Invité
Anonymous

« Ah, te voilà, approche… Je me présente, je suis le Chevalier Idao Chani, tu peux m’appeler par mon prénom, si tu le désires » J’eus un sourire triste pour la padawan. Qui arrivait à avoir autre chose que cela, en ces temps de douleur ? Nous nous relevions à peine d’un massacre, quelque chose auquel nous n’étions pas préparés. L’absence de nos proches était une nouveauté dans cette galaxie que nous pensions en paix.
Le Gardien des reliques avait planché sur des moyens pour aider les Jedi à se remettre de cette épreuve, et il m’avait demandé d’honorer certains rendez-vous associés à cela, étant un des plus passionné de sabre après lui. Et le maître d’une certaine Kana Ferea m’avait demandé de lui offrir une de ces visites qui permettaient de donner un sens aux paroles réconfortantes qui disent qu’il n’y a pas de morts, il n’y a que la Force.
« Padawan. Ce que je m’apprête à te montrer constitue un des plus grands trésors de l’Ordre, un héritage que nous portons non pas dans la tête, mais au cœur... »
Je passais ma main au-dessus du dispositif de sécurité, lequel se déverrouilla par ma présence. Les lourdes portes blindées s’ouvrirent, menant à une salle que peu connaissaient : les archives des sabres. « Il y a ici tout les sabres qui ont été rapportés et archivés au fil des siècles. Une trace vivante des pères de notre art et de notre ordre. Mais pas seulement... Viens avec moi. »
A peine entrait-on dans les allées aux murs couverts de sabres plus originaux et anciens les uns que les autres qu’une aura pouvait déjà couper le souffle. Comme un poids. La Force était très présente ici, d’une façon inexplicable pour une padawan. Mais c’était comme un cocon agréable qui l’enserrait. Des milliers de regards et de présences apaisantes. Loin, diffuses, mais bien perceptibles. Je cheminais quelques longsues minutes en parlant ça et là d’un Jedi particulièrement héroïque dont on avait les armes. C’était plus pour meubler que pour réellement lui faire une leçon. Mon timbre de voix roulant et chantant couvrait un silence assez funeste, en ces temps. Par chance, mes archives étaient intactes : le blindage et ma présence y avaient veillés.  Des milliers d’années s’offraient à elle... Jusqu’à ce qu’on arrive dans une autre salle, encore une fois déverrouillée par ma main. Je la poussais gentiment devant moi.


« Inspire à fond, mon enfant. Laisse la Force te traverser, ne résiste pas. » L’ambiance avait radicalement changé : c’était plus proche, beaucoup plus violent. Un genre de chœur de voix, digne et triste. Des auras plus fortes et surtout.. ? Familière ?
Plus elle prenait le temps de se concentrer, plus Kana pouvait commencer à reconnaitre des gens, des voix.. Des amis, tous tombés au combat dont elle avait pu prendre connaissance du décès… Ils s’exprimaient là comme s’ils n’avaient pas disparu. Oh, ils ne disaient rien, on ne communiquait pas avec eux. Mais mieux : elle pouvait communier, retrouver leur présence… Prendre le temps de les revoir, les retrouver pour leur dire aurevoir dignement.
Ils étaient là. Une partie d’eux restaient dans leurs cristaux de sabre, lesquels étaient un écho de ce qu’ils étaient à présent dans la Force. Je laissais planer un temps de silence, qu’elle réalise, accuse le choc, profite de l’émotion. Qu’elle salue ses camarades, avant de poser une main chaude et affectueuse sur son épaule.
« Ils vivent à jamais, jamais bien loin, dans la Force. Tu pourras toujours les retrouver, les atteindre, car tu es ce qu’ils sont : une Jedi. Dans la Force, nous sommes un : nous ne pouvons disparaitre. Ils sont encore là, nous attendent, nous aident, nous observent. Tant que tu ne les oublies pas, tes frères, tes amis, tes proches resteront auprès de toi. Connectés »
Je reculais alors et restais en retrait, les mains croisées devant moi. Cette salle, je venais à peine de la terminer. Elle me faisait du mal et du bien à moi aussi. Nos pairs tombés au combat, immortalisés par leurs sabres. C’était un peu comme si on se promenait dans une allée pleine de tableaux représentant des amis morts. Et chacun d’entre eux te faisait un clin d’œil quand tu le regardais…
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