Luke Kayan
Luke Kayan
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- Je compte sur toi pour bien te comporter et le rendre fier, bip.

Un sifflement jaillit du droïde flambant neuf, soigneusement passé par la "douche" des astromechs et huilé de partout. Bip avait toujours été "gâté" par son maître qui lui faisait faire de nombreuses révisions. Son bien-être n'était pas bien difficile à troquer avec le nombre de mécaniciens du Temple, souvent des civils extérieurs noyés dans les papiers administratifs. Il y en avait même des quasi illétrés, sauvés de mondes sans futur où ils pourrissaient littéralement. deux points communs les unissaient, qu'ils soient issus de grandes écoles ou d'endroits paumés : leur talent pour la mécanique et un mentor commun. Briar Hopkins était un vieil homme rattaché à l'Ordre pendant 35 ans. Déjà âgé lorsque Luke en avait 10, il avait pris sa retraite depuis environ une décennie. D'origine modeste, perdu dans la vie, casier judiciaire modestement rempli mais tout de même sali de quelques larcins, ce fils de mécanicien s'était illustré en réparant le speeder d'un couple dont la femme allait accoucher, tout ça sous les yeux d'un Jedi qui lui, allait à pied. Il avait été si vite que l'homme avait pu redémarrer à peine 5 minutes plus tard, emmenant sa compagne sans encombre et sans qu'un bouchon n'ait eu le temps de se former. Briar avai reçu une convocation de l'Ordre qui avait payé ses formations contre la promesse de bien se tenir. À 16 ans, il était donc entré dans ce monde hermétique, si étrange, visible de loin mais inaccessible à la majorité des civils. Avec le temps, il s'était laissé influencé et une certaine sagesse coulait dans ses mots. Accompagnant plusieurs Jedis pour des missions, Briar avait des centaines d'histoires à raconter et il en avait largement abreuvé le petit Luke qui, un jour, s'était caché sous un vaisseau pour échapper à sa classe de sabre-laser.

Depuis, le gosse et lui s'étaient liés d'amitié. Là où peu l'écoutaient, le Habien buvait ses paroles. Il lui tendait les outils (bien qu'il faille souvent s'y prendre à dix fois et qu'il ralentissait le vieil homme plus qu'autre chose), lui apportait ses plateaux repas et lui tenait compagnie. Le jour de ses 10 ans, trois après leur rencontre, le vieil homme avait offert Bip à son petit "assistant" : Un prototype d'Astromech récupéré d'une usine en faillite qui avait tout misé sur ce petit être autonome qui se rechargeait seul, en circuit fermé, aidé par de petits panneaux solaires qu'il pouvait sortir de ses nombreuss caches. En tout point semblable à un R2 commun, hormis que là où ceux-ci étaient bleus, il était jaune, il aurait dû avoir du succès mais, déjà connus pour développer un caractère propre, ce dernier n'ayant pas besoin d'économiser son énergie était devenu assez "ingérable". Pire encore, l'entreprise ayant beaucoup travaillé sur sa batterie auto-rechargeable avait méprisé l'importance de la carte de données basiques, tant et si bien que cet astromech était ... Nul en mécanique. Il aurait fallu attendre des années qu'il apprenne cette chose si naturelle aux R2-D2.

Briar l'avait acheté pour une bouchée de pain, parachevé et offert à Luke donc. Depuis, le droïd un brin possessif était la mascotte du temple mais surtout le fidèle ami du jeune Jedi.

- bWÔOOOO !

Luke soupira, il avait demandé à Bip de se montrer pondéré mais apparemnent, en 18 ans de vie, le petit robot n'avait toujours pas appris ce mot.

- WiiiiP ! WIp Bwô !

- Oh c'est toi mon grand. Comment ça, tu conduis maintenant ? Je n'y crois pas.
- C'est pourtant lui qui m'a mené jusqu'ici.

Le regard de Briar s'illumina. Devant lui se tenait Luke, les cheveux noués en une sage demi-queue, les yeux évidemment perdus dans le vague mais rieurs et un sourire aux lèvres.

- Ohhh Luke ! Tu as tellement grandi.
- Hum pas tant que ça, mais le temps a passé, c'est vrai.
- À qui le dis-tu, mes os me le rappellent chaque jour.

Briar n'était pas si à plaindre que ça, il jouissait d'une relative bonne santé à 80 ans, et incapable de s'accomoder de sa douce retraite, il avait ouvert un petit garage.

- Alors tu l'as fait, tu es devenu Chevalier Jedi. Toi qui n'y croyais pas au début.
- J'ai eu le meilleur des maîtres.

Un bruit fracassant fit sursauter les deux hommes.

- Hum. En parlant d'apprentissage, auriez-vous votre propre apprenti ?
- Jay, fait attention ! - S'exclama Briar d'un ton faussement sévère.- Laisse donc ça, je vais te présenter un vieil ami. Toi qui dit toujours que tu ne me crois pas, il va pouvoir confirmer. Alors Luke, ai-je bien travaillé dans le Hangar du Temple Jedi ?
- Non, c'est un mensonge... Je plaisante. Oui c'est bien vrai- Au moins, le blond avait essayé un trait d'humour.- Enchanté Jay.

Le garçon enthousiaste lui serra la main même sil s'était attendu à ce qu'un Chevalier Jedi soit plus... Imposant ?

- Oups - L'adolescent de 16 ans porta ses doigts à sa bouche, aussitôt noircie par le cambouis. Briar tendit un chiffon à Luke qui s'essuya ses propres mains, contaminées.

- Ce n'est rien.
- Alors qu'est-ce qui t'emmènes, j'espère ne pas avoir enfreint la loi !
- N'importe quoi, je suis juste venu te rendre visite. Bon... Et je l'avoue, te passer commande.
- Je te donne le catalogue.
- Tu sais que j'ai eu du mal à te retrouver ? La protection des données personnelles, tout ça...
- Oh tu as violé la loi pour me retrouver ?
- Un peu.- Grimaça Luke, ceux qui le connaissaient savaient que depuis tout petit, il rechignait à s'éloigner de ses chères règles- Mais donc, comme tu l'imagines, je ne suis pas venu jusque là, me perdre sur Arkania, pour commander sur catalogue. D'ailleurs quelle idée de venir t'installer ici ?
- Oh je vois -Briar prit un air conspirateur, de loin, on dirait deux trafiquants.- un hors-série ?
- Un hors-série.
- Tu as ta réponse pour Arkania. Les meilleurs en Technologie. Ce qui va me permettre, donc, de te faire ton hors-série. Mais au fait, comment es-tu entré sur la planète ? Ils sont plutôt fermés ici.

- Oh, j'ai quelques contacts suite à une mission qui avait bien fini et une donnation.

Luke avait été surpris s'être "payé" en remerciement lorsque Karm et lui avaient sauvé des otages, et ne sachant pas que faire, le Hapien avait donné la somme à une association de travailleurs de la planète. Il était donc plutôt bien considéré en ces lieux. Briar quant à lui avait fait l'exploit d'être admis après avoir postulé à une formation en nouvelles technologies, son CV avait réussi à impressionner de riches industriels qui avaient parié sur lui. Même si Coruscant était moins avancée qu'Arkania, la ville disposait de méthodes qu'eux ne connaissaient pas à cause de leur presque-autarcie. Il avait, appris le Hapien, travaillé un temps pour des entreprises d'ici. D'abord victime de racisme, le vieil homme avait toutefois fini par progresser jusqu'à devenir Contremaître dans une usine connue de constructions de droïdes de protocoles. Ensuite, il avait obtenu le permis de résidence et avait ouvert sa boutique. Maintenant, il faisait partie du paysage et était suffisamment respecté pour être intégré. À tel point qu'il s'était marié avec une Arkanienne veuve, laquelle était sortie quelques instants pour saluer poliment le jeune Jedi. Jay quant à lui était un Arkanien du quartier, issu d'un milieu aisé mais qui ne se plaisait pas dans les longues études. Ses parents commençaient tout juste à accepter qu'il ne veuille devenir que mécanicien et pas ingénieur. Ils discutèrent ainsi jusqu'à ce que la question fatidique arrive. Bien sûr, Briar était un ami mais Luke ne voulait pas d'une service gratuit, surtout que ce qu'il demandait restait assez spécial.

- Tu sais, nous n'avons pas beaucoup d'argent.
- J'ai assez vécu au Temple pour le savoir, mais peu importe Luke. J'avais déjà prévu de te demander un autre type de paiement.

Et le voilà donc, pendant deux ou trois jours, confiné dans la maison de son vieil ami à régler des papiers d'entreprise. Ça n'était pas simple car Luke n'avait jamais eu affaire à des règlements de taxe, tout ce qui entrait dans le domaine de l'entrepreneur, de l'argent et puis, Briar ne lui avait pas facilité la chose. Les papiers étaient dans un désordre monstre et une amende lui pendait au nez pour avoir oublié de déclarer un impôt. L'homme avait de l'argent mais issu d'un milieu pauvre -comme sa femme- il ne s'était jamais préoccupé de ses papiers qui s'amoncelaient dangereusement.

- Bah Luke comment veux-tu que je le sache ? J'en ai payé un, celui-là, j'en suis exempt... J'vois pas pourquoi je devais le déclarer si c'est pour dire que j'ai payé 0 crédits.
- C'est un peu fastidieux mais c'est la loi, ne t'en fais pas, je vais rédiger un allégation de bonne foi.

Finalement ils s'étaient peu vus, travaillant tous deux nuit et jour.

- Bon j'ai pris la liberté de te préparer des modèles, tu n'auras plus qu'à les copier pour l'an prochain. J'ai aussi pris contact avec un bon conseiller, tu peux avoir confiance. Si tu veux l'employer, le contrat est rédigé sur ton bureau, il te protège bien. Oh et j'ai classé tes factures... l'hypothèque et tout ça.
- Tu me sauves la vie.
- Ça tombe bien, toi aussi.
- Alors voilà ton cadeau ! Digne de la meilleure technologie Arkanienne ou Ark-Ni même si ça ne doit pas te dire grand chose, c'est un peuple très doué mais encore plus fermé que les gens d'ici.
- Oh... J'en ai vaguement entendu parler.

******

Luke Kayan a écrit:Rejoins-moi sur Dxun. J'ai quelque chose à te montrer.

Le message était court, mais il y avait entre balises "invisibles" et cryptés un Tam qui pouvait rassurer quant à l'état d'Esprit de Luke. Et quand ils se retrouvèrent, le Hapien embrassa doucement son compagnon en guise de bonjour silencieux avant de lui tendre le cadeau de ses trente ans. Inutile d'expliquer ce que c'était, en bon Ark-Ni, ce dernier découvrirait vite le potentiel de ce petit droïd capable de se rétracter pour avoir la taille d'une clé USB ou de se déplier jusqu'à adopter l'allure d'une sonde. Toutes ses données essentielles étaient logées dans une micro-carte mère et l'engin était formé de plein de petites briques qui pouvaient changer la forme, l'adapter. Par exemple, il pouvait devenir une espèce de long bâton étroit, ou un carré, voir un rond ou même une sorte de robot avec des jambes si nécessaires.

On pouvait le glisser dans sa poche sous sa forme la plus petite (qui correspondait donc à une brique). Mais surtout, c'était un formidable outil pour cartographier instantanément avec diverses options, repérer les montagnes, la vision infrarouge, afficher les différents types de sol. Il y avait aussi un compartiment pour prendre des échantillons (même si au bout d'un grand nombre d'entre eux, l'objet ne pouvait plus se rétracter). Il avait une caméra, un comlink intégré, mais aussi une bibliothèque de livres des meilleurs scientifiques qu'on pouvait consulter sur place, une caméra et un dictaphone, comme ça Karm n'aurait pas à rédiger de rapport après la mission, simplement commenter au fur et à mesure. Le droïd enfin pouvait porter des messages, aller seul à une destination, transmettre un message d'urgence avec les coordonnées correspondantes, aller espionner (si on utilisait la caméra), suivre un troupeau de bêtes en fixant un mouchard sur elle (il n'y en avait qu'un par contre, et il fonctionnait dans un rayon de 500 km seulement). Les dernières options, enfin n'avaient pas été décrite par Briar qui voulaitlaisser "l'ami" de Luke les découvrir. Sur sa surface, le chiffre 1 enfin, indiquait que c'était l'unique droïde en son genre. Il y en avait bien des ressemblants mais celui-ci avait été fait sur mesure.

- J'espère que ça te plairas.

Le voyage avait un peu fatigué Luke qui avait vraiment dû se casser la tête pour retrouver où vivait Briar Hopkings (et il avait violé la loi de protection de données des anciens employés!), se faire accepter sur Arkania plusieurs jours pour "tourisme". Mais il était heureux après ces jours de factures empilées, mélangées et mal rédigés de se trouver en pleine nature. Bon, lui idéalement aurait filé dans le confort de son parc, mais il savait que l'Ark-Ni adorait l'exploration et puis, il fallait bien tester la bestiole mécanique.

- Plus un voyage de deux jours ici... Il y avait une mission sympa de recherche à faire et je l'ai demandé. Ce ne sont pas des vacances, mais on va pouvoir se défaires d'ennemis symbiotiques àensemble.

Karm avait été si heureux (et lui aussi par extension quoique plus tendu aussi) sur cette planète verte hostile découverte par l'homme. Après un bon nombre de missions diplomatiques, il était temps d'en revenir aux premiers amours de son compagnon, l'exploration.

Unique ombre au tableau, Luke se demandait si Karm serait heureux. Sa connaissance en mécanique (surtout avec les vaisseaux, certes) était si exceptionnelle qu'il aurait pu fabriquer cette sonde s'il l'avait voulu. Oups... Il aurait peut-être dû essayer d'acheter la dernière collection d'hologrammes sur "Merveilles de la Nature Inconnue" explorant des planètes hostiles et découvertes depuis peu... Mais il avait voulu quelque chose de personnalisé.
Karm Torr
Karm Torr
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Pas…


Profonde inspiration.


… mal…
Pas mal, répéta Karm en faisant tournoyer ses shotos entre ses doigts ?
Disons que tu te débrouilles pour un débutant.
Tu peux le redire sans avoir l’air de cracher tes poumons ?


Le géant se redressa avec un sourire amusé. Il devait faire au moins deux mètres dix et dominait Karm de toute sa hauteur, sur le tatami de la salle d’entraînement, un sabre à lame jaune dans chacune de ses mains.


Dis donc, c’est que tu deviendrais presque insolent !
Que veux-tu, j’prends la grosse tête, répliqua l’Ark-Ni en désactivant la lame de ses deux armes, pour rejoindre l’un des bancs étroits qui longeaient les murs de la pièce.
Je vois ça.


En s’épongeant le torse, le Chevalier dit sur ton plus sérieux :


En vrai, merci, Zorgul. J’progresse beaucoup grâce à toi.
C’est réciproque, déclara le spécialiste du Jar’Kai, en inclinant modestement la tête. Je ne sais pas si je te serai d’une grande aide pour mêler toutes ces techniques à un style plus… atypique.


Zorgul avait toujours été un grand orthodoxe dans sa pratique du sabre, et très loin de s’essayer aux mélanges exotiques qui caractérisaient désormais la méthode de l’Ark-Ni. Karm secoua la tête pour dire que c’était sans importance et son comlink se mit à vibrer.


Je te laisse à tes affaires.
J’te revaudrai ça.
Même heure la semaine prochaine ?
Impeccable.


Zorgul inclina à nouveau la tête avant de disparaître dans les vestiaires, pendant que Karm consultait son comlink.


Dxun ?
Que diable Luke faisait-il dans un endroit aussi hostile ?
Les instincts protecteurs du Gardien ne firent qu’un tour.


Une heure et demie plus tard, un vieux chasseur jedi de l’ExploCorps — les instincts protecteurs de Karm ne suffisant pas à bouleverser les ordres de réquisition des vaisseaux de l’Ordre — se posaient dans l’une des rares clairières praticables de la lune couverte de jungles, à côté du vaisseau emprunté par Luke lui-même, dont il avait été facile de repérer la balise.


L’explorateur bondit hors du cockpit, prêt à embrocher le zakkeg qui aurait eu la mauvaise idée de s’en prendre au Hapien, dont Karm était tout à fait prêt à convenir qu’il était absolument délicieux, mais qu’il ne comptait absolument pas partagé avec le premier griffu venu.


En lieu place de monstres sanguinaires, Karm fut accueilli…
… par un baiser.


Les mains de l’Ark-Ni trouvèrent naturellement leur place au creux des reins de Luke (sans doute pour s’assurer que le Consulaire était bien en un seul morceau) et, quelques secondes plus tard, elles furent occupées à tripatouiller un étrange droïde. Karm n’avait pas prononcé le moindre mot, mais son silence n’augurait aucune déception et Luke pouvait facilement lire à travers la Force, et le lien si particulier qui les y unissait, combien son cadeau touchait son compagnon (et combien son compagnon avait envie de le toucher, mais c’est un autre sujet).


C’est hyper cool…, finit par murmurer Karm d’une voix presque timide, en glissant soigneusement l’objet dans sa poche, pour être libre de reporter toute son attention sur Luke.


Combien diable l’Hapien s’était-il débrouillé pour se procurer un gadget de ce genre ? Karm était à peu près sûr qu’il s’agissait d’un modèle fait sur mesure et il croyait même reconnaître la patte de Briar, un ancien mécanicien de l’Ordre qu’il avait bien connu dans sa jeunesse. Briar s’était souvent désespéré des réparations anarchiques, mais efficaces il est vrai, qu’un Karm enfant puis adolescent infligeait aux vaisseaux et aux droïdes qu’il côtoyait.


T’es, hm…


Il y eut un frisson suspect dans les fourrés et l’instinct de l’explorateur reprit le dessus. Le regard de Karm se braqua sur la végétation aux alentours et, à travers la Force, il sonda les consciences animales qui les entouraient, prêt à réagir au moindre signe d’un prédateur. Tous les membres de l’ExploCorps passaient un temps considérable de leur formation et de leurs régulières sessions de maintien à niveau sur la lune d’Ondéron, qui offrait à quelques minutes du Temple l’environnement idéal, c’est-à-dire quasi cauchemardesque, pour mettre à l’épreuve leurs aptitudes. Pour Karm comme pour tous ses camarades, jauger l’agitation de ce monde était devenu une seconde nature.


Le Jedi se détendit quand il fut certain qu’aucun danger ne menaçait, puis il fit un pas vers Luke.


Oui, donc…


Il tendit la main pour se saisir délicatement de celle de son ami et l’attirer vers lui.


T’es adorable. Et attentionné. Et… Plein de choses. J’pourrais faire longtemps la liste de tes qualités, Luke.


Karm leva la main de Luke pour y déposer un baiser.


Mon Luke.


(Être entouré d’une jungle peuplée de monstres sanguinaires, ça le rendait apparemment très fleurs bleues.)


Karm attira un peu plus son compagnon à lui, pour finir par le tenir dans ses bras et déposer son front contre le sien.


Je t’aime.


Un grognement horrible monta des arbres et fit s’envoler une nuée d’oiseaux craintifs. Karm esquissa un sourire amusé :


Ça va, il est encore à quelques kilomètres. Maintenant, fais voir dans quoi tu nous as embarqué.


Le Jedi extirpa avec d’insoupçonnables talents de pickpocket le datapad de la poche de Luke pour le déconnecter au sien, après s’être détaché à contrecoeur de l’Hapien, puis il téléchargea le dossier de leur mission et laissa son appareil retranscrire le fichier dans un format lisible. En attendant, il rangea celui de Luke dans la poche de son ami, non sans attarder sa main avec une innocence toute relative contre la cuisse du Consulaire.


Alors !


Karm se mit à lire à haute voix.


Le département de prospective météorologique de l’agence planétaire pour la qualité de l’air d’Ondéron a perdu contact avec une satellite d’observation en orbite autour de Dxun, destiné à recueillir des données permettant une meilleure modélisation des échanges entre biosphère et atmosphère dans les zones tropicales. La récupération de ce satellite revêt un intérêt stratégique et scientifique primordial, pour les raisons suivantes, etc., etc., etc.


Le Jedi rempocha son datapad.


T’sais que ça arrive quasi tous les six mois ? Parce qu’ils savent qu’ils peuvent compter sur le Temple. Si on était pas là, ils mettraient de l’argent pour développer des satellites plus fiables, mais comme on veut tout le temps les récupérer, à quoi bon se fatiguer ? ‘Fin bref, j’suis venu équipé.


Il partit donc extraire son sac à dos d’exploration du chasseur, avant de verrouiller le vaisseau.


Un droïde, une mission un peu dangereuse dans une jungle hostile, le plus beau gosse du Temple à mes côtés, c’est l’anniversaire parfait, dis donc !
Luke Kayan
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Après avoir frissonné, autant de plaisir que de honte adorable à la caresse sur sa cuisse, le jeune homme s'était rapproché de Karm, pour murmurer à son oreilles la conclusion de ce petit jour de fête bien particulier, célébré d'une manière toute aussi particulière.

- Et voilà, joyeux anniversaire.

Répondit le jeune homme, très heureux d'avoir réussi à contenter son ami. Ce n'était pas gagné pourtant, de gâter quelqu'un avec un objet issu d'un domaine qu'il maîtrisait parfaitement. Par chance, la commande de Luke (qui avait indiqué quoi mettre comme option au robot) et les talents de Briar avaient suffi à rendre Karm heureux de son cadeau. Le Hapien quant à lui venait d'apprendre une leçon qui valait son pesant d'or : le vrai millionnaire était celui qui savait s'occuper des papiers administratifs. Pendant ce silence que Luke imaginait être une studieuse étude, il avait sorti son propre datapad, pour le coup nettement moins développé que le droïd ede Karm afin d'afficher la mission. Certes, le jeune homme avait choisi spécifiquement ce travail pour l'anniversaire de son ami, cependant tous deux avaient la même opinion. Au plaisir se mêlait toujours le devoir. Le second se plaçait d'ailleurs en premier, se permettant d'inviter le sentiment "superflu" si c'était viable. Ce soir peut-être que l'Ark-Ni recevrait son gâteau mais il était déjà l'heure de s'y mettre là maintenant. D'autant plus que le danger guettait. Luke aussi avait entendu les buissons s'animer et il avait déjà dirigé son attention vers l'origine du bruit, également prêt à sortir son arme ou concentrer la Force afin de repousser un agresseur. Plus vite que lui, néanmoins, son ami avait lu dans la jungle que celle-ci consentait à leur laisser un petit moment d'intimité.

Sa main dans celle de son compagnon, Luke baissa la tête comme pour cacher une rougeur dont il avait pleinement conscience, ne serait-ce qu'à cause de la chaleur qui envahissait son visage. Devant tous ces compliments, il était incapable de dire quoique ce soit et au moins autant gêné de se constater sensible à ces derniers. La flagornerie des autres le rendait méfiant, n'ayant aucune incidence positive sur lui, quelque soit le rang de l'obséqieux mais Karm... Venant de celui-ci, c'était sincère, bien qu'un zeste de subjectivité poussait à se demander si tout ça était vrai. Ceci dit, son ami y croyait et c'est ce qui comptait pour le blond qui, cette fois, s'était effectivement beaucoup donné entre le voyage et les règlements de factures et papiers administratifs en tout genre qui l'avaient submergé quelques jours. À ce souvenir, il eut une tendre pensée pour Briar même si sur le moment, il en était venu, lui Luke Kayan, si patient et si doux, à lever la voix sur l'inconsidéré. Non mais, négliger ainsi ses affaires, quelle inconscience.

À se demander par quel phénomène, Luke oublia le vieux mécanicien ou la jungle dangereuse qui les entourait lorsque son aîné le pris dans ses bras pour coller son front contre le sien. Sa réponse au "je t'aime" fut un nouveau baiser. De la part du blond qui avait du mal à prendre l'initiative, surtout dans ce domaine, qu'il le fasse deux fois entrait aussi dans les "cadeaux d'anniversaire" mais à vrai dire, il voulait que ce jour soit parfait pour Karm. Lui-même n'avait jamais souhaité le sien. Quelques camarades le félicitaient sobrement, et Saï lui avait déjà offert des cadeaux mais certainement pas tous les ans, ce n'était pas du tout dans la mentalité Jedi que d'exagérer ces moments où un seul brillait, épicentre de l'attention. Dans sa prime jeunesse, sous le joug de sa mère, il n'aurait même pas compris le mot anniversaire, pour autant, d'abord initié lors des quelques échanges avec Saï (ce dernier lui avait offert une pierre très spéciale, qui réagissait à la Force alors que son Padawan lui avait taillé une canne, certes un peu tordu) puis avec Karm lors d'occasions spéciales, cette fête lui avait paru comme une évidence. Aujourd'hui, il avait voulu marquer les trois décennies accomplies par le Chevalier Turquoise dans cette Galaxie. Galaxie envers laquelle le Hapien était particulièrement reconnaissant d'ailleurs car sans elle, jamais il n'aurait connu cet homme exceptionnel. Apparement, les jungles grouillantes le rendaient aussi fleur bleue.

Mais le Consulaire revint à la réalité lorsqu'un grondement peu ragoûtant résonna dans les alentours. S'il avait une excellente ouïe, le Hapien avait du mal à trouver d'où provenait l'origine dans cet univers inconnu où la bête semblait nulle part et partout. Par chance, Karm, lui, lisait parfaitement le langage de la jungle et eut tôt fait de rassurer un Luke qui regrettait légèrement d'avoir fait tant de zèle pour cet anniversaire. Découvrir ce droïd dans leur chambre, bien au chaud, ça aurait été chouette aussi.

- Et l'Ordre accède à participer à ce petit jeu. C'est du gaspillage de temps, de moyens et d'argent. - S'étonna le Jedi, surpris et déçu que sa mission qui paraissait unique en son genre était en fait la triste répétition d'un département beaucoup trop accomodé.- Je m'occuperai de les contacter afin de leur demander de changer leur satellite, soit par eux-même soit en faisant une demande d'aide auprès d'Ondéron s'ils n'ont pas les fonds. - Oui, malgré les milliers de crédits en jeu, certains scientifiques ne demandaient aucune aide par pure paresse face aux tonnes de papiers à fournir et remplir afin d'accéder à des subventions, mais les Jedis n'avaient pas à accepter de jouer les toutous qui rapportent. Ils devaient cesser de donner le poisson aux malheureux et leur apprendre à chasser même si le coup, l'énième fuite du satellite capricieux était une chance pour Karm et lui de se retrouver. Enfin une chance, s'ils ne se faisaient pas dévorer d'abord. - Enfin avec l'autorisation du Conseil bien sûr. - Ah oui, les actes de rébellion, ça suffisait pour aujourd'hui. - Moi aussi je suis venu équipé. Luke désigna son propre sac en montrant son dos à Karm. Mais il faillit avoir un torticolie en pivotant soudain la tête vers son ami. Rouge comme un coquelicot croisé avec une tomate. - Vil flatteur !

Il allait aussi corriger son ami sur son langage lorsqu'un nouveau cri se fit entendre.

- À mon avis, ils ont envie de le garder, ce satellite.

Annonça le Hapien d'un ton flegmatique qui ressemblait involontairement à celui de l'explorateur. C'est que ça avait de l'influence, cette bête là.

- Je propose deux heures de marche vers le Satellite, une mise au point à la tombée de la nuit et le bivouac. Nous avons encore deux jours complets, autant ne pas se mettre en danger. Quelqu'un m'a appris que même lorsqu'on est pressé, il faut toujours prendre son temps pour montrer le campement.


Répéra le Jedi à qui Karm avait bien inculqué la leçon, tout comme son paquetage soigneusement rempli de doses déshydratées mais aussi de "friandises appétantes" difficiles à mâcher pour les prédateurs.

- Et si tu utilisais ton nouveau droïde ? J'ai le numéro de série de ce cher fugueur de l'espace.

Suggéra le jeune homme d'un ton joyeux quoique légèrement altéré par une petite anxiété contrôlée. Il n'était pas du tout dans son domaine, après tout, mais par chance, son entraìnement, les dernières expériences avec le Chevalier Turquoise et la présence de ce dernier l'avaient aidé à s'améliorer. Il lui restait beaucoup à faire, mais Luke était plus opérationnel qu'avant, aussi avait-il de suite entreprit de projeter la Force aux alentours en cherchant des présences animales ET végétales, chose qu'il oubliait toujours au début.
Karm Torr
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Bah, fit philosophiquement le Gardien, quand Luke s’offusqua en apprenant que l’Ordre rentrait dans le petit jeu de la chasse aux satellites, ça fait toujours une excellente mission de mise en situation pour les jeunes explorateurs et on en profite généralement pour faire quelques relevés sur Dxun. C’est pas si pire.

Le Jedi tira son tout nouveau droïde de sa poche et se mit à longer de l’index les arrêtes de la brique, jusqu’à trouver les commandes.

Les satellites de surveillance météorologique sont marqués par des isotopes radioactives, on devrait pouvoir détecter la signature même si sa balise de repérage est HS. C’est pas hyper comestible et puis ça brûle, normalement les animaux viennent pas y voir de trop près, mais au pire, tant que le coeur de données est préservé…

Les éléments infimes du droïde commencèrent à se réagencer pour le plus grand plaisir de Karm et la petite machine finit par s’élever de la paume de sa main. L’explorateur sortit son datapad pour établir la transmission entre la sonde et son appareil, puis il lui intima l’ordre de s’élever au-dessus des frondaisons de la jungle et de partir à la recherche de leur satellite. L’ordre de mission indiquait d’ores et déjà la trajectoire de rentrée dans l’atmosphère et il s’agissait désormais de circonscrire un périmètre plus précis.

J’ai rêvé de toi, cette nuit, fit Karm d’un ton dégagé, les yeux toujours fixés sur son datapad, en attendant que le droïde ait terminé sur son survol rapide de la zone en question, on était en train de déjeuner au mess, possiblement j’étais en train de te faire du pied…

(Les rêves de Karm concernant Luke était rarement d’une entière chasteté.)

… et puis soudain, tu me fixes et tu me dis : le berceau brûle, le berceau brûle. Hyper chelou. Ah voilà.

En adepte de la Force vivante, Karm se gardait d’interpréter trop spontanément ses rêves : même s’il était prêt à admettre que certains Consulaires bien entraînés puissent remplir le rôle de voyants au sein de l’Ordre, il avait toujours éprouvé une sorte de scepticisme de principe à l’idée de tenter de percer les voiles du futur.

Nord-nord ouest, ça nous emmène pas dans les territoires de chasse les plus tendus, aux dernières nouvelles, mais restons sur nos gardes.

À partir de son datapad, il activa le vol stationnaire de la sonde, pour qu’elle puisse surveiller le satellite, jeta un dernier coup d’oeil aux deux vaisseaux puis se mit en route. La clairière à peine quittée, la progression s’annonça difficile : ils étaient obligés d’ignorer l’une des rares pistes tracées au milieu de la jungle et de batailler avec une végétation particulièrement dense, que Karm refusait de tailler au sabre, pour éviter d’alerter les prédateurs.

La chaleur humide était étouffante et Karm jetait constamment des regards inquiets à son compagnon, parce qu’il savait que les Hapiens supportaient mal ces conditions, en général. Et puis ils s’arrêtaient constamment, sur un signe de l’Ark-Ni dans la Force : dans ces moments-là où Karm avait repéré un prédateur, il puisait aussitôt dans leur lien pour conjugueur leurs deux pouvoirs et les envelopper d’un Voile de Force. Insoupçonnables comme des arbres, ils demeuraient immobiles, silencieux, alors qu’un gharzr passait tout près d’eux.

Parfois, ils sentaient une fluctuation du Côté Obscur, comme une vague malfaisante qui faisait bruire la canopée, rappel des forces sombres qui animaient la lune. Karm savait que nombre de Sentinelles se rendaient sur Dxun pour apprendre à mieux cerner le Côté Obscur et à s’en protéger. L’influence des sorciers siths s’y faisait encore sentir.

Après une bonne heure de cette marche laborieuse, Karm jugea prudent de faire une pause. Il tira de son sac à dos un piège sonore : un plot enfoncé profondément dans la terre, dans les rayons laser scannaient les alentours et qui diffusait des cris de prédateurs féroces, si d’aventure des animaux trop massifs passaient près de ses capteurs. Le deux Jedis marchèrent encore une dizaine de mètres.

J’reviens, bouge pas.

Le Gardien disparut quelques minutes, le temps de planter un second piège, puis refit son apparition, pour s’asseoir sur une racine noueuse qui sortait du sol, à côté de Luke.

Promis, quand on fêtera ton nom, on ira écouter des conférences dans un monde tempéré et puis faire une retraite de calme méditatif à la campagne.

Karm tira une petite trousse de son sac à dos et se tourna vers Luke, pour appliquer délicatement un pansement sur le cou de son ami, là où il avait été éraflé par des ronces. Pour des blessures aussi superficielles, mieux valait ne pas employer la guérison de Force : ils auraient sans aucun doute besoin de toutes leurs ressources pour la suite de leur expédition.

Dans mon peuple, on fête pas tellement les anniversaires, rapport au fait que sur les vaisseaux, y a pas tellement de jour et de nuit. Enfin, le calendrier standard galactique, mais c’est… Hyper abstrait. Par contre, y a le cycle des chants et à chaque prénom est associé à un chant du cycle, et on fait le prénom le soir du chant.

Comme d’habitude, les règles sociales des Ark-Ni étaient relativement opaques, comme il arrivait souvent avec les sociétés fermées.

J’veux dire, euh… Oui, voilà. Régulièrement, on fait de la musique, ensemble, tu t’souviens ? Donc, y a de l’impro, mais y a des sortes de… Chants traditionnels. Un assez grand nombre, en fait, et puis ça dépend un peu à quelle lignée et quel vaisseau tu appartiens. Ils reviennent à des intervalles régulières. Et comme par ailleurs, les prénoms ark-ni, sauf le prénom secret, sont plutôt codifiés, genre y en a pas un réservoir infini, chaque prénom est associé à un chant. Le chant du prénom sert à célébrer peut-être moins l’existence individuelle d’une personne que son appartenance aux communautés entremêlées qui fondent la société ark-ni.

Karm était toujours placé dans cette situation étrange où la connaissance qu’il avait de son propre peuple venait à moitié des expériences de sa première jeunesse, et des rares visites depuis, et à moitié d’un regard ethnographique qu’il avait appris à cultiver au sein de l’ExploCorps.

’Fin bref. Je composerai un chant pour célébrer ton prénom.
Luke Kayan
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- Tu sais que parler le basic correctement fait partie des conditions pour devenir maître. Pas si pire... Comment est-ce que tu fais pour que ta Padawan s'exprime aussi bien ? Ça ne se dit pas ! Pas si pire.

S'exaspéra Luke, même si ceux qui le connaissaient savaient qu'une part d'amusement se cachait derrière ce caractère rabat-joie. En ce qui concernait Karm, il était bien possible que le Jedi cherche à le taquiner. Oui, son sens de l'humour était encore en développement, il était amusant à sa manière le petit. Disons qu'il faisait de son mieux.

- Un berc... ? Eau ? Un incendie ?

La description du rêve de son ami avait eu le mérite de lui éviter un long discours sur le respect de la langue (ou était-ce son anniversaire qui avait poussé l'amoureux de la grammaire à fléchir ?). Le Hapien s'était même arrêté sur le coup, cherchant la logique à cette histoire. Il dû finalement se concentrer pour ne pas éclater de rire et rassurer l'Ark-Ni sur l'impossibilité que ça n'arrive. L'expérience douloureuse du mariage avait appris au Chevalier que son compagnon aurait en fait apprécié que la cérémonie ait lieu. Qui sait s'il voulait, inconsciemment, un gosse. Idée certes, un peu préoccupante que le jeune homme choisit élégamment d'éluder.

- En effet, un peu bizarre, mais tant que ça ne se réitère pas trop de fois, ça ne reste qu'un rêve.

Et oui, même les Jedis devaient renoncer à exliquer certains phénomènes et les songes en faisaient partie. Luke se rappela avoir un jour rêvé qu'il était une femme, or dans la vie réelle, ce désir ne l'avait jamais effleuré. Vu leur système reproductif, expliqué par Maître Atalin quand il débutait dans le domaine de la médecine, le Hapien serait plutôt du genre à remercier la Force de ne pas l'avoir fait naître de l'autre sexe. Simplement, le cerveau engrangeait des informations et celles-ci ressortaient en désordre, mêlées, pendant qu'il les rangeait.

- Tu ne l'as pas fait plusieurs fois, n'est-ce pas ?

Demanda le Chevalier d'un ton qui se voulait dégagé mais n'en était pas moins légèrement inquiet. Parce que sa vie lui convenait ainsi et qu'il avait parfois peur que ce ne soit pas le cas de Karm. Une relation à la vue de tous, le mariage, son ami semblait s'éloigner de leurs premiers idéaux et cela effrayait le blond. D'un côté, il souhaitait satisfaire son aîné, de l'autre, difficile de ne pas songer aux conséquences pour leur place au sein de l'Ordre, surtout pour le Chevalier Turquoise qui visait le rang de maître. Et le souci avec les songes, c'est que non-prémonitoires mais répétitifs, ils reflétaient un désir profond.

- Tiens donc, ça m'aurais étonné que le satellite ne se trouve pas du côté de la prairie fleurie. - Reprit le Consulaire d'un ton réellement amusé cette fois. La jungle, ses racines noueuses, ses pièges insoupçonnés et ses paysages encombrés lui faisaient un peu peur, évidemment, il n'était pas dans son domaine, cependant le travail non. Luke était toujours heureux en mission, et certaines politiques étaient si retors que finalement, les bestioles sauvages semblaient une meilleure alternative. Combattre des Malraas affamés requérait un piège ou une fuite, claire, précise, logique. Les discussions entre deux galas... Donc oui, malgré lui, le Hapien se transformait petit à petit en homme de terrain.- Mais j'ai mon sabre près au cas où. D'ailleurs, il faudra que je trouve un cristal pour le nouveau. J'ai eu du mal à avancer mais selon Maître Zorgul le mécanisme devrait être bon. C'est fou comme les gardiens m'abordent gentiment depuis quelques temps.

Non pas que les maîtres d'armes soient racistes, mais il y avait toujours une petite barrière entre les Consulaires et les Gardiens. Les seconds ne perdaient pas leur temps à conseiller les premiers qui utilisaient si peu leur sabre. De même que ceux qui privilégiaient la Force ne s'embêtaient guère, mais Luke avait changé de point de vue imperceptiblement. Il avait beaucoup travaillé sur sa nouvelle épée de lumière et cherché de bons matériaux. Enfin, il y avait encore pas mal de choses à faire, surtout qu'il avançait comme une tortue entre les différentes missions et son handicap. Évidemment, se plonger dans la Force, chercher à sentir le courant galoper dans les circuits, les connexions électriques se faire, s'unir à la carte mère était ardu, long et considérablement plus difficile que le flux sanguin d'un être de chair et d'os.

Désormais installés, les deux jeunes gens se reposaient. Luke allait naturellement utiliser la guérison mais il accorda silencieusement la raison à son ami. Mieux valait économiser ses dons, alors il accepta le pansement et sourit.

- Mais je te laisserai choisir la conférence. Promis.

Luke posa sa tête sur l'épaule de son aîné, apparemment aidé par le calme et la solitudes relatifs de Dxun, planète sauvage qui pouvait les tuer mais certainement pas les juger. Sans compter que c'était l'anniversaire (ou la fête du nom ?) du nouveau trentenaire et qu'il voulait faire des efforts extras bien que question contact physique, il s'était déjà un peu amélioré au quotidien.

- Bien sûr que je me souviens - Fit-il, rêveur en fermant les yeux. Poser la question à un aveugle concernant une belle mélodie chargée en émotions tenait presque de l'absurde. Luke avait été très marqué par ces chants magnifiques qui complétaient une réunion particulière entre Karm et lui. Ce séjour avait été aussi particulier qu'intense. À ce souvenir, le blond posa inconsciemment sa main sur le bras de son ami qu'il caressa doucement. Quels beaux moments ils avaient vécu, quels privilégiés.- Je trouve que la cérémonie du Nom correspond mieux aux principes de notre Ordre que l'anniversaire. Je te l'avais déjà dit mais le peuple des Étoiles à des points communs avec les Jedis. Pas tout évidemment, mais ils s'en rapprochent, de là leur harmonie.

Luke ne pourrait pas accepter une collectivité qui effaçait autant la personnalité, car si timide, discret soit-il, il avait au moins fait trempette (à défaut de baigner) dans un monde aux valeurs Républicaines. Néanmoins, il croyait que les Ark-Nis avaient des leçons à leur offrir.

- On devrait peut-être repartir, le temps d'avancer un peu puis de monter le campement. Le temps se rafraîchit, le soleil ne va pas tarder à se coucher.

Et dans cette jungle touffue, les rayons risquaient de disparaître encore plus vite. Le jeune homme ne fit cependant pas un geste pour se lever, il était si bien, là, assis contre l'explorateur, la main sagement calée sur sa cuisse.

- Au fait, comment va Thann ? Elle n'a pas été trop embêtée de te relaisser partir seul après ce qui s'est passé ?

Il lui semblait, en effet, que la Miraluka avait développé un certain sentiment de protection envers son maître. Bien sûr, le jeune Jedi ignorait, si ingénu, que l'adolescente était au courant de leur relation et que si elle savait que son mentor partait avec Luke sur Dxun, le jour de son anniversaire, elle n'avait pas insisté pour venir. Lui s'inquiétait juste pour l'adolescente qui devait avoir vraiment peur de perdre son maître. Et si en fait c'était ça, le rêve du berceau ? La crainte de Karm de perdre celle qu'il avait éduquée, aidée à renaître en tant que future Chevalière.

Oula, il devait y avoir des plantes qui rejetaient des gaz hallucinatoires dans cette jungle.
Karm Torr
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Le berceau ? Non, jamais, c’tait une première.
 
Le Jedi hésita.
 
Mais les rêves ces derniers temps ont tendance à être… j’sais pas, un peu plus envahissants. Ou intenses. Difficile à décrire.
 
Il pensait naturellement où celui où il avait rêvé de sa propre mort, alors que Thann et lui dormaient dans le temple de glace qui protégeait l’accès aux cavernes où les Jedis venaient chercher leurs précieux cristaux, mais à d’autres songes aussi, moins clairs et moins faciles, dont le sens, psychologique ou divinatoire, se dérobait obstinément à ses réflexions.
 
Après, c’est normal. Je médite encore plus qu’avant, j’essaie de trouver des équilibres dans la Force, de me préparer à l’avenir, j’imagine que ça… stimule, disons, mon appréhension des événements. En tout cas, c’est relativement bien décrit ans les manuels que j’ai pu lire.
 
De la même manière que le dormeur ordinaire qui prenait soudain soin de noter ses rêves dans un journal était d’autant plus susceptible de les avoir présents à son esprit au moment du réveil, le Jedi qui s’employait à plonger au fond de lui-même et de la Force rêvait plus intensément. Karm s’y était préparé, en s’engageant sur la voie laborieuse et exigeante de la maîtrise, mais l’expérience n’en était pas moins déstabilisante.
 
T’inquiètes, ça va aller, et ça veut certes pas dire que j’aie envie d’avoir des enfants, conclut-il, tout à fait conscient des inquiétudes que son récit pouvait nourrir dans l’esprit de Luke.
 
L’homme déposa un baiser dans les cheveux blonds de son compagnon, avant de tendre l’oreille pour écouter la jungle aux alentours. Dans une végétation aussi dense, l’ouïe était souvent le sens le plus utile et Karm tentait de démêler le chant des oiseaux, les grondements des prédateurs, le souffle du vent dans les branches ou, au contraire, le bois cassé par la course dangereuse d’un animal qui chargeait. Sur Dxun, c’était toute une symphonie discordante, souvent inquiétante, qu’il était difficile d’interpréter.
 
On va pas tarder, oui, commenta-t-il d’un ton lointain, avant de laisser son esprit revenir à la conversation présente et au sujet de sa Padawane. Thann va bien. Raisonnablement bien, je dirais. Pour elle, c’t’une période pleine de transitions, elle rentre vraiment dans la phase où une Padawane doit apprendre à se détacher du côté commun et rassurant des cours, pour décider de tracer sa propre voie, et c’est intimidant. Pour le reste…
 
Karm laissa échapper l’un de ses rares soupirs.
 
Saï lui a parlé d’elle et moi, enfin de sa vie de manière générale, je crois que ça a aidé. Mais c’est un passage obligé que de faire en quelque sorte le deuil de l’immortalité de son Maître. La plupart des Padawans ont tendance à croire que leur Maître se tirera de n’importe quelle situation, de la même manière que la plupart des Maîtres se refusent au fond à considérer l’éventualité de la mort de leur Padawan. Mais Thann a la vertu des mélancolies philosophiques, j’suis sûr qu’elle parviendra à se donner du sens à tout ça. Allez, viens, m’sieur le baroudeur, on a du chemin à faire.
 
Karm se redressa, tendit la main à Luke pour l’aider à en faire de même et, une fois l’Hapien sur pieds, au lieu de le relâcher, il l’attira tout contre lui, posa la main libre à sa taille, et son front contre le sien. Sans rien dire. Pendant quelques secondes. Mais la Force suppléait amplement à la parole, et finalement, Karm libéra son compagnon, pour reprendre la route, progressant avec la même confiance qu’il avait toujours témoignée en la capacité de Luke à le suivre, même dans des environnements compliqués, malgré sa cécité.
 
L’explorateur alternait constamment entre les cartes de l’ExploCorps, qu’il avait évidemment pris soin de télécharger sur son datapad, et ses propres observations. Petit à petit, les rugissements les plus inquiétants étaient laissés à distance, alors qu’ils pénétraient dans un territoire dangereux, certes, comme toutes les parties de Dxun, mais où les menaces étaient moins oppressantes. Ce qui paraissait surtout essentiel à Karm, c’était la capacité des prédateurs locaux à atteindre le sommet des arbres, et le Jedi passait un temps considérable à scruter la canopée.
 
On s’arrête ici, déclara-t-il brusquement. Donne moi ta main.
 
La main de Luke dans la sienne, il la posa contre un arbre et murmura :
 
Suis la sève, jusqu’en haut, jusqu’aux branches solides, et vois comme elles sont inextricablement emmêlées à celles de l’arbre voisin, comme une mangrove aérienne. C’est là haut qu’on va construire notre abri pour la nuit.
 
« On », c’était surtout lui, bien entendu.
 
Y a peu de prédateurs aériens dans ce coin-là, parce que les branchages sont justement trop denses, ils empêchent de repérer les proies au silence et entravent les descentes en piquée. On devrait être relativement tranquilles si on prend de la hauteur.
 
Pour un Jedi aveugle, Karm supposait que grimper à un arbre était immensément plus facile que d’escalader un bâtiment : l’arbre était vivant, toute sa structure, toute sa géographie se présentait clairement dans la Force, pour peu qu’on y prêtât attention, tandis que la masse inerte de la pierre construite exigeait une subtilité de détection d’une toute autre envergure.
 
Quoi qu’il en fût, le Gardien demeura au pied de l’arbre, pour ne pas laisser Luke au sol, seul au milieu d’éventuels prédateurs, et être en mesure de soutenir par la télékinésie la progression de son ami. Il s’engagea à sa suite, avec l’agilité surprenante qui lui était ordinaire, en trouvant finalement son équilibre devant cette sorte de treillage que faisaient les branches solidement entrelacées.
 
La construction du camp aérien à proprement parler était un exercice ardu, technique et éreintant, que l’explorateur accomplit seul. Il faisait partie de la base des techniques de survie de l’ExploCorps, avec les tentes d’escalade à flanc de falaise, la construction d’igloos et les couches creusées dans le sable, mais la réalisation demeurait éprouvante. Il fallait consolider les branchages avec des cordes supplémentaires, étendre une bâche clipsée en plusieurs dizaines de point, puis déployer l’armature de la tente, tout en conservant vigilance et équilibre.
 
L’Ark-Ni s’activa silencieusement pendant une bonne demi-heure, le temps que Fugueur, le droïde que lui avait offert Luke, revînt à bon port, pour passer la nuit avec eux. Finalement, les muscles endoloris et en sueur, l’explorateur déclara :
 
Le palace de monsieur est prêt.
Luke Kayan
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- Ça va paraître étrange venant de ma part -Car Luke adorait tout ce qui se rapportait à la méditation. À 7 ans, il avait définitivement différencié la sieste de cet art, contrairement à de nombreux camarades.- ceci dit, n'oublie pas de te ménager. La méditation aussi à ses limites. Si tu t'y adonnes trop, les songes pourraient interférer avec la réalité, et toi, perdre en qualité de sommeil au mieux, voir être victime de distortions de réalité. - Les cas étaient peu communs parce que l'individu sentait un malaise grandissant et ralentissait, mais Karm... Brute, sans pitié envers son corps, son âme se laisserait consummer jusqu'à la li. Enfin, il ne voulait pas d'enfants et Luke avait gagné un bisou dans ses cheveux, tout allait donc parfaitement bien.

- Le deuil de l'immortalité. Avec toi je ne sais pas si je l'ai fait ou au contraire, si je m'en éloigne vu comme le nombre de fois où tu as frôlé la mort, mais que tu t'en es sorti.- Luke s'abstint de commentaires sur la rencontre entre le duo et Saï. Si le doyen ne l'avait pas mis au courant, il y avait une raison et malgré son désir de savoir, sa curiosité au sujet de ce rendez-vous qui avait réuni à peu près tous les êtres desquels il était vraiment proche, le Hapien décida de se suffire du compte-rendu que son si loquace compagnon voulait bien lui livrer. - Plus sérieusement, c'est un pas difficile à franchir, d'autant plus que je me rends compte de l'existence de ce problème... Depuis peu. Ces derniers temps, Maître Don semble si fatigué. Bien sûr il n'est pas question de l'enterrer avant l'heure, mais ses pas sont plus lourds sur le plancher, et je crois que son rythme a changé, il claudique parfois et s'appuie davantage sur sa canne. Quant à la mort du Padawan, j'en étais très conscient moi, trop je pense. J'en faisais des cauchemars, je ne me serais pas remis de la mort d'Eckthor, pas pardonné. Sans doute n'étais-je pas prêt à avoir un élève. Mais Than et toi, je dis bien vous deux, y arriverez, surtout que je sais que Maître Don vous a parlé. S'il vous laisse continuer ensemble, c'est qu'il a confiance, d'ailleurs j'ai cru remarquer que les rumeurs s'étaient bien calmées dans les couloirs, ça a dû jouer.

L'approbation du doyen avait remis les pendules à l'heure. Le Chevalier n'entendait plus de commentaires sur l'improbabilité du duo, l'intensité "malsaine" de leur relation basée sur l'attachement, ou alors c'est parce qu'on le devinait proche de Karm que les conversations cessaient sur son passage. En tout cas, lui espérait que les membres de leur Ordre saisissent enfin combien ce tandem Maître-élève était naturel, certes avec des défauts, des risques, mais quelle équipe n'avait aucune faille ? Karm et Thann devaient juste travailler sur ce fameux deuil dont Karm avait fait la mention, ils y parviendraient. En revanche, la discussion poussa Luke à penser à Saï Don, précisément.

Il y avait peu, Luke l'avait découvert morose, déprimé bien qu'à la fin de la conversation, s'être ouvert semblait lui avoir fait du bien. L'homme avait beau être un Jedi expérimenté, un enfant de la Force béni, chéri par elle, il restait un socle de passage, comme eux. Luke calcula rapidement l'âge du vénérable et frissonna. Saï Don frôlait les limites de l'espérance de vie des humains, il était encore "en forme", maintenu par leur Grande Alliée, ceci dit, il avait été un grand athlète de part leur formation, avait reçu des blessures et des traumatismes, et quand on était guérisseur on savait combien ces faits d'arme qui renforçaient la jeunesse pouvaient accélérer la vieillesse.

- Mais au moins, il a vécu plus de 9 décennies, alors que toi, au rythme où tu vas... - Une branche faillit fouetter le visage du Hapien qui recula à l'ultime seconde, avisé par le bruit sifflant d'un courant d'air bref mais intense qui avait réussi à percer l'épais feuillage. - Ou moi d'ailleurs.

Un sourire éclaira les traits du Consulaire, même si son coeur lui, battit un peu plus fort que la normale encore quelques secondes. Dans ce lieu à l'aspect faussement calme, ses sens étaient sur-sollicités, à tel point qu'il peinait parfois à deviner l'origine d'un son et se laissait piéger. C'était un comble d'avoir l'ouïe "trop fine".

D'abord, le jeune homme rétracta ses doigts, surpris par le courant vif de la sève qui avait jaillit dans la Force, bondissante comme le flux sanguin qui parcourait les veines. Luke avait déjà senti la vie dans un arbre mais celui-ci semblait si puissant, sauvage... Entremêlés, les sources remontaient sans fatigue l'énorme tronc aux branches mêlées, protégées par une écorce taillée en écailles. Fut un temps, le Consulaire aurait protesté. L'escalade n'était clairement pas indiquée pour lui mais Karm le connaissait, il ne l'aurait pas inutilement mis en danger, tout au plus repoussé ses limites. Il en avait donc la capacité. Pas très rassuré mais décidé, le Jedi plongea dans la Force. Il avait du mal à saisir le sens de la sève qui semblait partir dans de multiples ramifications. C'était, littéralement une explosion de vie, une fuite d'énergie vers le haut. Le blond ferma les yeux, soupira et s'accrocha à un point de rupture, un nerf central duquel il partit, comme lorsqu'il étudiait le corps d'une personne sans avoir recours à des machines. Il commença enfin à comprendre le fonctionnement de ce qui se trouvait sous cette peau rugueuse, elle-même habitée d'ailleurs, Insectes, rongeurs, beaucoup d'autres coeurs battaient en ces lieux, mais le jeune homme avait repéré la signature spécifique de l'arbre, son empreinte dans la Force. Un pas, deux, il se hissa, bienheureux d'avoir alourdi son entraînement même en l'absence de Karm. Évidemment, il faisait pâle figure à côté de son ami qui grimpait mieux qu'un des félins originaires de Dxun, mais au moins, ll ne chutait pas. Ou presque ...

Son pied glissa sur un bout d'écorce qui s'effrita, Luke se rattrapa, accrochant ses mains à la naissance d'une grosse branche étroite, ses doigts passaient tout juste dans l'encoche naturelle. Il reprit son ascencion jusqu'à arriver au coeur de l'arbre, de l'endroit où partaient les ramages. Vu la taille de l'imposant végétale, la "plateforme" était assez grande pour deux personnes. Luke caressa le haut du tronc, étonné, émerveillé. Jamais il n'aurait soupçonné l'existence de ces points de rencontre entre toutes les branches car si on lui avait enseigné à survivre dans la nature un minimum, personne n'avait eu l'idée saugrenue d'emmener un fragile gosse aveugle en forêt. Gamin de toutes façons destiné par la force des choses à devenir Consulaire.

Luke évalua les lieux, les explora sommairement puis se mit à sortir quelques affaires. D'abord les portions nutritives, puis finalement il décida de fournir quelques efforts pour Karm dont c'était l'anniversaire et qui... Suait pour fabriquer leur inuit. Il aurait bien proposé de ne pas s'embêter à construire cet abri, s'il n'avait pas su que c'était absolument nécessaire pour leur survie. Alors il se tu et leva la tête vers les branches, si épaisses que même les plus fines pouvaient résister à son poids. Armé de son datapad, le Chevalier eut vite une réponse concernant la comestibilité des feuilles et fruits du gros arbre. En fait, vu leus qualités nutritives, elles étaient même médicinales à un certain point. En tout cas, connues pour leurs vertus revigorantes. Parfait.

En tout cas, Karm n'avait pas exagéré, le ciel était bouché par les feuilles qui s'étendaient comme une chevelure sur la jungle, seuls de rares petit coups de brises parvenaient à traverser la canopée. Une excellente nouvelle songea le Hapien en entendant le cri d'oiseaux dont les décibels en disaient beaucoup sur leur monstruosité.

Veillant à ne pas déranger son compagnon qui montait leur abri, le jeune homme surmonta sa peur naturelle de se retrouver sans "plancher" donc repère dans l'espace afin d'escalader une branche. Il ne savait pas si l'Ark-Ni avait remarqué son manège et le laissait faire ou s'il était trop occupé à sa tâche mais le jeune Jedi ne comptait pas se reposer pendant que Karm trimait dur. Lentement, il chercha à s'asseoir sur une grosse branche, et de là, chercha des feuilles tendres ainsi que des fruits. Dxun étant une planète largement étudiée, le datapad n'hésitait pas quant à l'analyse des fruits comestibles ou non, et Luke s'en assurait grâce à la description des apports nutritifs dont il avait les bases en tant que "médecin". Pas de nom scientifique pour désigner un poison ou une substance hallucinogène... Il eut même le luxe de joindre les feuilles d'un autre arbre qui venait s'entremêler avec le leur (comme l'avait expliqué le Chevalier Turquoise, à la façon d'une mangrove, donc.) quelques ramages alourdis de fruits, eux aussi mangeables, avec paraissait-il, un peu petit goût sucré. Le procédé, simple pour un explorateur était laborieux pour le Consulaire, mais ce dernier voulait absolument s'en occuper. Il prenait donc son temps, palpait, tâtonnait aussi pas mal, surtout pour redescendre, mais il finit tout de même la besace (qui disposait d'une généreuse ouverture et de beaucoup de place) pleine de fruits rouges et jaunes ainsi que de grosses feuilles. Il descendit pour se retrouver sur un côté de la plateforme quelque peu encombrée par l'abri, désormais.

- Ça va sûrement paraître ridicule mais ça m'intimide un peu que l'on soit si près dans l'abri... On n'a pas si souvent que ça dormi ensemble finalement.- Où ils avaient eu quelques moments intimes de partage dans leur chambre, mais c'était relativement peu fréquent vu le travail à accomplir, la vie en communauté, où ils avaient partagé une couchette presque trop étroite chez les Arks-Nis. Sauf leur première "classe verte", en réaité, Karm et Luke s'étaient peu de fois retrouvés seuls de la sorte et surtout avec beaucoup de temps devant eux.-

Ceci étant avoué, le jeune homme mis un petit réchaud portable en route et entreprit de couper les fruits, bien prudemment comme on le lui avait enseigné pour éviter de finir manchot. Pour lui, les gestes du quotidien résultaient aussi d'un apprentissage, ou d'un ré-apprentissage là où chacun les acquéraient naturellement.

Un peu plus tard, à peu près au moment où Karm finissait, Luke achevait son propre travail. Deux grandes feuilles immenses sur lesquels reposaient des coques d'un fruit dur (qui lui avait trop résisté avant de casser et de déverser son jus par terre) en guise de bol. Dedans, y flottait le jus d'un fruit semblable, dont il n'avait cette fois pas perdu une goutte, et des morceaux de fruits asaisssonnés de bouts de tiges tendres. Ça sentait même bon et ça donnait bien envie d'y plonger les lèvres avec ce temps qui se rafraîchissait. À côté, un gros bout de chair de fruit bien charnu ferait office de "viande". Enfin, chacun avait son dessert. Du vrai luxe.

- J'ai pemsé que ce serait mieux que des capsules nutritives. Et on a même ces fruits sucrés de saveur douce et fondante, selon le datapad, en dessert- Le souvenir de cette nuit étrange dans les appartements de Noctis où l'amant de cet dernierl'avait surpris à se préparer méticuleusement des sandwichs lui revint. C'était ironiquement, la seule fois où le jeune Jedi avait eu le temps, comme maintenant, de vraiment s'appliquer à préparer quelque chose et à le faire d'ailleurs, avec plaisir, s'agissant de nourriture.- Merci pour l'abri, je sais que ça t'as coûté bien des efforts. - Une pointe de culpabilité transperça le blond lorsque sa main en arriva à frôler la peau de son ami, en sueur. Il aurait aimé participer mais dans ce cas, ni sa cécité ni ses connaissances le lui permettaient. - En parlant d'efforts... Je crois que ceux que tu as fourni sur les deux Planètes Soeurs a été remarqué par le Conseil. Je sais que Gordon a été volontairement souligner ton rôle de leader. Je pense que c'est un bon point pour ta nomination en tant que maître.

Déclara-t-il, ravi que son compagnon soit ainsi soutenu, lui aussi pendant cette mission avait d'ailleurs tout fait pour seconder son ami, un peu dans l'ombre pour que cela reste un fait mémorable dans son historique.

Le jeune homme se concentra quelques secondes sur le presque imperceptible "roû roû" de la machine qu'il avait offerte à Karm, déjà baptisé- Fugueur, un nom plutôt sympa qui correspondait bien à sa nature.- il devait avoir le disque plein de nouvelles infos mais il serait temps de voir ça après.

- Mange et hydrate-toi bien. Ce jus est naturellement rempli de vitamines mais je suppose que tu devais déjàle savoir. Ça t'éviteras en tout cas d'avoir des courbatures demain. -même si le Hapien savait que ce n'était pas la construction d'u nabri, si éprouvant soit-il qui viendrait au bout de l'explorateur chevronné.
Karm Torr
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Je vois que tu fais un lobbying intensif en ma faveur, s’amusa Karm.

Pour être honnête, personne d’autre que Thann ou Luke n’aurait pu dire que le ton de l’Ark-Ni était « amusé », mais les deux Jedis se connaissaient depuis trop longtemps pour que les nuances indécelables de son humeur n’échappe à l’Hapien.

C’la dit, j’crois qu’il va quand même falloir que j’apaise les craintes du Conseil. Par rapport à Thann et moi. En prenant, j’sais pas, une seconde Padawane, par exemple, quelqu’un qui serait tout proche de devenir Chevalier, pour l’aider à franchir la dernière ligne droite. Montrer que je me suis pas complètement donné dans une relation fusionnelle, mais que je sais aussi parer aux besoins d’autres jeunes. Bref, tu saisis l’idée.

Du reste, même s’il n’avait guère envie de l’avouer, c’était probablement une idée salvatrice pour lui. Quoi qu’il voulût en dire, sa relation avec Thann était sans doute beaucoup plus fusionnelle que celle de bien des maîtres avec leurs Padawans et il commençait à se demander s’il serait jamais capable de former une jeune personne qui ne réunirait pas précisément toutes les qualités de la Miraluka. Son échec relatif auprès de Soruan ne cessait de le hanter.

Chassant ces pensées un peu sombres, il murmura :

Merci pour le dîner. Je constate que notre petit cours de cuisine jedi a eu une influence durable sur toi.

Karm était toujours préoccupé par le poids de son compagnon, mais il n’avait pas encore trouvé la bonne manière de résoudre durablement ce problème, si ce n’était faire preuve de patience et, petit à petit, au fil des conseils nutritionnels qu’il lui prodiguait lors de leurs entraînements, à le pousser à manger mieux, et plus, sous prétexte de développer ses aptitudes physiques.

Tu sais, moi, fit-il, alors qu’ils avaient commencé à manger, je dormirais tous les soirs avec toi si je pouvais. T’avoir dans mes bras, laisser nos songes et nos esprits se mêler dans le repos, à travers la Force, ce serait…

En bon Ark-Ni, il n’acheva pas une phrase qui se passait de commentaires. À ses yeux, l’union des âmes était aussi une union des corps, la Force était une expression des secrets de leurs cellules mêmes, et la proximité physique ne pouvait qu’enrichir leur relation, de la même manière que l’exploration d’une jungle aussi dangereuse, mais aussi foisonnante que celle de Dxun était une leçon dans les mystères de la Force vivante.

Y a rien qui m’intimide dans ta présence : au contraire, tu m’donnes confiance. Et plus le temps passe, plus… ‘Fin, tu sais… J’veux dire…

Les joues de Karm s’étaient un peu empourprées, et même Luke pouvait deviner son embarras, tant le ton de l’Ark-Ni, c’était exceptionnel, avait pris une teinte nerveuse.

Les gens disent toujours qu’avec le temps, les relations s’affadissent et tout ça, que la flamme s’éteint, des trucs dans le genre, quoi, mais moi, plus je suis avec toi, plus les années passent, plus je t’aime.

Certes, s’ils persistaient à se fixer des rendez-vous en amoureux qui consistaient à récupérer des satellites météorologiques dans des jungles meurtrières, les années risquaient de ne pas passer très longtemps.

Après j’ai bien conscience que… Les gens qui mènent une vie ordinaire ont pas tous les avantages qu’on a. Ils se retrouvent pas dans la Force. Ils traversent pas des épreuves dangereuses ensemble, qui rapprochent forcément. Ils se sont pas connus dans une institution qui leur assurait d’avoir pas mal de points communs philosophiques. ‘Fin bref. On a de la chance. J’ai de la chance.

Sur cette énième déclaration d’amour – Karm est plus sensible qu’une madeleine –, l’arbre se mit à trembler. Les deux arbres. Violemment.

T’inquiètes, ça va bien se passer, déclara l’explorateur, alors qu’ils paraissaient proches de la catastrophe.

Il prit Luke par le poignet et l’entraîna exactement au milieu de la treille de cordes et de branchages et le retint dans ses bras, avant d’expliquer au creux de son oreille :

C’est un troupeau de je sais pas trop quoi…

(C’est précis.)

… qui foncent dans la forêt et se heurtent aux arbres. On est sur une structure souple, c’est normal que ça tremble beaucoup, mais ça fait aussi qu’on tombera pas. T’as senti probablement en le touchant, tout à l’heure, l’arbre, combien l’écorce est gercée par endroits. C’t’à cause des coups de griffes, et de cornes, pendant les rues. C’est probablement un troupeau d’herbivores, qui s’déplacent en courant, en ruant, le plus violemment possible, pour dissuader les prédateurs isolés.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Une seconde Padawane ? - Luke se posa sur le bout de tronc qui lui était assigné, il prit son temps pour réfléchir conscient que dans l'immédiat, ce serait l'effroi relié à ses propres expériences qui aurait surgies. Karm n'avait pas besoin de ça, sinon de son soutien.- Pourquoi pas, mais il faudra s'organiser. Au rythme que tu as présentement, ce serait impossible. Tu mourrais de fatigue ou arriverais forcément à un moment où certaines tâches seraient délaissées. Nous contenir, nous responsabiliser et modérer nos efforts font partie de la sagesse qu'on exige d'un maître. Alors si tu le veux, tu pourrais me déléguer quelques-uns de tes devoirs, le temps d'étudier des profils puis d'achever cette formation. Malheureusement, il faudra aussi réduire les expéditions. Retrouver un équilibre. Ça aussi ça rassurerait le Conseil. Et... Quant à l'attachement, crois-tu que... Le nôtre les préoccupe autant et pourrait te coûter le poste de maître ?


Le jeune homme voulait réellement aider l'Ark-Ni dans sa quête dont l'objectif était d'aider l'Ordre à évoluer. Ce thème inquiétait légèrement Luke qui avait peur des conflits que son ami génèrerait avec ses pairs une fois maître, ceci dit, il comptait sur la maturité grandissante de ce dermier. Sa réthorique s'était aussi bien améliorée, même si parfois la grammaire ressemblait à un bantha incontrôlable qui ruait dans sa bouche. Patience se répétait le Hapien. Un pas à la fois, aucune précipitation.

Il sourit maigrement à la remarque de Karm concernant le dîner, encore plongé dans ses pensées, et calculs pour parvenir à l'objectif final du nouveau trentenaire. Il ne faudrait pas seulement arriver à avoir le titre, mais aussi obtenir le respect, l'écoute suffisante afin de transmettre ses idées parfois jugées dérangeantes. Qu'elles passent ou non, Luke laissait le soin au Conseil de décider, mais il s'était donné pour objectif de faire de Karm un Maître avec assez de charisme pour que son futur rang ne soit pas qu'un titre ronflant. Une appelation qui ne signifierait pas grand chose. Mais ça le Consulaire en discuterait plus tard avec son aîné. C'était à lui de commencer à vraiment gérer l'expression de Karm, la manière dont il faisait passer ses idées ou négociait ses missions. Jusque là, cela s'améliorait, au point que l'Ark-Ni avait su briller dans des missions qui ne relevaient pas de son domaine. Malheureusement, parler, débattre sans mettre le pied dehors seraient aussi un nouveau type de mission en tant que Maître brigant à une place au Conseil. D'abord, non-officielle, comprenant donc le gain d'intérêt de ses confrères puis, qui sait, officiel, bien qu'au fond, pour faire passer des idées ça ne soit pas si important.

- Oh ce n'est pas vraiment toi qui m'intimide, même quand tu prends ton air d'Ark-Ni blasé... - Petit sourire entendu, Luke revenait doucement au sujet du jour. Ils avaient encore le temps de planifier la réussite de son ami.- C'est plutôt la situation, et je me dis que notre rapprochement, tout aussi évident que le tien au fil des années pour moi... Risque d'empiéter sur tes objectifs. Mais... - Un bref soupir s'échappa de ses lèvres.- mais je n'aurais pas la force de m'éloigner pour t'aider, c'est sans doute égoïste, cependant, c'est aussi de ta faute. Avec tant de jolis mots, de missions et ...hum... de partage, tu m'as condamné à la faiblesse. - Cette fois le Hapien rit. C'était bien vrai ça... Karm savait comment le séduire, le charmer jour après jour. Guère étonnant que le blond ait avoué être capable de quitter l'Ordre si on leur exigeait vraiment de se quitter. L'idée le terrifiait mais le Hapien s'en tiendrait à sa promesse d'origine. Au début pessimiste, il tendait aujourd'hui à croire que leur relation persisterait malgré le changement de contexte bien que se faire rejeter de leur chère communauté.

- Certes... Je ne m'inquiète pas non plus pour l'entretien de la flamme ! C'est un avantage indéniable que de se retrouver à frôler la mort puis veiller à tour de rôle celui qui agonise à l'hôpital.

Pouffa le jeune homme, forcé de s'amuser de l'idéal complètement distordu d'une vie de couple qu'ils avaient. Non pas qu'il y connaisse quelque chose en "Amour entre civils" ou même en amour simplement, mais c'était évident que les couples qu'il avait interrogé, rassuré n'avaient pas des notions semblables aux leurs. Ils aspiraient à la sécurité financière (étrangère aux Jedis d'ailleurs toute leur vie nourrie par l'Ordre et fourni en crédits pour une mission.), un emploi sûr, la formation d'une famille. Les plus aventuriers exultaient lors de randonnées encadrées, des sports extrêmes à l'occasion (et si mal faits) dangereux. Rien de ce qu'avait évoqué Karm ne séduirait une femme voir un homme moyen du dehors... Alors que lui, malgré ses préoccupations immédiates quant à la faune agitée de Dxun se sentait effectivement plus proche de son ami. Et surtout... La Force. Elle manquait encore plus dans un couple mixte où l'un des deux la sentait, vivait à travers et pour elle mais se retrouvait incapable de partager cette sensation. Pour Luke c'était un oxygène, pour Jason un don qui facilitait la vie du Sensible de manière ponctuelle. Et encore, l'ambassadeur avait fini par y croire à coups de preuves que lui donnait son ex-compagnon dans la vie quotidienne. Karm et le Hapien n'avaient pas besoin de parler pour communiquer. Outre des idéaux exactement pareils, une forme de vie proche et des objectifs complémentaires, ils partageaient ce
courant invisible à qui ils devaient tant.

- Je crois que je passerais bien ausssi mes n...

Les repères de Luke vrillèrent pour s'effacer et devenir une sorte d'être vivant en mouvement, imprévisible, indomptable. Avant qu'il ne réalise vraiment, l'explorateur l'avait ramené au centre de leur base boisée. Par automatisme, le jeune homme avait d'abord résisté, refusant de bouger aussi, perdu dans ce monde qui bougeait mais il réalisa qui lui tenait le poignet. Avec confiance, Luke avança/trébucha jusqu'aux treillis où il tomba assis sans grâce.

- Ce serait sympa s'ils pouvaient ruer dans le vide.
- Reconnut le Hapien, sensible aux vibrations qui se répercutaient dans le tronc, lequel ployait sans se briser comme l'avait promis Karm.- Des coups de griffes, tu dis ? Et les propriétaires de ces griffes se contentent de bousculer ou grimpent aussi ? Je suggère des tours de garde dans ce cas.

Tenta-t-il d'affirmer d'un ton qui aurait été très convainquant s'il n'était pas accrohé aux bras qui le soutenaient.

- Hum. La nuit risque d'être courte.

Se résigna le blond en parvenant à afficher un léger sourire. Cette excursion-mission, il l'avait voulu. Très loin de penser que sa phrase pouvait avoir un double-sens, Luke se détacha doucement des biceps rassurants de son compagnon pour étendre ses mains, tâtonner et finir par trouver les plats (en mettant ses doigts dans l'un des bols.). Il tendit le plat intact à Karm, s'engonça à nouveau entre les confortables bras du concerné pour prendre sa "soupe" à petites gorgées. En temps normal il se serait dégagé en rougissant mais le fait d'être seuls, l'événement spécial, le poussaient à prolonger ce moment de tendresse si rare entre eux, presque inexistants à cause de leurs vies tourbillonantes et "publiques" au sein d'une communauté qui partageait tout. Parfois trop. C'était une sensation que Luke avait acquis au fil de la relation. Là où le manque d'intimité ne l'avait pas dérangé outre mesure (sauf le bruit ambiant quand il voulait étudier) Padawan, il souffrait parfois de ce partage constant avec ses pairs. Le moment, bien qu'il soit troublé par un troupeau d'on-ne-savait-quoi était donc précieux.

- Raconte-moi une légende Ark-Ni !

Réclama soudain Luke, presque comme un enfant, même si la caresse volage de sa main sur un bras qui l'entourait n'avait rien d'innocente. Ce n'était certes pas son anniversaire, mais des deux, c'était lui, l'explorateur qui appartenait au Peuple des Étoiles, lui aussi qui vivait d'extraordinaires aventures sur des mondes hostiles... Bref, condamné au rôle de conteur !

- D'ailleurs, sais-tu que la plupart de tes aventures sur des mondes exotiques sont connues des plus jeunes ? J'avoue les avoir utilisées, et ils les adorent. Tu es célèbre. Et... Je te dois une baisse notable de fréquence d'utilisation du surnom "somnifère".

Sourit le jeune homme avec un petit peu de nostalgie. Ses élèves lui manquaient bien qu'il ne se revoyait pas apte à reprendre l'enseignement. Il s'était d'ailleurs, aussi éloigné de la fameuse heure de coucher car les gamins le réclamaient. Pour qu'ils s'habituent à leur nouvel enseignant -ce qui devrait être rapide- Luke avait préféré disparaître du paysage.
Karm Torr
Karm Torr
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T’inquiètes. Les animaux massifs qui font ce boucan-là et se déplacent en troupeaux, c’est pas vraiment du genre à grimper aux arbres pour chercher des proies. Le troupeau, c’est pas invariable, hein, mais le troupeau, ça suggère plutôt des herbivores. L’effet de groupe, pour dissuader les prédateurs, tu sais. Et la lourdeur, c’est pour rendre la charge plus efficace, mais ça favorise pas exactement l’agilité.

Parler de nature avec un Luke entre ses bras en pleine chaleur tropicale, c’était un peu l’idée que Karm se faisait d’un au-delà radieux. Dans son au-delà, cela dit, la jungle n’était pas hantée par la présence du Côté Obscur, ni peuplé de créatures féroces, et Luke était sensiblement moins habillé. Mais il y a un début à tout.

Quant aux grimpeurs eux-mêmes… ben écoute, concentre toi dans la Force. Respire.

Karm posa une main bien à plat sur le ventre de Luke, avant de se laisser aller lui-même petit à petit dans une transe.

Et laisse ton esprit parcourir le monde autour de nous. La nature. Comprendre… Sa cohérence. Tu sens les lianes, l’arbre, l’arbre voisin. Le fourmillement des insectes. Maintenant, cherche les présences plus vastes. Les rongeurs. Tu sens comment ils sont… petits ? Par rapport au reste de la faune de Dxun ? C’est pour ça qu’il y a pas de prédateurs aériens, dans le coin. Les proies sont pas assez intéressantes, et trop difficiles à récupérer. Les proies sont petites parce que les arbres sont trop enchevêtres pour des animaux plus massifs. Et d’la même manière que des prédateurs vont pas faire des piquées dangereuses pour choper dix kilos de viande tout au plus, ceux d’en bas vont pas escalader un arbre pour ça.

L’explorateur rouvrit les yeux et entreprit d’achever son dîner.

Et grimper à un arbre, c’est pas du tout… Ouais, anodin, voilà, c’est pas anodin comme décision. Ça veut dire que pendant que tu grimpes, s’il se passe un truc, tu peux rien faire. Ça veut dire que tu montres ton dos à ceux d’en bas. Que tu peux te faire recevoir brutalement par ceux d’en haut. Faut qu’un animal soit vraiment sûr de son coup pour s’lancer là-dedans. Mais on f’ra des tours de garde, oui, sur Dxun, c’est obligé.

Et la jungle de Dxun était pleine d’animaux de ce genre, parfois capables de se dissimuler dans la Force elle-même, pour achever à la vigilance même des Jedis et des Siths qui sillonnaient la lune depuis des siècles et des siècles.

Les deux Jedis finirent leur dîner en silence, l’un contre l’autre, et puis Karm rangea les gamelles dans son sac à dos, avant de refermer une nouvelle fois ses bras autour de son compagnon.

Ouais, j’ai un fan club chez les Novices. Pour être honnête… ‘fin, c’est flatteur et tout, je dis pas, mais ils sont fans notamment parce que y a des combats au sabre laser et tout ça. Ça me paraîtrait plus sain s’ils pouvaient faire preuve du même enthousiasme pour des gens qui négocient la paix. J’dis pas que ma fonction au sein de l’Ordre est moins importante, juste que j’aimerais que les rêves des jeunes pousses soient moins militaristes.

Si Karm s’était engagé au sein de l’ExploCorps plutôt que de poursuivre sur sa lignée de Gardien spécialisé dans les batailles, c’était précisément parce qu’il avait voulu renouer avec le principe selon lui fondamental de l’Ordre Jedi : la vie. Faire la guerre, il le savait, c’était aussi protéger les vivants, celles et ceux qui n’avaient pas les moyens de se défendre mais il avait éprouvé le besoin d’avoir une appréhension plus immédiate, plus profonde, de la Force Vivante.

’Fin bref. Une légende ark-ni, donc…

Il y eut un silence de réflexion, puis Karm murmura :

J’en ai une, mais elle est un peu difficile à traduire en basic. J’vais essayer quand même. Alors… Il y avait une… jeune personne… une jeune fille… en ark-ni, c’est pas genré, mais, ‘fin bref, je recommence. Il y avait une jeune personne qui vivait dans une petite station spatiale, dans un secteur sans planète. La station accumulait l’énergie de l’étoile et puis la revendait aux voyageurs de passage. Or, un jour, le… la… hm… littéralement, c’est un mot pour dire une personne proche qui veille sur toi parce qu’elle a plus de… comment dire… sagesse en quelque sorte ? Disons le grand-père. C’est pas forcément familial, mais voilà, disons le grand-père.

Or, un jour, le grand-père de la petite fille meurt. Les gens de la station chantent les chants de la vie d’après. Mais elle, elle est trop triste, elle a la gorge serrée, elle ne peut pas chanter. Puis on enveloppe le corps dans les draps et on chante le chant du réacteur funèbre, et son corps est donné au réacteur, pour qu’il le consume et le pulvérise et que son corps rejoigne le corps des étoiles dans l’immensité de l’espace. La petite fille pleure, elle est très triste. Ses journées ne sont plus du tout les mêmes.

Petit à petit, la station accumule de moins en moins d’énergie. On a beau faire des réparations sur les panneaux de captation, ça ne change rien. On parle d’appeler les vaisseaux, pour qu’ils démontent la station, récupèrent les pièces détachées, et qu’on parte ailleurs. La petite fille a envie de partir aussi, de voir le reste de l’espace, mais tous ses souvenirs de son… grand-père.. sont dans cette station-là. Elle ne sait pas quoi, elle ne sait pas quoi faire.

Alors elle se promène dans la station, pour tout graver dans sa mémoire, avant que les vaisseaux n’arrivent. Elle va regarder les antennes, elle revisite toutes les soutes, elle va s’asseoir près du réacteur, pour l’entendre vrombir. Elle l’écoute, elle l’écoute, elle l’écoute tant et si bien, qu’elle a l’impression d’entendre un murmure au milieu du bruit de la turbine, comme une voix dans le moteur. Elle ferme les yeux. Le réacteur chante comme d’une voix sourde le chant de la vie d’après.

Des larmes coulent sur sa joue. Du bout des lèvres d’abord, timidement, elle commence à chanter elle aussi, le chant de la vie d’après. Le réacteur et elle chantent ensemble, longtemps, et puis finalement le réacteur s’éteint. Les vaisseaux sont arrivés, c’est le moment de tout démonter. Elle reste silencieuse, mais elle se sent mieux. Elle se sent prête à partir.
Luke Kayan
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Karm éluda ses questions, mais sans doute n'était-ce pas le moment de les poser. En plus de le comprendre, Luke se sentit reconnaissant. Il avait parfois la mauvaise habitude de s'inquiéter au moment inadéquat et de gâcher un bel instant. Au lieu d'insister, le jeune homme préféra se concentrer sur la leçon spontanée de son ami. À l'entendre parler ainsi, il se rendait réellement compte des capacités de l'Ark-Ni en élocution. Sa grammaire pouvait ne pas être parfaite mais indubitablement, l'Explorateur savait transmettre, et c'était une sacrée qualité lorsqu'on voulait expliquer sa volonté de changement, la nécessité absolue de ce dernier.

Rien n'était dû au hasard. Luke écoutait et apprenait en silence, osant à peine respirer. S'il appréciait la nature, le jeune homme s'en tenait à l'observation (et chez lui c'était plutôt limité) dans le parc du Temple. Ses sens s'étaient aiguisés à force de le faire, il avait même une petite affinité avec les animaux, surtout après sa mission avec Eckthor -leur première et dernière.- sur Maldéron. D'ailleurs, son travail avec son ex-Padawan l'avait poussé à étudier les Malraas, cependant il ne savait rien de la cohérence de cet ensemble sauvage. Plantes, arbres et bêtes. Leurs réflexions y compris pour grimper des ramages. En y songeant c'était tellement logique, lui aussi s'était senti vulnérable en escaladant les branches entrelacées. Ce monde était passionnant, encore plus lorsque c'était son ami qui en parlait avec son vocabulaire simple mais efficace, ses explications qui s'enchaînaient et se soutenaient les unes les autres. Karm avait les capacités d'enseigner, peu étonnant que Thann évolue si bien et aime autant son maître. Quelque part, il lui rappelait Saï, grand conteur, capable de rendre n'importe quel sujet ennuyeux et complexe aussi agréable que compréhensible.

Luke obéit, fermant les yeux. À l'épicentre de la Force, la main de son ami posée sur son ventre. Il étendit son aura pour localiser les premiers signaux de vie, imperceptibles à l'oeil (dans son cas, à l'ouïe) nu. Des insectes grouillant dans le tronc bien plus mobiles qu'on ne le penserait de prime abord, et oui, des rongeurs. En fond, Karm continuait d'expliquer la raison de la présence et de la non-présence de chacun. Le Hapien pensa brièvement à leur propre empreinte dans la jungle. Elle était, dans le monde des "êtres pensants", justifiée mais pour toutes ces bêtes, ils devaient être des intrus de passage. Des curiosités qui dérangent peut-être ? Peut-être pas car les Jedis, depuis longtemps, apprenaient à s'unir à l'environnement. Ils ne polluaient pas, se fondaient à la faune, à la flore afin de la perturber le moins possible. Preuve très simple : Karm avait ramassé leurs gamelles. Demain il ne resterait aucune preuve de leur passage, hormis quelques lianes curieuseent tissés.

Pour autant, ils n'étaient pas acceptés dans ce monde, car si certaines bêtes avaient appris à se cacher dans la Force, c'était pour mieux attaquer ou se défendre des Sensibles qui prenaient un malin plaisir à traverser leurs territoires. Il y avait quelques années un Padawan admiratif, persuadé de pouvoir se faire adopter de Dxun avait fait une excursion en cachette. Les maîtres n'avaient trouvé que les restes de l'inexpérimenté rêveur.

- Est-ce que tu as appris tout ça dans les Corps ou en observant ? Quand j'avais 14 ans, je partageais ma chambre avec un adolescent. Iki Seldon, je crois... C'est ça. Il voulait absolument se rendre sur Dxun pour caresser un zat... Non Zakkegs. Ah oui ! J'essayais de m'opposer, de lui expliquer que c'était dangereux, en plus d'être très intrusif mais il voulait suivre les pas de ... Je ne sais plus qui. Son père, je crois, sans savoir comment il maintenait le contact avec d'ailleurs. L'histoire est assez brouillonne car ça fait longtemps et surtout, Iki était un colocataire très fermé... Il semblait regretter de s'être ouvert à moi, sitôt prononcé son désir. -et il ne lui avait pas gentiment non plus lu ce qui se trouvait sur son datapad. Des informations de son père explorateur, peut-être ? Le Hapien se souvenait surtout du dilemme : dénoncer Iki pour le protéger ou soutenir un camarade en se taisant.- Aujourd'hui, j'en suis convaincu. On ne doit pas intervenir, s'imposer, sinon humblement se mêler à leur monde en les remerciant de nous accepter un temps. Je ne sais pas pourquoi les hommes veulent toujours entrer en contact, laisser une preuve physique de leur passage, toucher pour démontrer que c'est vrai. - Alors que le Hapien aurait dû défendre ce sens qui lui permettait d'être en contact avec la réalité, il favorisait le chemin de la discrétion absolue, le passage invisible, un peu son mode de vie. -

- C'est un peu comme les envies d'actes héroïques à coups de sabre-laser. Pour ne rien te cacher, à une époque j'en ai aussi rêvé. J'avais beau en avoir peur... Le Gardien qui défend la veuve et son orphelin effondrés sur le sol est une image dont même moi j'ai été victime. L'immédiaté, le symbole du geste, l'occasion de laisser une marque. C'est beaucoup moins subtil, plus méritoire que celui qui négocie, passe son temps caché dans un bureau à éplucher des dossiers ou rédiger des lois. Maître Don n'a pas eu beaucoup de mal à me le démontrer, mais sans doute était-ce en partie parce que je savais que je ne serais jamais ce combattant qui parviendrait, non pas à briller, ce n'était pas mon but, sinon défendre des victimes agenouillées. Jusqu'à un certain âge ce n'est pas si préoccupant. Profite de ton fanclub. - S'amusa le concerné qui devait reconnaître avoir fait un peu servi à agrandir le nombre d'adhérents en racontant les histoires du Chevalier Turquoise. Si Luke ne s'inquiétait pas, c'est que tout allait dans le meilleur des mondes, même s'il émis une petite précision, redevenant plus sérieux.-Ensuite... Si ça se prolonge de manière unilatérale, c'est un peu inquiétant, en effet.

Chacun pouvait avoir ses préférences, certes, mais... Toujours chercher l'aventure, s'imposer, vouloir caresser des Zakkegs, forcément interférer dans la vie était un trait d'orgueil que Luke ne trouvait pas chez Karm. Une des raisons pour laquelle il admirait son ami. Il aimait sa façon de se glisser furtivement, de passer sans laisser de trace tout en apprenant beaucoup au passage. Ensuite, il lui enseignait ce qu'il avait su uniquement via l'observation et le respect de l'environnement. C'était si contradictoire avec les capacités fulgurantes, destructrices de l'Ark-Ni en combat. Malgré son éducation violente, le Conseil, ses pairs et évidemment Luke avaient confiance en lui. Son nom avait été définitivement dissocié de celui de Tavaï.

Souffla le Hapien, encore craintif de briser l'ambiance qui s'était installée. Ces moments tranquilles, où il apprenait sur le tas étaient precieux, et oui, faisaient partie du "jeu" de séduction. Car cela le charmait d'avoir à ses côtés quelqu'un capable de l'élever, de lui apprendre avec bienveillance pour le rendre meilleur. Malgré les animaux sauvages ou encore le Côté Obscur qui sommeillait -et s'éveillait !- Dxun lui parut soudain moins sombre.

Il avait toujours un peu de mal à saisir l'amour inconsidéré des vaisseaux, encore plus l'idée de rendre hommage à un défunt en le jetant dans des réacteurs mais, ouvert d'esprit, le jeune homme écouta avec attention. La voix murmurante de l'Ark-Ni aida même à le plonger dans un sentiment infantile. Il se laissait aller, bercé par le conte. La tristesse le submergea pour ensuite se transformer en un sentiment d'apaisement. La petite fille (finalement genrée donc) avait fait son deuil à la manière des Jedis incinérant un des leurs. Le grand-père était retourné aux étoiles.

- Et lorsqu'ils partirent, effectivement, elle sentait l'esprit voyager parmi les étoiles, sans avoir besoin de vaisseau pour parcourir l'espace, flirtant avec le flanc des vaisseaux.

Se permit-il d'ajouter sans vraiment savoir si les Ark-Nis considéraient que le corps restait prisonnier du réacteur ou s'envolait au-dessus de toute préoccupation bassement matérielle comme la faim ou le froid.

Collé contre son amant, Luke se sentait bien. Il faisait chaud et comme d'habitude, il ne transpirait pas, ce qui empirait la sensation, mais sa limite de résistance restait loin d'être entammée, alors il profitait du moment. Le conte finit, le jeune homme tourna la tête pour embrasser Karm au coin des lèvres. Un long baiser doux et chaste mais bien amoureux qui concluait (peut-être?) cet anniversaire spécial.

- Je vais faire la première garde.
- Indiqua le blond un peu à contrecoeurs. Il aurait voulu rester lové contre Karm, mais leur relation se basait aussi sur des obligations. C'était ce qui la mettait à l'épreuve tout en la solidifiant.-
Karm Torr
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Dans c’cas, j’te prête mon bel engin.


Plaît-il ?


Karm tira Fugueur de son sac à dos et entreprit de programmer la sonde pour une mission de surveillance. Il lui fallut une bonne dizaine de minutes pour se familiariser avec ces nouvelles fonctionnalités de l’interface, mais les minuscules cubes qui composaient cette machine d’exception finirent par s’aligner les uns le long des autres, jusqu’à former un long serpent qui partit s’enrouler autour du tronc en face d’eux. Là, Fugueur veillait, tous ses capteurs en alerte, pour alerter Luke d’un éventuel envahisseur.


Karm déposa un baiser sur la nuque de son compagnon, avant de le libérer de son étreinte et de quitter tous ses vêtements. Encore un exemple de son indécence légendaire ! L’explorateur tira de son sac à dos un paquet de lingettes, qui faisait partie de l’essentiel de l’ExploCorps : se désinfecter des bactéries étrangères, soigneusement, et assainir sa peau pour diminuer les odeurs qui pourraient alerter d’éventuels prédateurs faisait partie des rituels scrupuleusement observés par les membres du corps d’expédition jedi.


Après avoir passé ses vêtements au spray désinfectant, Karm se rhabilla pour s’allonger dans sa couchage de branchage. Déjà, à travers la Force, Luke pouvait sentir son compagnon se plonger dans une méditation légère, curative, prélude à un sommeil rapide et réparateur. Tout autour d’eux, les bruits de la jungle se transformaient, à mesure que les animaux de la nuit remplaçaient les animaux du jour. Sur Dxun, sous cette canopée épaisse et inextricable, l’obscurité était quasi complète.


Quatre heures passèrent, dans le calme toujours inquiétant de la jungle où murmurait le Côté Obscur. Il s’insinuait dans les arbres, dans l’esprit des animaux, il levait le vent et, souvent, quand les nuages s’accumulaient dans le ciel et que des éclairs zébraient l’obscurité, ceux-là ressemblaient à des éclairs de Force nés des mains d’un Seigneur Sith.


Le comlink du Gardien finit par vibrer dans sa poche et Karm s’éveilla presque aussitôt, avec cette disposition commune aux explorateurs bien entraînés de passer du sommeil à un état d’alerte en quelques secondes à peine. L’Ark-Ni se redressa, ses cheveux blancs en bataille, presque aveugle dans l’obscurité de la nuit, et c’est tâtonnant qu’il retrouva Luke.


Tu peux aller dormir, murmura-t-il, je prends la relève.


Il l’embrassa dans le cou — en visant la joue, certes —, puis s’assit en tailleur à la place laissée libre par son ami. En quelques instants, il s’était plongé dans une nouvelle méditation, bien différente. Là, se dévouant à la Force, il la laissa guider son esprit et lui faire envelopper de sa pensée la nature qui les entourait. Sa respiration était plus lente encore que pendant le sommeil, sa personnalité s’était dissoute dans la puissance vivante, omniprésente, et plutôt que d’écouter, ou de voir, ou de sentir, il éprouvait l’universelle présence des êtres tout autour de lui.


Ses prédictions sur la qualité de leur abri ne furent pas déjouées et, quand le soleil revint avec la chaleur étouffante, et que Luke se réveilla, leur nuit n’avait été perturbée par aucune visite inopportune. Bien des animaux s’étaient approchés pour les observer mais, jugeant que ces créatures étranges seraient peut-être dangereuses, ils avaient sagement passé leur chemin. Les deux Jedis prirent un petit déjeuner frugal puis, une fois Luke perché à la naissance de la branche, Karm entreprit de démonter leur abri, pour récupérer sa corde.


Enfin, la marche reprit.


Hier, tu m’as demandé si j’pense que le Conseil pourrait juger que notre liaison compromet ma promotion au rang de Maître. J’imagine que oui. Y a toujours des gens qui vont être d’accord pour promouvoir des Chevaliers à la morale franchement douteuse, qui frôlent le crime de guerre…


Il avait un exemple précis en tête, dont il s’abstint cependant de prononcer le nom.


… mais qui jugera que le sexe est plus scandaleux que la mort. Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit, hein, faut pas s’leurrer. T’as combien de Maîtres Jedis qui à l’intérieur de l’Ordre ou à l’extérieur ont des amitiés profondes, durables et sincères ? Si ça c’est pas des formes d’attachement, moi, j’veux bien manger mes chaussures, hein. J’parle même pas de la majorité des relations entre Maîtres et Padawans. C’est pas du tout la question de l’attachement ou non, en vrai, si on est honnêtes avec nous-mêmes en tant qu’institution, qui pose problème. C’qui leur pose problème, c’est la dimension sexuelle de la chose. C’est le puritanisme.


Au début de leur relation, Karm avait cru naïvement que c’était leur écart par rapport à l’interprétation littérale du credo jedi qui pesait problème, mais plus il y réfléchissait et plus il observait ce qui se pratiquait autour de lui, au sein de l’Ordre, en méditant la conduite de ses aînés et de ses prédécesseurs, plus il était conduit à penser que le problème était bien plus commun, étranger à la Force et ses subtilités, et prenait ses sources dans un moralisme monastique trop réactionnaire, comme on en trouvait dans toutes les religions.


Après… T’sais, je pense qu’après ces dernières années, y a plus grand monde qui ne sache pas ce qu’on est l’un pour l’autre. On a beau être discrets et réservés, ça se voit quand même assez fort, vu le temps qu’on passe ensemble, la manière dont on se regarde, dont on parle l’un de l’autre, notre lien dans la Force, tout ça. C’est plus tellement un secret pour personne et le Conseil a quand même l’air de composer avec ça. Alors j’imagine que ce sera peut-être pas rédhibitoire.


En parlant, Karm jetait de fréquents coups d’oeil à son datapad, pour vérifier qu’ils étaient bien toujours sur la trace des signaux envoyés par Fugueur, la sonde ayant repris son envol ce matin-là pour retourner survoler le lieu où le satellite s’était abîmé.


Si ça l’est… si on refuse que je devienne Maître à cause de ça…


Il n’y avait en réalité jamais vraiment réfléchi, mais, avec un haussement d’épaules, il déclara :


Ma foi, j’continuerai à faire ce que je fais, c’est pas la fin du monde. On trouve toujours des moyens d’être utile. Je recherche pas ça la Maîtrise comme une fin en soi, c’est plutôt un instrument parmi d’autres.
Luke Kayan
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Le bruit ne cessait pas. Omniprésent, il rendait Luke presque sourd à force de surgir d'un tronc avant de jaillir du ciel lui-même. Il y avait longtemps que le jeune Consulaire n'avait pas effectué de tour de garde, sans doute au milieu de l'adolescence et encore, cette tâche lui était épargnée en général. Il se rappela avec un brin de nostalgie mêlée à de l'amusement de cette fois où, un groupe de Padawans avait fait du camping dans les tréfonds du parc du Temple. L'aventure n'était pas dangereuse en soi mais les enfants étaient très excités, désireux quoiqu'effrayés à l'idée d'être celui qui donnerait l'alerte. Maître Ki était convaincu de l'équilibre des "classes", il jugeait que chacun pouvait apporter à l'autre, c'est pourquoi cettes fois, les futurs Consulaires n'avaient pas été mis de côté. Luke avait donc fait partie de l'épopée relative, leur mentor s'était bien gardé de les rassurer trop, évaluant ainsi les responsabilités que chacun voulait bien assumer. Luke ne s'en souvenait pas avec précision car son âge, alors, ne lui permettait guère de comprendre les objectifs des adultes, mais certaines personnalités s'étaient immédiatement détachés. Les plus vieux (entre 12 et 13 ans) avaient en majorité pris les rennes mais pas seulement. Une Twi''Lek rendue vindicative, mature de part son histoire leur tenait tête. Elle n'était pas violente mais très ferme, déterminée au point que plus que guider, elle dirigeait. Luke se souvint que la jeune fille était un peu plus douce avec lui, le considérant comme un des plus fragiles -il était aussi le plus jeune du groupe car les élèves des cours communs de son âge ne faisaient pas partie de l'expédition. C'était Saï qui avait demandé à ce qu'on l'intègre.- et elle le surprotégeait.

Le Hapien s'était docilement, comme à son habitude, cantonnée aux ordres de son aînée. Sans aborder de tâches trop difficiles, il n'avait cependant cessé d'essayer d'apporter son aide, toujours en se gardant d'outre'passer les règles de Mi'Shi. Aller chercher des couvertures, installer le camps, organiser le repas. Cétait ce que le gosse avait tenté-parfois sans succès puisqu'en réalité il mettait le désordre dans le montage de la tente en s'empêtrant dans les cordes.-. Bref, le blondinet était maladroit mais participait à la surprise de Maître Ki. Au moment où les feux s'étaient éteints, tous s'étaient vus attribués une heure de garde. Vu leur âge et le nombre d'enfants, elle oscillait entre 30 minutes et une heure. Seul Luke avait été épargné. Il s'était, sans doute pour la première fois, mis en colère. Saï Don l'éduquait depuis quelques mois déjà, à la manière d'un voyant. Il lui était inconcevable d'être délaissé à cause de ses yeux défaillants même si la logique se tenait... Compter sur un aveugle pour observer les alentours tenait de l'ineptie dans l'esprit de beaucoup. Mais qu'importe, Luke avait vainement lutté. Finalement renvoyé dans sa tente, il avait attendu que Mi'Shi cède sa place pour se faufiler dehors dans un recoin et faire son tour de garde en doublon avec un autre élève. Au final, on l'avait retrouvé endormi en-dehors de sa tente, grelottant. Les caméras de surveillance, bien cachées pour une question de sécurité avaient trahi sa ténacité. Il avait bien tenu une heure et demi avant de s'effondrer, plongé vraissemblablement dans la Force. Évidemment, à son âge, il ne fallait pas s'attendre à ce que son ouïe combinée à ses pouvoirs l'avertissent d'un réel danger assez sournois pour le tromper, mais l'anecdote avait en effet, démontré la nature profonde de chacun des Padawans présents.

Luke sourit, heureux que son compagnon lui ait confié, sans se poser la question, ce fameux tour de garde. Évidemment, la faune grouillante doublée de la sombre aura caractéristique de Dxun ne le rassuraient guère, cependant il était décidé à accomplir son devoir. Karm avait déjà dormi seul dans des lieux hostiles, nul doute que son instinct le réveillerait avant que Luke ne perçoive un danger, mais ce dernier n'en prenait pas moins au sérieux son rôle. Il épiait le manteau lourd qui les entouraient, insensible aux rares rayons qui percèrent la nuit à partir de 4 h. Les zébrures d'éclairs firent frissonner au début car aucune image ne l'avertissait du grondement qui suivait, pareil à ceux que produisaient l'orage quoique plus sourds, plus lointains... Mystiques. Une part de lui aussi se rappelait de cette lumière Sith brûlant sa chair. Aleema ou plutòt Darth Corla l'avait torturé devant Saï à l'aide de ce don Noir.

Aux alentours de 4 h, le blond sentit la présence de Karm s'affirmer dans la Force. Le Chevalier s'était réveillé. Les épaules du Gardien Novice se dénouèrent légèrement. Il avait dû faire preuve de sang froid pour ne pas se lever plusieurs fois et explorer les alentours immédiats lorsqu'une bête s'approchait trop. La laisser s'approcher, observer quitte à se sentir mal-à-l'aise sous des prunelles aiguisées qu'on ne repérait pas puis deviner que l'animal s'éloignait en soupirant d'aise. C'était arrivé plusieurs fois.

La nuit du Hapien fut aussi courte que reposante. Après avoir reçu un baiser qui chatouillait quelque peu au creux de son cou, le jeune homme s'était endormi en pleine confiance. Le manque de confort éventuel d'un abri de fortune ne le dérangeait pas. Tout Consulaire soit-il, Luke restait un Jedi, entraîné à vivre dans des conditions précaires et dans sa vie, ce nid "d'amour" improvisé n'était certainement pas le lieu le plus désagréable qu'il ait eu à connaître. Jusqu'à ses 7 ans il avait parfois passé ses nuits sur le carrelage, pieds nus, vêtu d'une fine chemise de nuit en pleine hiver. Se reposer au milieu de ces branchages avec l'aura de Karm comme lampe de chevet était ême très confortable du coup.

***

La marche était assez lente mais régulière. Luke s'était indiscutablement amélioré côté endurance et perception. Il ne se plaignait pas sur la première planète que l'explorateur et lui avaient visité mais ne pouvait cacher son essoufflement certain. Aujourd'hui, même si sa respiration s'était accélérée et qu'il récoltait encore des égratignures à cause de branches imprévues, le Jedi se déplaçait avec davantage d'aisance. Il ne serait jamais explorateur à part entière mais pourrait bientôt briguer au poste d'assistant. L'idée le fit sourire tandis qu'il tournait vaguement la tête vers Fugueur dont il avait appris à dissocier le "rourou" discret des autres bruits de la forêt. Le cadeau était à la hauteur des promesses du vieux mécanicien et Luke sentit une bouffée de reconnaissance à son égard. Grâce à ce dernier, l'Ark-Ni avait eu le cadeau qu'il méritait. Les anniversaires avaient beau avoir une signification moindre chez les Jedis, peu matérialistes mais tout de même, 30 ans, on ne les avaient pas tous les jours.

- N'exagère quand même pas ! Je ne pense pas que tout le monde s'intéresse à nous au point de "savoir" qu'on est ensemble. Ils ne passent pas leur temps à chronométrer combien d'heures par jour on se réunit. Tiens, regarde Thann, elle ne se doute de rien. On est juste des amis pour elle.

Répondit le Hapien en riant, décidément, Karm croyait que tout le monde avait autant le sens de l'observation que lui. Par chance, ce n'était pas le cas et ils pouvaient vivre leur petite vie tranquillement avec en plus, la tolérance du Conseil -qui lui, savait via Saï Don, Luke était bien d'accord sur ce point.-

- Le s.. ?

Bien que ce ne soit pas l'endroit rêvé pour ça, le Consulaire s'était arrêté soudainement pour ... Rougir. Il faut dire que dire ce mot, "sexe", en plus d'être presque impossible pour lui, avait toujours cet effet. C'était comme transgresser un interdit, une de ces choses dont il acceptait à demi-mots les bienfaits et le droit fondé d'exister sans s'autoriser à s'arrêter pour y songer. Puritain ? Exactement. Élevé dans des traditions clairement sur la retenue quant à ce sujet, Luke avait eu la chance d'être éduqué par un maître tolérant mais avec qui il n'avait jamais pu discuter de ces choses. À son âge, son mentor était de la vieille école. Qu'il ne dise rien quant aux "déviances" de son Padawan tenait déjà du miracle- Que le Hapien prêtait à un coeur généreux, doublé d'une empathie incroyable.- car non seulement Luke avait connu l'amour, mais en plus, un amour qui tordait le bras aux normes. Chez les civils, ça arrivait aussi, mais chez les Jedis le tabou était probablement double. Non content de tomber amoureux, le jeune homme s'était tourné vers quelqu'un de son propre sexe. Si l'on comptait en plus sa nature timide, ça faisait beaucoup de choses à gérer pour le Chevalier qui après avoir rougi de longues secondes sur place avait finalement essayé de rattraper son retard en trébuchant quelque peu. Il se rappela de sa promesse sur le vaisseau Ark-Ni...

Pour Karm c'était un thème important, à explorer et Luke avait consenti à en parler, à s'ouvrir, alors soit.

- J'écoute hein ! On peut continuer à en parler ! Laisse-moi juste euh. Trouver les mots.
- essaya-t-il d'assurer avec le ton attachant du maladroit qui essaye de se surpasser malgré ses difficultés.- Donc ... Je dois reconnaître que l'attachement entre Maître- Padawan est plutôt bien accepté, pour preuve Maître Don et moi n'avons pas été inquiétés alors que nous étions... Oui Fusionnels, je l'admets. - Une douleur lui piqua l'âme en se souvenant que Saï avait délaissé le Temple pour venir le sauver sur Korriban mais il chassa cet excès de mémoire. Ce n'était pas le moment.- En fait, il est même difficile d'y échapper car indubitablement, les élèves tirent leur volonté, leur détermination du besoin de faire plaisir à leur maître. Enfin, en général.
- La formation était si dure que soit les enfants avaient une ambition personnelle débordante -aussi mal vue- soit une affection clairement aussi forte quoique de nature différente qu'une relation amoureuse envers leur maître. Quand il était trop petit pour vraiment s'en rendre compte, Luke se basait avant tout sur le contentement ou la "colère" de Saï pour se motiver. - Mais pourquoi, si ce n'était que le S... tu sais le fait d'avoir des relations euh... Physiques entre nous, dérangerait tant ? Parce que le danger de mettre à mal une mission par tendresse, je comprends... Le fait que l'ennemi puisse se servir de l'attachement en otage, aussi... Mais le reste, à part que cela peut donner vie à euh... Des enfants. En soi. Peut-être par crainte que nous prenions goût aux plaisirs physiques ? Qu'après ça viennent la paresse, la gourmandise, le goût du luxe ? J'essaye juste de comprendre, c'est difficile de se dire que nos aînés cherchaient juste à interdire l'amour pour des raisons puritaines.

Oui et sa drôle de tête oscillant entre concentration et rougissements prouvaient que le jeune Jedi y mettait toute son âme. Pour accepter de remettre en question ses propres certitudes et les pensées, ô sacrilège, des Sages d'Anciens Temps.

Un bip résonna, indiquant qu'ils s'approchaient de leur objectif... Et ils n'avaient toujours pas été attaqué ? Miracle !

- S'il n'y a pas de danger ou que ce dernuer est relatif, pourquoi interdire ça ? Selon toi, je veux dire ?

Peut-être que l'attachement entre élève et professeur avait du bon, qu'il était même indispensable mais pas celui de couples ? Pourtant, Luke sentait qu'il s'était beaucoup amélioré grâce à Karm et une amitié n'aurait pas suffi. Peut-être que beaucoup n'avaient pas leur chance et sombraient. Il y avait une raison à cette intolérance... En tout cas plus profonde que celle puritaine.

- Moi aussi je pense qu'on peut faire beaucoup de choses en restant à notre niveau mais... Mais je te remercie car je sais que ce titre compte aussi pour toi. Pour les bonnes raisons, c'est bien pour ça que je te soutiens. Que tu sois prêt à le sacrifier en mon nom me rend... Egoïstement très reconnaissant.

Souffla le jeune homme, encore touché quoique pas si étonné des paroles d'un Karm dont la loyauté ne l'avait jusque là, jamais déçu.

Karm Torr
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Parce que tu crois que Thann pense qu’on est juste amis ? M’enfin, Luke…


Karm eut un rire insouciant, à peine audible dans le brouhaha ambiant d’une jungle pleine de vie.


C’est une Miraluka, elle voit littéralement notre lien à travers la Force. Même si elle nous connaissait pas du tout, ni l’un ni l’autre, elle saurait qu’on est ensemble. J’veux pas te paniquer, bien sur, mais à mon avis, tout ça est beaucoup moins secret que c’que t’as l’air de croire.


Il ne voulait pas le paniquer, certes, mais peut-être qu’au fond, Karm commençait à trouver le temps long. Leur relation durait depuis près de quatre ans et, malgré tous les progrès qu’ils avaient fait l’un et l’autre, malgré les efforts de Luke, il lui semblait parfois que son compagnon s’obstinait à la considérer comme aux premiers jours, après toute cette année où leur lien était devenu si intense qu’il vibrait désormais constamment à travers la Force, le Temple, leur Ordre, leur famille pouvait encore l’ignorer.


Combien de temps encore devraient-ils vivre dans cette demi-cachette qui, aux yeux de l’Ark-Ni, n’avait presque plus aucun sens ? Quatre années supplémentaires ? Toute leur vie ? Karm ne demandait pas à embrasser Luke dans les couloirs du Temple, à partager sa chambre avec lui, ni même à lui tenir la main en public. Son ambition était modeste : il n’aspirait qu’à la vérité, à une sorte de transparence qui lui paraissait devoir être le principe élémentaire de leur Ordre.


Enfin bref…, murmura-t-il d’une voix où l’Hapien sentit peut-être poindre un tout petit peu de tristesse.


Nouveaux regards au datapad, nouvelle correction de leur trajectoire. Karm avait accéléré pas. Quand le soleil serait à son zénith pour Dxun, la chaleur deviendrait presque étouffante et ils seraient obligés de s’arrêter pour deux heures, comme le reste de la jungle, forcée à un repos brûlant. L’explorateur voulait atteindre le satellite avant cela, pour pouvoir repartir ensuite vers le milieu de l’après-midi et regagner leurs vaisseaux le lendemain matin.


Le puritanisme, c’est pas juste quelque chose de superficiel. C’est structurant, ça va profondément dans une société. L’Ordre Jedi est fondé sur des traditions, même sur un respect excessif pour les traditions, et comme toute organisation traditionnelle, elle tend à reproduire un ordre moral qu’est sans rapport avec les mœurs de la société. La société évolue, la tradition… Freine de toutes ses forces. À bien des égards, l’Ordre tel qu’il existe reflète des conceptions morales qu’ont plusieurs siècles, p’têt même des millénaires. Et si dans une large mesure…


L’Ark-Ni s’interrompit brusquement et la seconde suivante, son sabre laser bondit de lui-même depuis sa ceinture jusque dans sa main. Parfaitement immobile, son souffle inaudible, les muscles tendus, il fixait son attention sur les ronces devant eux. Un grognement se fit entendre. Le buisson fut secoué et puis la face écrasé d’un boma adulte émergea d’entre les épines, qui éraflaient sa peau écailleuse sans guère l’entamer.


Karm n’avait pas encore activé son sabre laser. À la place, plongé dans la Force, il tendait son esprit vers celui de la créature, s’immisçait dans ses pensées, pour pouvoir manier ses instincts. Le monde d’un boma était un monde simple, fait de peur et de faim, de fuite et de traque, dévorer ou être dévoré. La bête se mit à gratter nerveusement le sol de sa patte griffue, se rebellant contre l’intrusion mentale. Les doigts de Karm se crispèrent sur le sabre laser, prêt à en activer la lame d’une seconde à l’autre.


Après des secondes presque interminables de ce tête-à-tête silencieux, le boma souffla puissamment par ses naseaux, avant de se détourner et galoper d’un autre côté, ses griffes s’enfonçant dans les lianes, et les racines, et la terre, pour lui permettre de bondir avec une agilité que sa silhouette trapue n’avait guère suggéré. Karm ferma un instant les yeux, pour émerger de sa transe, avant de raccrocher le sabre à sa ceinture.


On disait quoi, fit-il d’une voix un peu lointaine, alors qu’ils reprenaient leur marche ? Ah, ouais. J’suis d’accord que dans une large mesure, les traditions permettent de préserver des connaissances et qu’elles participent à la cohésion de l’Ordre, mais elles sont aussi mortifères quand elles vont à contre-courant d’un progrès spirituel et moral. On est pas les premiers à s’aimer à travers la Force, on est pas les premiers à faire l’expérience de la manière dont la sexualité participe au développement des pouvoirs, ça se documente depuis des siècles, et l’Ordre refuse toujours de voir en quoi ça participe à et de la Force vivante. C’t’une erreur morale, éthique et doctrinaire.


Ils étaient arrivés devant une étendue marécageuse que personne n’avait reporté jusque là sur les cartes dont l’Ordre disposait à propos de Dxun. Mais la lune d’Ondéron évoluait si vite et si souvent que toute information était précaire. Karm considéra un instant la possibilité de traverser les marécages, mais les poissons agressifs et dentus qu’il aperçut en examinant les eaux saumâtres le dissuada de s’y risquer. Il fallut donc entreprendre de le contourner.


Les relations sexuelles sont un entraînement physique intense, qui améliore le souffle, le coeur, la souplesse, la coordination des mouvements et la maîtrise de soi. Toi et moi, on sait qu’elles ont aussi une influence positive sur le développement des pouvoirs à travers la Force. Les études scientifiques prouvent que des relations sexuelles fréquentes, accomplies dans de bonnes conditions sanitaires…


Le Jedi s’était de toute évidence soigneusement documenté sur la question.


… réduisent le risque de la dégénérescence des organes génitaux. Elles prouvent aussi qu’elles permettent de lutter contre la tristesse et participent à l’épanouissement psychologique. En revanche, la frustration sexuelle a des effets néfastes sur la santé personnelle, du corps et de l’esprit, mais aussi sur les communautés, en faisant courir le risque de toute sorte de comportements abusifs. Du coup… Quoi ? On refuse quelque chose de bénéfique, de cohérent avec la Force, de conforme aux logiques d’entraînement Jedi, qui ne diffère pas fondamentalement d’autres formes d’attachements tacitement autorisées au sein de l’Ordre, pour quelle raison ? Y a des gens qu’enseignent le Juyo dans notre Ordre…

Grave erreur, selon Karm, mais c’était un autre débat.


…, on va pas m’faire croire que c’est moins dangereux que des relations sexuelles informées et épanouies.
Luke Kayan
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* Mais enfin les Miralukas ne voyaient pas ce genre de liens. Ils avaient une notion des dimensions physiques extraordinaires mais de quelque chose d'aussi impalpable ? Et puis si Thann s'en était aperçue, les maîtres de cette race -et il y en a pas mal !- l'auraient remarqué ! *

Au dernier instant, Luke avait retenu sa phrase. Savait-il avoir tort dans le fond ? Ou voulait-il surtout éviter de blesser Karm dont une zeste de peine venait de teindre son ton habituellement si neutre ? Le jeune homme se sentit aussitôt coupable, parce qu'en invitant son compagnon ici, le but n'était pas de faire revenir sur le tapis des sujets difficiles. Se faire dévorer par une bête sauvage était, au reste, en tant que bons Jedis en pleine mission, acceptable, mais se disputer, encore plus en ce jour ? Non. Le Hapien retint aussi un léger soupir, un peu chagrin. Il essayait de faire un pas en la direction de l'Ark-Ni, plusieurs mêmes, cependant difficile de saisir pourquoi ce dernier tenait tant à rendre "public" leur amour. Luke adorait vivre avec ses pairs, partager des idées, philosopher, oeuvrer pour une cause commune, mais il restait invariablement solitaire par timidité pour ne pas dire un peu associal. Les secrets, son intimité lui permettaient d'avoir cette individualité que le jeune Jedi montrait si peu qu'on l'en disait parfois dépourvu. C'était son recoin, leur moment à eux. Personne n'avait besoin de savoir au sein d'une communauté à laquelle ils donnaient déjà tout.

À propose de Thann en tout cas, la vérité commençait à le ronger. Elle avait certainement su par un biais ou un autre et cela expliquait son éloignement. Encore une preuve que révéler ce genre de choses n'était pas positif. Le blond entretenait une bonne relation avec l'apprentie. Aujourd'hui cette dernière ne semblait pas le mépriser -il lui en était reconnaissant !- mais tous deux étaient maladroits en présence de l'autre, maladroits et silencieux. Triste pour deux jeunes gens qui avaient déjà eu des discussions aimables, ouvertes, intelligentes. La petite étincelle de Thann, lorsque celle-ci l'avait quitté après leur dialogue lui manquait. Luke n'avait pas beaucoup d'amis au Temple, il faut dire. Reconnu comme un collègue très fiable, serviable, il n'en restait pas moins un Jedi tranquille, renfermé que les autres au mieux, ne voulaient pas déranger, respectant son voeu de calme, au pire un personnage ennuyeux à mourir.

Un autre soupir se mêlà à sa respiration, tandis qu'il dépassait une pente courte mais raide.

- C'est vrai. Je veux dire, n'importe quel Padawan se retrouve perdu en pleine rue. Et certains adultes. J'en fais partie.

Reconnut-il en se rappelant avoir été un jour projeté en plein Coruscant. Ce jour là il avait béni la Force de lui avoir retiré la vue. Les bruits, les mots, les références. De la simple idée de transformer un besoin essentiel (se nourrir) en loisir aux rencontres dans des lieux sociaux comme les bars le laissaient perplexes. Des noms de chanteurs au stress quotidien de civils entraînés dans un tourbillon d'histoires d'amour. Les Jedis n'étaient pas adaptés à la société, ils étaient en retard et au moins en théorie, Luke avait fini par reconnaître, grâce à son aîné, que les apprentis devraient recevoir une éducation là-dessus. Pour ceux, nombreux, qui devraient retourner à cette vie, pour les Chevaliers du futur censés comprendre leurs protégés afin de faire preuve d'empathie.

Le Boma les interrompit. Par automatisme, Luke avait rassemblé la Force autour de lui, prête à jaillir en une vague supposer effrayer l'animal voir le sonner un peu. En dernier recours, sa main s'était aussi posée sur son sabre-laser (enfin celui de Karm), mais le calme était vite revenu. L'onde que le Hapien percevait, flottant encore dans les airs, confirmait sa suspition. L'explorateur avait mêlé ses pensées à celle de la bête. Indubitablement, ce dernier s'améliorait dans la communication avec la faune. C'était un des sujets que tous deux avaient abordé et Luke ressentit une certaine fierté d'être ainsi le témoin des progrès de son ami. Malgré le fait que le départ du Boma permette de renouer avec leur discussion, le Chevalier s'autorisa une mini trêve pour le féliciter.

- Je vois que tu as pratiqué ! C'était très impressionnant.
- Dit-il, soulagé de la fin heureuse de cette rencontre. Si Consulaire soit-il, le Hapien n'aurait pas eu vraiment peur de lever son arme contre un animal affamé, ceci dit, il préférait qu'aucun sang ne soit versé. Encore un principe de l'Ordre que Karm et Luke partageaient

Mais comment adapter leur communauté à la société sans en récolter les vices au passage ? Car les Jedis n'étaient pas exempts de fautes. Eux aussi étaient sensibles aux tentations. Laisser des hommes et des femmes s'unir librement ne donnerait-il pas lieu à des disputes ? De la jalousie ? De la convoitise ? Car derrière l'acte sexuel se cachait souvent une affection profonde, exclusive. Et même si ce n'était pas le cas, serait-ce bien sain de laisser des histoires sans lendemain se multiplier ? Les Jedis se retrouveraient occupés avec des histoires de coeur ou de fesses qui leur feraient perdre de vue leur rôle premier. Ellena Caldin avait vu au-delà de sa relation, ses enfants, Karm et lui s'y attelaient mais c'était des cas exceptionnels. Ils avaient du mal parfois, en cela les restrictions du Temple les aidaient ausis car ils ne pouvaient pas tout exprimer (vivre à la lumière du jour, donc toujours être ensemble, avoir l'occasion de se disputer, hélas, en public etc). Luke était un peu perdu sur le coup. Il ne se pensait pas meilleur qu'autrui, capable de mieux retenir ses frustrations, estimant que le fait qu'il y ait si peu de "couples" dans l'Ordre aidait. Mais si chacun pouvait courtiser qui il voulait... Ce serait juste, beau mais tellement chaotique.

- Tout ce que tu dis est vrai - Le Hapien avait bugué sur le côté "renforçateur physique", rougit même à l'évocation du sexe comme d'un entraînement ressemblant à un autre en parfois, plus efficace. Ceci dit, Karm semblait si sûr que Luke ne songea pas à le contredire. Peut-être parce que c'était possiblement vrai ?- mais tu le sais, l'acte n'est pas juste l'acte. Il en dérive tant de choses comme l'affection ou... Ou... La jalousie ? J'en ai souvent entendu parler lors d'enquêtes. C'est la cause de... D'agissements parfois étrangers aux gens. J'aime à penser que nous sommes entraînés, éduqués, cependant nous restons humains. Ceci dit... J'y ai réfléchi. -Parce qu'il n'en avait pas toujours l'air, mais Luke ne se fermait pas aux idées proposées, surtout celles de Karm bien que ce soit celles qui lui causaient le plus de sueurs froides.- et je pense qu'on devrait plus en parler. Enfin avertir, aviser, je n'irais pas jusqu'à dire des cours, mais hum, des interventions ?

Il en avait entendu vaguement parler, dans les collèges (14 ans c'était quand même trop, pauvres ados traumatisés ! Quelle idée ces civils) des spécialistes venaient discuter à ce sujet, vous savez le s...x.e. Peut-être qu'en avertissant des dangers (et des avantages ? ... Mouais allez concédons cela à l'Ark-Ni), cela aiderait les jeunes à se contrôler ... Euh à frôler raisonnablement les limites ?

- Hum... Le junyo est effectivement plus dangereux.

S'amusa soudain Luke, d'abord interloqué par le parallèle, il lui avait été ensuite impossible de ne pas rire. Bien sûr, le Hapien rougissait parce que malgré sa cécité des "images" forçaient les portes de son cerveau. Mais finalement, ce n'était pas plus mal. Au moins la conversation avait pri. un ton plus léger.

Au-dessus d'eux, Fugueur émit un bip. En même temps, Luke leva la tête, perdant son air joyeux/intimidé.

- Des Malraas.

Souffla-t-il, et il les sentaient s'engouffrer par un passage étroit. L'embouchure d'une clairière ou peut-être étaient-ils coincés par une rivière mais les deux Jedis étaient clairement sur leur chemin. Suite à sa mission avec Eckthor, Luke reconnaissait sans se tromper les brames et petits grognements qu'ils faisaient en communiquant ainsi que leur aura. Le souci était que les prédateurs... Fuyaient.
Karm Torr
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Ben non, précisément, on reste pas humains, répliqua Karm. D’abord… C’est ça, aussi, précisément, le problème. Le fait que le sexe aboutirait nécessairement à la jalousie, c’est une idée hyper… localisée, enfin, je veux dire, c’est loin d’être vrai dans la plupart des cultures. C’est les humains et encore un certain type d’humains, de certaines sociétés, qui font genre c’est une vérité universelle. Y a une espèce de colonialisme moral dans cette histoire, au fond.

Quoi que pussent en dire les meilleurs xénobiologistes de la Galaxie, qui arrivaient petit à petit à un consensus sur l’indéniable humanité des Ark-Ni, Karm ne se sentait pas humain. Il voyait trop les différences qui le séparaient des gens de Coruscant, d’Alderaan, de Corellia, pour ne pas penser qu’il appartenait à un monde à part, que les Ark-Ni formaient leur espèce à eux, au moins autant que les Hapiens par exemple, et peut-être même plus. La génétique ne faisait pas tout.

Moi je viens d’un peuple où les gens sont jamais jaloux. Presque jamais jaloux. C’est rarissime. Ni pour le sexe, ni pour l’amour. Y a des centaines de milliers de monde là-dehors où les gens pratiquent la polygamie, pour les hommes, ou les femmes, ou les deux. Des milliers de société avec des mariages de groupe, des liaisons communautaires. Les archives des ethnographes de l’ExploCorps sont pleines de données sur la question. L’Ordre Jedi devrait s’en inspirer, au lieu de donner du grain à moudre à l’idéologie crypto-capitaliste de la propriété exclusive de l’autre par le sexe et les sentiments…

Karm avait beaucoup réfléchi à ce sujet. Luke l’avait forcé à y réfléchir, au fond. Sans les réticences de l’Hapien, contre lesquelles il luttait depuis près de quatre ans, jamais le Gardien n’aurait médité les implications théologiques, politiques, sociales de leur liaison et des règles explicites ou implicites qui venaient le contrarier. Mais pour mieux comprendre les objections de son compagnon et pour être en mesure d’y répondre, il avait entrepris de se documenter, de réfléchir, de sonder aussi bien les Archives que la Force.

Désormais, il n’avait plus l’argumentaire naïf et idéaliste des premiers jours, né des impressions spontanées d’un jeune homme sans expérience, mais au contraire les convictions construites d’un homme qui avait définitivement quitté l’adolescence. Comme beaucoup de Jedis aussi, en passant à l’âge adulte et en renouant avec sa communauté d’origine, il avait développé une compréhension plus fine de ses racines. Jamais il n’aurait posé le monde des Ark-Ni en modèle, parce qu’il y trouvait trop à reprendre, mais à bien des égards, il lui paraissait riche en leçons précieuses.

Enfin bref, c’est pas grave, murmure-t-il avec une pointe de résignation.

Dxun n’était pas l’endroit pour discuter de ce genre de choses et puis si, après plusieurs années, il n’avait pas réussi à convaincre Luke, c’était peut-être que la tâche était impossible, parce qu’elle excédait ses moyens à lui. Karm se jugeait trop malhabile, trop ignorant et pas assez intelligent pour développer clairement les idées qui lui paraissaient évidentes, quand il les tenait seulement dans son esprit, mais qui devaient être confuses, quand il les exposait aux autres, puisqu’elles ne convainquaient pas.

L’arrivée des malraas fut une diversion improbable mais salutaire.
Karm se figea aussitôt.

Si t’arrives à les sentir, c’est qu’ils doivent pas encore nous avoir repérer, sinon, ils se dissimuleraient dans la Force. En tout cas, on va certainement pas aller à leur rencontre.

Karm tenait les Malraas pour les pires adversaires des Jedis dans les jungles de Dxun. Trop difficiles à cerner dans la Force et beaucoup, beaucoup trop résistants au sabre laser pour permettre un affrontement équitable, ils étaient presque impossibles à domestiquer et les affronter exigeait des trésors d’adresse. L’explorateur préférait encore être confronté à l’une des créatures titanesques qui hantaient d’autres parties de la jungle que d’avoir à se confronter à ces prédateurs-là.

L’Ark-Ni pianota rapidement sur son datapad pour forcer Fugueur à prendre de la hauteur, afin d’éviter d’attirer l’attention.

Ne cherche pas à les percevoir par la Force, ils pourraient nous repérer d’la même façon. On va leur barrer le chemin.

Karm mit un genou à terre et prit une profonde inspiration, avant de plonger les mains dans les boues et les feuilles mortes qui tapissaient le sol de la jungle. Là, il sentait la planète palpiter, avec toute son obscurité mais toute sa vie aussi. Des scolopendres lui couraient sur le dos de la main, des vers s’enroulaient entre ses doigts, alors qu’il se concentrait sur la Force vivante et le monde qui les entourait.

Il sentit bientôt tout vivre, tout pulser dans son esprit. C’était presque grisant. Ses frustrations et ses peines se dissolvaient dans l’immensité de la vie luxuriante sur Dxun. Le Côté Obscur était là aussi, l’influence des Siths sur cette lune maudite. Il le sentait tout autour de lui, comme une étreinte chaude et tentatrice, la promesse d’une libération. Il aurait suffi d’y céder pour jeter à bas le carcan de l’Ordre, de ces règles où il ne trouverait jamais sa place, de cette hiérarchie qui ne le reconnaîtrait jamais, parce qu’il n’était pas assez docile ou assez éloquent.

Dxun murmurait dans son esprit. Le Côté Obscur aussi était pleine de vie, et d’une vie plus sauvage, plus soudaine, plus authentique que cette végétation d’urbaniste que prônait le Haut Conseil Jedi. Il aurait suffi… Il aurait suffi…

Parcouru d’un frisson, Karm repoussa cette influence tentatrice et se concentra sur le Côté Lumineux. Bientôt, en face d’eux, un enchevêtrement de ronces se mit à frémir. Les branches bourgeonnaient. À toute vitesse. Les buissons se développaient, poussés à une croissance végétale surnaturelle par l’action du Jedi, dans des entrelacs épineux de seconde en seconde plus complexes et plus inextricables. Au bout de quelques minutes, c’était un véritable mur végétal, impénétrable et redoutable, qui s’était refermé entre les Jedis et le lointain où la meute de malraas s’était annoncée.

Karm rouvrit lentement les yeux et retira ses mains du sol, chassant sans répugnance les insectes et les vers qui avaient voulu y élire domicile. Revenir à la réalité ordinaire après une semblable expérience était un exercice malaisé. Quand il essaya se relever, il manqua de perdre l’équilibre et dut se retenir à un tronc. Son pouvoir l’avait éprouvé, la présence du Côté Obscur aussi.

Faut pas…

Sa voix était rauque, difficile.

Faut pas traîner, parvint-il malgré tout à articuler. Ça les retiendra qu’un temps, si des fois ils nous ont repéré, mettons le plus de distance possible entre eux et nous.

Il fallut donc bien reprendre la marche, ils auraient le temps pour être fatigué plus tard. Échapper à des malraas n’avait rien d’évident, puisque leur sensibilité à la Force interdisait d’essayer de sonder leur présence. Karm avait donc entrepris un détour, pour laisser autant que possible le mur de ronces et le fleuve entre la meute et eux, tout en restant dans la partie la plus dense de la jungle, où les prédateurs les plus massifs avaient le moins de raison de se trouver.

En tout cas, il n’avait pas repris le fil de la conversation, trop fatigué peut-être par son petit tour de force botanique, trop travaillé par les sensations que le Côté Obscur avait fait naître en lui et, et n’était-ce pas l’hypothèse la plus terrible, trop découragé.
Luke Kayan
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* Certaines cultures, mais pas la majorité, encore moins ici... Ou sur Coruscant ou... *

Et puis peu importe au final, parce que très clairement sur le coup, le jeune homme encaissait le choc. La flegme de Karm discutant libertinage lui donnait envie de bondir. Son éducation et l'idée d'avoir éventuellement mal compris, sa docilité, sans doute jouaient un peu à retenir ses mots. On ne pouvait pas convertir une société majoritairement ancrée dans des principes de monogamine à une ouverture d'esprit aussi grande. Les pensées de Luke s'adoucirent légèrement lorsqu'il se rendit compte que l'Ark-Ni, lui, avait fait cet effort inverse. Pour son cadet, il n'allait jamais voir ailleurs.

La pointe de résignation de son ami le scia. Luke surréagissait en partie à cause du côté Obscur qui filait sous ses veines comme un vent glacial glissait sous des habits trempés. Subtil mais terrible pour lui, déjà exposé depuis une journée et demie. Venir ici avait été stupide, vouloir absolument une mission dans la nature et s'entêter alors qu'il n'avait trouvé que celle-ci avait été stupide. Écouter Catherine l'assurer que ce serait romantique et que Dxun n'était pas si dangereuse (en lui rappelant qu'on envoyait des Padawans s'y entraîner) finalement était stupide. Il l'était. Lui même, stupide, pour avoir cru pouvoir retenir Karm.

- Est-ce que c'est difficile pour toi ? De... Enfin, ne pas aller voir ailleurs ?

Cette notion d'exclusivité était naturelle chez le Hapien, qui, en plus de ne pas facilement être séduit ne ressentait aucune jalousie. De fait, il avait toujours eu confiance en Karm et la seule fois où il s'était senti irrité, c'est lorsque Noctis avait clairement essayé de jouer sur les sentiments de son ami, séducteur et beaucoup trop doué pour que même Luke n'en prenne pas ombrage. Cependant, avec toutes les enquêtes menées, le Jedi ne croyait pas que les gens renoncent à ce sentiment fort mais destructeur qu'était la jalousie. Lui-même pensait y échapper par un heureux hasard du sort, sa formation et sa cécité. Privé du sens si cher à l'Homme, Luke n'avait pas de tentations. Loin de croire à une force mentale ou à une droiture sans égard à ce niveau, le jeune homme craignait de n'être qu'un chanceux à qui la vie avait épargné ces déboires. Mais Karm, issu de cette société qui déjouait la jalousie en renonçant à la possessions -en théorie c'était beau, il fallait le reconnaître, mais l'éducation du Hapien l'empêchait clairement de l'accepter chez lui.- Karm qui voyait, Karm qui était beaucoup plus tactile que son petit ami davantage platonique, souffrait-il ? Une vague de tristesse submergea la Force sans que Luke ne puisse la retenir, surpris de sa naissance au creux de son coeur. Il se demanda si pour le bonheur du Chevalier Turquoise, il allait devoir le laisser s'envoler, car il était évident que si ce dernier ne supportait pas la situation, lui offrir le droit de s'en aller était la meilleure façon de le respecter. Incapable d'accepter une relation non-exclusive, Luke se retirerait. L'idée le déchirait.

- Si c'était le cas, je... Je comprendrais, et je ne suis personne pour... Pour te retenir. Ta souffrance... Je suis celui qu veut le moins en arriver à cette conclusion.

Une larme monta mais le Jedi la bloqua. Une diversion bienvenue avait aidé. Les Malraas ne passaient pas leur chemin comme il l'avait espéré. À grande peine, lui qui aurait apprécié se raccrocher à quelque chose, y compris à l'aura d'un terrible prédateur, renonça à les repérer. Ses sens luttaient, désireux de pallier à sa vue défaillante, mais le Hapien les en empêcha, se fermant à sa seule possibilité d'observation pour ne pas risquer d'attirer l'ennemi.

Se couper partiellement de la Force permis à Luke de recouvrir une partie de sa lucidité. Toujours un peu chagriné mais moins anxieux, il s'attela enfin à sa vraie mission de Jedi. S'il avait consenti à se rouvrir à la Force, Luke aurait senti la végétation grandir mais pas crainte d'attirer les Malraas ou de les chercher sans le vouloir, il s'en était coupé. L'autorisation implicite de Karm de s'y reconnecter le laissa pantois. La vie jusque là adolescente, fourmillait adulte dans certains troncs et il y avait beaucoup plus de feuilles qu'avant. Le blond sentait nettement la sève parcourir des branchages qui s'élevaient au-dessus de leur têt. La voix fatiguée de l'Explorateur lui permis de saisir.

- Karm... C'est.

Émerveillé, le Hapien avait oublié toute leur pseudo-dispute. Il eut du mal à décrocher de son émerveillement pour suivre finalement son guide.

Au bout de très longues minutes, le Consulaire leva la tête et envoya la Force vers Karm. Timide, son aura se promena autour de l'esprit désiré, comme un enfant pris en faute qui essayait vaguement de tâter le terrain. Elle frappa ensuite à la porte mentale en demandant la permission. Un petit "je peux"? qui indiquait un réel désir de réconciliation.

- Je ne sais pas pourquoi j'ai dit tout ça, juste avant... Aussi brutalement, de manière si émotionnelle mais... Mais je le pense. Je ne veux que ton bonheur, alors si je peux faire quelque chose pour changer je le ferai et si je ne peux pas, si tu me le demandes je... Ce que j'ai dit était vrai. Moi je t'appartiens, mais toi, non. Non tu ne m'appartiens pas.

Dire que c'était censé être un anniversaire, mais au moins les choses étaient à mises à plat. Avec un faible sourire, le jeune homme nejoint son ami à lui demander ce qu'il voulait pour que lui essaye, encore, de changer. De concéder tout comme Karm le faisait aussi à son égard, en espérant pouvoir y arriver, mais son onde était plutôt positive, transperçant l'obscurité de Dxun comme un rayon de soleil. Tant que son aîné ne choisissait pas de renouer avec les traditions Ark-Nis ou de complètement briser leurs principes Jedis (et il savait que ceci n'arriverait pas), il se sentait apte à le faire. Même à reconnaître sa relation devant dix amis. Bon 5. D'accord, 2. Mais quand même !

Fugueur émit un bip que Luke accueillit avec joie. Le satellite était là, restait plus qu'à l'attraper.

- Vu que tout ça, euh... ça ne va pas vraiment comme on l'avait prévu et que tu es fatigué... Que nous avons un jour de repos de prévu après cette mission est-ce que... Tu voudrais le passer sur Iziz ?

Oui, c'était une assez petite ville où on pourrait les voir, et où les rumeurs pourraient aller bon train s'ils prenaient un petit hôtel MAIS Luke était prêt à le faire. En réalité, à cet instant, il aurait tout donné pour se retrouver devant la guichetière à se tortiller pour finalement expulser le fameux "oui une chambre. Oui avec un lit double".

Le jeune homme activa son datapad qui offrait des données primitives et peu développées sur l'atmosphère, histoire de voir où s'était coincé ce fichu satellite. Il était encore récupérable apparemment.

- Dans la station, il y une commande manuelle, selon les données qu'il transmet, le satellite fonctionne encore, il pourrait y répondre.

Au milieu des branchages, à peine visible, une petite porte rouillée mais solide indiquait l'entrée des installations (bâties par des optimistes qui avaient plus pensés à la hauteur pour capter les ondes holonet qu'à l'insécurité des lieux) pour observer, diriger et réparer les satellites envoyés. La dangerosité de la lune rendait son accès très difficile, d'où le fait que ceux qui s'occupaient du satellite faisaient toujours appel aux Jedis pour récupérer leurs objets semés dans l'espace. Au moins, ils y étaient !
Karm Torr
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L’arrivée des malraas avait empêché Karm de réagir trop vivement à la question de Luke. Le Côté Obscur, insinué dans son esprit, le poussait à interpréter les propos de son ami le plus douloureusement possible. Quoi, alors ? Parce qu’il n’acceptait la morale commune, il était un homme bestial incapable de retenir ses pulsions ? Et Luke se donnait le beau rôle de la supériorité morale en se sacrifiant à son bonheur ? De son côté, c’était de la souffrance et du désir, et du côté des Jedis dogmatiques, de beaux principes et des idéaux réfléchis ?

Mais la nature avec toute sa violence immédiate et primitive avait balayé ces considérations et, la fatigue aidant, Karm se laissa gagner par l’appel de Luke, par le Côté Lumineux qui émanait toujours de son compagnon et par la perspective d’une réconciliation après ce qui n’avait même pas encore pris la forme d’une dispute. L’irritation se mua en découragement et le découragement en acceptation stoïque.

C’est pas grave, murmura-t-il, la voix toujours changée par la fatigue que son expérience avec la végétation avait causée en lui. Probablement je m’exprime pas de manière assez claire ou construite pour arriver à dire ce que je veux, aussi.

Son regard s’arrêta un instant sur Luke.

C’est pas une question de bonheur ou… ‘fin, c’est pas grave. Laissons tomber.

Karm ne se dérobait que rarement à la discussion. Les novices et les Padawans savaient par exemple que le Jedi était prêt à répondre à n’importe laquelle de leurs questions, même les plus sulfureuses ou les plus étranges, et à y consacrer le temps qu’il faudrait. Il n’avait pas toute l’éloquence pédagogique des Maîtres rompus à l’enseignement des plus jeunes, mais il s’était approprié à sa manière le principe jedi de la conversation, aidé probablement par un calme d’ordinaire inaltérable.

Pas ce jour-là. La discussion était trop douloureuse, Luke était trop éloigné de ses convictions à lui, le Côté Obscur était trop éprouvant, la marge trop fatigante pour qu’il ait encore le courage de batailler avec les mots et la syntaxe pour exprimer tout ce qu’il pensait.

Faut vraiment… faut vraiment qu’on se presse…

Atteindre le satellite avant la soirée paraissait illusoire, mais Luke venait de repérer sur les cartes téléchargées dans le datapad une station météorologique automatisée, qui leur offrirait une escale à l’abri des prédateurs. Une demi-heure plus tard, les deux Jedis s’engouffraient dans le bâtiment aux murs épais et Karm tâtonnait à côté de lui, jusqu’à trouver le levier à abaisser pour activer les générateurs.

La lourde porte métallique refermée, il considéra les lieux. C’était en réalité une pièce principale unique, circulaire, occupée par des consoles de contrôle, plus loin par un atelier sommaire pour des réparations de première nécessité. Une petite cuisine exclusivement garnie de rations de survie spatiale et trois lits de camp complétaient le décor. Plus loin, une porte donnait sur un petit couloir, avec à gauche les sanitaires et à droite un local technique. Karm passa un index sur l’un des écrans et frotta la poussière avec son pouce.

J’crois que personne est venu dans le coin depuis un moment.

Aucun civil n’aurait pu survivre en pleine jungle sur Dxun et les stations qu’on avait installées un peu partout sur la planète servaient quasi exclusivement aux Jedis. Mais il se passait parfois des années, des décennies même, avant qu’une équipe, en entraînement ou à la recherche d’un satellite, ne vînt investir l’une d’entre elles.

Karm posa son sac à dos contre le mur et fit rouler ses épaules pour délasser ses muscles courbaturés, avant d’entreprendre d’allumer chacun des terminaux.

Pour Iziz, dit-il d’un ton aussi dégagé que possible, ça me paraît compliqué. C’t’une chose d’être dans des hôtels et tout en mission, c’en est une autre de le faire alors qu’on a nos chambres juste à côté. Ce serait vraiment un coup à s’attirer des ennuis. Ah, c’est ça.

L’Ark-Ni tira une chaise pour s’installer devant le dernier terminal et y connecter Fugueur.

T’as raison, on peut télécharger les données et essayer demain d’aller récupérer le satellite lui-même. Mais on avisera au matin dans son état à ce moment-là. Et du jour de comité d’accueil qu’on peut redouter. Parce que si c’est devenu un terrain de chasse pour malraas, on va passer notre tour.

Un peu explorateur bravait certes les dangers de la nature, mais il devait avant tout apprendre à s’incliner devant eux.

Bon, voilà, je réactive le recyclage d’air et d’eau dans la station. Les générateurs ont l’air OK. Pas… non, c’est bon, pas de problème. J’te laisse prendre la douche en premier pendant que j’fais l’inventaire des placards ?

Se consacrer à des problèmes pratiques était sa manière à lui de retrouver son calme après leur discussion avortée et douloureuse.

Oublie pas d’vérifier dans tes cheveux et partout sur le corps que t’as pas de parasites. Et d’utiliser le sac hermétique pour tes vêtements usés, on les fera désinfecter au Temple.

Dxun exigeait des précautions singulières : les Jedis allaient se laver soigneusement, isoler leurs vêtements, désinfecter ce qu’ils avaient touché en arrivant et tirer de leur sac à dos les vêtements de rechange, emballés dans le même genre de sacs hermétiques. Un excès de précaution, peut-être, mais sur une lune pareille, Karm jugeait cette prudence salutaire.
Luke Kayan
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- Sans doute.

En temps normal, Luke aurait rougi, honteux de dilapider l'argent ainsi, même s'il s'agissait de ses économies (d'une valeur égale aux étrennes hebdomadaires d'un adolescent, guère plus !). De fait, il n'aurait JAMAIS proposé une telle idée. Parce que ça ne correspondait simplement pas à leurs principes. Profiter d'une journée libre pour méditer, discuter, avancer doucement leur travail ou s'entraîner oui, mais faire du tourisme en s'affichant, certainement pas. Coupé sur le fait, surpris par sa propre audace, le jeune homme finit par saisir que c'était la symbolique qui l'avait poussé à cet acte stupide (encore un), une volonté de prouver qu'il n'avait pas honte de leur relation. Plus que la nuit à l'hôtel, c'était l'idée de demander cette chambre à la réceptioniste qui devait faire son effet.

Silencieux, le blond s'exécuta, il repéra la douche et s'y faufila avec difficultés. Les lieux étaient étroits, très différents des dimensions habituelles. Luke pressa un bouton trouvé sur le tard, un gargouillis gronda dans la tuyauterie avant d'éjecter sans pitié un jet glacé, que le calcaire bouchant le pommeau avait rendu violent. C'était comme de la grêle qui martelait son corps, mais le jeune homme ne dit rien. Frissonnant, il se força à s'attarder dessous malgré une envie naturelle de s'extirper de la cabine exigüe. Ses cheveux longs demandèrent un travail minutieux. Une serviette rèche accueillit sa peau avec une douceur égale à celle de sa douche.

Un bruit de sac hermétique soigneusement cloisonné plus tad, Luke atterrissait Près du panneau de contrôle adossé à un pan du mur. Tellement qu'il préféra s'arrêter dans un coin et rester immobile pour ne pas gêner dans l'inventaire des placards. L'objectif de la mission et ses propos remontaient à sa mémoire, il retrouvait, coupé de l'influence du côté obscur, sa lucidité. Prenant conscience de ses mots, émanant de la profonde peur de ne pas satisfaire son compagnon (sur le plan moral bande de gros pervers), il ne s'en voulait pas moins de l'avoir exprimé de la sorte. Si cette discussion avait dû surgir un jour, le Hapien aurait proposé à Karm de simplement partir car la relation le faisait souffrir, pas de s'en aller voir d'autres. L'idée ne l'aurait jamais traversée, simplement parce que le Gardien ne lui avait pas donné l'occasion de se méfier de sa résistance à la chaire. Avant d'être Ark-Ni, c'était un Jedi qui savait parfaitement se contenir. Austère, attiré par beaucoup d'autres choses que le simple physique. Ça, son aîné quoique plus tactile que lui (ce n'était pas très compliqué en même temps) lui l'avait prouvé de nombreuses fois.

Mais au fond, est-ce que Karm était triste pour cette raison ? Il n'avait rien expliqué... Pas de colère, pas de dialogue, il avait juste coupé. Autant le dire, Luke savait s'être trompé mais où ? Ça avait certainement un rapport avec cette histoire de flexibilisation de la sexualité. Quelque chose à ce moment là de la conversation l'avait touché, vexé. Peut-être cette facilité à en parler qu'avait le Chevalier Turquoise ? Sa proposition pour un libertinage contrôlé ? Sauf que connaissant bien le Gardien, Luke se douta rapidement avoir mal interprété quelque chose. Jamais son ami ne se permettrait de telles frivolités cruelles. Ils s'étaient juste mal compris.

- Inutile de continuer la discussion, je ne vais pas te l'imposer. Simplement, je m'excuse pour ce que j'ai pu dire. C'est encore flou mais... Moi aussi j'ai sûrement mal exprimé ce que je pouvais vouloir dire. Pour un diplomate, bravo. Je m'excuse encore pour ce lamentable ... Échec. C'était ma première et ma dernière organisation de fête d'anniversaire je crois.

Un faible sourire moqueur se dessina sur ses lèvres. Il sortit son datapad pour y dicter les prémisses de leurs avancées.

- Station Bêta DH356 fonctionnelle à 95%. Nous allons y passer la nuit et vérifier que le satellite puisse être ramené manuellement demain. Les installations devront être révisée lorsque sa fonctionnalité retombera à 60%. Chiffre acceptable considérant l'accessibilité des lieux.

Dehors, un bruit irrégulier fit sursauter le jeune homme, sensible à l'écho qui se répercutait sur les parois. Le son se régularisa, s'amplifia jusqu'à devenir un genre de musique primitive qui refusait de cesser. La pluie. Ou plutôt un orage, et assez violent avec ça. D'un côté, c'était positif, ainsi les prédateurs ne viendraient pas rôder autour de la station.

Luke n'avait pas du tout, mais alors pas du tout faim, pourtant il chercha les rations de survie de la station et sortit de son sac des restes de fruits, soigneusement passés sous un jet de vapeur puissant. L'estomac noué, le jeune homme fit l'effort d'avaler sa ration. Il n'allait pas en plus compliquer la situation en refusant de manger, parce que ça aussi inexplicablement, c'était un sujet légèrement tendu entre eux. La pluie continuait d'harceler la station, dessinant les contours approximatifs de ses courbes que le Hapien devinait à force d'exercices auditifs obligatoires. Certaines gouttes s'écrasaient sur le toit, lui donnant une vague idée de la hauteur de ce dernier -vraiment bas de plafond d'ailleurs- ou martelait la droite et la gauche, lui indiquant que l'eau tombait droite, même si quelques rafales venaient perturber sa course. Un éclair zébra le ciel, illuminant pour qui voulait le regarder à travers un petit hublot sale, le spectacle singulier d'une jungle obscure qui ployait sous les éléments. À demi-enfoncés dans la terre, les Jedis ne craignaient somme toute pas grand chose mais le blond n'aimait pas la sensation. Il termina vite sa ration et s'apprêta à se coucher après quelques vérifications.

Les lits de camps étaient assez grands pour supporter le poids et la taille d'une personne à la carrure imposante (sachant que ses pieds dépasseraient quand même.), plus larges que longs avec une paillasse plus dure que la pierre. L'abri fait par Karm la veille était plus confortable et le Hapien aurait sûrement proposé à ce dernier de donner des cours aux architectes de ces stations en temps normal. En temps normal oui. Pour l'instant, jugeant en avoir assez fait, il se contenta de soupirer, sursautant légèrement lorsqu'un nouveau coup de tonnerre déchira les cieux. Karm lui était averti par un jet de lumière, un flash qui survenait quelques micro-secondes auparavant. Au moins dans cet abri, pas besoin de vraiment monter la garde. La porte résistait bien aux prédateurs, et surtout l'endroit ne devait pas les intéresser beaucoup. En plus, le mauvais temps devait les faire déguerpir.

Cependant attentif, le jeune homme laissait ses sens s'ouvrir à l'extérieur, guettant une bruit que les flots cacheraient ou une présence dangereuse. Il ne risquait pas de beaucoup dormir cette nuit de toutes manières. En réalité, Luke se demandait s'il n'était pas plutôt à l'affût des réactions de son ami. Il aurait aimé l'inviter à se coucher contre lui, juste pour écouter le bruit ensemble ou parler de tout, de rien. D'autre chose. Qu'ils se recentrent sur ce qui les unissaient mais ça n'était sûrement pas aussi facile, alors il laissa juste filtrer une onde, légère, désolée vers Karm, avec un brin de ce fameux désir de réunion inconscient sans doute. cette invitation à se rapprocher de lui. Un je t'aime peut-être.
Karm Torr
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T’inquiètes pas, s’empressa de répliquer Karm, à qui les excuses de Luke fendaient le coeur, évidemment. On est fatigués, c’est un endroit difficile, c’est normal d’avoir du mal à communiquer. On est tous les deux éprouvés par l’expédition et l’influence de Dxun. J’te comprends mal, j’m’exprime et réciproquement.

Sans doute son ton n’était pas tout à fait convaincu. Pour une part, il essayait de se persuader lui-même de cette évidence rationnelle, mais les sentiments ne s’accommodaient pas toujours à la réalité objective du monde. Karm eut un pâle sourire avant de disparaître à son tour dans le petit couloir étroit qui menait à une cabine de sanitaire à peine plus grande que celle que l’on aurait trouvé sur un vaisseau spatial.

Les yeux fermés, il se laissa aspergé par le jet d’eau mêlé de désinfectant qui sortait d’une vingtaine de diffuseurs disposés tout autour de la cabine. Ses muscles se crispèrent sous la violence de la température et de la pression. Une vraie douche chaude lui aurait probablement fait plus de bien, mais investir une station météorologique était un luxe que toutes les expéditions ne pouvaient pas s’offrir.

Quelques minutes plus tard, il refaisait son apparition dans la pièce principale, entièrement nu, le temps d’aller poser ses vêtements soigneusement empaquetés près de son sac et… de ne rien mettre d’autre. Après tout, il allait dormir et la température tropicale de Dxun, malgré l’orage, suffisait amplement. L’Ark-Ni s’était abstenu d’activer la climatisation, pour s’en tenir au strict recyclage de l’air, de peur que les générateurs ne suffisent pas à maintenir toutes les fonctions de la station.

Le repas fut silencieux, peu ragoutant, et pensif. Les pensées de Karm allaient de Luke à Dxun. Parfois, son regard s’arrêtait sur le visage de son compagnon et il en admirait la beauté. D’autres fois, il songeait à toute cette nature là-dehors que le Côté Obscur avait corrompu, mais qui continuait à fleurir, luxuriante et sauvage. Dxun était la preuve manifeste que le Côté Obscur n’était pas la mort : il était aussi une source de vie, une vie dangereuse et hostile, mais que le Jedi avait du mal à juger.

Dxun était un problème théologique de premier ordre.

Ils avaient fini leur repas. La pluie martelait les murs triplés de la station. Le vent hurlait dans les branchages et, souvent, ils entendaient des arbres craquer et s’effondrer dans la jungle. C’était une véritable déchaînement, dans la chaleur humide et pesant de la lune d’Ondéron. Pendant de longues minutes, étendu sur son lit, Karm écouta la tempête, dont la violence lui parut paradoxalement apaisante, parce qu’il en était protégé.

Et puis il sentit Luke tout près de son esprit. Sans rien dire, Karm se redressa, se relever et vint s’asseoir près de son ami, au bord du lit de camp dont les matelas tassés par le temps et les visiteurs étaient devenus si inconfortables. L’obscurité n’était plus éclairé désormais que par les éclairs au dehors, qu’on apercevait par les vitres étroites et renforcées, le long du plafond, et par les voyants des terminaux, mais c’était suffisant pour distinguer les traits de l’Hapien.

Karm tendit la main pour caresser les longs cheveux blonds, avant de se pencher et de déposer un baiser sur le front du Consulaire.

Je t’aime. Fais moi une petite place.

Le Chevalier vint s’étendre à côté de son ami et Luke put se rendre compte que Karm avait abandonné tous ses vêtements.

(Comme d’habitude, certes.)

J’crois que… comment dire…

Évidemment, qu’ils allaient en reparler. Ni l’un ni l’autre n’avait été éduqué à laisser les non-dits et les conflits irrésolus prospérer. La vie d’un Jedi était la recherche du compromis avec les autres membres de la communauté, et tout du moins d’une conversation sereine, et Karm, avec toutes ces idées peu orthodoxes, ne faisait pas exception à la règle.

Disons déjà, poursuivit-il d’une voix douce, une main sagement posée à la taille de l’Hapien, sa tête appuyée sur l’autre, que ça me fait un peu de la peine que tu croies que je puisse pas m’empêcher d’aller voir, ou plutôt, non, c’est pas ce que tu as dit, que tu puisses croire que c’est difficile pour moi. Tu sais… avant te rencontrer, j’avais vingt-six, j’étais… Vierge. Mais genre vierge de chez méga vierge, quoi. Jamais embrassé personne, jamais imaginé non plus que ça aurait pu être une possibilité. J’ai eu des désirs, comme tous les ados et puis les jeunes, quoi, mais vagues et… pas spécialement obsédants.

Désormais, ses désirs étaient certes plus concrets, et ils impliquaient son Hapien favori.

J’ai pas du mal à me retenir. J’ai pas tellement l’impression de me retenir. Sans aucun doute, j’aimerais qu’on fasse plus souvent l’amour, mais je vis pas notre relative abstinence comme une privation insupportable. Sans doute, je considère qu’on devrait pouvoir faire l’amour tant qu’on veut, avec tous les volontaires, mais je comprends bien que mes idées sont pas… communes… et que pour vivre en communauté, il faut savoir s’adapter.

Karm s’était abstenu in extremis de préciser qu’il se voyait très bien faire l’amour avec Luke et d’autres personnes en même temps, dans une vaste communion orgasmique qui les porterait tous ensemble vers les révélations de la Force Vivante, jugeant, avec un rare éclair de perspicacité psychologique, qu’il ne fallait pas trop brusquer le Consulaire.

Ce qui me met… disons pas en colère, mais euh… disons que ça m’irrite, ouais, faut bien que j’avoue que ça m’irrite un peu… c’est que genre tu opposes les principes de l’Ordre à mes désirs. Comme si d’un côté, y avait une philosophie avec une tradition millénaire, et de l’autre côté, y avait moi avec mes ressorts hormonaux. Mais c’que j’dis sur le sexe et l’Ordre et l’amour et notre organisation sociale, c’est pas un dérivé de mes désirs, tu sais. C’est… c’est une philosophie aussi, c’est ma théologie, c’est mes principes politiques. Je sais que c’est pas bien formulé, ni toujours hyper clair, ni complètement systématique, parce que bon, ben, j’suis pas un sage professionnel ni rien, mais… ça n’empêche pas.

Sage ou pas, Karm passait un temps considérable à réfléchir sur la nature et le rôle de l’Ordre Jedi.

Si j’devais vraiment exprimer ce que je pense, genre, tel que je le pense… Sans craindre de choquer ni rien. Juste pour toi, juste une fois. Je dirais que… Ben je pense que l’abstinence est moralement condamnable. Je pense que l’exclusivité romantique et sexuelle est moralement et politiquement condamnable. J’pense que… La création des conditions communautaires pour que chacun puisse s’épanouir sexuellement et romantiquement est une exigence éthique et même théologique, et que y a une incompatibilité fondamentale entre le rigorisme de l’Ordre Jedi sur ce point et la vraie nature du Côté Lumineux de la Force. J’pense que… que l’Ordre Jedi laisse des préjugés réactionnaires et excluants, largement contredits par l’ethnographie, et la médecine, et la psycho, le détourner de ses devoirs envers la Force et de ses devoirs envers les Jedis.

En somme, des opinions qu’il valait mieux attendre pour exprimer d’être enfermés dans une station météorologique, surtout un autre corps céleste et séparé du Haut Conseil par une jungle infestée de prédateurs, une tempête quasi surnaturelle, l’espace et toute l’atmosphère d’Ondéron.

Mais. Mais je sais que c’est des idées qui sont pas largement partagées. Que celles et ceux qui sont d’accord avec moi au sein de l’Ordre sur certains points seraient pas d’accord avec tout. J’sais que… si elles étaient appliquées, elles pourraient pas l’être d’un coup, que ce serait un bouleversement trop important qui créerait de la souffrance et des schismes. J’sais que je suis minoritaire, même peut-être ultra-minoritaire, de ce point de vue, au sein de l’Ordre. Et c’est pour ça que… j’fais des compromis. C’est normal. Je dis les choses différemment. Question de tact.

(Pour une fois que Karm faisait preuve de tact.)

J’suis pas idéaliste dans l’sens où c’qui prime pour moi, c’est pas l’adhérence vertueuse à la pureté de mes idéaux. C’qui prime pour moi, c’est, disons… la santé de ma communauté telle qu’elle existe aujourd’hui. De mon Ordre tel qu’il est à l’époque où je vis. J’ai l’espoir qu’il change, c’est sûr, petit à petit, d’une façon qui fasse du mal à personne. Je pense pas voir jamais de mon vivant l’Ordre Jedi idéal tel que je l’imagine. C’est pas grave. Mais j’veux juste pas que toi tu crois que… que c’est qu’une question de désir pour moi. Que c’est une histoire de frustration personnelle ou je sais pas quoi. C’est des convictions, j’y ai vraiment beaucoup réfléchi, j’ai médité, je me suis documenté et tout, tu comprends ? J’suis pas hyper intelligent ni érudit ni rien, mais j’ai quand même sérieusement bossé la question, c’est ça que je veux dire.
Luke Kayan
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Si lui avait déjà passé ses habits de rechange, Karm avait décidé de les économiser, compréhensible avec cette chaleur, il aurait pu suer. Quelle sagesse ! Mais Luke loin de louer cette idée dont lui pouvait se passer à cause de ses drôles de réactions corporelles (pas de sueur chez lui), était trop concentré sur cette main qui caressait ses cheveux. Le fait que son ami lui dise l'aimer et accepte sa si subtile invitation le remplit de joie, de soulagement. C'était une des raisons qui le faisait tendrement aimer cet homme. Au contraire de Jason, Karm prenait le temps de la réflexion. Dénué (et dénudé) de tout orgueil, il parvenait à passer au-delà des déceptions, des blessures pour offrir le dialogue. Ou du moins, une réconciliation, prémisses qui rendaient toutes les discussions beaucoup plus simples.

Le jeune homme l'écouta commencer, non sans surprise et quelques rattages de battements de coeur. Il n'espérait pas débuter la conversation maintenant, mais c'était sans doute mieux. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement quand il comprit comment ses bonnes intentions pouvaient être interprétées. Il avait été vraiment très maladroit.

- Oh... Je suis tellement désolé d'avoir dit ça... De cette manière. Jamais je n'aurais suggéré. Enfin si je l'ai fait mais, c'était tellement mal dit. Une insulte à tout ce que j'ai pu apprendre. Excuse-moi encore. Je t'ai toujours fait confiance, pas une seule question, sauf peut-être à cause de Noctis car son pouvoir était si puissant que je me suis aussi senti attiré. Mais... Là où je voulais en venir, je crois, c'est... C'est que je pense dans le fond ne pas suffire moralement. Je te demande tant de concessions, j'en fait aussi mais pas assez j'ai l'impression. Comparé à toi ou tes ressentis. Comme si tout n'allait que dans mon sens... Alors je... Je ne voulais pas te retenir auprès de moi, sans vouloir signifier que forcément tu courrais partout, juste pour le physique d'autres. D'ailleurs qui sait, c'est peut-être moi qui le ferait ? - Jusque là preuve en était qu'il avait eu plus de relations amoureuses que Karm, Pas beaucoup, ceci dit il était quand même tombé dans les bras de Jason. Serait-il aussi résistant s'il n'était pas entouré de l'amour de l'Ark-Ni ? C'était facile de lutter en sachant qu'il suffisait de claquer des doigts pour finalemet avoir ce dont on désirait. Luke ne serait probablement pas du genre à chercher ailleurs si tous deux se séparaient, non, cet amour là était définitif, le seul qu'il aurait ou... N'aurait plus, mais il pouvait, devait se poser la question au vue de son historique. Bien plus que son ami qui, sans lui aurait toujours été exemplaire (pour l'Ordre en tout cas).- C'est vrai, j'ai cédé à l'amour avant toi, et je fais parfois ma sainte Nitouche. C'est probablement très hypocrite de ma part. Je m'en excuse encore profondément. Ce qui a été dit n'était pas intentionnel mais... Oui, ça a été dit.

Reconnut douloureusement le jeune homme. Un fond de bonheur toutefois le parcourait, parce que sans s'y complaire, Luke était fier de leur capacité à discuter, de trouver des compromis. Même si là tout de suite, il n'en menait pas large, honteux comme jamais. Sous-entendre que Karm ne pourrait pas physiquement se retenir alors que lui si était très arrogant en plus d'être faux.

- Médicalement. En effet. Tu as raison.

Avoua une fois de plus Luke qui, bien qu'il n'ait guère versé dans ce sujet se rappelait des mots d'Atalan.

- Arrête de dire que tu n'es pas un sage. Au contraire, tu as fait bien plus de chemin que n'importe qui à commencer par moi. Parce que tu ne fais pas un compromis de B à C comme beaucoup de Jedis issus d'une société monogame, mais de A à C. D'abord changer ta vision traditionnelle puis encore une fois à celle plus rigoriste de notre Ordre. De tout à rien. Et ça c'est parce que tu es fort, beaucoup plus que tu ne le penses. Résilient et capable de faire des compromis profonds quitte à changer une nature qui aurait pu être la tienne. Tout ce que tu m'expliques... Je le comprends, je ne vais pas dire que ça ne choque pas avec ce qu'on m'a enseigné, avec ce que j'ai en tête mais... Mais je crois que tu as raison. J'ai pu... Hum... Vérifier que c'est bénéfique. Physiquement, au sein de la Force aussi. Alors je ne sais pas si c'est immoral de se dédier à l'abstinence nais... Mais je peux au moins admettre que ce n'est pas très naturel.

Luke s'essaya à un pâle sourire à la lueur chiche d'une nuit assombrie par l'orage. il se redressa un peu, juste pour redresse la tête en la posant sur sa main, accoudé sur la litière infernale.

- Tu sais, autant pour toi, l'exclusivité n'est pas quelque chose de naturel. Tu fais le compromis mais dans notre société, je veux dire majoritaire, l'homosexualité est presque aussi difficile à être acceptée que la monogamie chez les Ark-Nis. Pas à travers les lois bien sûr, mais officieusement, des gens meurent, des enfants sont insultés, des adolescents qui se découvrent moqués, brimés. J'y ai échappé pace que je suis dans l'Ordre Jedi qui éduque à la tolérance, mais je ne peux m'empêcher parfois de penser que c'est aussi parce que j'ai su me cacher. Moi non plus je n'ai jamais eu de désirs comment dire... Impossibles à surmonter, ceci dit je me suis effondré en découvrant qu'en plus d'en avoir quand même (parce que je crois avec le recul que tous les garçons dont certains beaucoup plus) et de penser que j'étais le seul si faible, si sale, je préférais les hommes. Ça me marque encore je suppose. Mais ça me fais penser à ce qu'avait dit un Maître Jedi, oui oui, un Maître Jedi, celui qui m'a mené sur la voie de la médecine... Il faudrait en parler. Au moins pour que les adolescents cessent de se sentir monstrueux, uniques dépravés.

En s'en souvenant maintenant, le Hapien se rendait compte de la violence de son ressenti. Pour s'amuser, certains jeunes de son dortoir parlaient de filles, évidemment, mais Luke croyait qu'ils provoquaient leurs camarades, comme pour les discussions maladroites à propos des Siths ou du côté obscur. On en parlait mais seuls les faibles, les répugnants cédaient à l'un d'eux, et le blond avait pensé être l'un des seuls à concrétiser ces pensées sur le sexe par des débuts d'élancements bien trop agréables au niveau du bassin. Sa honte, des douches gelées et beaucoup de flagellations mentales l'avaient empêché de recourir à une alternative solitaire. Il ne s'y était jamais essayé mais le début de ce désir l'avait déjà marqué au fer rouge. Incapable de se satisfaire du Côté Lumineux, il avait voulu plus, faisant preuve d'une bassesse matérielle réprimandable pour un Jedi.

La colère si caractéristique du Côté Obscur, c'était envers lui qu'il la ressentait, à lui qu'il se l'était infligée, jusqu'à la haine. Et pour ça s'il s'en était aperçu, Luke aussi s'en serait voulu. Un vrai cercle vicieux, étriqué duquel les Padawans devaient s'extirper seuls, sans personne pour qui répondre à leurs questions les plus "inadéquates".

D'ailleurs, sa vision était distortionnée qu'il en était parvenu à considérer que pour Ellena Caldin siégeant au Conseil et mère, c'était différent. Ses aînés avaient des excuses, ce n'était jamais pareil... Mais lui, éprouver un besoin d'embrasser un autre homme, pas même pour avoir des enfants, c'était contre-nature, interdit, sale et beaucoup plus condamnable que la courageuse Jedi qui avait déjà tant servi l'ordre. Jamais il n'avait réalisé que l'amour des autres était celui auquel il avait le droit.

- Je crois que ça commence à changer. Personne ne m'a rien dit lors de mon adoubement, quand j'ai avoué avoir une relation et ... Et si Thann sait pour nous. je suppose que d'autres aussi.
- Oui il serait temps d'ouvrir un peu les yeux.- Les amis que tu m'as présenté, personne ne nous a rejeté. Je suppose que j'ai diabolisé tout ça, j'ai cru qu'on ne nous accepterait pas. En réalité, c'est moi le plus étriqué, le plus homophobe de tous.


Ah c'était dur de se prendre une leçon d'humilité dans la figure ! Karm avait lutté à contre-courants pour en arriver sans difficulté à lutter contre son éducation de base, lui non. Il avait justement renforcé les pires idéqux qui soient, ceux qui condamnaient l'amour et la tolérance.

- Je sais Karm. Tu as réfléchi là où moi je n'ai pas fait le quart de ce cheminement, simplement parce que c'était trop difficile, que je ne voulais pas et attaquer une frustration personnelle, inexistante, même sous influence du côté obscur était injuste. C'est moi qui me suis convaincu des anciennes traditions sans prendre en compte le changement, le bien-être de notre communauté à notre époque, par pure frustration. Quelque chose m'empêchait de condamner les autres amoureux et heureusement sinon j'aurais touché le fond du puits de la honte aujourd'hui. J'avais cette frustration de ne pas réussir à suivre les Anciens, nos principes de base, ceux auxquels mon maître s'astreint sans difficulté, et je luttais. Je ne dis pas que tout va changer du jour au lendemain, mais je commence à voir. Vraiment. Que tout ce changement pour aujourd'hui ou pour demain peut être positif...

Et non pas juste qu'il devait l'accepter pour que Karm reste à ses côtés, sinon le prôner. Bien sûr son aîné savait que le Hapien ne porterait jamais une banderole arc-en-ciel lors d'une manifestation organisée dans les couloirs du Temple, mais... Mais au moins, il pouvait se décider à parler à des plus jeunes. Enfin, le jour où l'enseignement lui paraîtrait accessible, et peut-être soutenir l'ouverture délicate et douce des moeurs d'un Ordre peut-être vieillot.

Inconsciemment, pendant qu'il avait parlé, sa main avait caressé doucement celle de son ami, puis son bras avant de finir dans le cou. Une idée lui traversa l'esprit et il rougit tellement que même la lumière chiche laissait apparaître la couleur rosée qui décorait ses joues.

- Je ne peux pas tout arranger maintenant, mais certaines choses oui.

Allez, sans honte.

Ou presque vu le cramoisi de sa peau mais au moins, il se lança... Sur un baiser chaste puis qu'il était moins. Au lieu de retenir la sensation de plaisir qui naissait dans son esprit en se rappelant que Karm était nu, le jeune homme essaya de saisir ses sensations au vol, de comprendre et de remarquer combien c'était agréable. Ils avaient le droit de trouver ça beau.

C'était naturel.

Et c'était donc naturellement qu'il invita Karm à le suivre pour un magnifique anniversaire sur une paillasse dure comme de la pierre (en fait c'était de la feraille), au milieu d'une jungle sous un orage en furie.
Karm Torr
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Luke…

Un violent coup de tonnerre fit trembler les arbres tout autour d’eux et, à des kilomètres de là, un rugissement titanesque lui répondit, comme un défi que les monstres créés par la sorcellerie des siths jetaient à la face d’une nature corrompue.

Karm avait interrompu son baiser, le corps pressé contre celui de son compagnon, et sa main s’était égarée sous le haut de Luke, pour caresser la peau de l’Hapien, dont il sentait la présence plus vive et plus claire que jamais dans la Force.

Je suis désolé, tu sais. Parfois, j’ai du mal à…

Le front appuyé contre celui de son compagnon, Karm dut chercher pendant quelques secondes ses mots, pour désigner cette réalité pour lui toujours si fugitive, mais dont il était bien obligé de concéder l’existence chez les autres, faute de la trouver lui-même.

J’ai du mal à me rendre compte ce que ça peut faire, d’avoir des problèmes à accepter tout ça, d’avoir peur du jugement des autres et tout. J’veux dire, intellectuellement, conceptuellement, je sais que ça existe. Que y a des gamins gays qui sont martyrisés, et… Et tout ça. Et je sais que du coup, ben ça implique… ‘fin, ça crée un contexte social qui rend ça difficile à accepter pour soi-même et je pense que c’est normal que tu aies intériorisé ces choses-là malgré tout. C’est pas que t’es homophobe, c’est juste… Y avait pas tellement d’issue ou quelque chose comme ça.

Il y avait quelque chose de paradoxal à constater que plus les années passaient, plus il avait l’impression que les six premières de son existence jouaient un rôle considérable. Une dizaine d’années plus tôt à peu près, lorsqu’il était devenu un Chevalier Jedi à part entière, Karm avait eu plus ou moins l’impression de se fondre dans la masse des jeunes gens de son âge, au sein du Temple, et d’être un Jedi avant d’être un Ark-Ni. Mais désormais, il prenait la mesure de l’influence colossale que ces six ans avaient eu sur ses idées, sur sa psychologie, sur sa façon d’appréhender le monde.

Mais j’veux pas que tu crois que… Non, j’veux pas que tu te dises, plutôt, que tu fais pas assez d’efforts, ou que je me rends pas compte que tu fais des efforts, ou des trucs dans le genre. C’est vrai qu’c’est difficile pour moi à concevoir, ce que tu traverses, parce que je le sens pas à l’intérieur de moi-même, t’sais, ça me vient pas spontanément. Et je devrais être plus attentif à ça, quand on parle.

Entre temps, le haut de Luke avait mystérieusement disparu.
(C’est habile de ses mains, un Gardien bien entraîné.)

À nouveau, Karm referma son étreinte autour du corps du Hapien, pour sentir sa peau contre la sienne, et il se sentait déjà uni à lui dans la Force Vivante, parce que leurs coeurs battaient ensemble, que leurs souffles se mêlaient l’un à l’autre et qu’ils étaient joints par le même désir, le même élan de l’être que le Jedi interprétait comme l’une des manifestations les plus sûres du Côté Lumineux.

Je souffre pas moralement, d’accord, Luke ? Et… je sais que tu fais des efforts. Et même si on s’comprend pas toujours du premier coup, j’ai confiance en notre capacité à s’expliquer au bout d’un moment. Comme j’ai confiance en la capacité de notre Ordre à accepter sa diversité.

Jetons un voile pudique sur la disparition subséquente du pantalon de Luke et les événements qui s’ensuivirent, pour protéger l’innocence virginale de nos lecteurs attentifs et transportons-nous une dizaine d’heures plus tard, dans un futur moins érotique mais non moins athlétique, où nos deux courageux héros, l’un et l’autre habillés de pied en cap, ce qui dans le cas de Karm n’était tout de même pas si courant que cela, étaient occupés à crapahuter dans une jungle que l’orage de la nuit avait rendue boueuse, et passablement encombrées.

Les troncs des arbres abattus par les vents violents exigeaient bien des contorsions, mais à tout prendre, c’était un moindre mal : la foudre avait frappé une vingtaine de kilomètres plus haut pendant la nuit et déclenché un incendie de forêt, éteint par les averses continuelles deux ou trois heures plus tard, mais qui avait chassé une partie des animaux vers l’est. La jungle était donc plus calme qu’à l’ordinaire, même si Karm ne doutait pas que les légendaires prédateurs de Dxun refissent bientôt leur apparition.

Au moins, on va rester moins longtemps.

Ce matin-là, Karm, qui avait goûté un sommeil exceptionnellement réparateur après ses exercices de gymnastique nocturne en tandem, avait constaté en consultant les terminaux que la connexion avec le satellite avait été interrompue par l’orage. Impossible de savoir s’il restait encore quelque chose à récupérer sur l’engin, en sus des données qu’ils avaient déjà téléchargées la veille : il avait donc renvoyé Fugueur en reconnaissance, malgré sa réticence à faire voler la sonde flambant neuve dans l’atmosphère encore chargée d’électricité de Dxun.

Les images du drone n’avaient pas permis de douter : l’orage avait laissé le satellite dans un état déplorable et les Jedis avaient été chanceux d’atteindre la station météorologique pour en récupérer les données quelques heures avant l’orage dévastateur, sans quoi, toute leur expédition eût été veine. Il ne restait en tout cas pas de raison de prendre des risques inutiles pour aller sauver ce qui n’était plus qu’un tas de ferraille et les deux hommes avaient fait demi-tour, pour entamer leur voyage de deux jours en direction de leurs vaisseaux.

L’atmosphère était si humide que leurs efforts pour progresser dans la végétation enchevêtrée leur paraissaient redoublés, mais il était hors de question de s’attarder. Karm tenait absolument, par prudence, à cantonner leur séjour sur Dxun au strict minimum et avoir parcouru la moitié du chemin du retour à la tombée de la nuit.

Dis…

L’Ark-Ni extirpa délicatement un scolopendre qui s’était perdu dans sa chevelure pour le déposer sur le tronc d’un arbre.

… toi qui gères les pouvoirs lumineux de chez lumineux…

Faute d’un meilleur terme.

… il faudrait quoi, à ton avis, pour purifier du Côté Obscur une lune comme Dxun ? Genre… Est-ce que c’est une pure question de temps ou si quatre cents Jedis viennent faire d’un coup je sais pas trop quel rituel de l’apaisement de l’Obscur, ça irait mieux ? Et est-ce que tu crois que c’est… Ben, y a des animaux ici qui sont nés du Côté Obscur, en quelque sorte. Et qui maintenant vivent leur vie. Si on purifiait la lune et qu’ils dépérissaient, est-ce que ce serait moral ?

Rien de tel qu’un débat philosophique pour se distraire des courbatures.
(Sur lesquelles nous jetons un voile pudique.)
Luke Kayan
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Avoir passé la majeure partie de sa jeunesse au Temple avait apporté une certaine stabilité à Luke, sans oublier la protection d'une communauté qui veillait les plus fragiles au lieu de les discriminer. Néanmoins cela n'avait fait qu'augmenter l'influence du regard des autres sur sa personne, la peur du jugement, la crainte d'échouer, de décevoir et de finir seul... La même que presque tout élève grandissant au Temple avait à son échelle.

Si tous les apprentis étaient isolés dans ce lieu de paix prônant sans le vouloir la séquestration des émotions en leur for intérieur, en tant que Padawan du Grand Saï Don, Luke l'avait été d'autant plus. On parlait peut-être parfois filles dans les dortoirs -avec l'expectative du baiser avec ou sans la langue- mais au final, les adolescents d'abord émoustillés par ce goût de rébellion envers le code en revenaient à des considérations plus noires. Personne ne désirait être à la place du fauteur, chacun dans le silence d'une nuit avancée s'inquiétait de savoir s'il ne pourrait plus résister à l'appel de la chair et finalement à celui du Côté Obscur auquel il était involontairement mais irrémédiablement associé.

Finir dans la rue sans toit, décevoir leurs aînés, être répudié, les jeunes Jedis chuchotaient leurs inquiétudes entre amis, mais Luke n'avait eu personne. Les autres avaient sans doute peur que le Hapien rapporte à son chef du Conseil de maître, et puis "de toutes manières Kayan, rien ne l'atteint. Études, études, études" chuchotait-on avec de gentilles moqueries où perçait l'envie. Ça semblait simple pour ce garçon si docile, privé de tentations visuelles ou sentimentales de part sa propre nature. Certains l'admiraient et Luke se sentait encore plus coupable d'être aussi vil. Personne ne savait, il en était persuadé de ses débuts de désirs, tellement contre-natures en plus et il s'était pensé unique en son genre. En apparence le plus éloigné de tout, finalement un des plus fragiles.

Quand Saï Don avait été absent, accusé de meurtre, Luke avait de son mieux soutenu ce dernier en défendant son honneur du haut de ses 13 ans. À son retour, il avait aidé le vieil homme occupé par des soucis qui concernaient l'Ordre entier en étant le plus à la hauteur possible du rôle qu'on attendait de lui : un parfait petit Padawan. Il avait incarné qu'on le veuille ou non, l'image d'un de ces enfants reclus dans cette communauté qui les entraînaient à réfléchir, se battre, aider. Enfin, lorsque le jeune Jedi avait finalement cédé et eu une amourette, son mentor l'ayant surpris n'avait pas crié. Il ne l'avait pas menacé, ni exprimé de regrets ou encore fait la morale, mais sa déception avait percçe le voile sombre qui couvrait le regard de son élève. Une froideur s'était installée entre eux. La seule. Profondément choquante pour Luke qui en avait conçu une idée encore plus négative des affres de l'Amour.

- Moi aussi je devrais être plus attentif à ton passé, à ton histoire lorsque nous parlons.

Parler. C'était en partie ce qui l'avait séduit chez Karm. Ces différences presque caricaturales qui, au lieu de les séparer les renforçaient, parce qu'ils pdialoguaient, essayaient de ses comprendre et, inconditionnellement, s'aimaient. À ses côtés Luke ne vivait que des évolutions positives, parfois difficiles mais il avait tellement changé. À sa manière l'Ark-Ni était un second mentor pour lui. Son compagnon de vie et son meilleur allié pour saisir le monde autour de lui mais aussi pour se comprendre lui-même.

***

Faire la grasse matinée sur Dxun (non parce que Karm et Luke avaient aussi beaucoup dormi pendant cette dizaine d'heures !) était plutôt ironique mais la lune semblait avoir soutenue leur démarche. Elle les avait paradoxalement protégés grâce au violent orage et continuait de le faire. Les coulées d'eau régulières avaient transformé la terre en boue qui colle sous les bottes, rendant l'avancée des Jedis pénibles. Cependant, il n'y avait plus autant de prédateurs, découragés par la perspective de chasser dans ce terrain piégé.

- La lune a trouvé un certain équilibre, vouloir la modifier revient en quelques sorte à vouloir rafraîchir un désert, lieu hostile où survivent des animaux crées pour ça. À la différence près que la Force entre en jeu dans le cas de Dxun, ce qui ne la rend pas aussi stable et neutre qu'un désert brûlant ou des montagnes glacées. La question d'intervenir ou pas est donc légitime. Malheureusement je n'ai pu me documenter que très peu -comptez, dans le langage "Lukenien" une dizaine d'heures acharnées.- et j'ai découvert plusieurs théories sur Dxun. L'une d'elles explique que les animaux, la végétation dépourvues de rage, de haine vivent un processus plutôt harmonieux avec la Force sombre. Chacun sert l'autre équitablement mais, il est vrai que l'essence obscure serait en train de consummer la planète. Petit à petit, de manière beaucoup moins flagrante que sur le corps de certains Siths qui transforment ce partenariat naturel en processus de parasitage. D'un côté, il serait donc immoral d'essayer de purifier Dxun qui a trouvé sa façon de fonctionner, de l'autre ce serait la sauver sur le long terme. Pour se faire, il faudrait un mélange de ce que tu as proposé : un changement constant, dans le temps qui permettrait à la faune de s'adapter sur plusieurs générations... Car une modification brutale reviendrait à lancer un astéroïde sur la Lune, détruire un système qui a mis du temps à s'adapter à l'obscurité et rejette la lumière. Je pense que de nombreux Jedis parmi les plus doués au niveau de la Force, les plus purs au niveau de l'Aura devraient se réunir pour méditer. La technique de l'apaisement de l'obscur semble la plus indiquées mais les études ne sont pas parvenues à évaluer cette situation qui relève de l'hypothétique, donc les chercheurs restent très prudents. Ce serait donc possible mais difficile selon eux.

En résumé, le faire maintenant reviendrait à offrir un remède pire que la maladie et surtout égoïste car finalement, rendre Dxun moins dangereuse nous intéresse surtout nous. Néanmoins, bien que restant prudents quant à cette hypothèse, la lune n'est pas destinée à survivre en continuant sur cette voie. Les animaux les plus fragiles meurent, détruits par les Forces sombres, ce qui fait disparaître les proies des plus forts qui finalement, pourraient s'attaquer entre eux et/ou se détruire avant la fin de la planète. Les plantes y grandissent mais perdraient, toujours selon ces études, en fertilité, force et utilité pour des sols chaque fois plus pauvres. Dxun agonisera... La sauver serait alors moral, mais il faudrait le faire sur le long terme, en injectant de la lumière à ces lieux petit à petit afin de recréer une sorte de changement "climatique" le plus naturel possible. Seule, elle n'est pas vouée à s'épurer puisque les animaux, faute de mieux, pour s'adapter, plongent de plus en plus dans la noirceur. La sélection a toujours tendu à valoriser les individus qui se montrent plus rapides, agiles, intelligents que leurs congénères. Ici le point clé est la Force, donc c'est le Malraa connecté puissamment à la Force Sombre qui est le plus fort, chasse mieux, se reproduit davantage, donc ses enfants le seront encore plus, etc.


Le blond secoua la tête pour chasser un coléoptère de son nez. Il était moins patient que Karm quant à ces bestioles, toujours surpris par leur contact dans sa chevelure ou sur sa peau, et puis il n'avait pas envie de se faire piquer par un minuscule insecte gavé de Force Obscure capable de le tuer avec son venin. Il n'avait confiance en aucune des créatures de la Lune. Fâché l'insecte s'échappa en voletant.

Dxun avait finalement décidé de s'approprier le satellite, désormais condamné à pourrir dans ses entrailles terreuses. Les deux Jedis s'en éloignaient davantage à chaque pas. Luke tourna instinctivement la tête vers l'endroit d'où il pensait être parti.

- D'un autre côté, les Malraas que j'ai rencontré sur Malderon étaient différents, certains avaient même été domestiqués. Un fou droguaient ces animaux sauvages pour les faire charger sur les villageois en guide de vengeance, nuit après nuit. Nous avons passé 7 jours a les combattre Eckthor et moi. Je ne suis pas certain qu'aider ces bêtes soit positif. Même avec la purification de la lune, leurs capacités extraordinaires ne seraient pas altérées, adoucies avant des génération. Certains viendraient les capturer sur ces terres rendues plus accessibles... Je ne sais pas... Je crois que Dxun doit rester ce qu'elle est et nous, la laisser vivre ou mourir en paix en respectant ce territoire.

L'extension du côté sombre était horrible, mais valait-il mieux pour Dxun d'évoluer relativement "bien" le reste du temps qu'il lui restait à vivre ou tenter une opération lourde, véritable chamboulement sur plusieurs années pendant lequel des espèces disparaîtraient (même en faisant attention) ? C'était finalement le même souci éthique que celui d'opérer ou non un vieil homme qui se mourrait d'une maladie sans trop souffrir à qui on pouvait offrir quelques mois avec une chirurgie à risques.

- Comment perçois-tu cette Lune ? Sens-tu un appel au secours ? Un maltêtre chez ses habitants ?

Demanda doucement le blond qui savait combien l'explorateur entretenait un lien puissant avec la nature. Lui aussi l'appréciait mais il ne ressentait pas la moitié des choses que son compagnon devinait sans effort. Dans ce domaine, Luke balbutiait, commençant tout juste à communiquer avec les coccinnelles, les sauterelles et quelques animaux de façon épisodique. La nature était source de fascination mais aussi de crainte chez lui car il tombait souvent, s'emmêlait sur les racines, ne suivait pas ses changements soudains, constants.

Encore une fois Luke chassa un truc rampant qui essayait d'entrer dans sa tunique par les épaules et resserra ses vêtements contre lui. Dxun l'affectait moins qu'hier parce que ses pensées étaient positives. Sa nuit avec Karm l'avait apaisé, adouci. Il s'y raccrochait, se rendant compte que recevoir et donner de l'amour pouvait renforcer la lumière que chacun avait en soi. Ce n'était pas juste un désir égoïste, facile ou non à satisfaire, sinon une barrière contre la noirceur. Cependant, la Lune n'en avait pas encore fini avec eux et Luke ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine angoisse l'envahir lorsqu'il tombait, que ses mains touchaient le sol meuble et remontaient avec un truc louche qui s'y baladait.

Il n'irait pas chercher le nouveau satellite si ce dernier prenait aussi l'habitude de s'égarer !
Karm Torr
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Difficile à dire, avoua Karm, après avoir longuement écouté son compagnon, quand ce dernier l’interrogea sur ce qu’il percevait de la vie des êtres de Dxun. Le Côté Obscur est trop puissant et je le connais trop mal pour comprendre toutes les subtilités de ce qui se passe ici. Les animaux les plus ordinaires sont… ben ils mènent une vie ordinaire, quoi, faite du stress d’être une proie, mais c’est pas tellement différent de ce qu’on observe ailleurs.


Dxun était certes un environnement particulier, mais l’explorateur avait désormais une solide expérience des mondes les plus hostiles et d’autres jungles n’avaient rien à envier à la lune d’Ondéron, quand il était question de la violence de leurs prédateurs.


À moins de se concentrer sur le Côté Obscur, y a pas vraiment de moyen de savoir ce que vivent les êtres les plus… marqués…


L’explorateur avait évité d’utiliser le mot « corrompu », tant il lui paraissait évident que le Côté Obscur faisait désormais partie de l’écosystème de Dxun.


… et disons que c’est pas tellement ma spécialité. Faudrait que je fasse équipe avec une Ombre Jedi pour démêler tout ça. Mais j’imagine… ‘fin, telles que je comprends les choses, hein, le Côté Obscur est pas un mal en soi. Il fait partie de l’équilibre de la Force. Moi, ce que j’ai toujours compris, c’est qu’il fallait éviter de le manier parce que c’était une voie trop dangereuse, parce que c’est lui qui contrôle, et pas nous, et qu’ensuite, c’est la dérive totale. Mais qu’en lui-même, il est… Neutre moralement, en fait, comme le Côté Lumineux. Lumière et Obscurité désignent plutôt notre capacité à appréhender ces énergies avec plus ou moins de sécurité que leur nature profonde.


C’était une vision partagée par bien d’autres Jedis, tandis qu’une opinion contraire, mais tout aussi contraire, tenait plutôt que l’Obscurité et la Lumière étaient des caractéristiques intrinsèques des deux Côtés de la Force et qu’il était essentiel de lutter contre l’Obscurité pour faire triompher la Lumière. Karm, lui, y voyait un problème métaphysique fondamentale : à ses yeux, la Force était nécessairement une et indivisible, on ne pouvait pas lui soustraire l’une de ses parties, et c’était plutôt les manières d’appréhender la Force, qui étaient nécessairement partielles et partiales.


Y a des choses… Y a de la vie, qui est sombre, et dangereuse, et étouffante, et mortelle, mais c’est de la vie quand même. Dxun est pas faite pour nous, c’est sûr, elle est même plus faite pour personne, elle est pleine de violence, mais c’est comme ça. Et je crois qu’il faut faire preuve de circonspection. Chercher à éviter à tout prix le Côté Obscur, je veux dire, à se faire un principe de tout purger, c’est un peu comme chercher la vie éternelle ou le bonheur parfait : c’est un coup à devenir fou et à rendre le monde fou.


Karm haussa les épaules.


C’est pas hyper clair, je sais, mais j’ai du mal à expliquer.


De toute façon, c’était l’heure de la pause : ils marchaient depuis de longues heures et, malgré toute la détermination de Karm à rejoindre au plus vite leurs chasseurs, la prudence imposait de s’accorder une bonne demi-heure de repos, pour déjeuner. Cette fois-ci, cependant, hors de question de s’aventurer dans les arbres pour en cueillir les fruits : les rations énergétiques devaient suffire à leur repas.


Assis sur une souche éventrée par un impressionnant coup de corne dont il était probablement préférable de ne pas rencontrer le propriétaire, les deux Jedis déjeunèrent en silence : ils étaient plongés tous les deux dans la Force, unis étroitement par leur lien singulier, et cette attitude méditative, concentrée, favorisait la récupération. Karm laissait ses pensées se dissoudre dans la Force, comme on le lui avait appris, pour rendre son esprit disponible à ce qu’elle avait à lui dire et à toute la nature qui les entourait. Une vaste quiétude finit par se faire en lui, délaissant les douleurs de la marche et dissipant une bonne partie de sa fatigue. Il sentait la présence du Côté Obscur, immense, tout autour d’eux, qui en appelait à ses instincts les plus primitifs.


Le Jedi finit par frémir et il murmura d’une voix altérée :


On d’vrait reprendre la marche.


Pendant tout l’après-midi, l’Ark-Ni reprit son laconisme ordinaire, trop occupé à scruter leur environnement et à se défaire de l’influence du Côté Obscur pour entretenir la conversation. Plus d’une fois, sur son ordre, les deux Jedis durent se tapir contre un tronc et attendre en silence le passage d’un prédateur, dont la silhouette massive repoussait les débris d’arbres abattus par la tempête.


Ah, tiens, fit Karm au bout de plusieurs heures, alors que l’obscurité commençait à tomber et que le moment était venu de trouver un abri. On fait pousser ça dans le jardin de simples du Temple.


Le Chevalier récoltait quelques poignées de baies sur un buisson de ronces à l’aspect pourtant fort inquiétant. Il les porta vers les narines du Hapien, pour que Luke puisse en humer l’odeur âcre si caractéristique.


Un puissant désinfectant pour les plaies cutanées. Comme quoi, tout est pas hostile, sur Dxun. En revanche, pour cette nuit, on va abandonner les hauteurs.


Ici, les arbres étaient trop souples et trop espacés pour permettre la construction du genre de nid suspendu qu’il avait fabriqué deux jours plus tôt. Les deux Jedis durent marcher encore une bonne heure avant que l’explorateur ne trouve ce qu’il cherchait : un arbre vieux, immense, dont le tronc était éventré. Karm jeta un coup d’oeil à l’intérieur en allumant son sabre pour s’éclairer et toute une colonie d’insectes s’enfuit vers les hauteurs.


Ça f’ra l’affaire, déclara-t-il en s’extirpant de cette grotte d’écorce si exiguë.


Ce serait probablement l’abri le moins confortable de leur voyage, mais Dxun était un environnement plein de rigueurs. Karm tira de son sac à dos un baume qu’il appliqua aussi haut que possible sur toute la circonférence intérieure de la cavité de l’arbre : un puissant répulsif qui devait tenir les insectes à distance. La même précaution fut prise pour l’écorce tout près du sol, sur lequel il tendit par ailleurs la toile repliée de sa tente.


Luke et lui mangèrent le même repas que le midi — la monotonie faisait partie des joies de l’exploration —, avant de se pelotonner dans l’écorce, serrés l’un contre l’autre, tant l’abri était exigu. Enfin, Karm écrasa les baies soigneusement cueillies un peu plus tôt, pour en badigeonner tout le tour de l’ouverture. Là, dissimulés dans l’obscurité, protégées par l’arbre, leur odeur dissimulée par le parfum âcre et insistant des fruits sauvages, les deux Jedis pouvaient jouir d’une relative quiétude.


Et d’un confort à peu près inexistant.
Luke Kayan
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- Tu t'expliques bien, rassures-toi.- Glissa chaleureusement Luke. Il savait que son ami peinait parfois à s'exprimer, mais il était heureux de constater que la majorité du temps, Karm s'excusait pour rien. Il s'était beaucoup amélioré et parvenait à faire passer ses idées mieux qu'il ne le pensait. Quand le discours de son aîné devenait nébuleux, Luke le corrigeait patiemment, mais aujourd'hui le Consulaire n'avait rien à redire. Le sujet en lui-même était très complexe et lui-même n'était pas certain de s'expliquer clairement, mais ils se comprenaient. Avec la formulation d'hypothèses si tortueuses, dans un lieu tout sauf conseillé pour ce genre d'exploration philosophique, il mesurait combien Karm s'était amélioré. Il y avait encore du travail notamment côté confiance car l'Ark-Ni semblait s'excuser d'ennuyer un monde pourtant intéressé par ses théories, mais de beaux progrès significatifs rendaient très fiers son mentor improvisé en la matière. C'était une autre chose de leur relation que le jeune Jedi appréciait : Une évolution commune, chacun dans son domaine le plus faible et qu'ils pouvaient user pour aider leur Ordre et par extension, les gens. Leur véritable mission au final.- Et je pense pareillement. Changer la nature des choses n'est pas toujours bon. C'est arrogance que de croire que l'on doit absolument intervenir pour sauver un lieu qui n'en a vraissemblablement pas besoin.

Luke tourna légèrement la tête, installé sur une hauteur, ainsi, il paraissait embrasser le paysage du regard. En réalité c'était à travers la Force que le Consulaire contemplait Dxun, l'astre terrible qui avait trouvé son équilibre. Auparavant, jamais il n'aurait conçu que le Côté Obscur ne soit pas accompagné de l'étiquette malfaisante. Mais ici, il saisissait que ce n'était que la Force. Une variante dans la façon de s'en approcher, de communiquer avec, certes plus acide, moins harmonieuse comme le démontraient les stigmates d'une Lune rongée par ce partenariat particulier. Et certes, le Hapien ne défendrait pas un être pensant qui l'utilisait, car, imbibé d'espoirs, de sentiments, ce dernier donnait à la Force Obscure une connotation encore plus négative. Mais ce lieu, décidément, personne n'avait le droit de se l'approprier pour le modifier. Ce serait comme essayer de priver un Malraa sauvage de ses griffes. Pure arrogance et mensonge de croire que la bête serait plus heureuse de la sorte. Habitué depuis des millénaires à chasser avec, le Malraa mourrait simplement. Des générations en souffrance suivraient ensuite jusqu'à ce que leur cerveau ne s'adapte, trouve le moyen de vivre sans ces griffes, quitte à devenir végétariens, mais combien d'individus sacrifiés ?

Pour Dxun, la métaphore fonctionnait aussi, bien que son point de vue puisse changer à l'exposition de nouveaux arguments et preuves.

- Rien ne nous empêche d'en parler avec quelques experts, faire le point, mais sans s'acharner. L'équilibre, tu l'as dit, réside dans la coexistence de la lumière et de l'ombre.

De fait, Luke ne pensait pas que les Siths disparaissent, ou alors ce serait aussi la fin des Jedis. Ceux-ci s'autodétruiraient volontairement. Que la nuit, le jour s'éteignent pour laisser place à la brume, car tant que l'Ordre existait, il fabriquerait des Ses'Kai Mora, des Tavaï ou des Eyclone Viawn. Tout comme les "bons" civils continuaient de produire des assassins en série, des êtres maltraitants et des victimes. C'était douloureux à accepter, inquiétant mais plus raisonnable que pourchasser la moindre zone d'obscurité. Pour que les ombres n'existent plus, c'est le soleil qu'il fallait achever, et accepter des jours mornes, pluvieux et nuageux jusqu'à la fin des temps. Qui serait prêt à accepter ça ? Les animaux de Dxun, dénués de trop profonds sentiments ou d'ambitions étaient finalement ceux qui maintenaient le mieux l'équilibre.

***
Le baies avaient une odeur désagréable, pourtant Luke l'apprécia longuement, très heureux d'avoir a sentir ce fumet presque trop âcre. Sans doute gràce à la définition de Karm. Ses plaies avaient beau ne pas inquiéter le Hapien qui, malgré sa constitution fine, n'était pas du genre à se plaindre, il était rassuré de pouvoir les désinfecter. L'idée qu'un parasite ou qu'une infection se logent dans leur corps pour le dévorer de l'intérieur ne lui plaisaient pas trop. La reconnaissance d'un équilibre dans la Galaxie, du droit à chaque être de vivre et de prospérer avait ses limites.

Après un remerciement discret mais plein de chaleur, Luke repris sa route derrière Karm. Il était tout aussi silencieux, concentré sur sa marche difficile. Malgré son goût pour la réthorique, le Hapien savait qu'il y avait des moments pour et sans. Son caractère timide mais aussi sa formation auprès d'un des mentors les plus expérimentés de l'Ordre lui avaient enseigné à ne pas être pédant. Parler, couvrir les mots de ceux qui ne savaient parfois pas les manier aussi bien. Aller au-delà des apparences, fouiller certaines expressions brouillonnes pour y trouver une sagesse bien supérieure à la sienne. Karm et son laconisme avaient achevé sa formation à ce niveau. Le Gardien n'était pas un adepte de la discussion acharnée, pourtant, c'était à ses yeux quelqu'un de sage, d'expérimenté qui appréciait profondément réfléchir.

Force fut de constater que le jeune homme fut ravi d'atterrir dans un abri. La fatigue devenait très pesante et ses membres endoloris par quelques chutes inhérentes à sa situation se faisaient ressentir. De même, ses améliorations n'étaient pas assez significatives pour en arriver au nibeau de l'Ark-Ni. Il manquait à Luke encore beaucoup de travail pour atteindre la forme physique suffisante, sans oublier cette manière spéciale de se déplacer pour s'économiser. Pouvoir suivre le rythme sans trop faire traîner leur mission (certes en partie échouée puisque le satellite avait été foudroyé.) était déjà une chance. Un an avant, peut-être quelques mois, il aurait été incapable de poursuivre de la sorte.

Luke écrasa les baies pour s'en passer sur les mains qui avaient souvent servi à retenir des chutes, tandis que Karm préparait leur abri, expulsant les insectes. Le jeune homme avait aussi attrapé les rations de survie qui serait leur repas. N'ayant jamais été un esthète de la nourriture, ce ne serait pas lui qui se plaindrait d'un plat concentré, rapide à avaler, sans chihis, peu importe le goût. Cette fois affamé -et c'était très rare venant de lui !- le Hapien avala sa ration sans demander son reste après avoir donné la sienne à son ami.

Il était encore tôt mais la nuit tombait si vite sur Dxun, les choses empiraient avec une facilité tellement déconcertante et les abris étaient si difficiles à trouver que le choix de Karm avait été le meilleur. Un juste équilibre entre se dépêcher pour rentrer le plus tôt possible sans gâcher leur énergie et risquer de se faire tuer en prime.

L'écorce était très serrée, le tronc rentrait dans le dos du jeune Jedi mais ce dernier ne se serait jamais plaint. De fait, il préférait ça que la situation de la veille dans la station. Parce que Karm et lui étaient encore "fâchés" au début (même s'ils s'étaient bien réconciliés ensuite ! Signant une jolie trêve.). Au moins, là, ils étaient en harmonie. Serrés comme des sardines, mais ensemble. Luke n'avait pas l'intention de tarder à s'endormir, épuisé et de toutes façons conscient de l'importance d'économiser leur énergie ceci dit, il ne put s'empêcher d'ajouter d'un air enthousiaste (un peu traînant à cause de la fatigue certes.)

- Ma proposition d'hier soir tenait de l'ineptie. -Y penser lui fit honte mais la veille, le jeune homme voulait tellement régler la situation.- par contre on pourrait passer la journée au Temple à préparer le sujet pour l'enclave - Oui, Luke avait le secret pour concocter une journée en amoureux et séduire par ses propositions indécentes !- ou étudier, méditer tranquillement. Et... Euh. Passer la journée ensemble. - Certes, il n'avait pas proposé de s'entraîner au sabre parce que les courbatures risquaient d'être sévères, tout guérisseur soit-il, suite à leur aventure ici.- Dis-moi ce que tu aimerais faire.

Il avait failli dire la nuit, tout à fait consciencieux quant à sa promesse d'améliorer les choses concernant un certain rapprochement physique trop rare aux yeux de Karm... Mais ça c'était encore trop difficile de le dire, bien que sa voix rendue rauque par la gêne pouvait être interprêtée par qui le connaissait très bien. Pour le coup, le Hapien ne s'efforçait pas. Il ne dirait pas non pour recommencer un peu plus tôt que d'habitude leurs retrouvailles physiques, en espérant juste que si ce "quota" augmentait le Chevalier Turquoise ne finirait pas par se lasser de lui. MAIS, il l'avait aussi promis... Se laisser un peu vivre au lieu de toujours s'inquiéter et prévoir le pire. Sa vie, la leur était trop belle pour la regarder défiler en prédisant toujours des ennuis.

Alors que le jeune homme sommeillait, un bourdonnement sourd se fit entendre, très léger, presque inaccessible pour les oreilles d'un profane, mais Luke était un "expert" en ouïe. Du moins, dans les limites de ce que sa race lui permettait. Il réveilla son ami après s'être assuré de ne pas le faire inutilement.

- Un truc marche pas loin de nous, et je ne sens aucun danger... Mais c'est ce qui m'inquiète, je ne sens rien du tout en fait.

S'était-on caché dans la Force pour endormir leur méfiance ? Le geste en soi était très intelligent, mais Luke était trop sensible à elle, à ses réactions pour ne pas percevoir ce manque de réactions justement. Et Karm, avait-il déjà repéré la source ?
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