Glurba Lugliiamo
Glurba Lugliiamo
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Quelque chose n'allait pas, Glurba le voyait bien. Il n'y avait pas besoin d'une extralucidité pour voir que Solal tirait la tronche. Pourtant Glurba n'était pas du genre paranoïaque, à s'imaginer tout le temps que les gens le regardaient de travers et le critiquaient dans son dos – oh il ne doutait pas que c'était régulièrement le cas mais il ne s'en tracassait pas plus que ça. Les gens gardaient des préjugés envers les Hutts, et lorsqu'ils ne prenaient pas la peine de bien connaître Glurba, ils le voyaient comme une bête de foire dans le Temple Jedi, une anomalie. Ca avait toujours été le cas depuis plus de quarante ans – quarante-quatre pour être précis, que Glurba avait intégré l'Ordre Jedi. Depuis le Tournoi des Trois Cristaux, où il avait créé la surprise alors que peu de gens avaient misé sur la réussite du binôme incluant le Hutt, et encore plus depuis son accession au rang de Chevalier Jedi, il se sentait moins souvent regardé de travers, mais il ne pouvait pas empêcher les messes basses malgré tout.

Le cas de Solal était un peu particulier puisqu'ils n'avaient pas eu l'occasion de rediscuter depuis que Maître El'Dor les avait fait combattre l'un contre l'autre, cela remontait à trois ans. De l'eau aurait dû couler sous les ponts depuis tout ce temps. Pourtant, Solal avait changé d'attitude dès lors qu'il avait découvert avoir été envoyé dans l'enclave jedi de Dantooine avec Glurba. Deux autres Padawans étaient partis en même temps qu'eux pour une mission collégiale : une jeune Humaine de onze ans, très curieuse, cultivée, studieuse mais un peu arrogante, et un mâle Feeorin de quatorze ans d'humeur toujours égale, au caractère gentil et doux tranchant avec ses aspirations martiales prononcées. Cela faisait deux jours seulement que tous les quatre avaient été envoyés à l'enclave jedi de Dantooine, bien éloignée d'Onderon, pour entretenir les contacts. Glurba avait la charge de s'assurer que ce voyage permettrait l'épanouissement de chacun des trois Padawans en orientant les activités en fonction de leurs aspirations individuelles. Sidaïne, l'Humaine de onze ans, n'avait pas cherché à cacher ses premières grimaces de dégoût en approchant Glurba de trop près – à savoir que cinq mètres c'était déjà trop près pour elle. Elle n'avait d'estime pour Glurba que pour ce qu'il était selon elle à même de lui apporter, mais pas pour ce qu'il était en soi. Elle comptait parmi ces gens qui bien que ne se départant pas de l'idée selon laquelle tous les Hutts de la galaxie n'étaient que d'immondes limaces pleines de vices, faisaient contre mauvaise fortune bon cœur quand elles avaient à partager un moment d'étude avec Glurba. A l'inverse, Gayil, le Feeorin de quatorze ans, s'il avait des préjugés, alors il les étouffait parfaitement, mais il semblait plutôt qu'il n'en avait pas. Et enfin, il y avait Solal...

Glurba regardait d'un air perplexe la mezzanine métallique du garage quand il passa pas loin. Un landspeeder venait de tomber en panne alors qu'une sentinelle de l'enclave devait l'utiliser pour patrouiller. Glurba voulait se munir des outils pour examiner le landspeeder et essayer de réparer la panne, mais tout était rangé en hauteur. Seule une échelle permettait de se rendre à cette mezzanine, impraticable pour le Hutt. Les plus acrobates pouvaient aussi se servir d'un arbre trônant juste à côté du garage et qui permettait de sauter par la fenêtre à hauteur de la mezzanine, laissée toujours ouverte en cette saison.

GLURBA – Ah tiens, Solal ! Excuse-moi, voudrais-tu m'aider ? J'aurais besoin que tu ailles m'attraper quelque chose, là-haut, si ça ne te dérange pas.
Solal Kalel
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Si le temps passant, Solal avait trouvé la force de changer sa manière de penser ou de vivre. Il avait cessé de désirer un maître unique, aspirant à devenir chevalier par ses propres efforts, en suivant l'enseignement de plusieurs aînés à la fois. Quand Maître Mido lui confiait une tâche, il en profitait pour l'instruire, pareil pour la bibliothécaire (qui avait fini par l'apprécier malgré les poils sans son sanctuaire) discourant la journée entière tandis qu'ils classaient les ouvrages. D'autres, plus actifs, lui donnaient un travail qui servirait directement d'enseignement à l'apprenti. C'était un mode de vie épuisant mais couplé aux cours communs et à une bonne dose de travail en autodidacte, le félin tenait le rythme de ses camarades, pour l'instant en tout cas. Serait-il le premier Padawan à passer les épreuves sans avoir eu de mentor attitré ? C'était ce que comptait vérifier le concerné, bien que parfois, le désarroi mêlé à l'épuisement s'emparaient de lui. De plus, il avait beau "trouver sa place" ou s'y résigner, Solal aurait toutefois apprécié un peu de décence de la part du destin. Le forcer à faire face à Glurba, le Hutt qui l'avait battu avec moultes phrases arrogantes était un défi plutôt grand pour sa patience. Pour le moment, le padawan avait tenu, il n'avait pas décroché un mot, demeurant isolé de ses autres camarades. De toutes manières, il ne s'entendait pas du tout avec Sidaïne. Lui-même avait beau ne pas réellement aimer Glurba, ce n'était pas à sa race qu'il en voulait. L'effluve du Hutt lui retournait certes un peu l'estomac et sa bave le dégoûtait mais ce n'était pas une raison pour le montrer ou l'ostraciser comme le faisait l'humaine. Elle ne resterait pas longtemps dans l'Ordre Jedi en continuant de la sorte, si douée soit-elle. Avec Gayil, c'était différent. Les deux Padawans ayant le même âge à peu près, ils avaient signé un espèce d'accord tacite de paix sans tisser d'amitié.

Savoir qu'il allait quitter Ondéron avait réjoui Solal qui, bien qu'aimant le Temple, souhaitait voyager et en apprendre toujours plus. Malheureusement l'annonce avait été gâchée : ce serait Glurba qui les chapoterait. La limace qui avait vaincu le tigre, avant de passer au combat aussi désastreux : serpent contre félin, le tout sous les yeux avides d'un cheval. La fable avait été conclu sans morale mais avec un sarcasme tonitruant quelques jours plus tard lorsque le perdant avait mis en déroute un énorme dinosaure malade qui l'avait agressé dans sa chambre. De cette époque pas si lointaine, Solal conservait un amer souvenir. Il s'était senti traité comme une bête de foire, lancée contre d'autres pour le plaisir d'un sadique Maître Jedi, lequel l'avait dédaigné à la fin de duels perdus contre plus lent que sa personne ou moins formé puisque le serpent était un sénateur. Ridicule et glauque fable.

Depuis, Solal avait appris sans trop d'étonnement que Maître El'Dor avait choisi Glurba comme Padawan. Il avait du coup eu l'impression d'avoir servi de test pour ces deux-là. Le Hutt fanfaron qui séchait les classes qui ne lui plaisaient pas, se montrait orgueilleux librement avait trouvé un mentor, mais pas lui. Le Padawan avait mis du temps à ce que la pilule passe, d'autant plus qu'ensuite, plusieurs aînés s'étaient intéressés à lui avant de le lâcher. Heureusement aujourd'hui, ça allait mieux, mais qu'on ne lui demande pas d'offrir son plus beau sourire à Glurba. Il obéirait à ses ordres sans faire de remous, mais sans plus.

Interpellé par ce dernier, le jeune félin retint un soupir. Il connaissait parfaitement l'Ordre et ses rouages impliquant d'ailleurs la politesse et le respect envers les aînés. Qu'il apprécie ou non la limace, le Padawan ne refuserait jamais un service. Attentif, il étudia rapidement la situation. Une échelle qu'il avait finalement appris à monter après de nombreux entraînements, un arbre facile à escalader. Une chose qu'il pouvait faire contre dix que Glurba parvenait à accomplir et pas lui. Au lieu de s'en réjouir vilainement voire de narguer la limace comme d'autres l'auraient fait, il s'exécuta. Les muscles sillonnant son dos, ses cuisses et ses épaules s'activèrent, mouvant sa fourrure épaisse. C'était toute une merveilleuse artillerie qui s'éveillait pour ce simple geste de grimper sur l'arbre, une artillerie terriblement fonctionnelle dans un autre environnement que celui que Solal aurait aimé dompter. Dans la nature, il aurait été avantagé, ici, il ne l'était guère et c'était bien là le nœud de ses souffrances.

Quelques secondes plus tard, le Félacatian sautait silencieusement à terre, le corps ramassé, il étendit son échine flexible pour aller chercher la proximité avec le limaçon sans le toucher. Sur l'échelle, à niveau du Chevalier, il posa doucement la boîte à outils, permettant ainsi au concerné de facilement la saisir. Il aurait été cruel et très peu Jedi de la mettre par terre, compliquant la tâche de l'être aux bras atrophiés, et Solal avait peut-être beaucoup de défauts mais il n'était pas mesquin.

- Voilà.

Solal soupçonnait Glurba de souhaiter se rapprocher de lui, davantage que s'en servir pour l'humilier. Il avait beau ne pas vraiment aimer le nouveau Chevalier, le Félacatian était juste. Il reconnaissait une certaine bonne volonté à la limace dépourvue d'aussi mauvaises intentions. La tentative restait toutefois maladroite. Quoiqu'handicapé dans de certains domaines à cause de sa race (et Solal lui reconnaissait du mérite en ce sens), il restait avantagé comparé à un être entièrement quadrupède. Il disposait de mains, de la technologie et ne semblait donc pas avoir développé tous les réflexes pour se débrouiller. Quant aux outils en soi, le Padawan se garda bien de faire une quelconque remarque. Il savait Glurba beaucoup plus agile qu'il n'y paraissait pour avoir été battu à plate couture par ce dernier. Il saurait certainement s'en servir. Quant à aider Glurba, ça ne le dérangeait pas en soi, au moins ça, le gamin savait faire et surtout, il avait été éduqué pour être serviable. C'est donc sans se forcer qu'il s'assit non loin, dans l'attente d'autres demandes. Au moins ça l'occuperait et qui sait ? Pouvait-il grapiller un peu de savoir auprès de la limace ? L'idée le tentait moins, mais ce n'était pas comme si le jeune Jedi avait un maître personnel pour se permettre le luxe de rater une occasion. Censé rester plusieurs jours sous l'égide du nouveau Chevalier, Solal ne pouvait pas égarer tout ce temps d'apprentissage potentiel. Il devait toujours travailler et étudier pour se maintenir à peu près au niveau.

- Avez-vous besoin d'autre chose ?

Demanda le jeune félin en offrant le vouvoiement à qui tout aîné pouvait prétendre. Sa voix était plutôt neutre sans être désagréable. Solal avait beau avoir ses petits démons du passé, il avait toujours vécu au Temple. Il connaissait donc parfaitement le principe de contrôle des émotions et de travail sur soi. C'était encore difficile vu son âge (vive l'adolescence) mais il s'y attelait de toute son âme. Un jour, il serait Chevalier lui aussi, fier représentant de cet Ordre qu'il aimait tant malgré quelques conflits évidents.
Glurba Lugliiamo
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Sans mot dire, Solal obtempéra. Ce fut comme un froid glacial qu'il envoya à la face de Glurba. Pas de sourire, même pas un “d'accord”, tout juste un regard. Etait-ce Glurba lui-même le souci, ou y avait-il autre chose ? Solal se sentait-il seulement bien au sein du Temple Jedi ? Arrivait-il à s'intégrer ? Dans le petit groupe détaché sur l'enclave de Dantooine, il ne s'entendait pas avec Sidaïne, et semblait juste rester à l'entente cordiale avec Gayil. Il y avait matière à penser que le problème de Solal était donc plus général. Peut-être ne se sentait-il pas à sa place, peut-être souffrait-il de sa différence morphologique, ou de ne toujours pas avoir de maître attitré depuis le temps. Mais pour le savoir, il fallait réussir à ouvrir le dialogue avec lui. Si on avait envoyé Glurba, si l'on avait choisi, parmi tous les padawans que comptait le Temple d'Onderon, que Solal fût sous sa coupe pendant cette mission de contact, c'est peut-être justement que l'on espérait, là-haut, que l'attitude de grand frère qu'avait toujours adoptée Glurba avec beaucoup d'autres padawans, serve à ce dialogue. Et si le problème de Solal était Glurba lui-même, alors ce serait l'occasion de crever l'abcès.

Le Félacatien fit rouler ses muscles pour bondir sur l'arbre jouxtant le garage, s'accrochant à l'écorce avec ses griffes, et grimpa comme un léopard jusqu'à la branche au niveau de la fenêtre, afin, dans un dernier bond, de passer à travers celle-ci pour gagner la mezzanine et se mettre à la recherche de la boîte à outils que Glurba ne pouvait évidemment pas voir depuis le sol – ou alors une simple petite télékinésie, même s'il n'avait jamais bien appris à maîtriser cet aspect de la Force, lui aurait permis de déplacer l'objet sans avoir à demander de l'aide.

Solal aurait pu demander à Glurba à quoi ressemblait la boîte à outils dont il avait besoin, mais il la trouva rapidement, la prit dans sa gueule et redescendit. Il eut la délicatesse de la poser sur une marche de l'échelle, évitant au Hutt d'avoir à se baisser pour la ramasser.

SOLAL – Voilà.
GLURBA – Parfait, merci.

Si Solal s'était exécuté sans un mot jusque là, au moins il fit entendre le son de sa voix au dernier moment. Il fit même mieux que ça : il s'assit à quelques mètres, regardant le Hutt, et demanda d'un ton neutre :

SOLAL – Avez-vous besoin d'autre chose ?

C'était un premier signe d'ouverture, à ne pas laisser s'échapper. Glurba lui sourit et lui demanda lentement :

GLURBA – Et toi, as-tu besoin de quelque chose ?

C'était une façon d'amorcer les choses qui pouvait surprendre Solal : soit ce dernier allait répondre qu'il n'avait besoin de rien, soit il allait rester quelques secondes perplexe à se demander pourquoi cette question. La première idée de Glurba était de montrer qu'il voulait s'intéresser à lui.

GLURBA – Je vois bien que quelque chose te tracasse. Cela se voit, en particulier depuis que tu as vu que c'était moi le Chevalier désigné responsable pour vous encadrer. Tu peux me parler, tu sais, j'ai le cuir épais...

Avec toutes les moqueries ou les insultes à peine voilées qu'il avait reçues pendant plusieurs dizaines d'années, oui, il avait le cuir épais, au sens propre comme au figuré. Et il se doutait bien que Solal ne serait pas du genre à l'insulter gratuitement, mais plutôt à exprimer ses ressentiments dans les formes de respect attendues.

GLURBA – J'aimerais que tu me dises ce que tu as sur le cœur. Lâche-toi.
Solal Kalel
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- Non.

Sans colère, sans tristesse, tout simplement sans émotion, la réponse avait jailli des babines de Solal. Il avait été surpris par la réaction de Glurba, immédiate. Le Padawan se dandina légèrement sur ses pattes arrières, gêné d'avoir été pris en flagrant délit. Si ne pas apprécier quelqu'un demeurait un droit, on apprenait aux jeunes Jedis à cacher leurs sentiments, faire fi de leurs petites rancoeurs personnelles pour le bien de la communauté. Le Hutt apportait son tribu à l'Ordre, c'était indubitable, c'était donc logiquement le félin qui avait tous les torts.

- Non, je n'ai besoin de rien.

Il baissa la tête, hésitant à en dire plus malgré l'invitation de son interlocuteur. D'une part, l'adolescent ne lui en voulait pas suffisamment pour lui jeter sa colère (d'ailleurs refroidie par résignation) à la figure, de l'autre ses sentiments étaient beaucoup plus complexes que prévu. Que la limace lui laisse l'occasion de s'exprimer concrétisait une situation que le gamin n'avait pu qu'idéaliser sottement, la saupoudrant d'hormones. Aujourd'hui, il pouvait et s'en retrouvait démuni.

- Je n'ai rien contre vous. Je... Trouve même admirable que vous ayez réussi à devenir Chevalier malgré... Vos différences.

Solal tâtait prudemment le terrain, histoire de ne pas vexer le Hutt. C'eût été un comble qu'il le fasse à cause de son espèce car s'il y avait une chose de claire dans l'esprit du Padawan, c'était bien qu'il n'avait jamais eu de préjugés envers son aîné à cause de sa race, son physique ou même son histoire liée à une culture désastreuse. Jamais le jeune Jedi n'avait adhéré aux interrogations de ses pairs à propos de la capacité d'un Hutt à faire amande honorable alors qu'il était né pour faire le mal. Il ne croyait pas, lui, à la prédisposition génétique, du moins en ce sens et de manière aussi systématique.

Le jeune apprenti se força à faire le tri, heureusement habitué à un tel exercice car il côtoyait le temple depuis ses 3 ans. Admettre certaines choses était encore trop douloureux comme la pure jalousie et sa propre incompétence que Glurba, en réussissant, lui balançait en plein visage.

- C'est ces combats. Ils m'ont mis mal à l'aise. On était... Comme des pions, pour Maître El'Dor. Il a fait se rencontrer des bêtes de foire. Vous. Le Sénateur. Moi. Pour couronner le tout, c'est moi qui ait perdu. C'était juste, vous étiez meilleur, mais ça n'en reste pas moins... Humiliant, surtout comme il m'a ensuite dédaigné. Alors je suppose que je ne vous en veux pas personnellement même si... Même si... Euh

Il hésita longuement avant d'obtempérer, après tout, ce trait de caractère si particulier de Glurba faisait partie des petites choses qui avaient alimenté encore la rancoeur de Solal. Ce n'était pas directement dirigé contre lui, mais son égo froissé l'avait été davantage par certaines actions de la limace à postériori

- Je crois que vous êtes un peu arrogant. On dirait que vous vous pensez toujours meilleur que les autres et dans votre bon droit. Alors oui ça m'a un peu embêté, sur le coup, que deux maîtres se succèdent pour vous, surtout Maître El'Dor qu'on dit inflexible sur les protocoles… Et qui ne supporte pas ceux qui se repose sur leurs lauriers… Mais non, définitivement je ne peux pas, je n'ai pas le droit de vous détester.

Le Félacatian se demanda s'il serait puni. Glurba était réputé pour être le "grand frère" de tous. C'était un être vraiment déroutant en réalité. Encore Padawan à plus de 100 ans, il s'était contenté de ses acquis, s'était reposé sur eux pour littéralement ne faire que ce dont il avait envie. Maintenant Chevalier, on le disait encore suffisant mais il était aussi très accessible. Certains, ayant réussi à passer outre sa répugnante apparence l'appréciaient. On décriait ses moeurs légères, sa manière parfois très huttesque de voir les choses (quelques-uns racontaient qu'il léchait les gens et prônait l'esclavage. Des apprentis intellos émettaient l'hypothèse que tout ceci n'était qu'une carapace, qu'en réalité Glurba voudrait complètement renier sa culture première mais n'y paraissait pas, alors il choquait pour correspondre en partie au moins, à ce que l'on attendait de lui. Le jour où le nouveau Chevalier serait prêt, il ferait tomber le masque et se montrerait ouvertement, complètement Jedi avec des principes rejoignant l'Ordre. Solal n'avait guère d'idée sur la question, il était simplement dérouté.

S'il savait le Hutt doué, il le jalousait aussi à n'en pas douter. Lui qui ne se reposait jamais, essayait de se rendre utile tout le temps ne parvenait pas à attirer quelqu'un... Mais c'était un sentiment très laid, nullement acceptable pour un Jedi, alors il l'avait enfoui en lui.

- Mais de toutes façons, que j'échoue ou que je réussisse, j'ai décidé d'essayer de devenir Chevalier en apprenant de plusieurs mentors. Je ne veux pas qu'on me choisisse... -parce qu'il serait encore jeté au bout de quelques jours.- Et je préfère profiter du savoir de nombreuses personnes, alors je suppose que comparer nos parcours est stupide et caduque.

Termina le Padawan en se redressant pour s'ébrouer, comme s'il cherchait à se décharger définitivement de ce poids, sans y parvenir véritablement, bien sûr.
Glurba Lugliiamo
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En entendant la réponse laconiquement négative et presque dénuée d'émotion, Glurba crut d'abord qu'il n'obtiendrait rien de cette amorce de discussion. Ce n'était peut-être simplement pas le bon moment, mais l'essentiel était déjà de montrer à Solal qu'il s'était rendu compte que quelque chose n'allait pas, qu'il s'en souciait, qu'il s'intéressait à lui et qu'il se tenait à sa disposition si à un moment il avait envie d'en parler. Glurba observait un peu le langage corporel du Félacatien piégé sous sa forme “animale” : le regard fuyant, l'arrière-train dandinant, il affichait un certain malaise bien qu'il ne laissât rien transparaître dans sa voix. Il baissa même la tête, comme s'il avait répondu machinalement sans même réaliser l'opportunité que lui offrait Glurba. Peut-être hésitait-il à parler. Et puis, petit à petit, quelques mots supplémentaires sortir de sa bouche de tigre.

SOLAL – Je n'ai rien contre vous. Je... trouve même admirable que vous ayez réussi à devenir Chevalier malgré... vos différences.

Traduire : c'était étonnant de voir un Hutt devenir Chevalier, car sa morphologie l'handicapait et sa psychologie l'éloignait des préceptes de l'Ordre. Solal avait utilisé le qualificatif “admirable” pour essayer de tourner ça comme un compliment, mais cela restait l'énième expression d'un préjugé raciste. Toutefois ce n'était pas le moment pour Glurba d'en prendre ombrage, au moins Solal commençait à parler avec son cœur, et malgré l'injure, Glurba avait plutôt envie de l'encourager à déballer son sac. Par ailleurs, Glurba était même plutôt étonné d'entendre Solal dire une phrase pareille, lui qui n'était pourtant pas réputé pour son esprit raciste. Alors, par fierté peut-être aussi, Glurba se plut à croire que Solal venait vraiment de formuler un compliment car il était envieux du Hutt, se reconnaissant un peu dans sa situation, étant lui aussi d'une nature morphologique pour le moins marginale, un quadrupède dépourvu de membres préhensiles ; le Hutt au moins avait ses bras, mais Solal ne pouvait pas manier le sabre-laser de façon standard, ce qui était marginalisant pour un Jedi. Solal se sentait donc peut-être mieux placé que quiconque pour souligner l'opiniâtreté du Hutt et saluer les efforts fournis pour se hisser au rang de Chevalier, ce qu'il désespérait d'être lui-même capable d'accomplir un jour. On reprochait souvent à Glurba d'être bouffi de fierté, mais Solal en manquait cruellement.

Et puis Solal continua à parler, au plus grand bonheur de Glurba qui lui offrit une oreille attentive, se désintéressant de la boîte à outils qu'il venait de lui demander de récupérer. Solal se montra plus critique envers Maître El'Dor qu'envers Glurba lui-même. Il verbalisa l'humiliation qu'il avait ressentie à être non seulement battu par Glurba, mais aussi par un sénateur républicain. Un Hutt, un Félacatien, un Anacondan... En termes vulgaires : une limace, un tigre et un serpent... Solal avait eu l'impression que tous trois avaient servi de bêtes de foire, que Maître El'Dor s'était amusé de les voir se battre entre eux, comme un spectacle de cirque, et que les deux défaites du Félacatien lui avaient donné une raison de le dédaigner un peu plus.

Solal se trouva emporté dans son élan verbal, et admit finalement qu'il y avait bien quelque chose qui lui déplaisait chez Glurba : son arrogance. A ses yeux, Glurba se pensait toujours meilleur que les autres et dans son bon droit, comme si tout lui était acquis, et lui, humble Félacatien ne demandant rien à personne, avait éprouvé un peu de ressentiment à voir l'arrogant Hutt s'attirer l'attachement de deux maîtres tandis que lui n'avait personne pour lui permettre de s'épanouir.

Malgré tout cela, Solal se refusait le droit de détester Glurba. Il absorbait trop bien les préceptes Jedis et reniait ses ressentiments. Les Maîtres de l'Ordre avaient sans doute raison quand ils expliquaient que toutes ces émotions, négatives ou positives, n'entraînaient qu'un enchaînement d'autres émotions amenant inévitablement vers le Côté Obscur. Toutefois Glurba restait persuadé que l'extrême inverse n'était pas meilleur. Il suffisait de voir Solal : rongé de s'interdire d'être honnête envers lui-même. Est-ce que vraiment Solal trouvait un bénéfice à renier ses ressentiments ? et même ses sentiments ?

Solal conclut avec une phrase pleine de sagesse, cette sagesse qui, disait-on, manquait tant à Glurba, et l'on n'avait probablement pas tort. Glurba n'aurait rien à lui apprendre sur ce terrain là.

GLURBA – Bah déjà, tu vois, t'es déjà plus sage que moi.

Le problème peut-être était justement que Solal se voulait trop sage. Seulement Glurba voulait garder une tournure positive et n'allait donc pas lui reprocher cela.

GLURBA – Je vais te dire : tu as le droit, si c'est ce que tu ressens, d'avoir été vexé par Maître El'Dor. Tu as le droit de me trouver arrogant. Mais c'est autre chose qui te met mal à l'aise, qui fait que tu ne te sens pas bien, selon moi. Ce n'est pas Maître El'Dor, ce n'est pas moi. C'est simplement que tu dois apprendre à te valoriser.

Le Hutt se déplaça d'un demi-mètre pour se rapprocher de Solal puis courba la queue au sol vers son interlocuteur, ce qui dans son langage corporel, montrait une affection pour lui, ou du moins une volonté de le prendre sous son aile, de le réconforter. Désormais le centre de son attention et de son empathie était Solal.
Encore fallait-il savoir lire le langage corporel du Hutt...

GLURBA – Reprenons ensemble. Tu me trouves arrogant. Vois-tu, ce que tu perçois comme de l'arrogance, c'est en fait de la fierté. Et la fierté, contrairement à ce que les gens disent, ce n'est pas un vilain mot. Quelqu'un de fier, c'est quelqu'un d'heureux, tout simplement. Oui je suis fier de ce que je suis, de ce que je deviens, de ce dont je montre être capable, surtout là où on ne m'y attend pas ! Toi-même tu l'as dit : « c'est admirable ce que j'ai réussi à accomplir malgré mes différences ». Mais pourquoi ai-je réussi ? Tout simplement parce que je n'ai jamais considéré ces différences comme un frein. Au contraire, ça m'a toujours motivé à démonter tous les préjugés. Personne ne s'imagine un Hutt capable de se battre : eh bien je me bats, et très bien en plus ! Personne n'a jamais vu un Hutt bricoler avec ses gros doigts : eh bien je bricole, et très bien aussi ! Et s'il fallait participer à une course de vitesse, je le ferais ! Je suis un Hutt, et alors ? Je peux apporter autant qu'un Humain, être aussi performant et être un atout d'aussi grande importance pour l'Ordre Jedi qu'un Humain ! Et toi aussi ! Il faut juste que tu découvres à quel point tu peux être fier de toi ! Et tu seras alors heureux.

Le plaidoyer de la fierté ! Bon, Glurba portait cette “qualité” à son extrême, au point du déni : si fier de son mucus qu'il refusait de voir qu'il l'handicapait quand il le collait sur place et entravait ses déplacements, si fier de sa graisse qu'il refusait de voir que son énorme corps de limace le rendait éminemment lent à se déplacer... Il n'y avait sûrement pas besoin d'éprouver de la fierté au même degré que Glurba, mais son plaidoyer pouvait éventuellement faire sens en tout cas. En réalité Glurba était cet enfant blessé qui, adulte et si différent, voulait exposer à la face de la galaxie toutes ses qualités intrinsèques au point de nier ce que sa nature pouvait représenter d'handicapant ou de moins performant que chez d'autres races notamment humanoïdes.

GLURBA – Et lors de ces combats qui t'ont marqué, devant Maître El'Dor tu t'es senti comme une bête de foire. J'ai vécu la même situation que toi, et pourtant je n'en ai pas été affecté, pourquoi ? Parce que je ne me suis pas projeté dans le regard de Maître El'Dor. Je ne me suis pas senti comme une bête de foire juste parce que j'ai eu l'impression qu'il me voyait comme tel. Je suis resté le fier Hutt que j'ai toujours été et je lui ai montré toutes mes capacités et tout mon talent, et je lui ai imposé de me voir comme je suis réellement. Voilà ce qu'il te reste à faire pour être plus heureux. Moque-toi du regard des autres, et montre à tout le monde qu'on a tort de te regarder de travers juste parce que tu es différent. On pense que parce que tu es un quadrupède tu ne peux pas manier le sabre-laser ? Eh bien apprends à le manier avec la gueule s'il le faut ! Qu'est-ce qui ferait de toi un être inférieur ? Mmmh ? Je te le dis : rien du tout.

Glurba se pencha près de lui et lui posa une main tendre et fraternelle sur l'épaule.

GLURBA – Je veux que tu deviennes fier de toi.

conclut-il avec un clin d'œil.
Solal Kalel
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- Oui, d'accord, mais il y a bien un moment où les limites physiques surpassent le mental, non ?

C'était très étrange de le part d'un Jedi d'admettre ce fait, pourtant Solal avait eu le temps d'y songer. Pendant leurs cours, on leur enseignait quotidiennement que la Force pouvait repousser les frontières sans les outrepasser. Les médecins du Medcorps faisaient des miracles, mais pas toujours et pas sur tous, pareil pour Glurba, la volonté ne faisait pas pousser les bras. Ceci dit, le félin savait aussi que ce que disait son comparse se tenait. Il était la preuve avec un style de combat incluant le sabre qui avait battu le Félacatian. Un peu perdu, tant par les paroles prononcées que par le fait de parler précisément à Glurba, Solal s'assied. Il était dérouté -et soulagé certes- par l'absence de représailles. Les Jedis n'étaient pas du genre à se venger, mais ils restaient des êtres pensants avec leurs failles, ce fameux point qui fait mal quand on appuie dessus. Solal avait déjà vu des professeurs prendre sur eux, s'efforcer de ne pas tenir rigueur mais toutefois avoir une attitude révélatrice envers un élève moins apprécié. Le Hutt lui, ne paraissait pas vexé, au contraire, il était désireux de l'aider.

Heureusement, ceci dit, que le Félacatian n'avait pas suivi le méandre de ses pensées. Il aurait été terriblement vexé qu'on le pense capable de racisme. Dès le début, sa remarque sur "l'infirmité" de Glurba était en fait un compliment. Une remarque née d'observations objectives et non de préjugés. Tout comme un être mince était naturellement plus souple, une autre avec des bras proportionnels était prédisposé au maniement d'outils, le principe même de l'évolution. Pour la contrecarrer, il fallait que la personne plus ronde ou moins pourvue question doigts fasse des efforts incommensurables. Du racisme ? Peut-être mais de la part de Dame Nature alors, car il était vrai que personne ne naissait égal.

- C'est vraiment gentil, j'apprécie, mais j'ai déjà essayé avec la Force ou euh... - Il hésita un moment. Forcément, manier l'arme sacrée des Jedis comme il l'avait fait n'était pas très glorieux.- Avec la gueule, mais soit ça ne tient pas du tout, soit ce sont dix secondes. Vous savez, je sais ma chance d'être ici, d'avoir été sauvé quand j'étais plus petit, et j'aimerais juste trouver le moyen que mon travail porte ses fruits... Pouvoir aider et participer comme les autres.

Pas de volonté d'être meilleur, non, Solal se contenterait d'un niveau moyen partout, il donnerait même ses facilités certaines dans le domaine de la Force pour avoir un maître (qui ne le lâcherait pas au bout de deux semaines), apprendre un peu de chaque compétence. Il voulait seulement participer à la vie en communauté. Jusque là, par chance, le Padawan avait trouvé une petite porte de sortie : son comportement et sa disponibilité lui avaient offert le rôle un peu officieux d'intendant. Il accomplissait les tâches pour lesquelles un maître l'envoyait et on le félicitait souvent d'ailleurs. Malheureusement Solal évoluait et ça devenait compliqué de se satisfaire de ça alors que c'était parfois, le propre apprenti dudit mentor qui lui disait d'aller transmettre un message. Solal voulait devenir un vrai Jedi avec de vraies missions. Le pourrait-il un jour ? Son travail d'autodidacte commençait à le fatiguer, il épuisait ses ressources, manquait de pratique avec un professeur personnel. C'était d'ailleurs un miracle qu'il n'ait pas accumulé plus de retard.

- Comment est-ce qu'on fait la différence entre la fierté et l'arrogance ? À quel moment ça devient dangereux d'être orgueilleux ? Parce que les maîtres nous préviennent bien assez à ce sujet-là.

Le discours de Glurba était tentant, ça paraissait si facile. Le Hutt ne se posait pas de questions, ne souffrait aucunement du regard des autres (au sein d'une communauté assez fermée, il fallait l'avouer, c'était vraiment très courageux… Ou insouciant). Élevé depuis tout petit au sein du Temple, Solal essayait prudemment de démêler la conversation, ce qu'il fallait prendre ou non. D'autres se seraient outrés du langage du nouveau Chevalier mais le Félacatian avait au moins pour lui, la volonté de comprendre les mots au-delà de l'expression utilisée. On lui avait enseigné, depuis sa prime jeunesse, à chercher plus loin que les apparences après tout, et bien qu'il continue de trouver le Hutt trop arrogant, ce dernier avait le mérite de lui parler comme à un égal. Un peu trop d'ailleurs même tant il mettait en avant d'éventuelles qualités du jeune Jedi. S'il avait pu rougir, il l'aurait fait en précisant toutefois que, certes, pour le gagnant c'était un peu moins dur de se sentir jugé ou moqué par El'Dor et d'être fier de sa personne.

- Comment avez-vous appris le combat ? Je veux dire, à ne pas abandonner quand toutes les issues semblaient closes ? Et... Au fait.

Il gratta le sol avec sa patte, gêné de devoir le faire mais ressentant le besoin.

- Merci, de me parler et de vouloir m'aider.

Pourtant c'était sûr, à défaut d'avoir été insupportable, l'adolescent n'avait pas été extrêmement gentil avec Glurba.
Glurba Lugliiamo
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SOLAL – Oui, d'accord, mais il y a bien un moment où les limites physiques surpassent le mental, non ?

Forcément, Glurba allait devoir travailler un peu les résistances de Solal, qui pour l'instant cherchait des objections, ce qui était normal puisque Glurba le poussait à penser différemment, à le mettre dans une situation nouvelle et donc forcément inconfortable au début.

GLURBA – Et qu'est-ce que tu connais de tes limites physiques ? Les seules limites que tu as, pour le moment, sont celles que tu t'imposes.

Le félin s'assit, le regard dans le vide, l'air songeur. Glurba venait de lui faire un sacré plaidoyer de la fierté, mais au-delà de ça, il lui donnait quand même quelques pistes pour être au final un Jedi, non pas comme les autres, mais aussi efficace et capable que les autres.

SOLAL – C'est vraiment gentil, j'apprécie, mais j'ai déjà essayé avec la Force ou euh... avec la gueule...

Même dans sa façon de parler, Solal n'assumait pas d'être ce qu'il était. Il venait de marquer une longue hésitation avant de dire “avec la gueule”, tout simplement parce qu'il éprouvait de la gêne. Entouré d'humanoïde, il était l'un des seuls Jedis à avoir un museau de félin. L'un des seuls dont on pouvait parler de la “gueule” de façon neutre, non vulgaire, car il avait un corps et une mâchoire animaux. Glurba utilisait les bons mots naturellement pour lui, sans montrer d'hésitation, sans montrer de gêne, pour essayer de l'habituer à ce que ce vocabulaire soit normal, pour que Solal s'accepte avec ses différences. Oui, on pouvait parler de sa queue, de ses pattes, de sa gueule et de ses crocs, des mots que l'on n'employait pas pour la grande majorité des Jedis du Temple d'Onderon, mais tout comme on parlait de la queue, du mucus et de la bave de Glurba sans qu'il n'y ait de gêne ou de dégradation. Les Humains, les Duros, les Twi'leks, les Zabraks, les Togrutas et autres, ne bavaient pas naturellement, et ne sécrétaient absolument pas de mucus, mais un Hutt si, et l'on devait pouvoir parler de cela sans se sentir gêné.

SOLAL – ... mais soit ça ne tient pas du tout, soit ce sont dix secondes. Vous savez, je sais ma chance d'être ici, d'avoir été sauvé quand j'étais plus petit, et j'aimerais juste trouver le moyen que mon travail porte ses fruits... Pouvoir aider et participer comme les autres.

Pourquoi Solal se cachait-il derrière la gratitude d'avoir été sauvé quand il était plus petit ? Glurba ne connaissait pas bien son histoire, mais quoi qu'il en soit, Solal n'avait pas à réclamer moins, à être moins fier, juste parce qu'il se sentait redevable.
Ensuite le Félacatien posa une question de vocabulaire :

SOLAL – Comment est-ce qu'on fait la différence entre la fierté et l'arrogance ? A quel moment ça devient dangereux d'être orgueilleux ? Parce que les maîtres nous préviennent bien assez à ce sujet-là.

Glurba eut un sourire un peu amusé, un rien moqueur, mais pas envers Solal, juste envers l'allusion aux maîtres qui mettaient en garde contre l'orgueil. Solal ne faisait pas la différence entre fierté et arrogance, mais lui au moins, il demandait, il cherchait à la comprendre ; il n'était pas le seul dans cette confusion et Glurba s'était déjà lui-même attiré maintes réprimandes sur sa prétendue arrogance.

SOLAL – Comment avez-vous appris le combat ? Je veux dire, à ne pas abandonner quand toutes les issues semblaient closes ? Et... au fait... (grattant nerveusement le sol d'une patte) merci, de me parler et de vouloir m'aider.
GLURBA – C'est normal si je vois que ça ne va pas. J'ai toujours été comme ça et c'est en plus ma responsabilité maintenant que je suis Chevalier, héhé...

Solal posait maintenant beaucoup de questions et Glurba n'avait pas eu le temps d'y répondre une par une.

GLURBA – J'ai été exilé de ma famille très jeune à cause d'un Sith, à l'époque où on les pensait éteints, et j'ai été recueilli sur Nazzri. Je me suis juré, alors que j'étais encore petit... j'avais quoi, une cinquantaine d'années galactiques... que je me vengerai un jour des Siths. Alors bon, j'étais enfant, je n'avais pas encore l'éducation que j'ai, donc forcément je pensais à la vengeance. Mais ce qui n'a pas changé, c'est que déjà à cet âge, je savais qu'un jour je quitterai cette planète et que je combattrai des Siths. J'étais à un endroit où personne ne voyait jamais de Hutts. Je me suis enrichi de ça, en apprenant plein de choses que l'on n'attend pas d'un Hutt. Et déjà à cet âge-là je voulais apprendre à me battre. Je ne me suis jamais résigné à voir les « issues closes », comme tu dis. Et en combat ce n'est pas non plus ma mentalité. Si je pense à la possibilité d'abandonner, je limite mes chances de gagner. Je suis trop fier de ce que je suis devenu et j'ai trop d'ambition pour m'avouer vaincu. Et pour moi c'est une qualité, quoi qu'en disent les maîtres. Si j'ai réussi à vaincre des Siths, c'est grâce à ces qualités.

La transition était donc toute trouvée pour expliquer la différence entre fierté et arrogance.

GLURBA – La fierté est une qualité, l'arrogance est le reflet du jaloux. Personne n'est de nature arrogante : on est simplement jugé arrogant par ceux qui ne sont pas fiers d'eux-mêmes. Si tu remportes un duel, tu vas célébrer ta victoire parce que tu seras fier, et au final personne ne saurait te le reprocher... sauf le perdant qui va te trouver arrogant, simplement parce que lui, ne sera pas fier de son combat. La différence entre ces deux mots dépend juste de l'œil qui regarde. L'heureux verra la fierté, le jaloux verra l'arrogance.

Glurba n'aurait pas pensé réussir à si bien expliquer son point de vue sur cette question de vocabulaire.

GLURBA – Bon, assez parlé littérature et philosophie ! Revenons à ma partie préférée : la pratique ! Tu veux pouvoir te battre au sabre-laser, n'est-ce pas ? Eh bien contrairement à toi, moi, je suis sûr que tu le peux ! Si le sabre-laser ne tient pas dans ta gueule pendant que tu te bats, c'est peut-être simplement qu'il te faut le bon manche ! Regarde...

Glurba détacha son sabre-laser pour montrer son manche à Solal. Il présentait un relief tout à fait comparable à la peau d'une limace des jardins. Parsemé de petites stries concaves rapprochées. Evidemment il était maculé de mucus, et surtout, quand le Hutt retira sa main pour laisser Solal examiner le manche, plusieurs liens de mucus accrochèrent sa main à l'objet. Et pour une fois, c'est précisément ce que Glurba voulait montrer.

GLURBA – Pour avoir une meilleur prise sur mon manche, je ne l'ai pas voulu lisse, il aurait pu glisser avec le mucus de ma paume. Toutes ces stries font que mon mucus accroche beaucoup dessus, ainsi je suis sûr que mon sabre-laser ne me glisse pas des mains. Plutôt que de me dire : « mince, mon sabre-laser va glisser à cause du mucus sécrété par ma main », eh bien je tire justement avantage de mon mucus, parce qu'il y aplein d'avantages à en tirer. J'ai fait un manche qui soit adapté à moi. Ce manche de sabre-laser n'est pas pensé pour un Humain, il est pensé pour un Hutt.

En conclusion :

GLURBA – Il suffit donc juste de te concevoir un manche de sabre-laser conçu pour toi. J'ai une idée. Viens, suis-moi.

Glurba se mit à ramper vers un établi dans l'atelier, en cessant de parler pour laisser Solal digérer les informations.
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