Evadné Publius
Evadné Publius
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- Eva, vous en avez assez fait pour l'instant. Asseyez-vous, je serai rassuré.


Elle n’était pas sûre de vouloir se « reposer ». La toute blonde souhaitait aller au-delà de ses limites pour apporter sa modeste pierre à l’édifice qui était censé les sortir de là. Elle aurait aimé le lui exprimer mais à déchiffrer l’inquiétude sur les traits du métis, elle lui offrit un sourire reconnaissant. Qu’une petite minute…pensa-t-elle en ployant les jambes pour s’asseoir avec grâce. Le temps de reprend ses esprits et réfléchir à la situation urgente, de faire le tri dans les informations. FX67 bipait inlassablement à ses côtés, toujours aussi bavard. Le souffle précaire, elle se remémorait à quel point il n’avait jamais arrêté de « parler » depuis qu’elle en avait eu la garde. Les difficultés qu’elle avait rencontré à le contenir tant il souhaitait retourner au bloc opératoire. Les timides entretiens qu’elle avait entrepris seule pour lui redonner un coup de neuf. Ces heures passées à chiner les plans du droïde sur son datapad et à comprendre les instructions de maintenance. Et les semaines à apprendre le codage de son langage indescriptible, dont elle ne saisissait pas toujours la signification. Combien de fois avait-elle jeté l’éponge ? Combien de fois avait-elle souhaité ne plus avoir cette responsabilité ? Cependant, le lien s’était tissé à travers cette colocation.


-Merci, FX67. Désolée de t’avoir embarqué dans cette fuite stupide…j’aurais dû...te rendre à l’université.


Le robot émit une suite de sons négatifs, marquant un nouveau désaccord. Elle se concentrait pour conserver les yeux ouverts, pointant son attention sur le duo Luka-Ja’ar un peu plus loin. Et ses pupille détallaient le mécanicien sans scrupule aucun. Elle le contempla se diriger vers la console principale, admirative devant sa capacité d’analyse.


-Oui…souffla-t-elle vers son fidèle compagnon. Je pense que c’est un homme bien…


A son tour, la ferraille déplaça ses senseurs en direction du mécano, prenant le temps d’analyser ses données physionomiques. Et lorsque son sujet d’étude changea de cap soudainement pour se rapprocher d’eux, FX67 détourna innocemment ses senseurs. Evadné accueillit le demi-Kiffar avec un sourire tendre, mais sa vision se brouilla plus sévèrement. Les joies de la commotion, regretta-t-elle en son for intérieur. Le premier coup à l’infirmerie n’avait pas épargné sa tête et cet autre choc dans la coursive avait consolidé la plaie. Elle serra le poing avec difficulté, en colère contre elle-même. A quel point n’avait-elle jamais vu qu’elle était si fragile ? Il avait suffi de quelques jours hors de sa vie luxueuse…


- Eva...quand nous serons sorti d'ici, je pense qu'on aura...euh..enfin je veux dire il faudrait que l'on...euh... ce que je veux dire c'est que ce serait pas mal qu'on prenne le temps de parler tous les deux et...


Elle était soulagée. Ce serait très bien de prendre le temps de parler tous les deux, arriva-t-elle à penser sans réussir à l’exprimer. Elle connaissait un super vendeur de spécialités aux blumfruits sur une esplanade non loin du Sénat. La vue y était magnifique sur une infime partie de Coruscant. Aimait-il les blumfruits ? Et elle perdit pied, sa conscience plongeant dans un noir absolu. FX67 s’affola tandis qu’elle était soutenue par le métis.



-Dix-huit années. Et tu ressembles plus que jamais à ta mère. J’espère que ton présent te plaira.


Elle comptait parler, espérant lui exprimer que venant de lui n’importe quel cadeau ferait l’affaire mais il ne lui en laissa pas l’occasion. Il fallait le suivre et comme d’habitude, elle ne quitta pas l’ombre paternelle qui la guidait à travers le complexe du siège social de la Stellaire Compagnie. Situé sur un astéroïde en orbite de Cadezia, il occupait une place stratégique. Ils quittèrent la partie administrative pour se diriger vers le spatioport privatif des installations de la SteCo. En traversant le hall principal, elle leva ses grandes prunelles vers le dôme en verre trempé et renforcé pour admirer les nervures étoilées qui composaient le vide stellaire.


Arrivés à destination, elle reconnut la silhouette du général Inaros. Au travers des marques de brûlure qui parcheminaient son faciès aminci, des rides creusaient sa peau. Mais une lueur sombre couvait au fond de ses pupilles arkaniennes, trahissant le loup assoiffé de sang qui sommeillait en lui. Ce regard n’avait jamais mis Evadné à l’aise, mais elle le salua avec politesse.


-Général Inaros, déclara froidement Véragan, tout est prêt ?


-Soyà, Ministre Publius.


Caleb Inaros leva sèchement le poing et un technicien enclencha l’éclairage de la plateforme derrière lui. Sur cet immense quai du spatiosport venait d’apparaître un chasseur stellaire. Il était rutilant et sa coque brillaient de mille feux. Son nom était tracé en grand, dans une calligraphie aérée et élégante : Hypérion. L’arkanien étira un rictus qui déforma davantage ses traits.


-Sacrée bête. Même si elle manque de canons laser à mon goût. J’espère que tu auras bien retenu toutes les leçons de pilotage que je t’ai inculqué, gamine.


-Caleb, le reprit le Ministre d’un ton éloquent.


-Ya, ya. Mais cher Ministre, tu ne pourras pas nier que si elle n’explose pas en plein vol dans ce bolide, ce sera grâce à moi.


Les bas-cadéziens et leur amour de la familiarité irritaient Véragan au plus haut point, mais c’était un défaut avec lequel il fallait composer pour la stabilité politique de Cadezia. Evadné les dépassa tous les deux pour aviser l’engin, mirant avec attention les propulseurs améliorés. Le prototype était tout droit sorti des usines de montage de la Stellaire Compagnie. Un tout nouveau modèle de chasseur stellaire civil de classe Deïmos.


-Il est à toi, indiqua son paternel. J’espère qu’avec cela, tu pourras vaincre Valérian Helix lors de votre prochaine course.


-Merci Père, mais voilà depuis des mois que je n’ai plus piloté.


Ses études lui prenaient bien trop de temps et elle avait dû abandonner cette activité « sportive » pour les bancs de l’université. Si Inaros avait toujours souligné son don pour le pilotage, elle ne l’avait jamais vraiment cultivé. Les courses effectuées contre les autres héritiers de la planète étaient des moments festifs, mais dangereux. Elle préférait les sorties d’espace, seule, pour se vider la tête. Et si elle avait toujours perdu, ce n’était pas à cause de la machine…mais de sa volonté à ne pas prendre de risque au grand damne de Caleb.


-Il est très malléable. J’ai fait partie de l’équipe de test. Assez malléable pour que tu tentes des risques, intervint Inaros, dans une posture nonchalante.


Son uniforme sombre de l’armée cadézien, bien taillé et ordonné, jurait avec son look détaché et groggy.


-C’est apprécié mais…


-Ce modèle m’a coûté 190.000 crédits, la coupa Publius avec agacement. Alors tu le piloteras. Tu dois t’endurcir.


Et il quitta le quai d’un pas sévère. La toute blonde dirigea ses prunelles vers Inaros qui haussa les épaules, indifférent au conflit père-fille. Le général ajouta tout de même, sans l’once d’un tact :


-Je crois qu’il aurait préféré avoir un fils.


De quoi se plaignait-elle ? Elle avait reçu un présent coûteux. Au fond d’elle, pourtant, ce n’était pas suffisant. Avec ingratitude elle pensa qu’elle aurait préféré avoir un simple : Joyeux Anniversaire.


Dans les bras de Ja’ar, elle eut un imperceptible gémissement de confort alors qu’elle émergeait de sa courte inconscience. Elle offrit le bleu de ses prunelles à l’attention du mécanicien. Y brillaient de l’incompréhension, mais également du soulagement et de la tendresse. Sa main glissa instinctivement contre le torse du mécanicien et elle plaqua sa paume tiède contre son cœur effréné. Elle ne ressentait plus de douleur à l’arrière du crâne. Sa vision et ses pensées étaient plus claires que jamais. L’avait-il soigné avec l’aide du droïde ? Si c’était le cas, il l’impressionnait davantage et elle fut en admiration devant les ressources qu’il était capable d’improviser en situation de crise.


-Je suis désolée….dit-elle Je pensais pouvoir tenir. J’espère que vous n’êtes pas épuisé par ma faute.


Malgré les zones d’ombres, elle était encore loin de s’imaginer qu’il avait eu recours à la Force. Un phénomène face auquel, elle préférait le confort du déni et de l’ignorance pour y avoir été confrontée trop de fois de manière douloureuse. Non, il était plus simple pour elle de penser qu’il avait composé avec l’appui précieux de FX67, recherchant dans ses fonctionnalités le moyen de soulager cette commotion. Elle ne quittait plus le regard clair du métis et dans un élégant battement de cils, ses pupilles avisèrent les lèvres presque familières du mécanicien. Cependant, le Vestyr n’avait pas dit son dernier mot et s’obstinait à briser leur rapprochement. Un grondement résonna dans tout le vaisseau. Ce dernier venait de pénétrer l’atmosphère d’Enarc et pas de la plus agréable des façons. Cette idée fit étrangement ressurgir le souvenir de son dix-huitième anniversaire. Le pilote décidé à les emporter dans son suicide, le crash prochain. Ses douces mains enserrèrent les bras de son partenaire, dans un acte de tendresse et d’encouragement. Un nouveau sourire illumina son minois alors que ses yeux prenaient une teinte résolue. Au milieu du chaos, revigorée par la force qu’il lui avait transmise, elle était semblable à une fleur qui éclorait dans l’adversité. Elle n’avait plus peur de prendre des risques désormais.


-Vous êtes doué, Ja’ar, lui dit-elle d’une voix sincère.Pouvez-vous vous occuper des moteurs s’il vous plaît ? Il…il faudrait juste un peu de stabilité pour envisager un atterrissage. Je me rends au poste de pilotage.


Et s’il s’apprêtait à répliquer, émettre un doute sur cette stratégie visant à les séparer et à la laisser partir seule, elle le ferait taire d’un baiser nouveau. Capturant les lèvres qu’elle avait convoitée quelques secondes plus tôt, dans un échange bref mais épris.


-J’ai confiance en vous. J’espère…que vous aimez les blumfruits.


Elle se trouva ridicule, mais avait senti ce besoin de sortir une absurdité pour fédérer son courage. Ses mains glissèrent le long des bras du métis, ses doigts frôlèrent les siens et elle se redressa avec sa grâce naturelle. La dernière fois qu’elle avait envisagé une séparation stratégique, l’effroi avait figé son cœur. Le besoin de rester près de Ja’ar était impérieux. Et elle devait surpasser cela afin de le protéger lui. De protéger FX67. Même Luka. Elle ne pouvait définitivement pas laisser passer pour eux l’occasion de s’en sortir. Et le droïde, habituellement récalcitrant, émit un étrange bip d’approbation – comme s’il sentait ce changement chez sa maîtresse.


-Le pilote entendra sûrement raison, gardait-elle espoir.


Après tout, n’était-elle pas politicienne ? Elle devrait pouvoir toucher l’esprit de ce commandant désespéré. Il le faudrait. Ils n’avaient que vingt minutes et elle se doutait que s’occuper de la faille des moteurs prendrait au moins le quart de ce temps précieux. Elle fit signe à son compagnon de métal. Il serait également de la partie. Ses yeux aussi immenses et bleutés qu’un ciel dégagé se posèrent une dernière fois sur le métis. Et ils criaient en silence quelque chose comme : « Ne mourrez pas s’il vous plaît. »



Etrangement, dans les cages d’escaliers et les coursives, un calme horrifique s’était installé. Si la menace des droïdes semblait s’être tue, les fantômes des massacrés paraissaient hanter les lieux de ce qui serait bientôt une épave. Elle progressait du mieux qu’elle pouvait, malgré les secousses et les grondements liées aux perturbations de l’atmosphère d’Enarc. Elle s’appuyait aux murs ou aux rampes lorsque le point d’équilibre du Vestyr tanguait. L’avancée fut pénible, mais elle débarqua au pont numéro un après huit minutes d’efforts, de courses et d’escalades. Essoufflée, elle pressa une main contre son visage, tentant d’ignorer les cadavres parfois brûlés, parfois éventrés qu’elle enjamba avec précaution. Il persistait une odeur de chair carbonisée, de sang, de métal et de câbles grillés. Il devenait de plus en plus de respirer sans suffoquer. L’obsolescence entamée du vaisseau était déjà oppressante au moment d’embarquer, mais ses nombreuses blessures à vif ajoutaient à l’angoisse.


-FX67, murmura-t-elle, tu pourrais faire diversion ?


Elle alla se mettre à couvert derrière un pilastre, tout près de l’entrée du poste de commandement. Le droïde lui exécuta bravement la stratégie proposée. Il alla cogna manu militari contre les portes de la cabine, cabossant sa carrosserie, faisant un boucan d’enfer. Mentalement, Evadné l’encourageait et lui promettait le plus bel des entretiens. Bientôt, les portes s’ouvrirent paresseusement, dans un râle d’agonie, pour cracher deux droïdes de sécurité. FX67 prit les « pieds à son cou », afin de les éloigner vers le pont inférieur. Evadné ferma les yeux une courte seconde, rassemblant une nouvelle fois son courage et s’engouffra dans le poste de navigation avant que les portes ne se referment.


De la baie vitrée irradiait le jour qui régnait sur la planète et l’azur de ses cieux tranchait avec le vide intersidéral qu’ils avaient connu plus tôt. Des tas d’alarmes hurlaient en vain l’arrivée prochaine d’un crash. Ils étaient presque en chute libre et la gravité de la planète les attiraient irrémédiablement vers une fin désastreuse. Le travail de Ja’ar devrait déjà permettre d’éviter l’explosion en plein vol. La pièce était relativement mieux entretenue que le reste du vaisseau, ne put-elle s’empêcher de remarquer.


Plus que 10 minutes.


Le commandant coulait sur son siège, confortablement installé pour témoigner de sa propre fin. Le poste du second était déserté. Sur les écrans holographiques, les courbes de vol, de vitesse et de pression n’étaient pas bonnes. Lentement, Publius s’avança vers le siège du co-pilote afin de faire accepter sa présence sans surprise. Et dès que le regard noir du pilote se posa sur elle, la belle leva ses mains en l’air – dans un signe d’apaisement. Il tenait une bouteille d’alcool dans une main, et un blaster dans l’autre. Le sang d’Eva ne fit qu’un tour face à la vision d’un humain abattu par la dépression de toute une vie.


-Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il d’un ton bourru.


-Je vous en prie, débuta-t-elle sans abaisser ses mains, il y a encore des gens en vie sur ce vaisseau. Reprenez-vous. Nous pouvons encore atterrir.


-C’est trop tard.


Elle eut un regard vers les commandes de navigation et avisant cet intérêt, il la mit immédiatement en joue.


-N’y pense même pas. La RTF est responsable de tous ces morts. Elle le sera en tout cas. D’ailleurs t’es quoi ? Une de leur représentant venue me la mettre bien profond encore ?!


9 minutes.


Elle aurait pu mentir. Se faire passer par une représentante de la RTF et tenter un dialogue patronal, mais mentir n’était pas une bonne idée. La main tremblante et le regard anxieux du pilote le démontraient.


-Je suis Evadné Publius, je représente la Stellaire Compagnie. Je peux encore sauver ce vaisseau de la ruine et faire en sorte qu’il retrouve son aspect d’antan. Qu’il effectue d’autres voyages.


-Petite menteuse, souffla-t-il et son haleine chargée d’alcool arriva désagréablement jusqu’à la figure de la blondinette. La SteCo hein ? La concurrence ? Tu te fous de moi ?


-Je vous en supplie, trop de sang a déjà coulé.


-Qu’est-ce que t’en sais ? répliqua-t-il cinglant. Ce que tu as vu là, c’est rien. J’ai vécu la guerre..et ça, à côté, c’est une promenade de plaisance ! Et j’étais plutôt bon soldat, tu sais…


Au vu du carnage très bien organisé qu’il avait déclenché à bord, elle n’en doutait pas. Elle serra les dents ; Plus que huit minutes.


-Avant que la République me révoque, siffla-t-il avec amertume. Et la RTF ne s’est pas gênée pour faire pareil. Qu’ils aillent tous se faire mettre. C’est quoi une vie pour eux ? C’est rien.


-A mes yeux, une vie est inestimable. Vous pouvez vous racheter si vous décidez de faire atterrir ce vaisseau.


Le pilote la contempla. Un moment, il fut tenté par adhérer à sa supplique. Le visage angélique d’Evadné lui remémorait la quiétude des instants vécus avec sa propre fille. Et à ce souvenir, la lassitude et la rancœur le gagnèrent plus que jamais gangrenant le moindre de ses neurones. Il n’y aurait jamais d’issue favorable, jamais de retour en arrière. Tout devait se finir. Publius déglutit en remarquant le regard du commandant s’assombrir. Allait-il tirer ? Sept minutes. Elle ferma les yeux. Le tir de laser fusa. Elle sentit du sang chaud éclabousser son minois et se demandait si elle était morte. Avec précaution, toute tremblante, elle se força à ouvrir un œil, puis l’autre et un haut-le-cœur la submergea. Le cadavre du pilote gisait mollement sur son siège, la tête explosée par un tir de plasma à bout portant.


Six minutes.


Les sirènes d’alertes la ramenèrent à la réalité. Elle n’eut le temps de vomir, ni de pleurer le suicide déplorable de l’homme aigri. Elle usa de toutes ses forces et prit sur son mental pour dégager le corps sans vie afin de prendre sa place. Il était lourd, elle en perdit son souffle plusieurs mais ses tentatives portèrent leur fruit. Une fois aux commandes, elle avisa les nombreux terminaux de navigation et prit une grande inspiration. Au-delà de la vitre de pilote, la surface verdoyante d’Enarc se rapprochait dangereusement. Une œillade furtive sur le paysage lui permit de remarquer la présence d’une cité au loin, derrière une forêt immense.


Elle n’avait de notion de pilotage qu’en chasseur et ne pouvait s’improviser pilote d’un bâtiment aussi imposant que le Vestyr. L’urgence de la situation la poussa toutefois à prendre le risque. Il y avait une transcendance universelle dans le pilotage lui avait un enseigné Caleb. Que l’on soit aux commandes d’une barge diplomatique ou d’un vaisseau de guerre, certains repères demeuraient. Ses yeux paniqués avisèrent les données d’analyses des réacteurs et elle sourit. Ja’ar semblait avoir réussi à stabiliser les moteurs. D’une main, elle désactiva les alarmes qui hurlaient dans le vaisseau pour rétablir le silence et les communications internes. De l’autre, elle prit un contrôle relatif sur les commandes, du moins celles qu’elle pensait reconnaitre. Le système de navigation du Vestyr était complexe. Heureusement, elle ne devait pas poser le vaisseau en un seul morceau, juste faire en sorte que la rencontre avec le sol ne les tue pas. Il lui fallut vérifier les paramètres de navigation réglés par le commandant décédé et les court-circuiter comme elle le put afin d’avoir un contrôle total sur l’atterrissage.


Quatre minutes.


Elle fit son possible pour réduire la puissance des propulseurs, mais ce n’était pas suffisant. La gravité n’arrangeait pas les choses. A regret, elle enclencha une commande pour arrêter l’un des moteurs. Le vaisseau perdit de sa vélocité mais également de sa stabilité et pencha dangereusement. Elle redressa comme elle put, les mains cramponnées aux commandes manuelles. Ce tas de ferraille était si lourd, si raide, pesta-t-elle intérieurement. Bientôt, le ventre du Vestyr décapita la cime de certains arbres et en enflamma d’autres tandis que des pans entiers du vaisseau terminaient de se désolidariser de la coque.


Deux minutes avant l’impact final.


-Encore un effort…


Prendre des risques, n’avait cessé de lui répéter Inaros. C’était ce qui faisait la différence entre un pilote médiocre et un bon pilote. Endurcis-toi, lui avait martelé son père. S’ils la voyaient seulement en ce moment, que diraient-ils ? A quelques mètres du sol, elle coupa le dernier moteur.


Le choc fut rude entre la ferraille et le sol forestier. La toute blonde fut expulsée de son siège. Heureusement et malheureusement, le cadavre de l’ancien pilote amortit sa chute. L’inertie força le Vestyr à glisser brutalement sur plus d’un kilomètre, mais le crash fut évité. Au sol, contre le corps encore tiède du suicidaire, Evadné reprenait son souffle, les yeux emplis de larmes. Son beau visage était encore strié de quelques gouttes de sang et son cœur ne tenait plus la route. Elle espérait qu’elle avait réussi, que Ja’ar n’était pas blessé ou pire…Encore sonnée, elle ne put résister à l’idée de laisser éclater ses sanglots et quand l’épave du Vestyr s’immobilisa enfin entre les arbres déracinés et arrachés, elle rampa vers un coin de la cabine pour reprendre son souffle.


-Pardon…souffla-t-elle, sans vraiment savoir pourquoi elle demandait pardon.


Au travers des portes éventrées par le choc, la silhouette fumante de FX67 apparut. Il avait bravement semé les droïdes au pont 4 et ces derniers avaient fini par être emportés dans le vide, non loin d’une brèche. Mais il avait essuyé quelques tirs et à certains endroits de sa carcasse, le métal qui avait fondu refroidissait à peine. Il s’approcha péniblement de sa maîtresse, bipant mollement. Elle devait se mettre sur ses pieds, chercher le mécanicien, mais elle avait l’impression de ne plus avoir de force. Des troncs d’arbres étaient passés au travers de la baie de pilotage. Et si elle n’avait pas été éjectée de son siège par l’impact, l’un de ces troncs l’aurait sans doute écrasée ou empalée.


Ja'ar Austhis
Ja'ar Austhis
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- Je suis désolée….Je pensais pouvoir tenir. J’espère que vous n’êtes pas épuisé par ma faute.

La jeune femme se confondait encore en excuses, mais elle était bel et bien en bonne santé. Épuisé, oui Ja'ar l'était indéniablement, bien qu'il tentait de le cacher autant que faire se peut. Il fallait éviter de faire naître encore davantage de culpabilité dans l'esprit de la belle. Forçant sa respiration à reprendre un rythme plus ordinaire, il restait captivé par le regard bleuté qu'elle lui renvoyait tendrement. Il était sous le charme de ce visage si doux, de ce sourire malicieux, et aurait souhaité disposer de plus de temps pour se perdre avec elle dans une étreinte passionnée. Mais les grondements métalliques des entrailles du Vestyr les rappelaient tout deux à la réalité de leur situation désespérée.

-Vous êtes doué, Ja’ar. Elle avait enfin renoncé au "Monsieur". Pouvez-vous vous occuper des moteurs s’il vous plaît ? Il…il faudrait juste un peu de stabilité pour envisager un atterrissage. Je me rends au poste de pilotage.

Il appréciait le compliment, mais était surpris par la soudaine résolution de sa partenaire. Se rendre au poste de pilotage ? Seule ? C'était insensé ! Il restait au moins deux droïdes de combat et elle ne savait manifestement se battre. Ce serait du suicide ! Il n'eut le temps de protester que la jeune femme lui coupa la parole d'un tendre baiser, bref mais sincère.

- J’ai confiance en vous. J’espère…que vous aimez les blumfruits.

Le métis la détaillait, à la fois amusé et incrédule alors qu'elle se relevait gracieusement. Il ne savait pas ce qu'était des blumfruits, mais cela lui importait peu pour l'instant. Evadné semblait s'être métamorphosée, elle n'affichait plus cet air perdu et inquiet mais paraissait sûre d'elle, déterminée et n'en était que plus séduisante. Une idée venait de germer dans son esprit, la possibilité de reprendre les rênes de leur destin avec réussite. Il voulait protester, comprendre, mais le temps jouait contre eux. Effectivement, se séparer semblait être la meilleure façon de sauver quelques précieuses minutes, il le savait mais se refusait de l'admettre. Mais après tout, elle avait confiance en lui. Ce serait la moindre des choses que de lui rendre la faveur. Elle avait déjà fait preuve d'étonnantes ressources depuis leur rencontre, et c'était la première fois qu'elle affichait une mine aussi résolue. Il lui ferait confiance. Il baissait la tête, se passant la main sur le visage en mesurant l'étendu du miracle qu'ils devraient accomplir, puis la relevait pour contempler une dernière fois ce petit ange à la chevelure d'or. Alors qu'ils échangeaient ce qui pouvait être un dernier regard, il lâchait à demi-mot.

- Soyez prudente...

La jeune politicienne s'engageait dans l'escalier, son droïde médical sur les talons. Le métis interpella ce dernier qui émit un bip de surprise.

- Veille sur elle. Mon communicateur est sur la fréquence ZX879.20. S'il y a un problème, protégez vous et appelez moi.

- BLEET !

Alors qu'il observait la demoiselle rebrousser chemin le long des passerelles, les grincements métalliques s'échappant du fond de la coursive rappelait à Ja'ar l'urgence de sa mission. D'un pas rapide, il s'élançait en direction de la salle machine. A peine avait-il ouvert la porte récalcitrante de la salle qu'il fut nez à nez avec le blaster de Luka.

- Sabak' ! C'est toi pampà ! Refait plus jamais ça, to pojé !

Il baissait son arme, et désignait nonchalamment un tas de métal composé de plusieurs droïdes et sous eux, le cadavre d'un Duro en uniforme de la RTF. Probablement l'officier en charge de la maintenance de la salle des machines.

- C'lui-ci était encore à moitié activé quand j'suis entré, alors je lui planté un tir dans la carcasse. Le Duro était déjà En'man. Par contre pampà, je suis pas mécanicien mais je sais reconnaître des dégâts plasmiques.

Il pointait plusieurs parties mécaniques. Les droïdes avaient sûrement reçus l'ordre de détruire les moteurs en massacrant toute personne sur leur chemin. Plusieurs panneaux étaient arrachés, et de nombreux câbles brûlés ou sectionnés. La tuyauterie qui courrait sur les parois laissait échapper des sifflements inquiétants, et les tremblements du vaisseaux donnaient l'impression que l'une de ces énormes conduite pouvait se détacher à tout moment.

C'est pas bon

Malgré ses réticences à lui faire confiance, Ja'ar voulait intimer le survivant de se lancer à la suite de la jeune médecin pour l'épauler en cas de danger. Mais il fallait se montrer réaliste, il ne serrait pas capable de réparer ces câbles en aussi peu de temps sans coup de main. Et puis, il fallait croire en elle, il ne reviendrait plus sur cet état de fait, sur ce choix.

- Je vais avoir besoin de ton aide Luka, tu sais bricoler ?

- Soyà, je connais de deux trois trucs.

- Alors faisons vite.


Ja'ar détacha sa bandoulière et sa ceinture, les étalant sur le sol. Il ouvrait plusieurs poches, disposant les outils nécessaires et en distribua deux au jeune homme.

- J'espère que tu sais te servir de ça alors. Il y a une surchauffe sur le propulseur principal, il nous faut alléger la charge, schinter le propulseur, faire un pontage et redistribuer sur les moteurs auxiliai...

- Parle moi clairement pampà, je suis pas mécanicien non plus je t'ai dit.

- Rebranches ces trois fils et soude cette plaque. Ne touche pas au fil bleu, mais vire tous les jaunes. To pochuyo ?

- Pochuye ! Pampà, tu comprends vite mais tu prononces mal !


Amusé par la tentative de Ja'ar, Luka se mit à l’œuvre sans rechigner. Le jeune homme avait du bon finalement, et il n'allait pas être de trop pour l'aider à remettre en état les systèmes endommagés du vaisseau. Les dégâts occasionnés par les tirs des FS100 avait mis un sacré bazar, mais rien d'irrattrapable. Ja'ar aimait les défi mécaniques et il comptait bien réussir celui-ci aussi ardu soit-il. Avec les années, bricoler était devenu comme une seconde nature pour lui, il excellait dans ce domaine. Il s'y plongeait toujours avec envie, et entrait dans une forme de méditation où seuls vis, clé à infra-boucle, cutter à fusion et pompe hydrauliques existaient. Étonnamment, dans ce moment de tension extrême, il se sentait bien, calme et mesuré. Il résolvait ce gigantesque puzzle pièces par pièces, avec une célérité et une précision que beaucoup de confrères lui enviait. Il en oubliait presque l'urgence, seul l'objectif importait. Son doigté était clair malgré la fatigue qui pesait, ses assemblages propres et ordonnés. Sans le péril qui les attendait tous, il aurait adoré passer des heures à farfouiller dans les viscères de ce vaisseau à l'agonie. Il ne restait qu'un petite soudure à réaliser, et le verdict tomberait. Il prit une grande inspiration pour stabiliser son bras et compenser les secousses du vaisseau et se lança. Une légère vibration couplée à quelques bip vinrent assurer la réussite de sa manipulation.

Fini

Le métis se tournait vers Luka qui travaillait à genou et vérifiait d'un coup d’œil la bonne exécution de ses directives. Le travail n'était ni esthétique, ni professionnel, mais la réalisation était efficace et c'est ce qui importait. Il félicitait le jeune homme d'un geste de la tête approbateur et s'appuyait d'un main sur un mur pour compenser les secousses toujours plus virulentes qui chahutait le vaisseau et ses occupants.

- T'as bien bossé, allez dépêchons !

- Merci pamp... Attention !


Le plaquage fut rude. Le survivant venait de se jeter sur lui, le poussant violemment en arrière. L'Arkano-Kiffar chuta lourdement sur le sol, sentant sa cheville céder face à une inclinaison contraire à sa nature et sa tête cogner la ferraille d'un tube positionné au mauvais endroit. Sonné, le métis releva lourdement la tête en grimaçant, avisant sa cheville qui lui envoyait des signaux inquiétants.

Vilaine entorse. Qu'est ce qu... Luka ?

Le jeune garçon ne répondit pas tout de suite. Ja'ar comprit rapidement pourquoi :le jeune homme s'était interposé entre lui et la chute d'une énorme canalisation qui recouvrait la majorité de son corps. Oubliant sa douleur, le semi-Kiffar se jeta auprès de lui, cherchant à repousser le tuyau de toute ses forces.

- Pashang....

La respiration du garçon était sifflante, ce qui n'augurait rien de bon. La pièce métallique refusait de bouger, trop lourde pour la musculature moyenne du métis.

- Tiens bon petit !

Ja'ar fermait les yeux. Malgré la fatigue et les hurlements assourdissants de la carcasse du Vestyr, il fallait une dernière fois puiser dans ses limites. Tendant les deux bras vers la conduite et faisant appel à sa plus puissante alliée, il tentait de soulever le funeste morceau rouillé. Il en tremblait de concentration, mais le tube était dense et refusait de s'arracher au corps broyé du Cadézien.

- Pam....pà....

- Tais-toi et laisse moi faire.


Il était hors de question de laisser le jeune dans cet état. Il refusait de le laisser mourir ainsi, alors que l'espoir venait tout juste de poindre. Abandonnant l'idée de soulever le fragment, il plongea la main dans sa poche intérieure pour en sortir son graal. La lame iridescente s'alluma dans un grondement sourd, et il la plongea dans le plastacier meurtrier pour découper les entraves du garçon. Quelques secondes suffirent, mais il était trop tard. Retirant la plaque de métal paralysant Luka, il constatait les irréparables dégâts dont avait souffert son corps. Ses jambes, son bassin et probablement quelques côtes étaient réduits en charpie par la masse accablante de la ferraille dont Ja'ar aurait du être la victime.

- Je...ai...tenu ma...dette...kopeng...

- Tu l'as fait, Kopang


Un léger sourire s'esquissait sur le visage du garçon, amusé une dernière fois par la prononciation hasardeuse du semi-Kiffar alors que son regard s'éteignait brusquement suite à deux respirations paniquées. Ja'ar serrait le poing de rage, coupable qu'il se sentait. La fatigue ne lui avait pas permi de pressentir cette menace, lui qui était pourtant si alerte habituellement. Il aurait aimé désincarcérer le corps, mais le temps manquait toujours. Il devait restait 5 minutes avant le crash, peut-être un peu plus, et il lui restait une vie à sauver, celle qui lui importait le plus. Il s’élança sans retenue à l'assaut de la cage d'escalier, décidé à atteindre le poste de pilotage rapidement et priant pour qu'Evadné soit toujours en vie. Pitié, pas elle pensait-il alors qu'il grimpait les marches au pas de course, peu regardant sur sa propre sécurité. Les tremblements devenait de plus en plus menaçants, mais il continuait de grimper, le souffle court mais mue par une force qu'il s'ignorait posséder. Un craquement sourd retenti alors qu'il dépassait le 4e pont. Le Vestyr se fissurait, et il y avait fort à parier qu'il ne finissent en deux morceaux distinct avant l’atterrissage. Le rejeton de la RTF penchait dangereusement, mais cela ne suffisait pas à assagir les appuis du mécanicien qui trouvait encore les ressources nécessaires pour accélérer son ascension et espérer se retrouver dans la même moitié de vaisseau que sa partenaire. C'est tout juste arrivé sur le palier de pont numéro 1 qu'un choc plus important que les tous les précédents projeta Ja'ar au travers de la pièce, à la rencontre d'une colonne autrefois rutilante. La collision fut aussi agréable que prévue, et le fils de Kalis perdit conscience sur le coup.

Sa vision était trouble, et son mal de crâne intense alors qu'il revenait progressivement à lui. A ses cotés, il reconnaissait la silhouette de la carcasse vétuste de FX67 qui s'affairait, ses scanners et bras chirurgicaux déployés sur lui. Ses idées reprenaient lentement leur place alors qu'il contemplait, derrière le droïde, le profil du plus beau visage qu'il lui avait été donné de voir. Tandis que la netteté de sa vision revenait peu à peu, son cœur fit un bon dans sa poitrine quand il eu la confirmation que la jeune femme était bien vivante. Tentant de se relever, il poussa un grognement par dessus lequel bipa FX67, lui confirmant qu'il avait probablement une côte cassée ou fêlée. S'appuyant sur son bras droit, il insistait, voulant se rapprocher de la jeune femme et la serrer à nouveau contre lui. Ce n'était peut-être qu'un rêve, mais si c'était le cas il n'en avait cure. Elle était là, et ils avaient réussi l'impensable. Elle ne le regardait pas tout de suite, fixant quelque chose qu'elle tenait dans ses mains. C'est seulement quand elle tourna la tête vers lui qu'il remarquait ce dont il s'agissait. C'était son objet le plus cher, son héritage, son arme et sa cible dans le dos. Elle tenait son sabre laser.

Evadné Publius
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Recroquevillée dans un coin du poste de pilotage, ses larmes commençaient seulement à tarir. FX67 puisait dans ses réserves d’énergie pour tenter de la secouer. Il bipait sans cesse. Il fallait qu’elle se mette debout. Ja’ar comptait sur elle. Au travers des mèches d’or qui barraient son minois choqué, elle approuva de plusieurs hochements de tête. Oui, Ja’ar, se répéta-t-elle suffisamment de fois pour réussir à trouver la force de continuer. Et dès qu’elle fut sur pied, le droïde sauta de joie, plus bruyant que jamais. Il allait la conduire au mécanicien et elle le suivit, les jambes cotonneuses.


Si le grondement des moteurs s’était définitivement tu, l’éclairage persistait dans un dernier souffle de vie du Vestyr. Elle longea le bien triste et familier couloir du pont numéro. La vieille carcasse ne grinçait plus, comme si elle avait trouvé une sorte de paix à reposer sur la surface d’une planète inconnu. FX se fit pressant et les prunelles brillantes d’Evadné avisèrent le corps inerte du métis. Elle n’avait jamais couru aussi vite de sa vie, se précipitant à son chevet. Ses genoux rencontrèrent le sol froid de l’épave alors qu’elle se penchait sur Ja’ar avec inquiétude et tendresse. Sa main droite se posa avec précaution sur la joue de l’inconscient.


-Je vous en prie, tenez bon…souffla-t-elle alors que le droïde activait ses senseurs de diagnostic. Je suis là avec vous.


Elle dévia sa figure vers son assistant. De grâce, lui disait-elle en silence, dis-moi qu’il vit encore. Un sanglot noua sa gorge et un son rassurant provenant du droïde la soulagea. Un large sourire étira ses lèvres tandis qu’elle laissait éclater sa joie, caressant le visage du métis avec douceur.


-Nous avons réussi…


Son attention et ses mains se détournèrent vers le reste du corps blessé et le médecin reprit assez vite le dessus. Elle devait le sortir de là. FX67 lui fit un rapport détaillé de ses mesures…moins précises qu’à l’accoutumée en raison des dégâts qu’il avait encaissé.


-Une côte fêlée, répéta-t-elle pour rassembler ses idées, concentrée.


Elle fit mentalement l’inventaire des ressources médicales à disposition et déplora qu’aussi luxueuse fut-elle, l’infirmerie du Vestyr n’eut pas de bacta. En tous les cas, elle n’en avait pas déniché lors de sa razzia passée. Elle aurait pu improviser un pansement. Il faudrait faire sans. Après une seconde d’hésitation, elle se décida à défaire la veste du métis. Sa déontologie surpassa son gène et en devenant médecin, elle avait tacitement accepté de se retrouver face à des corps dénudés. Toutefois, l’embarras empourpra tout de même ses joues alors qu’elle découvrait le torse du mécanicien. Ses prunelles ne purent s’empêcher de décrire la moindre petite cicatrice et elle fut tentée par glisser le bout de ses doigts contre l’une d’entre elle mais son droïde bipa une alerte. En écartant les pans de l’habit, quelques secondes plus tôt, elle avait laissé échapper un objet qui avait roulé plus loin. Ses mains délicates s’éloignèrent du buste dénudé et elle avisa ce que lui dit FX67. Curieuse, elle glissa un peu plus loin, tendant son bras pour récupérer l’objet.


-FX67…déclara-t-elle avec incertitude. Peux-tu…lui administrer de l’antidouleur…s’il t’en reste.


Et ses mots étaient hachés par son observation. Aux creux de ses paumes tièdes logeait ce qu’elle reconnut du premier coup d’œil. Elle en avait peu vu au cours de son existence, mais en nombre suffisant pour comprendre de quoi il s’agissait. Et c’était comme si le sol se dérobait sous ses pieds. Elle en oublia Enarc, le Vestyr, FX67…Ja’ar. Non, impossible. La pointe de ses mèches soyeuses flirtait avec le galbe du sabre. Le sabre, répéta-t-elle, le cœur affolé. Sa vision se brouilla familièrement. Ce n’était pas une commotion. Seulement des larmes qui élisaient domicile aux creux de ses yeux magnifiques. Elle enserra l’arme avec fébrilité. C’était si lointain, mais les souvenirs déferlèrent en elle. Le meurtre. L’Ordre Jedi. La Force…


Etait-il un…Jedi ? Cas échant, avait-il utilisé la Force sur elle ? Bien sûr, répliqua la partie de son esprit qui voulait céder à la colère. Comment n’avait-elle pas compris qu’il l’avait soigné ainsi ? Toutefois, peut-être que…ce n’était qu’un malentendu. Il aurait pu l’avoir trouvé quelque part. Même s’il l’avait volé, elle ne lui en aurait pas tenu rigueur. Tout. Mais qu’il ne soit pas l’un de ces hommes capables de le manier. Autant de sentiments contradictoires l’oppressaient. Trouvé, volé ? Elle savait pertinemment qu’aucun Jedi ne pouvait égarer ce bien si précieux ou se le faire dérober. Il lui appartenait forcément. Elle se mordit la lèvre pour se reprendre et évacuer ses larmes. Après d’interminables minutes, Evadné tourna enfin sa figure éprouvée vers Ja’ar. Et à le voir conscient à nouveau, elle en éprouva un soulagement coupable. A se remémorer la manière dont il lui avait sauvé la vie, son parfum dans l’obscurité, le goût de ses lèvres sur les siennes…mais c’était l’un des leurs. La chute était violente.


Lentement, elle se rapprocha de lui et rangea le sabre-laser dans la veste du métis, prenant garde à ce qu’il n’en tombe plus. Ses prunelles légèrement rougies par les épreuves passées et nouvelles fuyaient le regard du mécanicien.


-S’il vous plaît, Monsieur Ja’ar, essayez de ne pas bouger, murmura-t-elle.


Et c’était le retour du « Monsieur », dans une tentative pitoyable de remettre un peu de distance avec lui alors qu’ironiquement leur corps étaient encore si proches. Du revers de la main, elle essuya le coin de ses propres yeux, afin d’y voir plus clair. Elle devait faire bonne figure et oublier la douleur provoquée par cette vérité fortuite.


-FX67 va…vous administrer des antidouleurs efficaces.



Elle porta une main contre l’épaule du mécanicien, l’invitant délicatement à se rallonger pour que le droïde médical puisse procéder. Elle aurait souhaité que le robot lui en administre également. Mais il n’avait rien qui puisse apaiser le flot constant de ses sentiments. Ceux qu’elle éprouvait pour Ja’ar et ceux qu’elle réprouvait pour les Jedis. Elle aurait aimé engager la discussion à ce sujet, lui demander s’il en était un. C’était au-dessus de ses forces, elle avait l’impression que lui poser la question la mettrait en pièces. Et elle était terrifiée par la réponse.


Ja'ar Austhis
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- S’il vous plaît, Monsieur Ja’ar, essayez de ne pas bouger,

Frissonnant quelques peu, le Métis s'exécuta. Le ton employé par sa partenaire n'était plus aussi chaleureux que lors de leurs derniers échanges, et elle venait d'utiliser de nouveaux ce « Monsieur » qui le dérangeait. Il attendait en vint une œillade complice qui n'arrivait jamais, se demandant pourquoi le visage de la belle semblait aussi fermé. Il y avait un forme de tristesse dans son regard que Ja'ar n'expliquait pas. Peut-être avait-elle compris que Luka n'était pas revenu, et qu'elle pleurait la perte de son jeune compatriote. Alors qu'elle posait sa main froide sur l'épaule nue du mécanicien, il tressaillait. Ses barrières physiques avait la vie dure, et s'il commençait à apprécier une étreinte habillé, sentir la paume d'une autre sur son torse dénudé était une autre paire de manche. Il se laissait guider, un peu tendu, et s'allongeait sur le sol en grimaçant, conformément à l'invitation de la jeune médecin. Son flanc gauche lui faisait un mal de chien. Par réflexe, il vérifiait qu'elle n'était pas blessée. Il voyait de nombreuses tâches de sang sur l'uniforme daté qu'elle portait, mais cela ne semblait pas être le sien et il s'en trouvé rassuré. En se demandant ce qui était arrivé pour qu'elle se retrouve ainsi taché de pourpre, il remarquait qu'elle portait toujours son foulard attaché au poignet, et il souriait en pensant que finalement c'était surtout lui qui avait besoin d'elle à ses cotés, lui qui était toujours blessé.

-FX67 va…vous administrer des antidouleurs efficaces.

Le pauvre droïde médical était en piteux état. Il avait dû encaisser plusieurs impacts, son châssis étant troué en plusieurs endroits, mais ses fonctions essentielles ne semblaient pas être hors de service. Le semi-Arkanien estimait les dégâts réparable. Avec du temps, il pourrait remettre en état le droïde en utilisant les pièces des FS100 éparpillés dans la salle, faire une sorte de gros pansement robotique et restaurer les capacités de FX67 à un minimum acceptable et fiable. Ce brave robot le méritait. Pendant qu'il s'affairait, le mécanicien reportait son attention sur la belle, puis sur l'environnement. Ils étaient toujours dans le Vestyr, mais ce dernier ne vibrait plus, ne grondait plus, ne hurlait plus. Les lumières clignotait à intervalle irréguliers, signe que le générateur fonctionnait toujours. Les volets de sécurité étaient toujours clos, il était donc impossible de savoir dans quel type d'environnement ils avaient atterri. Hormis les bips émit par FX67 qui résonnait en écho d'un pilier à l'autre, il régnait dans la salle un silence mortuaire, que Ja'ar brisait timidement.

- Alors...on à réussi c'est cela ? Vous êtes...merveilleuse ? Ravissante ? ..formidable. Vraiment !

C'était impensable, mais les faits étaient là. Il s'en étaient sortis, contre toute attente...et à quel prix. Toutes ces vies perdues...emportée par la folie d'un seul. Il repensait à Luka, et son sacrifice pour le sauver. Il était jeune, à peine adulte...Il penchait sa tête vers la jeune médecin qui continuait de fuir son regard, restant silencieuse. Quelque chose n'allait vraiment pas, ne collait pas avec son comportement vingt minutes plus tôt. Le choc de l’atterrissage l'avait probablement secouée plus que de mesure. Il repensait à son sabre : Il y avait fort à parier qu'elle connaissait ce genre d'objet, il était donc raisonnable de penser qu'il n'avait plus besoin de lui cacher quoique ce soit sur cette partie de sa vie. Il faudrait désormais compter sur la discrétion de la dame, après tout il avait choisi de lui faire confiance.

- Je suis désolé Eva... Il tentait de mesurer ses mots, mais ne réussit à trouver de formulation moins abrupte. Luka...n'a pas survécu...Il m'a sauvé la mise et en a payé le prix...Je.. Je m'en veux.

Face au mutisme de la demoiselle il continuait, comme pour briser cette gêne trop lourde qui semblait s'installer durablement. Il désignait sa veste avec son bras gauche avant de lâcher un grognement, la douleur lui rappelant l'état de ses côtes. Son air devint un plus grave.

- Je doit vous demander une chose...enfin deux plutôt. Je ne sais pas si vous avez prévenus des secours et où nous avons atterri, mais je gage que nous ne serons pas seuls bien longtemps. Ce que vous avez trouvé dans ma poche... Il ne savait comment formuler sa phrase poliment. J'ai confiance en vous moi aussi et... ce serait mieux que cela reste entre nous. Personne ne doit savoir...et la seconde, il prit une inspiration, c'est que j'aimerais beaucoup que vous m'expliquiez... ce qu'est un Blumfruit.

Son visage s'était relâché et il souriait à la demoiselle, cherchant à la sortir de la sorte de blues dans laquelle elle paraissait s'être enfermée. Il voulait revoir ce sourire complice qui le faisait tant craquer, il voulait voir ses prunelles briller, et espérer réussir à faire oublier à la jeune femme les tracas qui la tourmentait.

Evadné Publius
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Le compliment timide de Ja’ar lui brisa un peu plus le cœur, mai elle tint bon – se cachant derrière le sérieux de soins.


Luka...n'a pas survécu...Il m'a sauvé la mise et en a payé le prix...Je.. Je m'en veux.


La nouvelle fut terriblement douloureuse, tant par l’injustice de la chose que par la culpabilité qu’elle provoquait chez Publius. Luka était sans doute mort à la suite de l’atterrissage raté. Devait-elle se sentir responsable ? Oui. Je m’en veux également, voulut-elle répondre mais ses lèvres demeurèrent désespérément closes. Pâles à force d’être pincées l’une contre l’autre dans une moue chagrinée. Elle se promit silencieusement de rendre hommage à Luka, si elle revenait un jour sur Cadezia. De retrouver ses proches, et de leur annoncer personnellement la tragédie. Il était mort en beratna, quittant cette vie mieux qu’il l’avait vécu ; Elle en ferait une croisade personnelle. Elle n’arrivait même plus à pleurer, tant elle était épuisée émotionnellement.


Je dois vous demander une chose...enfin deux plutôt. Je ne sais pas si vous avez prévenus des secours et où nous avons atterri, mais je gage que nous ne serons pas seuls bien longtemps. Ce que vous avez trouvé dans ma poche...(…) J’ai confiance en vous moi aussi et... ce serait mieux que cela reste entre nous. Personne ne doit savoir...et la seconde (…) c'est que j'aimerais beaucoup que vous m'expliquiez... ce qu'est un Blumfruit.


La mention du sabre-laser attira enfin l’attention de la toute blonde qui enveloppa le mécanicien d’un regard fragile où brillait l’incertitude, mais également l’incompréhension. Un secret ? Personne ne devait savoir…pourquoi ? Elle fronça les sourcils et dévia son intérêt sur le bras chirurgical du droïde qui se reployait avec difficulté. Les antidouleurs devraient pouvoir faire effet. Le souvenir de la toux du métis l’inquiéta. Une côte fêlée pouvait aggraver une infection respiratoire. Aussi espérait-elle que les médicaments administrés dureraient dans l’organisme si particulier du semi-arkanien.


Après sa question, de longues secondes passèrent. Si longues, qu’il aurait pu penser qu’elle ne répondrait jamais. Un silence gênant s’installa jusqu’à ce que les lippes de la politicienne tressaillent. Elle venait de sourire et à ce sourire radieux succéda un rire clair et cristallin qui emplit absurdement le couloir en ruine du pont numéro 1. Elle porta une main à son propre front, cachant son embarras tandis que son rire sincère s’atténuait. Une fois qu’elle éloigna sa paume de son minois angélique, il put de nouveau admirer ses prunelles à l’immensité azurée. Les blumfruits. Elle adorait ça depuis toute petite. C’était une grande histoire d’amour gastronomique. Lors des saisons chaudes, Evadné succombait volontiers à une délicieuse glace aux blumfruits. A l’inverse, le froid impitoyable lui donnait irrémédiablement envie d’une tarte chaude aux blumfruits. Dans sa serre, sur Coruscant, elle en cultivait un petit plant qui n’avait pas encore donné de fruits.


-Vous voyez…c’est…(Elle tenta de mimer la forme de ses mains gracieuses, sans y parvenir, puis abandonna dans un léger souffle moqueur.)…la chose la plus délicieuse dans toute cette Galaxie. Je vendrai FX67 sans hésiter pour avoir l’occasion de goûter un merveilleux gâteau aux blumfruits, là maintenant…


Le principal concerné s’indigna en agitant ses senseurs et elle se remit à rire avant de poursuivre :


-C’est une plaisanterie, FX67.


Ce sentiment d’allégresse qui l’avait envahi aux souvenirs de ce fruit particulier réussit à l’adoucir. Un instant, elle en oublia le sabre-laser, la Force et toutes ces préoccupations angoissantes.


-Pourquoi n’irais-tu pas voir dehors si ce nouvel environnement n’est pas hostile ? proposa-t-elle avec gentillesse.


C’était une manière diplomate de l’écarter un moment. Il bipa une insulte qu’elle ignora et eut l’amabilité d’accepter le modeste rôle d’éclaireur, se dépêchant mécaniquement vers le pont numéro 2, où une brèche béante permettait de débarquer. Elle prit une grande inspiration et observa le mécanicien. Elle n’avait jamais passé autant de temps avec un homme, ni aussi près d’un homme. Valérian Hélix ne comptait pas ; elle le considérait davantage comme un cousin et le côtoyait depuis l’enfance. Elle repensa à sa fuite qui l’avait mené jusqu’ici.


-Il fallait que je vous dise…


Cette fois-ci, aucune secousse, aucun droïde FS-100 pour l’interrompre. Sa voix portait doucement dans l’air :


-J’ai pris la fuite. Je suis…sans doute recherchée. (Et elle baissa honteusement ses yeux.)Je ne souhaite pas que vous soyez mêlé aux conséquences de ma bêtise.


De l’inquiétude ? Plus que jamais. Elle déplaça sa paume tiède à quelques millimètres de la joue du métis, prenant soin de ne pas le toucher afin de ménager son aversion pour les contacts, qu’elle commençait seulement à comprendre. Il était sans doute temps pour les remerciements, mais elle ne savait comment lui exprimer sa gratitude. De simples paroles seraient sincères bien qu’infiniment insuffisantes au regard de ce qu’il avait accompli pour elle.


-Merci Ja’ar, déclara-t-elle, sans le quitter des yeux, acquise à son charme biracial.


C’était d’une nullité, songea-t-elle. Elle chercha à se rattraper :


-Je suis heureuse que vous soyez en vie.


Nouveau silence.


-Soulagée, également.


Toujours agenouillée à ses côtés, elle tentait de trouver les mots – elle qui n’en avait jamais manqué. Elle trouvait cet instant plus difficile à aborder qu’un discours devant un parterre de politicien avachis.


-Vous savez…tout à l’heure dans la cage d’escalier…


Le temps était venu. Elle allait pouvoir prendre le soin de verbaliser son ressenti, de lui exprimer à quel point…mêler ses lèvres aux siennes l’avait….grésillement. Un grésillement ? Ce n’était pas prévu dans la déclaration qu’elle comptait lui faire. Elle glissa son regard vers le communicateur de Ja’ar qui tentait d’avoir son mot à dire, lui aussi. Puis au travers de l’appareil, les bips paniqués de FX67. Evadné tressaillit, préoccupée. Le droïde s’évertuait à les prévenir d’une arrivée prochaine, non imminente. Des bruits de pas résonnèrent dans l’escalier non loin et une dizaine d’individus prirent d’assaut le couloir. Elle se redressa dans un instinct protecteur envers le mécanicien et fit face aux inconnus. Certains étaient armés, mais tous portaient le même uniforme à l’armure bariolée. Ce qui semblait être la meneuse du groupe lança vers les autres :


-Il y a des survivants. Vous allez bien ?


La question s’adressait visiblement au couple. Un simple coup d’œil pouvait permettre de constater que les « secours » n’étaient pas équipés des dernières technologies. Leurs fusils blaster semblaient datés d’une génération ou deux et l’armure de leur uniforme n’était pas mieux lotie. La toute blonde se remémora avoir aperçu une ville non loin de la forêt où ils avaient échoué. Et parce que l’inconnue attendait une réponse, la jeune politicienne répondit :


-Oui…je pense.


Leur interlocutrice remonta la visière de son casque, dévoilant une figure agréable si elle n’avait pas été marquée d’un tatouage aux arabesques fines et rougeâtres. Ses yeux bienveillants avisèrent leur état général et elle leva le poing vers ses hommes.


-Cinq d’entre vous fouillent l’épave, il y a peut-être d’autres rescapés. Les autres, aidez ces deux-là à sortir.


La tension retomba au moment même où les soldats baissèrent leur arme pour soutenir le duo éprouvé.


Au pont numéro 2, ils passèrent par l’immense brèche qui fut autrefois une baie d’observation et un volet de sécurité trop sollicité. La lumière du jour et l’air frais les accueillirent avec bienveillance. La planète possédait un climat clément : la température devait frôler la vingtaine de degrés malgré un taux d’humidité important. Le paysage forestier ne paraissait pas hostile et en observant bien les alentours, elle crut percevoir l’existence d’une faune tout ce qu’il y avait de plus inoffensif. Elle eut une pensée pour FX67, où était-il ? Alors qu’ils s’éloignaient du Vestyr, elle voulut demander ce qu’il était advenu du droïde avant d’estimer que l’idée était risquée. S’ils ignoraient l’existence de leur compagnon de fer, il restait encore une carte à jouer si jamais la situation dégénérait. J’espère que tu es en sécurité, FX67.


-Je suis le sergent Kora Falls, se présenta la femme alors qu’ils approchaient un véhicule de transports à répulseurs après plusieurs minutes de marche. Vous avez eu de la chance.


Elle leur sourit brièvement. A voir leur dégaine, elle imaginait bien qu’ils ne revenaient pas d’un tour de roller-coaster. Une fois installés dans le cargo, ce dernier s’ébranla pour avaler les kilomètres qui les séparaient de la ville principale d’Enarc. Assise aux côtés de Ja’ar et épuisée après tant d’efforts et de tensions, Evadné laissa reposer timidement sa tête contre l’épaule du métis. En face d’eux, le sergent les observait avec attention.


-Je parie que ce n’était pas ce que vous attendiez de votre voyage de noces sur ce vieux navire de croisière.


La remarque rappela à Eva le souvenir douloureux de Luka. Elle rougit légèrement et voulut corriger la méprise, mais elle n’en avait sincèrement plus la force. A la place, elle se contenta d’un sourire embarrassé. Profitant du parfum familier de Ja’ar, elle put réfléchir posément. Enarc…ils n’auraient pas pu mieux tomber. Cependant, la planète appartenant au système républicain et étant un lieu de passage animé sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées…elle serait vite retrouvée.


Ja'ar Austhis
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Le silence qui suivait la question de Ja'ar était pesant, le forçant à s'interroger sur la santé de la jeune femme. L'avait elle entendu ? Était elle sonnée ? Ja'ar fronçait légèrement les sourcils, inquiet, s’apprêtant à demander à FX67 de scanner sa maîtresse quand cette dernière éclata d'un rire cristallin. De plus profond de son être, elle riait, et bien qu'il en fusse ravi, il en ignorait la cause.

-Vous voyez…c’est…(Elle tentait dans une gestuelle presque maladroite de mimer la chose avant de se résigner, riant de son propre échec.)…la chose la plus délicieuse dans toute cette Galaxie. Je vendrai FX67 sans hésiter pour avoir l’occasion de goûter un merveilleux gâteau aux blumfruits, là maintenant…Le droïde médical émit un bip de protestation C’est une plaisanterie, FX67. Pourquoi n’irais-tu pas voir dehors si ce nouvel environnement n’est pas hostile ?

Indéniablement, elle se sentait mieux. Son visage s'était ouvert, détendu, et la voir aussi joyeuse emplissait le cœur du mécanicien de bonheur. Ce sourire malicieux, il adorait, il sublimait le visage doux de la jeune femme. Elle venait de lui donner envie de goutter ces fruit qui paraissait si délicieux, et partager ce petit moment de joie en sa compagnie. Il plantait ses yeux dans son regard, se perdait dans l'azur de ses prunelles étincelantes, et sans la douleur qui lui paralysait les côtes, il se jetterai sur elle pour l'enlacer. Ils avaient vécus l'enfer, et en était revenus. Alors qu'elle s'adressait à lui, il relevait lentement le torse, prenant soin cette fois de faire un mouvement mesuré pour limiter la douleur, s'appuyant de nouveau sur son bras droit.

-Il fallait que je vous dise…j’ai pris la fuite. Je suis…sans doute recherchée. Je ne souhaite pas que vous soyez mêlé aux conséquences de ma bêtise.

Le mêler à sa bêtise ? Elle venait de lui sauver la vie en trouvant un moyen de poser la carcasse vieillissante et abîmée du Vestyr et elle trouvait encore le moyen de s'excuser. Il n'y avait nulle bêtise dans cet acte. Alors qu'elle approchait sa main de son visage, il ne put s'empêcher d’appréhender ce contact. Il en avait l'envie, mais la peur qui l'habitait depuis l'enfance était toujours là, tapie et puissante. Il l'écoutait, toujours fasciné par son visage d'ange et son regard pénétrant.

-Merci Ja’ar...Je suis heureuse que vous soyez en vie.

Je suis également heureux que vous soyez en vie, c'est moi qui devrait vous remercier voulait-répliquer, mais il n'eut le temps d'énoncer à voix haute ses pensées. Il demeurait subjuguée par la présence de la jeune femme, si proche de lui, si charmante, si envoutante, qu'il en était incapable de s'exprimer.

- Soulagée, également. Vous savez…tout à l’heure dans la cage d’escalier…

Un grésillement vint couper la jeune femme dans son élan, et Ja'ar se maudit de ne pas avoir éteint son communicateur. Il aurait souhaité demeurer encore quelques instants seul avec la politicienne. Il voulait de nouveau sentir son délicat parfum, la caresse de ses mains sur son visage, la douceurs de ses lèvres sur les siennes. Il s'était avancé un peu plus, prêt à embrasser la jeune femme mais les bips affolés de FX67 qui résonnaient au travers du communicateur l'interrompit.

Bon sang un instant de paix ne saurait-on nous accorder !

L'instinct prit le dessus. Il fallait se mettre à l'abri, vite, qu'importe ce qui arrivait. Il caressa furtivement la joue de sa partenaire, un geste tendre qu'il se surprit lui même à faire, avant de se relever lourdement, grimaçant de douleur, et se jeta sur son manteau prêt a en saisir le contenu qu'il n'eut le temps de récupérer. Une dizaine d'individus en uniforme venait de pénétrer la salle, probablement la milice locale. Le semi-Kiffar souffla, n’identifiant pas immédiatement ces derniers comme un danger. Au lieu de saisir son sabre, il vérifiait qu'il était bien en place avant de se rhabiller douloureusement, son bras gauche ne permettant que des mouvement simples et raides. Il fut touché de voir la jeune Publius s'interposer entre lui et les nouveaux arrivants. Elle gardait cette combativité qu'il aimait tant.

- Il y a des survivants. Vous allez bien ?

Il s'agissait probablement de la leader du groupe. Tandis qu'Evadné leur répondait timidement, le mécanicien détaillait les nouveaux venus : Leur équipement n'étaient pas à la pointe de la technologie, mais ils étaient beaucoup trop nombreux pour tenter quoique ce soit. Comme toujours, le semi-Arkanien réfléchissait à une façon de sortir d'ici au cas où les choses tourneraient mal. Il repensait à ce que venait de dire la jeune blonde quelques minutes auparavant, et à l'avis de recherche sur le datapad. Il fallait s'assurer qu'elle ne soit pas reconnue, et il aimerait également passer inaperçu dans cette histoire. Il aurait préféré que personne ne débarque et qu'ils puissent tout deux s'extirper de la carcasse fumante du vaisseaux par leurs propres moyens de sorte à ce que personne ne puisse les relier au tragique accident. Mais il dut se rendre à l'évidence : la seule sortie passerait par ces gars là, et il faudrait s'en accommoder. Pendant que deux d'entre eux s'avançaient vers le couple et qu'une moitié du groupe partait à la recherche de survivants, Ja'ar murmura rapidement à Evadné un conseil furtif.

- Nouez-vous les cheveux ou recouvrez les avec le foulard.

Sur l'avis de recherche, elle était tout apprêtée. Un simple détail comme celui de la coiffure pouvait faire la différence entre Evadné Publius, fille de Veragan Publius et assistante de Camina Ashford, et une simple employée de la RTF. La poussière et le sang sur son visage devraient également limiter les possibilités de la reconnaître même avec l'avis sous les yeux, pour un temps du moins. La jeune femme s'exécutait pendant qu'ils descendaient au pont N° 2, escortés par les miliciens. Lorsqu'ils traversaient le restaurant et la baie éventrée pour sortir, Ja'ar ne put s'empêcher de repenser à tous les pauvres malheureux qu'il avait vu s'envoler dans le vide spatial il y a quelques heures seulement. Là où toute cette folie avait commencé pour lui. Dehors, le soleil pointait à son Zénith bien que quelque peu masqué par un léger voile nuageux. L'humidité ambiante rafraîchissait les deux survivants, heureux de pouvoir respirer enfin un air pur et non mal retraité par les filtres encrassés des conduites de ventilation du Vestyr. Le métis contemplait l'environnement : Ils avaient atterrit au beau milieu d'un forêt particulièrement dense, dans laquelle le vaisseau avait creusé une saillie sur plusieurs centaines de mètres. Il se retournait pour contempler une dernière fois ce tombeau spatial, ce musée qu'il avait voulu explorer avant sa mise au rebut, et constatait qu'il manquait toute une partie du vaisseau : il était coupé en deux, et la seconde partie s'était détachée en amont de la saillie, avec le corps du pauvre Luka à bord. Tout ceci à cause de la dépression d'un seul homme... Ils marchèrent quelques minutes en file indienne, avant d'arriver enfin a un vaisseau de transport. Ja'ar avait profité de cette marche pour s'enquérir discrètement du droïde auprès de la jeune médecin qui lui avait simplement répondu par un signe de l'index dressé sur ses jolie lèvres.

- Je suis le sergent Kora Falls. Vous avez eu de la chance.

Chance ? Avait-elle la moindre idée de ce qu'ils venaient d'endurer ? Bien que ses manières étaient amicales, il n'avait aucune confiance en elle. Il ne faisait aucun doute qu'ils allaient être tout deux interrogés, fouillés, et de procédure en procédure, pas relâchés avant un long moment. Et il fallait l'éviter. Il se passerait bien d'une mauvaise publicité, et elle...devait rester incognito pour l'instant. Quelle seraient les répercussions sur sa carrière si l'on apprenait qu'une politicienne, qui plus est héritière de la compagnie concurrente, s'en était sorti au prix de la vie de nombreux parias et prolétaires ? Elle serait probablement accusée d'être l'instigatrice de ce fiasco, désignée comme responsable de la mort de tant de personnes alors qu'elle avait tout tenter pour les sauver. Ce serait une injustice complète et probablement inévitable qui détruirait la jeune femme. Il continuait de réfléchir en montant nonchalamment dans le transport, puis tendis la main à sa partenaire pour l'aider à se hisser à bord. Une fois installé, c'est avec tendresse qu'il constatait que la demoiselle reposait sa tête sur son épaule, profitant de cette courte accalmie tandis que le véhicule démarrait bruyamment. Il posa lentement sa main droite sur la sienne, la serrant délicatement comme pour lui rappeler qu'il était là, avec elle. Seul le sergent montait à bord avec eux.

- Je parie que ce n’était pas ce que vous attendiez de votre voyage de noces sur ce vieux navire de croisière.

Le mécanicien ne savait quoi répondre. Il avait peur de faire le moindre faux pas. Fallait-il balancer toute la vérité, et en assumer les désagréables répercussions ? L'obligation de subir une enquête, qui pourrait déboucher à une conclusion déplaisante et leur faire porter le chapeau tout deux ? Ou valait-il mieux trouver un échappatoire, les obligeant à fuir cette planète de la manière la plus discrète possible. L'instinct de Ja'ar lui hurlait de choisir la seconde option. Il fallait toutefois déterminer un « comment », et son temps de réflexion raccourcissait de minutes en minutes alors que pointait au loin les tours métalliques d'une ville qu'il ne connaissait pas.

- A qui le dites-vous ! Assumons... Mais a vrai dire, ce n'était pas notre voyage de noce. Nous nous sommes rencontrés à bord de ce vaisseau, nous y travaillons depuis déjà plusieurs cycles, elle dans le restaurant, moi en salle machine. Le Vestyr, c'est un peu comme notre seconde maison, c'est dramatique de le voir dans cet état …et tout ces gens... Il prenait maladroitement un air triste essayant d'appuyer son demi-mensonge.

- Que s'est-il passé ?

Parfait, elle mort à l’hameçon.

- Des droïdes...lourdement équipés. Ils ont massacré tout le monde, sur ordre du Capitaine...Maintenant que j'y pense, combien de personne avez-vous laissé là bas ?


- Sept, pourquoi ?

- Alors vous devriez leur dire de sortir, je suis persuadé qu'il y a encore des saloperies qui traînent dans cette carcasse, et vos hommes sont en dangers. D'ailleurs,
il accompagnait sa phrase d'un geste de la main, vous devriez y retourner en vitesse pour les épauler, nous laisser le véhicule pour que nous rentrions sains et sauf et nous oublier.

- Effectivement, je devrais être avec eux pour les superviser, c'est trop dangereux qu'ils soient là bas sans moi. Je vous laisse le véhicule, vous pourrez rentrer sains et sauf. Pilote !


Le sergent fit signe à son subordonné et le véhicule se stoppa. En quelques secondes, elle et le pilote sortaient du véhicule et partaient au pas de course, rebroussant chemin. Alors qu'ils s'éloignaient, on pouvait entendre le sergent crier des directives de repli à l'adresse de son escouade via son communicateur. Ils étaient à mi chemin entre la carcasse du vaisseau et la ville, cerné pas la végétation. En se pressant, ils pourraient revenir au Vestyr et repartir en direction de la ville avant que le Sergent n'atteigne ses troupes à pied. Ja'ar posait ses yeux sur sa partenaire. Elle le regardait étrangement, et ne savait s'il s'agissait d'appréhension ou d'admiration. Se relevant, il plongea une main dans son manteau pour en tirer le Datapad que Luka lui avait donné, affichant l'avis de recherche. Pendant que la demoiselle en lisait le contenu, il signalait via son communicateur à FX67 de confirmer qu'il était toujours opérationnel et lui intimait de sortir aussi discrètement que possible du vaisseau. Les quelques Bip qu'il reçu en retour était encourageant.

- Eva, je suppose qu'en tant que fille du président d'une compagnie concurrente, vous ne pouvez pas vous permettre de vous laisser être liée à cette histoire je me trompe ? Je vous emmène loin d'ici avant que quelqu'un ne vous reconnaisse, mais d'abord il nous faut récupérer FX. Ce fidèle droïde mérite bien ça, et je lui ai promit une belle remise à neuf. Il hésitait, puis ajoutait, Ce n'est pas à moi de juger ce que vous appelez une bêtise, mais je vous ai fait une promesse non ? Il désignait le foulard qu'il avait confié à la jeune femme. Quittons cette planète, et je vous emmènerait là où vous le souhaitez. Et vous aurez tout le loisir de me faire goutter ces fruits qui, au vu du charmant sourire que vous affichiez en en parlant, ont l'air véritablement succulents. Et ce serait l'occasion de...d'apprendre à se connaître, enfin si vous êtes d'accord. Il rougissait légèrement, sa voix étant moins assurée que d'ordinaire. Je... suis heureux que vous soyez en vie également.

Il souriait gêné, et tournait les talons rapidement pour éviter de paraître encore plus ridicule. Il se dirigeait vers l'avant du véhicule, et ouvrait la porte du conducteur avant de se raviser. Son bras gauche était beaucoup trop douloureux.

- Si ça ne vous dérange pas, ce serait probablement mieux que vous pilotiez. D'ailleurs, comment vous en êtes vous tirée au poste de pilotage ? Nous en sommes en vie grâce à vous !

Evadné Publius
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Elle avait été surprise mais s’était empressée de suivre le conseil de Ja’ar. Elle lui accordait une totale confiance et avait senti que ce n’était pas le moment de poser des questions. Malgré l’air avenant de leurs secoureurs, une tension de fond persistait. Peu importe l’état du foulard, elle avait bravement accepté de couvrir ses cheveux lumineux avec, les rangeant de manière élégante – parce qu’elle avait cela dans le sang.


Toujours confortablement installée contre le mécanicien, les cahots de la route se mirent à la bercer et elle envisageait sérieusement de s’endormir. Juste cinq minutes. Son corps le réclamait et il avait déposé sa main contre la sienne. Aucune raison de ne pas se sentir en sécurité.


A qui le dites-vous ! Mais à vrai dire, ce n'était pas notre voyage de noce. Nous nous sommes rencontrés à bord de ce vaisseau, nous y travaillons depuis déjà plusieurs cycles, elle dans le restaurant, moi en salle machine. Le Vestyr, c'est un peu comme notre seconde maison, c'est dramatique de le voir dans cet état …et tout ces gens...


Elle écarquilla les yeux pour les lever vers le métis, complètement abasourdie. Son minois gêné se refugia davantage contre l’épaule semi-arkanienne afin de cacher sa surprise à Falls. Qu’est-ce qu’il racontait ? Et le sergent interpréta cette réaction comme un geste affectueux et fit une moue attendrie. L’air attristé de l’homme, la timidité traumatique de la femme. C’était crédible. Evadné n’en revenait pas. Elle redressa sa figure vers eux, suivant l’échange. Son cœur céda un battement douloureux lorsqu’elle le vit faire « ce geste de la main » et un début de colère remua ses tripes. La Force…n’est-ce pas ? Et elle fut d’autant plus chagrinée de voir que le tour de passe-passe, comme elle appelait ça, fonctionne sur cette femme.


Dès que Kora Falls quitta le véhicule, Publius se détourna vers Ja’ar, pleine d’appréhension, prête à laisser exploser son ressentiment. Il n’avait pas à altérer le comportement des gens, ni à….Son élan fut stoppé par le datapad qu’il lui présenta. Elle en lut précieusement le contenu affiché, un sourire forcé aux lèvres. De mieux en mieux…


- Eva, je suppose qu'en tant que fille du président d'une compagnie concurrente, vous ne pouvez pas vous permettre de vous laisser être liée à cette histoire je me trompe ? Je vous emmène loin d'ici avant que quelqu'un ne vous reconnaisse, mais d'abord il nous faut récupérer FX. Ce fidèle droïde mérite bien ça, et je lui ai promis une belle remise à neuf. (…) Ce n'est pas à moi de juger ce que vous appelez une bêtise, mais je vous ai fait une promesse non ? (…) Quittons cette planète, et je vous emmènerai là où vous le souhaitez. Et vous aurez tout le loisir de me faire goutter ces fruits qui, au vu du charmant sourire que vous affichiez en en parlant, ont l'air véritablement succulents. Et ce serait l'occasion de...d'apprendre à se connaître, enfin si vous êtes d'accord. (…) Je... suis heureux que vous soyez en vie également.

Et sa colère vola en éclat, fracassée par les mots et l’attitude affectueuse du mécanicien. Elle n’eut plus le courage de l’admonester. Il avait pensé à elle, à sa…carrière ? Rien ne l’y obligeait. Puis, il jouait aisément la carte des sentiments avec cette promesse de blumfruits, ce qui était injuste. L’idée qu’il l’emmène là où elle le souhaitait venait de radoucir sa rancœur. Et venait-il de dire que son sourire était charmant ? Elle cligna des yeux, digérant toutes ces émotions qui l’une après l’autre envahissaient son esprit chassant cette pensée qui la terrifiait absurdement : qu’il use un jour de la Force sur elle. C’était irrationnel, comme la peur du noir. Mais cette phobie surpassait celle de l’obscurité.


Elle aurait aimé répondre s’il n’avait pas décidé de fuir et elle le suivit dehors, le rattrapant au niveau de la cabine du conducteur.



-Les véhicules à répulseurs sont un peu moins compliqués à manier que le Vestyr, dit-elle avec amusement.


Elle posa une main sur la porte et se mordit la lèvre inférieure avant de poursuivre :


-J’ai simplement…imaginé que je faisais la course contre Valérian Hélix…et je n’avais pas envie de perdre cette fois.


Pas envie de vous perdre surtout, bien que la perte de Luka fit disparaître son sourire taquin. Elle ne pensa même pas que Ja’ar ne devait pas remettre Valérian Hélix dans le contexte, puisqu’il ne savait pas qui il était. Elle précisa en grimpant sur le siège du pilote :


-Les…enfants bien nés aiment ce genre de sport, le pilotage.


Dans le mouvement, quelques mèches frondeuses avaient décidé d’échapper au joug du foulard qu’elle portait.


-Je présume que cette ville (Et elle désigna l’immense cité plus loin.) est dotée d’un spatioport.


Et elle présumait bien puisque dans l’espace aérien immédiat, le ballet de vaisseaux spatiaux était intense. Enarc était le genre d’énorme pit-stop sur la route commerciales des épices, le genre de plateforme incontournable bénéficiant de la stabilité et du rayonnement de sa voisine : Naboo, dont elle semblait être une pâle copie. La toute blonde prit le temps d’inspecter le tableau de bord. Il faudrait encore improviser.


-Je vous propose de rejoindre la ville décida-t-elle les mains crispées sur les manettes de commande. Et qu’il s’apprête seulement à répliquer, elle poursuivrait avec résolution. FX67 et moi….ça va vous paraître débile. En fait, ça l’est…mais, j’ai l’impression que lui et moi nous sommes liés.


Elle eut un large sourire coupable et rectifia :


-Je veux dire, quatre années de collocation le rendent prévisible. Je sais qu’il nous rejoindra. Nous ne le laisserons pas tomber, mais retourner au Vestyr est trop risqué et…


Grande inspiration, elle avait commencé à parler vite comme pour mieux faire passer la pilule qui allait suivre.

-J’aimerais que vous évitez d’avoir à utiliser…vous savez, ahm. Vos trucs de Jedi.

Elle s’aventurait sur un terrain glissant. C’était à la fois compliqué et désagréable. Elle se détourna complètement vers lui, pour aborder la chose sérieusement. Et elle se donna du courage en l’admirant, appréciant une énième fois son charme.


-Vous êtes encore fatigué et ce n’est pas une bonne idée.


En réalité, elle aurait aimé mettre les pieds dans le plat : Je ne suis pas à l’aise avec le fait que vous puissiez être un Jedi, je réprouve l’utilisation de la Force pour induire certains comportements chez les gens. Mais honnêtement, elle n’était pas prête à mettre le sujet sur la table.


-FX67 a votre fréquence, il va pouvoir nous localiser. Espérons. Cas contraire, il nous contactera. Nous ne partirons pas d’Enarc sans lui.


Avec prudence, elle remit le cargospeeder en route, sans oser dépasser une limite de vitesse raisonnable. Il y eut quelques turbulences dues à son manque de pratique, des secousses peut agréable. Elle s’en excusa d’un simple sourire. Quelques minutes à peine suffirent pour atteindre les portes de la cité qui était beaucoup plus immense et grouillante de vie qu’il n’y paraissait à des kilomètres de là. Tant mieux, la foule leur permettrait de passer inaperçus. Elle arrêta le véhicule à l’entrée de la zone urbaine. Il portait l’écusson des forces de coercition locales et elle ne souhaitait pas que les patrouilles et les gardes à l’entrée ne les arrêtent pour vol de véhicule officiel ou pire, posent des questions sur le reste de la troupe qui en aurait pour quelques heures de marche depuis la forêt.


-Comme ça, nous sommes un couple ? demanda-t-elle d’une voix incertaine.


Et avant que cet instant ne tourne au vinaigre embarrassant, elle ajouta :


-Je travaille dans un restaurant et vous…réparer des plomberies ? Si jamais on nous pose la question, c’est bien cela ?


Léger soupir de soulagement alors qu’ils pénétraient le bain bouillant qu’était l’une des principales cités de la planète. L’architecture y était pittoresque, révélant le même niveau de technologie que les armes des miliciens. Au loin, perché sur ce qui semblait être une colline, un noyau administratif et gouvernemental semblait émerger – plus moderne, mieux entretenu. Il surplombait la ville aux rues et ruelles agitées. Beaucoup de marchands qui n’avaient parfois pour moyen de transport qu’un bantha et des charrettes sur répulseurs. D’autres mieux lotis, chargeaient de vieux landspeeders. Evadné admirait ce tableau de vie avec attention, complètement fascinée par les couleurs vives que portaient les habitants, leur accent spécial quand ils s’exprimaient en galactique commun.


Afin de ne pas risquer d’être séparée de Ja’ar dans cette foule entêtante, elle noua ses doigts aux siens. Ils se fondaient parfaitement dans l’activité incessante. Plusieurs fois, ils furent bousculés et hélés ensuite par des tons bourrus. Et Evadné qui s’excusait platement alors qu’elle n’avait fait que subir la bousculade. Elle eut une légère grimace quand un vendeur à la sauvette lui hurla une promotion dans l’oreille. Elle dut l’éconduire poliment, sans succès. Il eut fallu un regard insistant de Ja’ar et qu’il la tire à sa suite pour se débarrasser de l’importun. Au-dessus de leur tête, les mieux aisée pouvaient circuler dans des petites navettes flambantes neufs. Mais par-dessus tout, c’était l’odeur des épices et de la cuisine locale qui ravissait la jeune politicienne. Elle en oublia la fatigue, l’envie de dormir…mais son ventre ne cessait de réclamer une pitance digne de ce nom.
Elle avait dû mal à croire qu’elle écrasait un vaisseau de croisière dans la forêt une heure plus tôt.


-Alors des nouvelles du vaisseau qui s’est crashé ?
-Bof, il paraît que le sergent Falls est allé voir. Moi j’pense qu’y sont tous cannés là-dedans.


Quelques bribes de conversation sur le dernier sujet d’actualités émergeaient de bouche en bouche et elle baissa davantage sa figure, inconfortable. Le soleil tapait fort, mais les commerçants des rues d’Enarc avaient eu l’ingénieuse idée d’étendre des tentures au-dessus de leurs échoppes. La plupart du trajet s’effectua à l’ombre de ces voiles colorés, laissant deviner l’ombre des vaisseaux qui striaient le ciel. A ses côtés, le mécanicien put sentir sa partenaire ralentir si bien qu’il eut sans doute l’impression de la traîner sur quelques mètres.


-Ja’ar…fit-elle en s’arrêtant, sa main toujours dans la sienne.


Elle avait de grands yeux de biches implorants.


-Vous pensez que nous pourrions faire une pause pour manger quelque part ?

Ce n’était pas prudent. Chaque minute passée à la surface d’Enarc les rapprochaient d’un chasseur de prime ou d’une patrouille qui pourraient potentiellement reconnaître l’héritière en fuite. Mais elle n’était qu’humano-hapienne quelque part et son corps refuserait sans doute de donner davantage, si elle ne le nourrissait pas. Son endurance physique atteignait ses limites chaque fois un peu plus. Et puis, dans cette grande jungle urbaine, ils ne connaissaient pas la route pour le spatioport. Prendre le temps de se poser et de réfléchir à la suite des événements n’était pas dépourvu de tout bon sens. Quelle destination ensuite ? Comment embarquer en mode incognito ?

En sus, elle souhaitait laisser assez de temps à FX67 pour regagner la ville ou pour les contacter cas échéants.

Ja'ar Austhis
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- Les véhicules à répulseurs sont un peu moins compliqués à manier que le Vestyr, j’ai simplement…imaginé que je faisais la course contre Valérian Hélix…et je n’avais pas envie de perdre cette fois. Les…enfants bien nés aiment ce genre de sport, le pilotage.


Simplement imaginée qu'elle faisait une course ? Décidément cette femme était pleine de talents insoupçonnés. Alors qu'il prenait place sur le siège passager, il l'écoutait religieusement. Il ne savait pas qui était Valérian Hélix, et aurais aimé n'en avoir cure, mais pour une raison qu'il ignorait il ressentait cette petite pointe dans le creux du ventre. C'était peut-être un ami proche, voire peut-être plus qui sait. Ressentait-il de la jalousie ?

- Je présume que cette ville est dotée d’un spatioport. Je vous propose de rejoindre la ville.

Alors qu'il allait faire part de son étonnement vis à vis de cette décision d'abandonner le pauvre droïde, elle enchaînait. FX67 et moi…ça va vous paraître débile. En fait, ça l’est…mais, j’ai l’impression que lui et moi nous sommes liés. Elle souriait, ce sourire qu'il aimait tant. Je veux dire, quatre années de collocation le rendent prévisible. Je sais qu’il nous rejoindra. Nous ne le laisserons pas tomber, mais retourner au Vestyr est trop risqué et…J’aimerais que vous évitez d’avoir à utiliser…vous savez, ahm. Vos trucs de Jedi. Vous êtes encore fatigué et ce n’est pas une bonne idée.

Il était surpris par cette réaction, elle trouvait encore le moyen de s'inquiéter pour lui. Il ressentait toutefois autre chose, comme une appréhension à l'évocation de ses pouvoirs de Jedi ou une gêne. C'était compréhensible, Kalis lui avait rabâché sans cesse lorsqu'il était enfant : La galaxie comptait des centaines de millions de planètes, avec sur chacune potentiellement des milliards d'individus. Les sensitifs ne représentaient qu'une infime goutte d'eau dans cette océan de vie. La majorité ignorait ce qu'était la Force, les Jedi, les Sith...et c'était encore plus vrais hors de la bordure intérieure. Ils étaient parfois déifiés, mais plus souvent craints pour leur étranges capacités. C'est aussi pour cette raison qu'ils étaient souvent traqués, et que Ja'ar avait choisi de fuir ces étiquettes et de cacher ses pouvoirs. Il acquiesçait d'un geste léger de la tête, lui aussi préférerait ne pas avoir à en faire de nouveau l'usage. Il avait sa dose pour la journée, lui qui détestait utiliser la force pour influencer les autres. Mais il faudrait prendre le temps de clarifier les choses : il n'était pas un Jedi, et ne voulait pas être considérer comme tel. Tandis qu'ils se mettaient en route, Ja'ar réfléchissait à un moyen de quitter la planète discrètement. Enarc n'était pas une planète très peuplées, mais elle profitait de l’attractivité de Naboo et se situait sur la route commerciale de Triellus. Il faudrait mieux éviter les transports public, mais il ne serait pas difficile de trouver un capitaine de vaisseau indépendant qui accepterait des les faire sortir sans poser trop de questions. Il avait encore quelques crédits sur lui, et pouvait toujours marchander ses services. Quitter cette planète...mais pour aller où ? Lui avait pris l'habitude de se laisser porter au grès de la Force. Là, il avait donné sa parole à la jeune femme de l'aider, et surtout, il avait envie de passer encore un peu de temps à ses côtés. Alors qu'ils arrivaient en périphérie de la ville, elle stoppait le véhicule. Ils continuerait à pieds, ce serait plus prudent.

- Comme ça, nous sommes un couple ?

Il sursautait presque. La question l'avait tiré de ses réflexions, et elle crevait presque un non dit, une semi-tension entre eux, quelque chose qu'il n'avaient pas encore pris le temps de mettre au clair entre eux depuis ce moment de fougue dans l'escalier du Vestyr. Un couple...Il était foncièrement attiré pas la jeune femme, par une force qu'il n'arrivait pas à cerner complètement. C'était nouveau pour lui, mais de là à former un couple... Ses pensées se bousculaient dans sa tête alors que sa partenaire enchaînait.

- Je travaille dans un restaurant et vous…réparez des plomberies ? Si jamais on nous pose la question, c’est bien cela ?

Il était à la fois gêné et soulagé : Elle parlait de leur couverture. C'était une bonne idée, en attendant d'être dans un lieux plus propice à une discussions qui deviendrait nécessaire mais dont il n'avait aucune idée quand à la façon de l'aborder. Il acquiesçait une nouvelle fois de la tête, en silence, ne voulant pas trahir sa gêne par sa voix. Il préférerait botter en touche, s'appuyant sur leur arrivée aux abords de la ville.

- Il va nous falloir rester discret un moment. Il enlevait son long manteau, et le tendit à la jeune femme. Couvrez vous avec ceci, cela permettra de cacher votre uniforme.

Il désignait du doigt la poitrine de la jeune femme sur laquelle était brodé les lettres « RTF VESTYR ». A l'agréable vue du décolleté de la demoiselle, il se rendit compte que son geste pouvait être mal interprété et s'empressa d'ajouter maladroitement en détournant les yeux.

- Je parlais des logos de la compagnie ! Il...euh..vous en avez aussi dans le dos et sur les manches.

Ils rougissaient tout deux et il se détourna d'elle alors qu'elle enfilait un manteau trop grand pour elle par dessus son uniforme du Vestyr, mais qui permettrait d'éviter aux curieux de les identifier comme des survivants du crash. La tenue de la jeune femme était certes plus pratique en situation de crise pour se mouvoir, mais traverser la ville ainsi vêtue reviendrait à avancer avec une cible dans le dos. Il posa un nouveau regard sur elle : Elle avait été obligée de retrousser un peu les manches et nageait dans l'habit du semi-Arkanien, mais ça ferait l'affaire un temps. Il s'approcha d'elle, l'aidant à réajuster le port sur ses épaules et lui précisa gentiment :

- Faites attention, dans la poche intérieure il y a quelque chose auquel je tiens énormément que je tiens de ma mère. Mais j'ai confiance en vous.

Il souriait bêtement avant de l’entraîner vers ce qui s’apparentait à un bazar. C'était un passage obligatoire pour tout ceux souhaitant rallier le spatioport et ses environs. Nombre de commerçants, natifs d'Enarc ou d'autres systèmes alentours venaient poser leurs étals plus ou moins fournis. Certains tentaient d’alpaguer le « couple » pour leur proposer bijoux, épices, teintures, et cela devenait aussi pressant que désagréable. Alors qu'ils se frayaient un chemin dans une foule éclectique, il sentit la main douce de sa partenaire nouer ses doigts autour des siens. Il eu un sourire tendre, et continuait sa progression tout en faisant attention à ce que la jeune femme ne se fasse pas trop chahuter. Ja'ar ne pouvait s'empêcher de jeter des œillades discrètes aux quelques miliciens qu'ils croisaient ci et là. La foule agissait comme un bonne couverture, mais il fallait tout de même rester vigilant. En passant devant une cantina, il entrevoyait sur un holoprojecteur des images de la carcasse du Vestyr. Les journalistes faisaient déjà leur travail, et le sergent Kora Falls donnait une interview. Il s'arrêtait quelques secondes et tendit l'oreille.

«  Nous n'avons pour l'instant trouvé aucun survivant, mais les premiers éléments indiquent la présence de nombreux droïdes de combat qui auraient fait feu sur les passagers. Nous ne continueront pas les fouilles tant que nous n'auront pas un appui de l'armée, qui sait ce qu'il se terre dans les entrailles de ce tas de métal. Je n'enverrai pas mes hommes se faire dessouder sans d'abord m'assurer de leur sécurité »

- On a gagné du temps lâcha-t-il à l'adresse de la jeune Publius.

Il vérifia sur d'autres projecteur que l'avis de recherche d'Evadné se soit pas diffusé, et fut soulagé de ne pas voir la figure de sa partenaire en plein écran. Il allait repartir, mais sentait que la jeune femme traînait quelque peu.

- Ja'ar...

Elle venait de s'arrêter. Il se retournait face elle, contemplant ses magnifiques prunelles. La foule si dense les obligeait à se coller. Il prit sa deuxième mains alors qu'elle lui demandait à demi-mot.

- Vous pensez que nous pourrions faire une pause pour manger quelque part ?

Quel imbécile ! Il avançait a son rythme depuis un moment et ne tenait pas compte de la constitution de la jeune femme. Cela faisait plusieurs heures depuis le début de l'incident et leur rencontre, encore plus longtemps depuis leur derniers repas. En y réfléchissant, lui aussi avait faim, il l'avait juste oublié, obnubilé qu'il était par la sécurité de la demoiselle. Les odeurs dégagés dans ce bazar titillait l'appétit, et maintenant qu'elle avait soulevé le point, son ventre envoyait des signaux éloquents. Non, ce n'était pas prudent, mais il leur fallait reprendre des forces, c'était certain. Et il fallait bien attendre Fx67. Il fit un signe de la tête pour acquiescer, contemplant son joli minois. Elle était si proche, si belle... il déposa un baiser affectueux sur son front, avant de s'excuser.

- Pardon, Eva, vous avez raison. Mais avant, je suggère que l'on vous achète une tenue plus appropriée, moins tape à l'oeil.

La tirant par la main, ils s'engageait tout deux dans un rue connexe, moins bondée de monde. Il l'invitait à entrer dans l'échoppe d'un marchand d'étoffe, un Nosaurian, dont la clientèle était moins étouffante. De nombreux drapés était tirés sur son étal, et il proposait en sus de tenues sur mesure du prêt à porter artisanal aux couleurs chatoyantes.

- C'est moi qui vous l'offre, choisissez. Lâcha-t-il à l'attention de la Jeune médecin avec un clin d’œil complice. Une pas trop voyante.

Tandis qu'elle s'approchait de plusieurs tenues, le Nausorian intervint.

- Bonjour M'sieur Dame ! Si vous cherchez de quoi vous vêtir, z'êtes à la bonne enseigne ! Nous proposons plusieurs taille, adaptée à de nombreuses morphologies. Sachez que tout est cousu-main par ma femme et moi. Not' petit aide pas mal aussi. Il désignait un jeune Nosaurian qui tenait la caisse. Vous comprendrez que nous n'ayons pas une gamme très étendue, rien d'industriel ici. Nous importons nos tissus de diverses régions d'Enarc, nous choisir c'est soutenir une économie responsable !

- Merci pour ses précisions, nous allons parcourir votre étal avec intérêt.

- A vot' bon vouloir, j'reste dans les parages au besoin.
Il se dirigeait vers de nouveaux clients. Bonjour M'sieur dame ! Si vous cherchez de quoi vous vêtir, z'êtes à la bonne enseigne....

- Il a un discours rodé
dit-elle à la jeune femme qui semblait hésiter entre deux tenues avant de les embarquer toutes deux en cabine d'essayage.

Il suivi la jeune femme dans un recoin de l'échoppe ou étaient dressées plusieurs parois et rideaux aux tailles variées pour s'adapter à un typologie de clientèle tout aussi diverse. Elle s'engageait dans l'une d'elle, rendant à Ja'ar son manteau, lui confiant une tenue et gardant l'autre pour essayage, puis tira le rideau. Le semi-Kiffar vérifiait immédiatement que son sabre était toujours en place et fut soulagé de constater qu'il n'avait pas bougé. La réflexion de la demoiselle résonnait encore dans sa tête « J’aimerais que vous évitiez d’avoir à utiliser vos trucs de Jedi. ». Seul le rideau les séparait, et ils était seuls dans cette partie de l'échoppe. Il entreprit de clarifier à minima les choses.

- Vous savez Eva, je ne suis pas un Jedi.

Il ne savait pas s'il devait en dire plus, mais en parler avait crevé une sorte d'abcès, il ressentait le besoin de le dire. Il n'avait jamais eu l'occasion d'en parler à qui que ce soit de toute sa vie, et pour une fois, il pouvait s'ouvrir sur le sujet. Il marqua un temps avant de reprendre, n'ayant pour seule réponse de la jeune femme les bruits de vêtements qui chutait sur le sol.

- Et je ne souhaite pas le devenir. A vrai dire, je ne les apprécies guère...

La main de la jeune femme traversa le rideau pour saisir la seconde tenue et rendre la première, en silence. Il ne savait plus où se mettre. Il en avait peut-être trop dit. Il remarquait l'approche du Nosaurian qui s’apprêtait à revenir à la charge, et fit un signe de la main pour signifier que cela pourrait attendre encore un peu. A quelques mètre sur une table, il remarquait une étoffe rouge. Il fit signe au Nosaurian de revenir, lui demanda d'en découper un bout. Lorsqu'il revint devant la cabine, la jeune femme tira le rideau, dévoilant un choix de tenue qui mettait en valeur sa beauté et sa féminité tout en restant dans les tons de couleur que portaient les autochtones. Idéal pour se faire passer pour une habitante d'Enarc. Elle était ravissante, et elle pouvait deviner à son regard qu'elle lui plaisait ainsi. Il lui fit signe de se retourner, dénoua le foulard qu'il lui avait donné et attacha dans ses cheveux la nouvelle étoffe qu'il venait de récupérer.

- Celui-ci est plus propre. J'ai choisi la même couleur, elle sied à votre teint.

La jeune femme rougissait légèrement, et il contemplait de nouveau ce petit ange au yeux enchanteurs. Une idée lui vint.

- Vous savez, ce que j'ai fait à ce sergent...ce n'est pas quelque chose que j'aime faire, et ça ne marche pas sur tout le monde. Il marqua une pause, puis affichait un sourire complice. Par exemple, il lui saisit une main, si je vous dit « Embrassez moi », vous n'êtes pas obligée de le faire...

Il n'utilisait pas la force, mais voulait voir si la jeune femme jouerait le jeu, car lui n'avait pas eu l'audace de prendre une initiative qu'elle seule s'était permise jusqu'à présent.

Evadné Publius
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La faim se faisait tellement impérieuse qu’elle en avait oublié son apparence. A côtoyer Ja’ar et la mort, elle avait trouvé ses priorités ailleurs que dans l’artifice d’une image superficielle. Cependant, elle ne dirait pas non à des vêtements propres dans lesquels elle n’avait pas sué la peur et autres émois indicibles. Elle avait l’impression de sentir la femelle bantha à des kilomètres. Aussi, elle ne trouva aucun inconvénient à profiter d’un arrêt shopping.


C'est moi qui vous l'offre, choisissez. (…). Une pas trop voyante.


Sa paume fébrile était encore plaquée à son front que le mécanicien avait béni d’un baiser dont elle se remettait à peine.


-Cela m’embarrasse…je ne voudrais pas que vous..


Dépensiez pour moi, mais elle n’eut jamais le loisir de terminer sa phrase. Phénomène courant depuis sa rencontre avec le métis. Elle secoua la tête, un sourire timide aux lèvres et avisa les pièces de tissus sur les étals. La mode locale semblait de toute manière voyante et criarde si l’on en jugeait les tenues bariolées. La pulpe de ses doigts effleura la qualité commune des soieries, redessinant les contours des reliefs brodés. Elle jeta son dévolu sur deux ensembles presque similaires si ce n’étaient leur couleur.


Elle se sépara du manteau prêté avec un pincement au cœur. Malgré son poids inconfortable sur ses épaules et sa coupe trop grande, elle s’était sentie en sécurité enveloppé dans sa chaleur. Le parfum de Ja’ar s’était fait omniscient sur son corps et elle avait eu la sensation qu’il la serrait dans ses bras. Nouveau rictus embarrassé alors qu’elle lui rendait son pied et elle se réfugia dans une cabine, le cœur tremblant.


Un miroir poussiéreux et fissuré, matériau de récupération vivant une seconde et dernière existence, avait maladroitement été suspendu. Il faisait toutefois l’affaire. Elle dézippa la combinaison du Vestyr, heureuse de se débarrasser de cette mue traumatisante. Elle prit une seconde pour aviser son corps dans cet espace restreint. Sa longue chevelure recouvrait le galbe de ses seins et une majeure partie de son torse, mais elle remarqua tout de même les ecchymoses qui tâchaient sa peau pâle ci et là…témoins de ses récentes aventures.


- Vous savez Eva, je ne suis pas un Jedi.


La voix du mécanicien la fit se ressaisir et elle attrapa la première tenue, tentant de trouver un sens à la façon de la porter sur soi. Son oreille attentive était tournée par-delà le rideau, écoutant la voix familière du métis avec attention.


- Et je ne souhaite pas le devenir. A vrai dire, je ne les apprécie guère...


Le résultat que lui renvoya le reflet lui fit se mordre la lèvre dans une moue désapprobatrice. Les vêtements étaient trop serrant, ou trop petits – au choix. L’ensemble n’était pas particulièrement voyant, mais à souligner aussi sensuellement ses formes, il attirerait les regards. Elle tentait un semblant d’analyser alors que les paroles du mécanicien la déstabilisaient. Non. Cette robe n’était pas appropriée, décida-t-elle en se démenant pour la retirer. Elle avait la sensation de manquer d’air. Sa main tâta les plis du rideau jusqu’à une ouverture où elle glissa son bras pour retourner les vêtements et récupérer le reste.


Après quelques minutes, elle afficha une mine satisfaite face au miroir et se décida à sortir. C’était une robe traditionnelle en deux pièces d’un grenat chaleureux brodé de végétaux dorés. Elle ajusta timidement le haut de l’ensemble, aux manches courtes et au décolleté agréable qui mettait pudiquement sa poitrine en valeur. Une partie de son abdomen était dénué, dévoilant les courbes doucereuses de sa taille féminine. Et ses hanches étaient marquées par les coutures colorés d’une jupe longue et épaisse qui protégeait ses jambes. Un châle léger complétait le tout, porté en cocarde et épinglé à la jupe. L’habit soulignait un aspect exotique de sa beauté bien qu’elle n’eut pas le bronzage mielleux des habitantes de la cité, ni leur chevelure de jais. Elle ne semblait pas très à l’aise, mais répondit au sourire de Ja’ar avant d’accéder à sa demande. Evadné se retourna doucement, prenant une profonde et discrète inspiration pour rassembler ses esprits.


Elle ne put empêcher un léger frisson courir le long de sa peau lorsqu’elle sentit les doigts du métis manipuler ses cheveux. Elle retint un soupir lascif en pinçant ses lèvres fortement. Ce moment était aussi enivrant que tortueux.


- Vous savez, ce que j'ai fait à ce sergent...ce n'est pas quelque chose que j'aime faire, et ça ne marche pas sur tout le monde. (…). Par exemple (…) si je vous dit « Embrassez moi », vous n'êtes pas obligée de le faire...


Ses prunelles immenses se jetèrent dans celle de son sauveur. Et ce dernier pouvait sentir la main de la toute blonde trembler au creux de la sienne. Ses efforts de justification, la sincérité qu’il dégageait…Elle aurait tant aimé pouvoir argumenter à ce sujet, mais elle n’avait pas d’envie plus pressante que de l’embrasser. Sa main libre s’amarra à l’épaule de Ja’ar et elle précipita ses lèvres charnues contre sa bouche, dans un élan de courage et de passion. Il put sentir le corps de la politicienne épouser le sien dans une étreinte audacieuse. Elle en oublia la faim et la fatigue. Son cœur ne battait que prolonger cet instant, jusqu’à ce qu’elle en perdre son souffle et détache timidement ses lippes de quelques centimètres. Derrière ses cils longs, l’azur de ses prunelles admirait ce qu’elle venait de conquérir :


-Je crois que…votre exemple tombe à l’eau, murmura-t-elle sur un ton amusé.


Et le marchand de débouler avec moults compliments au sujet de la tenue, des goûts de la demoiselle, de la générosité de Monsieur. Parce qu’il fallait bien payer maintenant. Elle eut un énième sourire gêné et se détacha de son compagnon à regret.


-Merci…pour la robe. Je vous rembourserai. Et…je vais vous attendre plus loin.


Une fois le côté pratique de l’achat réglé, ils sortirent de la boutique. Dans un geste commercial visant à les fidéliser, le marchand norusien avait offert une sacoche en tissu au couple. Evadné y avait mis l’ancien uniforme et Ja’ar – en partenaire galant, c’était proposé de le porter. Le nouveau foulard était maladroitement noué à sa chevelure et elle se dit qu’elle verrat à négocier pour récupérer la version d’origine à laquelle elle avait fini par tenir.


Ils ne tergiversèrent pas des heures car la faim s’était muée en famine. Ils pénétrèrent la première cantina venue. A cette heure creuse de la journée, le lieu était pratiquement désert à l’exception d’un tenancier et d’un petit orchestre sur une scène aménagée. Point de table et de chaises, mais des banquettes aux coussins satinés et des tables d’appoint. Une piste vide occupait l’espace entre la scène et l’espace dédié à la détente et la restauration. Le soir, l’ambiance devait être tamisée. Heureusement un puit de lumière illuminait l’endroit en journée. Un agréable fumet de miel chaud titillait Evadné. Ses sens n’étaient malheureusement pas épargnés. Et rien n’aurait la même saveur entêtante que les lèvres du métis.


Le tenancier les avait accueillis chaleureusement :

-M’sieur, Mamzelle. Bienvenu chez Eddy. Comme vous voyez, y’a l’embarras du choix pour les places. Mettez-vous bien, Eddy arrive.


Il avait un accent tranché au couteau mais semblait affable. C’était un simple humain à la chevelure noire parsemée de mèches grises et une mâchoire mal rasée. Ses petits yeux noirs pétillaient tout de même trahissant son appartenance au monde de la fête et des plaisirs – comme celui de manger. Eva entraîna Ja’ar vers une banquette confortable, bien trop soulagée de pouvoir asseoir son séant épuisé sur des coussins moelleux. Le patron suivit, se frottant les mains :


-Alors, vous semblez pas du coin hein ? Qu’est-ce qui vous amène hein ? Le tourisme ? Les affaires ?


-Nous…fêtons notre premier anniversaire de rencontre, répondit-elle dans l’urgence. Sa main attrapa celle du métis et elle sourit vers Eddy.


-Eh ben bon anniversaire, rit le gérant. J’vais vous faire goûter toutes les spécialités d’Enarc. Et j’sens que Msieur est un grand amateur de bon vin.


Il appuya sa supposition d’un clin d’œil gênant. Des touristes. C’était du pain béni et il pourrait gonfler les prix. Aussi, laissa-t-il tomber la carte des menus holographique et improvisa :


-J’pourrais que vous suggérer nos plats exotiques mais adapté à vos palais étrangers. Pas trop d’épices. Et puis les pâtisseries, ah…à voir les yeux émerveillés de Mamzelle, je parie qu’elle adore ça, les pâtisseries. Allez, si on rajoute le vin des vignes de Darc, y’a moyen que je fasse un prix.


-Oui…approuva Publius. La faim lui ferait accepter n’importe quel plat à vrai dire et l’idée du sucre qui fondait dans sa bouche suffisait à mater ses dernières méfiances. Nous prenons ça, n’est-ce pas….mon…ahm…


Elle s’était tournée vers Ja’ar, mais hésitait à prononcer la suite. Eddy arqua un sourcil perplexe devant l’hésitation de la jeune femme. La tension était palpable et l’obligea à terminer d’une traite, les joues cramoisies :


-Mon chéri.


Etait-elle à un moment de gêne près ? Le tenancier finit par sourire, satisfait et se dépêcha en cuisine, beuglant des ordres dans un dialecte local. Elle détacha très lentement sa main de celle du mécanicien.


-Navrée…


Elle était morte de honte. Après tout ce n’était pas comme si elle avait sauté sur la moindre occasion pour unir leurs lèvres. Le vin arriva rapidement, ainsi que des mises-en-bouches. Elle servit une coupe généreuse à son compagnon d’un geste élégant et se servit un fond timide dans la sienne. Les musiciens accordaient leurs instruments dans l’ombre de la scène prêts à se mettre au travail maintenant qu’ils avaient des clients à divertir. Evadné tendit ses doigts délicats vers un petit cigare feuilleté fourré aux légumes. On ne leur avait pas apporté de couvert, elle avait déduit que les us locaux voulaient qu’on apprécie les repas à la main. Elle mordit avec précaution dedans, grimaça légèrement à cause de la température encore élevée.


-Hmm, gémit-elle de soulagement en savourant le tout. C’est délicieux, vous devriez goûter c’est…


Et elle se figea en se rendant compte qu’elle venait de lui tendre l’autre moitié. Ce fut un réflexe de partage, inélégant certes, mais affectueux. Elle reposa doucement la bouchée dans une assiette, soupirant son désarroi. Pourquoi enchaînait-elle les maladresses ?

-Vous savez…


Elle agrippa le tissu de sa jupe et serra ses petits poings pour s’armer de courage.

-C’est comme ma peur du noir, ce n’est pas vraiment rationnel…ma réticence envers les Jedis. Je suis désolée si je vous ai blessé. J’ai l’impression d’avoir vécu des centaines de vies depuis que j’ai embarqué sur le Vestyr. J’arrive à peine à comprendre comment nous nous en sommes sortis.


Sa voix mélodieuse n’était qu’un murmure, pour ne pas risquer les oreilles indiscrètes. Somme toute, ils ressemblaient à un couple qui flirtaient, rien de plus normal.


-Je ne sais comment mon corps tient encore debout, malgré la fatigue, le traumatisme…les morts. Mais si je devais revivre ça, recommencer ce cauchemar. Je le referai. Simplement pour vous rencontrer à nouveau. Je vous dois la vie, mais pas seulement. Dans la cage d’escalier…


Elle ménagea une pause dans son discours, le temps de se rendre compte qu’après ces mots prononcés, il n’y aurait plus de retour en arrière possible :


-Lorsque nous étions à terre. Mourir ne m’aurait pas dérangé. Parce que j’étais dans vos bras.


Point. Elle attrapa sa coupe de vin et en avala vivement le contenu, digérant son audace. C’était du n’importe quoi. L’orchestre avait commencé à jouer. Super, un peu de musique pour son naufrage qui s’annonçait. Et il y avait assez de vin pour se noyer dedans.

Ja'ar Austhis
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Il accueilli l'étreinte de la jeune femme avec passion, l'enlaçant tendrement avec ses deux bras et laissant choir sur le sol la première tenue qui n'avait pas su la satisfaire. Il en oubliait les douleurs qui saisissait son flanc gauche et limitant la dextérité de son bras gauche. Il ressentait de nouveau cette fougue, cette excitation qu'il avait ressenti quelques heures auparavant sur le sol d'une sombre cage d'escalier menaçante. Il sentait la chaleur de son corps plaqué contre le sien, le battement de son cœur s'accélérer, la douceur de ses courbes épouser son étreinte et il trouvait une forme de paix dans cet abandon total à l'autre. Alors qu'elle se détachait timidement, il plongeait ses yeux vairons dans le regards azuré de la jeune médecin. Elle était magnifique, éblouissante, rayonnante. Il n'y avait plus d’inquiétude ou de stress, il n'y avait qu'elle, ses prunelles et ses lèvres qui fascinait le mécanicien.

- Je crois que…votre exemple tombe à l’eau

Il ne put s'empêcher de déposer un second baiser sur les lippes de la jeune femme, plus court mais tout aussi tendre, mais n'eut l'opportunité de profiter d'une nouvelle étreinte car le Nosaurian revenait à la charge, flairant l'affaire facile.

- Excellent choix ma p'tite dame, et je vois que monsieur semble ravi ! Les couleurs font ressortir vos yeux et vot' teint, si j'puis permettre. J'ai toujours dit à ma femme qu'elle avait un don pour les coupes humaines...Bon forcément, comme j'vous disait, c'est du fait main donc son prix n'est pas le plus attractif mais entre nous m'sieur, il donnait un coup de coude faussement complice au Semi-arkanien, ça vaut bien le coup de voir vot' dame sublimée de la sorte hein ?!

- Oui, ça vaut le coup...
laissait-il échapper dans un murmure. Sublimée, c'était bien le mot.

- Merci…pour la robe. Je vous rembourserai. Et…je vais vous attendre plus loin.

Il la regardait se diriger lentement vers la sortie. C'était un ange aux cheveux d'or et à la démarche gracieuse, une petite lumière dans cette vie terne de fuite et d'anxiété qu'était la sienne. Il aurait pu la contempler ainsi des heures durant. Il était sous le charme, indéniablement, et voulait courir l'enlacer de nouveau mais la voix grave du vendeur le remit à sa place.

- Vous prenez aut'chose m'sieur ? Je pense que ce collier de perle et de nacre irait parfaitement à vot' dame. C'est un marchand Gungan qui me fournit, il les confectionnes sur Naboo et exporte un peu. Ça reste local ! Et si vous le prenez, je vous offre la p'tite sacoche là bas, ça ira très bien pour madame !

Le Semi-Kiffar acquiesçait presque machinalement. Il voulait surtout rejoindre la demoiselle, et se débarrasser du Nosaurian trop envahissant. Et après tout, cela lui plairait peut-être. C'est ce que fond les couples, s'offrir des cadeaux pensait-il. Formaient-ils un couple alors, vraiment ?

- 169 Crédits M'sieur !

Le jeune Nosaurian souriait aimablement. Pendant que Ja'ar payait, il ajoutait « Et si on vous demande, vous êtes venu chez Ralt'Issa ». Décidément, la fibre commerciale se transmettait efficacement dans cette famille... Ja'ar garda le collier dans l'une de ses nombreuses poches intérieure avant de rejoindre la jeune Publius et lui tendre le sac afin d'y mettre ses effets ainsi que le vieil uniforme du Vestyr. Un peu lourd, il se proposait de le porter alors qu'elle lui saisissait la main pour le tirer vers une cantina. Il avait du faire un effort pour combattre son réflexe et ne pas retirer sa main comme il le faisait habituellement. Il préférait toujours être à l'initiative des contacts physiques bien que la jeune femme l'aidait bien malgré elle à combattre cette pudeur.

La cantina était quasiment déserte, heure creuse oblige. La voix du patron résonnait alors qu'il les accueillait chaleureusement. Les habitudes ayant la vie dure, Ja'ar ne s'installait pas tout de suite. Tandis qu'Evadné se jetait sur la banquette, profitant de ses coussins confortables, le mécanicien prétexta une envie pressante pour, tout en se dirigeant vers les commodités, vérifier toutes les issues possibles et identifier les menaces potentielles. C'était une obsession dans les endroits confinés pour lui de toujours s'assurer de bien connaître les lieux et les moyens de fuite. Des années passées à vivre sur le qui-vive poussait au zèle le mécanicien. Il répertoriait ainsi une sortie derrière le bar du tenancier, et l'ouverture au plafond en sus de l'entrée principale. Son absence fut éphémère, ne souhaitant pas laisser la dame seule trop longtemps, et il revint s’installer confortablement face à la belle blonde. Les odeurs agréables qui s'échappaient de la cuisine titillaient les narines du semi-Arkanien, et l'arrivée du tôlier fut salutaire pour son estomac.

- Alors, vous semblez pas du coin hein ? Qu’est-ce qui vous amène hein ? Le tourisme ? Les affaires ?

- Nous…fêtons notre premier anniversaire de rencontre !


La réponse improvisée surpris Ja'ar alors que la demoiselle appuyait son mensonge en s’accaparant de nouveaux l'une de ses mains. Il était à la fois gêné et charmé par cette spontanéité, et sourit maladroitement au serveur qui leur souhaitait un joyeux anniversaire et dénombrait les nombreuses spécialités de sa région. Le métis se contentait d’acquiescer sobrement, faisant confiance au tenancier pour leur servir pitance et breuvage correctement assortis. Il se surpris à se demander s'il n'y avait pas de Blumfruits sur la carte, mais la voie claire de sa partenaire le ramena à la réalité.

- Nous prenons ça, n’est-ce pas….mon…ahm…

Elle s'était soudainement tournée vers lui, comme pour chercher un appui dans ce moment de panique, ses yeux trahissant son hésitation. Lui demeurait pétrifié, ne sachant quoi dire et se contentant de sourire naïvement durant un silence aussi long qu'embarrassant.

- Mon chéri.

Le cœur du mécanicien fit un bon dans sa poitrine. Cela lui avait fait l'effet d'un vertige, et pourtant il se sentait transporté par cette adresse maladroite. Le serveur s'engageait en cuisine, hélant à ses gargotiers des directives incompréhensibles pour le couple. Alors qu'elle détachait lentement ses doigts des siens, elle s'excusait de nouveau.

- Il n'y a pas de mal, Eva...après tout...Euh..nous sommes...et bien...euh...sous couverture. Il voulait dire "un couple", mais n'avait le courage de prononcer le mot et s'en trouvait bien ridicule. Cherchant à briser le silence gênant qui s'installait, il enchaînait.

- Vous avez parfaitement choisi votre robe au fait... Vous êtes ravissante ainsi.

Il rougissait autant qu'elle, et n'osait plus rien dire. Il avait pourtant tant de chose à partager avec elle. Il comprenait que finalement, il pourrait peut-être lui aussi avoir cette chance, la chance d'avoir cette personne suffisamment proche avec laquelle il pourrait tout partager. Mais il ignorait par où commencer, et l'arrivée du vin et des hors d’œuvre lui sauva la mise pour un temps. Ignorant tout des convenance, il n'osait se servir en premier de peur de faire un autre pas maladroit et laissait la jeune femme entamer les hostilités.

- C’est délicieux, vous devriez goûter c’est…

Elle lui tendait affectueusement l'autre bout avant de se raviser et de le reposer devant elle. Il était dans un flou complet, ne sachant plus s'il devait saisir la bouchée qu'elle lui tendait initialement ou en prendre une autre dans le plateau. Il dévisageait la jeune femme, essayant de trouver une réponse dans ce cafouillage et constatait qu'elle paraissait aussi perdue que lui. Il lui offrit un sourire affectueux afin de l'aider a souffler et entreprit de saisir la bouchée déjà entamée. C'était effectivement délicieux, et tandis qu'il s’apprêtait à abonder en son sens, elle prenait la parole d'une voix semi-paniquée. Son élocution n'était plus aussi assurée, et les mots s’enchaînaient avec vitesse, comme s'il s’agissait d'un fardeau trop lourd à énoncer et dont il fallait se débarrasser aussi rapidement que possible.

- Vous savez… C’est comme ma peur du noir, ce n’est pas vraiment rationnel…ma réticence envers les Jedis. Je suis désolée si je vous ai blessé. J’ai l’impression d’avoir vécu des centaines de vies depuis que j’ai embarqué sur le Vestyr. J’arrive à peine à comprendre comment nous nous en sommes sortis. Je ne sais comment mon corps tient encore debout, malgré la fatigue, le traumatisme…les morts. Mais si je devais revivre ça, recommencer ce cauchemar. Je le referai. Simplement pour vous rencontrer à nouveau. Je vous dois la vie, mais pas seulement. Dans la cage d’escalier… Lorsque nous étions à terre. Mourir ne m’aurait pas dérangée. Parce que j’étais dans vos bras.

Ja'ar buvait religieusement les paroles de sa partenaire. Elle venait de résumer en quelques mots tout ce qui lui pesait. Il se figurait désormais qu'ils étaient tout deux aussi fatigués des événements passés qu’épris l'un de l'autre. Il avait tant à dire également, et attendit que la jeune femme termine son verre de vin pour lui répondre. La musique résonnait mélodieusement dans la cantina, comme pour accompagner une déclaration qui trottait dans la tête du mécanicien depuis quelque temps déjà. Il prit également une gorgée de vin, puis saisissait la main de la jeune femme en caressant tendrement ses doigts.

- Eva...Je ne sais par où commencer...Je...euh..vous ne m'avez pas blessé ne vous en faites pas... C'est juste que...ma vie est un vrai bazar et pour tout vous dire...je sent que vous pourriez m'aider a...tout ranger.

Sa métaphore lui paressait minable. Il continuait, il fallait désormais assumer et tant pis pour la maladresse.

- Vous me plaisez Eva...c'est tout nouveau pour moi.

Il plongeait ses yeux dans les siens, contemplant de nouveau la beauté de ce petit ange blond, et souriait bêtement.

- J'adore me perdre dans votre regard pénétrant, je fond devant votre sourire malicieux, j'aime votre chevelure d'or. Initialement hésitant, il finissait par tout dire, sans retenue. J'aime l'attention que vous portez aux autres, cette force de caractère dont vous êtes capable de faire preuve, cette énergie que vous déployez pour sauver les autres au mépris même de votre santé ou du bon sens.

L'orchestre continuait son répertoire et enchaînait sur une mélodie discrète mais s'accordant étonnamment à la situation, poussant Ja'ar à se livrer un peu plus.

- Quand je me suis jeté sur vous pour vous protéger de cette colonne, je ne pensais pas que je croiserait une personne capable d'avoir cet effet sur moi. Et depuis...ce moment dans l'escalier... je n'ai peur que d'une chose c'est de vous perdre de vue. Je vous ai promis de vous ramener, mais maintenant je redoute cet instant où, séparé par le sas d'un vaisseau ou par une porte que je ne saurait franchir, je devrait vous dire au revoir.

Il se rendait compte qu'il en disait peut-être un peu trop, et voulu détendre l'atmosphère par quelque chose de plus léger.

- Vous avez peur du noir, mais je vous assure j'ai mes névroses également : Je suis claustrophobe, je déteste les mynocks, ces saloperies salopent mon travail, c'est très désagréable ! Il eut un rictus, se rappelant d'une journée épuisante. Un jour, je suis resté enfermé dans un hangar vide avec deux mynocks et aucun moyen de m'en débarrasser alors qu'ils étaient en train de mettre en pièce un vieux droïde astromécano, un modèle T-50. Il appartenait à Ti'Chank'el, un Chadra'fan pas vraiment aimable, ni recomandable d'ailleurs.

Il voyait la jeune femme sourire en retour, et continuait son monologue alors qu'elle joignait sa deuxième main à la première dans un geste affectueux. Il pointa ces même mains du regard, nouant et dénouant à plusieurs reprise ses doigts à ceux de la jeune politicienne.

- Et quand je dit que vous êtes exceptionnelle, et bien...c'est que jusqu'à présent j'avais horreur du contact physique. Il continuait en rigolant.Et je dois avouer que depuis que j'ai goûté à vos lèvres, je ne peux plus m'en passer. Il redevint un peu plus hésitant. A vrai dire, j'ai besoin de savoir si...s'il s'agit plus que d'une simple couverture pour vous.

Il tira gentiment sur sa main pour attirer la jeune femme à lui et l'embrassa délicatement. Un baiser simple et sincère. Il s'écartait ensuite de la demoiselle, saisi un autre rouleau de légumes, croqua une bouchée et lui tendit la seconde qu'elle saisissait en souriant. Il s'empara de la bouteille de vin, et rempli de nouveau les deux verres. Le tenancier revint, débarrassant l'assiette d'amuse-gueule et plaçant les plats chauds devant le couple. Les odeurs galvanisaient l'appétit des deux convives, et promettait monts et merveilles quant à la saveurs des mets préparés par les cuisiniers d'Eddie.

- Et voilà ! Bonne appétits messieurs dame !

Ja'ar remercia Eddie et commençait à entamer son plat, laissant enfin un moment à sa partenaire pour digérer son monologue et y répondre. L’orchestre continuait sur une mélodie plus enjouée alors qu'une idée lui vint.

- Je repensait au moyen de quitter cette planète. Partir par les moyens conventionnels me semble risqué. Nous pouvons en revanche nous adresser directement à des pilotes indépendants, ou des marchands. Certains acceptent de prendre des passagers en échange d'argent, ou de services. C'est ainsi que je voyage généralement. Je propose mon expertise en mécanique et robotique, et ça me paye mon voyage. Nous pouvons également retarder notre départ de la planète : si quelqu'un sait que vous étiez à bord du Vestyr, les spatioports vont être immédiatement surveillés, mais sûrement pas plus de quelques jours. Par contre, vous ne m'avez pas expliqué Eva : Cet avis de recherche, vous savez qui aurait pu la publier ? Je n'ai pas spécialement besoin de savoir de qui je doit vous protéger, mais plutôt : où dois-je vous emmener ? - Il ajoutait en souriant - Hormis dans un restaurant à Blumfruit j'entends.

Evadné Publius
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Si elle avait été fortement touchée par la déclaration spontanée du mécanicien, l’anecdote sur sa phobie des mynocks lui arracha un rire timide. C’était également l’un des pires cauchemars du personnel d’entretiens des technologies médicales inorganiques. Un vrai fléau, pensa-t-elle sans perdre son sourire. Tellement captivée par ce qu’il lui exprimait, elle ne remarqua pas que l’orchestre jouait encore une fois le même morceau et que les instruments étaient mal accordés. La musique de fond n’avait aucun raffinement et depuis les cuisines non-loin, on entendait les cuistots se hurler dessus pour une sombre affaire de viande brûlée. Mais qu’importait, ses mains tenaient aux creux de celles du métis, légèrement fébriles. Quand elle arrivait à dévier ses prunelles du regard charmant de son partenaire, c’était pour admirer leurs doigts entrelacés. Il semblait avoir surpassé ce qu’il lui avoua être une phobie des contacts. Elle en ignorait encore la cause et cela lui parut secondaire quand il la tira doucement à lui. Nulle résistance nulle hésitation. Une nouvelle fois leurs lèvres s’étaient croisées.

A vrai dire, j'ai besoin de savoir si...s'il s'agit plus que d'une simple couverture pour vous.

Evadné n’avait jamais entretenue une relation sociale autre qu’amicale, professionnelle. Si jamais flirt il y avait eu auparavant sa naïveté l’aurait précipité dans le déni et la confusion. Sur le Vestyr les choses avaient été différentes. Sûrement parce que la mort était proche et parce que le dernier visage qu’elle aurait vu avant d’être pulvérisée aurait été celui de Ja’ar. A cette pensée, son cœur se serra douloureusement. Peut-être était-ce un syndrome courant chez une demoiselle en détresse que d’être irrémédiablement attirée par son sauveur ? Spécialement quand ce dernier avait de l’audace et du charme à revendre. Elle pressa sa paume contre celle du métis, étreignant ses doigts avec une force toute relative. Non, en réalité, elle désirait le mécanicien parce qu’il était lui : simple, franc, courageux. Des qualités qui avaient cruellement manqué à Valérian Hélix, par exemple. Ja’ar aurait sans doute des défauts, pensa-t-elle, mais jamais ceux qui gangrénaient les prétendants de la haute-société cadézienne. Une haute-société qui ne lui pardonnerait pas de fréquenter un homme à la condition si basse que celle du semi-arkanien.


Mettant en suspens le cours de sa future réponse, elle accepta volontiers l’autre bouchée. C’était donc ça les simples plaisirs du quotidien dont on lui avait vanté les mérites ? La mort, l’amour et les délices d’une cuisine locale à des millions de kilomètres de chez soi ? Elle remercia le patron quand les plats furent servis. Elle n’était plus sûre d’avoir de l’appétit, mais son ventre vide la sermonna si fort qu’elle se hâta de goûter – sans regret. La saveur relevée des plats avait fondu contre son palais et elle hésita entre ce qui était le meilleur : un baiser partagé avec le métis ou cette cuisine exquise. Elle souffla discrètement son hilarité.


-Nous pouvons laisser tomber la couverture, annonça-t-elle finalement dans un ravissant sourire. A vrai dire, je ne suis pas à l’aise avec le mensonge. Mais…si ce n’est pas un mensonge, alors le problème est réglé. N’est-ce pas ?


Un éclat malicieux faisait vibrer le bleu de ses grands yeux qu’elle dirigea plus loin sur la scène. Le rythme enjoué de ce nouveau morceau – enfin, camouflait quelques mauvaises notes. Voir s’agiter les musiciens avec professionnalisme douteux, donnant leur âme pour quelques clients égarés au fin fond d’une cantina locale la fit rire. C’était autant l’ironie que l’improbabilité de la situation. Elle avait fait tout un tas d’études et bénéficiait des privilèges de la haute-société républicaine mais n’avait encore jamais connu un tel endroit. Douze heures auparavant, quand elle embarquait sur le dernier vaisseau de la RTF, elle ne savait où aller et avait l’impression qu’elle serait avalée par le vide obscur et sidéral. Son attention avisa avec tendresse le faciès tatoué de son compagnon et elle agrandit son sourire.


-Je vais retourner sur Coruscant, décida-t-elle d’une voix aussi calme que résolue. Comme si tout était plus clair maintenant. Cet avis de recherche provient probablement de mon père ou de la Sénatrice Ashford. J’ai quitté Coruscant, profitant qu’elle écume les établissements où l’alcool coule à flots. Je présume qu’elle doit se sentir responsable devant mon père de ne pas avoir empêché mon départ. Ce serait plus raisonnable que les choses s’apaisent.


Avec Ja’ar à ses côtés, elle se sentait le courage de rebrousser chemin et d’affronter ses peurs. Elle n’osa le lui dire et termina son plat avec appétit. Eddie refit irruption dès que les assiettes se vidèrent. Le manque de clients lui laissait tout le loisir de s’occuper du couple. Il récolta les assiettes avec un sourire goguenard


-J’espère qu’y a encore de la place pour les desserts. Eh Mamzelle, quand on fête, on est pas regardant à sa ligne hein. Un p’tit écart de temps à autre. EH MOINS FORT LA MUSIQUE.


Il s’était mis à hurler soudainement vers la scène, faisant sursauter Evadné. Les musiciens cessèrent et il enchaîna avec agacement et articula comme s’il s’adressait à une bande de demeurés :


-Vous avez pas quelque chose de plus ROMANTIQUE à jouer, non ? Pourquoi je vous paie ?!


Les artistes s’échangèrent une œillade incertaine et l’un d’entre eux – le meneur sans doute, gesticula sa main vers Eddie pour lui faire comprendre que les désirs du boss étaient des ordres. Le cinquantenaire s’apaisa dans un soupir de lassitude. Les assiettes et plats toujours dans les bras, il détailla ses clients adorés :


-Si vous cherchez un hôtel, mon frère Samy tient une auberge à deux pas d’ici. C’pas le grand-grand luxe, mais c’est équipé dernière technologie j’vous garantis. En plus, si vous dîtes que vous venez de ma part, il vous fera un prix. Il est sympa Samy. BON LES DESSERTS CA VIENT ? (cria-t-il encore, vers les cuisines cette fois, s’éloignant d’un pas décidé.)


La toute blonde partagea un regard gêné avec le mécanicien, ne sachant trop comment cerner le tenancier. Une heure plus tard, ils quittaient l’antre d’Eddie. Ce dernier avait préparé une boîte pour emporter les pâtisseries restantes. Ils étaient de nouveau avalés par la foule de la vie, sous les tentures colorées et les cris des badauds. Eva terminait de déguster un délicieux gâteau tandis que son partenaire réfléchissait désespérément aux explications foireuses d’Eddie pour trouver le fameux hôtel de Samy. Le patron avait gracieusement transféré le plan d’une partie de la cité sur le datapad du métis, mais sans l’itinéraire – car bon, fallait pas pousser. Curieuse, elle jeta un coup d’œil par-dessus le bras de Ja’ar afin de déchiffrer la carte holographique avec lui.


-On ne devrait plus être très loin, l’encouragea-t-elle, le sourire optimiste.


L’optimiste céda rapidement la place à son opposé quand ils atteignirent enfin l’ »hôtel ». Coincé dans une ruelle moins agitée que l’avenue principale où était située la cantina, il possédait des néons de façades qui flashaient même en plein jour. Le bâtiment était encastré entre deux immeubles pittoresque auxquels on avait greffé ci et là des technologies holographiques et énergétiques. Bon, l’aspect général n’était pas des plus favorables, mais la bure ne faisait pas le Jedi disait le dicton populaire. Le vérin hydraulique des portes d’entrées se déclencha paresseusement à leur arrivée. Le hall de nuit était étroit, une réception vitrée sur la droite et une carte holographique des tarifs qui grésillait sur le mur de gauche. Il faisait si sombre qu’Evadné se dépêcha d’attraper le bras de son compagnon pour s’y accrocher avec force. Plus loin, le couloir – encore plus noir, que le hall, menant aux chambres. Des voix étouffées s’en échappaient, incompréhensible.


-Ouais, OUAIS. Dis-lui de venir me réparer cette panne de courant immédiatement. Mais j’en ai à rien foutre. Dis à ce petit con de balosar que s’il me file pas les 6000crédits qu’il me doit, Samy va le trouver et lui faire la peau. Eh tu lui dis bien que je vais lui arracher ses petites antennes de merde avec mes dents, OUAIS. Tu lui dis ça. Et après je vais lui crever ses yeux avec un manche à balais. Eh…oublie pas de lui répéter ! Et que l’autre vienne réparer le courant, dépêche !


Ce monologue fleuri avait émergé du comptoir de réception, derrière la vitre blindée où des mots grossiers avaient été tagués avec un feutre à l’encre fluorescente. Samy rejeta sèchement le comlink dans lequel il vociférait une minute plus tôt. Il avait une tignasse noire et bouclée, s’alliant avec un teint basané. Les mêmes yeux que son ainé Eddie bien qu’ils soient plus agités, plus nerveux, trahissant sans doute une consommation de drogue. Il ajuste le col de sa tunique criarde et fit craquer ses cervicales avant d’agiter ses doigts couverts de bagues vers le couple :


-Bienvenue chez Samy !


Ils se rapprochèrent avec prudence du comptoir. Evadné aurait aimé décrire leur nouvel hôte, mais la pénombre ambiante l’avait définitivement condamnée à un nouvel aveuglement. Elle tentait de se repérer aux sons, aux odeurs et restait collée à Ja’ar, fébrile et angoissée.


-Vous avez de la chance ! Tous les hôtels de la ville sont complets sauf le mien ! Faut dire que vous arrivez en haute saison mes ptis potes. Bon, on a une coupure de courant mais sérieux, rien de grave. Le gars chargé de ça va rappliquer. Mais l’avantage chez Samy, c’est qu’on demande pas d’identité, on pose pas de questions ! Vous êtes mêmes jamais passés par là ! Madame est mariée c’est ça ? Non mais vraiment (enchaîna-t-il avant qu’ils ne puissent répondre) la discrétion est assurée ici, j’vous dis ! Par contre, j’vous préviens tout de suite.


Et il prit un ton bas, presque menaçant.


-J’rembourse pas. Et j’suis pas responsable des vols et pertes d’affaires.


-Nous…nous venons de la part d’Eddie, répondit la jeune femme dans un souffle précaire, l'angoisse menaçait de la pétrifier d'un instant à l'autre.


Le patron avisa la boîte de pâtisseries qu’elle tenait sous l’un de ses bras. Ca venait clairement de chez son frère. Il s’esclaffa tout en frappant dans ses mains, hilare. Et c’était bien le seul.


-AH BEN fallait commencer par là ! Sacré Eddie.


Il décrocha une carte magnétique d’un panneau derrière lui et la leur confia à travers l’ouverture dans la vitre.


-La suite sénatoriale pour vous deux, quinzième étage. Eh ouais, c’est qu’on a déjà reçu un Sénateur ici. On est un établissement haut de gamme, vous voyez.


Un petit clin d’œil vers Ja’ar et il ajouta.


-La note se règle au départ. Bon séjour. Ah. Et le turboélévateur est en panne aussi, donc prenez les escaliers.

Evadné laissa le mécano récupérer la carte de leur chambre. La soirée ne tarderait pas et avoir un peu de tranquillité entre quatre murs anonymes était un repli stratégique comme un autre en attendant que la tempête du Vestyr passe. A trop traîner dans les rues animées de la ville, ils finiraient tôt ou tard par être repérés. Ils avaient déjà croisé trop de monde susceptible de témoigner en leur défaveur.


Quand ils s’engagèrent dans le couloir menant au turboélévateur et aux escaliers, des rires féminins retentirent. Deux magnifiques Twi’lek légèrement vêtues bousculèrent Ja’ar. Leur peau dénudée avait été enduite d’une lotion pailletée qui brillait dans le noir. Faussement désolées, elles battirent des cils vers le semi-arkanien et minaudèrent :


-Pardon mon chou, mais c’est difficile d’éviter ton imposante musculature…


-EH LES FILLES, hurla Samy depuis le hall, excédé. Dépêchez-vous, j’ai pas toute la journée.


L’une d’entre elles, la plus jeune, se dépêcha de filer mais la plus âgée s’attarda. Malgré la pénombre, elle semblait apprécier la vue du métis et se pencha à son oreille pour y glisser dans un murmure discret une proposition ultérieure et indécente avant de rejoindre le patron. Complètement perdue, Evadné s’empressa de l’interroger :

-Ja’ar ?

Elle avait entendu leurs voix langoureuses et senti leur parfum entêtant, chargée d’hormones féminines. Sa naïveté l’empêchait d’envisager ce qui aurait éveillé un sentiment de jalousie. Visiblement, l’établissement de Samy était au-delà de la simple et modeste auberge décrite par Eddie. En l’absence de choix plus pertinent, il fallait faire avec.


Ja'ar Austhis
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- Nous pouvons laisser tomber la couverture. A vrai dire, je ne suis pas à l’aise avec le mensonge. Mais…si ce n’est pas un mensonge, alors le problème est réglé. N’est-ce pas ?

Non, cela n'en n'est pas un.

Le mécanicien acquiesçait en souriant. Alors s'était acté, ils continuerait ensemble, faire un bout de chemin tout les deux, mais jusqu'à quand ? Il mis en suspens ses interrogations : il fallait saisir l'instant présent lui rappelait souvent Kalis.

- Je vais retourner sur Coruscant. Cet avis de recherche provient probablement de mon père ou de la Sénatrice Ashford. J’ai quitté Coruscant, profitant qu’elle écume les établissements où l’alcool coule à flots. Je présume qu’elle doit se sentir responsable devant mon père de ne pas avoir empêché mon départ. Ce serait plus raisonnable que les choses s’apaisent.

- Coruscant donc ? Cela fait des cycles que je n'y ai pas mis les pieds.


Les choses s'éclaircissait quelque peu. Il s'agissait d'une fugue, davantage que d'une fuite. Elle n'avait pas spécialement besoin d'être protégée, et avait même sûrement envisagée un retour rapide dès le début de son départ. Elle avait évoquée être bien née, et Ja'ar se figurait qu'elle faisait davantage partie de la haute société, de celle qui évolue dans la ville haute de la capitale de la république. Lui était tout l'inverse, un être qui évoluait dans l'ombre des bas fonds, un de ceux qui sont surnommés les « prolétaires ». Ceux qui se salissent les mains, qui luttent chaque jours pour vivre un jour de plus et qui n'ont pas le confort de pouvoir s'adonner au luxe de pratiquer des courses de sports. Peut-être voulait-elle simplement goûter un temps à une autre vie que celle de son quotidien. A regarder la jeune femme et la façon qu'elle avait d'observer son environnement, cela faisait sens. Elle découvrait un autre monde, celui des humbles et des parias, mais aussi celui des généreux et des plaisirs simples hors des intrigues complexes et des faux semblants de la bourgeoisie. Un monde dans lequel Jar n'avait probablement pas sa place, et il lui faudrait peut-être se résoudre à l'immuabilité de cet état de fait : un moment viendra où il devront se séparer.

- EH MOINS FORT LA MUSIQUE ! Vous avez pas quelque chose de plus ROMANTIQUE à jouer, non ? Pourquoi je vous paie ?! .

Ja'ar sursautait. Le tenancier qui paraissait au premier abords plutôt avenant faisait montre d'une rudesse crasse avec son personnel, vociférant des ordres péremptoires que son accent local rendait plus menaçant. Tandis que le mécanicien partageait un regard entendu avec sa partenaire, le bon Eddie leur conseillait un hôtel tenu par son frère. Il ne savait quoi en penser : Ils ne s'étaient pas encore mis d'accord tout deux quant à la posture à adopter, s'ils devaient quitter la planète au plus vite ou plutôt attendre un temps que l'orage passe. Toutefois, passer une première nuit ici ne serait pas de trop. Ils étaient tout deux épuisés par les événements récent, et FX67 ne les avaient toujours pas retrouvés. Une fois la note réglée et les desserts consommés ou empactés pour plus tard, ils se mirent tout deux en quête du « Bon plan » proposé par Eddie. Au terme de déambulations plus longues que prévue suite aux explications floues du tôlier, ils finirent par trouver le fameux hôtel dont l'aspect extérieur avait tout du lupanar a moitié déguisé. L’intégration de la technologie holographique et des néons en façade avait été fait par des amateurs pensait Ja'ar, le mécanicien ne pouvant s'empêcher de penser qu'avec un peu d'huile de coude il pourrait remettre un peu d'ordre dans la devanture de cette gargote aux portes grinçantes.

- Et bien, on reste dans l'ambiance du Vestyr finalement. Glissa-t-ironiquement à sa partenaire alors qu'ils s'engageait tout deux dans un hall étroit, sombre et quelque peu malodorant.

Il sentit la prise de la jeune femme sur son bras s'affermir, et ressentait l'appréhension lentement s'emparer de l'esprit de la jeune femme. Le noir identifia-il rapidement. Il fit sonner une cloche sur le comptoir de l'entrée et en profitait pour détailler son environnement. Il avait déjà eu à fréquenter ce genre de résidence bas de gamme, et ne fut pas surprit de constater les nombreux défauts visibles ci et là. Un raccord électrique mal fichu qui ressortait d'un mur, une entrée mal dégagée, et un holo-projecteur dont l'image sautait toutes les trente secondes. C'était le genre d'établissement qui serait parfait pour passer inaperçu, mais où il était facile de se faire alpaguer par la première racaille venue. Alors qu'il continuait ses observations et qu'il entendait les braillements venant de derrière le comptoir, son cœur fit un bon dans sa poitrine en voyant le visage de sa douce apparaître sur l'holo-projecteur. L'avis de recherche venait de passer furtivement, un parmi de nombreux autres. Avec ses cheveux a moitié voilés par le foulard, et sa tenue reprenant la mode des autochtones, le rapprochement serait difficile, mais pas impossible. Il balaya immédiatement le hall du regard pour bien s'assurer que personne n'eut le temps de faire le rapprochement et constatait qu'ils étaient les seuls.

- Restez près de moi.

Le maître des lieux apparu derrière la vitre, saluant jovialement les nouveaux arrivants. Malgré les marques sur son visage trahissant une fatigue excessive ou l'usage de stupéfiant, on pouvait bien voir en lui un air de famille avec Eddie.

- Bienvenue chez Samy ! L'homme parlait fort et vite, et il n'eurent le temps de prononcer mots alors qu'il déballait son laïus commercial. Vous avez de la chance ! Tous les hôtels de la ville sont complets sauf le mien ! Faut dire que vous arrivez en haute saison mes p'tis potes. Bon, on a une coupure de courant mais sérieux, rien de grave. Le gars chargé de ça va rappliquer. Mais l’avantage chez Samy, c’est qu’on demande pas d’identité, on pose pas de questions ! Vous êtes mêmes jamais passés par là ! Madame est mariée c’est ça ? Non mais vraiment la discrétion est assurée ici, j’vous dis ! Par contre, j’vous préviens tout de suite. J’rembourse pas. Et j’suis pas responsable des vols et pertes d’affaires.

- Nous…nous venons de la part d’Eddie

L'intonation hésitante de la jeune femme témoignait du malaise qu'elle ressentait en ces lieux. Le regard du Semi-Kiffar alternait entre l'holo-projecteur et le maître des lieux, priant pour que l'avis ne soit pas rediffusé immédiatement. Il fallait abréger cet échange au plus vite.

- AH BEN fallait commencer par là ! Sacré Eddie. La suite sénatoriale pour vous deux, quinzième étage. Eh ouais, c’est qu’on a déjà reçu un Sénateur ici. On est un établissement haut de gamme, vous voyez. La note se règle au départ. Bon séjour. Ah. Et le turbo-élévateur est en panne aussi, donc prenez les escaliers.

Le métis régla rapidement la note. Eddie n'avait pas menti, l'endroit était bon marché et une ristourne de quinze pourcent apparaissait sur le reçu. Alors qu'il s'engageait dans le couloir menant aux escaliers, le mécanicien fut bousculée par deux jeune Twi'lek dont les atours n'avait pour seule fonction que de mettre en évidence leur plastique avantageuse. Le métis grimaçait, le choc n'ayant pas été tendre vis à vis de ses côtes toujours endolorie.

- Pardon mon chou, mais c’est difficile d’éviter ton imposante musculature…

- EH LES FILLES, Dépêchez-vous, j’ai pas toute la journée ! Hélait Samy.


Ja'ar sentait le regard intéressé des deux Twilek, et leur retournait un simple non de la tête. Si la plus jeune des deux comprit qu'il ne servait à rien d'insister, la seconde continuait ses clins d’œil explicites à l'adresse du métis, faisant comme si ce dernier n'était pas déjà accompagné. Elle s'approcha de lui, roulant du bassin et caressant ses formes généreuses avant de glisser quelques mots au creux de l'oreille du mécanicien.

- Quand tu en aura fini avec ta copine fade et plate, je pourrais te montrer de quoi une vraie femme est capable... Chambre 312.

Elle continua ensuite son chemin, non sans d'abord jeter un regard dédaigneux sur la belle blonde qui s'accrochait désespérément au bras du mécanicien, lequel renvoya un regard noir à la Twi'lek.

- Ja’ar ?

L'inquiétude et l'incompréhension perçait dans la voix de la demoiselle. Il posa ses yeux sur elle. Elle n'était sûrement pas plate, et encore moins fade. Non, elle était pultôt merveilleuse, belle à en tomber. Il déposa un tendre mais bref baiser sur les lèvres de la jeune femme, puis l'observait de nouveaux. Il voyait ses yeux le chercher du regard, et ne comprenait que maintenant ce qu'il aurait dû assimiler plus tôt. Ce n'était pas qu'une simple peur du noir, c'est qu'en l'absence d'éclairage correct, elle ne semblait plus rien y voir. Il passa sa main devant les yeux de la jeune femme et constatait que ceux ci ne la suivait pas. Il en cherchait la cause mais ne fit pas immédiatement le rapprochement avec des origines Hapiennes.

- Ja’ar, que se passe-t-il ?

- Rien, que de simple filles de peu de vertu. Montons. Tenez vous bien à moi, les escaliers ne semblent pas mieux éclairés que le hall.


Ils montèrent lourdement les trop nombreuses marches jusqu'au quinzième, dans une cage d'escalier aussi sombre que le hall l'entrée. Il comprenait désormais pourquoi le pas de la jeune femme était aussi hésitant, et entreprit de la guider plus directement. En grimpant, il continuait d'évaluer les différentes options qui s'offraient à eux. Partir dès le lendemain paraissait être l'option la plus raisonnable et évidente, mais si l'avis commençait juste à circuler sur les chaînes locales, les spatioports seraient les premiers lieux à être fouillés par des chasseurs de prime. Pour peu qu'un témoin atteste de l'avoir vu monter à bord du Vestyr, et s'en serait rapidement fini. Calmer le jeu pourrait être intéressant, afin d'attendre que la première « vague » de potentiels chasseurs ne quitte la planète bredouille, persuadés d'avoir manqué le coche. Mais rester à cet endroit serait à double tranchant : personne ne viendrait chercher Evadné ici, c'était certain. Toutefois, il faudrait prendre les précautions pour que la jeune politicienne ne soit pas reconnue.

Au terme d'une longue ascension, il arrivèrent devant la porte de la fameuse suite sénatoriale située au dernier étage du bâtiment. De façon surprenante, la-dite suite était l'une des 3 seules chambres de l'étage, la seule de leur coté du couloir. Ja'ar s'empressa d'allumer la lumière, afin d'endiguer la cécité de la jeune médecin, puis entreprit de faire un tour complet des lieux, comme à son habitude. Cette suite n'avait rien du grand luxe auquel pouvait prétendre un haut dignitaire, mais elle offrait un confort relatif et suffisant pour le couple. Immédiatement sur la droite se trouvait une salle d'eau, un peu étroite mais correctement entretenue à l'exception de quelques tâches incrustées dans la vasque et de petits éclat dans sur le miroir. La chambre était relativement spacieuse, équipée correctement pour pouvoir installer ses affaires de voyages. Un lit double démodé trônait face à une commode surmontée d'un holo-projecteur. Des rideaux anciens couvraient la baie vitrée qui offrait un accès à un petit balcon donnant vue sur le marché. Enfin, une porte sur la gauche amenait sur une salle faisant office de petite cuisine, équipée sobrement mais permettant de préparer correctement ses repas sans avoir à descendre au restaurant de l'hôtel. Quelques tableaux au goût douteux habillaient les murs et il y avait fort à parier qu'il fusse mis en place pour cacher des taches ou accros. La pièce sentait le renfermé et l'ouverture de la baie ne fut pas du luxe. En contrebas, le bazar dont l'activité ralentissait un peu en cette fin de journée, semblait s'étendre sur des kilomètres. Au loin, les tours du centre administratif de la ville dominait l'agglomération et derrière l'on apercevait le spatioport et ses nombreuses navettes, visibles en jeu d'ombre sous le soleil couchant. Enfin, en regardant vers l'ouest, il pouvait deviner parmi les arbres la carcasse fumante du vaisseau qui les avaient menés jusqu'ici. Le Semi-Arkanien examinait les accès depuis le balcon : il n'y avait qu'un système d'échelle en cas d'incendie, actuellement replié, et pas de vis à vis. La jeune femme le rejoignait dehors alors qu'il recensait encore les différents points d'échappatoires en contemplant la ville. Elle lui souriait, et vint se poser à ses côtés admirer en sa compagnie le spectacle singulier qu'offraient les lumières qui s'allumaient tour à tour dans le marché en se reflétant sur les drapés colorés du bazar. Elle avait dénoué sa chevelure qui virevoltait au grès de la brise et n'en était que plus séduisante. Il restèrent ainsi deux longues minutes, en silence à se satisfaire de ce premier moment de calme depuis un moment. Le métis brisa se silence le premier.

- L'endroit n'est pas idéal, mais malgré les apparences nous devrions être relativement tranquille, le temps que FX67 nous retrouve.

Il se tournait vers elle, admirant sa beauté naturelle. Elle acquiesçait puis déposa un baiser dans son coup avant de s'excuser pour profiter d'une douche bien méritée. Le mécanicien la suivi du regard, puis profita de ce moment pour essayer de contacter le vieux droïde avec son communicateur, sans succès. Machinalement, il farfouillait dans sa besace et en tirait le précieux Holocron que lui avait légué sa mère. Fermant les yeux, il activait ce dernier et le visage de Kalis prenait forme devant lui. L'Arkanienne était une belle femme, à la fois autoritaire mais compréhensive. Il espérait pouvoir disposer de sa sagesse, mais en fut privé bien trop tôt.

- Que dois-je faire ? Adressa-t-il à l'holocron.

- Saisi l'instant présent. N'oublie pas, il n'y a de règles que celles que l'on s'impose.

C'était toujours le même conseil, mais il avait tendance à l'oublier. Il contemplait ce fantôme du passé encore quelques minutes durant lesquels il s'évertuait à soulager ses douleurs. Il avait retiré ses gants, relevé sa veste et apposait sa main droite sur son flanc endolori, puisant dans la Force l'énergie nécessaire visant à rétablir la pleine intégrité de ses côtes fêlées. Il n'arriverait pas à tout réparer, mais cela lui permettrait d’accélérer la guérison et de rendre plus supportable ses mouvements. Durant l’exercice il méditait sur la suite des actions à mener puis rangea l'holocron une fois les douleurs endormie. Il ôtait son manteau et sa bandoulière qu'il plaça dans une penderie encastrée dans un mur, s'installait sur le lit et allumait l'écran, zappant de chaîne en chaîne afin de trouver les informations locales tandis que résonnait dans la salle de bain le bruit des gouttelettes d'eau frappant le sol de la douche. Essayant de contrôler son imagination, il montait le son et continuait à chercher la moindre allusion au crash de la journée, leur crash, dont ils étaient les seuls survivants. C'est entre une pub pour un déodorant spécialement conçu pour les Kel'dor et une télé réalité intitulée « Mon royaume pour un Nautolan » qu'il finit par trouver un flash info sur la catastrophe.

« ...semble être identifié comme étant le RTF Vestyr, de la compagnie Rahll’Tek Frontière. Le premier bilan provisoire ferait l’état de plusieurs dizaines de morts. Le Sergent Kora Falls, chargée des fouilles de l'épave à la recherche de survivants évoquait la possibilité d'un attentat. En effet, les premiers éléments font état de la présence de robot lourdement équipés qui aurait décimé l'équipage avant le crash. Elle précise toutefois que ce ne sont que des suppositions, et que l'étude de la boite noire une fois celle ci retrouvée devrait pouvoir en dire plus sur les circonstances du crash... »

Ce fut comme un coup de poignard pour le métis. Ils avaient été trop négligeant tous les deux et avaient oublié ce détail. Lui n'avait pas pénétré le poste de pilotage, mais la jeune politicienne serait identifiée. Tout du moins, une survivante serait identifiée en l'absence de corps, il restait à s'assurer que la jeune femme n'ai pas été trop loquace ou n'eut laissée d'informations permettant de certifier sa présence à bord. Tandis que le flash info se terminait et que des réclames ineptes prenaient la suite de la diffusion, il s'asseyait au bord du lit, les mains sur le tempes pour réfléchir. Devait-il retourner sur place pour s'en assurer ? Il aurait besoin de se donner à fond pour passer inaperçu et faire usage de talents que réprouverait la jeune femme, et cela sans qu'elle puisse venir avec lui. Non, ce n'était pas imaginable de la laisser ici. Alors qu'il se torturait à résoudre un problème en apparence insolvable, Evadné sortait de la salle de bain, les cheveux encore légèrement humide. Alors qu'il s'apprêtait à lui exposer le problème, elle s'approcha de lui, posa son index sur ces lèvres et embrassa langoureusement le Semi-Kiffar en passant délicatement ses mains sur ses joues. Il se laissait aller tandis qu'elle s'asseyait sur ses genoux, le poussant lentement en arrière afin qu'ils basculent tout deux sur le lit. Ivre de ce baiser, il l'enlaçait amoureusement en retour, caressant ses épaules nues et passant une main dans ses cheveux et ils se perdirent quelques instant encore dans une longue étreinte aussi passionnée que ne fut leur première, bien que plus confortable malgré les côtes abimée du métis. Il ne saurait dire combien de temps ils restèrent ainsi, l'un contre l'autre, à échanger caresses et embrassades. Mais il était sûr d'une chose : il ne voulait plus se séparer d'elle. Au diable les problèmes, ils les surmonteraient le moment venu. Il fallait profitait de l'instant présent.

Elle avait fini par se lover au creux de son épaule droite, évitant de s'appuyer sur son flanc gauche encore fragile et il avait refermé ses bras sur elle, caressant sa nuque. Il y avait toujours des milliers de choses qu'il voulait aborder avec elle. Deux d'entre elles le taraudaient, et alors qu'elle jouait avec l'une des mèches argentées du mécanicien, il lui demandait.

- Eva...Votre peur du noir, cela va au delà de la simple nuit non ? Vous sembliez aveugle dans l'escalier alors que vous ne semblez pas avoir de problèmes aux yeux. Je me trompe ? ...et aussi, dites moi surtout si c'est de la curiosité mal placée mais... je peux vous demander pourquoi vous... n'êtes pas à l'aise avec les Jedi ?

Evadné Publius
Evadné Publius
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Ce fut légèrement essoufflée qu’elle découvrit leur nouveau refuge. Ses yeux s’habituèrent avec pénibilité au retour d’une lumière éclatante. Leur étage ne semblait pas affecté par la panne de courant qui sévissait au rez-de-chaussée. Les néons du plafond étaient mis à nus et leur couleur blanchâtre donnait un aspect terne et gris aux murs de la « suite sénatoriale ». Elle abandonna la boîte de pâtisserie sur le premier meuble venu – une coiffeuse rafistolée au miroir fissuré, tout près d’un terminal holographique servant de communicateur avec le reste du monde. A l’abri des regards, Evadné s’accorda l’imprudence de libérer sa chevelure dense. Le précieux foulard rouge rejoignit la surface de la coiffeuse, non loin des gâteaux précieusement emballés.


Elle souhaita fuir l’odeur d’ozone et de médicaments qui stagnait dans la pièce. Mais, par-dessus tout, elle ressentait l’envie de rejoindre le métis. Ecartant d’un geste grâcieux la tenture vieillotte, elle vint s’accouder au balcon, aux côtés de Ja’ar avec un sourire sincère flanqué aux lèvres. Elle préféra son profil à la vue colorée d’Enarc que la vie ne semblait pas quitter. L’heure de pointe approchait et les passants se pressaient. Leurs cris se faisaient plus impatients et les esprits s’échauffaient en basique comme en dialectes de tout genre. Par-dessus tout ce brouahaha ambiant, c’était la voix du mécanicien qui se distinguait à ses oreilles.


-L'endroit n'est pas idéal, mais malgré les apparences nous devrions être relativement tranquille, le temps que FX67 nous retrouve.


C’était une sage analyse. Elle n’avait plus les forces nécessaires à la poursuite d’une cavale gourmande en ressources de tout genre. Dès que son fidèle droïde se montrerait, ils se dirigeraient vers Coruscant. Il lui suffirait de prévenir Ashford peu avant leur arrivée. La sénatrice se montrerait sévère mais plus compréhensive que son paternel. Elle partageait les mêmes origines sociales que Ja’ar et Evadné comptait sur l’esprit de solidarité entre travailleurs dont faisait preuve Camina. Son plan semblait rôdé et elle se persuadait de ses probabilités de réussites. Alors pourquoi cette incertitude persistante qui lui collait à l’âme comme un résidu de repas sur la gueule d’un Hutt ? La volonté de se soustraire à ce mauvais pressentiment lui fit trouver refuge contre le cou de son partenaire. Elle y découvrit un parfum familier et apaisant. C’était biologique, pensa-t-elle sans vraiment être convaincue. Tout était biologique. L’amour n’était que la résultante de substances chimiques qui agitaient les profondeurs du système nerveux. Chez toute espèce animale, l’instinct évolutif était solidement ancré dans la mémoire génétique et le corps ne répondait qu’à une attirance vers un partenaire dont la qualité suivante primait : être un bon parent, Les signaux biologiques jaugeaient la capacité reproductive. Les espèces proche-humaines et humaines avaient cela de différent que leurs signaux pouvaient dérailler – pour des raisons encore floues. Un verrou biologique faisait qu’un Rancor n’irait jamais fréquenter une femelle Bantha. L’instinct de survie de la race ne le permettait pas. Les humains et apparentés étaient sans doute l’exception qui soutenait la règle comme l’exprimèrent les lippes charnues de la jeune politicienne contre la peau du métis.


La salle de bain était comme tout le reste. L’unique plaque de diodes luminescentes flanquée au plafond grésillait dans des râles d’agonie. Eva préféra fermer les yeux sur l’entretien des lieux et pria simplement pour sortir de cette pièce moins sale qu’elle n’y était entrée. Une des vitres de la douche était brisée et manquante. Les jointures mal entretenues de la mosaïque qui dallait le sol lui griffèrent les pied dès qu’ils furent nus. Cependant, les jets tièdes de la douche détendirent ses muscles noués et endoloris. Ses jambes tremblaient, cotonneuses. Le contre-coup de l’atterrissage catastrophique s’annonçait juste et elle laissa glisser sa main humide contre la paroi chaude pour s’asseoir dans un coin de la douche. Et elle laissa l’eau au désagréable fumet d’iode couler sur les courbes de son corps dénudé. Après d’interminables minutes à vider son esprit, elle tendit ses doigts vers les capteurs de mouvement du distributeur de savon mal vissé au mur. Par chance, il en restait encore et son odeur n’était pas si déplaisante. Elle huma plusieurs fois pour mieux cerner la fragrance : on aurait dit du blumfruit. Cet effluve sucré lui remémorait le goût du fruit d’Endor.


Ses pas bruissèrent sur la moquette ancienne quand elle regagna la chambre. Ses cheveux humides ondulaient le long de ses bras et de son dos. A certains endroits sa peau était encore rougie par l’eau chaude, quand elle n’était pas marquée d’hématomes. Habituée à vivre seule, dans son grand appartement de Coruscant, elle ne s’était pas revêtue immédiatement et n’avait enfilé que sa lingerie simple. Elle rougit brusquement en croisant le regard de Ja’ar. Rien de tout cela ne semblait réel soudainement ; Par réflexe, elle croisa ses bras devant sa poitrine bien plus généreuse que ses tenues élégantes ne le laissaient paraître. Un courant d’air s’immisça depuis le balcon ouvert et son derme fut parcouru d’un subtil tressaillement. La loi d’attractivité qui avait primé sur le Vestyr devint tout aussi absolue sur Enarc et suivant son seul instinct, elle se rapprocha du métis. La pudeur n’avait plus d’importance, pas plus que la proximité avec la mort n’en avait eu dans la cage d’escalier menant au pont 7. Dans le lointain urbain, les rumeurs de la capitale s’amplifiaient. C’était biologique, se répétait-elle alors qu’elle se pressait de nouveau contre lui. Mais son argument sonnait creux. Il y avait autre chose. Un lien à la fois menu et solide qui se tissait entre eux, rouge comme leur sang et comme la passion qui animait leur baiser.


Apaisée contre lui, elle tentait de calquer les battements de son cœur sur les siens. Une mèche argentée du mécanicien coulait entre ses doigts délicats et elle repensa à la probabilité du métissage arkano-kiffar. Ses yeux aux longs cils blonds remontèrent vers la marque jaune qu’il arborait sur la figure.


-Eva...Votre peur du noir, cela va au delà de la simple nuit non ? Vous sembliez aveugle dans l'escalier alors que vous ne semblez pas avoir de problèmes aux yeux. Je me trompe ? ...et aussi, dites moi surtout si c'est de la curiosité mal placée mais... je peux vous demander pourquoi vous... n'êtes pas à l'aise avec les Jedi ?


La soirée s’annonçait. Dehors, le soleil déclinant d’Enarc projetait une luminosité aux teintes orangées que les tentures filtraient mollement. L’éclairage artificiel des néons de la chambre s‘intensifiait en conséquent. L’hôtel semblait s’animer d’une vie nouvelle, des bruits sourds percutaient les alentours. Ils n’étaient pas seuls à occuper l’étage mais…tout paraissait lointain.


-Un cadeau de ma mère, répondit-elle dans un souffle. Elle était hapienne. Nous…enfin les hapiens…ont une vision défaillante en-dessous d’un certain seuil de luminosité. Mon père n’a pas ce problème, il est humain.


Au moment d’aborder la question sur le Jedis, il put la sentir se contracter contre lui. Elle eut une hésitation. De longues secondes à se pincer les lèvres, réfugiant son minois dans le cou de son partenaire.


-Un d’entre eux est mort, articula-t-elle doucement. Je n’ai rien pu faire.


Elle revit le faciès ensanglanté d’Izavel. Et à travers tout ce sang, toute cette douleur, son sourire. Comment pouvait-on sourire en agonisant ? Un dernier hoquet de vie. Ses pleurs incessants, ses suppliques absurdes pour qu’elle revienne à la vie.


-Je fus invitée plusieurs fois au Temple…pour…


Etre hypnotisée ? Interrogée ? Les premières rencontres furent formelles mais bienveillantes. Il s’agissait de ne pas brusquer l’adolescente qu’elle était et de ne pas accentuer le traumatisme. Ils auraient pu venir à elle, au cœur de Coruscant. Cependant, les enquêteurs avaient jugé le cadre et la sécurité du Temple comme autant d’éléments qui pourraient favoriser l’apaisement du témoin. Au fur et à mesure des entretiens, la Force fut mobilisée, dans des proportions raisonnables pour solliciter sa mémoire obscurcie par le trauma. Le processus n’avait jamais été douloureux, mais elle avait l’impression qu’il avait figé le visage mutilé d’Izavel à jamais dans son esprit. On ne pouvait prétendre manipuler la psyché d’un autre, même avec les meilleures intentions, même avec une bénédiction lumineuse, sans laisser une empreinte.


-Peu importe. N’utilisez jamais ça sur moi, s’il vous plaît.


« Ca ». C’était la Force. Elle se redressa sur un coude et déposa une main délicate contre les côtes du métis, attendrie par le souvenir de sa blessure. Un court instant, le médecin reprit le dessus sur l’amante et elle s’inquiéta de la santé de son compagnon.


-Vivement le retour de FX67. Il doit me rester une seringue d’antidouleurs quelque part dans l’uniforme du Vestyr. Vous…tenez le coup ? Votre toux semble être passée aussi. Je suis soulagée.


Elle ne prêtait pas d’attention aux images que l’holoprojecteur diffusait à grande vitesse. Ses pensées étaient accaparées ailleurs. Entre deux interrogations sur leur situation, l’image de Luka résonna dans ses souvenirs. Elle espérait tant qu’il n’avait pas souffert en rendant son dernier souffle. Un voile de tristesse menaçant l’azur éclatant de ses prunelles et elle se ressaisit.


-Dans les couches populaires et moyennes de la société cadézienne…expliqua-t-elle en dégageant tendrement quelques mèches argentées du front de son patient. Il y a un dicton qui dit : Kowmang da setara da mali fo wamang. On pourrait traduire cela par…tout le monde est l’étoile de quelqu’un. Mais le sens porté par le créole cadézien est infiniment plus poétique. Luka…avec un langage fort…prononcé mais….je suis certaine qu’il connaissait ce dicton. C’était un vrai cadezalowa.


L’espace de quelques heures, le jeune homme avait occupé la place du petit frère qu’elle n’avait jamais eu. C’était….curieux comme les êtres vivants pouvaient se rapprocher les uns des autres en un laps de temps si court, songeait-elle, quand ils ne leur restaient plus que les autres pour se raccrocher à la vie.


Le communicateur grésilla enfin. Entre deux interférences, les bips familiers de FX67 émergeaient. Il n’était plus très loin, il avait la ville en vue et il parlait…d’un cadeau ? Le droïde, fidèle à lui-même, semblait tout excité et n’arrêtait pas de cracher des sons aigus dans le canal de communication. Parmi lesquels quelques menaces et insultes pour Ja’ar.


-FX67 est en route ! s’exclama-t-elle dans un sourire soulagé. Vous...pensez pouvoir lui transmettre notre position ? Ou le guider ?


Elle se détacha du mécanicien et quitta la couche confortable d’un mouvement élégant. Sitôt debout, elle rejeta sa longue chevelure en arrière. Les dernières lueurs du jour frappaient ses courbes féminines, soulignant leur relief. Distraitement, le cœur fébrile à l’idée de retrouver sa vieille ferraille, elle se mit à chercher après sa robe grenat. Elle ne l’avait pas encore trouvé que trois puissants coups portés contre les portes de la chambre firent presque trembler les murs. Evadné se figea et dévia son attention vers Ja’ar







Ja'ar Austhis
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Être ainsi collé à la jeune femme à moitié nue l’émoustillait tout autant que cela le stressait. Ses formes avantageuses ainsi dévoilées l'aurait poussé à l'audace s'il n'avait pas cette appréhension permanente qui inhibait ses envies. Au final, ses propres vêtements agissaient comme une dernière protection qu'il appréciait, mais ce mélange de sentiments paradoxaux, coincé entre l'envie et la répulsion perturbait ses réflexions. Il écoutait toutefois religieusement la demoiselle, et digérait lentement ses dires. Il ne connaissait pas cette particularité génétique des Hapiens, et comprit à posteriori les comportements de sa partenaire sur le Vestyr comme ses coups d’œils fréquents aux ampoules ou la façon qu'elle avait eu de se cramponner à sa torche. A l'évocation du décès de la Jedi, il ne put s'empêcher de penser à sa propre mère, morte dans une sombre caverne loin des siens, bannie par un ordre aux préceptes abscons malgré les intentions nobles qu'il véhiculait. Il appréhendait également mieux la défiance de la jeune femme envers la Force. Les Jedi de Coruscant l'avait emmené au temple sûrement pour l'interroger, voire avaient dû fouiller son esprit. Une expérience qui laissait rarement indifférent.

- Peu importe. N’utilisez jamais ça sur moi, s’il vous plaît.

Le ton était péremptoire. L'espace d'un instant elle s'était fermée, probablement trop marquée par l'expérience désagréable qu'elle avait subi au temple. Ja'ar plongea son regard dans les prunelles azurée de la belle blonde alors qu'elle se redressait.

- Jamais.

Sa voix était teintée d'une franche sincérité. Il utilisait toujours ce genre de pouvoir en cas de dernier recours, et cherchait dans la mesure du possible une solution moins invasive. Mais surtout, il n'oserait jouer avec l'esprit de la jeune femme. Penser qu'il puisse la blesser l’affectait suffisamment et il prenait conscience en cet instant que l'emprise qu'elle avait sur lui était étonnant puissante. Tandis qu'elle passait tendrement une main sur les côtes du métis, il grimaçait légèrement. Les antidouleurs étaient puissants, mais pas assez pour endormir complètement la gène.

-Vivement le retour de FX67. Il doit me rester une seringue d’antidouleurs quelque part dans l’uniforme du Vestyr. Vous…tenez le coup ? Votre toux semble être passée aussi. Je suis soulagée.

- La douleur est supportable lâcha-t-il d'un sourire charmeur. Mais ne comptez pas sur moi pour vous plaquer de nouveau avant un moment. Il se rendait compte de la maladresse de sa formulation, et enchaînait en bafouillant. La toux est chronique, mais sa fréquence et son intensité est irrégulière. Les spécialistes avaient dît à ma mère que cela venait probablement de mon métissage. J'ai moi aussi perdu quelque chose à la loterie génétique, nous sommes deux métis malchanceux, cela nous fait un point commun.

Elle lui souriait, tout en continuant de caresser ses cheveux argentées. La position qu'elle avait adoptée mettait encore plus en valeur ses atouts, et il ne put s'empêcher de dévier son regard à quelques reprises. Son pouls s’accélérait légèrement tandis que la jeune femme lui énonçait un dicton Cadézien. Il n'avait pas fait le rapprochement jusqu'alors, mais il comprenait seulement maintenant que l'étrange patois qu'elle parlait avec Luka était du Cadézien. Alors qu'elle évoquait les qualité du jeune Luka, Ja'ar ne pouvait s'empêcher de repenser à la mort du jeune homme. Il s’estimait en être le seul responsable, il avait joué avec l'esprit du garçon pour le détourner de la prime qu'il voulait toucher en livrant Evadné, et lui avait insidieusement suggéré de se comporter correctement. Cette ingérence dans son esprit avait peut-être modifié trop profondément son comportement, et il ne se serait peut-être pas jeté sur Ja'ar pour le protéger en échange de sa vie. Devait-il faire part de tout ceci à la jeune femme ? Elle serait dévastée de savoir qu'il voulait toucher la prime ou d'entendre que Ja'ar avait joué avec le mental du garçon. Non, il valait mieux que les choses restent ainsi. Il était mort en héros. Le métis acquiesçait au fil de l'éloge d'Evadné pendant que le communicateur de Ja'ar sonnait. Le brave robot prenait enfin contact au terme de cette interminable journée. Fidèle à lui même, il bipait dans un langage fleuri qui aurait fait pâlir n'importe quel nobliau trop à cheval sur les convenances, arrachant un sourire amusé au Semi-Arkanien. FX67 évoquait également un cadeau et Ja'ar se mit à rêver qu'il s'agisse de la boite noire du Vestyr. Merde, la boite noire. Il n'avait pas eu le temps d'en parler à la jeune femme.

- FX67 est en route ! C'était-elle esclaffé. Vous...pensez pouvoir lui transmettre notre position ? Ou le guider ?

- Je m'en occupe.


Tandis qu'il transmettait leur localisation, la jeune femme se relevait gracieusement. Ja'ar en profitait pour admirer de nouveaux la silhouette sensuelle de sa partenaire, mais sursauta quand résonnèrent trois chocs contre la porte de la suite. Conditionné par des années à vivre sur le qui vire, il bondissait prestement hors du lit, se jetant sur son blaster. Il jetait un œil à sa partenaire et lui indiquait de garder le silence. Il lui tendit le blaster et désigna la salle de bain d'un geste bref de la tête pendant que retentissait trois nouveaux coups. Qui pouvait bien venir frapper à leur porte ? Avait-ils été repérés par un chasseur de prime ? A moins que la police ne fut avertie par le tenancier de l'hôtel. Il fallait s'attendre au pire. Alors que le jeune femme s'enfermait dans la salle d'eau sans avoir eu le temps d'enfiler sa robe, il se dirigeait vers la porte qu'il ouvrit prudemment, non sans d'abord s'être assuré de pouvoir saisir son sabre qui dépassait de la poche de son manteau d'un geste vif grâce à la Force. Il fut surpris mais également soulagé de constater qu'il ne s'agissait que de la paire de Twi'lek qu'ils avaient rencontrée au rez de chaussée. Elles n'étaient pas davantage couvertes que lors de leur première rencontre, caressant de façon obscène leurs formes exagérément disproportionnées. L’aînée prit la parole en braillant après avoir jeté un rapide coup d’œil par dessus l'épaule de l'Arkano-Kiffar.

- Alors mon chou, t'as fini de besogner ta planche à pain de blondasse, t'es prêt pour passer au grand frisson avec une vraie dame ?

- Voire même deux... enchérissait la seconde. Je suis sûre que de là où tu viens, elle ne savent pas te faire la passe Corelienne. C'est l'une de nos spécialités à ma sœur et moi, elle s'avançait d'un pas, l'une parmi tant d'autres, et approcha sa main du visage du mécanicien. Ce dernier réagit promptement en la repoussant d'un mouvement rapide de la main.

- Mesdames je n'ai ni l'envie ni le besoin de vos services. La vulgarité qui se dégageait de ses deux femmes le repoussait plus qu'autre chose.

- Allons beau tatoué, je suis sûre que tu es plus réceptif que tu ne le dit, je peux voir d'ici que tu es serré dans ton pantalon troué.

Le Semi-Kiffar ne su que répondre, déstabilisé par la trahison de son enveloppe charnelle. Il était effectivement émoustillé, mais ce n'était nullement de leur fait. L'image de sa partenaire allongée lascivement sur le lit lui restait en tête.

- Laissez moi, et cherchez vos clients ailleurs. Le ton employé était cette fois suffisamment dur pour qu'elle entendent son refus.

- Laisse tomber Kalara, je t'avais dit que ce n'était pas la peine. Tu sais ce qu'on dit, les Arkaniens sont tous hautains pour compenser leur manque de virilité. Je parie que ce qu'il cache sous la ceinture est aussi difforme que ses mains.

- Pauvre type.
Elle appuyait ses paroles d'un geste éloquent, et les deux repartirent en se dirigeant vers une autre porte au fond du couloir.

Ja'ar refermait la porte en prenant soin de mettre le verrou. S'appuyant avec son avant bras sur le sas, il soufflait un coup tandis que la porte de la salle de bain s'entrouvrait, laissant apparaître le joli minois qui lui plaisait tant. Il se souvint de la remarque de la Twi'lek, et s’inclina légèrement sur le coté pour masquer ce qui pouvait paraître très gênant. La situation les mettaient sur les nerfs tous les deux, il leur fallait quitter la planète au plus vite.

- FX devrait arriver d'ici une petite heure. Vous devriez vous reposer.

La jeune femme approuva, et alla s'allonger sur le lit après avoir déposé un baiser dans le cou du métis. Ce dernier profita du moment pour prendre à son tour une douche bien méritée dans cette salle de bain aussi bien entretenue que les moteurs de feu le Vestyr. Il contemplait son reflet dans le miroir sale : La journée avait été éprouvante, et les cernes sur son visage témoignaient de la fatigue accumulée. Il avait couru, sauté, tiré, usé de la force et eu sa dose de stress d'une semaine condensée en une journée. Là tout de suite, il aurait bien prit un bâton. Mais sa ceinture était rangée dans la chambre, et il ne voulait pas qu'Evadné soit témoin de cette défaillance. Il détachait ses cheveux et se déshabillait lentement, toujours gêné par sa côte fêlée. Il examinait la blessure avec sa main droite. Une...peut-être deux. FX avait dit une pourtant. AIE. Il arrêtait son auto auscultation en se rappelant qu'il était en compagnie d'une médecin et qu'un droïde médical était de toute façon en route, soit deux êtres bien plus compétents que lui dans le domaine, et s'engageait dans la douche. Lui qui s'attendait à une température à peine tiède, il eu la joie de profiter d'une eau chaude et d'une pression correcte à défaut d'avoir une eau claire et limpide. Sous l'eau, il lâchait prise un petit instant. Il tentait de rassembler ses idées, envisager l'après, mais son esprit au même titre que son corps commençait à montrer ses limites. Son cerveau bouillonnait depuis l'explosion de cette baie, il était passé par toutes les émotions, avait survécu à un acte terroriste, suivi d'un crash, rencontré une femme dont il s'était entiché, jouait les fugitifs la moitié de la journée et éconduis deux prostituées. Il lui fallait un moment d'évasion, et cette douche était le moment parfait. Il s'asseyait en tailleur en pestant sur l'étroitesse de la cabine, et fermait les yeux. Le bruit des gouttelettes sur son crâne résonnait et lui donnait l'impression d'entendre la pluie frapper les vitres. C'était une sensation qu'il avait toujours apprécié, un son qu'il trouvait particulièrement relaxant. Un moyen de vider son esprit, l'eau ruisselant sur son corps marqué. Il restait ainsi de très longues minutes, savourant cette tranquillité plus que de raison. C'est le bruit d'un frappement à la porte associé à la voix d'Evadné qui le sorti de sa transe. Combien de temps était-il resté ainsi ?

- Tout vas bien Eva !

Il se relevait, finissait sa toilette et sortit rapidement. Il n'avait pas de rechange, et n'enfilait que son pantalon. Ce n'est qu'en sortant de la salle de bain qu'il se rendait compte, comme sa partenaire avant lui, que les habitudes de la vie en solitaire pouvaient mener à un manque d'attention. En voyant la Semi-Hapienne, il réalisait qu'il ne portait plus d'étoffes pouvant protéger son corps de la promiscuité de la belle. Alors qu'il pliait ses affaires, il regardait la jeune femme qui le défigurait, s'inquiétant du temps déraisonnable qu'il avait passé sous la douche. Il esquiva la question en remarquant que FX était déjà arrivé. Le tas de ferraille était dans un état lamentable, et s'était installé dans le coin de la pièce en activant son mode veille. Sur une commode trônait le « cadeau » qu'il avait rapporté, et Ja'ar n'en croyait pas ses yeux.

- C'est... improbable ! Appréciant l’enthousiasme de la jeune femme, il ajoutait Je me torture depuis notre arrivée ici quant à cette foutu boite et … il nous l'amène sur un plateau ! Voilà qui arrangera bien nos affaires !

Ja'ar se jurait de récompenser la fidélité du droïde une fois qu'ils auraient quitté ce caillou, et rejoignait la jeune femme sur la couche. Le lit n'était pas bien large, le contact physique serait inévitable. Il souffla un coup et pris place précautionneusement aux cotés de la belle blonde, retirant pudiquement au préalable son pantalon. A peine glissé dans les draps, elle se rapprochait de lui, posant délicatement une main sur son poitrail en caressant affectueusement son torse. Il prit une grande inspiration au moment du contact, qu'il voulait aussi discrète que possible, et fini par accepter la chose en constatant qu'encore une fois, il ne se passait rien d'incommodant.

- Nous pourrons partir dès demain matin finalement. Et ce cauchemar sera loin derrière nous. Il marqua une pose tandis qu'elle venait se lover au creux de son épaule. Quel sera la suite une fois à Coruscant ? Je veux dire...si ce n'est pas un mensonge...que deviendront nous ?

Il avait peur de la réponse, mais il lui fallait crever cet abcès. Il ignorait tout du monde dans lequel elle allait le conduire, mais serait près a en braver les dangers pour demeurer à ses côtés. Et une fois les choses clarifiées, il se laissèrent tous deux portés par la nuit, s'endormant dans les bras l'un de l'autre pour la première fois.

Evadné Publius
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Elle s’était réfugiée dans la salle de bain, le cœur battant avec frénésie. Elle remarqua qu’entre ses mains délicates le blaster tremblait et se rappela qu’elle ne savait pas s’en servir. Peu importe, c’était suffisant pour se donner du courage au cas où la situation dégénérerait. L’insonorisation frôlait le ridicule et elle entendit à peu près tout de l’échange entre les deux prostituées et Ja’ar. Elle n’avait presque pas eu besoin de tendre l’oreille et s’offusqua des propositions indécentes dont elle saisissait vaguement le sens. A voir son visage dans le reflet du miroir bon marché, elle était cramoisie, partagée entre la gêne et un sentiment étrange de possessivité. La biologie, les animaux…finalement, elle n’en fut jamais aussi proche qu’à cet instant-là.


Sitôt l’aparté réglée, elle émergea timidement dans la chambre, soulagée de retrouver Ja’ar seul. Elle ne remarqua guère son trouble ou préféra ne pas le remarquer, les joues toujours aussi rouges d’embarras. Se débarrassant avec précaution du blaster, elle accepta le repos conseillé par son compagnon dans un sourire reconnaissant. Elle s’assit sur le bord du lit, regardant vaguement les diffusions du holoprojecteur, pensive. En tant que médecin, la nudité n’était pas un tabou, se répétait-elle. Au cours de ses longues études, ou au centre universitaire de soins médicaux de Coruscant, elle en avait vu des anatomies de tout genre, toute espèce, tout âge. Son professionnalisme n’avait acté que des corps aux pathologies diverses. Ses yeux dévièrent vers la porte de la salle d’eau où Ja’ar avait disparu et elle s’empressa de cacher son visage entre ses mains, dans une mimique de désespoir. Il y avait un homme nu, à quelques mètres d’elle. Certes occulté par une cloison, ce qui n’arrangeait pas les affaires de son imagination. Ce n’était pas un patient. Luci – une amie d’université, lui avait bien raconté un jour ses aventures sulfureuses avec un étudiant hapien en programme d’échange sur Coruscant. Et à se remémorer les détails, elle se mit à paniquer davantage. Pense à autre chose, s’encouragea-t-elle, tu dois prévenir Camina. Préparer ton arrivée, limiter les dégâts. Mais tout la ramenait absurdement aux muscles du mécanicien contre ses formes féminines et elle lâcha une plainte désespérée. C’était un feu qui couvait douloureusement au creux de ses reins et personne ne lui avait jamais expliqué comment l’éteindre.


Heureusement, le grésillement du communicateur de Ja’ar la détourna de cette question épineuse et elle se jeta dessus, les mains fébriles.


-FX67, tu m’entends ? Tu as trouvé l’hôtel ? (….) Oui, un bâtiment miteux, avec une panne de courant. Tu devrais pouvoir te faufiler sans être remarqué. (…) Nous sommes au quinzième étage, dans la suite…(…) comment ça tu t’es trompé de chambre !


Et dans l’appareil de communication des cris charnels et suggestifs retentirent, la faisant pâlir.


-Sors de là tout de suite ! lui intima-t-elle d’un ton bas. Il bipa une excuse et quelques minutes plus tard rejoignit les portes verrouillées de leur modeste suite. Elle le fit entrer immédiatement, bien trop soulagée de le savoir hors de danger et en état de fonctionnement. Quoique tout était relatif, sa carrosserie cabossée, souillée de boue, de tirs de blaster et de griffures laissait présager son difficile périple. En sus, il avait un bras chirurgical déployé – celui servant à la cautérisation, et ce dernier affichait un angle étrange. Elle déposa une main chaleureuse contre lui, élargissant son sourire.


-Bien joué, FX67.


Il ouvrit l’un de ses compartiments de stockage et elle s’y pencha pour découvrir un objet familier. Une boîte noire ? Manipulant le tout entre ses doigts, elle découvrit un numéro de série débutant par RTFV-XXX. Rahll’Tek Frontière Vestyr. Le droïde lui expliqua dans un charabia incessant qu’il s’était caché à l’arrivée de l’unité du Sergent Falls. Une fois qu’ils étaient repartis et que le reste de l’équipe fouillait l’épave, il avait discrètement investi la passerelle de navigation pour dessouder la boîte noire à l’aide de son bras cautérisant. Son bras écarteur avait rangé l’objet du litige dans son compartiment de stockage. Si l’Université de Coruscant aurait un jour imaginé que ce vieux droïde de placard soit capable d’autant d’intelligence. En ville et sur la route, il était passé inaperçu ou presque. La vétusté de sa technologie et son aspect bon pour la casse avaient dissuadé ceux qui auraient voulu le dérober. Le profit lamentable qu’ils en tireraient ne valait même pas la peine qu’ils y jettent un œil. Elle déposa précieusement la relique sur la commode abîmée et admira son fidèle assistant regagner un coin de la pièce. Il n’avait pas de chair, ni de sang, mais ses batteries et son énergie devaient souffrir de ce périple hors du commun. Lorsqu’il se mit en veille…avec le sentiment gratifiant de la mission accomplie, elle ne put éviter de ressentir un peu de tristesse et de culpabilité.


La nuit était tombée quand elle émergea d’une micro-sieste. Epuisée par ses propres réflexions, elle s’était abandonnée au confort d’un repos relatif. Dehors, le boucan urbain n’avait pas perdu en décibels et des odeurs alléchantes de cuisines nocturnes parfumaient l’air, jusque dans la chambre. Sous la brise du soir, les tentures du balcon dansaient paresseusement. L’air s’était rafraîchi et sa chevelure soyeuse était désormais sèche. FX67 « somnolait » toujours dans un angle de la chambre. Ses yeux inquiets ne virent aucune trace du métis. Elle se dépêcha de quitter le lit, frictionnant ses bras nus mordus par le courant d’air. Le bruit du ruissèlement de l’eau lui parvenait depuis la salle de bain, étouffé en vain par les cloisons. Il était encore sous la douche ? Depuis combien de temps ? Avait-il fait un malaise ? Autant d’appréhensions qui la forcèrent à s’enquérir de son état. Elle frappa doucement aux portes :


-J..Ja’ar…allez-vous bien ?


- Tout va bien Eva !


En l’entendant s’ébrouer, elle fut soulagée. Lui laissant un peu de place, elle reprit la sienne dans le lit, auscultant Ja’ar du regard pour être certaine qu’il allait bien. Bien que ses yeux dérivèrent rapidement vers son torse et les marques qu’il arborait comme autant de pages d’un livre passé. Elle sentit les braises du feu qui avait couvé plus tôt en elle se raviver et elle se mordit fermement la lèvre inférieure. Dès qu’il s’installa à ses côtés, il put entendre le souffle précaire et tiède de sa compagne. Elle hésita avant d’initier un rapprochement et de plaquer une main délicate contre le buste du métis. Ses doigts parcoururent le tracé d’une cicatrise, à l’aveugle, dans une caresse presque lascive.


-Quel sera la suite une fois à Coruscant ? Je veux dire...si ce n'est pas un mensonge...que deviendrons-nous ?


-Ja’ar, débuta-t-elle d’une voix affectueuse, lovée confortablement contre lui. Il y aura toujours une place pour vous dans ma vie.


Elle ferma les yeux, laissant son souffle choir dans le cou de son partenaire et poursuivit :


-Vos bras…Xiya depelésh mi wanya bi. Tout le temps. Et nous irons manger des Blumfruits.

Aux premières lueurs du jour, elle fut la première que le sommeil quitta. La chaleur des bras de Ja’ar autour de ses courbes féminine, la vision des murs décrépis, les premiers bruits qui émergeaient du marché…Evadné mit du temps à replacer les pièces du puzzle. Il lui semblait qu’elle avait rêvé du Vestyr, du métis…que l’atterrissage n’avait pas réussi, qu’elle les avait tous tué. La trace d’une larme brillait encore sur sa joue droite et elle fut soulagée d’accueillir une autre réalité au saut du lit. Avec grâce, elle s’extirpa de l’étreinte agréable du mécanicien endormi – prenant garde à ne pas déranger son repos. Il en avait tellement besoin, pensa-t-elle en caressant furtivement le front couvert de mèches argentées. Elle ne put s’empêcher de le trouver plus beau qu’hier, attendrie. FX67 ne bronchait toujours pas et elle se rappela qu’il était temps de préparer leur départ.


Après s’être revêtue de sa robe grenat, l’ajustant avec élégance, elle s’installa devant le terminal de la chambre et en activa l’écran abimé. Elle connaissait les coordonnées qui ouvraient le faisceau de communication vers le terminal individuel de Camina par cœur. Lorsque la communication fut établie et que les senseurs visuels et auditifs furent braqués sur elle, elle prit une grande inspiration.


-Camina. C’est moi.


Sur l’écran, l’hologramme défaillant de la Sénatrice apparut. Elle paraissait ne pas avoir dormi, comme chaque nuit depuis le départ de sa protégée. Et en reconnaissant cette dernière, son expression grimaça entre le soulagement et la colère.

-Evadné ! Sabaka…où es-tu ?!


Et la voix rêche d’Ashford résonna dans les haut-parleurs du terminal. La communication était de mauvaise qualité.


-Je rentre sur Coruscant, annonça-t-elle.

-Evidemment que tu vas rentrer…sale…sale petite gamine, craqua la brune. Publius est enragé. Mieux vaut que je te retrouve avant lui.


-Je suis désolée, je…


Evadné jeta une œillade vers le lit où Ja’ar semblait retrouver la vie à son tour et revint rapidement vers le terminal holographique.


-Où es-tu ?!, soupira finalement la sénatrice, es-tu en sécurité ?


-Oui..je suis sur Enarc, répondit-elle en toute sincérité. Nous cherchons un moyen d’embarquer vers Coruscant…


-Nous ?!


-Je veux dire FX67 et moi, rectifia Eva dans un sourire crispé.


-Enarc…bien écoute. Il y a un vaisseau de fret cadézien actuellement en transit sur Enarc. C’est un vieil ami à moi qui en est le Capitaine. (Elle s’éloigna du terminal, semblant vérifier quelque chose puis réapparut sur l’écran holographique défaillant.) Le vaisseau s’appelle le Zhang Fei. Et le commandant c’est Amos. Il est cadezalowa, tu comprends ?! Rien à voir avec la SteCo. Dis-lui que Camina Ashford paie ta place et il te conduira où tu veux. Ce sabakawala a une dette envers moi alors il fera très attention à ce que tu arrives entière sur Coruscant.


-Très…très bien.


-Je te laisse une semaine. Evadné. Si dans une semaine tu n’es pas dans mon bureau, à ton poste et prête à présenter tes felota d’excuses, je te ferai la chasse moi-même.




Et de ce fait, Camina arrêta la communication sur un début d’injure. Soupirant son soulagement, la toute blonde alla accueillir le mécanicien d’un baiser fébrile, tâchant de ne pas trop laisser ses prunelles bleutées errer sur sa plastique.


-La Sénatrice Ashford est prévenue. Nous avons notre ticket à bord du Zhang Fei, c’est mieux ainsi. Pouvez-vous réveiller FX67 pendant que je prépare nos affaires, s’il vous plaît ?


Elle avait empaqueté la boîte à pâtisserie dans la sacoche offerte par le Norausian. Ses doigts avaient caressé les coutures de l’uniforme du Vestyr dans un ultime hommage. Un dernier regard pour la chambre modeste où ils avaient connu leurs premiers moments de paix, une ultime œillade pour le lit qui portait encore la forme de leurs corps entrelacés. Et enfin, une attention finale pour le balcon où les tentures étaient toujours charriées par une brise permanente. La voix de Ja’ar la tira de sa contemplation mélancolique. FX67 était prêt. Elle sourit vers eux et se rapprocha, glissant sa main douce entre les doigts du métis.

Le Zhang Fei était un cargo moyen de classe GR-75. Il était vieux et sentait la rustine, mais son entretien était impeccable. Il avait été désarmé et ne servait désormais plus qu’à transporter des marchandises d’un bout à l’autre de la Galaxie, en suivant scrupuleusement la relative sécurité des segments commerciaux. Son transpondeur indiquait un pavillon cadézien. Sa soute pouvait supporter 19000 tonnes métriques. Il était la propriété exclusive d’Amos Zol, un arkanien de Cadezia, dont les affaires fleurissaient grâce au commerce en tout genre. Il avoisinait la cinquantaine d’années et portait un vieil uniforme de l’armée cadézienne, en souvenir d’une carrière militaire avortée. Sa reconversion dans le fret lui permettait de vivoter sans se soucier du lendemain. Il avait pour second une humaine du nom de Shed, qui pilotait admirablement bien. L’ingénieur en chef était un drall peu bavard qui aimait passer du temps dans la soute pour méditer sur les prochaines améliorations à apporter au vaisseau. Seulement trois membres d’équipage, le Zhang Fei n’avait guère besoin de plus. Les dockers se chargeaient toujours du chargement et déchargement des marchandises. Et c’était ce qu’ils étaient occupés à faire au spatioport d’Enarc quand Evadné et Ja’ar se présentèrent au quai où le cargo était accosté.


Amos supervisait le chargement de ses pupilles si claires qu’elles paraissaient aveugles. Ses rides lui conféraient un air sévère que n’atténuait pas sa calvitie. Publius jeta une œillade à son compagnon, pour lui signifier en silence qu’elle parlerait en première. Un docker hurla après qu’un technicien eut laissé tomber une caisse de matériel. L’endroit était bruyant, loin des terminaux d’embarquements de voyageurs.


-Bonjour, engagea poliment la toute blonde vers Amos, nous cherchons le Capitaine du Zhang Fei.


-C’est mi, répondit-il froidement en avisant le couple puis la ferraille qui les accompagnait.


-Nous venons de la part de Camina Ashford. Elle vous informe qu’elle paie notre place à bord, pour Coruscant.


-Et vous êtes qui en fait ? soupira-t-il d’un ton las.


-Nous sommes les amis d’une sesatà à qui vous devez une dette, sourit Evadné sans se laisser démonter.


-Ashford…sabaka, jura-t-il entre ses dents. Et le juron fut avalé par les bruits de ferrailles et de machines qui s’activaient sur les quais.


Encore une fois il considéra le trio atypique dont l’apparition ressemblait vaguement à un gag de mauvais goût. Une minette aussi belle que le jour, un arkanien à la face peinturée, une conserve mal raffistolée. Ca puait les embrouilles et il ne pouvait pas croire que Camina lui souhaite du mal à ce point-là.


Une heure plus tard, Amos leur avait montré leur quartier : une modeste cabine d’équipage équipée de deux couchettes latérales, d’une douche et d’un évier. Quelques placards étaient intégrés aux murs et un vieux plan du cargo figurait à l’arrière des portes de la chambrine. Le mess était disposé à les accueillir, mais ils devraient composer leur popote eux-mêmes. Il n’y avait pas de chef à bord, juste de la nourriture prévue pour durer. Le capitaine les informa d’un départ imminent et les invita à ne pas trop fouiner sur le cargo. Evadné ne put retenir un regard plein d’appréhensions vers Ja’ar, parce qu’à nouveau ils allaient reprendre la route dans le vide intersidéral et que leur dernier voyage s’était soldé par des morts. Elle voulait verbaliser son inquiétude mais préféra trouver refuge dans les bras de son compagnon, profitant des battements de son cœur pour puiser un peu de courage.










Ja'ar Austhis
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C'est au son d'une voix rêche que Ja'ar ouvrait les yeux. Il sursautait en réalisant qu'il ne connaissait pas ce timbre, et se redressait brutalement cherchant l'origine de ce qui pouvait être une menace. Voyant Evadné discuter avec un hologramme, il fut immédiatement rassuré. Ses instinct l'avait poussé à croire à l'intrusion d'une personne mal intentionnée dans l'appartement. Il se laissait glisser dans le drap, tout en remontant le fil des événements de la veille. En observant sa compagne, il réalisait : ce n'était pas un rêve. Le Vestyr, les robots, le crash, Luka et cette agréable sensation de chaleur que lui avait procuré la belle blonde en robe rouge qu'il dévorait maintenant des yeux. L'étoffe pourpre lui allait comme un gant et elle lui paressait encore plus séduisante que la veille, ces cheveux harmonieusement noués en longue natte dorée. Il ne voyait pas bien son interlocutrice, mais cette dernière semblait être d'une humeur massacrante.

- Je te laisse une semaine. Evadné. Si dans une semaine tu n’es pas dans mon bureau, à ton poste et prête à présenter tes felota d’excuses, je te ferai la chasse moi-même.

Alors que la communication venait de se clore, il adressait à la jeune médecin une mimique exprimant ses interrogations. Elle y répondit par un tendre baiser avant de préciser leur nouvelle destination.

- La Sénatrice Ashford est prévenue. Nous avons notre ticket à bord du Zhang Fei, c’est mieux ainsi. Pouvez-vous réveiller FX67 pendant que je prépare nos affaires, s’il vous plaît ?

- Votre supérieure ? Elle a l'air...adorable.


La jeune femme répondait par une simple moue avant de finir de préparer leurs maigres affaires tandis que le mécanicien s'occupait du droïde. Maintenant qu'il l'inspectait de plus près, il prenait la mesure des dégâts qu'il avait reçu. Plusieurs bras endommagés et quelques câbles sectionnés témoignait d'une aventure mouvementée. Il ne fut pas surpris de voir des traces de brûlures, sûrement due à des tirs de blasters. Mais un saillie nette dans le métal laissait penser qu'il avait fait la rencontre d'une faune peu accueillante, mais qui fort heureusement ne l'avait pas trouvé suffisamment à son goût pour s'en repaître. Enfin, les batteries du droïdes étaient presque vides, il fallait espérer que le Zhang Fei ne soit pas bien loin.

Une fois leurs affaires rassemblées, ils quittèrent l’hôtel de Samy en priant pour ne pas croiser les deux Twi'leks de la veille et s'engagèrent dans les artères principale en direction du spatioport. Il avait prit soin de confier la boite noire à FX67 qui la rangeait précieusement dans son compartiment. Il était encore tôt dans la matinée, les rues encore fraiches n'étaient que peu fréquentées. La plupart des marchands déballaient tout juste leurs étals, couvert sous leur teintures chatoyantes et seuls quelques uns tentèrent d'alpaguer le couple promettant promotions et bonne qualité trouvable nulle-part ailleurs. L'un d'entre eux, proposant de nombreuses pièces détachées pour droïdes, réussi cependant à convaincre le Demi-Kiffar qui lui achetait plusieurs pièces afin de lui permettre de maintenir en état le tas de boulons qui leur avait sauvé la mise. Qu'importe le vaisseau qu'ils emprunteraient, ils auraient probablement plusieurs jours de voyage et Ja'ar en profiterait pour commencer l'entretien tant mérité du fidèle droïde. Evadné était restée agrippée au bras du métis tout le long du chemin menant au spatioport et il avait fini par s’accommoder de la promiscuité la belle blonde, quelque chose qu'il n'aurait pourtant jamais imaginé il y'avait encore moins d'un jour. Il garderait probablement toujours cette réluctance concernant le tout venant, mais finalement il appréciait les attentions de la demoiselle qui exprimait régulièrement sa tendresse au travers de caresses ou de baisers volés. Parmi les banalités qu'ils échangèrent, elle lui racontait son enfance et son quotidien auprès de la sénatrice Ashford et lui abordait sa vie de mécanicien vagabond. Il éludait les références à la Force ou au Jedi, ayant compris qu'il s'agissait pour la demoiselle d'un sujet difficile pour l'heure. Arrivés au spatioport, ils se dirigèrent vers les hangars privés évitant ainsi nombre de contrôles qui aurait pu rendre leur exfiltration plus compliquée que prévue. Une fois devant le Zhang Fei, Ja'ar pouvait constater la puissance de l'influence des grandes familles et des politiciens. Un simple échange avec le commandant en précisant le nom de la sénatrice suffisait et le voyage était déjà arrangé. Ja'ar se gardait d'intervenir dans la conversation, comprenant qu'il s'agissait là du domaine de la politique, un domaine auquel il ne voulait se frotter et pour lequel sa partenaire disposait de toutes les compétences nécessaires.

A bord, le Zhang fei paraissait aussi vieux qu'à l'extérieur. Le mécanicien fut toutefois agréablement surpris de constater que malgré la vétusté de certains composants, leur parfait entretien semblait leur conférer une seconde jeunesse. Il mourrait d'envie de farfouiller dans les entrailles du vaisseau, mais devrait se retenir. Il connaissait l'affect qu'éprouvaient souvent les membres d'équipage envers leur vaisseau, et demanderait d'abords la permission au commandant avant de mettre ses doigts dans le cambouis.

Les quartiers présentés par Amos étaient sommaires, mais ils suffiraient amplement. Les quelques placards permettraient de mettre le peu d'affaires qu'ils trimballaient avec eux et ils pourraient vivre le voyage à leur rythme, en tout indépendance. Seul bémol, les couches étaient séparées. Il aurait du s'en réjouir, mais encore une fois il se surprenait à regretter de ne pouvoir profiter de la chaleur des bras de sa partenaire durant la nuit. Le regard de la jeune médecin trahissait son appréhension. Ja'ar pouvait deviner pourquoi : le dernier voyage interstellaire qu'ils eurent à subir – c'était bien le mot - c'était soldé par un désastre quasi total dont eux seuls étaient les rescapés. Ils s'étaient trouvés l'un l'autre et il en était ravi, mais aurait préféré que cela se passe dans des conditions différentes. Il prit la jeune femme par la taille et l'enlaçait dans une embrassade réconfortante.

- Désormais, je ne vous lâche plus.

Il fallait environ cinq jours galactiques standards de voyage pour atteindre Coruscant. Une fois en orbite et à l'écart des regards indiscrets, il s'appliquait à détruire la boite noire du Vestyr avec son sabre laser, avant de passer les restes fondus par la lame irisée au broyeur et demanderait au commandant l'expulsion des maigres miettes restantes dans le vide intersidéral sur le chemin. Il n'en fallait pas moins pour se débarrasser de ce dernier témoin de leur présence à bord, ces mini-coffres forts à informations étant spécialement conçus pour résister à toute sorte de choc. La jeune femme avait sursauté à l'allumage de la lame argentée qui lui rappelait l’inéluctable réalité de l'accointance de son sauveur avec un ordre qu'elle dédaignait. Elle n'avait toutefois pas eu le courage de creuser davantage, préférant ce concentrer sur ce qu'elle aimait de lui et non l'inverse. Les premiers jours du voyage Ja'ar entreprit de s'occuper de rafistoler le pauvre droïde et en profitait pour expliquer quelques astuces d'entretien à sa maîtresse. Enfin, remarquant que sa compréhension du binaire n'était pas complète il aidait la jeune femme à parfaire celle ci dans l'optique de faciliter ses interactions avec le droïde et de savoir décrypter plus aisément les subtilités de son langage fleuri. Les interactions avec l'équipage furent morcellaire, bien que Ja'ar fut mis à contribution par le Drall dès le deuxième jour pour aider à rectifier une erreur de paramétrage du moteur hyperdrive. Il avait réussi à surprendre l'ingénieur en réussissant à optimiser les performances du moteur de 2%, chose a laquelle il ne croyait plus après 8 ans de service sur le Zhang Fei. A la suite de cette journée, le Drall s'était montré plus ouvert, allant jusqu'à participer à une partie de dès hilarante avec le couple dont c'était devenu une sorte de hobby à défaut d'avoir d'autres sources de distraction. Si cela ne semblait pas trop entamer le moral du Demi-Arkanien, habitué à ce genre de vol, cela paraissait plus difficile pour la jeune politicienne, habituée aux voyages plus luxueux proposant systématiquement suffisamment de moyen de se divertir pour tromper l'ennui du voyage intersidéral. Entre deux parties de dès et d'échange de tendresse, ils échangeaient de nouvelles banalités. Elle lui parlait de sa planète dont elle était fière et lui faisait part de son envie d'en devenir la représentante, mais aussi de sujets plus triviaux comme de sa passion pour la flore exotique et de sa nostalgie des courses. Elle lui promettait un jour de l’emmener sur Cadézia pour lui faire découvrir la beauté des canyons pourpres se refléter sur la mer de glace les soirs d'été en profitant du couchant. Il rétorquait qu'il en serrait ravi avant de poursuivre en exprimant son souhait de lui faire découvrir la splendeur des lagons de Naboo qu'il avait eu l'occasion de visiter après avoir effectué une mission longue sur un transport Nubien, l'une des rares fois où il avait put poser ses yeux de mécanicien sur la technologie avant-gardiste de ce peuple d'esthète. Il chérissait ses moments d'échanges qu'ils partageaient, tout en demeurant dans l'appréhension du lendemain. Il craignait leur arrivée sur Coruscant et de baigner dans un monde qui lui était inconnu. Une crainte qui disparu le soir de leur arrivée, alors qu'elle lui proposait une visite guidée de son appartement et de sa serre, situés dans la ville haute. Une soirée qu'ils n'étaient pas près d'oublier.



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