Balian Atraïde
Balian Atraïde
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J’avais laissé la maitre faire le tour du bureau qui m’avait été attribué lors que mon affectation après Lorrd. Elle semblait étonnée de l’atmosphère compte tenu de ma mission première sur cette base : les profils psychologiques. J’en étais un moi-même. Alors sa remarque pour « réchauffer » l’ambiance me laissais…perplexe. Comment cela « réchauffer l’ambiance » ? Qu’est-ce qui n’allait pas avec mon bureau ? C’état simple et efficace non ? Loin de toute fioritures qui pourraient vite amener à déconcentrer d’abord mes visiteurs, et moi par la suite ! Non ?

Mais je ne pu m’empêcher de lui demander, sans la moindre vexation de ma part cela dit :

- Que…voulez-vous dire ? Mon bureau est trop…froid ?

J’étais presque prêt à lui dire qu’on pouvait monter le chauffage, mais quelque chose me disait que ce n’était pas le moment de faire ce genre de remarque car je savais pertinemment que ce n’était pas ce qu’elle voulait dire de prime abord. Je repris :

- Les sièges sont cependant confortables.

Réflexion pragmatique…j’avais pris en compte que les patients et moi-même pouvions passer de longues heures à discuter selon les cas…et donc il valait mieux être confortablement assis. Signe de mon manque total de considération pour la décoration, ou l’aspect chaleureux des choses. Ça c’était le boulot de mon ex, et encore une fois s’engueuler pour « la couleur de peinture des murs » ou « la forme du canapé » …cela m’avait plus qu’agacé.

Sa remarque sur l’armoire me fit discrètement tiquer…Si elle savait…J’eus un geste de lassitude :

- Et encore…il n’y a là qu’un mince échantillonnage des produits. La pharmacie répartit à chaque étage les produits de première nécessité…Le plus gros se trouvant bien entendu dans les stocks du pharmacien. Il y en a deux à cet étage…une dans le bureau du Commandant de l’Unité Médicale, et l’autre…ici. Sans doute en avaient-ils ras le bol de me voir débarquer sans cesse dans le bureau du médecin-chef pour réclamer tel ou tel produit, médicaments ou autres. Je suis celui qui assure le plus de gardes, le plus de consultations ici…

Allez savoir pourquoi, les soldats préféraient que je sois leur médecin référent pour les cas de traumatismes psychologiques. Sans doute parce que je comprenais ce qu’ils vivaient…étant moi-même suivi pour les mêmes raisons. Un médecin qui était venu au front…qui avait été blessé à la guerre. Les soldats se confiaient plus facilement à quelqu’un qui comprenait ce qu’ils voulaient dire. Mais, assurer tout ce travail était également un moyen pour moi de fuir la vie de tout les jours…ne pas se retrouver seul avec moi-même, m’occuper la tête…et…ne pas…replonger dans mes travers. Quoi que le contenu de cette armoire pouvait parfois devenir très tentant. D’ailleurs je soupçonnais mon chef de me « tester »…Mais quand la douleur de ma jambe devenait trop forte…ou que ma main se remettait parfois à trembler…l’envie de sortir la morphine de cette armoire et de m’en injecter une bonne dose devenait plus que tentant…Je n’avais droit qu’à du paracétamol…La blague…qu’est-ce que ce foutu paracétamol pouvait bien faire à une douleur si vive que je me retrouvais bien souvent à hurler au sol…Mon psychiatre me disais que c’était dans ma tête…oui…bien sûr…dans les cas là je remontais mon pantalon et lui claquait à la gueule qu’avant…j’avais une jambe de chairs et d’os à cet endroit…Alors non ce n’était pas que dans ma tête !

See’Ryl attira mon attention en me taquinant, comme quoi j’avais tendance fusiller du regard ceux qui m’entouraient…J’esquissais un faible sourire. Je me voyais mal lui dire que les gens m’insupportaient…j’étais agacé par les minauderies des uns, les critiques des autres, l’ignorance de la majorité finalement. Mais je me tus…j’essayais de faire des efforts et expliquais :

- j’ai toujours préféré travailler seul, même au service de diagnostic autrefois…je m’isolais pour réfléchir…Le manque d’audace et d’ouverture d’esprit de mes collègues qui n’entrevoyaient pas les éventualités dans un large spectre avait le don de m’insupporter. C’est pourtant la base d’un bon diagnostic…prendre en compte tous les symptômes du patient et pas seulement ceux qui nous arrangent. Arriver à l’Armée, et devoir apprendre la cohésion…ce fut difficile pour l’asocial que je suis…Et ça l’est toujours. Je fais passer les patients avant tout.

Les recherches de See’Ryl raisonnaient avec une dimension d’utilité non négligeable. Je décelais l’once d’exaspération au moment où elle mentionnait ses « loisirs ». Faire de la recherche ce n’était pas un loisir selon moi. Mais apporter une contribution scientifique était plus qu’utile. C’était cela qui me manquait personnellement. Sa question me pris de court…je réfléchissais. Une part de moi regrettait le passé oui…ma condition de diagnosticien certifié, reconnu par ses pairs, et de cardiologue émérite…Mais ce passé était entaché par ma prise de drogue…ma cure de désintoxication…Alors oui j’étais nostalgique…mais ma conscience me disait que je ne devais pas. Avec une pointe de tristesse je répondis :

- Je…la recherche me manque. Les diagnostics et ma spécialité aussi…Mais…Disons que si je n’y suis plus ce n’est pas pour rien. J’ai commis des erreurs qui m’ont coûté cher. Alors maintenant je m’occupe de ces pauvres garçons donc c’est gratifiant de se sentir utile. Mais…ma condition de chercheur me manque. Mettre les symptômes bout à bout comme s’ils étaient des preuves dans une enquête judiciaire…et trouver le coupable qui a causé la maladie…C’était enivrant. Mais…j’ai l’impression d’être plus utile maintenant…même si j’ai un sérieux problème avec la hiérarchie. Je secouais la tête...je fais ma vie...je m'occupe de mes patients...et j'essaye de vivre avec le poids de mes erreurs et de me racheter...d'une façon ou d'une autre.


Le droïde de protocole entra avec nos commandes qu’il posa sur le bureau avant de s’éclipser. Le Café au lait de See’Ryl, mon café noir, et des biscuits secs en guise d’accompagnement. Je la laissais prendre sa tasse, avant de finalement me saisir de la mienne et venir humer les volutes de fumée qui s’en dégageaient.

- L’Ordre a l’air…stricte…Est-ce envers tout le monde ? Ou bien demande-t-on plus d’exigence envers les Maîtres pour l'exemple qu'ils représentent?

Implicitement je pensais à Cally…Qu’allait-il lui arriver si le Conseil tranchait défavorablement ?
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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« Je dis que votre bureau manque d’une once… d’humanité… Ou de personnalité… il est simple et efficace… Mais je crois que cela aiderait que vos patients aient l’impression de ne pas être dans un lieu juste simple et efficace. » expliqua See’Ryl avant d’expliciter un peu plus. « Par exemple, si l’on apprenait aux Novices à méditer dans cette atmosphère, ils auraient beaucoup plus de mal à ne serait-ce que frôler la Force. Avec le temps, on apprend à méditer n’importe où et dans n’importe quelle situation. Pour les plus jeunes et ceux qui ont le plus de difficultés, il faut leur offrir quelque chose pour se raccrocher. Au temple, on utilise une simple sphère en cristal translucide. » Voilà qui était un peu mieux non ? Elle espérait ne pas avoir vexé son hôte car bien que, pour elle, elle n’avait pas émit une critique, ses mots pouvaient tout à fait être interprétés comme tels. Aussi, quand il reprit pour dire que les sièges étaient confortables, See’Ryl ne put qu’acquiescer avec un léger sourire.

« En effet. Je vais peut-être vous en voler un pour mon bureau à l’Université… » le taquina-t-elle avant d’enchaîner au sujet de l’armoire qui provoqua un geste de lassitude qui ne manqua pas d’interpeller la jeune femme. Elle termina la réponse de Balian « Et celui qui s’oublie dans le travail. » Un résumé de ce qu’elle ressentait après le discours du Mirialan. Oh, elle ne lui reprochait rien. Elle-même avait exactement la même tendance et était donc mal placée pour le juger. Balian répondit à sa taquinerie avec sérieux et l’Arkanienne l’écouta avec une attention qu’il aurait été difficilement soupçonnable venant d’elle. « La cohésion n’inclut pas systématiquement le fait d’être sociable… » souleva-t-elle « La cohésion c’est aussi accepter chaque composant du groupe… Cependant, je crois que l’Armée préfère l’uniformisation à une certaine forme d’individualité. »

C’était du moins ce qu’elle avait observé en travaillant avec des militaires. Au point qu’elle avait l’impression que tout était fait pour entrer les individus dans un seul et même moule. A coup de masse hydraulique si nécessaire. Dans un certain sens, l’Ordre n’était pas mieux. A la différence qu’il acceptait un tant soit peu de modulation sur le même thème commun. « Il est commun à toutes les espèces consciente de préférer stagner dans sa zone de confort plutôt que de risquer un échec… quel qu’il soit. » dit-elle à propos de la mentalité commune à leurs collègues passés, présents ou futurs. See’Ryl pouvait citer une foule d’exemples dans différents domaines : l’Ordre, la République…

Balian répondit à sa question et elle laissa le silence revenir quand il eut terminé. Durant ce temps, elle l’observa avec attention. Et finalement, elle souffla « Je crois que c’est votre pardon que vous cherchez à acheter. Le vôtre… à vous-même. » Elle désigna d’un geste le bureau dans son ensemble « Vous cherchez toujours, Balian. Tout dans ce bureau vous rappelle, indirectement, ce qui vous a mené ici. Y’a-t-il un seul jour où vous vous réveillez en remerciant la Force pour vous permettre d’aider vos camarades ? Y’a-t-il un seul jour où vous ne vous remémorez pas ce que vous étiez plusieurs fois ? » Elle se pencha, relevant ses lunettes pour chercher le regard de son interlocuteur. Elle plongea le sien et un sourire, un vrai, prit naissance. A la fois doux et chaleureux. « Vous courrez toujours après le coupable. Vous l’avez même trouvé. Mais vous n’osez le guérir de peur d’oublier. »

Elle se redressa et coupa le contact visuel en rabattant ses lunettes quand le droïde de protocole entra. « Je peux me tromper… ou aller trop loin… N’hésitez pas à me le dire. » dit-elle en remerciant le droïde d’un geste de la tête. Elle récupéra sa tasse et s’enfonça un peu plus dans le fauteuil. Décidément fort confortable, d’ailleurs. L’interrogation à propos des exigences de l’Ordre lui donna à réfléchir afin de lui offrir la réponse la plus objective. Ce fut après avoir profondément humé l’odeur de sa boisson qu’elle répliqua enfin. « L’Ordre est strict avec tout le monde. Cependant, on ne demande pas à un Novice les mêmes choses qu’à un padawan, ou qu’à un Chevalier ou qu’à un Maître. » Elle contempla la fumée un court instant. « Il y a néanmoins un fossé entre ce que l’on demande à un Maître et ce que l’on demande aux autres. Nous avons plus de « pouvoir » en quelques sortes… Mais tout autant de responsabilités, si ce n’est bien plus. Nous représentons l’Ordre dans n’importe quelles circonstances. Une erreur que l’on pardonnerait à un Chevalier, serait un grave problème pour un Maître. Nous sommes à la fois la vitrine de l’Ordre et un exemple pour les membres. » Voilà un exposé objectif… dans une certaine limite. See’Ryl n’avait pas évoqué le laxisme qui imprégnait parfois l’Ordre et qui n’était pas force de loi. Elle bu une première gorgée de café brûlant. « Comment en êtes-vous venu à devenir militaire ? » interrogea-t-elle à son tour.
Balian Atraïde
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- Ho…je vois…je…je pense comprendre ce que vous voulez dire. Je n’avais pas réalisé cette éventualité. Mais…je ne sais pas vraiment comment remédier à la chose. Je n’ai pas de …goût pour cela. J’aime quand les choses sont…simples et que chaque chose a un but bien définit.

C’était bien connu, la déco c’était un truc de bonne femme non ? Remarque totalement déplacée et macho de ma part…même pour moi-même. Néanmoins l’explication de See’Ryl sur les novices Jedi me fit tressaillir…ce n’était pas bête du tout ! Et cela pourrait même m’aider dans mes propres exercices avec la Force ? J’étais sans aucun doute plus que novice dans le domaine, donc c’était une idée à retenir.

J’avais souris à sa taquinerie non sans répondre :

- Et ou vais-je mettre mes patients si vous me piquer un siège hein ? Puis je réalisais qu’elle avait parlé de son propre bureau, et repris sur le même ton malicieux : je me verrai obligé de venir à votre bureau pour vous emprunter quelque chose…

Un objet de décoration peut-être ? Histoire d’agrémenter l’ambiance ici. See’Ryl avait raison, les être conscients étaient se complaisaient souvent dans une certaine zone de confort. Et j’en étais un fervent exécutant. J’avais eu besoin de me poser après mon retour de Lorrd. Et bien que je souhaitais retrouver le terrain et mes missions de chirurgien de combat, j’appréhendais…j’avais peur de ne plus être à la hauteur…d’avoir les mains qui tremblent le moment venu. En m’occupant de mes patients dans ce centre militaire, j’avais fini par trouver un fragile équilibre. Même si bien des choses venait ébranler les barrières que j’avais pu dresser autour de moi pour me protéger de mes démons.

- L’armée aime l’uniformité oui…cela dit, le mélange d’espèces portant les couleurs de la République apporte une joyeuse et intéressante dissonance au cœur de cette apparente conformité.

Les mots suivants de la Maître Jedi me firent un drôle d’effet. Le temps semblait s’être suspendu…étais-je si facile à décrypter ? Ou bien ce maître était-elle particulièrement douée ? Je venais de prendre littéralement dans les dents une vérité que j’avais bien du mal à m’avouer. Elle avait vu terriblement juste sur pas mal de choses. Je fronçais les sourcils…incapable de répondre…Je retins un début de tremblement dans ma main en serrant le poing sur ma jambe. Je réfléchissais. Passant en boucle les propos de la maître jedi. Ma respiration se fit un peu plus forte alors que je sentais les fantômes et les ombres du passé m’assaillir de tout côtés, cherchant à fissurer la protection invisible érigée tout autour de mon âme.

Pour me détendre, je pris une profonde inspiration fermant les yeux quelques secondes. Finalement je me ressaisis et arborant un faible sourire, je rassurais la jeune femme :

- Vous n’êtes pas allée trop loin. Ne vous inquiétez pas. Cela dit je suis surpris de votre analyse. Je ne pensais pas être si facile à décrypter. Cela dit…je crains qu’oublier ce que j’ai fais me soit impossible. Quant à me pardonner…On récolte ce que l’on sème…

Mes yeux s’étaient perdus dans le reflet de mon visage sur la surface lisse et noire de mon café. Finalement, je levais vers elle un regard sombre et empli de tristesse alors qu’elle m’expliquait les exigences de l’Ordre. C’était assez logique…les membres de l’Ordre étaient les témoins et les garants de l’institution qu’ils représentaient. Les maîtres étaient les gardiens de leurs savoirs, ils se devaient donc d’être exemplaires. Cela rejoignait ma vision de l’Armée…Lorsque l’on portait l’uniforme on se devait un comportement irréprochable, sans quoi c’était toute la communauté militaire qui était entachée. Et les gens ne tarderaient pas à se saisir du moindre écart pour décrier haut et fort que les militaires étaient violents, abusifs, et incontrôlables.

- Ouai…maugréais-je…une grande famille…un seul fait une connerie et c’est tout le groupe qui paie…J’en sais quelque chose…On me le rappelle sans cesse.

La question suivant de See’Ryl ne me surpris pas. C’était de bonne guerre après tout. Même si en un sens la question pouvait paraître innocente, il était normal qu’elle se la pose. Comme un diagnosticien s’est retrouvé embarqué dans l’armée ? Je bus une gorgé de café noir pour me donne du courage et fis d’une voix douce :

- J’ai…commis une erreur médicale qui m’a couté cher. J’ai perdu mon travail et…l’Armée m’a proposé de m’engager. Ils étaient en manque de toubib pour la guerre. Je me suis engagé. C’était ça ou les bas-fonds de Coruscant…le choix était vite fait. A l’époque je m’étais dit qu’avec un peu de chance mon sort serait vite réglé. Mais la Force en a décidé autrement.

J’avais passé sous silence la cause de cette erreur médicale…et le fait que j’étais en permanence sous tension car on ne m’accordait qu’une confiance limitée. Mon franc parler, mon humeur détestable, et mon penchant pour la drogue ne jouaient pas vraiment en ma faveur. J’espérais que See’Ryl n’ai pas eu connaissance de la déferlante des chroniques sur les holo-news de l’époque…cela avait fait les gros titres « un médecin originaire de Mirial, accro aux amphétamines, fait une erreur de dosage et manque de tuer son patient ! Le médecin mirialan relevé de ses fonction, l'enquête est en cours! »…
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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See’Ryl, à la réponse de Balian au sujet de la décoration de son bureau, marqua une infime surprise. Un peu comme si elle avait entendu la suite des pensées du Mirialan. Il n’en était rien : en vérité, la jeune femme trouvait l’excuse du médecin quelque peu bancale. « Ce n’est pas une question de goût. Des objets existent en étant à la fois décoratifs et utiles. Une plante par exemple. C’est joli et ça aide au renouvellement de l’air ambiant. Et si vous programmez bien un droïde de protocole, il s’en occupera lui-même. » répliqua-t-elle, l’air de ne pas y toucher quand il s’agissait de couper une éventuelle opposition à sa suggestion.

Son expression se fit plus amusée alors qu’il répondait à sa taquinerie. Elle eut le culot d’hausser les épaules avec une désinvolture plus vraie que nature. « Je ne suis pas certaine que vous trouviez quoique ce soit d’utile à vos occupations dans mon bureau universitaire… Sauf peut être l’une de mes interfaces… Elle sera probablement plus puissante que celle fournie par l’armée. » Et pour cause : c’était elle qui l’avait créée et assemblée à partir d’interfaces obsolètes de l’université. Pour sa défense, See’Ryl avait été des plus surprises de voir que le matériel mis à sa disposition n’était ni le meilleur ni le plus adéquat. Surtout dans une telle Ecole. Enfin… il fallait mettre le qualificatif d’obsolète en perspective avec les exigences d’une Arkanienne.

« L’Ordre aussi accueille des êtres de tout horizon. Comme l’Armée, l’Ordre impose une symphonie générale où sont tolérées des variations mineures. » répondit See’Ryl juste avant de se lancer dans un long discours essentiellement basé sur son intuition et qui, elle le devina très vite, toucha juste. Pourtant, elle ne s’obligea pas au silence, terminant ses propos sans lâcher Balian des yeux. Elle nota la tension de ce dernier, le poing qui se fermait sur la cuisse, la respiration qui s’accéléra. Doucement, See’Ryl se pencha pour brièvement poser sa main sur la sienne afin de lui transmettre une onde de chaleur via la Force. Elle avait perçu les fantômes dans ses yeux et regrettait de les avoir fait ressurgir.

Elle retourna à sa place quand il ferma les yeux. « Vous n’êtes pas si aisé à décrypter. Je suis un Maître Jedi. Les années que j’ai passées en solitaire ne m’ont pas empêché d’observer les autres. J’ai appris à déchiffrer les demi-mots, les ombres qui se cachent loin derrière les apparences. Je ne parle que très rarement de ce que je décèle. » dit-elle, se voulant rassurante. Rien n’était plus terrible pour quelqu’un que de penser que n’importe qui pouvait le mettre à nu en quelques secondes. « Pardonner ne veut pas dire oublier. Oublier ne veut pas dire pardonner. Le pardon signifie la paix et l’acceptation. » chuchota-t-elle avant de boire une gorgée de son café au lait.

Elle venait de plomber l’ambiance, se disait-elle sans pour autant parvenir à regretter. Aider les gens faisait aussi partie de l’être qu’elle était devenue grâce à l’Ordre. Une seconde nature rarement révélée au grand jour. Elle prit soin de ne pas répondre à ses propos au sujet des rappels qu’on faisait souvent à son interlocuteur. A certains égards, leur situation, à Balian et elle, semblait similaire. A elle aussi on rappelait régulièrement le poids et les conséquences d’une éventuelle erreur. Pour See’Ryl, la peine était même double : on lui faisait aussi payer les erreurs de sa race… ainsi que tout ce qui était considéré comme tel par les autres espèces. Mais ce n’était pas le moment d’y songer. C’était à son tour de poser une question et See’Ryl ne se fit pas prier.

Immédiatement, See’Ryl décida de ne pas demander ce qu’était cette erreur médicale. Il n’y en avait beaucoup qui conduisait à un renvoi. A vrai dire, il n’y en avait qu’une : la mort d’un – ou plusieurs – patient(s) avec une/des circonstance(s) aggravante(s). Inutile d’en savoir plus. Vu combien Balian s’en voulait, cela devait bien avoir fait l’objet de rapports, au minimum. See’Ryl pourrait les trouver… Mais elle ne le ferait pas, préférant que le Mirialan lui en parle de lui-même, lorsqu’il en éprouverait l’envie. « La Force nous place souvent au meilleur endroit pour nous offrir un chemin que l’on ne pensait pas exister. Peut-être devriez-vous voir dans votre survie, la rédemption que vous refusez d’accepter…Peut-être devriez-vous estimer que la Force vous a jugé et pardonné… » dit-elle en se penchant pour piquer un biscuit non sans maugréer « Bon sang, si Siela m’entendait parler, elle se roulerait par terre en riant… »
Balian Atraïde
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Manifestement mon ignorance sur ce genre de choses semblait surprendre See’Ryl. J’imaginais bien qu’il était étonnant de comprendre que je puisse être totalement ignare sur ce que j’avais toujours perçu comme des « futilité ». Il fallait dire que mon ex n’avait jamais été capable de me présenter les choses comme See’Ryl venait de le faire. Mais la faute me revenait également de n’avoir jamais tenté de m’y intéresser.

Une plante…une plante ? une plante…pourquoi pas…Je me souvenais de la chambre de Cally, et des nombreuses plantes qui s’y trouvaient…L’idée de See’Ryl n’était pas bête du tout. Et c’était même un bon début. J’avais encore beaucoup à apprendre sur les bases de la vie de tous les jours. J’avais toujours été si accaparé par mes études, mes recherches, la médecine, que j’en avais toujours négligé les choses simples de la vie. Celles qui apportaient un peu de baume au cœur. Il y avait aussi une autre raison…une raison que je ne pouvais avouer à la Maître Jedi…Du moins pas encore…Mais, dans la petite cellule que j’avais durant ma cure de désintoxication, je n’avais droit à rien. Cette sobriété m’était restée. Je repris alors :

- Je…vais songer à une plante, j’aime l’idée.

J’avais eu un petit sourire en coin lorsque See’Ryl avait expliqué qu’il n’y aurait rien d’intéressant pour moi dans son bureau après avoir haussé les épaules d’un air désinvolte. Elle se plaisait à me taquiner…Avec douceur et un petit clin d’œil amusé, je repris :

- Permettez…j’en jugerai moi-même à l’occasion ma chère.

Je bus une gorgée de mon café, écoutant sa comparaison de See’Ryl de l’Ordre et l’Armée avec la musique. L’uniformité ne me posais pas de problème. Mais je détestais obéir bêtement…Ma rébellion face à certains ordres était connue de mes supérieurs cela dit. C’était pour cette raison que généralement je faisais profil bas…Mais ces derniers temps j’avais été loin d’être discret. J’avais toujours eu tendance à être d’une nature assez explosive, sans filtres, ni délicatesse. Depuis ma cure de désintoxication j’avais fait de gros efforts, mais cela ne m’empêchait pas d’entrer dans de sombres colères comme ce fut le cas lors du procès de Madame Emalia Kira. J’avais dit leurs quatre vérités à ces politiciens…j’avais peut-être manqué de tact cela dit. Mon chef avait redouté que je perde le contrôle et c’était précisément ce qui était arrivé. Alors il n’était peut-être pas si surprenant qu’une personne comme un maître Jedi, formé à l’écoute et l’analyse, puisse lire en moi comme dans un livre ouvert.

- Je suis navré d’apprendre que vous avez été solitaire. Je suppose que lorsqu’on ne rentre pas dans un moule bien définit par les normes on peut être catalogué rapidement, et mis de côté. Cela dit, je me suis seul responsable de l’isolement qu’est le mien. Je n’ai jamais été facile à vivre.

« La paix et l’acceptation » …voilà qui était difficile à admettre…Pour moi il s’agissait de deux écueils infranchissables. Enfin…presque. Grâce à mon père j’avais fait un bout du chemin.

- C’est un fait…Cela dit, j’ai fini par accepter ce que j’avais fait. Mais…de là à faire la paix. C’est une autre histoire.

J’hésitais…mais je me contentais de boire une nouvelle gorgée de mon café. Si je lui révélais ce que j’avais fait, elle ne me fera – sans aucun doute – plus confiance. Qui voudrait d’un ancien toxicomane comme médecin ? Je fus surpris d’entendre See’Ryl parler de la Force comme elle le faisait, comme, une « force » consciente, une entité pensante. Les Jedis avaient-ils chacun ne interprétation différente de la Force ? Entendre ces paroles de la bouche de la jeune femme me fit soudainement penser à quelqu’un d’autre…qui avait le même langage. Et qui avait eut un impact plus que décisif dans ma vie. Mon propre père. Il était mon étai…C’était grâce à lui que j’avais finalement renoncé à mettre fin à mes jours.

- Vos mots ressemblent à ceux d’une personne qui m’est chère. Emplis de sagesse et de réconfort. Je ne sais si la Force m’a jugé et pardonné. Qui suis-je pour tenter de comprendre ces choses là…Je me contente de faire ce que je peux. Mais il est difficile de changer complètement. J’ai dit et fait des choses indignes d’un médecin. J’ai déjà chèrement payé…mais je ne sais si cela suffit. Au fond de moi réside toujours un vide…j’essaye de le combler à travers le peu de lien que j’ai avec la Force. Mais…cela n’est pas suffisant.

Ce manque je savais d’où il venait. Plus le temps passait, plus mes frustrations remontaient. D’autant plus mon enquête actuelle avec le Chevalier Kayan sur un cartel de la drogue me ramenait inexorablement vers mes anciens démons. Le bouclier que j’avais dressé autour de moi se fissurait un peu plus. Et l’envie de reprendre ce produit tant « aimé » me submergeait parfois.

Je réalisais subitement que mes paroles pouvaient amener See’Ryl à s’imaginer un million de choses sur moi, toutes plus éloignées de la vérité les unes que les autres. J’hésitais toujours…je portais ma tasse à mes lèvres…non sans observer la jeune femme qui me faisait face. Elle était très agréable à regarder, il fallait le reconnaître. Elle avait manifestement, fortement souffert durant sa vie. Nous n’étions pas si différents…Je soupirais…mes lèvres livrèrent le passage à une gorgée du café noir et chaud qui me donna le courage de murmurer :

- Feriez-vous confiance à un ancien drogué qui lutte en permanence pour ne pas rechuter ?

Cette fois je ne pus réprimer le tremblement de ma main…Je venais enfin de l’admettre…c’était latent depuis des années, mais cela s’était réveillé depuis peu…j’étais en manque de méthamphétamine...
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Etrangement, See’Ryl se sentit quelque peu réchauffée par le fait que Balian accepte son idée. Une once d’acceptation qui éclairait sa solitude perpétuelle. Comme quoi, elle était capable d’établir un lien avec un autre être conscient. Un lien qui ne soit pas teinté de considérations extérieures en plus du fait qu’ils étaient simplement « humains ». Ils en venaient même à se taquiner avec un naturel réconfortant bien qu’étonnamment rapide. Ne venaient-ils pas de se rencontrer ? Balian avait su y faire avec See’Ryl, plus habituée à ce qu’on la traite comme une bombe prête à exploser que comme une jeune femme normale. Si tant est que l’adjectif puisse lui convenir. « Et bien… Vous serez déçu. En dehors de la technologie, je crains d’être allée plus loin que vous dans le chemin de l’ascétisme. » Elle répondait sans se laisser démonter, allant de la plaisanterie légère à des propos plus sérieux.
Comme son amalgame entre musique et Armée ou Ordre. Une vision qu’elle s’était suffisamment sentie en confiance pour la dévoiler, même si les quelques mots à ce sujet n’étaient qu’une goutte dans l’océan de réflexion de l’arkanienne. Les heures de solitudes, contraintes ou recherchées, n’avaient jamais été vaines. See’Ryl avait observé – beaucoup – et réfléchi – tout autant- mais n’avait que rarement dévoilé le fruit de tout ce temps.

« Si vous confondez la paix avec l’oubli… Alors oui, c’est une toute autre histoire. » confirma-t-elle. Elle-même en avait fait l’expérience. Il lui avait fallu du temps pour comprendre que faire la paix avec celles et ceux qui l’avaient rejeté et la rejetaient encore ne voulait pas dire qu’elle oubliait. Tout ce que See’Ryl avait subit faisait partie d’elle et conditionnait en majeure partie la femme qu’elle était devenue. Elle ne pouvait pas se permettre l’oubli sous peine de perdre un équilibre chèrement acquit. En revanche, elle avait fait la paix…. Ou du moins s’y employait. La paix avec elle-même avait été la plus aisé à atteindre, contrairement de celle avec les autres. Pour Balian, c’était tout le contraire et son chemin s’annonçait autrement plus ardu. Les conscients avaient pour tendance d’être leur propre bourreau… et pas le plus sympathique.

Elle bu une longue gorgée de café et reposa sa tasse sans le moindre bruit. « Vous êtes un enfant de la Force. Elle est à la fois bonne ou mauvaise. Son jugement est également le vôtre. Tant que vous ne vous pardonnerez pas, elle ne le fera pas entièrement. » Derrière ses lunettes, son regard navigua autour d’elle. « Vous avez déjà changé. » dit-elle « Parce que vous vous jugez constamment. Parce que vous êtes impitoyable avec l’homme que vous étiez. Parce qu’il vous sert d’épouvantail et de prétexte. » Ils étaient moins dissemblables qu’ils pouvaient bien le laisser penser. Plus que des mots potentiellement vides de sens, See’Ryl donnait en filigrane sa propre expérience, son propre vécu pour éclairé l’homme qui lui faisait face. « La Force ne peut combler un vide dont elle n’est pas l’origine. Elle est un soutien, certes… Mais elle n’est pas du métal que l’on ajoute sur une fissure pour la combler. » murmura la jeune femme.

Ses derniers mots pouvaient passer pour une remontrance alors qu’il n’en était rien. Ils étaient nombreux ceux qui pensaient que la Force faisait office de « bouche-trou » des vides existentiels. See’Ryl se rendit rapidement compte qu’elle venait de faire fausse route après que Balian lui ait fait un aveu qui la laissa une courte seconde silencieuse. L’instant suivant, elle s’était penchée pour serrer la main tremblante du Mirialan dans la sienne. Lentement, l’arkanienne l’entoura de Force. « Je lui confierais ma vie sans hésiter. Parce que justement, il lutte et qu’à chaque seconde, il gagne un peu plus. » chuchota-t-elle. Soit, si elle était totalement honnête, See’Ryl ajouterait qu’il fallait aussi que l’individu lui prouve qu’il était digne de confiance. Ce qui était le cas de Balian, elle n’en doutait pas. Elle ajouta « Ce genre de vide, la Force peut vous aider à le combler… et ce qu’elle ne peut pas faire, je vous y aiderai. »
Balian Atraïde
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Il était étrange de se rendre compte que j’étais suffisamment en confiance auprès de ce maître jedi pour lui révéler une de mes plus sombres parts de moi-même. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait dans ma tête…mais cet échange, ces onces de taquineries, tout cela me révélait que See’Ryl et moi nous ressemblions bien plus qu’on ne pourrait le penser.

J’avais écouté attentivement ses explications sur la Force. Elle n’avait pas tort, et m’avait parfaitement bien cerné. Si bien que je me demandais presque si par hasard cette analyse ne lui était pas quelque peu familière. Selon elle le pardon devait venir de moi. Mais je n’arrivais même pas à me regarder dans le miroir. Et c’était encore pire depuis…depuis Lorrd et les cicatrices qui marquaient désormais mon âme et mon corps. Etais-je mon propre bouc-émissaire ? Sur qui d’autre pourrais-je passer mes nerfs ? Sur tous ceux que je rencontrais sans aucun doute.

La prise de la drogue avait été un moyen facile de tenir le coup. Plutôt que d’affronter mes doutes, mes peurs autrefois, j’avais commencé à prendre de l’Adrénal sachant parfaitement le risque que j’encourrai, à savoir devenir accro. J’aurai pu parler à quelqu’un d’autre, appeler à l’aide d’une toute autre façon. Mais j’étais trop fier et bien trop exigent tant avec moi-même qu’avec les autres. Peut être que si je n’avais pas ainsi chuté je n’aurai pas perdu mon poste de diagnosticien…peut-être serai-je toujours marié ? A présent c’était trop tard, le mal était fait, et bien fait.

Je me rendis compte que See’Ryl avait pris ma main sujet aux tremblements incontrôlés de mon état de manque. Je levais un regard presque reconnaissant vers la maître jedi, elle ne me jugeais pas, elle ne cherchais pas à savoir pourquoi…ni ce que j’avais fait. Elle semblait sincère en prétextant être en mesure de me faire confiance malgré mon passé. C’est alors que je la ressentis. La Force…bien sûr je l’avais détectée chez See’Ryl, cette puissance qui émanait d’elle, mais pas à ce point. Elle irradiait une douceur et une chaleur thérapeutique pour l’être torturé que je pouvais être. J’eus un petit sourire crispé et lui répondis avec douceur :

- C’est assez curieux comme la vie est faite. Il n’y pas si longtemps que cela je devisais avec un autre Maitre jedi sur sa perception d’elle-même et la destinée. Je la sermonnais sur sa vision si peu glorieuse d’elle-même suite à son…erreur. Nul besoin de préciser à Maitre Asho’Tye que je faisais référence à Maître Venta…la condition de Cally n’était un secret pour personne au sein de l’Ordre, ni le fait qu’un médecin de l’Armée était venu pour poser un diagnostic. A présent, c’est vous qui incarnez ce rôle pour moi…

Je marquais une pose, ma main, prisonnière de celle de See’Ryl se retourna, et j’empoignais la main de la Jedi avec douceur.

- Sur Mirial nous avons une vision primitive de la Force. C’est une divinité qui contrôle notre destinée, et rien n’arrive pas hasard. Et chacun de nos choix nous amènent petit à petit vers ce que la Force nous prédestinait. Je vous avoue que toutes ces…choses portées sur la spiritualité, ne m’ont jamais intéressées…jusqu’à assez récemment. Je me considérais comme trop cartésien pour y adhérer. Mais…depuis ma cure de désintoxication j’ai renoué avec les traditions de mon peuple.

Pour le plus grand plaisir de mon père si je pouvais dire…il voyait son unique héritier revenir dans le giron des traditions Mirialanes assurant ainsi ma formation pour reprendre ses fonctions un jour à la tête de notre Clan. J’espérais que cela sera le plus tard possible.

- J’essaye d’appliquer les conseils du Chevalier Kayan avec qui je travaille souvent en ce moment. Mais je dois avouer que lorsque j’essaye seul, mes méditations sont…chaotiques.

Et pour cause…j’avais peur de me retrouver seul avec moi-même. Je poussais un petit soupire, et murmurait :

- Je vous remercie pour cette aide que vous me proposez…Et…pour tout le reste. Si j’avais un tant soit peu de courage j’irais trouver mon supérieur pour lui dire que j’ai un problème…Entre mon passé qui resurgit et le stress post-traumatique, je ne tourne plus très rond. Mais j’ai peur de perdre mon droit d’exercer définitivement. Sans la médecine…je ne suis plus rien.




See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Avec le temps, See’Ryl avait appris à accepter les évènements sans aussitôt creuser pour en connaître l’origine. Parfois simplement profiter faisait du bien à l’âme. Trouver un être qui lui ressemblait autant tenait du miracle en un certain sens. Parler avec lui se faisait naturellement, laissant à l’arkanienne l’occasion de se découvrir plus sage qu’elle ne l’imaginait… ce qui n’aurait pas manqué de faire rire Siela si cette dernière avait encore été en vie. Plus sage mais aussi plus à même d’aider. Que s’était-il donc passé ? Elle rejeta fermement ce sujet de réflexion pour se concentrer sur sa conversation et le Mirialan qui se confiait à elle. La jeune femme ne le jugeait pas quant à sa prise de drogue. Elle n’était pas présente pour cela. Mais à la lumière de cette nouvelle information, See’Ryl parvenait à d’autres déductions et continuait à tracer l’esquisse de l’homme complexe qui lui faisait face.

C’était tout aussi naturellement qu’elle s’était penchée pour serrer la main qui tremblait et qui, plus que les mots, trahissait la faiblesse dont il avait honte, le manque qui ne le quittait jamais vraiment. Elle ne mentit pas en lui disant qu’elle lui faisait confiance. La preuve en était le fait qu’elle soit là avec lui. Sans cela, elle aurait engloutit son café et serait partie avec à peine une parole d’adieu. Elle ne lui aurait pas non plus proposé de lui créer une nouvelle prothèse. Et elle n’aurait pas usé de sa maîtrise de la Force pour lui apporter un peu de réconfort. « On trouve toujours ce dont nous avons besoin lorsque l’on s’y attend le moins… » dit-elle avec une douceur qu’elle ne pensait pas posséder.

« Concernant ce Maître… Je pense que ce qu’elle prend pour une erreur est la réponse de la Force à ses désirs profonds…. Mais je comprends… ce qu’elle traverse. » murmura-t-elle à propos de Cally. See’Ryl ne s’était pas mêlée de l’affaire la concernant même si elle l’avait suivie de loin. En revanche, le fait que Cally quitte l’Ordre… c’était une erreur que ce dernier paierait très cher tôt ou tard. Son intuition lui indiqua que Balian n’était informé. La nouvelle n’avait pas filtré en dehors du Temple d’Ondéron. Pas encore du moins. See’Ryl resta un moment hésitante, se demandant si c’était à elle de l’annoncer ou non.

Et puis… l’hésitation fut chassée quand elle sentit les doigts de Balian se refermer autour des siens. Sous la surprise, elle fut incapable de réprimer la rougeur légère et délicate qui envahit ses joues sans qu’elle ne retire sa main. Toute chamboulée qu’elle fut, cela ne l’empêcha pas d’écouter le Mirialan avec attention. Lorsque le silence revint, elle attendit quelques secondes. « Ce n’est pas une question de courage mais de fierté…et de crainte, oui. » Elle avait murmuré, presque inaudible, toujours sans le juger. « Vous avez peur. » ajouta-t-elle. Elle continuait à l’entourer de Force, à le réconforter de la seule manière qu’elle connaissait sans savoir si cela était utile ou non.

« Me faites-vous confiance, Balian ? » demanda-t-elle soudain, serrant un peu plus ses doigts. Elle inspira et se rapprocha pour chuchoter « Me fais-tu assez confiance pour faire appel à moi lorsque le besoin s’en fait sentir ? Lorsque le reste te rattrape ? » le passage au tutoiement était une nouveauté pour elle, un essai intuitif qui la laissa un peu inquiète de savoir comment l’intéressé allait réagir.
Balian Atraïde
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Je devais bien avouer que la réponse de la maitre au sujet de la situation de Cally me laissait perplexe. En un sens Cally avait gagné une nouvelle vie…mais elle s’était retrouvée coupée de la Force, la seule chose qui avait guidé sa vie ces cent-trente-et-quelques dernières années. Cela dit je savais la « gamine » suffisamment forte pour s’en sortir. Un petit sourire sur au coin de mes lèvres et les yeux un peu dans le vague, imaginant en cet instant le petit minois reniflant bruyamment et les cheveux en bataille de Maître Venta, je répondis :

- Je suis sûr que Cally s’en sortira. Puis j’ajoutais innocemment, avec toute l’attention et les bons soins promulgués par les autres jedis, nul doute qu’elle surmontera tout cela. Elle est intelligente et ses connaissances sont immenses.

J’avais bien stipulé au Conseil, dans mon rapport, que Cally, bien que désormais non-sensible, avait conservé toutes ses facultés mentales. Je ne savais pas exactement quand est-ce que les maîtres rendraient leur jugement, mais j’étais persuadé qu’ils sauraient reconvertir Cally dans une voie qui lui conviendrait le mieux.

Alors que mes doigts s’étaient refermés sur les siens, emprisonnant doucement sa main dans la mienne, il m’avait semblé déceler le fard subtil venu teinté ses joues pâles. Mais je n’eus pas le temps d’y songer davantage ou de la taquiner sur le propos, car ses mots, même murmurés, m’atteignirent au plus profond de mon âme.

See’Ryl pointa une évidence que je cherchais perpétuellement à camoufler. Sous mon air misanthrope et suffisant, j’étais pétri d’angoisses. Des craintes tant liées à mon passé qu’à mon expérience de la guerre. Des frayeurs qui se rappelaient régulièrement à mon mauvais souvenir à travers des cauchemars terribles.

Peur…oui, j’avais peur. Peur de perdre ma place, peur de voir mon père assassiné à cause de moi ; peur que mes sombres « envies » me reprennent et que je ne puisse pas les combattre ; peur des conséquences que cela impliquerait si je venais à nouveau à me retrouver dans un tel état. Cela dit, je ne savais trop comment expliquer cela, était-ce la présence de See’Ryl ? La Force que je sentais vibrer tout autour de moi, l’ensemble peut-être ? Mais mes doutes s’étaient amoindris et ma peine se voyait atténuée.

Et alors j’eus la surprise de constater qu’elle me demandait si j’étais en mesure de lui faire confiance. Le passage au tutoiement ne me surpris qu’à moitié…Visiblement je la mettais autant à l’aise je pouvais l’être avec elle. Avec douceur je répondis :

- Va savoir pourquoi…mais je pense que oui…Je fixais alors son joli visage de mon regard ténébreux, à défaut de voir le blanc de ses yeux. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais qu’elle aussi portait un lourd passé…alors, toujours sur le même ton, je lui demandais : je te retourne la question…

Je n’en ajoutais pas plus. Je ne pouvais la forcer à me parler de ce qu’elle avait sur le cœur. Elle avait plus ou moins évincé ma réplique sur Dubrillion. La guerre pouvait marquer et traumatiser des vies, j’en savais quelque chose. Sensibles à la Force ou non, les Jedis n’étaient pas à l’abri…
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Le sujet de Cally mettait quelque peu See’Ryl mal à l’aise. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle pouvait dire à ce sujet. Son intuition lui disait qu’elle n’était pas la mieux placée pour faire une telle annonce. Surtout à une personne qui, visiblement, appréciait Cally. See’Ryl ne pouvait que mesurer un peu plus combien celle-ci était précieuse à l’Ordre. Restait à savoir si le Conseil serait aussi clairvoyant… et si Cally désirait rester au sein d’un groupe social avec lequel elle ne partageait – pour certains – plus rien. « Elle est amplement capable de retomber sur ses pieds. Je ne la connais pas suffisamment pour savoir ce qu’elle désire faire. » Cependant, See’Ryl n’hésiterait pas à lui proposer son aide ou son soutien dans l’avenir.

L’ancienne maître jedi fut balayée de l’esprit de l’Arkanienne quand Balian eut refermé ses doigts autour des siens. Aussi pathétique que cela pouvait paraître, c’était le premier contact aussi « intime » de la jeune femme qui retint à grand peine une rougeur prononcée sur ses joues. Dans le même temps, elle avait asséné quelques mots, à peine murmurés comme pour atténuer leur impact. See’Ryl savait qu’elle avait vu juste et ne voyait pas l’utilité de préciser de quoi le Mirialan avait peur exactement. Tout comme elle avait conscience des raisons qui le poussaient à se le cacher aussi fort.

Elle continua à le réconforter, usant de sa maîtrise de la Force dans un acte qu’elle n’avait jamais osé avec quiconque en dehors d’impératifs et d’urgences. Cela lui apportait une sensation étrange qui, alliée avec sa main dans celle de Balian, lui fit baisser la garde au point qu’elle le tutoya pour lui poser une question qui avait toute son importance après ce qu’ils venaient de se dire. « Oui. » souffla-t-elle sans la moindre hésitation. « Oui… » répéta-t-elle comme pour donner plus de substance à cet assentiment.

Elle baissa les yeux sur leurs mains nouées, se surprenant à serrer un peu plus les doigts. « C’est étrange… Si ce matin on m’avait dit que je me retrouverais dans une telle situation… J’aurais probablement demandé une expertise psychiatrique sur le fou m’ayant annoncé cette nouvelle… » Elle releva les yeux, bref éclat blanc au milieu de ses lunettes sombres. « Je n’ai pas… l’habitude…. De ça… » ça englobait boire un café en tête à tête, taquiner, écouter… tenir la main. C’était si anodin dans le monde « normal »… Pas dans celui de See’Ryl. « En général… » elle secoua la tête. Non c’était vraiment trop pathétique de dire qu’on ne lui parlait que rarement. Qu’il pouvait se passer presque une demi-douzaine de jours sans que personne ne soit venu lui parler. Que même quand on venait, elle percevait soit la peur, soit le mépris…

« Je ne suis pas quelqu’un à qui l’on vient parler par plaisir. » murmura-t-elle tout doucement. Elle soupira, peu décidée à lâcher la main qu’elle tenait et qui lui apportait un peu de chaleur et comblait ainsi un besoin que l’Arkanienne ignorait posséder. « La dernière fois que quelqu’un m’a tenu la main, c’était sur Dubrillion. Je cherchais à faire remonter une civile enceinte du trou dans lequel elle était tombée. » Et dont elle n’était pas revenue. La structure sur laquelle See’Ryl s’était allongée avait cédé. L’arkanienne avait survécu parce qu’elle était Jedi et que ses réflexes lui avaient permit de se rattraper… Mais dans la manœuvre, elle avait lâché la main de la femme et ne l’avait pas retrouvée. Vivante du moins. « On nous apprend que la mort fait partie du cycle. Que si l’heure est venue, il n’y a rien à faire. Simplement accepter. Ne pas en concevoir de la haine, de la peine ou quoique ce soit. Les défunts rejoignent la Force. Ils ne nous quittent jamais vraiment. » De sa main libre, elle récupéra sa tasse pour la finir. « Il y a des moments où… ce n’est pas facile. » Et c’était un euphémisme.


Balian Atraïde
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See’Ryl semblait perturbée…Il fallait dire que la situation était particulière, même pour moi. J’avais pourtant l’habitude que les gens se retrouvent à se livrer à moi, à me confier leurs peurs, leurs frustrations, et leurs souffrances. Il était surprenant que moi, qui ait dédaigné pendant bien longtemps les patients, me retrouvais à les réconforter. J’avais eu des armoires à glaces sangloter dans mes bras…Cela faisait un drôle d’effet.

Mais dans le cas présent, c’était différent, non pas parce que je m’étais confié à elle, non cela arrivait que j’illustre mes propos par ma propre expérience…du moins en rapport à la guerre. Les patients appréciaient que le médecin qui les suivait sur le plan psychologique puisse comprendre ce dont ils souffraient. Non il y avait autre chose…était-ce parce qu’elle était un Maître jedi ? Possible…et sans doute les fait que je sentais la Force, réconfortante émaner d’elle pour m’envelopper tout entier.

Visiblement la jeune femme était toute aussi surprise que moi que la distance qui nous séparait s’était étiolée, pour ne pas dire évaporée. A la question que je lui avais adressée elle répondit « oui ». Elle me faisait donc vraiment confiance. C’était assez inattendu…et très appréciable. La suite de ses propos me fit sourire, à dire vrai, je n’y aurai pas cru non plus. La journée avait si mal commencé. Mais nous nous en sortions bien il me semble.

- Je te rassure…j’en aurai fait de même…Cela dit…tu t’en sors très bien pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude. Un sourire vint étayer mon assertion plus que sincère. Les gens viennent me voir parce qu’ils sont souffrants…qu’ils ont des papiers médicaux à remplir, ou parce que je dois réaliser leur profil psychologique et déterminer s’ils sont aptes à servir. Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup d’amis.

Je comptais dans ma tête…Vagar…que je connaissais depuis l’Armée puisqu’il m’avait recruté et formé. Cally était devenue mon amie…puis Luke…deux amitiés assez récentes mais qui, je l’espérais, avaient des bases suffisamment solides pour qu’elles ne volent pas en éclats. See’Ryl viendrait peut-être s’ajouter à ma liste…elle était en bonne voie pour. Sans doute l’étais-je aussi de son point de vue. Avec un petit rire taquin je rétorquais :

- Hé bien…tu vois nous sommes en train de nous parler…sans arrières pensées…tels deux amis qui échangent, se taquinent et se réconfortent…

J’avais osé employer le mot « amis » espérant ne pas la brusquer. Ses doigts s’étaient resserrés un peu plus sur ma main, comme si elle l’agrippait de peur que je ne la lâche.

L’explication d’un tel geste ne se fit pas attendre et See’Ryl me raconta un épisode traumatisant de Dubrillion. A la façon dont elle me racontait la chose, je devinais que cette pauvre femme ne s’en était pas sortie…Et See’Ryl, s’en voulait-elle ? Mon reflexe fut de poser mon autre main sur celle que je tenais déjà, non sans ajouter une certaine pression…signifiant que je ne la lâcherai pas.

- La Force nous guide sur un chemin parfois semé d’embuches…

Les Jedis avaient une vision très particulière de percevoir la mort. Et See’Ryl m’en rappela le concept de base. Ne pas ressentir de haine, accepter que l’autre doit partir…ne faire qu’un avec la Force. Je poussais un faible soupir…Bien sûr que ce n’était pas évident…et pour personne, et c’était bien normal.

- Mon peuple a la même vision de la mort. A la foi fataliste et pourtant qui se veut réconfortante. On nous dit qu’on ne peut empêcher la mort de venir nous chercher quand l’heure est venue…Mais qu’il ne faut pas être triste car tout être qui s’endort définitivement ne fera plus qu’un avec la Force. Tss…tu penses bien que pour moi qui aies toujours voulu être médecin ce n’était pas concevable. C’est sans doute pour cela que j’ai demandé à notre chaman de partir de Mirial…étudier sur Coruscant…repousser la mort en soignant les gens…

J’eus un temps d’arrêt…réfléchissant à comment aborder la chose…J’étais moi-même assez mal placé pour ce genre de réflexion. En tant que médecin sur Coruscant j’avais toujours eu une perception assez arrêtée de la question de la mort. J’aurai tant voulu trouver le remède miracle capable de tout guérir…Mais c’était impossible. Avec les comités d’éthique qui nous interdisaient l’acharnement thérapeutique j’étais parvenu à me faire une raison, à me détacher de tout ceci et devenir aussi froid que ma planète d’origine. Mais arrivé à l’armée, ce fut autre chose…

- Seulement…avec cette guerre, j’ai appris que je ne pouvais pas tout soigner…ni tout réparer. Parfois j’avais eu beau tout faire, le patient décédait tout de même dans mes bras…me mettant parfois dans des rages folles face à mon impuissance. Avec le temps…on parvient se dire qu’au moins ils ne souffrent plus…mais…comme tu dis, c’est dur. D’autant plus que j’ai beaucoup de patients actuellement qui s’en veulent d’être encore en vie…et qui, du fait de la gravité de leurs blessures, auraient préféré y rester. Ce matin…j’en ai un qui a tenté de se suicider. Le coup est parti dans ma jambe.

Je baissais la tête…le suicide…dur que de juger quelqu’un ayant décidé de mettre fin à ses jours. Certains parlent de lâcheté, d’autres de courage. Pour moi, qui avait tenté dejà de me tuer, ce n’était rien de tout cela. C’était plutôt comme un arrêt de la douleur…qu’elle soit physique ou psychologique.


See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Dans un autre lieu, à un autre moment, See’Ryl aurait probablement reprit instantanément une distance convenable à ses yeux. La proximité des gens n’était pas quelque chose qu’elle cherchait. Du moins le pensait-elle. Le fait était que la situation avec Balian méritait réflexion afin de comprendre pourquoi ils en étaient arrivés là. Et surtout, surtout, pourquoi elle ne parvenait pas à se résoudre à briser le contact physique et émotionnel qui s’était instauré entre eux. La jeune femme ressentait un réconfort indéniable et totalement inédit qui lui donnait l’impression qu’un retour en arrière, dans son monde solitaire et glacé, était désormais impossible. Cette idée ne la paniquait pas… pas encore tout du moins. See’Ryl n’avait jamais vu les changements dans son existence d’un bon œil. Elle avait mis beaucoup de temps à trouver son propre équilibre et à ne pas concevoir de rancœur envers la majorité de ceux qui l’entouraient.
 
Entendre dire qu’elle s’en sortait bien la fit sourire plus franchement – malgré la timidité – qu’elle ne l’avait fait jusqu’alors.  « Mes deux seuls amis sont morts… sur Artorias. » chuchota-t-elle, presque honteuse d’avouer sa solitude de la sorte. Siela et Aquilius auraient probablement apprécié de voir See’Ryl nouer un tel contact en dehors de l’Ordre. Un Ordre quelque peu réfractaire vis-à-vis de la jeune femme. Peut-être les choses avaient-elles changé mais See’Ryl ne cherchait pas à le savoir. Son équilibre lui importait bien plus qu’un espoir potentiellement vain.
 
Et Balian utilisa le mot amis pour les désigner… See’Ryl réprima un frisson perplexe tout en prenant conscience que c’était exactement ce qu’ils étaient devenus en un temps record. La Force réservait toujours des surprises, se dit l’Arkanienne qui restait néanmoins étonnée de voir que c’était son tour cette fois.  « Tu oublies qui râlent ensemble… » rétorqua-t-elle avec une pointe d’amusement. L’once de chaleur s’évanouit pourtant rapidement lorsque la jeune femme évoqua un souvenir pesant, directement lié au fait qu’ils se tenaient la main.  « La Force nous offre un chemin avec des obstacles que nous pouvons franchir… Même si nous pensons le contraire. Il suffit de trouver le moyen. » dit-elle sans cesser de contempler sa main entourée par celles de Balian.
 
Lorsqu’il lui évoqua la vision des Mirialans, See’Ryl esquissa un léger sourire. Non pas parce qu’elle se moquait mais parce qu’elle imaginait parfaitement Balian se rebeller devant une telle vision. Elle n’ajouta rien, se contentant de l’écouter et de le réconforter doucement par la Force. Quand il baissa la tête, elle frôla sa joue du bout des doigts de sa main libre pour qu’il revienne la regarder.  « Il n’y a pas de bonne solution… Lorsque l’heure est venue, rien ne peut nous retenir. » chuchota-t-elle, baissant l’opacité de ses lunettes pour pouvoir plonger son regard dans celui de son interlocuteur. Au temps pour la douleur et l’inconfort.  « Si l’on survit, c’est parce que nous n’avons pas terminé les tâches qui nous incombent et dont nous ne savons rien. Le suicide… équivaut à un arrêt de la souffrance… Mais nous devrons reprendre là où nous nous sommes arrêtés en ayant tout oublié… La Force a horreur du vide. »
 
See’Ryl avait utilisé la deuxième personne du pluriel. Non pas parce qu’elle avait déjà tenté de se tuer – l’Ordre ne l’aurait jamais laissée sans surveillance ensuite – mais parce qu’elle y avait songé, des années auparavant.  « D’un certain point de vue… On peut voir cette tentative comme étant une nécessité pour permettre notre rencontre. Sans ce problème à ta jambe, je ne serais pas restée après les soins. » Un moyen de relativiser… non ?
Balian Atraïde
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Je ressentis soudainement une profonde tristesse d’apprendre que ses deux amis – les seuls visiblement – avaient été tués sur Artorias. Décidément…

- Je suis navré de l’apprendre…

Visiblement le fait d’utiliser le mot « amis » ne l’avait pas perturbée pour autant. Et sa taquinerie au sujet de nos récentes occupations eut pour effet de me rire de bon cœur.

- Haha ! Oui, c’est vrai…deux râleurs… !

Elle avait raison, nous étions bien deux ronchons qui partagions des valeurs similaires, pas forcément du gout de nos supérieurs. Nous avions brûlé des étapes, sans aucun doute, dans cette relation naissante qui venait de nous atteindre ; et cependant cela ne nous dérangeait pas. Il n’y avait rien de malsain dans nos échanges, rien de déplacé non plus. Nous avions trouvé, en un temps record, un équilibre, comme deux personnes peu avenantes de bases qui comblaient un manque, et rattrapaient un temps semblant perdu.

Dans un souffle, je murmurais :

- Considère que tu as gagné un ami…Je ne prétends pas être le meilleur ami du monde, mais…je ferai de mon mieux…

A dire vrai, j’étais quelqu’un de loyal, une fois mon amitié acquise je pouvais me démener pour ceux qui pénétraient dans cette catégorie. Encore fallait-il y entrer, et y rester. Avec See’Ryl il était finalement peu étonnant que nous nous soyons à ce point rapprochés en si peu de temps. Nous avions les mêmes principes, un humour similaire, tout en nuance…pour ne pas dire un peu sombre. Nous étions des grogneurs nés, et nous partagions des souffrances liées à la guerre, et l’isolement qui nous avait frappé depuis de longues années.

Je sentis une pointe de chaleur m’envahir lorsque je sentis le bout de ses doigts effleurer ma joue verte. Une chance que ma couleur de peau neutralisait le rouge qui venait de farder mes joues…Mon dernier contact physique avec une femme…mettons que Cally est hors catégorie…Hé bien…le souvenir du baiser de Kaa’lia me fit écarquiller les yeux l’espace d’une seconde. Ouai…c’était plus récent que je ne l’aurai cru…cela dit…Nous n’étions pas du tout dans une situation identique. See’Ryl était un Jedi, et de ce qu’elle m’en avait dit, et les rumeurs à leur encontre étayaient bien ses propos, ils n’étaient clairement pas portés sur la chose. Cela tombait bien car moi non plus…J’avais juste un esprit mal placé…nuance.

Mes…réflexions fugaces passèrent rapidement, car le contact de See’Ryl me fit relever la tête pour plonger mes yeux ouverts en grands – toujours un peu surpris de ce contact innocent – sur ses lunettes. J’essayais de voir à travers l’opacité de ses verres, comme pour observer au plus profond de son esprit. Les yeux sont les fenêtres de l’âme après tout…enfin…c’était ce qu’on disait. J’avais incliné doucement la tête, comme pour insister sur ma tentative de voir au-delà de ses lunettes. Et comme si elle m’avait compris, je vis soudainement l’opacité de ses lunettes diminuer, et je pus distinguer ses yeux blancs…parfait opposé des miens.

Ses propos me faisaient réfléchir. En un sens c’était une belle vision des choses, et j’aimais cette idée.

- Tu as sans doute raison…Tu plairais au Chaman de mon Clan…il partage les mêmes réflexions que toi. Et…c’est une belle façon de percevoir le Destin, et le rôle que la Force nous a attribué. Je me retrouve dans ce que tu dis…

En réalité, See’Ryl et Balérion avaient exactement les mêmes mots…sans nul doute mon père adorerait See’Ry et j’imaginais les discussions potentielles sur la Force qu’ils pourraient avoir. Un sourire se dessina sur mes lèvres à cette pensée. Soudain je songeais qu’elle venait d’utiliser la première personne du pluriel dans son explication…J’osais lui poser la question :

- Mais…quand tu dis « nous » …tu t’impliques également…est-ce que toi aussi … ?

Je me demandais comment une si jolie femme, dotée d’un tel pouvoir et d’une intelligence vive, aurait pu en arriver à une telle extrémité. Les peines qu’elle avait dû endurer étaient-elles à ce point ? L’Ordre aurait-il laissé une telle chose se produire ? Cally aussi avait essayé…mais…je voyais la tentative de maître Venta sous un autre angle…

- Certaines personnes tentent d’appeler à l’aide en essayant de mettre fin à leurs jours…plus que de réellement se tuer.

Puis la Maître jedi m’expliqua que finalement la tentative de suicide aura servi à quelque chose…car sans ma jambe déficiente, jamais je n’aurai eu besoin de l’aide de See’Ryl. Je ris à nouveau et me décidais à rompre le contact de nos mains enlacées pour reprendre ma tasse et vider le café qui avait tiédit, m’arrachant une petite grimace. Un café presque froid, quelle horreur. Je repris avec entrain :

- Finalement, je remercierai mon patient et mon imbécile d’infirmier qui ont contribué à ruiner ma jambe…je replongeais la noirceur de mes yeux dans la pureté des siens, car grâce à eux j’ai pu rencontrer une belle personne qui a illuminé ma journée.

Je ne réalisais même pas que le terme « belle » pouvait être pris dans tous les sens de ses significations. Qui plus est j’étais parfaitement sincère. Ma journée qui avait si mal commencée, se poursuivait sur cette rencontre qui m’avait mis du baume au cœur et pour la peine de bonne humeur.


See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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 « Il n’y a pas à être navré. Ils sont morts pour ce à quoi ils croyaient. Ils sont morts pour sauver le plus grand nombre. » bien inutilement, d’ailleurs. See’Ryl avait eu beaucoup de mal à accepter. Elle était assez honnête avec elle-même : dans une situation similaire, elle aurait fait exactement pareil. La différence résidait dans les raisons : Siela et Aquilius s’étaient sacrifiés à la fois par idéalisme et par devoir ; elle, elle ne le ferait que par devoir, parce que c’était ce que l’on attendait d’un jedi. Son idéalisme s’était irrémédiablement éteint sous les actes de ses congénères, devant leur hypocrisie évidente dans la majorité des cas. On pouvait y voir une amertume certaine, un sentiment d’injustice qui ne cessait de la ronger. En réalité, See’Ryl se posait de plus en plus de questions au sujet de son avenir au sein de l’Ordre. Ce n’était pas la première fois… mais pour les épisodes précédents, See’ryl avait pu compter sur Siela et Aquilius qui savaient ce qu’elle avait vécu et vivait encore. Parfois, l’Arkanienne se demandait si tout cela n’était pas le fruit de son imagination. Mais à qui pouvait-elle donc s’ouvrir ?
 
Le rire de Balian chassa la morosité qui la menaçait. See’Ryl se surprit à sourire légèrement.  « Je râle rarement à voix haute… Je suis ravie d’avoir trouvé une oreille pour m’entendre. » Une taquinerie qui dissimulait bien plus. Peut-être allait-elle pouvoir parler de ce qui la hantait avec le Mirialan ? Ou peut-être se vexerait-il ? Une valse d’hésitation qui ne lui ressemblait pas mais qui était consécutive aux derniers évènements dans la vie de la jeune femme.  « Un ami… » répéta-t-elle  « Merci…Balian… » était-il utile de dire que la réciproque était vraie ? Elle se contenta d’un sourire confiant qui indiquait clairement qu’elle se considérait déjà comme son amie.
 
La preuve en était qu’elle n’hésita pas à toucher sa joue du bout des doigts tout en restant inconsciente de la gêne soudaine de son vis-à-vis. Elle ne lisait pas dans ses pensées. En revanche, elle capta clairement la surprise dans les prunelles sombres et ne parvint à se résoudre de retirer ses doigts. Le changement de luminosité lui fit plisser les paupières sans rompre le contact visuel. Il était rare qu’elle observe les gens sans la barrière des verres protecteurs.  « Je serais ravie d’échanger avec lui… Peut-être sera-t-il à même de répondre à mes doutes et mes questions… » chuchota-t-elle, laissant pour la première fois, percer une once d’incertitude.
 
La question suivante de Balian menaça de la faire baisser les yeux. See’Ryl était une personne qui assumait ses actes, même ceux considérés comme honteux.  « Je ne suis jamais… passée à l’acte. Siela et Aquilus étaient bien trop attentifs. J’y ai pensé. Souvent. J’y pense encore…. Souvent. » Un aveu qui ne faisait qu’effleurer le gouffre qui la menaçait. Elle inspira longuement pour expirer lentement. Sa manœuvre fut interrompue quand Balian cessa le contact de leurs mains. Aussitôt, See’Ryl ramena sa main vers elle, se sentant presque glacée. Elle récupéra sa tasse, constata qu’elle était vide puis la reposa sans commenter.  « Ne le remercie pas trop… » commença-t-elle, d’ores et déjà taquine. La suite de sa phrase mourut quand le mot belle atteignit l’Arkanienne. Ce fut à son tour d’écarquiller les yeux et de rougir. A la différence que, sur du clair, le rouge était très vite visible.  « Belle… moi ? » demanda-t-elle en peinant à y croire. Elle ne le prenait pas forcément pour le physique. Mais que ce soit pour son être ou son apparence, See’Ryl n’avait jamais été complimentée de la sorte.
Balian Atraïde
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Sauver le plus grand nombre…que voila des paroles que je connaissais bien…N’étais-ce pas ce que j’avais toujours voulu faire depuis ma première mission ? En sauver le plus possible…et j’avais dû me faire à la raison que ce n’était pas toujours possible malgré les efforts déployés. Se faire à l’idée dès les premiers instants que pour en sauver certains il fallait en laisser mourir d’autres pour qui de toute façon nous ne pouvions plus faire grand-chose…La phase du tri des blessés était souvent ce que je redoutais le plus…C’était à moi de décider qui était soignable et qui ne l’était plus…Qui étais-je pour décider de cela ? J’avais eu tant de mal à me faire à cette idée. Mais parfois le temps perdu à s’acharner sur un mourant pouvait être crucial pour sauver un autre…Et pourtant, il fallait bien s’y résoudre. Et quelqu’un devait prendre les décisions…Qui d’autre que moi en ces cas-là ?

- On a souvent tendance à oublier que les Jedis combattent aux côtés des soldats de la République…et qu’ils ne sont pas invincibles, même avec la Force comme alliée. Savoir des Jedis présents sur les champs de bataille a souvent un effet positif sur les soldats qui s’imaginent protégé par une toute puissance… je savais que bien sûr ce n’était pas le cas…moi qui sentais la Force, je savais que même la Force faisait des choix…selon la destinée de chacun. J’eus un petit sourire navré, tu sais, les médecins de combat sont parfois de grands insouciants. On se croit investit d’une sorte de bouclier invisible…comme si notre statut de médecin pouvait nous protéger sur le champ de bataille…

Les diplômes ne m’avaient pas protégé de ce tir qui avait réduit ma jambe en bouilli et brulé une partie de mon corps. Je regardais See’Ryl, elle parlait d’amis…mais jamais de…son maître ? A moins qu’il ne fasse parti de ces amis décédés ? Je me risquais à lui demander :

- Et…ton maître ?

Je connaissais désormais un peu mieux l’organisation des Jedis…du moins le plus gros…je savais donc qu’il y avait des padawan, des chevaliers et des maîtres. Et que les padawans étaient confiés à des manipulateurs de la Force compétents et dignes de confiance pour leur inculquer tout ce qu’il fallait pour devenir un Jedi digne de ce nom.

See’Ryl me remercia de vouloir faire partie de sa vie en tant qu’ami. J’étais sincère, et dans ce monde si cruel, quand on rencontrait une âme similaire à la sienne, partageant des valeurs communes, il ne fallait pas la repousser. Je répondis donc tout naturellement :

- Ne me remercie pas…c’est bien normal de se faire des amis…Même si toi et moi sommes peu habitués à cela…

Nous étions justement faits pour nous entendre. See’Ryl semblait particulièrement enjouée à l’idée de pouvoir converser avec le Chaman de mon clan. Je ris de nouveau devant son entrain :

- Haha…je suis persuadé qu’il sera ravi de te répondre. Cela dit…je te préviens, prévoies du temps devant toi. Quand il se mets à deviser tu sais quand cela commence, mais jamais quand cela se terminer.

Cela avait toujours eu le don – autrefois – de m’agacer au plus haut niveau. J’avais finalement fini par ne plus l’écouter quand il me parlait, prenant toutes ses paroles pour des sermons et des prédications ennuyeuses. Un point de vue qui avait largement évolué avec le temps en ce qui me concernait. J’avais appris à aimer parler avec lui, trouvant du réconfort dans sa voix et dans ses mots…Mon père était désormais un support dont je ne pouvais plus me passer.

Visiblement See’Ryl avait songé à mettre fin à ses jours, voila qui m’attrista…je songeais que maintenant que ses amis n’étaient plus là qu’est-ce qui empêcherait See’Ryl de mettre en application ses sombres desseins ? Fronçant les sourcils je lui fis remarquer :

- J’espère que tu viendras me parler dorénavant avant de…faire une bêtise ? La vie est plus précieuse que tout. Je suis passé assez prêt de la mort pour le savoir. Il faut simplement trouver ce pourquoi nous sommes nés…Le but de notre présence dans cette Galaxie. Tu es pleine de qualités et j’ai eu le plaisir de constater l’étendu de tes compétences. Je me mis debout pour illustrer mes paroles, regarde…tu as accomplis un véritable miracle avec ma jambe. Imagine tout ce que tu pourrais accomplir avec le soutien des bonnes personnes ? Je fis quelques pas…avant de m’arrêter devant la porte vitrée de l’armoire sur laquelle See’Ryl avait tiqué à son entrée. Observant mon reflet dans le jeu du verre, je repris : vivre…ce n’est pas facile…surtout lorsqu’on a un passif douloureux…On peut s'entraider...

Je me tournais à nouveau vers la jeune femme, constatant que sa tasse était vide, je lui demandais tout en me dirigeant vers mon comlink :

- Souhaite-tu une autre boisson ?

J’allais passer une nouvelle commande quand ses derniers mots me parvinrent « belle moi ? »…Je me figeais suspendant mon geste, levant les yeux sur elle. Elle semblait ne pas y croire…je réalisais le double sens de la phrase et je sentis la chaleur de la gêne me gagner. See’Ryl n’était pas sans reste, ses joues rougies par la situation que je venais de causer. En un sens je n’avais fait que la complimenter…et bien sûr qu’elle était belle, tant physiquement que sur le reste. Alors, avec un sérieux extrême et un naturel à tout épreuve, je me ressaisis et répondit :

- Bien sûr…tu en doutes ?

Avait-elle une si piètre estime d’elle-même ? Jusqu’où l’avait-on détruite mentalement ? Mon regard se posa sur ses mains…Je revins vers elle et avec une extrême douceur je pris sa main dont l’implant avait été détruit…

- Comment t’es-tu blessé à cette main ?

J’avais quelques soupçons mais je n’osais les envisager…



See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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« Je connais la puissance de l’aura Jedi au sein des militaires. Les premières fois sont angoissantes… On se demande si on sera à la hauteur. Mes premiers pas sur un champs de bataille ont été fait à un âge… correct dirons-nous. Mais je crains que durant les prochains affrontements, parce qu’il y en aura, des padawans se retrouvent investit de ce poids et se retrouvent incapables de l’assumer. Et quoi de pire qu’une déception dans ces moments-là…. » chuchota-t-elle. Elle ne l’avait pas vu mais l’avait lu dans les Archives. Combien de batailles avaient frôlé la catastrophe parce qu’un – ou des – padawan(s) avai(e)nt été affligé(s) d’une telle responsabilité ? La réponse était aisée : beaucoup trop. « Les médecins ont ça en commun avec de nombreux Jedis : croire qu’ils sont bénéficiaires d’un bouclier. Vous de part vos connaissances. Nous, de part notre sensibilité à la Force… Et pour nous deux, de part notre statut »

Elle était détendue jusqu’à ce que Balian lui pose la question de son Maître. See’Ryl sentit ses épaules se nouer. « Siela est morte sur Artorias. » Quelques mots à peine soufflés qui charriaient encore un deuil jamais vraiment achevé. L’ombre s’évapora rapidement alors qu’ils évoquaient leur amitié naissante. L’arkanienne ne pouvait qu’approuver leur peu d’accoutumance quant à ce type de relation. Pourtant, See’Ryl tenait à faire en sorte qu’elle fonctionne au mieux. « Tu sais… Quand tu as subit durant des heures les cours de certains Maîtres, tu apprends à écouter tout en dormant. » Un sourire en coin naquit tandis qu’elle ajoutait « Les lunettes aident beaucoup, j’avoue. »

Sous-jacent, l’aveu qu’elle n’avait pas été d’une attention constante durant son noviciat. Cela s’expliquait aussi parce qu’elle s’entraînait plus que de raison à l’époque. Son corps réclamait alors son quota de repos en se moquant éperdument de l’Histoire des Jedis célèbres. Ses souvenirs furent chassés par Balian qui lui demandait si elle avait déjà songé à se tuer. Une question à laquelle elle s’était attendue mais qui ne lui avait jamais été posée. Un Jedi suicidaire ? Hérésie. Ils avaient toutes les raisons d’être heureux et épanouis… Cette vaste blague… Elle écouta Balian en penchant légèrement la tête. Un sourire doux étira bientôt ses lèvres. « Je le ferais… A condition que tu me promettes la même chose. » dit-elle avant de désigner sa jambe « Ce que j’ai fait… N’importe quel cybernéticien digne de ce nom serait capable de le faire, tu sais ? » On ne pouvait pas la targuer d’être orgueilleuse. Si jamais ce trait de caractère menaçait de s’esquisser chez elle, on lui rappellerait rapidement combien elle n’était rien en ce monde… avant de répéter que c’était la faute de sa race. Alors See’Ryl cultivait la modestie comme certains Jedis cultivait l’irresponsabilité : avec beaucoup de constance et d’abnégation.

« Je veux bien oui… Je n’ai pas l’habitude de parler autant… Ca donne soif. » accepta-t-elle avec un amusement certain. Amusement qui fut chassé par la surprise. Belle, elle ? En une seconde, elle avait clairement rougit tout en bafouillant une réponse digne d’une jeune fille fleur bleue. Son trouble s’accentua à la réponse de Balian, hurlant par sa simple existence que oui, elle en doutait sérieusement. En vérité, cela ne lui avait jamais été dit. Il n’était pas permis de faire preuve de narcissisme dans l’Ordre. Pour elle, cela avait été clairement interdit. Perturbée, elle ne réalisa l’approche de Balian qu’au dernier moment. Qu’il prenne sa main endommagée la fit légèrement sursauter sans qu’elle lui retire ses doigts.

La question qu’il posa resta en suspend pendant que See’Ryl se remettait de son choc et refoulait la honte qui menaçait de la submerger. Elle inspira puis chuchota « A huit ans… J’essayais encore de me faire des amis. Un jour… l’un des Novices a fait mine d’être dégoûté par mes mains. Ca a duré… Au bout d’un mois, j’ai volé une lame et me suis enfermée dans une salle. J’ai coupé dans le but de créer un doigt de plus. J’ai coupé jusqu’à m’évanouir de douleur. Je n’étais pas encore assez puissante pour me soigner par la Force. Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans la salle avant que l’on me retrouve. Je sais juste que le droïde médecin a fait de son mieux pour sauver « mes » doigts. » Son ton n’avait pas varié d’un iota malgré son récit. Une autre personne aurait probablement pleuré. Mais See’Ryl ne pleurait pas. « Dans la manœuvre, j’ai sectionné les nerfs… Il aurait fallu que je sois prise en charge immédiatement pour espérer retrouver une mobilité maximum. Ce qui n’a pas été le cas. Le droïde médecin a suturé et a coupé l’os pour permettre la création de tout ça… J’ai souffert durant des mois. Je souffre encore souvent. Je n’ai jamais réussi à refermer totalement ces doigts. Ils n’ont plus aucune sensibilité. L’implant me permet de retrouver de la liberté de mouvements tout en faisant continuellement travailler ces « doigts » . » Le silence revint. Intérieurement See'Ryl ne savait pas à quoi s'attendre comme réaction. Malgré son angoisse, elle ne broncha pas, laissant à Balian le loisir de réagir comme il l'entendait.



Balian Atraïde
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Je ne pouvais qu’être d’accord avec See’Ryl sur le fait que les combattant pouvaient parfois être bien trop jeune. Il y avait cependant un âge minimal pour entrer dans l’armée, à savoir la majorité. Mais…est-ce qu’un âge était-il suffisant pour déterminer si quelqu’un était-il suffisamment mûr pour supporter les affres de la guerre ? Les padawans ne faisaient pas exception…

- J’ai les mêmes craintes que toi sur ce point…que ce soit pour des jeunes officiers ou des padawans…les conséquences peuvent être tragiques…

J’acquiéçais également à ses propos sur les boucliers dont nous nous pensions investis sur les champs de bataille…Mon manque d’attention m’avais laissé un souvenir…cuisant…Je fus attristé d’apprendre que Siela était en réalité le maître de See’Ryl. Ainsi elle avait perdu à la fois maître et ami…Je demeurai silencieux, mon regard était des plus éloquent en cet instant, fixant la jeune femme.

La suite de notre conversation se colora d’une nuance plus douce lorsque je réalisais que See’Ryl ne fut pas des plus attentives durant ses cours. Un sourire naquit sur mes lèvres fines alors qu’elle me conféra cet aveu. Je repris doucement :

- Voyez-vous cela…j’ai été des plus attentifs aussi bien à l’école qu’à l’université de Coruscant. Cela dit je faisais tout pour être le meilleur et décrocher une bourse universitaire et ainsi ne rien devoir à ma famille.

Certes, techniquement j’étais issu d’une famille prestigieuse de Mirial…et j’étais l’unique héritier du Chaman de mon Clan…Mais cela ne voulait pas dire que ma famille roulait sur l’or. Et puis j’étais déjà très arrogant à l’époque et je voulais m’en sortir par moi-même.

- J’étais déjà un imbécile à l’époque… On attendait beaucoup de moi…et quand on s’est rendu compte que mon lien avec la force n’était suffisant pour devenir un utilisateur de la Force je ne voyais pas pourquoi je devais écouter les récits et les dogmes dictés par notre Chaman. Cela m’a…éloigné de ma famille. Ils m’ont envoyé très jeune sur Coruscant…Ho je n’étais pas fâché de quitter Mirial, surtout que je voulais devenir médecin. J’étais à la fois heureux de partir et en même temps je leur en voulais de m’avoir si facilement envoyé loin d’eux…

Je n’avais compris que bien plus tard que mon père m’avait envoyé en plein cœur de la République pour ne pas que je serve l’Empire. Lui n’avait jamais pu partir véritablement, son cœur était sur Mirial. Il m’avait fallut attendre bien longtemps pour comprendre tout cela et renouer avec mon père. Il avait fallu que je prenne conscience que j’avais besoin de lui lors de ma cure de désintoxication…et ma tentative de suicide. J’avais la chance de pouvoir compter sur lui…Et c’était donc tout naturellement que j’avais proposé mon aide à See’Ryl. Surtout à partir du moment où elle m’avait avoué avoir toujours de sombres idées sur le choix de sa destinée, et ce malgré les compétences incroyables qu’elle pouvait avoir.

Cela dit…je comprenais parfaitement ce qu’elle pouvait ressentir. Moi-même était bon dans mon domaine, mais lorsqu’on avait l’impression de ne plus rien avoir à faire dans cette galaxie…que voulez-vous…il suffit d’une fraction de seconde.

J’avais mis fin à notre « contact » pour me lever et passer derrière mon bureau pour prendre mon comlink et passer la même commande que précédemment auprès du droïde de protocole…mais ses propos m’avaient stoppé nets dans mon mouvement. Et j’étais revenu vers elle pour reprendre sa main à « cinq doigts ». J’avais posé la question n’osant pas envisager ce que j’avais soupçonner. Et pourtant la réponse de See’Ryl me fit blêmir. Comment avait-elle pu en arriver là ? Comment l’Ordre avait-il pu être aussi aveugle devant le désarroi d’une petite fille qui aspirait seulement à…être aimée pour ce qu’elle était. Mes yeux rivés sur sa main, je demeurai silencieux. Toujours avec douceur, je retirai son gant, à présent tout était clair. Le besoin de l’implant, cinq doigts au lieu de quatre pour une Arkanienne pure race…

Je percevais dans la voix de See’Ryl toute la peine et la solitude qu’elle avait dû ressentir…et qu’elle pouvait encore ressentir. Ce n’était pas de sa faute…elle avait été poussée dans un désir d’acceptation. Car nous avons tous besoin d’être reconnu, accepté même les plus revêches d’entre nous…J’en étais un autre exemple moi-même…Ce désir d’être le meilleur et d’être admiré par mon génie en médecine.

Je n’avais pas bougé, debout devant elle…silencieux, sombre…J’étais furieux…furieux contre l’Ordre…furieux contre ceux qui par leurs mots et leurs actions ignorantes pouvaient ruiner des vies. Comme ces politiciens imbéciles qui envoyaient de pauvres soldats au massacre…

Mes doigts se refermèrent sur ceux de See’Ryl et d’un geste je tirais sur sa main, tandis que mon autre main lui fit signe de se lever. Un œil avisé aurait pu constater qu’elle était à peine plus grande que moi, de quelques centimètres, mais c’était très subtil. Je levais alors sur See’Ryl un regard noir…non pas que j’étais en colère contre elle, mais contre tout le reste. Toujours en silence, et ne lui laissant pas le temps de réagir, je fis un pas vers la jeune femme lâchant sa main pour venir enlacer toute sa personne et la prendre contre moi dans une étreinte qui se voulait réconfortante et amicale. Je voulais qu’elle comprenne que je ne la jugeais pas et ne le ferai jamais. Et qu’elle pouvait avoir confiance en moi, tout comme les autres soldats se confiaient à moi, pas forcement parce que j’étais leur médecin, mais parce que j’avais vécu la même chose qu’eux…

Finalement, dans un murmure, je fis :

- Quelle solitude a dû être ta vie…Tu ne seras plus jamais seule désormais…


En tant qu'ami désormais je serai toujours là pour l'aider à surmonter ses doutes...et ses peurs.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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See’Ryl réprima un rire d’une innocence étonnante lorsque Balian lui répondit à propos de son assiduité durant les cours. « Et parce que cela faisait du bien à ta fierté. » souleva-t-elle, taquine. « Ceci dit, je ne me suis jamais endormie dans des cours intéressants. Imagine seulement une longue après-midi passée à écouter un Instructeur disserter à propos du Code… Ca irait si c’était de temps en temps… Mais non… Tous les deux jours. Tu parles d’un matraquage. » dit-elle plus pour expliquer que pour se défendre. « Je crois qu’après cet aveu, on peut cesser de me considérer comme une bonne Jedi. » dit-elle. Comme si cela ne se basait que sur cette anecdote. Non… ceux qui étaient persuadés que See’Ryl n’était pas une Jedi digne de ce nom se limitaient à des arguments bien plus… bancals.

« Tu sais… Je crois que dès qu’il y a un système de croyances dans une société, ses membres sont immanquablement sujets à des crises de foi ou à une rébellion… en plus d’être terriblement courant pour les êtres conscients que nous sommes. Parfois, c’est très bref. Mais pour certains… cela dure des années. Et un jour, l’expérience « aidant », ils réalisent que ce qu’on leur racontait durant leur enfance n’était pas si abscons que cela… L’important c’est d’accepter le chemin parcouru et l’errance. » On ne pouvait pas dire que See’Ryl avait réellement connu de crise de foi envers la Force. Envers l’Ordre oui, en revanche. Plusieurs fois. Et à chaque fois, elle ne revenait jamais complètement au point de départ… Ce qui faisait, qu’avec le temps, elle s’était éloignée de la masse commune qui constituait la majorité de l’Ordre. Elle ne s’attarda pas sur les sentiments partagés de Balian lors de son envoi sur Coruscant. See’Ryl comprenait toute cette dichotomie, cette ambigüité qui, pensait-elle, était désormais résorbée.

Elle accepta une nouvelle boisson et toute la chaleur qu’elle avait bien pu ressentir s’évapora à l’interrogation de Balian à propos de sa main. La jeune femme se referma pour pouvoir parler sans risquer un quelconque débordement émotionnel. Durant son récit, elle vit le Mirialan blêmir sans lâcher sa main de ses yeux sombres. A quoi pouvait-il bien songer, se demanda-t-elle en luttant pour ne pas lui retirer sa main qu’il dénudait. Elle acheva son récit en réprimant à grand peine la vague de honte qui menaçait toujours lorsqu’elle parlait de cet épisode. Parce que oui, elle avait honte et chaque douleur lui rappelait combien elle avait été faible, combien elle était différente, combien on n’avait jamais vraiment voulu d’elle… hormis rares exceptions.

Lentement, elle lu la fureur prendre le pas sur la pâleur de Balian et See’Ryl laissa voir sa perplexité dans ses prunelles blanches. C’était à ne rien comprendre ou du moins était-elle égarée face à des réactions qu’elle ne saisissait pas. Trop occupée à tâcher d’appréhender la situation, la jeune femme mis quelques secondes à réaliser que Balian venait de serrer ses doigts et lui faisait signe de se lever de sa main libre. Ce qu’elle fit sans vraiment savoir à quoi s’attendre, tressaillant au regard noir qu’il posa sur elle. Elle le prit pour elle, trop perturbée pour aller plus loin. Et de toute manière, rien n’eut plus d’importance quand les bras de Balian se refermèrent autour d’elle. See’Ryl se tendit aussitôt et il fallait être un aveugle pour ne pas déceler l’éclair de panique qui traversa son regard…

Juste avant qu’elle comprenne le message silencieux. Ou du moins que son inconscient le saisisse et l’oblige à se détendre. Suffisamment en tous cas pour qu’elle se retrouve pelotonnée dans cette étreinte inattendue. En un instant, toute sa méfiance paniquée s’évapora et la laissa le visage caché par ses mèches sombres, posé contre l’épaule de Balian. « Ne me lâche pas… s’il te plaît. » Pas encore, tout du moins… Demanda-t-elle après qu’il lui ait promis qu’elle ne serait plus seule. Incapable, pour l’instant, d’ajouter quoique ce soit, See’Ryl se contenta de répondre à ce serment en serrant Balian à son tour.






Balian Atraïde
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- Ma fierté…pas faux…J’ai toujours eu un égo surdimensionné parait-il.

Un petit clin d’œil vint compléter ma phrase, révélant la petite taquinerie qui s’y cachait. Toutefois je savais que c’était la vérité. Mais je ne voyais pas no plus le mal dans le fait d’être fier d’être compétent…et d’avoir des facilités d’exercice. C’était ainsi. J’étais un excellent cardiologue, un très bon diagnosticien…Pourquoi m’en cacher ?

Cet aveu qu’elle venait de me faire me fis sourire. Un « bon » Jedi…qu’est-ce que c’était en soi ? Tout comme un bon médecin, il était difficile de définir e qui était bon ou mauvais. L’importait était de suivre ce qui était juste. Mais tout n’était qu’une question de subjectivité, et ce qui pouvait nous paraitre juste ou bon, n’était pas forcement de même valeur pour une autre personne.

- Tout dépend de ce que tu entends un « bon » Jedi. Tu peux ne pas être en totale harmonie avec les préceptes de l’Ordre, mais être douée dans ce que tu entreprends. C’est une question de point de vue…mes patients te diront que je suis un bon médecin…Mes supérieurs scanderont le contraire.

J’avais bien vu qu’elle était inquiète quant à la suite des évènements une fois l’avoir enjointe à se lever. Mon air grave et mon regard ténébreux n’arrangeaient rien. J’imaginais qu’elle était désemparée lorsque mes bras se refermèrent autour d’elle pour la prendre dans mes bras et lui apporter un peu de chaleur et d’affection. Je la sentais prise au dépourvue, mais je demeurais là, droit comme un « i », serrant cette femme dans mes bras sans aucune arrière-pensée de ma part. Combien de soldats avaient, suite à une action de folie, un traumatisme, une décharge de colère, finis par craquer et sangloter sur mon épaule ? Je ne tenais pas le compte, il y en avait eu tant. Le contact physique était un bon moyen de témoigner à l’autre se son soutien, de lui montrer qu’on était présent pour lui. D’illustrer une promesse par une action qui avait du sens. Avoir une épaule où se reposer, voir pleurer…c’était important.

La tête bien droite, mon cœur battait doucement, la respiration était lente, alors que je tenais cette femme contre moi. Je devais rester professionnel, ne pas générer de malentendu. Elle parvint tout juste à me supplier de ne pas la lâcher…Alors, avec douceur, je me contentais de resserrer un peu mon étreinte, alors que je sentis ses bras venir m’enlacer également. Je souris…elle se détendait…

- Je ne te lâcherai pas…prends tout le temps qu’il te faut…

Elle n’avait pas dû avoir beaucoup de contact physique, surtout au sein de l’Ordre…A dire vrai, c’était la deuxième Maître Jedi à se retrouver dans mes bras. Deux maîtres qui avaient soufferts, chacune à sa manière…deux maîtres blessées jusqu’au plus profond de leurs âmes…en quête de réconfort et d’écoute…mais aussi de réponses. Cally avait eut besoin également que je la prenne dans mes bras…à ce ci prêt qu’elle s’était, auparavant déchaînée sur moi de ses petits poings. Un souvenir qui me fit sourire…

Je devais bien reconnaître que, même pour moi qui suis le médecin, cette étreinte ne m’était pas désagréable, loin de là, et moi aussi j’avais besoin d’une épaule…Et elle était tout juste à ma hauteur…celle de See’Ryl. J’y posais mon menton…Si on m’avait dit ce matin que j’enlacerai un Jedi dans la journée, cela m’aurait fait rire…et pourtant, nous y étions.

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« Je pense que tu as un égo moins surdimensionné qu’on ne le pense… Et qu’il a connu une perte sèche depuis quelques années. » souleva See’Ryl, plus habituée à ces questions qu’on ne pouvait bien l’imaginer. Ils étaient nombreux celles et ceux à faire preuve d’arrogance et d’orgueil… Siela avait pris soin de montrer à sa padawan le plus d’aspect de ces deux défauts afin de l’en prévenir. L’âge et l’expérience avaient aidé l’Arkanienne à différencier ceux qui allaient trop loin et ceux qui restaient mesurés. Et puis… Il y avait parfois des individus qui avaient raison de tirer de la fierté de leur expertise. Cela ne devenait un problème que s’ils ne savaient pas se remettre en question. Concernant Balian, See’Ryl savait qu’il avait déjà fait face à cette importante leçon, de la manière la plus tragique qui soit. Le Mirialan n’était pas près d’oublier les pièges de l’arrogance et de l’orgueil.

See’Ryl évoqua le fait qu’elle n’était pas un « bon » Jedi et pencha la tête en la posant dans sa paume pour écouter Balian. Un fin sourire étira ses lèvres, à la fois amusé et teint d’un cynisme pragmatique. « Si l’on ne t’avait pas dit que j’étais un Maître, l’aurais-tu deviné ? Pour le… commun des mortels, je ne rentre pas dans le moule du Jedi. Je déteste la bure. Mon sabre est absent de ma taille. En dehors de l’aspect physique, je suis trop pragmatique, trop franche, trop dépourvue d’espoir aveugle. J’adhère à certains préceptes de l’Ordre mais d’autres me donnent de l’urticaire. Enfin non… Ce ne sont pas les préceptes, le problème… Mais la majorité de ceux qui entendent les incarner. » Elle avait terminé sa diatribe dans un murmure songeur. Il était rare qu’elle assène aussi clairement son avis au sujet de son environnement. Pour pouvoir le construire, elle s’était renseignée autant que possible et continuait de le faire. Ses formations d’ingénieure l’aidaient grandement pour raisonner et prendre du recul. Elle se redressa. « Pour résumer, que ce soit l’Ordre ou les individus… Ce n’est pas à Jedi que l’on pense en premier en me voyant. » s’amusa-t-elle, clairement indifférente à cela. Elle avait passé, depuis fort longtemps, l’âge pendant lequel elle avait tout fait pour entrer dans le moule, persuadée qu’elle serait acceptée. Maintenant, elle suivait sa voie sans cesser de s’inquiéter pour un Ordre qui ne l’avait jamais vraiment tolérée. Le point de rupture approchait, se dit-elle avant qu’une nouvelle interrogation de Balian la pousse à changer de sujet.

Quelques secondes plus tard, elle était debout, à la fois perplexe et inquiète face à ce que Balian lui faisait faire. La surprise s’accentua quand elle perçut des bras se refermer autour d’elle. Tout son corps avait beau être tendu, le Mirialan ne la lâchait pas et elle ne songea même pas à l’écarter. Etait-ce mal ? se demanda-t-elle brièvement. Rien ne l’avait jamais préparé à cela. La dernière fois qu’elle avait été prise dans des bras remontaient à presque vingt ans et ça avait été son frère cadet, heureux de la découvrir. Un contact bref, une courte seconde à peine. Mais là, le temps s’écoulait, perçu comme plus lent par See’Ryl qui finit par se détendre, murmurer quelques mots en serrant Balian contre elle. Il accepta de lui laisser tout le temps qu’il faudrait et lui permit ainsi de se laisser complètement aller sans le lâcher. Encore moins quand il posa son menton sur son épaule à elle.

Un temps plus tard, elle ne saurait dire combien, See’Ryl releva le visage et chuchota à son oreille « Je devrais m’écarter…Je…n’en ai pas envie. » avoua-t-elle. Sa voix avait perdu de sa monotonie pour laisser pointer une once de chaleur, d’émotions complexes et de fragilité. « Je… n’avais pas encore réalisé combien… cela me manque… » ajouta la jeune femme avant que l’on frappe à la porte du bureau. « Administratrice, docteur, un aide-soignant demande à entrer. » les informa Légion. Dans la seconde, See’Ryl s’était écartée, à peine rougissante.
Balian Atraïde
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Selon See’Ryl il y avait pire que moi question d’ego…je voulais la croire, mais je craignais qu’elle ne me connaisse pas encore assez. Ou du moins qu’elle ne sache rien de mon ancien-moi...

- Les Jedis peuvent-ils lire dans les pensées ? Du moins…entrer en communion avec l’esprit d’un autre …voir le passé…des souvenirs ?

Je me disais que c’était peut-être possible, et que peut-être See’Ryl pourrait mieux comprendre qui j’avais pu être si c’était possible. Mais peut-être n’était-ce possible qu’entre Jedi ? Peut-être n’étais-je pas assez sensible à la Force pour cela ? Et peut-être était-ce parfaitement impossible tout simplement. Mais je me disais que l’étendue des pouvoir accordés aux utilisateurs de la Force était infini et que peut-être…

See’Ryl enchaîna sur le fait qu’elle n’avait pas l’air d’un Jedi de par sa tenue, son apparence la rendait différente des autres membres de l’Ordre. Cela dit je n’étais pas un spécialiste en la matière, mais on m’avait toujours dit que « l’habit ne faisait pas le moine ». Avec un sourire je répondis :

- Peut importe comment tu es vêtue…ce qui importe c’est qui tu es au fond de toi. Et les actes qui illustrent ta personnalité…Et je sais que tu es une bonne personne…

Personnellement j’avais mis du temps à intégrer l’Armée…je voulais dire à adopter ses préceptes. J’y étais entré par la force des choses, parce que je n’avais pas le choix. Alors accepter son fonctionner fut assez long. Mais j’avais fini par m’y faire, et même à apprécier certaines choses ; L’uniformité…j’étais, en un sens, fier de porter cet uniforme qui permettait qu’on me reconnaisse en tant que militaire. Même en repos je ne pouvais plus me détacher de cette tenue qui signalait mon appartenance à l’Armée. Qui plus est, d’un point de vue purement pratique je n’avais plus besoin de me questionner sur ce que j’allais porter. C’était désormais très clair : le treillis pour tous les jours, et quand il le fallait, la tenue de cérémonie. Basta…idem pour les chaussures, j’avais soit les rangers, soit les bottes et c’était réglé. Quand j’officiais en tant que médecin je passais ma blouse…et encore, parfois elle m’encombrait plus qu’autre chose.
La discipline me convenait parfaitement bien. De plus j’avais eu accès à un savoir nouveau…non…ma vie de militaire n’était pleinement à jeter.

Je ne saurais dire combien de temps nous restâmes dans les bras l’un de l’autre. La chaleur de nos deux corps était réconfortante et agréable, même pour le grognon que j’étais. See’Ryl eut un mouvement de recul, et chuchota à mon oreille qu’elle songeait à briser notre étreinte. C’était à elle de décider selon mes propos précédents. Elle pouvait prendre le temps qui lui était nécessaire car j’avais parfaitement conscience du fait que ce type de contact était particulièrement nouveau pour elle. Elle m’avoua ne pas avoir envie de quitter mes bras, comme quoi ce genre d’attention pouvait lui manquer. Cela ne m’étonnait pas, et je ne pus m’empêcher de lui justifier tout cela par un cours de médecine :

- Les êtres vivants, de type mammifère aiment la chaleur et le contact physique était un moyen comme un autre de s’en procurer. Une résurgence du besoin physiologique du nourrisson après être sorti du ventre de sa mère, premier « habitat » d’un bébé. Le contact physique est aussi un moyen de faire diminuer les hormones du stress…

Je réalisais avec horreur que j’avais parlé tout haut…Encore une fois, je ramenais ma science et ce n’était vraiment pas le moment…Sérieux Balian…ferme-là…En un sens je fus sauvé de mon manque total de compassion en cet instant par Légion indiquant qu’un de mes aides-soignants désirait me parler. Nous nous séparâmes alors, See’Ryl s’écartant rapidement de moi avec un léger fard rosé sur ses joues. Je baissais la tête un peu gêné avant de me reprendre et de demander :

- Tu peux le laisser entrer Légion.

Aussitôt la porte s’ouvrit alors que je remettais ma blouse et me tournais vers un 1ère classe peu rassuré:

- Heu… Bonjour Sergent…le…le…Commandant vous demande…

J’haussais un sourcil :

- Que se passe-t-il ?

- Je ne sais pas Sergent…mais il n’avait pas l’air content…

Je soupirais…et fis signe au jeune homme de me laisser. Je me tournais vers See’Ryl :

- Je suis désolé…je dois y aller…Cependant je ne te mets pas à la porte, tu peux rester dans mon bureau aussi longtemps que tu le souhaites…

Je songeais soudainement à quelque chose et actionnant mon datapad je repris :

- Voici mes coordonnées, ainsi qu’un accès direct à mon comlink. N’hésite surtout pas à t’en servir…pour n’importe quoi, et à n’importe quelle heure…Je soupirais, rajustant le col de ma blouse et vérifiant ma tenue : ça sent le savon pour l’incident avec le patient ce matin et les dégâts sur ma jambe… Ce patient est sous ma responsabilité…mais avec ce qui s’est passé, je pense qu’il va me demander de le transférer dans l’unité psychiatrique sous haute surveillance…Cela fait des semaines que je m’y oppose…c’est bien connu, se retrouver enchaîné à un lit dans une cellule capitonnée ça aide pour se soigner d’un SPT…ironisais-je…je crains que cet incident ne joue pas en ma faveur cette fois,et qu'il me sera impossible d'empêcher le transfert de ce pauvre bougre...

Satisfait de ma tenue je demeurais devant See’Ryl, mon datapad sous le bras, affichant un sourire navré de la planter là…
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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See’Ryl eut un sourire amusé sans être moqueur « Non, nous ne pouvons lire les pensées. Entrer en communion avec un esprit est compliqué et ce n’est pas encore à ma portée… Il se peut même que cela ne le soit jamais. » dit-elle, consciente de ses propres limites et du fait que les capacités liées à la Force différaient selon les individus. Il y avait bien une gamme principale qui s’accompagnait de variations, elles-mêmes soumises aux capacités des êtres. See’Ryl était douée, elle le savait mais elle avait conscience d’avoir encore un long chemin à parcourir. Balian lui annonça qu’il savait qu’elle était une bonne personne et See’Ryl en fut touchée plus qu’elle ne parvint à le montrer. « C’est probablement la chose la plus gentille que l’on m’ait dite depuis des années. » chuchota-t-elle avec une émotion perceptible dans sa voix.

Tout comme elle n’avait pas été vraiment enlacée depuis des décennies. Voilà l’une des raisons pour lesquelles elle n’hésita pas à s’éterniser après avoir eut l’accord de Balian. Son aveu fut souligné par un cours de médecine qui lui arracha un rire étouffé par l’épaule sur laquelle elle se reposait. « Dois-je t’appeler maman ? » demanda-t-elle en se lovant un peu plus. Elle se permit même un soupir détendu, profondément apaisé. « Que ferais-tu si je devenais accro ? » ajouta-t-elle plus par taquinerie que par envie de vraiment savoir. La seconde suivante, elle s’était détachée du Mirialan et retrouva brutalement contact avec la réalité. Pour un peu, il y avait de quoi maudire Légion et, surtout, l’aide-soignant qui désirait voir Balian. See’Ryl retrouva son masque impénétrable, son attitude figée et distante avec une facilité déconcertante. Elle considéra le soldat qui entrait et qui confirma que leur tête à tête prenait définitivement fin.

Elle nota la convocation et la gêne du jeune homme qui, dès qu’il le put, s’en alla. « Ne t’excuse pas. Si cela n’avait pas été ton Commandant, Légion aurait finit par me rappeler à mes obligations. » dit-elle avec une once de chaleur au milieu de la teinte monocorde de sa voix. Elle récupéra les données qu’il lui transmettait et lui envoya les siennes. Puis, son propre datapad reposé sur le bureau, elle franchit la distance qui les séparait pour l’aider à remettre un peu d’ordre dans sa tenue. Du bout des doigts, elle écarta une mèche de son front. « Des dégâts sur ta jambes ? Il n’y a aucun dégât… je doute qu’il aille la démonter pour vérifier. » remarqua-t-elle avec détachement. Elle n’était pas pour le mensonge mais parfois… « Ce n’était qu’une fuite d’huile… Tu auras fait un mouvement trop brusque. » Elle lui sourit et s’écarta. Reprenant son datapad, elle ajouta « Parles-lui d’une étude médicale pour les SPT. Une nouvelle forme de thérapie. Certains de mes… contacts sur Dubrillion ont accepté d’y participer et leurs problèmes se sont allégés. Peut-être serait-il possible d’y inscrire ton patient. Je te ferais parvenir les contacts et je demanderais les rapports pour que tu puisses donner des éléments. »

Le voyant planté devant elle avec son sourire navré, See’Ryl l’attrapa par les épaules et l’invita à aller vers la sortie. « Aller, file… Je sais d’expérience que plus on fait attendre un chef irascible, plus il est imbuvable. Envoie moi un message pour me dire comment ça c’est passé. » Elle sortit avec lui du bureau, refermant la porte derrière eux, toute distance retrouvée à peine le pas franchit.
Balian Atraïde
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**
*


C’était un jour comme un autre au service de diagnostic…Nous avions un patient, un enfant présentant des symptômes que nous avions eu du mal à interpréter. Mais alors que nous étions sûrs de nous sur le traitement qui pourrait sauver la vie du jeune humain, sa mère nous faisait barrage. Elle refusait le traitement, et avait demandé qu’on transfert son fils dans une clinique privée afin d’avoir un autre diagnostic. Mes collègues avaient baissé les bras, mais moi j’étais bien décidé à faire comprendre à cette femme qu’elle avait tort. Comme d’habitude, je n’avais pas rendu visite à l’adolescent et à sa mère durant le diagnostic…Je détestais rencontrer les patients et leur famille, cela évitait qu’ils nous hurlent dessus quand on se plantait.

J’avais donc pris un datapad et m’étais rendu dans la chambre du patient où sa mère faisait les cents pas, attendant la décision du comité pour la prise en charge de son transfert. Chose à laquelle le service diagnostic s’opposait fortement, et mon chef était en ce moment même en train de défendre notre position. Sans même me présenter j’entrepris de lire la clause de déresponsabilisation pour le Centre médical :

- « Moi, Ana DEVISS (c’était le nom de l’humaine), déclare avoir été informée des risques pouvant découler de mon refus des soins médicaux prescrits par conséquent…

Interloquée la mère m’interrompit :

- Qui êtes-vous ?

Sans en prendre ombrage, car je m’y attendais, et je savais que j’allais en jouer, je répondis simplement :

- Je travaille pour le Centre médical, … je poursuivis mon speech : « par conséquent je dégage de toute responsabilité les médecins et le personnel soignant du Centre Médical de Coruscant, lequel ne pourra en aucun cas être mis en cause si jamais mon fils crève… »

Cette fois-ci elle parut offusqué, choquée, forcement vu le vocabulaire que je venais d’utiliser :

- S’il crève ?

Avec un sourire en coin, et les yeux moqueurs, je me justifiais :

- Ho…j’ai un petit peu simplifié le style, afin d’éviter tout malentendu ; Je repris ma lecture : « je sais que les médecins considèrent ma décision comme totalement idiote mais je suis convaincue de savoir mieux qu’eux…j’ai fait option biologie en dernière année d’école…Je levais les yeux sur elle avec un sourire railleur, je suppose que c’est…oui…c’est forcément ça… je terminais ma lecture « de plus j’adore contrôler la vie de mon fils dans ses moindres détails et tant pis s’il doit en clamser ». Je lui tendis le datapad : signez-là s’il vous plait.

Elle était sous le choc…incapable de prononcer le moindre mot…Je savourai ma victoire future. Je venais de la rabaisser plus bas que terre, la menaçant d’être responsable de la mort prochaine de son fils. Ce qui, en un sens, n’était pas totalement faux…mais les patient et leurs tuteurs avaient généralement le droit au chapitre. Finalement elle parvient à articuler en levant sur moi des yeux hébétés :

- Qui êtes-vous ?

Alors avec un aplomb sans faille, et sans le moindre scrupule, j’avais asséné le coup fatal :

- Je suis le médecin qui essaye de sauver votre fils…et vous la mère qui le laisse mourir…



**
*



Pourquoi ce souvenir revenait en cet instant ? Je l’ignorai…sans doute pour me rappeler que j’avais été un beau salaud par le passé et que je pourrai tout faire, jamais je n’effacerai le mal que j’avais pu faire surtout lorsque j’étais sous amphétamines…

Je réprimais un petit sourire quand elle m’expliqua être encore incapable d’entrer dans l’esprit de quelqu’un. Précisant même qu’elle ne pourrait peut-être jamais le faire.

- Ce n’est peut-être pas plus mal, fis-je avec un clin d’œil, entrer dans ma tête ne serait pas la meilleure des choses à faire…

Le souvenir qui venait de resurgir en était la preuve…See’Ryl semblait toutefois particulièrement réceptive au fait que je la désignais comme une belle personne. C’était la vérité, mais visiblement elle n’avait pas eu beaucoup de compliments dans sa vie, même justifiés. Elle le prit donc pour la chose la plus gentille qu’on ait pu lui dire…Mon sourire s’élargit.

Je la sentis pouffer de rire suite à mon petit « délire » médical. Je ne pus m’empêcher de rire quand elle proposa de m’appeler « maman » …Pas très approprié…Et je n’étais même pas assez vieux pour être son père cela dit. Un frère à la limite…Je fus cependant pris au dépourvu quant à sa remarque sur le risque qu’elle devienne accro…Accro à quoi ? Moi ? Ce n’était pas…le but…je…fus sauvé par l’intervention de Légion…Tout s’enchaina très vite, et l’esquive fut parfaite. Nous retrouvions nos rôles respectifs, See’Ryl le Maître jedi détaché, moi le médecin militaire grognon.

Je fus surpris de la voir m’aider pour remettre en ordre ma tenue, et rajuster une mèche de mes cheveux. La dernière personne a avoir fait cela…c’était ma femme. Enfin mon ex-femme…Adila. Plus encore le petit mensonge que See’Ryl me proposait de servir à mon commandant. Je la taquinais doucement :

- Hé bien bravo Maître ! Tu me demandes de cacher les faits ? Je marquais un petit silence, avant de reprendre, cela dit je le ferai volontiers. En espérant que l’autre imbécile n’ait pas déjà craché le morceau sur les récents évènements. Je soupirais, et écoutais la proposition de See’Ryl, c’est intéressant en effet, surtout que le patient en question a été blessé sur Dubrillion. Je vais en parler au Commandant, peut être acceptera-t-il.

L’instant d’après elle me poussait pour me faire sortir et éviter que je sois en retard.

- See’Ryl…Merci…pour tout. Je te recontacte pour te raconter comment cela s’est passé. N’hésite pas toi aussi à me donner des nouvelles.

Je la regardais s’éloigner, songeant que finalement, ma journée n’était pas si mal que cela…Qui aurait cru que j’allais me faire une amie ? Une vraie ? Qui me comprenait, et qui ne me jugerait pas ? La Force nous réservait parfois bien des surprises.


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FIN DU RP

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