Karm Torr
Karm Torr
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Hoowowaaarrrryyyk.
Très spirituel.
Rrrgrrraa.

Karm leva les yeux au ciel.

Tu parles le wookie ?
Shyriiwook.
Quoi ?
Shyriiwook, le nom de la langue.
Ah.

Nata, l’Auxiliaire s’empressa de noter — très approximativement — cette information sur son datapad. Fraîchement affectée à l’ExploCorps, à dix-sept ans à peine, celle qui avait décidée de ne jamais devenir Chevalier Jedi, mettait les pieds pour la première fois sur la planète des Wookies. Pour elle, tout était nouveau.

Personne parle wookie à part les Wookies, poursuivit le Chevalier Jedi, rapport à la manière dont est faite leur gorge.
Shhrg waar, confirma la femelle qui attendait à leurs côtés sur la plateforme d’atterrissage.

D’un geste de la tête, Karm interrogea Nata.

Cinq minutes. On devrait apercevoir… Ah, les voilà.

L’adolescente désigna un point dans l’atmosphère, par-delà la frondaison des arbres wroshyr. Ongoorrryyk fit un signe de la main à ses propres assistants et les lumières de guidage s’allumèrent dans les arbres tout autour d’eux, pour aider la navette à localiser la plateforme.

J’espère que je n’ai fait aucune erreur, murmura anxieusement Nata.

Le Gardien jeta un bref regard à son assistante du jour. L’anxiété maladive de la jeune fille était l’une des — nombreuses, hélas — raisons qui l’avaient empêchée de poursuivre son apprentissage de Padawan jusqu’aux épreuves de chevalerie. Les dirigeants de l’ExploCorps avaient jugé que l’auxiliaire ne triompherait jamais de ses démons sans éprouver ses capacités sur le terrain et c’est pourquoi elle avait été affectée aux côtés de Karm pour une mission délicate.

Une mission délicate qui s’approchait de façon décisive.

Quelques années plus tôt, Karm aussi aurait été terrorisé à la perspective de prendre en charge un enseignement de ce genre, mais, depuis, il avait pris l’habitude des salles de classe et surtout des missions de formation en plein air. L’habitude, et le goût.

Umraa waga rgh, insinua Ongoorrryyk.
Pas assez vieux pour ne pas te défier en duel, madame la clowne.

L’immense Wookie et le poids plume échangèrent un regard. Karm se composa son sourire le plus innocent.

Mraw.
Sage décision.

La navette finit par s’engouffrer entre les branchages pour se poser en douceur sur la vaste passerelle, présentant son flanc à la Wookie et aux deux Jedis. La passerelle descendit pour débarquer une petite troupe d’une quinzaine d’apprentis, pour la plupart des Padawans. Après un nouveau geste de tête de Karm, Nata se précipita vers la navette, pour inspecter les caisses de matériel, alors que l’Ark-Ni s’avançait vers ses protégés du jour.

La plupart des Padawans le dépassaient d’au moins une bonne tête, même les humains, et certains avaient une carrure bien plus imposante que la sienne, mais Karm était auréolé du prestige de ses états de service militaire et de l’aura de danger et de mystère qu’on prêtait dans les Temples aux intrépides éclaireurs de l’ExploCorps. Pour tout autre que des Jedis, son physique d’androgyne fragile aurait semblé trancher avec sa réputation, mais les Padawans savaient bien que la Force était une puissante alliée.

Salut.

Une alliée qui ne lui avait pas appris le sens du protocole.
(Ongoorrryyk ricana derrière lui.)

Moi c’est Karm Torr, éclaireur de l’ExploCorps Jedi, et c’est moi qui dirigerais ce week-end de perfectionnement à l’exploration et à la survie dans les jungles. Maître Van Vurbrek qui assurait votre cours théorique a eu un empêchement.

L’Artiodac qui approchait doucement des huit cents ans, une véritable légende de l’ExploCorps, était désormais d’une santé trop fragile pour s’aventurer dans les méandres de Kashyyyk, fût-ce aux niveaux supérieurs.

C’est bon, maître… euh… m’sieur… chevalier…
Karm, suggéra Karm.
Karm.

Nata avait tiré de l’une des caisses d’équipement une espèce de grosse tarentule mécanique qui, une fois activée, déploya ses huit pattes articulées pour grimper au branchage.

Boooonjooouur les p’tits bouts d’choux, gazouilla le droïde.

Karm haussa un sourcil.

Elle a peut-être été trop secouée dans le transport, suggéra l’auxiliaire ?
Mraw kryyk puk, suggéra la Wookie.
Personne tabasse mon droïde, merci bien.

Ongoorrryyk haussa les épaules.

Je suis la Magnifique Sprachnos 3000, votre droïde protocolaire. Je parle sept cents trente-trois langues.
T’as été programmée par qui, Sprachnos ?

Silence.

Magnifique Sprachnos 3000…
Par le splendide et sensuel Chevalier Vulpa.
Ah.
Ses cheveux sont comme l’or du matin.
J’aurais dû m’en douter.
Mraw kryyk puk, fut la proposition renouvelée de son amie.
Hm.

Karm se retourna vers les Padawans et désigna leur hôtesse d’un geste de la main.

Ma pote Ongoorrryyk, qu’est aussi responsable des arborissages dans cette partie de la canopée.

La Wookie fit un petit signe de sa très grande main à la cohorte rassemblée.

Prenez vos paquetages, on a de longues heures de trek devant nous. On va longer la périphérie extérieure de la ville, puis prendre au sud pendant cinq heures, avant de descendre vers le niveau d’en-dessous et d’établir le campement pour la nuit. Rappelez-vous bien votre entraînement et laissez les fleurs tranquilles, j’voudrais pas qu’elles aient des problèmes à vous digérer.

Une série de grognements saccadés indiqua à tout le monde qu’Ongoorrryyk s’esclaffait.

J’plaisantais pas, répliqua Karm d’un ton égal.

Humour ark-ni…
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Helena aimait Ondéron, elle trouvait cette planète profondément magnifique. Et le temple lui offrait tout ce dont elle pouvait rêver. Des cours de qualités, des archives complètes et tellement de choses à explorer. Le conseil lui avait attribué un tuteur qui devait compléter ses cours et la guider. Mais là c'était différent. Les apprentis quittaient le temple pour un cours particulier. Ils étaient un petit groupe et la jeune fille ne connaissait personne. Ca ne la dérangeait pas spécialement, elle aurait tout le temps de faire connaissance durant leur séjour. Elle n'y pensait même pas. Toute son attention était portée sur le vaisseau qui les guida jusqu'à Kashyyyk. Elle l'avait visité en long en large et en travers et harcelée le personnel naviguant de multiples questions.

Quand ils embarquèrent finalement dans la navette qui devait les déposer sur la magnifique planète, elle versa des larmes de joies. La padawan avait déjà vu des holo-images de cette immense forêt, mais aucun enregistrement ne pouvait retranscrire la beauté de ce monde. Elle sécha brièvement les gouttes d'eau qui avaient perlé dans le coin de ses yeux et se rapprocha le plus possible d'une vitre afin d'admirer ce paysage. Ses arbres immenses, ses plages sublimes et ses villes en bois accolées aux arbres. La navette se posa sur une passerelle et ouvrit ses portes. Helena suivit le groupe de manière instinctive tout en écarquillant les yeux sur tout son environnement.

Une personne les salua de la manière la plus informelle possible. Il s'agissait d'un Jedi que l'enfant avait aperçut plusieurs fois aux côtés de Luke Kayan. Dès lors elle s'était renseignée et avait appris son nom et ses états de services. L'homme se présenta en expliquant qu'il donnerait le cours. Ce n'était pas ce qui était prévu à la base mais l'adolescente se réjouissait de la situation. Elle espérait réussir à mieux connaitre son tuteur via une des personnes qui le côtoyait. L'ambiance mise en place par le professeur de survie incita Helena à garder cet esprit et elle lui rendit son salut par un geste de la main en affichant un grand sourire. Elle se ferait certainement lynchée pour ça par les autres jeunes, plus protocolaire.

Le droïde arachnéen et sa façon de s'exprimer fit rire Helena qui tenta de l'étouffer dans ses manches. Elle le trouvait adorable avec ses nombreuses pattes et avait envie de le prendre dans ses bras. Pourtant, la personne la plus magnifique et intéressante, à ses yeux, était la wookie. C'était la première fois que la padawan rencontrait un membre de son espèce et elle voulait lui poser tellement de questions. Malheureusement, elle ne comprenait pas un mot de sa langue et s'empêcha donc de se ridiculiser une fois de plus. Ca ne l'empêcha pas de ré-itérer son geste de la main accompagné d'un sourire chaleureux lorsque l'hôtesse fit un signe à l'assemblée.

Après avoir écouté les consignes, la jeune fille blonde se précipita vers le jedi. Elle lui parla d'un air enjoué, heureuse, tout simplement, qu'elle était. Ses grands yeux verts luisaient d'une lueur rare. On pouvait y déceler la joie et la curiosité.

"Maître! Je suis Helena et je suis ravie de cette expédition! J'ai tellement de questions sur cette planète! Elle est sublime! Magnifique! Est-ce qu'on va se rendre dans la Forêt des Ombres? J'aimerais beaucoup pouvoir étudier un Katarn aussi! Si je peux faire quelques choses pour vous aider n'hésitez pas! J'ai vraiment hâte de découvrir les merveilles de cette planète!"

Elle parlait vite, son enthousiasme l'emportait sur tout le reste. Le chevalier Kayan lui avait déjà fait la remarque qu'elle devait ralentir, prendre le temps d'organiser ses idées avant de s'exprimer. Elle faisait des efforts habituellement, mais ici elle ne pouvait plus se contenir.
Karm Torr
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Ils s'étaient mis en marche. Les branches immenses qui s'étaient jetées elles-mêmes depuis des millénaires d'un arbre à l'autre, pour former un organisme peut-être unique, offraient des routes que les soins des Wookies entretenaient méticuleusement. Dans les niveaux supérieurs de la forêt-monde, on pouvait circuler à son aise : les larges avenues étaient taillées en quelque sorte pour fournir aux massifs maîtres des lieux des chemins faciles et pour de jeunes Padawans à la stature plus modeste, comme pour l'Ark-Ni qui les guidait, elles étaient comme d'interminables boulevards.

Chacun, pourtant, savait pertinemment qu'il n'en serait pas ainsi. Ils étaient ici pour apprendre la survie. La survie, c'était d'abord du danger : on ne survivait pas à l'inoffensif. Aussi les Padawans échangeaient-ils des murmures moitié inquiets, moitié excités : certains tentaient de deviner les intentions de leur guide du jour en observant son expression, tandis que d'autres, qui connaissaient mieux la réputation de flegme impassible du Gardien, s'ingéniaient plutôt à se repérer dans leur décor inextricable.

Nata collait de près Karm, officiellement pour le seconder en toutes circonstances, officieusement parce qu'elle avait un peu peur de se perdre. Pour elle aussi, après tout, cette expédition était exceptionnelle : les quelques mois de son expérience à l'ExploCorps avaient été jusque là employés à des explorations pour ainsi dire plus inoffensives, pour le compte de colonies agricoles, sur des planètes nouvellement conquises, grâce aux bons soins de l'Ordre Jedi. La Wookie, pour sa part, fermait la route.

Une Padawane se détacha du groupe en hâtant le pas pour se porter à la hauteur de Karm, dont le regard passait constamment de la végétation avoisinante à la petite troupe qui le suivait.

J'sais qui tu es, répondit-il quand la jeune fille se présenta.

Les Chevaliers Kayan et Karm partageaient à peu près tout. Karm se gardait de tirer des conclusions hâtives sur la relation naissante entre Helena et son tuteur : Luke avait eu des expériences malheureuses avec les Padawans et l'Ark-Ni n'entendait pas lui mettre la pression en lui présentant la jeune fille comme une apprentie potentielle.

On va p'têtre pas s'aventurer dans les endroits les plus dangereux, non, déclara-t-il, quand la Padawane évoqua le puits météoritique qui nourrissait bien des légendes wookies, et parmi les moins joyeuses.

L'étrange regard turquoise du jeune homme, dans lequel se réfléchissait la lumière tropicale des alentours, se posa brièvement sur la Padawane, comme pour la jauger.

T'inquiètes pas, on va te trouver de quoi faire.

Chaque Padawan, il le savait bien, avait sa manière bien à soi d'aborder ce genre d'expéditions. Certains restaient en retrait, contemplatifs en quelque sorte, et observaient tout, bien décidés à absorber tout ce qui se passait. D'autres tenaient absolument à s'impliquer dès le début, avides en particulier des directives qu'ils jugeaient nécessaires à leur progrès. Autant que possible, Karm avait appris à respecter ces rythmes différents.

Tu vois les lianes, fit-il, en désignant d'un geste de tête les excroissances végétales qui paraissaient tomber depuis la cime des arbres titanesques mais qui, en réalité, montaient des profondeurs de la forêt, en s'enroulant sur elles-mêmes ? On en cherche une assez épaisse pour descendre en rappel.
Descendre en rappel, intervint un autre Padawan, qui devait avoir à peu près l'âge d'Helena, et qui était assez proche pour entendre leur conversation ?

Les mandibules du jeune homme claquèrent trois fois avec une évidente anxiété, avant qu'il ne parvînt à dominer ses émotions.

Est-ce qu'on ne peut pas simplement suivre une branche qui descend ?

Karm haussa les épaules.

Où serait le fun ?

Il y eut un petit rire, derrière eux. C'était une jeune fille qui n'en était pas à son premier cours pratique avec l'explorateur et qui avait appris à apprécier son style quelque peu atypique. Les yeux aux innombrables facettes du premier Padawan fixèrent encore quelques secondes le Chevalier qui lui guidait, puis il hocha la tête d'un air plus assuré, déterminé à se montrer à la hauteur de la situation.

Karm reporta son attention sur la jeune Helena.

Donc, tu vois, le truc, c'est que tu peux pas forcément te rendre compte juste comme ça de la solidité d'une liane jusqu'au niveau inférieur. Bien sûr, tu pourrais d'mander à Sprachnos...
La Magnifique Sprachnos 3000, ne manqua pas de préciser le robot, qui continuait à cliqueter son chemin à travers la végétation sans la moindre difficulté.
... d'aller voir par en-dessous à quoi ça rassemble, mais t'auras pas toujours un droïde aussi mag-ni-fique pour t'aider.
Magnifique et 3000, glissa l'Auxiliaire à côté du Chevalier.
Du coup, faut faire confiance à la Force. Quand tu repères une liane qui parait solide, il faut la suivre avec ton esprit. Estimer sa solidité un peu plus bas.
Comme avec un lac gelé, suggéra le Padawan aux mandibules, en se référant à une expérience familière ?
Exactement comme avec un lac gelé, approuva Karm.
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HJ : J'espère qu'il n'y a pas de soucis si je m'incruste ici en considérant que chronologiquement ce cours se passe plus tard que là où en est actuellement mon perso (sinon Perle ne peut pas encore participer).
Si cela pose un soucis dites le moi par mp et j'effacerai mon post


    Perle avait attendu cet événement avec des sentiments un peu contradictoires. D'un côté, elle ne se sentait absolument pas armée pour un cours de "survie" : elle n'avait quasimment pas d'expérience de la vie sauvage et surtout elle avait peur que son corps ridiculement frêle ne la trahisse. De l'autre, la découverte de l'extravagant et unique biome kashyyykien l'avait excité au plus haut point.
    Elle s'était préparée comme elle pouvait en lisant un maximum sur cette planète, en consultant des représentations holo de forêts bien cartographiées et surtout en dopant son organisme de boosters immunitaires et de fortifiants en tout genre. Elle avait même essayé d'apprendre quelques mots basiques en shyriiwook. Sans grand succès. Elle avait laissé tombé cette dernière tentative après s'être rendu compte qu'elle n'arrivait pas à saisir la subtile différence entre "Wyaaaaaa. Ruh ruh." (Bonjour. Comment allez-vous ?) et "Wyaahaaaah. Ruruh." (La branche est basse. Jolie fourrure.).

    Perle ne connaissait pas beaucoup les autres membres du groupe. Seulement de vue pour la plupart. Tout d'abord parce que son arrivée au temple était encore toute fraîche et qu'elle n'avait pas eu le temps de faire connaissance, mais aussi parce qu'elle était quand même bien plus âgée que le padawan "classique". Les regards curieux que beaucoup lui avaient jeté pendant le transport ne l'avait pas dérangé : elle savait très bien que pour une humaine elle avait une silhouette pour le moins unique. Mais elle aurait préféré qu'ils posent directement leurs questions au lieu de murmurer. Elle avait essayé de plaisanter sur le fait qu'avec sa taille il lui suffirait d'un manteau de fourrure pour qu'on la confonde avec les habitants. Certains avaient souris.


    Pour le moment, même si elle s'inquiétait un peu pour Mignon (son mynock de compagnie) qui avait dû rester au temple, elle ne regrettait pas le voyage. Cette planète était à vous couper le souffle. Une véritable ode à la vie. Il y avait quelque chose de vivifiant à arpenter ces routes végétales anciennes. Quel contraste avec la station froide et métallique dans laquelle elle avait passé la plus grande part de son existance ! Ici, où que se porte le regard : la vie. Elle était tellement fascinée par tout ce qui l'entourait qu'elle portait très peu d'attention aux autres étudiants ou accompagnateurs.
    La jeune femme était concentrée sur une opération de séduction d'un petit lézard qui suivait le groupe depuis un moment quand l'un des padawans les plus âgé eut la prévenance de lui donner un discret coup de coude pour la sortir de son émerveillement et la ramener au monde réel : le chevalier en charge de l'expédition et qui s'était présenté sous le nom de Karm Torr leur parlait de descente en rappel et de la façon de choisir une liane.

    Elle hésita. L'exercice demandé ne lui était pas complètement étranger mais elle doutait tout de même en cas de succès d'être capable de faire la différence entre une liane suffisamment solide et une liane qui cèderait sous son poids. Elle n'avait quitté son îlot de solitude stellaire à 0,2g depuis encore trop peu de temps pour vraiment être en confiance avec les notions de poids dans un environnement de pesanteur ordinaire. Sans parler du fait que les cordes (et encore moins les lianes) ne lui étaient pas franchement familières... Elle était bien plus habituée aux cables métalliques. Quant à l'analogie avec un lac gelé, elle n'en avait encore jamais vu qu'en holo...
    Le constat étant fait, elle décida de s'écarter des consignes en vue d'une solution alternative. Elle s'assit en tailleur, ferma les yeux et fit le vide pour s'harmoniser avec la force. Dans une sorte de méditation légère qui lui était familière (et qui l'avait aidé à ne pas sombrer dans la démence pendant ses cinq années de solitude forcée parmi les étoiles) elle tendit son esprit et ses sens pour englober son environnement immédiat. Il serait plus juste de dire qu'elle s'intégra à son environnement immédiat. La Force était partout, en toute chose. De la façon dont elle voyait les choses, quant on acceptait de faire partie d'un Tout plus grand, on pouvait percevoir ce que percevait ce Tout et dépasser de loin ce qu'aurait pu nous apprendre nos seuls sens.
    Harmonie. S'accorder avec le milieu, l'univers. Et une fois au diapason, ressentir. La branche. Le groupe. Les fameuses lianes. Et la vie. La vie qui grouillait autour d'eux. Le petit lézard de tout à l'heure qui les suivait avec la faim comme motivation. L'oiseau qui voletait non loin en se demandant si cet étrange groupe était un danger pour les petits dans son nid deux branches plus loin. Les insectes qui grimpaient sur sa combinaison à la recherche d'un bout de peau à découvert à piquer. Le rongeur qui galopait sous leur branche à la recherche de fruits...
    Et là-bas, celui qu'elle avait entraperçu un peu plus tôt. Son expert en lianes. L'esprit de la padawan se tendit et alla doucement et affectueusement enlacer celui du primate qui se balançait tranquillement en mangeant un fruit et en observant le groupe d'intrus avec curiosité.
    "Bonjour l'ami", pensa Perle sans avoir réellement recours aux mots. "Si tu devais descendre, quel chemin prendrais-tu ?"
    Elle reçut en retour une sorte de désintérêt face à la question. Le primate n'avait pas envie de descendre pour le moment. Il était à l'abri et avait à manger. Alors pourquoi bouger alors que le bas était plus dangereux que le haut ? Mais Perle insista. Elle voulait descendre. Comment faire ?
    Le simien finit par céder et jeter un oeil plus inquisiteur sur les lieux pour trouver les chemins possibles. Perle suivait son regard qui s'attardait sur les branches et les lianes en sélectionnant les voies envisageables. Elle ne comprenait pas toujours pourquoi il rejetait certains chemins. Parfois c'était évident : la liane était rabougrie, déssechée, pleine d'épines ou encore dangereusement occupée par certains insectes. Mais parfois la raison lui échappait. Etait-ce cette fleur qui l'avait dissuadé ? La couleur de la liane ? La façon dont elle se balançait ? Mais au fond peu importait. L'essentiel était que le primate connaissait son sujet et que les quelques itinéraires qu'il avait retenu en esprit étaient certainement fiables. D'ailleurs, l'un des padawans qui devait avoir réussi l'exercice "normalement" avait sélectionné d'un air décidé l'une des lianes suggérées par son expert velu. Avant de sortir de sa transe, Perle communiqua au primate une bouffée de gratitude et y ajouta la promesse d'une friandise qu'elle laisserait derrière elle sur la branche avant de descendre avec le groupe.

    Elle inspira longuement et rouvrit les yeux en souriant avant d'aller se positionner devant la corde végétale qui semblait avoir eu la faveur de son conseiller simien. Elle sortit une barre protéinée arômatisée d'une de ses poches, la débarassa de son emballage et la déposa à ses pieds. Son engagement tenu, elle se tourna vers les autres pour demander :
- "Est-ce que celle-ci irait ? Je ne dirais certainement pas non à une seconde opinion."

    Elle appréhendait nettement plus ce qui suivrait. Serait-elle capable de suivre le rythme lorsqu'il s'agirait de descendre ? Que se passerait-il si ses traîtres de muscles sous-développés lui faisaient faux bond ? Si son exosquelette dysfonctionnait ? Le chevalier Karm Torr serait-il en mesure de lui éviter une chute fatale ?
Karm Torr
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Alors que les Padawans qui formaient sa fine équipe considéraient, de leurs regards diversement perplexes, les lianes qui étaient censées leur fournir la voie de la couche inférieure, Ongooorrryyk s'approcha de son ami pour, si l'on peut dire, murmurer :

Wraaakrrk nyyk brom.

Le Chevalier répondit d'abord par un sourire malicieux puis, sur un ton dégagé :

Ouais, mais c'est moins drôle.

Nata, la jeune auxiliaire, consulta sur l'écran de son datapad la traduction automatique obligeamment fournie par leur étrange droïde protocolaire.

Comment ça, y a des analyseurs de lianes ?

Quelques Padawans tournèrent vers Karm un regard offusqué, en apprenant que leur travail pouvait être facilité par une machine.

T-t-t, les jeunes, on se concentre, v'z'aurez pas toujours des gadgets avec vous.

Nata baissa la voix mais choisit d'insister :

Comment ça marche ?

Karm haussa les épaules.

C't'un programme qui analyse l'intégrité structurelle de la végétation et extrapole la longueur et la disposition d'une liane à partir des modèles botaniques existants. Rien de bien sorcier.

Nata trouvait cela déjà très sorcier, mais elle s'abstint de faire la remarque, parce que plusieurs Padawans avaient commencé à repérer des lianes qui leur paraissaient approprier. La Wookie s'occupa d'en conseiller quelques-uns, tandis que Karm, lui, s'approcha de la jeune fille au physique atypique, qui le dépassait de plusieurs têtes.

Il avait cru comprendre qu'elle s'était reposée sur la perspicacité d'un indigène de cette jungle inextricable, une méthode qui avait tout pour satisfaire l'ami des animaux. L'étrange regard lumineux de l'Ark-Ni se fixa sur la liane, mais en réalité, son esprit, à travers la Force, voguait aux alentours avec une certaine nonchalance, sans rien chercher de particulier. Il suffisait de s'imprégner du paysage et, en contemplant les passages de tous les animaux, toutes ces circulations parfois invisibles qui se faisaient devant eux, de sentir le tracé de routes secrètes, impossibles sinon à distinguer du reste du décor.

Ça m'parait pas mal, dit-il d'un ton tranquille, avant de tourner les yeux et de prendre le risque d'un torticolis, courageux comme il l'était, en levant le regard tout là-haut, vers le visage de la jeune apprentie. C'est normal d'avoir un peu peur.

Il avait dit ça un ton plus bas que d'habitude, évidemment pour que les autres Padawans ne l'entendent pas. En vérité, tous nourrissaient des appréhensions similaires à celles de Perle, même si celle-ci avait ses raisons particulières. La tâche qu'on leur proposait était intimidante et les légendes qui couraient sur la jungle de la planète n'étaient pas pour les rassurer.

Il y a de la force à reconnaître ses faiblesses et l'Ordre Jedi n'est pas une voie de solitaires.

Les rumeurs qui entouraient la situation exceptionnelle de la Padawane étaient naturellement parvenues jusqu'à lui, mais, fidèle à ses habitudes, Karm ne leur avait pas accordé une attention particulière. Il préférait se faire une idée par lui-même des autres Jedis, plutôt que de se fier au réputation. Peut-être parce que sa propre réputation oscillait entre l'héroïsme et la déviance dangereuse.

Nous sommes une communauté et dans une communauté, quelqu'un peut trouver la voie et une autre peut trouver le geste.

Le regard de Karm glissa vers une jeune Padawane, une Besalisk que tout cet exercice avait profondément décontenancé et dont les huit bras puissamment musclés se balançait avec une nervosité évidente. Elle n'était pas très douée dans la Force, mais c'était une jeune fille intelligente et opiniâtre, et solidement charpentée.

Après avoir formulé cette suggestion silencieuse, le Chevalier promena un regard circulaire sur les autres Padawans et vérifia que quelques lianes avaient été sélectionnés pour les besoins du groupe. Puis il fit un signe de tête à la Wookie. Celle-ci s'élança la première, glissa le long d'une liane avec une souplesse aisée que sa carrure n'aurait pas laissé soupçonner, avant d'atterrir sur une nouvelle branche, une dizaine de mètres en contrebas.

D'un grognement, elle indiqua qu'elle était prête à assurer la descente des Padawans par le bas et Sprachnos, quant à elle, s'était positionnée de son propre chef à mi-chemin, solidement arrimée au tronc d'un arbre par quatre de ses appendices. En haut, Karm, quant à lui, supervisait les départs, deux Padawans à la fois seulement, pour qu'à eux trois ils pussent parer pleinement à toute maladresse.
Yulpi Bepads
Yulpi Bepads
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Cela faisait deux semaines que Yulpi avait intégré le Temple Jedi d'Onderon, et le voilà à assister à son premier cours en extérieur. Quand il avait accepté la proposition du Maître El'Dor, il s'était douté que les choses ne se passeraient pas tranquillement... et il avait eu raison. En deux semaines, il avait pleuré plusieurs fois, généralement le soir, seul dans sa chambre, quand les émotions de la journée retombaient. Il avait rencontré plusieurs Jedis bourrés de préjugés, et dès les premiers jours il avait déjà reçu des menaces de la part d'un stupide Dévaronien de bien dix ans de moins que lui, sans parler des insultes venant d'autres Padawans, ou simplement d'une forme de mépris, certains Padawans refusant de s'entraîner avec lui, ou tournant la tête sans lui répondre en faisant comme s'il n'existait pas. Il y avait des cons partout, pas seulement chez les Siths. Quand ça n'allait vraiment pas, Yulpi allait prendre l'air, ce qu'il n'avait jamais fait quand il avait été chez les Siths sur Korriban ; la planète Onderon n'avait pas la nature aride, affreuse, de Korriban, et la cité d'Iziz, proche du Temple Jedi, était même bâtie en bordure de jungle. Ce n'était pas tout à fait le même climat que là d'où Yulpi était originaire, sur Naboo, mais ça s'en rapprochait pas mal. Vivre à proximité d'une végétation luxuriante était infiniment préférable pour le Gungan au désert de sable et de roche au milieu duquel avait été bâtie l'Académie Sith de Korriban. Et au bout de deux semaines, Yulpi pouvait à peu près affirmer qu'il aimait bien cette planète.

Pour ce premier cours en extérieur, c'est une toute autre planète qu'il allait visiter. S'il voulait voir de la jungle, il allait en voir ! Kashyyyk, connue pour être la planète d'origine des Wookies. Des arbres gigantesques en veux-tu en voilà, du vert à perte de vue, un climat tropical... Yulpi ouvrait de grands yeux émerveillés, retrouvant une âme d'enfant en contemplant le paysage. Mais il n'était pas là pour bayer aux corneilles. Ils étaient plusieurs Padawans à débarquer d'une navette spatiale, il y avait plusieurs Humains mais aussi un Harch, une Besalisk, une Togruta... Yulpi était probablement le doyen du groupe, du haut de ses vingt-huit ans. Avec son bon mètre quatre-vingt-treize, il n'avait clairement pas l'allure d'un adolescent même aux yeux de quelqu'un ne sachant pas lire l'âge d'un Gungan. C'était un jeune adulte. Jeune, oui, mais adulte. Malgré son âge, il n'était resté qu'un Apprenti chez les Siths jusqu'à sa défection ; il espérait au moins ne pas rester trop longtemps au même grade chez les Jedis, mais ça ne faisait que deux semaines qu'il avait été admis au Temple, il ne pouvait pas presser les choses à ce point-là. Durant le trajet, il avait déjà vu deux ou trois Padawans faire des messes basses en le regardant du coin de l'œil, pas besoin d'être extralucide pour deviner ce qu'ils s'étaient dit. « T'as vu, la grenouille bizarre, il paraît que c'est un Sith, il vient d'arriver au Temple... »

En tout cas, il portait la bure jedi. Son sabre-laser avait une lame rouge mais il n'était pas prévu qu'il l'allume durant le cours. Du reste, il avait la parfaite tenue complète du Padawan – certes, pieds nus, mais c'était aussi le cas de la petite Besalisk notamment, et les bottes n'étaient pas règlementaires pour toutes les races.

Les Padawans se mirent en ordre devant leur professeur du jour. Et la mâchoire de Yulpi se décrocha.
Ce Jedi-ci, il le connaissait. Il était justement l'un des rares Jedis qu'il avait pu citer comme faisant partie de ces rencontres s'étant déroulées tout à fait pacifiquement. Il se rappelait même l'avoir d'abord pris pour une femme, et son nom ne lui échappait pas : Torr. Le Chevalier Jedi Torr. Ce dernier allait-il le reconnaître réciproquement, et se rappeler leur échange de ce jour où Yulpi était encore un Sith ?
Torr expliqua que le Maître Van Vurbrek avait eu un empêchement. Ceci expliquait l'effet de surprise. Si Yulpi avait entendu le nom de Torr avant d'arriver sur place, il n'aurait pas tiré cette tronche à cet instant.

Karm Torr, de son nom complet, était assisté par Ongoorrryyk la Wookie – Yulpi espéra ne pas avoir à prononcer son nom – et par Sprachnos 3000. Non : par la Magnifique Sprachnos 3000, un droïde protocolaire arachnéen qui avait une bien curieuse façon de parler et un sens de l'égo assez costaud pour un être mécanique à l'intelligence artificielle censé ne pas avoir de personnalité. Torr fit un trait d'humour sur la végétation locale qui fit visiblement rire Ongoorrryyk, même si en fait, à en croire le Chevalier Jedi, ce n'était pas tant de l'humour que ça.

Yulpi n'osa pas aborder tout de suite Torr. Déjà, il ne savait pas exactement quoi lui dire. Il avait envie de lui parler, mais sans savoir de quoi. Peut-être simplement lui expliquer pourquoi il était là. Torr avait-il été mis au courant qu'un Apprenti Sith venait de rejoindre leurs rangs deux semaines plus tôt ? Ou allait-il être tout aussi surpris de voir le Gungan assister à son cours ? Ou bien l'avait-il juste oublié ? Torr fut déjà abordé par une autre Padawan, une Humaine, puis vint le moment de se mettre en marche. Yulpi rabattit ses longues oreilles sur le devant et enfila son sac à dos, et marcha au rythme des autres Padawans en gardant les mains sur les bretelles. Durant la marche au milieu des arbres, ses yeux se braquèrent sur plusieurs insectes, il chopa un à un avec sa langue démesurée pour les croquer avec gourmandise, sous les regards amusés, interloqués ou écœurés des autres Padawans.

Vint enfin le premier obstacle à franchir : une descente en rappel à l'aide de lianes. Yulpi s'agita un peu. Maladroit comme il était, il sentait très mal cet exercice. Il se rassura en voyant qu'il allait passer après la jeune Besalisk, dont la carrure n'était peut-être pas propice aux voltiges. Alors, si la Besalisk y arrivait, lui, le pouvait aussi, non ? Torr était évidemment occupé à distiller quelques conseils à chacun. C'était peut-être le moment. Dès qu'il eut fini avec un Padawan, Yulpi l'interpella un levant le bras de façon un peu hésitante.

YULPI – Maître Torr ?... Euh...

Bon, il avait voulu ce moment. Autant ne pas bafouiller.

YULPI – Je... euh... hum... Vous... euh... Je... Nous... nous sommes déjà... Enfin je sais pas si vous vous rappelez... Vous me reconnaissez ?... J'étais... enfin, quand nous nous sommes rencontrés, j'étais... eh ben j'étais un Sith, en fait...

Bon, pour ce qui était de ne pas bafouiller, c'était raté.

YULPI – Je... Je le sens pas trop, la descente en rappel, je sens que je vais m'esplataner comme une vieille crêpe...
Karm Torr
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Il y en avait des enthousiastes, il y en avait des circonspects. Certains Padawans s'approchaient des lianes comme si on leur avait demandé de danser un slow avec un serpent constricteur, tandis que d'autres s'élançaient apparemment sans l'ombre d'un doute. Les plus agiles n'étaient pas toujours les plus chanceux : ceux qui avaient pris le temps de soigneusement examiner et leur liane, et leur trajet, s'en tiraient sans grande difficulté, en se laissant simplement glisser le long du végétal.

Parfois, il y avait un cri dans la jungle, bientôt couvert par le bruit des myriades d'animaux qui peuplaient la végétation de la planète. Karm demeurait imperturbable, comme si la mort subite de l'un de ses protégés ne l'affectait guère, mais c'était qu'à chaque fois, l'un des membres télescopiques de Sprachnos 3000, preste et puissant, venait cueillir le maladroit pour le placer sur la branche inférieure. L'échec était une leçon autant que les réussites.

Arrivés à bon port, les Padawans se répandaient en jubilations ou en récriminations diverses auprès d'Ongoorrryyk, auxquelles la Wookie répondait invariablement par des grognements pour la plupart inintelligibles, tandis que la droïde protocolaire était occupée à tout autre chose qu'à traduire l'étrange langage de leur guide.

La branche supérieure se dépeuplait petit à petit.

Et puis Karm fut interpellé par l'un de ses élèves du jour. Le discours nerveux du Gungan fut accueilli d'un haussement de sourcil : c'était à peu près ce que l'Ark-Ni faisait de plus démonstratif.

Bien sûr que j'me souviens de toi.

Il n'avait découvert le nom de cet apprenti singulier, et par le même coup sa présence au sein de l'Ordre, que dans la navette qui l'avait transporté lui-même sur Kashyyyk, lorsqu'il avait consulté le registre complet et définitif de celles et ceux qui s'étaient inscrits au cours. Nata n'avait pas pu répondre aux questions qu'il avait faites à propos de cet élève-là, alors l'imagination de Karm avait dû faire le reste et, au fond, sa surprise n'était pas entière : sa première rencontre avec Yulpi lui avait laissé entrevoir un tout petit peu de ce futur possible.

Avec la simplicité qui était ordinairement la sienne, il dit :

Appelle-moi Karm. C'est mon prénom pour les gens qui sont de l'Ordre.

De la même manière qu'il tendait sans l'ombre d'une hésitation la main à An'ya, il accueillait Yulpi avec une bienveillance que lui dictaient, selon lui, les préceptes de l'Ordre. Il fallait à un ancien Sith une force de tempérament incroyable pour quitter son Empire, toute sa vie, pour rejoindre des Jedis chez qui il n'était pas sûr de ne pas trouver la prison et la présence de Yulpi parmi eux constituait aux yeux de Karm une preuve suffisante de son dévouement.

L'Ark-Ni se tourna vers une liane solide.

Fais pas ton modeste, j'ai déjà été témoin de tes talents d'acrobate. C'est pas une question d'adresse, c't'une question d'agilité. Si tu veux pas te servir de tes mains, sers toi de tes pieds : bondis sur le tronc de l'arbre voisin et sur la branche d'en dessous après.

Il avait dit ça sur un ton qui suggérait que c'était somme toute parfaitement naturel, mais au fond, si ses souvenirs de Yulpi ne le trompaient pas, il était à peu près certain que le Gungan serait à la hauteur de la situation.

D'un geste de la tête, il autorisa Nata à s'élancer à son tour, alors que l'ensemble des Padawans avait quitté la branche. L'Auxiliaire rempocha son datapad, courut vers le vide, y sauta d'un bond infiniment gracieux, avant de se laisser glisser le long du liane comme s'il avait fait cela toute sa vie, pour se réceptionner plus bas avec une souplesse féline. Ceux des Padawans qui avaient considéré l'Auxiliaire comme une inférieure qui n'avait pas su s'élever à la dignité de Chevalier durent ravaler leurs préjugés.

Moi, j'te suggère quelque chose comme ça, conclut Karm, avant de prendre son élan à son tour.

Avec une agilité parfaite et en partie soutenue par la Force, l'Ark-Ni bondit, prit appui cinq mètres plus loin et en contrebas sur le tronc d'un arbre voisin et sauta dans l'autre sens, pour atterrir avec légèreté au milieu des Padawans assemblés.

Mais vous avez pas utilisé de liane, protesta l'un d'eux !

Karm haussa les épaules.

Qu'est-ce tu veux, j'suis un rebelle.
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Elle fut surprise, sur le coup, d'entendre que le maître la connaissait. Mais c'était logique, il était le professeur et s'était renseigné sur les élèves. Ce n'était pas le danger qui la motivait mais l'inconnue. On savait si peu de choses sur cette zone qu'elle espérait ardemment avoir l'occasion d'y faire un tour. Maintenant elle devait descendre en rappel. L'altitude ne lui faisait pas peur et elle était entraînée pour ce genre de mouvement. C'était les lianes qui ne lui inspiraient pas confiance. Comme le conseilla le maître, elle chercha une liane épaisse. Après tout, la jeune fille ne pesait pas bien lourd, mais en rajoutant l'équipement de survie. Un autre adolescent demanda si on pouvait suivre une branche et l'enseignant ne réfuta pas cette possibilité. Souhaitait-il tester le courage des élèves ou bien il cherchait réellement à s'amuser?

"Faire confiance à la Force... Mais on ne risque pas d'endommager la liane? Et si elles ne sont pas d'accord qu'on les utilise?"

Helena comprenait les conseils, il était plus intelligent d'avoir une estimation de la longueur avant de se lancer et de se retrouver coincé à mi-parcours. Mais les lianes étant des êtres vivants, la jeune fille hésitait beaucoup. Elle ne voulait pas se servir d'une plante comme d'un outil et prendre le risque de la blesser. Cependant, la vue de wookie ayant une corpulence et une masse bien plus imposante que celle de la petite blonde se balançant aux lianes comme si c'était naturel la rassura. Ils vivaient en harmonie avec ce monde et la nature les accompagnaient toujours. La symbiose était remarquable ici. Les arbres servant littéralement de ville sans pour autant en souffrir.


Elle se mit en position de méditation et laisser la Force la guider. Elle cherchait à obtenir une sorte de consentement de la part de la flore, afin d'être tout aussi légitime que les indigènes. C'était plus complexe qu'il y paraissait. La forêt était vaste et les wookies avaient habitudes de suivre des rituels spécifiques. Elle, elle n'était qu'une étrangère. Dans ce monde où les insectes étaient plus gros qu'elle, comment pouvait-elle être légitime? Une douce chaleur baignait autour d'elle. Une épaisse liane s'avança lentement vers la padawan et arrêta sa course au creux de sa main. Helena ouvrit les yeux, elle descendrait avec celle-ci. A côté d'elle se trouvait une humaine de grande taille qui semblait tout aussi hésitante que la blondinette. Contrairement à l'étrangère, la jeune fille craignait plus sa propre agilité que le choix de la liane. Elle lui adressa la parole, dans un premier temps pour se rassurer elle-même, puis pour faire connaissance.

"Tout va bien se passer. La Force est avec toi."

Elle s'élança aussitôt. La sensation de son estomac naviguant à l'intérieur de son corps lui fit pousser un petit cri presque mignon. Elle n'avait pas anticipé que la liane allait se balancer, pensait bêtement qu'elle resterait parfaitement stoïque comme une gouttière. La surprise étant passée, elle se re-concentra sur la descente. Les premiers mètres se passaient sans accroc, mais son naturel maladroit prit le dessus. Elle perdit prise et chuta. D'un geste serein, prouvant qu'elle avait l'habitude de tomber, elle dirigea sa main vers la liane qui s'enroula autour de son pied et cessa la chute. L'enfant se retrouvait la tête en bas, sa chevelure dorée pendant dans le vide. Elle éclata de rire en imaginant sa position. Estimant que son lien avec la Force était plus sûr que sa coordination, elle finit le trajet dans ce sens, se servant de la Force pour la faire descendre prudemment. Une arrivée elle serra la plante contre son corps et la remercia de son aide.


Au même moment elle vit le maître Karm bondit d'arbres en arbres. Helena sourit, cela confirmait qu'il n'avait obligé personne à passer par les lianes. Si tout le monde le faisait c'était par conformisme. La réalité c'est qu'il existait divers moyens de descendre et que chacun devait prendre le plus adapté à ses capacités. La survie c'était aussi ça, ne pas se surestimer. Décidément, cette sortie serait très instructive. En plus, certains apprentis sortaient vraiment du lot, la jeune fille avait très envie de faire connaissance.
Karm Torr
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Personne est mort, constata Karm d'un ton égal, pédagogiquement, c'est un bon début.

Certains Padawans peu familiers de l'humour pince-sans-rire de l'Ark-Ni échangèrent un regard incertain, alors que celui-ci reprenait à nouveau le chemin, épaulé par Nata, ouvrant une marche en file indienne sur une branche plus épaisse, tandis que la Wookie qui les chaperonnait également fermait le défilé. La droïde protocolaire, elle, continuait à progresser de ses huit pattes comme un étrange arachnide.

Les Padawans comprirent rapidement qu'après l'épreuve d'agilité, l'heure était venue d'une épreuve d'endurance. Pendant deux heures, ils s'enfoncèrent dans la végétation, suivant la branche qui les guidait dans un chemin sinueux et capricieux à travers des frondaisons parfois si impénétrables que l'arbre lui-même semblait les contourner. Il fallait constamment monter et descendre, faire attention où l'on posait le pied, se rattraper in extremis, ou bien être rattrapé par les bras tentaculaires de la vigilante Sprachnos.

C'était un exercice difficile, que la chaleur de Kashyyyk rendait pénible, et il n'était accompagné d'aucune explication. Mais à leur âge, la plupart des Padawans savaient déjà que le silence d'un Jedi valait enseignement : il était une invitation à se concentrer sur ce que l'on faisait et à observait ce qui entourait. Karm voulait que les jeunes gens se familiarisent avec leur propre fatigue, comprennent intimement les gestes et la démarche appropriés à leur aventure forestière et considèrent la jungle inextricable tout autour d'eux.

Lui-même progressait sans difficulté apparente, ses pas le conduisant avec une légèreté insolente et une parfaite indifférence aux obstacles, preuve s'il en fallait qu'un entraînement rigoureux pouvait permettre de triompher des difficultés du terrain. Plus surprenante était peut-être l'aisance d'Ongoorrryyk, qui malgré sa silhouette massive progressait avec une agilité irréprochable.

Après deux longues heures de marche pendant lesquelles les Padawans passèrent sous les regards parfois étrangement insistants d'une faune dont les intentions n'étaient pas faciles à décrypter mais qui, peut-être à cause de leur nombre, ou bien de la présence de la Wookie, ne parut pas décidée à les attaquer, Karm fit signe de s'arrêter.

C'est l'heure du casse-croûte.

Cette déclaration fut accueillie par un concert de soupirs soulagés et quelques gargouillis de bon ton. La satisfaction passée, les jeunes gens comprirent que cette pause présentait des difficultés nouvelles. Comment, exactement, étaient-ils censés s'installer sur une branche étroite pour se reposer ? Quelle vigilance devait-il adopter ? Fallait-il des tours de garde ? Était-il prudent de sortir de la nourriture ?

L'étrange regard de l'Ark-Ni les observa à tour de rôle, alors qu'ils se rendaient compte petit à petit de la situation.

Des suggestions, finit-il par demander ?
Si on se met à manger, fit une Padawane après avoir levé l'une de ses (nombreuses) mains, on va attirer des bêtes sauvages, à cause de la nourriture.
Qui vous dit que vous êtes pas déjà de la nourriture attirante ?

Les Padawans se regardèrent les uns les autres, en comprenant que c'était peut-être eux, dans cette histoire, le casse-croûte.

Mais en même temps, si on ne mange pas, objecta un autre, on va être affaibli et ce n'est pas trop prudent non plus.

C'était un argument de poids, et surtout du poids de leur estomac, et plusieurs adolescents hochèrent vigoureusement la tête.

Si... euh... je peux ?

Karm encouragea le Padawan un peu timide d'un hochement de tête.

Si des bêtes féroces auraient voulu nous attaquer, elles l'auraient fait avant. Ou, en tout cas, elles le feront qu'on se mette à manger ou pas. Alors si on mange et qu'on attire d'autres animaux, on peut peut-être simplement partager. Un compromis. Et une manière de créer une communauté.
Ben ouais mais si après vous avez plus assez de vivres pour le reste du voyage ?
On peut, euh... en trouver dans la nature, hasarda le jeune homme, l'air à peu près aussi sûr de lui que si on lui avait demandé de concevoir un réacteur de chasseur.

Ongoorrryyk, pour sa part, peu concernée par les angoisses de survie des Padawans, observait le débat en engloutissant des poignées de fruits secs et de noix tirées de sa ceinture.

Bon, les jeunes, qui a une stratégie à proposer pour se reposer sans se mettre en danger ?
Yulpi Bepads
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KARM – Bien sûr que j'me souviens de toi.

Yulpi hocha la tête, sans savoir en fait si c'était vraiment une bonne chose. Si Maître Torr se souvenait de lui, alors il se souvenait d'un Sith, avec qui il avait certes pu échanger quelques mots sans aucune animosité, mais d'un Sith quand même. Alors il pourrait naturellement éprouver une certaine méfiance envers lui, le garder à l'œil ou être plus sévère ou plus distant, n'importe quelle attitude qu'il n'aurait pas eue si Yulpi avait été un Padawan comme n'importe quel autre.

KARM – Appelle-moi Karm. C'est mon prénom pour les gens qui sont de l'Ordre.

Yulpi hocha la tête, cette fois-ci avec plus d'entrain. Il venait d'avoir le message suivant : Maître Torr faisait fi de son ancienne allégeance et le considérait comme un membre de l'Ordre à part entière. Cette considération fut accueillie par le Gungan comme un signal de bienvenue. Il se permit donc d'afficher un sourire heureux et soulagé. C'était d'autant plus important pour lui que depuis son intégration au Temple Jedi, il avait pu voir que tout le monde n'avait pas ce point de vue. Plusieurs Padawans se tenaient à distance de l'ancien Siths quand ils connaissaient son passé, et Yulpi avait toujours en travers de la gorge la conversation avec un Chevalier Jedi qu'il n'était pas prêt d'oublier à cause de son apparence arachnéenne. Alors chaque marque de bienvenue était bonne à recevoir.

KARM – Fais pas ton modeste, j'ai déjà été témoin de tes talents d'acrobate. C'est pas une question d'adresse, c't'une question d'agilité. Si tu veux pas te servir de tes mains, sers-toi de tes pieds : bondis sur le tronc de l'arbre voisin et sur la branche d'en dessous après.

Maître Torr se souvenait bel et bien de lui, Yulpi en eut la preuve quand il fit allusion à ses talents d'acrobate.
Quant à se servir de ses pieds plutôt que de ses mains, voilà qui parlait on-ne-peut-mieux au Gungan !
L'assistante de Maître Torr s'élança à son tour à ce moment-là. Son saut, sa descente, sa réception, tout sembla parfait, exécuté avec grâce. Yulpi fut vert de jalousie. Si seulement il pouvait s'y prendre aussi bien et éviter de se ridiculiser devant tout le monde ! Mais Maître Torr venait de lui donner un conseil, et il en fit la démonstration sous ses yeux. Au lieu de se laisser glisser le long de la liane comme venait de le faire son assistante, il ne s'en servit même pas. Ses jambes travaillèrent plus que ses bras pour se servir d'un tronc d'arbre comme appui. Un élève reprocha même à Maître Torr de ne justement pas avoir utilisé de liane pour cet exercice de demande en rappel ; mais en même temps, lui, il n'avait rien à prouver.

Yulpi se dit qu'il serait tout de même judicieux de se tenir à une liane par sécurité, car tout acrobate qu'il était, il n'avait pas l'habitude de sauter d'arbre en arbre. La forêt de Kashyyyk était un terrain particulier. Yulpi souffla un bon coup, attrapa fébrilement la liane, alors que plusieurs élèves déjà en bas avaient leur regard posé sur lui, fixa le tronc d'arbre en face, calcula son mouvement et s'élança. Il poussa un petit cri à mi-parcours en l'air, et tendit les jambes en avant. Ses pieds nus rencontrèrent l'écorce et ses genoux amortirent parfaitement le choc.

La première partie du saut sembla parfaite, et trop parfaite justement... et ça ne pouvait pas rester si parfait. Le rebond de Yulpi fut approximatif, et quand il se rendit compte de son erreur, le Gungan eut en plus la maladresse de lâcher la liane d'une main. Son corps partit en oblique sous l'inertie du rebond qu'il venait de prendre, et il se vit arriver tête la première vers un autre tronc d'arbre. Et amortir les chocs avec sa tête, ça, il ne savait pas faire.

En panique, il lâcha totalement la liane, pour modifier sa trajectoire, descendant vers une branche, à laquelle il s'agrippa de justesse avec les deux mains, en criant. Son cri de panique se prolongea jusqu'à ce que ses pieds rencontrassent un autre tronc d'arbre, encore un peu plus bas, et qu'il pût encore sauter en reprenant un peu le contrôle de son mouvement. Il piqua vers le sol et atterrit finalement avec une roulade parfaite. Il se releva prestement pour montrer qu'il ne s'était pas blessé, et écarta les bras, victorieux... une branche feuillue lui barrant le museau.

YULPI – Ta-daaaaaa !

Yulpi se débarrassa de la branche sous les gloussements de quelques autres élèves, puis leva le regard vers son point de départ. Pfiou, il s'en était bien tiré ! Le premier élan avait été parfait, tout comme la réception au sol, mais c'est tout le reste qui était parti en cacahuète. Le Gungan était l'un des derniers élèves à être descendu, et une fois tout le monde au sol, Maître Torr constata avec un humour peu à même de rassurer :

KARM – Personne est mort, pédagogiquement, c'est un bon début.

La “promenade” se poursuivit avec un trek qui permit à chacun de se remettre de ses premières émotions. Une bonne marche de deux heures au milieu d'une végétation luxuriante, magnifique, où les Wookies évoluaient avec l'aisance de singes. Yulpi se sentait bien ici. Ce trek de deux heures ne lui déplut pas, lui qui avait déjà passé des jours à se promener dans les forêts marécageuses de sa Naboo natale. En seulement plusieurs jours, que ce soit à Iziz, sur Onderon, ou ici, quelque part sur Kashyyyk, Yulpi avait vu cent fois plus de végétation, de forêts plus ou moins sauvages, qu'en plusieurs années du temps où il avait été Sith. Korriban était une planète affreuse. Et dans un tout autre style, Nar Shaddaa l'était tout autant, pour y avoir effectué quelques missions et s'y être rendu populaire dans une arène à force de passages.
Alors oui, même si deux heures de trek en pleine forêt sauvage pouvaient être éreintantes, Yulpi fut très clairement de ceux à le mieux les supporter. Mieux que cela, il les apprécia. Il se sentait comme sur Naboo. Il respirait. Il se sentait vivre. Et il n'oubliait pas de se laisser aller à son péché mignon : en deux heures, il put en gober, des insectes ! Sa langue n'eut de cesse de darder les malheureux bourdonnants qui passaient un peu trop prêts de lui. Il s'attira encore des regards écœurés de certains élèves, mais à ce stade, il s'en foutait, c'était trop bon ! Il ne pouvait pas se retenir, c'était plus fort que lui. Pendant les deux heures de trek, sa langue travailla presque autant que ses jambes.

Quelle ironie quand Maître Torr proposa une pause pour le casse-croûte et demanda des suggestions ! Yulpi était peut-être le seul à ne pas avoir particulièrement faim, ayant eu de quoi se nourrir tout au long du trajet. Il pouvait remercier la Force ou quoi que ce soit, pour être né avec une langue trois fois plus longue que la moyenne ; les Gungans avaient normalement une langue étirable à un mètre, mais celle de Yulpi atteignait une cible à trois mètres. Un sacré avantage ! Cette longueur n'était toutefois pas la seule particularité, puisque la sécrétion à l'extrêmité se trouvait être extrêmement plus collante aussi, ce qui avait déjà causé des situations fort gênantes, et continuerait d'en causer à Yulpi.

A part trouver de la nourriture, l'autre problématique était la sécurité pour la nuit. Yulpi n'avait pas besoin de trop réfléchir à ça, lui qui avait déjà fait des expéditions sur Naboo en dormant à la belle étoile.

YULPI – Bah là on est nombreux, donc déjà l'avantage c'est qu'on peut faire des tours de garde. Il suffit de se servir de tout ce qu'on peut trouver pour faire quelques pièges qui nous alerteront si une grosse bête s'approche trop près, et ça complètera les tours de garde. Et pour les petites bêtes, faut juste éviter de dormir à même le sol. Enfin, la base, quoi.
Karm Torr
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OK, des petits pièges.

Cette perspective partagea l’assemblée de Padawans en à peu près deux catégories : il y avait ceux que la perspective de bricoler mettaient en joie et qui s’étaient tout de suite mis à imaginer des systèmes plus ou moins exotiques pour circonvenir les fauves les plus sauvages et ceux qui n’avaient pas exactement l’âme de trappeurs et qui promenaient tout autour d’eux des regards incertains.

Et puis il y en a une pour lever le tentacule.

Mais… monsieur le chevalier professeur Karm ?
Juste Karm, ça ira, je crois.
Ah. Oui. Oh. Bon.

La peau squameuse de la jeune Padawane passa par toutes les nuances de vert.

On va vraiment tendre des pièges ?
J’sais pas. Qu’est-ce t’en penses ?
Ben…

La jeune fille promena trois yeux globuleux et inquisiteurs sur ses camarades, sans vraiment oser fixer le Gungan dont émanait la proposition.

Pourquoi on ferait du mal aux animaux, finit-il par dire, après avoir pris son courage à deux ventouses ?

Il y eut un murmure dans les rangs. Certains Padawans n’avaient pas envisagé la question sous cet angle et, tout bien considéré, ils n’étaient pas certains d’être très à l’aise à cette perspective. Que les pièges eussent été proposés par un ancien Sith n’arrangeait rien à l’affaire. Peut-être prenait-il un plaisir sadique à torturer d’innocentes créatures ? Il n’y avait qu’à le voir malmener les insectes du coin.

Alors, n’empêche…

Un garçon venait de faire un pas en avant.

… je trouve quand même qu’on a le droit de se défendre, non. Si on se fait attaquer ?
Oui mais des pièges, c’est pas se défendre. C’est attaquer.
C’est attaquer, des pièges, intervient un autre garçon, que l’idée laissait perplexe ?

Un débat commença à s’agiter autour de la question, sous le regard perplexe de la Wookie, qui ne partageait pas la sensiblerie des Jedis. Karm, lui, était tout à fait satisfait de la tournure que prenait la situation. Il fit un signe de tête à Nata qui, plus habituée que l’Ark-Ni à forcer sur sa voix, lança d’un ton fort :

On se concentre !

Ce fut à peine si les Padawans ne se rangèrent au garde-à-vous.

OK. Voilà ce qu’on va faire. Vous six, là.

D’un geste de la main, il désigna les Padawans qui avaient l’air de s’intéresser à la question des pièges, pour ou contre. Il avait englobé Yulpi dans le lot.

Vous allez débattre du bien-fondé d’installer des pièges, de ce à quoi ils devraient ressembler et de comment procéder. Vous avez une demi-heure pour arriver à une décision qui satisfasse la majorité d’entre vous et un plan d’action. Vous, là…

D’autres Padawans furent désignés de la même façon.

Vous êtes chargés d’organiser les rondes. Réfléchissez à la fréquence, au nombre de personnes à impliquer, au périmètre à couvrir, à ce qui constitue un danger ou non.

Enfin, un troisième groupe de (plus ou moins) volontaires fut encore formé.

Et vous, la nourriture. Est-ce qu’on utilise les rations ? Est-ce qu’on essaie de trouver quelque chose dans l’environnement ? Est-ce que les odeurs sont dangereuses ?

Nata n’était pas très familière des méthodes pédagogiques du Chevalier qu’elle assistait ce jour-là mais, prompte à comprendre, elle précisa aux Padawans :

Ce sont des sujets qui sont en partie couverts par les régulations de l’ExploCorps, auxquelles vous pouvez vous reporter sur vos datapads, mais n’oubliez pas qu’il faut souvent être créatif sur le terrain.

D’un regard, elle interrogea Karm, pour vérifier qu’elle n’avait pas pris une initiative malheureuse, mais l’Ark-Ni lui adressa un imperceptible hochement de tête et les Padawans purent se mettre au travail. Le Gardien était convaincu qu’à leur âge et à leur niveau, l’intelligence collective, le débat et la controverse étaient encore les meilleurs moyens de progresser : ils avaient beaucoup appris, mais ils avaient besoin désormais de prendre des responsabilités et de forger leurs capacités analytiques sur le terrain.

J’te les confie quelques minutes, murmura Karm à l’Auxiliaire, avant de retrouver la Wookie.

Ensemble, le Jedi et leur guide disparurent dans la végétation. Le débat avait bien des vertus, mais Karm voulait s’assurer que les Padawans jouissaient malgré tout d’une relative sécurité et que, pour l’heure, l’exercice quasi démocratique ne se transformerait pas en lutte acharnée contre une fauve sauvage. Mais un rapide tour de reconnaissance lui confirma qu’à ce niveau, les couches supérieures dans la danse forêt planétaire restaient vaguement hospitalières.
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L’excitation laissa progressivement place à la fatigue, cela faisait quelques heures qu'ils marchaient et escaladaient. La vigilance exigée par l'environnement ne laissait pas le temps de profiter de la sortie. Un regard furtif en direction des tuteurs confirma qu'ils étaient à l'aise dans cet environnement. Helena tenta de ne montrer aucun signe de fatigue pour prouver qu'elle méritait sa place ici et qu'elle ferait une bonne jedi, pourtant elle ne put s'empêcher d'exprimer son soulagement à l'annonce de la pause. La padawan s'apprêtait à sortir une ration lorsqu'une autre prononça une mise en garde. Elle ferma donc son sac avant d'entendre qu'ils étaient sûrement déjà de la nourriture. Elle haussa les épaules en pensant qu'il fallait mieux mourir le ventre plein, elle ouvrit de nouveau son sac. Elle observait les autres padawans se prendre la tête et débattre tandis qu'elle profitait de portion, tranquillement assise là où elle pouvait, balançant ses pieds dans le vide comme une enfant.


Il fallait réfléchir à une stratégie pour se reposer tranquillement. Étrangement, Helena ne se sentait pas en danger sur Kaashyyk. Était-ce son affinité avec la nature ou la présence du maître jedi? Peut-être bien son inconscience naturelle et sa naïveté à toute épreuve. Quoi qu'il en soit, le sujet portait à réflexion. Dans une forêt "classique", se mettre en hauteur, se réfugier dans les arbres, permettait de se protéger de la plupart des prédateurs. Sur cette planète ce n'était pas le cas. Il suffisait de voir la taille des insectes pour être convaincu. Elle tourna la tête vers le gungan, espèce qu'elle ne connaissait pas du tout, quand il parla de piège. L'idée était bonne et pouvait éviter de blesser la faune. L'adolescente se rapprocha de l'être à la langue élastique et fut intégré d'office dans le groupe des pièges. Elle haussa les épaules et sourit à l'ancien Sith.

"Bonjour! Moi c'est Helena! Enchantée de faire ta connaissance! Je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi, tu viens d'où? Comment tu t'appelles? C'est toi qui as fait ce magnifique atterrissage tout à l'heure? Non? Magnifique! Très réussi! J'ai beaucoup apprécié! Sinon j'avais envisagé des pièges sonores et effrayants. Je ne voudrais pas blesser qui que ce soit, du coup il suffirait de créer un périmètre, qui une fois franchi, provoquerait beaucoup de bruits. On sera alerté et la plupart des animaux fuiront!"

Comme à son habitude, quand son enthousiasme prenait le dessus, elle parlait à une vitesse approchant celle des musiciens underground de Coruscant. Les questions et les idées se bousculaient dans sa tête. Elle avait hâte de faire connaissance, de se faire de nouveaux amis et de continuer cette aventure. Elle regarde le Gungan une fois qu'elle eut fini son monologue et baissa légèrement la tête.

"Ah ah ah, je suis désolée, j'ai tendance à m'emporter! Je suis ravie de faire ta connaissance!"


Finit-elle par dire en tendant sa main.
Karm Torr
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Orgg yyrkkr aargh.
Vingt-neuf ans. J’ai vingt-neuf ans.
Raagh.
Ouais ben c’est déjà hyper mature, pour mon espèce, je te ferai dire.


La Wookie laissa échapper un petit rire (suppose-t-on), du haut de ses soixante-dix ans, la fleur de l’âge, alors qu’elle émergeait aux côtés du Jedi, après leur ronde de reconnaissance. Ils étaient revenus au vaste embranchement, comme une place opportunément ménagée par les arbres au milieu des frondaisons, où les Padawans s’activaient, sous l’oeil vigilant d’une Nata peut-être un brin dépassé par la situation.


La vérité, c’était que la mission de Karm, ce jour-là, était tout autant de transmettre quelques techniques de survie à ces jeunes gens qui passeraient pour certains dans quelques mois à peine les épreuves de la chevalerie que d’estimer la capacité de l’Auxiliaire à remplir seul des missions pédagogiques plus complexes que celles qu’on lui avait jusque là confiées.


Ah, vous êtes de retour, fit l’intéressée avec un soulagement palpable, alors qu’elle venait d’aider une Padawane à raffermir sa poigne sur une vibrolame, pour éviter que la confection de pièges ne se transforme en amputation malencontreuse.
Ça roule ?
Euh…


Nata promena un regard circulaire tout autour d’elle.


Oui…, fit-elle, d’un ton plus interrogatif qu’assuré, en cherchant l’approbation dans l’indéchiffrable regard de l’Ark-Ni ?
Cool, se contenta de répondre Karm.
Beuargh, renchérit aimablement Ongoorrryyk.


Délaissant l’Auxiliaire, Karm entreprit un tour des trois groupes, pour faire le point sur la réflexion. Dans celui qui s’était dévolu à la gestion de la nourriture, un jeune homme qui n’était pas très loin de devenir chevalier s’était imposé comme chef d’équipe et distribuait les tâches avec une rigueur militaire qui n’était pas sans rappeler l’idée très hiérarchique que se faisaient certains Jedis de l’Ordre.


Personne ne protestait, au demeurant, probablement parce que bon nombre de ses camarades étaient soulagés de trouver dans son attitude assurée la réponse à leurs propres doutes. Il avait l’air de savoir ce qu’il faisait, alors s’il y avait une évaluation, ils auraient certainement tous une bonne note. Pas vrai ? Karm, en tout cas, observa quelques instants la marche bien réglée de l’équipe, sans faire le moindre commentaire, tandis que le Padawan en chef, qui n’avait au bout du compte que quelques années de moins que lui, affectait de ne pas se rendre compte de son regard, pour paraître encore plus sûr de lui.


Quelques mètres plus loin, d’un tacite accord, le groupe qui s’occupait des rondes avait mis sur pied tout un système un peu complexe, fait de périmètres entrecroisés et de minutages presque névrotiques. Certains des Padawans qui l’avaient rejoint par la force des choses n’avaient pas l’air de comprendre précisément où ils étaient censés aller et quand, malgré les explications nombreuses — et alambiquées — de ceux qui avaient imaginé la chose.


Mais si, insistait une adolescente dont les quatre antennes commençaient à frémir d’impatience. C’est une question de quarts de cercle décalés de cinq degrés à chaque fois qu’on couvre par tranches de cinq minutes…


Le Rodien auquel elle fournissait ces précieuses explications n’avait pas l’air exactement illuminé par la chose.


Plus loin encore, on fabriquait des pièges. Karm retrouva Yulpi en compagnie de la jeune humaine qui s’était inquiétée du bien-être des lianes. Ses yeux qui réfléchissaient la lumière du soleil de l’après-midi perçant à travers les épais feuillages de Kashyyyk s’arrêtèrent sur Helena alors qu’elle finissait d’expliquer ses projets d’alarmes sonores.


Les trois autres Padawans du groupe, qui s’étaient lancés dans la confection de filets, s’arrêtèrent pour fixer le Chevalier, attendant sans le dire qu’il tranchât entre leurs idées de capture et celles d’Helena.


Me r’gardez pas comme ça, fit Karm au bout de quelques secondes. Dites-moi plutôt c’que vous en pensez.
Ben, hm…


Une jeune fille leva le tentacule et Karm l’interrogea d’un geste de la tête.


Faudrait peut-être un peu les deux, non ? Je veux dire, si certains animaux ne fuient pas avec le son et tout ça, on se trouvera bien embêtés. Et si on peut les capturer, au moins, on n’aura pas à se battre avec eux.

Ses deux camarades hochèrent la tête d’un air convaincu, peut-être pour se convaincre eux-mêmes. La vérité, c’était que l’idée d’Helena leur paraissait plus en phase avec le code jedi et qu’ils se demandaient ce qui, des valeurs ou de la pratique, devait primer dans l’affaire.


Et si jamais l’animal déchire vos filets ?
Ben il serait sacrément fort, déjà…


Une perspective qui n’avait rien de rassurant.


On peut l’apaiser, suggéra un autre, le cadet de toute la bande.
Oui, enfin, si les alarmes ne l’ont pas dissuadé, je pense pas qu’on arrivera à l’apaiser.
Hmmm, observa philosophiquement son camarade.


Le regard de Karm revint vers Helena.


Alors ? Si l’assaillant ne fuit pas et s’il déchire les filets, qu’est-ce qu’on devrait faire ?


Quelques mètres plus loin, celui qui s’était intronisé en chef de la brigade de cuisine annonçait d’une voix forte que le déjeuner était prêt.
Yulpi Bepads
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Yulpi n'avait pas pensé que son idée d'installer des pièges susciterait un tel débat. Il faut dire que la plupart des Padawans imaginèrent qu'un piège servait forcément à tuer ou à capturer, et en effet, c'était souvent le cas, mais ce n'est pas ce dont Yulpi avait parlé pourtant. Alors, entre une Padawan qui ne comprenait pas pourquoi on ferait du mal aux animaux, un autre Padawan qui estimait avoir le droit de se défendre, et un autre qui rappelait qu'un piège n'était pas offensif mais défensif tandis que la première objectait que ça permettait de faire du mal à un animal qui n'avait rien demandé et que donc, oui, c'était offensif... Yulpi se sentit un peu seul avec son idée.

Cette sensation de solitude était aussi renforcée par son âge. Il était grand, adulte, jeune adulte mais adulte quand même du haut de ses vingt-huit ans, environ du même âge que le Chevalier enseignant ! Et cela quand tous les autres Padawans étaient des adolescents. Sans parler de sa race, entre ceux qui avaient une image peu reluisante des Gungans, et ceux qui ne connaissaient même pas la race. La plupart trouvaient une tête bizarre à Yulpi, une tête rigolote, mais le problème c'est qu'une tête rigolote ça ne fait pas le charisme, et Yulpi eut bien du mal à faire entendre ses idées.

YULPI – Mais je parle pas de faire des pièges qui font du mal ! Je parle d'alertes !

Mais autant gueuler dans le cul d'un falumpaset, ça aurait le même effet. Personne ne l'écouta. Sauf le Chevalier Torr, évidemment, à qui la proposition de Yulpi n'avait pas échappé, si bien que quand il fallut organiser la classe en petits groupes, il plaça Yulpi dans le groupe préposé aux pièges, avec cinq autres étudiants. Le plus âgé, un Humain, devait approcher de la vingtaine. Et comme si ça ne suffisait pas, en plus de sa race et de sa différence d'âge, Yulpi avait autre chose qui le mettait à l'écart :

Élève Mirialan – De toute façon, c'est pas étonnant que tu veuilles faire du mal aux animaux, t'es un ancien Sith !...

Yulpi tapa du poing dans la terre sous l'effet d'une décharge de rage. Il n'en finirait donc jamais d'être vexé par des remarques acides sur son ancienne allégeance ? Même ce sale mioche à peau verte était au courant que Yulpi était un ancien Sith, mais tout le monde s'était donc passé le mot ?

YULPI – Mais plitasse de merderie ! J'parle pas de faire du mal aux animaux !

Il aurait pu hurler sur l'idée préconçue et stupide que les Siths aimaient forcément faire du mal aux animaux. Bah oui, c'est bien connu après tout, un Sith qui caresse un chien, c'est pas un vrai Sith, c'est un faible, vu qu'il aime les animaux ! L'Impératrice Sith elle-même, vu toute l'affection qu'elle a pour une tuk'ata, elle ne peut pas être digne des Siths !
Mais non, au lieu de gueuler sur ça, il gueula sur la mauvaise interprétation de son idée, alors que ce n'est même pas ce qui le mettait le plus en rogne à cet instant. Ses émotions l'emportaient et les mots sortaient tout seuls sans dire ce qu'il voulait vraiment dire.

Les autres membres du groupe furent un peu refroidis par l'accès de colère de leur aîné, sauf le Mirialan qui afficha un petit sourire en coin, l'air de dire : « Je l'ai piégé ce con de Sith, il s'énerve facilement, c'est bien un Sith, ça... ». Yulpi ressentit une furieuse envie de lui dévisser la tête en quatre tours complets. Sa main se crispa et il serra de la terre dans ses doigts.

Alors, trois élèves dont le Mirialan discutèrent entre eux de la façon de concevoir les pièges les plus efficaces. Ils s'appropriaient la suggestion de Yulpi en la déformant : voilà qu'ils partaient sur l'idée de capturer les animaux dans des filets, loin du système d'alarme auquel avait pensé Yulpi.

YULPI – Ah oui, d'accord, alors c'est pas bien de vouloir capturer des animaux, et maintenant vous parlez de faire des filets ! Pffff c'est nawak...

Il reçut à peine un regard du Mirialan qui leva les yeux au ciel. Yulpi ne serait pas entendu. Toutefois, le groupe était composé de six personnes, et seules trois s'attelaient à la conception de filets. A côté, une jeune petite Quarrenne, celle qui montrait le plus de réticence à faire du mal à des animaux, se sentait seule dans le groupe. Influençable, elle se méfiait de Yulpi à cause de ce qu'avait dit le Mirialan, mais n'avait pas envie de se joindre à ce dernier. Enfin, la sixième et dernière personne était une Humaine aux longs cheveux blonds, à l'œil pétillant et pénétrant, qui semblait pleine d'assurance et de joie de vivre. Elle avait, comme le Mirialane, l'allure d'une meneuse, mais avec plus d'ouverture d'esprit, et elle aborda Yulpi non sans un peu de nervosité :

HELENA – Bonjour ! Moi c'est Helena ! Enchantée de faire ta connaissance ! Je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi, tu viens d'où ? Comment tu t'appelles ? C'est toi qui as fait ce magnifique atterrissage tout à l'heure ? Non ? Magnifique ! Très réussi ! J'ai beaucoup apprécié ! Sinon j'avais envisagé des pièges sonores et effrayants. Je ne voudrais pas blesser qui que ce soit, du coup il suffirait de créer un périmètre, qui une fois franchi, provoquerait beaucoup de bruits. On sera alerté et la plupart des animaux fuiront !

Soit elle n'avait pas écouté l'échange tendu entre Yulpi et l'autre crétin de Mirialan, soit elle faisait comme si de rien n'était pour évacuer la tension et passer à autre chose. Dans les deux cas, ça arrangeait bien Yulpi. Le Gungan souffla lentement, essayant de faire redescendre la pression dans son esprit. Ses muscles se relâchèrent un peu. Il se frotta nerveusement une oreille, puis offrit un petit sourire à Helena.

HELENA – Ah ah ah, je suis désolée, j'ai tendance à m'emporter ! Je suis ravie de faire ta connaissance !

C'est vrai qu'elle venait de l'assommer avec plusieurs questions, mais peu importe, Yulpi préférait encore ça à l'attitude du Mirialan. Elle n'était peut-être pas au courant qu'il était un ancien Sith. Elle s'intéressait à lui très gentiment avec un peu d'ingénuité, curieuse de découvrir sa race, le félicitant pour son atterrissage lors de l'épreuve des lianes qui s'était déroulée avant le trek, et proposait une idée qui rejoignait exactement sa suggestion.

YULPI – Ravi aussi, Helena. Moi, c'est Yulpi !

Le sourire du Gungan se fit plus franc. Autant que sa colère pouvait le submerger subitement, elle pouvait aussi s'effacer rapidement.

YULPI – Ouais, c'est moins qui ait fait l'atterrissage acrobatique tout à l'heure, héhé... C'était la classe, t'as vu !

Yulpi devait avoir pas loin de quinze ans de plus qu'Helena, mais quand il parlait avec familiarité, et qu'il laissait s'exprimer son côté vantard et prétentieux, il se mettait au niveau d'un adolescent.

YULPI – Je viens de Naboo. C'est la planète d'origine de ma race. Je suis un Gungan, mais pas étonnant que tu connaisses pas. J'en croise pas souvent.

Après s'être frotté nerveusement une oreille, Yulpi replia une jambe et se massa tout aussi nerveusement le pied. Au moins, cela le détendit, puisqu'il était très sensible de cette partie du corps.

YULPI – Et oui, c'est exactement ce que j'ai dit, faudrait juste faire des pièges qui nous alertent si un animal approche. Les autres nazous font des filets mais c'était pas l'idée. Donc oui, l'idée c'est que ça fasse du bruit, pour nous alerter et faire peur aux animaux. Juste ça.

Dans son coin, la Quarrenne écoutait, en restant discrète. Le Chevalier Torr approcha du groupe pour voir un peu où ils en étaient. Il s'intéressa dans un premier temps aux trois élèves qui essayaient de concevoir des pièges à filets et qui, le voyant approcher, espérèrent son approbation. Il ne donna pas son avis, mais fit plutôt réfléchir les trois adolescents sur leur idée : et si le piège se déchirait ? Si l'animal se libérait ? Si un piège sonore ne le faisait pas fuir ? Yulpi écouta distraitement, espérant voir le Mirialan s'enfoncer dans des arguments débiles.

Enfin, le Chevalier Torr interrogea Helena.

KARM – Alors ? Si l’assaillant ne fuit pas et s’il déchire les filets, qu’est-ce qu’on devrait faire ?

Yulpi tourna la tête vers la petite Quarrenne. Elle lui faisait de la peine, à rester isolée, toute seule dans son coin, sans s'intégrer au groupe. Pourtant, elle avait montré qu'elle n'était pas si timide que ça, avant la constitution des groupes. Elle devait juste ne pas se sentir à sa place, entre un Mirialan qui prenait les choses en main dans une direction qui la contrariait, et un Gungan anciennement Sith qui semblait capable de péter un câble facilement et qui n'arrivait pas convaincre avec ses idées. Mais justement, elle avait peut-être plus de quoi se rapprocher de ce dernier que du Mirialan. Yulpi fit un geste :

YULPI – Viens avec nous, viens discuter. On mange personne. Viens partager ton point de vue.

Après quelques secondes d'hésitation, la Quarrenne se décida à se déplacer pour se rapprocher de Yulpi et d'Helena. Satisfait, Yulpi reporta son attention sur le Chevalier Torr et s'affirma :

YULPI – De toute façon, les filets, c'est une nigauderie. Qu'ils se cassent ou pas, peu importe, c'est pas la bonne méthode. On cherche pas du gibier, là, on cherche à se protéger pour la nuit. Un animal pris dans un filet, ça se débat, ça grogne, ça alerte les autres animaux. Ca fait tout ce qu'on veut pas. Et ça s'énerve aussi, donc s'il se libère, il sera en état de stress et donc plus agressif. Faut pas faire de filets, faut juste faire des pièges d'alarme. Un mécanisme qui fasse tomber une branche juste devant l'animal, pour le surprendre et lui faire peur. Par exemple. Ou un mécanisme qui nous alerte, nous, histoire qu'une sentinelle puisse elle-même faire fuir l'animal. Même si on fait pas de feu, un animal ça va pas s'approcher d'un sabre-laser, faut pas cabotiner non plus.

Yulpi cherchait autant à rassurer la Quarrenne sur son pacifisme, qu'à enfoncer le Mirialan. Il était toujours un peu vexé et cela se ressentait.
Karm Torr
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La présence du chef de la petite expédition d’exploration avait disposé les six Padawans du groupe au silence et, malgré toutes leurs réticences, les trois excités du filet avaient dû écouter les arguments de Yulpi. Le Mirialan conservait une expression fermée, mais ses deux associés paraissaient soudain beaucoup moins certains de ce qu’ils avaient entrepris. En bons Jedis, quelque préjugé qu’ils eussent à l’encontre du Gungan, ils avaient pour réflexe de mettre leurs émotions de côté pour considérer posément la situation.

Il n’a pas tout à fait tort, fit l’un d’entre eux.

La Quarrenne haussa l’une de ses arcades sourcilière en jetant un regard en coin à celui qui venait de parler. Peut-être que ses camarades n’étaient pas des cas aussi désespérés qu’elle l’avait d’abord cru.

Vous en pensez quoi, Chevalier, demanda l’adolescent, en tentant de démêler sur le visage perpétuellement impassible de Karm l’opinion du Gardien sur la question ?
Ça demande certainement plus d’habileté de fabriquer des pièges qui immobilisent, filets et compagnie, que de faire tomber des trucs pour faire du bruit.

Le Mirialan se rengorgea, fier de ce compliment, mais l’humaine qui avait rejoint son groupe et qui connaissait mieux le Chevalier Karm avait une expression beaucoup plus prudente.

C’est pas un compliment, pas vrai, finit-elle par hasarder ?
J’sais pas, qu’est-ce t’en penses ?

La jeune fille haussa les épaules mais, en agitant les tentacules, la Quarrenne fit un pas en avant et dit :

C’est pas parce que quelque chose met plus en valeur nos capacités, comme notre dextérité ou notre ingéniosité, que c’est la bonne solution. C’est une preuve d’orgueil que de chercher les solutions les plus complexes, plutôt que celles qui sont adaptées à la situation.

Karm inclina légèrement la tête.

Faut toujours s’entraîner pour savoir faire le plus élaboré, mais faut souvent avoir l’humilité de réaliser le plus simple.

Un Maître plus habile que lui avec les mots aurait sans doute tourné élégamment ce petit aphorisme, mais l’idée essentielle était passée. Il y eut un petit murmure approbateur et finalement, tous les membres du groupe se rangèrent à l’avis de Yulpa et discutaient à présent de la meilleure manière de créer des systèmes d’alarme avec les moyens du bord, étant entendu que le principe de l’expédition était de ne pas se reposer sur des technologies trop avancées.

Tous, sauf le Mirilian.
Alors que les autres échangeaient entre eux, ce dernier s’était écarté du groupe pour rejoindre Karm.

Chevalier, appela-t-il !

Karm se retourna vers lui et le Padawan adopta l’expression la plus neutre possible.

Sauf votre respect, Chevalier, je crois que c’est une erreur d’aller dans le sens de Yulpi.
Sauf mon respect, hm… ?

Le Mirilian hésita. Karm avait la réputation d’être l’un des Chevaliers les plus décontractés, quelqu’un d’accessible qui ne se préoccupait pas des formalités, mais cette réputation était loin de mettre le Padawan à l’aise. Lui, il appréciait le protocole qu’adoptaient les autres Jedis, parce qu’il était beaucoup plus explicite. Avec Karm, on ne savait jamais si on avait franchi la ligne qui séparait la familiarité de l’insolence.

Désolé, dit-il préventivement. Je veux juste dire que Yulpi est prompt à des accès de colère et que lui donner de l’autorité, c’est risquer qu’il offre un mauvais exemple aux jeunes Padawans influençables.
Et tu penses pas que lui montrer que des Padawans peuvent changer d’opinion et dépasser leurs idées préconçues sur lui, c’est une manière de l’influencer lui et de l’aider à avoir moins d’accès de colère ?
Mais… Nous ne sommes pas des Sentinelles, nous ne sommes pas formés pour ramener quelqu’un du Côté Obscur.
Est-ce que tu penses que t’avais malgré tout raison, avec cette histoire de filets, demanda Karm en changeant un peu abruptement de sujet ?

Le Mirilian baissa les yeux, la mâchoire serrée à cause de la contrariété. Il finit tout de même par concéder à mi-voix :

… probablement pas…
Mais tu penses qu’il aurait fallu persévérer dans l’erreur, pour des raisons de, euh… disons d’équilibre social ?
Oui. Enfin non. Enfin… Je ne sais pas.

Pendant que le jeune homme ruminait cette épineuse question, Karm surveilla d’un coup d’oeil circulaire les autres groupes. Les différentes activités avaient bien avancé et il jugea qu’ils étaient prêts à établir leur campement pour la nuit.

Écoute, Asheb. T’as un tempérament de leadeur et c’est pas une mauvaise chose. C’est important de savoir être décidé. Mais pour vraiment diriger, faut aussi parvenir à se diriger soi-même, tu vois ce que je veux dire ?
Je suppose…, fit le garçon, un peu de mauvaise grâce.
Tu t’méfies de Yulpi, et pour sûr, t’as de bonnes raisons pour ça. Mais faut savoir se méfier de ses propres méfiances.
On ne va quand même pas se montrer gentil avec n’importe quel Sith !
T’en connais beaucoup des Siths qui viennent se livrer aux Jedis, toi ?
Ça pourrait être une ruse. En plus, il fait l’idiot, du coup, on ne se méfie pas…
Ben la preuve que si, y a plein de gens qui se méfient.

Asheb n’était pas entièrement convaincu, mais toute cette conversation l’invitait à des réflexions que son hostilité pour Yulpi avait empêchées jusque là.

Les mecs qui s’occupent de la bouffe vont avoir besoin d’aide, je pense, pour tout préparer, et ça les aiderait sans doute d’avoir quelqu’un comme toi pour les organiser un peu.

L’expression du jeune homme s’éclaira un peu : malgré tout, on lui confiait des responsabilités. D’un geste, Karm l’invita à rejoindre le centre de l’embranchement, où s’activait une partie du groupe. Puis il fit un autre signe à Nata et lui murmura quelque chose à l’oreille. Quand les Padawans étaient aussi dispersés que cela, l’Auxiliaire avait généralement la responsabilité de transmettre d’une voix forte les instructions de Karm, ce dernier, comme beaucoup d’Ark-Ni, ayant de la peine à hausser le ton.

Bon ! On campe ici jusqu’au lever du soleil demain matin. Vous savez tous ce que vous avez à faire. Vous désignerez dans chacun de vos groupes un porte-parole et les portes-paroles s’assembleront dans une demi-heure dans un conseil de coordination, pour faire le point et vérifier que tous les préparatifs sont bien en route. On mange dans deux heures, on commence les quarts de surveillance dans trois heures. Pour le reste, c’est à vous de réfléchir à l’organisation.
Karm Torr
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N.B. : Ce message vient clôturer le cours qui a été ouvert trop tôt pour servir dans le nouveau système d’évolution. Si vous cherchez des occasions de former votre personnage dans les compétences évoquées dans ce sujet, vous pouvez venir faire un tour [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien].


La vie du campement avait été réglée ce soir-là dans une large mesure grâce aux décisions prises par les Padawans et c’était une source de satisfaction profonde pour Karm. La plupart des enseignants du Temple se montraient plus dirigistes que lui, mais il avait gardé de la société qui l’avait vu naître la conviction que l’on apprenait mieux en expérimentant. Nata, l’Auxiliaire, elle, avait du mal à ne pas circuler entre les tentes qu’on avait encordées sur les branches de l’arbre, pour donner quelques conseils et vérifier que tout était en ordre.

Malgré tout, le Chevalier n’avait dormi que d’un œil. Kashyyyk, même dans ses niveaux supérieurs, demeurait une planète dangereuse et les Padawans étaient encore trop inexpérimentés pour monter la garde seule. Secrètement, l’Auxiliaire, la Wookie et le Chevalier s’étaient relayés pour appuyer la vigilance constante de Sprachnos, leur droïde arachnéen qui circulait sur les arbres tout autour d’eux. En se levant le lendemain matin, les Padawans demeurèrent persuadés d’avoir monter la garde seuls, à tour de rôle.

Après le petit-déjeuner, ils descendirent encore d’un niveau. La forêt devenait plus sombre, parce que la lumière du jour peinait à traverser l’enchevêtrement des branchages et le dôme des feuilles qui formaient la dense canopée de Kashyyyk. Les Jedis en herbe comprirent rapidement que le premier jour n’avait été qu’une entrée en matière et que c’était là que les choses sérieuses commençaient : il fallait se méfier des plantes, désormais, autant que des animaux, et on devait s’arrêter à tout instant pour examiner des signes qui annonçaient le passage des prédateurs.

La survie était un mélange complexe de persévérance physique et de connaissances, où la Force jouait un rôle subtil mais constant. Une Padawane avait fait la réflexion qu’il s’agissait de transformer la nature en livre, et même si Karm, pour une raison qui lui échappait à lui-même, n’était pas tout à fait à l’aise avec cette métaphore, elle avait bien un fonds de vérité. Ils s’étaient retrouvés à examiner des traces de griffes sur les arbres, à considérer des branches cassées de façon caractéristique, à renifler des odeurs plus ou moins plaisantes, pour reconstituer l’histoire récente des lieux qu’ils traversaient.

Maître ? Chevalier ? Karm ?
Hmm ?

Ils s’étaient arrêtés dans un équilibre précaire sur tout un réseau de branches étroites pour déjeuner, et les Padawans passaient plus de temps à essayer de ne pas tomber, en se retenant aux lianes, qu’à avaler leurs rations de survie, dont la fadeur leur arrachait parfois des grimaces.

Pourquoi on apprend tout ça au lieu de se contenter de s’entraîner dans le domaine de la scrutation ? Sans doute ce serait plus facile et, euh… Plus généraliste, non ?
Tous les aspects de la Force sont très utiles en exploration, reconnut Karm, mais… Hé bien, d’une part, tout le monde n’est pas doué dans tous les domaines, certains d’entre vous auront sans doute des difficultés à lire le passé à travers les échos de la Force, quand d’autres trouveront cela facile. Il faut bien d’autres solutions. Et par ailleurs…

Il s’interrompit.
Il y avait eu un rugissement.
Karm sentit la tension dans l’esprit du groupe. Son regard chercha celui d’Ongoooryyk, la Wookie, qui poussa un grognement caractéristique, et Karm eut un hochement de tête, pour dire qu’il était d’accord.

V’z’inquiétez pas, déclara-t-il. Donc, j’disais, par ailleurs, ben utiliser la Force, c’est fatigant, pas tout le temps, j’veux dire, mais souvent, et souvent aussi ça d’mande de la concentration. Bien connaître la Force, c’est aussi bien connaître les moments où on peut s’en passer.
Un peu comme les grands maîtres du sabre laser sont ceux qui le laissent le plus longtemps possible éteint, suggéra un autre Padawan ?

Un peu comme ça.

L’après-midi, ils avaient vu des animaux de près, de grands herbivores avec trois bras à gauche et à droite, qui mâchaient pensivement des feuilles, suspendus aux arbres. Chaque Padawan avait essayé de parler leur langue, de se rapprocher d’eux à travers la Force, pour tenter de communiquer. Les résultats étaient restés mitigés, mais ils repartirent tous avec un peu de cette conviction qu’entre eux-mêmes et le reste du monde vivant, la frontière était sans doute plus ténue qu’ils ne l’avaient cru jusque là.

Ils avaient passé une nuit agitée. Oppressés par un vent violent et des cris d’animaux. Au matin, toute la petite troupe avait les traits tirés et, après avoir consulté Nata et Ongooorryyk, Karm prit la décision qu’ils chercheraient à atteindre leur point de départ par une route circulaire d’ici la fin de la journée. Ils reprirent la marche dans la forêt. Ce jour-là fut consacré aux plantes. Comment tirer des conclusions sur leur nature d’après ce que l’on observait autour de soi, même quand on n’était pas un botaniste chevronné. L’attitude des animaux, la manière dont elles poussaient, leur couleur.

Les plantes aussi ont un langage, avait dit le Chevalier, mais les Padawans étaient demeurés dans l’ensemble sceptique, trop fatigués peut-être pour descendre à ce degré de mysticisme vitaliste. L’après-midi, après déjeuner, il fallut remonter. Ce fut une entreprise difficile. Escalader les arbres ou grimper le long des lianes, et Karm les avait regardés se débattre individuellement, avant que les Padawans ne songent à s’entraider, pour tresser des nacelles avec les lianes et les cordages.

Ce soir-là, alors qu’ils revenaient près de leur vaisseau, sa troupe était épuisée. L’explorateur le savait bien, cette petite aventure de trois jours avait probablement découragé certains d’entre eux d’embrasser une carrière au sein de l’ExploCorps, mais c’était après tout aussi l’un de ses objectifs : les aider à se confronter à un peu de la réalité du terrain, pour savoir en toute connaissance de cause ce qui leur conviendrait ou non. Mais d’autres, malgré les courbatures et leurs vêtements trempés de sueur, avaient dans les yeux cette étincelle de l’inconnu et du sauvage qui poussait le Chevalier jusqu’aux lointains de la Galaxie.


FIN
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