Emalia Kira
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Madame Holdoll, ses longs cheveux noirs ramenés en une queue de cheval sévère et un uniforme sombre qui lui cintraient les épaules et la taille, se tenaient au bord d’une surface numérique animée grande comme une table de réunion. Elle passa pensivement ses doigts sur l’écran, les sourcils froncés, et des symboles glissèrent en silence.

Lorsque la Chancelière entra d’un pas vif, la Ministre se fendit d’un salut militaire, auquel Emalia répondit d’un bref signe de tête avant qu’elles ne se serrent toutes deux la main.

- Bonjour Vanesta, comment allez-vous ? J’espère ne pas vous avoir fait lever trop tôt…

- Madame la Chancelière, bien merci. Aucun problème. Au plus tôt nos positions seront stabilisées et les ordres clairs pour la flotte, au plus simple mon travail de coordination se révélera.

Dehors, l’aube commençait à jeter quelques rayons de soleil sur Coruscant. De leur salle de réunion élevée, elle n’en percevait qu’un faible faisceau provenant d’un espace entre deux tours éloignées. Des néons complétaient la luminosité de la pièce, mais Emalia les éteignit pour mieux voir la table lumineuse. La Chancelière se pencha, curieuse, sur la carte galactique. Des multitudes de croix d’un jaune vif clignotaient.

Positionnements stratégiques de la République, 21.659 61554811

- Ce sont les positions de nos groupes de combat, expliqua madame Holdoll avec professionnalisme. Des milliers de croiseurs, frégates, corvettes. Et des dizaines de milliers de chasseurs et de transports. Chacune de ces unités est formée sur un noyau similaire de 5 à 8 croiseurs et d’une quinzaine de corvettes et frégates. Des dispositions et compositions particulières sont ensuite adoptées en fonction des besoins de chaque contre-amiral. Si ces groupes de combat se regroupent à deux ou trois, nous parlerons de force de combat, dirigée par un vice-amiral. Pour les compositions plus massives, il s’agit de véritables flottes, commandées par un amiral. Comme vous pouvez le voir, à ce jour l’ensemble de notre flotte est éclatée en une multitude de forces et groupes de combat, afin de couvrir un maximum de territoire. En cas d’urgence, des groupes peuvent rejoindre des secteurs voisins en quelques heures pour former une flotte digne de ce nom.

Emalia acquiesça silencieusement, secrètement impressionnée. Elle savait que la République disposait d’importants moyens militaires, mais c’était autre chose d’en voir un véritable exposé cartographié.

- Le Noyau a l’air particulièrement bien protégé, commenta-t-elle.
- En effet. Ce dispositif de sécurité est en vigueur depuis l’attaque des mondes du Noyau par les Sith en 561. 25% de notre flotte complète, répartis en 19 groupes de combat, patrouille dans le Noyau sans interruption. En plus d’une mission de protection, ils conduisent des recherches sur le noyau profond, et s’entraînent constamment à des manœuvres dans cette zone… De sorte que si une menace survient un jour, nous soyons forts d’un point de vue numérique mais aussi stratégique. La connaissance du terrain est essentielle.
- Je vois… Les voies corellienne et la route de Ramma sont en revanche peu surveillées, non ?
- C’est le cas. Suite aux incidents de Makem Te, nous avons déplacé latéralement un certain nombre de nos unités afin de mieux couvrir les frontières proches de l’Empire Sith et de l’Espace Hutt, mais aussi mieux protéger le secteur de Mon Calamari, ainsi que vous l’avez demandé. Actuellement, 12 groupes de combat y sont stationnés, mais nous pouvons réduire cela.

Emalia fit non de la tête. Elle craignait par-dessus tout que l’Empire et l’Espace Hutt s’organisent pour leur couper l’accès à cette zone de la galaxie, alors même que Mon Calamari bâtissait des dizaines de vaisseaux lourds par an. Hors de question de laisser ça tomber aux mains de l’ennemi.

- Bien sûr, la voie Hydienne étant une route directe vers le Noyau, elle est particulièrement surveillée. Cette seule tâche occupe 10% de la totalité de notre flotte. 8% est affecté à la surveillance de la voie Perlemienne dès qu’elle plonge vers le Noyau. Ce qui nous fait…

La Ministre pianota sur le bord de l’écran un bref instant.

- … 5%, soit 4 groupes de combat affectés à la surveillance du reste de la galaxie, termina-t-elle en grimaçant.
- C’est peu, soupira la Chancelière, mais il serait difficile de retirer des forces aux autres zones stratégiques. Dans quelle mesure l’Impératrice pourrait-elle décider de contourner la République pour s’attaquer à ses flancs laissés sans défense ?

Madame Holdoll sembla hésiter quelques instants, avant de hausser les épaules.

- Si elle souhaite faire un si long voyage, elle s’armera de manière importante pour être sûre de l’emporter. Mais cela laisserait son Empire moins bien défendu… Sans compter qu’il nous serait aisé de récupérer par la suite un territoire pris dans ces zones, indiqua-t-elle en désignant les parties concernées de la carte. Il y a vraiment peu de chances pour que ce soit le cas.

Emalia approuva, puis réfléchit en essayant de se mettre à la place de l’Impératrice. Que ferait-elle si elle avait cet Empire et qu’elle voulait s’étendre ? Oh, elle ne le savait que trop bien : elle s’allierait à des Hutt en premier lieu. Mais Darth Ynnitach n’avait pas l’air en très bons termes avec eux…

- L’Impératrice devrait être intéressée par les mondes neutres qui lui permettraient de grossir ce bras de l’Empire,
suggéra Emalia en montrant l’extension rouge sur la carte qui atteignait Dubrillion. Pour une question de symbolisme, elle devra en plus s’efforcer de défendre convenablement Dubrillion, j’imagine… La zone d’Ord Trasi à Muunilist n’est-elle pas quelque peu démunie ?
- Nous pouvons corriger cela prochainement, en effet, approuva la Ministre. Toutefois, il est difficile encore une fois de désarmer la frontière Vinsoth jusqu’à Troiken… Mais nous pourrions faire glisser les positionnements de manière à désarmer très légèrement Mon Calamari… Pour que notre flotte protège un peu mieux Muunislit.
- Cela me paraît être une bonne idée, commenta la Chancelière.
- Je fais passer les ordres immédiatement. Le changement sera effectif d’ici quelques heures, Madame la Chancelière.

La Ministre pianota sur son datapad, ses doigts voltigeant avec élégance, tandis qu’Emalia faisait le tour de la table tactique. Une merveille de technologie… La République, finalement, lui paraissait bien armée pour se défendre d’un Empire. Pourquoi est-ce que les gouvernements précédents avaient-ils eu si peur de la guerre ? Ou bien était-ce son jugement qui était faussé, à cause de la haine qu’elle portait envers l’Empire depuis la menace contre Ondéron, et qui la portait à presque désirer une guerre pour avoir sa vengeance et la certitude qu’Ondéron serait laissée tranquille pendant encore des centaines d’années ?

- Madame la Chancelière, fit madame Holdoll, la tirant de sa rêverie. Je dois vous alerter que la défense de la frontière de Ryloth jusqu’à Sy Myrth est relativement légère, au vu de ce dont se sont montrés capables les Hutt dernièrement. L’Empire représentant la menace la plus importante et suite à vos premières directives, nous n’avons d’autre choix que de laisser cette zone relativement désarmée. Mais cela ne saurait être qu’une solution temporaire. Je sais que nos moyens sont déjà très importants, mais quelques groupes de combat supplémentaires seraient loin d’être inutiles.
- Je l’entends, Vanesta. Le Sénat est disposé à aller dans ce sens également. Nous devrions obtenir de nouveaux vaisseaux prochainement, grâce à l’ouverture de nouveaux chantiers navals. Ils mettront du temps à s’activer, mais certains producteurs de vaisseaux commerciaux pourront peut-être être convaincus de se lancer dans un volet militaire, avec quelque aide… Bref, je ne perds pas cet objectif de vue, ne vous en faites pas. Dans l’immédiat, cependant, il nous faudra faire avec ces moyens-là pendant plusieurs mois.
- Bien, Madame la Chancelière.
- Merci pour cette présentation. Alertez-moi par messagerie dès que les déplacements seront réalisés. Nous nous revoyons la semaine prochaine pour faire le point ?
- Bien sûr. Si tout va bien d’ici là…

Elles échangèrent un sourire entendu avant qu’Emalia ne quittât la pièce, déjà prête à enchaîner sur une réunion avec des conseillers économiques. Etrangement, ce volet militaire était celui qu’elle appréciait le plus dans ce nouveau poste, alors même que ce serait probablement le plus difficile si jamais l’Empire attaquait. Mais elle était prête à relever le défi.


Emalia Kira
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Avant l’aube, la salle de réunion stratégique était éclairée par de douces lumières artificielles, et par la table numérique hautement technologique qui, comme toujours, projetait la carte galactique. Un bleu électrique pour représenter la République, un rouge menaçant pour l’Empire, et des dizaines de petites croix dorées pour signaler la position de l’Armée. De chaque côté de la table, les deux femmes réfléchissaient, sourcils froncés sur un visage à peine éveillé pour la Chancelière, masque impassible et chignon impeccable pour la Générale Holdoll.

- Nous avons mieux réparti nos forces le long de la frontière proche de l’Empire,
expliquait la Ministre, sans nous approcher de trop près des mondes neutres, comme vous l’aviez suggéré.
- Bien.

Emalia contemplait la carte, satisfaite. Ses plans prenaient forme. Ils étaient presque prêts à passer à l’action. Un sourire pensif se dessina sur son visage. Elle n’avait jamais été aussi près du but. Jamais elle n’avait si doucement caressé le rêve de libérer définitivement Ondéron du joug impérial qui lui été réservé.

- Nous avons dû cependant alléger la couverture du Noyau, alerta Vanesta Holdoll, légèrement nerveuse. Si l’Empire décidait de remonter la Voie Hydienne…
- Ils ne le feront pas. L’Impératrice est engluée dans ses affaires. Elle ne bougera pas si on ne la force pas à bouger. Et bientôt, nous l’occuperons bien assez comme cela pour qu’elle puisse seulement imaginer avoir encore du temps pour établir un plan visant à nous faire de l’ombre.

Holdoll acquiesça malgré ses réticences. Elle aussi savait pourtant qu’une telle hypothèse était peu vraisemblable. Aucun de leurs informateurs n’avait transmis des éléments en ce sens non plus. Mais il fallait se méfier des Sith. Après tout, personne n’avait prévu Artorias non plus.

- La meilleure défense est l’attaque, murmura la Chancelière comme pour elle-même.

Restait à justifier au Sénat ce qui allait se produire. Bien sûr, il n’était pas question de déclarer la guerre, puisqu’il fallait l’autorisation de la Rotonde pour cela. Mais elle pouvait réaliser une intervention extérieure. Une fois passée la frontière impériale, on lui opposerait qu’elle violait le traité d’Artorias. Elle répondrait que le Traité d’Artorias ne concernait pas la planète en question. La situation dégénèrerait jusqu’à un point, où enfin la Chancelière offrirait une porte de sortie à l’Impératrice et au Sénat, afin de reprendre le contrôle. Selon l’évolution de la situation, ils gagnerait l’essentiel… Ou bien un lot plus important. Elle serait critiquée. Mais de toute façon, elle n’avait pas prévu de faire l’unanimité aussi longtemps. N’était-ce pas une belle surprise, que cette majorité écrasante pour la modification de la Constitution ? Même le FLR avait été de son côté !

- Quelle résistance évaluez-vous ? interrogea la souveraine, quittant enfin des yeux les points lumineux de la carte.
- Difficile à estimer, répondit Vanesta en conservant son ton professionnel. L’Impératrice dispose de plusieurs flottes, mais beaucoup moins que nous. Nous estimons qu’une partie d’entre elles doit se trouver non loin de Felucia, puisqu’il est probable qu’ils veuillent récupérer au plus tôt la planète. D’autres forces doivent protéger Dromund Kaas et Korriban, ainsi bien sûr, qu’Artorias et Dubrillion. Plusieurs groupes de combat se trouvent dans les mondes neutres, ainsi qu’ils ne s’en cachent pas. Il est probable également qu’ils protégeassent la voie Hydienne et leurs frontières.

Emalia soupira. C’était là l’inconnue la moins engageante : quelle opposition montrerait l’Empire ? Ils avaient beaucoup d’options, et la Chancelière, elle, ne pouvait se permettre d’échouer.

- Il nous faut renforcer encore notre dispositif, insista-t-elle. Désarmez un peu la frontière à ce niveau... Et ici, également, pour les ramener vers Mygeeto. Je veux avoir à ma disposition toutes les forces nécessaires. La République doit être écrasante, vous comprenez ?
- Bien, approuva Vanesta.

Suivant les directives de la Chancelière, la Ministre sélectionna des unités placés entre l’Espace Hutt et la République, puis les unités proches de Nam Chorios et Vinsoth pour les ramener vers la zone qu’ils avaient choisie. La carte réagit instantanément, faisant apparaître les trajectoires programmées automatiquement ainsi que la nouvelle répartition stratégique prévue. Emalia s’émerveilla de ce que les amiraux, contre-amiraux et vice-amiraux des flottes concernées devaient déjà être en train de manœuvrer.

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Que faisait la Ministre de la Justice au milieu d’une réunion stratégique militaire ? Ress se le demandait elle-même en observant les miniatures bouger devant elle, essayant de comprendre les phrases sybillines prononcées par les deux femmes sur le devant de la scène, comme si elles suivaient davantages les pensées que les mots que l’autre émettait. Et à voir les fronts plissés sous la concentration de certains de ses collègues à ses côtés, elle n’était clairement pas la seule à penser cela. D’un côté, c’était encourageant pour la coordination et l’unité gouvernementale. De l’autre … C’était formidablement frustrant. Enfin, on n’allait pas lui demander son avis sur des mouvements de troupes, de toute manière.

Pour autant, au bout d’un moment, quelques détails piquèrent son attention, et elle tiqua presque involontairement. Sa voisine lui adressa un coup d’œil interdit, ayant capté son mouvement instinctif, mais l’avocate se contenta de se pincer les lèvres, signe chez elle d’une réflexion intense. La part farouchement pacifiste en elle, rétive à la force pour s’imposer répugnait à ce genre de stratagème. La passionaria de la liberté trouvait qu’aider un peuple injustement opprimé se justifiait … Avec une morale très idéologisée et une conception élastique de la justice. Par conséquent, elle pouvait consentir à ce déploiement de violence, le considérant comme approuvable, sans pour autant écarter les remords en elle à cette idée. Enfin, il fallait faire des sacrifices pour le plus grand bien. Elle ne le savait que trop bien.

En revanche, elle n’entendait que la République … Et pas d’autres noms d’entité qui lui semblaient primordiaux pour envisager de telles manœuvres. Ni explications et mises au point d’informations pour expliciter cette prise de risque. Or, une guerre ne se gagnait pas forcément avec des lasers, mais également avec des discours. Pour le moment, le peuple soutenait ses dirigeants face aux incursions siths précisément parce qu’il était plus aisé d’être indigné comme victime que comme agresseur. Que les cartes soient tournées, et ce ne serait plus du tout la même chose. Et la faiblesse de toute démocratie, ainsi que sa force, c’était son peuple.
Se décidant à briser le silence qui régnait désormais, Ress se racla la gorge, le bruit faisant se tourner les têtes dans sa direction. Prenant son courage à deux mains, elle finit par dire :

« Si vous voulez bien m’excuser d’intervenir dans cette réunion militaire … J’aurais deux questions, à titre d’information. Non pas sur les aspects stratégiques, ce n’est ni ma place, ni dans mes compétences d’en discuter, mais sur des questions plus … diplomatiques. »

Pas question de froisser la ministre en charge du sujet !

« En cas d’opération, associerons-nous nos alliés ? Surtout l’Ordre jedi, je veux dire. C’est que, pour protéger nos armées des utilisateurs de Force adverses, il me semble que recourir à leurs opposants millénaires est une solution de sécurité … nécessaire.

Et suivant notre façon de présenter les choses, je ne doute pas que des jedis se porteront volontaires pour accompagner nos démarches. Après tout, ils sont allés de leur propre chef sur Felucia. Ils peuvent recommencer. »


Nulle prise en traître : Ress faisait partie au sein de la Rotonde de la mouvance pro-jedi, et l’avait toujours fait savoir. Avoir un fils padawan aidait à voir l’Ordre non pas comme des illuminés, mais une composante de la vie de nombreuses familles républicaines. Et là, elle estimait que c’était une disposition à soulever.

« Quel prétexte utiliserons-nous ? Il me semblerait judicieux que les officiels réfugiés sur nos terres s’expriment … Juste avant, disons. En coordination. Il est toujours mieux d’avoir une justification, si possible moralement acceptable, pour toute intervention armée. Suivant la manière dont les choses tournent, cela peut aider à attiser la passion de la victoire … ou atténuer la douleur de la défaite. Et rendre plus difficile une opposition drastique du Sénat, et de la population en général. »

Elle s’arrêta, avant de conclure :

« Ce ne sont cependant que des suggestions. »

Qui lui semblaient néanmoins capitales.
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Il avait bien fallu mettre le reste du gouvernement au courant, d’où la présence de certains des ministres dans la cellule de crise. Emalia s’en serait bien passé, mais c’était nécessaire : lorsque leurs manœuvres seraient en route, les journalistes et l’opinion publique allaient les bombarder de question. Si les membres du gouvernement eux-mêmes bafouillaient qu’ils n’en savaient rien, ça ferait tâche. Pour autant, la Chancelière avait bâti son plan bien en amont, aux côtés de Vanesta Holdoll, ce qui résultait à ce moment étrange où elle mettait les ministres devant le fait accompli. Ou plutôt, devant le plan accompli des faits prochains. Elle savait qu’elle leur laissait peu de marges de manœuvre, et qu’ils ne l’apprécieraient guère, mais Emalia en avait décidé ainsi. C’était pour le bien de la République, pour le bien de Dubrillion, pour le bien d’Ondéron, pour le bien de leur avenir à tous. Ils comprendraient plus tard… Ou pas. Cela avait-il une quelconque importance ? Une partie de l’opinion publique conviendrait que quelque violence était parfois nécessaire pour défendre les opprimés. Et faire valoir ses droits. Ce n’était pas la syndicaliste qui allait la contredire là-dessus, n’est-ce pas ?

La Chancelière tourna vers la balosar son regard aiguisé, à l’écoute des remarques formulées. Elle acquiesça doucement. Elle avait pensé aux Jedi. Elle jouerait la même stratégie qu’avec les membres de son gouvernement. Ils n’apprécieraient guère non plus, mais c’était nécessaire pour faire bouger ces moines donneurs de leçons.

- Nous les associerons, en effet, répondit Emalia, prenant soin de parler au futur. Mais je veux attendre le moment le plus opportun. Il faut qu’ils sachent qu’avec ou sans eux, je ne reculerai pas. Et c’est le cas. De plus, cette opération doit rester éminemment secrète. Au plus des interlocuteurs sont au courant, au plus il y a des risques que l’Empire apprennent nos plans et préparent une riposte. Or, je veux les prendre par surprise.

Inutile de préciser que si l'Impératrice venait à connaître ses plans, elle allait faire une chasse aux sorcières, y compris dans son gouvernement, pour savoir qui l'avait trahie. Sa fureur serait telle... Non, il ne fallait pas y penser. L'Impératrice ne saurait rien. Elle avait choisi les membres de son gouvernement avec une extrême minutie. Elle n'avait pas fait un gouvernement de complaisance, mais un gouvernement fort, qui jouerait les coudes serrés. Un gouvernement redoutable, oui. Il le resterait. Ils avaient accepté cet engagement.

En revanche, se choisir un prétexte pour agir ne plaisait pas à la Chancelière. Devrait-elle aussi s’excuser de diriger la République face à l’Empire ?

- Le seul prétexte valable est que l’Empire a attaqué un monde qui n’avait rien demandé et causé la mort de milliers d’innocents. Mais je n’appelle pas cela un prétexte, j’appelle cela une monstruosité que la République ne doit pas laisser passer.

Emalia se tourna, quittant des yeux les plans stratégiques pour embrasser du regard la petite assemblée présente : une poignée de ministres et des militaires. Un petit discours motivationnel s’imposait visiblement. Même l’ithorien tirait une tête de deux pieds de long. Ou peut-être que c’était sa forme naturelle.

- Voyez-vous, si je prenais un prétexte, un appel gouvernemental de Dubrillion, la peine des réfugiés, des preuves de torture sur cette planète qui a été prise d’assaut… J’aurais l’air de devoir avoir une excuse pour riposter face à l’Empire, comme si nous étions en tort. J’aurais l’air de laisser croire que ce gouvernement est motivé par les sollicitations des uns et des autres, comme si nous étions incapables de prendre seuls les décisions qui nous incombent. J’aurais l’air faible. Tout ce gouvernement aurait l’air faible. Or, j’ai promis une chose à la République : que plus jamais elle ne se laisserait sagement faire. Qu’elle ferait respecter ses peuples et leurs droits. Qu’elle serait forte. Implacable. Redoutable Et c’est ce que nous allons être, mesdames et messieurs. Redoutables.

L’allure fière, Emalia se retourna pour s’intéresser de nouveau aux plans stratégiques, ignorant les yeux arrondis de ceux qui se scandalisaient en silence, tout autant que les applaudissements incongrus de ses quelques partisans militaires. Qui aurait cru que ce seraient eux qui se sentiraient les plus fiers de cette Chancelière, à quelques mois à peine de sa prise de pouvoir ? Elle, qui s’était attachée aux questions sociales et économiques bien plus qu’à l’Armée ? Il n’en serait peut-être pas toujours ainsi, surtout si l’Armée subissait des pertes. Mais ce jour, elle le savait, ils se sentaient utiles, et certains auraient la vengeance qu’ils souhaitaient depuis toutes ces années sur un Empire qui les avait insultés.

Certains parmi eux, mais aussi parmi ses ministres, ses partisans au Sénat, ses partisans dans la population… Certains se retourneraient contre elle. Elle n’en avait cure : elle avait déjà été la risée de la galaxie entière lorsque Lord Janos et Valerion Scalia s’étaient joués d’elle, la prenant pour une petite idiote incapable.

Ils étaient morts et elle était au pouvoir.
Au tour de l’Impératrice de voir de quel bois elle pouvait se chauffer.
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« Je vois. Vous allez donc leur demander de participer au dernier moment sans leur laisser un choix quelconque dans l’organisation d’une attaque en sachant qu’ils sont pourtant des éléments cruciaux pour vaincre les siths eux-mêmes ? »

Histoire que tout le monde comprenne bien les enjeux en présence. Ce n’était pas fondamentalement que Ress tenait à mettre la vie de son fils en péril, loin de là, car cet enjeu était toujours présent dans sa tête. Mais elle tenait tout de même à ce que tous les éléments soient posés, clairement. Quelque part, prendre l’Ordre jedi pour des imbéciles l’agaçait : ce n’était pas une manière de traiter des partenaires. Leur expérience sur le terrain aurait pu être une indication précieuse, peut-être même qu’ils avaient des agents dans les mondes proches. Une coopération s’avérait nécessaire de son point de vue, et ce, avec une confiance dans tous les rangs. A se méfier, on courrait à la catastrophe … Comme ce gouvernement si la Chancelière réitérait une telle manœuvre. Aucun politicien n’aimait être mis devant le fait accompli et devoir s’exprimer sur des détails, finalement, et non sur le fondement même d’une action. Enfin, apparemment, les pleutres qui l’accompagnaient n’osaient carrément pas dire quoi que ce soit, ce qui la laissait en première ligne. Qu’attendre d’une moitié d’aristocrate et d’anciens fonctionnaires, en même temps, plus habitués à ployer le genou qu’à défendre pied à pied une conviction ? Soudain, la balosar sentit douloureusement la différence entre elle et les autres ministres, qu’elle avait cherchée à ignorer depuis un long moment, sans jamais réellement y parvenir.

« Il me semble … Dommageable de ne pas avoir davantage confiance en nos alliés. Et de se priver de leurs propres sources d’informations qui pourraient être cruciales à la réussite d’une telle opération. »

Comprendrait-elle jamais ce qui animait Emalia Kira ? Oui et non. En un sens, Ress savait pertinemment d’où lui venait sa flamme, car elle ne connaissait que trop bien cette expression : la haine l’animait, l’envie de montrer à tous ceux qui l’avaient moqué sa force. Ce petit bout de femme désirait enfin écraser ceux qui se dressaient sur sa route. Une brève bouffée de sympathie l’anima, quand elle se dit que dans leur rancœur, elles n’étaient pas si différentes. Hélas, le silence persistant des autres présents la contraignait à évoquer à voix haute les doutes légitimes qui pouvaient paraître face à une telle entreprise.

« Peut-être que le terme était mal choisi. J’en conviens. Mais le problème de fond demeure. »

Son regard sombre se plongea dans celui de la souveraine. Il n’y avait aucune hostilité dans ce dernier, juste une réelle et profonde lassitude, comme s’il lui coûtait d’être là, de se battre par acquis de conscience pour le droit, cet élément si abscons qu’elle chérissait tellement depuis des années. Il lui semblait à cet instant précis que sa conscience, justement, lui était un fardeau, que sa capacité à refuser les solutions faciles et l’obéissance aveugle allait lui coûter cher. Un bref instant, elle hésita. Et puis, ses yeux se posèrent à nouveau sur la maquette. Elle sut qu’elle devait parler. Pas pour elle. Mais pour s’assurer que ses vies qui allaient partir, réduire en fumée, ne le seraient pas sur une décision unilatérale prise dans un désir de vengeance destructeur.

« La faiblesse est une impression fort relative. Partir en croisade sans d’autre support que notre propre témoignage de moralité pourrait fort bien penser à une vendetta personnelle pour obtenir autre chose qu’une action de justice galactique.

Sans compter que ce qui se décide à cet instant n’est autre que la possible entrée en guerre de la République. Après une agression sur ce qui est son territoire, l’Empire sith aura tout le loisir de rompre tous les accords en vigueur et d’affirmer qu’il a été attaqué.
Légitimer une telle action ne me paraît pas être une faiblesse. Mais une force. Et si la République est forte, c’est parce qu’elle n’agit pas uniquement sur les bases de sa propre force, de sa propre conception, justement.

La vengeance pour un acte, aussi cruel soit-il, n’est jamais suffisant pour emporter une foule sur le long terme. Pas plus qu’un Sénat. Vainquez, et peut-être que cela suffira. Perdez, et ce ne sera pas vous, mais la République dans son ensemble qui perdra. La seule différence, c’est que nos concitoyens ne l’auront pas choisi.

Alors, c’est peut-être futile aux yeux de bon nombre de personnes présentes, toutes ces arguties. Je le conçois. Mais ce sont de telles arguties juridiques qui déterminent si notre Etat respecte encore son droit, et celui des autres, ou s’il s’arroge justement le droit d’intervenir en parlant à la place d’autrui.

Et je ne crois pas être en contradiction avec ma charge de Ministre de la Justice en rappelant cela. »

Sentant que ce serait là ses derniers mots, la balosar salua rapidement l’assemblée, et souffla :

« Je crois avoir exprimé l’ensemble de mes questions, interrogations et éventuelles remarques, et n’ait sans doute rien de plus à ajouter ou apporter dans les domaines techniques qui ne vont pas manquer de suivre.

Si vous voulez bien m’excuser. »
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