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Dulce et decorum est pro patria mori

Dehors, on faisait les cent pas, on buvait des cafés, on en profitait pour aller aux toilettes ou manger un morceau, certains en profitaient même pour avoir un quart d'heure de gloire et se faire interviewer par toutes les chaines d'information possibles et imaginables, mais ici, c'était différent. Dans cette grande pièce sobre, sans fenêtre et bien gardée, s'étaient réfugiés les jurés pour délibérer du procès du siècle. Il était clairement entendu pour tout le monde que les résultats de ce débat allaient se jouer sur un face à face assez atypique. Naturellement, ou peut-être était-ce le destin, trônaient à table Sly Keto et Raimee. Les autres jurés s'étaient assis le long de cette dernière et chacun observaient tantôt la vice-chancelière, tantôt le jeune padawan.

Elle était grande et belle, sibylline et diaphane, il était grand et robuste, les coudes sur la table, jaugeant la vice-chancelière avec des yeux qui brillaient de malice. D'un sans-gêne sans peu de commune mesure, il interrompit un des jurés qui commença à parler d'un simple geste du doigt et continuait de dévisager Sly Keto comme s'ils étaient que tous les deux...

"Bon, on va la faire courte... Si j'ai tout bien compris, toi aussi, t'es une altesse et en plus t'es la nouvelle vice-chancelière, blablabla... Umbara est super classe avec son soleil tout chelou, je te parle même pas de certaines planètes qui font des trucs encore plus chelous, vos costumes trop classes, ton armée super cool, un beau design, tout çà... En plus, tu t'exprimes super bien, même Mamie s'est réveillée pendant que tu parlais, non, vraiment, c'était intéressant. Bref !"

Il s'arrêta un instant, se leva sans concession, arracha un morceau de pain et du raisin sur le buffet apprêté pour l'occasion, se rassit lourdement, et dans le même esprit, il continua :

"On est ici pour délibérer sur les chefs d'accusation. Violation de la constitution et l'autre, c'était... Ah oui, crime contre la paix... Alors commençons par le premier..."

Il mâcha non sans bruit un bout de pain et continua de parler la bouche encore à moitié à pleine...

"D'un côté on nous dit que personne était au courant, de l'autre, on nous dit l'inverse... D'un côté on nous dit qu'on était en guerre contre l'Empire, de l'autre, non... Et qu'on sait toujours pas comment l'autre plaide... Non mais vraiment... Je respecte Emalia, vraiment, c'est super cool ce qu'elle a fait pour l'Ordre... Mais là, elle chie dans la colle, non ? J'veux dire... Putain, il est bon ce raisin... On a quand même tout un tas de raisons de penser que le sénat était au courant, même le sac à mains l'a dit. Et c'est un sénateur... Après je te rejoins, ton Altesse Keto, ca craint de débouler sans invitation et se faire ramasser sur la tronche... Non vraiment, y'a trop de morts... J'veux dire... Le gars tout vert avait raison, ca devait être un sacré hachis sur le champ de bataille... J'en ai vu de la viande morte, mais là, non, vraiment, même moi ça m'aurait empêché de ronfler peinard... On a pas le choix, les gars... Faut trancher aujourd'hui. Soit on l'accuse elle, soit on accuse tout le sénat d'être responsable. Y'a pas d'autres choix... Pour la mémoire des soldats, au moins... Encore elle se serait défendu un peu mieux, j'aurais pu mettre des billes sur la table, mais là, faut que quelqu'un soit tenu responsable et en assume les conséquences..."

Raimee leva les yeux au ciel, enfin du moins vers le plafond, et alors qu'un juré s'apprêtait à commenter ce qu'il venait de dire, Raimee, le houspilla sèchement...

"Hey mais toi, on va dire un truc, tu parleras, mais pas ici... Ton Altesse, c'est quoi ton point de vue ? On est d'accord plus ou moins ?"
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Sly Keto en avait terminé sur la première partie du procès. Restait désormais aux jurés de se prononcer, elle craignait que Raimee Baryon, le padawan membre des jurés et étant intervenu au cours du procès ne cherche encore à défendre l’indéfendable Emalia Kira. Quelques peu lasse et fatiguée par ces échanges, elle se laissa choir sur sa chaise et commença à se masser le front tout en inspirant et expirant afin d’évacuer la tension qui menaçait de s’emparer d’elle à tout moment. Trônant en bout de table avec le padawan aux cheveux rappelant à l’umbarane la couleur du blé, elle fut quelques peu déstabilisée de le voir aussi peu respectueux à l’égard d’un autre juré qui voulait prendre la parole, Raimee prit l’initiative, le condamnant au silence tandis qu’il s’adressa à la Vice-Chancelière. Sly Keto le regarda se lever et se servir de raisin et de pain pour enfourner la nourriture dans sa bouche. Cette vision donna quelques peu la nausée à l’umbarane qui n’était plus très sûre d’avoir faim désormais. Le ton et attitude du padawan Jedi la surprenait cependant : elle n’avait pas l’impression de voir devant elle un élève de l’Ordre Jedi, mais un jeune homme plutôt brut dans ses propos et sa façon d’être, comme un citoyen lambda de la République. Ce n’était pas une insulte en soit, mais plutôt quelque chose qui l’étonnait un peu dans le bon sens du terme.

L’umbarane le laissa s’exprimer, il avait visiblement changé d’avis concernant Emalia Kira, ce qui en soit était une bonne chose. La tisseuse s’était attendue à devoir se montrer beaucoup plus persuasive et à devoir aligner argument sur argument pour gagner la lutte du débat entre jurés et parvenir à imposer son point de vue sur les autres. Mais si Raimee Baryon était déjà du même avis que Sly, les choses n’en seraient que bien plus faciles à mettre en place. Ses arguments faisaient sens et se rapprochaient de ceux évoqués précédemment par l’umbarane. Bénie soit la Force d’avoir doté ce jeune homme d’un sens de l’analyse et de la critique en dehors des dogmes étouffants de son Ordre, et puisse t’il poursuivre dans cette voie se dit Sly intérieurement. Cette façon de faire et son franc-parler étaient appréciés par la Vice-Chancelière qui oubliait même le tutoiement que Raimee imposait à la discussion tout comme sa première phrase qui aurait choqué plus d’un politicard de la République. Sly Keto ne se leva que pour se servir un verre d’eau d’une main quelques peu tremblante tout en prenant la parole d’un ton apaisé et même soulagé.

- Je suis ravie de voir que vous comprenez et voyez enfin le vrai visage de cette femme Maître Baryon, mais plus encore que vous êtes raisonnable et lucide dans votre approche.

Elle fit volteface et se tourna vers l’ensemble des jurés pour les observer et trouver une façon de les inclure dans la conversation. Les convaincre ne serait sans doute pas difficile si la numéro deux de la République ainsi qu’un représentant de l’Ordre Jedi étaient du même avis sur la question. La voix de l’umbarane se fit un peu plus forte mais sans agressivité, presque implorante.

- Nous avons tous eu de la chance que ce mandat de l’incompétence et du déshonneur touche enfin à son terme. Qui sait jusqu’où elle aurait été capable d’aller si elle avait poursuivit son mandat…

Sly se rapprocha d’un pas gracieux et sensuel vers sa place aux côtés du Jedi et continua de parler lorsqu’elle passa dans son dos avant de s’asseoir aux côtés du jeune blond.

- Elle aurait été capable de livrer tous les Jedi d’Ondéron aux griffes des Sith, enfants, femmes et jusqu’aux membres de l’Agricops si cela lui permettait de sauver son monde d’une invasion, capable de sacrifier des populations entière sans ciller… Ne croyez-vous pas ? Elle ne distingue plus le bien du mal, et en un sens cela la rend dangereuse.

Elle but une gorgée d’eau et soupira à nouveau prenant un air un peu plus désolé pour ajouter des éléments complémentaires à son argumentation pour le Jedi qu’elle appelait volontairement Maître.

- Je m’égare, mais pardonnez moi Maître Baryon. Je suis encore quelques peu fébrile et sous le choc de constater que son âme est damnée et qu’il n’est plus possible de penser qu’elle puisse être sauvée. Vous avez entièrement raison, il y a eu trop de morts, trop de soldats envoyés au massacre pour des objectifs irréalisables ou trop maigres, trop de mauvaises décisions, trop de victimes… tant de gâchis.

Sa voix trembla quelques peu, soudainement prise par l’émotion et elle prit une nouvelle gorgée d’eau pour reprendre la parole d’une voix un peu plus ferme mais sous le coup de l’indignation.

- Comment peut-elle encore se regarder dans un miroir ? Comment peut-elle venir prétendre devant nous, devant le sergent Atraïde, le sénateur Qademanda et vous Maître Baryon tout comme devant le maître Kayan que si elle pouvait remonter le temps, elle ferait la même chose sans la moindre once de remords ou d’hésitation… Ses paroles sont dignes d’un sociopathe, d’une fanatique, d’une criminelle de guerre, d’une dictatrice, d’une Sith…

Une nouvelle gorgée d’eau, et son verre étant vidé pour ne plus avoir la gorge sèche, la vice-chancelière reprit la parole pour défendre le rôle du Sénat dans cette affaire, eux aussi n’avaient pas eu plus le choix que les malheureux ayant perdu la vie sur Dubrillion. Ils avaient été bafoués, à l’instar des peuples qu’ils représentaient, dans leur autodétermination… Encore qu’eux étaient encore vivants et non mutilés contrairement à de nombreux soldats ou civils pris dans ce bourbier…

- On ne peut pas accuser le Sénat de se plaindre de ne pas avoir pu jouer son rôle. Emalia Kira les a pris en otage devant le fait accompli, et les a intimidés en brandissant l’épouvantail d’une invasion sur leurs mondes respectifs s’ils tentaient une mention de censure à leur égard. Les sénateurs tous comme les soldats et Jedi ayant perdu la vie au cours de cette guerre sont des victimes des décisions irréfléchies de son altesse d’Ondéron… Même s’ils sont encore vivants, ils ont été les témoins impuissants de cette situation, mis devant le fait accompli. Je vous rejoins, elle doit assumer les conséquences de ses actes et sa responsabilité dans ce désastre humain.

En d’autres termes, elle rejoignait complètement les propos du padawan qui se tenait présent à ses côtés pour lui faire comprendre qu’elle était sur la même longueur d’onde que lui sur le constat qu’il faisait de la situation et du procès qui s’était déroulé. Sly reprit sa contenance lentement, se redressa pour surmonter la fatigue et sa nervosité. Elle reprit la parole d’une voix plus calme et sérieuse, concentrée sur la situation, son entourage immédiat et les arguments qu’elle avançait.

- Je concède volontiers que la situation dans laquelle elle se trouvait avec cette insulte que représente le Traité d’Artorias n’a pas aidé sa prise de décision. Son monde était concerné dans cet accord, mais elle semble avoir préféré faire passer son intérêt propre devant celui de la République, comme avait pu le faire le chancelier Halussius Arnor. Mais quelque part, elle a laissé les germes de la corruption et de la haine pousser au sein de son cœur, obscurcissant chez elle toute capacité de réflexion, toute forme de sagesse, tout conseil avisé… Sans s’en apercevoir, elle est devenue tout ce qu’elle a juré de combattre lorsqu’elle est devenue chancelière. Donc je suis d’accord avec vous, elle doit être condamnée. Reste à déterminer quelle sanction doit lui être infligée… Avez-vous des idées ?

Bien entendu la Vice-Chancelière avait déjà un projet de sanction en tête depuis bien longtemps, mais avant de se positionner, elle souhaitait voir ce qu’envisageaient les autres membres du jury afin de voir si elle devrait temporiser la chose, ou charger davantage le dossier Kira. Mais au fond d’elle, l’umbarane se doutait bien qu’elle devrait sans doute redoubler d’efforts pour éviter la prison à l’ex-chancelière. Un nouveau défi pour Sly Keto, mais qu’elle essaierait de relever.
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Le jeune padawan la regardait aller et venir, la regardait déclamer tantôt triste, tantôt un peu énervée, les erreurs de l'ancienne chancelière, hochait la tête de temps en temps et leva un sourcil à quelques reprises. Il y avait deux choix qui s'offraient à lui alors qu'il analysait rapidement cette discussion et en tout point comme Maître Ean lui avait enseigné, il décida de ne pas trancher pour le moment. Il se contenta de sourire à la vice-chancelière fraîchement nommée, et pour chasser ce petit dilemme qui germait en lui, se mit à se demander si Sly Keto finirait elle aussi toute fripée et grise à l'issu de son mandat...

Il avait beau glousser intérieurement d'une telle vision mais quelque chose n'allait pas. Non, ce n'était pas une perturbation dans la force, non ce n'était pas le kebalb de ce matin qui le travaillait, non... C'était ce fossé qui régnait dans le discours de la reine d'Umbara. Elégante, retenue, un brin charmeuse, le port altier, le bon mot au bon moment, et pourtant... Pourtant, à plusieurs reprises, elle le nomma maître... Clairement, c'était pour le flatter, pensa-t-il... Il y avait donc deux choix possibles. Soit elle tentait de l'amadouer pour quelconque dessein, soit...

Elle passait derrière lui, se rassit à ses côtés et... Non, mais c'était çà, elle le draguait clairement ! Encore une diplomate noble... Bon, c'était son plus beau trophée, elle était reine et vice-chancelière et visiblement, elle en pinçait pour Raimee. Derrière ses airs protocolaires, son phrasé épique, elle aussi rêvait d'un palefrenier bourru et bestial qui lui aurait faire connaître des plaisirs bien moins étriqués que ceux de sa Cour. Encore une qui tombait sous son charme. Il n'y pouvait rien, c'était son destin, elles tombaient toutes une à une raides dingues. Raimee bomba un peu plus le torse encore et mit ses coudes sur la table pour bien faire gonfler ses biceps. Tout sourire, il reprit la parole...

"On peut pas dire que tu la portes spécialement dans ton coeur, ca se voit, ton Altesse. On peut pas dire non plus que je sois un fin psychologue ou même un fin diplomate mais entre nous... Restons logique... Ce Qademanda, le Sac à mains, bon... Il a avoué de son plein gré que la république était en guerre. Je sais pas trop il se passe quoi dans sa tête à celui-là, mais clairement, ça me prouve juste que la réaction d'Emalia était juste. C'est la suite qui me pète un peu les couilles... La stratégie était mauvaise, on s'est rétamé, y'a trop de morts. Et de ce que j'ai pu comprendre, la reine a failli se faire abattre comme un faisan à l'ouverture de la chasse... Restons cléments. C'est une idiote, certes, mais je suis pas très sur qu'elle ait violé quoi que ce soit... Et puis elle est pas assez maline pour être une sith... Trop de hanches... Pas la bonne bascule pour maîtriser le sabre, non, non... Elle est juste idiote..."


Il n'est restait pas moins que Raimee ne pouvait pas vraiment accepter cette décision de la rendre coupable pour violation contre la constitution mais crime contre la paix, c'était encore un peu flou... Contre la paix pas vraiment, contre la République et ses enfants, un peu tout de même...

"J'ai un peu de mal avec le premier chef, je ne suis pas convaincu de son unique responsabilité et je pense qu'une enquête devrait être soulevée par le Parquet pour définir véritablement les acteurs principaux de cette Bataille. Emalia n'est pas la seule responsable de cette décision. L'accuser seule serait injuste et indigne de nous. Pour le second chef, en revanche, elle plaide coupable, nous l'avons tous entendu, et rien ni personne n'est venu la contredire... Je crois qu'on est tous d'accord. Reste toujours ce satané premier chef d'inculpation, j'ai vraiment du mal à l'accuser ou la récuser... Nous n'avons pas assez de billes pour juger..."


Le jeune gaillard imposa un silence en se grattant la tête puis finit tout simplement par replonger son regard d’émeraude dans celui de la représentante suprême d'Umbara... Peut-être avait-elle d'autres arguments qui pourraient l'aider à mieux trancher ou peut-être était-ce trop tard et ne pensait-elle plus que désormais au corps musclé du padawan et sa peau hâlée par les soleils de ses aventures à travers la galaxie...
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Plus elle discutait avec Raimee plus il semblait évident qu’il n’avait visiblement pas pris le temps de davantage se renseigner sur ce qui s’était produit lorsque l’attaque de Dubrillion par la République avait eu lieu. Des notions, des imprécisions venaient sans doute perturber son jugement ainsi que sa prise de décision. Les faits étaient là, sous les yeux de l’ensemble des jurés : Emalia Kira avait fondamentalement violé la Constitution de la République. L’umbarane cherchait à dissimuler sa déception derrière un sourire qui se voulait chaleureux : le padawan n’avait aucune notion de droit.

- Tenons-en-nous aux faits du chef d’accusation. Alors… si ma mémoire est bonne…

Avait-elle dit calmement et avec une légère hésitation sur sa deuxième phrase. La Vice-Chancelière leva les yeux pour faire appel à sa mémoire et réciter de tête l’article constitutionnel relatif à ce cas précis. Quelques secondes plus tard, elle retrouva l’article en question et le cita :

- Titre III, article 22 de la Constitution : L’état de guerre est déclaré par le Sénat. Le pouvoir législatif peut être accordé par le Sénat, pour une période maximum de trois mois, renouvelable, au Chancelier Suprême et au Gouvernement.

Par la suite, elle entra dans le détail pour résumer la situation brièvement mais de manière suffisamment complète pour préciser les choses, son ton était posé et des plus sérieux tandis qu’elle reprenait la parole après un bref silence pour revenir sur le traité d’Artorias, source de tous les péchés, l’objet de toutes les obsessions d’Emalia Kira lorsqu’elle occupa le pouvoir.

- Certes le traité d’Artorias était une honte et en défaveur de la République. Certes, ce deal était une humiliation. Et il est fort probable qu’Emalia Kira ait fait campagne pour que celui-ci soit rompu par un vote du Sénat… Mais sachez une chose : elle a volontairement déclenché cette guerre en déplaçant une flotte complète en territoire impérial. Elle l’a fait sciemment en ne consultant à aucun moment le Sénat de cette prise de décision. De ce fait, elle s’est appropriée ce droit alors qu’aucun article, aucune loi le lui autorisait. On ne parle pas d’une loi classique, mais d’un article de constitution… Quelque chose de beaucoup plus fort juridiquement parlant qu’une infraction plus commune ou classique.

Elle se leva pour se resservir un verre d’eau, gracieuse et élégante elle accorda quelques points à la partie adverse, mais pour mieux décrédibiliser celle-ci d’une part, mais aussi pour rappeler le rôle capital et central du Sénat, véritable contrepouvoir à celui du Chancelier si besoin. Sly ajouta d’une voix un peu plus ferme mais pas agressive, juste pour appuyer son argumentaire.

- En effet, le traité d’Artorias avait ses lacunes, et l’Empire avait mené plusieurs actions d’escarmouches contre la République, et bien souvent celles-ci étaient menées par des dissidents ou marginaux au sein de l’Empire. Cela aurait pu ou du suffire à rompre le traité, mais le Sénat en avait décidé autrement, et jusqu’à preuve du contraire c’est lui qui a le pouvoir légal et démocratique de déclencher ou non une guerre. Officieusement, la guerre couvait certes, les signes ne trompaient pas, mais officiellement et d’un point de vue légaliste, la République et l’Empire étaient liés par un traité de paix.

Buvant une nouvelle gorgée d’eau, la vice-chancelière se retourna pour se rapprocher de la table. Non sans froncer légèrement les sourcils elle reprit son réquisitoire.

- De toutes les manières de rompre le traité d’Artorias, elle a choisi la plus mauvaise. Elle a choisi de se justifier en prétextant que révéler son projet au Sénat risquait de compromettre la mission. Cependant le témoignage de sa propre ministre, celle-là même qui avait participé à la réunion secrète d’Emalia Kira dans ses préparatifs funestes avait admit devant le Sénat et sous serment qu’elle avait tenté de ramener l’ex-chancelière à la raison et pour cause : les renseignements obtenus de la République estimaient que l’Empire se tenait prêt à défendre Dubrillion en cas d’attaque.

Souffler le chaud et le froid, apporter la nuance et être constructive dans son propos en rappelant qu’il y avait eu d’autres possibilités d’obtenir un résultat similaire : la rupture du traité en ayant beaucoup moins de pertes humaines et matérielles et avec une prise de risque plus réduite était à poser dans la balance car Emalia Kira avait choisi la moins raisonnable des options à sa disposition.

- Soyons d’accords : ce traité était une injure qu’il fallait faire rompre. Mais il y avait plusieurs autres alternatives plus viables et intelligentes de le faire que d’envoyer une flotte complète droit dans la gueule béante des impériaux, j’en ai proposées plusieurs au cours de cette audience... Ce coup de poker a été tout sauf payant, et l’ex-chancelière Kira refuse de payer les pots cassés, pire encore, réclame sans doute qu’on lui confie une nouvelle mise pour s’entêter dans sa stratégie qui a déjà fait, malheureusement, preuve de son inefficacité manifeste en plus d’être fondamentalement meurtrière.

Elle but une nouvelle gorgée de son verre puis l’umbarane resta debout observant à nouveau le jeune homme assis à la table des jurés. Guettant une réaction de son visage pour s’assurer qu’il serait sensible aux arguments habilement choisis par Sly Keto, la souveraine jeta aussi un regard en coin aux autres membres du jury pour voir si l’un d’entre eux voulait réagir.
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