Solal Kalel
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À l'orée des premières marches du Temple, Solal observait la nuit qui chutait, imposant sa noirceur au Monde. Pour lui dont le tapetum- situé dans le fond des yeux des félins- commençait à s'imbiber de la discrète lueur lunaire dont il dérobait l'essence, c'était une noirceur rassurante. Solal avait longuement réfléchi pour en conclure que s'il devait beaucoup au Temple qui les avaient recueilli, sa mère agonisante et lui, blessé à mort, il n'apporterait guère plus à cette communauté. Incapable de manier le sabre-laser, renfermé, rendu timide et prêt à devenir rancunier, le Padawan avait occupé ces dernières semaines à suivre les cours, s'entraîner, travailler seul et surtout éviter les Chevaliers ou les Maîtres, voire ses propres camarades, y compris ceux de son petit groupe. Désormais, ces apprentis tous différents à cause de leur physique ou d'une défaillance due à une nature cruellement facétieuse avaient trouvé un mentor. Un mentor qui leur restait, pas un qui prétendait être attiré par ses sois-disant vertus ou spécificités pour fuir ensuite un beau jour, sans un mot. C'était la troisième déjà, de fois, que Solal s'était retrouvé lâché par un aîné qui avait eu la bouche plus grande que les yeux, qui lui avait parlé de différences, d'identification personnelle. Des Jedis très différents des autres, au corps parsemé de bandelette, d'une race inconnue, unique au Temple et enfin d'un dont les compère se méfiaient. Tous ces fameux Divergents qui le comprenaient avaient fini par se rendre et abandonner le Félacatian à son sort.

On l'avait fait se battre contre un serpent géant, probablement par curiosité plus que pour vraiment l'entraîner, avant de le jeter contre un Hutt. Enfin, parce qu'on devait le penser incapable de bien se tenir avec des humanoïde, on l'avait enfermé dans une chambre avec un colocataire reptilien. Ce dernier pris d'un coup de folie l'avait attaqué tel un animal et Solal avait bien dû se battre. Depuis, l'individu -un certain Tyr- avait quitté l'Ordre mais personne n'avait présenté d'excuses au félin. Après tout il n'était qu'une bête, le dinosaure et lui s'étaient compris.

Depuis le départ de Galen Jare, Solal se demandait si ce n'était pas son tour de laisser la structure envers laquelle il commençait à éprouver de l'amertume. Il leur devait tant que son ultime geste de reconnaissance consistait, dans son esprit, à s'en aller avant de vraiment leur en vouloir. Le Padawan ne voulait être une charge pour personne mais il n'avait plus confiance, c'était terminé. Dernier détail qui le retenait, malgré sa carte d'identité Républicaine -fourrée dans une sacoche en cuir accrochée en bandoulière entre son épaule et sa nuque, laquelle glissait parfois jusque sur son dos s'il se levait.- il avait conscience que tout le monde le verrait comme une bête. Ce serait sans doute pire qu'ici et il était mineur en plus. Mais où était sa place alors? Solal avait alors songé aux coins les plus reculés, campagnards d'Ondéron. Peut-être trouverait-il une ferme qui ne serait pas trop regardant sur son âge, quitte à mentir, où il servirait à garder du bétail, faire fuir les prédateurs. En revenir à ce que sa forme laissait penser: devenir un animal pour survivre. Une bête précieuse capable d'enregistrer des ordres, de répondre par la voix mais guère plus. En ville, il terroriserait tout le monde, du moins dans un premier temps, et puis rien n'était adapté à sa morphologie, bien que la Force et un peu d'astuce l'aidaient en ce qui concernait les portes ou autre. Petit représentant de sa race à cause de ses soucis de santé lors de sa prime jeunesse, le Padawan n'atteignait pas la monstrueuse taille de ses congénères, maigre consolation lorsqu'on savaient que les Félacatians non stressés normaux devenaient des bipèdes semblables aux humains hormis une queue et des oreilles félines.

Il soupira, mal à l'aise à l'idée de partir d'un lieu qui parvenait encore à éveiller de la tendresse en lui, d'autant plus qu'il aimait les cours, l'idée d'approfondir son lien déjà excellent avec la Force. Mais vraiment, il ne servirait à rien ici, et d'ailleurs ne croirait personne qui prétendrait l'aider. On l'avait trop fait souffrir. L'apprenti puisait dans son entraînement, ses leçons pour tempérer sa colère: l'Ordre avait beaucoup de Padawans pour peu de Chevaliers, il était normal que tous ne trouvent pas leur bonheur. Lui étant déjà bizarre, anormal, c'était plutôt logique qu'ayant le choix, un Jedi choisisse un élève apte à manier le sabre-laser et passer partout. De quoi aurait-il l'air, lui, en pleine ville en train d'essayer de mener à bien une mission d'espionnage ou d'infiltration? À moins que cela ne se situe dans des grands entrepôts, sur des toits ou carrément en pleine nature, Solal n'avait l'avantage nulle part comparé à ses camarades. Sa maîtrise de la Force était très avancée pour son âge, son lien avec elle profond et il n'avait, étonnamment, que peu de retard étant donné sa situation, parce qu'il s'était acharné à travailler doublement en cours commun ou seul. Mais il y en avait d'autres qui cumulaient le don du sabre et des pouvoirs, alors non il ne faisait pas le poids. Autant délaisser le Temple avant de les détester ou de leur causer plus de frais.

Le jeune Jedi soupira, ce serait son dernier geste pour remercier ceux qui l'avaient accueilli, sauvé et soigné. Ses problèmes étant désormais gérables -il n'avait plus un besoin vital de séances de méditations car son corps avait enfin cessé d'essayer de se transformer y compris quand il était calme.- hormis une boiterie sévère de la patte arrière droite qui revenait lorsque son nerf se coinçait davantage. Aucune excuse donc pour continuer de coûter de l'argent au contribuable Républicain. Avec un grand soupir, celui qui se considérait désormais comme un ancien Padawan esquissa un pas pour descendre la première marche, à la fois triste et soulagé. Mais surtout triste, certes, parce qu'il renonçait à son rêve d'appartenir à cette famille, d'être un jour respecté comme un civilisé, avec un vrai titre à brandir en tant que Chevalier et il n'aiderait personne hormis le paysan qui l'embaucherait pour faire fuir les ennemis du bétail. Mais c'était ça la vie, sans doute. Pour que les Grands existent, il fallait des Petits, et Solal était un microorganisme.
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Aujourd'hui des progrès avaient été faits. Alors que la dernière cible tombait, proprement tranchée en deux, ses deux sabres étaient de la même longueur. Jusqu'à présent elle avait toujours pratiqué le Jar'Kai en utilisant ses lames de façon asymétrique, il s'agissait donc d'une amélioration, même si elle s'en tenait encore au diptyque « Une pour l'attaque et une pour la défense ». Ses tentatives de les utiliser en conjonctions n'avaient pour l'instant pas obtenu les résultats escomptés, mais cela ne la surprenait pas. Chaque forme avait sa propre version de l'art double, elle qui utilisait à la fois le Niman et l'Ataru, elle devait donc apprendre deux versions de ce dernier à l'exécution diamétralement opposé... puis apprendre à transitionner entre les deux de manière fluide. Rien d'évident donc, mais rien d'anormal non plus, après tout, cela ne faisait qu'un an à peine qu'elle pratiquait le Jar'Kai, il lui fallait simplement s'exercer plus. Cela dit, c'était bien suffisant pour aujourd'hui et elle quitta donc la salle d'entraînement.  

Depuis qu'elle avait été promue Chevalier l'on ne pouvait dire qu'il soit arrivé quelque chose de notable dans la vie d'H'phedia. L'on aurait pu penser que sitôt être devenue une jedi à part entière elle se serait précipitée dans le premier repaire d'infâmes malandrins venu pour y dispenser la justice, mais c'était là la façon de faire des gardiens, tout comme c'était celle des consulaires de s’enfoncer dans le marasme de la politique et de la diplomatie. Les sentinelles, elles, suivaient une autre voie, une à la fois entre les deux et distincte. Le temps viendrait bien assez tôt pour elle de passer l'action. Dans l’intervalle, ce serait manquer de respect à son ancien maître que d'abandonner la rigueur qu'il lui avait inculquée, aussi mettait-elle à profit son temps libre pour s'entraîner et s'instruire.

Arrivée à l'entrée du temple elle remarqua que le soleil était en train de se coucher, signe universel pour la plupart des espèces que le temps du sommeil était proche. Elle se fit alors la remarque que tout ceci n'était qu'une illusion d'optique induite par la rotation de la planète autour de son axe, une rotation qui variait d'un monde à l'autre, une variation qui connaissait de tels extrêmes qu'à certains endroits une journée pouvait durer plus longtemps qu'une année et à d'autres moins qu'une heure. Quant à ceux qui passaient leurs vies dans l'espace, sur des vaisseaux ou des stations spatiales, ces notions étaient vides de tout sens. Le temps était décidément quelque chose de bien relatif dans ce vaste univers.

Ses divagations furent interrompues par quelque chose qui se tenait en haut des marches du temple, quelque chose sur lequel elle manquât de trébucher. Ce quelque chose en question était un félin, un spécimen de belle taille, bien que finalement « petit » à l'aune de la corpulence de la jeune araignée.    Pendant une fraction de seconde elle pensa qu'il devait s'agir d'un animal échappé de la jungle d'Onderon et qui avait atterrit ici on ne savait trop comment, mais elle connaissait la faune de la jungle, ce grand chat, ou assimiler, n'en faisait pas partie. De plus, sa présence dans la Force ne trompait pas, il s'agissait d'un résident du Temple. Elle s'en voulut d'avoir eu cette pensée au combien hypocrite au demeurant, elle-même était, en tout état de cause, une araignée géante et passait pour un monstre plutôt deux fois qu'une.

L'âge était une notion délicate à évaluer, tant ce dernier et ses effets pouvaient varier entre les espèces, cela dit, il transpirait du félin une « jeunesse » qui lui indiqua qu'elle était en présence d'un padawan. Un Padawan en train de quitter le Temple alors que la nuit s’apprêtait à tomber et que son maître ne semblait nulle part en vue, voilà qui était fort curieux.

Mais, ce qui dépassa la curiosité et entra pleinement dans le royaume de l'inquiétude, fut que l'aura de cet apprenti mystère était empreinte d'une rancœur lancinante, mâtiner d'une sourde chape de regret et le tout noyer dans une immense tristesse. Elle ne pouvait décemment pas passer son chemin.  

« Bonjour... Padawan... Vous semblez troublé... Très troublé... Avez-vous un problème ? »
Solal Kalel
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Un fil de poils dressés se dessina le long de la nuque de Solal, courant jusqu'entre ses épaules, pour reprendre au niveau de son arrière-train. Son pelage hérissé le fit doubler de volume même si face à un individu de telle taille, la supercherie instinctive ne servait à rien. De haut eu bas, l'adolescent laissa courir ses yeux de miel, fixant sans gêne la chose parlante qui avait dû se sentir proche de lui à cause de leur apparence si différente blablabla et reblabla. C'était tout de même incroyable qu'en ses pires moments de doutes, l'apprenti tombe sur des maîtres ou des chevaliers -l'araignée devait en être un(e) vu sa manière de lui parler.- si détonants alors qu'avant, il ne les avaient pas rencontrés ou que ceux-ci ne lui adressaient pas la parole. Le jeune Jedi fit un effort, quitter le Temple allait se compliquer vu la présence de l'inquisiteur Arachnoïde, mais il ne voulait pas retarder l'échéance.

- Bonjour Maître -Fit-il avec le respect auquel avait le droit tout aîné. Qu'il soit sorti en cachette se promener dans le parc ou qu'il ait galopé dans les couloirs en pleine nuit, Solal n'avait pas été, pour autant, un Padawan difficile. Il avait toujours été discipliné, courtois même si un peu rude, sauvage envers les Chevaliers, les Maîtres ou ses camarades.- C'est un problème personnel. J'ai juste besoin de réfléchir, vous ne pourrez rien faire pour moi, mais c'est gentil d'avoir demandé.

Nota-t-il en espérant que choisir une stratégie différente avait été une bonne idée. Au lieu d'essayer de cacher son trouble à l'énorme huit-pattes, sachant pertinemment que c'était impossible vu ses capacités d'aîné, le Padawan avait décidé d'avouer tout de go, qu'effectivement, il avait des soucis. Mais des soucis personnels, ce qui en soit n'était pas faux. Jusque là personne n'avait su ou réellement désiré lui apporter son aide, y compris la talentueuse Alyria Von. Après s'être intéressée à sa personne pour le maniement du sabre-laser -alors que lui n'avait rien demandé- elle l'avait laissé tomber pour une mission d'urgence. Quand ses affaires semblaient être rentrées dans l'ordre, la Grande Gardienne était revenue Temple, sans lui accorder le moindre regard. Pouvait-on lui en vouloir? L'humaine était très sollicitée, elle siégeait au Conseil, alors un Padawan de plus ou de moins, si différent soit-il.

Solal cacha de son mieux la curiosité qui le piquait. Fut un temps, il se serait enthousiasmé de voir un être à l'apparence si animale être chevalier, mais aujourd'hui, il notait surtout la présence de pattes similaires à des mains. En fait, hormis son aspect quelque peu repoussant, l'araignée semblait ne présenter que des avantages, le genre de divergence dont on pouvait, croyait-il, parvenir à se consoler. De nombreuses pattes pour manier plus efficacement une ou des armes, une adhérence probables à des surfaces verticales, une grande agilité ou force, et un air pour le moins intimidant. Preuve en était, habituellement courageux, le Jedi avait malgré lui esquissé un pas en arrière en voyant la créature. Désormais en équilibre sur deux marches, la tête tournée vers l'araignée mais le corps convergeant toujours vers la sortie, le gamin semblait défier les nombreuses prunelles de la bête. Il calcula rapidement que si son aîné souhaitait le rattraper, il le ferait sans souci, voyant certainement la nuit, ou détectant la Force-savait-comment la présence d'un gros chat en fuite. Au niveau de la Force comme du physique, l'inconnu(e) semblait le dominer, pourtant Solal ne voulait pas renoncer à son départ. Il comptait sur l'infime chance que l'araignée devienne nostalgique, comprenne son besoin de s'isoler -parce qu'elle avait connu la même chose, rejetée de ses camarades, oh elle se souvenait de sa différence, personne ne voulait d'elle, cependant elle avait trouvé sa voie. Comme elle le comprenait blablabla et reblablabla.-

Décidé à ne pas pousser le défi trop loin, Solal remonta sur la première marche afin de faire face au Jedi. Il capta presque de suite la lueur "humaine" dans le regard de l'araignée, sachant que c'était aussi une des peu de choses qui le différenciaient d'un simple gros félin. De semblable, ils avaient vaguement une couche de poils blancs et encore ceux de Solal étaient beaucoup plus denses. La ressemblance s'arrêtait là, hormis le fait d'être deux cerveaux civilisés enfermés dans des enveloppes animales, mais cela n'importait guère plus au Padawan. Il avait appris la leçon, les êtres différents éprouvaient de la curiosité pour l'autre, la même qu'ils reprochaient au monde quelque part. Ça s'arrêtait là. Les Chevaliers qui avaient prétendu se revoir en lui l'avaient délaissé plus vite encore que des humains lambda. Alors il se méfiait, mettant l'intérêt de l'inconnu(e) sur, au mieux, de la courtoisie élémentaire entre Jedis -sensés aider les plus faibles, tristes etc- au pire, une envie aussi malsaine qu'inconsciente de comparer leurs difficultés. Une sorte de satisfaction à l'idée de voir qu'il y avait pire cas que soi, comme lui s'était surpris à se sentir content de son sort face à un camarade Mon Calamari normal si ce n'était ses branchies atrophiées. Incapable de trop rester dans l'eau ou sur terre, c'était désormais lui qui regardait Solal avec une sorte de pitié flottant dans son regard humide et globuleux. Ne pas pouvoir respirer longtemps dans un même espace semblait moins fatal -avec un masque- que ne pas manier de sabre-laser.

Bref, l'adolescent ne voulait pas de compassion forcée ou d'association par défaut. Tyr lui avait enseigné que partager des difficultés similaires n'impliquait pas d'être soudés ou de devenir amis. Pour preuve, le dinosaure forcené l'avait attaqué à peine entré dans la chambre.

- Vous voulez bien faire comme si vous ne m'aviez pas vu, s'il vous plaît?

Négocia le tigre en cherchant à faire appel, quand même, à cette solidarité tacite entre êtres bizarroïdes, destinés à souffrir de remises en question constantes. Il fallait bien que ça lui serve à quelque chose, non?
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Le padawan eut l'équivalent félin d'un sursaut, il était vrai que l'apparence d'H'phedia avait de quoi impressionner. À moins qu'il ne soit simplement surpris de ne pas être aussi seul qu'il l'aurait crût. Le grand chat lui avait répondu de façon polie, il se détourna même de l'escalier pour lui faire face, mais ces paroles indiquaient clairement qu'il s’apprêtait à faire quelque chose qu'un padawan n'était pas supposé faire. Mais quoi ?

Elle avait été, à bien des égards, une padawan exemplaire, trop même dirait certains. Il était aussi vrai qu'elle avait passé le plus clair de son temps en compagnie de son maître, ce maître qui lui avait fait parcourir la galaxie. Elle oubliait donc souvent que tous les padawans n'étaient pas aussi « vertueux » qu'elle, ou aussi nomade, ils y en avaient qui passaient encore le plus clair de leur temps au Temple. Et surtout, elle oubliait aussi qu'ils étaient pour la plupart des êtres perdus entre l'enfance et l'âge adulte, en proie aux affects des deux stades et même les efforts patients de ces pairs n'étaient parfois pas suffisants pour juguler les pulsions qui pouvaient naître en eux.

Cependant, elle ne ressentit chez le félin aucun désir maladroitement enfoui, aucun stress mêlé d'impatience, ni même de peur face à la présence d'un supérieur qui aurait toute autorité à le punir pour quelque éventuelle transgression il aurait pu commettre. Non, il n'y avait que ce brouet de tristesse et de regret qui continuait de tourbillonner en lui, auquel s'était à présent ajoutée une forme de résignation patiente, presque du désespoir.

Il était évident qu'il s’apprêtait à quitter le temple, mais pas pour aller s'encanailler dans la capitale ou braver, par défi ou par curiosité, le grand inconnu au-delà des murs. Au vu des émotions qu'elle lisait en lui, elle émit l'hypothèse que s'il descendait cet escalier, ce serait pour la toute dernière fois. Avait-elle vu juste ? Si oui, alors pourquoi ? Avait-il échoué aux épreuves et préféré quitter l'Ordre que d'être réaffecté aux corps de services ? Toutes ces spéculations ne la mèneraient nulle part, du Chat elle ignorait le nom, l'espèce et l'histoire personnelle. Il ne lui restait donc qu'une chose à faire.

Le soleil continuait sa descente sous l'horizon, baignant le décor d'une lumière mordorée si semblable aux yeux du félin. Les chélicères de la jeune araignée s'entrechoquèrent, émettant un cliquetis à la limite de l'audible. Ce tic signalait une profonde réflexion.

« Ce n'est pas parce qu'un problème est personnel... Que cela veut dire que l'on peut... Ou l'on doit... Le résoudre seul. »

Cela aurait été si facile, d’obtempérer à la demande du padawan, de le laisser partir, de poursuivre son chemin en oubliant jusqu'au souvenir de cette rencontre. Cela aurait été si facile, pour elle de se laisser mourir, pour elle de laisser la Sorcière gagner, de ne plus être que sa marionnette. Mais elle n'était pas morte, la Sorcière n'avait pas gagné et elle était là aujourd'hui, pour faire face au félin. Elle ne détournerait pas le regard de cet être dont la souffrance était si évidente, pas avant d'avoir fait son possible pour l'aider, et si vraiment elle ne pouvait rien pour lui, au moins de comprendre la nature de ce qui l'affligeait à ce point.

« Expliquez-moi... Pourquoi ne pourrais-je rien faire pour vous ?... Expliquez-moi... Pourquoi êtes-vous si triste ?... Qu'est-ce qui vous fait souffrir à ce point ? »
Solal Kalel
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Solal se surprit à sentir une certaine colère monter des profondeurs de sa poitrine. La boule d'acide enracinée dans sa gorge menaçait d'exploser. Guidé par son entraînement Jedi, l'apprenti avait jusque là réussi à résister, mais cette soudaine apparition d'un être aussi semblable, aussi animal que lui ne pouvait que provoquer l'explosion de sa rage accumulée. Autant de sollicitude ne l'arrangeait pas, d'autant plus qu'il ne pouvait pas y croire, même si la Force lui soufflait les intentions -bonnes- de l'araignée, le gosse était aveuglé par ses mauvaises expériences. Toutes, avaient commencé de la sorte: par l'aide spontanée d'un aîné intégré malgré sa différence, juste avant que ceux-ci ne disparaissent, laissant un trou dans le coeur du félin.

Le jeune Jedi se réprimanda pour la violence de ses pensées à l'écart du Maître. Il ne pouvait pas penser que son cerveau avait oublié de grandir avec sa gigantesque silhouette dégingandée, c'était indigne de lui, or l'adolescent s'était promis de ne pas changer suite à son départ, de continuer à respecter l'éducation que ses sauveurs lui avaient donné depuis ses 3 ans. Interdit, le félin resta un bon moment silencieux sur la marche la plus haute, les yeux rivés dans ceux de celui ou celle qui voulait l'aider.

Sa colère passant à peine, Solal ne put qu'essayer de la filtrer, de contrôler le flux qui sortait de sa gueule, au moins ça, éviter que son interlocuteur ne prenne tout dans la figure même si ça restait difficile de ne pas juste exploser.

- Si, ça veut précisément dire ça, personnel, et c'est ce qu'on m'a appris ici. J'apprécie cet Ordre, ne vous y trompez pas, mais ces promesses, je n'y crois plus. Parce que lorsque j'ai parlé, ils ont tous déserté, aussi vite qu'ils n'étaient apparus, précisément comme vous.

Sous l'émotion, l'adolescent s'était levé, sans prendre garde à sa sacoche qui avait glissé le long de son dos. Elle touchait presque le sol désormais qu'il marchait d'un pas souple, presque prédateur vers l'araignée qu'il contourna, non sans l'observer sous toutes ses coutures, exactement comme on le faisait avec lui depuis 15 ans.

- Vous vous sentez investi d'une mission spéciale envers moi parce que je vous ressemble, parce que nous sommes deux créatures incomprises par les autres, différentes? Mais ne vous y méprenez pas, parce que nous ne sommes pas du tout pareils. Tous ceux de votre race sont comme ça je suppose, les miens non. Je ne suis comme personne et ce n'est pas quelque chose de réparable, ni avec laquelle on peut s'adapter indéfiniment. En fait, l'Ordre a déjà été trop patient avec moi, à nourrir un membre inutile, inapte à manier le sabre-laser et bien d'autres choses encore. Les Maîtres qui se sont essayés à la tâche l'ont prouvé plusieurs fois en disparaissant, mon cas est incurable, il n'y a rien à faire avec un élève comme moi. Donc je vous conseille de ne pas perdre votre temps, ni de me faire perdre...

Le mien de temps? L'espoir qui me reste? La phrase mourut dans la gorge du félin avant même qu'elle ne soit formulée dans son cerveau inconscient. Jusque là, son ton avait été froid mais pas dénué de respect. De fait, il alternait étrangement entre rage contre lui-même et l'Ordre sans parvenir à le détester totalement. Solal devait tellement aux Jedis, il avait été complètement éduqué par ces derniers, impossible dès lors de les rejeter en bloc. Sa reconnaissance s'entrechoquait donc avec cette espèce de rancoeur. Pourquoi, ces génies de la Force, avaient-ils pu contourner le problème génétique d'un Félacatian impossible de se transformer à nouveau en bipède une fois apaisé? Comment avaient-ils convaincu ce fameux instinct millénaire de renoncer à la normalité inscrite dans ses gênes pour adopter définitivement ce corps animal? Et surtout, comment après ces multiples exploits l'ayant sauvé d'une lourde agonie, étaient-ils incapables de l'aider à devenir un Jedi normal, dévoué à son Ordre, respecté et apprécié? Était-il vraiment un cas à part malgré les différences présentes à chaque coin de couloir? Son ami Mon Calamari aux poumons atrophiés, il le savait, avait trouvé son rôle dans des missions diplomatiques avec un maître Amphibien qui se dédiait aux peuples tels que les Gungans. Le Saurien gigantesque faisait des merveilles en combat vu sa résistance, alors que le minuscule Drall de leur bande avait trouvé sa voie dans l'école de pilotage associée à l'Ordre: se glissant entre circuits et moteurs, son avenir allait être radieux. Mais Solal. Un Hutt, espèce de limace lente et pourvue de minuscules bras gagnait en combat contre lui, sensément véloce, agile. Un Serpent Non- Jedi, pas même Sensible l'avait aussi mis au Tapis. Un Sénateur. Son cas ne tenait plus, à ce point, du miracle, sinon de l'impossible utopie. Tout ça faisait mal au félin qui avait, à l'époque, vu ces duels comme une occasion de se faire remarquer pour autre chose que ses larmes ou sa peine qu'il traînait en bandoulière. Maître El'Dor après ses deux combats perdus, l'avait juste contemplé avec froideur avant de le saluer évasivement et se retourner pour discuter avec le Hutt et le Sénateur. C'était le premier, finalement, avait appris le Félacatian, qui était devenu le Padawan du Nazzar. Un énorme truc baveux, caricature de la prétention, apprenti de plus de 100 ans avait été préféré à lui. Que pouvait-il espérer après ça? Rien du tout. Et l'araignée n'avait aucun droit de lui laisser entrevoir une moindre lueur désormais qu'il se résignait.

- Je pense que vous ne pouvez rien pour moi. Je ne voulais pas qu'on voit mes problèmes sinon mes capacités, mais je n'en ai pas. J'ai perdu. Comme tous les apprentis qui ne deviendront jamais Jedis. Après tout c'est dans la norme, ça arrive chaque jour, à ce qui paraît le taux d'échecs est plutôt élevé vu la difficulté de la formation. Pourquoi donc s'y arrêter? Mais je ne finirai pas à l'Agricorps, désolé! - Solal avait beau respecter les auxiliaires, il ne se voyait pas du tout cultiver des plantes, ou étudier des heures dans un bureau. Cette vision, certes perclus de quelques stéréotypes l'horrifiait surtout parce que chaque visite de Chevalier Jedi lui rappellerait son échec, tandis qu'adulte, il continuerait de rempoter des plantes.

Alors mieux valait partir, se résigner même si une toute partie de lui doutait encore, conservant l'espoir fou de faire un exploit dehors pour attirer les Jedis à nouveau, leur faire saisir qu'il pouvait être l'un d'eux. Ce désir d'aider quelqu'un malgré son retour à la vie civile, il en avait très souvent rêvé même si au petit matin il oubliait cette aventure nocturne concoctée par son cerveau. Y croyait-il encore? À 17 ans, il avait presque passé l'âge.
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Le félin avait érupté de la colère qui naissait de la souffrance, celle de ceux dont on venait de rouvrir les plaies. Cela dit, il tentait quand même de la contenir, ce qui était à mettre à son crédit.  

Cette dernière eut cependant pour effet de fournir à la jeune araignée un certain nombre d'informations. En premier lieu que le grand chat semblait faire une fixation sur l'idée que si l'arachnide lui adressait la parole c'était uniquement en raison d'une forme de solidarité, de pitié, entre êtres à l'apparence animale. Ce qui était on ne peut plus faux, H'phedia n'ignorait pas l'effet que son apparence pouvait avoir sur autrui, ni les déconvenues qu'elle lui avait parfois apportées, mais elle avait su dépasser cela depuis un moment. Ce n'était pas l'aspect du padawan qui entrait en ligne de compte, mais le cri silencieux qui émanait de son esprit. Et elle ne manqua pas de lui faire savoir.

« Non... Je suis investi de la même mission que tous les autres jedis... J'aide mon prochain... et vous avez besoin aide... »

La jeune araignée n'avait pas de bouche de la façon dont les humanoïdes le concevaient. Aussi ne parlait-elle pas de la façon dont ils le concevaient, ce qui avait pour résultat cette diction si particulière. Le félin l'avait contourné, mais elle se contenta de pivoter pour rester face à lui.    

Ainsi il avait eu plusieurs maîtres successifs, qui tous avaient fini par abandonner sa formation, visiblement assez brusquement. Cela expliquait un certain nombre de choses, l'effet sur la psyché du félin avait été dévastateur, sa confiance en soi pulvérisée, il avait imputé ces abandons à son apparence et son supposé manque de compétence, ce qui, ironiquement, avait dû avoir un effet délétère sur ses performances. Sans mentor sur lequel s'appuyer, le padawan était livré à lui-même, avec pour seule compagnie celle de ses démons. Son hostilité envers elle n'avait du coup rien de surprenant, il voyait le cycle recommencer à nouveau, il ne voulait plus y croire, il ne voulait pas souffrir encore plus.    

Sa personnalité était en train de s'effondrer sur elle-même, ce qui avait dû motiver sa décision de quitter le temple. Elle était consciente qu'elle ne devait pas être la première à avoir voulu aider le grand chat, mais quelqu'un devait arrêter l'hémorragie ou cela risquait de finir très mal pour lui, et elle ne pensait pas uniquement au côté obscur.  

« Vous êtes prisonnier d'une boucle d’auto-apitoiement... Vous dites que vous êtes inutile, que vous n'avez aucun talent... Pourtant je sens la Force en vous et elle est loin d'être négligeable... Vous dites que vos maîtres successifs vous ont tous abandonné... Disparus pour reprendre vos propres mots... Mais peut-être n'était-ce pas votre faute... Peut-être était-ce la leur... D'avoir essayé de vous façonner comme eux... Au lieu de vous façonner comme vous... »

Le problème de son apparence semblait impliquer quelque chose d'autre que de simples considérations d'esthétismes et d'ergonomie. Il affirmait qu'il n'était pas comme les autres membres de son espèce, qu'il souffrait d'une sorte de condition à priori incurable. C'était quelque chose à creuser, surtout qu'elle n'avait pas encore réussi à identifier l'espèce à laquelle il appartenait.

« Vous dites que vous êtes comme nul autre... Que ce qui vous affecte est incurable... Je dis qu'il est temps que nous soyons plus que des formes... Dans l'obscurité naissante...Je suis H'phedia Kith'Araquia... Je suis une Araquia... Et vous êtes ? »
Solal Kalel
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Donc voilà. Il attirait l'attention à cause de son besoin criant d'aide. Solal soupira, ne sachant pas ce qui l'agaçait davantage: que la logique de l'araignée se tienne ou que sa souffrance soit aussi visible que les crocs immaculés qui jaillissaient hors de sa mâchoire.

- Auto-apitoiement?

Le mot sonna comme une insulte, hérissant le poil du jeune félin. Non, il n'était pas du genre à pleurnicher sur son sort, demander de l'aide à n'importe qui en braillant. Il agissait, d'abord en s'entraînant plus que les autres, et, désormais en abandonnant la demeure qui l'avait si bien accueilli, pour le bien de cette communauté et de la sienne, mais n'avait-il pas tout essayé avant? Peut-être pas encore s'il ne prenait pas le risque d'accepter l'aide du (de la?) dénommé(e) H'Phédia, de souffrir davantage à l'abandon. Qu'avait-il à perdre, sa dignité? Cette dernière était trop mise à mal pour réellement compter, moribonde étant un euphémisme pour la désigner. Solal essaya de se projeter chez le fameux paysan Ondéronien qui l'accepterait. Il savait d'ores et déjà qu'il passerait ses soirées à se demander quel aurait été son destin s'il avait accepté la proposition d'H'Phédia. Évidemment, ce n'était pas une promesse de formation, sinon un fil ténu, solide comme de la toile d'araignée ou fragile comme de la laine, ne restait plus qu'à celui qui n'avait rien à tester. L'araignée était une ultime opportunité, offerte à condition qu'il mette ses derniers espoirs au rabais entre ses multiples pattes. Un prix fort, mais pas assez pour le faire définitivement renoncer.

D'un côté, l'adolescent avait beau se dire que cette belle proposition était trop belle, qu'il y a quelques secondes la Sentinelle en arrivait à le déranger, les autres options n'étaient ni nombreuses, ni tentantes. Il s'assit sur une des marches, son corps élancé aux muscles pourtant déjà bien dessinés ramassés. Devant un humain il aurait pu sembler imposant voir majestueux, alors que devant la Chevalière qui souhaitait l'aider -Solal ignorait toujours comment d'ailleurs- le Padawan ressemblait à un chaton, et précisément, en cette seconde à un petit félin effrayé. Oui, apeuré, parce qu'il s'apprêtait à aller à l'encontre de sa triste mais rassurante résignation.

Qu'est-ce qui, hormis le désespoir, pouvait avoir fait changer Solal d'avis? Peut-être l'hypothèse d'H'Phédia frôlant l'hérésie? Cet aplomb mis dans l'accusation -certes éventuelle- que les divers maîtres du gamin étaient en cause? Jusque là, on avait essayé de l'apaiser avec des mots détournés "il ne se sentait peut-être pas à la hauteur" ou encore "il a dû partir pour une mission aussi longue que dangereuse et a refusé de t'imposer une lourde attente qui ralentirait ton apprentissage". Autant d'excuses qui n'avaient pas aidé le Félacatian à se sentir mieux. Mais là, sur les marches d'un Temple qu'il s'apprêtait à quitter, un aîné dont il ignorait le véritable rang, caractère voir sexe venait d'émettre l'éventualité que les divers mentors de Solal avaient peut-être eu, successivement, tous eu tort. Le soulagement ressenti restait inconscient mais efficace. Sitôt cette phrase prononcée, le poil sur son échine était retombé, il s'était assis dans une position nettement plus offensive et regardait désormais l'Araignée avec curiosité. Toute forme de négativité semblait s'être envolée de son visage, ainsi que la blessure rouverte avec ce mot "auto-apitoiement" reçu comme une insulte par une âme piétinée de trop nombreuses fois.

- Solal Kalel.

Le félin leva quand même ses prunelles ambrées vers son unique filet d'espoir pour prononcer quelques mots. Un genre de serment, encore sur la défensive, maladroit et bancale mais plein d'engagement.

- C'est d'accord, à deux conditions: je ne veux pas de pitié. Vous ne devez pas m'aider parce que vous éprouvez de la compassion pour moi. Et si vous voulez tout arrêter parce que ça n'en vaut pas la peine, que vous êtes déçue, ou quelque soit la raison, ne partez pas, dites-le moi.- Parce qu'au fond, Solal aurait pu comprendre, il aurait moins souffert si ses anciens Maîtres, ou plutôt candidata à mentor lui avaient parlé.- En retour, je vous promets de faire tout ce que vous me dites, d'accomplir exercices et tâches dans les plus brefs délais, de mon mieux, même celles que je pourrais ne pas aimer sans rechigner, jamais. Quelque soit l'heure.


En ce qui concernait la race précédemment indiquée par son interlocuteur, l'apprenti hésita, se présenter sous cette appellation était justement une des tâches qui lui coûtaient, mais il avait promis.

- Félacatian, c'est ce que je suis.


Il eut envie de dire merci mais se retint, encore plein de pudeurs et d'inquiétudes. Malgré sa joie, Solal comprenait aussi les enjeux de cette dernière opportunité: voir si les fautifs avaient vraiment été ces autres maîtres ou lui qui n'était pas à la hauteur, même en s'employant à fond. Toujours assis, l'adolescent attendit un ordre, déjà prêt à obéir ou s'entraîner.
Invité
Anonymous
Solal Kalel, c'était son nom. Un felacatian, c'était ce qu'il était. H'phedia fouilla dans sa mémoire, au cours de sa formation elle s'était instruite sur le plus grand nombre d'espèces possibles, son Maître disait que si tu savais ce qu'était l'être en face de toi, tu savais pour le coup ce dont il était capable, ce qui était toujours pratique quand il essayait de te tuer.

Ça y est ! Les Felacatians étaient des félinoides, plus proche dans leurs traits des humains, comme les cathars, que les togoriens par exemple qui penchaient eux plus du félin dont ils descendaient. Cependant, ce qui les distinguait de ces deux espèces sus-citées était leur faculté, lorsque soumit à un stress extrême, à se transformer en une forme purement animale, plus imposante et plus puissante. C'était là un mécanisme défensif des plus fascinant, les espèces capables de changer d'aspect étaient rarissimes et opéraient via des processus biologiques encore mal compris.

Maintenant elle commençait à comprendre ce que Solal voulait dire, en temps normal un felacatian reprenait sa forme humanoïde une fois calmée, forme qui représentait le standard de l'espèce. Mais ce dernier, des suites d'un défaut génétique, d'une maladie ou d'un accident, était coincé dans sa forme féline. Si la jeune araignée disposait elle aussi d'une forme animale, c'était la seule qu'elle avait et l'évolution l'avait dotée d'un minimum de préhension. Dans le cas de Solal, cet aspect n'était que la moitié de ce qu'il était supposé être, une forme situationnelle et transitoire qui n'avait jamais eu besoin de s'adapter à la civilisation. Le quotidien lui devait être encore plus difficile qu'à elle, et le maniement du sabre laser impossible. Cela expliquait donc ses difficultés, ses maîtres successifs et son découragement certain. H'phedia aurait pu demander plus de détails à ce sujet, mais s'en abstint, c'était là un point très sensible pour le felacatian et ils se connaissaient à peine, il y aurait le temps plus tard  pour de telles choses. La bonne nouvelle était que le félin semblait avoir abandonné l'idée de quitter le temple... et qu'elle avait désormais un padawan... Attendez, quoi ?

H'phedia marqua un temps d'arrêt, refaisant dans sa tête la séquence des événements qui l'avait amené à cet instant : Elle sortait d'une session d'entraînement, elle avait croisé le chemin d'un padawan fort déprimé, avait tenté, avec plus ou moins de succès, de lui remonter le moral et ce dernier venait maintenant d'accepter d'être son élève... Il y avait comme une étape, ou deux, ou six, qui manquait, en particulier celle où elle se proposait d'être son professeur. Mais était-ce vraiment si surprenant au vu de la façon dont elle s'était si bien vendue à lui ? N'était-ce pas ce qu'elle avait sous-entendu, n'était-ce pas là son intention depuis qu'elle avait appris les mésaventures du felacatian ?  

Il restait qu'elle trouvait cela des plus soudains, l'on ne prenait pas un padawan aussi facilement, il y avait des procédures, ou au moins fallait-il le dire à un responsable de ce genre de choses, s'il y en  avait un... en vérité, elle était simplement prise de court. Elle qui venait d'être faite Chevalier très récemment, elle ne s'imaginait pas avoir un padawan avant plusieurs années, le temps d'accumuler un peu d'expérience, et voilà que Solal se retrouvait sur sa route. Qu'est-ce que son maître disait déjà à propos de la volonté de la Force ?

Le félin l'enjoint à ne pas faire preuve de pitié à son égard, de ne pas accepter simplement par compassion, mais elle était une jedi,et une araquia, faire preuve de compassion était inscrit dans son ADN.

Était-ce là la seule raison ? Non. Il est vrai qu'elle voyait en Solal une injustice qu'elle désirait corriger, mais cette injustice était celle d'un élève avec un potentiel qui n'avait jamais vraiment eu la chance de l'exprimer et l'exploiter. La réflexion de son Maître avait-elle été différente ? De la compassion pour cette petite chose seule au monde, mais aussi la certitude qu'elle pourrait devenir une Jedi. Il ne s'était pas trompé, et elle, se trompait-elle ou avait-elle hérité de l'intuition du Verpine ? En plus de cela il y avait aussi de la curiosité pour cet être si atypique, et aussi les moyens tout aussi atypiques qu'elle devrait employer pour le former. Et enfin, tout au fond d'elle, dans cet endroit de sourires piégés dans le verre brisé, une pointe de fierté, d'ambition, à l'idée de réussir là où des maîtres avaient échoué.

« Je vous aiderais... Finit-elle par dire. Parce que celui qui a fait de moi celle qui se tient devant vous aujourd'hui en a fait de même... Je ne vous mentirais pas... Je suis jeune... En tant qu'être et en tant que chevalier... Tout cela est nouveau pour moi... L'enseignement... Je ferais de mon mieux... Et si je venais à échouer... Je ne m'en irait pas sans un mot... Suivez-moi... »

Demi-tour toute vers l'intérieur du temple, les marches de ce dernier n'étant pas l'endroit indiqué pour ce qu'elle avait en tête, sans compter que la nuit était tombée entre-temps. La jeune araignée rebroussa chemin en direction de la salle d’entraînement qu'elle avait quittée, le félin sur les talons. Sa destination cependant n'était pas cette dernière mais une pièce juste à côté, plus petite, mais opérant une fonction similaire. Ici point de droïde, mais des objets de différentes formes et tailles, ici l'on s’exerçait à la manipulation de la Force, et à la méditation, car les deux étaient liés. L’entraînement n'était cependant pas à l'ordre du jour, pas encore. Avant tout autre chose elle devait mettre fin aux spéculations et savoir exactement de quoi Solal était capable. Le félin était d'un certain âge et était passé par plusieurs maîtres, elle ignorait cependant le temps qu'il avait passé avec chacun d'eux et, plus important, le temps qu'il avait passé sans eux. Elle allait donc devoir faire le tri entre ce qu'il savait, ce qu'il ne savait pas et ce qu'il savait mal.

« Si tous les maîtres ont le même objectif... Faire de leur padawan un chevalier... Leurs méthodes pour l'accomplir diffère... Ainsi que la connaissance et l'expérience qu'ils transmettent... Vous êtes passé par plusieurs maîtres... Votre propre acquis doit être composite... Il y aura... comment les appeler... des exercices... des évaluations... pour m'aider à déterminer ce que vous êtes déjà capable de faire... Et ce que vous pourriez faire à l'avenir...

« Nous allons commencer avec une simple question...  pour vous... qu'est-ce qu'un Jedi ? »
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