Karm Torr
Karm Torr
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Il paraît qu’il est capable de tuer un Trandoshan à mains nues.
J’ai entendu dire que sa Padawane pouvait lire dans les pensées.
Sur Pakuuni, il a défait tout un bataillon de droïdes de combat à lui tout seul.
J’ai un cousin dans le 12e régiment d’infanterie corellien, il l’a vu une fois sur le champ de bataille, il fait plus de deux mètres et ses biceps ont la taille d’un Hutt.
Soldats.

La voix du capitaine domina le brouhaha du hangar B3 du Résilience, en orbite autour de Dantooine. Les fantassins se rangèrent aussitôt en une haie d’honneur, avec la précision militaire que leur officier supérieur était en droit d’attendre d’eux. Les mains croisées dans le dos, celui-ci longea les rangées à pas lents, promenant sur eux son regard sévère et inquisiteur.

Le Maître Torr est l’un des combattants les plus réputés au sein de l’Ordre Jedi. Les Jedis sont des gens de discipline et de protocole. J’attends de vous que vous lui témoignez du respect. Dans les formes. Est-ce que c’est bien clair ?
Capitaine, oui, capitaine, répondirent les soldats d’une seule voix !
Capitaine Wong, intervint le droïde protocolaire qui secondait l’officier. La navette jedi est en approche.

Le militaire réajusta son uniforme alors que le petit appareil en provenance de l’Enclave pénétrait dans le hangar, pour se poser devant la haie d’honneur. La rampe de débarquement s’abaissa lentement.

N’importe quoi, les jeunes. N’im. Por. Teuh. Quoi. Le piment chustlz putréfié, c’est ce qui fait tout le charme d’une bonne soupe de courges. Vous savez pas où sont les bonnes choses dans la vie.

Il était là.
C’était lui.
Enfin !

Le Maître Karm Torr.
Pas assez grand pour attraper tout seul les pots de gelée de coing en haut du confiturier.

Les fantassins firent tout leur possible pour ne pas échanger des regards perplexes quand un type androgyne vêtu comme un contrebandier de la Bordure émergea de la navette, entouré par des jeunes gens dont la plupart le dépassaient d’une bonne tête. Le capitaine Wong, lui, ne marqua pas la moindre surprise : il avait servi avec assez de Jedis pour savoir qu’en la matière, l’habit ne faisait littéralement pas le moine.

Maître Torr, dit-il en s’inclinant avec respect. Capitaine Yu-Wan Wong.
Capitaine.
C’est un honneur que de vous accueillir à bord du Résilience.
C’t’un honneur que d’être accueilli.

Sous le regard perplexe des soldats, les Jedis remontèrent la haie d’honneur.

Nous avons récupéré votre collègue sur Coruscant, poursuivit le capitaine. Nous sommes prêts à passer en hyperespace et à rejoindre Kalee dès qu’il vous conviendra.
Allons y.

Le capitaine prit le comlink que le tendait son droïde pour donner l’ordre à la passerelle de commandement. Puis ils pénétrèrent dans un turbolift.

Ma Padawane, Sîdh. Et la Padawane Kiîk. Voici Schurver, agronome et économiste de l’AgriCorps et la Chevalière Hatipiti, Guérisseuse.

Pour eux, le capitaine Wong n’eut qu’un signe de tête.

H1-N1 pourra vous montrer vos quartiers.
Schurver va s’occuper du déchargement et de l’installation. Hat ?
J’aimerais me coordonner dès que possible avec vos équipes médicales.
Naturellement.
Sîdh et Kiîk nous accompagnent.
Fort bien.

L’ascenseur fit deux arrêts pour déposer Hatipiti et Schurver aux ponts appropriés, avant de s’arrêter au niveau de la passerelle de commandement.

Si vous voulez bien m’excuser, je vais m’assurer que tout est en ordre pour notre voyage. H1-N1 va vous conduire à la salle de réunion, je vous rejoins très vite.
Si Vos Lumineuses Excellences veulent bien me suivre…

Avec force cliquetis, le droïde protocolaire conduisit les quatre Jedi le long de la galerie, avant de les introduire dans une salle dépouillée où un très joli jeune homme en bure de Chevalier paraissait absorbé dans la lecture de son datapad.

Qu’il est studieux.

Loé sursauta en relevant les yeux.

Maître, s’écria-t-il avec une joie véritable, je ne vous ai pas senti arriver !
J’ai pris une douche.

Le jeune Chevalier quitta sa place pour se porter à leur rencontre. Il eut un mouvement comme pour les prendre dans ses bras tour à tour, puis se ravisa, un peu embarrassé. Ils ne s’étaient pas vus depuis presque deux mois, pendant lesquels le Consulaire avait été placé en immersion dans une planète de la périphérie républicaine, comme ambassadeur, afin d’y assurer de bons rapports avec Coruscant.

Son regard se posa sur Thann.

C’est moi ou tu as encore grandi ?
Elle fait ça pour nous deux.
Vous avez toujours la possibilité des talonnettes, maître.
Tsss. Tous mes efforts pour t’insuffler le respect de tes aînés, réduit à néant par l’influence corruptrice de Thann. Tout se perd…

En parlant d’influence corruptrice, les yeux du jeune homme s’arrêtèrent enfin sur Seiid.

Enchanté, dit-il simplement, mais il y avait peu de doute que sa perspicacité remarquable lui avait fait deviné depuis longtemps une partie de la vérité : Loé était fin psychologue.

Les Jedis s’installèrent autour de la table de réunion.

Au fait, j’ai rencontré ton…

… frère. Mais trop tard : le capitaine avait refait son apparition. Il s’assit sans rien dire et, d’un geste de la main, invita le jeune diplomate à prendre la parole. Loé se releva, bien plus sûr de lui que le jour où il avait rencontré Thann et Karm.

Notre mission nous conduit sur Kalee. Comme vous le savez, la société kaleesh repose sur une organisation tribale dans laquelle les conflits armés jouent un rôle important. Ils régulent les rapports de pouvoir au sein de la planète et limitent l’apparition d’une tribu dominante. C’est un équilibre complexe et délicat, dans un monde dont les ressources commerciales sont par ailleurs limitées. Aujourd’hui, cet équilibre est menacé.

L’image d’un Kaleesh avec un masque cérémonielle apparut depuis l’holoprojecteur central de la table.

Xyrhydpakoï est un renégat d’une tribu mineure à la périphérie de la région polaire. Déshonoré lors d’une ancienne guerre, il a passé les dix dernières années à rassembler des marginaux et des parias pour former sa propre tribu, qui opère plutôt comme une organisation paramilitaire que dans le respect des traditions kaleesh. Ses tactiques ont par conséquent pris par surprise les tribus avoisinantes et il a réussi à étendre son influence sur une bonne partie de ce continent.

Au visage du seigneur de guerre succéda le globe de la planète.

Ses méthodes sont brutales, possiblement génocidaires. Le conseil tribal du continent a demandé de l’aide à la République pour intervenir dans le conflit. Quand j’étais Padawan, j’ai moi-même participé à un sommet de paix entre différentes tribus de Kalee et cette demande, si elle n’est pas inédite, reste exceptionnelle. Elle témoigne du fait que, selon le conseil tribal, Xyrhydpakoï a rompu les traditions communautaires et que son déshonneur autorise l’intervention d’une puissance extérieure.

Si Loé conservait une expression neutre, il était en réalité touché par la situation : le jeune homme gardait un souvenir vif de sa première mission sur Kalee et des gens qu’il y avait rencontrés. L’idée qu’ils puissent devenir des victimes du tyran l’inquiétait profondément.

La République estime que Xyrhydpakoï est en position de conquérir le continent, peut-être la planète. Étant donné les traditions guerrières de Kalee, un tel résultat conduirait à l’émergence d’un État totalitaire militariste qui menacerait les frontières républicaines. Et en lequel l’Empire trouverait un allié naturel. Qui plus est…

Loé eut un regard pour son ancien maître.

Qui plus est, Kalee est un importateur des produits agricoles de Dantooine. Même si l’économie de la planète est modeste, Dantooine s’inquiète de la situation humanitaire de l’un de ses partenaires d’échange. Cette mission a du coup plusieurs facettes. Estimer les dégâts causés par le conflit et apporter une expertise de reconstruire, soutenir militairement les efforts du conseil tribal, localiser et neutraliser Xyrhydpakoï et assurer la médiation avec les tribus qui seraient tentés de le rejoindre.
Le Conseil Jedi estime-t-il que l’Empire a des pions dans cette histoire ?
Douteux, à ce qu’on m’en a dit. L’attention de l’Empire est concentrée sur la campagne hutt, de l’autre côté de la Galaxie, et leurs propres renégats ont affaibli leur influence sur cette bordure. On peut pas écarter qu’un Moff ou un Sith y voit une occasion de tirer son épingle du jeu, mais Kalee n’est pas un monde très riche, qu’il en faudrait plus pour attirer leur attention.
Bien.

Le capitaine Wong se releva.

J’ai établi un plan de débarquement et une proposition de déploiement à faire au conseil tribal. Naturellement, ils attendent tous les deux votre validation, Maître Jedi. Il me paraît en tout cas prématuré de prendre des décisions définitives à des secteurs de distance. La situation et les personnes sur place doivent déterminer la meilleure tactique.
Ouais. Je veux dire : certes. Notre Guérisseuse pilotera la partie humanitaire de l’opération et Schurver déterminera avec le conseil tribal les piliers de la reconstruction.
Bien. Je vous laisse affiner les contours de votre intervention à tous les quatre. Je serai sur la passerelle de commandement.

Et le militaire s’éclipsa.
Thann Sîdh
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21.575, 1er semestre • Dantooïne, Chambre de Thann Sîdh.

#Seïid Qiik, crimson

« Non, Bouteboute, je ne suis pas sûre de moi… – -... . ... --- .. -. / .-. ..-.. .--. --- -. ... – Et alors ? Puisque je te dis que je ne sais pas… J’ai dessiné ces plans, je les ai imaginés, je n’ai pas conçu l’architecture de tout ça ! Je ne suis pas dans le génie civil, où est Ephel ? C’est lui qui doit m’aider là-dessus. – .. -. .--- --- .. --. -. .- -... .-.. . / .-. ..-.. ..- -. .. --- -. – Bah voilà... Alors tout le monde patiente gentiment, Coruscant ne s’est pas faite en un jour, et qu’on arrête de compter sur moi pour prendre des décisions que je ne peux pas prendre seule. »

La porte, si elle avait pu se refermer à la volée, eût claquée de toutes ses forces. Plutôt que cela, elle se contenta d’un demi-sifflement sans passion. Un demi-sifflement ? Si la Miraluka n’était pas si préoccupée, elle l’aurait remarqué. Là, il passa inaperçu. A l’autre bout de son balcon, elle venait de s’accrocher au garde-fou de celui-ci comme pour l’arracher. Ou peut-être cherchait-elle dans la stabilité de l’ensemble de la structure, la stabilité qui lui manquait. Elle projeta son esprit au-loin, à l’horizon.

L’enclave jaillissait. Ses membres, comme des ramures, tendaient leurs doigts en tous sens, sans qu’aucun ne fût fini véritablement. Un étrange arbre déplumé. Tout lui semblait si compliqué maintenant que le rêve céder le pas à la réalité. On ne cessait de la solliciter. Si au début, elle avait été terriblement excitée par les bouleversements, aujourd’hui, elle s’inquiétait de ne plus être à la hauteur des attentes. Avait-elle péché par orgueil ? Des mains s’emparèrent soudain de sa taille, elle ne put retenir un cri avant de l’entendre rire.

« Alors Padawan Sîdh, on se laisse si facilement surprendre maintenant ? – Mais qu’est-ce que tu fais là ! Et … Mais ! – Vois-tu, il y a des gens à former ici, et ton maître ne peut s’occuper de tous, alors c’est au mien qu’on a fait appel pour le suppléer et… là où il va, je vais ! » Elle ne demanda pas plus d’explication de la part de sa Togruta préférée. Elle se contenta de lui sauter au cou et de se blottir contre elle de longues minutes durant. Sûrement, le poids des responsabilités lui paraîtraient moins lourd une fois partagé.


Quelle équipée. Surgie des entrailles de la navette, il était difficile de savoir qui l’enfilade des soldats présents fixait le plus : l’immense Togruta, le freluquet à la réputation intergalactique ou la rousse qui le dépassait d’un gigantesque demi-centimètre à présent. Il n’y avait guère que la bure de la première pour souligner la nature du trio, quoique la solide armure qu’elle portait dessous suggérât assez fortement l’orientation martiale de ses capacités. Thann, elle, n’avait plus rien à voir de la Padawane de quinze ans qu’elle avait été. Elle sourit tout ce qu’elle put lorsque Loé les remarqua. Il fallait être un zélote en plein délire mystique pour être plus galvanisé qu’elle à cet instant, en passe de réaliser sa première mission entourée de tous les gens qui comptaient pour elle. Décidée à montrer le meilleur de la nouvelle Thann, elle écouta le briefing avec une attention particulière. Lorsque le Capitaine s’effaça, avec la voix d’une professionnelle en opération, elle s’adressa à l’assemblée.

« Quel sera alors notre rôle dans tout cela ? »
Karm Torr
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Leur rôle ?


Les regards se tournèrent vers Karm.


Ben j’sais pas, vous en pensez quoi, vous ?
Hé bien, euh…


Loé s’éclaircit la gorge.


C’est que c’est vous qui êtes plus ou moins le Maître.
Plus ou moins ?
Plutôt plus que moins ?


Le Maître hocha lentement la tête, le regard fixé sur les hologrammes qui décrivaient la situation sur Kalee, sans doute de façon approximative. Leurs informations seraient plus précises quand la Résilience aurait pu éjecter ses satellites de surveillance en orbite de la planète.


J’vais m’occuper d’essayer de capturer Xyrhydpakoï, annonça-t-il. Loé, une fois que le conseil tribal t’aura indiqué les tribus indécises, tu te rendras auprès des plus stratégiques d’entre elles pour négocier au moins une trêve, puis sinon un renversement d’alliance. Ça paraît possible ?
Difficile à dire vu de l’extérieur, admit le Consulaire, mais j’imagine que oui. Selon mon expérience, dans ce genre de confits, un intermédiaire extérieur est souvent préférable. Le propre d’une guerre civile, c’est que la société elle-même a cessé de fonctionner selon ses habitudes. Il faut un regard neuf sur la situation, pour faire émerger des solutions nouvelles.
Bon. Thann, Seïid, vous accompagnerez l’infanterie républicaine dans la jungle autour de la ville principale, pour en assurer la protection. Et repousser les assauts si nécessaires. De c’que j’en sais, les hommes du Résilience ne sont pas habitués à ce genre d’environnement, et ils auront besoin de quelqu’un avec de l’expérience des natures sauvages.


La Padawane d’un Maître de l’ExploCorps était donc une personne toute indiquée.


Le capitaine Wong est un homme de traditions, intervint Loé en considérant les deux jeunes femmes, et il a formé ses hommes dans le même esprit. Ils s’attendront probablement à ce que vous preniez les devants. C’est-à-dire qu’ils se rangeront sous votre autorité, en tant que Jedis.


À ce propos, Loé n’était pas beaucoup plus rassuré que ses cadettes. Sa première mission en tant que Chevalier avait été d’un calme absolu : un ambassadeur planétaire, ça n’avait pas grand-chose à voir avec une situation de guerre. La perspective de descendre sur cette planète inconnue pour y manier seul le destin de tribus entières aurait eu de quoi l’effrayer, s’il n’avait su qu’il s’était entraîné toute sa vie pour des situations de ce genre.


Loé, tu veux bien… ?


Le jeune homme hocha la tête, adressa son sourire le plus rassurant à Thann, et un signe de tête à Seïid, avant de quitter la salle de réunion, pour partir retrouver le capitaine sur la passerelle de commandement.


J’ai confiance en vous, dit-il, quand la porte se fut refermée derrière son ancien Padawan. Souvenez-vous que… Diriger, c’est pas tout décider, c’est pas tout savoir toute seule et c’est pas être infaillible. C’est d’abord reconnaître l’expertise et la perspicacité de ceux qui vous entourent. C’est bien d’avoir conscience de ses propres faiblesses, ça vous en rendra que plus attentives aux forces des autres. Et puis diriger, c’est aussi… Incarner quelque chose.

C’était l’exemple qu’il espérait avoir donné à sa Padawane : ne pas chercher à passer pour un surhomme et être attentif à ce que les autres, même les plus jeunes et les moins expérimentés, pouvaient avoir à dire sur une situation. C’était ces valeurs aussi qu’il souhaitait inspirer à un Ordre Jedi qui lui paraissait parfois trop soucieux de la manière dont la Force le distinguait des autres, plutôt que de la manière dont elle appartenait à tous.


Wong est un capitaine, un tacticien, un commandant. Il saura vous donner le cadre général. Déterminer quoi défendre, contre quels assauts. Les soldats connaissent peut-être pas la jungle, mais ils connaissent la guerre. Fiez-vous à leur expérience et fiez-vous à la Force. Sachez ce que vous savez, sans ignorer votre ignorance.


Le regard du Gardien quitta le visage de sa Padawane, pour se poser sur Seïid. Fameuse Seïid, dont il soupçonnait désormais fort bien l’importance et le rôle dans la vie de sa protégée. Aussi peu conventionnel qu’il fût, Karm avait bien ce regard pénétrant, et même dérangeant, que les maîtres de l’Ordre semblaient avoir reçu en partage.


Beaucoup vous rappelleraient ici que votre fidélité est d’abord à ceux que vous allez protéger, ensuite ceux que vous allez guider, et enfin seulement l’une à l’autre, et beaucoup vous diraient qu’aucune affection ne doit venir troubler vos décisions sur le champ de bataille, si bataille il y a. Mais tout ça, c’est des théories de coincés du cul.


Fort de cette éloquence toute personnelle, l’explorateur poursuivit :


Ce que vous sentez dans vos corps et dans vos coeurs, cet élan vers l’autre, c’est la porte du Côté Lumineux. Parce que d’la même manière que la colère contre un seul peut s’aigrir et lentement devenir la détestation de tous, l’amour pour une peut être la source de la compassion universelle, et dans cette compassion, vous trouverez tout ce qui vous unit par la Force Vivante à la jungle et à vos hommes, à la planète et à ses habitants, et alors les décisions à prendre vous paraîtront pus claires.
Zerath Ular'Iim
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- Mon Commander, arrivée en orbite de Kalee dans trois minutes. Le capitaine Yu-Wan Wong a été prévenu de votre présence.

Le pilote hésite, risque un regard derrière son épaule. Pas un mot, pas un murmure - pas même un souffle pour répondre à ce qu’il vient de transmettre. Malgré le casque sur ses yeux - nécessaire pour transmettre toutes les informations relatives à la bonne manoeuvre du vaisseau, il devine, là, au fond, le Commander. Par-delà la volée de marches qui sépare le poste de direction et l’entrée du cockpit, à l’entrée même de la porte donnant vers l’habitacle passager de la navette, il se tient, énorme - figé pareil à une statue de laiton.

On devine ses yeux de vipère, irisés d’une brillance profonde, qui errent, fixent un point perdu - peut-être le Commander tente-t-il de discerner au sein même de l’espace obscur et profond? Est-il happé dans la noirceur entre les étoiles, ou dans quelque réflexion impénétrable de son esprit à la fois machine et à la fois vivant? Lorsque enfin on débarque, il ne dit guère pas un mot de plus; pourtant, sitôt la navette entrée dans le hangar du Résilient, le Commander déjà met-il pied à terre.

On ne s’attendait pas à sa venue impromptue. L’opération est après tout entre de bonnes mains, et l’État-Major a choisi l’homme de la situation. Le capitaine Wong a un parcours impeccable, un service honorable à travers la marine républicaine, il sait choisir les hommes appropriés pour gérer les crises avec tact, toujours mène ses troupes avec discernement. Certainement, la présence du Commander est-elle peut-être un peu brusque...Et en provenance de Entralla qui plus est. Un laborieux voyage spatial, qui a dû épuiser le Commander, si ce dernier voulait bien ralentir un peu le pas...

La machine poursuit son inépuisable marche. On se met au garde-à-vous sur son chemin, on trotte dans son sillage.

L’opération a été mûrement réfléchie. En médiateurs aussi bien qu’en guerriers pour affronter les forces de Xyrhydpakoï, on a même fait appel à l’Ordre Jedi, dont les représentants sont arrivés il y a moins de dix minutes à peine...


Zerath pénètre dans la salle, précédé par l’annonce du sous-officier à bout de souffle qui l’accompagne:


- Le Commander Ular’Iim...!

Les double-portes du pont de commandement ne sont pas encore complètement ouvertes que déjà le cyborg est entré. Orage apparu subitement, il avale la distance entre l’entrée et le conseil de guerre en un battement de cils, sur les nuages roulants de son manteau pourpre, sous les tonnerres de sa respiration et des vérins hydrauliques actionnant son corps.

De ses yeux au regard glacé, il tranche à travers la chaleur des visages présents, observe au-delà du spectre de la couleur, droit dans le fantôme de l’âme et de l’émotion. Il ne connaît guère qu’un seul visage ici: l’humain qui se tient au garde-à-vous et qui revêt l’uniforme républicain. Le capitaine Yu-Wan Wong. Zerath observe à nouveau les autres âmes présentes. Les Jedi promis. Ainsi que lui quittait Kalee, dix ans plus tôt, persuadé qu’il trouverait à travers les mystères de l’Ordre Jedi des preuves de ses dieux et s’en trouvait à aider la République en luttant pour ses couleurs, voici qu’à présent les Jedi se trouvent revenus sur son propre monde pour l’aider à son tour. Shrupak, quel présage ici? La fin d’un cycle, certainement. L’achèvement d’une époque, une page qui se tourne dans le livre de l’histoire en marche .

Le capitaine repère dans le dos du Commander une présence ô combien familière, parjure même - jugée pour crime de guerre, condamnée à l’exil retranchée à son monde natal loin de ses ambitions et aspirations pour la galaxie: Emalia Kira en personne.

Zerath jauge les Jedi une dernière fois, tentant de discerner leurs émotions, avant de marcher jusqu’au bord du précipice, droit à la baie qui donne sur l’espace; le vide vertigineux et en dessous, brillante, la sublime et superbe Kalee. Une vague de nostalgie le submerge, avant de se troubler en mélancolie. Kalee, monde de rêves, à peine touchée par la technique et la technologie. Un monde de sensations, de fragrances et d’odeurs. Simple, honnête - cruel parfois mais aussi généreux et nourricier, un monde sauvage et sa terre natale.

- Jamais n’aurais-je pensé revoir Kalee, joyau parmi les plus superbes pierres - et pourtant de ressentir si franche angoisse. Aucune bataille sur ce monde ni dans la galaxie n’a suscité en moi si incontrôlable terreur.

Si ses mains n’étaient faites d’acier, sans doute tremblerait-il de tout son long. Il sent cependant bien assez les frissons glaçant son échine et les lancinantes accusations de son propre coeur. Wong semble surpris. La réputation de Zerath au sein de l’armée, certainement, lui aura donné une appréciation différente de celle d’une machine pleutre.


- Mon Commander ne vous inquiétez pas, nous allons arrêter les armées de Xyrhydpakoï...Votre monde ne sera plus en danger.

Le grand cyborg s’abîme dans la contemplation de son monde natal. Il se retourne enfin vers ses interlocuteurs, les observant pleinement.

- Il n’est guère question de conquêtes ou territoires. Quelles que soient ses méthodes, si les miens ne savent triompher alors ont-ils perdu le droit de s’élever et sont-ils voués à sombrer. Le conseil tribal de Moksiir a appelé à l’aide, car ils ont perdu racine avec la voie des dieux. Non...Xyrhydpakoï et ses conquêtes, sa campagne et ses triomphes...Mais il a eu l’audace de prendre d’assaut le temple de Shrupak; de contrevenir au pacte passé avec les dieux avant qu’ils ne s’élèvent - temple dont je suis gardien. Et cet apocryphe, après avoir forcé les portes du domaine sacré a osé y dérober plus beau joyau que ses yeux ne méritent jamais d’observer; il a dérobé ma femme.

La voix de la machine, se colore d’émotion. De l’acier inerte, elle passe désormais au fer incandescent:

- Pour tous ses crimes, j’interviendrai personnellement pour envoyer Xyrhydpakoï et ses ambitions aux ténèbres de Shaaz’rak. Je dissiperai ses armées aux vents astraux, je marcherai sur ses desseins puis sur son coeur après l’avoir arraché de sa poitrine encore battant. Je ne viens pas à vous par manque de confiance en vos compétences, capitaine, maîtres Jedis. Je me tiens ici pour anéantir un impie qui a osé toucher à l’existence la plus sacrée de la galaxie en son lieu le plus consacré.
Thann Sîdh
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Thann sentit soudain comme une montagne s’abattre sur ses épaules. Guider des combats ? Vraiment ? C’était une chose que d’avoir réussi à surmonter ses traumatismes, c’en était une autre que de réussir à ne plus y céder de nouveau plongée au cœur des combats. En outre, la responsabilité devenait soudainement d’une ampleur vertigineuse. Hier encore, elle parcourait un bateau, sous le couvert de son maître, pour arrêter quelques brigands, et soudain, la voilà placée à la tête d’escouades, seule, devant décider d’une marche à suivre ? Non. Pas seule. Elle n’était jamais seule. Son maître était là, Seïid était là, la Force était là. Elle n’était jamais seule. Elle prit une profonde inspiration, se concentra sur les projections holographiques de la planète tandis qu’elle laissait les mots de son mentor la pénétrer. Loé, Seïid, Karm. Que pouvait-il mal se passer alors qu’une équipe pareille était réunie ? L’harmonie serait rétablie, les effusions de sang inutiles, évitées. Limiter la violence, n’engager un combat que pour protéger, profiter de la sagesse de chacun pour parvenir à prendre les meilleures décisions. De nouveau, elle appela l’air, bloqua, libéra doucement. Elle était calme. Elle se nourrissait de leur lumière. En paix, non pas parce qu’elle ne sentait rien, mais bien parce que leur présence, à tous, l’amener à cet équilibre intérieur, à cette assurance.

« Bien, alors nous collaborerons avec les forces en présence. Puisque que nous sommes sur Kalee, j’imagine que leurs villes ne sont pas dénuées de dispositifs défensifs. Disposons-nous déjà des informations nécessaires ? – Oui. La ville est ancienne et les forces de la République ont ces informations de longue date. Je vous projette ça tout de suite. » Le chevalier, Thann avait encore un peu de mal à lui admettre le statut – moins parce qu’elle lui nier la compétence que parce qu’il restait dans son cœur son co-Padawan, fit voler rapidement ses mains sur un dapatad et la vue, sur la table stratégie, évolua. La ville apparut dans une représentation en trois dimensions. Ses éléments architecturaux stratégiques furent mis en évidence, le relief également, les alentours. « Effectivement, la forêt est… dense. Avons-nous à craindre les bêtes sauvages autant que d’éventuels belligérants ? – Il est possible que l’avancée d’une armée ennemie puisse pousser la faune locale à la panique et à une fuite vers les abords de la vi… »

La porte s’ouvrit sans prévenir, concentrée sur les gens présents autour d’elle, même la Miraluka n’avait pu percevoir à l’avance l’arrivée inexorable de la machine. Elle se figea. Le Commander des forces de la République n’eut pas un salut, pas une présentation, rien d’autre qu’une rage sourde qui s’imposa à la Padawane aussi bien que sa présence. Ne prêtant aucune considération à la réunion qu’il venait d’interrompre, le terrible Kaleesh s’avança jusqu’à la baie vitrée pour y admirer son monde natal. Thann ne se retourna pas pour suivre sa course, elle n’en avait pas besoin, sa concentration allait de toute façon à la personne qui l’accompagnait : ni plus ni moins que l’ex-chancelière de la République Galactique, hier au sommet, désormais criminelle de guerre. Les évènements s’emballaient. Tout prenait une tourne bien plus politique que cela n’aurait dû et cette ingérence ne pouvait qu’éveiller les soupçons de la Miraluka qui ne s’en cacha pas. Pas plus impressionnée que devant le [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] il fut un temps, elle parla avec la liberté de parole que son maître lui avait toujours accordé, en gardant néanmoins un ton respectueux et professionnel.

« Sauf votre respect, Commander Ular'Iim, votre arrivée n’avait pas été annoncée et nos ordres ne mentionnaient aucunement la présence de la Reine Kira à nos côtés. Je suis surprise que votre hiérarchie, de même que la nôtre, n’ait pas pris la peine de communiquer cette information et je pense pouvoir parler au nom de tous mes confrères en vous assurant que nous ne désirons rien moins qu’envenimer une situation délicate par l’intervention d’enjeux politiques tiers dans la situation déjà complexe de votre monde natal. Encore, vous semblez émotionnellement profondément impliqué : ne sauriez-vous vous montrer raisonnable en nous laissant agir ? Le fait que votre femme soit aux mains d’un protagoniste de Kalee risque fort de biaiser votre jugement, vous le savez aussi bien que nous… » Elle allait enchaîner mais Loé, d’un geste discret de la main l’invita à pondérer sa parole. Il était évident que l’ensemble de l’opération venait de voler en éclat et qu’il n’était plus question pour une Padawane du Temple, même pas un Chevalier, d’y avoir un quelconque rôle à jouer. Si Thann se montrait inquiète, loin d’elle l’idée d’être frustrée de se retrouver privée de son moment de gloire. Non. Clairement, la colère qui émanait du discours du zélote suffisait à la rendre méfiante, au-delà même de la présence d’une va-t-en-guerre notoire. Son attention était tant tournée vers la Reine et le danger qu'elle représentait qu'elle en avait d'ailleurs oublié de se retourner vers son interlocuteur en s'adressant à lui, elle dont le regard mort n'avait pas besoin de se tourner vers les gens pour qu'elle les perçut pleinement. Un instant, elle songea que cela était un manque terrible de courtoisie, l'instant suivant, elle se rappela que cet homme connut pour son fanatisme venait de surgir, la bouche pleine de promesse sanglante, dans leur salle de réunion sans même un salut et avec le souhait de les déposséder de leurs directives.
Karm Torr
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Cool.


Loé avait glissé un regard incertain à son ancien mentor, dont les talents pour les diplomaties avoisinaient les prédispositions des soupières en marbre pour la voltige équestre, et il ne fut pas déçu.


Depuis son fauteuil, dans sa tenue de contrebandier, le Maître Jedi avait suivi tout le discours illuminé du nouveau venu avec un flegme à toute épreuve, dont on pouvait croire, en le connaissant mal, qu’il confinait à l’indifférence insolente. Pas une seule seconde non plus, il n’avait cherché à interrompre sa Padawane, et même, quand les autres ne le regardèrent pas, il leva son pouce à l’attention de la jeune fille.


Ouais, donc. Déjà, salut Votre Majesté. Ça fait un moment depuis la dernière fois qu’on s’est vus, mais j’suis content de voir que vous vous portez mieux. Du reste…


Le capitaine Wang, qui venait de consulter son datapad avec ce léger froncement de sourcils perplexe qui constituait, chez tout militaire bien formé, le summum de l’expressivité, se penchait à l’oreille du Maître Jedi pour y murmurer quelque chose. Karm eut un hochement de tête et l’homme se tourna vers l’ancienne chancelière.


Votre Majesté, j’ai le plaisir de vous informer que le Sénat Galactique vous invite à suivre les opérations depuis l’un des salons de réception du Résilience.


Autrement dit, il avait le regret de lui apprendre que Coruscant lui ordonnait de cesser de jouer le moindre rôle actif dans toute cette affaire. Mais aussi rigide qu’il fût, le capitaine n’avait pas fait carrière au sein de l’Armée Républicaine sans développer un certain sens de la diplomatie avec les huiles de la politique.


La porte de la salle de réunion s’ouvrit sur un officier chargé d’escorter Sa Majesté vers un endroit plus reposant.


Qu’est-ce qu’on disait ? Ah oui. Bonjour déjà, et puis l’arrachage de coeur. Ben écoutez, déjà, non, j’suis désolé, ça va pas être trop possible. Là, on est dans une mission officielle de la République et de l’Ordre Jedi, à l’invitation des autorités locales. J’comprends bien que vous avez une affaire personnelle à régler et des traditions culturelles spécifiques, qu’on entend bien respecter, mais soit vous intervenez depuis le Résilience ou votre vaisseau de fonction en qualité d’officier de la République, et du coup, vous vous abstenez de démembrer votre prochain, soit vous signifiez au Sénat que vous prenez un congé sans solde pour une durée indéterminée, vous vous rendez sur Kalee par vos propres moyens et vous y faites ce qui vous semble le plus opportun.


Tout déboussolé qu’il fût d’ordinaire face aux rouages complexes d’une République dont les logiques lui échappaient le plus souvent, Karm se retrouvait pour une fois dans son élément : la guerre. Et la guerre, quand elle était faite depuis le pont d’un navire de la flotte, avait ses règles.


Parce que là, ce que vous décrivez, et je dis pas ça pour vous faire de la peine, mais c’est un crime de guerre. Et les crimes de guerre, ben, c’est pas trop notre truc, quoi.


On ne pouvait certes pas en dire autant des nouveaux venus sur le pont du Résilience.


Ceci étant dit, on est pas insensible au fait que Kalee est pas un territoire républicain et qu’il y a une culture religieuse locale très forte, dont les implications morales divergent sensiblement de ce qui peut avoir cours ailleurs.


Et lui-même fréquentait trop les ethnographes de l’ExploCorps pour porter un regard aussi radical que celui de sa Padawane sur les déclarations du nouveau-venu.


On est pas ici en qualité de prosélytes, mais de médiateurs à la demande du conseil tribal, que la République a choisi de reconnaître comme une autorité légitime sur ce continent. Mon avis est donc que vous devriez renvoyer votre vaisseau officiel, avertir la Chancellerie de vos intentions, présenter votre point de vue au conseil tribal, une fois débarqué sur Kalee et examiner la situation à partir de là. Je doute pas qu’ils soient sensibles à vos arguments. De notre côté…


Il fit un geste pour désigner tout à la fois le capitaine et les trois autres Jedis.


… nous avons d’ores et déjà pris nos dispositions stratégiques et on va veiller bien sûr à faire le nécessaire pour que les otages capturés puissent être restitués sains et saufs, pour que les lieux de culte soient préservés de tout outrage et qu’une résolution acceptable soit trouvée entre les partis du conflit ou, le cas échéant, qu’une solution militaire proportionnée y mette un terme.
Si je puis…


Loé sonda le Maître Jedi du regard et Karm l’encouragea d’un signe.


Merci, Maître. La Padawane Sîdh a raison, ainsi que Maître Torr. Il est d’autant plus nécessaire de vous distancier de la République que la trêve est toujours fragile et les rapports de force au sein de l’AGPU très délicats. Au-delà des considérations morales, l’armée républicaine se doit d’être irréprochable, sans quoi les mouvances indépendantistes ou sécessionnistes qui tentent d’établir des équivalences entre l’Empire et la République auront beau jeu de prendre Kalee pour exemple.
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Zerath sent son propre souffle, irrégulier. Au creux de sa poitrine, son coeur bat un rythme inégal, une syncope désagréable qui semble à chaque pulsation drainer un soupçon supplémentaire d’énergie et de certitude de son esprit. Le monde lui-même semble se liguer contre lui: à présent, trois étrangers - externes à l’armée même, ces Jedi sans rang - osent interrompre ses ambitions, osent à le rejeter et lui proposer un rôle spectateur! À lui, Kaleesh? À lui, prêtre et mari? Lui, Commander des armées. Et pour quoi? La trêve, dont il n’a que faire et qu’il a autant amené par ses intrigues que les soldats par leur bravoure? Pour l’image de la République? Une futile question de réputation, à peser contre la vie de sa propre femme, bénie par les dieux, seule élue qui résiste à la malédiction sombre qui hante Zerath?

Son esprit explose en émotions contradictoires; rage, tristesse, désespoir d’une impuissance à venir se mêlent en un flux tantôt brûlant tantôt glaçant. Des plus chauds volcans il plonge dans les plus froids abîmes, et sa conscience marche entre illusoires illuminations et trompeuse obscurité. Une violence instinctive, tribale, ancienne, remonte à la surface par bulles.

Puis l’Ular’Iim inspire.

Son corps, d’acier, n’a pas bronché pendant les secondes où il a reçu l’un après l’autre les tirades et avis des trois qui semblent appartenir à l’ordre Jedi. Il inspire, enchaîne ses émotions, les noie sous la surface. Des années de méditation, plus d’années encore dans les batailles l’ont sillonné de cette habileté à s’apaiser en toute circonstance; retrouver sa chère Cin est une guerre dans une nouvelle forme, mais qu’il gagnera malgré tout. Il semble que, par quelque ressort du destin, il ait à argumenter avec des humains quant au devenir de la sienne. Cela, sans doute, est un test des dieux. Echouer ici et maintenant signifiera la perte de tout ce qui lui est cher; Zerath ne ploiera pas.

Il les observe, un à un, discernant les températures éphémères sur leurs traits. Il ne sait toujours guère bien discerner la sincérité des humains, et ceux là sont d’un calme à toute épreuve. De véritables Jedi. Sages sont leurs mots - un appel au calme plutôt qu’à la violence, à la tempérance plutôt qu’à la déflagration.


- Vous parlez avec discernement, maîtres Jedi; pardonnez moi pour mon humeur désagréable et mon impolitesse précédente. Je me tiens à mon heure la plus sombre et n’ai pas observé les cérémonies d’usage. Je suis Zerath Ular’Iim, prêtre de la Lune, gardien du temple de Shrupak - premier du Panthéon.

Il passe sous silence son rôle dans l’Etat Major. Il n’est pas question d’autorité, car ces Jedi ne sont pas sous ses ordres; le capitaine Wong, en outre, sait déjà qui se trouve face à lui.

- Je vous demande de ne pas projeter les certitudes de votre ordre et de vos mondes sur les miens.

Ce que vous appelez crime de guerre, nous le nommons E’rmaal. Ceux qui périssent en guerre rituelles célèbrent dans l’au-delà ceux qui demeurent et guident leurs honorables pas.

Aidez les miens et le seul destin qui attende Xyrhydpakoï sera la mort. Car forcer est un temple est parmi les plus graves offenses, une insulte aux dieux et à la société toute entière. Nous ne sommes pas sur Coruscant ni même en juridiction République, honorés fragments de Force. Ici, la loi Kaleesh dirige - et c’est la loi des dieux

Le conseil d’Agamar vous a, sans doute, demandé un secours...Mais jamais dans l’histoire Kaleesh une guerre ne s’est réglée par la discussion. L’on vous a, peut-être - certainement - esché ici par la promesse d’une résolution cordiale; je vous le dis, Jedis, capitaine. Sur ma connaissance profonde des miens et de ma culture...Vous avez lu ou entendu par votre compréhension pacifiste les propos, traduits dans votre langue en toute hâte et en avez perdu l’essence originale. Car d’entente amicale après de longs pourparlers vous ne trouverez pas en posant pied à la surface.

La négociation au sein d’une guerre - si perdue soit-elle, est pire qu’un abandon. Si désespéré le conseil soit-il, jamais il ne sacrifierait son honneur ni sa fierté. Ce serait se condamner à ne jamais s’élever parmi les divins; ce serait se damner au-delà de toutes les atrocités que peut infliger Xyrhydpakoï; ce serait de perdre son âme elle-même.

Si le conseil réclame votre assistances, les circonstances doivent être terribles en effet. Car elles doivent dépasser l’orbite de notre monde; notre ennemi a impliqué un facteur extérieur et le conseil vous a appelé pour rétablir la balance, je gage. Il n’est pas dans nos manières de faire appel à des arbitres ou des médiateurs. Nous Kaleesh veillons à nos affaires en privé quand cela est nécessaire. N’eussiez vous pas été là que déjà je poserais pied au sol - seul, car les subordonnés qui suivent mon égide en République n’ont pas de rôle à jouer dans les querelles de mon monde natal.

Mais qui et quoi aurait pu briser l’orbite de Kalee, suivre la commande d’un paria lâche et de ses vassaux...?


À cela, le grand zélote se mure quelques secondes dans une réflexion silencieuse. Comme énoncer en des mots simples un phénomène le rend évident, il prend soudain conscience de ce détail troublant. Xyrhydpakoï a été exilé car n’ayant pas observé les rites qui incombent au vaincu; abandonner ses possessions et titres au vainqueur en cérémonie consacrée. À la place, il a poignardé son champion. Une offense grave, car faite de dos alors qu’il feignait la soumission aux règles.

Devenu un Tsuu’rho - un Sans Honneur - il a été condamné à l’exil et à errer loin des autres tribus. Une vie cruelle, mais méritée: son crime n’était pas assez grave pour qu’il soit jeté aux flammes des Forges de Irmo. Sa condition lui interdisait un trépas honorable, mais son acte lui refusait l’exécution des pleutres; il devait se résoudre à vivre dans la honte, lui qui n’avait ni été assez valeureux pour qu’on le célèbre ni assez dangereux pour qu’on l’abatte.


- Quel allié Xyrhydpakoï aurait-il pu amener à sa cause, si extérieur et pourtant redouté que l’on sente besoin de vous appeler vous...?

Même s’il avait rallié Sli’Pok Magaal*, jamais les siens n’auraient estimé nécessaire un appel à l’aide. Ce n’aurait été qu’une affaire Kaleesh, et une légendaire. Quel élément a bien pu venir crever l’atmosphère de son monde...? Cin, dans quelle catastrophe es-tu tombée? À nouveau son coeur balance vers l’angoisse, tandis que son esprit tente de percer à jour le mystère.

Soudain, plusieurs sons proviennent de la table d’opération. Wong observe quelques secondes la situation, calme, puis énonce:

- On dirait que Xyrhydpakoï est pressé. Ses forces viennent d’arriver en bordure de Aedus, où le conseil tribal s’est retranché.




*: vieille légende Kaleesh parlant d’un karabbac hantant les régions polaires de Grendaju aux dimensions si monstrueuses qu’il aurait donné aux glaciers leur forme caractéristique en dents de scie. Les historiens s’entendent mal sur l’origine du mythe. Les biologistes affirment que les karabbac ne présentent pas de raccourcissement des télomères. En outre, les courbes de croissance observés par les rares scientifiques venus jusqu’en orbite de Kalee montrent une courbe linéaire; contrairement à une grande majorité du règne animal, les karabbac poursuivent leur croissance sur une durée visiblement illimitée. Ces éléments combinés pourraient rendre l’existence de Sli’Pok Magaal plausible, bien que les rares experts débattent très largement sur le sujet. La créature, dans les textes sacrés, n’en est pas moins révérée comme un fantasme mystique.
Thann Sîdh
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Elle s’était tue à l’invitation de son homologue consulaire, et elle se rendit soudainement compte de toute l’attention qu’elle avait attirée sur elle. Une toute petite Padawane, incapable d’être déjà Jedi à son âge, venait de tenir tête aux sommités récemment débarquées. Des matadors de la République, des géants de la guerre intergalactique... Il fallait bien être depuis des années la Padawane de Karm pour ne pas avoir à rougir de ce qu’il venait de se passer – d'autant qu’elle nota ce signe du pouce qui lui était envoyé. Bien sûr qu’elle n’était personne, mais fallait-il nécessairement être quelqu’un pour être du côté de la justesse, de la mesure et de la raison ? Pourtant, elle ne désirait pas verser dans l’orgueil et monopolisait une parole qui ne lui appartenait effectivement pas : d’autant que son maître avait repris le flambeau avec sa maestra habituelle.



Il n’en était qu’à ses premières passes que déjà, une pièce tombait. La Reine Kira était cordialement invitée, toute proportion gardée, à s’écarter d’une table d’opération qui n’était pas la sienne. Elle se retira, tout en majesté, et quelque part, Thann regretta de ne pas avoir eu l’occasion de l’entendre. L’ancienne Chancelière... Quel esprit pouvait bien réussir à atteindre ces sommets ? Quelle force de la nature... On attendit patiemment que la porte se fut refermée sur son dos droit comme les piliers du monde et les échanges de tirs reprirent. Les boucliers furent levés, les frontières profondément tracées. Non, les Jedis ne laisseraient pas le zélote agir à sa guise. Beaucoup trop d’intérêts étaient en jeu. En outre, personnellement, si elle trouvait une beauté à la multiplicité des cultures, des arts et des pensées, elle devait bien avouer qu’au fond d’elle, le meurtre comme élévation spirituel lui échappait totalement et la poursuite du militaire, bien que plus mesurée, ne rassura guère la Padawane.



Elle se devait d’être honnête, elle ne savait ni comment réagir, ni quoi dire, et en conséquence préférait garder le silence. Davantage par humilité que par lâcheté, elle se rappela à son rang, et laissa les deux hommes, plus expérimentés qu’elle en la matière, mener la barque. Elle tourna plutôt son attention vers Seïid, laquelle devait se sentir encore plus inutile en cette circonstance qu’un bidon de combustible en plein incendie, et remarqua le Datapad que son amante tapotait discrètement. Elle comprit et lut discrètement le message qui lui était adressé. “ Hé beh, petite puce, quelle audace ! Tenir tête à une ex-chancelière et un amiral de la République... Y en a plus d’un dont les genoux auraient flanchés à ta place ! Je ne comprends rien à ce qui se passe... Dans quoi est-ce qu’on s’est encore embarquées ? ” Tandis que plus personne ne faisait attention à elle, puisque l’amiral et son maître échangé, Thann se permit un petit haussement d’épaules à son adresse. Que pouvait-elle faire d’autres que d’être spectatrice, à présent, apprenante et silencieuse. Et ce pour un bon moment, d’ailleurs.


HrP • Plutôt que de faire des pavés pour ne rien dire je préfère simplement mettre un peu Thann en retrait et vous dire quand je souhaite intervenir. Cela ne sert à rien qu'elle intervienne pour dire trois mots dans un échange qui la dépasse totalement de toute façon... Même si leur relation est égalitaire, elle sait que c'est quand même son Maître qui, aux yeux de la République, a l'autorité sur ce navire, donc bon... Et mille pardons pour l'attente.
Karm Torr
Karm Torr
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Ben dans ce cas, reprit le Maître Jedi après les explications du cyborg, on est globalement d’accord. Vous êtes ici en votre qualité religieuse, vous opérez avec l’assentiment du conseil tribal, ce vaisseau-ci reste sous les ordres du capitaine Wong et de moi-même, votre vaisseau républicain reste en dehors des combats, quand ceux-ci concernent purement Kalee, et voilà.


C’était un compromis qui ne le satisfait pas entièrement, mais une vie d’exploration lui avait appris à admettre que les us et coutumes des autres peuples différaient parfois radicalement des siennes, et qu’il aurait fallu beaucoup d’orgueil pour prétendre imposer ses valeurs à une autre civilisation.


Tant que tout le monde est bien au clair sur le fait que c’est pas le commandeur de la flotte républicaine, mais le gardien du temple de…
Shrupak, glissa obligeamment Loé.
… Shrupak qui intervient, c’est bien.


La distinction pouvait paraître relever d’un sophisme, mais c’était parfois les sophismes qui faisaient tenir la galaxie.


Quant à des influences extérieures… capitaine ?
Nos informations sont extrêmement lacunaires, reconnut le commandement du vaisseau. Mais l’on peut raisonnablement supposer que l’ascension soudaine d’un homme comme M. Xyrhydpakoï, qui était juste là, si j’ai bien compris, sans ressource, a toutes les chances de s’être appuyées sur une assistance extérieure.


Empire ? Kajidics ? Systèmes neutres ? Ce n’était pas les candidats qui manquaient pour une pareille affaire, et précisément parce que Kalee était une planète périphérique, elle constituait une arrière-base discrète et idéale, pour qui y aurait l’oreille de son maître.


Pour l’heure, cependant, il y avait plus pressant que leurs spéculations.


Descendons vers Aedus. Préparez le débarquement.


Le capitaine hocha la tête, pour disparaître sans attendre, regagnant à grands pas le pont de commandement.


Commandeur, fit ensuite le Gardien en se tournant vers le prêtre de la Lune, nous nous retrouvons sur la terre ferme.


Puis il fit signe au jeune Chevalier et aux Padawans de l’accompagner. Quand ils furent à bonne distance de la salle de réunion, Karm murmura :


Tout ça s’est singulièrement compliqué.


(Perspicace, ce garçon.)


Loé, j’compte sur toi pour sonder le conseil tribal et voir si ses vues coïncident avec celle d’Ular’Iim.
Vous ne lui faites pas confiance ?
Disons que je doute pas que ce soit un meilleur spécialiste de sa planète que nous, et il est chez lui donc il est fondé à décider de la marche à suivre, mais c’est un prêtre qui a l’air particulièrement, disons…
Convaincu ?
J’allais dire fanatique tendance intégriste, mais ouais, c’est l’idée. Du coup, c’est pas parce que lui il est à fond dans son délire que c’est le cas du reste de la population. Ce serait pas la première fois qu’un excité du baptistère cherche à embarquer les siens dans du viscéral et du sanglant.
Entendu, Maître.


Karm avait épuisé sa dose de diplomatie dans la salle de réunion. De toute évidence.


Si le conseil tribal est en phase avec tout ça, ben c’est que ça marche comme ça sur place, et nous, on va marcher la corde raide sans verser dans le colonialisme moraliste.
Et si ce n’est pas le cas ?
J’imagine qu’on commencera à entretenir une relation passionnelle et compliquée avec le commandeur de la flotte.


La perspective n’avait pas l’air d’enhtousiasmer le jeune Chevalier, mais il se contenta d’un hochement de tête.


Souhaitez-vous que je tienne les autres au courant des derniers développements ?
S’il te plaît.


Alors le Kuati s’éclipsa dans une coursive latérale, pour laisser le Jedi seul à seul avec les deux Padawanes.


Bon, les jeunes, leur dit-il. Ça fait quoi de danser avec les stars ? Satisfaisant, pas vrai ?

C’était dit fort sérieusement, mais Thann était habituée au sens de l’ironie très personnel de son mentor.


J’ai besoin de vous pour garder un œil sur les soldats républicains. Parce que notre nouveau pote a beau dire qu’il vient ici sans demander l’aide de la République, il y vient avec son gros vaisseau histoire que chacun sache bien qui il est, et si, gagné par l’émotion, il se met à distribuer des ordres, je mettrais pas ma main à couper que nos gars se sentent fondés à désobéir au commandeur. On est ici pour faire du maintien de la paix, défendre la veuve et l’orpheline, et de l’humanitaire, et éventuellement pour couper les vivres extérieurs de Xyrhydpakoï s’il s’avère qu’il est effectivement soutenu par une puissance tierce.


Ces recommandations furent conclus par le système de communication centralisé du vaisseau :


Position orbitale atteinte. Gagnez les navettes de débarquement. Position orbitale atteinte. Gagnez les navettes de débarquement. Position or…


Quelques minutes plus tard, après avoir dispatché ses Padawanes dans d’autres navettes, Karm se sanglait à côté d’un colonel dont les oreilles tombantes sursautèrent quand leur appareil décolla pour quitter le hangar et percer l’atmosphère de Kalee.


La jungle était immense et elle couvrait une bonne partie du continent qui s’approchait d’eux. On pouvait y voir de larges blessures, conséquences des incendies provoqués par les combats, et qui étaient comme des balafres dans le paysage. Le campement fortifié d’Aedus ne tarda pas à se détacher au milieu de la végétation.


Vous avez remarqué, fit la voix du capitaine dans le comlink de Karm ?
Ouais, murmura le Jedi. Personne nous tire dessus.
Quelqu’un nous tire dessus, s’exclama un jeune homme tout juste engagé, depuis l’autre bout de la soute ?


Le colonel à côté du Jedi eut un léger grognement, puis aboya :


Du calme, soldat. Gardez votre sang froid.


Le garçon se ratatina dans son harnais.


Vous pensez qu’ils sont pas équipés en anti-aériens, côté Xyrhyd ?
Ou alors ils s’attendent eux-mêmes à recevoir de la visite, suggéra sombrement le capitaine.


En attendant, les premières navettes de débarquement républicaines se posaient dans l’enceinte d’Aedus, avant de redécoller, une fois vides, pour céder la place à leurs camarades.


Plusieurs membres du conseil tribal attendaient déjà sur le tarmac de fortune.
Zerath Ular'Iim
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Alors que les manipulateurs de la Force annoncent puis s’éloignent sur politesses sommaires, le Kaleesh interpelle:

- Une dernière chose, Jedi Torr.

Ce vaisseau demeure sous le commandement du capitaine Wong ou de moi même si j’en exerçais l’autorité - chose dont je m’abstiendrai. Vous ne commandez aucun homme en cette force; les soldats républicains obéissent à leurs supérieurs de l’armée, aux ordres de l’État-Major, au ministre de la Défense et à la Chancellerie.

Vous n’êtes membre d’aucun de ces corps. Vous avez un rôle à jouer, et vous êtes à ce bord en qualité d’amis et de négociateurs estimés. Mais ne présumez pas de vos prérogatives. Vous commandez à vous et vous seuls, cela croyez le bien est absolu. Si un seul soldat venait à suivre vos instructions ainsi qu’il recevrait instruction d’un autre citoyen de la République, il serait traduit en cour martiale.

Il est singulièrement malvenu de la part d’un allié de commander aux troupes d’un autre. Ne faites pas cette erreur diplomatique, pas ici et surtout pas au sol. Les miens apprécient la guerre mais haïssent la suffisance étrangère. Et si vous n’aurez à souffrir que d’un refus dans cette armée, vous trouverez en bas réponse bien moins courtoise.

Enfin, capitaine, Xyrhydpakoï n’est pas un homme mais un Kaleesh. Veillez à ne pas prêter à vos désignations humaines une importance trop enflée.


Les yeux de la vipère d’acier passent sur Wong, qui s’est figé. Ce qui se dit lors des conseils de guerre est enregistré par les ordinateurs de bord, pour des fins d’archivages aussi bien que de surveillance; on peut ainsi plus facilement tracer, notamment, les abus des supérieurs sur les subordonnés. C’est affaire de protection contre le muscle hiérarchique parfois arbitraire et cruel.

Qu’il ait ainsi accepté les ordres de l’équivalent de citoyens sans autre statut au sein d’un bâtiment armé de la République lui coûtera terriblement cher; et l’exactitude de l’enregistrement implique qu’il ne peut désormais compter qu’à peut-être la clémence de son supérieur. L’on parle d’une erreur qui peut si elle est observée d’un oeil inflexible briser une carrière.

- J’attends de vous de rappeler ceci à vos hommes, Wong. Je ne souffrirai pas une seconde erreur de la sorte. Ici, comme ailleurs."

L’homme affecte une mine neutre, mais sous ses chairs Zerath lit des chaleurs qui n’ont qu’une explication: un stress marqué, une angoisse qu’il arrive habilement à dissimuler. Par le calme incombant à celui qui commande et doit en retour transmettre à ses hommes d’affecter humeur modérée, l’humain à l’uniforme impeccablement repassé déclare d’un ton aussi égal que la surface d’une mer calme:

- Oui mon Commander."

- À présent, décidez de quand doit être effectué le débarquement et prenez pleinement contrôle de cette opération."

Zerath quitte ainsi en dernier le pont, laissant dans son sillage un capitaine bien décontenancé. Il songe pour lui-même; ce sont sans doute ces ingérences multipliées qui ont entamé profondément l’effort de guerre républicain. Cette...Confusion manifeste sur les personnes habiletés à la direction auront grandement blessé l’effort de guerre. Ce jeune chevalier, ce Torr, est de ce que le prélat a ouïe dire guerrier remarquable. Cependant on ne mène pas son corps comme on dirige des groupes entiers. Combien d’opérations, compliquées ou malmenées parce qu’on aura écouté un Jedi, capable bien sûr, doté de la force des dieux, mais de la compétence logistique et stratégique d’un amateur? On ne s’improvise pas plus général qu’on ne se fait concepteur de modules hyperspatiaux.

Wong a commis une faute grave, terrible même. Le genre qui aurait pu sceller la mort de tous ses hommes, sur l’écoute d’un homme qui n’entend que peu à toute la complexité de la direction des bataillons. Et le commandant est responsable de chaque mort parmi les siens, car il n’appartient qu’à lui de choisir son déploiement sur le terrain.

Pourtant ces considérations s’effacent rapidement, éclipsées par des raisonnements plus turbulents. Cin est disparue, enlevée par Xyrhydpakoï. S’il lui était arrivé quelque chose alors...Un pincement dans le torse du prélat. Une bouffée d’angoisse qui monte, étrangle sa gorge. Il descend sans la voir la coursive du pont vers les hangars. Il ne voit que son visage, sa voix qui l'interroge. L'alarme de ses émotions le pousse, accélère son pas sans qu'il le remarque; une hâte inhabituelle le tire presque au trot - à la poursuite mais de quoi exactement? D'un espoir fou et non concrétisé, comme si le simple fait de maintenant courir allait inverser l'inaltérable marche du Temps.

Il a juré devant le panthéon entier qu'il représenterait la Lune, mais la Lune ne peut briller sans l'éclat solaire!

Reviens, Cin. Ne disparais pas là où te suivre est impossible...Un frisson incontrôlé déforme le visage de Zerath. Chaque mètre qui l'approche de son monde, son angoisse grandit au centuple. Il en oublie de respirer, le monde n'existe plus si ce n'est pour lui faire obstacle.

La mort n'est pas la dernière destination des Kaleesh. Ils rejoignent les astres du firmament, deviennent le vent, l'air que l'on respire, la chaleur de l'été.

Pourtant...

Pourtant il ne peut s'en satisfaire, il le refuse, il le réfute.

Zerath jamais n'était enfant unique; et les rites de la guerre ont clamé la chair de bien des siens. Ils ont toujours célébré la mort avec enthousiasme - comment ne pourrait-elle pas être merveilleuse ? Offrir la libération et une place éternelle dans les rouages universels, le but d'une existence entière: on vit pour préparer sa mort.

Pourquoi alors? D'où lui vient cette peur qui le dévore? Alors qu'il monte dans les navettes de débarquement, le prêtre courbe l'échine - comme desséché par l'âge.

Cin...Pardonne moi pour mes pensées honteuses...Excuse mon égoïsme...

Zerath joint ses mains et, pour la première fois depuis des années il prie. Shrupak, Abesmi, Ni'lgar, tous les dieux et le panthéon...N'accueillez pas Cin, laissez la encore parmi les mortels quelques années...

Zerath échangerait sa propre immortalité contre la vie de Cin. Il portera la guerre sur tous les mondes si tel est le prix que vous exigez. De grâce, ô Dieux...! Il lève le regard vers son monde, suspendu dans la toile constellée de l'univers, son cœur suspendu à une attente folle, comme espérant soudain un appel de Cin lui indiquant qu'elle s'est libérée, qu'elle est sauve, que le cauchemar est achevé, ou peut-être un signe des dieux que ses prières ont été entendues.

Mais il ne trouve que le Temps poursuivant sa marche inexorable - et ni appels ni signes ne viennent.



Mais Zerath, dans son humeur massacrante, n'a pas qu'éveillé la crainte du capitaine Wong. Il a éveillé le doute; peut-il réellement intervenir sur ce monde? Les dispositions du Commander ne sont pas un secret dans l'armée ainsi que ses rites particuliers. Mais sa femme disparue, son implication soudaine...S'il échouait, ou si elle était déjà disparue, qui sait dans quel enfer le Commander le plongerait en le blâmant pour cet échec ? Ce serait la fin de sa carrière. Mais il lui faut une figure d'autorité, pour sortir de ce faux-pas.

Tandis qu'il ordonne, penaud, le débarquement et que ce dernier s'engage, il contacte l’État-Major.



Lorsque Zerath, dans l'ultime trajet en navette atterrit enfin un ordre clair du capitaine se met à résonner dans toutes les radios militaires:

"- Soldats, la Chancellerie a statué. Nous nous retirons. L'opération est transmise dans son intégralité à l'AGPU."

Zerath, lui, observe le ciel familier. Ainsi, les troupes partent, et il sera livré aux siens et à ses propres moyens. L'AGPU vraiment, sera-t-elle d'une quelconque aide? Il en doute. Ne sont-ils pas les bureaucrates prônant la paix comme idéal de vie? Quelle place auraient-ils bien dans le monde où l'on consacre l'inverse?

Livré aux siens, et peut-être confronté à l'intervention de parjures...? Est-ce donc là votre réponse, ô dieux? Cin encourt mortel péril, et vous n'avez de cesse de dresser de nouveaux obstacles sur ma route ? Ainsi soit-il.
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