Absalom Thorn
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— La navette du Seigneur Noctis est sortie de l’hyperespace.
— Envoyez les coordonnées pour l’arrimage.

Sur le pont du petit croiseur sith qui attendait patiemment aux frontières du secteur contrôlé par Argazda, l’équipage œuvrait avec une discipline méthodique. Là, il y avait beaucoup de jeunes gens qui commençaient leur carrière dans la flotte impériale et qui achevaient de se former lors de missions diplomatiques et commerciales, avant de rejoindre le front. On ne s’attendait pas à devoir ouvrir le feu dans les jours à venir mais tout le monde témoignait de l’attention consciencieuse qui caractérisait en général les recrues fraîchement sorties de l’école.

À moins d’une heure de vol, Argazda attendait. Pour la majorité de l’équipage, la planète ne resterait jamais qu’une forme dans le hublot. Aucun débarquement en force n’était prévu, bien au contraire. L’Empire ne pouvait s’offrir le luxe de multiplier les fronts et, en Argazda, Darth Odium voulait plutôt voir des alliés. Noctis avait rapidement saisi l’occasion de rapprocher ses intérêts et sa politique de ceux du Seigneur de guerre.

— Le comité d’accueil est au hangar ?
— Oui, capitaine.

Hr’op hocha lentement la tête. Recevoir un Seigneur Sith sur son vaisseau, c’était toujours à la fois un honneur et une petite malédiction. Noctis avait la réputation d’être tout à fait conciliant mais, paradoxalement, Hr’op s’en trouvait plus inquiet encore. De son expérience, on ne se hissait pas au rang qu’occupait l’Hapien avec de la tendresse et l’amour de son prochain au cœur. En vérité, Hr’op préférait les brutaux : avec eux, on savait à quoi s’attendre.

La petite navette finit par pénétrer le bouclier du croiseur pour se poser en douceur dans le hangar, la rampe descendit et Noctis fit son apparition. Sa réputation de beauté le précédait, mais c’était autre chose que de la constater par soi-même, parce qu’alors la Force appuyait la séduction innée du Sith. Il y eut plus d’un soldat impérial qui nourrit ce jour-là, et pour la première fois, des pensées qu’il choisirait d’ignorer soigneusement, pour le reste de sa vie.

Noctis avait revêtu une tunique de sorcier sith, noir et pourpre, brodée d’or. Comme toujours, son choix vestimentaire avait été soigneusement réfléchi. Il s’était documenté sur Argazda, et sur le culte vianiste en particulier, et il avait choisi un habit religieux qui évoquerait à leurs interlocuteurs cette culture du sacré et des mystères spirituels qu’ils avaient en commun. Comme Odium, le Hapien était persuadé que les similitudes entre l’Empire et Argazda étaient fort prometteuses.

Le second de Hr’op s’inclina profondément.

— Seigneur Noctis.
— Silvasi est-elle arrivée ?

On lui avait promis l’assistance de l’une des héroïnes de Makem Te et Noctis s’en réjouissait.

— Oui, Seigneur. Elle est dans ses quartiers. Voulez-vous que je la fasse appeler ?
— Sur le pont de commandement.

Le second fit un signe à son lieutenant qui hocha de la tête, avant d’ouvrir la marche pour guider Noctis jusqu’au capitaine. Une fois sur le pont, le Seigneur prit quelques nouvelles de la surveillance du secteur que Hr’op avait mené à bien depuis leur arrivée et, assuré que l’attente s’était déroulée sans incident et que les Argazdans avaient bien consenti à leur atterrissage prochain, il donna l’ordre au croiseur de se mettre en marche.

— On nous a demandé de garder une orbite lointaine et d’envoyer une seule navette, qui devra atterrir au Palais de la Contemplation, au sud de la capitale, qui est réservé à l’accueil des dignitaires étrangers. C’est là que vous pourrez prendre vos quartiers. Et peut-être là où se dérouleront les discussions.

C’était même très probable : soucieux de préserver leur intégrité culturelle, les Argazdans voulaient éviter à tout prix que les Siths puissent se pavaner en ville et se mêler à la population. D’ailleurs, l’arrivée des deux ambassadeurs n’avaient guère été médiatisées.

— Néanmoins, je tiendrai un escadron constamment en alerte, pour être en mesure d’intervenir, si la nécessité s’en faisait sentir.

Mais il était évident que le seul croiseur ne pouvait prétendre seul à tenir longtemps contre les forces qui protégeaient probablement la planète.

— Il faudrait que nous soyons des diplomates bien incompétents pour que cette visite protocolaire se transforme en bataille rangée, remarqua Noctis.

Hr’op fixa le Sith avec un brin d’incertitude.

— Je ne voulais bien sûr pas insinuer que…
— Détendez-vous, capitaine, je plaisantais. Votre initiative est fort judicieuse. Quelle impression avez-vous tiré de vos contacts avec les autorités aérospatiales de la planète ?
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Yana Silvasi se trouvait en ce moment même dans ses quartiers, faisant face à la vitre donnant directement sur l’immensité de l’espace. En tant qu’apprentie Sith, elle avait eu droit à des quartiers plus luxueux que les membres de l’équipage autres que les officiers et elle comptait bien en profiter pour la durée de ce court voyage. Afin de profiter de la lueur des étoiles, elle avait éteint la lumière de sa chambre et restait ainsi silencieuse, pensive devant l’immensité du cosmos.

Lorsque, sur Korriban, elle avait eu vent de la mission qu’avait proposé le Seigneur de Guerre Darth Odium, elle n’avait pas été surprise. Même si dans l’académie courrait quelques rumeurs fantaisistes sur sa faiblesse, elle n’avait aucun doute qu’un membre aussi puissant des Sith possédait un esprit brillant. L’Empire ne pourrait se construire uniquement sur les cadavres de leurs ennemis. Aussi puissants étaient-ils, ils devaient compter sur la présence d’alliés, que ce soit tant sur le plan commercial que politique et militaire. Une suite diplomatique était donc la plus appropriée des mesures à prendre, et elle s’était empressée de proposer sa participation pour la mission.

Rares étaient les occasions pour la jeune Zeltronne de promouvoir son ambition de devvenir diplomate pour l’Empire, et plus rares encore étaient ses… confrères qui prenaient une telle ambition au sérieux. Ils se souvenaient encore de sa faiblesse, de son manque d’ambition, de son peu d’intérêt pour le pouvoir personnel. Elle n’en avait que cure. Les puissants commençaient à voir autre chose en elle. Ils voyaient la jeune femme qui avait réussi avec une poignée de soldats à tenir tête aux troupes Républicaines sur Makem Te et à permettre à la Dame Noire de fuir sans danger. Les plus informés d’entre eux voyaient aussi une jeune femme qui lentement se faisait de nouveaux contacts dans l’espace Hutt, en jouant de séduction et de manipulation. Ils voyaient une jeune apprentie avec du potentiel. Et c’est cette apprentie que cette mission pouvait mettre sur le devant de la scène. Elle devait être irréprochable.

Lorsqu’elle avait accepté cette mission, on lui avait expliqué ses tenants et ses aboutissants, lui laissant l’occasion de se préparer en conséquence. Une journée avant de monter à bord du vaisseau et elle l’avait mise à profit pour en apprendre le plus possible sur les Argazdans qu’elle devrait convaincre en compagnie d’un Seigneur Sith, le Seigneur Noctis. Elle s’était également, bien entendu, renseignée sur son supérieur pour cette mission et avait été agréablement surprise. Un homme beau, charismatique et diplomate de ce que l’on disait. Certains le traitaient de pacifistes mais elle les catégorisa comme de stupides réflexions. On ne pouvait devenir Seigneur Sith en étant pacifiste. Il s’agissait sans aucun doute d’un homme brillant et loyal à l’Empire, qui savait choisir ses batailles, voila tout.

Les informations sur les Argazdans furent tout aussi intéressantes. Un peuple autoritariste et religieux, ayant du mal à se soumettre face à des gouvernements autres que les leurs. Ils avaient été façonnés par les régimes totalitaires précédents, et cela avait un impact sur leur état d’esprit, même un siècle après leur humiliation par la République. Elle ne savait pas quelle tournure allait prendre la mission et comment aborder les discussions, donc préféra être parée à toutes les éventualités.

Ses bagages furent conséquents, deux valises remplies de vêtements. Deux uniformes officiels de l’Empire, deux tenues de soirée élégantes, deux tenues de combat en cas d’interception par des forces hostiles, et deux tenues bien particulières qu’elle avait faites réaliser sur mesure. Cela lui avait couté cher, mais elle était partisane du fait que la diplomatie se jouait sur les détails.

Un d’eux était un uniforme de l’Empire un peu particulier. Les symboles de l’Empire Sith étaient présents, mais l’uniforme lui-même était noir, formel, avec des décorations rouges au niveau des épaulières et de l’arrière de l’uniforme. Même s’il était visible que c’était un uniforme impérial, il serait sans doute impossible de ne pas penser aux uniformes de leurs Maitres Esclavagistes il y avait de cela un siècle.

Le deuxième était similaire, mais là où le premier attrapait l’attention des observateurs et leur rappelait leur âge d’or, le deuxième mettait l’accent sur leurs traditions religieuses. Les couleurs étaient celles de leur culte, et étaient disposées pour être respectueuses de celui-ci sans pour autant être trop exubérantes.

Une fois les bagages faits, Yana n’avait pas tardé avant de rejoindre la navette qui la mènerait jusqu’au croiseur Imperial lui servant de transport. Et ce fut donc ainsi qu’elle se retrouva à attendre l’arrivée du Seigneur Noctis, méditant afin de faire taire la légère appréhension qui était apparue à l’idée d’accomplir une mission aussi cruciale pour l’Empire.

Ses pensées furent justement interrompues par une légère sonnerie, la prévenant que quelqu’un souhaitait lui parler à l’extérieur de sa cabine. Habillée d’un simple mais élégant uniforme impérial, elle se décida à aller répondre à la porte. L’ouvrant, elle se trouva nez à nez avec un jeune enseigne, plutôt charmant au demeurant, qui la salua avant de lui adresser la parole.

« Madame, le Seigneur Noctis vient d’arriver sur le navire, et demande votre présence sur le pont de commandement. »

Yana cligna des yeux un instant avant de légèrement sourire et de hocher de la tête en direction du messager.

« Bien reçu, je finis de me préparer et je vous rejoins dans une minute. »

Fermant la porte, l’apprentie se rendit à la salle de bain et s’observa dans la glace quelques instants. Tout était normal, aucun souci visible qui pourrait lui faire perdre la face auprès du Seigneur Noctis. Elle sortit donc de ses quartiers et suivit l’enseigne qui la mena directement au pont. La plupart des officiers étaient déjà connus d’elle, mais le nouveau venu lui coupa immédiatement le souffle. Ce qu’elle avait lu sur lui n’étaient que pacotilles au côté de la réalité de sa présence. L’homme exerçait une présence, possédait un charisme naturel qui était tout bonnement incroyable. Elle se savait belle, mais venait de prendre conscience de l’immense chemin qui lui rester à parcourir avant de pouvoir ne serait-ce que faire concurrence à cet homme. Elle ne prêta qu’une légère attention au capitaine qui venait de finir de lui dire quelque chose pour son plus grand malheur. Il ne fallait pas se laisser ainsi déconcentrer par ses hormones !

Se ressaisissant, l’apprentie posa un genou au sol en signe de respect devant le Seigneur, avant de contrôler son corps afin de ne pas relâcher ses phéromones en réponse à la soudaine attraction qu’elle ressentait. Ce fut un succès, et elle soupira en son fort intérieur avant de se relever et de s’adresser à son supérieur.

« Seigneur Noctis, c’est un honneur pour moi de pouvoir travailler à vos côtés. »

Elle hésita quelques instants à continuer, avant de respirer profondément et de prendre la parole une fois de plus. Elle souhaitait montrer sa compétence et son envie d’apprendre et de s’investir dans les affaires diplomatiques, et ce n’était pas en étant soumise et obéissante qu’elle le ferait. Il lui fallait faire preuve d’initiative.

« J’ai parfaitement conscience que je ne suis qu’une novice dans les arts de la diplomatie monseigneur, mais j’ai l’ambition d’apprendre afin de pouvoir servir au mieux l’Empire dans les années futures. J’espère que vous daignerez me faire part d’une partie de votre expérience dans ce domaine afin que je puisse au mieux accomplir ma tâche. »

Il était inutile de parler des tenues jusqu’à présent, mais elle pouvait constater que la sienne arborait les couleurs des vianistes. L’idée qu’elle avait eu n’était donc pas absurde. Un léger sourire s’afficha sur son visage lorsqu’elle regarda les vêtements de son interlocuteur, avant de le regarder dans les yeux à nouveau. Ne pas se laisser distraire par la beauté devant elle, son avenir en dépendait !
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— Je suis certain que vous serez tout à fait à la hauteur des projets du Seigneur Odium. C’est que votre réputation vous précède.

Il avait les Seigneurs Siths qui tenaient à cultiver leur aura de psychopathe et il y avait Noctis, qui venait d’adresser son sourire le plus chaleureux — et ce n’était pas peu dire — à la jeune Apprentie. Déjà, d’ailleurs, celle-ci intriguait le Hapien. Il avait avec les Zeltrons une affinité naturelle : comme eux, il était persuadé que les plaisirs de la chair et le désir de l’autre devaient jouer un rôle essentiel dans l’existence, et que, dans ce cas les Jedis jugeaient des distractions futiles et passagères, les Siths souvent des satisfactions brutales et utilitaires, se dissimulaient des vérités profondes et précieuses.

Mais surtout, Yana était jeune et, jeune déjà, elle avait acquis une solide réputation. Ce n’était pas sans lui rappeler sa propre ascension de prodige, arts de la guerre mis à part, au sein de l’Ordre et plus encore de l’Empire. Il ne craignait pas le talent des autres, au contraire : c’était une concurrence qu’il jugeait instructive, un rappel sain et nécessaire qu’aussi puissant qu’il fût, ses efforts devaient être sans cesse redoublés. Il préférait attirer à lui les talents ambitieux de l’Empire, plutôt que de les tenir à distance de peur d’être renversé.

— Mais je crains de n’avoir pas de conseils très profonds à donner de but en blanc.

Fausse modestie, probablement.

— La vérité, c’est qu’Argazda s’est refermée, comme vous avez dû l’apprendre, depuis les désordres récents…

Le choix de l’adjectif n’était pas anodin. Pour bien des jeunes gens, un siècle, c’était de l’histoire ancienne, mais Noctis avait rapidement compris, au fil des missions, que l’histoire était dense, mais chez les espèces dont l’espérance de vie était proche de celles des humains, et que dans sa densité elle pesait sur les mondes, sur les civilisations et sur les esprits. Il n’y avait probablement personne sur Argazda qui eût vécu la guerre contre la République mais personne ne devait non plus l’avoir oubliée.

— … la planète tente de se faire discrète, moins par diplomatie, sans doute, que par honneur blessé. Et les réticences de la République à l’accueillir en son sein joueront certainement en notre faveur, quoique les fiertés meurtries ne se laissent pas aisément conquérir. Mais après tout, nous ne venons pas conquérir…

Il eut un nouveau sourire qui perturba gravement l’officier chargé des communications.

— … nous venons séduire. Capitaine, notre navette ?
— Prête, Seigneur. J’ai pris la liberté de faire transporter vos bagages. Les autorités locales ont accepté que vous soyez escortés de quatre hommes.

Hr’op eut ce qui s’approchait, pour les gens de son espèce, d’un sourire entendu, tant il lui paraissait évident qu’une escorte était inutile à des Siths bien entrainés. Mais c’était une question de décorum.

— Je regrette que vous ne puissiez pas nous accompagner mais s’il devait arriver que nos négociations avancent au point où des accords militaires seraient envisagés, il n’est pas impossible que vous soyez invités à vous joindre à nous pour vous entretenir avec un homologue.

Le capitaine eut l’air surpris : les Siths généralement n’aimaient pas partager les honneurs. Ne sachant à quoi s’en tenir, il se contenta de baisser humblement les têtes et le même enseigne qui avait guidé Yana se présenta aux deux Siths pour les guider jusqu’à la navette. Quand ils furent bien engagés dans les coursives, Noctis murmura à l’intention de l’Apprentie :

— Il n’y a jamais d’alliés trop modestes.

Il voulait dire par là que si l’on pouvait entretenir de bonnes relations même avec le capitaine d’un petit croiseur d’entraînement de la marine impériale, il n’y avait pas de raison de s’en priver. Les bienfaits qui ne coûtaient rien à donner, il fallait les distribuer libéralement.

La navette de transfert les attendait dans le hangar, à côté de celle que Noctis avait emprunté pour rejoindre le croiseur. Elle offrait le confort élémentaire des vaisseaux de ce genre et les quatre soldats affectés à la protection des deux Siths avaient revêtu une tenue formelle mais point trop protocolaire : Hr’op s’y connaissait. Noctis s’assit en face de Yana. Ils décolleraient dans peu de temps.

— Alors, que pensez-vous que devrait être notre stratégie ?

Il comptait bien prendre les décisions finales, naturellement, mais il n’était pas du genre à se priver de la perspective des autres. Ses yeux s’étaient donc posés dans ceux de Yana et, comme beaucoup de regards des Seigneurs Siths, celui de Noctis paraissait vouloir plonger jusqu’à l’âme même de l’Apprentie.
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La réponse du Seigneur fut encourageante, mais elle ne laissa pas son égo prendre le dessus. En l’interlocuteur face à elle, elle reconnaissait ce qu’elle pourrait être d’ici une quinzaine d’année. Une personne puissante, charismatique comme peu et manipulant presque naturellement à coup de flatteries et de séductions. Oh, elle savait ce qu’il faisait, mais n’avait pas les défenses nécessaires pour l’en empêcher. Et comment pourrait-elle, elle qui n’était que novice dans cet art face à un maître tel que lui ? Elle s’efforça de garder cet avertissement pour elle-même en tête et n’eut pas peur de montrer le léger rougissement de ses joues, caractéristique du plaisir d’être complimenté et du léger embarras qu’elle ressentait face à ces compliments.

Mais même si elle se savait manipulée, elle savait également qu’elle se devait d’apprendre de cette situation, du Seigneur qui se tenait devant elle. Elle n’aurait probablement pas une aussi bonne opportunité de progresser, de poser des questions et d’apprendre l’art de la diplomatie de sitôt, donc elle comptait bien en profiter pleinement. Il n’aurait probablement pas de problème avec ça. Elle savait également que de comparer cet homme et elle-même était dangereux, et faire preuve de beaucoup d’hubris, mais c’était un point de comparaison valable d’après ce qu’elle voyait. Il fallait juste ne pas mettre trop de poids sur les déductions qu’elle pourrait faire et se concentrer sur la mission. Avant tout, la réussite de la mission et un service irréprochable envers l’Empire étaient les priorités absolues.

Se concentrant sur le Hapien, Yana l’écouta expliquer la situation politique actuelle. Il en avait dit un peu plus que ce qu’elle avait déduit de ses recherches, mais elle fut ravie de constater que ses réflexions sur la situation actuelles Argazda étaient assez proches des siennes. Une situation politique assez intéressante pour eux. Un peuple et un gouvernement humiliés il y a un siècle, assez longtemps pour qu’ils aient commencé à regretter les erreurs du passé, mais pas assez pour qu’ils aient complètement oublié, du moins du côté de leur gouvernement, leur grandeur passée. Une situation intéressante diplomatiquement parlant, et presque parfaite pour une opération de séduction. Il ne fallait néanmoins pas trop croire que la situation était gagnée d’avance, la diplomatie était un art pour une raison bien précise. Rien n’était fait jusqu’au dernier moment, et chaque erreur pouvait détruire tout progrès.

Les informations du capitaine étaient intéressantes. Quatre soldats pour les accompagner. Inutile d’un point de vue purement pratique, mais diplomatiquement un point fort. Cela montrait qu’ils étaient d’importance, et, même si c’était sans doute évident pour les Argazdans, dissimulait grossièrement le fait que justement ils n’avaient pas besoin de force de sécurité. Tout se jouait au niveau des apparences dans ce métier.

Elle accompagna Darth Noctis alors qu’ils se rendirent en direction de la navette et entendit son commentaire sur les alliés. Elle le regarda, curieuse avant de comprendre le sens de ses propos. Oui, il avait flatté le capitaine, un officier qui ne semblait avoir aucune importance sur le long terme, et c’était possiblement le cas. Mais qu’importait tout cela, puisque cela ne lui avait rien coûté d’autre que quelques mots agréables. Il était toujours préférable à se faire des alliés plutôt que des ennemis.

« Je comprends, et c’est quelque chose que j’essaye d’appliquer au quotidien et qui m’a posé souci dans l’académie. »

Son ton était doux, posé.

« Je n’ai jamais vraiment compris l’intérêt de rabaisser nos… subordonnés comme beaucoup de mes… collègues aiment à le faire. Pourquoi se faire des ennemis inutilement ? »

Elle secoua de la tête avant de regarder autour d’elle. Ils pouvaient se rendre à la navette immédiatement, mais elle ne s’attendait pas à ce qu’ils arrivent aussi rapidement, et sa tenue n’était peut-être pas optimale pour un premier contact, spécifiquement le port de son sabre laser. Elle regarda donc le Seigneur avant de s’adresser à lui une fois de plus alors que le bruit de leurs pas résonnait dans les coursives du vaisseau.

« Excusez moi Seigneur Noctis, mais j’ai une question à vous poser. Je suis désolée de vous faire ainsi perdre votre temps, mais j’avais une question pour ce qui est de ma tenue. Doit-on afficher nos sabres lasers à leur vue ou non ? Il est évident qu’ils se douteront fortement de notre nature, mais de ce que j’ai lu ce sont les Jedi qui ont mit fin à leur empire. Même si nous ne pouvons bien évidemment pas en être, la présence de nos armes à notre ceinture ne pourrait-elle pas nous desservir, ne serait-ce que subconsciemment ? »

C’était peut-être un peu tiré par les cheveux, mais ce genre de détails avait son importance, et elle souhaitait que tout se passe le mieux possible.

« Je serais également, si vous le permettez, en besoin de conseils pour ce qui est de ma garde robes et des tenues à adopter durant cette mission. J’ai pris l’initiative de prendre un panel élargi de tenues, que ce soit des uniformes impériaux comme celui que je porte, des tenues de soirées ou même deux tenues que j’ai fait faire spécialement pour l’occasion et dont je ne suis pas sûre de la… sagesse du design. Ne voulant pas faire de faux pas, j’aurais préféré avoir votre avis sur la question avant notre départ pour la planète, mais cette option m’est désormais impossible. Heureusement les vêtements que je porte actuellement sont plutôt conservateurs et ne devraient pas causer d’incident. »

La dernière phrase fut prononcée presque comme un murmure pour elle-même, mais le reste était sur un ton formel, professionnel. Les propos du Seigneur sur la mission avaient mis de côté toute frivolité inutile à la mission. Comme elle se l’admettait à elle-même, il y avait un temps pour le plaisir, et il y avait un temps pour le travail. Et là il était définitivement temps de travailler.

Les deux Sith arrivèrent dans le hangar et s’installèrent rapidement, accompagnés de leur escorte, dans la navette. Le confort était présent mais pas excessif. Rien de bien inhabituel pour la jeune apprentie. La question qui lui fut posée le fut un peu plus, mais pas exactement surprenante. Elle fronça des sourcils et se mit à réfléchir. Leur stratégie hmm ? Elle se mit à réfléchir à haute voix.

« Nous avons un avantage par rapport à la République, mais il est, pour l’instant, assez fragile d’un point de vue diplomatique. Même si la République les a délogés de leur piédestal et placés plus bas que terre, nous sommes ce qu’ils étaient durant leur âge d’or, en plus puissant et, possiblement pour eux, en plus cruel. Ils ont aussi vécu un siècle de… démocratie, et cela a sans aucun doute eu un impact sur leur population et leurs opinions politiques, baissant leur estime envers les régimes totalitaires. Il est certain qu’ils craignent que nous ne les happions de force dans l’Empire afin de faire d’eux des esclaves.

La stratégie que je proposerais serait de justement partir à contre-courant de ces craintes. Ils s’attendent à faire face à une superpuissance hostile et sont sans doute prêts à supplier la République de leur accorder leur aide ? Annonçons-nous comme leurs possibles bienfaiteurs, tout sourires et miel. Au vu des incidents récents et de l’inertie politique et diplomatique de la République, il est plus que probable qu’Argazda ait subi et subisse toujours des sanctions économiques et diplomatiques sévères, surtout pour pacifier Lorrd et essayer de les attirer dans le giron de la République. Partant de ce fait, je me concentrerais tout particulièrement sur l’établissement de liaisons commerciales avec des tarifs… préférentiels pour soulager la planète.

Il s’agit de bâtir un capital confiance ici, de leur montrer que nous ne sommes pas les monstres de leurs cauchemars, mais un Empire ayant de nombreux points communs avec le leur et qui souhaiterait les aider à trouver leur place à l’avenir. Peut être commencer à poser les bases de ce qui pourrait être un protectorat ? Un traité de protection militaire ne les forçant pas à perdre leurs hommes dans nos conflits ? Nous ne perdons rien à les défendre, c’est une planète sans importance et qui ne sera donc sans doute pas attaquée, et ça nous permettrait à l’avenir d’organiser en secret des incidents les rapprochant de nous et les éloignant de la République. »


Constatant sa bouche légèrement sèche et sentant la navette vibrer sous ses pieds, la Zeltronne rougit légèrement et se rendit compte de la longueur de ses propos. C’était un peu brouillon et désorganisé, et elle espérait qu’elle ne s’était pas trop ridiculisée devant le diplomate.
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— Excellent, excellent, murmura le Hapien d’un ton pensif, e n’ai moi-même pas un plan aussi élaboré.

Mais bien sûr.

Il y avait tout de même un peu de vrai dans la fausse modestie de Noctis. Argazda, ils étaient bien forcés de le reconnaître, demeurait un monde mystérieux pour l’Empire et le jeune Seigneur préférait ne pas formuler de plan trop hâtif, sans avoir tous les éléments en main. Celui que présentait son Apprentie d’un temps lui paraissait néanmoins tout à fait pertinent et il était désormais certain d’avoir à ses côtés une associée capable, dont la présence ne l’embarrasserait dans ses travaux, bien au contraire.

La navette finit par se hisser hors du hangar mais la planète demeurait à bonne distance.

— Il faut néanmoins avoir conscience que, souvent, la diplomatie parait de prime abord un exercice futile, et les discussions qu’elle se propose, vaine et creuse. Certains diplomates passent une bonne partie de leur carrière à couper des rubans, organiser des cocktails et parler de la littérature du siècle précédent. C’est que, pour ainsi dire, le rôle premier de la diplomatie est phatique : il entretient des relations, il crée une confiance qui offre un terrain favorable à d’autres échanges, souvent conduits par des agents spécialisés, qu’ils soient militaires, industriels ou scientifiques. Je veux dire par là qu’il ne faudra pas être frustrée si nous repartons de la planète avec un traité disons purement formel, plutôt qu’une série de mesures très concrètes.

Il avait bon espoir cependant d’aboutir à quelques engagements précis, qui serviraient de premiers éléments au développement futur envisagés par Yana.

— Pour vos tenues, je crois qu’il est préférable de vous en tenir à quelque chose qui vous ressemble, afin de leur rassembler à eux. Voyez cela comme, disons… Si vous êtes invitée à dîner chez une peuplade étrangère et que vous arrivez en costume du pays, vous pouvez en flatter quelques-uns qui apprécieront que vous vous fussiez renseigner sur leurs coutumes, mais vous pouvez en choquer beaucoup, qui verront dans votre goût de la couleur locale une sorte de racisme culturel qui transformerait ce qui a pour une signification profonde justement en simple choix vestimentaire.

Nous nous pencherons sur vos tenues sur place et elles pourront bien servir dans les jours à venir, quand une première confiance installée témoignera de notre envie sincère de nous intégrer et que vos efforts pourront être perçus pour ce qu’ils sont : un intérêt véritable pour la planète.


Et, d’ailleurs, à ce titre, Noctis n’était pas cynique. Certainement, il attendait qu’Argazda quelque chose de précis et leur voyage n’était pas de pur tourisme mais bien utilitaire. Néanmoins, ils déployaient des efforts véritables pour connaître et ménager leurs hôtes et, à ses yeux, l’intérêt qu’ils avaient dans l’affaire n’entachait pas la valeur des connaissances qu’ils étaient en train d’acquérir. C’était probablement ce qui faisait de lui un diplomate compétent : ce qu’il cherchait à obtenir des autres nations, il l’obtenait à travers une curiosité sincère pour leur culture.

— Mais quant aux sabres, certainement, vous avez raison. Je ne m’étais pas posé la question moi-même car vous pouvez constater que je ne le porte pas exactement avec beaucoup de zèle.

Et en effet, sur la tenue de Noctis, le sabre était déjà invisible : c’était même la plupart du temps le cas. Il faisait de son arme une utilisation parcimonieuse, même si, par rigueur personnelle bien plutôt que par goût authentique, il conservait un régime d’entraînement minimal. Là n’avait jamais été ni son inclination, ni sa spécialité.

— Veillez également à ne pas vous présenter comme une Apprentie. Inutile d’essayer de leur en imposer en vous créant général ou seigneur de guerre mais simplement, n’évoquez pas la question de notre hiérarchie, et si elle devait survenir, présentez-nous comme des collaborateurs. Évidemment, à cause de notre âge respectif, ils ont toutes les chances de me supposer une sorte d’autorité née de l’ancienneté, mais ce qui compte, c’est qu’ils puissent nous considérer à peu près à pied d’égalité. Et de la sorte, si quelqu’un est insatisfait de vous ou de moi, il se tournera vers l’autre naturellement, avec les mêmes espoirs, et, quand ils essaieront de jouer sur deux tableaux, nous pourrons suivre aussi cette double partie.

La navette commença à vibrer un peu plus fort alors qu’ils entraient dans l’atmosphère. À en juger par les autres bruits de réacteurs qui s’étaient joints aux leurs, on leur avait affecté une petite escorte aérienne, soit honneur, soit sécurité. En-dessous, une ville qui ressemblait somme toute à beaucoup d’autres capitales s’étendait à perte de vue, mais on pouvait remarquer ici ou là des bâtiments plus vastes, aux formes plus arrondies, qui constituaient à n’en pas douter les lieux de culte.

À mesure que leur trajectoire se précisait, les deux Siths purent deviner lequel des bâtiments devant eux était le Palais de la Contemplation, leur résidence diplomatique : c’était un vaste fer à cheval de plain pied, qui tenait entre ses deux côtés des jardins où l’on parvenait déjà à distinguer, depuis leur altitude, des fontaines. Bientôt, la navette se posa sur le toit de l’édifice, où l’on avait déroulé un tapis rouge. L’escorte s’envola dans le ciel et se perdit dans le lointain, alors que la rampe de débarquement s’étendait jusqu’à la pierre.

Les quatre soldats impérieux les précédèrent, formant une petite haie d’honneur qui répondait à celle, plus longue, de la Garde Républicaine, en face de laquelle se tenait deux hommes et une femme d’âge avancé : le triumvirat élu qui gouvernait la planète.
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Yana écouta avec attention la réponse du Hapien à ses pensées. Parler de plan était peut-être exagéré, ce qu’elle avait énuméré étaient simplement des observations, des objectifs possibles. Elle accepta néanmoins la flatterie pour ce qu’elle était, inclinant légèrement la tête en remerciements. Le but du seigneur face à elle n’avait très certainement pas été d’avoir un plan. Il était probable qu’il souhaitait tout simplement évaluer son esprit, découvrir à qui il avait à faire. Sa réputation disait d’elle qu’elle était compétente sur le terrain après tout, mais simplement en tant que meneuse d’hommes. Et entre mener des hommes et accomplir une mission diplomatique, il y avait un pas de géant.

Elle ferma les yeux et se concentra alors qu’il continuait de lui parler, lui exposant des nuances de la diplomatie qu’il avait découvertes durant ses années au service de l’Empire. La posture et le positionnement de son corps rendait évident le fait qu’elle était pleinement en train de l’écouter, mais la jeune femme préférait parfois dissocier certains sens inutiles afin de mieux pouvoir absorber les informations et les assimiler. Etre Zeltron était vivre fort et vivement, profitant de chaque sensation. Leur corps, leur vie était centrée autour de ce fait. Le souci qui en résultait néanmoins, était que lorsque la situation demandait un esprit clair, leur propre corps se rebellait contre eux, continuant à assimiler nombre d’informations inutiles.

Alors même que ses yeux étaient fermés, lui cachant la vue du magnifique mâle à ses côtés, ses autres sens essayaient de compenser ce manque, le bruissement de ses vêtements à chaque mouvement, présageant d’innombrables délices, l’odeur légère de son corps atteignant ses narines. Il était cependant bien plus simple de les ignorer et de se concentrer sur les mots atteignant ses oreilles.

La diplomatie était lente, et sans doute serait un exercice frustrant pour la plupart de ses comparses. Bâtir des relations, une confiance, était loin de l’idéal Sith qui était inculqué aux apprentis de Korriban, mais ce n’était pas pour cela que la notion était étrangère à Yana. L’Empire se devait d’avoir des alliés, aussi insignifiant soient-ils, et pour ce faire devait engager un rapport de confiance avec des entités politiques extérieures. En un sens, ils étaient chanceux d’avoir un Seigneur comme Darth Noctis à leur disposition. L’apprentie avait rarement côtoyé un Seigneur aussi à même de créer de telles relations. Seule peut-être son ancienne maitre, aujourd’hui disparue sans nouvelles, Darth Calliope s’en rapprochait.

La réflexion qui suivit était tout aussi intéressante et elle la consigna à son esprit. Un petit coin cynique de son cerveau ne put s’empêcher de lui murmurer qu’un tel raisonnement était plutôt hypocrite au vu de la tenue du Seigneur, mais il savait sans aucun doute bien mieux qu’elle ce qu’il faisait, donc elle n’avait pas à s’en mêler et se contenta d’un hochement de tête montrant son accord avec ses dires. Elle apprendrait de lui afin de mieux comprendre cette contradiction.

La confirmation de son inquiétude pour ce qui était des sabres lasers, et elle ouvrit les yeux une fois de plus pour confirmer qu’en effet le Seigneur Noctis n’arborait pas, visiblement tout du moins, son sabre laser. Intéressant, mais pas essentiel pour l’instant. Réfléchissant légèrement, elle préféra laisser son interlocuteur finir de parler avant de prendre des actions pour ce qui était de son propre sabre.

La dernière remarque était plus qu’intéressante, et très inspirée. Ne pas avoir de lien hiérarchique visible était une stratégie intelligente, et profiter des conjectures des diplomates Argazdan pourrait leur permettre de mieux faire preuve de stratégie pour parvenir à leurs fins. De plus, la Zeltronne avait l’habitude d’évoluer dans des milieux autres que Korriban, et savait dissimuler sa nature afin de ne pas alerter de potentiels ennemis. D’un point de vue purement mondain. Il faudrait qu’elle se renseigne sur des méthodes afin de cacher sa présence dans la Force. Peut-être d’anciens récits d’assassins Sith ? Inutile d’y penser pour l’instant, mais ça serait à considérer à l’avenir, ce pouvoir se synergisait bien avec ses talents.

« Je comprends, une manière intéressante de faire face aux conflits qui pourraient apparaitre et de déceler de possibles tentatives de nous monter l’un contre l’autre pour leur bénéfice, voire même si nous sommes chanceux de pouvoir mettre le doigt sur de possibles fractures et ambitions que nous pourrions exploiter au sein de leur gouvernement. L’empathie naturelle de mon espèce devrait d’ailleurs aider pour cela. »

Elle n’eut pas le temps d’en dire plus, la navette venait de rentrer dans l’atmosphère, et les secousses et bruits inhérents rendaient toute conversation pour le moins désagréable. Et oui, elle comptait bien user de son empathie durant cette mission diplomatique. C’était un don connu des Zeltrons et après quelques recherches les diplomates Argazdans devraient facilement en être informés. Mais comme elle le savait très bien, ce n’était pas parce qu’on était au courant d’une menace que l’on pouvait s’en prémunir.

Le trajet jusqu’à la surface fut rapide et, avant de sortir, la jeune Sith tendit son sabre vers le Sergent qui dirigeait l’escouade qui les accompagnait.

« Tenez, je préfère ne pas l’avoir sur moi pour cette mission et vous resterez à nos côtés durant toute la visite. Il sera plus sûr que vous le conserviez dans une poche, loin des regards des Argazdans. »

Ce qu’elle venait de faire ferait sans doute crier de colère nombre d’apprentis. Se délaisser de son sabre et le confier à un inférieur ? C’était presque impensable. Pourtant elle le fit sans rechiner, et remercia même l’homme d’un léger « Merci » lorsqu’il le prit de ses mains pour le dissimuler.

Elle venait de lui faire preuve d’une confiance que peu de Sith lui avaient montré jusqu’à présent, et s’il était loyal il la repaierait en prenant bien soin que rien n’arrive à son arme. Au vu de sa présence dans l’escorte, il était presque absolument certain qu’il était de confiance, donc elle ne se formalisa pas outre mesure de tout ça et se concentra sur la trappe de la navette qui était en train de s’ouvrir.

Comme de convenu, les soldats passèrent devant afin de réaliser une petite haie d’honneur. Il fut aisé de voir que les Argazdans avaient prévu de même, et une haie d’honneur militaire les séparait de trois personnes d’âge avancé. Immédiatement, la jeune Sith reconnut les trois membres élus qui gouvernaient la planète. Eh bien, on ne pouvait pas dire qu’ils avaient été snobés par le gouvernement local.

Yana échangea un regard avec Noctis et les deux Sith descendirent la rampe côte à côte, comme des égaux. C’était une sensation étrange pour Yana, presque contre nature, mais elle savait que c’était nécessaire pour les besoins de la mission. Leurs pas furent calmes, posés, et les conduisirent à deux mètres devant les dirigeants de la planète avant qu’ils ne s’arrêtent. Fluidement, afin de ne pas montrer d’hésitation et de partir à contrepied de leurs attentes, ce fut Yana qui prit l’initiative de parler la première. Normalement ça devrait être le rôle du diplomate le plus expérimenté, mais elle avait assez confiance en elle pour accomplir cette tâche de manière satisfaisante, et cela permettrait de poser encore un peu plus le doute dans leur esprit sur la hiérarchie présente entre eux.

« Vos excellences, c’est un honneur que de vous rencontrer. L’Empire Sith offre ses salutations au peuple Argazdan, et, au travers de ces négociations, espère qu’une relation cordiale et fructueuse puisse être établie entre nos gouvernements. »

Il s’agissait d’une salutation diplomatique tout à fait classique, n’engageant à rien d’autre qu’à un discours cordial qui de toute manière avait déjà été agréé par le seigneur Noctis. Usant de son don empathique, Yana put percevoir de la surprise, de la méfiance mais également une minuscule pointe d’espoir. Il était temps de la faire grandir, et elle laisserait à Noctis cette opportunité.

« L’honneur est notre et nous sommes ravis d’accueillir pour la première fois des dignitaires de l’Empire Sith sur notre belle planète. Nous espérons que votre séjour se déroulera dans les meilleures conditions possibles et que nous puissions établir une relation de confiance entre nos gouvernements respectifs. »

Une réponse cordiale, tout à fait normale au vu de la situation mais un peu plus méfiante que ses propres salutations. Somme toute quelque chose qui était attendu. A son supérieur de jouer désormais.
Absalom Thorn
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Le temps sur Argazda était clément ce jour-là mais la capitale, située sur la côte océanique d’un vaste continent, était exposée souvent aux intempéries. Ainsi soucieux de ne pas s’éterniser à l’air libre, l’un des membres du triumvirat fit un ample geste de la main pour inviter les deux Siths à s’engager dans la haie d’honneur, pendant que derrière eux, deux de leurs gardes veillaient au déchargement de leurs bagages.

— Nous espérons que les dispositions que nous avons prises pour votre séjour vous conviendront. Pour ne rien cacher, nous avions craint que l’Empire ne choisisse de dépêcher des envoyés un peu… particuliers

Et par « particuliers", il voulait dire non-humains : l’immense majorité des habitants d’Argazda, et certainement tous ceux qui comptaient, étaient des Argazdans, dont le teint caractéristique et la face aux os soulignés étaient une marque de distinction. À n’en pas douter, et la beauté suspecte du Hapien, et la peau de la Zeltronne, étaient pour leurs hôtes un exotisme dont ils se seraient bien passés mais qui représentait malgré tout un moindre mal, au regard de la diversité suspecte de la Galaxie.

— … que nous n’aurions pas pu accueillir dans les meilleures conditions.
— Nous avons pu observer le palais à notre arrivée, depuis la navette, et la beauté de son architecture laisse présager du goût de sa décoration, je ne doute pas que nous y serons très à notre aise. C’est toujours un spectacle rassurant qu’une ville bien ordonnée : le prestige des bâtiments en dit long sur la profondeur de la culture qui leur a donné naissance.

Un compliment qui visait à ce que les Argazdans avaient de plus cher : leurs traditions et leur culture. Il aurait été inutile, et presque insultant, de les remercier de l’escorte militaire et de les féliciter de leurs soldats, quand le développement de leur armée avait été soigneusement jugulé par la République, et certainement prématuré de s’exprimer sur leur religion.

Ils descendirent dans l’intérieur du palais par un vaste escalier circulaire, dans les deux bras couraient sur des murs ornés de tapisseries à histoires. On y voyait les grands épisodes du passé argazdan, dont les désordres du secteur et les déconvenues républicaines étaient soigneusement omis. Les plafonds étaient rehaussés de moulures, le sol couvert d’un parquet soigneusement travaillé, et des dorures soulignaient le montaient des fenêtres : c’était un style d’un luxe académique, que les architectes les plus audacieux de la Galaxie auraient jugé désuet, si ce n’était pompier.

— Le Palais de la Contemplation a été bâti il y a de cela six siècles, pour accueillir les dignitaires étrangers convertis au Vianisme et soucieux de parfaire leur formation théologique sur Argazda, avant de repartir en leurs contrées propager ces enseignements. Désormais, il sert à la réception des diplomates.

Noctis ne s’y trompait pas : tout dans le parfait agencement du Palais, dans les pas un peu trop précipités des domestiques qu’ils croisaient en nombre, trahissaient que les lieux n’étaient guère utilisés et que les visiteurs étrangers n’étaient pas fréquents. Il aurait été prêt à parier qu’avant leur arrivée, on avait dû dépoussiérer de fond en comble le prestigieux bâtiment et le lointain passé missionnaire évoqué par la politicienne n’avait aucune commune mesure avec le repli du vianisme au seul domaine local.

— Et croyez qu’il nous soit possible de rencontrer le Primat ? J’ai beaucoup lu moi-même sur la question mais rien ne remplace évidemment l’expérience directe et je m’en voudrais de conserver des conceptions imparfaites d’un culte dont les subtilités m’échappent encore pour l’essentiel.

Les trois dirigeants échangèrent un regard incertain. Chacun d’eux avait imaginé ce qui aurait pu se produire si un Sith mêlait par ses pouvoirs des préceptes pernicieux à leur saine théologie. Mais aucun ne voulut s’y opposer, à la fois pour ne pas froisser leur hôte, et pour ne pas avoir l’air de douter de la force de volonté du Primat Vianiste.

— Certainement, Seigneur Noctis, certainement. Je ferais envoyer un message à son intention et je ne doute pas qu’il y réponde favorablement. En attendant, nous avons pensé qu’une légère collation servirait à vous rafraîchir de votre voyage et serait une occasion bienvenue de rencontrer de manière informelle quelques membres de notre cabinet.

La légère collation informelle se déroulait dans le salon de réception du palais, dont on venait d’ouvrir les doubles portes devant eux : une table interminable, privée de chaises pour l’occasion du cocktail, parcourait presque toute la longueur d’une pièce qui aurait pu sans difficulté accueillir un bal. Au-dessus d’eux, des lustres aux cristaux dorés mêlaient leur lumière chaleureuse à celle du soleil, tandis que sur la table, le vin du pays, clair, pétillait dans les flûtes.

C’était toute la diversité de la gastronome argazdane qu’on avait présentée là, de petits fours en mignardises, et une dizaine de personnes attendait l’arrivée des ambassadeurs, avec impatience, appréhension ou indifférence. Pour la plupart d’entre elles, un Sith relevait d’abord de la légende archaïque, ensuite des actualités lointaines, et même la conquête de Lorrd avait laissé cette menace ou cette opportunité aux frontières de leur monde.

— Kamon, notre ministre de l’agriculture.
— Samenia, notre haute commissaire à l’industrie.
— Von, notre ministre de la culture.
— Polyme, notre secrétaire d’État.
— Om-Sato, notre chef d’État-Major.
— Esterion, notre ministre de l’instruction publique.
— Kin-Monin, notre ministre de la science.
— Manost, notre défenseur de la foi.
— Ymnir, notre grand questeur.
— Et Amonil, la présidente du Parlement.

Le sourire de Noctis était d’autant plus chaleureux que cette petite réunion trahissait un brin d’amateurisme de la part de leurs hôtes peu rompus à la gymnastique diplomatique : ils venaient de réunir l’essentiel de leur gouvernement dans une même pièce avec deux Siths. Heureusement que Yana et lui n’avaient pas des intentions sordides.
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Un des dirigeants de la planète leur indiqua de s’engager en direction du bâtiment vers lequel la haie d’honneur menait, et Yana n’hésita pas à s’y engager en même temps que le Sith l’accompagnant. Les présentations d’usage avaient été faites mais il n’y avait plus en effet de raison de rester dehors. Alors qu’ils marchaient, une voix s’élevant d’un des dirigeants de la planète, laissant sous-entendre fortement qu’ils étaient racistes et étaient rassurés de leur apparence humaine au moins. Yana hocha simplement de la tête par politesse, mais intérieurement son cerveau fonctionnait à toute vitesse.

Cette simple réflexion laissait entendre un racisme profondément ancré dans leur culture, profond et probablement datant de centaines d’années. Elle savait ce racisme présent au vu des documents qu’elle avait lu sur le peuple argazdan, mais elle avait pensé une infime seconde qu’ils seraient plus… adroits dans leur manière de le dissimuler. En s’ouvrant à eux ainsi, ils tâtaient le terrain mais aussi montraient qu’ils espéraient que l’Empire présentait un racisme similaire, un point commun d’entente afin de nouer des liens forts. Ils seraient déçus, mais ce n’était pas à elle, ni même à Noctis de le leur annoncer.

La réponse du seigneur d’ailleurs à cette remarque fut extrêmement habile, occultant le bantha dans la pièce et se concentrant sur un point moins polémique, et surtout un vrai élément commun entre leur culture. Le besoin d’ordre et le goût de la grandiloquence architecturale. Souriant simplement aux propos de son… collègue, ça lui faisait vraiment bizarre de penser ça comme ça mais ça serait leur lien hiérarchique apparent durant cette mission donc elle se devait de faire l’effort, Yana observa les jardins et bâtiments l’entourant. Elle avait bien entendu jeté un œil elle aussi lors de la descente, mais son inexpérience dans les matières diplomatiques et culturelles ne l’aidait pas à bien choisir ses compliments. Il lui faudrait se rattraper, sans quoi leur hiérarchie deviendrait évidente, et le plan du seigneur Noctis caduc.

Leur trajet les conduisit jusqu’à l’intérieur du palais, qui faisait était décoré de manière intéressante. Beaucoup l’auraient trouvé désuet, presque digne de certains palais féodaux, mais là étaient toute la beauté de la chose. Il y avait beaucoup à tirer de ce qui leur était montré. Tout d’abord, ils choisissaient d’accueillir les diplomates dans un palais qui, d’après ce qui était dit, datait de six siècles. Et cela accompagné du fait qu’ils avaient été accueillis par les dirigeants de la planète donnait énormément d’informations. Premièrement, la présence des dirigeants leur montrait qu’ils étaient estimés par leurs hôtes. Ils auraient des dignitaires à leur place dans le cas contraire.

Une telle débauche d’efforts politiques indiquait un point bien précis. Ils avaient besoin de cet accord, et le souhaitaient assez pour s’afficher d’entrée de jeu comme les inférieurs dans cette relation entre leurs deux gouvernements. Ca où ils étaient diplomatiquement incompétents, ce qui n’était pas impossible non plus. Leur situation économique ne devait pas être glorieuse, loin de là.

La perte des esclaves et de la plupart des planètes de leur empire devait avoir forcé les argazdans à se serrer la ceinture de manière drastique, pour cause d’une pénurie de toutes leurs matières premières. De plus, le gouvernement dictatorial avait été renversé principalement par l’intervention des Jedi, indiquant un faible taux de pertes civiles et militaires comparativement parlant. Normalement ça aurait été une bonne chose, mais la perte de leur empire et de leurs travailleurs, avec une population qui était de taille identique ou presque à avant était un état de fait catastrophique pour un peuple qui avait perdu toutes ses planètes sauf sa capitale. L’ensemble de la population était confiné sur un seul monde qui ne possédait pas l’infrastructure nécessaire pour y vivre de manière pérenne.

La République n’étant pas monstrueuse, ils avaient sans doute offert une aide afin de promouvoir un gouvernement diplomatique de longue durée. Le souci était que même si la République avait les ressources pour établir ce gouvernement sur le long terme, elle n’avait pas le capital politique pour le faire sans créer de gros remous avec les systèmes libérés. Pourquoi récompenser avec des ressources massives les attaquants alors que les peuples réduits en esclavage en avaient également besoin ? Ils avaient donc probablement eu le minimum nécessaire. Assez pour survivre, mais pas assez pour le faire de manière convenable ou agréable. Leur culture militaire et impériale éventrée, des pénuries mineures et majeures diminuant grandement leur niveau de vie et tout d’un coup un allié potentiel qui supportait leurs ambitions d’antan ? Elle pouvait comprendre l’espoir qu’ils ressentaient. Et l’espoir ouvrait à commettre des erreurs.

Leur position diplomatique était intéressante, mais moins aisée que l’on pourrait croire si son analyse était correcte. L’empire était aux portes de la guerre avec la République, et ne pouvait se permettre de perdre ce qui se révèlerait être une quantité monstrueuse de ressources pour intégrer Argazda dans son giron. Il faudrait faire preuve de beaucoup de diplomatie justement pour ne pas s’aliéner ce peuple raciste et militariste et ne pas le conduire dans les bras ouverts de la République juste avant la guerre.

Ses pensées furent interrompues par la réponse du Seigneur Noctis à l’historique qui leur fut donné sur le palais dans lequel elle se trouvait, et elle en profita pour créer une occasion aux argazdans de les séparer.

« Je crains que mes propres intérêts pour les affaires religieuses ne soient bien moindres que ceux de mon collègue. Serait-il possible que je puisse profiter de sa visite pour découvrir les musées de votre capitale ? Je dois avouer une certaine fascination pour l’art, et découvrir les œuvres de différentes cultures a toujours été un de mes passe-temps favoris. »

Un très léger mensonge sur la fin, mais rien de vraiment majeur ou repérable. Ce n’était certainement pas un passe-temps favori, mais simplement un qu’elle trouvait agréable. Elle y avait été initiée par son ancien maître et y avait pris goût bien qu’elle recherchait plus souvent à assouvir ses besoins de sensations de manière plus directe. Au vu du léger soulagement qu’elle pouvait ressentir dans les émotions de ses interlocuteurs, ils étaient apparemment ravis de cette opportunité de ne pas avoir deux Sith auprès de leur prélat. Idiotie que tout cela, le seigneur Noctis était sans nul doute capable de faire tellement de dégâts à lui seul que sa propre contribution en tant que simple apprentie en serait négligeable. S’il le souhaitait. Ce n’était néanmoins, encore une fois apparemment, pas le cas. Elle ne savait pas avec le Seigneur à ses côtés, il était si charismatique et intelligent qu’elle ne pouvait se fier à ses propres déductions et attentes en ce qui le concernait.

« Très certainement Dame Silvasi, ça ne posera pas de souci. L’officier en charge de votre service de sécurité pourra nous communiquer les informations concernant le choix que vous ferez, et les nôtres prendront le relai afin que vos visites se passent le mieux possible. »

Oh, wow, tout d’abord, ça faisait bizarre de se faire appeler Dame Silvasi. Elle savait que leurs titres avaient été choisis afin de donner l’illusion qu’ils étaient de rang égal, mais c’était la première fois qu’elle était appelée par ce titre et ça lui faisait tout chose. Une sensation à méditer à l’avenir. Elle avait assez de contrôle bien entendu pour ne rien laisser paraître de son trouble, mais pas assez pour empêcher ses yeux de légèrement s’écarquiller de surprise en voyant la salle de banquet, et surtout ses occupants.

Les présentations furent faîtes et l’idée immédiate de la jeune apprentie fut confirmée. Ils avaient déplacé leurs trois dirigeants et la moitié de leur gouvernement pour accueillir deux ‘simples’ dignitaires de l’Empire ? Ils avaient déplacé plus de la moitié de leurs instances dirigeantes et les avaient placées dans une pièce avec deux diplomates Sith ?

Étaient-ils incompétents ou tout simplement inconscients du risque que cela posait ? En quelques minutes si l’envie leur en prenait, il serait probablement possible à Noctis de prendre le contrôle des membres présents à l’aide de la Force, et accélérer de possibles plans d’annexion de la planète de plusieurs années, voire des dizaines d’années. Ils étaient tellement chanceux que cela n’était pas leur objectif…

Forçant un sourire chaleureux sur son visage au travers de sa stupéfaction, elle inclina sa tête légèrement mais respectueusement en direction de chaque ministre lorsqu’il fut nommé. La politesse était la première des diplomaties après tout. Une fois les présentations finies, elle laissa s’intensifier le sourire sur son visage avant de se présenter elle-même.

« Yana Silvasi, diplomate de l’Empire Sith. C’est un plaisir et un honneur de me trouver ainsi parmi vous, à travailler pour un avenir meilleur. »

Ce n’était pas encore le moment des grands discours, donc une simple présentation suffirait et une phrase remplie d’espoir suffirait. Le banquet commença, et calmement elle se dirigea en direction du ministre de la culture. Elle avait fait preuve de son envie de mieux connaitre la culture de ce monde, donc il n’y avait pas meilleur interlocuteur pour commencer à discuter.

« Ce palais est vraiment splendide, même après des siècles d’existence. Si l’ensemble de l’art et de la culture de votre monde sont aussi raffinés, j’ai vraiment hâte de les découvrir. »

L’homme, un argazdan d’une bonne cinquantaine d’année sembla légèrement surpris d’être le premier à qui elle adressa la parole, mais se reprit rapidement.

« Je suis ravi et flatté par les compliments que vous portez à notre peuple. Même si l’art n’est plus aussi en vogue aujourd’hui qu’il y a quelques années, nous avons toujours de très nombreux artistes qui font honneur à nos ancêtres. »


Le pied était dans la porte, parfait.

« Réellement ? J’avais pour but de visiter plusieurs de vos musées lors de cette visite diplomatique… sans vouloir vous offenser, avez-vous des conseils à me donner afin de découvrir au mieux les splendeurs que vous me décrivez ? »

Leur amateurisme était proche du sien, mais c’était… rafraichissant. Oh, et les petits fours et l’alcool étaient bons, donc elle n’avait certainement pas à se plaindre.
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Les Siths s’étaient mêlés à la foule des dirigeants et, en quelques discussions seulement, Noctis eut une idée assez précise de leur situation. Le faste qu’on leur offrait était en raison inverse des pénuries qui affectaient la planète et c’était le culte, surtout, qui soutenait la population : petit à petit, l’amour de la tradition s’était mué quasi en théocratie et le gouvernement disputait son pouvoir avec les prêtres. À chaque fois qu’il abordait un convive, il s’entendait citer le nom de tel ou tel religieux, qui avait un avis précis sur la conduite des affaires.

Manost, le défenseur de la foi, fut le plus prolixe à ce sujet. C’était une homme d’une trentaine d’années, trapu et gauche, mais énergique et qui parlait beaucoup.

— … et c’est une chance naturellement inespérée d’avoir une foi si vive parmi la population, qui contribue à donner au peuple un intérêt sincère pour toutes les choses de l’État, et à s’attacher à des valeurs fortes, dont l’exécution au sein de nos décisions devient dès lors essentiel. Mon rôle est précisément de m’assurer, voyez-vous, que le gouvernement satisfasse en la matière aux désirs du peuple.
— Et aussi, j’imagine, d’expliquer comme il le convient les décisions du gouvernement au peuple, suggéra Noctis, qui ne s’y trompait pas.
— Bien sûr, bien sûr, la politique et la religion sont deux langages souvent fort différents et organiser leur rencontre relève parfois quasi de l’exercice de la traduction. Je m’efforce de donner un souffle à une langue ancienne, pourrait-on dire, en l’adaptant aux exigences des temps.

Autant dire qu’il cherchait moins à influencer le gouvernement pour les religieux que les religieux pour le gouvernement et que leur hôte était encombré de la place excessive qu’avait pris le clergé, après des années et des années d’austérité. Naturellement, les gens s’étaient tournés vers la foi, pour se soumettre à une puissance transcendante, à défaut d’avoir dans leur réalité quotidienne une autorité qui paraisse aussi respectable et efficace.

— Et Manost fait un travail remarquable à ce titre, interrompit Samenia, la Haute Commissaire à l’Industrie, une femme d’une quarantaine d’années qui, depuis le début de la réception, n’avait d’yeux que pour Noctis, l’année dernière encore, un nouveau courant vianiste assurait que nous devions apprendre à nous passer petit à petit des artefacts technologiques, qui étaient autant de degrés qui nous séparaient du réel, et Manost a aidé des théologiens plus… raisonnables… à faire valoir des vues différentes.
— Oui, c’est vrai. La diversité des points de vue est souvent très utile. Mais je crois, et pardonnez-moi si je fais erreur, Seigneur Noctis, que la religion sith est au contraire très bienveillante à l’égard des innovations ?

Tout le monde avait entendu parler des super-armes siths. Noctis inclina la tête.

— J’investis moi-même dans de nombreuses entreprises innovantes en effet, quoique je ne sois pas un scientifique, ou alors pas ce genre de scientifiques.
— Un docteur, néanmoins, à ce qu’on m’a dit ?
Honoris causa seulement, et en économie. Mais si l’Empire connait en effet quelques intégristes, concéda Noctis, qui savait la valeur d’une difficulté commune lors d’une négociation, nous veillons dans l’ensemble à ce que le progrès se diffuse largement, puisque c’est en vérité la meilleure manière de construire un État fort et prospère. Toute vie procède par expansion : en étendant ses moyens, en étendant ses ressources, ses territoires.
— Exactement ! C’est pourquoi je lutte ardemment contre la sotériologie du repli, qui hélas est encore très présente, comme vous pouvez l’imaginer, dans les circonstances qui sont les nôtres…

Manost s’interrompit, craignant d’en avoir trop dit sur la situation économique de la planète, mais la Haute Commissaire haussa les épaules : selon elle, il était inévitable que les Siths, s’ils étaient des diplomates sérieux dans leur désir de contracter une alliance, près la pleine mesure de leurs difficultés économiques et tenter de les cacher longuement lui paraissait au mieux puéril, au pire insultant.

— … et il nous faut puiser dans bien des ressources intellectuelles pour lutter contre les Réformateurs.
— Réformateurs ?
— Hé bien, oui. Le vianisme traditionnel est, pour ainsi dire, un vianisme de lutte, ou plutôt un vianisme d’extension. La vie est au centre de nos préoccupations et la vie est faite de domination et de conquête, qu’elles soient individuelles, comme pour le prédateur isolé, ou collective, comme pour la fourmilière. C’est cette conviction qui a guidé les heures les plus glorieuses de notre nation mais les Réformistes prônent un repli sur soi, un mysticisme entièrement désincarné, qui se satisfasse de la réalité immédiate sans chercher à s’accroître au-delà.
— Oui, un peu comme l’ascétisme jedi, glissa d’un ton tranquille le pernicieux Seigneur Sith.

Cette observation fit l’effet d’une petite bombe dans l’esprit de Manost et Samenia. Jusque là, ils avaient considéré les évolutions théologiques du vianisme comme l’effet de mouvements internes à leur religion mais désormais, la remarque de Noctis les forçait à faire des rapprochements entre les Réformateurs et ce qu’ils savaient de l’Ordre Jedi.

— Il est hélas regrettable que partout où les Jedis passent, ils instillent ce même esprit d’individualisme aride, cette spiritualité du sacrifice, qui est finalement profondément contraire à l’élan spontané que chacun sent non seulement en soi, mais également dans sa communauté, d’aller de l’avant, de bâtir, de créer.

Noctis ne disait pas littéralement que les Jedis soufflaient leurs idées aux Réformateurs pour noyauter la société argazdane mais il savait très bien que, oppressés par le poids de la République et de leur défaite, obnubilés par le rôle qu’y avait joué l’Ordre, ses interlocuteurs seront prompts à tirer d’eux-mêmes les conclusions paranoïaques de ses observations aux allures innocentes.

— Mais excusez moi, je crains que si je ne reste trop longtemps loin de votre secrétaire d’État, je ne finisse par paraître bien impoli. J’espère que nous aurons l’occasion de reprendre ces réflexions plus tard.

Étape 1 : nouer contact. Étape 2 : instiller le doute contre l’ennemi commun. Étape 3 : couvrir et laisser mariner. Noctis adressa un sourire à ses deux interlocuteurs et, après avoir croisé le regard de la Zeltronne, qui avait l’air de se tirer sans peine de ses propres conversations, il se porta à la rencontre de Polyme.
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La conversation avec le ministre de la culture avait été instructive pour la jeune Sith, et c’est en pleine réflexion qu’elle porta une coupe d’un de leurs délicieux alcools à ses lèvres. Il ne l’avait pas dit de but en blanc, mais elle avait l’impression que la religion prenait un espace important pour les argazdans, trop important aux yeux du gouvernement ou du moins aux yeux de son interlocuteur. Elle avait senti une certaine exaspération en lui lorsqu’il parla des chefs d’œuvres récents, quasiment tous des édifices religieux, ou des pièces d’art religieux. Il se sentait obligé d’en parler, mais ne l’appréciait pas. Une culture qui commençait à être étouffée par la religion ? Intéressant, mais elle n’en savait pas plus pour l’instant sur la religion et laissait cet œuvre à Noctis qui s’était proposé à ce sujet. Si elle commençait à interroger les ministres sur les affaires religieuses après avoir expliqué au triumvirat son dédain pour celles-ci, elle s’exposerait comme hypocrite ou mensongère. Pas une position agréable pour une diplomate.

Finissant sa gorgée, elle alla prendre un autre petit four avant de réfléchir à son interlocuteur suivant. Au final, la nourriture dans sa bouche parla pour elle et elle alla discuter avec le ministre de l’agriculture.

« Ce banquet est splendide Ministre Kamon, vous pouvez être fier de la gastronomie de votre planète. »

L’homme, un azgardan d’une petite trentaine d’années hocha de la tête. Il était jeune, jovial et plutôt souriant même si elle pouvait sentir une légère pointe de dégoût provenant de lui et ayant apparu lors de son approche. Raciste au point de ne pas apprécier la beauté des zeltronnes ? Elle pouvait vivre avec ça, ce n’était pas comme si elle trouvait elle-même les azgardans particulièrement désirables. Heureusement, elle était là en mission et non pour le plaisir.

« Notre planète est en effet prolifique, et subvient à nos besoins. Avec le regain d’intérêt pour le travail de la terre auprès des jeunes, nous avons réussi à inverser la tendance et à nous libérer du besoin des aides Républicaines. »

Il était fier de cet état de fait, mais un petit peu amer. Sans aucun doute la République avait coupé ces aides purement et simplement une fois le besoin disparu, et avait ainsi diminué l’effort et le sacrifice de leur peuple. Car toute main qui travaillait la terre n’était pas occupée à préparer l’avenir de la planète. Et le fait qu’il y avait un regain d’intérêt pour l’agriculture auprès des jeunes était… dérangeant pour l’avenir de la planète. Argazda était en train de régresser plus que de progresser sur un plan sociétal. Elle ne souhaitait plus s’étendre mais se renfermait sur elle-même.

« Vous pouvez être fier de vos efforts. Nourrir convenablement une population aussi élevée a de l’être un véritable challenge, surtout si la République n’a pas su vous récompenser pour les progrès effectués. »

Et d’un point de vue purement politique, la République avait eu raison. Argazda abritait un peuple orgueilleux et expansionniste. Plusieurs siècles à devoir travailler la terre pour survivre, se détournant du progrès technique et de l’innovation militaire réduisait grandement la menace qu’il pouvait poser pour ses voisins, et assurait une dépendance future et facilitait une intégration au sein de la République. Malheureusement pour eux, l’Empire avait d’autres idées.

Échangeant encore quelques banalités, Yana finit par se désengager du ministre et considéra la situation. Ce qui l’étonnait le plus était le regain d’intérêt pour le travail de la terre. C’était une activité basse, normalement peu attractive pour les jeunes. Qu’est-ce qui pouvait les motiver à s’intéresser ainsi à l’agriculture ? Son interlocuteur de choix était donc le ministre de l’instruction publique, Esterion.

Il s’agissait d’un homme mur, une cinquantaine d’années environ, austère sans pour autant paraître dur. Il la vit s’approcher, ses émotions s’agitèrent légèrement, surprise, une pointe de désir, intérêt. Parfait, les bases étaient posées pour une bonne discussion, et elle n’avait même pas encore eu à utiliser ses phéromones de la journée.

« Dame Silvasi, je ne m’attendais pas à ce que veniez me voir. J’ai toujours cru que c’était l’apanage de la jeunesse que de fuir l’éducation. »

La jeune femme laissa échapper un petit rire amusé à la remarque. Elle avait cette impression oui, et l’avait vécue lorsqu’elle était plus jeune. Même si l’éducation sur Zeltros était très impliquée et très stimulante pour l’esprit des élèves, elle n’avait jamais été à l’aise dans une classe.

« Ah, mais c’est également l’apanage de la jeunesse que de grandir et de regretter des erreurs passées. »

Un sourire lui répondit et elle inclina la tête, son propre sourire présent sur son visage avant que leur conversation ne devienne plus sérieuse.

« Mais pour répondre à la question que vous allez sans doute me poser, oui, l’attractivité de l’agriculture pour les jeunes est une conséquence directe des politiques mises en place jusqu’à présent par notre gouvernement. »

La jeune apprentie fut légèrement surprise, mais reprit son calme rapidement. Il était logique d’arriver à cette conclusion pour lui, et elle n’allait pas insister.

« Vous m’en voyez curieuse, au cours de mes voyages, j’ai beaucoup plus souvent assisté à la tendance inverse… et soyons honnêtes, le travail de la terre est rarement le métier le plus fascinant quand on est adolescent. »

Son interlocuteur hocha de la tête avant de continuer.

« En effet, ça n’a pas été un travail aisé, mais il a été nécessaire. Je pense que je ne vous apprends rien en vous disant que la situation de notre peuple il y a un siècle était catastrophique. Sans l’aide de la République et de profonds changements dans les mentalités, nous ne serions pas parvenus à éviter une pénurie de nourriture massive. Le souci, c’est que nous n’avons pas les ressources nécessaires pour lancer réellement un véritable effort de développement extra-planétaire, ne serait-ce qu’en terme de minage d’astéroïdes, et les livraisons de la République sont juste nécessaires pour maintenir l’infrastructure existante, pas pour nous développer. »

Yana cligna des yeux, réellement surprise. Il venait de leur offrir énormément d’éclaircissements sur la situation économique de la planète, et ce n’était pas le genre de discussion à laquelle elle s’attendait, mais c’était des informations qui les aiderait lors des négociations.

« Pourquoi être aussi candide sans vouloir vous offenser ? Vous devez vous rendre compte que ce genre d’informations pourra renforcer notre position lors des négociations. »

L’homme la regarda droit dans les yeux avant de soupirer. Il se servit un petit gâteau avant de répondre.

« Vous deviez déjà être au courant que nous avions des soucis de ressources, vous n’êtes pas idiote et c’est assez évident au vu de notre situation. Je suis partisan du fait qu’il faut poser des problèmes sur la table afin de pouvoir y remédier. La République ne nous aidera pas à retrouver un semblant de dignité, pas avant plusieurs siècles. Nous nous tournons donc vers le choix évident, l’Empire. Un accord aura lieu, je souhaite juste faire en sorte que nous y gagnions. Un peu de transparence ne peut qu’aider notre cause. »

Oh… un politicien direct et honnête. Car elle ne sentait aucun signe de duplicité dans ses sentiments. C’était… particulier… En tout cas elle avait de quoi travailler. La conversation continua un petit peu, puis Yana décida d’aller discuter avec d’autres ministres. Elle ne chercha pas d’autres informations pour l’instant, simplement décidant qu’il était plus important de ne pas se faire d’ennemis en ignorant un ministre en particulier, voire même les membres du triumvirat.

Un regard envers Noctis lui montra qu’il maîtrisait bien la situation, comme elle s’en doutait. Après, ils étaient encore dans la phase de présentation, les négociations n’avaient pas encore commencé.
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Les discussions se poursuivirent un moment, les diplomates volant de ministre en ministre. Certains étaient prolixes, d’autres laconiques. Chez plus d’un, Noctis sentit une aversion parfois légère, parfois plus considérable, dont il comprit peu à peu qu’elle tenait moins à l’Empire qu’aux espèces auxquelles ils appartenaient laconiquement. Finalement, Zofia, la Première Consul, se fendit d’un petit discours de clôture, après avoir fait tinter son verre pour retenir l’attention.

— Merci, merci beaucoup à chacun d’entre vous de vous être rendus disponibles, malgré toutes les affaires qui vous occupent, et merci à nos invités d’avoir accordé déjà tant d’intérêt à notre planète. Assurément, dans les jours à venir, des discussions plus approfondies permettront à chacun de mieux percevoir les besoins et les opportunités, les ambitions et les volontés, et d’ouvrir pour l’avenir des relations que nous espérons tous profitables. Nous aurions tort de nous précipiter et, d’ailleurs, nos invités ont bien mérité quelques heures de repos, avant notre rencontre au Palais Consulaire.

Il y eut des applaudissements polis mais Noctis n’avait pu s’empêcher de remarquer que la Consul avait parlé avec beaucoup de prudence. À l’entendre, ils ne quitteraient la planète qu’avec l’un de ces accords vagues qui ne disaient pas grand-chose, tout juste bon à remplir les trous dans les holonews. Il n’en salua pas moins les différents ministres qui prirent tour à tour congés des deux ambassadeurs avec beaucoup de chaleur.

Ce fut au tour du triumvirat de s’éclipser et, après s’être assurés, tout sourire, de se retrouver bientôt en pleine forme, les Siths firent laissés seul avec le maître du protocole, son service de sécurité et leurs propres soldats. L’homme d’une soixantaine d’années, qui n’avait en réalité rencontré que peu diplomates au cours d’une carrière qui relevait surtout de la sinécure familiale, les mena à travers les couleurs du palais, avec la même prolixité qu’un guide-conférencier qui aurait fait visiter un monument historique.

Il ouvrit enfin les portes de l’appartement de réception. Un premier salon pour les rencontres donnait plus loin sur une bibliothèque privée, avec deux portes, une à gauche, une à droite, qui menaient à leur tour aux chambres des ambassadeurs, chacune avec une salle de bain privative. La décoration était à l’avenant du reste de la bâtisse : des horloges dorées reposaient sur les manteaux de cheminée en pierre marbre, les fauteuils étaient tapissés à neuf et des portraits d’Argazdans célèbres achevaient de donner aux lieux une atmosphère plus aristocratique que véritablement républicaine.

Quand les soldats eurent inspecté les lieux pour s’assurer que leurs maîtres ne couraient aucun danger, le Maître du Protocole prit ses congés, après avoir rappelé une dernière fois l’heure à laquelle l’airspeeder viendrait les chercher pour les conduire à la réunion au Palais Consulaire. Les portes se refermèrent derrière lui et les Siths furent laissés seul à seul.

— Une planète assurément fort intéressante. Je suppose que vous aussi, on vous a fait sentir toute la tension avec les religieux.

Noctis se fendit d’un sourire malicieux.

— Il se peut que j’ai instillé par mégarde chez mes interlocuteurs l’idée que les Jedis n’étaient pas étrangers à leurs troubles théologiques et qu’ils avaient porté atteinte même aux choses les plus sacrées. Ah, je vois que nos malles ont été livrées.

L’Hapien défit le cordon qui nouait sa bure ornée de sorcier et commença à en ouvrir un à un les boutons, de toute évidence peu préoccupé par la pudeur. Les fidèles de Darth Noctis étaient habitués aux exhibitions de leur maître, si toutefois on pouvait s’habituer à son physique si particulier.

— Je les ai senti très volontaires sur le papier, poursuivit-il, en laissant glisser son vêtement au sol, sur le pas de la porte de sa chambre, révélant une nudité dont la perfection était suspecte, même pour un Hapien, et trahissait l’influence de rituels siths, mais beaucoup de réticence face à la perspective de nouer des relations marquées par la diversité culturelle, et surtout raciales. Quelque intérêt pratique qu’ils puissent avoir pour l’alliance, je crains qu’il ne soit difficile d’écarter la possibilité qu’ils la refusent par idéologie, soit pour eux-mêmes, soit par crainte de manquer du soutien public.

De toute évidence peu pressé de se couvrir, Noctis, toujours nu, parcourait ses malles à la recherche de la tenue qui serait la plus appropriée à la rencontre au Palais Consulaire. En vérité, l’attitude du Seigneur Sith n’avait rien d’innocente : s’il était habitué à en imposer à ses fidèles pour une beauté qu’il livrait au regard pour susciter en eux un mélange de désir, d’admiration, d’étrangeté et d’embarras, il savait qu’elle avait d’autant plus d’effet sur les Zeltrons. Quelque égalité qu’il professât entre eux en public, et quelque courtois qu’il fût en effet avec la jeune femme, son tempérament dominateur n’en laissait pas de s’exprimer et il tenait à la subjuguer.

— J’aurais donc tendance à leur proposer une alliance qui préserve largement leur indépendance, tout du moins au début, le temps que l’habitude fasse son œuvre et que nos agents, profitant de ce premier terrain favorable, travaillent la population au corps et s’immiscent de plus en plus dans les affaires locales. Que vous en semble-t-il ?
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De conversation en conversation, Yana put se rendre compte que même s’il y avait de l’espoir chez les ministres, il y avait également de la méfiance voire parfois du dégout. Leur mission n’allait pas être aussi simple qu’elle ne l’aurait imaginé, mais en même temps aucune mission n’était anodine, surtout elle le devinait dans le domaine de la diplomatie.

Un léger tintement attira son attention en direction de la Première Consul, qui prit la parole afin de mettre fin au banquet et de leur laisser quelques heures de repos afin de pouvoir sans aucun doute mettre en commun les informations qui avaient été glanées. Heureusement, ça leur laissait également faire de même, et il y aurait besoin justement de discuter entre eux. Elle avait des informations à lui communiquer, et avait l’impression qu’il avait lui aussi des choses à lui dire. Elle applaudit poliment bien entendu, mais elle avait déjà autre chose en tête.

Elle fit bien attention à saluer chacun des dignitaires argazdan qui n’étaient que sourires chaleureux avant de partir, et échangea des formules de politesses avec le triumvirat avant qu’ils ne quittent le palais eux aussi, les laissant avec le service de sécurité et un vieil homme, le maitre du protocole qui les conduisit jusqu’à leurs quartiers, là où avaient été livrés leurs bagages. La décoration était similaire au reste du palais, mais ça ne la dérangeait pas. Elle trouvait un charme désuet à ce genre d’appartements. Une chambre par ambassadeur, avec pour chacune une salle de bains privative. Elle aurait donc de quoi se détendre.

Une fois que leur service de sécurité avait fait le travail, les deux Sith furent laissés seuls et Yana put souffler quelques instants, avant que ce soit ce coup ci le seigneur Noctis qui passe à l’attaque.

Son compte rendu de ce qu’il avait pu retirer de ses discussions avec les ministres arracha un petit rire amusé à l’apprentie.

« Je vois que vous vous êtes bien plus amusé que moi Seigneur Noctis. Je dois avouer que mon inexpérience en matière de diplomatie n’ait rendu les choses un peu plus laborieuses de mon côté. J’ai néanmoins pu constater qu’en effet il y a un malaise lié à la religion au niveau du gouvernement, et la pénurie de ressources est plus centrée sur les matières premières que sur la nourriture. »

La mise à nu du seigneur devant elle n’était pas quelque chose qu’elle attendait, mais au final elle haussa des épaules et fit de même. Même si la beauté du Sith était surnaturelle, elle ne restait que de la beauté, et elle avait assez vécu dans les milieux du sexe pour pouvoir résister à ses pulsions les plus basses. Non pas qu’elle n’en avait pas envie, et son corps laissait sans nul doute exhiber son attraction sexuelle pour lui, mais elle avait assez de contrôle pour ne pas céder si facilement.

Décidant qu’au point où ils en étaient, la pudeur était morte et enterrée, la jeune femme se dévêtit également, ne pouvant contrôler parfaitement ses phéromones. Huh, ce n’était pas optimal, et ce manque de contrôle devrait être remédié à l’avenir, mais disons que le Seigneur qu’elle servait durant cette mission était un spécimen d’homme tout à fait délectable. Elle devrait d’ailleurs se renseigner sur les rituels Sith permettant d’augmenter la beauté physique du participant, et surtout les coûts et conséquences. Cela pourrait être intéressant pour l’avenir. Elle ne répondit pas à son analyse néanmoins, il n’y avait pas de question et elle n’était pas assez familière avec le Seigneur Noctis pour interposer son avis ainsi. Il ne l’aurait sans doute pas accepté.

Son œil glissant sur son corps nu, elle ne put empêcher un léger frisson de parcourir son corps. Cette beauté n’était définitivement pas naturelle, et si elle n’avait pas passé autant de temps à chercher à contrôler ses émotions par le passé, elle avait l’impression qu’elle ne serait qu’une poupée de chair et de luxure entre ses mains. Ses exercices de contrôle néanmoins lui donnaient assez de latitude pour détourner le regard et s’intéresser à ses propres valises et réfléchir à quoi porter pour la suite. Malheureusement, elle avait l’impression que ses deux tenues spécialement préparées allaient être… inutiles pour la suite. La première, tirant son inspiration de leurs rites religieux ne serait utile qu’en cas de sortie au grand public, donc peut être pour la visite des musées ? L’autre semblait politiquement risquée, même si elle pourrait se faire quelques amis dans le gouvernement.

Elle allait poser la question au Seigneur lorsque ce dernier l’interpela, lui demandant son avis sur la suite des négociations. Fronçant des sourcils, elle le regarda à nouveau avant de lui répondre, une fois de plus son charme naturel attaquant son contrôle d’elle-même.

« Mmh, c’est évidemment le meilleur choix d’après moi. Nous n’arriverons à rien de concret autre qu’un accord commercial, du moins dans un premier temps. Tout accord militaire ou rapprochement diplomatique visible sera refusé au vu de la guerre qui nous oppose à la République. Ils ne sont pas prêts à faire ce genre de choix. Une option serait de proposer au sein de l’accord commercial, l’intégration de quelques-unes de nos entreprises produisant des denrées de luxe sur Argazda. Rien de vraiment énorme en nombre, mais assez pour qu’il soit possible à l’avenir comme vous le dites de s’immiscer plus encore dans les affaires locales, de se faire bien voir par la population, et ça offrirait aux dirigeant de ces compagnies des opportunités de saper le soutien Républicain de la population de nombre de manières différentes. »

Sa voix était légèrement rauque par endroits, et son souffle un peu plus court que la normale, mais elle avait réussi à expliquer son point de vue sans totalement se ridiculiser devant le Seigneur. Et s'étant un peu renseignée sur lui, elle savait qu'il était docteur en économie et avait sans aucun doute une ou l'autre de ces entreprises en tête pour une telle mission. Elle savait également que ce qu'il se passait s’agissait d’un jeu de dominance, et qu’il allait sans aucun doute gagner ce jeu, mais elle n’allait pas baisser les bras si facilement. Sa défaite serait valeureuse sinon rien.

Et elle allait arriver sans doute sous peu. Déglutissant très légèrement devant ce à quoi elle allait s’exposer, elle prit la parole une fois de plus.

« Si ça ne vous dérange pas Seigneur, une fois que vous aurez choisi votre tenue, pourrez vous m’aider à trouver celle qui conviendrait le mieux à la réunion qui va suivre ? Je crains qu’au vu de la situation politique que nous avons découvert, mes choix ne soient pas les plus inspirés. Je ne souhaiterais pas mettre en péril la mission pour un simple uniforme mal choisi. »

Il était nu, elle était nue, et elle l’avait invité à s’approcher d’elle pour une raison valable alors qu’il jouait un jeu de dominance avec elle. Qu’elle arrivait à peine à résister... Mais elle n'avait pas le choix. C’était un test parfait pour son contrôle d’elle-même, même si elle pompait lentement ses phéromones sans pouvoir les contrôler et jouait donc définitivement avec le feu. Il cherchait à la dominer, et elle devrait montrer qu'un simple physique de rêve ne serait pas suffisant. Elle espérait vraiment que la situation ne lui éclate pas à la figure…
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Il la sentait. L’excitation de l’Apprentie. Parfois, il songeait qu’il n’y avait pas, pour lui, de créatures plus fascinantes dans la Galaxie que les Zeltrons, ces êtres si étroitement conscients de leur chair. À son avis, il y avait en eux des pouvoirs inexplorés, toute une affinité particulière à la Force Vive, à une certaine idée du Côté Obscur, et il n’était pas rare que ses amants fussent des Zeltrons qu’on avait réduit en esclavage pour s’approprier leur sensibilité.

Les femmes éveillaient moins son désir mais il avait trop voyagé pour croire que les goûts en la matière soient exclusifs. La beauté de Yana lui parlait, au moins un peu. Peut-être était-ce les phéromones, peut-être l’intelligence de la jeune Apprentie, qui se révélait rapidement. L’Empire avait certainement fait un choix judicieux en l’associant à lui et son intuition lui soufflait qu’il avait affaire là à un talent prometteur.

Il mesurait toute la difficulté que la jeune femme avait à se contenir en éprouvant lui-même les effets de ses phéromones. Il esquissa un sourire un brin prédateur quand elle lui demanda de se rapprocher et il traversa la bibliothèque qui les séparait à pas lents, non sans jeter au passage un coup d’œil rapide à la tranche des livres sur les étagères. Il y avait là essentiellement des récits qui devaient être épiques, à en juger par les titres, comme les tapisseries qu’ils avaient vues en arrivant.

Il était désormais à côté d’elle, tout près d’elle.

— Votre beauté, Yana, est troublante et c’est une arme précieuse mais le contrôle ne réside pas toujours dans la résistance mais parfois dans l’acceptation.

Pour diplomate qu’il était, il n’allait pas nier l’évidence de leur situation.

— Si vous considérez toujours vos phéromones quand le danger qui risque de vous faire perdre le contrôle, alors elles ne seront jamais que cela, comme ces armes lourdes qu’on ne sort jamais que pour les occasions terribles, faute de pouvoir en faire un usage précis. Mais le désir est comme la douleur : en s’y abandonnant, il devient un outil que l’on manie.

C’était une doctrine radicalement différente de celle des Jedis et sans doute beaucoup plus périlleuse. Mais Noctis, qui s’infligeait des souffrances considérables pour pouvoir finalement s’en détacher, qui s’empoisonnait régulièrement pour devenir indifférent aux venins, qui se laissait parfois emplir par la colère pour pouvoir ensuite la dissiper, était convaincu que le détachement était une voie peu fertile.

— Mais pour revenir à notre sujet, poursuivit-il en posant néanmoins sa main au creux des reins de Yana, la guidant vers l’une des malles, ce palais était tout aussi instructif que nos autres. Poèmes héroïques de la bibliothèque, tapisseries épiques sur les murs, chef d’État Major taciturne, inutile probablement à bien des égards, et néanmoins invité comme un membre essentiel du gouvernement, nous disent assez que nos hôtes désirent ardemment renouer avec la chose militaire.

Désormais, il éprouvait pour Yana un désir qu’il connaissait rarement pour les femmes et que sa nudité ne cachait guère mais, quelque effet que les phéromones de l’Apprentie avaient sur lui, la clarté de son esprit n’en était pas affectée. C’était précisément l’illustration de ce qu’il avait voulu dire : plutôt que de repousser le désir et d’y résister, il le laissait s’exprimer, jusqu’à dans ses aspects les plus physiques, mais le mêlait étroitement à la discussion sérieuse qui était la leur. L’arme lourde devenait une part de la vie et se maniait ainsi plus subtilement.

Il y avait un peu d’hypocrisie néanmoins dans cette leçon de chose, si l’on songeait que Darth Noctis avait la réputation d’abandonner bien des affaires courantes pour traverser la Galaxie et sauver quelque jeune homme séduisant qu’il connaissait à peine. Les amours compliquées du Sith l’emportaient souvent sur ses devoirs et, s’il avait été aussi maître que lui-même le prétendait, il se serait épargné bien des détours.

Sa main remonta dans le dos de Yana, comme une caresse.

— L’uniforme militaire me parait très approprié. J’éviterai le sujet de mon côté, vous vous poserez en référence naturellement, et les discussions, en se spécialisant, deviendront bien plus efficaces et plus concrètes. Bien sûr, il peut éveiller des inquiétudes, mais il n’y a jamais de solution parfaite. Et je suis sûr que vous saurez subjuguer un Consul ou un général qui se montrerait trop réticent. N’oubliez pas une chose essentielle.

Son autre main se posa sur la joue de Yana pour tourner le visage de la Zeltronne vers le sien.

— Les Argazdans vivent quasiment reclus. Ce qu’ils sauront de votre espèce viendront tout entier de l’Holonet et c’est une chose de savoir, en théorie, ce qu’une Zeltronne peut faire, c’en est une autre que de l’éprouver soi-même et de le deviner quand l’acte est subtil. Si vous vous y prenez avec parcimonie, avec délicatesse, votre influence s’exercera sur eux sans qu’ils ne le soupçonnent.

Avait-il orchestré leur désir commun pour le seul besoin d’illustrer une explication tactique ?

— Fermez les yeux. Ne résistez pas. Reposez vous sur la Force. Acceptez votre nature. Devenez-en non la maîtresse, mais l’avatar. Comme la fleur qui livre son pollen au vent pour mieux coloniser, non comme l’arbre qui craque et meurt à cause de la rafale.

Comme quoi, les métaphores de Jedi, ça ne s’oubliait pas si facilement.
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Le seigneur s’approcha de la jeune apprentie tranquillement, mais pour elle qui le regardait, sa démarque était prédatrice, calculée. Et avant même qu’elle ne puisse se préparer, il était à côté d’elle. Sans même qu’il n’y ait contact, elle pouvait presque sentir la chaleur de sa peau contre la sienne, et les mots qui suivirent ne firent qu’exacerber son excitation.

Les mots mirent quelques secondes avant de vraiment toucher son cerveau, et elle se mit à réfléchir. Elle pouvait pleinement sentir son désir, mais il ne semblait pas plus dérangé que ça par les hormones coursant au travers de son corps. C’était peut-être de ça qu’il parlait ? Elle avait lu qu’il existait des méditations Sith permettant de s’abandonner aux émotions sans pour autant les laisser déranger le processus cognitif, mais elle était loin d’avoir cette maîtrise pour le moment. Sa remarque était donc correcte, mais pas quelque chose qu’elle pouvait éviter pour l’instant. Elle n’était qu’une apprentie, tardive d’ailleurs, et n’avait pas beaucoup d’entraînement comparée à d’autres.

Ce qu’il ajouta sur la suite était identique, et elle respira profondément en essayant de se contrôler et de cesser de produire ses phéromones avant de répondre d’une voix chevrotante.

« Je comprends votre opinion et la partage Seigneur Noctis. Le souci est que je n’ai pas encore maîtrisé totalement la méditation Sith. C’est un de mes objectifs principaux pour mon développement personnel et la réussite de mes ambitions, mais pour l’instant je n’arrive pas encore à totalement dissocier ma raison de mes émotions. C’est toujours mieux qu’un grand nombre des apprentis sur Korriban… »

Cette dernière partie était une fois de plus murmurée, ses pensées dépassant son contrôle sous l’effet des multiples signaux que son cerveau recevait, et du plaisir anticipé.

« Enfin, c’est un peu similaire pour mes phéromones, c’est une réaction automatique de mon corps quand mon désir est aussi intense. Mon contrôle n’est pas encore assez pointu pour éviter ça. »

Elle essayait définitivement de se défendre, mais savait qu’il avait raison. L’entraînement qu’elle s’était imposé pour augmenter son contrôle était encore bien trop insuffisant pour résister à un Seigneur Sith. Après, elle était toujours une apprentie, donc cela restait normal.

La main qui se posa au creux de ses reins pour la guider vers une des valises lui fit comme l’effet d’une décharge électrique, et elle tenta de suivre son conseil, de s’abandonner à son désir afin de le faire sien. Ses pupilles se dilatèrent sous l’effet du contact et elle se détendit légèrement, profitant du contact. Son excitation était évidente pour tout observateur, mais au vu de leur tenue et de leur conversation, elle savait que de toute manière c’était attendu d’elle.

L’excitation de l’homme à ses côtés et la caresse de sa main glissant sur son dos furent très difficiles à ignorer, et elle l’écouta simplement, agréant avec son point de vue. Il était évident qu’elle devait continuer à utiliser un uniforme militaire pour travailler sur la nostalgie des argazdans.

La main qui se posa sur sa joue et lui fit tourner la tête afin qu’elle regarde le seigneur Noctis dans les yeux tua toute pensée de sa part et la força à se concentrer sur lui dans son entièreté. Sur ses mots, son regard, la chaleur de son corps. Elle n’était qu’un pauvre insecte pris dans son piège à ce moment précis, et le pire était qu’elle ne pouvait s’empêcher d’apprécier ça. Que faire d’autre qu’obéir à ses mots ? A ses ordres ?

User de ses phéromones de manière subtile afin d’influencer les décisions et de rendre les dignitaires argazdans plus… malléables ? Elle pouvait faire ça, elle le savait. Fermer les yeux ? Elle le fit en un instant. Ne pas résister ? Elle avait perdu, à quoi cela servait-ce de résister désormais ? Se reposer entièrement sur la Force, sur le côté obscur et accepter tous ses sentiments ? Soit. Elle le craignait, mais c’était un ordre, elle ne pouvait pas faire autrement n’est-ce pas ? La métaphore qui suivit la toucha profondément dans l’état où elle était. Elle était trop rigide, trop facile à briser dans sa crainte de perdre le contrôle sur elle-même.

Elle laissa son désir, sa passion envahir ses sens, et immédiatement la Force les suivit. C’était une sensation dont elle ne se lasserait jamais. Yana n’ayant pas de but précis en tête, la Force s’infusa dans chacune des cellules de son corps et dans son esprit, amplifiant encore une fois sa sensibilité. Son empathie naturelle fut légèrement amplifiée, les émotions de l’homme à ses côtés mais également des gardes hors de l’appartement étant accessibles à elle désormais. Une pensée traversa son esprit, que tous devaient être capables de pouvoir avoir accès à ce genre de plaisirs, de désirs, et immédiatement son esprit fut guidé dans une direction, une composition de phéromones un peu différente de celles qu’elle utilisait immédiatement. Comprenant ce qui s’était déroulé, la jeune femme se força à sortir lentement de sa transe, se rendant compte seulement maintenant qu’elle était tombée à genoux devant le Sith qui l’avait ainsi guidée.

« Wow… je… wow, je suis une idiote, ou alors je n’ai rien compris aux documents que j’ai lu sur les méthodes de méditation Sith. »

Elle n’avait jamais fait cela pour quiconque depuis des années, depuis son expérience de prostituée sur Nar Shaddaa, mais sa gratitude était telle en ce moment précis qu’elle profita de sa position pour se prosterner devant lui en gratitude pour l’aide immense qu’il venait de lui prodiguer.

« Je ne vois pas comment je pourrais vous remercier Seigneur Noctis. Ces conseils que vous venez de me donner risquent bien de changer fondamentalement la manière dont je m’entraînerai à l’avenir, et donc mon développement futur. »

Elle attendit une réponse de sa part avant de se relever. L’humiliation n’était pas même présente dans son esprit, simplement la gratitude et les différentes manières dont elle pourrait bénéficier de ce nouveau regard sur le côté obscur à l’avenir.
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L’esprit de Noctis était tout aussi attentif que son corps et il explorait, sans chercher à les interrompre, les impressions de la jeune Apprentie. Entre ses lèvres, sa respiration s’était transformée petit à petit en soupir de plaisir mais il aurait été difficile de savoir, dans ce plaisir, ce qui venait de la Force et ce qui venait du seul corps de Yana. Pour Noctis, et depuis longtemps, la Force accompagnait les désirs. C’était l’une des raisons principales qui l’avaient poussé à rompre avec l’Ordre Jedi.

Et puis un calme relatif revint. Les yeux baissés, Noctis observait la Zeltronne, et il la trouvait d’une beauté véritablement saisissante, désormais qu’il l’avait vue s’abandonner à la Force et à ses passions. Combien de Jedis avait-il perverti de la même manière, en les poussant dans leurs retranchements, en exhumant au fond d’eux leur désir le plus vif, leur plaisir le moins facile à taire, pour les entrainer irrémédiablement vers le Côté Obscur ?

— Vous êtes au contraire d’une intelligence rare : celle qui sait s’abstraire de ses préjugés pour trouver son pouvoir véritable.

Il ne lui avait toujours pas dit de se relever et il profitait pleinement de ce sentiment d’emprise parfaite sur une âme qu’il venait de façonner, au moins un peu. C’était à ses yeux un pouvoir supérieur à celui qui pliait les planètes et commandait aux flottes militaires.

— La méditation mène à la transe et la transe à l’accomplissement de l’être. Chez les guerriers, la transe est violente, chez les mystiques, elle est conscience aiguë de tout. Chez vous, la transe est celle du plaisir. Tout le reste n’est qu’une affaire d’entraînement : celui qui sait frapper fort déjà peut apprendre à frapper précisément et les grands pouvoirs se raffinent.

Il finit par tendre une main à la Zeltronne pour l’aider à se relever et ses doigts se mêlèrent à ceux de la jeune femme.

— Ce que vous avez senti, conservez-le précieusement, et, pendant les négociations, à un moment choisi, saisissez-vous d’une infime partie de ce souvenir pour vous guider. Rappelez-vous que vous ne vous soumettez pas à votre désir : c’est votre désir qui soumet les autres à vous.

Exception faite de Noctis qui, pour sa part, comptait soumettre tout le monde. L’idée que la jeune femme, en plein milieu de leurs négociations, penserait à lui, se souviendrait de son corps, se laisserait gagner par une fraction de l’excitation pour déployer ses phéromones et les guider à travers la Force, le charmait au plus haut point.

— L’heure est maintenant au repos et à la réflexion. Nous nous retrouverons au moment de partir.

Et les mains de Noctis quittèrent le corps de l’Apprentie, laissant derrière elles un froid soudain, alors que le Seigneur se détournait et que, derrière lui, poussée par une brève impulsion télékinésique sans doute, la porte de la chambre de Yana se referma. Les heures qui suivirent, le Hapien les passa en une profonde méditation, sans objet, sans pensée, pure contemplation informulée du Côté Obscur, qui lui permettait de ressourcer ses pouvoirs et de rendre son esprit plus libre pour la tâche qu’ils auraient à accomplir.

Peu de temps avant le départ, il rouvrit soudainement les yeux, se releva avec souplesse et gagna la salle de bain pour se préparer. Quand il retrouva Yana dans la bibliothèque, il avait revêtu un pantalon ample dont la coupe rappelait ceux que l’on trouvait dans les déserts de Korriban, et un haut étroit, sans manche, qui révélait plutôt sa musculature régulière qu’elle ne la cachait. L’ensemble était d’ocre tressé d’or. C’était une manière de souligner sa jeunesse et sa vigueur, d'une part, et sa richesse, d’autre. La première promettait à la planète exsangue une régénération au sein d’un Empire en pleine expansion et la seconde à une civilisation appauvrie une renaissance permise par la prospérité interstellaire.

Il inclina la tête pour saluer Yana et, de toute évidence, il n’éprouvait nul embarras à la retrouve après l’intimité qu’ils avaient partagé. L’image de la jeune femme nue, à genoux devant lui, resterait gravée dans sa mémoire, et il la chérirait, comme tous les souvenirs de victoire. Quand ils se présentèrent à la sortie de leurs appartements, le maître du protocole était déjà là, à les attendre, et, une nouvelle fois, ils se laissèrent guider dans la succession des couloirs aux motifs guerriers, jusqu’au grand escalier qui menait au toit et à l’airspeeder.

Une fois à bord, le véhicule prit rapidement de l’altitude. Noctis se pencha vers Yana et murmura très en bas à son oreille :

— Je suppose qu’on ne veut pas que nous constations de trop près la pauvreté qui règne probablement dans les faubourgs.

D’ailleurs, la route vers le Palais Consulaire lui parut inutilement longue, une fois que, arrivés à destination, il considéra la ligne droite qu’ils auraient pu emprunter : on avait cherché à les tenir éloignés des quartiers les plus sensibles. Quelque difficulté économique que connût la planète néanmoins, le Palais Consulaire arborait le même faste que le Palais de la Contemplation et, à l’intérieur, la sobriété démocratique originellement imposée par la République avait été rapidement remplacée par les décorations au style typiquement argazadan.

Le Maître du Protocole ouvrit une nouvelle fois la voie. À intervalle régulier, des soldats présentaient les armes entre des colonnades, honneur un peu amer, si l’on songeait que l’armée n’avait plus, pour cette civilisation, qu’une valeur décorative. Ils furent finalement introduit dans une salle de réunion plutôt intime, où quelques fauteuils profonds accompagnaient des sculptures choisis. Les trois Consuls se levèrent en les voyant arriver.

Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.
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La respiration toujours saccadée, Yana écouta Noctis la complimenter. Oh, elle pouvait, derrière tous ces compliments sentir la satisfaction qu’il ressentait. Etait-ce de l’avoir aidée ? Elle en doutait, plus possiblement le fait de la voir ainsi à genoux devant lui, soumise. Il était Sith après tout, et elle avait l’habitude de sentir ces sentiments. Ce ne fut pas pour autant qu’elle lui en voulût. Que lui importait qu’il soit satisfait ou non qu’elle se prosterne devant lui ? Cela ne lui coutait rien de le faire, et tant qu’elle ne se prononçait pas sien, il n’y aurait que peu de conséquences à l’avenir, et probablement aucune négative pour elle. Elle était apprentie et lui seigneur après tout, c’était presque exigé. Certains apprentis qu’elle avait croisé à l’académie se seraient probablement sentis outrés par une telle soumission, et auraient formulés des idées de vengeance. Sottises que tout cela. Son égo n’était certainement pas assez démesuré pour qu’elle ne s’encombre de pensées aussi destructrices, ni assez fragile pour qu’elle soit marquée à jamais par un tel geste.

Elle se souviendrait de l’aide, et si elle le pouvait un jour lui rendrait la pareille. Et puis c’était tout. Se concentrant sur les mots, elle fut d’accord avec lui. Cette transe était la base sur laquelle elle allait pouvoir construire la suite de ses expériences avec le côté obscur de la Force. Le diriger sans être dirigiste, le guider sans forcer. C’était sans doute plus risqué et complexe qu’elle ne le pensait, mais elle avait le temps de s’entraîner. Elle le devait.

La suite du commentaire du Sith était une évidence. Utiliser ses phéromones lors des négociations était risqué, mais si elle le faisait convenablement, guidée par la Force afin de frapper au bon moment, avec le bon cocktail… les choses deviendraient un peu plus intéressantes. Et il faudrait le faire discrètement, rentrer dans une transe tout en restant en contrôle de son corps. Etait-ce là un des moyens qu’avaient les sorciers Sith de faire appel à toute la puissance du côté obscur ? Elle ne le savait pas, mais elle commençait à s’en douter.

En tout cas, il la laissa seule dans la chambre après l’avoir aidée à se lever la laissant se reposer et méditer sur ses expériences. Elle n’avait aucun doute que le Seigneur allait méditer lui-même. Rien d’autre à faire de sûr, vraiment. Yana pour sa part ne se rhabilla pas et alla se couler un bain. Non seulement elle avait besoin de se nettoyer, les dernières minutes avaient été assez intenses pour qu’elle ait réellement besoin de se laver. Elle n’avait jamais autant été excitée sans connaitre un orgasme après coup également, donc elle aurait dû être frustrée, mais pourtant tout était juste… correct pour elle. Elle était bien.

Glissant dans son bain, la jeune femme ferma ses yeux laissant le contact de l’eau contre sa peau la relaxer afin d’essayer une fois de plus à rentrer en transe. Elle n’avait pas de doute que ce serait plus complexe, elle n’avait pas la foison de sensations qu’elle avait subi en se trouvant aux côtés du Seigneur Noctis. Elle connaissait néanmoins assez bien son corps et ses désirs afin que cela ne lui pose pas de problème de retrouver une excitation convenable. Un don appréciable dans le métier lorsqu’on était face à un client pas adroit au lit, mais dont l’égo exigeait qu’il parvienne à lui apporter du plaisir.

Lentement, avec un contrôle qu’elle ne possédait pas lorsqu’elle s’était brutalement faite entrainer dans la transe par l’avalanche de sensations provenant de Noctis, Yana sentit la Force et le côté obscur l’envahir, répondant à l’enflammement de ses désirs. Et elle manqua de s’étouffer alors que son corps glissa dans l’eau, l’empêchant de respirer. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle pratiquait tout cela dans un bain. Une perde du contrôle de son corps impliquait une sanction immédiate. Et lors des négociations qui suivraient, la sanction serait bien plus sévère si elle ne parvenait pas à faire preuve d’assez de subtilité.

Elle recommença donc, encore et encore, tombant en transe de plus en plus rapidement, et en gardant peu à peu le contrôle sur son corps. L’eau devenue froide du bain renforça encore l’entrainement, mais elle parvint à atteindre un niveau assez raisonnable pour une utilisation rapide et discrète lors des négociations. Oh, elle était loin d’atteindre le niveau de maîtrise de la transe nécessaire pour un vrai sorcier ou guerrier Sith, mais ce n’était pas en quelques heures qu’elle l’atteindrait. Elle était passable, et c’était tout ce qu’elle avait besoin d’être. Elle s’améliorerait plus dans ses quartiers sur Korriban.

Yana finit de se laver et se sécha avant de retourner à sa chambre. Son corps était légèrement ankylosé par le long bain, et sa peau fripée. Soupirant légèrement, la jeune apprentie alla dans sa chambre et se posa sur son lit avant de se s’habiller avec une des tenues qu’elle avait choisies pour pouvoir s’entrainer confortablement. Parce que même si être nue était confortable, pour faire de l’effort physique ce n’était pas très agréable. Que ce soit pour les hommes ou pour les femmes d’ailleurs, il y avait toujours quelque chose qui bougeait de manière peu confortable. Elle devrait reprendre une douche après coup, mais ce n’était pas très important.

Les dernières heures avant la réunion furent passées à s’entrainer dans sa chambre, alternant les mouvements de danse et de combat, les coups requérant de la force brute et ceux lui demandant plus d’être agile. Repensant à ce qu’avait dit son compagnon de mission, Yana se demanda s’il n’était pas possible pour elle d’intégrer cette transe à son entraînement au combat également lorsqu’elle serait plus habituée à y entrer et à la diriger.

Une dernière douche rapide avant de commencer à s’habiller pour la réunion avec les consuls de la planète, et la jeune femme se retrouva dans la bibliothèque à attendre l’homme, son esprit parfaitement tourné sur la mission et sur l’objectif à accomplir. Leurs tenues étaient contrastées, c’est la première chose que l’apprentie constata. Là où la sienne était sobre, militaire, un uniforme d’officielle assez peu décoré, la tenue de l’homme était beaucoup plus élaborée, riche même. Mais si contraste il y avait, il s’agissait d’un contraste bien caractéristique de l’Empire Sith et, si elle ne se trompait pas, il s’agissait également d’un contraste qui serait familier pour les argazdans, leur offrant une fenêtre sur leur âge d’or, où richesse et opulence se mêlaient à la chose militaire.

Le salut de l’homme fut rendu par la jeune femme sans d’autre signe particulier. La beauté de l’homme était toujours aussi troublante, mais elle y avait goûté il y a de cela quelques heures. Pas autant que d’autres, bien entendu, mais dans un sens ce qu’elle avait vécu était tout aussi intime, voire plus que certaines relations sexuelles qu’elle avait vécu dans le passé. Et ayant gouté à ce désir dans sa forme la plus brute, la plus envoutante, elle se voyait légèrement plus résistante à ses effets. Assez pour ne pas réagir outre mesure. Elle n’était de toute manière pas femme à être embarrassée aussi simplement. Son passé de prostituée sans nul doute.

Sans nul mot, les deux Siths se présentèrent à l’entrée de leur appartement, le maître du protocole présent pour les guider jusqu’à la navette qui les mèneraient au Palais Consulaire. Souriant légèrement dans la navette en entendant la remarque qui lui fut murmurée, Yana lui répondit en murmurant également.

« En effet, ou peut-être les quartiers abandonnés par la ruralisation d’une partie de leur population. Honteux, vraiment… »

Et pour une culture originellement guerrière, ça l’était vraiment. Le trajet fut long comparé à la distance entre les deux bâtiments, et l’apprentie ne put s’empêcher de soupirer. Que d’efforts pour cacher un état de fait dont ils étaient déjà au courant. Une perte de temps inutile, vraiment. Le Palais Consulaire, à côté duquel ils atterrirent, avait évité les affres que la planète avaient connus, aussi somptueusement et ostensiblement décoré que le Palais de la Contemplation qui les logeait. Une indication une fois de plus de l’importance qui leur était donnée par la classe dirigeante d’Argazda.

Une fois de plus ils furent entourés d’une haie d’honneur de soldats argazdans lors de leur trajet jusqu’à la salle de réunion, et Yana rentra dans son rôle, se tenant droite et regardant les hommes avec appréciation. Les tenues différentes impliquaient un rôle, une manière d’agir différentes, et Yana comptait tout particulièrement jouer sur cet état de fait. Leurs hôtes s’attendaient à ce qu’elle soit plus inexpérimentée en matière de politique, plus honnête et directe, et elle le serait. Ce n’était bien entendu pas pour autant qu’elle était totalement dénuée de subtilité ou de subterfuge.

Leur trajet se finit dans une salle de réunion contenant principalement d’accueillants fauteuil et des statues. Le triumvirat dirigeant la planète se leva pour les accueillir et l’apprentie hésita une fraction de seconde. Elle les avait salués la première lors de la descente de la navette, fallait-il commencer à imprimer un rythme et les saluer également en premier ici aussi, pour peut-être les prendre à contrepied plus tard ? N’ayant pas reçu de signe particulier du seigneur à ses côtés, Yana décida de s’y atteler, bien entendu laissant leurs hôtes parler en premier.

« Ah, nos hôtes de marque. Nous espérons que ces heures passées ont été agréables, et que le personnel mis à votre disposition ainsi que les décorations étaient convenables ? »

Hochant légèrement de la tête, un sourire de politesse sur les lèvres, l’apprentie Sith répondit calmement.

« Un plaisir de vous revoir Messieurs et Madame les Consuls. Les accommodations mises à notre disposition étaient plus que convenables, et j’ai été ravie de voir de nombreuses similarités entre nos cultures. »

Les similarités étaient présentes, mais c’était une insulte de comparer l’art et le décorations Sith à des décorations aussi… vulgaires. Les anciens Sith étaient grandiloquents, mais ils faisaient preuve de bien plus de goût que les azgardans. Les nécessités diplomatiques aidant, elle ne laissa rien paraître de ses pensées et profita du léger moment où les Consuls attendaient une réponse de Noctis pour commencer son subtil travail de sape.

Laissant la Force envahir ses sens, Yana initia une petite transe, extrêmement courte afin de concevoir le cocktail de phéromones nécessaire pour accomplir son but. Si elle s’y prenait aussi tôt, c’était que les phéromones étaient un gaz volatil, mais ayant besoin de mouvement pour se propager. Une fois installés dans les fauteuils, il serait trop tard.

Ce que les autres races ne savaient pas, c’était que les glandes à phéromones des Zeltrons étaient de véritables usines chimiques, et étaient conçues pour créer une variété de molécules volatiles absolument massive au vu du grand nombre d’espèces présentes dans la galaxie. Et contrairement à ce que beaucoup croyaient, le désir n’était pas la seule émotion que les Zeltrons pouvaient susciter avec leur aide.

Ici, elle avait pour but d’éveiller un… sentiment bien particulier. La nostalgie. Normalement, un Zeltron n’aurait pas les informations nécessaires pour y parvenir, puisque le mélange était différent pour chaque personne pour un effet aussi complexe, mais elle avait ce que beaucoup de Zeltrons n’avait pas. La Force, et avait justement besoin d’entrer en transe afin d’être guidée vers un mélange satisfaisant. Leurs hôtes ne s’attendant sans doute pas à ressentir autre chose que du désir si les phéromones étaient utiliser leurs attentions ne se porteraient pas sur elle.
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— Très convenables, oui, très convenables en effet. Les tapisseries du hall sud ne sont pas sans évoquer certains des épisodes les plus remarquables du passé sith et je crois, comme mon amie, que nous aurons d’autant plus de facilité à explorer des accords que nous sommes déjà si semblables.

Ils s’étaient tous installés autour d’une petite table basse, dans des fauteuils profonds et confortables. Devant, des tasses fumaient d’une tisane du pays, dont les vapeurs n’étaient pas sans rappeler à Noctis certaines herbes d’Ondéron, que les Maîtres Herboristes de l’Ordre Jedi cultivaient pour apaiser les esprits. Des petits gâteaux secs accompagnaient le service à thé, et cette ambiance intimiste lui laissa penser que les Consuls étaient pressés de parler à cœur ouvert, c’est-à-dire concrètement.

À côté de lui, il sentait la concentration de Yana, la Force qui battait en elle comme le sang dans les veines, et il jugea qu’il serait opportun de faire la conversation, pour donner à l’Apprentie le temps de déployer ses phéromones.

— Sur Korriban, j’ai dans mes appartements, par exemple, quelques gravures qui rappellent une bataille contre l’Ordre Jedi, et la composition, mais aussi l’expression des personnages, m’ont rappelé celles de vos tapisseries.
— Vous êtes un militaire vous-même, demanda le Premier Consul ?
— Hélas, non, mes talents sont plutôt d’ordre diplomatique et religieux, voyez-vous.
— On vous appelle pourtant, à ce qu’on raconte, le Boucher de Kano-IV.

Et le Second Consul, homme à l’apparence vénérable, dont le corps usé et fragile cachait deux yeux vifs et profonds, fixa intensément le jeune Seigneur, et sa remarque était pleine d’une question implicite, d’une inquiétude tue mais évidente. Noctis soutient son regard sans ciller, trop habitué aux mensonges pour se laisser démonter, et déclara d’un ton navré :

— Propagande républicaine, je le crains. Non que la révolte de Kano-IV ait été brisée tout en douceur, comprenez bien, mais ma réponse a été proportionnée à la situation et la planète ne se porte pas plus mal de mon autorité, bien au contraire. Quand un enfant est tumultueux et que son imprudence est un danger pour lui-même, c’est un service qu’on lui rend de le punir avec une sévérité bien pensée.

En réalité, Noctis avait sacrifié Kano-IV à l’autel de sa réputation et ravagé une bonne partie de la planète moins pour briser une rébellion que pour prouver aux autres Siths qu’il était digne de son rang, et consolider une position que ses opinions pacifistes et ses origines jedis rendaient toujours fragiles.

— Mais je conviens qu’en la matière, les méthodes républicains sont moins directes, moins franches et plus pernicieuses. Elle brise les économies plutôt que de lutter ouvertement avec les guerriers, elle envoie ses exécutants qui se font passer pour des philosophes mais qui tiennent plutôt d’assassins mal déguisés…

Il parlait des Jedis et, à vrai dire, il n’avait pas l’impression de beaucoup exagérer. Combien de diplomates jedis censément venus apporter la paix dans une situation compliquée dégainaient leur sabre laser quand les négociations étaient évidemment perdues et avec quelle facilité ces prétendus gardiens de la vie se livraient à la première occasion au combat ?

— Mais pardonnez-moi. J’ai longtemps été un Jedi moi-même et j’ai pu constater de l’intérieur la corruption d’un système dont l’évocation réveille toujours en moi des souvenirs désagréables.

Petit à petit, les phéromones se propageaient dans la pièce, composés à l’attention particulière de Argazdans. Chez ces politiciens habiles, les visages n’exprimaient guère les émotions mais, dans la Force, Noctis pouvait en sentir les effets.

— Certains dans notre peuple considèrent pourtant que les Jedis ont ramené la paix parmi nous et nous ont en quelque sorte préservés de nous-mêmes, d’une spirale de destruction guerrière qui nous auront menés à notre perte.
— Il y a toujours trois parties dans les guerres de la République. La conquête par l’armée, les sanctions économiques et l’infection idéologique. Les Jedis sont passés Maîtres dans la troisième. Vous noterez que leurs principes de pacifisme ne s’appliquent pas à leurs sabres lasers, que leurs principes d’ascétisme ne concernent pas la splendeur de leur Temple, que leurs principes de modestie ne concernent pas la gloire dont ils jouissent au sein de la République. Ce ne sont pas des valeurs qu’ils s’appliquent à eux-mêmes, mais des instruments qu’ils utilisent sur les autres, pour préserver l’intégrité d’une République qui ne vit que de la dépendance économique des mondes extérieurs à ceux du Noyau et de la fragilité des cultures nationales, qui doivent plier devant le basic de l’intelligence que constitue le tout-venant du fonds culturel républicain. Ce triste exemple de colonialisme relève pour ainsi dire du cas d’école.
— À vous entendre, tout Jedi est un manipulateur en puissance et tout Sith est un saint.

Noctis répondit à l’objection d’un sourire entendu.

— Bien des Jedis sont sincèrement convaincus de leur cause. Pour être honnête, je crois qu’ils sont les premières victimes de leur endoctrinement, comme je le fus jadis. Ce n’est pas un problème personnel mais plutôt systémique. Quant à nous… Nous ne sommes pas des saints, nous sommes des pragmatiques. Nous croyons que chacun poursuit ses intérêts, et même sa volonté de puissance, et que quand les intérêts convergent, ils peuvent aboutir à une union concrète, qui n’exige ni l’assimilation culturelle, ni la faiblesse de la dépendance mutuelle.
— Pour un peu, on dirait presque que votre empire est une confédération…
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Lorsque Yana sortit pleinement de sa transe, elle se trouvait dans son fauteuil, semblant visiblement écouter avec attention le Seigneur Noctis alors qu’il expliquait sa vision des actes qu’il avait commis sur Kano-IV. Il lui avait semblé qu’elle avait mis moins de temps que ça pour créer son mélange et le disséminer dans la pièce, mais ça n’avait pas d’importance. Elle avait accompli sa tâche, et ses phéromones influencerait le reste des discussions subtilement.

La réponse de Noctis, associée à ses émotions fit comprendre rapidement que c’était un mensonge. La réponse n’était pas proportionnée, mais il y avait une raison plus profonde. Ayant une petite idée du caractère du seigneur avec qui elle travaillait, elle se doutait qu’il n’avait pas agi pour son simple plaisir personnel, donc ça n’avait pas d’importance dans l’immédiat. Essayer de dédramatiser les actes passés afin de réduire leur influence sur les négociations actuelles. Qu’importait la vérité, tant qu’elle ne les empêchait pas d’accomplir leur mission.

L’attaque qui suivit sur la République et les Jedi, elle ne l’attendait pas, ou en tout cas ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi ouverte. Et dans un sens, elle était ravie que ce soit le seigneur qui s’en charge et non elle-même. Son manque d’animosité réelle envers la République ou les Jedi était plus un détriment dans ce genre de situations qu’un bénéfice. Elle se concentra donc plutôt sur l’effet que ces mots avaient sur les dirigeants argazdans, et fut ravie de voir qu’ils réfléchissaient, que leurs sentiments reflétaient l’introspection et la colère. Il s’agissait moins ici d’attaquer la République et les Jedi que de laisser leurs interlocuteurs le faire de par eux-mêmes dans leurs têtes.

Leur défense, jouant l’avocat du diable, cita l’avis de certains membres de leur peuple qui avaient de la gratitude pour la République, mais Noctis s’empressa non pas de les fustiger, mais de rabattre le blâme une fois de plus sur leurs ennemis communs. Un peu gauche diplomatiquement parlant d’après elle, et surtout assez peu subtil, mais il savait visiblement ce qu’il faisait, et manipulait avec brio leurs interlocuteurs. Alors que dire à part bien joué ? Ses phéromones n’avait pas vraiment d’effet sur ce genre de raisonnements, mais il était attendu en tant que Sith qu’ils s’attaquent à leurs ennemis donc il y avait une certaine tolérance sans doute de la part des argazdans ? Les consuls semblaient néanmoins dubitatifs, et la description des Sith comme pragmatiques fit pouffer Yana intérieurement de rire. Certains d’entre eux l’étaient, Noctis et Yana par exemple se considéraient et étaient sans doute pragmatiques. Après, est-ce que ça voulait dire pour autant que la plupart des Sith l’étaient, c’était beaucoup dire.

La remarque sur la confédération du Consul néanmoins la fit intervenir à nouveau. Il avait beaucoup répondu et c’était à son tour désormais, surtout que sa réponse était relativement simple à envisager.

« N’est-ce pas le cas ? »

Les regards se tournèrent à nouveau vers la jeune femme, qui arborait un léger sourire poli.

« Oh, il faut pour le voir considérer plusieurs facteurs, mais en soit l’Empire est une confédération. Le premier point important est que l’Empire est une méritocratie. Je ne vous apprends rien je pense en vous disant cela. La classe dirigeante est composée des Sith les plus puissants et politiquement compétents. »

La jeune femme prit une gorgée du thé qui était devant elle, délicieux, vraiment, avant de continuer.

« En dessous d’eux, les planètes sont dirigées par des Moffs. A partir de là il y a plusieurs cas de figure. Si la planète a été conquise par la force, je pense que vous convenez qu’y placer un dirigeant impérial est plus que logique. De manière opposée, si une planète ou un secteur rejoint l’Empire volontairement, le changement de dirigeant est loin d’être automatique. Si la classe politique de la planète est suffisamment compétente pour assurer l’ordre et faire en sorte que les demandes, tout à fait raisonnables et dépendant de l’état de la planète bien entendu, de l’Empire sont respectées, pourquoi s’arranger pour les faire remplacer ? Comme l’a dit mon ami ici présent, nous autres Sith sommes pragmatiques. Remplacer un dirigeant sans raison, c’est attirer la révolte d'une partie de la population et quelque chose qui n’est certainement pas dans notre intérêt. »

Ce qu’elle ne disait pas, c’était justement qu’il y avait des Sith assez stupides pour justement faire cette erreur. Heureusement ils n’étaient pas non plus foison dans les hautes sphères de l’Empire.

« Un dernier point également, et quelque chose qui est sans doute caché par les Républicains et par leur propagande, c’est qu’il n’y a pas de discrimination au vu de la race au sein des Sith. N’importe qui de sensible à la Force peut devenir apprenti sur Korriban, et, si ses talents le permettent, si son dévouement à l’Empire est suffisant, de gravir les échelons jusqu’à faire sa place parmi les instances dirigeantes. »

Il était inutile d’insister plus que ça, le narratif était rentré dans leur tête. L’histoire de l’absence de discrimination était un demi-mensonge. Elle existait, mais surtout à l’académie. Une fois cette barrière passée, seuls le pouvoir, l’intelligence et la compétence comptaient pour les guerriers, sorciers et seigneurs Sith.

La réponse des Consuls se fit rapide, la voix de la femme lui répondant curieuse même si le doute était clairement présent dans son esprit et ceux de ses collègues.

« Vous voulez dire que de rejoindre l’Empire ne changerait pas grand-chose pour nous sur un plan purement politique, et que nous garderions notre autonomie ? Permettez-nous d’en douter. »

Yana haussa des épaules lentement avant de lui répondre.

« Tout dépend de ce que vous appelez autonomie. Comme vous vous en doutez, rejoindre l’Empire aurait ses propres contraintes. La politique extérieure d’Argazda devrait rejoindre celle de l’Empire, et il y aurait sans doute des discussions pour ce qui est des taxes et de la législation. Et au lieu d’être envoyés chez les Jedi, nous récupèrerions les jeunes enfants sensibles à la Force. Après, une fois cette contribution tablée, je ne vois pas pourquoi, à part dysfonctionnement majeur, les Sith se mêleraient de la politique intérieure d’Argazda. Ils ont bien mieux à faire avec la République et les Jedi. »

Elle n’était pas sûre totalement de ce qu’elle disait dans son for intérieur, mais cela lui paraissait logique au vu de ce qu’elle avait déjà observé dans l’Empire. Les Sith étaient de très grands partisans de récompenser la compétence, et de punir l’incompétence. Tant que le gouvernement était compétent et suivait les objectifs donnés par l’Empire, il n’y aurait sans doute pas d’ingérence.
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Un silence assez long avait suivi ces considérations concrètes et il était évident que les Consuls considéraient non seulement le futur mais également le passé. Nation jadis conquérante et indépendante, ils se retrouvaient à devoir choisir le plus indulgent de deux maîtres, et passer de la République à l’Empire, c’était malgré tout échanger une domination contre une autre. La nostalgie à laquelle les disposait les phéromones de Yana agitait devant leurs yeux ce passé glorieux qui semblait définitivement hors de portée.

— Qu’en serait-il des entreprises militaires ?
— Vous n’ignorez pas que le développement de nos forces est strictement encadré par la République, à l’heure actuelle.
— Hélas, oui. Une grave erreur économique.

C’était une réplique inattendue qui bottait le sujet d’un côté du terrain à l’autre.

— Pour une culture comme la vôtre, où l’armée a joué si longtemps un si grand rôle, la dépendance aux industries militaires était grande, de toute évidence. La construction de vaisseaux, d’armes, d’armures, tous les équipements à fournir, sans parler de l’administration et des services qui structurent nécessairement une armée en bonne ordre, apportaient prospérité non seulement aux soldats mais à l’économie que ces activités innervaient, de l’extraction des minéraux à la recherche et au développement, du textile à la nano-électronique. En contraignant le développement de votre force armée, la République a nécessairement durement ébranlé votre économie.

Et qui disait économie, sur Argazdan, disait esclaves. En les invitant à réfléchir aux conséquences économiques de la politique de démilitarisation imposée par le passé par la République, Noctis guidait surtout les réflexions de ses interlocuteurs vers le sujet essentiel de l’esclavage, strictement prohibé par le Sénat galactique, parfaitement autorisé au sein de l’Empire et absolument essentiel our les Argazdans.

— Il parait néanmoins illusoire d’estimer que cette économie-là se reconstruirait par les seules forces vives de la planète, après plus d’un siècle de ce qu’on ne pourrait même qualifier de survivance anémique.[/color]

C’était donc le moment des négociations que Noctis préférait : celui de l’honnêteté brutale, où les politesses diplomatiques et purement protocolaires cédaient le pas aux vraies discussions productives, parce que personne n’avait de temps à perdre. C’était toujours un bon signe : quand un hôte était excessivement poli, c’était qu’il voulait éviter les sujets problématiques et que la rencontre s’en tiendrait à la surface. Quand on balayait rapidement les courbettes, c’était que chacun avait envie d’avancer.

— J’imagine.
— Et par conséquent il faudrait que l’Empire intervienne avec des investissements extérieurs. Entendez-moi bien, je ne doute pas qu’il y a chez vous une foison d’entreprises toutes plus désireuses les unes que les autres de pénétrer sur un marché nouveau mais nous ne sommes pas prêts à privatiser notre planète pour vivre dans l’illusion d’une gloire reconstituée.[/color]
— Pour que nous soyons bien certains de vous comprendre, ce qui vous pose problème, ce sont les investissements extérieurs ou la privatisation en tant que telle ?

Les Consuls échangèrent un regard, se penchèrent les uns vers les autres, murmurèrent quelques paroles rapides puis la Première Consul répondit :

— Les deux.[/color]

Noctis contint un sourire. Ainsi, les transformations républicaines étaient demeurées malgré tout superficielles et Argazdan était resté, dans les grandes lignes, l’État totalitaire de jadis, où toute la vie de la planète était subjugué à la volonté d’un gouvernement censé incarner l’élan commun. La structure politique actuelle ne le reflétait peut-être pas en théorie, mais le Sith savait que le Triumvirat était réélu à une majorité écrasante depuis près de quarante ans et que la Chambre était essentiellement apathique. Le contrôle que la Consul voulait conserver sur son économie achevait le tableau.

— Nous pourrons discuter des chiffres dans une discussion dédiée mais, disons, dans les grandes lignes, qu’il est tout à fait possible que l’Empire, soit en tant qu’État, soit par l’intermédiaire de banques interstellaires impériales à la solidité éprouvée, consentent des prêts de développement à Argazdan…

Il avait hésité à suggérer que les prêts pourraient tomber directement dans la poche des Consuls, parce qu’il les soupçonnait d’être trop patriotiques pour ne pas se sentir insultés par l’apparence d’un pot-de-vin.

— … qui seraient ensuite investis en interne par des entreprises d’État, sous le contrôle du gouvernement, pour la reconstruction. Le volume des prêts sera important, j’imagine, mais s’ils sont correctement garantis, par exemple contre le crédit impérial, je ne prévois pas de difficulté.
— Avec un prêt garanti sur le crédit impérial, autant dire que nous aurions un intérêt puissant au développement de l’Empire, sans quoi, nos intérêts s’envoleraient.
— Mais puisque votre propre développement sera celui de l’Empire et que l’économie que vous reconstruirez soutiendra une armée régénérée, ce qui s’offre à vous est bien un cercle vertueux dont votre nation a déjà connu les effets par le passé.

Et une nouvelle fois, les phéromones de Yana rendaient les Consuls plus que susceptibles à l’évocation de cette époque de prospérité. Cette fois-ci, elle ne relevait plus du rêve, mais de la considération concrète, précise, pour ainsi dire presque technique et fastidieuse, et en cela rassurante et presque palpable. Ce n’était plus une affaire de poètes mais de comptables et il y avait bien des situations où l’imagination préférait les seconds aux premiers.

— Mais j’aimerais revenir un instant sur ce qu’évoquait votre… consœur ?

Le Consul n’était pas certain de la manière de qualifier les liens entre deux Siths. Comme Noctis répondit par un sourire sans paraître se formaliser, l’homme continua sur sa lancée.

— Vous parlez d’absence de préjugés raciaux, vous parlez d’intégrer notre jeunesse à la formation académique sur Korriban, dont je dois bien avouer, pardonnez mon ignorance, qu’elle me parait un peu floue, mais vous n’êtes sans doute pas sans savoir qu’Argazda est une culture qui place l’accent sur la communauté et sur l’importance du vivre-ensemble.

C’était une manière bien élégante de suggérer qu’ils n’aimaient pas se mélanger aux autres et qu’ils préféraient vivre entre eux. Les rapports préliminaires que Yana et Noctis avaient reçus n’avaient rien caché du racisme conservateur de la population locale et l’accueil même qui leur avait été réservé par certains politiciens lors de la réception, parce qu’ils étaient une Zeltronne et un Hapien, avait parlé de lui-même.

— Nous ne voudrions pas perturber outre mesure une population dans ses habitudes en l’exposant à une diversité qu’elle risquerait de mal recevoir et dont j’imagine qu’elle ne se présente pas sous des jours aussi charmants que les vôtres.
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La réflexion de Noctis en réponse à la remarque sur l’industrie militaire des Argazdans était bien évidemment correcte, et assez évidente pour qu’elle-même qui était novice dans les arts économiques, voire moins que ça même, la considère comme la seule réponse possible. Détruire l’infrastructure militaire d’un empire ayant centré son économie entièrement dessus était condamner ladite économie à une mort lente et douloureuse. Il était évident que le premier acte de l’Empire s’il nouait des liens avec Argazda était de revitaliser cette industrie et lui donner un second souffle loin des restrictions républicaines.

Ce qui suivit fut une série d’hypothèses et de possibles mesures économiques pour aider la planète en difficulté qui passèrent pour la grande majorité au dessus de la tête de la jeune femme. Elle avait compris l’histoire du prêt et avait saisi l’importance qu’il y avait dans le refus des Consuls à vouloir laisser s’intégrer sur leur territoire des entreprises étrangères, mais toute cette histoire d’intérêts et de garantie. Il faudrait qu’elle se renseigne, mais ce n’était ni l’endroit, ni le moment, surtout alors que leurs communications et leurs recherches sur l’holonet devaient être interceptés et analysées par le gouvernement s’ils étaient aussi intéressés à garder le contrôle sur leur propre monde.

Ce qui fut important pour elle fut principalement la fin de ce discours, et la clarification que le Consul demanda sur le sort des futurs apprentis, ainsi que le sous-entendu qu’ils étaient tout à fait racistes, merci bien, et préféraient se retrouver entre eux. Souriant sereinement, Yana réfléchit rapidement à sa réponse avant de regarder le Consul droit dans les yeux.

« Je comprends que ce que vous subissez actuellement de la part de la République et des Jedi sont un affront pour vous, et que vous craignez quelque chose de similaire de la part de l’Empire. »

Il était inutile de préciser plus que cela, si le sujet était mis sur la table, ils savaient qu’elle parlait du fait que les jeunes enfants sensibles à la Force étaient retirés à leurs parents dès la naissance par les Jedi, une exigence intolérable sans aucun doute, mais pourtant imposée sur la planète. Même si Yana n’avait aucune preuve que c’était le cas, elle savait que la République faisait ça pour tous les mondes sous leur contrôle, et Argazda l’était certainement.

« Laissez moi vous rassurer, car il y a des différences fondamentales entre nos manières d’agir. Le seul point commun que nous avons avec les Jedi dans cette affaire, est que nous savons que les êtres sensibles à la Force doivent absolument être entrainés. Laissés sans guide, sans formation, ils sont potentiellement un danger pour leurs alentours et un gaspillage de talent. »

Reprenant une gorgée de thé pour temporiser et organiser un peu plus sa pensée, l’apprentie reprit.

« Les Sith ne sont cependant pas aussi… monstrueux que les Jedi dans leurs manières de faire. Les jeunes apprentis ne sont pas retirés à la naissance par leurs parents, et peuvent donc les connaître. Il n’est également pas interdit pour eux durant leur formation de garder contact avec leur famille ou avec leur culture tant que ça n’influe pas négativement sur leur progrès. La crainte que vous avez est justifiée, j’en conviens, mais rien ne les empêchera de s’imprégner de votre si respectable culture, voire même d’en faire profiter les autres apprentis qu’ils côtoieront s’ils en ont l’envie. Et cet isolement que vous redoutez est de toute manière temporaire. Lorsque les apprentis auront montré leur compétence et progressé dans les rangs, rien n’empêchera le fait qu’ils pourront prendre les membres de leur peuple comme apprentis afin de leur épargner un choc culturel et surtout afin de faire valoir l’excellence Argazdane au sein de l’Empire. »

Un sourcil levé fut la réponse qu’elle obtint de la part d’un des Consuls. Etait-elle allée trop loin dans la flatterie ? Elle n’eut pas le temps de réfléchir qu’il prit la parole.

« Une fois de plus vous considérez les Jedi comme des monstres, et les Sith comme des saints. Vous n’avez pas l’impression de forcer un peu le trait ? »

Yana soupira légèrement comme pour faire une confession avant de reprendre la parole.

« Pour être parfaitement honnête, je ne hais pas les Jedi comme beaucoup dans l’Empire le font, et essaye d’avoir un regard objectif sur ce qui est en face de moi, c’est une de mes raisons pour m’être engagée dans la diplomatie. Et je suis parfaitement consciente que les Jedi ont leurs bons points et les Sith leurs mauvais. Ne nous voilons pas la face, il y a de tout dans chaque mouvement. Dans ce cas présent néanmoins, je pense vraiment ce que j’ai dit. Pour toutes leurs ‘bonnes’ raisons et leur moralité, les Jedi arrachent des nourrissons à leurs parents sans même leur laisser conserver un quelconque souvenir de ceux qui les ont amenés au monde, ou de leur culture. Je trouve cela aberrant. Absolument dégoutant. Ils ont sans doute de très bonnes raisons, mais je ne parviens pas à trouver quoi que ce soit qui puisse justifier ça, la destruction de leur futur afin d’être endoctrinés au temple. Il y a également une endoctrinement chez les Sith, il serait stupide de le nier, mais les apprentis sont amenés sur Korriban bien plus tard. Ils ont leurs propres opinions, leur propre volonté, leurs propres ambitions. Pour les plus faibles, l’entraînement peut les briser. »

Sa voix prit une légère teinte de dégoût pour ce qui suivit. Ils étaient une culture militaire originellement, ils comprendraient ce dégout sans souci. Il fallait bien rentrer dans son rôle après tout.

« Ils n’étaient dans ce cas pas dignes de poser leurs pieds sur Korriban. Les autres néanmoins ? Ils deviennent Sith sans pour autant avoir oublié leurs racines. Qu’après coup ils conservent leurs attaches avec leur peuple ou non, c’est leur décision. Ce n’est néanmoins pas quelque chose qui est interdit, voire même déconseillé. Ils sont libres de faire leur choix. Considérez simplement l’apprentissage de la Force sur Korriban comme… une université d’élite dans laquelle les étudiants seraient internés pendant tout l’apprentissage, avec néanmoins des vacances durant lesquelles ils pourraient retrouver leurs familles. Il y a un éloignement culturel oui, mais ce que vous avez à y gagner est loin d’être négligeable. »

Elle avait déjà dit que les Sith étaient l’instance dirigeante de l’Empire. A partir de là, il était facile à deviner l’avantage d’avoir un Argazdan gravir les échelons et posséder du pouvoir pour eux. Ca rendrait à leur peuple un peu de leur prestige.
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Il y eut un silence pensif puis l’un des Consuls suggéra :

— Peut-être que cette question délicate et essentielle s’éclairera d’un jour nouveau quand le Seigneur Noctis aura l’occasion de s’entretenir avec le Primat de notre culte, qui est après tout le mieux placé pour juger des effets d’une culture étrangère et d’une relative… disons, acculturation académique… sur la jeunesse de notre pays.

Devaient-ils comprendre que le Primat n’était pas du côté des Réformateurs que le gouvernement avait paru considérer comme son opposition ou qu’il était simplement trop influent pour que les Consuls puissent s’offrir le luxe de discuter des pratiques siths sans recueillir d’abord son avis ? En tout cas, les deux hochèrent la tête et Noctis choisit de considérer cela comme une victoire en demi-teinte : leurs réticences devaient être encore sérieuses mais les explications franches de Yana les avait au moins disposés à examiner la question.

La Première Consul effleura son poignet et un panneau holographique s’afficha au-dessus du sol, au milieu des fauteuils, qui affichait le programme du lendemain, mis à jour après les rencontres qui venaient de s’écouler.

— Je crois que nous sommes désormais en mesure de mieux cerner les sujets essentiels. La question des fonds de développement, la question de l’intégration militaire, la question des rapports culturelles et cultuelles et la question de la politique étrangère. SI cela vous convient, je vous propose de diviser ces sujets en deux parties pour des discussions préliminaires en sous-groupes, avant de se réunir à nouveau pour faire le point.

Elle sonda les Siths du regard et Noctis inclina légèrement la tête en signe d’approbation.

— Si j’ai bien compris, Seigneur Noctis, vous vous chargerez des questions économies et cultuelles, avec notre Grand Questeur Ymnir et le Primat du Culte, ce qui laisse les questions d’intégration militaire, avec notre chef d’État-major Om-Sato, et les questions de politique étrangère, avec notre secrétaire d’État Polyme, à vous, Dame Silvasi. Nous-même, nous nous chargerons de faire le point sur nos attentes, avec nos conseillers, à la lumière de nos discussions de ce soir.
— Je propose que tout cela se déroule demain matin, que le déjeuner soit l’occasion de conversations plus libres, la visite des musées un temps de réflexion et que nous nous revoyions le soir.
— Notre temps, bien entendu, vous appartient. Si le Général Om-Sato souhaite par ailleurs envoyer quelque colonel de confiance pour visiter notre croiseur en orbite et en apprendre plus directement de la bouche des hommes du métier, nous n’y avons pas d’objection. Puisque l’occasion d’une connaissance pratique et de première main se présente, il serait dommage d’en profiter.
— Naturellement, naturellement. Bien ! La nuit, dit-on, porte conseil.

Les Consuls se relevèrent et les ambassadeurs avec eux. Derrière la porte, fidèle au poste, le Maître du Protocole les attendait. Après quelques politesses, les deux Siths emboitèrent le pas à l’homme pour regagner la plateforme de décollage du speeder. Dehors, la nuit était tombée et le temps s’était rafraîchi : de violentes bourrasques soufflaient à travers la capitale, et elles emportaient avec elles l’air vivifiant des campagnes.

La présence du Maître du Protocole ne permettait guère d’échanger librement pendant le trajet et les deux visiteurs en furent réduits à observer la ville dont les foyers s’illuminaient dans l’obscurité : de la sorte, elle paraissait plus vivante et plus riche, et Noctis songea qu’assurément la mission qu’ils menaient là n’étaient pas vaines et que, tout brisé que fût ce peuple, il jouissait d’une position avantageuse et d’une culture qui répondait largement à la leur. Dans l’ensemble en tout cas, les Consuls lui avaient fait une excellente impression : pragmatiques et très concertés.

Ils eurent bientôt rejoint leurs appartements et le capitaine du petit groupe impérial chargé de la protection, une fois le Maître du Protocole disparu derrière les portes closes, s’approcha d’eux.

— Nous avons scannés une deuxième fois les suites après votre arrivée. Aucun dispositif espion. Et j’ai pris la liberté de discuter un peu avec mon homologue local.
— Un homme d’initiative ! Excellent !

Noctis décocha son plus beau sourire au jeune capitaine qui en resta pendant quelques fractions de seconde avec l’air absent, avant de se reprendre :

— Euh, oui. C’est un brave gars, qui n’a pas beaucoup vu l’action, si vous voyez ce que je veux dire. À l’entendre, c’est pas tous les jours qu’une délégation diplomatique a besoin de protection.

Voilà qui confirmait leurs soupçons.

— En tout cas, je pense pas que qui que ce soit dans le coin ait des intentions problématiques.
— Merci capitaine. J’espère que vous aurez l’occasion de vous reposer.
— Je vis pour vous servir, répondit le soldat, en parlant à vrai dire beaucoup plus à l’Hapien qu’à Yana.

Et quand le militaire s’éclipsa, il fut suivi par Noctis d’un regard un brin prédateur.

— Hmmmbref, fit le Seigneur Sith d’un air un peu rêveur, avant de reprendre pied dans la réalité. Tout cela me parait fort prometteur mais je suppose que la prudence nous impose d’attendre de sonder les intentions du Primat et d’éclaircir toutes ces affaires religieuses. Et à mon avis, de votre côté, vous devez vous attendre à bien des questions sur les ordres que l’armée argazdane est susceptible de recevoir de la part de notre propre État-Major. Ces deux discussions-là s’annoncent beaucoup plus délicates que le chapitre économique.

Et il ne s’attendait d’ailleurs pas à trouver le compromis parfait. Seulement des bases solides pour le futur.

— Toujours est-il que vous avez pour ce genre d’affaires des dispositions tout à fait remarquables qui dépassent de loin vos talents physiques. Le cocktail de phéromones, c’est une chose, et c’est déjà beaucoup, mais vous faites beaucoup plus.

Noctis n’était jamais avare de compliments, parce qu’ils considéraient qu’ils étaient des motivations sérieuses et que l’on renforçait aussi les gens en leur permettant de savoir ce qu’ils avaient bien fait. Dans ce cas particulier, il espérait aussi faire naître en Yana une véritable vocation de diplomate, dont l’Empire selon lui manquait cruellement.
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Les Consuls étaient méfiants, mais elle sentait dans leurs émotions qu’ils étaient moins réfractaires à cette idée. Il n’était pas sûr qu’ils plieraient durant cette visite, mais elle avait fait le travail afin de faciliter les négociations futures et de semer le doute dans leurs esprits. Cela suffisait à la jeune femme pour l’instant. Elle avait beau s’être préparée pour cette mission, savoir que de ses paroles, de la manière dont elle saurait convaincre ses interlocuteurs serait déterminé le sort d’une planète au sein de l’Empire. C’était une lourde responsabilité pour une jeune femme de moins de vingt ans, et le stress rendait les choses moins aisées. Elle paraissait calme et tranquille, mais intérieurement son cœur battait la chamade et son esprit tournait à une vitesse rarement atteinte.

C’est pour cette raison que lorsque la Première Consul proposa aux deux Sith d’en arrêter là pour la soirée, et de reprendre les discussions le lendemain matin, Yana dut s’empêcher de pousser un soupir visible de soulagement. Elle se contenta simplement de hocher de la tête comme le Seigneur Noctis l’avait fait, montrant son approbation pour cette idée. La suite fut expliquée, et la jeune femme fronça des sourcils pour réfléchir avant de hocher de la tête. Elle aurait une journée chargée, car il s’agissait de deux sujets extrêmement sensibles qui étaient placés entre ses mains. Après, le Seigneur à ses côtés aurait également deux sujets de discussion explosifs, mais il était clairement préparé pour alors qu’elle-même devrait beaucoup réfléchir et méditer sur les propositions qu’elle devrait faire.

Après avoir salué poliment les Consuls et échangé quelques politesses, les deux Sith furent conduits à nouveau au Palais où ils résideraient. La présence du Maître du Protocole à bord de l’appareil à leurs côtés ne permit pas à l’apprentie de se détendre ou même de se concerter avec Noctis, mais elle avait le temps. Les négociations se passaient un peu mieux que prévues, et vu ce qu’elle senti de leurs émotions, à part grosse bourde de sa part, il n’y aurait pas de souci à obtenir un traité rapprochant les deux nations. Ce ne serait pas sans doute un traité très fourni, mais ce serait un début afin d’établir une relation de confiance.

Le reste du trajet se passa rapidement, et une fois à leurs appartements, le chef de la sécurité s’adressa à Noctis pour lui faire son rapport. La discussion fut intéressante, et la jeune Sith ne manqua pas de remarquer l’intérêt et le désir qui s’enflammait, l’un presque prédateur et l’autre plus mondain.

« Huh, il faudra vraiment que je me renseigne sur ces rituels. »

Un léger élargissement de ses yeux fut la seule réaction à ses propres mots, qu’elle n’avait pas voulu prononcer même dans un murmure. Oups. Elle espérait vraiment qu’il ne le prenne pas mal, ça aurait pu être considéré par certains comme une marque d’irrespect.

Le seigneur reprit la parole et l’apprentie se vit hocher de la tête, pensive. Le compliment qui suivit la prit par surprise néanmoins, et elle s’inclina légèrement avant de répondre.

« Je vous remercie de vos compliments. J’ai encore beaucoup à apprendre, je le sais, mais j’apprécie ce genre de négociations, et je pense qu’avec plus d’expérience et de… talents à ma disposition, je pourrai en effet servir l’Empire au mieux en tant que diplomate. J’hésite à rechercher différents moyens de masquer ma présence dans la Force justement afin de parfaire mon rôle et de masquer ma véritable nature aux yeux de potentiels ennemis, me reposant principalement sur des talents mondains ou à la portée de ma race. Avez-vous un conseil à me donner à ce sujet ? »

La jeune femme prit un air pensif une fois en attendant la réponse de Noctis, puis, après l’avoir obtenue continua.

« Et pour les négociations, je ne sais juste pas à quoi m’attendre pour le côté militaire. Même si j’ai déjà dirigé des troupes impériales, c’est loin d’être mon domaine de compétences… enfin, j’aviserai au moment voulu. Avec un peu d’intelligence et de logique, je devrais pouvoir tirer mon épingle du jeu je l’espère. »

Commençant à retirer son uniforme dans la pièce commune, la jeune femme sembla réfléchir avant de souhaiter une bonne fin d’après midi poliment à son supérieur, puis de se rendre dans ses quartiers. Elle finit d’y retirer son uniforme avant d’enfiler une tenue d’entrainement. Elle avait besoin de se changer les idées, et pour ce faire un peu d’entrainement physique serait parfait.

Elle commença donc son régime habituel qu’elle avait utilisé sur Nar Shaddaa afin de conserver sa force et son agilité naturelles, alternant mouvements de danse complexes et entrainement musculaire. C’était rudimentaire, et elle savait qu’elle ne parviendrait pas à progresser ainsi, mais c’était selon elle nécessaire pour garder la forme. Elle appréciait son corps, et ne souhaitait pas le voir tomber en décrépitude parce qu’elle appréciait trop la méditation pour s’entraîner.

Elle méditerait sur la journée, la Force et les possibilités du lendemain après coup.
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— Un bon diplomate doit toujours avoir des personnages à sa disposition, comme un comédien talentueux. Se dissimuler dans la Force peut être tout à fait nécessaire, surtout quand nous sommes amenés à intervenir dans des secteurs très surveillés par les Jedis. Mais même sans eux, il faut bien voir que la Galaxie regorge d’êtres sensibles à la Force qui, même sans entraînement, peuvent avoir des intuitions dangereuses, si on ne veille pas au grain.

Lui-même passait pour un expert quand il s’agissait de contrefaire sa voix, de se maquiller et d’endosser des déguisements. C’était un art difficile et assez peu populaire au sein de l’Empire Sith, parce qu’il n’avait rien de très glorieux, mais Noctis s’y était consacré avec l’obstination opiniâtre qui le caractérisait souvent.

— Quand cette mission sera finie, je pourrais vous montrer deux ou trois choses. Pour ce qui est de l’armée, hé bien… Réfléchissons-y ce soir chacun de notre côté et nous nous en entretiendrons demain au petit-déjeuner. Au demeurant, je ne pense pas que les discussions se portent jusqu’à beaucoup de technicité.

Et sur ces bonnes paroles, l’un comme l’autre pressés d’avoir quelques heures à eux seuls, les deux Siths se séparèrent. Les portes des suites se refermèrent sur la bibliothèque commune et, bientôt, Noctis fut plongé dans une profonde méditation. Quelque chose lui soufflait que sa rencontre avec le Primat, le lendemain, s’annonçait compliquée et ce fut cette intuition qu’il poursuivit un long moment à travers la Force, tentant de percer le voile qui couvrait le futur et de deviner ce que l’avenir lui réservait : un art difficile auquel certains Siths de légende avaient, dit-on, exceller, mais qui en général se refusait à lui.

Quelques heures plus tard, il était rasséréné mais guère plus informé et il abandonna sa méditation pour les exercices de musculation exigeants qu’il s’imposait, à des fins d’abord esthétiques. Son corps était une matière qu’il s’ingéniait à travailler. Il aimait songer que les guerriers forgeaient leur sabre une fois et le gardaient toute la vie, tandis qu’il reconstruisait pour sa part son arme chaque jour.

Le lendemain matin, Yana et Noctis se retrouvèrent dans un petit salon où des domestiques leur servaient le petit déjeuner. Le Seigneur Sith leur fit finalement signer de les laisser mais, avant de prendre la parole, il ferma les yeux et inspira profondément, à la recherche d’une intention sournoise qui aurait laissé sa trace dans la Force, comme il en allait souvent des pièges même les plus innocents. Quand il rouvrit les yeux, ce fut pour soulever le lourd vase au centre de la table et détacher du fond une petite plaquette électronique.
 
Il fit tourner le dispositif de surveillance entre ses doigts pendant quelques secondes. Le choix était simple : le laisser et fournir à leurs hôtes de fausses informations par une discussion empruntée, en se privant de l’occasion de mettre à plat avec Yana leurs projets de la journée ou se préparer correctement pour les rencontres du jour et détruire l’appareil. Il finit par s’en tenir au principe que les avantages simples et certains valaient mieux que les plans raffinés mais risqués et il se concentra sur l’appareil, pour le désactiver. Finalement, ce fut de petits éclairs de Force qui grandirent dans sa paume et grillèrent les circuits, méthode moins subtile qu’il ne l’avait espéré, mais qui faisait fort bien l’affaire.

Il posa le petit appareil bien en évidence sur la table, curieux de voir si les Consuls, une fois alertés, présenteraient des excuses ou feindraient l’ignorance.

— Bien.

Le regard de l’Hapien se reporta dans celui de Yana et, comme beaucoup de Seigneurs Siths, il donnait ainsi l’impression de vouloir sonder son âme.

— Je commencerai pour ma part par le Questeur avant de passer au Primat. J’ai réfléchi un peu à la question militaire qui, soyons francs, n’est pas vraiment ma spécialité non plus. J’ai l’impression que ce qui les inquiétera surtout, c’est la nécessité de fournir des contingents à l’Empire, d’obéir à des ordres qui viendraient d’ailleurs et toutes les choses de ce genre. Des inquiétudes sommes toute classiques de souveraineté nationale, mais qui risquent de prendre pour cette culture une acuité particulière.

Il avait néanmoins adopté un ton prudent, parce qu’il était difficile de faire des hypothèses très solides sur l’état d’esprit d’une armée qui, depuis plus d’un siècle, était cantonnée à un rôle quasi théorique. Yana aurait-elle affaire à une coquille vide, tout en épaulettes dorées et sabres d’apparat, ou à des hommes et des femmes qui avaient continué à maintenir la rigueur militaire, dans l’espoir d’un jour retrouver leur indépendance en la matière ?

— Quelle est votre perspective sur la question ?
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Sa méditation d’après entraînement fut à la fois plus utile, et moins utile qu’elle ne l’espérait. Oh, elle n’avait eu aucune idée de la manière dont la journée du lendemain pourrait se passer malheureusement, mais même si elle était très légèrement déçue, c’était quelque chose qu’elle attendait. Le point positif néanmoins, c’était qu’elle avait réussi à se centrer, à calmer ses émotions indésirables tout en amplifiant son désir de réussite et sa joie naturelle de vivre. Ce genre de manipulation émotionnelle était ce qu’elle recherchait pour pouvoir maîtriser son utilisation de la Force.

Le diner fut une affaire rapide, Noctis était toujours en méditation et elle mangea donc seule, avant d’aller se coucher tôt afin d’être en pleine forme pour le lendemain. Elle n’avait pas de temps à perdre en frivolités, la journée du lendemain se révélant cruciale pour les négociations. Tout se ferait à ce moment-là, et elle aurait besoin de l’intégralité de ses forces pour éviter de se retrouver à même de pouvoir donner le meilleur pour les négociations à venir.

Lorsque Yana se rendit au petit déjeuner le lendemain matin, c’était pleinement reposée et prête à affronter la rude journée qui les attendait. Sachant qu’il s’agissait simplement d’un simple repas avec le Seigneur Noctis, elle n’avait pas pris le temps de s’habiller correctement toujours, portant donc ses vêtements de nuit, des habits courts et montrant plus de peau que nécessaire ou même acceptable en public sans pour autant être indécents. Ce n’était pas un manque de respect ou même une tentative de séduire les servants, elle avait autre chose à penser. Il s’agissait simplement de Yana naturelle, qui avait juste prit le temps de considérer si sa tenue était une insulte ou non. Elle n’en faisait pas plus de cas que cela en tout cas.

« Bonjour. »

Un peu de politesse était toujours appréciable, même si elle ne le salua pas avec le respect qu’il méritait en raison des nombreux servants qui allaient sans nul doute faire leur rapport à leurs maîtres après coup. Sa tenue ne sembla pas les déranger outre mesure, même si elle put constater du désir chez certains d’entre eux, et du dégout chez d’autres. Curieuse, elle regarda le Sith faire alors qu’il indiqua aux servants de les laisser avant de se lever et de faire appel à la Force.

La suite lui indiqua une fois de plus combien elle avait à apprendre. Trouver un appareil espion simplement à l’aide de la Force ? C’était impressionnant, et pour l’instant hors de sa portée elle pensait. Peut-être. Elle n’avait jamais vraiment essayé, mais elle n’avait même pas idée qu’il y avait un appareil espion avant que l’homme n’aille le débusquer. Un peu de paranoïa durant ce genre de missions ne lui ferait pas de mal, et il s’agissait ici d’un rappel qu’elle ne devait pas relâcher son attention avant d’être de retour sur Korriban.

Le résumé que fit Noctis sur la situation était correct, ainsi lorsqu’elle fut appelée à donner son avis, elle n’hésita pas.

« Je suis d’accord avec votre point de vue, même si j’ai l’impression que dans un premier temps il n’y aura pas trop de soucis de ce côté-là pour les argazdans. A part si leur organisation militaire est bien plus développée qu’elle ne le parait, je doute fortement que l’armée Impériale ne s’embarrasse avec Argazda avant qu’ils ne reconstruisent leurs troupes de manière satisfaisante, et ça ne sera pas pour une bonne dizaine d’années au moins d’après moi. Non, personnellement je pensais travailler sur un système d’échanges d’officiers, afin d’avoir une harmonisation des protocoles militaires. Cela permettra une intégration future beaucoup plus efficace et surtout c’est quelque chose que, je pense, ils peuvent difficilement refuser. »

Elle n’était pas sûre en disant cela, mais continua néanmoins.

« Même s’ils sont racistes et craignent un mélange culturel, leur armée a besoin d’officiers d’expérience, et ils n’en ont plus aucun. Pouvoir former leurs officiers au milieu des nôtres est une option qui est absolument nécessaire s’ils veulent avoir une armée un tant soit peu compétente lorsque le moment sera venu de nous rejoindre pleinement ou même lorsqu’ils voudront s’étendre à nouveau. De la même manière, je pense que nous pourrons intégrer quelques officiers compétents ici histoire de leurs donner l’habitude de prendre des ordres d’étrangers. Il serait mieux qu’ils soient compétents et non quelque fils de personne influente qui fera de notre organisation militaire une moquerie de ce qu’elle est réellement, mais ce n’est pas entre mes mains. »

La conversation continua quelque peu, sur des détails principalement avant que la jeune femme ne finisse de se rassasier et ne retourne à ses quartiers pour ses ablutions et pour enfiler son uniforme. Il n’y avait pas beaucoup de choix possibles pour la tenue de la journée. S’il s’agissait simplement de rencontrer le ministre des armées et celui des affaires étrangères, elle aurait sans doute osé porter la tenue faisant fortement penser à celle de leurs anciens Maitres Esclavagistes par respect pour leurs traditions qu’ils avaient été obligés d’abandonner, mais la visite des musées de l’après midi mettait un frein à tout cela. Non, elle allait porter une fois de plus son uniforme militaire, lavé et repassé pendant la nuit heureusement. Elle vérifia qu’il n’y avait pas de dispositifs espions intégrés à sa tenue, mais il semblait bien que les argazdans étaient assez intelligents pour ne pas avoir commis ce faux pas.

Dans la salle de repas, c’était maladroit mais pas horriblement embarrassant. Elle aurait dû s’y attendre en rétrospective. Dans les vêtements néanmoins, il s’agirait d’une atteinte bien plus personnelle, et ils y risquaient beaucoup. Non, elle s’habilla rapidement et vérifia son apparence une dernière fois avant de sortir.

Comme la veille, le Maitre du Protocole les attendait pour les conduire au Palais Consulaire, à partir duquel ils seraient séparés afin d’être conduits à leurs réunions respectives. Fermant les yeux dans la navette, elle rentra en transe, sentant la Force l’envahir sans doute pour la dernière fois de la journée. Elle aurait besoin de chacun des avantages à sa disposition pour la journée qui s’annonçait difficile.
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Dans la navette qui le conduisait jusqu’à la Mission du Questeur, Noctis laissait ses pensées vagabonder, et elles vagabondaient le plus souvent vers Yana, sa distraction du moment. Il avait tourné et retourné les problèmes économiques et religieux la veille, il y avait réfléchi encore au petit-déjeuner, en compagnie de la jeune femme, et désormais, il avait besoin surtout d’un délassement de l’esprit, pour se rendre disponible aux problèmes inédits qui ne manqueraient pas de survenir.

Parfois, il réfléchissait à la manière de recruter Yana à ses côtés. Il avait déjà un Apprenti mais rien ne l’empêchait pas d’offrir à la jeune femme une éducation purement diplomatique. Parfois, il songeait seulement à ses formes, à sa peau découverte au petit matin, à son regard ou ses lèvres. C’était un désir qu’il n’éprouvait pas souvent, celui des femmes, mais il ne le boudait pas quand il survenait par hasard dans son esprit. D’autres fois encore, c’était le capitaine de leur garde rapprochée qui s’imposait à lui.

Mais bientôt, la Mission du Questeur accueillait son speeder. C’était un bâtiment sobre et moderne, qui tranchait avec l’architecture néo-classique dont ils avaient été jusque là les témoins. Les formes épurées rappelaient inévitablement certaines des administrations de Coruscant et Noctis devina sans mal que l’institution qu’il visitait avait été imposée par la République, au moment de réformer le gouvernement d’Argazda.

À l’intérieur, dans les couloirs, des fonctionnaires nombreux s’agitaient dans tous les sens, avant de se figer quand ils apercevaient le Seigneur Sith. Chez beaucoup d’entre eux, il sentit la méfiance et le dégoût, mais chez d’autres, l’admiration que la puissance impériale évoquait dans des âmes en mal de grandeur militaire. Le bureau du Questeur lui ouvrit enfin ses portes et l’homme se tenait pour l’accueillir au centre d’un petit salon qui ressemblait fort à celui du Triumvirat. C’était sans doute là les habitudes de la planète.

Après les banalités d’usage, le Questeur avoua sans détour :

— Les Consuls m’ont confié ce matin que vous aviez des idées assez précises concernant nos futures relations économiques et, hier soir, j’ai moi-même pris la liberté d’exhumer sur l’Holonet certains de vos discours. Celui, par exemple, à la Diète de P’ss’t’lr… je ne réussirai jamais à le prononcer… celui, en tout cas, sur les dangers de la titrisation excessive pour les économies émergentes, était en particulier saisissant.
— Merci. Je fais de mon mieux pour tenter d’apporter quelques éléments concrets avec les pays qui se rapprochent de l’Empire. Trop souvent, notre expansion prend les formes d’une conquête militaire qui laisse beaucoup de nations inquiètes sur notre capacité à construire un véritable réseau d’échanges, une sécurité et une stabilité pour tous.
— Bien sûr, bien sûr. Vous comprendrez néanmoins que la République et ma planète ont un certain nombre de rapports contractuels dont il serait difficile de se dégager, à moins de vouloir nous exposer à des représailles douloureuses.
— Des représailles de quel ordre ?
— Économiques. Ou militaires.

Noctis croisa les mains et fixa intensément le Questeur. L’homme avait un regard plein d’expectative qui suggérait qu’il attendait une réponse en particulier. Le Sith estima avoir le choix entre l’audace et la prudence. La réponse courageuse, qui ferait peut-être frémir, et la réponse modeste, qui pouvait décevoir. Et plus il regardait le Questeur, plus l’esprit de celui-ci se pliait à travers la Force à celui du Sith. Ces manipulations, qui auraient été dangereuses, la veille, devant tant d’esprits divers, où une résistance était toujours possible, devenaient plus aisées dans l’intimité d’un tête-à-tête, où la proie était seule et pour ainsi dire sans défense.

— Comme toute nation en pleine expansion, l’Empire a la capacité d’absorber par ses marchés intérieures tout votre excédent commercial et si la République devait couper des contrats, bloquer les exportations ou geler vos finances, les marchés de l’Empire lèveraient la première difficulté et nos prêts de développement la seconde. Les sanctions économiques pouvaient vous maintenir dans la dépendance quand vous n’aviez pas d’autres partenaires vers qui vous tourner mais c’est toute une myriade de mondes que vous offre l’Empire.

Et très franchement, à ce qu’on leur avait dit de l’économie locale, Noctis doutait sérieusement que les Argazdans se retrouvent du jour au lendemain avec des nécessités d’exportation importantes.

— Quant aux représailles militaires, ma foi, nous avons conquis Lorrd et nous saurons protéger Argazdans. Ce serait même une excellente occasion pour votre armée reconstituée grâce à la liberté dont vous jouirez en notre sein de faire ses premières armées et de restaurer sa gloire d’antan. Du reste, les ressources de la République sont limitées et je la vois mal punir le choix libre et démocratique d’une planète de rejoindre l’Empire, au risque de perdre toute crédibilité politique dans une guerre qui s’avérera coûteuse et injustifiée.
— Admettons, admettons…

Et le Grand Questeur admettait d’autant plus aisément que les raisons solides de Noctis, appuyées sur la nostalgie d’une gloire passée, étaient soutenues par une pression subtile mais constante dans la Force.

— … mais qui dit échanges commerciaux dit… échanges, justement. Les prêts, la garantie sur le crédit impérial, c’est très bien. J’y vois votre intérêt. Mais je doute que vous importiez nos produits sans vouloir exporter les vôtres.
— Et je doute que vous ne vouliez pas reconstruire votre secteur tertiaire ou même votre industrie en important nos machines agricoles, pour augmenter la productivité de l’agro-alimentaire et libérer une partie de votre population, qui se consacrera alors à de plus utiles travaux.
— Des travaux pour lesquels elle ne sera pas formée et partant nécessairement inféodés aux cadres supérieurs que vous nous imposerez.
— L’Empire a un marché du travail largement libéral, vous pourrez choisir ceux qui vous conviennent et il ne tient qu’à vous de profiter de notre système éducatif pour former vous-même vos propres cadres. C’est l’affaire d’une génération d’études supérieures, à peine cinq ans. L’Empire a de toute façon tout à gagner de votre prospérité.
— Une prospérité qui fut jadis bâtie sur l’esclavage.

C’était ce qui s’appelait tendre une perche large comme un poteau.

— Et quelle est la position de la population sur cette pratique, désormais ?
— Hmm. C’est un peu compliqué…

Évidemment, songea Noctis : tout ne pouvait pas être si simple.
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