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La lettre avait tremblé entre les mains de Samaël, puis elle s'était humidifiée avant de disparaître, froissée, assassinée par son destinataire. Le Chironian avait hésité à la donner aux aînés, lesquels changeraient le statut de disparu de Kolin à celui de fugitif avant de renoncer. Sa "trahison" envers l'Ordre n'avait que peu de répercussions pour le moment, car un enfant-Sith ne changerait pas l'axe d'une planète d'un claquement de doigts, mais Sammy se demandait souvent s'il agissait correctement. Est-ce qu'un jour, son ancien ami serait amené à tuer? Il espérait que non tout comme il s'efforçait de rayer la mention "ancien" quand il pensait à "ami", passant quant à lui du statut d'idéaliste à utopiste.

Aujourd'hui silencieux dans le vaisseau qui les menaient jusqu'à Coruscant, le centaure se contentait de regarder les étoiles scintiller, toujours fidèles, honnêtes, superbes.

- Et bien Samaël que se passe-t-il? Habituellement tu adores m'accompagner sur cette planète.

Maître Varaas, un vieil homme, choisissait souvent le Padawan comme assistant pour régler ses papiers sur Coruscant. Lui et une Jedi âgée se relayaient fréquemment, sans qu'il n'en eu connaissance pour le faire sortir d'Ondéron et lui dispenser quelques cours. Trop vieux pour le prendre comme apprenti, ils partageaient toutefois cette même peine pour l'apprenti qui cavalait de maîtres en maîtres, sans oublier celle qui lui avait dit "non" devant "l'autel", se repentant de sa propre décision. Ils l'entraînaient donc dans de petites épopées qui faisaient normalement la joie de Samaël. Aujourd'hui pourtant, plus ils approchaient de leur destination, plus le visage devenait maussade. Il se rappelait de Kolin, de la cour des miracles, de leur famille, de leur échappée belle pour retrouver cette dernière après une conférence. Le centaure tourna la tête et répondit à l'inquiétude de Maître Varaas par un petit sourire nostalgique, l'humain n'insista pas. Il se souvenait, malgré son âge, que Kolin, un garçon un peu rebelle était un des rares amis de Samaël et le seul vraiment proche. Sa peine était logique.

Le vaisseau vrombit une dernière fois, s'arrêta et une rampe s'ouvrit pour laisser s'échapper le contenu de son ventre, des marchandises, quelques touristes ayant profité du voyage à tarif réduit du cargo et les deux Jedis. Varaas laissa l'apprenti à l'astroport, sachant qu'après s'y être perdu de nombreuses fois, l'apprenti connaissait désormais bien le coin.

- Tiens, amène ça au tribunal.

Le vieil homme voulait interroger un informateur fidèle pour une autre affaire, il s'était donc déplacé en personne pour le rencontrer. Partisan de l'économie de temps, il en avait profité pour amener lui-même des dossiers qui avaient tendance à traîner, même se perdre par la voie postale. C'était Sammy qui en était chargé, ainsi que quelques autres menues courses incluant un passage par le Temple de Coruscant. Comme d'habitude, il y avait cet accord tacite entre le vieil homme et l'adolescent; une heure de retrouvailles tardive pour permettre au second de prendre son temps, découvrir les lieux, expérimenter. En échange de cela, Samaël devait respecter l'horaire à la seconde près. Il n'avait jamais failli jusqu'ici, d'où les légères permissions octroyées. De toutes manières, en bon petit Jedi, le gamin ne faisait aucune folie pendant son séjour. Déjà, se décharger de toutes ses missions lui prenait une moitié de la matinée, il avait un peu d'argent pour manger dans une cantina, voire acheter un sandwich s'il voulait conserver le reste de sa menue paye pour une glace plus tard. En général Samaël écoulait son temps en promenade puis dans la bibliothèque gigantesque en plein centre-ville, ou dans les musées.

Aujourd'hui néanmoins, le gosse s'approcha des limites du quartier mal fréquenté dans lequel Kolin et lui s'étaient engouffrés. Curieusement, malgré les deux années passées, il se rappelait bien du chemin à emprunter pour retourner à la Cour. À demi-apprivoisé par la bande, le gamin pourrait y retourner sans se faire dévaliser ou tuer car on l'avait vu avec Kolin, mais le gamin renonça à y entrer, il serra sa besace vide -après avoir livré ses documents.- contre son corps et poussa un soupir.

Un vent dans la Force l'avertit soudainement d'un danger. Mais ce danger avait aussi une saveur familière et agréable.

- Ko... lin?

Lâcha le Chironian sans pour autant se retourner dans un premier temps, des frissons plein l'échine. Il resta un instant bloqué dans cette position avant de tout à coup reprendre vie. Bras lancés en avant, sabots bondissants, sourire aux lèvres et larmes aux yeux, il chargea son ami dans l'optique de l'enlacer.
Kolin Valkizath
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Déserter officiellement de l’Ordre Jedi faisait représentait la plus grande trahison dont n’avait jamais fait œuvre le nouvel apprenti de Lloyd Hope. L’humain avait évolué et n’était plus dogmatique. À une époque il avait haï les Siths car ils représentaient à ses yeux la pire menace qui pesait sur les plus faibles, on lui avait ouvert les yeux sur la vraie nature de ceux qu’il appelait autrefois ses ennemis, le tableau n’avait d’un d’hylique mais les Jedis et les Siths servaient la même cause, la leur. De jeune et naïf, il avait évolué

Kolin n’avait aucune haine contre les Jedis, seulement une rancœur amère pour ceux qui l’avaient abandonné sur Lordd, puis dans les cachots de l’Académie sur Korriban. Il nourrissait en revanche une rancune contre celui qu’il avait pris pour modèle. Lyrae O’Sil celui pour qui il aurait tout donné et qui lui avait tourné le dos.

La vie à l’Académie n’était pas plus insupportable que celle du Temple, le brun était devenu puissant. Son corps forgé par les coups ne craignait plus les assauts, une longue année de prison et privation avait endurci son esprit, tandis que sa connexion avec la Force n’avait jamais été aussi intense aussi limpide. Fidèle à lui-même, le jeune adulte ne se mélangeait que très peu. Les regards noirs d’apprentis assoiffés de sang glissaient sur lui comme la pluie sur une combinaison étanche. Il n’avait déjà plus rien d’un Jedi comme il l’avait montré en blessant mortellement un Kuati qui l’avait attaqué dans la douche. Il avait fallu qu’un Guerrier intervienne pour empêcher l’humain de mettre à mort l’apprenti qui voulait en faire un exemple. Pour que tous sache que nul ne pouvait défier Kolin Valkizath.

La relative autonomie laissée par Lloyd lui permettait une grande liberté dont il jouissait sans contrainte. L’apprenti avait profité d’une semaine de tranquillité pour démarrer sa croisade. Croisade qui débutait là où tout avait commencé, la Cour des Miraculés.
Dans les entrailles de Coruscant, rien n’avait changé, ni la puanteur, ni la pestilence, ni la haine ou la misère. Les promesses de politiques étaient restées des vœux pieux, les cols blancs ne remueraient jamais la merde, de peur qu’elle ne sente trop forte.

C’était précisément ce qu’était venu faire Kolin, remuer la merde. Depuis longtemps, trop longtemps les gangs faisaient la loi dans les ruelles et les blocs. Il était temps, grand temps que quelqu’un remette de l’ordre. Les gangs lui avaient pris son frère, rackettait, tuait, violait et faisait vivre la cour dans la peur.

Vêtu d’une longue veste, capuche visée sur la tête, Kolin sortit du Joyau Cristallin, la cantina dans laquelle sa mère avait jadis travaillé. La mère et les frères de Kolin étaient toujours en sécurité sur Ondéron depuis l’intervention providentielle de Milésya Kira, grâce à la Force, ils ne seraient pas au milieu quand le nouveau Sith déchainerait les feux de l’enfer.

Ses renseignements en poche, il avait quitté la cantina et marchant tranquillement vers le bloc D, son sabre de Jedi dissimulé à la ceinture quand il ressentit de plein fouet un murmure dans la Force, une bourrasque qui ne lui était pas inconnue. Un frisson parcouru son échine : Samaël.

Le Chironian avait été la lumière qui avait éclairé le chemin de Kolin dans la vie et dans la Force, le petit padawan à la planète inconnue avait été ce qui lui était arrivé de meilleur. L’abandonner avait été si difficile qui lui avait envoyé une lettre, comme pour s’excuser de tous les malheurs que causerait son départ. Comment l’avait-il retrouvé ? Samaël était déjà venu chez les miraculés, plusieurs années auparavant mais il était improbable qu’il soit revenu dans cet enfer. Était-ce pour le chercher, de toute évidence, il n’y avait de hasard, il n’y avait que la Force. Et elle allait mettre en scène une pièce qui de toute évidence ne serait pas agréable à jouer pour les deux protagonistes de cette drôle de rencontre.

Sa gorge se serra lorsqu’il vit son ami maladroit bondir vers lui, les larmes aux yeux. Depuis tout ce temps Samaël n’avait pas changé, alors que le visage d’éphèbe de Kolin portait les marques de la fatigue, du combat et de la guerre. La détention, les malheurs, la peine. Il ne parvint pas à sourire alors qu’il enlaçait son ami de toujours.

Sammy.

Dit-il doucement au creux de son oreille en fermant les yeux un instant pour se laisser emplir de la présence du chironian qu’il aimait tant tout en mêlant son aura de Force à la sienne. Il rouvrit les yeux se laissant serrer sans rechigner, étouffant le peu d’humanité qui lui restait.

Sam, tu es fou.

Il libéra son ami de son étreinte et le toisa de sous sa capuche plongeant son regard océan dans le sien, si il n’avait pas été aussi surpris il lui aurait souri mais un sourire aurait été faux. Un sourire lui ferait croire qu’il avait encore une chance.

Pourquoi tu es venu ici ? C’est dangereux.

Nota-il en posant une main amicale sur son épaule.

Je sais ce que tu veux Samaël, mais c’est déjà trop tard.

Il entraîna le padawan dans une ruelle adjacente sentant l’urine et retira sa capuche libérant une crinière de cheveux en bataille. Il allait reprendre la parole mais se ravisa. Nul besoin d’être un Jedi pour savoir ce qui avait amené Samaël ici. Kolin avait naïvement cru que sa lettre suffirait à satisfaire son ami, car c’était une solution de facilité. À distance, il n’avait pas besoin d’affronter le regard rempli de tristesse et de jugement. La culpabilité le rongea comme l’acide à la rouille en regardant ce Sammy, si loin de chez lui, prêt à braver l’enfer dans la galaxie pour le retrouver lui, Kolin, le délaissé.

Sam, je.. Tu n’as pas reçu ma lettre ?

Il ne trouva rien de plus à ajouter que

Je suis désolé.

Il recula un peu, jaugeant la situation en regardant l’entrée de la ruelle. Il aurait aimé, à ce moment même que Samaël le frappe, qu’il le juge, sa haine serait plus supportable que sa tristesse contrairement a ce qu’il lui avait indiqué dans sa lettre.
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- Si je l'ai reçu, mais tu avais oublié de mettre les coordonnées, je n'ai pas pu répondre. - Le Jedi sourit timidement, à demi blagueur, à demi sérieux, comme s'il espérait que ce soit réellement possible, que Kolin et lui puissent continuer à communiquer par la suite en se donnant leurs adresses.-

Une fois que l'enthousiasme et le soulagement se dissipèrent, une pointe de déception prit la place des beaux premiers sentiments. L'adolescent baissa les yeux pour fixer un chwin-gum collé au sol depuis si longtemps qu'il avait pleinement intégré le bitume, étant parvenu, lui, à s'adapter.

- Je n'ai rien dit.- Le ton déjà bas du Padawan baissa encore, presque essoufflé, sur le point de s'éteindre.- Je veux beaucoup de choses, mais je n'espère rien. Tu es bien trop têtu.

Un sourire triste illumina le visage du gamin, habillé de zestes de souvenirs, de prime abord anodins rendus précieux par les circonstances. La punition, la cour des Miracles. Il était aujourd'hui venu pour se rappeler et... Peut-être chercher Kolin, c'était vrai. Sammy du faire appel à tout son courage, toute sa formation afin de maîtriser les larmes qui lui montaient aux yeux. Lui aussi s'était senti abandonné par les nombreux maîtres qui l'acceptaient avant de renoncer, le pire ayant été sa soit-disant amie Leï qui, après l'avoir proposé de le prendre sous son aile avait finalement refusé devant le Conseil. Pour autant, il ne croyait pas qu'aller chez les Siths soit la solution. Pour éviter un drame inutile, le centaure se mordit les lèvres. Il voulait passer le bon moment que laissait présager ces miraculeuses retrouvailles, dans tous les sens du terme.

- Est-ce qu'ils te traitent bien?

La voix du Padawan se mit à trembler, il secoua la tête pour chasser l'humidité bordant ses immenses yeux que l'adolescence n'avait su corrompre. Dans des temps plus anciens -des siècles!- Kolin l'aurait copieusement enguirlandé pour sa faiblesse.

- Tu... Tu ne vas tuer personne, hein. Tu vas continuer à faire le bien?

Il n'y croyait pas, pas avec les Siths, mais la lettre de son ami lui donnait envie de penser que c'était possible, qu'il avait raison de ne pas avoir trahi ce dernier. La voix définitivement brisé, l'apprenti renonça à essayer d'adopter le fameux ton serein, professionnel et détaché que l'on prêtait aux Jedis.

- Ils te cherchent tu sais, je... J'ai entendu ton nom dans les couloirs. Tu... nous... Me manques.


Smaël se sentit coupable parce qu'il ne cherchait pas à obliger son ami à faire quelque chose dont il n'avait plus envie, c'est-à-dire revenir avec les Jedis. Ses parents l'avaient laissé partir en lui murmurant la phrase "aimer quelqu'un, c'est parfois le laisser partir", pour autant il avait vraiment peur pour Kolin. Les Siths, dans son esprit de petit Padawan bien dressé, qui plus est encore un peu enfantin, étaient des monstres, des hors-la-loi, des criminels. Comment son ami pouvait-il survivre parmi eux? Et si c'était le cas, son méchant maître ne le laisserait certainement pas faire le bien. Il allait avoir un sabre-laser rouge, des yeux jaunes et la peau qui partait en lambeaux.

Le gamin leva un regard légèrement apeuré vers Kolin, constatant que son aîné ne présentait pas tous ces symptômes. Il voulut se moquer de la crinière de son ami, le narguant sur le fait que sa propre chevelure était toujours plus longue mais sa gorge s'était serrée, complètement fermée. Son larynx était en pleine grève et ses cordes vocales venaient de s'évanouir. Impossible de parler davantage, il se contentait d'enlacer l'humain, reculant seulement de temps à autre pour contempler ce qui lui semblait être un mirage.
Kolin Valkizath
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Kolin avait prêté une attention toute particulière pour poster sa lettre, ne voulant pas être retrouvé par quiconque. Il avait utilisé un intermédiaire usant lui-même des planètes écrans pour poster la précieuse missive. En réalité, il avait même hésité avant de l’écrire craignant que l’on puisse confondre Samaël pour complicité. Par ailleurs, il n’imaginait que trop bien le sort qu’on réservait à la désertion et à la sédition et ne voulait pas prendre le risque d’entraîner son ami dans sa chute. Malgré ces précautions, Samaël l’avait retrouvé et il y avait fort à parier que si un padawan en était capable, une équipe spécialisée de Jedis aguerris le pourrait aussi, ils n’étaient pas en sécurité.

Ni l’Empire ni l’Ordre ne devront jamais rien savoir de nos échanges.

Prévint le nouvel apprenti à voix basse ouvrant ainsi la porte à une communication régulière avec le Chironian qu’il ne pouvait se résoudre à abandonner aussi lâchement et ce même au mépris du danger qu’il faisait peser sur les épaules de celui qui comptait tant pour lui.

Je crois que tu me connais un peu trop bien, mais je ne le suis plus autant qu’avant. Grâce à toi.

Kolin se fendit d’un sourire presque innocent, se remémorant les espiègleries adolescentes qu’avaient pu vivre les deux padawans et l’influence mutuelle qui obéissait à leur relation si singulière et incongrue. Kolin avait rendu le chironian plus aventureux, plus rustique, il lui avait à montrer par sa propre nature sauvage que parfois ; même quand tout était contre vous ; il fallait foncer, car rien n’était jamais écrit. Samaël, lui, avait rendu Kolin plus doux, pansant des blessures qu’il avait crues à jamais ouvertes. Il lui avait montré la tolérance, appris la patience, la douceur des mots et leurs nuances. Samaël l’avait rendu bien meilleur et à présent, il regrettait de ne pas pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce.

Ne pleure pas Sam, nous sommes des combattants, les combattants n’ont pas le droit de pleurer. Les larmes sont faites pour les faibles, on est pas des gonzesses.

Fit-il remarquer autant pour lui que pour son ami, à ceci-près que le brun n’avait plus de larmes à verser, plus de sanglots à offrir. Les larmes n’avaient que trop coulées lorsqu’il croupissait dans les geôles infernales de Korriban. Dans ces cachots sombres et humides la puissance du côté obscur avait eu tout le loisir de s’emparer de son esprit affaibli. Le chagrin rendait malheureux, encore plus malheureux.

J’ai été prisonnier pendant un an Sam, un an. Ils m’ont détruit pour me reconstruire. Maintenant, je suis traité comme n’importe quel autre impérial. Je réponds à la loi du talion : celui qui me cherche me trouve. Comme ça a toujours été le cas. Ca ressemble beaucoup au Temple au fond.

Vidé de beaucoup de ses sentiments affectueux, encore moins sensible qu’avant, Kolin ne pouvait pour autant affronter la tristesse de son meilleur ami si facilement. Dans cette cour qui les entourait, loin des lois de la République, l’honneur n’était pas un vain mot, les crachats dans la main valaient contrat, la réputation était la meilleure arme pour survivre ; trahir ses amis était une pratique punie de la peine capitale. Qu’il le veuille ou non, les bas-fonds étaient à jamais gravés dans son organisme : les bons, comme les mauvais côtés.

Le bien ? Tout le bien que j’ai voulu faire n’a apporté que des malheurs, j’ai fait foiré la capture de Borenga, des milliers d’innocents sont morts à cause de moi sur Lorrd, j’ai croupi au fond d’une cellule sombre pendant un an en voulant faire le bien, tout ça pourquoi ?

Sa gorge se serra, évoquer ces souvenirs douloureux lui faisait du mal. Il n’avait pas été à la hauteur de l’espoir qu’on avait placé en lui, Joris lui avait dit et redit qu’il était spécial mais en vérité, il n’avait rien de particulier et c’était d’après lui pour ça qu’on l’avait abandonné.

Comme je te l’ai dit, les Jedis m’ont abandonné. Le Conseil préfère lécher les bottes de la Chancelière et ne pas trop s’impliquer. Un an, Sam, un an en prison à attendre jour après jour qu’on vienne te libérer, à espérer sans y croire que ceux qui défendent le bien se préoccupent de ton sort. Mais personne n’est venu, même Lyrae s’était fait dessus, il était plus courageux quand il a abandonné sa femme et son fils ou pour se marier à une inconnue. Les Jedis ne sont pas mieux que les Siths, crois-moi.

Le côté obscur se mêlait à son état de force à mesure qu’il parlait et que la colère s’immisçait en lui, l’ancien padawan avait un vrai ressentiment pour celui qu’il appelait encore son Maître quelque temps plus tôt.

Je ferai le bien, je te le jure mais à ma façon. Certaines personnes doivent mourir pour que la paix et le bien triomphe. Les Jedis n’ont pas le monopole du bien.

Les traits de l’humain n’exprimaient plus de tristesse, mais une sorte de fatalité. La dernière phrase de Samaël le toucha comme un poignard en plein cœur. Mû par un instinct presque inconscient, il enlaça son meilleur ami tendrement et plongea son cou dans le sien. Kolin ne voulait pas qu’il voit ce qu’il était devenu, à moins qu’il ne l’est toujours été, sans le savoir.

Tu ne peux pas savoir à quel point tu me manques Sammy et à quel point j’aimerai que les choses soient différentes.

Kolin se posa la question d’associer ou non Samaël à son plan. Ce plan qui expliquait sa présence dans la Cour des Miraculeux, mais il se ravisa, le chironian n’aimerait pas cela. Libérant son étreinte, il reprit d’une voix un peu plus joyeuse, comme pour célébrer leurs retrouvailles.

Et toi alors mon pote, quoi de neuf dans ton bouge ?

Dit-il avide de savoir, tout en réajustant les trois détonateurs thermiques qui pendaient à sa ceinture aux côtés de son sabre laser.
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- J'ai connu une fille qui ne pleure jamais, moi.

Murmura doucement Samaël entre deux pauvres sourires. Il sécha ses larmes d'un revers de la main, comme s'il craignait qu'agacé, Kolin finisse par se fatiguer, d'autant plus qu'il était un Sith, désormais. L'idée faillit une nouvelle fois arracher des sanglots au Padawan qui redoubla d'efforts pour ne pas s'effondrer. Comment en étaient-ils arrivés ici? Les événements s'ébranlaient, se bousculaient dans son crâne sans trouver de connecteurs.

- Mais... Comment tu veux faire le bien en t-tuant?

Sammy avait beau être naïf, il se souvint que les Jedis l'avaient déjà fait. Par obligation certes, mais il avait entendu parler d'histoires de ce type et dans le fond, le pré-adolescent espérait que Kolin agirait de la sorte parce qu'il y serait forcé. Baissant la tête, le gamin fit comprendre de manière implicite à son ancien camarade que l'argument "les Jedis ont aussi les mains tâchées de sang" était inutile. Il avait compris et peu envie d'en discuter d'ailleurs.

- J'ai demandé où tu étais, personne ne le savait. J'me suis échappé un jour lors d'une conférence. De l'art, t'aurais été fier! J'ai été ultra rusé, mais t'étais pas revenu à la Cour des miracles.

Il avait prospecté dans les ruelles, aux alentours, rencontrant quelques membres dont un qui se rappelait l'avoir rencontré avec Kolin.

- Luxus m'a dit que tu n'étais pas là. Il pouvait mentir mais c'était une époque compliquée dans la Cour. Il me l'a aussi dit, ça, et je l'ai senti. En plus je devais rentrer. Après... Je suis rentrée sur Ondéron, j'ai cherché sur Holonet et tout mais, j'ai rien trouvé. Je n'ai pas été très doué, au final, j'ai...

Pas mieux agit que les Jedis? Le Chironian peinait à croire que Lyrae avait sciemment abandonné le nouveau Enfant de la Noirceur, de fait il croyait que les Jedis avaient juste été aussi maladroits que lui, ou que les Siths avaient été très bons pour défendre leur territoire, seulement le centaure ne voulait pas risquer la dispute.

- Rien de neuf- un nouveau sourire illumina les lèvres du centaure. La façon particulière de parler de Kolin lui avait tellement manquée. Brève et fragile, cela dit, sa joie rechuta.- Bof, je vais bientôt connaître tous les maîtres du Temple je crois. Ils défilent, me choisissent puis disparaissent. Je m'entendais bien avec une chevalière, plus que bien en fait, c'était une amie. Elle m'a proposé de devenir son Padawan, j'étais super content, puis devant le Conseil, carrément, elle a dit qu'en fait non.

Le gamin haussa les épaules, fixant l'humain d'un air interrogatif. Il se souvenait de cette situation, au tout début lorsqu'il s'était plaint que les autres enfants ne voulaient pas devenu son ami. Kolin allait-il lui dire qu'il était ingérable? Aucune idée, d'ailleurs Sammy ne savait pas pourquoi il racontait ainsi ses minuscules malheurs au prisonnier.

- Excuse, à côté de toi, c'est de la crotte de Bantha, en plus, à part ça, ça va quoi.

Contrairement à un espèce de Temple Sith que le gamin imaginait sombre, bardé de toiles d'araignée, sans fenêtre, avec des murs teints en noir. Tous les stéréotypes possibles et inimaginables.

- Et toi? Ça change beaucoup? 'Fin... Je veux dire, j'ai du mal à imaginer que vous ayez des maths.

À cette idée, le gamin se mit à rire un peu nerveusement. Il n'aimait pas beaucoup les matières en tronc commun avec les civils, absolument nécessaires toutefois, il le reconnaissait. La biologie, un peu de littérature, des prémisses de physique-chimie outre les enseignements plus spécifiques relatifs à la Force ou leur entraînement quasi militaire. Le Chironian se demandait si tout ceci avait été rayé de la vie de l'ancien Miraculeux, s'il recevrait une éducation suffisante pour se débrouiller le jour où il quitterait les Siths -car Samaël ne s'imaginait pas que Kolin reste parmi eux. Cette spéculation avait le mérite de le soulager un peu.-. Bien sûr, cette inquiétude semblait triviale, ça n'en était qu'une parmi tant d'autres cela dit, tant et si bien que le centaure ne avait pas par où commencer. Devrait-il cesser de s'en faire? Impossible, pas de la part d'un pote envers un autre. Ça non.

- Tu veux aller manger un bout? J'ai jusqu'à cet après-midi.

Proposa discrètement Sammy en sondant la silhouette émincée de Kolin. En l'occurrence, il l'avait toujours connu très mince. Le Padawan ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter, imaginant mal le vilain maître aux prunelles jaunies préparer de bons petits plats à l'adolescent. De plus, il avait également envie que tous deux se retrouvent, la cantina simple mais bien fréquentée lui semblait un bon compromis, sans doute pour effacer la distance que le temps, les circonstances avaient forgé. Le petit pécule qu'on lui avait donné devrait suffire à s'offrir un plat chacun, peut-être même un dessert. Ne pas penser à plus tard, juste à cette joie simple, ces retrouvailles. Les épaules de l'adolescent se détendirent légèrement. Cela semblait être la solution.
Kolin Valkizath
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Ce n’est pas simple de répondre mon pote. Des fois, dans certaines situations, il n’y a que la violence pour régler les problèmes, enfin, j’crois.

Non, Kolin n’en était pas sûr, loin s’en fallait. L’idéal des Jedis ne l’avait pas quitté totalement même en quittant le Temple. Si la violence omniprésente dans la cour des miraculés l’avait bercé et avait fait figure de normalité pendant son enfance, la donne avait changé. Les Jedis avaient su canaliser sa colère, la figure de Samaël notamment. Kolin avait découvert qu’une autre voie était possible, que cette brutalité ancrée dans son ADN n’était pas la seule solution. Une possibilité à laquelle il devait tourner le dos.

Un franc sourire illumina les traits émaciés de l’ancien padawan quand Samaël lui expliqua qu’il s’était enfoui de sa conférence sur l’art. Il n’était pas peu fier de son camarade dont le caractère était aux antipodes du sien. Kolin avait toujours Samaël trop timoré, trop respectueux de toutes les règles. La maturité et les choix libres de ce dernier lui montraient qu’à se côtoyer, les deux amis avaient pris un peu de l’autre. Une tape dans le dos plus tard.

En tous cas tu m’as trouvé, c’est plutôt balèze, j’ai fait hyper attention à pas me faire repérer. J’ai croisé Luxus en arrivant, il t’a menti. C’est lui qui m’a rencardé sur pas mal de ricouilles à fenouiller.

Luxus, ce vieil ami du passé avec qui il avait fait les quatre-cents coups. L’humain sale aux longues oreilles avait choisi une voie radicalement récurrente en restant dans les bas-fonds. Dans l’univers crasse remplis de secrets, il était un informateur précieux. C’était d’ailleurs lui qui avait fourni les détonateurs thermiques et les informations dont Kolin avait besoin pour purifier – au moins en partie – l’immonde engeance du gang des Gentilshommes

Merde ! C’est dégueulasse ! Ces Jedis ne méritent pas leur nom. Tu mérites beaucoup mieux que ça Sam.

Kolin soupira car il estimait que les problèmes de Samaël étaient tout sauf de la crotte de bantha. Non, le bien être de son ami lui importait terriblement. La tristesse qui s’échappait du Chironian lui rappela combien l’épaule secourable d’un Maître pouvait être précieuse. Mais aussi à quel point il était difficile de faire confiance. La parole donnée était un trésor et rien ne justifiait qu’on s’en affranchisse. Compatissant mais totalement sûr de lui, il enlaça son ami pour lui redonner du courage.

T’as pas besoin de Maître pour devenir un grand Jedi Samaël. Ce que tu dis ne m’étonne pas, les gradés du temple ne sont pas dignes de confiance. Il eut une pensée très appuyée pour Lyrae. Chez les Siths c’est la même chose, celui qui m’a pris pour élève ne m’est utile que pour progresser. Je sais que je ne pourrai pas compter sur lui.

La seule chose que tu dois faire Samaël, c’est d’utiliser tous ceux qui peuvent t’apprendre des choses. Alors tu deviendras un grand Jedi et un jour, tu pourras faire tout ce que les Maîtres n’ont jamais fait. Tu es meilleur qu’eux.


Cracha finalement Kolin non sans une once de rancœur inondée qu’il était par le côté obscur auquel il avait ouvert la porte de son cœur autrefois si pur. Une noirceur atavique qui débutait de le consommer peu à peu s’emparant de la droiture qui était sienne, souillant le joyau d’annonce qu’il avait été. Un joyau encore plus brillant car forgé dans le pire endroit de la galaxie.

Tu es bien meilleur que moi Sammy.

Dit finalement Kolin en fixant son ami droit dans les yeux pour qu’il sache que ce qu’il disait était vrai et que malgré toute les difficultés, les frustrations et les déceptions qu’avaient pu endurées son ami, il n’en était que plus fort. Il fallait un cœur d’or pour subir l’injustice, un cœur d’or pour n’en tirer aucune rancune. Un cœur si pur pour accepter de revoir celui qui l’avait trahi.

On n’a pas de maths, mais de toute façon j’ai toujours été une buse. C’est presque pas différent. J’ai un pieu où crécher, de la bouffe à tous les repas c’est tout ce dont j’ai besoin. J’ai pas beaucoup d’infos, ils me surveillent mais la nouvelle Reine des Siths à des projets ; la guerre est loin d’être terminée, tout le monde s’entraine pour ça.

L’Académie était sur le pied de guerre. Loin de toutes les intrigues politiques et des salles de guerre, Kolin sentait au fond de lui qu’une nouvelle bataille approchait. La nouvelle impératrice voudrait sans aucun doute marquer son pouvoir et asseoir son autorité. Il en aurait fait de même ; et quoi de plus marquant qu’un nouveau trophée sur le tableau chasse impérial pour répondre aux doutes des autres Seigneurs qui en voulaient au trône de Ysanne.

La proposition de Samaël tomba dans l’oreille d’un sourd. Kolin hocha simplement la tête pour décliner et tira la manche de son ami pour qu’il le suive dans la ruelle. Les deux amis s’engouffrèrent dans les recoins malodorants des soubassements des ruelles désertes.

Il y a un gang ici, les Gentilshommes. C’est un des plus dangereux du coin. Ils prélèvent et vendent des organes sur des veuves et des orphelins pour les revendre. Le clonage des organes fonctionne bien mais les prix au marché noir sont plus intéressants alors leur business fleurit.

Kolin se fraya un passage jusqu’à la fin de la ruelle qui s’ouvrait sur une montagne de poubelles. Il commença à escalader l’immense pile de déchets se servant des objets abandonnés comme de prises pour escalader.

Tous ces gens sans défense subissent la loi des Gentilshommes depuis trop longtemps. Il faut que cela cesse. On serait quels genre de gens si on fermait les yeux ? Empire ou Jedi, ça compte face à ça ?

Il incluait volontairement Samaël car il voulait que son ami l’aide dans la lourde tâche qui l’attendait. La Force en les réunissant lui avait fait un cadeau qu’il était impossible de refuser. Le Chironian était sans doute la personne à qui il faisait le plus confiance dans la galaxie. Sa présence était un mirable.

J’ai besoin que tu m’aides. Le gang à un laboratoire où sont prélevés les organes. À vingt minutes de marche derrière l’usine de traitement des déchets 4-AX. C’est Luxus qui m’a rencardé. C’est aussi là où sont retenus les donneurs en attendant que les commandes arrivent.
Je vais aller libérer les prisonniers, massacrer tous les Gentilshommes qui croiseront mon chemin et faire exploser le bâtiment.


Arrivé en haut de la pile de poubelle, Kolin pointa du doigt un caisson en contrebas sur l’autre flanc de la colline de déchets. Dans le bac métallique s’entassaient un tas de corps mutilés dont avaient été extraits les organes. Femmes, enfants de toutes les espèces. Les perforations qui avaient été faites pour retirer les organes n’avaient même pas été refermées, une perte de temps.

Tu as toujours faim ? Ou tu préfères aider un Sith à faire le bien Sam.

Dit-il le plus sérieusement du monde.
Invité
Anonymous
[hj: désolée s'il y a d'éventuelles petites incohérences ou fautes, j'ai tapé la réponse de mémoire sur ma boîte mail sans avoir accès au forum. ]

-Je t'ai trouvé un peu par hasard. Un peu beaucoup.

Admis le Padawan d'une petite voix. Il aurait pu se taire et s'attribuer le mérite d'une enquête minutieuse mais Sammy n'était pas un menteur. Ses recherches n'avaient abouti à rien et il était tombé sur Kolin parce que la nostalgie l'avait mené sur un lieu proche de leur ultime et unique grande aventure. La tête toujours baissée, le gamin souffla un "toi aussi", sous-entendant que son ami méritait également mieux que les Siths. La suite fit rougir ses joues, le confondant légèrement. Bien que flatté, l'enfant-poulain peinait à croire Kolin. Comment pouvait-on devenir Jedi sans maître? Le contenu des cours était trop dense, et la formation beaucoup trop délicate pour qu'assister à des cours communs suffise. D'ailleurs, l'adolescent sentait que ses ressources s'essoufflaient. La bonté des deux vieux maîtres qui l'appréciaient lui permettait de faire appel à eux, à leur expérience afin d'aller un peu plus loin que ses camarades aussi abandonnés par la chance, mais il buttait chaque jour un peu plus. Réviser ses leçons n'était plus assez, si cela continuait, Sammy prendrait du retard, incapable d'effectuer des missions ou des exercices trop difficiles seul.

-Oh oui, oui, j'utilise beaucoup les autres - répliqua soudain le gosse, fier de parvenir à appliquer les conseils de son interlocuteur.- Par exemple Maître Saa, je lui soutire toujours plein d'infos...- Un sourire coquin se dessina sur sa bouille innocente. Cela l'aurait presque rendu voyou, si la suite n'avait pas indubitablement révélé que Samaël était... Samaël.- Il m'envoit faire des courses à Ondéron ou parfois sur Coruscant, c'est un très vieil homme alors il est content de ces services. En échange il m'apprend plein de trucs. Tu vois, j'utilise les autres!

Sachant que pour trente minutes d'aide aux devoirs ou démonstrations de techniques le gosse gambadait parfois deux heures avant de trouver l'ancienne boutique de coin de rue dans laquelle Maître Saa aimait acheter ses confiseries. Mais il avait gardé de bons souvenirs d'escapades du Temple pour boire un thé et se gaver de gourmandises de Chez Nono, alors le centaure y allait, il fouillait les alentours s'il le fallait, tournait en rond, en carré, en triangle pendant deux heures mais il ne mentait pas et ramenait les sucreries de Chez Nono, pas celles de Chez Nana à l'entrée de l'astroport. Tout cela le rendait heureux: faire plaisir à un vieil homme perclus d'arthrite, écouter ses histoires souvent ennuyeuses, parfois passionnantes, bien que ces temps-ci, ces douceurs enfantines devenaient fades. Il fatiguait un peu de ce manque de retour, peut-être ou s'était simplement embourbé dans le désespoir.

Quoiqu'il en soit, le thème abordé par Kolin sortit soudain Samaël de sa tristesse. Il oublia ses soucis pour se focaliser sur ceux des victimes de prélèvements d'organes. Ne pouvant réprimer un frisson, le gosse se redressa vivement

-Faim? J'ai pas faim moi. On va aider!

Mais alors que Sammy allait entammer un galop indigné, il se rappela ne pas connaître la direction à prendre pour secouer le Gang des Gentilhommes. Son regard noyé de peine et de détermination -le même que lorsqu'il avait décidé d'aider le frère de son camarade.- se posa par inadvertence sur l'objet brillant que Kolin tenait. Il fallut un temps à l'adolescent pour mettre un nom sur cette chose technologique car malgré les cours, il peinait toujours à maîtriser ce domaine, à ses yeux peu naturel et peu passionnant.

-Ok Kolin, mais sans tuer. On ne peut pas tuer. Et faut prévenir les autorités, d'accord? Ces membres de Gang doivent être jugés.

Le gosse signa sa partie de contrat implicite en tendant sa main, non pas vers son comlink, sinon vers son ami. Il promettait silencieusement de ne pas recourir au protocole en appelant ses maîtres, prenant un risque énorme de réprimandes mais aussi purement pour sa vie. En échange, l'adolescent espérait que Kolin comprendrait qu'il ne pouvait pas sortir son sabre-laser et assassiner. Les Siths le faisaient à tour de bras selon les rumeurs dans le dortoir, d'ailleurs le jeune humain avait peut-être aussi franchi la barrière, une idée qui terrorisait Samaël au passage et le laissait pensif: connaissait-il vraiment Kolin? Pouvait-il se fier à son ancien ami? Et si ce dernier lui mentait pour le tuer ou alors le faire sombrer? C'était ce qu'on racontait, ce dont les maîtres les avertissaient... Et pourtant, il avait envie d'y croire, d'aider son camarade.

-T'as un plan? Parce qu'à deux c'est compliqué, surtout que ça à l'air d'une bande vachement organisée.

Une certaine peur était lisible dans le ton du Padawan mais elle était plutôt excusable. Après toutes ces émotions, le gosse venait d'apprendre que les caissons contenaient des organes ou des corps sans vie, il n'était pas sûr de souhaiter le savoir en détail. L'estomac révulsé, le gosse esquissa un pas en arrière, il prit son courage à 4 pattes pour planter ses immenses prunelles claires dans celles de son camarade.

-Retire juste la dernière phrase de ton plan et j'te jure que je t'aide.

Une bouillie de sentiments l'envahissait. Il avait peur de trahir son camps, de finir encore plus isolé que maintenant où certains maîtres le regardaient avec peine. Cependant, il fallait agir vite pour sauver des victimes de l'horrible trafic, sans oublier qu'en s'illustrant, Samaël attirerait peut-être un mentor? Sans hypocrisie toutefois, cet ultime et potentiel bonus était le cadet des soucis du gosse. Il avait été, pendant des années, le premier à vanter à chaque maître les qualités de ses proches amis afin qu'on les choisisse, passant derrière. C'était tout lui, l'optimisme doublé d'un altruisme que certains jugeaient écoeurants. Déjà poulain il était ainsi, sa communauté solidaire n'avait fait que renforcer ce trait, avant que l'Ordre ne le confirme, achevant de l'instiller au fond de son âme. Sammy fonctionnait par bonté et loyauté envers les siens, Kolin saurait-il le rester en faisant un pas vers lui? Il fallait juste accepter ses limites. En tant que Jedi, en tant que Samaël, le Chironian se refusait à tuer qui que ce soit, ou même frapper injustement. Ce serait alors, tromper la loyauté envers son propre coeur.
Kolin Valkizath
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Samaël n’avait pas l’air heureux au Temple, l’avait-il déjà été ? Kolin et lui se connaissaient bien et partageaient leurs secrets intimes, au moins à une époque. Le petit centaure était aveuglé par sa gentillesse et sa bienveillance : deux qualités merveilleuses qui faisaient la joie de l’ami qu’il était, bien qu’au fond, Kolin savait que les bons sentiments du Chironian n’étaient pas forcément partagés par tous. Sammy en avait bavé, il le savait et le lisait dans le regard de son compagnon des débuts. Les Jedis étaient orgueilleux, un Maître doué de raison aurait sauté sur le padawan pour l’instruire ; en lui brillait le feu éternel du bien, le même qui s’éteignait peu à peu chez Kolin.

Gagné par la curiosité, l’ancien padawan faillit demander à son vis-à-vis s’il avait des nouvelles de Lyrae, son ancien Maître qui l’avait lâchement abandonné mais à la place le petit centaure lui compta les récits du Temple, sa vie chez les Jedis lui manquait parfois bien qu’il soit incapable de pardonner.

Sans tuer ? Mais Sammy, tu crois qu’ils font quoi à longueur de temps, qu’ils coudent des vêtements pour les orphelins de Coruscant ?

Kolin avait réagi d’instinct, agacé, par cette même bienveillance dont il avait pourtant vanté les mérites quelques minutes avant. L’idéalisme du padawan démontrait en partie pourquoi Kolin ne s’était plus senti parmi les siens chez les Jedis. La justice n’existait pas dans la cour des miraculeux. Rien n’avait changé au fil du temps et surtout pas la loi du plus fort qui régnait en Maître. Les crasseux des souterrains n’existaient qu’aux élections, les promesses de changement étaient restés lettres mortes, années après années la situation se dégradait. La République avait pudiquement détourné le regard. La seule loi qui prévalait était-celle des gangs, Kolin le savait. Il ne pouvait pas blâmer Samaël d’ignorer cette tragique réalité. Ses paroles partaient d’un bon sentiment, comme toujours.

Tu ne comprends pas. Les autorités se moquent bien de savoir ce qui se passe ici crois moi. J’ai vécu ici suffisamment longtemps pour le savoir.

Murmura presque l’adolescent en jetant un œil sur les grandes tours grises qui formaient les habitations du bloc D, là où il était né. Son cœur se serra alors qu’il contemplait de loin ces lieux qui renfermaient tant de souvenirs heureux pour la plupart. Joris, ses amis, disparus à présent. Kolin ne portait plus les stigmates de son enfance malheureuse dans la cour des miraculeux mais il portait encore en lui l’héritage de sa naissance. Les miraculeux le restaient à jamais.

C’est chez moi ici tu sais mon pote, je me sens responsable des gens qui vivent ici. Quand j’étais gosse, j’ai toujours trouvé injuste d’être né dans la poubelle. De n’avoir que mes yeux pour pleurer et mes jambes pour courir quand on m’attaquait. Je sais c’est mieux que savoir qu’on ne pourra jamais revoir sa planète.

Il ne voulait pas avoir l’air égoïste, après tout l’histoire de l’enfance de Samaël était aussi tragique que la sienne voire pire, mais lui avait le pouvoir de changer les choses ce qui était hélas moins le cas de son ami. Son ami, son ami qui venait implicitement de donner son accord de ne pas le dénoncer à l’Ordre Jedi.

Maintenant j’ai le pouvoir de me battre pour ceux qui souffrent maintenant et je n’ai plus les contraintes de l’ordre pour m’empêcher d’abattre ceux qui le méritent.

Répliqua l’apprenti d’une voix glaciale en sentant les relents du côté obscur l’envahir. La haine l’envahissait, cette haine de ces hommes qui abusaient des plus faibles et qui depuis trop longtemps.

Il doit y avoir des morts, ça fonctionne comme ça ici. Même si on détruit tout, ils reconstruiront ou trouveront autre chose, ces gens sont des chiens katt, la galaxie se portera mieux sans eux. Ils doivent être punis, punis de mort tous autant qu’ils sont.

Les mains de Kolin se desserrèrent alors que la colère passait. Il ne voulait pas offrir ce spectacle à son meilleur ami qui avait toujours su voir le meilleur au fond de lui. Le spectacle du côté obscur ne le réjouissait pas mais le timbre de sa voix et sa tranquillité en parlant de meurtre ne pouvait pas tromper. Il n’était plus tout à fait le même que celui avec qui Samaël avait partagé tant de moments de complicité.

Je suis désolé Sam, je sais que je t’en demande beaucoup mais si tu as un autre plan je suis preneur.

Kolin déposa une main amicale sur l’épaule du centaure ne quittant pas son regard où il pouvait lire toute la détermination.

Tu peux faire quelque chose qui compte ce soir mon ami, quelque chose de réellement utile pour les faibles et les plus fragiles. Quelque chose que personne d’autre ne fera pour eux. Pour le plan c’est simple. D’après Luxus, les prisonniers sont retenus dans l’aile est du bâtiment, on passe par les égouts.

C’était l’avantage d’habiter au plus bas de Coruscant, le réseau d’égouts traversait la ville de part en part, ils étaient labyrinthiques mais grâce à la Force et à la connaissance des lieux de Kolin ils y arriveraient, par ailleurs personne ne les empruntait jamais, l’odeur était trop immonde.

On libère les prisonniers puis on avance salle par salle en posant les explosifs et en nettoyant tout ce qui bouge. Les gangs ont beaux être organisés, ils restent des animaux qui passent leur temps à picoler à et se droguer. En plus, ils ne doivent pas être beaucoup sur site, trop d’activités alerteraient leurs concurrents.

Kolin libéra l’étreinte de Samaël et reprit doucement en fermant les yeux.
T’en dis quoi ?
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