Karm Torr
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Peau de zob ?
Pzob, corrigea machinalement le Jedi, dont le regard restait fixé sur son sabre démantelé sur l’atelier de l’un des Maîtres Forgerons de l’Ordre.
N’ayez pas l’air si anxieux, Maître Karm, déclara l’Ortolan, en croisant le regard de l’explorateur. Votre nouvelle arme sera prête à votre retour de mission. En attendant…

D’un geste de sa main bleue aux doigts boudinés dont on n’aurait jamais soupçonné l’agilité, il désigna les deux shoto à la ceinture de l’Ark-Ni.

… vous n’êtes pas totalement démuni.
Certes…
Bon voyage sur Peau de zob.
Pzob.

Deux heures plus tard, dans le hangar de l’ExploCorps sur Dantooine, Nata s’étonnait :

Peau de zob ?
Pzob. C’est une planète essentiellement sauvage, un peu à l’extérieur de l’Espace Hutt, avec une petite colonie gamorréenne.
Et donc ?
Semblerait-il que les Djiilo se soient crashés là-bas et je crois qu’il n’est pas mauvais de ménager un peu nos relations avec l’Espace Hutt dans cette période troublée.

La jeune Auxiliaire haussa un sourcil.

Oui… ?
Une analyse géopolitique ? Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de Maître Karm ?

Maître Karm tira la langue, avant de s’embarquer dans son vaisseau, drapé dans sa dignité et aussi son blouson similicuir. Quelques minutes après, la petite navette de l’ExploCorps s’ébranlait, avant de fuser dans l’atmosphère de Dantooine, pour enfin quitter l’orbite de la planète et sauter dans l’hyperespace.

Le message de Maxence avait été laconique, mais les raisons pour les Djiilo de s’intéresser à Pzob paraissaient évidentes à l’Ark-Ni. La guerre civile impériale faisait craindre pour la sécurité de l’Espace Hutt : elle conduirait à l’émergence de seigneurs de guerre en quête de cibles faciles et tous kajidic devaient se charger des arrières-bases tranquilles pour y entreposer leurs biens de valeur en attendant des jours meilleurs.

Toujours est-il qu’il avait promis d’aider Maxence et que les Sentinelles de l’Ordre lui avaient clairement fait comprendre la nécessité d’entretenir de bonnes relations avec les Djiilo. Chacune de ces raisons était suffisante en elle-même, et il n’y avait pas eu matière à hésiter.

Bip bip…
Je sais, je sais.
Bip.
T’as conscience que pour un droïde de l’ExploCorps, ton manque total d’enthousiasme pour la nature est un brin paradoxal ?
Bip.
Reste poli.

Une séance de méditation, des pompes, des abdos et la lecture de cinq chapitres de Les Mycoses : cet univers fascinant plus tard, le Jedi, son droïde phytophobe et leur vaisseau émergeaient de l’hyperespace dans le sector de Herios.

Scanne discrètement les fré…
Bip bip, coupa le robot qui avait déjà repéré le vaisseau de Maxence.
Pas la peine de te la péter, hein.

Et Karm commença à les manœuvres d’approche, jusqu’à ce que son tube d’amarrage s’enfonce dans le sas de Maxence.

Comme quoi.
Tout vient à point à qui sait attendre.

C’est moi, lança Karm quand le sas s’ouvrit pour laisser place à Maxence.
Bip.
Nous.
Bip…
Il est d’hyper mauvaise humeur parce qu’il aime pas les forêts.
Bip.
Ni les déserts.
Bip bip.
Ni les marais.
Bip…
Bref, il mène à mes côtés une vie de rêve.

Le droïde sortit un bras mécanique pour tendre galamment une vis à Maxence, avant de tourner le… dos… ? aux deux bipèdes, afin de partir faire les vérifications de routine sur l’hyperdrive. Bientôt, les deux amis se retrouvèrent à examiner une carte holographique de Pzob.

Ça fait une sacrée zone à couvrir, reconnut l’Ark-Ni. Les orages magnétiques de l’étoile voisine empêchent de scanner de façon efficace, mais je pense qu’un premier survol devrait nous permettre d’identifier le site du crash. L’avantage avec les forêts, c’est que quand un vaisseau s’écrase, ça laisse des traces.

Dans ce système largement inexploré de la galaxie, ils disposaient de peu de données sur la vie du soleil de Pzob et il n’était guère possible de déterminer si les orages étaient un phénomène passager. L’exploration à l’ancienne s’imposait donc.

On fait ça à deux vaisseaux, si ça te va. Je préfère pas mettre tous nos œufs dans le même panier, tant qu’on sait pas ce qui a causé le crash.

La colonie de Gamorréens fournissait des suspects parfaits, mais le Gardien préférait ne pas tirer de conclusions hâtives. Les Gamorréens n’étaient pas connus pour leur délicatesse, mais de là à abattre à vue n’importe quel vaisseau de passage, il y avait tout un monde.

Restons sur nos gardes. Une idée de l’expérience en survie de tes collègues ? Ils sont du genre à rester sur le site du crash ou à se promener en forêt pour dieu sait quelle raison ? Qu’on sache un peu à quoi s’attendre.

D’un côté, rester près de l’épave du vaisseau, c’était avoir plus de chances d’être retrouvés par l’équipe de sauvetage, mais de l’autre, c’était avoir plus de chances d’être retrouvés par les indigènes. À tout prendre, Karm préférait que les Djiilo s’en soient éloignés, que de devoir lutter contre des Gamorréens pour leur faire rendre leurs nouveaux esclaves.
Maxence Darkan
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-Vous avez du tabac à rouler ? Hochement de tête. Cool. J'vais prendre un paquet de « Bayo-T », des filtres biodégradables et des feuilles.

-Les feuilles, courtes ou longues ?

-Les deux.

Elle s'échappa de l'échoppe de l'astroport, pour reprendre la marche avec le Gozoo vers son vaisseau. Depuis la dernière fois, elle n'avait pas chaumée, elle n'avait pas non plus reprit de speed, même si son corps ne le supportait pas très bien, la mercenaire prenait des pilules contre les nausées et vertiges quand elle en avait besoin. Arrêter les drogues addictives comme celle-là n'était jamais une partie de plaisir, heureusement, son addiction n'avait pas duré suffisamment longtemps pour lui foutre en l'air le corps durablement et Fély, son médecin, lui, était toujours là pour la soutenir et la conseiller du mieux qu'il pouvait dans cette -éprouvante- aventure. En aurait-elle des séquelles ? Peut-être. S'en inquiétait-elle ? Non.

-Rappelle-moi pourquoi tu vas là-bas ? À part pour te taper le Jedi ? Lança-t-il avec une pointe d'agacement. Nan, parce que, j'aimerai te rappeler, Max, qu'on a des histoires à régler là.

-Ouais, ouais, bah vois ça comme une manière de reprendre le flambeau. Écoute Fély, depuis... leur mort, j'ai perdu quasiment toute ma crédibilité, faut s'rendre à l'évidence, j'ai techniquement trahi l'cartel et même si une grande partie des gens autour de Taha'san et Skroutch nous soutiennent pour leur régler leur compte, je reste une traître. Donc, maintenant, Jimmy est parfaitement au courant d'la situation et y' m'a quand même demandé d'l'aide pour s'occuper d'cette histoire et c'est c'que j'compte faire... possiblement en m'tapant Karm, mais ça reste un plus non négligeable.

-D'accord. Max, juste... Flakstaff me fait carrément flipper. Ce mec est sûrement complètement taré, je... je peux pas lui filer ma confiance.

-Tant mieux. Fit-elle en ouvrant le cockpit de son vaisseau pour monter dessus et s'asseoir dessus. Parce que j'lui fais pas non plus confiance, pas du tout. T'sais c'que j'ai fait ? Quand il s'est ramené sur Pine Point ? J'lui ai mis une énorme patate dans l'pif. J'crois qu'j'lui ait péter. 'fin bref. J'ai fait de recherche sur lui, à partir de Samuel O'Wingom : République, Empire, espace Hutt, que dalle, Flakstaff est un putain d'fantôme. Elle jeta son sac derrière son siège. Voilà c'qu'on va faire, on va juste agir comme si de rien était, mais en cas d'problème, on lui met une balle.

-Je suis pas fan des exécutions sommaires, mais là, je suis pas vraiment contre, tu vois. C'est rien, je prends le relais, éclate-toi bien et fais gaffe à toi.

-Merci, je rentre dès qu'j'ai fini... à peu près dès qu'j'ai fini.

Fély secoua de la tête en s'écartant de l'engin tandis que Maxence s'attela à le faire décoller, direction : Pzob. Depuis Abhean, les choses avaient bien changé, Jimmy, le nain sous Speed, reprenait petit à petit son commerce et alors qu'il devait expédier une cargaison de droïdes, la voilà paumée, écrasée quelque part sur cette planète à peine habitée. Comme quoi, ce mec ne s'arrêtait pas une seule seconde de s'attirer des ennuies. Évidemment, qui de mieux pour ce genre de mission de secours, le genre qu'il lui avait conseillé, que d'amener Karm, par pur amitié platonique sans aucun désire sexuel -berk-, pour l'épauler avec ces talents de Maître Jedi de l'ExploCorp.

Une image attendue par tous offerte par leur vaisseau plus tard, Maxence rentra dans la demeure volante de son ami.

-Salut l'argenté. Et merci beau gosse. Fit-elle en gloussant alors qu'il s'en allait. Bah dis donc, ça doit juste être peau d'zob qui l'rend tout bougon.

Elle glissa la vis dans sa poche avant de reprendre. La zone du crache était assez, si ce n'était, très vague. Les Djiilo avaient perdu le signal de l'appareil à son entrée dans l'atmosphère, ce qui, en prenant compte de la dernière trajectoire, donnait suffisamment pour établir un cadre pas trop étendu. Leur temps restait malgré tout compté, il fallait agir vite. Et si le cite du crache n'était pas directement atteignable en vaisseau, elles allaient devoir se poser plus loin et marcher jusqu'à eux.

-Je sais pas trop comment ils se comportent. C'est pas vraiment mes hommes et les équipages Djiilo ont pas d'ordres spécifiques dans c'genre de cas. Ils s'organisent à leur manière. De c'que m'en a dit Jimmy, ils sont bien organisés, donc j'dirais qu'il doivent être en train d'installer un camp au niveau du cite du crache à compter les vivres et essayer d'contacter d'l'aide extérieur avec c'qu'y reste de leur com'.

Elle eut un moment à réfléchir. Dans les films, les gens paumés au milieu de nulle part ont tendance à se séparer en s'engueulant pour former deux groupes, ceux qui partent dans la nature et ceux qui reste, à la fin, il y en a toujours un qui crève et l'autre qui meurt. Fallait-il espérer qu'ils ne fassent pas ça en bas.

-J'dois dire que c'est un peu du nouveau cette histoire pour moi... ce type de mission. Ça s'passe comment au niveau du repérage, du sauvetage et tout c'qui y a autour ? C'est plutôt, on cherche le crache, on l'trouve et ensuite ? On s'pause le plus proche pour ramener l'équipage à travers toute la forêt ?
Karm Torr
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Ben on crame tout et on voit ce qui ressort.


Silence.


Non, je plaisante.


Qui s’en serait douté !


On calcule l’endroit supposé du crash à partir de la dernière trajectoire connue, on fait une surveille sub-orbitale en stratosphère et on se pose assez loin. Ensuite, on utilise ma sonde pour reconnaître le site précis du crash. La raison pour laquelle on fonce pas là-bas, c’est qu’on sait pas si c’est une avarie de leur vaisseau, s’ils ont été victimes d’une action hostile ou si y a un phénomène naturel X ou Y à éviter. On leur servira pas à grand-chose si on finit aussi en miettes. Ensuite, si y a rien d’exceptionnel, on redécolle et on investit le site du crash. Si ça sent le roussi…


L’explorateur haussa les épaules.


On avisera. J’ai du mal à me rencontre ce que fabriquent concrètement les Gamorréens sur cette planète paumée. De ce que je comprends, pas grand-chose, m’enfin… Allez, c’est parti.


Il offrit son bras à Maxence.


Madame, si je peux vous raccompagner jusqu’à la sortie.


C’est-à-dire un mètre plus loin, au sas pressurisé qui menait au chasseur de la jeune femme. Quelques minutes plus tard, ils étaient connectés par comlink, chacun sur son fauteuil, les deux amis entamaient leurs manœuvres pour pénétrer dans la stratosphère de la planète.


Blip, Éos, vous nous faites les projections ?


Sur leurs consoles s’afficha la trajectoire supposée du vaisseau en détresse, non loin de l’équateur de la planète, là où la forêt qui en couvrait presque toute la surface terrestre se faisait tropicale. Les instruments de bord grésillaient et Karm échangea un regard avec son droïde.


Bip bip bip…
Comme tu dis, murmura-t-il non sans une pointe de préoccupation.


Les deux vaisseaux se mirent à suivre l’équateur de la planète. L’épaisse couverture végétale empêchait d’avoir une idée très claire de ce qui se tramait sur la surface, mais ce qui était certain, c’était qu’aucune tour menaçant et aucune forteresse assassine ne venaient rompre la monotonie des arbres, et qu’il paraissait fort peu probable que des missiles lancés depuis la surface pussent rien atteindre à de telles hauteurs.


OK, fit le Jedi dans son comlink, on descend à hauteur d’aviation pour repérer le site du crash.[/color]


La navette de l’ExploCorps entama sa lente descente, accompagnée du chasseur de Maxence et, après dix minutes, ils recommençaient leur survol.


Y a zéro trace des installations gamorréennes, c’t’un un peu curieux, observa l’Ark-Ni. Et les perturbes électromagnétiques empêchent toujours de détecter des signatures technologiques.
Bip bip bip, signala l’astromech.
’Ffectivement. Max, tu vois ? À quinze kilomètres de la chaîne rocheuse, en direction de l’équateur, y a une petite section calcinée. J’vais m’approcher en premier, couvre moi à une vingtaine de kilomètres environ.


L’appareil du Jedi perdit un peu de l’altitude afin de faire sa reconnaissance.


Clairement le site du crash, annonça-t-il bientôt. On va se poser à distance sur un plateau de la montagne et lancer Fugueur.


Le massif rocheux était bas et arrondi, probablement une formation déjà très ancienne, et ils n’eurent pas de mal à trouver un endroit où un éboulement avait dégagée une assise étroite, mais ils purent se poser l’un à côté de l’autre, avec un peu de délicatesse. Karm ne tarda pas pour déployer la sonde d’exploration exceptionnelle que Luke lui avait offerte plusieurs années auparavant, et qu’il entretenait avec un soin méticuleux.


Les cubes modulaires de l’appareil se réangencèrent et puis celui-ci, comme un drone cruciforme, plongea en direction de la forêt. Assis en tailleur, Karm suivait ses relevés en temps réel sur l’écran de son datapad. Un quart d’heure plus tard, il en activait le petit holoprojecteur intégré, pour afficher les images captées par le drone sur le site du crash.


Pas de trace de tir de blaster sur la carlingue, murmura-t-il en examinant l’épave déchirée en deux. Pas de traces d’explosion.


L’image tressautait.


Bon, va falloir aller voir par nous-mêmes. Mais on dirait que la voie est libre.


Quand Fugueur eut réintégré son domicile, c’est-à-dire Karm, ou plutôt le sac à dos de Karm, l’explorateur refit les lacets de ses chaussures de marche avec cet enthousiasme toujours suspect propre aux amateurs de randonnée et ils purent se mettre en route.


La forêt était épaisse, la chaleur presque étouffante, et on entendait toute sorte de sifflements suspects, et de serpentements dérangeants, de courses pas si discrètes que ça de choses beaucoup trop longues et avec beaucoup trop de petites pattes pour être entièrement honnêtes. En d’autres termes, l’Ark-Ni était absolument ravi.


Sympa comme planète, déclara-t-il en observant une créature en forme de boule flasque, hérissée de tentacules, qui remontait péniblement sur le tronc d’un énorme, en secrétant une substance purulente.


Plus loin, un champignon se déracina du sol pour s’enfuir à toutes jambes avant qu’ils ne l’atteignent.


Faudra que je revienne à l’occasion.
Maxence Darkan
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Que de galanterie, mais surtout, que de faux espoirs ! Ne pas tout faire cramer ? Et puis quoi encore ? Ne pas tirer à vue sur la faune locale ? Toute déçue, elle réinvestit son -fabuleux- vaisseau pour gentiment survoler sa surface, suivant les instructions de son ami, elle pilotait avec assurance son vaisseau, tapant sur son tableau de bord qui semblait déconner pour des raisons inconnues qu'Éos ne pouvait pas expliquer. Malgré la pauvre IA lui répétant que ça n'arrangerait pas les choses, la blondinette continua jusqu'à l'atterrissage de fracasser son poing dessus. Le sac qu'elle avait pris témoignait de la confiance qu'elle donnait à Karm pour ce genre d'environnements, seulement quelques rations de survie, le nécessaire médical avec désinfectant et bandages, mais avant tout, le tabac.

Pendant que l'Ark-Ni s'amusait avec son petit drone de repérage, elle entraînait son doigté à la fabrication de cigarettes roulées, bio qui plus est. Une petite lèche plus tard, elle la posa derrière son oreille avant de s'asseoir à côté du Jedi et regarder l'écran du datapad. Un sourcil arqué, le fait que le vaisseau puisse s'écraser avec un équipage décrit comme compétent sans se faire attaquer lui semblait bien suspect. Certes, c'était Jimmy qui les décrivait comme compétents, ce qui faisait faiblir légèrement la force de définition du mot. Pas de conclusion hâtive, il fallait aller voir par soit même pour se faire sa propre idée de la situation.

Le sac bien en place, ses bottes tout terrain visiblement de moins bonne facture que celles de son ami, Maxence n'hésita pas une seule seconde à s'aventurer dans cette dense forêt. Il y avait toujours quelque chose de marrant à l'approche des natures jusque là inconnue, ses yeux se balançaient d'un insecte qualifiable de « Oh, regarde-le avec ses petites pattes crochues et son dos velu » et un autre qu'on pouvait résumer par « Bordel de merde, cette abomination fait la taille de mon avant bras ».

-C'est vrai qu'c'est cool. J'trouve ces trucs dèjà plus accueillant que l'amphibien qu'on avait trouvé sur Kaal... comment il s'appelait déjà ? Samuel ? Samy ? Albator ? Ah, j'sais plus.

Son ton semblait un peu perdu, il ne lui avait pas demandé comment elle allait, ou ce qu'elle avait fait entre temps, du moins, en dehors de son petit secret, ni même comment la soirée s'était terminée avec Léo -pas dans les détails, évidemment, n'allons pas jusqu'à lui faire une nouvelle fois puiser dans la Force pour calmer ses instincts- pour dire de faire attention. D'un côté, ça l'aurait drôlement faite chier qu'il force dessus, de l'autre elle ne savait pas si elle devait aborder le sujet. Elle alluma la cigarette roulée plus tôt, en pris une bouffée pour grimacer son expiration.

-Pouha, c'est dégueulasse. J'ai pensé à toi, j'ai acheté du tabac bio, avec des filtres biodégradables pour pouvoir jeter mes clopes dans la nature sans qu't'es à m'faire la morale, mais j'regrette un peu là. J'aurais dû rester sur ces bonnes vieilles industrielles, le chimique, y' a qu'ça d'vrai. Heureusement, les cigarettes ne valaient quasiment rien à Pine Point. D'ailleurs t'as pas réagi à la photo d'Léo à poil en train d'dormir dans l'lit. … Me dis pas qu'tu l'as supprimé, parce qu'elle est trop belle ! Ricanement typique de la blondinette. Et encore, t'as pas vu l'moment où y' s'est bavé dessus.

Une soirée mémorable pour sûr et ce n'était pas que l'ancien Padawan qui la marqua dans son esprit, mais bien les petites fesses dodues qui s'agitaient devant elle. La blondinette enjamba une charogne de truc, sûrement chassée et mangée en parti par un machin.

-J'suis clean. S'exclama-t-elle précipitamment et surtout, sans prévenir. Complètement clean, j'ai pas repris de Speed, ni d'drogues... de drogues dures, j'veux dire. Les feuilles longues n'étaient pas la pour faire belles. J'ai encore des problèmes d'addiction, genre, nausées, tournis, ou sueurs froides, mais j'gère. Elle hocha la tête avant de répéter. J'suis clean. J'voulais te l'dire.

Maxence baissa son regard sur ses pieds pataugeant dans une mousse imbibée d'eau, l'humidité ambiante, même pour elle, lui semblait forte, une chaleur lourde, pas étouffante, prenant simplement le corps sur la durée comme la cigarette immonde qu'elle continuait de fumer sans trop savoir pourquoi. Ce qu'elle ne s'avouait pas, c'était qu'elle se sentait mieux rien qu'à lui dire, pas besoin de grandes félicitations et d'embrassades -purement amicales- joyeuses, dont Karm raffolait sans aucun doute, juste quelques mots glissés au milieu de nulle part.

-Bref, t'as vu les interférences sur ton datapad ? T'as eu les même dans ton vaisseau, pas vrai ? Tu sais à quoi c'est dû ? Ça peut très bien être une des causes principales du crache du vaisseau si aucun coup n'a été tiré. Ça et... j'sais pas, l'équipage a très bien pu péter un câble, mutinerie, un mec qui s'met à buter tout l'monde, des trucs charmants quoi. Elle haussa les épaules. J'pense qu'y' vaudrait mieux connaître la cause du crache avant d'chercher l'équipage en lui-même. Leur vaisseau doit avoir une boite noire, un truc du genre, si on trouve personne là-bas, ça nous éclairera.
Karm Torr
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Karm était occupé à caresser un arbre — les druides jedis sont des gens singuliers — quand son amie l’assura de sa (relative) sobriété. Le regard du Maître se posa sur elle, intensément scrutateur, puis il eut un sourire léger et dit :

J’suis fier de toi.

À son sens, c’était mieux que tout un discours, parce que c’était la vérité et qu’elle était simple, par conséquent belle. L’homme se redressa après avoir encore examiné des mousses amoncelées au pied d’un tronc et expliqua :

J’veux pas te presser de questions, sur ça ou le reste. Mais si tu veux en parler, je t’écouterai toujours. C’est juste que je préfère que ça se fasse à ton rythme, quoi.

Des Guérisseurs du Temple lui avaient donné quelques conseils sur les méthodes psychologiques à appliquer dans ce genre de situations, mais par la force des choses, leur expertise en la matière était limitée : l’addiction ne comptait pas parmi les vices des Jedis, en tout cas pas parmi ceux qu’ils acceptaient de reconnaître.

Karm les avait reçus avec une certaine circonspection et, par conséquent, il se fiait plutôt à son instinct.

De c’que j’en ai compris, les symptômes physiques finiront par passer.

Il s’abstint de proposer des soins surnaturels. Maxence savait de quoi il était capable. Si elle l’avait voulu, elle l’aurait demandé, comme par le passé. Le sujet de Léo fut quant à lui soigneusement évité. Pourtant, il avait bien reçu la photographie, et il l’avait même regardée plus longtemps qu’il ne voulait bien l’admettre avant de l’effacer. Sa mémoire conservait encore vif le souvenir des courbes du jeune homme, de ses reins creusés, de l’arrondi de ses fesses fermes, et il faisait naître en lui de la chaleur et de la culpabilité.

Ah ouais, carrément, fit-il quand son amie évoqua sa théorie sur le crash du vaisseau. Folie de l’espace, cannibalisme parmi l’équipage, ce genre de trucs, hein ? T’as l’imagination flippante, dis donc.

Difficile pour lui d’estimer si c’était une hypothèse probable. Il avait encore beaucoup de mal à se représenter le quotidien d’un kajidic. S’agissait-il d’une organisation bien huilée, semblable à une sorte d’armée, et où la discipline rendait les rébellions rarissimes ? Ou au contraire était-il toujours agité par des soubresauts ?

Pas de traces de bipède dans le coin, en tout cas, commenta-t-il. Quand tu te crashes, c’est pourtant pas mal d’essayer de rejoindre un relief. Dans les montagnes, tu peux trouver des cavernes pour te protéger, t’as une position surélevée pour reconnaître le terrain, ce genre de choses.

Il leur fallut encore une bonne heure de marche pour parvenir au site de l’accident. La progression était difficile : dans cette jungle qui paraissait entièrement abandonnée à sa nature sauvage, sans la moindre trace d’exploitation, personne n’avait ouvert de trouée, pas de chemin, pas de coups de machette pour libérer le passage. Il fallait escalader et se faufiler, parfois même de longs détours étaient nécessaires.

Sur un signe de l’explorateur, ils s’étaient aussi arrêtés à plusieurs reprises et tapis au pied d’un arbre pour laisser passer un animal plus gros que les autres, probablement un prédateur. Ils avaient aperçu de la sorte un insecte géant, d’un mètre et demi de haut, avec de puissantes mandibules et une carapace luisante, et aussi une sorte de primate, qui évoluait dans les branches avec ses quatre bras musculeux, et dont la gueule était garnie de crocs acérés.

Enfin, ils furent face au vaisseau. C’était un cargo de trente mètres, déchiré par le milieu. Sa cargaison de droïdes était éparpillée un peu partout, dans des amas de métal tordu sous l’effet du choc et de la chaleur. Les deux visiteurs en firent soigneusement le tour, pour s’assurer une seconde fois que la carlingue ne portait pas de trace de blaster, ni de torpille, puis Karm suggéra :

Un petit tour à l’intérieur ?

L’Ark-Ni alluma une lampe frontale qu’il fixa sur sa tête, avant de se faufiler dans l’épave. La partie avant était renversée, de sorte que l’on devait marcher au plafond. Un générateur fonctionnait probablement encore, parce que certaines des lumières clignotaient, mais de plus en plus faiblement.

Ils traversèrent les quartiers de l’équipage. Il y avait des traces de sang, mais peu. Des gens avaient dû se cogner violemment, mais rien ne permettait de suggérer des blessures graves. Karm bifurqua dans une coursive qui partait à la verticale et qu’il entreprit d’escalader en empoignant des câbles. Quelques minutes plus tard, il parvenait à se faufiler dans l’infirmerie.

Ils ont embarqué tous les médocs, lança-t-il à Maxence. Les placards sont vides. C’est plutôt bon signe.

Cela suggérait que l’équipage avait fait preuve de présence d’esprit et s’était fourni avec le nécessaire avant d’abandonner le vaisseau, et surtout qu’il y en avait au moins un à ne pas être trop mal en point et à pouvoir escalader les coursives comme ils venaient de le faire.

Direction le cockpit, du coup ? Pour la boîte noire.
Maxence Darkan
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Le vaisseau était un petit cargo suffisamment grand pour prendre à son bord une poignée d'hommes prêts à se défendre en cas d'attaque, en plus de la cargaison en soute. Du côté physique, assez grand pour que Maxence lance une branlée d'insultes en faisant le tour. S'entre-tuer était une proposition comme une autre, si Maxence -une femme pourtant parfaite en tout point- pouvait tomber dans les griffes de l'addiction, alors un membre d'équipage compétent aussi, ensuite, il ne manquait plus qu'un très mauvais bad trip et un blaster à porté de main pour enfumer la carcasse. Mais en explorant le vaisseau, cette supposition tomba à l'eau, pas de corps, pour l'instant du moins, ce qui faisait de la folie un des derniers suspects potentiels. Ils n'étaient pas non plus parti dans la direction du plateau sur lequel elles étaient atterries, donc, le mystère restait entier.

Sa lampe de main balaya chacune des salles, mais rien d'exceptionnel. Direction le cockpit, donc. Les lumières de secours allumé sur le sol du vaisseau, soit, le plafond, le couloir les conduisit droit à une porte entre ouverte, mais pas suffisamment pour les laisser passer. Elle lança un regard à Karm avant de saisir les bords de la porte pour tirer de toutes ses forces. Un crissement métallique retentit alors que l'ouverture s'agrandissait d'une quarantaine de centimètres. Une odeur prit Maxence droit au cerveau, une senteur ferreuse, celui du sang à ses pieds qui devait encore goutter du plafond il y avait peu de temps.

-Oh, merde...

Elle s'approcha de quelques pas, imprégnant ses semelles de la flaque pourpre séchée sur les côtés qui laissait peu d'espoir sur la survie du pilote. Elle se pencha pour découvrir une femme, la tête à l'envers, un bout de son tableau de bord s'était enfoncé dans son poitrail. La blondinette grimaça, ce n'était vraiment pas beau à voir, mais elle prit le temps de fermer ses yeux vitreux. Elle secoua la tête de gauche à droite lentement. Ce qui attira ensuite son attention, se fut la deuxième place, celle du copilote, vide.

-Elle était seule au moment du crache. Et personne n'est venu la chercher, donc, soit ils en avaient rien à foutre, soit ils ont compris qu'elle était morte. Elle se servit d'une bosse sur le sol -ou le plafond- pour atteindre le tableau de bord en dessous des pieds de la défunte. En général, on enterre les morts d'un crache... 'fin, on les sort et on les couvre à l'extérieur, un minimum quoi. Mais là non.

Après avoir tenté de forcer une plaque, elle dégaina son couteau tout neuf pour le planter dans l'interstice et la faire céder. Puis elle enfonça sa main pour arracher quelques fils. En fronçant toujours plus les sourcils à chaque fois qu'elle en arrachait un.

-Normalement, un truc devrait s'ouvrir... elle regarda autour d'elle avant de pointer un mur, là.

Elle recâbla deux d'entre eux, patienta près de trois secondes sans bouger d'un poil, puis en rebrancha deux autres. Sur le moment, une plaque du mur se décolla. Créée de manière à simplement s'ouvrit, les dégâts sur la carlingue n'offrait rien de plus qu'une éjection violente pour s'écraser en face et retomber lourdement. La blondinette haussa les épaules, puis elle empoigna solidement le manche de sa vibrodague en l'allumant pour la planter dans une énième plaque. Ces petits trucs précieux étaient vraiment placés à des endroits impossibles pour les garder saufs des pires craches, mais elle y arriva enfin, plus de métal sur le sol, elle attrapa deux belles poignets pour sortir la sainte boite, une caisse blindée de cubique de trente centimètres de côté qui pesait son poids.

-On va la sortir. On retrouve l'équipage, ensuite on l'enterre. Elle jeta un œil à la pauvre bougre. Elle mérite au moins ça.

Chaque Être méritait une sépulture, même le pire ennemi, quand disent les nerveux de la gâchette, ou même Maxence sur son futur à suivre, la sépulture restait à minima sacré dans le cœur des mercenaires. Elle traîna son petit bijou à bout de bars dans tout le vaisseau pour le poser sur la terre meuble du crache et s'asseoir dessus. Elle se pencha au-dessus, tapota sur de petits boutons rouge et une cache présenta gentiment des câbles. Elle en tira un pour le brancher à son bracelet.

-Maintenant, faut télécharger. … Ouais, bah le monde il est pas instantané, pas d'ma faute.

On avait beau vivre en 21 576, les gens oubliaient vite que télécharger des donnés ne se faisait pas en un claquement de doigt.

-J'ai besoin d'en parler, de mon addiction, t'es la meilleure personne pour ça. Fély, c'est l'côté médical, y' m'dit comment m'comporter, éviter d'recommencer, gérer l'manque, tout ça. Avec le Jedi, c'était différent. J'vais pas t'faire un dessin d'la soirée avec Léo, mais on a discuté, beaucoup. Cette photo était vraiment très belle. T'sais c'qui m'a conseillé ? De fumer plus, genre, dès qu'je sens qu'j'ai vraiment besoin d'en reprendre, je sors une clope pour oublier. Je sais pas trop si c'est une bonne chose, j'fume presque deux fois plus. Il a jamais connu ça, les problèmes d'addiction, mais c'était cool... j'l'aime bien.

Admit Maxence, sourire à l'appui, puis il s'effaça.

-Seulement deux jours après ton départ, j'me suis surprise devant mon dealer qui m'tendait du Speed, j'ai paniqué et j'lui ai foutu mon meilleur crochet du gauche, c'tait vraiment un dealer qui refilait d'la super came... Ses sourcils montèrent sur son front. J'ai pas envie de retomber dedans. J'fais des conneries, plein d'conneries et j'adore ça, mais va falloir que j'comprenne mes limites. J't'avouerai que juste se raccrocher à des clopes, des pilules contre la nausée et les souvenirs de toi en train d'danser autour d'une barre, c'est pas hyper simple.

Pourtant ces soutiens étaient d'excellentes qualités.

-Les données sont téléchargées. Les communications ont été brouillées pour des raisons inconnues, sûrement dû aux mêmes problèmes rencontrés lors du repérage.

Maxence présenta son bracelet au Jedi sans détacher son regard du sien. Elle ne voulait pas de ses pouvoirs, il avait raison, des fois, pour se sentir mieux, il fallait morfler, mais c'était bien plus que ça qu'elle souhaitait.
Karm Torr
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Ben écoute…


Tandis que son amie tripotait la boîte noire, parce que Maxence, tripoter, ça, c’est son truc, le Jedi configurait à nouveau sa sonde, et désormais de forme serpentine, Fugueur se glissa dans les hautes herbes et disparut bientôt de leurs regards.


Si ça peut te consoler, sache que j’ai commencé à apprendre le pole dance.


Le regard de l’Ark-Ni se porta dans celui de son amie.


Pour de vrai. J’ai trouvé ça hyper sympa. J’avais un peu appris de la danse de… T’sais, de boîtes de nuit, quoi, pour m’infiltrer dans des soirées étudiantes avec Luke, pour une mission. Ouais. Longue histoire. Bref, c’était sympa mais sans plus. Là, j’ai bien apprécié le côté très technique de la chose, et en même temps rythmé. J’ai trouvé ça relaxant et en même temps athlétique. Du coup, je regarde des vidéos sur HoloTube et j’essaie de me former en autodidacte.


Ce ne serait probablement pas très utile en mission, mais Karm percevait la vertu méditative de l’exercice.


Donc, tu peux penser à ça. Et de manière générale, j’me dis que ce qu’il te faut… C’est des sortes de rituels au quotidien et des trucs comme les clopes, admettons, mais plusieurs de différents ? Pour pas remplacer une addiction par une autre. La première fois que t’as envie, tu prends une cigarette, la seconde fois, tu vas faire un footing, la troisième fois, tu manges un morceau et ainsi de suite. Et au bout d’un moment, l’envie devient une manière de se reconstruire un quotidien à peu près normal.


Leur conversation fut interrompue par la boite noire. Jusque là, rien de très surprenant.


Rapport de repérage.
Survol de la section 27. B. Hémisphère nord, de la planète… Pzorb. Forêt. Survol de la section 27. C. Hémisphère nord, de la planète. Pzorb. Forêt. Survol de la section 27. D. Hémisphère nord, de la planète. Pzorb. Montagne. Perturbations électromagnétiques. Dysfonctionnements des relais de transmission interne. Fin du repérage. Retour en orbite pour réparation.


Le Gardien s’accroupit pour brancher son datapad sur la boîte noire et récupérer les données de vol.


Passe le quart d’heure d’avant le crash.


La boîte noire se mit à grésiller et puis une projection holographique pixellisée vint flotter devant eux, au-dessus de petits débris issus du crash. On y voyait la pilote et son copilote.


Survol de la section 28. A, fit celle-ci. Toujours la même chaîne montagneuse. Pas de traces des Ga…
Vrey, j’ai plus de visibilité sur les réacteurs.


La pilote pressa un bouton sur le tableau de bord.


C4-K7, y a un problème avec les réacteurs latéraux ?


Elle ne reçut qu’un grésillement pour toute réponse.


Essaie d’avoir de la visibilité depuis la tourelle.
OK.


L’appareil était manifestement agité par de violentes secousses, mais le copilote se désangla tout de même, pour disparaître du champ de l’holocaméra. Les minutes suivantes furent consacrées à Vrey qui luttait de plus en plus avec les manettes du tableau du bord, puis arriva ce moment fatidique où la pilote se mit à parler toute seule, à haute voix, pour le seul bénéfice de la boîte noire, ce moment où elle contemplait la possibilité de sa propre mort et se résolvait à la nécessité d’informer ceux qui trouveraient son cadavre.


J’ai perdu toute communication avec le reste du vaisseau, expliqua-t-elle au cockpit vide. La plupart des systèmes internes ne répondent plus. Je ne sais pas s’ils ont arrêtés de fonctionner ou si c’est un problème de transmission. Les manœuvres sont de plus en plus difficiles. J’ai donné le signal d’évacuation. Je ne sais pas si les autres l’ont reçu. Je nous approche de la surface progressivement, pour un atterrissage for…


Elle fut interrompue par une violente secousse. C’est à ce moment que la caméra dût être endommagée. L’hologramme disparut, pour ne laisser plus place qu’à du son. Un violent déchirement métallique. Un cri. Le bruit flasque de quelque chose qui transperce de la chair. Une alarme. Le fracas des arbres abattus par le nez du vaisseau. Le choc de l’atterrissage. Et puis le silence.


OK, ça, c’est bizarre, remarqua le Jedi. Repasse les cinquante dernières secondes.


Une alarme. Le fracas des arbres. Le choc. Puis le silence.


T’entends comme les réacteurs se coupent pile au moment du crash ? Y a zéro temps de latence. On les entend tout le long de l’enregistrement, puis le vaisseau s’écrase et plus rien. Ils continuent pas à tourner, alors que la pilote a l’air de perdre conscience avant. Donc c’est pas elle qui désactive. Ça semble vachement… Intentionnel.


Il aurait bien supposé que le vaisseau avait été victime d’un virus informatique implanté avant son décollage, mais comme son appareil et celui de Maxence avaient été affectés par les mêmes perturbations électromagnétiques, quoique dans une moindre mesure, ce n’était pas l’hypothèse la plus probable.


Bon. Occupons-nous de la sépulture, pendant que Fugueur poursuit ses investigations.
Maxence Darkan
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-Allons-y.

Un sabotage, là, d'accord. Vu le monde qui en voulait aux Cartels -tous-, il avait l'embarras du choix si c'était le cas, d'un côté, un infiltré républicain, les Besadii, ou, soyons fous, un impérial n'ayant que ça à foutre de ses journées. Son regard balaya les alentours pour s'arrêter sur les nombreux droïdes en miette : Jimmy, le nain malchanceux. La blondinette aurait aimé compter les droïde, savoir si la cargaison était complète, mais le crache, la moitié de vaisseau, le bordel dissimulé par la végétation, impossible de savoir s'ils en avaient emmené avec eux en partant.

-J'suis contente que l'pole dance te plaise. Elle s'engouffra dans la carcasse, direction le cockpit. Faudra s'refaire une soirée autour d'une barre un d'ces jours, tu pourras inviter Luke, j'suis sûre qu'il adorera t'imaginer gigoter tes fesses autour.

Maxence soupira devant la porte de cette maudite salle avant de se remettre au dur labeur de la forcer d'autant plus et l'ouvrir en grand. Ses pas attentifs sur un sol morbidement glissant, elle considéra plus longuement la femme et sa position pour savoir comment la sortir de là. Elle posa sa main contre le bout de tableau de bord pour donner une légère pression dessus, ça pouvait le faire.

-Mets-toi de l'autre côté et pousse. À deux, c'était bien plus simple. Le métal s'enfonça pour libérer son thorax écrabouillé. Ok, maintiens, j'la décroche.

Elle tendit son bras pour atteindre la ceinture. Petit clique métallique, deuxième, puis le corps s'écroula sur le sol. Oups. La Djiilo eut un étrange moment de silence en la regardant, allongée dans son propre sang, elle s'éclaircit la voix avant de s'atteler à la porter. Un bras sous la nuque, l'autre derrière les genoux, elle transporta le corps à travers tout le vaisseau, chercha un endroit où la déposer, pour décider de l'allonger sous un arbre en lisière du crache. Assise à côté, elle se mit à rouler une cigarette, ses mains tremblaient, assez dur de savoir si elle faisait ça par respect mercenarial -ce mot n'existe pas, mais il est très beau- ou par simple intérêt personnel. Une fois roulé, placé au coin de la bouche, elle se pencha pour réarranger ses vêtements imbibés de sang et lui offrir une position confortable de défunte, les mains croisées sur le ventre, la tête pointant le ciel.

-Bon. Elle se leva, alluma la cigarette en regardant le cadavre. J'suppose qu'on peu dire un p'tit mot rien qu'pour elle. Vrey, c'est ça ? J'suis pas très forte pour les discours. Elle réfléchit. Tu devais pas vraiment t'attendre à ça, hein ? 'fin, mourir dans un crache, peut-être, mais qu'ce soit un Jedi et une mercenaire qui t'retrouvent pour te donner une fin digne... la galaxie est petite, trop petite. Qui sait, p't'être que l'atterrissage qui t'as coûté la vie à sauver tous les autres. En espérant qu't'ais pas souffert. Euh... ouais, repose-toi bien.

C'était... un discours, sans aucun doute. Maxence baissa son regard, les mains derrière le dos, cigarette à la bouche pour laisser quelques secondes de silence. Un silence trop singulier, bercé par les bruits de forêt environnant.

La mercenaire se tourna vers le Jedi.

-Tu peux, genre, faire pousser des trucs autour d'elle, comme une tombe ? Avec des fleurs, un truc joli quoi.

Maintenant qu'elle était au courant de l'étendue de ses pouvoirs concernant la nature, cette touche attentionnée lui vînt en se rappelant qu'elle n'avait rien pour l'enterrer ou même l'incinérer... surtout dans une forêt. Hochement de tête pensif en admirant la végétation se faire. Elle non plus, ne s'était jamais attendue à grand chose concernant sa vie, une sorte de bouillie prenant vaguement forme dans ses mains avant de s'écrouler à ses pieds : Karm, missions, argent, Dejsadii, Djiilo, l'Estafette, Jedi, Khar Delba. Sa clope était vraiment immonde. La fumée s'échappait lentement de ses narines, glissant sur ses lèvres, emportée par le vent pour caresser ses joues.

-J'essaye de faire des rituels. Pas pour la drogue, pour eux. Ça marche, je crois. J'me sens un peu mieux. Un peu. J'ai commencé à remettre un peu d'ordre dans ma vie, j'ai lu qu'un environnement sein facilite le bien être.

Quelle surprise ! Qui aurait bien pu deviner ce genre de chose ? Elle retourna près de la boîte noire pour s'asseoir dessus.

-Éos, y a des infos concernant la cargaison, avant et pendant le vol ?

-La soute contenait huit caisses de cinq droïdes protocolaires chacune. Entreposées par ordre de modèle modifié. Aucun droïde n'a été déplacé lors de la traversée. Samuel Smarty était l'homme assigné au maintien, ainsi que la protection de la marchandise. Avant que vous ne posiez la question, aucune information n'est fournie sur le dysfonctionnement du réacteur.

-Je cherche toutes les pistes possibles. Si c'est pas les interférences de la planète, ni un fou furieux qui massacre l'équipage, alors y nous reste plus beaucoup d'autres trucs... soit c'était la faute à pas d'chance, soit une fausse manip' côté machines, c'est à dire, dans l'autre partie du vaisseau, soit quelqu'un a trafiqué les réacteurs comme tu l'as suggéré. Et la seule chose qui pouvait vraiment intéresser notre saboteur, c'tait les droïdes... après y' pouvait juste avoir comme but de foutre en l'air la cargaison sans s'en soucier. Il en est où Fugueur ?
Karm Torr
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J’m’en occupe.


Et, devant le cadavre que l’on avait déposé contre l’arbre, Karm se mit à genoux pour enfoncer ses doigts dans la terre. Très vite, il sentit la Force tout autour de lui, qui irriguait la végétation et les animaux. Ces exercices qui lui avaient coûté jadis bien de la concentration lui étaient devenus si naturels désormais qu’il avait presque l’impression que sa conscience étant en permanence étendue au monde qui l’entourait.


Petit à petit, des tiges bourgeonnaient de l’arbre, puis elles s’étendaient, s’enroulaient lentement autour du corps de la jeune femme et se tressaient les unes aux autres, jusqu’à devenir l’enchevêtrement inextricable de sa demande. Au bout de quelques minutes, le corps avait entièrement disparu, absorbé par le tronc massif, et alors cette racine nouvelle, ou cette branche, c’était difficile à dire, se mit à fleurir, épanouissant sous les rayons du soleil de Pzorb une fleur unique, mais gigantesque.


Karm murmura quelque chose dans la langue de son peuple, avant de se relever. Il hocha la tête, quand son amie se confia sur son deuil, et entoura les épaules de la jeune femme d’un bras tendre et protecteur, avant de l’accompagner auprès de la boîte noire.


Pour l’heure, notre priorité est de retrouver l’équipage. On ne peut pas exclure l’hypothèse que le sabotage soit l’effet d’un trouble interne, et je suggère qu’on soit circonspects. Et Fugueur…


Le Jedi ralluma son datapad. Il avait envoyé la sonde décrire un cercle autour du camp, un peu en avant dans la jungle, à la recherche de traces de l’équipage. L’explorateur examina silencieusement les images enregistrées par la machine.


Là.


Comment ça, là ? C’était un morceau de jungle qui ressemblait à toutes les morceaux de jungle.


Regarde comme les branches sont brisées. Quelqu’un est passé par là. Hmm… On peut deviner à peu près la forme des corps en voyant le contour des branches brisées…


Ah bon ?


Il fallait vraiment être un explorateur chevronné pour s’y repérer, mais Karm n’en déclara pas avec moins d’assurance :


Clairement pas une carrure de Gamorréens. C’est parti.


Et cette fois-ci, plus de place à la méditation sur les vicissitudes de l’existence et l’ineffable fragilité de la vie. Karm récupéra son sac à dos et ils se mirent en route. Le jeune Maître ouvrait la voie d’un pas assuré et avec une nette proportion à ne rien faire craquer sous ses pas. Ils s’enfonçaient dans la jungle et, bientôt, les traces du passage de l’expédition devinrent plus évidentes : ici, c’était un peu de sang, là, l’emballage d’un paquet de bandages.


Ils sont pas très prudents, remarqua le Jedi, d’un ton égal qui cachait une pointe de contrariété.


Avec un peu de chance, la colonie des locaux était sur une autre partie de la planète, mais si les Gamorréens avaient été assez proches pour observer le crash, ils ne manqueraient pas d’investiguer, et les conséquences pouvaient être catastrophiques. La seule consolation était leur réputation d’esclavagistes : ils ne tueraient pas des prisonniers qu’ils pouvaient espérer faire travailler. Ceux qui étaient trop grièvement blessés, en revanche…


Ils commencent à fatiguer, là, observa Karm après une bonne heure de marche. La piste devient vraiment évidente, ils font plus aucun effort. Et ils tournent le dos à la montagne, c’est pas l’idéal. Ils…


Le Jedi s’interrompit brusquement et plaqua son amie contre le tronc d’un arbre, une main sur sa bouche. Et en effet, quelques secondes plus tard, le chant des oiseaux exotiques était troublé par les syllabes gutturales et nasales du gamorrese. Le Jedi ferma les yeux, retira sa main de la bouche de Maxence, l’autre déjà posée sur la garde de ses shotos. Concentré, il se mit à compter en levant les doigts l’un après l’autre.


Quatre. Ils étaient quatre Gamorréens en tout. Leur langage était incompréhensible pour lui. Dans son esprit, les observations de l’un des primates agressifs se formaient peu à peu. Bientôt le singe se prêtait à sa présence et prenait le petit commando en filature. Pendant près de dix minutes, Karm resta ainsi, yeux fermés, tout près de Maxence. L’impénétrable conversation des Gamorréens était hors de portée depuis un moment, quand il finit par murmurer :


Ils vont vers le site du crash.


Est-ce que cela impliquait qu’ils n’avaient pas trouvé les survivants ? Difficile à dire.


J’aurais bien aimé observer un peu leur équipement, qu’on sache à quoi s’attendre, mais mieux vaut hâter le pas.


La présence de ce commando changeait tout. Une partie de la colonie ne devait pas être loin. Désormais, l’urgence était redoublée.
Maxence Darkan
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Il faisait drôlement chaud dans cette jungle, vous trouvez pas ? Détrompez-vous, elle avait tout suivi, le groupe blessé et fatigué, les quatre Gamorréens en balade champêtre, ses lèvres fines à quelques centimètres, son visage proche et la pointe de ses cheveux argentés, balayée par la brise, caressant son front tandis que son air concentré donnait l'impression à la blondinette de devoir approcher de quelques millimètres sa bouche de la sienne. Ce petit jeu dura jusqu'à un point critique, le moment où il expliqua ce qu'il voyait à travers... la Force, supposément. Elle plaqua une nouvelle fois sa tête contre l'arbre en souriant. Éclaircissement de voix, main glissant sur son abdomen pour s'écarter du Jedi, elle lui lança un regard sensuel.

-Ouais, évidemment. Elle détourna le regard. Faut s'dépêcher. Pas l'moment d't'imaginer à poil au-dessus de moi, sûrement pas. … Ça va, j'déconne. Un peu... bon aller, en route.

Le plus dur avec ce genre de paroles restait de connaître les bases de son corps nu pour l'imaginer à la perfection.

Ce n'était pas elle qui menait la marche, même avec les traces de plus en plus indécentes que le groupe laissait derrière lui, elle préféra donner la main à une personne qui connaissait réellement ce genre de terrain et d'environnement. Le pas s'intensifia, suffisamment pour trouver une allure qui dépassait sans aucun doute celui des personnes qu'elles cherchaient, mais pas assez pour les épuiser. De longues minutes de marche s'écoulèrent en compagnie d'un Karm fouilleur qui suivait à la perfection la piste à la perfection, puis, Maxence s'arrêta, posant un genou sur le sol, c'était immanquable, un couteau de combat abandonné sur place et même elle remarqua la suite, les chemins se séparaient en plusieurs bouts.

-Ils brouillent les pistes ? Ah non. Y' s'sont battus. Plus de sang. C'est des gros panards de Gamorréens, ça ? Sur le sol, en effet, il y avait de grosses traces de pas. Je crois qu'ils les ont déjà trouvé et qu'ils sont à leur recherche. J'te propose de pas s'séparer, on fait pas comme dans les holofilms de merde et on s'occupe d'une partie à la fois. Genre, celle-là.

Un chemin vers la gauche, s'enfonçant dans la végétation dense, la blondinette commençait à comprendre à quoi ressemblait les indices utiles à une telle traque, étant donné qu'ils n'étaient pas non plus dissimulés et qu'elle était épaulée par un Maître Jedi spécialisé dans l'exploration de milieu naturel, son instinct d'enquêtrice prenait le dessus. Des boîtes de médicaments, tombés dans la précipitation, du sang sur les feuilles en les caressant du membre infirme, des trous de forme humaine représentatives de chutes, ces gens là avaient vraiment la frousse face à quelque chose, mais rien ne semblait les avoir suivis. Au détour d'un tronc, puis d'un cailloux, puis d'un amas de lianes et d'une grosse limace multicolore, la mercenaire s'arrêta pour observer depuis la hauteur d'un talus, elle observa les traces s'enfoncer dans une petite grotte formée par un déplacement de terrain.

Elle posa son index sur sa bouche avant de s'y diriger, main posée sur le manche d'une arme. À pas de louve, elle continua jusqu'à l'entrée. En s'arrêtant, elle se rendit vite compte qu'elle n'y voyait rien. Ses yeux se plissèrent.

-Bouge pas.

-Ah bah voilà. Un Cathar sortit de la pénombre, blaster en main. C'est bon, baisse ça, les secours sont arrivés.

Il balaya la zone, considéra le Jedi un instant puis reprit.

-Rentrez, vite.

Sur Pzob, à partir du moment où vous n'étiez pas une sorte de gros sanglier vert, la confiance était vite donnée. Maxence alluma sa lampe torche en entrant : à l'intérieur il y avait deux autres personnes, des Humains, une femme blessée et le visage vaguement familier du copilote de la boite noire. Leurs affaires étaient sur le sol, triées et ranger, les iris du félin devait être le seul moyen utiliser pour se repérer et restait caché. Le Cathar qui semblait avoir pris la tête du groupe se pencha au-dessus de la blessée pour vérifier ses bandages.

-Vous êtes qui au juste ?

-La Djiilo chargée d'vous ramener en vie et lui... c'est mon époux. Occasionnellement un Jedi.

-Un Jedi ? C'est une blague ? Pourquoi un Jedi en aurait quelque chose à foutre de nous ? Et il est où son attirail de moine ? Pis ils peuvent se marier ?

-Ouais, bon, j'aurais p't'être pas dû dire qu't'étais un Jedi. Souffla-t-elle. Il fait juste ça pour faire plaisir à sa femme. Il est très doué pour ça. Petit ricanement. De toute façon c'est pas la question, on est là pour vous sauver les miches, vous pouvez nous dire c'qu'y' s'est passé ?

-Pendant ou après le crache ? Le copilote la fixait. Parce que pendant, c'était la merde, tout c'est arrêté de fonctionner pour aucune putain de raison et après, c'était pire, avec les blessés sur le dos, on a décidé de trouver de l'aide et s'écarter le plus possible du vaisseau en évitant ces sauvages, juste avant qu'ils nous tendent une embuscade.

-Ok, vous étiez combien avant l'embuscade ? On a des hommes entre leurs mains ?

-On était quatorze vu que...

-Vrey ? Il hocha la tête, en l'interrogeant du regard. On l'a sortie et on l'a... enterrée, en quelque sorte. Un silence pesant s'installa parmi les rescapés. Les Gamorréens en ont attrapé ?

-Ouais. Quand on s'est séparé, Sam, Tony, Fergol, Goy'kora et Dé se sont fait chopper.
Karm Torr
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Hé, qu’est-ce qu’il fait, le faux curé, là ?
C’est de vous qu’il parle, glissa obligeamment le copilote.
Hmmm ?

Karm venait de s’agenouiller auprès de la Djiilo blessée, éclairée par sa lampe torche et celle de Maxence.

J’vais la soigner, expliqua-t-il simplement.

Le Cathar, qui avait surtout fréquenté des Jedis décidés à le mettre sous les verrous, afin que les relations des Djiilo avec la République ne deviennent plus apaisées, ne cacha pas sa circonspection. Mais au point où ils en étaient, toute aide était au fond la bienvenue.

Qu’est-ce qui s’est passé, demanda le Maître de sa voix douce et androgyne ?
Les…

La femme contint un gémissement de douleur, déterminée à cacher ce qu’elle pouvait de sa faiblesse actuelle.

Les Gamorréens nous ont pris en chasse, on s’est enfui, on a couru dans la jungle, je suis tombé dans des ronces.
J’vais soulever le manteau, OK ?

Elle eut un hochement de tête, faible, et le Jedi retira délicatement le vêtement, pour dévoiler le buste nu de la jeune femme. Il était couvert d’écorchures, mais toutes superficielles. Il en déduisit sans peine que les ronces avaient dû être empoisonnées. Sans rien dire, l’Ark-Ni posa une main sur le ventre nue de sa patiente, une autre sur sa gorge et ferma les yeux.

Qu’est-ce qu’il fabrique, murmura le Cathar à l’attention de Maxence, partagé qu’il était entre la fascination de voir à l’oeuvre l’un de ces moines à demi-légendaires et une hostilité de principe ?

La blessée se crispa. Le Cathar fit un mouvement, mais le copilote le retint par le bras. Les secondes s’écoulaient, alors que Karm guidait la Force dans ce corps affaibli, pour lui permettre d’en purger les poisons. Au bout d’un moment, ce furent les écorchures elles-mêmes qui commencèrent à se refermer.

Pratique…, lâcha tout bas le copilote d’un ton ébahi.

L’opération dura en tout un bon quart d’heure mais, quand l’explorateur retira les mains de sa patiente, celle-ci était hors d’affaire.

Vous resterez encore affaiblie un moment, mais j’suppose que c’est parce que vous avez pas pu tellement manger.

Le Cathar lui lança une ration de survie, qu’il ouvrit pour la tendre à la convalescente.

D’ici une ou deux heures, vous devriez être sur pied.

Lui-même se releva et, l’avantage d’être petit, c’était qu’il pouvait se tenir debout dans la grotte sans difficulté.

OK. Y a deux solutions, j’imagine. Soit on vous ramène vous à notre vaisseau et vous attendez là-bas. Vu l’armement des locaux, vous devriez y être largement en sécurité. Soit on essaie de récupérer les autres tous ensemble.
Et les dysfonctionnements ?
Y a des perturbations électromagnétiques, soit de la planète, soit de son étoile, mais rien d’insurmontable. Notre théorie… ‘Fin, la mienne, en tout cas, c’est que votre vaisseau été saboté à l’origine. Mais en tout cas, les comlinks vont pas très bien fonctionner ici, j’imagine, et il faut en tenir compte, pour les bons et mauvais côtés.
Ah, parce que ça a des bons côtés ?
Ben, si on prend d’assaut un village pour libérer des prisonniers, c’est cool de pouvoir neutraliser les patrouilles qui l’entourent sans avoir à craindre que l’une d’entre elles prévienne les autres de ce qui se passe.
Vu comme ça…

De ce point de vue, Karm considérait que la situation les favorisait plutôt eux. Ils bénéficiaient désormais de l’effet de surprise et les Gamorréens de Pzob devaient être surtout habitués à se faire la guerre entre eux. Ils avaient eu le dessus sur un groupe de naufragés pris au dépourvu, mais il était temps de renverser la vapeur.

Qu’est-ce que vous savez ?
Pas grand-chose, reconnut le Cathar. On est très désorientés et on n’avait pas prévu de se poser ici, alors on a pas de cartes. Aucune idée d’où se trouve le village des Gamorréens, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils circulent pas en speeder, alors je doute que ce soit très loin.
Vous croyez que les autres sont morts, demanda la voix anxieuse de la jeune femme qui avait achevé sa ration ?
Peu probable, fit le copilote en suivant le même raisonnement que Karm un peu plus tôt. Ce sont des esclavagistes, ils vont les mettre au travail.

Il se retint de dire que ça changerait un peu Goy’kora.

OK. Bon, avant tout, reconnaissance alors.

Fugueur fut à nouveau déployé : bientôt, la sonde s’élevait dans les airs en quittant la caverne, pour se glisser entre les frondaisons, à la recherche des traces de l’installation gamorréenne.

Du coup ? Vous décidez quoi ?

Les trois rescapés échangèrent des regards d’abord incertains et puis plus déterminés.

On reste avec vous, décréta le Cathar. On va pas les abandonner.
Cool.

Le Jedi se retourna vers son amie.

Ma chère épouse, fit-il du ton le plus sérieux du monde, tout cela vous convient-il ?
Maxence Darkan
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Elle rassura vaguement le Cathar en lui offrant une tape dans le dos, un pouce en l'air et un petit sourire grimaçant pour témoigner de sa confiance envers le Jedi. Une confiance qui ne la décevait jamais : voir les blessures se refermer rien qu'en posant ses délicates mains sur les corps... bref. Maxence se retrouvait dans ce qu'elle pensait être une situation typique de mission de sauvetage, c'est-à-dire avec des survivants sur le dos et savoir quoi en faire.

-Si ça m'convient ? Elle se colla à lui, passant ses bras par dessus ses épaules. Évidemment qu'ça m'convient... On devrait p't'être s'embrasser pour prouver à tout l'monde qu'on est bien marié.

-Nan, ça ira.

-Tu m'facilites vraiment pas la tâche, toi.

Donc la galaxie était contre elle, quoi qu'elle fasse. Un long et terrible soupire lui échappa avant de prendre une position plus adéquat, enroulant sa main dans le dos de l'Ark-Ni pour faire face à deux aux Djiilo. En soit, ce genre de boulot ne changeait pas trop de l'ordinaire, se retrouver au milieu de nulle part en compagnie d'inconnus pour partir sauver on ne sait quel type de veuve et d'orphelin, la routine quoi, mais sur une planète au nom obscène.

-Par contre, bon, j'ai vraiment rien contre votre aide, j'apprécie beaucoup, mais je peux savoir pourquoi un Jedi porte secours à des Djiilo ? Et t'es qui toi exactement ?

-Bah voilà chéri, à force de trop vouloir faire ton boulot, t'en oublie les bonnes manières. Maître Torr ici présent fait ça parce que... j'peux t'ressortir le coup d'la femme comblée ?

-Non.

-Dommage. J'suis une contractuelle privilégiée Jedi, c'qui m'apporte quelques avantages et donc, indirectement, à vous aussi. Il lui lança un regard interrogateur. Ah ouais, j'suis Maxence Darkan, lieutenant... nouvellement lieutenant.

-Oh, putain, mais oui, Maxence, la pote des Jedis : Jimmy nous a parlé de toi, franchement, Rothana, bien joué, un vrai coup de maître.

Elle balaya l'air avec ça main face à la reconnaissance de sa réussite. C'était le coup qui revenait souvent sur la table, mais offrir aux Cartels une planète fabricante d'armes, ce n'était pas rien. Elle s'assit en faisant signe à Karm de faire de même, Fugueur se faisait attendre et la blessée avait besoin de reprendre son souffle après ces soins expresses.

-J'ai besoin d'savoir un truc... deux trucs... p't'être trois. Premièrement, vos gars, ceux qui s'sont fait enlever, en situation d'crise comme celle-là, ils sont du genre à paniquer ou ?...

-Ça dépend. Je pense plutôt qu'ils sont déjà en train de réfléchir à un moyen de se tirer. Sam, c'est le petit génie de la bande et Tony c'est le nerveux. Si tu veux mon avis, leurs heures ne sont pas comptées, ils tiendront.

-Bon, c'est une bonne chose, nan parce que les cellules psys ça coûte des blindes de frics. Petit silence, regards inquisiteurs. C'était une blague, vous savez, détendre l'atmosphère. Ouais, bon, les Gamorréens, ils sont armés comment ? Des fusils, blasters ?

-Des haches. En grande partie. Mais ouais, j'en ai vu avec des fusils et maintenant qu'ils ont récupéré les armes de nos gars... faut espérer qu'ils soient incapables de s'en servir.

Un Gamorréen, c'était près de cent kilogrammes de peau épaisse et de gras amorti dont la masse du cerveau avait tendance à paraître trompeuse par rapport à leur QI. Ce qui faisait de ce gros sanglier vert un ennemi de choix difficile à arrêter sans le tuer. Le plus rigolo restait de savoir que, malgré leur petite taille, Karm n'échapperait pas à son complexe de nanisme. Elle compta sur ses doigts avant d'arquer un sourcil.

-Huite. Tu m'as dit qu'vous étiez douze de base, les cinq prisonniers, vous trois, il en manque trois autres.

-On s'est séparé en plusieurs groupes quand ils ont débarqué, je dirais qu'il reste encore deux autres groupes de survivant planqué dans la forêt.

Maxence grommela, elle venait de se souvenir de son droïde sonde Iris qui traînait dans la soute de son vaisseau depuis qu'elle l'avait récupéré, sans jamais prendre le temps de le réparer. Avec un outil comme celui là, elle aurait étendu les recherches avec Fugueur. Que voulez-vous ? Il faut connaître le sens des priorités dans la vie.

-Chéri... Fit-elle pensive. Tu penses pas qu'si on part directement à la rescousse des prisonniers, on risque d'alerter tout les Gamorréens d'une manière ou d'une autre et mettre les autres rescapés en danger ? S'ils savent que des esclaves se sont échappés, ils vont sûrement lancer des recherches plus intensives et avoir plus de chance de les retrouver.

-On a vu passé des patrouilles dans le coin, y' a de ça une petite heure, ils nous cherchent dans tous les cas, ça nous donne peut-être une chance de voir moins de monde au village de ces gros tas.

-Je suis vraiment pas sûre qu'ce soit une bonne idée, plus on aura d'homme, mieux se sera pour libérer les autres.

-Ouais, excellente idée, comme ça on risque plus de vies.

-C'est quoi ton problème pignouf ?

-Mon problème c'est p't'êt' bien le fait qu'j'me retrouve au milieu d'une planète pourrie avec des gros trucs verts qui cherchent qu'une chose : me faire travailler de force jusqu'à la fin d'ma vie, tout ça pour une histoire de dysfonctionnement ou même, de c'qu'en dit monsieur le Maître Jedi, de sabotage qu'a coûté la vie à mon équipière.

Maxence fit une moue embarrassée en détournant le regard sur son ami, criant à l'aide par le regard. Elle le comprenait d'une certaine manière, mais elle n'aimait pas ça.
Karm Torr
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Maxence a raison.


On ne dira pas que Karm n’est pas un mari conciliant !


Mieux vaut commencer par regrouper les rescapés avant de se lancer dans une opération. C’est pas tant qu’il faut que tout le monde parte à l’assaut, ça, on verra quand on en saura plus, mais juste qu’il est préférable de pas être éparpillé. Et d’avoir toutes les armes possibles à disposition.
Donc vous partez sur un affrontement à mort ?


Il y avait une sorte de joie sauvage dans le regard du Cathar, et Karm comprenait son envie de prendre sa revanche sur les Gamorréens, plutôt que de se sentir vulnérable dans cette jungle hostile.


Par ailleurs…


Mais des coups de blaster se firent entendre non loin d’eux.


Protège-les, lâcha Karm avant de bondir hors de la caverne, pour disparaître dans la végétation, afin de prouver une fois de plus qu’en dépit du bon sens, il était le genre de type à se ruer en direction du danger, plutôt que de prendre ses jambes à son cou.


L’Ark-Ni se faufilait entre les troncs et esquivait les branches trop basses avec l’agilité d’un acrobate. Les coups de feu se multipliaient, accompagnés désormais de grognements distincts et vindicatifs. Il ne put s’empêcher de remarquer qu’il n’y avait pas de cris, pas d’injures, aucune de ces exclamations habituelles dans les combats.


Quand il fut suffisamment près, il se lança à l’escalade d’un arbre, heureusement pour un temps déserté par les macaques carnivores et, perché sur une branche basse, il put bientôt observer un spectacle un peu différent de celui qu’il avait anticipé. Pas de trace en effet des autres membres de l’équipage : c’était là Gamorréens contre Gamorréens. Les deux groupes, dont les armures étaient légèrement différentes, embusqués de part et d’autre d’un ruisseau, se canardaient avec obstination.


L’affrontement dura une bonne dizaine de minutes, mais à la première victime, côté ouest, les Gamorréens de ce groupe-là décidèrent de battre en retraite, laissant derrière eux et sans le moindre scrupule le cadavre de leur ancien camarade. Leurs adversaires en firent leur affaire puisque, une fois les autres partis, ils sortirent de leur cachette pour traverser le ruisseau et dépouiller le cadavre, avant de disparaître à leur tour dans la forêt.


Le Jedi refit bientôt son apparition dans la caverne.


Ciel, ton mari.
Vous trouvez vraiment que c’est le moment de faire des plaisanteries ?
C’est toujours le moment de faire des plaisanteries, répliqua-t-il flegmatiquement. Il semblerait donc qu’il y ait des affrontements internes aux Gamorréens. Je viens de voir deux groupes se tirer dessus. C’est une bonne et une mauvaise nouvelle.
Pourquoi mauvaise, s’enquit la blessée ? S’ils s’entretuent…
Ça veut dire qu’ils patrouillent constamment dans la forêt, répliqua le Cathar, que ce n’est pas seulement à cause de notre présence et que leur camp est sans doute bien protégé.


Karm hocha la tête et ce fut le moment que choisit Fugueur pour revenir. Quelques minutes plus tard, le petit holoprojecteur de la sonde permettait de visionner ses découvertes. On y distinguait sans peine un camp gamorréen, fait moitié de préfabriqués, moitié de constructions sommaires avec les matériaux du coin, peut-être une dizaine de bâtiments en tout, pour une trentaine d’individus. Les prisonniers étaient bien là, occupés à dégrossir des troncs de bois sous l’oeil vigilant, et le canon, de deux gardes.


Ils ont l’air dans un sale état, commenta le copilote.
Mais vivant, et c’est l’essentiel.


Le camp des locaux était entouré par une épaisse palissade de bois, faite de pieux énormes et soigneusement acérés.


Rudimentaire.
Mais solide.
Ils ne sont pas gardés très lourdement, remarqua la jeune femme qui avait réussi à se relever.
En effet.
Les Gamorréens ont tendance à sous-estimer les autres, intervint le copilote, après avoir enfin décidé de se montrer constructif. Les autres espèces, je veux dire, qui sont plus frêles. Ça pourrait jouer à notre avantage.
OK.


L’Ark-Ni se tourna vers la convalescente.


Capable de marcher ?


Elle hocha de la tête.


Alors on part tous chercher vos potes.
Pourquoi certains ne resteraient pas ici ?
C’est une cachette, mais c’est aussi un cul-de-sac et vous y êtes faits comme un rat. Je doute que vous ayez eu le temps d’effacer vos traces avant de venir ici et il suffirait qu’une patrouille tombe sur des indices pour remonter jusque là et alors…

Ce scénario sinistre finit par les convaincre, d’autant plus qu’il n’y avait plus de blessés. L’absence de comlink jouait beaucoup dans la motivation à ne pas se séparer. Alors leurs maigres affaires furent promptement remballées.


Mais les autres. Comment on va les retrouver ?
Il suffit de poser la question aux plantes et aux animaux.


Le Cathar se pencha vers Maxence et demanda tout bas :


Il est cinglé… ? Sauf ton respect, hein.
Maxence Darkan
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-On devrait pas allé l'aider ?

Ce Cathar semblait vraiment prêt à la bagarre. Maxence, fervente défenseure de la paix et de l'amour dans la galaxie, posa sa main sur le dessus du blaster de l'homme en gardant l'autre sur le manche de sa propre arme, le tout, sans détourner le regard de la sortie de la cave. Un silence pesant s'installa alors que la mercenaire prenait très à cœur sa responsabilité de protectrice Djiilo.

-C'est comment ?... d'être mariée à un Jedi ?

-Quoi ? Demanda-t-elle naïvement, oubliant presque cette blague au ton trop sérieux pour être une blague.

-Bah, quand même, mariée à un Jedi, c'est pas rien. Ils sont connus pour être les gens les plus coincés de la galaxie, donc... enfin... il a l'air ouvert, quoi. Ça vous arrive de, tu sais, faire des trucs de couple pas forcément bien vus par les moines ?

-Ouais carrément, j'te jure, la Force au lit, c'est un autre univers.

Les deux hommes semblaient légèrement dégoûtés par les images qu'ils venaient de se mettre en tête tandis que la blessée, elle, acquiesça longuement en regardant le vide : elle voyait parfaitement ce que pouvait faire la Force au lit. Les tirs continuaient mais Karm était une grande personne, il se débrouillerait parfaitement.

-Quelqu'un a une clope ? La femme lui en tendit une. Bon laissez-moi vous expliquer quelques trucs.

Pendant que son époux s'amusait à observer des Gamorréens se foutre sur la gueule, sa femme, elle, expliquait les aventures qu'ils avaient eu, fortement inspirées par les précédentes entrevues avec Léo. Très à cheval sur les détails de ce genre de relation, le Cathar passait du dégoût, à l'étonnement, puis à une sorte d'admiration alors que la femme restait pendue aux lèvres de Maxence qui ne voulait pas oublier, ne serait-ce qu'un passage, de leurs soi-disant expérience sous les draps... ou sur les draps. Seul le copilote essayait de faire abstraction en regardant ailleurs.

-Ciel, mon mari.

Enchaîna-t-elle en jetant son mégot. Il fallait que ses compères s'écrasent en plein milieu d'une forêt bercée par les guerres internes Gamorréennes, une situation somme toute singulière. Au moins, le minimum d'informations nécessaires étaient à leur disposition, avec la position des hommes et femmes fait prisonniers, ils pouvaient se concentrer pleinement sur les recherches des derniers rescapés. Sur ce, un interrogatoire des plantes était de mise.

-Mais non, il est pas cinglé, simplement... comment dire... spécial. Sauf mon respect. La lieutenant tapa dans ses mains. En route mauvaise troupe.

Elle emboîta le pas en dehors de la grotte une fois les affaires rassemblées. Son ami à ses côtés, elle espérait vraiment retrouver tout l'équipage en un seul morceau, mise à part la pilote.

-On va faire demi-tour jusqu'à l'endroit où y' s'sont séparés avant d'te regarder tripoter les plantes.

La femme, anciennement blessée, suivait les deux époux, les yeux rivés sur le Jedi, qui devait susciter chez elle un étrange intérêt, sûrement grâce aux explications de la blondinette sur les capacités d'un sensitif à faire ressentir les choses plus intensément. Maxence appréciait ce petit jeu de mari et femme, ce qui ne l'empêchait pas de rester sérieuse comme à son habitude, évidemment. Le demi-tour s'était fait sans tir de blaster alentour, ni patrouille, seulement le calme de la forêt et deux amoureux en balade.

-On peut encore suivre les traces. Fit-elle en arrivant sur le lieux de la séparation. On va t'économiser des forces avant. En voilà une femme qui ménageait son mari. J'suppose que c'est par là qu'y' s'sont fait emmener ?

Elle pointa de larges traînées de boues, mélangées à des gros pieds.

-Sûrement, on a pas trop fait attention en s'enfuyant.

Un silence général signifiant qu'ils allaient simplement se dire que c'était bien par là que les captifs étaient plus loin, Maxence se mit sur les pas d'un groupe parti à l'opposer de leurs invités. Sa main passa sur l'écorce d'un arbre abîmé par une main organique, du moins, par une hache tenue par une main organique. On les poursuivait, ce qui ne semblait bon. Il leur fallut une petite centaine de mètres à patauger dans la jungle humide avant d'entendre des grognements ou peu importe le bruit que font les sangliers quand ils se parlent. La blondinette se baissa au même titre que tout le monde. À travers une fougère, elle observa le haut du crâne d'un Gamorréen qui discutait avec un autre, levant sa grosse hache au ciel pour se faire entendre, ils ne les avaient pas attrapés visiblement.

-Karm ? Souffla-t-elle. C'est l'moment d'parler aux plantes.

-Parce que c'était pas une blague ? Commenta le Cathar tout aussi bas. Il parle aux plantes ?

-Ferme-la, tu veux ? Chuchota le copilote irrité. Laisse-les faire.

La mercenaire voyait parfaitement les traces continuer plus loin, le passage était juste coupé par les patrouilleurs, elle voulait s'assurer de leur nombre et peut-être même trouver un moyen plus rapide de rejoindre les survivants. Si les Gamorréens en venaient et qu'il n'avaient rien trouvé, cela ne pouvait signifier qu'une chose, le groupe masquait son passage... deux choses : ou ils étaient morts.
Karm Torr
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Qui aurait cru qu’il regretterait un jour de ne pas avoir pris gamorréen LV2 à l’école ? La patrouille qu’ils venaient de surprendre n’avait pas l’air ravi, mais d’un autre côté, les Gamorréens de son point de vue arboraient constamment une expression contrariée. Difficile de savoir s’il se félicitait d’avoir dévoré des bandits écrasés dans la jungle ou s’il maudissait ses proies de lui avoir échappé.


Le regard de l’Ark-Ni finit par quitter la silhouette massive de l’indigène pour se perdre dans la végétation, jusqu’à repérer un macaque à demi-endormi sur une branche. Alors il tendit la main et écarta les doigts, sous le regard attentif de la convalescente, puis la banche, après avoir frémi, eut un violent soubresaut. Le macaque réveillé en sursaut dégringola, poussa toutes sortes de cris, une volée d’oiseaux se précipita dans les frondaisons et les patrouilleurs, alertés par tout ce raffut, s’élancèrent de leur pas lourd à la vitesse surprenante.


Quand il jugea qu’ils seraient un peu plus tranquille, Karm s’agenouilla par terre et, sans rien dire, plongea les mains dans le sol moite et nourricier de la forêt. Des insectes ne manquèrent pas de lui grimper sur les doigts et le copilote réprima une expression de dégoût. Le Jedi s’était plongé dans la Force et il sondait les environs, voguant de l’esprit d’un animal à un autre, pour y débusquer la sensation de l’étrange, l’intuition de l’extraordinaire qui trahirait la présence d’étrangers au sein de la jungle.


Les secondes passèrent.


Ça n’a pas l’air très efficace, commenta le copilote, avec une pointe de satisfaction.
Chut !


Mais, au bout d’un moment, Karm ouvrit les yeux, se releva et déclara simplement :


Par ici.
Vous avez vu quelque chose ?
Les termites sont troublés.
Sérieusement ?


Indifférent à tout ce scepticisme, l’explorateur rouvrit la voie et, ensemble, ils cheminèrent un bon moment dans une végétation moins difficile qu’ailleurs.


Une jungle-jardin, finit par glisser Karm à l’attention de madame son épouse. On dirait que c’est désordonné, mais quand tu fais attention à la disposition des arbres, aux encoches pour récupérer de la sève ici ou là, c’est clair que c’est en partie exploité. Ça explique que ce soit largement moins dense qu’ailleurs.


Du reste, les locaux ne devaient guère avoir le choix : Pzob n’était pas exactement au croisement des routes galactiques et, dans une large mesure, ils devaient subvenir à leurs propres besoins. Ce devait être une vie étrange que ces êtres ramenés aux préoccupations les plus immédiates de leurs querelles intestines, tout en ayant conscience de l’immense complexité de la galaxie qui s’étendait au-delà de leur planète.


Regardez !


L’odorat développé du Cathar venait apporter la confirmation qu’ils se trouvaient sur la bonne piste, quand celui-ci indiqua un tronc maculé d’une substance verdâtre.


Du sang, suggéra Karm ?
Probablement de Zarik, confirma le Cathar. Un Falleen.
Notre mécanicien.


Ils échangèrent un regard inquiet. C’était beaucoup de sang.


On est plus très loin.


La progression devenait à nouveau plus difficile et petit à petit se traçait dans l’esprit du Maître la carte de la région, avec la zone que les Gamorréens cultivaient manifestement. Les rescapés avaient eu l’intelligence de choisir un chemin plus difficile, mais plus abrité. Pendant un bon quart d’heure encore, ils durent escalader se faufiler entre les branchages, jusqu’à ce que Karm désigne un énorme enchevêtrement de racines qui jaillissaient de plus d’un mètre au-dessus du sol.


Là-dessous, dit-il.
Euh…


La perspective de se faufiler dans un pareil endroit, probablement infesté d’insectes peu recommandables, n’avait rien d’enthousiasmant, mais le Jedi avait déjà disparu sous la voûte formée par les excroissances végétales et les autres n’eurent de choix que de lui emboîter le pas.


Et là-dessous, en réalité, abstraction faite de cloportes taillés pour remporter des compétitions de bodybuildeurs, le paysage avait quelque chose de féerique : les racines de l’arbre énorme, par-dessus leurs têtes, formaient une treille compliquée où l’on entrevoyait le ciel et les frondaisons, tandis que la rumeur d’un courant d’eau montait du côté du tronc.


Désormais, en tout cas, la trace n’était pas difficile à suivre : les taches de sang formaient comme une piste, qui conduisait sous une racine plus basse que les autres.


Attendez moi ici, fit-il avec son laconisme habituel.


Puis il se mit à plat ventre pour se faufiler en-dessus et disparut. Plusieurs minutes passèrent, puis la voix du Jedi, rendue un peu rauque par l’effort qu’il faisait pour parler plus haut que d’habitude, se fit à nouveau entendre :


C’est bon. Ils sont là.


La jeune femme fut la première à ramper sous la racine. De l’autre côté, le spectacle était étonnant : il y avait là une rivière qui s’écoulait dans un lit étroit et rocheux. Les arbres avaient poussés par-dessus elle, étendant leurs racines et les branches, courbant parfois leurs troncs, dans de tels entrelacs qu’ils avaient fini par en dissimuler l’existence.


Et, sur les rives, deux rescapés étaient agenouillés à côté d’un Falleen inconscient, auquel le Jedi, plongé à nouveau dans la Force, tentait désormais de prodiguer les premiers soins.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Merde... c'est... beau ?

-Bah quoi, t'as pas l'habitude de voir des trucs beaux ?

-Si, mais j'ai pas l'habitude de l'dire.

Seul le Cathar resta calme à la vue de son compagnon en sale état. Les deux autres s'étaient précipités aux côtés du Jedi pour ne pas l'aider et simplement le regarder faire avec panique et admiration. Maxence non plus n'en avait pas grand chose à battre, du moins, si elle espérait que chacun ait pu survivre dans son coin, elle lui faisait suffisamment confiance pour ne pas s'inquiéter de la suite médicale de notre tendre mécanicien. Elle savait qu'il pouvait peut-être l'informer sur les problèmes du vaisseau, mais il lui fallait reprendre connaissance. La Djiilo se joignit à la réunion pleine d'accolades et de petits coups sur l'épaule pour se rassurer en expliquant la situation de chacun.

-Qu'est-ce qu'y' lui est arrivé ?

Coupa la lieutenant très professionnelle à l'un des hommes en train de rincer les quelques plaies superficielles dues à une fuite effrénée en terrain inconnu. Il jeta un œil au Falleen avec une certaine crainte.

-On s'est fait surprendre par des Gamorréens, l'un d'eux a essayé de m'attaquer, pour m'assommer peut-ê... aucune importance, Zarik s'est interposé, ils ont lutté, mais il a prit un coup de hache dans le ventre... je... je sais pas s'il s'en sortira. Elle lui montra le Jedi en action d'un signe de tête bien placé. C'est... un Djiilo ?

-Nan, un excellent médecin, l'amour de ma vie et un Jedi à ses heures perdues.

-Merde, sans déconner ? Un Jedi ? Woh, putain d'merde. Il s'approcha de Karm. Vous allez le sauver, hein ? Vous êtes là pour nous aider ? Il était excité comme un gamin devant un salarié payé pour porter le costume de son héro préféré. Je m'appelle Tréius, je suis honoré de faire...

-Ok Tréius, laisse notre Maître faire son travail, tu veux ?

Elle l'écarta de Karm. Tous les Djiilo avaient leur propre avis sur les Jedis, la plupart du temps, l'avis en question restait une haine plus ou moins explicable, cependant, une branlée les admirait pour leurs faits d'arme, les légendes et les pouvoirs qu'ils possédaient, des trucs qui n'impressionnaient que rarement Maxence.

-T'en fais pas pour Zarik, il est entre d'bonnes mains. Vous avez fuit tout c'temps ?

-Nan, on s'est réfugié à plusieurs endroits, le problème, c'était principalement les patrouilles Gamoréennes alentours qui nous forçaient de décamper. On a fait deux trois pauses avant de se réfugier ici. Sans matériel médical, on savait plus quoi faire.

-Bon, bah aucun problème. Si t'as besoin d'soin demande aux autres, ils ont du matériel pour te rafistoler.

-On... on devrait pas rester là longtemps, ils sont peut-être pas loin.

Elle leva son pouce en l'air, balayant ses craintes sans faire attention, elle devait toucher deux mot à son mari qui continuait de prodiguer des soins au bougre. Elle s'accroupit à sa hauteur pour l'observer de plus près, d'abord silencieusement, puis elle grogna, ou grinça, les deux, son visage semblait pris de doutes, des doutes qui n'étaient pas diriger vers les techniques médicinales du Jedi, mais autre chose.

-J'crois qu'y' va encore falloir qu'on s'pose ici le temps que notre cher Zarik reprenne connaissance. … T'es sexy quand tu prends soin des autres. Elle resta un instant à le considérer. 'fin bref, j'vais faire un tour, histoire qu'on s'fasse pas surprendre. Tu verras, t'occuper d'eux, ça doit pas être plus dur qu'avec des Padawans.

-Je viens avec toi.

S'incrusta le Cathar, ce à quoi elle haussa les épaules, ça ne la dérangeait pas. Il devait aussi être sexy quand il s'occupait des bambins du temple. Oui, donc, bref, le duo, blaster armé à la hanche se mit à descendre le flot de la rivière, les yeux dans tous les coins, avoir un Cathar avait tout de même de bons côtés, ses oreilles à l'affût passaient de gauche à droite pour déceler le moindre son. Silencieux leur marche dura suffisamment longtemps pour perdre le groupe de vu. La truffe de l'homme remua, il renifla quelque chose qui, à l'allure de la tête qui en suivi, le dégoutta. La blondinette lui emboîta le pas pour atterrir nez à nez avec une carcasse d'herbivore en décomposition.

-Hmm... c'est bizarre. Il se pencha dessus. Il a été abattu, on peut encore voir les traces de blas... Il se tourna vers une Maxence en train de vomir. Ça va ?

-C'est... rien. Juste... l'odeur, tout ça.

La mercenaire n'était pas ce genre de petite nature, l'odeur joua un rôle, mais sa tête tournait et faire abstraction en se disant que ça passerait, lui coûta de prendre une pilule contre les nausées un peu tardivement. Elle se laissa glisser contre un tronc un peu plus loin en laissant les instincts du félin prendre les reines.

-T'entends ça ? Encore des tirs, ça doit être les Gamorréens. Viens, on va voir ça de plus près.

-Ouais, ouais, du calme, j'arrive.

Que de retournement de situation décidément ! Un peu plus loin, le même type de combat observé par le Jedi, deux clans en train de se foutre sur la gueule, à la simple exception qu'il s'agissait plus d'une poursuite où l'un des camps perdait tous ses hommes. Maxence en voyait assez, elle tapa l'épaule du Cathar pour lui dire de faire demi-tour, mieux valait ne pas chercher plus loin. Le chemin de retour sembla d'une longueur interminable, Maxence n'arrêtait pas de se caresser son front pâle, prise, cette fois, par les maux de tête. En arrivant, elle s'écroula à côté de son ami, laissant la parole à son compère.

-Je sais pas trop où on est, mais ce que le Jedi nous a rapporté, c'est pas un cas isolé, on doit se trouver au milieu d'une sorte de confrontation entre deux camps Gamorréens. Va falloir retrouver les autres aux plus vite, j'ai sûrement pas envie de savoir Dé et les autres pris là-dedans.

-Ouais, Dé, y' a bien qu'elle qui t'importe.

-Arrête un peu, c'était juste une façon de dire les choses, j'aurais très bien pu dire Sam.

-C'est bon ? Vous avez fini ? Vous voulez p't'être une p'tite pause, une récréation, un truc du genre pour vous détendre ? Vous avez pris votre goûté ? Silence. Bon, chéri, on en est où pour Zarik ?
Karm Torr
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Il a pris un sale coup, répondit le Jedi, qui sortait tout juste de sa transe quand son amie revint de sa petite excursion de reconnaissance avec le Cathar.
Sans blague…, lâcha le copilote.


Ce qui lui valut un coup de coude de la blessée qui n’a toujours pas de prénom et que nous allons donc baptiser Mary Antwa-Nayt.


Je l’ai stabilisé et il devrait se réveiller dans pas trop longtemps, mais d’ici à ce qu’il puisse marcher, et je parle même pas de courir ou de se battre, ça risque de prendre une ou deux semaines.
Une ou deux semaines, s’exclama le copilote ! Mais on ne va pas rester deux semaines ici !
Je pense pas que ce soit ce que le Jedi suggère, intervint le Cathar. Pas vrai ?


Karm hocha la tête.


On va aller libérer les autres, mais quelqu’un devrait rester ici avec lui. Puis avec les prisonniers, on regagnera notre vaisseau et on viendra vous chercher pour vous hélitreuiller.


La perspective de demeurer avec un convalescent dans une jungle hostile infestée de Gamorréens sans savoir si la grande évasion aurait fonctionné ou si l’alternative de sa destinée était désormais de jouer à Tarzan ou de se laisser réduire en esclavage ne suscitait pas beaucoup de vocation parmi les volontaires potentiels.


Le Jedi croisa le regard de Mary, qui ressentit comme une obligation et déclara un peu à contrecoeur :


Je le ferai.
Parfait, conclut-il. Avec tous ces affrontements internes, faudrait pas trop qu’on tarde.
Ah bon, demanda Trélius qui était parvenu à se glisser tout près du Jedi, pour l’observer aux premières loges, comme si les mystères de la Force se dissimulaient dans les pores de sa peau ? Pourquoi ? Qu’est-ce que ça change ?
Ben y a en gros deux possibilités. Soit ce sont des échauffourées ordinaires et c’est toujours comme ça, soit c’est une situation exceptionnelle. Si c’est exceptionnel et que c’est la guerre entre eux, il est pas impossible que le campement qu’on a repéré finisse par être pris d’assaut et dans ce cas, le danger redoublera pour vos potes.
On dirait que cette situation n’est pas nouvelle pour vous.
Ouais, l’extraction de prisonniers en territoire ennemi dans un environnement hostile, c’est ma spécialité.
Vous signez des autog…


Le Cathar se racla la gorge.


Dans ce cas, allons-y.
Prenez les armes et le reste de l’équipement, laissez les rations et le matériel médical à Mary.


Les rations, c’était une précaution sinistre, parce qu’elle visait à permettre à la jeune femme de survivre plus longtemps, si jamais ils ne devaient pas revenir. Les autres Djiilo eurent l’air un peu incertain mais, après un hochement de tête du Cathar bien décidé à se montrer à la hauteur de son rôle de chef improvisé, ils se mirent en ordre de marche.


Pendant qu’ils rassemblaient le nécessaire, Karm s’approcha de Maxence.


T’as une sale tête, dit-il en homme plein de tact. Si tu te sens trop de mal, hésite pas à me le dire. Y a peut-être des substances toxiques, dans cette jungle, et puis… Tout ça est hyper mouvementé.


C’était une manière aussi délicate qu’il en était capable de suggérer qu’elle pouvait être revisitée par les traumatismes de la guerre civile sith. Hélas, ils n’avaient pas le luxe de s’offrir des heures de psychanalyse et, quand tout le monde se fut équipé, la petite troupe se remit en route, laissant Mary et Zarik en arrière.


Karm avait décidé de suivre le lit de la rivière, car les rives ne portaient nulle trace du passage des Gamorréens, qu’une silhouette trop massive empêchait probablement de se faufiler sous le réseau des racines et qui, par conséquent, ignoraient peut-être sa présence.


L’explorateur vérifiait régulièrement sur son datapad les données cartographiques que Fugueur avait relevées, pour s’assurer qu’ils progressaient dans la bonne direction. Les berges calcaires étaient étroites et difficiles, et exigeaient d’eux parfois un véritable exercice d’escalade, dont l’Ark-Ni s’acquittait avec une agilité insolente, qui exaspérait le copilote et enthousiasmait Trélius.


Ce dernier, d’ailleurs, faisait tout son possible pour se maintenir à sa hauteur et essayer d’imiter ses mouvements. Au bout d’une demi-heure, Karm fit un signe pour marquer un arrêt et souffla :


’Tendez moi ici. J’fais tomber trois cailloux si la voie est libre et deux si vous devez rebrousser le chemin.


Et il empoigna fermement une racine filandreuse pour remonter le long de la petite falaise, afin d’émerger à la hauteur des arbres. Le camp n’était plus très loin. Pendant quelques minutes, il resta accroupi tout près du tronc, les sens aux aguets et puis, comme nul signe ne venait l’alerter, il laissa tomber trois petits cailloux, qui atterrirent par un hasard mystérieux tous les trois sur le crâne du copilote.


Avec plus ou moins de grâce, les Djiilo le suivirent dans son escalade.


On va avoir besoin d’une diversion pour vider le campement et pouvoir s’introduire pour libérer les otages. Les gens qui s’occuperont de la diversion pourront ensuite s’enfuir par où on est venus, tandis que les autres trouveront un autre chemin, pour prendre la direction des montagnes. Et on reviendra vous chercher en vaisseau.
On met le feu à la forêt, du coup, demanda Trélius avec un enthousiasme un brin pyromane ?
Euh… Si on pouvait éviter de se retrouver pris dans notre propre fournaise, ce serait sans doute plus facile. J’étais plutôt parti sur quelques tirs de blaster un peu spectaculaires, mais j’suis ouvert aux suggestions.
Maxence Darkan
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-J'vais bien, t'inquiète. On verra ça après.

C'est sûr que son sourire avait de quoi rassurer avec sa tête toute pâle et ses mouvements laissant penser à une mémère pleine d'arthroses, rien qu'un peu de calme bercé par une marche dans la nature et un bon bol d'air frais ne pouvait pas calmer... et de l'escalade. Dans tous les cas, Maxence tenait le coup, elle faisait de son mieux pour paraître au mieux de sa forme, ce qui la menait à la deuxième place, juste derrière Karm, suivie de près par notre fan de Jedi. Le Catahr charia d'un petit coup de coude le copilote qui ne s'arrêtait pas de râler. Maxence lança un regard au deuxième rescapé de la rivière qui ne disait pas un seul mot depuis le début, écoutant avec intérêt ce que chacun avait à dire sans jamais prendre la parole.

-Foutre le feu à cette forêt de malheur m'aurais pas déranger pourtant. Grommela-t-il. Avec du matériel aussi limité que des blasters, on a pas beaucoup d'options. Une idée Maxence ?

-Euh ?... Cet inévitable coup de vieux. Nan pas tant que ça, faut jouer la carte de la guérilla. On est limité en homme et en équipement. Haussement d'épaules. Kramounette et moi, on va s'charger de libérer les prisonniers, vous, pendant s'temps là, vous attirez l'attention à coup d'blaster. Tirez et courez, mais jamais trop loin pour qu'ils abandonnent les recherches.

Le Cathar fronça, les sourcils un instant, mais finalement, il comprit ce qu'elle voulait dire. Un système de Run&Gun qui sortait des jeux vidéos pour les forcer à jouer avec leur propre vie et celle de leurs amis, une façon charmante d'approcher les choses. Oh, et n'oubliez pas que la blondinette à gagner un concours de surnoms stupide et Karmounette, c'était franchement touchant. Elle leur montra la voie avant de reprendre la marche pour s'approcher toujours plus du complexe, s'il y avait de la montée, la descente n'en fut que plus flagrante, par-dessus les arbres, empilés sur la terre aux angles raides, ils purent admirer au loin un filé de fumée, une partie rasée de la forêt au profit de constructions en bois solide et d'une protection à toute épreuve... pour le niveau technologique que possédait Pzob et plus précisément cet endroit en particulier. Ça ne changeait pas vraiment des images de Fugueur.

-On devrait peut-être se séparer maintenant. On gère la suite.

-On peut partir sur la droite et vous vers la gauche, pour les attirer à l'inverse, simple mais efficace.

-Simple, mais efficace, comme tu dis, aller les gars et éviter d'mourir ou vous faire choppé, après c'est plus de boulot, faut prévenir les familles, c'est chiant.

Ironisa-t-elle avec un sérieux implacable. Ce ton cachait les mauvais souvenirs refaisant surface au moment de lancer sa blague. Le groupe se sépara pour laisser le duo iconique prendre la route à travers cet immense jardin. Une bonne dizaine de minutes qui auraient pu se montrer bien plus courtes si la blondinette était plus habituée à travailler en pleine nature, elles se trouvaient proche des murailles, accroupies dans ses fourrés, attendant patiemment que la diversion se fasse. Le temps se faisait long.

-Dis Karm. Elle planta ses yeux dans les siens. J'me demandais... par rapport à la dernière fois qu'on s'est vu, quand... 'fin toi et m... Des tirs à l'horizon pour la sortir de ses bafouillements. Putain. J'ai vraiment des timings à chier. Ok, oublie, on fonce.

Son centre de gravité baissé au plus bas, accroupie sur ses deux jambes, elle s'approcha des fortifications pour en faire le tour. Au coin des grands pilonnes, elle cherchait le moyen le plus discret d'entrée, mais suffisamment bien pensé pour éviter les gros trous dans leur défense, elles devaient s'infiltrer par une entrée, somme toute, bien plus conventionnelle. Une ouverture de passage, assez large pour un Gamorréen et demi, une terre certes tassé, mais surtout boueuse. Maxence pencha la tête : dans le camp, de ce qu'elle pouvait voir, des guerriers sortaient arme en main de leur des petites bâtisses pour se diriger à l'inverse d'eux, vers la diversion. La voie libre, la blondinette se glissa discrètement pour longer les murs, dont la tonte ne semblait pas une priorité. Le nombre de grosses bêbêtes hostiles avait certes réduit, mais il en restait un paquet.

Le centre du camp semblait presque infranchissable aux vues des individus qui s'y trouvaient. Ses yeux se plissèrent, au loin, mais pas si inatteignable, dans un coin de friche du campement, les prisonniers continuaient leur dur labeur. La blondinette se glissa derrière les tas de gourdin, stoppé soudainement par un Gamorréen en plein ronde, elle n'osait pas regarder, mais l'entendait approcher. Sa paume caressa le sol pour attraper un gros cailloux et, sans réfléchir, elle le jeta dans la fenêtre sans vitre d'un bâtiment. Des grognements de mécontentement retentir, un autre Gamorréen en sortit pour engueuler son compère qui ne comprenait pas grand chose.

Il n'y avait que sa chevelure d'or qui glissait dans les herbes hautes, prise dans l'action, elle réussit tout de même à les faire suffisamment avancer pour n'être qu'à une poignée de mètres des Djiilo captifs. Le problème : les gardes. Trois, précisément, des pipelettes à l'œil bien attentif vers les frêles silhouettes auxquelles ils confiaient le travail le plus embêtant.

-Le nain. Souffla-t-elle. Diversion, j'les fais partir. Puis elle compta les têtes. Attend... un, deux... quatre... il en manque un.
Karm Torr
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Ouais, souffla l’Ark-Ni d’un ton grave. C’est comme dans Blanche Neige et les Sept Rodiens, quand tu cherches à tous les nommer, il en manque toujours un.


Tapi dans l’obscurité, tout près de l’une des cabanes sommaires où les Gamorréens avaient élu domiciles, Karm ferma les yeux et se concentra à nouveau au sein de la Force. Cette fois-ci, il cherchait à détecter la présence des êtres vivants tout autour de lui. L’avantage était que leurs adversaires appartenaient à une seule espèce et que par conséquent, il suffisait de repérer quelqu’un qui, hors du groupe de prisonniers, sortait de l’ordinaire.


Dans la baraque du fond, chuchota-t-il. À côté du vieux réacteur de chasseur. Probablement affecté à des tâches domestiques ou un truc du genre. Tu peux toujours dire aux autres de s’enfuir dans une direction, tu pars chercher celui qui manque et vous les rattrapez. Je me charge de faire durer la diversion.


Après tout, il ne s’était pas mis aux cours de pole dance pour rien !


Si je suis pas revenu à la rivière dans six heures, partez sans moi.


Et sur ces bonnes paroles fort rassurantes, Karm quitta sa cachette et s’avança au milieu du camp.


Messieurs !
Grruik ! Rgouikr ourg gruu !
Certes.


Une demi-douzaine de blasters venait de se pointer sur lui. Il y prêtait une attention d’autant plus relative que son esprit était arrière : quelque part dans les frondaisons, là où s’ébattaient les macaques carnivores sur lesquels il avait un œil depuis leur arrivée. Bien conscient que des alliés agiles pourraient être nécessaires sur une pareille planète, le Jedi avait observé leur comportement et, désormais, ses pensées se mêlaient aux leurs.


Toi. Petite chose fragile.
Ah ben d’accord, ça fait plaisir, répondit Karm.
Toi mauvais esclave.
Y a même pas un genre d’entretien d’embauche ?
Toi trop bruyant.
Si je devais être une couleur, je dirais… Hmm… bleu.
Mauvais esclave. Bon barbecue.
Pardon ?
Bon barbecue, répéta obligeamment le Gamorréen.


Karm ne cessait de reculer. Ils ne cessaient d’avancer vers lui. Manifestement, sa présence ne les surprenait guère et il le prenait sans nul doute pour l’un des rescapés du vaisseau Djiilo. Dans les arbres tout autour du camp, les primates se sentaient envahis d’une convoitise inédite pour les possessions de leurs voisins porcins.


OK, OK, je suis un mec délicieux, on me l’a souvent dit.


Le Gamorréen qui lui parlait, et le seul peut-être à parler le basic, dit quelques mots incompréhensibles à ses acolytes et tout le monde rangea ses blasters. Il avait beau avoir envie de considérer cela comme un signe positif, le Jedi était à peu près sûr que c’était par souci de ne pas trop abîmer son cadavre, afin qu’il fasse meilleur effet sur la broche de rôtisserie.


Mais si on doit être honnêtes entre nous, les mecs, j’adore les léchouilles et les mordillements, mais, genre, dans un autre contexte.


Les Gamorréens firent craquer leurs phalanges comme des loubards de série B mais, au moment où ils s’apprêtaient à se jeter sur lui pour le capturer, des hurlements retentirent dans les arbres tout autour d’eux. La seconde suivante, une dizaine de macaques déferlait sur le campement. Karm s’était contenté d’attiser l’ardeur de l’un d’entre eux, qui lui avait paru le chef d’une petite bande, et les autres avaient suivi.


Les animaux bondissaient dans les maisons, saccageaient les mobiliers, mordaient tout ce qu’il y avait à mordre, avec un succès tout relatif dans ce dernier cas. À en juger par l’expression de résignation consterné des maîtres des lieux, ce ne devait pas être la première attaque du même genre. Il n’empêche qu’ils se ruèrent à leur tour dans les maisons pour chasser les primates, sauf deux, qui s’étaient décidés à capturer le Jedi.


Ah oui, au fait. À propos des armes et tout ça. C’est vrai que j’ai pas d’blasters. En revanche…


Le Maître passa les mains dans son dos et décrocha ses deux shotos, qui produisirent aussitôt leurs courtes lames verts.


… j’ai ça.


Ce spectacle inattendu, et généralement de mauvais augure quand on était un dévoreur de gens un peu esclavagiste, les laissa interdit une seconde. La seconde de trop, pendant laquelle l’un des shotos fendit les airs pour s’enfoncer dans un genou. Il y eut un grognement offusqué alors que la victime s’effondrait à terre, fort heureusement couvert par la cacophonie des macaques.


L’autre Gamorréen porta la main à sa ceinture pour reprendre son blaster, mais c’était trop tard : le Jedi avait bondi sur lui pour enfoncer son shoto dans son épaule. Nouveau cri. Chapelet d’insultes incompréhensibles. Puis un singe surgit d’une maison, extirpa le premier sabre du genou du Gamorréen à terre et s’enfuit avec dans la jungle.


Hey ! Mais non, mais hors de question, vas-y, reviens !


Le Jedi s’élança à sa suite, en jugeant que les Gamorréens auraient l’obligeance de le poursuivre pour se venger, et que donc ça comptait quand même comme une diversion.
Maxence Darkan
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« Fais gaffe à toi, Max. » « T'inquiète, prends soin d'toi. » C'était vraiment trop compliqué ? Non, à la place on se retrouvait avec un inevitable, « Je vais peut-être mourir, à tout à l'heure. » Ah, les Jedi et la bienséance, on était loin des contes de fée incroyables que tout le monde nous rabâchait... Maxence l'observa singeait face aux gros cochons avec intérêt, délicieux, c'était le mot, mais qu'en était-il des gardes qui surveillaient les esclaves ? Ils regardaient gentiment le Jedi se débattre verbalement pour sa vie jusqu'à l'arrivée des macaques en firent bouger un, l'autre, à l'affût, arme en main, hésitant dans la démarche : J'y vais ? J'y vais pas ? Heureusement, notre homme de la nature avait sûrement prévu ce petit malin à quatre bras qui s'amuserait à passer discrètement par derrière, tirant son pantalon pour découvrir ses... monstrueux attributs. Seulement après, le Gamorréen se lança dans une poursuite vengeresse de dignité. La mercenaire s'élança à pas de louve en direction de ses compères, dégainant sa dague pour couper les cordages qui les liaient à un gros poteau métallique.

-Ne m'remerciez pas, ou un peu quand même, ça fait jamais d'mal.

Libre de leurs mouvements, leurs yeux se tournèrent inévitablement vers le spectacle Karmesque proposé, ce à quoi Maxence ne pouvait pas leur en vouloir, mais c'était une question de liberté ou de captivité, alors elle en poussa un vers le chemin précédemment emprunter pour tous les entraîner. Elle prit la tête, dirigea tout le monde discrètement jusqu'à la sortie puis demi-tour pour sauver la femme ou l'homme de ménage dans la maison. En chemin, elle croisa un de ces choupinets primate, quatre pattes courant, deux autres portant un blaster et s'il avait un blaster en pattes, alors ?

Elle tourna la tête pour découvrir un Gamorréen plus colérique que les autres se mettre à crier de toutes ses forces avant de lui courir dessus. La blondinette, bondissant sur l'instant, se mit à sprinter dans tout le camp, parmi les singes, les sangliers verts, les bouts de choses et de trucs, saccagés par les instincts primitifs de la nature, ses yeux virevoltaient dans le fouillis pour retrouver la bâtisse désirée. Le côté pratique de cette diversion, digne de son rang de Maître, c'était qu'elle se permettait de courir au milieu de tous sans trop s'en faire.

Énorme coup de pied dans la porte, un couple de Gamorréen dont les atouts de sexe ne se montraient pas flagrant -et pour cela il fallait excuser l’œil inexpérimenté de Maxence dans cette démarche offensante de la reconnaissance- en train de remuer un balais dans tous les sens face à un macaque hurlant, frappant et lançant toute sorte d'objets fragiles pendant que la bleusaille d'esclave les regardait, pétrifié dans un coin, un jeune homme aux yeux d'un vert inimitable.

-Désolé d'vous importuner mais... elle esquiva une poterie. Je voudrais juste... puis une deuxième. Et puis merde, j'vous l'emprunte.

Une petite saisit par l'épaule par-ci, une course effrénée en dehors d'un camp complètement en bordel par là, ils étaient deux, plus personne autour et le bruit des primates faisant la guerre couvrait celui des potentiels blasters qui s'occupaient de la diversion. Le jeune Djiilo s'accrochait fermement à la main de sa sauveuse, tiré dans les fourrés où les têtes familières de ses compagnons souriaient silencieusement son arrivée. Il y avait toujours des coups de feux, agir de manière à, premièrement, mettre tout le monde en sécurité, deuxièmement, arrêter la diversion, offrait un sentiment de contradiction, allégé par les yeux doux du jeune homme.

-Bon, remontez la colline, attendez-nous en haut, pas d'bêtises. Si les Gamorréens vous trouvent, continuez par là, y' a une rivière, suivez là et vous trouverez Zarik et Mary.

-Mary ?

-J'sais pas son prénom, ça m'est venu comme ça.

Le quatrième mur, tout-ça-tout-ça. Elle tapa sur l'épaule du jeunot en plein coup de foudre avant de partir en directions des tirs, question de réflexes Darkaniens. Pas de regard par dessus son épaule, elle se demandait ce qu'il pouvait bien leur permettre de tenir si longtemps, ses ordres ? Ne précipitons pas les choses. Blaster en main, cinq minutes de marche et sans aucun doute, elle était au milieu d'une guérilla. Les imposants ennemis, certains blessés, posait leurs pieds avec délicatesse, jetant des regards dans tous les coins. La blondinette s'étala dans la végétation, cachée derrière un tronc, les grosses guibolles froissées les feuillages.

Surprise par un tir, elle venait de les trouver en cherchant d'abord l'ennemi. Elle se dressa alors sur ses jambes, avant d'accompagner le vacarme des combats, mais elle n'avait pas actionné son mode non létal, les Gamorréens, pris de plusieurs côtés, s'écroulèrent un à un sans rien pouvoir faire. Considérant son arme, elle haussa les épaules.

-Maxence ! Cria le Cathar en chuchotant. Où est le Jedi ? Et les autres ? Les membres de son groupe de dévoilèrent derrière. On a réussi à les maintenir à l'écart, pas de blessé.

-Cool, le Jedi divertit la diversion, en gros. Les autres vont bien, ils nous attendent. On les retrouve, on retourne au lit d'la rivière et mon chéri nous rejoint.
Karm Torr
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Ouh ouh ouh ouh ouh hiiiii !
Ouais ben…
Hiiii ! Hiiii !
Reste po…
Vrooom.
HOUIIIIIII !


Et soudain, ce fut le drame : le macaque avait rallumé le sabre pour le faire tournoyer et s’était naturellement sectionné le poignet. Karm tendit la main pour attirer y attirer l’arme, avant de s’arrêter dans un dérapage pas tout à fait contrôlé, puisqu’il se prit un tronc en pleine figure.


Hmpf, commenta-t-il philosophiquement.


Prostré par terre, le singe gémissait de douleur, en se tenant le poignet.


Mon pauvre, compatit l’explorateur avec toute la douceur d’un Jedi, avant qu’un tir de blaster ne manque de lui perforer le visage.


Le macaque bondit et disparut dans les fourrés, tandis que le jeune Maître faisait volte-face pour voir émerger un Gamorréen en sueur et ahanant, dont le tempérament diplomate ne sautait pas précisément aux yeux.


Il prit une seconde pour braquer sa carabine sur l’Ark-Ni. Avant de tirer à nouveau. Karm se jeta en avant dans une galipette, car les galipettes, ce garçon, il aime ça, tout en décrochant une arme de sa ceinture. Une larme verte jaillit dans la pénombre de la jungle pour trancher le canon de la carabine, avant de s’enfoncer dans la cheville du colossal cochon, dont le réflexe fut de donner un coup dans le ventre de son agresseur.


L’agresseur en question s’envola pour heurter le tronc de l’arbre.


Hmpf, insista-t-il mélancoliquement.


Karm s’offrit un instant de répit pour cracher du sang par terre, avant de puiser dans la Force. Le Gamorréen claudiquait vers lui. Le Gardien fit abstraction de sa douleur pour disparaître à son tour dans les buissons épineux. Une dizaine de mètres plus loin, quand il fut certain d’avoir semé son adversaire, il s’adossa à un arbre et souleva son haut pour observer le bleu gigantesque sur son torse.


Hmpf, observa-t-il laconiquement.


Après avoir pesé le pour et le contre, il plaça l’une de ses mains sur la blessure et ferma les yeux. C’était s’exposer à être surpris par un poursuivant, tandis qu’il se concentrait sur sa guérison, mais l’alternative aurait été de courir le risque d’une hémorragie interne. Sans scanner pour s’assurer de l’étendue des dégâts, il préférait se remettre d’aplomb avant de poursuivre.


Par chance, ou peut-être parce que des tirs de blaster et des volées de primates constituaient une cible plus captivante que lui, personne ne vint le déranger, si ce n’est le cloporte qui se glissa sous la jambe de son pantalon, pour remonter le long de sa cuisse. Karm finit par rouvrir les yeux en se sentant agréablement chatouillé là où il faut, avant de s’interroger sur l’incongruité de la chose, puis de glisser une main dans son pantalon pour en extraire avec délicatesse le facétieux animal.


C’eût été avec plaisir, dit-il, mais je suis déjà maqué.


Pas tout à fait rétabli mais assez en forme pour tenir au moins jusqu’à la rivière, l’explorateur se repéra dans son nouvel environnement avant de reprendre sa marche. Une demi-heure plus tard, il se laissait glisser le long des lianes qui couvraient la petite falaise dissimulée par les racines et, après un nouveau quart d’heure, il arrivait au campement très rudimentaire des berges, où étaient rassemblés les survivants du crash.


Salut, fit-il avec sa sobriété habituelle.
Le roi des singes, souffla une jeune femme qui, parmi les esclaves d’un temps, avait observé l’étrange spectacle de l’attaque des macaques.
J’préfère me voir comme un tribun de la plèbe. Tout le monde va bien ?


Il y eut des échanges de regards perplexes.


Tout le monde va pas terriblement mal, corrigea le Jedi ?
Vus avez vraiment invoqué des créatures de la forêt, demanda Trélius qui avait surgi de derrière lui pour l’observer avec admiration ?
J’ai mis en rogne un mâle alpha, le reste s’est fait un peu tout seul.
Ooooooh…
Bon, du coup, on se remet en route, demanda le copilote, soucieux de couper court au récit des exploits zoologiques du Jedi ?
Tout le monde ne va pas être capable de se déplacer jusqu’aux montagnes, observa le Cathar. On va sans doute devoir s’en tenir au plus initial, et que certains d’entre nous aillent au vaisseau pour venir chercher les autres.


Karm hocha la tête.


Ça m’semble bien, y avait pas vraiment d’armes lourdes dans le campement, enfin, moi, j’ai pas vu…


Il interrogea Maxence du regard, parce qu’il l’avait aperçue courir dans tous les sens et qu’elle avait peut-être découvert au détour d’une vieille baraque pourrie un canon sol-air flambant neuf.


Ouais, donc, conclut-il, l’évacuation aérienne, c’est encore notre meilleure technique. Quelque chose me dit qu’avec tout le refus qu’on a fait, ils vont être assez occupés et…
De toute façon, aujourd’hui, c’est la bataille, dit le jeune homme que Maxence avait tiré de la dernière cahute.


Tout le onde se retourna vers lui, l’air surpris.


J’ai pris gamorréen LV3 au lycée, expliqua-t-il.
Mais… pourquoi ?
L’attrait de l’exotisme ?
Y avait plus de place en huttese ?
Aussi, reconnut-il. Bref, en tout cas, ils n’arrêtaient pas de parler de bataille, contre un autre clan si j’ai bien compris. Il y a eu plus d’échauffourées entre éclaireurs ces dernières semaines, et aujourd’hui serait le grand jour.
Hmm…
D’un côté, ça fera une sacrée diversion, de l’autre, j’espère qu’on ne serait pas pris dans les feux croisés…
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Tout le monde s'était de nouveau réuni, toujours plus d'accolade, de câlins et toute sorte de mots doux pour se rassurer, porté au-dessus du blessé toujours autant évanoui. La blondinette laissa libre court à l'élocution des évadés pour expliquer avec une pointe d'imagination et de rajout rocambolesque, comme le petit libidineux Jedi les avait sauvés. Maxence, elle, maintenait une mine préoccupée vers l'horizon, là où sa belle gueule devait réapparaître. Évidemment que ce malin Jedi s'en sortirait en pleine forme, reprenant le cours de la discussion comme s'il n'avait jamais sous-entendu qu'il pouvait mourir.

C'était sûr que sans canon anti-aérien, ils allaient se permettre des folies, foncer en rase-motte, vole ma poule, il ne manquait plus qu'à passer une guerre Gamorréenne interne, rien d'insurmontable, donc. Alors qu'elle s'attendait à ce que les choses s'organisent seule, sans que madame la blondinette n'ait à faire quoi que ce soit, se fut avec un étonnement habituel qu'elle découvrit les yeux de chacun se diriger vers sa personne en train de remettre son soutien gorge en place, comme pour lui demander son avis. La main dans son débardeur, elle lança un regard circonspect à son ami, avant de s'éclaircir la voix pour reprendre comme il valait, en tant que semi-personnalité d'intérêt Djiilo. Un silence s'installa et la blondinette semblait soudainement mal à l'aise.

-Karm, j'ai peur. Bref, on va faire deux groupes. Reprit-elle avec son enthousiasme de tous les jours. Un petit groupe composé de moi, mon chéri-d'amour, le parleur de Gamorréen, toi que je n'sais toujours pas ton nom, le Cathar, et Mary.

-Mary ? Je m'appelle Adrianne.

-D'accord Mary, des questions ? Bon alors on...

-Attendez, je viens pas ? Pourquoi ? Mais... je... enfin, je peux venir ?

-Non Tréius, désolé, mais tu nous les brises tous, mon mari à besoin de se concentrer pour maîtriser la truc... Force, la Force. Bon, en route ? Il avait l'air vraiment très déçu, de quoi faire fondre le cœur tendre de Maxence. Mais t'en fais pas va, y' t'laissera essayer son sabre quand on aura terminé.

-Vraiment ?

-Ouaip. Elle interrogea Karm du regard. Il est d'accord. Donc, je disais, prenez soin d'vous, évitez de trop vous éloigner d'ici pour ne pas les attirer et s'ils viennent... euh... et s'il viennent... j'pensais qu'j'allais avoir une idée, mais je dirais que, si l'improvisation m'a gardé en vie vingt-deux ans, alors pourquoi pas vous aujourd'hui ?

Puis elle emmena son groupe par le passage précédemment emprunté pour arriver là, elle voulait retourner sur ses pas, repassant par le crache du vaisseau en le contournant si nécessaire pour ensuite faire ligne droite au bercail et récupérer les rescapés. Si la perspective de se retrouver dans cette confrontation n'enchantait pas grand monde, la réalité n'en était que très silencieuse, le grand jour, certes, mais pas là où ils étaient. En revoyant les précédentes patrouilles rencontrées sur le passage, tout laissait à croire qu'il se trouvait pourtant en terrain hostile.

-Alors... j'ai cru comprendre que vous étiez mariés ? Souffla LV3 Gamorréen. Je comprends... vous et moi, ça n'aurait jamais pu fonctionner.

-Quoi ?

Demanda naïvement la mercenaire comme un Karm face à une prostituée qui lui proposerait de rencontrer les cieux. Pas de réponse, bien trop perdu dans la mélancolie de son cœur brisé. Ils rencontrèrent la tâche de sang, le chemin qu'ils avaient emprunté, la trace de hache, puis le lieu de séparation. Maxence balaya la zone du regard, se stoppant sur le bas ventre de son ami, remontant vers les arbres avant de hocher la tête. Voie libre, le groupe s'avança. La tension, collé au cul par les minutes qui s'écoulaient, ou l'inverse eurent enfin un point d'impact à l'entente de grognements caractéristiques.

Maxence baissa la tête, accompagnant le Jedi jusqu'à un point où ils purent observer une garnison de Gamorréens sur leur passage, ce n'était pas la seule, un peu plus loin, un autre groupe, les mêmes couleurs, ils faisaient barrage à l'approche de leurs ennemis, sûrement placés une centaine de mètres plus loin. LV3 s'approcha pour les écouter, plissant les yeux, son visage réagissait à ce qu'ils se disaient, finalement, il attrapa la mercenaire par le bras, l'attirant à l'écart pour en chuchoter.

-Alors ? Ils parlaient de quoi ?

-D'une superbe recette de ragoût, ça avait l'air délicieux. … Ah, oui, et ils vont lancer l'assaut d'ici peu, je suppose, ce genre de groupe à un système de temps un peu différent du notre, je pourrais pas vous le traduire en minute.

-Ils fonctionnent pas avec la position de l'étoile dans le ciel ? Il secoua la tête de gauche à droite. Bah voilà qui complique les choses. Et, ils ont dit quelque chose sur le déclenchement de la guerre ?

-Il y aura sûrement quelqu'un qui soufflera dans une trompette, je sais pas, ils parlaient principalement de la manière dont tu fais mijoter la viande. En fait c'est pas si compliqué, suffit juste de... laissez tomber.

-Bon, on va rester groupé, si les combats se font dans cette direction, on devrait pas avoir trop d'problèmes à rejoindre les vaisseaux, mais va falloir contourner. Karmy, si tu peux savoir où sont les guerriers ennemis, ça nous arrangerait, genre, en regardant c'que les macaques voient aux alentours, quant à toi... euh...

-Samuel.

-Sam, tu tends l'oreille, dis nous si t'entends quelque chose qui n'a rien à voir avec la bouffe. J'commence à bien aimer faire ça.

Étrangement, gérer les hommes en action avait un petit côté amusant. Le groupe n'aurait qu'à longer de loin la ligne de guerriers prêts à l'action, à l'affût d'un quelconque changement, les contourner n'inspirait rien de bon, si les combats se déplaçaient dans la direction de leur passage, atteindre les vaisseaux se montrerait bien plus ardu.

-Karm, tu peux nous dire c'que la nature t'inspire ?
Karm Torr
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Karmy n’était pas au sommet de sa forme. Un coup de pied de Gamorréen en plein ventre, ça fait toujours son petit effet, et il ne s’était accordé que quelques minutes pour se remettre d’aplomb. Désormais, la fatigue commençait à se faire sentir et sa douleur au ventre persistait. Rien d’inhabituel, en somme : l’Ark-Ni, qui avait une constitution fragile, était habitué à finir ses missions dans un piteux état, et a échoué à l’infirmerie du temple une fois le devoir accompli.


Pour…


Il fit signe à Maxence de s’éloigner un tout petit peu du groupe et murmura :


Pour la Force, j’préfère m’économiser. J’ai pris un sale coup pendant la diversion.


Il souleva son haut pour révéler de superbes abd… euh… un bleu aux dimensions tout à fait préoccupantes.


J’aurais besoin d’énergie si jamais on doit se battre. Ou courir.


Alors à la place, il tira Fugueur et son datapad de son sac et la sonde prit une fois de plus son envol. Ce serait son dernier baroud d’honneur avant de devoir réintégrer un port de charge dans le vaisseau mais, bientôt, elle transmettait en direct au Jedi les positions des troupes ennemies. Grâce à cette information, ils purent entamer leur manœuvre de contournement.


C’est joli, comme planète, cela dit.
Faut aimer les gros insectes.
Souvent, c’est très bon en friture.
Une fois, sur Coruscant, j’ai goûté une fricassée de termites de Xl…


Mais leurs débats gastronomiques furent interrompus par le son lointain d’une corne de brume, suivi par des tambours de guerre.


Très primitif…, commenta Marydrianne avec un frisson.
Il faut avouer que ça fait son petit effet.
Oh.


Tout le monde se retourna vers le Jedi.


Comment ça, « oh » ?


Karm tourna le datapad vers eux et fit zoomer Fugueur sur l’équipement d’une vingtaine de Gamorréens.


Oh.
Lance-flamme, fabrication d’Alderaan, du vieil équipement, ça doit avoir une cinquantaine d’années.
Ils vont cramer la forêt pour réduire en cendres le campement adverse.
Mais, euh… Les jungles, ce n’est pas trop humide ? Pour brûler ?


Le Jedi secoua la tête.


Ça brûle très bien.


Rapidement, il dessina une trajectoire pour la sonde en direction du vaisseau, rempocha son datapad et rajusta les lanières de son sac à dos.


Si les autres sont pris dans un incendie, ça devient compliqué, expliqua-t-il en commençant à puiser dans la Force.
Qu’est-ce qu’on fait, alors ?
On court. Suivez moi.


Et l’explorateur s’élança. Plus question de se ménager, ni de faire dans la subtilité. Le pire scénario serait que les naufragés fussent pris dans des torrents de flammes. Alternativement, la fumée pouvait devenir si épaisse qu’ils en seraient incapables de les retrouver. Dans tous les cas, il fallait faire vite.


Max ?


Le Jedi plaça un shoto dans la main de son amie.


Tant pis pour le respect de la flore, faut se tailler une ligne aussi droite que possible.


Et lui-même activa la lame de celui qu’il avait gardé pour lui.


Oooo…
… ooooh !


À l’ouest de leur position, et de beaucoup plus près qu’ils n’auraient voulu, ils entendirent soudain un concert de tirs de blaster. La bataille avait commencé. Karm se demandait pour quelles ressources, exactement, ces clans adverses s’affrontaient, ou si seulement ils avaient une raison pragmatique de le faire.


J’ai pas… l’impression…, articula Sam entre deux respirations, qu’ils utilisent… Leurs lance-flammes… si… ?
Le vent, répondit laconiquement le Jedi, qui venait une fois de plus de porter la main à son côté, pour apaiser la douleur, à défaut d’avoir le temps de guérir sa blessure.
Le vent ?
Trop de vent pour qu’ils ne risquent pas de se prendre un retour de flamme, expliqua Adriany, qui en savait décidément un rayon sur les stratégies pyromanes, ils doivent attendre que ça tombe pour se lancer…
Et probablement aussi les repousser dans un cercle plus restreint.


En tout cas, cela donnait un peu de répit aux rescapés, qui étaient arrivés au pied de la montagne. À si courte distance, Karm fit une tentative pour contacter Blip, malgré les perturbations magnétiques de la planète.


Blip ? Blip, tu me reçois ?
… i… i… b… i…, entendit-il entre les grésillements.
Si tu me reçois, prépare toi au décollage.
Regardez !


Arrivés à mi-hauteur, le Cathar désigna un point non loin de là, dans la jungle qu’ils surplombaient désormais. C’était une ligne rougeoyante qui rongeait petit à petit la végétation devant elle, en progressant vers le campement des Gamorréens.


Et un peu aussi dans tous les sens.


Plus vite, ordonna Karm.


Et ils puisèrent dans leur adrénaline pour faire abstraction de la fatigue, parfois des blessures, et se ruer vers les vaisseaux. Le Jedi éprouva un certain soulagement en entendant le ronronnement de ses moteurs et, en effet, la rampe était baissée.


Y en a qui pilote, demanda-t-il d’une voix transformée par la douleur ?
Quoi ?
Pilote. Mon vaisseau.
Ben vous, non ?


Pendant que Maxence regagnait son chasseur, ils s’engouffraient dans la soute de leur côté.


Blessé.
Moi, intervint Mardrienne. Moi, je peux le faire.


Et elle se précipita vers le cockpit, tandis que le Jedi se laissait glisser contre la paroi métallique.
Maxence Darkan
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La situation venait de se tendre en remarquant -plutôt découvrant- la blessure de Karm, ça le lance flammes et ses abdominaux, c'était beaucoup à encaisser d'un coup. Le sabre en main, elle fit un gros doigt d'honneur à la végétation sans pour autant se le couper, ils s'étaient glissés sur le flanc des combats pour atteindre leur vaisseau, prenant la même initiative que l'Ark-Ni de faire chauffer les moteurs. En grimpant agilement dans son vaisseau, l'inquiétude qu'elle avait envers lui s'érodait derrière son cœur battant et la reprise de souffle de la course précédente. Elle ne savait pas trop ce qu'elle allait faire avec son vaisseau à part jouer aux éclaireuses.

L'appareil s'ébranla pour s'élever quelques mètres au-dessus du sol et partir en direction de la rivière où se trouvait les rescapés, accompagnée par le vaisseau de Karm, piloté par Mary. Une information qu'elle n'avait pas eue la chance de connaître, se rassurant quelque part que le Jedi n'avait que peu de failles vis-à-vis de la Force, de son physique et du reste. Rasant la cime des arbres, tantôt vert, tantôt en feu, Maxence préféra laisser la place à l'engin de l'ExploCorps qui devait savoir où terminer la route grâce aux informations de Fugueur qu'elle n'avait pas.

Rapprochant sa tête sur le bord de son cockpit, elle observa les flammes grignoter un peu plus la végétation, presque à la dégustait. Elles n'avaient pas encore atteint la zone où se trouver les Djiilo, cependant, la vitesse de propagation du feu inquiétait la mercenaire qui se répétait sans cesse qu'il fallait aller plus vite en voyant de vaisseau de son ami hésitant à l'approche des arbres bloquant l'entrée à la rivière. Comme caresser un chat dans le sens inverse du poil, impossible pour la lourde carcasse métallique de s'engouffrer sans y laisser les ailes. Maxence tenta une communication avec lui, gardant un œil sur la maladie rouge qui s'avançait, pas à pas.

-Karmy ? Tu m'reçois ? Tu nous fais quoi là ?

-C'est... iane, je suis aux... man... sseau. Impossible de... sser les... Il m... l'aide.

Elle n'avait rien pigé. Enfin, si, elle comprenait en voyant comment elle se débrouillait aux commandes, il fallait que quelqu'un lui déblaye la voie. Un instant de réflexion : des survivants dont la position était encore inconnue, des flammes brûlant tout sur leur passage et des arbres bloquant l'atterrissage, avec comme seul outil, un vaisseau. Bon, c'était le moment de mettre les mains dans le cambouis et remémorer quelques souvenirs d'horreur à Éos. Communiquer avec Mary-Adriane première du nom ne marcherai pas efficacement. Éos -et là nous parlons du vaisseau en lui-même- s'approcha de la navette, de plus en plus proche, prête à un petit choque, son homonyme des airs semblait comprendre qu'il fallait faire de la place. Maxence tourna en rond, cherchant les têtes familières à travers les arbres.

-J'les ai. Là. Bon, tu t'souviens du coup du pilotis sur Kashyyyk ?

-Grands dieux des cieux, pas le coup du pilotis.

-Oh que si mon grand, le coup du pilotis.

Elle trouva une position adéquate où personne ne se retrouverait blessé -ou pire- face à cette manœuvre risquée, puis elle appuya sur quelques boutons, tira sur un manche, puis carrément sur son « volant » de pilotage. La carlingue bleutée pointa son nez vers le haut en augmentant la puissance des réacteurs, tout ça pour se retrouver à la perpendiculaire par rapport au sol, forçant sur des réacteurs dont on ne dira pas la consommation au cent, s'abaissant petit à petit dans parmi les branches qui posaient tant de problèmes. Toutes ses affaires mal accrochées à l'arrière s'écrasèrent au fond du chasseur, chasseur, qui, par ailleurs grinçait dans tous les sens. Elle entendait les branches craquer contre le métal, certaines carbonisées par les réacteurs, ils n'étaient plus à ça près. Quand elle fut à un petit cinq mètres du sol, les arbres contre le dos du vaisseau, il se rabattit pour ouvrir une belle porte boisée à sa compère.

La blondinette, cheveux pendant en arrière, une main sur le cockpit pour s'éviter de glisser et s'étrangler avec sa ceinture, le corps bleuté forçait l'entrée de la forêt pour l'atterrissage de la navette qui s'engouffra alors avec moi de problème. Il y eut plusieurs coups brusques, un grincement violent, puis une branche frappa l'aile, déstabilisant tout le reste. Maxence accéléra, propulsé dans les airs, une belle vrille aérienne sur lui-même, Éos se stabilisa pour maintenir une allure sereine.

-Je déteste le coup du pilotis.

Fit-il alors qu'une plaque se décrocha pour s'enfoncer dans les flammes plus bas. Maxence reprenait son souffle de cette manœuvre foutrement tendue.

-Mary ? Tout l'monde va bien ?

-Je... pas Mary !

Tout le monde allait bien. Alors que les tirs raisonnaient dans la forêt et que, depuis sa hauteur, Maxence admirait avec une neutralité inimitable, à part si votre prénom est Karm et votre nom de famille Torr, les ravages d'une guerre qui ne lui disait rien, dont les enjeux lui étaient inconnus. Ce n'était pas leur problème, l'interne, reste en interne. L'engin de l'ExploCorps, caressant les branches dans le sens du feuillage -ça devait secouer à l'intérieur- s'éleva pour repartir en direction des montagnes où le duo mécanique se posa.

Maxence bondit sur la terre, frappant sur la carlingue du vaisseau de son ami en attendant que la soute s'ouvre pour s'y précipiter.

-Il va bien ?

-Tu devrais pas mélanger vie personnel et travail.

Elle l'attrapa par le col pour le plaquer contre un mur.

-Écoute-moi bien p'tite merde, tu vas pas m'dire c'que j'dois faire ou j't'enfonce ta tête dans ton propre cul.

-Ok ça va, du calme, c'était une blague, tu sais ? Pour détendre l'atmosphère. Il va bien, on l'a mis sur la banquette avec Zarik.

Elle le lâcha pour voir son tendre mari, toujours vivant, toujours conscient, sa médecine de secours l'ayant sorti du pire. Elle souleva son t-shirt pour admirer ses abd... son bleu.

-Y' a un médecin parmi vous ?

-Ouaip, moi.

-Tu peux faire un truc ?

-À part lui filer de la pommade en lui faisant un petit bisou sur le front, non.

-Et avec un trousse de secours ?

-Avec une trousse de secours, tu rafistoles des plaies, tu les désinfectes ou tu les cautérises dans le pire des cas, mais tu réarranges pas des organes internes en bouillis, il me faut du vrai matériel et... elle regarda autour d'elle, plus de place. Il peut pas se soigner lui même avec ses pouvoirs ?

-Bonne question, t'as assez d'force pour te soigner ? Sinon on peut retourner vite sur Nar Kaaga et t'arranger ça là-bas.
Karm Torr
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Et du coup, demanda Sam, en considérant l’Ark-Ni dont il n’était pas bien sûr qu’il fût encore conscient, ? Qu’est-ce qu’on fait de lui ? Il a l’air dans un sale état.
On va le soulever pour le mettre sur une banquette.
On ne risque pas de s’électrocuter ?

Le Cathar adressa un regard consterné à son collègue, qui haussa les épaules pour se défendre.

Ben j’y connais rien, moi, à la Force, hein !

Les deux Djiilo parvinrent à surmonter cet obstacle et à soulever le Jedi qui n’opposa pas la moindre résistance. Manifestement, il n’était pas tout à fait évanoui, et pas tout à fait conscient non plus. Plongé dans une méditation profonde, presque une stase, Karm se laissa transporter et étendre. Il n’avait laissé son esprit disponible qu’aux impressions de danger les plus vives, les seules qui justifieraient pour lui de quitter sa torpeur curative pour reprendre du service.

Biiiiip bip bip bip biiiip, éructa un astromech fou furieux qui traversa à toute vitesse l’habitacle du vaisseau, non sans faire sursauter les passagers qu’il trouva sur son chemin !
Il a pas l’air d’apprécier le style de pilotage de Mary. Euh. Adriane.
Elle pilote très sagement, pourtant…
C’est peut-être ça, le problème ?

Mais malgré les fulminations binaires du robot irascible, le sauvetage des derniers rescapés se passa sans encombre. L’incendie avait encore gagné du terrain, mais force était de reconnaître que la stratégie paraissait bien maîtrisée par les amateurs de lance-flamme : la ligne de feu avait ravagé le campement des autres Gamorréens, mais elle demeurait circonscrite à une partie de la jungle, preuve s’il en fallait qu’ils n’en étaient pas à son coup d’essai.

Je me demande vraiment, observa Sam en contemplant le spectacle à travers le hublot du vaisseau, ce qu’ils ont les uns contre les autres. On ne saura sans doute jamais.

C’était plus facile d’éprouver une curiosité mélancolique pour les mystères de la vie tribale sur Pzob, quand on s’apprêtait à quitter Pzob.

Quelques minutes plus tard, le débat ethnographique fut interrompu par l’arrivée de Maxence. À peine la jeune femme eut-elle posée un pied sur la rampe du vaisseau que les paupières du Jedi frémirent.

Regarde, il se réveille quand elle arrive, souffla une Djiilo c’est hyper romantique…

Et, en effet, Karm était à nouveau parfaitement conscience quand son épouse surgit dans la salle du vaisseau, désormais pleine à craquer de plus ou moins mafieux, pour le déshabiller à moitié.


J’ai rien entendu.
Il a dit quoi ?
Il veut un saurien, je crois.
Mais c’est n’importe quoi !
Vous allez la boucler, oui ou non, intervint le médecin ?
Je disais, reprit le Jedi en forçant un peu sur sa voix et en se redressant sur la banquette, pour ôter son haut, ce qui ne manqua pas d’intéresser encore un peu plus à son sort les jeunes femmes de l’assistance, que je vais bien.
Oui, voilà, un saurien.
La ferme.
J’vais méditer, parvint-il encore à articuler, mais péniblement, on vous dépose sur Nar Kaaga et je file… à l’infirmerie… du Temple.

Il y avait pour ainsi dire une carte de fidélité.

Sur ces bonnes paroles, le copilote fut désigné pour succéder à Maryane aux manettes du vaisseau de l’ExploCorps et, quand Maxence eut réintégré son chasseur, les deux engins décollèrent une nouvelle fois. Bientôt, ils furent trop haut pour rien apercevoir des installations gamorréennes : il n’y avait que la jungle qui brûlait, et qui se renfermait sur les inimitiés inexplicables et mortelles qui déchiraient ce peuple là, éparpillé, dans l’indifférence du reste de la Galaxie.

Dix minutes plus tard, les vaisseaux quittaient l’orbite et sautaient dans l’hyperespace. Le Jedi était redevenu inerte, on aurait presque juré qu’il était mort, et pour tous les autres, l’adrénaline était retombée. Chez certains, c’était un soulagement presque euphorique, et d’ailleurs pas toujours très chastes, mais nous jetterons un voile pudique sur les célébrations victorieuses que certains recoins de ce respectable vaisseau jedi accueillirent ce jour-là. Pour d’autres, c’était une sorte d’abattement, comme si toutes les difficultés et toutes les angoisses des derniers jours, mises de côté pour tenter de survivre, revenaient les frapper de plein fouet aux visages.

Et puis, bien sûr, il y avait le souvenir du crash. Au moindre frémissement du vaisseau, au moindre bip un peu vif de l’astromech, on s’échangeait des regards anxieux, à se demander si cet appareil-là aussi allait tomber en morceaux. Maintenant qu’ils avaient le temps de réfléchir, chacun se rendait compte que s’ils étaient sauvés, ils n’étaient pas tirés d’affaire : quelqu’un avait saboté leur vaisseau, et il leur faudrait peut-être de longs mois d’enquête pour faire toute la lumière sur la question.

En avait-on voulu seulement à la cargaison ? Ou était-ce bien eux que l’on avait cherché à tuer ?

Les heures passèrent ainsi, jusqu’à ce que les deux navires sortent de l’hyperespace, non loin de l’orbite de Nar Kaaga, et ne commencent leurs manœuvres d’approche. Karm ne sortit de son étrange coma que lorsque son appareil toucha le tarmac en permabéton du spatioport.

Allez, tout le monde descend, s’empressa de dire le Cathar, en supposant que les deux époux ne seraient pas contre un peu d’intimité.
Ouais, c’est l’heure d’aller à la taverne !
À la douche, plutôt.
Moi, tout ce que je veux, c’est un bon oreiller.
Allez, les mecs, soyez pas lâcheurs. On va au bar de strip-tease, je suis en manque de tentacules !

Tout ce petit monde débarqua du vaisseau, Zarik comprit, qu’on emportait avec des trésors de délicatesse, et Blip ponctua leur départ d’une série de sons qui devaient signifier en substance : « bon débarras ».

Quand Maxence refit son apparition, le bleu sur le torse nu du Jedi s’était quelque peu résorbé, mais le jeune Maître n’avait toujours pas l’air prêt pour un marathon.

Il est en rogne, dit-il en désignant son robot, parce qu’il va devoir se taper tout le ménage.
Bip, confirma Blip.
Ça va, toi ? Mieux que dans la jungle ?
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