Travis Torn
Travis Torn
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Spoiler:

Il examina le sabre laser…
Sous la lumière tamisée de la petite salle, il brillait comme s’il avait été taillé dans un éclat de lune. La poignée en cortosis était parfaitement polie, et ses yeux bleus se reflétaient sur la surface adamantine du métal reluisant. Toute la partie supérieure de l’arme était ornée d’entrelacs et de fioritures, et lorsque le jeune homme l’activa, une lame de plasma rouge sang déchira la semi-pénombre des lieux dans un vrombissement évanescent, emplissant l’espace d’une forte odeur d’ozone.


« Il t’irait parfaitement. », lui susurra l’homme dont la voix se répercuta sous le dôme de la pièce.

« Je n’en veux pas. », répondit Travis, tournant les talons et s’engageant dans un long couloirs incurvé. Il prit à gauche, puis à droite, activa un sas et entra dans une autre salle.

« Essais-le. », insista le Jedi Noir qui le suivait.

Le padawan ne répondit pas. Sentant la colère monter, il sortit de la pièce et s’immobilisa dans une allée sombre. Puis il se remit en marche. Il y avait des croisements partout et, bientôt, il fut complètement perdu. Il arriva devant des marches, qu’il entreprit de grimper. Après une longue montée, il parvint au sommet et s’assit, épuisé. Il y avait un autre sas devant lui, mais il hésita à l’actionner.
Instinctivement, il savait ce qu’il dissimulait…
…pourtant, il n’avait pas le choix.
Après un profond soupir, il déverrouilla l’ouverture et se retrouva dans les profondeurs de Corusca Circus, devant un vieux taudis abandonné.
Le sabre laser était toujours lové dans sa main.


« Pourquoi n’en veux-tu pas ? », lui demanda t’il.

« Parce que nous ne sommes pas du même monde, toi et moi... », dit-il en se retournant.
Askelus (Cf fiche de Travis) se trouvait là, dans son ombre ; il avait les traits suaves et une peau d’un gris terne, presque nacré. Ses yeux sombres étaient froids et profonds.


« En es-tu si sûre ? », murmura t’il gravement.

La scène s’estompa, et Travis se retrouva sur Kashyyyk. Il était assis au bord d’un torrent, dans une forêt de worshyrs verdoyante. Le ciel était clair et bleu, l’eau pure et fraîche. Il mit ses mains en coupe et bu, puis il s’adossa au tronc d’un arbre vieillissant dont les branches tombaient tout autour de lui. L’endroit était paisible, et il y serait resté jusqu’à la fin de ses jours.


« …le mal a un prix. », dit une voix.

Il regarda sur sa gauche.
Juste derrière le rideau de branches se tenait la haute silhouette d’Anson Torn. Son regard dur faisait écho au sien et du sang maculait son visage et ses mains…
…derrière lui gisait le corps sans vie de Shanali.
Il s’agenouilla au bord du torrent pour se laver. Alors, le cours d’eau tout entier devint rouge et se mit à fumer, puis à bouillonner. Les branches du vieil arbre s’assombrirent et ses feuilles tombèrent.
Le tronc gronda.
Travis s’en éloigna.
L’écorce se fendit, libérant des nués d’insectes qui se dispersèrent sur le bois mort.


« Pourquoi as-tu fait cela ? », demanda t’il.

« C’est ma nature… », lui répondit son père tandis que le visage de Travis s’assombrissait.

« …le mal a un prix. », murmura t’il en s’avançant lentement vers lui.

Il tenait toujours le sabre laser dans sa main…
La lame s’activa, et d’un geste souple, il l’enfonça dans le cœur d’Anson. La blessure grésilla et de la fumée s’en échappa tandis que la victime s’effondrait.
Le corps disparut instantanément.
Travis resta parfaitement immobile. Il avait les mains couvertes de sang. Il voulut les nettoyer dans le ruisseau, mais l’eau devint écarlate et se mit à siffler et bouillonner.


« Pourquoi as-tu fait cela ? », lui demanda quelqu’un.

Surpris, le padawan se retourna et vit le jeune homme à côté d’un arbre mourant.

« C’est ma nature… », rétorqua-t-il, tandis qu’un sabre laser écarlate apparaissait dans la main de l’inconnu.
Il voulut reculer, mais son pied butta sur quelque chose.
Le cadavre d’une femme dont le visage lui était familier…


« …le mal a un prix. »

***

Travis Torn se redressa d’un bond dans son lit, hoquetant, les yeux grands ouverts sur les ténèbres d’un autre monde. Inconsciemment, il s’était emparé de quelque chose sur la petite table de plastocéramique à côté de son oreiller. Et ce quelque chose bourdonnait doucement sous ses doigts, envahissant les ténèbres de sa chambre d’un pâle halo stroboscopique aux reflets tanzanite. Ses iris antarctiques se figèrent dans l’obscurité, puis finirent par glisser lentement sur la poignée du sabre laser, si ostentatoirement identique –si ce n’est la couleur de la lame.- aux limbes de son rêve.
Sa main se mit à trembler et l’arme coula entre ses doigts, se désactivant au passage pour rouler jusqu’au mur, au fond de la pièce.
Haletant, il se prit le visage entre les mains et ferma les yeux, s’ouvrant au flux de la Force pour chasser les dernières émanations du cauchemar, la faisant monter en lui, s’y enroulant. Il l’inspira et la retint, tourbillonnante dans son cœur, s’y cramponnant jusqu’à ce qu’il sente Coruscant et les immenses arpèges de la galaxie tournoyer autour de lui dans une sarabande imprescriptible. Le Côté Clair filtra pour lui ses émotions, les transcendent, chassant graduellement chaque miasme, chaque imperfection, susceptible d’entacher son calme d’ordinaire si impérissable.
Il expira dans un monde de quiétude absolu, ouvrant lentement les yeux.
Les draps, trempés de sueur, étaient enroulés autour de sa taille. Sa main les écarta doucement et il se leva, marchant nu dans la pièce jusqu’au sabre laser qu’il souleva délicatement. Cette fois-ci, il se ferma aux fluctuations de son rêve qui suppuraient encore du manche en cortosis et regagna sa table de chevet, il activa l’ouverture d’un petit tiroir cylindrique, sur le côté, et l’objet disparu à l’intérieur.

Longeant le lit, Travis se plaça au centre de la pièce.
L’espace était un peu exigu, mais il ne serait pas une entrave aux modalités du Teräs Käsi. Il inspira lentement et se lança dans une série d’exercices d’étirement, laissant une nouvelle fois la Force couler autour de lui comme une rivière tapageuse sous la chaleur accueillante d’un ciel d’été. Son corps souple se prêtant aisément aux mouvements, il rentra progressivement dans une tarentelle de tours et de glissades ; ses gestes étaient lents, contrôlés, et passifs. Il bougeait avec grâce, effectuant parfois des enchaînements complexes sans la moindre anicroche, enjolivant ses déplacements par des inflexions stylistiques.
Le ballet dura près d’une demi-heure…

Réintégrant sa posture initiale, Travis laissa échapper une longue expiration. Son pouls n’avait augmenté que de quelques battements et une très discrète plaque de sueur s’était formée dans le creux de son dos.

Une tonalité se fit entendre dans les plis de sa tunique, suspendue à la petite chaise de son étude. Le padawan plongea sa main à l’intérieur et en sortie un comlink palpitant.


« J’écoute ? », murmura t'il dans l’interphone.
Une voix familière se fit entendre ; vive et un tantinet agacée.

« Travis ? Bon sang, mais qu’est-ce que tu fiches !? Ça fait plus d’une heure que je t’attends. »
« Stavi ? Si mes souvenirs sont bons, l’entraînement n’est pas prévu avant la fin des heures de méditation. »
« La session débute à sept heure… c’est ce qui était convenu non ?. », lui grinça la voix de son ami, tandis que les prunelles de Travis coulèrent en biais sur l’holo-horloge, fixée à côté de la table de chevet.
[8h07]
« Ah… je vois. Excuse-moi, j’ai eu… un contretemps. Donne-moi dix minutes, je te rejoins dans un instant. »
Stavi répondit par une semonce de circonstance et coupa la communication. Rangeant l’appareil, le jeune homme se dirigea vers l’horloge et fronça les sourcilles ; sur le port de réglage, un voyant clignotait à intervalles réguliers, lui indiquant que, non seulement le buzzer avait bel et bien été activé la veille, mais que ce dernier avait sonné pendant près d’une quinzaine de minutes. D’ordinaire, il avait toujours eut le sommeil léger.
Il aurait dû entendre l’alarme.
Et puis, il se souvint du cauchemar et de son étrange texture… comme si le temps et la réalités avaient été brièvement altéré. Se mélangeant entre eux, le faisant dériver sur les layons vaporeux d’une ligne qui lui avait ôtée toute notion du monde tangible, et de ses subtilité matérielles.
Ce n’était pas la première fois qu’il rêvait par la Force… Son enfance tout entière avait été bercée par ce genre d’étrangeté. Et puis, le temps et l’expérience aidant –et, en grande partie parce qu’Ighelm avait veillé à les canaliser en lui.- les visions s’étaient tues, dominé par cette gangue d’autodiscipline, et de rigueur personnelle dont Travis avait toujours si bien su s’investir…
…jusqu’à aujourd’hui.
Maintenant, Ighelm n’était plus là, et il demeurait seul…

Il repoussa avec fermeté cette pensée de son esprit.
On pouvait pleurer un ami et un professeur, mais s’enfoncer dans le regret, c’était donner trop de pouvoir au passé sur le présent.
Désactivant l’horloge automatique d’une pichenette, il se dirigea vers le sas de la petite salle de bain, au fond de la pièce.
La journée ne faisait que commencer après tout.
Et la Force seule savait à quel point il n’irait pas au bout de ses surprises...


***

Spoiler:

« Doucement. Vas-y plus en souplesse. », conseilla Travis tandis que les mouvements de son sabre d’entraînement se calquaient à la perfection sur les rigodons grossiers des attaques de Stavi. Un ballet qui n’avait rien d’extraordinaire à en juger par le manque de constance dont faisait montre son adversaire, et la portée maladroite de ses coups au Shii-Cho.
Mais c’était bien là le but de ce symposium après tout ; aider un ami.
Respectivement formé aux arts Consulaires, Stavi n’avait jamais vraiment brillé au sabre-laser. Son esprit était d’avantage affûté aux démêlés subtiles d’un univers dompté par les intrigues politiques, ou aux sessions culturelles passées à philosopher en compagnie d’autres érudits sur les tracés de la Force. Le genre de vétilles qui n’avait jamais vraiment emballés Travis, même s’il lui arrivait parfois d’y adhérer –plus par esprit de nécessité que par intérêt véritable, en fait.- pour faire plaisir à son ami. En pur Gardien, il avait entièrement fondé son style sur l’action et la réaction. Instinctif là ou Stavi était calculateur... Parfois virulent, et plus prompte aux négociations dites « agressives » là où son comparse faisait preuve de d’avantage de tempérance… un peu comme si Hoth et Mustaphar oscillaient à l’unisson sur la balance gravitationnelle d’une même étoile.
Aussi, avait-t-il été surpris lorsque Stavi lui avait demandé de l’appuyer au sabre, ne fut-ce que pour quelques heures. Surpris, touché…
Et gêné, il fallait l’avouer.
La chose l’intriguait…
Subrepticement, il s’ouvrit aux courants de la Force. Canalisant son attention sur cette sorte de troisième œil qui lui permettait d’effleurer les points de ruptures de son entourage lorsqu’il était parfois difficile d’interpréter une émotion vive par des mots simples. Stavi lui avait toujours laissé une impression de plénitude, dans ces rares moments où il projetait ses perceptions sur lui. Et à chaque fois qu'il touchait son esprit, il avait l’impression de flotter sur une couche de nuage onctueuse, à l’instar des cirrus qui crevaient la surface de Bespin.
En apparence tout du moins…
Il savait ce qui l’attendait lorsqu’il plongeait sous ces mêmes nuages, dans les abysses de ce subconscient qui n'était pas le sien.
Malgré cette tranquillité sereine qu’il avait pour coutume d’afficher, Stavi était un esprit fragile, souvent enclin au doute sur ses capacités Jedi qu’il remettait sans cesse en question.
Il avait tort, mais il était ardu de lui en faire prendre conscience.

La seule chose qui lui manquait était l’assurance, et un peu plus de culot dans le caractère.

Il attaqua une nouvelle fois, Travis para sans difficulté et, dans le même mouvement, contre-attaqua d’un Shun foudroyant. La lame engourdissante passa les défenses du Hapien qui poussa un cri en laissant tomber son sabre. Il perdit l’équilibre et bascula en arrière.
Travis le rattrapa par le col de sa tunique.

« Tu… es trop rapide. », haleta son ami, se massant l'avant-bras.
« Pas plus que d’ordinaire… », rétorqua le coruscanti en l’aidant à se relever. « …tu t’es simplement mis martèle en tête sur l’écart qui défini nos talents d’escrimeurs. »
« Traduction ? », Travis esquissa un pâle sourire.
« J’insinue que la victoire ne t’était pas, pour autant, hors d’atteinte. J’ai volontairement inséré des failles dans ma garde, mon jeu de jambe était plus lent, et mes attaques, moins coordonnées. »
« Tu veux dire que j’ai perdu par simple blocage mental ? »
« On progresse. »
« Plus facile à dire qu’à faire… »
« Mais non… », rétorqua Travis sur un ton partagé entre l’indulgence et le bellicisme. « …tout n’est qu’une question de pratique. J’aurais du temps à tuer ces prochaines semaines. Entraînes-toi encore avec moi, et essais de te montrer moins… "capitulard". Même une femme de tente Tusken a plus de pétulance. », dit-t-il pour asticoter Stavi, histoire de le décoincer un peu.
« Hum… »
« Oui ? »
« "L’humilité", ça te parle de temps en temps ? », c’était exactement le ton que Travis attendait ; un ton de légère réprimande, limite moralisateur. Stavi retrouvait la forme.
« Voyons, c’est toi qui m’a courtoisement demandé de… te pousser un peu. »
« Parfois, je me demande si je ne devrais pas te rendre la pareille dans les arts de la rhétorique Consulaire. », objecta Stavi qui venait de ranger son sabre d’entraînement. Il alla décrocher sa bure, fixée à l’une des paternes, à côté du sas d’entrée.
« Tu es bien trop fort à ce petit jeu… », Travis lui fit une courbette de circonstance. « …quoique, je suis tenté de relever le défi. », pour toute réponse, son ami lui décocha un pâle sourire ponctué d’un regard lourd de sous-entendu.
Dans un salut protocolaire -pour la forme-, il prit congé, laissant seul son camarade coruscanti sur le parquet de plastacier d’une vaste pièce d’entraînement déserte.
Quoique, pas tout à fait…
…en haut, par-delà la verrière de transparacier qui lambrissait le balcon réservé aux instructeurs, quelqu’un d’autre avait assisté à l’entraînement.
Invité
Anonymous
Depuis toujours l’Ordre jedi avait été auréolé de mystères et, même pour ses membres, les maîtres de l’ordre semblaient presque inaccessibles tant ils étaient perchés à un tout autre niveau. Pour les apprentis et padawans, ceux qui débutaient leurs formations, les maîtres étaient des piliers et des mentors si éloignés que l’évocation de la possibilité d’atteindre leur niveau relevait plus du rêve que de la possibilité tangible. Les chevaliers quant à eux, ceux ayant montré une bonne maîtrise des arts jedis, voyaient en ces maîtres un objectif à atteindre et, même s’ils étaient rares à l’atteindre, cela leur donnait une source de motivation suffisante pour poursuivre leurs efforts et ne jamais cesser d’affiner leurs talents respectifs.
Mais étaient-ils vraiment si inaccessibles que cela ? Ils avaient été apprentis, padawans et chevaliers avant tous les autres. Ils étaient des êtres humains, doués d’intelligence, d’émotions et, par extensions, ils étaient capables de connaître le doute comme n’importe quelle personne en ce bas-monde…alors qu’est-ce qui les rendait si différents ? Beaucoup auraient des théories à vous proposer mais il existe autant de réponses différentes que de maîtres au sein de l’Ordre à un instant T.
Certains étaient doués d’un charisme qui en fascinait plus d’un, d’autres étaient dotés d’un calme à toute épreuve ou d’une incroyable affinité avec la Force. D’autres, encore, étaient connus pour leurs talents de bretteurs, et certains s’élevaient clairement au-dessus du lot en possédant plusieurs de ces traits. Mais malgré leurs petites différence il y avait au moins quelque chose que tous ces individus avaient en commun : qu’ils aient un passé douloureux ou non, à force de pratique et de temps ils ont tous été capables de passer outre leurs sentiments personnels et de surmonter leurs difficultés personnelles. Méditer pour trouver la paix intérieure, accepter que la mort n’existe pas, communiquer avec la Force, faire du sabre-laser une extension de son propre corps : les difficultés sur le parcours d’un jedi étaient légions et ces êtres d’exceptions étaient parvenus à toutes les surmonter jusqu’à devenir des piliers de l’Ordre qui diffuseraient leur savoir et leur expérience aux générations suivantes.
Mais s’ils avaient appris une chose c’était bien que les leçons ne s’arrêtaient jamais vraiment ; même les maîtres continuaient d’affiner leurs talents et de surmonter les obstacles qui leur barraient la route, même eux continuaient de recevoir des leçons de la vie elle-même et l’enseignement ne s’arrêtait que quand leur enveloppe charnelle ne pouvait plus les soutenir et les poussait à rejoindre la Force, comme tant d’autres avant eux.

Lorn était de ces maîtres-là, il était de ceux qui continuaient de s’entraîner encore et encore au même rythme effréné que celui auquel il s’était habitué depuis qu’on l’avait affublé de titre de padawan. Pourquoi s’arrêter maintenant ? Sa tâche n’était pas terminée, il n’avait pas encore atteint son plein potentiel et sa tâche de protecteur des générations futures de l’Ordre le poussait à se surpasser toujours pleine en mettant sa détermination et sa santé en jeu. Cela faisait vingt ans ou plus qu’il se levait aux aurores et se couchait, épuisé, une fois la nuit tombée depuis bien des heures. Pourvu d’une impressionnante endurance il n’avait eu de cesse de répéter les mêmes katas encore et encore jusqu’à les maîtriser les yeux fermés, passant ensuite à l’élaboration et l’amélioration de ses propres combinaisons jusqu’à créer un style qui lui soit propre, comme tous les maîtres jedis le faisaient à un certain point de leur existence.
Mais bientôt, à sa grande surprise, on lui demanda d’apprendre à d’autres ce qu’il avait lui-même appris et créé jusqu’à devenir un maître d’armes à part entière, et c’est à ce moment-là que sa vie prit le tournant que nous connaissons jusqu’à mener son existence jusqu’au point où elle en était aujourd’hui. Mais il ne fallait pas pour autant croire que Lorn était impeccable sous toutes les coutures.
Rustre, buté et pas diplomate pour deux sous, pour ne citer que quelques exemples, il avait une aversion évidente pour l’esclavagisme et ses nuits n’avaient de cesse d’être perturbées par des visions d’un passé aussi lointain que douloureux auxquelles il avait su s’habituer au fil du temps. La douleur était toujours aussi vive qu’avant, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute, mais son corps et son esprit avaient fini par accepter cette douleur comme une partie de leur existence.

Même si la douleur était toujours présente, Lorn avait rapidement été initié à la méditation qui était censée apaiser son esprit et lui permettre de se focaliser sur ce qui était vraiment important, balayant les petits tracas qui déconcentraient l’esprit du maître. Pendant un temps cela fonctionna, dans ses plus jeunes années du moins, mais bientôt l’appel du combat se fit de plus en plus intense et il ne put réellement se calmer que lors des séances d’entraînement au sabre. Ainsi, par la force des choses, l’entraînement au sabre devint une sorte de méditation en mouvement pour le jeune maître qui trouva son domaine de prédilection, la voie où il pourrait enfin accomplir quelque chose !

Aujourd’hui encore le jeune homme s’était levé bien avant que le soleil ne soit levé et, des heures durant, il répété encore et encore les mêmes enchaînements en repensant aux évènements qui secouaient son existence depuis quelques semaines déjà. Alyria, Byss et bientôt Aargau, il semblerait que le jeune maître soit poussé à jeter sa routine aux orties pour faire face à la tempête qui approchait à grands pas. Ne sachant pas de quoi demain serait fait, c’était avec encore plus de détermination que le maître profitait des derniers moments de répit que lui offrirait son existence avant…combien de temps, au juste?
Après plusieurs heures d’un entraînement soutenu, l’après-midi pointant doucement le bout de son nez, Lorn s’autorisa enfin une petite pause et c’est accolé à la rambarde, essuyant la sueur qui perlait de son front avec une serviette prévue à cet effet, qu’il observa deux padawans qui s’entraînaient ensemble. Deux padawans ? Bien sûr qu’il les reconnaissait, le Temple était encore suffisamment vide pour que sa mémoire ne soit pas saturée par les noms et visages des élèves qui passaient dans sa salle.
Il ne connaissait pas nécessairement le passé, n’ayant pas nécessairement pris le temps d’étudier leurs passés respectifs, mais il lui suffit d’un clin d’œil pour identifier les deux padawans et un sourire amusé apparut en les voyant se chamailler. Croisant le regard du vainqueur de ce petit duel, plongeant ses prunelles azur dans le regard de cet élève, Lorn resta silencieux et descendit les escaliers qui menèrent à l’étage inférieur.

Posant la serviette à moitié trempée sur la rambarde de l’escalier, le sabre toujours accroché à sa ceinture, le jeune maître s’approcha du padawan et lui lança :

« Padawan Torn, c’est bien ça ? »

Bien entendu qu’il savait qui il était, mais cela ne faisait jamais de mal de remettre un nom sur un visage. Observant la salle qui était désormais entière vide, à l’exception de lui-même et de ce jeune élève, Lorn reporta son attention sur son interlocuteur et lui proposa :

« Que dirais-tu d’une petite séance d’entraînement ? Le Temple semble particulièrement calme aujourd’hui, j’ai donc du temps à te consacrer si tu en as l’envie. »

Si le boulot du jeune maître consistait à permettre à ces jeunes éléments comme Travis de s’améliorer, Lorn avait surtout observé son attitude avec son camarade et voyait en cet entraînement une bonne occasion de le remettre les pieds sur terre. Il ne s’agissait pas de le remettre à sa place, ce n’était pas tellement le style de la maison, mais plutôt de lui faire comprendre qu’il devait prendre les choses un peu plus au sérieux, que ce soit face à un adversaire plus fort ou plus faible que lui. Attendant une réponse de sa part, Lorn s’approcha d’un des bancs aux abords de la salle et vint y déposer sa bouteille d’eau.

Cet élève allait-il accepter ? Un cours particulière avec un maître d’armes , certains tueraient pour avoir cette chance.
Travis Torn
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Un bruissement, une ride dans l’espace qui plongeait au travers de la Force comme un tir de turbolaser enrobé de velours…
C’était à peu près la linéature que l’on pouvait donner face à l’empreinte de Lorn Vocklan. Mais pour un être doué dans la lecture des points de rupture, une telle anagogie était trop réductrice. La présence du Maître Jedi brillait comme un lingot corroyé du beskar’gam le plus brut, exhalant dans son sillage les échos d’un chant métallique qui raisonnait dans le lointain comme le gong régulier d’un pilon sur une cloche de cortosis. Et il y avait du contrôle, et de la fermeté dans cette aura, le tout couplé à la résolution d’un homme qui savait exactement où il allait, et ce qu’il voulait.
Ç'en était presque déroutant...
La main toujours scellée sur le métal froid du sabre d’entraînement, Travis pivota vers la silhouette de l’épicanthix. Grand, même selon les standards de sa race, Lorn paraissait rigoureusement conforme à ces images de héros diffusées par l’HoloNet. Il semblait dominer l’espace autour de lui comme si chaque pas le grandissait un peu plus dans la Force. Mince mais athlétique, voir séduisant selon certains critères, il évoluait de cette démarche ferme d’homme né pour l’action.


« Padawan Torn, c’est bien ça ? », déclara t’il, d’une voix rauque et roulé d’un léger accent exotique.
« C’est exact. », répliqua Travis de son timbre de basse qui semblait re-découper chaque syllabe avec concision. Il s’inclina avec tout le respect dû à un Maître Jedi, et fixa ses iris d’un bleu dénim sur le smalt givré du regard de Lorn, tandis que toute trace de cette audace taquine, affiché tout à l’heure en présence de Stavi, fondit comme neige au soleil.
Remplacé par ce calme minéral, presque alcyonien, dont seul Travis en avait le secret.

* Quoique, pas tout à fait… *, lui murmura quelque chose, une « intuition », alors qu’il passait au crible la signature de Lorn Vocklan.
S’il avait déjà croisé l’épicanthix sur Onderon, il n’avait jamais vraiment pris le temps de s’attarder sur sa présence. L’époque étant naguère très différente, tout comme les perceptions éprouvées par le jeune novice qu’il demeurait jadis. En ces temps-là, l’existence de Travis Torn se limitait aux heures passées à renâcler en salle de méditation, à la rivalité naissante qui allait un jour l’opposer à Ferus Livian, aux moments de joie éprouvé à chaque visite d’Ighelm, et aussi… à fuir les cauchemars qui venaient parfois le hanter la nuit. Des bribes surgies des souvenirs d’un enfant de neuf ans qui lui rappelaient les dernières larmes d’une mère sur les reliefs scabreux d’un astroport délabré, une période d’esclavage dans les bas-fonds d’une planète corrompue, l’halène de Dreddan qui venait parfois s’allonger à ses côté, la nuit, les raclés d’Anson Torn… et des tas d’autres esquisses qu’il aurait préféré enfouir à tout jamais. Des béatilles si lointaines aujourd’hui.
Et parfois tellement proches.
Qui venaient s’adjoindre à d’autres déconvenues.
Et à d’autres…
Et à d’autres encore.

Travis laissa lentement ces pensées s’évanouir. Ces choses-là faisaient partie des aléas de la vie, finalement…
- Une litanie mentale qu'il avait pris l'habitude de se réciter au fil du temps. -
…et la vie d’un Jedi était tout sauf indolente.
- Il parvenait presque à s'en convaincre, parfois.
...presque. -


« Que dirais-tu d’une petite séance d’entraînement ? Le Temple semble particulièrement calme aujourd’hui, j’ai donc du temps à te consacrer si tu en as l’envie. »

Les iris du padawan se mirèrent d’une touche métallique tandis qu’un mince sourire vint ourler ses lèvres.

« Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes direct. », rétorqua t’il en jouant négligemment avec le manche désactivé de son sabre d’entraînement. Lentement, il recula de quelque pas, les prunelles toujours dardées sur l’épicanthix. « Et j'accepte avec plaisir, Maître Vocklan. »
Scccccccccch, siffla une lame de plasma lactescent lorsque Travis appuya sur l’interrupteur d’activation.
Il changea graduellement de position, balançant son sabre pour lui faire décrire un huit dans un bourdonnement vrombissant.
Il y eut un bref silence, le temps à Lorn d’activer sa, ou ses lames.
Et alors…
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Il était de coutume au sein de l’Ordre que les maîtres choisissent parmi les apprentis le garçon ou la fille qu’ils prendraient sous leur aile et qu’ils formeraient des années durant jusqu’à ce qu’ils deviennent des chevaliers à part entière. Et ensuite, une fois maturité et expérience acquises, ce jeune jedi en devenir pourrait faire ce choix à son tour et perpétuer cette tradition plusieurs fois millénaire qui permettait à l’Ordre jedi de perdurer à travers les âges. Mais parmi ces maîtres jedis il existait une catégorie d’individus qui avaient décidé de ne pas suivre cette tradition et de ne pas faire ce choix : les maîtres d’armes. Pourquoi ? Parce que, pour la plupart d’entre eux, ils passaient leur vie à perfectionner leur art et à l’apprendre aux autres. Lorn était de ces individus qui passaient leurs journées entières à s’entraîner encore et encore, sans relâche, et à accueillir ceux qui désiraient perfectionner leur propre maître du combat au sabre laser.
Ce n’était donc pas à Lorn de choisir qui serait son élève car son rôle était de prendre comme élève tous ceux qui avaient quelque chose à apprendre de lui, tous ceux qui désiraient son aide. Bien sûr leur relation ne serait jamais aussi intime et privilégiée que celle d’un padawan et de son maître, mais Lorn s’en était accoutumé avec le temps et savait qu’ici était sa place.

Mais alors que le temps passait et que le jeune maître évoluait au sein de sa nouvelle demeure, de ce nouveau temple que celui de Coruscant, alors que les évènements mettaient à l’épreuve l’acharnement et la détermination du colosse, ce dernier se surprit à jalouser certains de ses pairs. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient quelqu’un à forger, parce qu’ils avaient à leur côté un individu qui leur faisait entièrement confiance et qui voyait en eux un modèle à qui ressembler. Lorn n’avait rien de tout cela car tous ses élèves allaient et venaient au rythme des mois sans jamais vraiment revenir vers lui de cette façon. Au début il s’en était fiché éperdument, dirigé uniquement par son devoir envers l’Ordre, mais désormais il se mettait à se demander comment une relation de maître à padawan pouvait être. Devrait-il en chercher un parmi ses élèves actuels ? Pourrait-il trouver chaussure à son grand pied ? Il n’était pas vraiment connu pour sa diplomatie et la douceur de ses manières.

Certains camarades diraient sans doute que c’était comme tomber amoureux et que quand il aurait la bonne personne face à lui - le bon élève dans le cas présent – il le saurait immédiatement, mais à force de voir des élèves défiler devant lui tous les jours il n’avait encore jamais senti une telle réaction émerger en lui. Peut-être était-il trop fermé émotionnellement parlant, peut-être trop malchanceux ou simplement trop difficile dans son choix, mais il ne restait pas fermé à l’idée qu’un jour il puisse trouver la perle rare.

Aujourd’hui était donc un jour comme les autres et le jeune maître tomba sur deux jeunes éléments s’entraînant ensemble, ou plus précisément l’un contre l’autre. Le dominé laissa la place au dominant et Lorn, curieux et légèrement physionomiste, s’approcha de ce jeune padawan qui était surpris par le côté direct de sa demande. Affichant un léger sourire amusé au coin de son rude visage, le maître lâcha alors simplement :

« Je pensais que ma réputation me précédait. Je suis ravi de voir que je peux encore surprendre quelques personnes, ici. »

Sans perdre de temps le jeune garçon alluma son sabre laser, celle-ci fut bientôt rejointe par la lame violacée du sabre du maître d’armes désormais entre ses calleuses mains. Lorn n’attendit pas un seul instant, conscient que son partenaire n’avait nul besoin d’échauffement. Fièrement dressé, sabre parallèle à son visage, il se dirigea vers son interlocuteur et débuta les hostilités par un coup oblique de droite à gauche afin de forcer le jeune homme à une parade.
Certes il s’agissait bien d’un entraînement afin d’aider le padawan à se perfectionner, mais avant de pouvoir savoir où est-ce qu’il avait des défauts il convenait de le mettre en difficulté afin de pouvoir identifier des points à améliorer. Lorn irait donc doucement, enchaînant les coups puissants en tempérant sa vitesse pour ne pas trop surprendre son partenaire.

Peut-être que son camarade saurait le surprendre, peut-être serait-il également assez curieux pour poser des questions durant l’affrontement, mais dans tous les cas les deux individus allaient surement apprendre de l’autre grâce à ces quelques échanges.
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« Je pensais que ma réputation me précédait. Je suis ravi de voir que je peux encore surprendre quelques personnes, ici. »

Lorn avait su trouver les mots justes, quoique l’identité du Maître Jedi ne lui demeurât pas tout à fait inconnue. Il avait vaguement entendu parler du sabreur sur l’HoloNet, notamment après l’embargo sur Byss, en parallèle du conflit médiatique ayant naguère opposé à la chancellerie feu-Valérion à la reine Émalia. Travis avait pu suivre l’angarie dans les coulisses du temple, à une époque doublée d’une conjecture révolue. Beaucoup de choses avaient changé depuis lors, à commencer par son deuil d’Ighelm, et sa volonté de s’investir dans quelque chose de plus grand que cette monotonie journalière qui ponctuait les aléas d’un Padawan sur Ondéron. Ce qui justifiait en définitive son transfert sur Coruscant, là où tout gravitait…la où tout débutait…là où tout s’échauffait.
Après tout, Travis Torn détestait l’apathie.
Une fontaine d’énergie améthyste jaillit du poing de Lorn, et, en une fraction de seconde, tout se mit en branle. Le jeune homme plongea dans la Force.

* Il n’y a pas d’émotion, il n’y a que la paix. *
Il du creuser pour y arriver ; glisser à travers la gamme d’émotions qui préludaient un duel, une joute, un entraînement pour atteindre cet espèce de transe semi-méditative propice à tout Jedi avant un effort d’esbroufe. La présence du Maître Jedi le submergea. Elle était étrange… Alors que Travis voyait la Force comme des fils, des rubans ou des filaments invisibles qui s’enroulaient pour former un tissu de pouvoir et de sens, l’énergie de Lorn ne formait aucune trame précise, ou tellement complexe qu’elle en devenait presque tentaculaire. C’était comme se tenir debout devant un océan. Elle bouillonnait, débordait, ondulait comme une marée vivante et abyssale. Travis savait qu’assimiler le sens de la Force d’un autre adepte équivalait à comprendre comment le surpasser, sinon l'égaler. Mais rien ne l’avait préparé à « ça », la tache relevait à endiguer un torrent à l’aide d’une passoire.
* Il n’y a pas d’ignorance, il n’y a que la connaissance. *
Il fit le vide dans son esprit, toute équation avait sa solution, encore fallait t’il en trouver le préambule. Le temps se figea, et il vit la lame se rapprocher au ralenti tandis qu’il atteignait un nouveau palier de concentration. Travis flotta sur les vagues, et distingua un rythme dans les courants qui exsudaient de Lorn Vocklan. Il s’y calqua, déverrouillant les portes de cette sorte de clairvoyance qui constituait son don particulier, et qui lui permettait d’interpréter les lignes de failles d’une nimbe de Force.
Il devait trouver le Point de Rupture.

* Il n’y a pas de passion, il n’y a que la sérénité. *
Les lignes se perdaient dans une sorte de mélange inextricable, non pas chaotique, mais habillement noué, comme si son adversaire en avait trié au préalable chaque brin pour les réagencer avec minutie en un tissage qui formait à lui seul une barrière imperméable aux intrusions. Le jeune homme butta sur la surface, une…deux…trois fois, puis changea son angle d’approche.
La lame avait disparu, remplacer par un halo de lumière violacé devant ses yeux.

* Il n’y a pas de chaos, il n’y a que l’harmonie. *
Il se superposa au tissage, s’il n’arrivait pas à percer le blindage de Lorn, il pouvait au moins en imiter la conception, Travis s’enroula comme il le pu autour des lignes de faille, s’imprégnant de l’énergie du Maître Jedi, la humant, la goûtant, s’y abreuvant comme une éponge gorgée d’eau. Et quelque chose d’étrange se produisit.
Il eut le sentiment d’observer son propre don. Comme si Lorn Vocklan et Travis Torn avaient tous deux un point commun sur « quelque chose ».
Et il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. C’était frustrant.
Et fascinant.

* Il n’y a pas de mort, il n’y a que la Force. *
Le dernier point semblait superflu dans cette joute instructive, mais il faisait néanmoins parti du mantra Jedi. Plus qu’un mantra, pour Travis il s’agissait d’une philosophie, une étape cruciale à la concentration d’un Padawan et qui lui permettait de se recentrer si nécessaire.
Comme, par exemple, en cet instant face à un Maître Jedi aux Points de Rupture inaccessibles.
Il savait toute fois comment aborder cette rencontre…

…il l’avait vu en une fraction de seconde.

Vrooonch, gronda la lame d’entraînement en claquant sur le plasma améthyste dans un mouvement parfaitement synchronisé.


« …et je suis ravi de pouvoir casser un peu la routine. Il y a longtemps qu’un Maître ne m’avait pas dispensé d’entraînement. », rétorqua Travis tandis qu’apprenti et vétéran s’observent par-dessus une croix crépitante de pourpre et de blanc. « Vous mixez souvent Djem So et Soresu ? » (HJ : si j’ai bien lu ton MP), demanda t’il en analysant la posture de l’épicanthyx. Il y eut une brève pause, et sans crier gare, le jeune homme désengagea son arme dans un roulement fulgurant, feinta sur la droite, et passa à l’offensive par la gauche. Ses jambes patinant avec adresse sur le parquet de plastacier tandis qu’il attaquait au Juyo – Juyo ?- d’un Jung décousu à hauteur d’épaule. Pourtant le Maître allait parer.
Et sans doute contre-attaquer.

Il le sentait, une vague impression dans la Force...
Quoiqu'il lui arrivât parfois de se tromper.
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Même si le jeune maître se fichait pas mal de ce que les autres pouvaient penser de lui, puisque seuls les avis de ses pairs et de sa camarade de toujours comptaient vraiment, il ne pouvait pas nier qu’il véhiculait une certaine image de rigueur et de discipline qui pouvait très certaine rebuter plus d’un nouvel élément de l’Ordre lorsqu’il s’agissait de venir le voir pour lui demander conseil. Si certains essayaient tant bien que mal de surprendre les attentes des jeunes éléments et de briser leur image afin qu’ils ne soient pas rangés dans une seule case bien précise, ce n’était nullement le cas du jeune maître qui voyait en cette réputation quelque chose de positif, une sorte de tri naturel effectué en amont. Si les élèves connaissaient l’exigence et la façon de faire supposées du maître d’armes, seuls les plus déterminés d’entre eux osaient franchir le voir et lui donner conseil. Certes, une fois passée la première impression il s’avérait que Lorn était parfaitement sympathique et clairement pas assez sévère que les bruits de couloir ne le laissaient entendre, mais les jeunes individus prenaient facilement peur et s’arrêtaient bien trop souvent à leur première impression.
Aussi cette réputation avait bien aidé le maître d’armes qui n’avait à faire qu’au plus déterminés des élèves…ou aux plus désespérés dans certains cas, mais au moins ses résultats avaient été plus que probants. Aujourd’hui il faisait face à un padawan dont il ne savait pas grand-chose finalement, mis à part le fait qu’il avait quelques prédispositions au maniement de l’arme emblématique des jedis, et il avait bien l’intention de le tester afin d’apprendre à le connaître. C’était sa façon de faire et elle marc hait bien.

Les deux individus commencèrent donc à échanger quelques passes d’armes et, plusieurs minutes durant, le jeune homme s’adapta au rythme de son jeune opposant afin d’analyser son style et de voir jusqu’où il pouvait aller sans que le padawan ne soit trop dépassé, car il ne s’agissait pas non plus de lui mettre une raclée dont il ne retiendrait aucune leçon. Étrangement il remarqua qu’en plus de combattre le jeune padawan semblait essayer de lire en lui, de voir ses failles comme lui-même pouvait le faire de temps à autres, mais malheureusement cela ne lui servit à rien. S’écartant après un énième échange, Lorn écouta son opposant lui poser une question sur son style de combat, ce à quoi il ne manqua pas de répondre :

« C’est mon style de prédilection. »

Chaque jedi était amené à se créer son propre style au cours de sa carrière et le style du jeune maître reflétait les différentes composantes de sa personnalité. Le soresu pour une défense solide et impénétrable, accompagné du Djem-So pour un style qui se voulait percutant et agressif : vous obtenez à peu de choses près le style de ce jeune maître d’armes. Mais connaître un style, même en partie, ne garantissait pas de pouvoir y faire face pour autant.

Brandissant en avant son sabre, pointe vers son adversaire en une position d’estoc, le maître fit remarquer à son opposant quelques éléments qui pourraient l’aider à gagner en aisance durant un combat.

« N’essaye pas de brûler les étapes. Tes mouvements sont rapides et ta technique est assez bonne, je te l’accorde, mais le tout manque de fluidité. Respire profondément, décrispe toi un peu et tu verras que tu gagneras en aisance dans tes mouvements. »

La technique et la rapidité des mouvements étaient des composantes importantes, cela ne faisait aucun doute, mais la base de tout restait tout de même d’être à l’aise en combat et de ne pas être trop crispé, point sur lequel le jeune padawan avait encore besoin de travailler. Mais cela ne faisait rien, ça finirait par rentrer avec le temps et la pratique. Reprenant l’affrontement de plus belle sans perdre davantage de temps, le maître eut de nouveau cette étrange impression que ce padawan était en train d’essayer de faire quelque chose semblable à lui, en moins bien maîtrisé bien entendu mais le principe restait toujours le même : il essayait de percevoir les failles sans la défense du colosse afin de décider où et comment frapper.
Souriant légèrement lorsque cette impression se transforma en certitude, Lorn parât l’une des attaques de son jeune adversaire avant de lâcher un :

« Il est rare de trouver un si jeune individu doté du talent que tu possèdes. Il a beau être encore à l’état brut chez toi, je reconnais bien là le point de rupture.»

Cela aurait sans doute pour effet de surprendre Travis, très certainement même, mais Lorn avait tout de même besoin de savoir une chose :

« Depuis quand est-il apparu chez toi, padawan ? »


Travis Torn
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« C’est mon style de prédilection. »

Sabre contre sabre... améthyste contre albâtre... ils étaient pratiquement identiques...

Les éclairs fusaient. Leurs sauts s'achevaient par des glissades, des balayages esquivés ou des parades. Investi dans le Juyo, Travis Torn était entièrement concentré sur les palinodies du Maître d'arme qui virevoussait sans le moindre effort sur le parquet de plastacier. Les jambes fermement ancrées au sol, Lorn se contentaient d'avancer ou de se rétracter suivant les mouvements du Padawan. Son sabre était partout ; s'insinuant entre les failles, parant les feintes et les ruades, réexpédiant certaines dérouillées - assez violement pour éprouver Travis, mais juste assez subtilement pour éviter les catastrophes -, profitant parfois d'un excès d'audace pour retourner la force contre son jeune adversaire.
A l'inverse, Travis farandolait sans cesse, combinant parfois la souplesse du Teräs Käsi aux modalités du sabreur dans une contredanse très proche de l'Ataru. Ses attaques étaient brutales et vicieuses, et ne frappaient jamais au même endroit ; saisissant les moments de latence, cherchant les brèches, forçant à l'imprudence...
... pourtant l'Epicanthix demeurait imperturbable, comme un îlot de calme au cœur d'une éruption.
Travis frappa et plongea subitement sur le côté, transformant son échappé en un demi-salto diagonal qui l'envoya directement vers la hanche exposée de Lorn Vocklan.
Son champ de vision fut soudain saturé de mauve.
Les paupières du jeune homme s'arrondirent légèrement, et il dû faire des prouesses pour contenir la tempête, l'obligeant à adopter un style plus défensif ; sa lame tournoya pour dévier les premiers coups, il décrocha sur un Jung par la gauche, et écarta le bras armé d'un coup de pied fulgurant.

Plus vif qu'un Nexu, Lorn bloqua l'attaque d'une bravade vigoureuse.
- Travis eut l'impression d'avoir frappé un mur. -
Repoussé en arrière, le Padawan roula sur une épaule pour disperser l'énergie cinétique et se releva, sabre dressé, au moment où l'autre pointait le sien en posture d'estoc.


« N’essaye pas de brûler les étapes. Tes mouvements sont rapides et ta technique est assez bonne, je te l’accorde, mais le tout manque de fluidité. Respire profondément, décrispe-toi un peu et tu verras que tu gagneras en aisance dans tes mouvements. »

« Les habitudes... sont parfois... tenaces, Maître. », rétorqua Travis, tentant de récupérer son souffle. De la sueur perlait discrètement sur ses tempes, plaquant quelque mèches d'obsidienne sur son faciès. « ...mais j'en prend note. »

A l'inverse, Lorn paraissait totalement détendu. Pas le moindre trouble ne se reflétait dans son regard, hormis cette espèce de gravité inquisitrice qui n'avait cessé de le jauger depuis le début de leur entrevue. Son visage, sec et lisse, ne trahissait pas la moindre fatigue. Juste une concentration nonchalante.
Un léger tic agacé découla sur les lèvres du Padawan...
... qui tourbillonna en avant, lame tendue. Son sabre décrivit un arc de cercle, et parti proprement en biais, presque à la verticale.

Vrooooooonsh

Travis pivota au dernier moment, déformant son balayage en un puissant Dulon, juste sous le menton du Maître d'arme.
Une nouvelle fois, le violine et la nacre formèrent un X grésillant.
Au lieu de pousser en avant, le jeune homme resta campé sur sa position, plongeant ses iris dans le smalt givré de son instructeur. Il n'y eut qu'une brève seconde, juste assez en fait pour permettre à Travis de pénétrer une nouvelle fois dans la Force. Là, il eut l'impression que l'air se cristallisait autour d'eux, telle une gemme de réalité, sillonnée des multiples lignes de failles qui étaient autant de possibilités que d'exactitudes. Il les rassembla une nouvelle fois, une par une, les tissant avec toute la méticulosité qu'il pouvait générer en cette instant pour remonter jusqu'à la barrière...
...qui avait disparu...
...remplacé par un miroir lui renvoyant son propre reflet, lui renvoyant son propre reflet, lui renvoyant son propre reflet...

... il senti la conscience de Lorn l'effleurer.
Travis coupa subitement la connexion et désengagea son arme.

Un mince sourire s'écoulait désormais sur le faciès du Maître d'arme.


« Il est rare de trouver un si jeune individu doté du talent que tu possèdes. Il a beau être encore à l’état brut chez toi, je reconnais bien là le point de rupture. »

Travis recula de deux pas, l'air un tantinet décontenancé.

« Depuis quand est-il apparu chez toi, Padawan ? »

Le jeune homme ne répondit pas tout de suite. Son minois, d'ordinaire si sérieux, affichait un curieux mélange où la surprise se commuait en scepticisme, puis en stupéfaction. Il se souvint des premières années, lorsque Ighelm l'avait pris sous sa coupe et qu'il s'était servi de cette double vue pour lire dans le cœur du Zabrak. Il l'avait fait avec autant d'aisance qu'il lui était laborieux de réitérer l'expérience avec Lorn Vocklan - chose qu'il ne s'expliquait pas... pas jusqu'à maintenant en tout cas. - Ighelm n'avait pas tout de suite perçus cette étrangeté chez Travis Torn, et il lui avait fallu un certain temps pour en saisir les composants, levant le voile sur cette espèce de sensibilité qui transcendait parfois la précognition.
Il lui avait fallu plusieurs années pour être précis...
... plusieurs années là où un Epicanthix n'avait mis que quelques minutes.
Travis remania ce qu'il avait ressenti quand leurs consciences s'étaient mélangées, et il en arriva à une conclusion qui le laissa plus que perplexe.

Etait-t 'il possible ?
Non...non voyons.
Et pourtant...

...il s'était longtemps, et longuement, posé la question ;
« Existait-t 'il quelqu'un d'autre, dans cette galaxie, à même de comprendre et rationnaliser ce qu'il percevait ? »

Quelqu'un comme lui, en définitive.


« Depuis toujours. », répondit Travis au bout d’un certain temps, cherchant ses mots. « ...ça a tout le temps été là, je ne me l'explique pas. C'est sporadique... et irréprimable, ça se contente d'influer suivant les personnes et les évènements. »

Lentement, il ramena son sabre et commença à tourner autour de l'Epicanthix.

« Je... souhaiterais, moi-aussi, vous poser une question, Maître Vocklan. », l'arme tournoya en vrombissant, et il se rapprocha pour porter une attaque. « Comment l'avez-vous perçus ? », les deux lames se rencontrèrent une fois, puis deux. Travis semblait beaucoup plus alerte, plus absorbé, tandis qu'il se laissait envahir par un état semi-méditatif.
« Je ne vois pas trente-six méthodes pour arriver à une telle déduction. Serait-t 'il possible que vous et moi... », il fouetta l'air d'un geste vif et complètement décousu, glissa son sabre sur celui du Maître d'arme, et regagna sa position initiale, si vite que l'enchaînement aurait pu passer pour un seul et unique mouvement. « ...ayons certaines corrélations ? »
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Comme son maître avant lui t le maître de son maître encore avant ça – du moins était-ce ce qu’il supposait – le jeune homme s’était jeté à corps perdu dans la maîtrise de cette arme emblématique de sa fonction. Il avait trouvé en cette maîtrise combat élevée au rang d’art l’exercice, la concentration et la discipline dont il avait besoin pour canaliser ce trop-plein d’énergie et de violence qui avaient toujours été présents en lui depuis le jour où son maître l’avait sauvé. Alors pourquoi le Djem-So plutôt qu’un autre style ? Chaque style avait ses spécificités et convenait plus à un type de personnalité ou de physique, certains exigeaient plus de souplesses tandis que d’autres étaient plus axés sur la défense et la déflexion des tirs pour ne citer que deux d’entre eux, mais le Djem-So – accompagné du Soresu – fut le style avec lequel le jeune maître eut le plus de facilités. Était-ce parce qu’il avait un passif de violence qu’il était à l’aise avec un style aussi actif que celui-ci ? Cela devait très certainement y être pour quelque chose, son maître avait vu juste depuis le début en lui présentant ce style-là très tôt durant sa formation. De toute façon le colosse était tout simplement trop grand et trop massif pour qu’un style comme l’Ataru puisse lui convenir, le style qu’il s’était créé à force de temps et d’expérience reposait sur des mouvements rapides et puissants tout en maintenant une certaine stabilité afin de minimiser ses mouvements.
Si ses jambes restaient collées au sol la plupart du temps, ne bougeant généralement que le haut de son corps durant un affrontement, Lorn ne restait pas statique pour autant mais l’agilité n’était pas la priorité à ses yeux. Avant même Aargau il avait toujours été un roc, grand et solide il déversa des coups secs et lourds sur ses adversaires tout en les combinant avec un bloc défensif dont la solidité était à l’image de ce surnom de « roc ».

À l’inverse son opposant – plus jeune et inexpérimenté – possédait un style plus rapide et souple que son opposant, il avait la volonté de bien faire et de surprendre son adversaire avec un savant mélange de feinte, de bottes et d’attaques qui ne visaient jamais le même endroit deux fois de suite : il avait du potentiel, ce petit ! Le petit souci dans tout ça ? À force de vouloir aussi bien faire et de surprendre l’adversaire avec une pelletée d’attaques rapides, le jeune garçon puisait dans ses ressources à une vitesse folle et une fatigue évidente apparut sur son visage lorsque le maître s’arrêta pour lui donner son premier conseil.

Bouger dans tous les sens et surprendre l’adversaire était une bonne tactique quand elle était maîtrisée, mais le jeune garçon n’était pas encore assez endurant pour supporter l’effort intense que demandait une telle façon de se battre et, pour couronner le temps, son style était loin d’être parfait et Lorn pouvait aisément dénombrer les mouvements inutiles et superflus employés au fur et à mesure de l’affrontement. Problématique tout ça, non ? Mais au moins, contrairement à ses petits camarades, ce garçon semblait déjà avoir une idée du style qu’il voulait développer, il ne restait plus qu’à reprendre des bases solides et perfectionner ce style tout en lui faisait faire des exercices réguliers pour le muscler un peu et surtout améliorer son endurance.

Le combat reprit donc son cours et, lors d’un énième échange, le maître s’ouvrit à la Force et devina d’instinct ce qu’était en train d’essayer de faire son jeune camarade : user du point de rupture pour trouver les failles dans sa défense afin de savoir où frapper. Les deux combattants s’écartèrent et Lorn, curieux, commença à interroger sur padawan au sujet de ce don brut qu’il avait en lui.

Il était étonné, c’était compréhensible car rares étaient ceux avec un tel don, le maître d’armes lui-même dut s’entraîner tout seul afin de maîtriser ce don, mais il n’y avait aucun doute dans le fait que son jeune camarade le possédait auss : cela rendait les choses intéressantes ! Le jeune padawan avoua au maître que ce don allait et venait sans qu’il ait un contrôle dessus, ce à quoi il répondit :

« C’est normal, ça continuera d’aller et venir jusqu’à ce que tu le maîtrise. »

Le combat reprit donc son cours et, ménageant ses efforts afin de laisser au padawan le temps de parler et de se battre en même temps – ce qui n’était pas toujours chose aisée – il écouta son interlocuteur lui demandant comment il avait réussi à identifier ce don. Ne prenant même pas la peine de réfléchir à une réponse claire, il lâcha :

« Je me suis ouvert à la Force et j’ai su ce que tu étais en train de faire, tu essayais de lire en moi pour savoir où frapper. Rares sont ceux qui possèdent ce don, c’est pour ça qu’il est difficile de trouver quelqu’un à même de l’identifier. C’est ton jour de chance, on dirait. »

Le point de rupture n’était devenu rien de plus qu’une aide pour le jeune maître d’armes, une aide qui lui montrait parfois où frapper pour toucher le point sensible d’un adversaire. Alors pourquoi n’utilisait-il pas plus un si précieux avantage ? Car l’expérience lui avait permis d’identifier ces points sensibles aussi efficacement que cette étrange capacité, ce n’était qu’une question d’analyse et d’adaptation, c’était la raison pour laquelle il n’utilisait ce don qu’en cas de difficulté.
Mais il le savait, il savait que ce don pourrait aider le jeune padawan dans sa formation s’il arrivait à le maîtriser…lui n’avait pas eu cette chance car il avait découvert son propre don sur le tard, il était à l’époque déjà chevalier et sa formation était trop avancée pour avoir besoin de cette capacité.
Reprenant le combat en un autre échange de coups, Lorn continua son explication en lâchant un :

« Ouvre-toi à la Force et concentre toi sur moi, ma posture et les failles dans mon style. Mais attention, ne le fait pas au détriment du moment présent sinon tu seras incapable de réagir si ton adversaire passe à l’action. »

Joignant le geste à la parole, le jeune homme positionna son sabre horizontalement et activa sa seconde lame, formant ainsi un double sabre pour se forcer à utiliser un style de combat qu’il n’avait récemment qu’assez peu employé. Oh non il n’allait pas y aller à fond contre ce padawan, il irait assez doucement mais avec un style un peu plus rapide et mobile le garçon utiliserait son don un peu plus intensément. Plus d’attaques donc plus de failles, d’un côté comme de l’autre : ce n’était qu’en pratiquant et en le poussant à bout, petit à petit, que la padawan apprendrait à faire appel à cette capacité quand il le désirait.

Et enfin, le maître décida de conclure en éclaircissant les doutes de son jeune interlocuteur :

« La Force nous a choisis tous les deux, elle nous a donnés le même don. Il t’appartient de t’en servir au mieux, et il semblerait qu’il m’appartienne de te montrer comment faire. »

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