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Au Temple, les moins sensibles ressentent une franche fluctuation dans les flux. Les remous sont orientés vers la jungle d’Ondéron, contre les murailles blanches. Maîtres et chevaliers Jedi tirent la même conclusion. Ce courant prend sa source du côté obscur de la Force et il est dirigé volontairement sur eux.

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Ils posent le pied sur Ondéron a plusieurs jours d’intervalle. Chacun client d’une compagnie différente, chacun disposant d’une fausse identité. Tess a encore fait des merveilles. Nero est le dernier a atterrir, accueilli à l’extérieur de l’astroport par le loyal tailleur de sang, Garuda. Le seigneur sourit et ils s’acheminent tranquillement jusqu’aux motojets louées pour l’occasion.

L’équipe est en place.

Tout ira bien. Qu’ils prennent un peu de bon temps, surtout Robert, je l’trouve sinistre ces temps-ci.

Les deux hommes ne passent pas inaperçu, surtout Garuda avec son immense épée krath à senestre. Ils grimpent sur leurs engins et démarrent sans s’éterniser, filant droit vers la jungle, poussant les répulseurs à leur maximum pour prendre l’altitude adaptée à un tel milieu. Mais Nero ne grimpe pas aussi haut que le Grand Mestre. Sous l’épaisse frondaison il tient à s’amuser entre les troncs et les lianes, serpentant à des vitesses folles que Garuda désapprouve silencieusement, perché sagement au-dessus de son roi. Il faut dire que Nero n’est pas beaucoup dépaysé, Belkadan est une boule d’un vert sombre. Bientôt ils arrivent en vue du Temple, avec ces quatre massifs miradors. Ils saillissent de la jungle et stoppent leurs machines à bonne distance du mur d’enceinte. Face à eux, la Grande Porte. Sur les hauteurs, les sentinelles ne sont pas surprises. Elles les attendaient, prévenues depuis un moment de leur arrivée, renseignée par les veilleurs qui quadrillent la jungle aux abords de l’édifice éburnéen.

L'Obscur aux portes du Temple [Flashback] Garuda_himself

Alignés l’un sur l’autre, les deux visiteurs lèvent le menton. Pieds nus, le tailleur de sang est légèrement vêtu. Sous sa peau d’or, une sèche musculature. Il mesure plus de deux mètres et dépasse son voisin d’une bonne tête. L’humain porte un long pardessus de cuir noir. Il est plus large que son acolyte et tout son être inspire puissance. Son souffle est profond, il dégage un grand calme. Pourtant autour de lui la Force s’agite, turbulente. Les sentinelles les observent en silence, les sens en alerte.

Alors la voix de Nero s’élève, tout à la fois douce et forte, habitée. Elle résonne entre les tempes comme le son d’un marteau frappant une enclume. Chacun de ses mots occupe un espace considérable.

Salutation. Je suis Darth Nero.

Certaines sentinelles ont machinalement porté leur main à leur sabre en recevant ce nom. Ils savent pourtant très bien à qui ils ont affaire mais ce nom matérialise le monstre et certains cèdent à la tension qui vient soudainement s’amplifier.

Je viens rencontrer mes frères de l’autre versant. Le traité d’Artorias nous oblige, pourquoi ne pas profiter de la paix pour s’instruire de l’autre ? Une occasion en or pour les Padawan de mettre un visage sur l’Obscur, une occasion d’échanger entre manipulateurs de Force.


Les sentinelles échangent des regards interloqués. En bas, Garuda fait doucement volte-face pour rencontrer le regard des trois chevaliers qui viennent de surgir de la jungle. L’atmosphère se charge encore.

Je n’viens pas semer le trouble. Je peux déposer mes armes au seuil de votre demeure.


A ces mots Garuda se raidit. Immobile, il ne lâche pas des yeux ces trois-là qui s’alignent derrière les motojets.

Nero ouvre les mains en écartant légèrement les bras. Il fait naître son sourire. Sa voix pénètre les esprits comme le murmure entêtant d’un spectre.

Ouvrez-moi. Aujourd'hui, demain même, je n'suis pas votre ennemi.
Luke Kayan
Luke Kayan
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L'effervescence secouait le Temple aux apparences pourtant si calme, prostré comme à son habitude au milieu de la jungle d'Iziz. Les veilleurs avaient annoncé la venue peu anodine de deux hommes suspects, et pour cause, il s'agissait de Siths. Le jeune chevalier avait été l'un des premiers à ressentir la Force s'agiter, particulièrement sensible à ses remous et plus encore au côté obscur. Pourtant, cette fois c'était différent, il ne s'agissait pas d'un déversement de haine abrupte, sinon d'un chaos plutôt paisible. C'était paradoxal certes, exactement comme cette situation totalement anormale qui se profilait. Des Siths aux portes du Temple Jedi prônant la paix, jamais Luke n'avait vu ça, et pourtant malgré ses problèmes de "myopie", il voyait clairement les risques d'une telle chose se profiler. S'il aurait été pour la "loi martiale", soit ordonner à tous les Padawans de rentrer dans leur dortoir expressément sans explication, les plus expérimentés avaient choisi de ne pas les affoler, tout en contrôlant. Respectueux de la hiérarchie, Luke s'était facilement incliné face à la décision, la trouvant même meilleure que celle qu'il avait eu à l'origine. La panique n'aurait aucun effet bénéfique pour les apprentis ou même l'image qu'ils étaient sensés présenter aux Siths, dans une autre situation ça ne serait pas aussi important, mais présentement, il fallait éviter d'alimenter l'obscurité de ces deux étranges personnages bien culottés.

Pour sa sensibilité extrême dans la Force, on avait demandé à Luke d'accueillir les étrangers, il pourrait tenter de détecter le moindre faux pas de leur part avant les autres qui sait, et surtout ne se laisserait pas abuser par des apparences enjôleuses. Bien sûr, ne pas voir le visage de ses interlocuteurs était également dangereux car si le Hapien lisait très bien dans la Force, il manquait toujours des signes physiques de base. Heureusement, le jeune Jedi n'irait pas seul, il serait accompagné d'Alyria Von et d'une escorte qui viendrait ensuite en seconde vague. Malgré son stress le jeune homme était rassuré, il avait confiance en cette femme émérite ainsi qu'envers ses collègues, à lui de remplir son rôle désormais en allant représenter le Temple auprès de ces "messieurs", en attendant que tout s'organise. Luke savait aussi qu'on l'envoyait plus lui qu'un Aîné Consulaire parce qu'il était très proche des idées de son Maître, le chef du Conseil, Saï Don, de plus les Siths pourraient se sentir flattés d'être accueillis par un ancien apprenti du vieil homme très reconnu et au contraire, offusqué d'être reçu par n'importe quel quidam. Que se passait-il réellement dans la tête de ces impétueux trop orgueilleux ? Cette fois donc, effectivement, il se rendait en première ligne au nom de son statut spécial plus que de son talent, car évidemment, hors de question de faire se déplacer le vénérable vieillard avant que la sécurité ne soit mise en place. Luke devait donner une image avenante et pacifique du Temple, en cela son charisme couplé à son physique parfait de Hapien était sensé l'aider. Il allait pour apaiser alors qu'Alyria préviendrait.

-Maître Von, vous savez ce qu'il faut faire en cas de prise d'otage. Que la Force soit avec vous.

Précisa seulement Luke, ni plus ni moins, d'une voix douce qui convenait pourtant peu à la situation. En réalité, on pouvait sentir la résignation percer dans son timbre. Cette fois, il avait grandi et ne ferait plus "l'erreur" commise lors de ses 13-14 ans lorsqu'enlevé par les Siths, il avait appelé son maître à travers la Galaxie via la Force. Le garçon déjà tourné vers autrui avait eu l'idée de se sacrifier, de faire taire ses appels pour laisser penser à sa mort et éviter le chantage mais n'en avait pas eu le courage. Réclamant à corps et à cri son mentor comme un enfant égaré et torturé, le Padawan avait fait venir le Chef du Conseil en personne sur Korriban, risquant de le faire tuer mais permettant en plus une attaque simultanée sur Ondéron. Cette fois, à 21 ans, Luke estimait ne plus avoir la possibilité de réitérer cette faute. Si un des deux Siths le prenait en otage, les Jedis devraient dégainer, quitte à le tuer, parce que c'était inclus dans son serment, Luke devait être prêt à mourir pour sauvegarder la vie d'autrui, celles de proches, de "collègues" ou d'illustres inconnus. Évidemment le Hapien n'espérait pas en venir là, il était même terrifié à l'idée que cet acte se produise-ce qui restait possible malgré les intentions visiblement pacifiques de leurs Némésis.- mais il gardait son sang-froid extérieurement et s'avançait inexorablement vers son destin, résigné et fier à la fois de servir ses valeurs.

Nerveux intérieurement, le jeune homme se rappela encore qu'on l'avait choisi pour son calme et sa patience naturels, il ne devait donc pas déroger à ses résolutions et garder un ton de voix égal, quoique puissent dire les Siths. Ce n'était pas son rôle de s'offusquer ou de s'indigner, l'Ordre lui faisait un grand honneur en l'ayant choisi lui, pour remplir cette mission dépassant pourtant les compétences habituelles d'un chevalier-tout du moins à son goût.- Fort de ces pensées, Luke passa rapidement une main sur sa toge bien remise en place par un collègue, afin qu'il ait l'air droit et fier, l'image médiatique parfaite de ce que devait être un jeune chevalier, digne et sûr de ses convictions. C'est pourtant la gorge nouée que le Jedi fit face à son passé. Effectivement, au croisement des autres raisons pour lesquelles il avait été envoyé face aux deux Siths, il y avait celle de son enlèvement, Luke connaissait leur fonctionnement plus que d'autres, étant parmi le peu de Padawans enlevés qui était revenu lumineux et vivant, surtout après une aussi longue période dans leur académie. Plus rare encore, dans l'optique de s'en servir comme chantage mais aussi pour tenter de le convertir, désir ironique et narcissique du Seigneur Noir de l'époque, Luke avait été laissé libre, assistant donc aux cours et pouvant "parler" avec les Siths. Il s'y connaissait donc peu mais toujours plus que certains Maîtres qui n'avaient jamais vu de serviteurs de la Force obscure de leur vie, même si malheureusement ces derniers avaient tendance à se "reproduire" rapidement ces derniers temps.

Un onde de Force d'encouragement alla rejoindre l'esprit d'Alyria Von, puis sans savoir ce qu'elle pensait de son envoi au-devant du danger, voir de sa personne ou de la situation plus simplement; le jeune Jedi s'avança vers l'entrée. Dès que sa silhouette se découpa sur le seuil, le Hapien eut l'impression d'être transpercé, que ce soit par le regard des deux Siths qu'il ne voyait pourtant pas ou par leur aura, voir des deux. Un pas, sa toge suivit, glissant doucement sur le sol, le rassurant de part sa présence. Un autre pas, puis encore un, il ne devait pas oublier, le Temple avait 1...2...3...4 marches, il ne fallait pas butter. Ses yeux vairons perçant le vide, il avait l'air de fixer les intrus sans pouvoir les quitter du regard, au point de descendre les escaliers de mémoire.

Luke fut calme mais direct, sa démarche souple le rapprochait lentement mais sûrement des visiteurs, il s'arrêta enfin, sentant l'aura d'Alyria qui l'accompagnait sans pouvoir malheureusement se concentrer sur sa personne. Cela l'aurait pourtant d'avantage rassuré que le tissu doux de sa toge frottant contre ses jambes. Son sabre-laser porté de manière plus ou moins visible selon le mouvement des pans bruns n'était qu'un simple avertissement. Il ne comptait pas l'utiliser mais le conserverait comme pour rappeler qu'il était chez lui. Alyria elle serait moins subtile dans sa prévention, enfin selon ce qui était convenu, toujours d'après ce qu'avait interprété Luke.

-Bonjour, je m'appelle Luke Kayan, je fus l'apprenti de Maître Saï Don.

Lança poliment le jeune homme en écho à la voix profonde de son interlocuteur, le tout sans préciser son rang et ce volontairement. Il s'était présenté en premier pour attirer l'attention sur sa personne, mais aussi réserver la chute à Maître Von, puisque son but était d'impressionner. Tout était codifié, il faisait vraiment de son mieux pour recouper cours et travail sur le terrain. En parlant de terrain, on lui avait décrit les deux personnes qui y étaient présentes: une grande, sèche avec un bec et un humain plus trapu. Le Jedi était étonné, malgré son séjour chez les Siths, il avait gardé les clichés en tête, imaginant que ce serait une voix glaciale qui l'accueillerait, mais non, mis à part les remous dans une Force particulièrement agitée, il n'émanait aucune haine. Celle dont on imaginait facilement tous les serviteurs obscurs pourvus.

-Voici Maître Alyria Von

Cette fois, aucune raison de cacher le rang de l'humaine, il émanait de toutes façons une puissance naturelle de la Gardienne, personne ou presque ne pouvait s'y tromper selon Luke, si heureux de l'avoir à ses côtés.

-Au nom de mes confrères et du traité d'Artorias, nous aimerions vous souhaiter la bienvenue au Temple Jedi d'Ondéron

Commença le Hapien avec des silences étudiés entre les mots. Il pouvait être content de sa voix parfaitement maîtrisée, chaude et légèrement éthérée, laquelle était sensée inspirer paix et confiance.

-Nous serions heureux de discuter avec vous, néanmoins, n'ayant pas demandé audience au Conseil, sans compter une volonté de sécurité primaire dont j'espère, vous nous pardonnerez l'excès... Nous ne saurions vous inviter entre ces murs ni auprès de nos disciples. C'est pourquoi je vous demanderais de vous en tenir à l'endroit où vous vous trouverez. C'est moi qui serait votre interlocuteur privilégié.

Annonça le jeune homme, suivant un discours appris en toute hâte, pourtant ça ne semblait pas avoir été appris, et c'était bien là un secret de Consulaire. Sans parler d'hypocrisie, Luke avait appris de son maître à être diplomate mais aussi à jouer de son charisme. En se créant une image modèle, le Hapien espérait éviter un incident ou des répercussions plus profondes. Qui sait si les deux Siths n'étaient pas venus les provoquer pour déformer ensuite leurs propos et "prouver" que les Jedis étaient en réalité agressifs et peu accueillants ? Vraiment, le jeune homme devait se montrer irréprochable en plus de gagner du temps, tandis qu'en coulisse, l'escorte se préparait pour soutenir les sentinelles déjà présentes.

-Qu'entendez-vous par s'instruire les uns les autres ? J'aimerais beaucoup connaître votre point de vue et vous laisse l'honneur de commencer cet échange qui promet d'être intéressant.

D'un côté Luke ne mentait pas, même s'il était totalement fermé à l'idéologie Sith pour tout ce que ça impliquait ainsi que sa relation particulière avec le côté noir, le jeune homme savait qu'en apprendre plus sur les Siths pouvait être intéressant. Aucun Padawan ne leur serait cependant présenté, ce serait risquer une prise d'otage ou une séduction sournoise de ces derniers par des promesses de liberté qui sous-entendaient des sacrifices bien plus nombreux. Bref, l'échange était clairement risqué, pourtant les Siths étaient présents, alors autant en profiter pour apprendre et mieux savoir faire face la prochaine fois. Facilitant la conversation de son mieux, Luke se montrait à l'égal de son mentor, ouvert d'esprit et prêt à parler, calme et le plus neutre possible. Parfois, parler avec des criminels pouvait s'avérer instructif, à condition de faire fi-ou presque- de leurs terribles actes.
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Il y avait des moments où les événements s’enchaînaient sans s’arrêter, sans laisser aux êtres pris dans leur tourbillon le temps de souffler. En tout cas, Alyria avait cette impression profonde que depuis quelques semaines, son monde tournait sans cesse, mais dans un sens de rotation pour le moins à rebours de son quotidien habituel. Entre ses problèmes relationnels personnels, si l’on pouvait qualifier ainsi la tempête sous son crâne depuis la déclaration de Lorn, et les adeptes du côté obscur qu’elle semblait croiser à chaque instant où elle désirait se poser tranquillement pour réfléchir, on pouvait décemment dire que la trentenaire n’avait guère pu souffler depuis un certain temps. Au vu des derniers développements, ce n’était pas encore aujourd’hui qu’elle allait pouvoir se reposer au calme.

Revenue de Dantooine la veille au soir, Alyria avait eu à peine le temps de s’allonger quelques heures dans sa chambre avant d’être réveillée par une crise de douleur au bras. C’était une chose à laquelle elle s’était habituée depuis trois ans, mais qui restait peu agréable. A peine dans les couloirs du Temple, voilà qu’elle sentit soudainement une perturbation étonnante dans la Force. Et le mot d’ordre qui commença à se répandre comme une traînée de poudre acheva de la convaincre que cette journée allait s’avérer encore une fois sujette à des développements inattendus : un sith se dirigeait vers la demeure des jedis. 

Bientôt, l’ordre lui fut transmis : elle devait se rendre aux portes afin d’escorter l’ancien padawan de Maître Don, qui se chargerait de mener la discussion le temps que les autres maîtres décident quoi faire, son rôle étant celui de la face nettement moins diplomatique. Sauf que pour le coup, seule contre deux individus, selon les rapports des sentinelles… S’ils décidaient d’attaquer, elle aurait besoin de renfort. Et un nom vint immédiatement à la maîtresse d’armes, même si elle avait imaginé que la première discussion qu’ils auraient après la « révélation », pour l’appeler ainsi, aurait eu une autre teneur. Mais le devoir primait sur la vie privée, comme toujours chez les jedis. 

Entamant un véritable slalom géant dans les couloirs, évitant avec adresse les autres jedis qui se trouvaient sur son passage, Alyria déboula avec fracas dans la salle d’entraînement, car elle était presque sûre que Lorn se trouverait là. Et effectivement, l’epicanthix était bien à cet endroit. Il y avait parfois des avantages à la prévisibilité, car elle n’aurait pas eu le temps de chercher à travers tout l’édifice. Sans reprendre son souffle, car l’urgence était bien là, elle ouvrir la bouche et fit à voix haute, espérant attirer l’attention de l’homme :

« Lorn ! Un sith est aux portes du Temple, et même s’il n’a pas l’air d’être agressif pour le moment, on demande une escorte pour le Chevalier Kayan, afin qu’il mène les négociations en attendant le Conseil. Je pense que ta présence alliée à la mienne risque fort d’étouffer toute velléité sanglante. »

Ce n’était pas le moment de s’appesantir sur le reste, il fallait agir et mettre de côté leurs sentiments personnels. Après tout, en tant que duo combattant, Lorn et elle avaient maintes fois prouvé leur utilité, car leurs styles se complétaient à merveille, et après des années à combattre ensemble, leur synergie n’était plus à prouver. En cas de problèmes, leurs visiteurs ne manqueraient pas de trouver du répondant.

S’engouffrant d’un pas rapide par la porte, Alyria se précipita dans le hall, où elle vit enfin Luke Kayan. Se plaçant silencieusement à ses côtés, elle le salua d’un :

« Bonjour, Chevalier Kayan. Maître Vocklan arrive à ma suite. »

Le temps n’était pas aux présentations plus poussées, ni aux amabilités habituelles. Certes, la part adepte de la politesse en toutes circonstances d’Alyria n’aimait guère ce fait, mais la guerrière en elle en comprenait l’utilité. Parfois, l’action primait sur les mots. Tentant de rassurer son cadet, la sang-mêlée déclara de sa voix grave et posée :

« Espérons que nous n’en arriverons pas à de telles extrémités. Soyez assurés que pour passer à travers la garde de deux maîtres d’armes, nos interlocuteurs vont devoir faire preuve de sacrées prouesses. Concentrez-vous sur la négociation sans vous préoccuper d’un quelconque danger. Nous vous protègerons quoi qu’il arrive.  Que la Force soit avec nous tous. »

Ce discours n’était pas une assurance sans fondements. A deux contre deux, il faudrait à leurs adversaires un certain temps avant de se débarrasser de Lorn et d’elle-même. C’était un fait, on n’accédait pas à la position de maître d’armes sans avoir prouvé être un combattant particulièrement coriace. Sans compter qu’elle voulait que leur diplomate se concentre uniquement sur les débats qui allaient suivre, tant l’exercice s’annonçait périlleux, et la moindre pensée parasite dangereuse.

Sentant la présence de Luke dans la Force, Alyria projeta en retour son aura de calme détermination. Si cela n’avait tenu qu’à elle, la délégation envoyée en avant aurait été bien musclée, et le Temple bouclée, mais elle concevait la logique des ordres donnés. Sans doute son côté martial avait pour le coup pris le dessus sur sa volonté de diplomatie. C’était pour cela qu’au final, elle s’était orientée plus jeune sur la voie des Gardiens, et non des Consulaires. Certes, elle pouvait se montrer plutôt fine diplomate, mais son esprit stratège percevait trop les dangers pour envisager les solutions les plus modérées. Chacun sa spécialité, en quelque sorte, et le rôle qu’elle allait jouer dans ce qui allait suivre serait dans le plus pur style des maîtres d’armes : calme, mais fermeté.

Alyria savait en effet les dangers inhérents aux praticiens du côté obscur. Tous n’étaient pas des tueurs sanguinaires, certes, mais en présence d’un être se présentant avec un titre sith et clamant son appartenance à l’Empire de par son allusion au traité, elle préférait être méfiante. Par le passé, les rencontres de ce type s’étaient rarement bien déroulées. En tout cas, celle-là se passerait sous son contrôle attentif, et au moindre signe de danger, elle n’hésiterait pas à tirer son arme. Les jedis étaient tournés vers la paix, mais ni fous ni inconscients. Si leurs visiteurs s’attendaient à voir dérouler le tapis rouge devant eux, ils allaient être surpris…


Parvenue enfin devant le Temple, la maîtresse d’armes regarda pour la première fois l’homme qui s’exprimait. Grand, costaud et dégageant une aura formidablement puissante, indéniablement obscure mais pas forcément bouillonnante, il était pourtant dominé en termes de taille par l’imposant personnage à ses côtés, dont Alyria se demanda brièvement la race, avant de chasser la question de sa tête. Si les deux hommes la dominaient chacun d’une bonne tête, elle ne s’en inquiéta pas outre mesure. D’abord parce que, en cas de duel, la force physique n’était pas forcément l’atout le plus décisif contre sa personne, elle avait appris à combattre des adversaires bien plus musclés et grand qu’elle. Ensuite, cela pouvait contribuer à créer un facteur de surprise intéressant : bien des personnes l’avaient sous-estimé en raison de son apparent manque de force physique, voir même de son appartenance au sexe dit faible. Inutile de dire qu’ils avaient été pour le moins très désagréablement surpris… La cicatrice sur son visage et sa prothèse gantée pouvait en témoigner : elle avait derrière elle une vie de combats.

Écoutant silencieusement Luke faire les présentations, elle se compta d’acquiescer quand il la nomma, ne voyant pas l’utilité de rajouter quelque chose. En d’autres circonstances, Alyria aurait bien évidemment dit une formule de politesse quelconque, mais justement, l’heure n’était pas à la politesse. En tout cas, pas dans le rôle qu’elle devait tenir dans cette entrevue. Quant à Lorn, elle estimait qu’il se présenterait lui-même s’il le désirait.

Sa main droite distinctement posée sur le sabre de sa ceinture, elle écouta la suite de la conversation, projetant son aura afin d’arrêter la propagation de celle du sith, envoyant à ses compagnons des ondes de calme détermination, dont la force lumineuse était évidente pour toute personne sensible à cette dernière. Son visage était un masque impénétrable, tant ses traits étaient parfaitement impassibles, seul l’éclat de son regard émeraude dardé sur l’homme en face d’eux se faisant beaucoup plus tranchant que ce qu’il était habituellement.

Cependant, après le petit discours du Chevalier Kayan, elle sut que c’était à elle d’intervenir. Après la diplomatie et la politesse, place à un discours un peu peu plus ferme. De sa voix grave qui dégageait à ce moment une véritable force tranquille, mais également une certaine sévérité, elle commença :

« Je serais sans doute plus abrupte que mon jeune confrère. Le traité d’Artorias ne nous oblige pas à accueillir un danger potentiel. Vous devez à la volonté de paix des nôtres d’être parvenu jusqu’ici. »

Autant rappeler quelques points importants d'entrée de jeu. Rapidement, elle enchaîna sur un deuxième point qui allait rendre les choses bien plus claires :

« Que l’on soit bien d’accord : étant donné le passif entre notre Ordre et les vôtres à chaque fois que ces derniers se sont approchés de nos bâtiments, et à moins d’une décision du Conseil dans ce sens, il est absolument hors de question que nous vous laissions pénétrer dans le Temple. Cette mesure de sécurité élémentaire me semble avoir une raison parfaitement évidente. »

Même si la chute était plus polie, il n’en demeurait pas moins que pour le coup, les points sur les « i » étaient mis. De plus, en étant honnête, Alyria doutait fortement que le Conseil ne désavoue ses dires, au moins avant d’avoir rencontré l’individu. En tout cas, sinon, ce serait à ses yeux une grave erreur stratégique.

Enfin, elle termina son propos en adoucissant un soupçon ses termes :

« Néanmoins, nous donner vos armes sera une première preuve de votre volonté de non-agression. Mais vous savez aussi bien que nous qu’un utilisateur de la Force dispose de biens d’autres armes à sa disposition. »

Message subliminal : le simple fait de donner ses armes ne pouvait pas forcément grand-chose, et tous se tenaient sur leur garde. 

Pensant qu’elle avait dit ce qu’elle avait à dire, Alyria se tut, et écouta sans broncher Luke mener les négociations, gardant ses pensées pour elle-seule. A vrai dire, si cela ne tenait qu’à elle, il était absolument hors de question d’apprendre quoi que ce soit de cet individu, mais elle subodorait que le Chevalier aveugle désirait faire parler le sith pour gagner du temps jusqu’à l’arrivée d’autres personnes, aussi elle se contenta de garder sa position martiale aux côtés du jeune homme. 

Une chose était sûre : peu importe ce qui allait se passer, elle y ferait face sans hésitation aucune. La prudence s’imposait, mais dans de telles circonstances, il était nécessaire d’envisager toutes les éventualités, même les plus martiales.
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Ces derniers jours avaient été émotionnellement assez mouvementé pour le jeune homme qui, malgré son expérience et son mental d’acier, ne pouvait rester de marbre face à la nomination de sa toute première padawan et il ne pouvait rester indifférent face à la petite conversation qu’il avait eu avec son amie de toujours, quelques jours plus tôt. Il avait cru, à tort, que rien ne pourrait plus l’étonner dans cette vie et il se rendait compte qu’il s’était trompé et qu’il lui faudrait du temps pour retrouver un équilibre dans sa vie comme dans ses pensées. Il avait désormais le devoir d’être présent pour sa padawan qu’il n’avait d’ailleurs pas encore croisé aujourd’hui, mais pour remettre un peu d’ordre dans ses pensées il se surprit à faire ce qu’il faisait de mieux : enseigner aux plus jeunes. Ainsi, depuis l’apparition des premiers rayons du soleil, le jeune maître n’était pas sorti une seule fois de la salle d’entraînement, initiant certains apprentis aux mouvements de Soresu qui faisait partie des styles de base qu’ils devraient un jour maîtriser. Mieux valait s’y prendre tôt, non ?
Ils semblaient tous si impressionnés par la fluidité des gestes du jeune maître que ce dernier en aurait presque été gêné d’être fixé par autant d’yeux admiratifs….presque. Le jeune maître était sur le point de reprendre sa séance avec des exercices pratiques pour ces jeunes étudiants lorsqu’une présence familière pénétra dans la Force. Il n’avait même pas besoin de se retourner pour savoir qui était cette personne, sa présence dans la Force était assez unique pour qu’il la reconnaissance sans mal. Que faisait-elle ici ? Avait-elle finalement trouvé une réponse à la discussion de l’autre jour ? Non, Lorn savait qu’elle n’aurait probablement jamais osé interrompre une leçon pour lâcher ce qu’elle avait sur le cœur devant tous ces élèves.
Se redressant et faisant signe aux élèves de continuer à étudier et répéter entre eux les enchaînements montrés quelques instants plus tôt, le garçon vêtu de sa bure grise sombre se redressa et se tourna vers son amie qui lui expliqua rapidement la situation. Arquant un sourcil de surprise en apprenant qu’un sith était aux portes du Temple et qu’il avait eu le cran de s’annoncer, le garçon inspira et expira profondément en comprenant la situation et la raison pour laquelle son amie était venue le chercher. Aussi capable que soit Alyria, les deux maîtres d’armes étaient sans doute les plus grands boucliers du Temple et c’était dans ce genre de situation que leur présence était appréciée de tous.
Chaque membre savait qu’un maître d’armes ne portait pas ce titre juste pour faire joli, chacun savait que ces maîtres avaient dévoué leurs existences toutes entières à l’art du combat au sabre laser et une telle dévotion portait toujours ses fruits. Leur présence rassurait les membres les plus jeunes de l’Ordre et c’était donc tout naturel que l’on fasse appel à eux pour accueillir et escorter un ennemi séculaire de l’Ordre jedi.
Acquiesçant de la tête en rengainant ses sabres à sa ceinture, le garçon répondit sans attendre :

« Un sith ? Ça, au moins, ça change de l’ordinaire. Je te suis. »

D’ordinaire il aurait ponctua la fin de la phrase du surnom qu’il donnait à sa camarade depuis si longtemps déjà, Aly, cependant il savait que l’heure n’était pas venue de faire des sentiments car on attendait de lui qu’il soit professionnel comme il savait si bien le faire. Il ne s’agissait pas ici de faire remonter à la surface la petite discussion qu’ils avaient eu quelques jours plus tôt, il n’était pas question de parler de sentiments car son sens du devoir devait primer sur tout le reste. Les maîtres d’armes de l’Ordre étaient le bouclier de ce dernier, ils étaient les plus fines lames de l’Ordre et étaient ceux qui se jetaient en premiers dans la bataille…et ceux qui en ressortaient toujours les derniers, uniquement quand le travail était terminé. Aujourd’hui, même si ce n’était probablement pas grand-chose, un ennemi de l’Ordre avait eu l’arrogance de se montrer aux portes du Temple avec l’espoir qu’on le laisserait y rentrer. Il n’appartenait pas au jeune maître de juger ce sith pour ses actions, il n’en avait clairement rien à cirer, mais il lui appartenait d’être celui qui montrerait au sith qu’il n’était pas le bienvenu ici et qu’il repartirait du Temple les pieds devant s’il tentait quoi que ce soit.
Comment pouvait-il se montrer plus clair que cela ? Traité ou pas traité les siths étaient les ennemis séculaires de tous les jedis, et en temps que l’un d’entre eux il était du devoir de Lorn de se dresser face à un ennemi potentiel pour lui passer l’envie de tenter le moindre geste indésirable. Certains jedis étaient doués pour la diplomatie, Lorn n’était clairement pas l’un de ceux-là et tous ceux qui le connaissaient n’avaient aucun doute à ce sujet…et en même temps ce n’était pas ce qu’on lui demandait non plus.
Trottant d’un pas rapide à travers les couloirs, évitant les collisions avec maestria, le garçon finit par arriver face aux silhouettes de son amie et d’un chevalier qu’il n’eut aucun mal à identifier. Il était un chevalier talentueux et sui savait faire preuve d’une diplomatie totalement absente chez Lorn, ce n’était donc pas une surprise qu’il soit celui qui accueillit le sith et son compagnon sur lesquels le maître d’arme posa ses yeux azurs.
Si le maître Vocklan était l’un des humanoïdes les plus imposants de tout l’Ordre jedi, du haut de ses deux mètres, le sith et son compagnon n’étaient pas en reste non plus, preuve indéniable de leurs capacités physiques qu’il ne faudrait surtout pas sous-estimer. Se dressant de toute sa hauteur à côté de Luke et d’Alyria, le jeune homme identifia leurs présences dans la Force comme chaleureuses et calmes tout en tendant une oreille attentive aux paroles des uns et des autres.
Oh non il ne parlait pas tout de suite, pas à moins d’y être forcé car il savait que Luke choisissait la diplomatie sur ce coup-là et il se savait incapable de la moindre forme de diplomatie nécessaire à ce genre de rencontre. Il ne pouvait deviner les répercussions s’il parvenait à envenimer la situation à cause de son attitude, cependant il ne voulait laisser aucun doute dans l’esprit du sith et laissa sa présence se diffuser dans la Force. Si Luke se voulait calme et chaleureux et si Alyria se voulait plus calme et déterminée, Lorn fit preuve de bien moins de subtilité et sa présence dans la Force était plus froide et implacable, comme une falaise sur laquelle toutes les vagues du monde pourraient s’écraser sans jamais la faire bouger d’un seul millimètre. Il était calme, froid comme un gardien attendant le moindre faux mouvement pour bondir sur l’intrus. Sa présence ne reflétait pas la moindre trace d’agressivité mais son calme olympien en disait suffisamment long pour qu’il ne soit pas pris à la légère. On lui demandait d’être efficace, implacable et dissuasif : pas subtil.

Sa camarade, mettant très efficacement les points sur les « i », expliqua bien que si le sith voulait rentrer il devait faire un geste de bonne foi en remettant ses armes, bien que tout le monde soit conscient que même sans arme un utilisateur de la Force restait toujours très dangereux. Sans un mot, sans un bruit, le garçon brisa la formation et fit quelques pas en direction des siths sans une once d’hésitation dans son regard. S’arrêtant à distance respectable tout en ne perdant pas des yeux les deux individus, pas un seul instant, le garçon tendit discrètement sa main gauche, paume vers le ciel, avant de lancer sur le même ton calme et froid qu’il prenait lors de ce genre de situation :

« Vos armes. »

Pas de formule de politesse, pas de conditions : si ce sith tenait tellement à s’approcher et rentrer il devrait bien comprendre qu’il ne lui laisserait pas faire un pas de plus avec la moindre petite arme sur lui…même si la Force pouvait être considérée comme une arme en soi.
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Cela faisait déjà quelques jours que Luke et elle avaient eu leur petite discussion « amicale ». Èvengellyne n'en revenait toujours pas de lui avoir autant parlé de sa vie. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes. La jeune Zabrak préférait au contraire éviter tout épanchement de sentiments à ce sujet. La seule personne jusqu'à peu, à avoir le droit à ces moments guimauves, n'était autre qu'Alicia. Les deux filles avaient se chamailler gentiment, elles se considéraient comme des sœurs. Comme des sœurs donc, il n'était pas par rare qu'elles passent des soirées entières à discuter de choses plus privées. Et cela tombait plutôt bien puisqu'elles avaient demandé à partager une chambre par conséquent légèrement plus grande que celle des autres. C'était alors tout naturellement que Ève s'était confiée à Alicia sur leur conversation. Cependant, elle avait bien pris garde de ne pas trop en dire. Qu'elle se soit permis de s'immiscer dans la vie de Luke était une chose ,mais d'y ajouté la jeune femme en était une autre. Il était donc évident de laisser Alicia à une bonne distance de tout cela.

Ève, comme chaque matin après avoir pris son petit déjeuner, était partie méditer un petit moment dans la salle de méditation. Mais assez vite comme à chaque fois son inactivité lui donna le bourdon et elle dut s'arrêter. Elle quitta, par conséquent, la salle alors que de jeunes padawans s'y dirigeaient joyeusement. Qu'il était loin le temps où, elle aussi, assistait à ces cours. Mais contrairement aux jeunes élèves, la Zabrak les avait toujours trouvés très ennuyeux. Oui, elle avait toujours préféré les cours des maîtres d'armes. Le problème dans tout ça, c'est qu'elle avait toujours été bien meilleure dans ceux où l'on apprenait la Force. Quelle ironie en y repensant. Préférer les cours où l'on est la plus mauvaise. Décidément, Ève n'était pas pas banale. Après cela, la jeune femme alla faire un petit tour dans le parc. Là-bas, elle poursuivit sa méditation tout en s'entraînant aux arts du combat. Bouger, voilà ce qui lui permettait, au fond, le mieux de se concentrer sur sa méditation. Elle réfléchissait pleinement et le plus souvent, les réponses à ses questions venaient à ce moment-là de la journée. Mais aujourd'hui tout était différent. Elle sentait comme une tension autour d'elle. Une tension qui l'empêchait de se focaliser entièrement sur elle-même, sur la Force. C'était étrange et Ève n'aimait pas cette sensation. Elle retourna à la réalité et décida de rentrer promptement dans ses quartiers. Sur le chemin, elle espérait croiser Alicia. Cette dernière aurait peut-être des informations qu'elle n'avait pas ? Malheureusement, elle ne le croisa pas dans les couloirs. Alicia était partie étudier quelque chose à la bibliothèque. Elle lui avait juste laissée un petit mot dans leur chambre. La Zabrak râla en le lisant et deux padawans, qui n'avaient pourtant rien à faire dans les quartiers des chevaliers, ricanèrent dans son dos en la voyant par la porte, restée entre ouverte. Èvengellyne ne releva pas leur petit rire. Elle avait l'habitude de cette réaction avec Alicia. Certains rigolaient un peu en les comparant à un vieux couple. Au fond c'était un peu vrai. Elles réagissaient l'une envers l'autre comme un mari envers sa femme. Mais les deux jeunes femmes s'en fichaient éperdument. Après tout qui n'était pas friand de quelques ragots dans un espace de vie confiné, qu'ils soient véridiques ou non d'ailleurs. Il fallait bien se distraire un peu et elle savait qu'en réalité personne ne la jugeait véritablement. Du moins elle l'espérait. De toute façon qui allait se risquer à se mettre à dos la Zabrak. Aucune personne sensée et pour cause tout le monde ici ou presque savait qu'elle pouvait faire preuve d'une imagination illimitée pour rendre la pareille. Elle le faisait avec plus ou moins de tact mais ses blagues, son arme favorite dans ces moments-là était tout simplement imparable.

Elle chiffonna entre ses doigts le petit bout de papier et sortit de sa chambre. Elle ne savait pas très bien ce qu'elle allait faire. La sensation étrange qu'elle avait ressentie à l'extérieur, cette tension dans la Force qui l'avait perturbée plus tôt devenait plus présente. Elle prit alors le parti de se promener dans les couloirs à la recherche d'une explication. Elle allait bien finir par en trouver une. Elle n'eut pas très longtemps à attendre. Elle croisa en chemin des membres de l'Ordre qui faisait circuler un mot d'ordre. Elle tendit une oreille discrète et finit par être au courant. Un sith s'était permis de se présenter aux portes du Temple. « Quel toupet ! » s'insurgea la jeune femme. « Quel était donc l'imbécile qui croyait pouvoir se pointer comme ça, sans que personne ne réagisse. Ce sith doit être fou ou suicidaire. Oui, ce ne peut être que cela ! » finit-elle par conclure. Elle devait en savoir plus. Elle voulait savoir comment le Conseil allait réagir face à cela. Bien évidemment il y avait eu le traité d'Atorias que les siths et les jedis avaient signé, mais on ne peut jamais faire totalement confiance à un sith. Sachant pertinemment qu'à cause de son tempérament le Conseil lui interdirait de s'en mêler, elle continua sa petite balade dans les couloirs le plus naturellement possible. Elle y croisa plusieurs padawans qui ne semblaient pas se rendre compte de ce qu'il se passait. « Tant mieux pour eux au fond » pensa la jeune femme. Néanmoins, elle ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas plus de surveillance. Certes, les affoler seraient pire, mais là laisser la vie se dérouler comme si de rien était c'était un peu léger à son goût. À errer dans les couloirs, Èvengellyne finit par arriver devant la porte de la salle d'entraînement. À ce moment-là, elle s'arrêta sur le pas de la porte. Il était hors de question d'intervenir dans leur conversation. Elle se contenta donc d'écouter d'une oreille et de surveiller les alentours. Elle devait se faire aussi petite qu'une souri pour ne pas trop se faire remarquer. Même si sa présence pouvait être ressentie dans la Force ce qu'elle voulait s'était juste qu'elle ne le soit pas trop. Le début de la conversation ne l'intéressa guère. Non pas que ce n'était pas instructif, mais elle le savait déjà. En revanche ce qu'elle apprit par la suite fini de l'achever psychologiquement en quelque sorte. En un instant son sang de Zabrak ne fit qu'un tour dans ses veines. Oui, elle avait bien entendu. Maître Von avait prononcé le nom de Kayan. Elle parlait aussi d'escorte.

« D'escorte ? Escorter Luke ? Mais pourquoi ? Pourquoi avait-il besoin d'une escorte ? Serait-il possible qu'il fasse parti du comité d'accueil de ce sith ? »

Plus les questions fusaient dans son esprit et plus Ève en était persuadée. Elle se mit à rager intérieurement. Ainsi, le Conseil avait osé l'envoyer en première ligne. Bien sûr, ce n'était pas non plus n'importe qui. Elle savait très bien qu'il était un bon diplomate capable de mener une discussion face à un sith. Mais le problème était qu'on l'accompagne de deux maitres d'armes. Parce que non seulement maître Von serait là, mais elle venait de comprendre que maître Vocklan serait également de la partie. Or le maître d'arme n'était pas des plus diplomates. Alors pourquoi envoyer Luke ? Perdue dans ses nouvelles interrogations, elle eut tout juste le temps de s'écarter pour laisser sortir les deux maîtres. À bonne distance, elle les suivit jusqu'aux portes du Temple. Que ne fut pas sa surprise lorsqu'elle ne vit pas un, mais deux siths. Elle se cala discrètement dans l'encoignure de la porte et observa ce qui se passa. Elle regardait la scène tout en serrant les poings. Elle n'avait pas été désignée pour intervenir. Elle devait simplement se contenter de garder un œil sur son cadet à une distance respectable du groupe. À n'en pas douter, elle ne dégageait pas le même calme que ces collègues dans la Force. « Et bien tant mieux » pensa-t-elle. Les siths étaient prévenus.

Luke, fidèle à lui même, exposa une petite présentation. À n'en pas douter il était le plus à même de mener une discussion sans esclandre, d'entre les trois jedi. Oui, les deux maîtres eux, étaient plus là pour le côté nettement moins amical de l'affaire. D'ailleurs, maître Von le fit bien comprendre. Elle leur donna quelques conditions qu'Ève ne put s'empêcher d'approuver d'un hochement de tête dans son coin. Voilà qui était bien parler. Pour qui se prenaient-ils à la fin ! Et puis vint le tour de maître Vocklan qui appuya à sa façon les dires de son acolyte. Le ton était bien donné. Qui voulait discuter avec le Conseil devait faire un effort. Qu'en à Ève, elle intervint à sa manière également. Elle jeta un coup d'œil aux deux maîtres, puis à Luke. Ses yeux gris le fixèrent un moment et la jeune femme soupira. Pourquoi avait-il fallut que sa tombe sur lui un aveugle. Elle posa alors ses pupilles grises sur les deux siths. L'heure n'était plus au discours bien sous toutes ses formes. Elle ne voulait pas provoqué d'incidents, mais il était hors de question que tout le monde reste dans cette espèce de politesse de bisounours. Elle sortit très légèrement de son coin et lança un regard noir aux siths. Si les deux siths venaient à faire un pas de travers elle agirait. Elle commençait tout juste à considérer Luke comme un peu plus qu'une vague connaissance et une personne à taquiner. Elle ne permettrait pas qu'on le touche. Même si les deux maîtres étaient aussi là pour lui, elle y mettrait son grain de sel tout en faisant bien attention de ne pas les gêner.
Saï Don
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Darth Nero. Le vieil homme en avait rencontré des Sith, et nombreux étaient fiers d’exhiber leur titre. Pourtant, aucun souvenir d’un certain Darth Nero. C’était d’autant plus déstabilisant que quelques recherches permettaient d’en connaître un peu plus sur le prétendu maître de Belkadan, un monde isolé proche du nouvel Empire Sith. Il était décrit comme une sorte de monstre, inspirant respect et crainte à la fois. Mais quel Sith ne cherchait pas à répandre cette réputation ? Non, ce qui était réellement déstabilisant, c’était sa venue ici, sur Ondéron, alors que ce Darth Nero ne semblait n’avoir jamais eu un quelconque lien ni avec l’Ordre Jedi, ni avec la planète qui abritait le Temple. Du moins, a priori… Car ils n’avaient guère eu le temps de faire de recherche. Pourtant, le message avait fait parler les langues et rapidement, les Chevaliers et Maîtres s’étaient emparés de rumeurs inquiétantes. Le vieil homme qu’était Maître Don regrettait cette communication ouverte, et le fait que, sans laisser le choix ni sur l’heure, ni sur le lieu, ce Darth Nero s’impose à eux sur leur propre territoire. D’emblée, il semblait vouloir dicter les règles.

Etait-il un émissaire de Darth Ynnitach ? Difficile à dire, il n’avait pas eu le temps de faire plus de recherche que cela à son sujet. Mais on n’était jamais neutre vis-à-vis de l’Impératrice : c’en était soit un allié, soit un ennemi. Son intuition lui disait qu’ils le sauraient bien assez vite. Bien sûr, la consigne avait été de ne pas laisser entrer l’individu, coûte que coûte. Certains avaient proposé pourtant de l’inviter dans une salle spécialisée, mais le vieil homme ne voulait pas prendre ni le risque de laisser une brèche ouverte dans la sécurité du Temple, ni mettre de l’huile sur le feu en enfermant un Sith qui pouvait vite devenir agressif s’il sentait trop acculé à son goût. L’extérieur irait donc très bien, puisque par-dessus le marché le temps était au rendez-vous !

Luke, son propre ancien padawan, avait été désigné pour accueillir le fameux personnage, escorté bien sûr de maîtres d’armes pour assurer sa sécurité. Malgré cette précaution, le vieillard ne pensait aux évènements possibles qu’avec de grandes réticences : il avait tendance à voir encore son jeune ami comme un enfant fragile et vulnérable. Pourtant, Luke était aujourd’hui un adulte capable de se défendre lui-même et de mener à bien les missions diplomatiques qui lui étaient aujourd’hui confiées. Pour ces raisons, auxquelles il devait accepter de se faire un jour, Maître Don ne s’était pas opposé à l’intervention du Chevalier Kayan, et s’était simplement contenté de vérifier qu’il serait sous bonne escorte. Et il allait l’être : Maître Von s’était plus d’une fois illustrée à ses yeux comme une femme fort compétente et intelligente, et Maître Vocklan forgeait autour de lui la réputation d’un bretteur hors pair. Il était donc en parfaite n’est-ce pas ? Sans doute, sans doute… Autant qu’on pouvait l’être en présence d’un Sith à la réputation de Darth Nero.

Il n’eut guère de temps à consacrer à ces réflexions ce jour-là, pourtant. Dès que l’aura du Sith fut perçue, ce fut un véritable branle-bas de combat : Luke partit se préparer, Maître Von fut appelée à l’accompagner tandis que Maître Don fermait la séance du Conseil du jour, reportée au lendemain pour l’occasion exceptionnelle qui se présentait ce jour. Puis il quitta la Chambre d’un pas vif. En bas, tout en bas, Luke devait accueillir l’invité surprise. Maître Don tâcha de ne pas trop y penser.

- Chevalier Korst, faites préparer une équipe d’une vingtaine de sentinelles et de gardiens prêts à intervenir depuis les remparts si jamais il s’avérait qu’ils ne soient pas si seuls qu’ils en aient l’air. Chevalier Ail’dhor, débrouillez-vous pour faire enregistrer toute l’entrevue en holo, je veux pouvoir la visualiser clairement plus tard. Chevalier Brent, envoyez un message commun à l’astroport d’Ondéron et au palais de la Reine Kira. Simple mesure de sécurité : dites-leur de ne pas nous envoyer de visiteurs quels qu’ils soient, mais qu’il s’agit d’une simple mesure de sécurité, sans raison de paniquer, et que nous les informerons dès lors que le danger sera dissipé.


Les trois chevaliers, deux humains et une nautolane, acquiescèrent et se volatilisèrent sur l’instant. Maître Don se mit à emprunter les escaliers depuis l’un des plus hauts miradors du Temple. Dans la Force, il sentait les remous agités de la rencontre. Elle devait provoquer une certaine dose de nervosité des deux côtés, à coup sûr, pour que tout cela se sente si clairement dans la Force. Les padawans allaient certainement s’interroger, surtout les plus âgés… Mais Maître Blankuna avait précisé qu’elle visiterait les salles d’entraînement, de cours et le parc pour rassurer les uns et les autres. C’était le genre de dons qu’elle possédait : Maître Don avait confiance en elle pour répandre confiance et apaisement.

Son datapad bipa lorsqu’il entra dans un ascenseur. Il le sortit de sa bure pour contempler pensivement l’image des deux protagonistes devant les portes du Temple. Un humain aux yeux… fous. Et son acolyte d’une taille démesurée, aux muscles saillants. Alors Darth Nero n’était pas venu sans prendre quelques mesures de sécurité, lui aussi… Pourtant, Maître Don ne pouvait s’empêcher de croire qu’il pût être venu totalement seul. Si des individus se cachaient dans la jungle, pourtant, les Jedi auraient dû être en mesure de le sentir… Mais de la part d’un Sith, on pouvait s’attendre à toute sorte de tours de passe-passe, et le vieil homme préférait tâcher de les anticiper…

Enfin, seulement alors que la conversation avait déjà dû commencer, Maître Don parvint au hall principal, au-delà des portes du Temple. D’ici, il sentait plus profondément encore les remous dans la Force, et la présence de chacun des individus. Les deux intrus, les Chevaliers qui se postaient en faction, Luke et son escorte. Et… A demi-dissimulée derrière la porte, une Zabrak à l’aura agitée. Le vieil homme aurait bien souri à part lui, mais les circonstances le lassaient quelque peu. Il devait attendre ici Maître Fyelen pour intervenir, car c’était avec lui qu’ils avaient décidé de rencontrer personnellement le Sith, et il convenait de l’attendre pour se montrer. En patientant, il se dirigea silencieusement vers les portes et, restant dissimulé aux yeux des visiteurs, posa une main sur l’épaule de la jeune femme.

- Ne soyons pas trop nerveux, Chevalier Belluma, il se pourrait que cela leur fasse un peu trop plaisir…
lui dit-il à voix basse, et guettant de ses yeux bleus perçants la réaction de la Zabrak.

Pour sûr, elle n’était pas trop ici à sa place, mais le vieil homme restait indulgent : après tout, qui ne s’en faisait pas en de telles circonstances ? Il lui adressa un clin d’œil et un sourire avant de se retourner au son des pas qui résonnaient derrière lui.



Spoiler:
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Plus un bruit, si ce n’est le murmure permanent de la jungle. Et Garuda s’adresse aux trois veilleurs, le respect qui enveloppe sa voix détonnant fortement avec la relique sith qu’il arbore à sa taille. L’arme est imprégnée d’une haine farouche à l’égard de ce lieu, elle a servi a tuer plusieurs membres de l’Ordre lors des anciens schismes. Les veilleurs doivent surmonter les pensées noires qui les traversent et réclament le sang.

Bonjour seigneurs.

Il abaisse son capuchon et révèle un œil d’une neutralité absolue. Il incline doucement la tête et se fige face à eux. Finalement ses paupières se ferment. Tourné dans la direction opposée, le regard arrimé à la Grande Porte, Nero patiente. Il n’a pas encore accordé un seul regard aux Jedi dans son dos. Il ne s’embarrasse jamais de ceux qui se font connaître par derrière.

Elle va s’ouvrir, il le sait. Les bras dans le dos, les appuis sûrs dans ses rangers, il lève le menton et panoramique lentement sur les hauteurs. Il a toute leur attention. Bien. Et puis un son métallique, celui d’un mécanisme d’ouverture. Car il s’ouvre enfin, le portail d’ivoire. Le visage toujours dirigé vers le soleil, ses yeux plongent vivement et passent sur les trois silhouettes dont les contours se précisent. Lentement, ses traits quittent la pleine lumière solaire et noircissent. De profondes et sombres cernes témoignent de son intense usage de l’Obscur.

Ils approchent sans la moindre hésitation. Nero reconnaît rapidement deux féroces sabreurs. Leur allure, leur regard, leurs énergies, ceux-là useront plus volontiers de leurs armes que de leurs langues. Au centre, qu’il paraît fragile, ce Jedi dont les contours épousent à volonté ceux de la femme ou de l’homme. Nero l’observe maintenant exclusivement. Il est de loin le plus surprenant des trois. Ses lèvres pleines forment une moue satisfaite, l’aura que dégage ce trio est exceptionnelle. Il réalise le peu d’envergure de ses précédentes rencontres avec le Côté Lumineux. Il perçoit toute l’harmonie qui les anime. Chacun à sa place, authentiques dans leurs rôles respectifs. Rien d’emprunté, pas de triche. Magnifique.

Il se nomme Luke Kayan. Sa voix et son geste n’hésitent pas. Il sait admirablement mêler chaleur et distance. Il finit par poser la première question de cette rencontre. Nero répond tranquillement.

J’ai tant de questions vous concernant Luke. Je n’peux croire que vous n’en ayez pas au sujet de ma famille.

C’est cet instant que choisit Alyria Von pour faire entendre sa voix. Le ton est attendu. L’œil iceberg de Nero oblique rapidement sur elle et leurs énergies se confrontent. Leur contact est bref, l’Obscur daigne reculer sans résistance et bientôt le Temple est dégagé de son influence. Nero reprend les mots du Maître, ils pèsent lourds à la sortie de sa bouche.

Parfaitement évidente.

Elle poursuit, s’adressant au Seigneur comme on s'adresse au serpent. Mais il la comprend. Et puis l’épicanthix s’avance avec fermeté. Nero a toujours les yeux sur elle et il n’a pas bougé d’un iota. Les épaules basses, détendues, les bras croisés dans le dos. Derrière lui cependant, Garuda redresse la tête et ouvre les yeux, observant quelque chose d’indéfini entre les sentinelles toujours alignées à l’orée de la jungle.

Le géant ouvre alors la bouche et le visage de Nero pivote soudainement vers lui, comme si il venait d’aviser ce rapprochement. Calmement, le Jedi réclame ses armes. Nero soutient son regard. Pas de défi, pas de menace. Simplement, l’épicantix est observé comme une précieuse découverte. Il y a du respect dans l’œil fixe du manipulateur de l’Obscur, le géant ne peut en douter.

Alors Nero fait un pas en avant. Au deuxième, il décroise doucement et largement les bras. Ce mouvement est fluide, sans la moindre brusquerie. Entre ses mains, ses armes endormies. Luke Kayan peut percevoir tout le contrôle qu’exerce leur interlocuteur sur ses énergies. Rien n’a changé dans les flux agités qui l’environnent. Dans son œil pourtant, une lumière nouvelle qui n’échappe pas au colosse. Au troisième pas, Nero s’immobilise et fait face à celui dont il ignore encore le nom. Ils sont a une distance de bras. Lentement, les yeux dans les siens, Nero tend ses mains ouvertes, les sabres offerts. Tout à coup Luke Kayan reçoit un courant noir de plein fouet. Il est le seul à être impacté si fort, ses sens l’exposant beaucoup plus que ses voisins. De ces funestes pièces de métal d’un noir laqué saillit une vague de Force incontrôlable. Luke a la vision d’une sombre jungle qui s’ouvre sur un champ de morts. Entre ses tempes résonnent le fracas d’une armée s’abattant sur un seul guerrier recouvert de sang. Transporté ailleurs, il entend l’appel sans espoir d’un homme de lumière. Il crie « Maître ! », et puis ce hurlement terrible de ceux qui meurent brûlés…

De leur côté, les deux Jedi gardiens sont assurés d’une chose en recevant la charge que délivre les sabres sith. Ils ont pris des centaines de vie. Parmi celles-ci, des Jedi.

L’épicanthix referme ses doigts sur les armes de l’autre versant. Il prend conscience de l’effort qu’il doit produire pour échapper à la terrible envie de les lâcher. Intense expérience. Nero acquiesce gentiment et sa tête pivote. Il a un geste léger les invitant à considérer son acolyte.

Garuda, Grand Mestre de Belkadan.

Le tailleur de sang se signe. Il se retourne et montre pour la première fois son faciès au trio. Sur un ton égal mais respectueux, il les salue et inclinant sa tête altière.

Bonjour seigneurs.

Ce personnage est tout à fait insondable. Il dégage une sérénité et une impartialité que beaucoup parmi les résidents du Temple pourraient lui envier. Les yeux de Nero vont sur Maître Von.

Garuda ne peut quitter son épée. Elle fait partie de lui.

A cet instant son regard glisse par dessus l'épaule du colosse. Son attention se focalise sur le vieil homme qui apparait sur le seuil du Temple. Il échange quelques mots avec une disciple et garde ses distances. Alors Nero recule de deux pas et rejette ses épaules en arrière. Les doigts de la Force tirent doucement son pardessus qui finit à terre. Il est vêtu d'un simple débardeur blanc, technique, militaire. Avec son treillis et ses rangers, il a tout l'air d'un colonel en mission commando. Tranquillement, le Seigneur s'assied en lotus sur le cuir noir. Aussitôt le tailleur de sang le rejoint et l'imite singulièrement. Il s'installe dans la même position en plaçant son dos contre le sien, le regard vers la jungle.

Je vous propose de nous asseoir.

Ses yeux iceberg se lèvent sur le grand.

Je comprendrais parfaitement si certains d'entre vous refusaient de parler à un homme tel que moi. Je ne m'offusquerai pas si ceux-là restent debout. 

Son regard se pose sur Luke Kayan et il lui adresse un geste d'invitation. A cet instant personne ne peut ignorer la noblesse que transmet le visage marmoréen du roi. Cette lumière au fond de cet œil franc, magnétique. Luke Kayan fait face à une noirceur dont la brillance n’est pas commune. Nero est lisible, aisément. Il suffit au chevalier de souffler sur les voiles d’obscurité pour qu’ils se lèvent. Interroger son âme semble d’une facilité déconcertante, mais les réponses pourraient représenter un important risque psychique.

Questions ?

Et il sourit.
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-"Maitre..."

Le Padawan, un miraluka, venait de rentrer dans la salle de méditation où se trouvait le Maitre Fyelen. Il s'était lentement approcher, et avait parlé d'un ton tamisé, comme pour respecter l'exercice auquel le Corellien se prêtait. Et c'était le cas, le Corellien étant en union présentement avec la Force. Pourtant, à la dénomination de son rang, le Jedi ouvrit les yeux, le regard aussi serein qu'à son habitude.

-"Maitre, le Maitre Saï Don me fait vous dire que le Sith est arrivé. Et qu'il a bien compris la raison de votre absence à la réunion du Conseil."

-"Merci, Kîn. A-t-il dit autre chose ?"

-"Seulement qu'il vous attendrait comme convenu."

Les yeux du Corellien se plissèrent alors en direction du Padawan face à lui, comme si -et l'adolescent le comprit- ce dernier ne lui disait pas tout sur sa pensée présente. Comme si une chose le tracassait, et qu'il ne trouvait pas le moyen de le dire.

-"Maitre... Ce Sith... Doit-on le craindre ?"

Un sourire se dessina alors sur le visage du Maitre, et alors qu'il se levait de son fauteuil de forme arrondie, il posa sa main sur l'épaule du disciple et entama sa réponse d'une voix calme et sereine :

-"Non. Et pour te faire une confidence, c'est pour ça que nous n'avons pas décidé de changer votre emploi du temps. Tu vois Kîn, je crains que tu doives rencontrer dans ta vie des Sith comme ce Darth Nero, mais en aucun cas les craindre. La crainte, c'est le début de la peur, de l'irrationnel, et de la chute vers le coté obscur. Tu ne dois pas craindre les Sith... mais te préparer à les rencontrer."

Pourtant, et même si ce n'était pas dit tout haut, il était clair dans les deux esprits que cette rencontre ne serait pas pour tout de suite. Et malgré ce fait, il n'en fut pas moins surprenant que la réaction pleine d'entrain du Padawan, saissisant son arme :

-"Si c'est comme à l'époque, je serais prêt. Comme mes ainés, je ne reculerais pas..."

Un nouveau sourire se dessina sur le visage du Corellien. Le Maitre savait à quoi faisait allusion le disciple, à savoir l'attaque que le temple avait subi tant d'années plus tôt.

-"Ce ne sera pas le cas aujourd'hui, mais je suis persuadé que toi et ceux de ton clan, vous serez prêt. Puis-je te laisser leur porter le message ?"

-"Bien sur Maitre. Au besoin, nous serons en salle d'entrainement, à votre disposition..."

Et un signe de tête plus tard, c'était un Miraluka fort de détermination que Gabriel voyait sortir de la salle de méditation, et bien décidé à s'entrainer dur sans laisser la visite d'un quelconque Seigneur des Sith ternir sa journée.

*****

Gabriel ne s'encombra pas de sa cape, ayant ajusté les pans de sa bure émeraude pour éviter tout faux-plis. Et marchant dans les couloirs, le Jedi s'évertuait à apaiser les remous perceptibles dans la Force qu'entrainait la présence de ces "visiteurs" si inattendus, et dont pourtant la présence avait été annoncé par leur soin. C'était à cette fin que le Jedi s'était isolé pendant la première partie de la journée, s'adonnant plus à la méditation qu'à même ses responsabilités au Conseil. Il avait été touché et en même temps honoré que cette tache lui fut confiée, et c'est alors qu'il l'achevait que ses pas l'amenait à la porte du Temple.

-"Et c'est effectivement une chose qu'il nous faut éviter..."

Sous-entendu "leur faire plaisir", accentuant ainsi les propos de son homologues qu'il avait, bien malgré lui, entendu.

-"Un conseil qu'il ait bon que tu gardes à l'esprit également, Maitre Don. Luke se débrouille très bien..."

Un sourire, autant qu'un regard amical, toisa le vieil homme et Gabriel savait que ce dernier comprendrait. Luke avait grandi, et était maintenant reconnu comme apte, ainsi que bien d'autres, à faire face ainsi à un serviteur du Coté Obscur de la Force, et ça même si le coté paternel de son ancien maitre restait présent. Bien sur, Gabriel ne critiquait pas ce sentiment que pouvait ressentir le Grand Maitre, mais il était important -et le Corellien serait toujours là pour le rappeler à son homologue et ami- que les parents finissent par laisser leurs enfants voler de leurs propres ailes. Surtout que pour l'occasion, le jeune Chevalier était très bien entouré.

Puis le regard du sang-mêlé se porta sur le visiteur du moment, ce Darth Nero. Il émanait de lui ce que l'on pouvait attendre d'un Seigneur des Sith, une intense connexion avec la Force et bien sur, liée à l'obscurité.

-"Regardez-le... Il se présente comme l'Obscurité, preuve de l'aveuglement qui l'habite."

Cette phrase, plus pour la chevalier qui leur était proche, visait à rappeler l'évidence : l'orgueil des Sith était présent chez ce visiteur. Il se croyait Maitre de son Pouvoir, là où pour Gabriel, il ne pouvait qu'en être un serviteur, un esclave d'une volonté qu'il ne comprendrait jamais. Pour autant, l'orgueil dont il faisait preuve n'était pas à sous-estimer. Et parce qu'il ne le sous-estimerait pas, Gabriel s'était préparé, avec d'autres Maitres, à apaiser le Temple.

-"Avec votre aide Maitre, mais aussi la votre Chevalier ..."

Et fermant les yeux, le Corellien se concentra. L'apaisement de l'obscurité présente n'était pas facile à appliquer, et encore moins face à de telles personnes, mais Gabriel ne doutait ni de lui, ni de Sai, ni même du calme que pouvait déployer un chevalier de l'Ordre. Leur aide, leur calme, lui serait précieuse afin d'apporter le calme nécessaire et au Temple, et à ce comité d'accueil qui avait été envoyé en première ligne, face à un adversaire qui en était un, d'une façon ou d'une autre.
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Puiser pour ne pas s'épuiser. La petite fierté de Luke s'était mise de côté au moment même où ses doigts avaient touché le sabre-laser. La douleur aussi physique que mentale qui l'avait parcouru l'avait fait grimacer et s'il avait esquissé un pas, sans doute aurait-il vacillé. N'essayant même pas de simuler un contrôle le jeune homme avait comme projeté ses midichloriens à l'extérieur de lui, à la recherche avide de lumière pour se ressourcer. Sa présence exacerbée choqua avec celle bien plus obscure du dénommé Darth Nero, c'était comme une vague luttant contre ses heures de marée, cherchant à lécher à tout prix le flanc d'une grève déjà bien érodée. Le "Vos armes" de Lorn traîna en longueur, déformé tandis que la présence d'Alyria lui paraissait si lointaine tout à coup. En revanche l'aura de Saï Don semblait s'ancrer en lui comme si l'ancien Padawan et le vétéran du Temple se fondaient, à ses côtés, Evengellyne apparaissait comme une minuscule mais non moins intense et importante lueur d'espoir. La scène dura quelques secondes environ avant que le jeune homme ne recouvre un visage neutre et ne remettent ses sens en place. Alyria Von grande bretteuse de talent le couvrit de réconfort sans même s'en apercevoir peut-être, qu'il était heureux d'être à ses côtés avec Lorn, son compagnon de duel. Le jeune chevalier ferma les yeux une micro seconde et déglutit pour achever de se recomposer un masque, lequel avait à peine bougé pourtant, non pas qu'il soit doué pour caché mais probablement trop choqué pour que ses traits se mouvent beaucoup.

-Je suis désolé Monsieur Nero
-Fit Luke, la voix légèrement enroué.- mais vous veniez ici en connaissance de cause. Ce serait une insulte à votre intelligence d'oser penser que vous n'aviez pas deviné le sort réservé à vos armes. Monsieur Garuda- Il faisait exprès de ne pas donner de nomination spécifique telle que Maître pour rester sur un terrain neutre tout en gardant une forme de respect.- Veuillez obéir à Maître Vocklan je vous prie.

Ajouta Luke d'une voix diplomate mais légèrement plus ferme. Il ne pouvait pas laisser les Siths empiéter sur leur "territoire" sous prétexte d'essayer d'arrondir les angles, tout en se montrant ouvert, il y avait certaines choses sur lesquelles céder était impensable. Un savant mélange que le Hapien encore si jeune avait peur de ne pas toujours maîtriser. Tandis qu'au loin, ses sens éveillés se gavaient de cet apaisement de l'obscur si doux, émanant de son mentor -il en aurait mis sa main à couper- le jeune homme décela également l'aura d'un autre aîné sans parler d'une petite touche bien connue, Evengellyne, à moins que ce ne soit son désir de la voir qui la rendait présente.

Peu importe, Luke devait se concentrer sur Nero et Garuda, au point "d'ignorer" Alyria et Lorn. Visiblement-même aux yeux d'un aveugle.- les deux Siths n'étaient pas des débutants mais des meurtriers invétérés. Le Hapien devait faire abstraction des cris dont il ne se rappelait que trop bien et dont il se souviendrait longtemps d'ailleurs. Pourquoi malgré son expérience l'homme laissait-il le Jedi effleurer son esprit, prêt à répondre à ses doutes sans difficulté semblait-il ? La Force en effet ne formait guère de barrière, qui était réellement ce Nero et le silencieux Garuda à ses côtés ?

-Qu'attendez-vous de nous ?


Demanda-t-il d'une voix entre chaleur et distance, intéressé par une réponse complète. Bien sûr, Nero avait déjà prétexté une envie de se connaître mais c'était bien trop maigre et convenu. Luke était sérieux, en acceptant quand même de s'installer par marque de respect. C'était encore une fois une obligation diplomatique, bien qu'on soit totalement contre les idées de la dite personne, il fallait lui accorder toute son attention. Cela faisait aussi partie de leur travail de Jedi, souvent ingrat d'ailleurs, accepter bien malgré eux d'autres points de vue dûs à des situations particulières.

-Et comment ? Pourquoi êtes-vous devenus Sith ?

Se risqua Luke, il savait que ce genre d'ambassadeurs ne pouvaient répondre que pour eux, mais c'était déjà un bon début. D'abord essayer de les comprendre eux, puis le message qu'ils apportaient au nom des leurs. C'était un bon moyen de ne pas les braquer, et puis il était vrai que le cas d'étude restait intéressant.

-Vous pouvez aussi nous poser des questions.

Proposa le jeune Jedi calmement, laissant à autrui l'occasion de s'engouffrer dans leur propre vie et idéologie. Après tout on pouvait aussi connaître ses ennemis potentiels à travers leurs propres questions.
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Sans broncher, Alyria écouta le Sith reprendre ses propos, ne montrant strictement aucune émotion. Tout au long de la discussion, son visage ne refléta qu’un masque neutre, ni accueillant, ni ouvertement hostile. Bien malin eut été la personne capable de savoir ce qui se passait dans sa tête, seuls ses yeux illuminaient sa face, leur éclat tranchant révélant sa froideur au moins autant que sa gestuelle. Soutenant le regard bleuté du sith, elle observa du coin de l’œil Lorn s’avancer pour récupérer les armes de leur hôte forcé. 
Immédiatement, la trentenaire sentit la puissance mortifère contenue dans ces sabres. Ils avaient fait couler le sang de nombre des leurs. Son corps se raidit tandis qu’elle voyait l’homme les sortir pour finalement les déposer dans les mains de son ami. Elle n’appréciait guère cette démonstration, comme si le sith voulait leur faire passer un message en canalisant ainsi son énergie obscure dans ses armes. Brillante manière de rassurer ses interlocuteurs jedis.

Voyant Luke affecté, ce qui ne l’étonna guère, étant donné la sensibilité accrue du chevalier aux remous dans la Force, elle se pencha doucement et posa sa main gantée sur son épaule, voulant le faire revenir à la réalité par ce contact physique, la rudesse du métal n’étant pas caché par le tissu, ce qui lui permettrait sans doute d’identifier à qui elle appartenait. Puis, se redressant, tout en fixant le sith avec plus de froideur qu’auparavant, si c’était possible, Alyria se plongea dans la Force et commença à y puiser pour apaiser cette obscurité afin de rendre l’atmosphère plus supportable pour eux tous. Son aura enveloppa les deux sabres, repoussant les images qu’ils charriaient, et, constatant que derrière elle, les énergies de Maître Don et de Gabriel tentaient de réaliser la même chose qu’elle, à plus grande échelle bien entendu, elle se permit de s’aider de leurs présences pour réaliser son propre apaisement de l’obscur, espérant que son caractère localisé le rendrait suffisamment efficace pour arrêter les perturbations générées. Peu importait ce que ce Darth Nero en penserait : elle était là pour assurer la sécurité du chevalier Kayan, que ce soit physiquement ou mentalement.

Mais déjà, un autre problème se posait. L’imposant compagnon du sith les salua, mais ne fit pas un geste pour se débarrasser de son imposante épée, et quand elle entendit l’explication donnée par son maître, sa mâchoire se contracta un peu plus. Comme c’était pratique… Luke répondit posément en disant à voix haute ce qu’Alyria pensait tout bas : le sith n’était pas suffisamment idiot pour ne pas avoir prévu que les jedis ne laisseraient pas son comparse armé, non ? A moins qu’il ne présume que ses interlocuteurs ne voient pas dans un colosse avec une épée une quelconque menace… Très plausible…

Prenant donc la parole pour compléter les propos de son jeune compagnon, Alyria déclara :

« Si votre compagnon refuse de nous remettre ses armes, alors nous devrons l’escorter jusqu’à votre vaisseau pour toute la durée de cet entretien. Encore une fois, simple mesure de sécurité. »

Mesure de sécurité qui n’était pas totalement dénuée d’arrière-pensées. De cette manière, ils pourraient savoir comment et à quel endroit le sith avait pénétré sur Ondéron, ce qui, stratégiquement parlant, intéressait vivement Alyria. Mais bien sûr, cela, son interlocuteur n’était pas obligé de le savoir. La phrase avait été dite sur le même ton de politesse glacée employée auparavant, sans aucune inflexion du visage pouvant trahir une quelconque pensée.
Sur ces entrefaites, le sith enleva sa cape et s’assit en tailleur, les invitant tous à faire de même. Immédiatement, sans même avoir besoin de réfléchir, la maîtresse d’armes sut qu’il était absolument hors de question qu’elle suive son exemple. Elle ne baisserait sa garde sous aucun prétexte, n’était pas là pour négocier, mais pour, au contraire, prêcher la fermeté.
Manifestement, Luke préférait temporiser en obtempérant puis en enchaînant sur des questions, aussi, fidèle à sa ligne de conduite, Alyria ne suivit pas son mouvement et resta debout, se contentant de se placer à ses côtés silencieusement, écoutant simplement ce qui allait suivre. Seulement, elle avait une question, et après avoir attendu que le chevalier pose les siennes, elle ouvrit la bouche, et demanda :

« A vrai dire, j’aurais également une question. Vous m’avez l’air d’avoir déjà rencontré certains des nôtres, et j’ai le pressentiment que vos discussions avec eux ont été éminemment martiales, commença-t-elle en pointant du doigt les deux sabres dans une référence évidente aux images que ces derniers projetaient, alors, pourquoi cet intérêt soudain pour l’échange entre manipulateurs de Force, pour reprendre vos termes exacts ? »

Étonnamment, Alyria croyait assez peu à l’illumination soudaine sur les bienfaits du côté lumineux… Sans compter que la question la taraudait depuis qu’il avait prononcé ces premiers mots. Pour le reste, elle pensait Luke parfaitement apte à répondre aux éventuelles questions du siths. Elle n’ajouterait quelque chose qu’en cas de besoin, comme elle l’avait fait jusqu’à maintenant.
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D’ordinaire le jeune homme et ses pairs tentaient de s’assurer de la sécurité de ce temple en y instaurant une certaine sécurité nécessaire au bien-être de ses occupants, des plus jeunes aux plus âgés, mais c’était avant tout pour les plus jeunes que toutes ces précautions étaient prises. Comment les padawans et apprentis étaient-ils censés aborder sereinement leur longue et difficile formation s’ils n’étaient pas capable de dormir sur leurs deux oreilles, ne se sachant pas en sécurité dans ce lieu ? Non, c’était clairement impensable que les jedis ne s’assurent pas de la sécurité des leurs et Lorn, ainsi que son amie, faisaient partie du rempart qui protégeait les jedis des maux présents en dehors de ces murs. Malheureusement il arrivait de temps en temps, des jours comme aujourd’hui, que le mal vienne toquer à la porte et que, malgré ce rempart, il désire ardemment entrer à l’intérieur de ce temple pour d’obscures raisons.
La nouvelle de la venue d’un sith finirait forcément par se propager dans le temple comme une traînée de poudre et bientôt tous les petits curieux viendraient s’amasser aux portes pour poser les yeux sur la cause de tout ce chambardement. Était-ce sage de les laisser le voir, lui, alors que certains avaient perdu des maîtres ou des amis aux mains des siths ? Était-ce sage de laisser un ennemi séculaire arpenter les salles et les couloirs de ce temple comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était jamais passé ? Non, jamais, hors de question. À moins qu’un membre du conseil lui-même ne le demande au maître d’armes, ce dernier ne laisserait jamais ces deux individus faire le moindre pas supplémentaire en direction des portes du temple. Jamais.

Cet individu prétendait ne vouloir que discuter alors que, en posant ses mains sur ses deux sabres, Lorn sentit bien qu’il avait causé la mort de bon nombre de personnes avec ces instruments de mort. Depuis quand un loup faisait-il semblant de vouloir discuter avec ses proies pour les amadouer ? Et surtout, depuis quand cette ruse fonctionnait-elle encore ? Non, vraiment, c’était insultant de penser les jedis assez stupides pour croire qu’un sith avait vraiment des intentions purement pacifiques et n’avait aucune idée derrière la tête. Peut-être était-il là pour faire diversion, peut-être cherchait-il à reconnaître les lieux en vue d’une attaque…cela importait peu, il resterait là où il était : point final.

Malgré toute la concentration dont il faisait preuve pour focaliser son attention sur les deux individus, le jeune homme ne pouvait pas ne pas reconnaître les présences dans la Force qui s’approchaient de cet endroit…il en reconnaissait certaines, d’autres non. Restant de marbre face à l’homme qui proposait à Lorn de s’assoir pour parler d’égal à égal, le maître resta de marbre et ne bougea pas d’un centimètre, toisant du regard le duo alors qu’il tenait toujours aussi fermement ces deux sabres meurtriers dans ses mains…il savait à quel point il était facile d’user de la Force pour arracher un sabre de sa ceinture, il ne se laisserait certainement pas avoir.
Malheureusement pour le petit groupe de jedis, si la situation n’était pas déjà assez compliquée comme cela c’était sans compter l’acolyte du sith qui, en plus de ne quasiment pas parler, refusait clairement de se séparer de son arme qui revêtait une importance toute particulière à ses yeux. Et voilà, cela commençait déjà : à peine arrivé ce petit duo commençait déjà à créer des ennuis en refusant de se désarmer totalement.
Que faire ? La négociation était simplement hors de question ici et, pour préciser la situation dans laquelle se trouvait ce petit duo, le jeune homme répondit sur le même ton ferme :


« Ce n’était pas un choix que je vous proposais. »

Ils n’avaient pas leur mot à dire ici, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute et le jeune homme écouta silencieusement son amie et Luke le soutenir tout en révélant son nom qu’il n’avait pas encore révélé jusqu’à maintenant. Important ? Pas du tout, ce n’était qu’un nom après tout, que la façade de son identité propre…juste une façade.
Aussi silencieux et immobile que la montagne, le jeune homme observait silencieusement les deux individus sans les perdre du regard un seul instant. Il ne se laisserait pas berner par ces hommes et leur volonté de discussion, comme si ce genre de discours pourrait bien cacher qui ils étaient et ce qu’ils avaient fait par le passé. Ils resteraient là, ils ne rentreraient pas dans le temple de sitôt.
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Surprise, la jeune femme se retourna sèchement vers Maître Don. Absorbée par la scène, son corps avait agit instinctivement au contact de la main qui s'était posée sur son épaule. Inconsciemment avait surement senti le maître approché, mais son esprit n'avait pas vraiment intégré l'information. Elle posa alors sur un regard vide un court instant avant que ses prunelles grises ne reprennent une contenance. Laissant échapper un soupire de détente elle reporta son attention sur Luke et les deux maîtres d'armes à ses côtés. Èvengellyne était sur le point de répliquer lorsqu'un second maître s'approcha. C'était Maître Fyelen qui venait de rejoindre son confrère. À peine arrivé, ce dernier vint appuyer les paroles de son homologue du Conseil. Légèrement piquée au vif par une interprétation qu'elle jugeait erronée de sa nervosité, la jeune femme entreprit de la rectifier sur le champ. Choisissant ses mots avec le plus grand respect qu'elle devait à ses ainés et maîtres, elle prit la parole.


« Ne vous méprenez pas maîtres, ma nervosité n'est en aucun cas due à une quelconque peur. Le culot dont fait preuve ces siths est un outrage envers l'Ordre ! De quel droit se permettent-ils de venir jusqu'ici ! »


Ève ne poursuivit pas. La flamme qui luisait dans ses yeux et se regard noir qui obscurcissaient ses pupilles témoignaient de toute la rage et de toute la haine qu'elle avait à l'égard de l'ordre sith. Serrant ses poings, elle respira profondément, tentant à grande peine de retrouver un semblant de calme. Mais il était surement trop tard. Ses paroles et ses sentiments avaient déjà du entacher le calme qui régnait dans la Force. Elle devait apaiser son esprit. Un esprit agité était vulnérable face au côté obscur et encore plus quand ce dernier était maîtriser par un seigneur sith. Retrouvant un semblant de sérénité, du moins en apparence, elle acquiesça aux dernières paroles de maître Feylen. Il était plus qu'évident qu'elle ne voulait pas donner la moindre satisfaction à ce Sith. Elle entreprit alors d'apaiser le Temple. La jeune Zabrak avait put-être l'esprit perturbé, mais elle avait apprit à ne rien laisser transparaitre dans les cas d'urgence. Or, le cas était présent entrait très précisément dans ses critères. Le Temple et les padawans devaient se sentir à l'abri de tout danger.
Ne perdant pas une miette de ce qui se passait elle demanda d'une voix tinté d'inquiétude.


« Maître Don pourquoi avoir choisi Luke ? Pourquoi l'avoir envoyé lui et pas un autre ? Il y a pourtant des chevaliers tout aussi aptes à mener un dialogue avec un seigneur Sith. Dans ce cas pourquoi lui et pas un autre ? Je respecte votre choix maître mais pourquoi ? Pourquoi, pourquoi... »



Sa voix s'était éteinte dans un souffle. Ses yeux gris s'étaient lentement posés sur les deux sabres que tendait le Seigneur Sith au maître d'arme. Un frisson compulsif agita son corps. Une sueur froide parcourut l'échine de la jeune femme. De fines larmes perlèrent le long de ses joues. L'obscurité, elle l'avait sentie plus présente, envahissante, limite étouffante. Une sensation qu'elle ne ressentit qu'indirectement. Les doigts tremblants, elle dégagea son cou. Un sentiment étrange la submergeait lentement. Elle avait cette sensation d'être attirée malgré elle par ce sith. Était-ce de la simple curiosité ou davantage ? Ne trouvant aucune réponse, elle lutta face à cette envie irrépressible de connecter son esprit à l'obscur. Elle se plaqua contre le mur comme pour y disparaître. Anéantir cette pulsion, voilà ce qui importait à la jeune chevalier à cette instant précis qui lui sembla bien long. Se ressaisissant peu à peu la jeune Zabrak releva les pans de son châle rouge-orangé et se couvrit la tête et baissa légèrement les yeux de honte. Étrangement, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Intérieurement, elle remercia la nature de l'avoir doter d'une peau orangée. Cette couleur de peau avait au moins le mérite d'atténuer ses rougissements.


Quelques instants plus tard, sa bouche s'ouvrit, interdite. Le mastodonte qui se tenait à côté du Seigneur sith refusait de laisser tomber ses armes. Une telle provocation ne pouvait laisser de marbre Èvengellyne. Ces hôtes manquaient totalement de respect aux yeux de la chevalier. Ils n'avaient pas le choix et le fait que maître Vocklan le leur rappelle la satisfit. Malgré tout leur attitude ne lui plaisait pas. Elle se moquait éperdument des raisons de leur venue et de toute manière elle n'y croyait guère. Tout ce qu'elle voyait c'était leur réaction inapproprié pour une soit disant rencontre de « courtoisie ». Alors qu'elle voyait Luke accepter l'invitation à s'assoir du sith d'un côté et la posture toujours immobile de maître Von, Èvengellyne s'écarta de son mur. Elle se mit à fixer voir à dévisager allègrement le sith. Ne quittant plus des yeux le chevalier maintenant assis, elle s'avança et descendit quelques marches. Elle s'arrêta au bord de la quatrième. Elle aurait aimé pouvoir aller s'installer au près de Luke pour le soutenir. Cependant, elle ne pouvait aller plus avant ayant déjà en un sens outrepassé les droits qu'elle s'était elle-même arrogée en venant jusqu'ici.
Saï Don
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Le vieil homme écoutait la scène, les sourcils froncés. Cet individu-là n’avait rien d’ordinaire. Il était insondable, tout autant que son effrayant compagnon, et le vieillard fut renforcé dans son pressentiment qu’une vigilance extrême était de rigueur. Il ne pouvait s’empêcher de penser que ceux-là cachaient probablement quelque chose… Ou bien venaient-ils en reconnaissance, dans l’idée d’une future excursion sur Ondéron ? Autant dire que Maître Don n’appréciait pas du tout l’initiative.

Maître Fyëlen avait surgi dans le dos du vieil homme, lui prodiguant ses conseils à son tour. Maître Don ne put réprimer un sourire malgré la situation : parfois, malgré son âge et son expérience au Conseil, il avait la sensation que Gabriel lui parlait comme à un enfant. Mais c’était pourtant bien connu : vieillir revient à devenir à nouveau un nouveau-né dont il faut s’occuper heure après heure. Grâce à la Force, il n’en était pas encore là, mais devait visiblement avoir l’air plus sénile qu’il ne l’était pas vraiment. A moins qu’il ne se fasse des idées. Il ne commenta pas la réflexion, reportant son attention sur la rencontre au-dehors.

Effectivement, Luke se débrouillait plutôt bien, même si les interventions des maîtres Von et Vocklan n’étaient pas de trop pour mettre en garde leur visiteur. Saï fut un instant décontenancé, toutefois, en sentant le trouble vif ressenti par son ancien padawan. Le Hapan était si lumineux qu’il ne craignait pas, d’ordinaire, de le voir affaibli par la présence du côté obscur. Pourtant, quelque chose d’une rare violence venait de se produire en lui. Mais un instant suivant, tout s’était évanoui, et Luke reprenait ses esprits, et la parole, avec une certaine assurance. Quoique cela avait été, le jeune Chevalier l’avait surmonté. Cela n’empêchait pas une certaine frustration chez le vieil homme, celle d’être potentiellement impuissant face au danger que bravait Luke.
L’initiative de Maître Fyëlen, pour apaiser le côté obscur qui empoisonnait la Force, fut une bénédiction pour se recentrer sur l’élément central de cette rencontre : Darth Nero. Pendant ce temps, entre leurs auras se tissait le réseau de Force apaisant, créant une atmosphère rassurante pour eux tous. L’effet que cela produirait sur le Sith restait encore un mystère. Son compagnon, lui, semblait quasiment imperméable à son emprise.

Le vieil homme reporta son attention sur la jeune Zabrak qui se tenait à ses côtés. Il ne pouvait dire qu’il ne partageait pas son appréhension, mais à l’instar de Maître Fyëlen, il avait confiance en son ancien padawan pour entretenir une discussion diplomatique, calme et pacifique, avec cet être dangereux.

- Et pourquoi pas Luke ?
répondit-il en chuchotant, un sourire malicieux naissant sur ses lèvres. C’est un Chevalier très qualifié pour entamer cette rencontre sur un ton pacifique. Bien sûr, c’est dangereux… Mais, ma jeune amie, le danger nous guette tous, nous autres Jedi. Luke le côtoie autant que nous.

Il se demanda vaguement si la jeune femme ne craignait pas un peu trop le péril que courait son ami. Mais cela serait revenu à croire que Luke avait peu de ressources, or il en avait bien plus qu’il ne le laissait paraître avec ses gestes gauches et sa voix parfois mal assurée. Oui, il avait l’air d’un agneau devant le loup… Mais un agneau formé auprès d’un Maître du Conseil pendant plus de dix années consécutives, ce qui n’était pas rien. Saï avait confiance en Luke pour ne pas oublier que sa sécurité comptait avant tout. Néanmoins, il comprenait les craintes d’Evengellyne, et s'attacha donc à la rassurer.

- Luke est très bien accompagné,
certifia-t-il plus sérieusement. Aucun geste menaçant ne pourrait échapper aux regards aiguisés des Maîtres Von et Vocklan.

Un duo éclatant à bien des égards. Ils protégeaient certainement mieux Luke que lui-même n’aurait jamais pu le faire.

- Sans compter le renfort improvisé que vous nous offrez, Chevalier,
ajouta-t-il avant de se tourner vers Maître Fyëlen.

Il échangea avec Gabriel un regard entendu. Leur tour était venu d’intervenir.

Le vieil homme apparut, et descendit les marches avec une lenteur tranquille. Sa mine était grave, ses yeux aux éclats froids et bleutés trouvant une forme d’écho, de miroir, dans ceux de leur visiteur à la mine illuminée. A la différence que le vieil homme était âgé de quelques décennies supplémentaires, et que ses rides exprimaient une lassitude grave. Il n’était plus question d’un sourire, désormais qu’il avait affaire à l’ennemi.

- Messieurs, bonjour.


Il avait attendu d’être assez proche d’eux pour ne pas avoir à élever le ton. Ainsi n’avaient-ils pas non plus à tendre l’oreille pour percevoir sa voix essoufflée par les ans. En revanche, il s’arrêta, debout, à un mètre de Darth Nero, à qui il n’avait pas donné son titre. Il était hors de question de reconnaître une quelconque validité, ni honneur ni légitimité, dans les titres dont se targuaient les Sith.

- Je vous prie de m’excuser, mais je ne m’assoirai point à vos côtés. Mon corps n’est plus très friand de ce genre d’exercice, j’espère que vous comprendrez la requête d’un vieil homme tel que moi, s’excusa-t-il. Je suis Maître Don, et voici Maître Fyëlen. Nous siégeons tous deux au Conseil Jedi. Comme vous pouvez le constater, celui-ci est fort intéressé par votre démarche.

Le regard du vieil homme quitta un instant le Sith assis au sol pour examiner brièvement la créature qui l’accompagnait. Un mastodonte, certainement fort dangereux. Mais il comprenait la démarche de Darth Nero : il assurait sa possibilité de repartir d’ici sain et sauf. Et si Darth Nero ne commettait aucune erreur, ils seraient probablement forcés de le laisser faire. Maître Don aurait presque aimé qu’il tentât de les agresser pour pouvoir arrêter l’individu sans problème de conscience. Mais avant tout, il souhaitait surtout recueillir les informations que le Sith était venu à apporter. Car sans nul doute, il avait un message à faire passer, qu’il soit ou non symbolique, qu’il soit ou non formel. Mais qui en était vraiment l’émetteur ?

- Auriez-vous l’obligeance de nous dire si vous venez de votre propre chef, et en votre seul nom, monsieur ? Avez-vous un message à nous apporter ? Veuillez excuser les précautions que nous avons prises à votre égard… C’est que nos histoires personnelles nous ont presque tous déjà enseigné, avec rudesse et douleur parfois, à quel point les créatures de votre genre peuvent être hostiles, et parfois meurtrières, à notre égard.

Il en avait fait les frais quelques semaines à peine auparavant. Il n’était pas prêt d’oublier Nosfera. Cette Sith-là était-elle connue de Darth Nero ? Une alliée ? Une rivale ? Il y avait d’autres points importants à aborder avant cela, mais Maître Don était curieux d’entendre ce que le Sith avait à dire…

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-"C'était même là une idée judicieuse..."

Gabriel abondait dans le sens du vieil homme quand au choix de Luke. De part non seulement une protection rapprochée des meilleures se basant sur les capacités des deux Maitres d'armes réunis. Ils étaient, à leur façon, un bien meilleur bouclier pour Luke que les consignes de sécurité qui avaient été mises en place pour assurer la sécurité du Temple.

Mais ensuite, Luke était Luke. D'apparence frêle, l'hapien savait se montrer ingénieux. Plus que beaucoup. Et il était amusant de voir comment l'apparence pouvait alors masquer ce fait aux premiers regard. L'on ne se retourne en général pas sur une personne "ordinaire", et encore moins lorsque l'on a une haute opinion de soi. On le sous-estime, lui donnant ainsi -sans le vouloir- un avantage.

Mais visiblement, l'heure n'était plus à être présent à l'arrière. Et alors que le Grand Maitre entamait sa marche, Gabriel se tourna une dernière fois vers la Zabrak présente pour ajouter :

-"N'ajoutons peut-être pas à la tâche de nos deux gardiens notre sécurité personnelle sans les y aider. Puis-je vous solliciter pour nous accompagner, et veiller également sur nos âmes ? Vous m'en verriez plus serein..."

Puis, sans attendre de réelles réponses, Gabriel emboîta le pas à Saï. Une marche, à la fois courte et longue. Il y avait, le Corellien devait le reconnaitre, de la tension dans l'air.

-"Je dois reconnaître une chose, Maitre : je n'aimes pas cette situation."

Cette phrase, pour les seules oreilles de son homologue, était indicatrice de ce que le Maitre Fyelen ressentait réellement. Il y avait dans cette démarche de leur visiteur une chose qui n'était en rien anodine. Une chose qui n'était en rien rassurante. Mais les voila approchant trop de la scène. Laissant alors Maitre Don s'avancer, et prendre la parole pour annoncer comme il se devait leur arrivée, Gabriel décrocha quant à lui simplement son sabre, et s'approcha d'Alyria pour venir l'y fixer sur la ceinture de sa "soeur d'origine". Il savait que l'Echani qu'elle était comprendrait ce geste, et le coeur battant, il alla s'asseoir aux cotés de Luke.

Un regard pour le jeune Chevalier, puis un plus long pour leurs visiteurs, autant que possible lorsque l'un cachait l'autre.

-"Je n'ai qu'un souhait à rajouter. Derrière nous s'étend le Temple..."

Son regard fixa alors celui de glace de Darth Nero.

-"Vous vous êtes permis en arrivant d'en perturber la vie qui règne. Ne recommencez pas. Si vous transigez de cette mise en garde, je me verrais contraint de vous faire ramener à votre vaisseau."

Une seconde passa, avant que le Maitre ne ponctue sa phrase par cette dernière affirmation :

-"Par tous les moyens."
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L’échine au contact de celle du Grand Mestre, le roi Nero aperçoit un Jedi vêtu de vert s’aligner sur le vieil homme, au seuil de la Porte. Nero a une moue satisfaite, l’accueil est tout à fait substantiel. Des membres du Conseil ? Oui, au moins l’un d’entre-eux à n’en pas douter. L’œil de Nero glisse sur la main de métal. Une prothèse, Alyria Von est une femme amputée.
 
Luke s’assoit et Nero le suit du regard. Premières questions et puis l’arme de Garuda. Alyria Von relaie la demande du Jedi aveugle, « simple mesure de sécurité ». Le roi plisse les paupières une seconde, le regard dirigé vers elle. Sa bouche forme doucement O. Il expire finalement de dépit. Quelle frilosité. Le Grand Mestre est ce qu’il est, un duelliste remarquable, mais sans la moindre affinité avec la Force, quelle menace peut représenter le tailleur de sang face aux dieux du Temple ? Lentement, Nero redresse le menton, les paupières à demi closes, l’œil vers le sol. Sa voix a quelque chose de fatigué.
 
Merci Luke.
 
Garuda, pour la première fois je te l’demande. Pour la dernière fois. Remets ta lame, ou pars.
 
Garuda inspire aussi profondément qu’il expire. Il a les mains posées sur l’épée krath en travers de ses cuisses. Alors, d’un geste qui n’hésite pas, l’arme est remise au roi. Nero la tend aussitôt à l’adresse de Maître Lorn, avec un grand respect pour la relique Sith. Quand l’épicanthix se retire alourdi, Nero a le regard dans le vague. Il se souvient, la voix spectrale.
 
Vigo Tanhauser.
 
Sur le sol, l’ombre portée de plusieurs nuages anthracites qui rayent le ciel bleu. Le roi parle lentement, suivant le fil de ses souvenirs avec attention.
 
Quelque part dans vos bases se trouve ce nom. J’ai le souvenir diffus du votre demeure. Ce vieux guerrier derrière vous, je suis sûr de connaître son visage, sa voix peut-être.
 
Derrière Nero, un voile violet en travers l’horizon. Un rideau de pluie sur la ville d’Ondéron.
 
J’avais 4 ans quand Darth Lestett vous a privé de ma petite personne. Dans cette jungle, il a pris le Maître de vitesse et m’a recouvert de son ombre.
 
Son visage pivote vers Luke Kayan. Ses deux lacs gelés s’arriment un instant à son visage avant d’obliquer vers un point indéfini.
 
Celui ou celle qui croit choisir l’Obscur se fourvoiera toujours.
 
Tout à coup une lumière vive dans son regard, ses sourcils qui bondissent et son front qui se creuse d’émotion. Dramaturgique faciès.
 
Que j’aimerais ! Que j’aimerais fouler de nouveau le plancher de ma première maisonnée.
 
Et ses traits se détendent. L’émotion redescend. Une lucidité désabusée dans ses yeux, dans son sourire.
 
L'Obscur aux portes du Temple [Flashback] Smile
 
Séparés de leur Seigneur, les sabres noirs émettent leur propre rayonnement. Il y a contraste, même Alyria Von peut le constater. Si Nero exerce un véritable contrôle sur ses énergies, placées en retrait, celles de ses armes refusent sauvagement de reculer. L’apaisement de l’Obscur devra être fermement maintenu. Sans le filtre que représentait le corps de Nero, leur aura dégoulinante cherche à repeindre le mur d’enceinte immaculé.
 
La guerrière solaire est restée debout mais parle beaucoup. Nero entend sa question et place ses yeux dans ceux de Luke Kayan. Il déglutit avec une pointe d’amertume.
 
Si tu veux échanger des mots avec nous, assied-toi.
 
Son œil oblique rapidement sur elle. Sa nuque n’a pas bougé, altière.
 
Tu peux rester debout, mais alors tu devrais te taire. Je vais quand même te répondre.
 
Il respire avec amplitude, calme. Son regard va sur l’arme de Maître Von.
 
Eminemment martiale… Oui. Le premier, Padawan. Test de maturité selon Darth Lestett. Le deuxième et le troisième, un Padawan et son Maître. Venus pour me tuer, pas de place aux mots. Le quatrième, et le dernier. Jedi Gris, désireux du trône de Belkadan. Peu disposé à la discussion. Un duel mémorable.
 
Son regard neutre glisse sur ses propres instruments de mort.
 
L’intérêt que je porte à mes frères et sœurs de l’autre versant n’a jamais faibli. Mais si j’ai vu d’assez près la couleur de leur sang, j'ignore les reflets de leurs âmes, simplement.
 
Il fixe toujours ses outils laqués. Et ses lèvres se mettent à remuer doucement, sans produire le  moindre son, comme s’il murmurait à leur adresse à travers un couloir d’éther hermétique. C’est cet instant qui est choisi par les deux Maîtres restés au seuil du Temple pour entrer en scène. Don et Fyëlen, le vénérable et l’honorable, grands dans la Force. L’œil de Nero est brutalement captivé, va de l’un à l’autre avec un intérêt non feint, animal. Il écoute les deux hommes, suit du regard celui qui daigne s’asseoir et sourit à l’excuse de vieux Maître. Mais alors son sourire s’efface, les derniers mots du Jedi vêtu de vert provoquent chez Nero une profonde et sonore inspiration. Les yeux dans les siens, les traits de Nero se figent et le temps patine. Ce Jedi pourrait bien être le premier à dégainer. Retenons-nous mon cher, retenons-nous cette fois.
 
Et puis de nouveaux, le timbre de sa voix.
 
Question.
 
Ses yeux se posent sur Luke Kayan aussi lourdement que des enclumes.
 

Dans les faits récents, je n’vois en vous que des moines policiers, des flics ascétiques au service commandé du Sénat. Pourtant je vous sais mes frères. Nous sommes des dieux, les seuls véritables, tangibles. J’aimerais savoir. Cultiver l’humilité depuis des décennies vous l’a-t-il véritablement fait oublier ?
 
Son regard bondit comme le tigre et s’abat sur le vénérable.
 
Tu n’veux vraiment pas t’asseoir ?
 
Un éclair de défi passe sur ses prunelles de crocodile. Mais Maître Don ne peut s’y tromper, ce défi a l’envergure de ceux que peuvent se lancer des enfants, quelque chose de tout à fait insignifiant. Le vieux guerrier peut le comprendre aisément, l’homme qui leur face, cet ennemi assis sous les armes de plusieurs sabreurs d’exception. C’est un joueur, un joueur invétéré.
 
Et puis la pluie, fine et faible.


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Saï Don
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- Moi non plus, avait grogné le maître dans sa barbe à l’attention de Gabriel.

Non, lui non plus n’aimait pas cette situation. Les Sith commençaient à agir trop impunément. Comme s’ils ne craignaient plus d’apparaître à découvert au sein de la République… Et la présence de Maître Fyëlen et des autres était providentiel. S’ils étaient seuls, ce duo ne pourrait guère grand-chose contre eux tous.
Voir Luke assis aux côtés du Sith n’avait pourtant rien de réjouissant. Comment son ancien padawan pouvait-il diable faire confiance aussi facilement ? C’était ce qui faisait de lui un être exceptionnel… Exceptionnellement précieux, exceptionnellement fragile aussi aux yeux du vieillard. Mais il ne pouvait rien faire d’autre en cet instant.

Vigo Tanhauser, Darth Lestett. Des noms qui ne disaient rien à la mémoire du vieil homme. Quel âge avec cet homme au regard fou ? Au moins la moitié du sien. Quand ce gaillard avait 4 ans, Saïen était certainement par monts et par vaux ; un Chevalier Jedi qui ne connaissait guère la vie paisible du Temple. Il y avait peu de chances pour que ces deux noms eussent la moindre réalité pour lui.

Les paroles de l’homme n’avaient que peu de sens. Il semblait s’écouter parler. Probablement la discussion avait-elle davantage de sens pour lui qu’elle n’en avait pour les Jedi, nerveux, alertes.
Mais le vieillard sourit.

- Non, vraiment pas, chuchota-t-il.

Surtout puisqu’on n’avait pas vraiment répondu à ses questions. Vigo était-il un impérial, ou bien un Sith indépendant ? Cela avait toute son importance… Non pas qu’il pût devenir leur allié s’il n’était pas à la botte de l’Impératrice ; cet homme transpirait la folie et le danger. Saï soupçonnait quelques ronds visages de padawan de s’être agglutinés à des fenêtres en hauteur pour regarder ce qui avait provoqué l’attroupement devant l’entrée du Temple. Pour beaucoup d’entre eux, ce serait le premier être obscur qu’ils verraient… Mais certainement pas le dernier.
Avec un peu de chance, toute cette mascarade serait rapidement terminée et la vie reprendrait son cours au Temple. Avec une once de prudence supplémentaire, à n’en pas douter.

- C’est parce que les chimères de ceux qui sont tentés par la domination ne peuvent être oubliées que nous avons besoin de cultiver si patiemment cette humilité, voyez-vous.

Dieux. Existait-il quoi que ce fût de pire dans cette galaxie que l’être fait de chair et d’os qui se prenait pour un être divin ? Que la supériorité gagnée par la force, et la Force faite instrument de domination ? Il n’y avait pour le vieux sage d’autre issue à cette voie qu’une compétition dévastatrice de pseudo-dieux en mal de pitance pour nourrir leurs egos insatiables.
Le Maître soupira à part lui. Ses explications rationnelles se heurteraient sans doute à un mur de fantasmes et de vanité. La discussion n’aurait pas d’issue, il le craignait fort.

- Mais vous n’êtes certainement pas juste venu m’entendre philosopher, commenta-t-il paisiblement.

Ses yeux se portèrent au-delà de Vigo et de son acolyte. Un chemin traçait un sillon clair dans la jungle dense, d’où leur provenaient les pacifiques sons de la faune d’Ondéron. Au-dessus, à l’horizon, les silhouettes des édifices d’Iziz se découpaient dans le ciel bleu voilé par la pluie.

C’était devant ce beau paysage que naissaient des destins imprévisibles.

Comme celui d’un enfant naissant sur la voie d’un Jedi, mais arraché à ce destin par des êtres qui étaient leurs sombres alter ego. Il était évident que l’ancien enfant était puissant dans la Force. Que serait-il devenu, sans le périple qui avait fait de lui un être esclave de son ego, seule valeur accordée par l’obscurité ?
Les yeux clairs du vieillard étaient vagues sur ce paysage, comme perdus dans ses souvenirs. Comme s’il avait oublié leur présence.

Luke Kayan
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Assis mais tendu, Luke hésitait encore quant à savoir s'il avait bien agi. Sa volonté de découvrir les réelles intentions du dénommé Dath Nero lui avaient fait choisir de s'asseoir. Le fait d'avoir le soutien d'une des plus grandes bretteuses de l'Ordre, de son maître couplée aux auras des Jedis qui s'étaient aperçus de l'échange aussi. Certainement. Plus enclin à la méfiance suite à la déferlante d'obscurité qui l'avait secoué après son contact avec les Sabres de l'ennemi, le Hapien demeurait difficilement en place. Il devait se concentrer pour rester calme et ne pas asséner des arguments évidents à la tète de celui qui semblait essayer, tout à coup, de le convertir.

Saï apparut néanmoins, répondant à sa place. Soulagé, le Chevalier quêta toutefois son approbation via la Force, à travers de ce canal qu'eux deux avaient forgé, indécryptable pour les autres. Son ancien mentor s'était-il dévoilé à cause d'une de ses erreurs? Le seul qu'il voulait réellement contenter et suivre aujourd'hui était indéniablement Maître Don à qui il restait fidèle.

- En effet- Renchérit Luke, suite aux propos sages du vieil homme.- Nous ne sommes que des mortels, comme vous l'êtes d'ailleurs, touchés par le temps mais aussi les émotions. D'ailleurs, les Divinités, les véritable,s je veux dire, pas celles adorées lors d'orgies déraisonnables lors des anciens temps, auxquelles vous prétendez appartenir se caractérisent en partie par leur invulnérabilité aux bassesses humaines, à leurs besoins ridiculement... Humains, précisément. Un Dieu est sage et ne se range de nul côté. Vous êtes touché par le côté Obscur, il vous affecte et contamine vos cellules, inexorablement. Il dévore ce socle trop faible pour l'accueillir sans dommage. Comment expliquez-vous cela, sinon par l'humble vérité: ceux que la Force à la grâce de toucher ne sont que des mortels chanceux, pourvus de dons mais surtout de hautes responsabilités.

Le silence s'abattit ensuite, Luke, insensible au paysage, toisa le regard de Nero sans le voir. Il plongea dedans, à la recherche de cet ancien Jedi qui disait se sentir chagriné d'avoir perdu sa première demeure. Pourquoi s'accrochait-il donc à l'obscurité si la vie au Temple lui manquait réellement? Qu'un enfant chute du côté obscur était compréhensible, mais si la nature de l'être était profondément bonne, adulte, il se montrait capable de changer à nouveau ou du moins se montrer neutre. Prêt à réagir via la Force, Luke se leva, coupant aussi la conversation. Il ne souhaitait pas pousser sa curiosité au point d'accepter un discours d'enrôlement.

- Vous perdez votre temps. Ici nul ne se prendra pour un dieu, nous aimons cette recherche d'humilité à laquelle vous ne croyez pas. Si vous ètes réellement venu avec des intentions pacifiques, partez sans agressivité, et effectuez ces recherches qui vous intriguent tant au fond de votre âme.

Déclara-t-il, doux mais ferme. Dans le fond, les êtres comme cet homme lui faisaient de la peine. Seulement la sécurité des siens passait avant tout, voyant que la conversation tournait petit à petit à une tentative pour les convaincre que le côté obscur était le bon, le Hapien ne semblait plus si intéressé. Il avait perdu cette curiosité pour adopter une expression neutre, cachant un agacement déjà déclenché par la vague Noire précédant les paroles du Maître Sith.
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La discussion avançait entre les jedi et les deux siths. Eve toujours sur sa marche suivait les paroles échangées avec attention. A la moindre incartade des siths, elle s’avancerait auprès de Luke, qu’importe ce qu’en penserait Maître Don. Elle avait ce besoin un peu stupide d’aider et de protéger le chevalier Jedi qu’elle savait pourtant tout à fait apte à mener à bien cette conversation. Mais c’était plus fort qu’elle et lorsque maître Don et son collègue s’avancèrent finalement tous les deux pour entrer dans la danse, la Zabrak en fit de même. Elle ne connaissait pas les noms qu’il évoquait mais ce n’était guère étonnant au vu de leurs âges respectifs. Ce qui étonna plus la jeune chevalier, c’était que manifestement, ils ne disaient rien non plus au vieux sage. Alors Evengellyne s’approche et vient s’asseoir aux côtés de Luke. Elle laisse une main vagabonder sur celle du chevalier pour lui signaler sa présence.

Luke réagit avec bien plus de délicatesse qu’elle n’aurait su le faire quant au sujet des dieux. Le sith se prend pour un dieu, il n’y a nul dieu sur terre. Ils sot tous plus mortels les uns que les autres et si cela continue, il l’apprendra à ses dépens. Luke finit par se lever et la chevaler le regarda faire Il répondit sur un ton très neutre au sith. Un petit sourire se dessina aux coins des lèvres de la Zabrak. « Luke rassis-toi. Il ne partira pas parce qu’il cherche autre chose qu’une simple discussion avec nous. » lâcha finalement la Zabrak qui planta son regard dans celui du sith. Les siths, elle les détestait autant qu’elle cherchait à en savoir plus sur eux. Elle détestait son père autant qu’il voulait en savoir plus sur ce géniteur que sa mère avait aimé.

« Qu’êtes-vous venus chercher en venant jusqu’au temple d’Onderon ? Vous saviez que nous ne vous laisserions jamais pénétrer son enceinte. Qu’espérez-vous de nous ? Que nous vous prenions en pitié ? Cela aurait pu marcher c’était un discours très touchant une histoire qui pourrait une tirer une larme. Mais nous sommes tous maître de notre destin dans une certaine mesure et vous avez choisi de rester de ce côté de la Force. » répliqua la chevalier jedi. Oui, ils pouvaient tous faire des choix, parfois ils n’étaient pas les meilleurs, mais ils restaient des choix. Evenellyne avait décidé de marcher du côté de la lumière et pourtant elle n’était pas toujours la plus lumineuse des jedi. Ses sombres pensées pouvaient l’envahir et la brûler de l’intérieur, mais elle trouvait toujours le moyen de contenir les flames dévorantes.

« Si vous voulez un conseil, méditez un peu sur ce qu’est la Force, réellement, dans ce qu’elle a de plus vraie. Elle peut être aussi capricieuse qu’un enfant et à trop vouloir la commander comme un dieu contrôle la terre, vous allez finir par la fâcher. » voilà qu’elle s’improvisait diplomate. Mais elle n’était sans aucun doute pas aussi douée dans ce domaine que pouvait l’être son homologue chevalier.
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Mais bien au contraire Maître, philosophe donc à ta guise, c’est bien l’objet de ce premier contact.

Non, l’ancien ne souhaite pas s’assoir et l’atmosphère a conservé toute sa tension. Vraiment, Nero ne comprend pas. Il ne s’est jamais autant exposé face à des supposés adversaires, lui-même est convaincu d’être incapable de s’en sortir vivant si les sabres devaient jaillir de l’acier et les énergies que lui communiquent le Grand Mestre dans son dos n’ont rien de légères. Et pourtant ils sont là autour de lui, nerveux et terriblement méfiants. Il a donné des gages pourtant. Il s’est assis, il a remis ses armes et celles de son partenaire. Une colère enfouie échauffe alors son être. S’il ne peut pas échanger dans de bonnes conditions avec ces frères, c’est encore la faute de cet héritage Sith, cette souillure de l’Obscur. La parole de sa famille n’a pas de valeur, trahison et lâcheté jalonnent son histoire. Un piège humain, c’est tout ce qu’il inspire à ces guerriers du Temple.

Il soupire. Les deux lacs gelés que figurent ses yeux reviennent sur Luke. Il l’écoute attentivement et ne le lâche pas du regard lorsque la Zabrak le rejoint. Il observe fugacement le geste qu’elle a vers lui. Il acquiesce doucement aux mots de l’Humain et le suit toujours des yeux lorsque celui-ci se relève. Nero s’étonne tout à fait lorsque la jeune femme tente de retenir son ami. Et il écoute aussi celle-ci, qui lui tire finalement un sourire. Sa tête s’écroule et son sourire s’élargit. La pluie n’a pas forci et elle tombe toujours aussi tiède. Il va falloir donner plus, relever encore le niveau d’alerte de son acolyte. Nero redresse le visage, statuaire et royal, la mâchoire crispée. Il plante son regard dans celui de celle qui lui fait face et dessert les dents. Il semble apaisé et parle à l’adresse de tous.
 
N’insistons pas. Merci à toi jeune sœur dont j’ignore encore le nom.

Sa large cage thoracique se soulève et il expire profondément, une goutte de pluie perlant à l’extrémité de son nez. Quelque chose comme de la tristesse se lit sur son front, une authentique tristesse. Il reprend.

Ce que je suis venu chercher, c’est vous. Je voulais vous apprécier, voir ce que contenait vos yeux, éventuellement vos âmes. Rien d’autre. Pardonnez-moi si mon aura s’est montrée trop entreprenante, la Force a ses raisons.

Sa voix sonore reste posée, empreinte d’une réelle sincérité.

Nuançons puisqu’il le faut. D’un certain point de vue, nous sommes des dieux. Je n’ai jamais considéré la moindre religion avec sérieux et j’ai toujours vilipendé ces dévots qui s’en remettent à des textes et des fables. Balivernes qui vous passent volontiers la bride, moralisatrices de surcroît. Saleté.

Il rit, seul. Et puis s'exclame, de façon mesurée cependant.

Mais nos pouvoirs sont tangibles et nous autorisent l’impossible ! Oui, j’admets verser parfois dans le romantisme, mais je n’ai rien d’un illuminé. Nous manipulons l’éther, vous n’y trouvez rien de divin et n’y voyez qu’un gentil don, soit, vous réduisez l’envergure de la chose et c’est votre affaire, mais tous ceux qui sont confrontés à la Force ne partagent pas forcement ce regard réducteur.

Son œil remonte lentement vers Luke.

Certains d’entre-nous ont déjà passé le seuil de l’immortalité. J’entends parfois leurs voix et je suis étonné qu’ils ne t’aient jamais parlé. Ils sont des vaisseaux dans la Force, leurs échos ont déjà résonné entre mes tempes et ce ne sont pas des chimères de l’esprit. D’autres que moi confirment ces manifestations. Ils sont là, ni morts ni vivants, présents et influents. Peut-être ceux-là sont-ils dieux. Non ? Pas assez extraordinaires ? Simple don ?

Il glisse vers Saï Don.

Maître ?

Son regard revient rapidement sur son vis-à-vis, toujours assise. Courageuse Jedi.

Je suis un dieu de force et de guerre, de passion et de renouveau. Tu es une déesse de témérité, de générosité et de joie. Tu l’incarnes véritablement, tes énergies inspirent les coeurs de ceux qui t’entourent.

L’œil toujours arrimé à la jeune Zabrak, il poursuit.

Toi Luke, ce que tu incarnes aurait son rôle à jouer dans les ghettos de Belkadan, là où les inadaptés à ma vision finissent. Moi j’y suis démuni, incapable, mais toi tu offrirais une solution à tous ces gens. J’en suis certain.

Il marque un temps, se recentre.

Sur cette planète verte, je suis roi. Et je vous invite. Là-bas, nous n’y cultivons pas la souillure Sith. Le mensonge, la tromperie, la duplicité et la trahison ne seront jamais nos armes.

A ces derniers mots, le menton de Garuda se redresse. Le Tailleur de Sang n’en revient pas, il n’a jamais entendu autant de mots dans un intervalle si court dans la bouche de son roi. Et puis il dit tout, jusqu’à nommer sa résidence, Belkadan. Une grave erreur selon-lui, ces hommes et ces femmes sont ses frères et ses soeurs, mais ils sont ses ennemis, des ennemis mortels. Nero a tord, il surestime la hauteur de vue de ses interlocuteurs. A cet instant le Grand Mestre se sent très vulnérable. A vrai dire il ne s’est jamais senti aussi fragile de toute son existence. Il soupire, conserve les paupières closes et maîtrise son souffle. Et cette pluie, il n'aime pas la pluie.

Vous n’êtes pas mes ennemis. Vous pouvez choisir de l’être, mais je n’vous considère pas encore comme tel. De quoi avez-vous besoin pour vous en convaincre ?

Darth Nero exerce un fort contrôle des flux qui l’environnent. Il les emprisonne, les fait taire. Même le rayonnement de ses sabres est maintenant fort circonscrit. L’invité du Côté Obscur n’est pas ici pour démontrer sa puissance dans la Force, il veut le leur signifier clairement.
Saï Don
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Derrière ses propos, son ancien padawan et ami avait repris la parole. Il parlait des dieux avec la sagesse d’un diplomate, tout en opposant au Sith la fermeté de ses convictions. Luke avait beaucoup mûri depuis qu’il était devenu un Chevalier, et Saï était satisfait de constater qu’il maniait une parole sage et une attitude sereine en pareille situation.
Evengellyne, fidèle à elle-même, manifestait son impatience face à cette disposition hors normes. Comme le vieil homme, ne pas comprendre la démarche de ce dieu l’inquiétait. Elle lui posa des questions très directes, auxquelles le vieux sage ne s’attendait pas à recevoir de véritables réponses.
Bien sûr, elles ne furent pas aussi claires qu’espérées. Mais même chargées d’ambivalence, pour le vieux renard qu’était Saï, elles regorgeaient d’indices intéressants : tout d’abord, Nero ne croyait pas lui-même à son propre discours de divinité. Il avouait à demi-mot s’adonner à un jeu auquel devait sans doute adhérer certaines de ses ouailles. Sur ce point, il faisait un pas d’honnêteté envers eux, de façon à ce qu’une conversation soit davantage possible. Etait-il possible, et souhaitable, que les Jedi en fissent autant ?

- Maître ?

Le vieillard consentit à rendre son regard au Sith, abandonnant à regret la contemplation d’un paysage qu’il connaissait pourtant par cœur. La pluie voilait légèrement la silhouette du Sith, rendait sa chevelure humide, tout comme la barbe de Saï. Cela lui rafraîchissait le visage, rendait la situation moins inquiétante, moins obscure. Comme si le ciel était avec eux.
Le vieux Maître ne dit cependant rien. Le Sith déjà s’intéressait de nouveau à Evengellyne. Un autre maître aurait pu s’inquiéter de ce que ce Sith aurait pu les manipuler… Mais Evengellyne et Luke étaient les dernières personnes de ce Temple, peut-être, à pouvoir aisément sombrer dans le côté obscur. Par cette voie, du moins, ceci ne lui paraissait pas possible. Il était détendu.

Belkadan. Tiens, tiens.
La planète reculée au-delà de l’Empire n’était pour Saï qu’un nom sur une carte, où il n’avait jamais posé les pieds. Il la connaissait malgré sa relative discrétion pour une question toute stratégique : les membres de l’Ordre avaient travaillé leurs connaissances des frontières impériales. Sans plan particulier… Il était toujours intéressant de pouvoir connaître un minimum la topologie ennemie.

Mais ainsi donc, Darth Nero n’était pas un représentant de cet Empire à proprement parler. Saï fixait maintenant le Sith d’un regard intense.

- Vous n’êtes donc pas un émissaire de Darth Ynnitach, dans ce cas, constata-t-il, atone.

Il savait que cette formulation était probablement un brin provocatrice pour le Sith. Aucun d’entre eux n’aimait être à la botte d’un autre. Et si Belkadan était pour le moment hors de l’Empire, c’était certainement parce qu’il y avait des raisons pour cela.

- Nous ne sommes donc pas ennemis en effet, ajouta Saï avec un léger sourire, avant de se remettre à contempler pensivement le paysage.

Il n’en fallait pas beaucoup pour ne pas être ennemi des Jedi. Pour en être un ami, en revanche, c’était une autre paire de manches. Alors, cette fraternité évoquée par cet ancien enfant des Jedi était probablement bien plus hors de portée que Darth Nero ne pouvait l’espérer.

Le vieillard resta ainsi silencieux, conscient qu'il risquait d'agacer par son attitude. Mais il n'avait pas pour habitude de gaspiller sa salive inutilement. Et pour l'instant, il n'avait rien à ajouter... Si le Sith avait d'autres informations à lui fournir, qu'il fît donc !

Effrey Qweency
Effrey Qweency
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Les ingrédients ont été séchés comme il se doit et Effrey procède à son petit mélange. Composer du thé, voilà une affaire qui la détend autant qu’elle la passionne. Graine de yarum pour la note majeur, fleur d’inisa pour la mineur, fleur de Sunnydew pour ses bienfaits. Pas de fruits, ce n’est pas son genre.

Elle en est là lorsque son regard accroche Nouchka, la tooka noire qui lui sert de compagnie dans sa modeste loge, loin des allées principales du temple, dans une aile où l’on ne vient qu’avec de de bonnes raisons, bien souvent en marche arrière si Effrey incarne cette raison. Le félin vient de se jeter sous le meuble apothicaire et Effrey fronce les sourcils avant d’arrondir les yeux, une expression rare sur ce visage affûté comme une dague. Cette noire lame de fond qui s’abat sur le temple ! Comment est-ce possible ?

Elle quitte vivement sa loge et le pli entre ses yeux se creuse. Femme rationnelle, elle ne doute pas, l’un d’entre-eux est ici, véritablement, et il ne se cache pas. En hâte, elle gagne le poste de surveillance et découvre le visiteur sur les écrans. Elle se penche pas dessus les épaules d’un opérateur et identifie les Jedi qui font face à l’agent de l’Obscur. Sa voix grince à l’oreille du jeune homme.

« Plus prêt l’oiseau, zoomez sur son visage, son visage. »

Elle détache chaque syllabe de ce dernier mot, la voix traînante et vaporeuse, ensorcelée. Intense est son regard fixé sur le petit écran.

« Plus prêt, ses yeux. »

Des heures plus tard, le temple est en émoi et le colosse aux yeux bleus a quitté le seuil de la demeure des Jedi, la planète aussi, les sentinelles sont formelles. Les paroles de Alyria Von résonnent encore entre les tempes de la Sorcière lorsqu’elle gagne son lit. Le rapport de la maître d’arme n’est pas croyable. L’homme s’imagine dieu, l’homme invite ses sœurs et ses frères sur son monde, Belkadan. Balivernes, sornettes ! Mais qui est donc ce fou dont les traits restent imprimés sur sa rétine et s’apprêtent à habiter son sommeil.

La nuit est bien avancée et Nouchka est terrifiée par cette femme qui vient de bondir de sa couche, des arcs électriques entre les doigts, le regard blanc comme l’orage. Une vision, une terrible vision. Effrey inspire et expire profondément, reprend le contrôle. Ce n’était qu’une projection de la Force, d’une substance inhabituellement réelle. Darth Nero dans une robe poupre, qui flotte au-dessus d’un lac noir, roi chez les Sith. Elle l’aurait tué, elle aurait tout fait pour l’éteindre et consumer ses idées folles. Effrey respire, reprend le contrôle. Cette envie d’anéantissement absolu, elle ne l’avait pas ressenti depuis des décennies. Cette émotion, seule l’immonde harpie avait su lui inspirer sur Dathomir. Et voilà qu’elle a ressurgi dans son sommeil, jusqu’à mettre le feu à sa couverture.

Nero, votre odieuse empreinte, vous allez regretter de l’avoir appliqué naïvement sur la façade du temple. Courroucée, elle convoque immédiatement Marlon Liko, l’un de ses meilleurs éléments.

« Bonsoir Liko.

- Maître Qweency.

- Demain vous partez pour Belkadan, une planète verte et reculée, sous l’influence d’un homme qui vibre telle une anomalie dans la Force. J’ai toutes les raisons de penser qu’il nous faut en apprendre long sur ce monde et son roi.
 
- Vous parlez de notre visiteur ?

Elle acquiesce, les yeux en fente et la mâchoire crispée.

- N’allez pas mourir là-bas et ne vous avisez pas d’appeler au secours, ce second scénario aurait les pires effets sur moi. » Un sourire méchant étire le coin de ses lèvres. « Prenez le temps qu’il faut, je veux tout savoir. Holocontact toutes les quarante-huit heures. »

Le vurk opine du chef. Il rabat son large capuchon et s’incline sobrement avant de tourner les talons.

« Liko, le danger est grand. »

Un instant il se fige. L’intonation d’Effrey est celle d’un prophète de malheur et un frisson parcourt l’échine de Marlon Liko. Et il quitte les lieux.

Le lendemain, Effrey fait part de sa vision au Conseil. Cette vue dans la Force n’est pas prise à la légère et on approuve sa décision opérationnelle. Si elle est seule maîtresse des Ombres Jedi, elle a toutefois l’obligation de signaler aux membres du Conseil le déploiement de ses agents.
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