Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Neuf cent quarte-vingt-dix-huit, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, mille ! Il fallait s'occuper comme on pouvait quand il fallait faire du chemin en silence, mais l'auberge n'était plus si loin... Pas vrai ? Non. Torr n'était pas rassuré à l'idée qu'il s'agisse bel et bien d'un des dirigeants de la colonie, ce qui, effectivement, aurait pu être un vrai problème. Maxence ne put tout de même s'empêcher de lâcher un long gémissement frustré pour bien faire comprendre que cette situation lui déplaisait fortement. Même si être mercenaire, surtout dans son cas, impliquait de passer des soirées dans l'inconfort le plus total, elle la voyait, sa chambre ainsi que son lit propre, préparé uniquement pour son petit corps qui, même si elle ne le montrait pas, avait besoin d'un minimum de douceur.

D'autant plus dépitée à la vu du Jedi qui vivait très bien cette nuit en pleine nature, contre son arbre, endormi comme une bûche... Choix de mots bien faible, mais tellement réaliste. Maxence vit sa nuit d'un autre angle, ils n'avaient que quelques heures de sommeil, dont la plupart gaspillées sur son bracelet qui, manque de batterie, l'obligea à dormir, assise, les jambes pliées sur le côté. Dernière endormie, première réveillée, les jambes engourdies n'avaient pas aidé au repos de la mercenaire.

-Non.

Réthorqua-t-elle simplement, son affreuse voix confirmée plutôt bien sa réponse. Elle avait les paupières lourdes, des cernes... de très grands cernes sous les yeux, une catastrophe. Si bien qu'elle eut un temps de retard au lancer surprise de la barre de céréale, dont elle ne perdit pas une miette. Irritée, fatiguée, elle le rêvait éveillée ce psychopathe à la hache, qu'il en finisse une bonne fois pour toute. Tout de même, la douche était une bonne récompense.

Lorsqu'elle eut assez de force mental pour se concentrer, la mission lui parut plus complexe que prévu par l'écoute de son équipier. Si, comme convenu, un des hauts placés de la colonie étaient fautifs de tout ce trafique, le danger était partout. Et là où les choses se complexifièrent d'autant plus, fut à la remarque sur le chef de police, un personnage fortement énigmatique, dont Maxence n'avait pas vraiment fait connaissance, se basant au début de l'enquête, naïvement sur les dires du Maire. Mettre en doute son implication dans cette histoire lui faisait peur, non pas parce que la personne lui faisait peur, mais parce que ses façons de faire non conventionnelle ne plairait, ni à Torr, ni -plus vastement- à la république galactique, dont les lois régissaient toujours la colonie.

Excluant donc les grandes explosions et menaces à main armée de ses plans, il fallait mettre en oeuvre une approche plus méthodique et réfléchit de la situation, ce qui n'était, bien évidemment, pas son cas. Plutôt basé sur un amateurisme d'improvisation pur et dur, ses méninges se mirent à remuer comme elles n'avaient jamais remué.

-Je joue dans l'intimidation perso.

Avoua-t-elle d'un ton grave et pensif, cherchant, encore et toujours un moyen de prouver ou non sa culpabilité dans l'enquête.

-Je veux prendre une douche d'abord.

Elle se leva sans plus, n'attendant pas de réponse de la par du Jedi. Elle voulait se doucher. Maxence n'avait pas dit un mot jusqu'à l'auberge et même avant de rentrer dans sa chambre, elle ne lui avait pas adressé la parole. Rien contre lui, la fatigue, plus l'enquête la perdaient beaucoup trop dans ses pensées pour offrir un semblant de politesse. Sous la douche, le petit sourire que lui procurait l'eau chaude s'effaça très, très vite, lorsque la terrible et mesquine idée qu'ils pouvaient se trouver sous écoute lui frappa la tête. Pire... et si... il y avait des caméras ? Elle eut un hoquet, se cachant derrière ses bras, avant de se rappeler que ce qu'il se trouvait derrière ses vêtements n'étaient plus franchement un secret pour personne.

Une fois les cheveux à peu près sec, elle s'habilla avec des vêtements préalablement tapotés -sachant qu'elle les avait laissés sans surveillance, elle ne voulait aucune surprise dans les coutures de T-shirt ou de son pantalon- pour se dirigeait vers la chambre de son équipier. Après avoir frappé distinctement trois fois, elle ajouta :



-Rejoins-moi à l'extérieur.

Prenant -paranoïaquement- en compte un budget sûrement supérieur à ce que les dirigeant pouvait se permettre pour les surveiller, au moins, elle se sentait à l'abri des regards. À l'arrivée de Torr à l'extérieur de l'auberge, elle reprit là où la question restait en suspend, n'ayant toujours pas de réelle idée de quoi faire.

-Les flics corrompus, ça joue sur la tune ou les promotions... hors, la promotion, ici, tout le monde s'en balance et je pense que c'est pas valable que pour les flics. Le truc le plus simple, c'est de bluffer et de ce planquer je pense. On a des éléments réelles, donnons une vraie-fausse piste qui ferait tout de suite penser qu'on est très proche du bute et observons la scène.

Elle avait vu ça dans un film et ses explications du plan encore flou laissaient à douter, mais elle continua sobrement.

-T'as compris ?  

Pour être sûr de... de ses mauvaises explications.
Karm Torr
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Karm, que son existence de Jedi n’avait pas exposé à toutes les holoséries d’espionnage qui faisaient la fortune des producteurs coruscantiens, n’envisagea pas une seule seconde que sa chambre fût peut-être sous surveillance. D’un autre côté, il se serait probablement déshabillé sans trop se poser de questions même s’il avait su qu’on l’épiait depuis quelque hypothétique terminal. En revanche, Fugueur fut soigneusement programmé pour donner l’alerte en cas d’intrusion et les sabres de laser attendirent à portée de main, sur le rebord du lavabo.


Au fond, le Jedi se sentait démuni. Il aurait préféré que la forêt soit peuplée d’une horde de bêtes aussi féroces qu’inattendues, ou même qu’un Sith rôde entre les arbres pour laisser libre cours à ses terribles pouvoirs. Ça, c’était des choses dont il avait l’habitude et qu’il comprenait. L’écheveau d’une conspiration criminelle, même paysanne, même modeste, lui échappait largement et il n’était pas trop certain de la marche à suivre. Même les exigences juridiques de la situation ne lui paraissaient certaines. Qu’avaient-ils le droit de faire ou non ? Quelles actions de leur part pourraient compromettre sinon l’enquête, du moins un éventuel procès ?


Soucieux mais propre (et habillé), le Chevalier avait rejoint sa comparse et, ensemble, ils s’éloignèrent de quelques pas de l’auberge. Des gens qui passaient la rue, des humains en majorité, leur jetaient des regards curieux, et généralement pleins d’espoir, avant de passer leur chemin. Personne n’osait les interroger sur les progrès de leur enquête et Karm supposait que la plupart des locaux devaient se demander ce qui, de l’ignorance ou de la révélation d’une vérité effrayante, serait au fond le préférable.


Eeeeuh…


L’Ark-Ni jeta un regard inquisiteur à sa coéquipière.


Bluffer. Ouais. OK. Ouais ouais, j’ai compris.


Il se mit à jouer machinalement avec un fil qui dépassait de son blouson.


Juste, hm, comment dire… Le jeu d’acteur, tout ça, c’est pas exactement totalement complètement mon domaine, quoi, tu vois ?


En tout et pour tout, sa carrière s’illustrait par une seule infiltration, qu’il avait menée en interprétant un rôle de bout en bout, un peu comme au théâtre. Mentir sur quelques points de détail lui paraissait un exercice infiniment plus compliqué, parce qu’il fallait savoir doser le vrai du faux, et bien comprendre les attitudes de ceux qui les entouraient, et se plonger dans leur psychologie, et… et…


Hmbref.


Que n’avait-il sa Sentinelle de Padawane à ses côtés !


Donc, hm… On va voir le maire et ses adjoints. On lui dit qu’on a… Faut que ce soit un peu réel, que les gens concernés se sentent alarmés quand même, non ? Qu’on va installer des sondes sur nos vaisseaux, pour survoler la forêt à basse altitude, et scanner afin de repérer un campement, parce qu’on pense que les gens y sont probablement retenus prisonniers et qu’on les identifiera avec des signaux de chaleur.


Naturellement, le chasseur Jedi qu’il avait emprunté pour venir était loin de disposer d’une pareille technologie, mais on n’avait probablement pas examiner l’appareil sous toutes ses coutures.


Et là j’imagine… Qu’il y aura du mouvement à l’astroport cette nuit, non ? Pour nous saboter ? Puisqu’ils peuvent pas bouger leur campement, y a les souterrains et tout, ça se déménage pas comme ça. Ou bien on pourrait prétendre avoir récolté des indices prometteurs en forêt, genre… d’étranges spores, dans le camp des bûcherons, des morceaux de champignons, qu’on se propose d’analyser et qui sont pour l’heure dans notre chambre d’hôtel. Et on se planque en attendant de voir si quelqu’un vient les voler. Ou un mélange des deux. Ou…
Ah ! Chevalier ! Mademoiselle Darkan ! Justement, j’avais entendu dire que vous étiez revenus et je vous cherchais.


Enfer et damnation !


Phsarit Sina, le maire du village, les avait avisés tous les deux dans la rue depuis sa fenêtre et il les rejoignait désormais à grands pas, pressé d’en apprendre plus sur les premiers résultats de leur enquête.


On décide quoi alors, souffla précipitamment Karm d’une voix un peu stressée ?


Mais c’était trop tard : l’homme était déjà là pour leur serrer énergiquement la main, avec cette rude poigne paysanne que n’avaient pas les politiciens des mondes plus policés.


Une nuit en forêt, donc ?
Rien ne vous échappe, répondit Karm, en tentant de ne pas avoir l’air trop soupçonneux.
Ma foi, c’est une petite communauté, tout se sait assez vite.


Pas tout, pensa le Jedi.


De premiers résultats ?
Eeeuh… Ouais. Oui. Peut-être faudrait-il se réunir avec vos adjoints, pour que chacun puisse donner son avis ?
Ah, bien sûr, bien sûr, déclara le maire en sortant un comlink dernier modèle (de la décennie précédente). Vox ? Yold ? Venez donc à la mairie, les deux enquêteurs ont du nouveau.


Cette communication sommaire terminée, il invita Maxence et Karm à le suivre dans l’un des quelques bâtiments préfabriqués qui composaient le hameau principal et où l’on avait installé la mairie, c’est-à-dire trois bureaux et deux serveurs d’archivage administratif, et aussi l’école, et aussi l’atelier de réparation électronique, et un peu le débarras pour le matériel agricole.
Maxence Darkan
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Ô mon Romélo ! Mon grand et beau Romélo, toi qui... Pardon ? Oui. Maxence s'était imaginée bien trop de choses à la remarque timide du chevalier -en effet, elle l'imagina Padawan en tant que Romélo dans la pièce "Romélo et Julia", une pièce peu représentée, mais tout bonnement sensationnelle dans sa démarche-. Trop sincère pour jouer la comédie supposait elle. Pas de problème, on n'était jamais mieux servi que par soit même. La mercenaire n'était pas une excellente actrice à proprement parlé, disons que son côté décomplexé et largement assez rentre dedans pour ne pas avoir à faire attention à ce que les gens pensent d'elle facilitait pas mal un travail de mise en scène pas vraiment travaillé, car il lui suffisait juste de dire d'immenses et inconsidérées conneries sur un ton calme avec une pointe de déjanté -une recette qu'elle était surement la seule à connaître- pour faire croire n'importe quoi au premier dégénéré du coin.

Les deux choix assez intéressant qui s'offrait à elle ne la laissèrent pas indifférente. D'un côté un dispositif qui devait peut-être exister quelque part loin de cet endroit et de l'autre des échantillons bien trop inexistants pour en démontrer la quelconque existence.

Evidemment, parce que... "Bordel de merde". Donc, parce que rien ne pouvait se faire comme elle le voulait, il fallait l'espace d'un petit voyage avec le maire choisir ce qu'elle présenterait. N'ayant pas vraiment eut le temps de répondre au Jedi en panique, il fallait faire vite pour trouver quoi dire, avec quel bluff. Un étrange ricanement, suffisamment discret pour que le maire n'y prête pas attention, lui échappa alors que Torr avait déjà du mal à mentir sur une présumée avancée de l'affaire. Les idées allaient et venaient jusqu'à la perdre complètement. Improvisé... encore... et toujours d'ailleurs.

Après avoir traversé des rues d'une pauvreté architecturale à en faire saigner les yeux d'un étudiant en art, les voilà bien arrivé à la, plutôt grande, mais sobre mairie. Elle passa sans trop d'attention les adjoint qui en faisaient beaucoup trop pour leur retour, la mettant légèrement mal à l'aise à base de :

-Nous n'avons pas de petits fours pour vous accueillir.
Ou le méconnu, mais plutôt puissant.
-J'espère que votre petite nuit en tête à tête à la belle étoile s'est bien passé ? Ajoutant, comme si cette interrogation n'était pas assez gênante, un petit rire forcé.

La salle de réunion était assez sobre, comme le bâtiment en fait, grande avec, au milieu, une longue table grise ayant vécut de bien meilleurs jours. Bien trop de chaises pour les cinq personnes qui s'y attableraient, Maxence prit l'initiative de s'asseoir du côté gauche parce que... parce qu'on oublie bien trop les gauchers dans cette immonde -et malheureusement acceptée- société droitière. Elle invita le Jedi à s'asseoir à ses côtés. Le spectacle allait commencer et, avant même que le maire ne parle, elle fit un petit clin d'oeil à son coéquipier pour bien lui faire comprendre qu'elle se chargeait de tout, sauf pour le chef de la police qui devait sûrement trouver dégouttant à première vue.

-Donc, pourriez vous faire vite, le vieux Zac a encore pris en otage le cabot de son voisin et demande à me voir personnellement.

-Encore ?

-Je vous en pris, il y a bien plus important que cette histoire Yash, des gens ont disparu ! Le chef de la police, baissa les yeux, coupable de ce qu'il venait de dire. Je vous en prie, qu'avez-vous donc à nous dire ?

-Hé bien, Maxence se pencha sur la table pour se placer au premier plan tout en cachant Torr, après une... étrange interrogation de la population je dois l'avouer, nous nous sommes vivement intéressés à la forêt qui, de toute évidence, semble être au cœur de ce mystère. Elle marqua une pause, levant son index en l'air. Figurez-vous, que nous avons trouvé, dans une des cabanes de bûcherons, des inscriptions écrites par une personne, visiblement sous l'emprise d'une substance hallucinogène. Chevalier Torr, des images ? Marquant une seconde pause, elle s'installa plus confortablement dans son fauteuil. Nous pensons que cette histoire d'enlèvement est bien plus complexe qu'il n'y parait. Donc ! Son ton était soudain moins grave, comme enjoué par les événements. Moi-même et ce cher chevalier Torr avons décidé d'installer des dispositifs de scanners géographiques à intensité photonique -Elle-même ne savait pas trop ce que cela signifiait, mais plus ça parait compliqué, plus ça fait peur... pour elle du moins- afin de survoler le périmètre et de savoir si quelque chose se cache dans ses bois. De toute façon, reprit-elle en ricanant, avec de tels dispositifs tout droits venu des ingénieurs à la botte des Jedis, s'il y a quelque chose là-bas, nous le saurons.

La dernière phrase était peut-être en trop, mais la mercenaire était tout de même largement satisfaite de sa prestation.

-Tout ce qu'il nous manque, c'est votre accord.
Karm Torr
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Notre accord ? Mais bien sûr, bien sûr, faites tout ce qui est nécessaire, s’empressa le maire catastrophé, qui se voyait déjà avec une épidémie de drogue sur les bras, en plus des disparitions mystérieuses.

Dire que le principal événement de son précédent mandat avait été l’incendie accidentel de la grange du vieux Shakül !

Terrifiant, c’est terrifiant, murmura l’adjoint responsable de la police, qui ne parvenait pas à détacher ses deux yeux globuleux et sans pupille du petit hologramme que projetait le Jedi et où l’on voyait les troublantes inscriptions de la cabane. Je vais renforcer le périmètre d’exclusion autour de la forêt, au cas où… des spores… j’imagine que des spores pourraient être transportés par le vent…
Excellente idée, s’empressa d’abonder Karm, mieux vaut que personne entre là-dedans.

En réalité, il espérait que le périmètre empêcherait surtout des gens d’en sortir trop discrètement. Seule la seconde adjointe, Serevia Vox, conservait un silence circonspect.

Vos détecteurs… comment dites-vous, déjà ?
Photoniques.
Voilà, photoniques. Vous êtes sûrs qu’ils ne vont pas abîmer les cultures ?
Ils sont utilisés tout le temps par l’AgriCorps pour repérer des troupeaux.

Karm avait fait cette déclaration d’un ton aussi convaincu que possible, en évitant de regarder qui que ce soit dans les yeux. De toute façon, le maire n’avait pas besoin d’être persuadé du bien-fondé de ces mesures : il aurait ordonné l’organisation d’une grande battue si les deux enquêteurs l’avaient suggéré, pressé de garantir la sécurité de sa population et de faire toute la lumière sur son histoire.

Bien ? Quand commencez-vous ?
Mon astromech doit effectuer quelques réparations sur le vaisseau avant tout, on est passé près d’un champ d’astéroïdes pendant une escale hors de l’hyperespace, donc disons cinq ou six heures.
Excellent ! En attendant…

Le maire se retourna vers son adjoint.

… faites le nécessaire. Serevia, communiquez avec la population, pour leur dire de ne pas s’alarmer du survol des chasseurs.

L’homme adressa un sourire d’excuses aux deux enquêteurs.

Vous comprenez, les gens ici ne sont pas habitués à ce genre des choses et comme les holonews sont pleines d’histoires de guerre, d’attaques de surprise, de l’Empire…

Karm hocha la tête. Les deux adjoints ne firent pas le moindre commentaire et l’expression de Serevia, dont la réticence évidente au survol n’avait fait qu’attiser les soupçons du Chevalier, demeura impénétrable. La réunion fut levée et les deux enquêteurs se retrouvèrent à nouveau dans la rue.

J’crois qu’on devrait s’séparer, murmura Karm encore plus bas que d’habitude, et aller à l’astroport chacun par nos propres moyens. Trouver une planque, surveiller les vaisseaux et voir qui s’en approche de trop près. Le tout est de les attraper la main dans le sac, pour qu’ils puissent pas nier et qu’ils soient obligés de faire un deal avec nous et de lâcher le gros poisson.

Car il était peu probable que l’hypothétique cerveau de l’inspiration vienne soi-même jouer de la clé hydraulique pour saboter les deux vaisseaux. D’un geste de la tête qui devait être sa manière de souhaiter bon courage à Maxence, Karm s’éloigna de la mercenaire. Difficile d’être discret dans un village qui ne se composait que de quelques bâtiments. Pas de ruelles aux ombres impénétrables, pas de végétation où se dissimuler, et puis tout le monde se connaissait.

Karm fit mine de se plonger dans son datapad et d’avancer distraitement où ses pas le porteraient. Il en profita pour envoyer à Blip l’instruction d’exercer la plus grande vigilance et, à trois kilomètres de là, l’astromech sortit sa petite antenne circulaire en entamant un circuit faussement affairé autour du chasseur jedi. Bien plus doué pour la comédie que son propriétaire, Blip donnait le change à grands renforts d’éclats de soudure.

Arrivé non loin de l’astroport, Karm rempocha son datapad, bifurqua un peu brusquement pour contourner un bâtiment et, s’y sentant seul, il puisa dans la Force pour effectuer un bond prodigieux, avant de se réceptionner avec une souplesse d’acrobate sur le toit de la bâtisse. Ce n’était pas un trop mauvais poste d’observation : de là, il pouvait distinguer la silhouette des deux chasseurs sur l’une des pistes, plus loin un cargo de transport qui devait partir le lendemain avec des grains pour rejoindre une route hyperspatial et, au fond des trois pistes découvertes, le bâtiment principal, qui abritait les bureaux de l’entreprise de Serevia Vox et les affaires administratives liées au transport spatial.

Rien à signaler, Blip, chuchota le Jedi dans son comlink ?
Bip bip.
Éloigne-toi p’têtre des vaisseaux un moment, des fois qu’ils osent pas approcher tant que t’es là…

Accessoirement, Karm n’avait aucune envie que son droïde se fasse matraquer brutalement par des saboteurs qui manqueraient de subtilité.

… genre fais mine d’aller chercher des outils.
Bip bip…, répliqua amèrement le droïde, à qui l’idée de faire croire qu’il ne disposait pas par lui-même de tous les outils nécessaires pour remplir ses fonctions répugnait profondément.
Ouais ben on doit tous faire des sacrifices, hein…
Biiiip bip.

Malgré cette réplique grossière, l’astromech consentit à s’éloigner en roulant du chasseur.
Maxence Darkan
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Comme une lettre à la poste. L'accord était donné, tout le monde avait gobé et Maxence était enjouée. Il n'y avait plus qu'à attendre et espérer que leurs suppositions étaient fondées. Il ne restait plus que quelques formalités oral dont elle n'avait guère l'intention de prêter attention, Torr se trouvait être un grand garçon depuis le temps, il pouvait bien se débrouiller tandis que Maxence se contentait de sourire niaisement. Le coup de l'image, elle en était tout simplement épatée, cette idée de demander les photos prises sur place pour marquer les esprits, quelle femme, quel sens du spectacle. Bref, la réunion terminée, le chevalier proposa, une fois à l'extérieur, de se séparer pour ne pas attirer l'attention et surement, se cacher à deux endroits différents.

-Bien joué le travail d'acteur Max, c'était parfait. Oh mais je t'en prie Torr. Singea-t-elle tandis qu'elle le voyer, s'éloigner pas à pas en direction d'une rue quelconque. Les jedis j'vous jure.

Elle avança en silence dans une rue légèrement plus animé que la moyenne, rien de bien étonnant par rapport au paysage de Coruscant, juste assez pour sentir un bon paquet de regards posés sur l'animal de foire que devenait Maxence parmi les péquenots. Elle les ignora tant bien que mal, allant jusqu'à accélérer le pas, à deux doigts de reverser un gamin avec une friandise à l'aspect tout à fait immonde, une sorte de gélatine marronnasse, pas franchement ragoutante. "Heurk" se permit elle de réagir en le poussant nonchalamment sur le côté pour marcher en direction d'une petite ruelle oubliée, là où les yeux et les oreilles baladeuses ne se permettent pas de se trouver.

-Eos, mon grand, surveille le moindre mouvement sur le vaisseau, si quelqu'un touche à n'importe quel bout de ta carlingue, je veux le savoir.

-Ce sera fait, que comptez vous faire ?

-Boire un coup pardi !

-Pardi ?

-J'essaie d'étoffer mon vocabulaire tête de circuit. Aller, la ferme et laisse moi faire.

Comme pas hasard, à l'autre bout de la ruelle se trouver un petit bar, plutôt un vieux rade qui avait sûrement été implanté ici dès le début pour remonter le moral des troupes. Ce genre de choses se remarque quand la décoration commence à rouiller et les néons frétiller à chaque instant. Là où tout le monde aurait pensé que l'intérieur vous donnerez l'incontrôlable besoin de jeter des regards suspicieux derrière votre épaule, dû à des gueules balafrés au vilain rictus et aux sourcils froncés. Mais non, les gens avaient tout juste l'air de personnes tout à fait charmantes, aux sourires chaleureux et aux petits signes de mains. Le barman qui, machinalement, nettoyait quelques verres, adressa un signe de tête à Maxence.

-Z'êtes la mercenaire ?

-Ouaip.

-Bienvenue, t'nez. Il lui fit glisser un verre -bien remplit- d'un liquide bleu foncé, à la limite du noir, dont une odeur alcoolisé assez délicate s'en échappait. Alors s'tenquête ? Mes clients pourront bientôt r'tourner au boulot pour payer leur ardoise ? Il se mit à rire à plein poumon, suivit de quelques uns de ses clients qui servaient de cœurs à cette étrange mélodie.

-Disons que... Ne pas donner d'indice, ne pas donner d'indice. Mesdames, messieurs, elle se retourna face à toute la taverne, bientôt, vos champs vous sourirons de nouveau !

Il y eut des acclamations qui servaient à nourrir l'égo de la mercenaire. Elle prit une petite lichette de sa boisson, juste assez pour se rendre compte qu'il n'y avait que l'odeur de délicate et sûrement pas le reste... malgré tout, si c'est de l'alcool, ça se boit. Le temps passait et toujours pas de signe d'un quelconque saboteur, après tout, il fallait un peu attendre, mais tout de même, approchant les trente minutes de bavette avec tout le bar, Maxence commençait à avoir les zygomatiques en surchauffe. Ils étaient très sympas, mais juste... franchement con. Et, lors d'une phrase qui commençait à s'éterniser de la part d'une pilier de bar, à base de "euh..." et de "et ben du coup...", son bracelet se mit à clignoter, un petit point rouge qui apparaissait et disparaissait dans le coin gauche. Il y avait quelqu'un au vaisseau.

-Merci pour le vers, les autorités vous préviendront pour la reprise du travail.

Elle l'avait dit si précipitamment qu'on ne put comprendre que le "merci" qui la commençait. Elle courait à toute vitesse en direction du spatioport, le verre pris précédemment n'avait, heureusement, pas trop toucher le système nerveux de cette dernière, toujours pleinement consciente avec peut-être un certain gain de confiance et soit et de charisme.

-Eos, tu peux joindre le Jedi ?

-Non.

-Ah oui merde, on s'est pas filé de quoi se contacter.

Alors elle continua, seule, priant que Torr avait aussi quelque chose de son côté et qu'il s'agissait bien du coupable.
Karm Torr
Karm Torr
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Une petite sieste.
Il aurait bien fait une petite sieste, là, sur ce toit, avec le soleil printanier et le chant des oiseaux.
Karm réprima un long bâillement, le regard toujours obstinément fixé sur son chasseur, que personne ne venait attaquer à coups de marteau hydraulique.


Au bout de trente minutes passées à compter les trous dans la piste du spatioport cependant, le Jedi vit deux silhouettes en tenue de manutentionnaires s’approcher des vaisseaux posés côte-à-côte. D’un bond soutenu par la Force, le Jedi sauta du doigt pour atterrir au sol avec souplesse, avant de s’élancer en direction des vaisseaux.


Bipbipbipbipbipbip, se mit brusquement à marteler son astromech dans son oreille, parce que ses capteurs venaient de repérer des outils étrangers en train de trifouiller à l’intérieur de ce que le droïde considérait comme son vaisseau.
Tu permets, j’cours, j’peux pas tout faire en même temps.
Bip bip !
Ouais ben désolé, j’suis limité, hein…
Biiip !
Nan !
Bipbipbip.
Tu restes où… Blip ? Blip ?


Trop tard.


Un astromech très remonté (et vraisemblablement mal programmé) fonçait sur le tarmac en direction du chasseur jedi, son fer à souder brûlant sorti en guise d’arme. Le type qui avait démonté le panneau inférieur du vaisseau pour fourrager dans les câbles, la tête perdue dans les entrailles métalliques, n’entendit pas la charge furieuse du robot et ne se rendit compte de sa présence que lorsque le fer à souder lui carboniser une (toute petite) partie du mollet.


L’homme fit un bond, c’est-à-dire qu’il se cogna brutalement la tête contre la paroi métallique du vaisseau, avant de s’étrangler avec l’un des câbles du système d’éjection du siège en tentant de se dégager. À force de tirer dessus, le saboteur activa le mécanisme et le siège du pilote bondit de plusieurs mètres dans les airs, avant de se fracasser un peu plus loin. Blip se vengea en infligeant une décharge dans l’autre mollet.


Bordel, Rastok, qu’est-ce que tu fous, s’exclama le second type, affairé sur le vaisseau de Maxence ?


Le chapelet de jurons que sa question reçut en réponse ne fut pas précisément riche en éclaircissement.


Karm arriva dans un dérapage plus ou moins contrôlé tout près de son chasseur.


Sortez de là.


Comme il murmurait fidèle à ses habitudes, et que l’homme, la tête emberlificotée dans les câbles, était occupé à épuiser tout le répertoire d’insultes que lui fournissait le patois local, le bel air de sévère justice et d’autorité républicaine dont Karm s’était paré pour l’occasion fut utilisé en pure perte.


Du coin de l’oeil, le Jedi vit Maxence arriver comme un boulet de canon. Relativement confiant dans les capacités de la jeune femme à assurer la sécurité de son propre vaisseau, le Jedi décida de se concentrer sur son propre problème.


Euh…


Karm en fut réduit à toquer contre la coque de son vaisseau.


Bonjour ?
La ferme, Bubob.
C’est pas Bubob en fait j’viens…


Par excès de zèle, Blip enfonça son fer à souder dans le second mollet. Nouveau cri, nouvelle bosse à la tête, nouvelles insultes.


Blip, sérieux, j’essaie de bosser, là.
Blp.
Oust.
Bip bip !
Oui, oui, t’es un héros.


Le saboteur parvint enfin à tirer la tête de sous le chasseur, pour se retrouver nez-à-cuir chevelu avec un Jedi.


Salut, déclara flegmatiquement Karm.
Je, euh… je venais réparer votre chasseur…


L’Ark-Ni jeta un coup d’oeil au siège éjectable échoué un peu plus loin.


Ben on peut dire que le succès est mitigé, hein.
Quand votre droïde détraqué m’a brutalement attaqué !


Pour toute réponse, Blip lui fit un bras d’honneur avec sa pince coupante.


Blip, c’t’un p’tit nerveux.
Bip, confirma l’intéressé.
Mais un p’tit nerveux héroïque.
Bip bip biiiiiip !


Rastok considéra la situation avec la clairvoyance très progressive du criminel en train de se rendre compte que sa situation était gravement compromise. Il esquissa le début d’un mouvement de fuite vers la gauche, pour retrouver son chemin barré par une lame de sabre laser dont le bleu avait l’air propre à lui faire regretter sa séance d’acupuncture au fer à souder.


Vraiment, j’recommande pas. Maxence ?


Évidemment, la mercenaire ne pouvait pas l’entendre.


Blip, va voir c’qu’il en est, s’teuplait.
Bip, répondit le robot, qui aurait bombé le torse, s’il n’avait pas déjà été cylindrique.


Pendant que l’astromech se dirigeait vers l’appareil de la mercenaire, Karm gardait toute son attention concentrée sur son prisonnier.


Honnêtement, j’imagine que y a pas dix milles mecs qui s’appellent Rastok dans le coin, puis ton pote et toi, vous êtes pas du genre furtif, donc la fuite ça me semble pas être votre meilleure option.
Attendez, j’peux vous échanger des infos !
Déjà ?


Est-ce qu’ils n’étaient pas censés le cuisiner d’abord, Maxence et lui, en lui mettant de la lumière dans la figure et en lui montrant des hologrammes de chasseur éventrés pour lui donner mauvaise conscience face à ses crimes ?


Comment ça, déjà ?
Non, rien, laisse tomber, vas-y je t’écoute.
Mais je veux l’immunité !
Dis toujours on verra après.
Signée par le Chancelier.
Puis un dîner romantique avec la reine d’Ondéron, tant qu’on y est ?
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Mais quelle idée de merde !... Aller boire un coup, mais quelle idée de merde !

Maxence était déformable à la guise, on pouvait l'insulter, elle rétorquait, la frapper, elle encaissait, même la faire chanter, elle savait qu'elle s'en dépatouillerait un jour ou l'autre. Mais toucher à son vaisseau, catastrophe ! Sacrilège ! Vous signez votre arrêt de mort dans ce genre de cas. Elle était remontée à bloque, arrivant presque en même temps que le chevalier, elle n'y prêta pas vraiment attention. Ses yeux rouges pointé sur la silhouette en dessous du vaisseau, une vitesse de pointe encore jamais égalé.

-Hé ! Hé ! Face de lard !

Criait elle en le pointant du doigt, maintenant sa vitesse de course. La tête du malfrat se mit à tourner dans tous les sens pour enfin se poser sur Maxence. Elle le sentait, elle le voyait, son regard horrifié à l'arriver de cette dernière, abandonnant ses outils, il se mit à courir. "C'est ça, gambade." Tout simplement terrifiante. Pas bien entraîné pour tenir une telle allure, elle avait vite fait de le rattraper, un coup d'épaule violent dans le dos, qui lui fit s'étaler comme personne ne s'était étalé auparavant. Une sorte de longue glissade cartoonesque sur le buste, à en faire pleurer de rire les gamins en bas âges. Le temps que lui-même reprenne connaissance, elle reprit son souffle.

Il commença à ramper, sur le sol, une partie du visage en sang -ce qui n'allait pas plaire au jedi-, chouinant, encore et encore, appelant sa chère et tendre génitrice. La mercenaire le prit par les épaules pour le retourner, le dos contre le sol. Elle se redressa ensuite, dégaina son blaster et le pointa, le canon, pile dans l'alignement du crâne.

-Ok face de c...

-J'vais tout vous dire ! Il y eut un long silence dont le malaise qui en émanait était palpable.

-'tain, mais sans déconner ?!

Bip. L'astromech de Torr les interrompit. Il avait l'air bien enjoué, même à travers le fait qu'il ne soit qu'un tas de ferraille, elle le sentait, il était fier.

-C'est quoi ton prénom ?

-Bubob.

-Pas toi, abruti, le robot.

BIP.

-C'est... C'est pas un prénom ça... On s'en branle, fous lui une décharge. Il s’exécuta sans attendre, ce qui étonna beaucoup Maxence qui, elle-même, sursauta. Nom de... J'pensais pas que tu le ferais.

Bip.

-Bah oui, mais c'est pas des manières, c'était une blague !... Peu importe, Bubob, tu vas... Le droïde lui infligea une nouvelle décharge, le pauvre bonhomme gémissait. Mais j't'ai pas dis d'le refaire ! Recule, recule j'te dis. Voilà. Donc, mon cher Bubob t'as intérêt de...

-J'veux...

-Rien du tout. Rien du tout sinon j'appuie sur cette putain de détente, ok ? Aller, tu sais quoi, assez parlé, viens là.

Il tenta de se débattre, ce à quoi la blondinette rétorqua par une petite baffe derrière la tête, comme pour un enfant trop agité. Elle se contenta simplement de le tirer par le col et lui, suivait tant bien que mal à quatre pattes. Bip les suivait de prêt, jusqu'à enfin arriver au Jedi.

-J'te ramène son copain, l'approche pas trop, je crois qu'il s'est chier dessus. Il est en pleine forme le tien, on échange ? Une vraie sauvage. Il est tombé tout seul j'te jure. Et une menteuse.

À vrai dire, elle espérait que celui de Torr n'est pas craqué pour s'amuser un peu, prouver de quoi elle était capable pour faire cracher les vilains mensonges de certains... Pas pour aujourd'hui, il n'avait pas l'air franchement plus coriace mentalement que son équipier.

-Me dit pas qu'il est déjà prêt à parler ? Après j'peux quand même secouer un peu... Pour qu'il parle plus vite ? Aller ?...
Karm Torr
Karm Torr
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Dis donc, il a l’air sacrément mal en point, ton bonhomme…, murmura le Chevalier Jedi un brin soupçonneux.
Vous allez nous torturer ! Ah, par toutes les déesses, je le savais bien, vous allez nous torturer.
Sérieux ?
Je suis trop jeune pour qu’on m’électrocute les testicules !
Bip… ?
Mais ça suffit, oui, l’excité de la soudeuse !
Bip bip bip…, marmonna l’astromech avant de s’enfuir — sage décision — en direction du siège éjectable, qui n’allait pas se déséjecter tout seul.


Karm, lui, tourna les yeux vers Maxence.


Désolé de te décevoir, mais ils ont l’air plutôt coopératif.
C’est pas notre faute on nous a payés pour ça, intervint stratégiquement Bubob.
Parce que genre ça constitue une excuse ?
J’veux dire par là qu’on est pas des mauvaises personnes.
Euh…
Vous allez nous arracher les ongles, c’est ça ? Nous enfoncer une termitière dans l’anus ? Nous…
Non mais ça suffit l’holodrame, oui ?


Le Jedi se massa l’arrête du nez.


Qui vous a payé pour saboter les vaisseaux ?
Serevevia Vox, répondirent-ils aussitôt et en choeur.


Un peu loin, Blip faisait un boucan infernal en tractant le siège éjectable sur le tarmac.


Ah ouais la vache vous êtes hyper loyaux.
C’est-à-dire qu’elle fait considérablement moins peur que vous.


Bubob hocha vigoureusement la tête, avant de se rendre compte que ça ne soulageait pas précisément son mal de nez.


Et elle est seule à gérer cette petite affaire ?


Rastok haussa les épaules.


On sait pas, hein, nous on se contente de préparer les vaisseaux.
On peut vous donner le nom des vaisseaux.
L’immatriculation.
Les horaires.
Les…
Ouais, c’est bon, on a compris, vous êtes très coopératifs.


La vie criminelle sur les mondes ruraux de la Bordure avait quelque chose de si reposant.


J’te laisse les tenir en joue, j’vais appeler Yold pour qu’il vienne les cueillir, fit le Jedi à Maxence, avant de désactiver son sabre pour s’éloigner de quelques pas.


Un coup de comlink plus tard qui plongea Yash Yold, le premier adjoint et le chef de la police, dans un état de stress quasi apoplectique, Karm revint face aux deux zigotos.


Bon, et elle est où, là, Vox ?
Dans son bureau, là.


Rastok désigna le bâtiment administratif, au bout du tarmac.


Ah non, attendez.
Hmm ?
Oui, c’est bien ça, non ?
Quoi donc ?
Là-bas, on dirait…
C’est quand vous voulez, les mecs.
Vous voyez la porte du hangar en train de s’ouvrir, là, sur la gauche ? C’est là où est sa navette perso…


Karm était déjà parti en courant. Son vaisseau était hors de service : tout ce qu’il pouvait espérer faire, c’était, en laissant Maxence grimper dans sa propre chasseur, essayer de gagner le hangar avant le décollage de Serevia Vox ou tout du moins juste à temps pour endommager l’appareil. La Force affluait en lui et il courait désormais à une vitesse surhumaine, sous le regard ébahi de Bubob et Rastok, qui en oubliait de s’enfuir.


(Mal leur en pris, parce que le speeder de la police paxalienne, l’unique speeder, était déjà en train de survoler le tarmac.)


La porte du hangar privé de Serevia Vox avait fini de s’ouvrir. En apercevant depuis son bureau la mercenaire et le Jedi appréhender les saboteurs, l’adjointe, peu confiante et à raison en la loyauté de ses employés, avait fourré ses datapas dans un sac et s’était précipitée vers le hangar, en proie à la panique.


Karm n’entendait pas encore les réacteurs de la navette. Ses poumons lui brûlaient et il savait que le contrecoup serait douloureux. Les moteurs rugirent. Il n’était plus qu’à deux ou trois mètres. Serevia Vox le fixait depuis le cockpit. La navette s’ébranla. Karm bondit avec un élan prodigieux, pour atterrir sur le nez de la navette et plongea son sabre dans le pare-brise en transparacier. Déjà le vaisseau s’éleva et, deux secondes plus tard, le Jedi fut projeté sur le tarmac, son sabre roulant éteint à quelques mètres de lui, alors que Serevia Vox s’élevait dans l’atmosphère.


Le souffle court, ignorant sa douleur, le Jedi la suivit du regard. Le vaisseau cessa rapidement de prendre de l’altitude, avant de revenir à quelques dizaines de mètres à peine au-dessus du sol : la brèche dans le cockpit l’empêchait évidemment de gagner l’espace sans danger, tant que les petites araignées mécaniques qui avaient surgi de sa coque n’auraient pas achevé une réparation d’urgence.


Le Gardien se releva péniblement, pour partir récupérer son sabre en claudiquant, avec l’espoir que Maxence aurait assez de temps pour ramener la coupable sur la terre ferme.


(Plutôt que de la faire exploser en plein vol, de préférence.)
Maxence Darkan
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Ces deux gugusses étaient beaucoup trop coopératifs. D'une stupidité sans égale -ne rehaussant surement pas le QI de la colonie- malgré une impressionnante coordination. Des balances, mais coordonnées. Aucun des deux n'avait une once de fierté et de loyauté, allant jusque dans un cœur théâtrale, lancer le nom de Serevia Vox, une tête de la colonie évidemment. La mercenaire fut enchantée de la remarque de Rastok qui, malgré le fait qu'il s'agisse d'une poule mouillée galactique, avoua la peur qu'il ressentait envers eux. La tronche cabossé de Bubob avait dû y jouer un peu.

"Rien dans l'froc" se permit la mercenaire en les tenant en joue, le baster contre son flanc, ils n'avaient tout bonnement pas la carrure de fuir. La police était en route, l'enquête dans la poche, plus qu'à cueillir cette chère Vox avec un peu de charisme et le tour était jouer. On y aurait presque cru, un cour instant.

Une sorte de liaison mentale s'était faite entre le Jedi et Max, lui en pleine course effréné vers la navette et la mercenaire en direction de son chasseur. Un prodigieux bon, main à l'appuie la fit atterrir tout pile sur son siège alors qu'elle avait préalablement ouvert le cockpit. En se refermant, elle s'était déjà attelée à mettre tous les voyants aux vert pour allumer les moteurs. Elle pouvait le voir, presque à destination, une foulée à en faire pâlir les athlètes.

-Tu penses qu'il va l'faire ?

-En toute sincérité, non.

-Ouais, j'y crois pas non plus.

Tout le vaisseau se mit à trembler lors de la rétractation des trains. Pas d'inquiétude, le pauvre bougre n'avait que dessoudé une plaque, sur le ventre du vaisseau, qui s'écroula d'ailleurs. Ce vieux tas de ferraille avait beau montrer des signes de faiblesse -assez alarmant des fois- il n'en perdait pas sa rapidité d'en temps. Les quelques secondes d'avances que Torr lui avaient offert furent d'une grande utilité. La navette s'en allait déjà, suivi de près par le coucou de la blondinette. Elle se plaça pile à sa taille, un casque qui servirait de communication sur les oreilles.

-Serevia, je dois vous avouer un truc, si je vous parle maintenant, c'est uniquement parce que le meurtre est puni par la loi. Alors je vous en prie, ne faites pas de bêtises, retournez au spatioport, nous discuterons à tête reposée de toute cette histoire.

-Et que comptez-vous donc faire ? Me tirer dessus ? Vous n'oseriez pas.

"Et bien c'est mal me connaître." hors communication, Éos l'avait sûrement enregistré, elle aurait donc une preuve à l'appuie si... elle ratait son tire et Maxence ne rate jamais son tire... quasiment jamais. Elle redressa le manche, ce qui engendra une très belle perte d'accélération pour se placer droit derrière elle.

-Combien de temps avant l'atmosphère ?

-Trente secondes.

-Alors ralentissons la.

En une poignée de secondes qui parurent une éternité, le cadrant de tire s'était ajusté sur une des ailes. Pas d'hésitation, deux tirs rapides, droit dedans. L'aile salement amochée, mais toujours suffisant pour voler. La mercenaire se replaça à ses côtés.

-Oh ! Rebonjour là-dedans, on dirait que votre aile est abîmée, vous devriez faire demi tour, il y a un spatioport franchement sympa où on pourrait arranger ça.

-Vos tirs de sommations n'y changerons rien. Vous ne m'arrêterez pas.

"Elle m'emmerde celle-la." Rebelote, un coup de frein, retour derrière elle. Les secondes gagnées la replaçaient à vingt secondes de répit. Sans prendre en compte qu'un vol en hyper espace risquerai la dislocation complète de son appareil, ce qui placerait Maxence en tant qu'acteur principal de la mort d'une tête de colonie, malgré sa culpabilité dans une affaire de drogue. Peu de temps pour réfléchir, les réacteurs. Très, très, très mauvaise idée. N'ayant aucune idée des qualités de pilote de Vox, un tel tir pouvait provoquer un crache assez violant pour la tuer sur le coup. Tant pis. Juste un tir cette fois, en plein dans le mille. L'appareil tituba en vole, mais par chance, pas de perte flagrante d'altitude, pas d'explosion ou même de crache.

-Hé bien me revoilà. J'ai l'impression que vous avez du mal à voler droit, un problème au niveau des réacteurs ? Sinon le spatioport et toujours derrière vous.

Pas de réponse. Par chance, avec un appareil aussi mal en point, elle ne pouvait que se permettre de voler en ligne droite jusqu'à perte totale de carburant. Finalement, la navette se retourna, toujours titubant, pour retourner au tarmac. "Sage décision." Suivi de près par Maxence jusqu'à atterrissage, elle attendit son interception par les forces de l'ordre avant de se poser à son tour.

-Ouverture du cockpit, la foule est en délire et... Maxence ! Singea-t-elle en sautant de son appareil, elle tira ensuite une drôle de révérence. Mais je vous en prie, je n'fait que mon travail.
Karm Torr
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Oh mon dieu, c’est terrible, quelle histoire, vraiment, quelle histoire !
Hmm hmm.
Oh mon dieu, s’exclama encore une fois le premier adjoint, alors qu’un tir de Maxence atteignait la navette de celle qu’il devait probablement considérer désormais comme son ancienne collègue.

Deux paysans, qui formaient à mi-temps une partie de l’équipe de la garde municipale, avaient fourré les deux saboteurs dans un landspeeder de transport agricole reconverti pour l’occasion en fourgon carcéral et désormais, le véhicule décollait en direction du préfabriqué qui tenait lieu de prison et, d’ordinaire, ne servait guère que de cellule de dégrisement, après les fêtes villageoises trop arrosées.

Voilà M. le maire…

En effet, un autre speeder venait de croiser celui des gardes, un engin de quarante ans d’âge, encroûté dans la boue séchée, qui s’arrêta en cahotant tout près du Chevalier Jedi et du premier adjoint. Karm, lui, n’avait pas décroché le regard du ballet aérien, soulagé avant tout de constater que Serevia ne répliquait pas aux assauts de Maxence.

Yash, est-ce bien vrai ce qu’on m’a…

L’adjoint avait déjà pointé de sa main palmée les deux vaisseaux qui revenaient vers l’astroport et le maire suivit à son tour leur course du regard.

J’crois qu’il est temps qu’vous alliez appréhender la coupable, m’sieur Yold.

Le chef de la police hocha la tête. Karm préférait de loin que ce fussent les autorités locales qui procèdent à l’interpellation : c’était une manière de commencer à restaurer un semblant de normalité dans la colonie. Après un signe de tête à l’attention du maire, le Jedi se dirigea vers l’endroit où Maxence paraissait devoir se poser. Il avait cessé de boiter, mais s’il pouvait s’épargner un nouveau sprint héroïque dans les heures à venir, ce ne serait pas plus mal.

La foule est en délire, répondit-il en applaudissant quand la mercenaire fit son entrée triomphale.
Biiip biiiip, renchérit Blip de loin, quoiqu’il fût occupée à réparer le chasseur jedi endommagé.
Et pour récompenser l’héroïne céleste, la ville lui offre l’insigne honneur d’aller faire sa déposition.

Y a pas à dire, on savait recevoir.

Allez, viens.

Une heure plus tard, après avoir rejoint le poste de police, où Yash Yold avait déplacé une caisse pleine de preuves dans une affaire de vol de courges pour leur permettre de s’asseoir, et après avoir raconté dans tous les détails les événements qui avaient conduit à leur plan machiavélique et triomphant, les deux enquêteurs considéraient avec le maire, son seul adjoint désormais et les gardes civils une carte holographique de la forêt.

Qu’est-ce que vous recommandez, finit par demander Phsarit Sina ?

Tout le monde avait bien conscience de la difficulté particulière qu’il y avait à déloger une vingtaine d’hommes dans la force de l’âge, en plein terrain forestier. C’était un coup à provoquer des morts inutiles, d’un côté comme de l’autre, dans le cadre de combats confus.

La diplomatie, répondit Karm sans hésiter.
C’est très bien, la diplomatie, s’empressa de confirmer le chef de la police, dont la principale philosophie dans la vie semblait être d’éviter d’incarner la partie « force » et la partie « ordre » de l’expression « forces de l’ordre ».
C’est un terrain relativement inconnu, trop accidenté, avec des gens qui ont des armes de circonstance, qui sont possiblement drogués, et votre garde est, sauf votre respect, pas spécialement entraînée pour ce genre d’exercices. En plus, j’ai l’impression que les nouvelles circulent vite, par ici, ils sont peut-être déjà au courant, dans le pire des cas ils se seront retranchés, dans le meilleur dispersés.
Hmmm…

Les coudes appuyés sur la table, le menton dans les mains, Sina fixait pensivement l’hologramme de la forêt.

À vrai dire, même si nous étions sûrs de notre coup de filet, j’aurais tendance à vouloir… Pas passer l’éponge, pas précisément, mais une vingtaine de gens à arrêter, dans une petite communauté comme la nôtre, ce serait un coup dur. Pas qu’économiquement, je veux dire : socialement aussi. Il faudrait plutôt rassembler que diviser.
Sans compter que s’ils sont allés vers une entreprise criminelle, c’est qu’il y a un problème socio-économique, un manque d’opportunités dans notre colonie…
On sait tous d’où il vient, le manque d’opportunités.

Silence.

Euh…

Karm échangea un regard avec Maxence, perplexe, avant d’avouer :

Ben non, moi, pas très bien en fait…
Les familles des premiers colons de Paxal ont profité de leur ancienneté pour concentrer une partie des terres. Une longueur d’avances, des stratégies de mariage astucieuses, enfin vous voyez le tableau. C’est difficile pour les jeunes et les nouveaux venus d’accéder à la propriété terrienne, sans parler de s’acheter les droïdes nécessaires à une exploitation rentable. Alors ils restent ouvriers agricoles. Mais ce qui était avant un apprentissage avant d’avoir sa propre ferme se transforme désormais en salariat à vie.
Et quitte à travailler dans ces questions, autant rester sur les grands mondes agricoles du Noyau, où on a au moins accès au confort de la civilisation, plutôt que de venir ici. Quand on s’installe sur une colonie, c’est précisément pour avoir des opportunités inédites.
Voilà.

Le maire se tourna vers Maxence.

Je dis pas ça pour vous, mademoiselle, hein. Vous êtes payée par les grands propriétaires, mais il n’empêche que votre aide nous a été bien utile. Et puis nous, de toute façon, on est plutôt pour des solutions négociées avec eux, pas pour la révolution. C’est pour ça que Serevia était seconde adjointe, même si elle appartient, disons, au parti opposé. Pour la paix des ménages.

Comme souvent, Karm avait plus de facilités à comprendre ces affaires politiques locales, concrètes, proches des réalités quotidiennes, plutôt que les grandes manœuvres des partis galactiques.

Ben voilà, faut négocier. P’têt que le champignon est intéressant, p’têt que ça peut attirer des industries pharmaceutiques, ou au moins une station de recherche. P’têt que y a des travaux d’intérêts généraux qui permettront aussi d’acquérir de nouvelles compétences, de s’former à de nouveaux métiers…

Un discours qui fleurait bon le membre des Corps Auxiliaires Jedis, habitué à considérer des problématiques de formation pour les jeunes qui échouaient aux épreuves de la Chevalerie.

Il faudra à tout le moins repenser les activités d’export, puisque Serevia… Son procès ne se déroulera même pas sur cette planète, nous n’avons pas de tribunal. Il va falloir combler le vide.
J’doute pas que vous y arriviez, déclara Karm.

C’était que le maire avait l’air nettement plus de taille à s’occuper des retombées sociales de cette affaire qu’à affronter son mystère originel.

J’espère, j’espère, murmura Phsarit, avant de se relever, imité par les autres.

Il offrit une vigoureuse poignée de main au Jedi puis à la mercenaire.

Mademoiselle, dit-il, vous n’aurez pas volé votre salaire. Essayez d’en tirer une augmentation, de ces gros possédants, ils ont sans doute les moyens de vous verser plus qu’ils ne vous ont promis. Quant à vous, Chevalier… Comment vous prouver notre gratitude… ?
En réhabilitant vos as du champignon, après avoir fait la lumière sur les deux morts.

Le maire hocha gravement la tête.

Dans tous les cas, vous serez toujours les bienvenus sur Paxal.
Maxence Darkan
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Ce joyeux petit rabat-joie de Torr savait se faire entendre. Faire une déposition et puis quoi encore ? Discuter autour d'un café avec les autorités ? En fait ça serait pas si mal de se taper la causette avec les autorités si seulement ses derniers avaient quelque chose d'intéressant à dire. Elle se permit simplement un clin d’œil à Blip et un coup sur l'épaule du Jedi avant de se diriger en toute gaieté vers le poste de police.

Encore une fois, beaucoup de blabla, pas beaucoup d'attention et un sacré paquet de trucs à expliquer pour avoir tiré sur la navette personnelle d'une adjointe en fuite pour organisation d'un trafique illégal de drogue. De quoi s'éclater un bon paquet d'heure. Elle comprenait tout à fait la difficulté de la situation, rassembler les gens après une telle affaire n'allait pas être une partie de plaisir. S'amusait à rassembler les gens alors qu'ils ont visiblement tout fait pour se séparer, sans oublier qu'il fallait se forcer à pardonner dans ce genre de cas. Mais franchement, tout cela était loin d'être les oignons de la mercenaire.

Le maire lui serra vivement la main, la remerciant d'avoir tiré sur une personne qui ne se défendait pas... le rêve quoi. Il lui proposa même de forcer les gens qui l'avaient payé d'augmenter les prix. Elle n'allait pas le faire, pas par prise de conscience que ces gens avaient une vie déjà bien assez dur, juste parce qu'elle voulait s'épargner de commercer avec des gens dont on ne pouvait comprendre qu'un mot sur trois. Face à l'inarrêtable pragmatisme de ce qui allait devenir son ex équipier, un petit rire étouffé lui échappa. Il ne s'arrêtait donc jamais de croire en la bonne mentalité cachée de la galaxie.

-Oh... Faites porter le chapeau à Serevia. Dite juste que les vingt débiles ont été forcé, tourner tous les regards vers elle et ils la mépriseront unis, comme une société modèle.

Beaucoup plus pessimiste, la haine avait tout de même le bon côté de rassembler les gens contre un ennemi commun. Serevia n'allait sûrement jamais remettre les pieds ici pour se défendre et les trafiquants n'ont pas d'intérêt à refuser l'opportunité de se faire pardonner. Quant au fait d'être bienvenue sur Paxal... bien elle était plutôt contente de cette invitation -qui n'était peut-être qu'une simple formule de politesse- s'imaginant déjà prendre des vacances en forêt.

La sortie du poste fut bien plus mouvementé que prévu, la plupart de la population du coin était réuni en demi cercle à l'entrée posant des questions dans un des brouhaha les plus insupportables possible. Elle voyait les gens du bar l'acclamer, elle et Torr qui ne devait pas faire tout ça pour la popularité, mais qui sait, appréciait il peut-être ses acclamations... on y pige rien aux Jedis quand on en ait pas un de toute façon.

Même si le fait de saluer une population -qu'elle considérait toujours autant comme des arriérés, on ne change pas une mentalité avec des ovations- semblait être amusant, passer à travers cette petite foule n'était franchement pas très agréable. Forçant son passage, la sortie du maire se montrait être une libération. Un discours ! Un discours ! Ils ne criaient pas ça, ils étaient bien silencieux en fait, presque inquiet, mais il aurait été amusant de les entendre acclamer un discours. À l'écart des gens, ce fameux discours ne résonnait quand fond. Maxence se retourna vers le chevalier.

-Alors mon grand... Qu'est ce que tu comptes faire maintenant ? Oh... et me balance pas un "bah écoute je vais faire mon rapport avec mes potes du conseil" ou je n'sais quoi. J'veux dire, t'as bien des petits plans pour le futur ?

La réponse n'avait pas grande importance, savoir ce qu'aller faire un chevalier Jedi, c'était comme se demander ce qu'aller devenir dix crédits dans les bas-fonds de Coruscant, les possibilités étaient inimaginables... bon, la drogue parait être la réponse la plus évidente, on s'est compris. Elle n'avait juste pas l'intention de partir sans un mot alors qu'ils venaient tout juste d'arrêter un trafique de drogue sur une planète de la bordure extérieure.
Karm Torr
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Méditer sur l’inévitable finitude de notre existence, répondit Karm avec le plus grand sérieux.


Son regard croisa celui de la jeune femme et, à peu près du même temps, il déclara :


Nan, j’d’éconne.


Si c’était son ton pour l’humour, difficile de savoir quelle proportion de ce qu’il avait jusque là devait être pris à la légère. En tout cas, il avait paru tout aussi pressé que la mercenaire de s’extirper de la foule, bien trop heureux de laisser le maire rassurer les habitants. Les lauriers de la victoire ne l’intéressaient guère et la perspective de s’adresser à la population était pour lui bien plus terrifiante qu’une expédition en forêt à la recherche d’un monstre inconnu.


Machinalement, les mains dans les poches, ils reprenaient le chemin de l’auberge près du spatioport, pour y récupérer leurs affaires.


J’vais rentrer au Temple sur Ondéron, mais probablement quelques escales en chemin pour voir des gens que je connais. Entretenir de bonnes relations, regarder comment se développent telle ou telle colonie, t’sais, la routine un peu.


Dans une définition personnelle de la routine, certes.


J’reviendrai par ici dans quelques mois, j’pense, pour voir comment ça a tourné, mais pour l’heure, ça me paraît préférable de disparaître du paysage. Les gens ont besoin de héros locaux. D’ailleurs, c’est pas tout à fait un mal que le chef de la police soit pas… Disons, euh… Hyper charismatique, quoi.


Son raisonnement demeurait largement informulé mais ce qu’il voulait dire par là, c’était qu’il trouvait préférable que le mérite aille au maire, plutôt qu’aux forces de l’ordre, et que la justice sociale plutôt que la justice pénale se présente comme la voie idéale pour sortir de la crise.


’Fin bref, de manière générale, j’suis explorateur de planètes où y a personne, si c’est ça ta question. J’cartographie, j’fais les premiers relevés, ce genre de choses, avant que les expéditions plus tranquilles, si l’on peut dire, se mettent en place. Ou de manière générale les trucs qui impliquent un environnement hostile.


Ça et les opérations commandos, mais Karm ne connaissait pas assez Maxence pour préciser cet aspect plus confidentiel de son rôle de Gardien au sein de l’Ordre.


AH C’EST LE JEDI ET SA PETITE AMIE, hurla l’aubergiste quand le duo refit son apparition à la réception.


Karm tapota son oreille de l’index.


QUOI ? QUOI ? QU’EST-CE QU’IL Y A MON MIGNON ? AH ! OUI !


La vieille dame extirpa son sonotone couvert d’une substance jaunâtre, qu’elle gratta avec un ongle de la même couleur, avant de le renfoncer vigoureusement dans son oreille, pour reprendre d’un ton plus ordinaire :


Vous voulez que je vous mette dans la même chambre, hein ? Oh, on ne l’a fait pas à la mère Birot, je sais ce que c’est la jeunesse, moi à votre âge, je me faisais renverser dans les meules de foin par…
Non mais…
Et le Grand Jacquot il était petit mais on l’appelait grand quand même, si vous voyez ce que je veux dire, hé hé hé…
On va juste…
Et il avait un frère, ah, le pauvre n’avait qu’un bras mais qu’est-ce qu’il…
… récupérer nos…
… trois à la fois, hé bien, c’était un sacré labour c’est moi qui…
… nos affaires, conclut Karm avant de s’éloigner du comptoir, absolument certain que la vieille dame n’avait pas entendu grand-chose de ce qu’il essayait de lui dire.
IL N’Y A PAS GRAND MONDE AUJOURD’HUI FAITES AUTANT DE BRUIT QUE VOUS VOULEZ, lança-t-elle derrière eux alors qu’ils empruntaient les escaliers.


Quand ils arrivèrent sur le pallier, le seul être résident de l’hôtel, le voyageur de commerce qu’on leur avait évoqué la veille, un petit homme d’une cinquantaine d’années au visage rougeaud, sortit de sa chambre pour leur opposer un air angoissé :


C’est vrai ce qu’on raconte ? Alors ? C’est vrai ?
Euh…
Les Siths ont envahi le spatioport ? Les premiers tirs ont été échangés ?
Vraiment pas.
Ah.


Le VRP eut l’air presque déçu.
(Pour une fois qu’il se passait quelque chose de palpitant dans son existence.)


Bon, bon, tant pis, marmonna-t-il d’un ton plein de reproche, comme si Karm et Maxence avaient été responsables de l’atmosphère pacifique, avant de se barricader à nouveau dans sa chambre, laissant les deux autres rejoindre leurs propres portes.


Là, Karm se retourna vers la mercenaire.


Et toi ? Tu vas faire quoi ?


À part collecter sa prime et, supposait-il, racheter la moitié du bar local.


T’as dit que ce genre de trucs, c’était pas trop tes affaires ordinaires, du coup… ? Note que je cherche pas à te faire avouer comment tu passes ton temps à transporter des cargaisons illégales dans les mondes indépendants ou je sais pas trop quoi, hein.


Ce Jedi-là avait l’air somme toute relativement peu préoccupé par les crimes sans victime. Chacun son métier, il n’était pas Sentinelle.


Parce que si des fois t’as besoin d’un coup de main pour un truc pas trop louche qui soit utile à des gens bien…


Que de précautions oratoires !


… c’était plutôt fun de bosser avec toi, quoi.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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"L'inévitable finitude de notre existence", la vache, de quoi chopper le vertige. Heureusement qu'il rigolait, heureusement. En soit, la question philosophique de la vie était bien trop présente dans la vie de tous les jours, peut-être une des raisons sous jacente de sa transformation en mercenaire. Et puis, la "finitude d'une vie" est considéré comme la mort d'un être vivant ? Car si une personne connue meurt, la reconnaissance de sa présence passée sur le monde ne signifie elle pas qu'il y a toujours un peu de présence et donc que cette dite vie n'est pas réellement terminer ? Mais bon, entre nous, ce n'est pas un narrateur un peu débile, qui s'amuse bien trop à casser le quatrième mur qui va répondre à une telle question entre deux cafés.

La routine de Torr semblait être une routine bien sympathique quand on aime voyager et sociabiliser. L'ExploCorp avait tout de même fait beaucoup pour la galaxie et se montrait, par sa présence, d'une poigne de fer à maintenir les liens entre les colonies encore "neuves". Comparé à la mercenaire qui n'agissait que par pur égoïsme et recherche d'amusement par le danger, lui, avait une belle carrière de philanthrope. Une carrière noble, mais pouvait-on blâmer Maxence de jouer avec les règle de la galaxie, quitte à montrer les côtés méprisés de la personnalité ? N'essayez pas de répondre, c'est plutôt une question rhétorique et c'est principalement du domaine du point de vue.

-C'est plutôt cool ton boulot en fait.

Finit-elle par avouer avant de se diriger dans l'auberge. L'aubergiste était d'une finesse inégalable et qui valait le détour. Ses histoires de lit étaient tout à fait remarquables, une véritable acrobate dans sa jeunesse qui devait être impressionnant à voir... et à expérimenter. En se dirigeant vers les escaliers, la blondinette s'était retournée, les pouces en l'air pour lui faire croire des choses.

Un étrange bonhomme sorti tout droit de sa chambre semblait plutôt dessus de ne pas se trouver dans une des situations les plus délicates possible, tout triste et visiblement frustré, il était retourné de là où il était venu. Mais là n'était pas la question, car, bien au centre de cette séparation, certes peu douloureuse, les questions fusaient une dernière fois, elle l'avait vu venir, à son tour désormais, qu'allait elle donc faire ? Se posant à son tour la question, bien loin d'appréhender son jugement et encore plus loin qu'était sa crainte de se lier en conflit, elle ne le savait pas vraiment. Mercenaire est un métier dont l'inattendu marque toujours les mémoires. Et, laissant Torr terminé sur une phrase qui la touchait tout de même profondément, elle l'avoua.

-Bah, à part le trafique de drogue et d'êtres vivants, j'ai pas grand chose à te proposer... Nan j'déconne. Elle affichait un petit sourire narquois, même si elle ne déconnait pas tant que ça. Je sais pas vraiment en fait... Je suis mercenaire, pas secrétaire de dentiste, je prends ce qu'on me propose à la simple condition d'être bien payé et si un jour... peut être... on me propose un petit boulot dans l'trou du cul d'la galaxie pour sauver des péquenots d'un gragou trafiquant de drogue, je demanderai à t'avoir personnellement à mes côtés.

C'était, ma foi, fort solennel, pas digne du discours d'un roi, juste Maxence avec une pointe de sincérité à la limite du non conventionnel. D'une certaine manière, elle savait qu'elle le reverrait quelque part, en tant qu'ennemi peut-être... sûrement en fait. Préférant garder ce genre de remarques qui pouvaient très vite refroidir, elle se contenta de lui serrer la main. Une bonne poigne, pour signer la fin d'une chouette petite enquête. Pour la suite, toujours aussi indécise, elle allait rester dans le coin, boire quelques coups -avec des chances élever de se les faire payer- histoire de bien terminer la journée puis, une fois son temps sur cette planète venu, elle patienterait jusqu'à sa prochaine mission dans un motel sur Nar Shadaa, comme à son habitude. 


[FIN] 
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