une quelconque amélioration de la lutte contre la fraude fiscale, c'est la raison pour laquelle il convient de procéder au dépôt de notre proposition de loi. Elle ne regardai même pas ses notes, ne quittant pas des yeux l'assemblée.

L'article 1er vise à la création d'un nouveau bureau cellulaire d'investigation. La Direction Générale des contrôles fiscaux aura la mission de procéder à des enquêtes judiciaires à l'encontre de contrevenants éventuels ou confirmés aux prélèvements fiscaux. Si les enquêtes se montrent fructueuses, des condamnations comme stipulées dans l'article 10 de notre proposition seront appliquées par le tribunal républicain saisi. Elle fit un geste large du bras.

Mes très chers collègues, il est important de rappeler que d'après l'organisme statistique Ecoruscant, l'année passée la fraude fiscale représente près de 490 milliards de crédits perdus pour les caisses de l'Etat. Des chiffres alarmants qui se décomposent en résultats catastrophiques. Je vous prie de prêter attention à ce chiffre : 86% de ces 490 milliards sont retirés du circuit de redistribution par des grandes entreprises inter-galactiques qui préfèrent cacher de telles sommes plutôt que de les livrer aux impôts publics afin de rembourser la dette républicaine, participer à l'égalité des chances ou encore à investir dans la santé publique et tant d'autres domaines en manque de fonds ! Même pour citer ces chiffres, elle n'avait pas baissé les yeux. La fraude fiscale est donc une tare qui ne fait qu'alourdir la crise économique que nous traversons.

L'article 2 corrige une vieille erreur grave qui freine les enquêtes policières actuelles. En effet des lois sont déjà passées à ce sujet en incitant la police républicaine à enquêter sur la fraude, sauf que comme le montre les chiffres, ce système est inefficace. L'article 2 permet donc à la DGCF d'exiger entière collaboration des collectivités territoriales afin d'accélérer la vitesse d'action. Car oui, lorsqu'un contrevenant apprend que des enquêteurs vont venir inspecter ses registres comptables, le temps que l'administration fournisse les pièces nécessaires, le contrevenant a déjà falsifié les dossiers et couvert les fraudes. La Pantoranne parlait à présent avec véhémence.

La Direction générale des contrôles fiscaux ne sera pas ralentie par ces procédures et procédera immédiatement aux investigations comptables sans laisser un seul crédit disparaitre alors que ceux qui réalisent ces fraudes ont bien plus de crédits que nous tous réunis ici. La DGCF agira donc avec un objectif budgétaire qui vise à recouvrer avec rapidité et efficacité l’impôt éludé dans une finalité de lutte contre la fraude qui sanctionne les comportements les plus frauduleux, sur le plan financier voire sur le plan pénal selon l'article 10 du présent texte de loi. Son sourire avait totalement disparu à présent.

Il a été prouvé par des études comme celles des économistes Loya Varn et Jacinto Tarwin publiées le mois dernier, que le meilleur moyen de lutter contre la fraude est d'appliquer une retenue à la source des flux imposés en parallèles d'une surveillance étatique. L'article 3 et 7 viennent implanter la retenue à la source pour les contributeurs aux impôts vitaux au financement public. En effet, au lieu de courir après les crédits dissimulés aux confins de la galaxie ou stockés au sein de comptes douteux de paradis bancaires, la DGCF appliquera, en parallèle de ses enquêtes fiscales, une retenue à la source en collaboration avec le ministère de l'économie et des finances afin que les taxes publiques soient immédiatement prélevées en se focalisant sur les grandes fortunes et entreprises brassant des revenus considérables. Evea Ekway connaissait son sujet sur le bout des doigts.

Enfin, nous donnerions un pouvoir d'action à la DGCF qui permettrai de traduire en justice tout les fraudeurs qui seraient pris dans les mailles du filets par les enquêtes qui auront été menées. Ainsi la DGCF travaillerai avec les banques inter-galactiques ainsi que les assurances qui paraissent toutes deux impliquées dans les fraudes dans 90% des cas détectées lors des dix dernières années, et tout cela sans aucune sanction ! D'après l'Autorité des marchés financiers, le montant des seules opérations de prêt-emprunt de titres sur les valeurs boursières est ainsi multiplié par 8 au cours de la période de versement du dividende, soit un montant total de 183 milliards de crédits l'année passée contre un montant médian de 23 milliards de crédits. Elle parlait à présent avec une très forte véhémence.

Surtout, il est possible de recourir à des instruments financiers à terme permettant de reconstituer une détention synthétique des actions : l'acquéreur non-résident en détient tous les éléments de rendement, revenus et plus ou moins-values, sans en être le propriétaire juridique. Ces instruments donnent lieu à des flux financiers qui permettent de rémunérer indirectement le véritable propriétaire des actions ou parts sociales sans être qualifiés de dividendes et sans subir de retenue à la source. Pas de propriétaire ? Pas d'imposition. Suis-je la seule à trouver cela anormal ? Sa mine assurée se mua en une expression de profonde affection, voire de tristesse.

L'administration fiscale est, dans ce cas, largement dans l'incapacité d'effectuer les contrôles nécessaires pour requalifier, le cas échéant, ces flux financiers en versements de dividendes. La DGCF aurait ainsi un droit de regard sur ces transactions, permettant ainsi de contrer la réalisation de ces dividendes invisibles. A présent un sentiment de révolte se laissait sentir dans son ton inébranlé.

Nous vivons dans une belle société, j'aime la république autant que vous, c'est pourquoi je dépose cette proposition de loi devant vous en ce jour en vous priant de tenir compte des faits que je viens de relever lors de votre jugement. Nous traversons de nombreuses crises, aidez moi à stopper l'une d'entre elles en éliminant la fraude de notre système économique. Remarquant le voyant lumineux signalant la limite de son temps de parole s'allumer, elle conclue.

Tel est l'objet de la présente proposition de loi.

Des applaudissements se firent entendre dans l'assemblée et résonnèrent très fortement, apparemment elle avait marquée les esprits en se basant sur des faits. Et non des spéculations.

Elle sourit avec humilité.

Tout était bien huilé : Après ça aucun sénateur ne pourrai voter contre la proposition de loi sans se prendre les foudres du peuple. Enfin ! Qui voterai contre une loi voulant freiner la fraude ? Personne à part des personnes ne tenant pas à leur poste. Evea s'attendait cependant à des objections et des demandes d'amendements. Des corrections seront demandées, c'était presque sûr, et dans le cas contraire, elle reconnaitrait la réelle valeur morale des sénateurs auxquels elle s'adressait, une valeur dont elle doutait pour certains, sur le plan moral.

Paul Hardin
Paul Hardin
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Ils marchaient d’un pas décidé, presque léger, mais leurs mains, entrelacées, trahissaient la tension dans leur posture. Les « toc », tantôt discordants, tantôt synchrones, rythmaient leur avancée dans ce couloir de marbre. Malgré la drue lumière qui baignait aujourd’hui l’extérieur de la Rotonde du Sénat, l’intérieur était toujours si sombre, si contrasté, renforçant la faste majesté de ce lieu.
Le grondement de la salle d’audience croissait à mesure qu’ils s’approchaient. Eux demeuraient silencieux, concentrés. Leurs yeux fixaient leurs chaussures cirées, leurs fronts se sillonnaient de rides soucieux. Il semblait qu’ils n’aient aucun besoin des mots, que leurs mains catalysaient leurs pensées, transmettaient leurs appréhensions et rassuraient l’être aimé.
« C’est un nid de guêpe. Surtout aujourd’hui. » dit une voix féminine.
« Je sais. » répondit une voix masculine.
« Ne te moque pas de moi, Paul. Je déteste ça. Je le répète : surtout aujourd’hui.
— Je ne me moque pas de toi, je le sais certainement, mais je n’y peux rien ! C’est important d’en parler.
— En parler, certes, mais…
— Surtout parce que la loi est portée par la Sénatrice Ekway.
— Justement parce qu’elle est portée par la Sénatrice Ekway. Elle pense une seule seconde que sa proposition de loi peut passer ? Elle n’est pas différente de toi, elle est naïve. »
Ce dernier mot, prononcé d’un cri emporté, résonnait encore entre les colonnades. Le visage d’Ariane se referma.
« Vas-y, crie plus fort, tant que t’y es. Elle n’est pas naïve, elle met le doigt là où ça fait mal. Surtout à ce Gouvernement.
— Bah voyons. Et toi, tu te mets le doigt dans l’œil.
— Je te reconnais pas là, allons. Pourquoi t’es si défaitiste ? C’est parce que j’ai pas fait la vaisselle ce matin ? » Il sourit.
Nouveau silence de quelques secondes. Ariane laissa échapper un soupir sonore.
« Je le sens pas. On aura encore tombé une telle masse de travail pour rien. Je le sais.
— Tu le sais ? Bon, et quand serais-je chancelier alors ?
— Rah, ta gueule. »
Il ne restait qu’une cinquantaine de mètres à franchir pour que Paul et Ariane n’arrivassent à l’entrée de la Rotonde. Un an après son élection, Paul ressentait encore cette petite décharge d’adrénaline d’excitation, cette petite torsion de l’estomac d’anxiété, cette boule à la gorge de dignité. Ils présentèrent leurs badges, l’un de Sénateur, l’autre de conseillère et prirent place dans la coupole dédiée à Druckenwell.

Devant eux s’afficha bientôt l’ordre du jour, visuellement translucide, mais bien concret ; quelques lignes qui promettaient d’âpres tractations. Paul s’imprégnait de l’ambiance, il s’imprégnait de cette dizaine de minutes d’un brouhaha presque insouciant qui précédait invariablement les débats, aux antipodes de l’électricité qui s’installait ensuite. Il appuya sur la touche de demande de prise de parole qui se mit à luire d’un vert pâle. Il ne se berçait pas d’illusion, Ariane marquait un point : le Gouvernement avait toujours défendu une politique mercantile et libérale qu’il aurait volontiers qualifié de débridée, d’extrême. Santé économique et mesures sociales devaient œuvrer de pair et non s’affronter pour finalement s’annuler.
Cette loi, enfin, attaquait de fouet, avec une hardiesse rare en politique fiscale, un problème qui bénéficiait d’une omerta savamment entretenue. A la mesure des explications égrenées par la Sénatrice Ekway, levant parfois un œil acéré vers le projet de Loi, Paul griffonnait ses propositions, structurait sa prise de parole ; dans l’ordre de celles-ci, il interviendrait juste après.

Le micro se déploya devant Paul. Il cligna plusieurs fois des yeux. Un grésillement infime et strident.

« Chères Sénatrices, Chers Sénateurs, chers concitoyens républicains,

Il était plus que temps. Il était plus que temps qu’une loi encadrant notre politique fiscale soit proposée, qu’une loi vienne donner toute légitimité à une entité afin de combattre ce qui, ainsi que le rappelle Madame la Sénatrice Ekway, coûte chaque année, à la République, des centaines de milliards de crédits indûment défiscalisés.

Je tiens à féliciter Messieurs et Mesdames Sénateurs et Sénatrices, tout d’abord, pour leur travail à ce sujet et leur assure mon plein soutien.

Je me permets de rappeler qu’il n’y a guère longtemps, nous débattions encore et entérinions en grande majorité — et à mon grand désespoir — les tenants et aboutissements de la Loi Ozmac. Vous avez abrogé les lois de nationalisations et vous avez réduit les aides aux entreprises et associations. Vous avez transféré l’assurance-maladie, pourtant balbutiante, au secteur privé ! Vous avez libéré les efforts de solidarité aux plus démunis à destination des organisations philanthropiques. La liste est encore longue et les bras m’en tombent.

Que justifiait un tel recul de l’Etat, un tel reniement de notre rôle, un tel désistement de nos missions ? La rigueur budgétaire.

Et, à ce moment-là, le Sénat a-t-il seulement pensé que nous perdions 490 milliards de crédits par an ! Par an ! Alors oui, je suis désolé, messieurs, mesdames, mais cela me met hors de moi de voir où nous en sommes. A ce titre, j’espère que nous pourrons réparer les torts que nous avons commis envers le peuple Républicain en votant cette importante Loi.

Certains chiffres ne mentent pas. L’Institut de la Statistique Républicaine (ISR) a rappelé que, pour l’année passée, nous célébrons le triste record d’une hausse de 79% de la pauvreté chez les salariés et professions les moins éduquées. Dans le même temps, les entreprises ont enregistré des bénéfices colossaux à l’échelle républicaine. Il est illusoire, et le mot est faible, de penser que des organisations philanthropiques peuvent parer à cet immense problème social et sanitaire. Parallèlement, la mortalité dans ces classes a augmenté également. Voilà les résultats de la Loi Ozmac. Alors, sur cette base, récupérons ces crédits que nous pourrons réinvestir chez ceux qui en ont le plus besoin. »

Des vivas s’élevaient par endroits. L’Orateur frappa plusieurs fois sur son pupitre.
« Monsieur Hardin, recentrez votre propos, s’il vous plaît ! Nous ne débattons pas du pacte socio-libéral. S’il vous plaît. Il vous reste cinq minutes. »

« Pardonnez-moi, Monsieur l’Orateur.
Je suis POUR cette loi, sous réserve de quelques amendements que je propose ci-après :

En premier lieu, à l’article 1er, au paragraphe 1er : à la proposition d’une tutelle du Ministère des Finances, je propose soit une tutelle du Ministère de la Justice, soit une double-tutelle des deux ministères. Il paraît que, au vu des prérogatives de puissance publique confiées à la DGCF, il soit nécessaire d’institutionnaliser ce formalisme judiciaire.

A l’article 3, paragraphe 2nd : à la proposition « lorsque les impôts sont payés hors de la République. », il convient de préciser, je le pense, à quoi correspondent exactement lesdits impôts, pour clarté.

A l’article 6, paragraphe 4 : à la proposition « ne peuvent être poursuivis pour diffamation », je propose que cela soit retiré. En effet, ce droit doit être laissé sur le principe de la présomption d’innocence et d’une justice accessible à tous. Cela doit permettre le débat judiciaire. Toutefois, l’acception de l’atteinte diffamante doit être soumise à l’appréciation souveraine in concreto des juges du fond quant à la proportionnalité entre l’attaque diffamante, l’atteinte aux droits de l’accusé et l’intérêt général défendu.

Enfin, deux questions sur lesquels je demande éclaircissement. En premier lieu, qui seront les membres de la DGCF ? C’est une question cruciale car cet organisme, en l’espèce, doit bénéficier d’une entière légitimité pour la population comme pour les instances dirigeantes des entreprises et de la République. Nous devons pouvoir fournir une preuve de probité exemplaire des membres. Ensuite, et pour conclure, ne devrions-nous pas envisager un encadrement indépendant des secteurs bancaire et assurantiel. Leur importance dans l’économie est telle qu’au regard des nombreuses missions déjà confiées à la DGCF, il semble difficile qu’elle encadre efficacement les activités bancaires et assurantielles.

Je vous remercie pour votre écoute et félicite, à nouveau, la Sénatrice Ekway. »
Kil Regh
Kil Regh
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La venue de la Dame de Glace dans la Rotonde n'allait pas atténuer l'effet produit par le vent froid soufflant au Sénat. Bien au contraire.

Prenant place dans sa nacelle anti-gravité, accompagnée de son fidèle droïde de protocole aux reflets dorés PR-3PO, elle salua d'un signe de tête ses homologues échanies. La Sénatrice Regh avait eu l'occasion de "converser" avec elles sur le sujet du jour par le biais traditionnel des arts martiaux. Hélas, elle devait se rendre à l'évidence (ce qui n'était pas facile pour quelqu'un qui ne se rendait jamais) : les cinq autres diplomates du système Eshan ne se rangeraient pas toujours derrière elle. Kil Regh manquait d'influence, de réseau et de poids politique.
Sans parler des difficultés qu'elle rencontrait en voulant rapprocher le Rassemblement Patriote de l'Alliance Contre l'Oppression. Un projet politique bien naïf qui risquait de tomber à l'eau car le RP marchait main dans le main avec le Front Libéral Républicain de Grendo S'orn. La preuve se trouvait dans la composition du Gouvernement, qui indiquait clairement une coalition RP-FLR. D'une manière ou d'une autre, le RP soutenait-il la paix illusoire du Traité d'Ossus? N'était-ce qu'un ramassis de politicards assis confortablement sur leurs valeurs? A vérifier. Mais ceci était une autre histoire qui n'avait pas sa place ici...

Kil observa un instant ses collègues échanies. D'anciennes guerrières émérites pour certaines, d'importantes religieuses pour d'autres. La plupart de ces femmes faisaient parti d'illustres familles (certains parleraient volontiers de "clan"). Elle s'adressa alors à PR-3PO.

- Concernant cette proposition de loi, je ne les ai pas complètement vaincu.

- Madame, ne voulez vous pas dire "convaincu" au lieu de "vaincu" ?

- Oh, ces deux notions sont assez proches chez nous.

Soudain, le silence se fit et l’orateur sénatorial annonça l'objet de la proposition de loi à débattre : la lutte contre la fraude fiscale. Puis il donna la parole à l'initiatrice de ce texte, la dénommée Evea Ekway.

Kil écoutait les paroles de son alliée politique. Qui l'eut crut ? Une guerrière telle que la Dame de Glace pouvait avoir du respect pour une socialiste pacifiste. Il fallait dire qu'Evea Ekway, Sénatrice d'Alderan, se battait avec véhémence. Aussi concret que des lames, ses armes furent les chiffres et les faits. Kil appréciait ses méthodes et, au fond d'elle, elle vibrait à l'intonation de la voix de la Pantoranne. La Sénatrice d'Eshan se souvenait des échanges que les deux femmes avaient eu concernant cette proposition de loi. Ekway avait cherché du soutient, Kil avait accepté avec la condition de durcir la loi sur deux ou trois points.

Au fur et à mesure que les articles étaient énoncés, Kil sentit également une certaine satisfaction monter en elle : délation et pouvoir serviraient cet organisme chargé d'enquêter, nommé DGCF.

Vint ensuite le tour de Paul Hardin de prendre la parole. Encore un socialiste qui voulait aidé celles et ceux dans le besoin... Kil fronça les sourcils. Non à l'assistanat. Que celles et ceux qui veulent s'en sortir le fassent et se battent ! A donner, donner, donner, les gens finiront par en oublier le goût de l'effort. Mais dans le fond, ce Hardin avait raison : l’État ne devait pas déléguer ses missions, son rôle, ses secteurs à ceux qui ne pensaient qu'au profil. Kil était convaincu d'une chose: nationaliser pour mieux contrôler et, déjà, il y aurait moins de chance d'avoir des fraudeurs!

Concernant les réserves et amendements énoncés par Hardin, Evéa l'avait prévenu. Après tout, la Pantoranne était plus expérimenté que Kil. Certaines choses auraient du mal à passer auprès de leurs collègues, notamment au sujet des lanceurs d'alerte, protégés contre la poursuite pour diffamation.

Kil Regh soutenait cette proposition Loi, comme son nom l'indiquait au début du texte de loi. Alors elle demanda la parole.

Son tour vint, il était temps de rentrer dans l'arène.

Pour cette journée, l'Amirale échanie arborait le tabard blanc fendu sur le devant, finement ornementé des formes cousues de fil bleus, propres à son rang militaire. Il présentait des épaulettes renforcées qui accentuait l'aspect autoritaire de sa porteuse. Un col haut anthracite soulignait le posture hautaine, droite (rigide?) et fière de la dame aux cheveux blancs.
Tout en contraste avec son droïde dorée à ses côtés.

D'une voix calme et impérieuse, elle prit la parole pour délivrer un message simple.

- Les chiffres et les faits sont clairs. La fraude fiscale est un ennemi à abattre. Qui oserait s'opposer à cela parmi nous ?

Regh laissa un léger répit dans ces paroles. Le message était clair. "Votez contre et on saura chez qui la DGCF ira fouiller."

Puis, son regard froid se posa sur Paul Hardin.

- Quant à l'argent économisé, je pense qu'il serait plus avisé de l'utiliser pour consolider l'Armée aux frontières - surtout avec un Empire prêt à changer de mains - mais cela fera certainement l'objet de prochains combats.

A ce moment là, le droïde protocolaire de Kil sembla donner une information dans l'oreille de l'Echani. Cette dernière réactiva alors le micro.

- Je vais rectifier mes propos : je voulais dire "de prochains débats". Dans ma langue natale, ces deux mots se traduisent de la même manière.

Son introduction, brutale et courte, et son aparté sur le fait d'investir l'argent dans l'armée, ne pouvaient suffire. Elle continua donc pour développer son point de vue.

- Je vais appuyer les propos de la Sénatrice Ekway. Vous constaterez que cette loi repose sur la prévention et la répression. Tel un bouclier et une épée, ces deux éléments sont complémentaires pour affronter cet ennemi. En effet, la prévention se présente sous la forme du prélèvement à la source, limitant les possibilité de frauder. La répression, quant à elle, prend la forme d'une DGCS avec une grande rapidité d'action. En effet, quel est l'intérêt de manier une épée avec la lenteur des procédures administratives que nous connaissons ? Avec cette Loi, nous pouvons ôtez un poids au bras qui maniera cette arme. Les contrevenants n'aurons plus qu'à trembler.

Je vais maintenant rebondir sur les propos du Sénateur de Druckenwell. Je suis également pour une double tutelle, mais prenons garde à ne pas alourdir le travail de la DGCS en doublant son temps pour rendre des comptes.
Concernant la présomption d'innocence, je persiste qu'un lanceur d'alerte ne devrait pas être poursuivi pour diffamation. Protégeons le. Toutefois, si l'enquête de la DGCS indique de fausses déclarations de sa part, ou des accusations sans fondement, qu'il soit condamné par la justice par le biais de cette enquête, et non par la volonté d'un éventuel fraudeur qui souhaite se défendre!
Enfin, qui seraient les membres de la DGCS ? Bonne question. Des membre de la police semblent être entièrement légitimes pour tous, avec des conditions d'entrée pour s'assurer de leur probité, bien entendu.
Je vous remercie. J'ai fini.


Le fin fut aussi brutale que le début. En même temps, Kil Regh n'était pas connue pour être une oratrice s'étalant, préférant la simplicité, l'authenticité et l'efficacité. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire. Loin d'elle, les belles phrases alambiquées, bien enrobée de miel. À d'autres.
D'ailleurs, à qui le tour?
Floaz Rĭ’i
Floaz Rĭ’i
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Était-ce en raison du temps désastreux que je m’étais levée de si mauvaise humeur ? Ou bien peut-être parce qu’hier soir à la télé mon candidat favori n’avait malheureusement pas su décrocher sa place en finale pour l’ultime défi de pâtisserie… Pauvre Dimitri. En tout cas, en cet instant précis, l’unique chose qui occupait mon esprit et qui me prenait la tête, était la proposition de loi Ekway. Alors je ne remettais aucunement en cause la lettre du texte, plutôt noble et attendue venant d’une femme se disant socialiste, mais je devais admettre que sa confection semblait avoir été très maladroite, et mon étude du texte n’avait pas été de tout repos tant je m’étais butée contre les incohérences et les maladresses qui lézardaient ce texte de loi. Ce fut donc sans réelle surprise que je réclamai la parole, et n’attendis plus que le feu vert de l’Orateur sénatorial pour intervenir dans la rotonde, mes notes prêtes, et ma voix parée. On m’appelait enfin.

- La parole est à présent à la Sénatrice Rĭ’i, représentante du système de Dorin et présidente de la commission de la Législation générale. Nous vous écoutons madame la présidente.

Se détachant du reste de l’édifice, la nacelle de la délégation Kel Dor s’envolait à présent et flottait au centre de la rotonde. Datapad en main -car il ne fallait pas non plus trop en demander à ma mémoire de vieille bique-, je me levai.

- Mesdames et messieurs les Sénateurs, chers collègues,

Je n’avais intentionnellement pas salué l’Orateur Sénatorial qui n’avait à mes yeux pas sa place dans ce Sénat. L’ingérence du pouvoir exécutif dans les affaires du législatif avait toujours eu l’art de m’excéder, et je ne voulais certainement pas débuter ma prise de parole d’ores et déjà agacée.

Je pense que la séance d’aujourd’hui est importante à plus d’un titre. En effet, il ne vous aura pas échappé que dans divers coins de la République jaillissent de timides aspirations indépendantistes, certaines populations, notamment de la Bordure Extérieure, remettant en effet en question la pertinence de cette République Galactique et l’importance de ce Sénat, de cette Chancellerie, et de ce système de gouvernement tout entier.

Dans une période où l’heure est donc au doute, je pense en effet qu’il est vital de ne pas négliger cette proposition de loi porteuse d’un idéal de transparence, car cette transparence, force est de constater que nous la devons à nos citoyens. En effet, nous ne pouvons engager de lourdes investigations sur les anciens Chanceliers que cette République ait connue, et refuser en même temps un texte aspirant à combattre la fraude et à punir les tricheurs. Le double discours est prohibé, la cohérence et la crédibilité de cette République étant de mise.

Si je crois donc dur comme fer en l’essence de cette proposition de loi, je me dois toutefois d’affirmer que dans l’état actuel des choses, ce texte ne peut, et ne doit surtout pas, être adopté par ce Sénat, tant il est rongé par l’erreur.

En ma qualité de présidente d’une des commissions de ce Sénat, je me dois d'abord de critiquer la forme elle-même de ce texte, et je ne vous cache pas toute la déception et le regret qui ont été miens lorsque j’ai constaté l’absence d’un exposé des motifs, j’estime que toute loi doit en effet être motivée, et il me semblait que le Règlement du Sénat se voulait particulièrement clair là-dessus. Encore de la contrariété lorsque j’ai cette fois-ci constaté l’absence de titres, ou de sous-parties, je ne vois aucune ligne directrice, aucun déroulement dans la proposition elle-même, bref un manque crucial d’intelligibilité. Si cette loi n’est pas claire pour ce Sénat, comment le sera-t-elle alors pour les individus qu’il représente ? Le droit n’a de sens que s’il est compris de tous et qu’il est ainsi populaire. C’est un objectif de valeur constitutionnelle que j’entends bien défendre aujourd’hui. Sans parler évidemment de l’emploi proscrit de certains verbes, et les faux-pas sont malheureusement encore nombreux, croyez-moi. Enfin vous l’aurez donc compris, j’ai l’impression que ce non-respect des règles, pourtant basiques, souligne avant même que l’on s’intéresse au contenu, tout le manque d’attention qu’a apporté la Commission du Trésor et de l’Économie à cette proposition de loi, et ce, à mon plus grand dam.


Ces remarques ne semblaient guère surprendre l’assemblée tant je traînais ma réputation de Sénatrice psychorigide qui cultivait un respect absolu et parfois clinique aux règles du processus législatif. En même temps, la crédibilité de ce Sénat était de mise, et dans la rotonde, nous ne sommes pas élus pour travailler qu’à moitié. Je repris donc.

Il est toutefois important à mes yeux ne pas jeter la pierre à la Sénatrice Ekway, c’est une législatrice inexpérimentée et d’une jeunesse que nous avons pour la plupart oublié, et il faut donc au contraire féliciter de tels actes de courage. Je pense surtout qu’elle n’a pas su être correctement accompagnée par la commission en charge, quel regret. Alors évidemment, nous pourrions éventuellement faire l’effort de fermer les yeux sur la forme maladroite de ce texte, mais le fond ne vient ma foi guère voler au secours de ces premières erreurs.

Je marquai une pause, jetant de longs regards à l’écran de mon datapad.

En l’absence flagrante de régularité de la part de la Commission du Trésor et de l’Économie, ma commission a donc pris l’initiative de rendre un avis informatif sur cette proposition de loi, avis que je vais sans plus tarder m’empresser de vous partager chers collègues. Je m’abstins de nouveau un instant, cherchant du regard la délégation alderaanienne. Madame la Sénatrice Ekway, nous avons bien compris que vous entendiez mettre sur pied une administration toute puissante, à la fois habilitée à s’intéresser aux banques, aux assurances, aux entreprises ainsi qu’à toutes les personnes physiques. Mais cette proposition de loi est-elle seulement réaliste et réalisable ? Il s’agissait évidemment d’une question purement rhétorique. Evidemment que non. J’espère ne rien vous apprendre quand je vous fais remarquer que notre République compte des milliards de milliards de citoyens, et vouloir tous les contrôler relève davantage du fantasme. D’autant plus que vous semblez oublier que nous sommes un État fédéral, laissez donc respirer les mondes, laissez-leur encore un brin d’autonomie. Sans parler du fait que sur Dorin nous avons par exemple déjà une Autorité Supérieure de la Transparence, dotée plus ou moins de la même mission que celle que vous souhaitez confier à cette Direction Générale des Contrôles Fiscaux. L’existence de cette dernière viendrait alors faire doublon et gêner les administrations planétaires, et j’estime qu’il faut limiter cette ingérence car nous sommes un État très étendu et très divers, et je pense vraiment qu’il est plus malin de laisser les mondes gérer indépendamment leurs affaires, ils sont après tout les plus à même de se connaître, vous en conviendrez tous.

Toutefois, tous les mondes ne sont pas forcément dotés d’un tel organe de transparence, alors cette proposition de loi pourrait sûrement inclure un article contraignant les systèmes républicains à se doter d’une telle institution, c’est quelque chose qu’il faut selon moi rajouter à ce texte et qui pourrait alors en devenir l’axe central.

Je propose également que plutôt de contrôler toutes les personnes physiques et morales de cette République, cette autorité administrative pourrait à la place s’intéresser seulement aux plus grandes entreprises, ainsi qu’aux haut-fonctionnaires républicains, c’est-à-dire aux haut-magistrats, aux sénateurs, aux membres du gouvernement, et plus en général, à toute la haute-administration républicaine, la transparence étant un gage de démocratie.

Cette autorité administrative, je pense aussi, et je l’exige même, qu’elle soit dotée d’une indépendance vis-à-vis de l’exécutif. La Direction Générale des Contrôles Fiscaux ne doit surtout pas être soumise au pouvoir hiérarchique du ministre, parce que vous dites qu’elle est rattachée au Ministère du Trésor et de l’Économie, mais elle doit en être indépendante, il en va de son impartialité. Cette nouvelle autorité administrative ne doit pas être instrumentalisée par le gouvernement qui pourrait alors mener une chasse aux sorcières, et uniquement à celles qui l’intéressent.


- Pensez à conclure madame la Sénatrice.

Je levai mes yeux en direction de l’Orateur sénatorial, avalai mon désagrément et me contentai d’opiner brièvement de la tête avant de reprendre.

- Oui, je vous remercie, j’avais presque terminé… Je soupirai. Une dernière incohérence qui me gêne donc, c’est la férocité avec laquelle vous comptez vous en prendre à tout : l’investissement y passe, la plupart des revenus également ; sauf les revenus épargnés, vous nous proposez un texte de loi ambitieux, presque enragé mais vous vous arrêtez face à l’épargne, comme subitement découragée et anéantie, pourquoi ? Il est par exemple de notoriété publique que l’assurance-vie est un paradis fiscal, et féconde en fraudes crapuleuses, pourquoi donc ne pas l’inclure ? L’épargne est connue pour être employée pour blanchir l’argent, mais vous ne vous engagez pas dans ce chantier, comme c’est regrettable

L’Orateur sénatorial m’asséna soudain un regard des plus criminels, je compris qu’il fallait impérativement que je finisse.

Je le répète donc une nouvelle fois, dans l’état actuel des choses, cette proposition de loi ne peut tout bonnement pas être acceptée. Mais je crois également que la refuser serait une grave erreur. Notre tâche de sénateur ne se limite pas à infirmer ou à confirmer un texte de loi, c’est aussi le modifier comme bon nous semble. Débattons chers collègues, améliorons ce texte, mais reportons son vote tant il est crucial de l’amender. Je vous prierai par ailleurs de notifier sur le procès verbal de la séance monsieur l’Orateur sénatorial que je formule une motion de renvoi en commission que vous devez inscrire à l’ordre du jour afin que nous l’étudions dans les plus brefs délais. De plus, j’exige que la Commission du Trésor et de l’Économie soigne davantage son travail, car ou bien son incompétence est telle qu’elle n’a pas vu toutes les erreurs qui criblent cette proposition de loi, ou bien celle-ci a sciemment laissé passer un tel brouillon en espérant la saboter, auquel cas je me vois aussi dans l’obligation de proposer la dissolution immédiate de cette commission sénatoriale.

L’Orateur Sénatorial intervint.

- Si je comprends bien madame la Présidente, vous déposez donc une mention de renvoi en Commission sénatoriale, ainsi qu’une demande de dissolution de cettedite commission ?

- C’est exact, je vous en remercie.

- Qu’il en soit ainsi. J’annonce donc l’interruption des débats sur la proposition de loi Ekway le temps de nous prononcer sur les motions déposées par madame Floaz Rĭ’i. La séance est suspendue pour cinq minutes. A tout de suite très chers collègues.

_____

Synthèse a écrit :
- Dépôt d’une motion de renvoi en Commission du Trésor et de l'Économie pour reétude de la proposition de loi
- Demande de dissolution de la Commission du Trésor et de l’Économie
- Formulation de diverses hypothèses pour opérer une refonte de la proposition de loi Ekwa

La Main de la Force
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Subitement, le Sénat vit les occupants de sa rotonde disparaître dans ses couloirs. Le coup de théâtre de Duralex (ndlr. Floaz) avait amené effervescence et piquant à un débat qui aurait pu mourir dans l'œuf, bousillé par les assauts tribaux du Front Libéral Républicain. Un café et une clope plus tard, les sénateurs et leurs délégations reprirent place dans leurs nacelles, tandis que l’Orateur sénatorial se préparait à prendre à nouveau la parole.

- Distingués collègues, comme vous l’avez très certainement compris notre séance reprend avec un ordre de jour bousculé par le dépôt de deux motions. Les discussions relatives à la proposition de loi de mademoiselle Evea Ekway sont pour l’instant ajournées, remplacées par l’étude d’une motion de renvoi sur laquelle nous devons nous prononcer, tout comme nous devons échanger sur la compétence de la Commission sénatoriale du Trésor et de l’Économie et acter ou non sa dissolution. Madame Tchiïki Ranya, Sénatrice de Chandrila, a demandé à exprimer son point de vue sur ces sujets. Madame la Sénatrice, la parole est à vous. Nous reprendrons ensuite l’ordre naturel des interventions qui est en train de s'inscrire sur vos datapads.
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Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Oui Alysanne, oui chers amis membres du Forum des non-alignés, maintenant je le savais, j’en étais convaincue. Mon absence n'avait été que brève, que battement de cil dans la vie d’une Galaxie. Je me souvenais encore m’être assoupie dans la plus grande quiétude le soir qui suivit la rencontre d’Alysanne, Evadné, Evea et moi-même avec les membres de l’Opposition. En effet, tout en sachant que j’avais laissé à mes comparses un plan d’attaque tiré au cordeau, j’avais pu m’occuper d'Isidore, mon petit-fils, qui semblait déjà aller mieux, mais avec lequel j’avais dû rester quelques jours de plus. Ainsi, j’avais également manqué le débat sénatorial portant la ratification du Traité d’Ossus. Cela ne posait cependant pas le moindre souci étant donné que ma grande amie avait su porter, aspergée de terre de soleil, nos convictions à la tribune. Il apparaissait clairement que ce discours avait été un réel tremplin pour débuter la campagne présidentielle piquante à souhait qui aurait pu porter Alysanne à la tête de l’AGPU.

Malheureusement, la Primadonna n'avait eu d’autre choix que de se résigner, toute la campagne que nous avions ensemble si bien ficelée était tombée à l’eau. Pourtant nous ne perdions pas espoir, nous nous étions à mon sens admirablement exercées à la pratique du plébiscite à l’échelle galactique, la prochaine campagne électorale que nous pourrions mener serait ainsi celle qui mènerait notre mouvement à la Chancellerie. Enfin, disons plutôt que c’était moi qui ne perdais pas espoir.. Alysanne avait elle tenté de se consoler avec le single malt. Son cœur et son âme étaient plongés dans la même torpeur, la même pénombre que son corps inerte car bien trop ivre. Elle vivait jours et nuits sans voir une once de lumière réchauffer sa peau d'ordinaire ardente. Le soleil brillait toujours sur Ralltiir, tandis que l’étoile de ce monde était éteinte. Les cigarettes après des ébats bien moins endiablés avec la Vice-Chancelière n’avaient même plus d’effet. In fine, je saurais comment lui redonner cette envie de retrouver sa force exaltante et son courage. Je continuais d’ailleurs à lui rendre visite autant que possible afin d’entretenir notre lien et notre amitié sororale si précieuse à mes yeux.

Amputé de son porte-monnaie pailleté, le Forum des non-alignés se devait de tenir. J’étais plus que prête à me démener et à user de toute mon abnégation pour que nous nous étendions encore, que nos propositions séduisent et ratissent un large électorat même peu politisé. Je resterais ainsi une personnalité à part entière au sein de l’Opposition et la figure de proue contestataire la plus à même de mener au pouvoir notre projet. Camina Ashford avait beau nous avoir délaissés, presque trahis pour rejoindre le gouvernement du batracien, ce n’était pas cette manœuvre savamment orchestrée qui détournerait Evea. Je sentais qu’elle saurait être tout aussi combative que moi et que nous pourrions compter l’une sur l’autre. La proposition de loi qu’elle venait de déposer semblait d'ailleurs témoigner de sa détermination et de son envie. J’avais lu ce qu’elle proposait et je pensais qu’en la jouant fine, qu’en étoffant ce texte, il y avait moyen de mettre un grand coup de pied dans le Hutt (l'establishment) et de le faire valser.

Comme je l’avais détaillé lors de mon intervention cinglante à l’encontre du projet de loi Ozmac, le nerf de la guerre restait d’abattre la finance galactique afin de mettre en place, à terme, un immense plan de reconstruction écologique de la République. Je pensais que réussir à arracher aujourd’hui au Sénat une simple mesure de bon sens et de justice sociale un peu ambitieuse comme l’adoption d’un taux d’imposition unique sur les sociétés républicaines et leurs filiales hors de nos frontières serait déjà un grand bond en avant. De cette manière, seuls les avantages comparatifs légitimes de chaque Monde guideraient l’investissement des sociétés. Les Mondes tricheurs n’auraient qu’à réorienter leur économie : adieu bon nombre de paradis fiscaux et de sociétés écrans.

Une première phase de débats venait de prendre fin au sein du Sénat. L’Orateur sénatorial reprenait la parole puisque la Sénatrice de Dorin, la Kel Dor Floaz Rĭ’i, venait de déposer une motion de renvoi de la proposition de loi d’Evea en Commission du Trésor et de l’Économie, doublée d’une demande de dissolution de ladite commission sénatoriale car la présidente de la Commission de la Législation générale qu’elle était supputait un cruel manque de régularité dans l’examen de la proposition qu’Evea avait rédigée seule et sur laquelle elle avait fait apposer la signature de nos compères non-alignés. Je reçus la possibilité de m’exprimer à ce sujet et commençai donc :

- Monsieur l’Orateur sénatorial,
Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement présents ce jour,
Honorables collègues,
Mesdames et messieurs,

Je vous remercie tout d’abord de me prêter à nouveau l’honneur de prendre la parole devant vous. N’en déplaise à nos presque bien-aimés dirigeants, mon absence au précédent débat relatif à l’examen du Traité d’Ossus ne signifiait pas que la vieille peau socialiste que je suis avait disparu ! Plus sérieusement, j’ai souhaité brièvement m’exprimer afin de soutenir les deux motions déposées par madame Rĭ’i.

Je pense, comme l’a rappelé mademoiselle Ekway dont l'abnégation est à saluer, que la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales est une absolue nécessité tant ce vice entache notre image et représente une manne financière conséquente pour nos finances publiques. Malheureusement, – et je suis contrite de devoir te l'annoncer, Evea, tant je suis fière de toi – ta proposition de loi nécessite, en l’état évidemment, d'être quelque peu revue. Elle regorge néanmoins de propositions, certaines sont même très intéressantes et je me ferai une joie de travailler avec toi sur ce texte. Tu peux croire que je suis aussi là pour t’accompagner, l’essence même du Forum des non-alignés est d’être un club de dialogue et de réflexion ouvert et transparent. Après tout, nous faisons tous des erreurs, les traités de libre-échange entre Alderaan et Ralltiir, ainsi qu’entre Alderaan et Umbara pour lesquels la Sénatrice Pantoranne a autrefois durement œuvrés sont le parfait exemple de sa capacité à réussir.
Je ne voulais aucunement tailler Evea, ni la froisser, l’insouciance de jeune Sénatrice qui était la sienne n’avait pas à se faire écraser par l'appareil bureaucratique du Sénat ; il m’apparaissait toutefois bien plus bénéfique et formateur d’être honnête avec elle. Je sentais qu’au fil de mon intervention, ma voix s’était faite maternelle, voire peut-être maternante.

Mademoiselle Ekway, monsieur Hardin et madame Rĭ’i ont tous trois parfaitement raison lorsqu’ils clament que ce gouvernement, dont l’ultra-libéralisme enferme nos concitoyens dans une spirale déflationniste, dépressionniste et paupériste, n’affichera jamais l'objectif de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales. Ainsi, c’est à nous de nous rassembler. Oeuvrons unis, nous avons tout intérêt à faire front commun pour résister aux dangereuses intentions du Front Libéral Républicain. Soyons ceux qui auront défendu les services publics grâce aux sommes que nous récupérerons aux malhonnêtes et non ceux qui se seront couchés. Pas à pas, nous sortirons de la situation dans laquelle nous sommes pour renouer avec les avancées sociales, ce progrès tant décrié par le parti des sornettes. Si par les temps qui courent nous n’avons pas l’audace de nous attaquer aux vrais problèmes, nous courrons vers notre perte. Prouvons à nos concitoyens que nous sommes dignes de leur confiance, que nous les respecterons toujours et que nous ne les laisserons jamais, au grand jamais, tomber. Montrons à ce gouvernement que nous pouvons appuyer là où ça fait mal et cibler ses intérêts. Permettez-moi un rapide exemple étayant mon propos : Voyl Clawback, perfide magna de la finance tristement célèbre est à la fois directeur adjoint du Clan Bancaire Intergalactique, ainsi que grand trésorier et membre du comité central du FLR. À mon sens et j’espère que vous en conviendrez, ceci est la preuve même d’une collusion insupportable. Ce gouvernement entretient une divine idylle avec le monde de la finance, le grand coupable de nos maux économiques, du dumping social et environnemental. Il travaille main dans la main avec les actionnaires des entreprises les plus vicieuses ; vous savez, celles qui servent à leurs actionnaires les fruits du labeur des honnêtes gens sur un plateau d’argent, celles qui par la dépossession, le dol et le pillage gavent les élites économiques. Comme en témoignait son regard d’épouvante, l’Orateur sénatorial était interloqué, stupéfait par les vindicatives vociférations que j’adressais à son propre parti politique.

Montrons-leur que nous ne nous laisserons pas faire, que même s'il a menti pour se faire élire, l'exécutif ne marchera pas sur les plates bandes de notre Sénat, ne nous fera point obstacle, ne nous musellera guère. Contrairement aux dires de certains, nous restons, bien plus qu'utiles, nécessaires ; ce Sénat est d'une importance capitale. Pour reprendre, il est impératif que nous nous attaquions à la fraude et à l’évasion fiscales, car il en va d’un enjeu de moralisation de la vie publique et politique républicaine. Nous n’avons qu’à opérer une refonte de ce texte pour y instiller nos idées à tous, ainsi nous ferons même en sorte d’y associer les Mondes et de le faire au mieux correspondre avec nos idéaux et l’habeas corpus. Pour ce faire, des mesures proportionnées et rassembleuses, débouchant sur des actions concrètes plus respectueuses de la séparation des pouvoirs sont la clef. Je suis d'accord avec la Sénatrice Rĭ’i lorsqu'elle souligne le risque que dans sa version actuelle cette proposition de loi envisage une super-structure qui n'est, à mon avis, pas souhaitable tant elle opérerait un mélange des genres et s'occuperait de tout. J'acquiesce également aux réserves formulées par le Sénateur Hardin : il règne une confusion autour des revenus impactés par la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales. C'est pour cela que j'ai moi-même une proposition à vous faire. Je souris radieusement, avec la même bienveillance et la même douceur que nous les grands-mères mettons dans la confection des confitures.

Honorables collègues, vous avez déjà entendu les critiques documentées que j’ai légitimement asséné au projet de loi Ozmac, vous connaissez les positions qui sont les miennes, j’espère avoir fait mes preuves. Je m’en remets à vous et je me porte candidate à la présidence d’une toute nouvelle commission du Trésor et de l’Économie, convaincue que je saurais mieux orienter les travaux sur ce texte. Je vous prie d’accepter de me rejoindre, d’être ambitieux et croire en nos idées plutôt qu’aux absurdités du pouvoir. Je soutiens les deux motions de madame Rĭ’i et en dépose une troisième afin d’être élue par ce Sénat. Je repris place dans mon fauteuil.


Synthèse :
Vote en faveur des deux motions
Candidature à la présidence de la commission remaniée

☾☽

Evea Ekway
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On apprend tout les jours, que ce soit des choses nouvelles ou bien des concepts déjà vus que nous réapprenons, chaque jour est un apprentissage de la vie. Evea avait appris beaucoup aujourd'hui, en premier lieu elle venait de comprendre le sens du mot "inexpérimentée" dont certains médias l'affublaient depuis son arrivée en ces lieux. Jusqu'à présent elle n'avait absolument pas ressentie ce manque d'expérience qu'elle ressentait à présent. La pantoranne avait jusqu'à présent commis aucune faute, relevant toujours plus de défis, volant d'accord commerciaux en accords commerciaux signés avec succès, volant de séances du sénat en séances fort éloquentes. Elle se trouvait à présent face à son premier échec. Jusqu'à présent Evea Ekway n'avait déçue personnes, séduisant par son sourire et convaincant par ses paroles éclairées. Mais ce coup-ci, elle n'y était pas parvenue.

Beaucoup sur Alderaan la qualifiaient de pantin à la solde du Haut-Conseil. A aucun moment elle ne s'était sentie manipulée, nombreux étaient ceux qui craignaient que son manque d'expérience la mène à cette finalité. Cependant ce ne fut pas le cas, et ça ne l'est toujours pas. Mais elle avait déçue en ce jour, déçue ses collègues mais surtout était disgraciée aux yeux du peuple alderanien. Encore récemment elle parlait des élections sénatoriales, misant qu'elle repasserait à coup sûr pour un mandat complet au sénat. Le peuple voyant tout ce qu'elle a accomplie, il voterai pour que la pantoranne "inexpérimentée" continue de les représenter auprès de la République. A présent, elle en doutait très fortement, face à ce choc et cette chute dans la réalité, Alderaan n'allait certainement pas renouveler son mandat.

Mais jusque là au moins la Fleur Bleue pouvait relever la tête, en attendant son renvois de la fonction de sénatrice. Evea était connue pour beaucoup de choses mais certainement pas pour baisser les bras. Les dires de Tchiïki Ranya l'avait quelque peu inspirée pour prendre de nouveau la parole devant le sénat

- Mes chers confrères, consœurs et autres. Il était opportun de nos jours de préciser ce petit détail pour tout les autres genres (ou non-genres) en vogue.

Je reprend la parole avec l'aimable accord de Monsieur l'Orateur, cela dans le but de rebondir, très brièvement je vous l'assure, sur les dernières paroles prononcées au sein de la Rotonde. Des dires qui n'ont pas manqués de me surprendre, mais nous ne sommes pas ici pour défendre quelque égo puéril et encore moins de mener une guerre étriquée. Avec cela elle marquait sa maturité dont certains doutaient perversement.

C'est pourquoi je ne tenterai pas de défendre d'avantage la forme actuelle de la proposition de Loi que je vous ai présentée tantôt, ce qui ne ferait que fondre les débats, jusqu'à présent si productifs, dans des discussions stériles. Il est donc à présent parfaitement clair qu'il y a eu un profond manquement administratif au sein de la Commission des Finances. C'est pourquoi la première motion émise par ma révérée consœur est absolument la bienvenue : Ce texte de loi se doit d'être retravaillé sous différentes dimensions. Elle leva les yeux vers Floaz.

Tant qu'à la seconde motion de dissolution de la dite Commission en vue d'en reconstituer une nouvelle - à la tête de laquelle la Sénatrice Ranya se porte candidate - est tout aussi providentielle. De futurs disfonctionnements seraient ainsi anticipés et possiblement évités. C'est pourquoi la Délégation Sénatoriale d'Alderaan approuve ces deux motions. Elle sourit vers l'intéressée.

Ce qui me permet à présent de vous rendre la parole. Merci infiniment à vous tous.

Sur ces dernières paroles chargées d'émotions, la plateforme d'Alderaan s'éloigna quelque peu du centre de la Rotonde. Une métaphore de l'éloignement d'Evea, elle envisageait à présent de s'éloigner quelques temps du centre de la Galaxie - pas de trop non plus - pour retourner se ressourcer sur Alderaan. Justement elle en profitera pour regagner la confiance de ses pairs en travaillant d'arrache pied sur son adhésion à un parti.

Tout n'était peut être pas perdu après tout.

________

Synthèse :
- Vote en faveur des deux motions
- Approbation de la candidature à la présidence de la commission remaniée de Tchiïki Ranya.

Grendo S'orn
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Le regard glacial de l'infâme tête pensante du Gouvernement fixait tour à tour les quelques énergumènes osant prendre la parole sur un sujet aussi épineux que celui de la fraude fiscale. Bien qu'il devait reconnaître qu'un tel fléau sévissait abondamment au sein de la République, il était bien naïf de croire qu'on pourrait un jour interrompre ou même freiner l'usage des nombreuses failles du système fiscal actuel. Des failles que le Ministre du Trésor connaissait sur le bout des doigts tant il maniait les chiffres comme personne.

Face à tant d'amateurisme de la part de ses confrères du Sénat, S'orn ignorait si il devait rire ou pleurer. Que ces détracteurs sortent du bois en pleine crise impériale, profitant de l'attention porté par l'exécutif républicain par delà les frontières était une évidence. Mais avaient-ils seulement déjà oubliés qu'il était le seul, depuis des décennies, voir même des siècles, à avoir rééquilibré le budget fédéral ? Un fait salué par la majorité des fiscalistes qui reconnaissaient aujourd'hui l'ingéniosité de la loi Ozmac et la revente des entreprises nationalisées.

- La parole est au Gouvernement représenté par Monsieur le Chancelier Suprême, Grendo S'orn.

- Je vous remercie Orateur Coret. lui répondit-il aimablement tandis qu'il était sur le point de s'adresser au reste de l'assemblée, ses ongles griffes pénétrant le rebord de sa nacelle à présent sous le feu des projecteurs.

- Honorables représentants du Sénat,

Je ne peux que saluer cette énième tentative désespérée de l'Opposition de détourner l'attention du Sénat de sujets hautement plus urgents que celui que nous abordons aujourd'hui. Certes la fraude fiscale est un problème, un poison hérité de nos précédents Gouvernements qui n'ont cessés de faire pression sur nos entreprises au moyen de diverses taxes et impôts asphyxiant littéralement notre économie. A-t-on seulement proposé un dialogue à nos entrepreneurs avant d'imposer le pacte social qui a fait mettre la clé sur la porte à un nombre incalculable d'entre eux ces dix dernières années ? Non. A-t-on proposé des aides financières aux multiples entreprises voyant fondre leur trésorerie suite aux réformes Scalia et Bresançion ? Non. Licenciement, faillite, pauvreté, évasion fiscale ... on ne compte plus les conséquences liées aux mauvaises décisions de nos prédécesseurs, des décisions que nous payons aujourd'hui et que l'exécutif tente tant bien que mal de relever avec force et détermination ! Prenons l'équilibre budgétaire, il n'avait plus été atteint depuis de très nombreuses années, n'en déplaise à nos détracteurs qui diront sans doute que nous aurions pu faire mieux, voir viser plus haut, ... un bénéfice chaque année par exemple ? A ceux-ci je répondrais qu'il est bien sot d'imaginer qu'on relève une économie de cette ampleur en un claquement de doigt.
c'était un fait, bien que soutenue par une majorité des membres du Sénat à l'époque, la Loi Scalia avait été un flop total. Quasiment aucune société n'avait réussi à suivre les normes beaucoup trop ambitieuses et irréalisables imposées par Coruscant forçant la plupart d'entre-elles à frauder pour survivre ou à disparaître par manque de moyens financiers.

- Et bien que j'admire la soudaine audace de certains membres de cette assemblée qui sont restés étrangement muets lors des précédents débats et semblent à présent sortir d'une longue léthargie ... je ne peux que rappeler à ceux-ci de se plonger davantage dans la Constitution avant d'envisager des réformes nous faisant perdre notre temps voir risquant de faire double emploi. cracha-t-il en direction des membres de l'Opposition. Ce genre de proposition de loi n'est rien de plus que de la poudre aux yeux ! Une farce censée nous distraire des véritables problèmes de notre société ! Oh, ne vous fourvoyez pas, je ne remet nullement en doute la problématique liée à la fraude, après tout la Chambre de Gestion du Travail (CGT) et la Chambre de Gestion des Impôts (CGI) ne sont-elles pas déjà chargées de lutter contre ce fléau ?! une petite piqure de rappel au passage pour ceux qui doutaient encore de l'intérêt du Gouvernement à régler ce problème.

- Depuis le début de cette séance, j'entends une minorité d'entre vous avoir des mots très durs à l'égard de l'exécutif, certains n'hésitant pas à parler de collusion avec l'entreprenariat. Fort heureusement pour notre Démocratie, il ne suffit pas d'émettre des théories complotistes farfelues sans appuyer ses dires par des preuves tangible. de toute évidence les vieilles divisions refaisaient surface mais S'orn était prêt à défendre son camp. Néanmoins je comprends la frustration de ces jeunes loups en manque de notoriété, se sentant obligés de s'exposer au grand jour et de faire le buzz pour exister ... dit-il en lâchant un léger rictus dans leur direction.

- Mes amis, en vérité tout ceci ne fait que mettre en lumière deux problèmes auxquels cette assemblée a du faire face à de nombreuses reprises par le passé; la multiplication des organes décisionnaires et la complexification de notre Constitution nous plonge sans cesse dans des débats stériles et vides de sens. Je pense parler au nom de tous ici présent, nous voudrions pouvoir agir sans avoir à surmonter le barrage habituel de la bureaucratie et de la lenteur administrative. Il ne tient qu'à nous de contribuer à l'éradication de cette machine infernale que nos prédécesseurs ont mis en place et qui n'est plus adaptée au présent. C'est pour cette raison, que j'invite cette assemblée à se prononcer favorablement à la suppression immédiate de toutes les Commissions Sénatoriales et du texte de loi qui en dépend. Ces entités appartiennent au passé et ne servent qu'à ralentir les procédures ainsi que les prises de décisions du Sénat. Dans ce sens, je m'opposerai évidemment à toute initiative visant à accentuer davantage la lourdeur administrative de notre Etat.

S'en suivit une cohue monumentale au sein de la Rotonde que l'Orateur Sénatorial avait bien du mal à contenir tant les membres de la majorité et ceux de l'opposition risquaient de s'affronter sur le sujet. La suppression totale des Commissions Sénatoriales était sur le tapis, les adhérents du Front Libéral Républicain affirmaient déjà leur soutien à leur leader qui avait décidé de passer à la prochaine phase de son plan d'action.


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Synthèse :
- Vote contre les motions proposées
- Désapprobation de la candidature de Tchiïki Ranya.
- Vote en faveur de la Suppression des Commissions Sénatoriales et du texte de loi qui en dépend
Paul Hardin
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La fiscalité avait toujours déchaîné les passions. Soit parce qu’elle naissait d’un sentiment qu’une politique publique devait être financée par la participation de tous, légitimant sa destination à tout un chacun. Soit parce qu’elle dérangeait ceux qui, bien curieusement, possédaient une forte majorité des ressources financières ainsi taxées. Pour Paul, nul intérêt à s’en émouvoir outre mesure : cela découlait de toute décision, elle avantageait et désavantageait chaque individu d’une manière ou d’une autre. Cependant, il croyait en cet idéal d’intérêt général, un intérêt supérieur de la nation. Cet intérêt même qui dictait que l’on ne pouvait tolérer que certaines personnes travaillant plus de quarante heures par semaine, au bas mot, ne pussent subvenir à leurs besoins les plus fondamentaux et, au-delà, dussent payer d’exorbitants frais médicaux pour toutes les affections qui prenaient leur source dans leur emploi.
La fiscalité impliquait une redistribution des ressources, un bien nécessaire à s’immiscer dans la sphère privée et personnelle d’une personne, de taxer - le mot tabou - un revenu, une transaction ou une épargne, proportionnellement à ses moyens financiers, afin d’assurer une continuité de service public au moins basique.

Libre à ceux qui le souhaitaient de ne voir alors en la fiscalité qu’un vol étatique, argument fallacieux.

Paul reprit la parole, le moment venu.

« Messieurs les Sénateurs, mesdames les Sénatrices, Monsieur le Chancelier ;

Je souhaite tout d’abord m’émouvoir, comme toujours, Monsieur le Chancelier, que vous puissiez ainsi intervenir au milieu d’un vote législatif. C’est un vide législatif que vous usez fort intelligemment. Si la Constitution vous y autorise, alors que nous ne sommes pas en séance de questions au Gouvernement, alors nous devrons largement nous pencher sur la fantoche séparation des pouvoirs prévue au pilier III des Fondamentaux de la Constitution. Parenthèse close.

Je ne reviendrai pas sur les arguments que j’ai précédemment évoqués en ce qu’ils sont toujours pertinents.

Toutefois, je ne m’oppose pas - et reconnaissant les faiblesses du texte - à la motion de renvoi proposée par la Sénatrice Rĭ’i.

Malgré tout, je m’oppose plus que fortement à toute suppression des Commissions sénatoriales. Invoquer « d’importants débats » que nous devrions tenir en lieu et place d’une fiscalité républicaine est un non-sens odieux. Les autres « importants sujets » sont discutés ici-même également, chacun en leur temps. Vous usez, Monsieur le Chancelier, de tous les biais cognitifs et figures discursives trompeurs afin d’asseoir votre position. Nous nous attarderons sur tout ce qu’il convient de s’attarder. Nous continuerons notre travail législatif. Pour l’instant, ce travail consiste à débattre sur ce projet de loi et c’est ce que nous faisons, que cela vous plaise ou non !

Les Commissions sénatoriales sont un pilier de notre système législatif. Elles permettent d’abattre un travail conséquent, d’apurer les ébauches des propositions de loi, d’auditionner toute personne qui serait apte à renseigner les Sénateurs sur un sujet défini ce que nous ne pouvons faire ici. Elles sont essentielles à notre va-et-vient législatif.

Monsieur le Chancelier, vous vous opposez donc à ces commissions, vous vous opposez à une loi d’intérêt public qui, oui !, utilisera enfin l’argent républicain pour que tout un chacun, tous ceux qui s’usent des dizaines d’heures par semaine puissent vivre décemment de leur travail !

Je conclurai, rapidement, en saluant votre opiniâtreté vis-à-vis des comptes publics. Je ne peux le nier : vous avez effectivement assaini les finances publiques et je vous en donne le crédit. Cependant, il serait temps que vous impulsiez les bonnes raisons à ce travail et non pour continuer d’autoriser les pratiques mortifères des corporations intergalactiques qui, sur le sang de leurs employés, engrangent des profits dépassant parfois largement ceux d’une planète !

Je vous remercie. »
Floaz Rĭ’i
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Quel scandale. Les propos tenus par le Chancelier suprême étaient tout bonnement ahurissants, mais ils n’étaient que le simple témoignage de sa médiocrité à la tête de notre République. Dès que le Neimoidien avait fait éteindre son micro, j’en avais profité pour demander la parole. Sur mon siège, je bouillonnais, la provocation du Chef de l’Etat était catégorique et ne faisait même pas l’effort de se masquer un temps soit peu. Heureusement, l’intervention immédiate de Paul Hardin me conforta, je n’étais pas la seule à avoir été outragée par le discours de Grendo S’orn. Cet homme était une honte, cet idiot ne savait même pas de quoi il parlait, et ne faisait qu’aligner des mots sonores pour provoquer l’orgasme de son électorat tout aussi mesquin que sa personne.

Lorsque monsieur Hardin finit de parler, je me joignis naturellement aux applaudissements de l’Opposition qui se perdaient malheureusement au milieu des sifflements et de la huée de la majorité. Nous avions tous compris à quel point il était important de réagir. Je me levai ensuite, sachant pertinemment que la parole me revenait à présent.

- La parole est maintenant à la Présidente Floaz Rĭ’i, autrice des motions.

Sans attendre une seconde de plus je fustigeai du regard le Neimoidien avant de poser celui-ci sur les notes s’affichant sur mon Datapad.

Si je comprends bien monsieur le Chancelier, selon vous cette proposition de loi détournerait “l’attention du Sénat de sujets hautement plus urgents”, et qu’elle ne serait rien de plus qu’une “farce censée nous distraire des véritables problèmes de notre société”. Devrions-nous donc comprendre que la fraude fiscale n’est à vos yeux nullement un véritable problème ? J’imagine que non lorsque c’est celle-ci qui finance votre campagne. Je ne me fais pas un seul instant d’illusions quant à vos motivations, vous n’entendez point défendre les intérêts de notre peuple républicain, mais seulement ceux des manias de la finance dont ce texte de loi viendrait, il est vrai, compliquer le business. Alors vous criez aux complots farfelus, mais si c’est des preuves que vous désirez, merci de nous inviter à ouvrir une enquête.

Force est de constater que votre simple présence dans cette rotonde altère à elle seule la qualité de nos débats, c’est pourquoi je tâcherai de vous répondre avec la plus grande simplicité pour être sûre de me faire bien comprendre : non, monsieur le Chancelier, cette proposition de loi n’est nullement un bête artifice de distraction. Elle est au contraire le fruit de la volonté de nos citoyens dont les doléances vous sont j’imagine inconnues, tant l’entre-soi vous isole dans votre palais. Mais ceci est une surprise pour personne, votre gouvernement est hors-sol, totalement détaché des réalités sensibles et matérielles de notre République. Les difficultés économiques, sociales et morales s’aggravent, mais sinon tout va bien, puisque que notre budget reste à l’équilibre. Et puis c’est vrai, quelle ingéniosité que d’abroger les nationalisations pour effacer notre dette ! Oui, sauf que les fruits de cette vente sont éphémères, ce que vos merveilleux fiscalistes ont omis de vous indiquer, à moins que ce soit un silence volontaire de votre part. De toute manière, avec vous, tout se résume à l’argent. Une bonne politique est une politique où les crédits pleuvent, mais évaluer les conséquences sociales par exemple n’est avec vous même pas en option.

Me voilà d’ailleurs fort aimable de vous adresser la parole, ce que je ne devrais sûrement pas faire. N'incombe-t-il en effet pas à la Vice-Chancelière de représenter son gouvernement, puisqu’elle en est la dirigeante ? Écouter l’avis du gouvernement à travers la bouche d’un ministre m’aurait paru tout aussi cohérent, il n’y a que vous qui n’avez en somme aucune raison d’intervenir. Que peut donc bien nous valoir la prise de parole de notre honorable Chef d’Etat, surtout si ce débat n’est qu’une vulgaire farce.

En fait j’ai deviné ce qui vous poussait à agir de la sorte. Vous êtes urgemment venu nous visiter pour jouer l’effarouché, car vous savez pertinemment que c’est un sujet sensible pour votre famille politique, et peut-être même pour vous tout personnellement. Protéger la fraude fiscale vous est si vital que vous vous octroyez le droit de représenter votre gouvernement, lorsque vos détracteurs appuient là où ça fait mal, vous ne pouvez plus que miser sur votre charisme personnel pour endiguer cette terrible gifle à vos intérêts. Si il y a des sujets hautement plus urgents, alors je vous en prie, allez donc vous en occuper, au lieu de venir vous défouler dans nos pattes.

Allez, disons qu’il y a bien une unique chose que je dois malgré tout vous concéder, dans votre discours vous dites que notre Constitution souffre de terribles imperfections, reste à savoir quelles sont celles que nous identifions. D’autant plus qu’il est assez curieux de vous entendre vous saisir de cette cause alors que votre mandat touche à sa fin, un réveil tardif qui manque à mes yeux de crédibilité. Car vous ne vous êtes pas gêné pour profiter de cette Constitution défectueuse pour asseoir votre suprématie. La lenteur de la bureaucratie et le manque effectif de voies de contestation du Sénat vous ont bien aidé si je ne m’abuse. Pourquoi donc amener ce sujet sur le tapis ? Si ce n’est évidemment pas pour nous distraire de ce texte de loi contre la fraude fiscale, une belle farce si vous voulez mon avis.
Je souris très ironiquement.

Pour finir, je vais daigner prononcer quelques mots sur votre motion qui ne peut en être une, votre drôle d’idée, ou votre stupide proposition, je ne sais pas trop comment l’appeler, visant à supprimer les commissions sénatoriales. Je sais que leurs rôles de contrôle du gouvernement et d’étude de l’activité ministérielle vous agacent au plus haut point, mais c’est ainsi, vous ne pouvez gouverner seul, la démocratie a ses exigences et je ne vous laisserai jamais davantage la piétiner. Vous pensiez sérieusement qu’un simple vote fourré quelque part dans une séance plénière permettrait de modifier la Constitution ? Au risque de vous surprendre, en raison du caractère constitutionnel de ces dispositions, c’est un projet de révision constitutionnelle qu’il faut nous proposer. Ainsi inscrivez au procès-verbal de la séance, Orateur sénatorial, que je demande en vertu des articles 12 et 26 de notre Constitution le rappel au règlement de monsieur Grendo S’orn, Chancelier suprême de la République Galactique, Grand Monarque du Commerce de Neimoidia et Président du Front Libéral Républicain. Et voilà que se profile encore une nouvelle farce, une de plus, dont vous êtes l’unique dindon si vous voulez mon avis. Voter aujourd’hui dans l’optique d’acter la suppression immédiate des commissions sénatoriales n’est pas possible, ce serait tout bonnement inconstitutionnel, et je n’aurais d’autre solution que d’en informer la Cour suprême. Faites un dernier tout petit effort monsieur S’Orn, tenez bon. Je sais que votre mandat touche bientôt à sa fin, ne nous forcez quand même pas à l’écourter.

Quoiqu’il en soit, je suis certaine que nous prenons tous en note vos précieuses critiques à l’égard du régime. Comme je vous l’ai déjà dit, je plaide moi-même contre l’incohérence et l’illisibilité de notre constitution, et soyez-assuré que nous améliorerons les choses, mais nous n’avons pour cela nul besoin de votre secours.


Un brouhaha de protestations se fit entendre, mais les mouvements d'approbation crûrent et ce fut sous les applaudissements que je retournai m’asseoir.

Halex S'Trasza
Halex S'Trasza
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-Je ne pourrais me rendre à la prochaine session du Sénat.

Ben voyons. J’aurais du mettre ma main à couper… Ou dans sa tronche… Même si cela je ne pouvais pas – encore ? – me le permettre. Ce n’était quand même pas l’envie qui m’en manquait. Encore plus depuis que j’avais grimpé les échelons. De petite dernière arrivée, j’étais passée à première assistante… Pour mon « plus grand plaisir », bien évidemment. Mon placard bureau résonnait encore de ma dispute avec Karla… juste après que Tyb’ ait trouvé intelligent de la plaquer au bout de quelques semaines. Je n’étais pas responsable des agissements de mes frères. Une réalité qui, visiblement, n’avait pas encore atteint un bon nombre de personnes. Et comme j’étais arrivée première au test improvisé de ma « chère » tante, je me retrouvais avec le plaisir incommensurable d’avoir un emploi du temps plus léger mais d’autant plus de responsabilités. Je n’allais pas m’en plaindre puisque cela m’aiderait à atteindre mes objectifs. Restait que je détestais toujours ma tante. Rien ne pouvait changer cela.

-Quel sera votre vote ?

Je ne lui demandais même pas si c’était à moi d’y aller. En tant que première assistante, cela coulait de source. Encore plus en tant que Metellienne.

***

Je devais avouer que la nacelle ministérielle était confortable maintenant que j’y étais habituée. L’avantage de remplacer de plus en plus souvent ma tante, trop prise par les différentes politiques gouvernementales. Au point que je m’installais désormais dans son fauteuil sans même ressentir la moindre once d’appréhension. Je me doutais qu’Angelina le savait mais puisqu’elle ne dirait rien… Je ne comptais pas me priver. Le regard rivé sur mon datapad, je consultais le projet de loi qui allait être examiné. Je faillis en recracher ma gorgée de café, pourtant délicieusement épicée. Pas étonnant qu’Angélina ait refusé de se rendre à la séance. Ce serait moi qui porterait la voix de Metellos, moi qui devais servit de paratonnerre pour cette vieille peau. Ben voyons.

La séance débuta et pour ne pas changer de mon habitude, je me contentais d’écouter dans un silence presque religieux. Je ne participais jamais aux expressions quelconques d’approbation ou de refus qui faisaient la majeure partie de l’animation des séances du Sénat. Je n’en voyais pas l’intérêt. Tous étaient aguerris et étaient censés ne plus se laisser déstabiliser par ces bruitages intempestifs. Je pris mes notes ce qui me permettait d’agencer mes pensées. Des premières interventions, je retenais essentiellement celle de la sénatrice Regh ne serait-ce que parce qu’elle allait droit au but. C’était rafraîchissant dans un contexte où les mots étaient soigneusement choisis et que l’on tournait souvent cent fois autour du pot avant d’en toucher le fond.

La suite… me laissa à la fois perplexe et amusée. J’étais toujours étonnée de la propension des Sénateurs de souffler le chaud et le froid, de parvenir à dire blanc et noir dans la même intervention. Là, entre autre, il était question de demander à laisser un peu d’autonomie aux planètes tout en exigeant, quelques instants plus tard, qu’on les oblige à agir contre la fraude fiscale. Bel exemple d’autonomie s’il en était… Les demandes finales me poussèrent à soupirer discrètement. Encore un débat qui allait durer des heures. La pause fut la bienvenue, le temps pour moi de prévenir Balian que vraisemblablement, j’allais avoir du retard. Et la première personne à intervenir après la pause ne fit qu’accentuer cette impression.

Agacée, ne serait-ce que par le tour personnel que prenait l’intervention, je tapotais mon accoudoir de mon index. Bon sang, si cela se transformait en salon de thé, je ne répondais plus de rien. Je n’étais pas là pour écouter maman éduquer fifille ou la vieille socialiste – pour la citer – faire sa révolutionnaire idéaliste. De quoi mettre l’assemblée en émoi, comme le prouvaient les invectives qui fusaient. L’intervention du Chancelier n’allait pas aider… Tout prenait un tour particulièrement personnel, bien trop éloigné de la simple politique à mon sens. Il était normal et sain qu’il y ait des oppositions mais lorsque l’on tombait dans les attaques ad hominem et tout ce qui y était lié… d’un geste, je demandais le recul de mon intervention. Je n’avais pas envie de parler après un tel bazar.


Enfin, le voyant signalant que j’étais la prochaine à intervenir clignota. Je me levais tandis que la nacelle naviguait.

-Honorables Membres du Sénat,

Avant que l’on ne remette en question ma position, je parle en tant que substitut à la Sénatrice de Metellos.


Une mise au point qui, compte tenue des derniers échanges était plus que nécessaire. Je ne pris même pas la peine de me présenter. Cela faisait assez longtemps que je remplaçais Angelina pour m’éviter cette peine.

-Je crois que bon nombre des membres de cette Assemblée se sont oubliés. Nous ne sommes pas ici pour régler les querelles personnelles ou idéologiques. Et si le débat est sain pour une démocratie, je pense qu’il est important de savoir réagir avec le recul et la retenue nécessaires à nos fonctions. Ainsi, il est essentiel de ne pas céder aux sophismes et autres stratagèmes qui en viennent à réduire la respectabilité de l’institution.

C’était suffisamment vague pour ne viser personne personnellement tout en étant clair et net sur ce que je pensais des dernières interventions. On pouvait me renvoyer mon âge ou même mon manque d’expérience… Voire mon rôle. Je m’en moquais éperdument. J’attrapais mon datapad.

-J’espère que vous me pardonnerez cette parenthèse mais je tiens à rappeler un élément qui semble avoir échappé à bon nombre de sénateurs aujourd’hui. Il s’agit de l’article 4 du titre premier de la Constitution de la République galactique. Il concerne la fiscalité :

Constitution – Titre premier, article IV:

Je pourrais ajouter l’article 10bis du Titre II mais il en reviendrait à dépasser mon temps de parole. J’avoue ne pas entendre grand-chose en matière de fiscalité et il est fort probable que la Sénatrice Ranya pourra me corriger si nécessaire. Mais à la vue de cet article, il me semble que le Sénat n’a pas pour prérogative d’imposer un système fiscal unique à tous les systèmes régionaux constituant la mosaïque multiculturelle de cette République. Ce qui importe, apparemment, c’est le paiement des contributions fédérales. Est-ce-que l’on doit déduire de ce débat que les contributions fédérales ne sont pas payées ?


Je jouais sur les mots. Je jouais sur une prétendue naïveté pour pointer les choses. L’ombre du sourire qui passa sur mes lèvres en disait long sur mon état d’esprit.

- Concernant les Commissions Sénatoriales, il convient clairement de les dissoudre pour les renouveler si elles ne répondent plus aux exigences actuelles. Ce qui est visiblement le cas. A ce titre, je n’appuierais pas la candidature de la Sénatrice Ranya. Non pas pour des raisons idéologiques mais parce que je ne conçois pas de laisser quelqu’un à la tête d’une Commission Sénatoriale qui, de son propre aveu était absent et donc, a laissé une telle proposition de loi inachevée arriver à l’Ordre du jour ou est entouré d’incompétents incapables de déceler les faiblesses d’une proposition. Vos raisons vous sont propres, Sénatrice Ranya et il ne m’appartient pas de les juger. Cependant, en tant que Présidente de la Commission sénatoriale du Trésor et de l’Economie, il vous appartient de prendre vos responsabilités et même si vous n’êtes pas directement impliquée. Il n’est pas non plus question de vos compétences en la matière. Je crois simplement qu’il importe que l’erreur ne soit pas renouvelée.

- Veuillez vous dépêcher, Mademoiselle S’Trasza.

J’accusais réception du message d’un rapide mouvement de tête.

-Pour terminer, le renvoi du vote de cette loi est un impératif indéniable. En l’état, c’est une perte de temps de l’étudier. Les tenants et aboutissants de cette loi, son implication et, surtout, sa mise en pratique à l’échelle planétaire nécessitent bien plus que des idéaux pour la mener à terme. Parce que nombreux sont ceux qui semblent avoir oublié que nous sommes tous représentants de systèmes aux lois, cultures et gouvernements différents. La République est une alliance de la diversité et non une uniformisation forcée. Je vous renvoie au second fondement de notre République.

J’avais terminé. Je n’attendais pas de réaction particulière. Tandis que la nacelle retournait à sa place, je retrouvais la mienne et ma précieuse tasse de café.

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Synthèse :
-Vote en faveur du renvoi
-Proposition de « modernisation » des Commissions Sénatoriales
-Rejet de la candidature de la Sénatrice Ranya


Tchiïki Ranya
Tchiïki Ranya
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꧁⚝꧂


Tant de choses avaient été dites : ce débat avait le mérite de déchaîner les passions, à tel point qu’il était devenu une espèce d’imbroglio, chacun y avait laissé son grain de sel. Tantôt, mes collègues sénateurs avaient su se montrer raisonnables et s'étaient exprimés avec sagesse. Puis il y avait les autres, les bornés, les mécréants, les chanceliers. Celui-là, le prophète économique des bacs à sable, je pris un malin plaisir à le ridiculiser. Alors qu’il était en train de s’adresser au Sénat, je me plus à imaginer ce Don Grendo en Cid. Dans mes plus glorieux fantasmes, piqué par les affronts que nous lui avions porté, ce jaloux gorgé d’orgueil réagissait de la sorte : “Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cet infâme débat ? Et n’ai-je blanchi tant de crédits, que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mes magouilles, qu’avec respect tout le CBI admire, mes magouilles, qui tant de fois ont sauvé la finance galactique, tant de fois affermi mon trône de grand roi, trahissent donc ma querelle, et ne font rien pour moi ? Ô cruel désespoir de ma gloire passée ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle indignité, fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d’où tombe mon honneur ! Faut-il de votre éclat voir triompher Tchiïki, et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?”. Assez rêvassé, c’était à moi.

- Re-bonjour à toutes et à tous,

Pour avant-propos, je souhaiterais adresser de sincères remerciements à la Sénatrice d’Aldérande, Evea Ekway, l’instigatrice de la proposition de loi que nous débattions avant de nous en égarer largement. J’estime qu’envers et contre tout, elle a su faire preuve devant nous d’une bravoure, d’une dignité, d’une ouverture d’esprit et d’un volontarisme louable lorsqu'elle a pleinement pris conscience des remarques que nous lui avons formulées. En se comportant de la sorte, elle a su faire passer l’intérêt des républicains au-dessus des siens, ce qui est loin d’être le cas du Chancelier, Grendo S’orn, dès lors qu’il s’est incrusté dans ce débat.

Monsieur le Chancelier, si vous avez pris la peine de vous déplacer jusqu'ici et de prendre de la sorte la parole devant nous, afin de vous exprimer en nom et place du gouvernement de la République Galactique, je dois vous dire que ses membres sont bien plus sinistres que ministres. De plus, vous usez systématiquement de procédés rhétoriques calomnieux, étant donné que ce sont là les derniers moyens que vous êtes parvenu à débusquer pour discréditer nos affirmations, qui reposent pourtant sur des travaux scientifiques documentés par de sérieuses études empiriques, obscurantiste dogmatique que vous êtes ! Nous connaissons tous parfaitement ce fameux adage qui dicte que la meilleure défense est l’attaque ; vous apparaissez si vindicatif, vous vous conduisez si mal, que je ne peux que vous déclarer mort de trouille. Ensuite, j'aimerais vous interroger sur la cohérence dont vous faites preuve dans votre discours… J’ai pu noter que vous avez imputé aux précédents gouvernements la responsabilité de la conjoncture économique défavorable dans laquelle nous nous trouvons, or vous avez été membre des gouvernements en question ! Vous vous comportez comme une girouette intéressée, dépourvue de toutes convictions et de morale politique. Vous avez beau avoir démissionné de votre poste de ministre du Trésor et de l’Économie, vous avez tout de même voté en faveur du Pacte social, que vous n’arrêtez jamais de fustiger, comme s’il vous obsédait. Est-ce trop vous demander d’agir avec un minimum de cohérence ? Ayez un peu de respect pour vous-même et pour ce Sénat et ne racontez plus autant de sottises. Devons-nous comprendre que vous venez de nous faire l’aveu de votre propre médiocrité ? Vous pouviez vous opposer à ce texte si vous le jugiez si déplorable, voire même démissionner plus tôt tiens, ne commencez pas à nous faire croire qu’Alyria Von avait placé son sabre laser sous votre gorge. Ai-je seulement besoin d’ajouter que votre cher acolyte, Uthar Ozmac, était ministre des Finances publiques, de l’Économie et du Commerce, lorsque la regrettée Emalia Kira était au pouvoir ? Vous voilà tous complices du fiasco dans lequel nous nous trouvons, vous avez toujours pris part aux arrangements politicards. Vous avez, tous ensemble, main dans la main, misérablement étouffé notre économie.. et moi je m’étouffe de rire. En fin de compte, Grendo S’orn symbolise le système, il a occupé chaque position et prend désormais place au pinacle.
Je ne pouvais que fustiger cet homme déraisonné, était-il même maître de lui-même ? Il était le pire clown du cirque, un vrai Gungan écervelé : c’est dire.

Il est extrêmement malsain de se vanter de résultats budgétaires mal acquis, lorsque les conditions dans lesquelles vivent réellement nos concitoyens se dégradent. La colère gronde dans ces Mondes sur lesquels vous ne vous rendrez jamais, que vous ne considérez même pas, car la seule chose qui compte à vos yeux d’aveugle est cette quête inexorable du profit. Depuis que les nationalisations et le Pacte social ont été abrogés, des mouvements sociaux se forment partout et de grandes manifestations ont lieu. Vos privatisations – qui vont de paire avec votre toxique amie, la flexibilisation – ont uniquement été créatrices de quelques emplois atypiques : tout cela pour ça ! Le désendettement au forceps des entreprises a mené à l’obligation de réduire, à tout prix, les coûts de production ; donc à de nouveaux licenciements et à une hausse de la pauvreté. N’essayez pas de détourner le problème, la fraude et l’évasion fiscales sont impardonnables.. et seuls les grands groupes ont les moyens d’y recourir massivement. Lorsqu’à l'occasion des prochaines élections, les peuples républicains voteront contre vous, nous assisterons au plus impactant mélange de convictions, de sentiment de dégagisme, de rejet et de résignation. Il était crucial que j’employe tout mon à-propos pour dénoncer ce bougre aux mille facéties.

Je vous renvoie vers les très justes déclarations de monsieur Hardin, président de la Commission sénatoriale des Affaires sanitaires et sociales, ainsi que sur celles de madame Rĭ’i, juriste de renom et présidente hautement considérée de la Commission sénatoriale de la Législation générale, s’il persiste en vous la moindre interrogation sur la recevabilité de nos échanges et de nos propositions du jour.

Enfin, ne nous égarons pas plus et faisons preuve d’assez de discernement pour recentrer ce débat sur les dires d’Halex S'Trasza, qui représente régulièrement Metellos ces derniers temps. Elle a évoqué nos propensions à la tirade, ainsi soyons un peu plus alertes lors de nos prochaines discussions. Aussi, je trouve l’idée qu’elle a proposé très intéressante, c’est pourquoi j’aimerais m’exprimer à ce sujet. Avant cela, je souhaite clarifier un point qui a dû rester flou, pour cela je vous demande pardon : je ne suis point la présidente de l’actuelle Commission sénatoriale du Trésor et de l’Économie, je n’en suis même pas membre. Cette commission est actuellement dirigée par une majorité de membres du FLR, ce sont eux qui ont manqué d'aptitude et d’attention lors de l’étude du texte de loi d’Evea Ekway en commission. L'absence à laquelle je faisais référence précédemment n’était que courte et personnelle, je n’ai en fait manqué que l’examen du Traité d’Ossus. Je serai ravie que vous acceptiez, madame, de revenir sur votre position concernant ma candidature, étant donné que nos vues sur le travail effectué sur ce texte avant qu’il nous arrive sont exactement les mêmes et que je partage vos sentiments quant à la répartition des compétences entre les Mondes et nous. Je soutiens la dissolution de toutes les commissions sénatoriales, en vue de leur modernisation. Entreprendre cette refonte en premier lieu prime, viendra ensuite le temps de décider de la composition des équipes. J’ambitionne toujours de briguer la présidence d’une commission sénatoriale chargée des affaires économiques, car je tiens à ce que les standards appliqués à la gestion de celle-ci soient radicalement revus.

Honorables collègues, j’invite le plus grand nombre à rejoindre la proposition de réorganisation des commissions. Dans le cas où cette recomposition complète n’arrive pas à son terme, je conserve l’avis favorable que j’avais émis à la motion visant à revoir la composition de la Commission du Trésor et de l’Économie, ainsi que ma candidature à la tête de la commission remaniée. Si nous nous accordons pour qu’advienne la proposition S'Trasza et ce contre l’avis du Chancelier, alors il est évident que la seconde motion de la Sénatrice Rĭ’i et ma candidature dans ses termes deviennent caduques. Pour finir, je suis d’accord avec la volonté de rappeler monsieur S’orn à la Constitution, quelques éclaboussures pourraient être susceptibles de tempérer ses ardeurs. Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir ; que notre pouvoir de nous prononcer contre le Chancelier arrête son pouvoir. Je vous remercie.
Ma prise de parole achevée, je pouvais désormais aller glisser mes bulletins de vote dans les urnes.


Synthèse :
Appui de la proposition de la délégation de Metellos

☾☽

Halex S'Trasza
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L’arôme du café chatouillait mes narines, accompagné de l’habituel mélange d’épices qui l’agrémentait. J’étais à peine retournée à ma place, me demandant comment j’allais bien pouvoir faire pour voter puisque ma chère tante ne m’avait toujours pas transmis ses instructions. En leur absence, j’allais devoir effectuer quelque chose d’imprévu : voter par moi-même… J’allais réfléchir aux possibilités qui s’offraient à moi lorsque la sénatrice Togruta reprit la parole. Je retins un soupir. Un nouvel accès de logorrhée s’annonçait sans que rien ne soit fait pour essayer de l’interrompre ou, au moins, de le contrôler. Je n’avais rien contre les débats pourvu qu’ils soient constructifs. Or, j’avais beaucoup de mal à voir ce qu’il y avait de constructif dans le fait de jouer à « deux trois attrape le détonateur thermique ». Dans les circonstances actuelles, il y avait peu d’éléments à apporter… En dehors, évidemment, de renvoyer le détonateur au chancelier en espérant qu’il décore sa nacelle avec les morceaux de sa cervelle… le tout avec quelques plumes pendantes. Avec un peu de chances, les yeux et les bijoux feraient une amusante guirlande.

Ceci dit, j’écoutais suffisamment pour que, lorsque mon nom fusa, je ne sursaute pas mais me contente de faire réellement revenir mon attention sur ce qu’il se disait. Une autre que moi aurait peut-être rougit en réalisant son erreur. Pas moi. Je ne siégeais pas vraiment au Sénat. Cependant, quand on avait un père comme le mien, une tante comme la mienne et un environnement social comme celui de ma planète d’origine, il en fallait plus pour rougir. Je notais néanmoins que j’allais devoir des excuses à la sénatrice. Plus tard, l’hémicycle ne convenait clairement pas à ce genre de chose. Je n’avais rien contre le fait de revoir mon avis au sujet de sa candidature. Après tout, mon refus s’était basé sur une erreur. La remise en question était donc plus que logique.

A quelques minutes du vote, mon datapad était encore silencieux. Je me demandais bien ce que ma tante pouvait faire de plus important. Peu à peu, l’évidence s’imposa : j’allais réellement pouvoir agir de manière autonome. Jusque là, on me laissait intervenir tout en m’indiquant clairement quoi voter. En l’absence d’ordre… Voilà qui était intéressant. Avec ma proposition de modernisation j’avais proposé un compromis qui laisserait suffisamment de latitude aux deux camps pour éventuellement avancer leurs pions. A condition de la jouer fine. Se la mesurer pour savoir qui avait la plus longue, c’était marrant deux minutes… Mais dans les jeux de pouvoir, la subtilité avait du bon. D’où le compromis. Ce n’était pas une dissolution mais la possibilité de limiter les pouvoirs… ou de les étendre.

A l’heure du vote, au moment de le transmettre, mes doigts ne tremblèrent pas. Je jouais un coup de poker sans en apparaître affectée. Je n’étais pas suffisamment naïve pour ne pas comprendre que je venais de voter contre le camp de ma tante. Tout comme je savais très bien que j’allais devoir payer le prix de cette action. Je n’allais probablement plus représenter Angelina pendant un moment. Qu’importe… à mes yeux, ce que je venais de faire en valait largement le coup.

Kil Regh
Kil Regh
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Kil observait les gladiatrices et gladiateurs de cette arène verbale. Grendo S'orn, impressionnant de charisme, virulant et claquant, se retrouvait face à plusieurs membres de l'Opposition. Cette dernière avait le piquant d'un coup d'estoc et la force d'un coup de taille. Pour tout dire, Kil Regh n'était qu'une débutante dans ce genre de mêlée. Ses adversaires (et alliés) maitrisaient leurs armes bureaucratiques et oratoires avec brio et la toute nouvelle Sénatrice d'Eshan ne pouvait que contempler ce choc des titans.
Qui oserait se mettre en travers de ces géants de la politique ?
Kil se rappela le conseil qu'elle avait donné à la jeune soldate Nomi Reed: "une guerrière de valeur ne tourne jamais le dos à la difficulté, au risque de se complaire dans la médiocrité".

La guerrière aux cheveux blancs prit donc part à la mêlée, après avoir obtenu l'accord de l'orateur sénatorial, avec pour seules armes ses valeurs et sa volonté de vaincre.

- Collègues, je vous entends vous accuser les uns les autres : Le Chancelier S'orn aurait financé sa campagne par la fraude fiscale, la candidature de la sénatrice Ranya à l'éventuelle nouvelle commission serait dans son intérêt personnel... Au lieu de palabrer, transformer vos mots en actes! Affutez les preuves de vos dires et emmener l'autre devant la justice une bonne fois pour toute! Nul n'est au dessus de la Loi, pas même vous, Chancelier S'orn, pas même nous, Sénatrices. Que justice soit faite.

Sa voix avait la dureté de l'acier.

- Ou alors, Sénatrices, Chancelier, si vous n'avez pas les moyens de saisir le pouvoir judiciaire, et que vous persistez dans vos escarmouches d'insultes, affrontez-vous dans une toute autre arène que la Rotonde pour défendre votre honneur! Je vous prête volontiers des lames si vous en manquez.

Sa dernière phrase, transpirant la tradition d'une duelliste échanie, sonnait comme une menace dans la bouche de la guerrière et marquait la fin de cette parenthèse.

- Pour en revenir au présent sujet, les débats ont prit une tournure à laquelle je ne m'attendais pas. Certaines questions mérites des réponses. Tout d'abord, Chancelier S'orn, la Chambre de Gestion du Travail et la Chambre de Gestion des Impôts font-elles leur travail correctement? Je suis de votre avis de ne pas multiplier des organes ayant des missions similaires. Ce serait une perte de moyen. Toutefois, les chiffres apportés par la Sénatrice Ekway indiquent clairement que nous nous laissons déborder par ce fléau fiscal. Il faut agir plus fort. Que ceux qui triches payent et répondent de leurs actes!

Kil dit ses mots sans quitter du regard le Neimoidien, puis elle enchaîna en s'adressant au reste de l'assemblée.

- Sans compter les individus dont les affaires personnelles sont en parfait conflit d'intérêt avec leurs postes et missions! Comment imaginer que de tels traîtres au bien commun de la République puissent avoir accès à des postes à responsabilités au sein des trois pouvoirs ? Impensable! Voilà un autre fléau, le lobbyisme, que nous devons détruire d'une manière ou d'une autre.

Le ton et le visage de l'Echani mêlait du mépris, du dégoût et de la colère, le tout avec toutefois une certaine contenance. Puis, elle conclut avec une pointe de regret dans la voix, car elle détestait faire des erreurs.

- Pour finir, j'ai appuyé cette proposition de loi, critiquée avec justesse par mes pairs. Elle est imparfaite et je le déplore. J'en assume ma part de responsabilité. Sénatrice Ekway, vous pouvez compter sur moi pour apporter mon soutien sur ce travail afin d'en corriger les erreurs. Je rajouterai que vous reculez pour mieux sauter. Dès fois, il faut savoir battre en retraite afin d'élaborer un meilleur plan d'attaque.


Si Kil était dure avec les autres, elle ne l'était pas moins avec elle-même. Elle ferait tout pour enterrer cette incompétence passagère.

- Merci, je n'ai plus rien à ajouter.

Ainsi, Kil Regh votait en faveur du renvoi du texte pour une refonte. Elle ne voulait pas rater les futurs débats à ce propos afin de s'assurer que l'essence même du texte ne soit pas déformée par ces politicards de tout horizons.
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