Balian Atraïde
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En recevant le message de Kaa’lia qui fixait l’heure du rendez-vous j’avais décidé de partir sur le lieu-dit dès la fin de mon service afin de ne pas être en retard. J’étais parvenu à entraîner Vhagar dans cette affaire. Si au départ il ronchonnait de venir jouer les entremetteurs, la promesse d’une bonne bière corellienne suffit à l’adoucir.

C’était donc flanqué de mon ami que nous nous présentâmes au Diamant Vert. Nous portions tout les deux nos uniformes militaires. Même au repos, nous n’arrivions pas à nous en défaire tant nous avions l’habitude de les porter…comme une sorte de carapace. Nous avions tout deux le même grade et appartenions à la même armée, à savoir l’infanterie mobile.

Lorsque nous entrâmes, elle était déjà là…assise au bar de dos…mais je l’avais reconnue. C’était bien elle. Elle était en pleine conversation avec le gigantesque Besalisk qui semblait faire office de barman. C’était bien la twi-lek que j’avais sauvée. Mon comparse bailla et fit une grimace…soupira…visiblement contrarié du rôle que je lui avais demandé de jouer pour faire diversion. Il grogna :

- Bon…tu m’en devras clairement une, toubib…la prochaine fois que tu veux parler à une fille tu te trouveras un autre pigeon hein…ou tu t’achètes une paire de couilles…au choix…mais sérieux…tu te démerderas sans moi…Bon…elle est où la donzelle ?

Je lui désignais la twi-lek rose accoudée au bar. Il soupira de nouveau, pointa un doigt vers moi, puis sur lui, et de nouveau sur moi, genre « souviens-toi…tu me le paieras…très cher » J’avisais l’heure…19h42…

- Dépêches !

- Ca va…ca va… bon sang…t’es une vraie pucelle…c’est bon elle va pas s’envoler ta chérie…J’te jure…

Puis, il se dirigea vers Kaa’lia en continuant de maugréer : « Et pourquoi je fais ça moi hein ? Sans déconner, il va pas être déçu l’autre andouille avec sa tête de pomme verte tatouée lors du prochain entrainement…j’m’en vais te le faire pomper, il va pas oublier le voyage… et s’il me pèle le jonc y’aura explication des gravures… »

Il posa un coude sur le bar et demanda au Besalisk d’une voix ferme mais sans impolitesse :

- Patron, une bière corellienne s’il vous plait !

Dès qu’il eut sa commande il saisit le verre et entrepris de le vider sans s’arrêter, reprenant juste son souffle entre deux gorgées…il reposa le verre totalement vidangé du précieux alcool…accentuant son geste d’un petit « haaa » …et ajouta : « une autre s’il vous plait »…

Vhagar était un grand cathar d’un mètre quatre-vingt, il lui fallait plus qu’une bière corellienne pour ressentir un quelconque effet. J’observais la scène de loin, manifestement Kaa’lia était en train de passer un sérieux savon au barman…Vhagar quant à lui avait attendu que le Besalisk s’éloigne avec un datapad pour finalement s’approcher de la Twi-Lek…19h58…pile à l’heure quand il se décida à l’appréhender d’une voix rude :

- SerGentVertP4…Il rit à l’évocation du pseudo que j’avais tapé négligemment pour m’inscrire…il fallait dire qu’il était particulièrement débile ce pseudo…mais je l’avais choisi sans réfléchir…Bon…vous pouvez m’appeler Vhagar hein…sinon…mes gars m’appellent sergent…Il rit de nouveau. Quel con…c’était pas le moment de lui faire le coup du sergent-instructeur !

Finalement il rebut une gorgée de bière et observa la jeune femme qui lui faisait face…

- Pfiou…vous êtes jolie…je comprends que vous puissiez marquer les esprits…

Vhagar n’était, en soit, pas repoussant. C’était une armoire à glace, façonné pour la guerre, tout en muscles. Néanmoins, sous ses airs de brute épaisse, il avait clairement bon cœur, et toujours prêt à défendre la justice et l’opprimé, portant fièrement son uniforme de soldat de la République. Son pelage était gris tigré nuancé de noir et de blanc. Ses immenses yeux de félin, d’un bleu perçant, donnaient toujours l’impression qu’il vous sondait jusqu’au tréfond de votre âme.

- Vous buvez quelque chose Mademoiselle ? Demanda-t-il un peu abruptement…

Même hors de son peloton d’instruction il ne savait pas faire autrement qu’aboyer sur les gens…pas foutu d’aligner deux mots sans donner l’impression d’engueuler son interlocuteur…il était clairement fait pour être instructeur…Toutefois, il ne fallait pas croire que Vhagar était désagréable, que nenni, c’était juste sa façon de perler…Et il affichait un petit sourire qui venait contraster avec son franc parler, témoignant de son intention réelle d’être un « galant » petit soldat.

J’étais resté dans l’ombre, m’approchant discrètement du couple formé de mon intrigante twi-lek et de mon mentor. Je pris soin de rester hors du champs de vision de la jeune femme, jusqu’à m’attabler au bar un peu plus loin d’eux…Je ne voulais pas encore me révéler à elle…pas de suite…j’observais les lieux, j’essayais de comprendre…ce qui avait poussé une fille de sénateur à venir s’enterrer ici…



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La règle d’or du métier : satisfaire son client, satisfaire son client, satisfaire son…

Et comment je suis censée penser un seul instant à mon client, au beau milieu de tout ce bordel, moi, hein ? Non, mais franchement… Sur certaines planètes, les prostituées ont réussi à obtenir certains droits syndicaux. Comble de l’ironie : nous nous trouvons au cœur du cœur politique de la Galaxie, et je n’ai aucune ressource pour améliorer mes conditions de travail.

Impossible de ne pas penser à cette histoire de voyage dans le système Lianna. Si je ne me replie pas sur l’instant présent, mon client va en avoir pour ses sous.

Tiens… Quand on parle du Chien Kath, on en voit la queue ! Sans mauvais jeu de mot, bien sûr. Un dur à cuir, manifestement. Il me jette un regard passager, avant de me lancer :

«SerGentVertP4…»


Même pas un « bonsoir », rien. Tss-tss ! C’était bien la peine de m’apprêter. Vous me direz peut-être que je suis narcissique sur les bords – et vous aurez sans doute raison –, mais j’aime bien qu’on me fasse un petit compliment pour entamer les réjouissances. Même les pires parias de la Galaxie savent s’y prendre, à leur manière.

Par contre… pourquoi est-ce qu’il rigole, au juste, ce Cathar ? Son propre pseudo l’amuserait donc ? On dirait bien. Curieux, ça. Il est peut-être moins idiot que je ne le croyais, mais j’ai comme l’impression qu’un truc m’échappe dans cette histoire : vous avez déjà vu quelqu’un se moquer de lui-même en face d’une prostituée, vous ?

«Bon…vous pouvez m’appeler Vhagar hein…sinon…mes gars m’appellent sergent…»

Là, par contre, je ne comprends vraiment pas ce qu’il y a de drôle. Dans le doute, je me compose un petit sourire malicieux pour feindre d’avoir capté je ne sais quelle blague cachée.

«Enchantée. Moi, c’est Kaa’lia, comme vous le savez déjà…» , lui dis-je sur un ton lascif, avant de m’approcher de son oreille et d’y susurrer : «… mais je vous appellerai par le nom qui vous plaira, sergent.»

Mon client recule et s’enfile une gorgée de bière. Corellienne, si j’en crois la couleur – mais je n’y fierais pas trop ce soir, allez savoir pourquoi. Moktarr lève le nez de son datapad et m’adresse un clin d’œil complice. J’en induis qu’il a envoyé mon message à l’autre huile, comme je le lui avais demandé. Bon… Une bonne chose de faite… Je peux me consacrer corps et âme à ce grand dadais de Cathar, maintenant.

Satisfaire son client… Mouais… Difficile de constater que sa bière le satisfait quand on sait ce qu’il y a dedans. A moins, bien sûr, qu’il n’ait quelque fantasme urophile caché dans les tréfonds de sa cervelle et inconsciemment assouvi par les conneries techniques de l’irremplaçable Moktarr Mac Cload. Rappel à moi-même : je vais éviter les baisers trop langoureux, pour une fois. Simple mesure prophylactique.

«Pfiou…vous êtes jolie…je comprends que vous puissiez marquer les esprits…»

Il donc entendu parler de moi. Autrement que par les canaux de l’Holoweb, je veux dire, car je ne pense pas que ma réputation virtuelle soit si étendue.

«Je vous remercie.», me contenté-je de lui répondre, tout en réfléchissant à une manière de lui tirer subtilement les vers du nez.

«Vous buvez quelque chose Mademoiselle ?»

«Sans façon.»

Je m’apprêtais à ajouter : «Jamais pendant le travail.» pour camoufler mon mensonge, mais l’évocation du mot travail tend à mettre certains clients mal à l’aise. A la place, je m’approche une nouvelle fois de lui et lui murmure sur un ton taquin :

«Je préfère garder les idées claires pour pleinement vous satisfaire.»

Puis à la volée, m’accordant sur l’ambiance conviviale et détendue de tout bon bar à putes :

«Moktarr ! Tu savais que Monsieur a entendu parler de moi ? Et pourtant, il est passé par les Webcanaux !»

Le Besalisk lève la tête et m’exhibe un sourire plein de dents :

«Ah bah ça ! C’est qu’tu’t’fais une putain d’réputation, ma belle ! Intergalactique, avec ça !»

C’est ce qui s’appelle faire mouche. Merci, Moktarr. Maintenant, mon beau Cathar, te voilà piégé : d’où me connais-tu vraiment ?
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- Appelez-moi Sergent si vous voulez, dans votre bouche cela sonne différemment de ce que j’ai l’habitude d’entendre…c’est agréable…et puis…l’armée c’est toute ma vie, même en repos je n’arrive pas à ôter cet uniforme.

Vhagar avait répondu avec un petit clin d’œil amusé. Je regardais la jeune twi-lek entrer dans son rôle…confirmant le restant de doutes qui avaient pu m’assaillir à nouveau concernant cette fille de sénateur en cavale…devenue une…une…prostituée…Je secouais la tête, reposant mes yeux sur Vhagar et celle que j’avais sauvée il y avait quelques temps. Je n’entendais pas ce qu’elle pouvait bien lui susurrer à l’oreille, mais nul doute qu’elle était en train de l’aguicher. Et…je devais bien reconnaître que cette vision ne me plaisait clairement pas. J’étais envahis d’un drôle de sentiment, une gêne au plus profond de moi…j’ignorais totalement ce que cela pouvait être. Qu’importait…je devais me reprendre.

Vhagar avait du mal à savourer sa bière corellienne. Cette situation lui était dérangeante. Il ne savait pas trop comment se comporter avec cette Twi-Lek rose…d’autant plus qu’il savait que je n’étais pas loin. Il n’osait probablement pas être trop entreprenant. Mais ce que je craignais arriva, il s’était fait prendre la patte dans le sac. Elle était maligne la drôlesse... et attentive à toutes paroles. Elle avait compris que Vhagar n’était pas venu par hasard, et voila qu’en plus elle s’était mise à le beugler dans tout le bar à l’intention du patron…un certain Moktarr donc. Cette fille n’avait donc aucune décence ?

Vhagar était désormais piégé…il allait devoir répondre. Mon ami n’était pas du genre patient, je le savais, ses yeux se posèrent une fraction de seconde vers moi, puis il expliqua :

- Ha ça…figurez-vous miss que c’est un ami à moi qui m’a parlé de vous. Il m’a décrit une twi-lek très avenante, et qui embrassait divinement bien. Alors me voilà…comme je vous le disais dans mon message, j’ai besoin de me changer les idées…Je suis sergent-instructeur dans l’infanterie mobile…Vous n’imaginez pas ce que cela peut être épuisant de former tous ces puceaux tout justes sortis des jupes de leurs mères qui chialent pour un rien et qui savent même pas respecter les bases pour tenir un fusil sans avoir l’air d’être un amateur…Il repris une rasade de bière…ajoutez à cela les crétins qui s’imaginent en savoir plus que vous sous prétexte qu’ils sont bardés de diplômes et qui sont pas fichus de faire un tour de caserne en petites foulées sans s’effondrer à l’agonie…

Et bim…ca c’était pour ma poire…Il réglait ses comptes l’animal…forcement en sortant de ma cure de désintoxication j’allais pas lui faire un record aux 400 mètres hein…et en prime le sport ce n’était clairement pas mon truc…Maintenant j’avais pris des habitudes à cause de ce damné Cathar et j’étais capable d’exécuter les exigences du sergent Vhagar Zhym…

Mes yeux parcouraient le bar discrètement…je profitais de la situation pour mener ma petite enquête sur les potentielles circulations de drogue en lien avec l’affaire que je menais avec mon ami Jedi Luke Kayan. Je me souvenais de la forte dose de Glitteryll qu’avait ingurgitée la délicieuse créature rose. Il venait bien de quelque part. Mais je devais rester concentré sur mon ami et ma jolie petite menteuse. Vhagar ne tiendrait plus très longtemps et j’allais bientôt entrer en scène, le libérant de son rôle qu’il avait endossé par pur amitié. Même si je savais que malgré tout, il me ferai chèrement payer ce service.

Kaa'lia semblait bien décidée à comprendre comment le Cathar avait entendu parlé d'elle. il était évident que lorsque j'avais parlé de Freyka à mon ami, j'étais à des années lumières de me douter qu'elle avait pu me baratiner et qu'elle était en réalité une...une... prostitué...Dans tous les cas, nous n'étions pas destinés à nous revoir... Une fille de sénateur n'avait cure d'un médecin militaire peu avenant et associable...J'avais retrouvé la trace de la jeune femme totalement par hasard. Et ce que je découvrais me blessais dans un sens, mais aussi me faisait comprendre bien des choses sur les propos qu'elle avait pu tenir à certains moments lors de notre première rencontre.

Je m'approchais encore un peu plus...prêt à sortir de l'ombre à la prochaine question trop curieuse de Kaa'lia...

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Un sacré personnage, ce sergent… Je ne peux m’empêcher de sourire à l’évocation de ces soi-disant puceaux. D’un sourire sincère, s’entend – pas l’un de ces artifices destinés à séduire le client.

Il n’empêche : bien loin de résoudre mes interrogations, sa réponse a éveillé tout un tas de nouvelles questions. Quel est ce fameux ami ? Un autre militaire ? C’est l’hypothèse qui me paraît la plus vraisemblable, vu le caractère du bonhomme. Si oui, de qui s’agit-il ? Il est assez rare que des gaillards de l’armée me louent mes services : ils doivent très certainement goûter aux plaisirs de l’amour au fil de leurs voyages, s’adonnant à une variante martiale du tourisme sexuel. Sur Coruscant – en tout cas, dans cette partie de Coruscant –, les principaux consommateurs sont à trouver chez des mercenaires sans vergogne, des dealers crapuleux ou des politicards tout entiers dévoués au grand combat contre le Crime – du moins dans leurs programmes de campagne, pas dans leur lit.

Je ne me poserais pas toutes ces questions si mon sergent ne semblait pas avoir une idée si précise en tête. C’est maintenant cette histoire de baiser qui m’intrigue le plus. Venant d’un grand gaillard comme lui, un « Eh ! Mademoiselle ! On m’a dit que vous saviez super bien rouler des pelles ! » n’est pas la première chose qu’on dirait à une prostituée. A moins, bien sûr, que d’étranges fantasmes bucophiles ne s’ajoutent au scénario urophile que je m’étais imaginé sur la base de sa bière, mais j’ai du mal à y croire : un grand lascar comme lui n’est pas du genre à verser dans le fétichisme. Je me l’imagine plutôt droit au but, se refusant toute pratique jugée déviante par notre société bien-pensante et pourtant pratiquée par une majorité refoulée.

«Vous m’en direz tant…», réponds-je, allusive, pour laisser à mon cerveau le temps de traiter ces données.

Résumons : j’aurais offert à un autre militaire un baiser qu’il n’est pas prêt d’oublier. Hypothèse : le client en question ne s’est pas présenté à moi sous son identité de soldat, se faisant passer pour un civil.

«Mais je vois que nous avons déjà un point commun, sergent…», en rajouté-je pour l’aguicher. «Vous et moi détestons les puceaux inexpérimentés.»

Il part d’un énorme rire, bien guttural, et manque de s’étouffer dans sa bière. Le voilà qui crache ses poumons. Parfait… Réfléchissons encore…

Parlant de puceau, il semblait avoir en tête une catégorie bien précise de collègue quand il s’est référé à mon ancien client : un diplômé. Hum… logique, oui, vu comme ça. Si elle n’est pas un combattant à proprement parler, la personne en question aurait très bien pu se faire passer pour un civil.

«Ne mourez pas tout de suite, mon cher sergent. Je préférerais que vous fassiez une crise cardiaque un petit peu plus tard dans la nuit.»

Cette réplique relance de plus belle la toux du Cathar, qui s’était un peu calmée. Si je me retrouvais au chômage – ce qui ne risque pas d’arriver –, je pourrais me reconvertir dans l’assassinat, moi.

Réfléchissons, réfléchissons tant que j’en ai encore le temps… Dans quelles circonstances aurais-je pu embrasser un militaire diplômé ?

Mon regard s’égare quelques instants. Au fond de la salle, à l’ombre d’une alcôve reculée, deux Twi’leks faubouriens s’échangent un petit sachet sous la table, l’air de rien, tout en faisant mine de boire entre potes. Du glitteryll, à tous les coups. Je suis restée sobre depuis mes dernières conneries, mais d’en voir, là, comme ça, j’avoue que j’aurais bien envie de…

Attendez un peu… Mes dernières conneries… Glitteryll… Un gars de l’armée… Que j’ai embrassé langoureusement… Et si… depuis le début… je m’étais trompée en pensant qu’il s’agissait d’un ancien client ?

«Je suis médecin militaire, vous allez devoir rester allongée un petit moment.»

C’est bien ce qu’il m’avait dit, hein ? Je ne me trompe pas ? Le médecin qui s’était occupé de moi, après mon overdose… Et le baiser… ah oui, quand je m’étais retrouvée à poil sur ses genoux… Humph… ceci explique cela… C’était quoi, son nom, déjà ?

Le Cathar semble remis de sa quinte de toux. Je plonge mes yeux dans les siens, m’approche lentement de lui, pose la main droite sur son torse, lui mordille gentiment la lèvre. Il est grand temps de passer au tutoiement.

«Dis-moi, mon sergent chéri, puisque nous en sommes à l’heure des présentations… L’ami dont tu parlais… ce ne serait pas un Mirialan, à tout hasard ? Un médecin, si je ne m’abuse…»

J’espère que, paranoïaque comme je peux l’être, je me goure complètement. Aux yeux du docteur, j’avais camouflé mon identité actuelle en me faisant passer pour… pour quoi, déjà ? Ah oui, pour ce que je suis vraiment : une fille de sénateur…

Eh merde.
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Je continuais d’observer Vhagar et Kaa’lia, il était parti dans un fou-rire terrible, manquant de s’étouffer. Je faillis griller ma position en me précipitant vers lui pour voir si tout allait bien. Mais après tout…cet enfoiré venait de me traiter de « puceau » - une insulte gratuite et totalement fausse de surcroît…Et de « crétin diplômé » …ouai…j’avoue, j’avais peut-être été un tantinet rebelle durant mes classes. En même temps je n’avais pas choisi de m’engager dans l’armée de la République ! C’était ma seule solution pour retrouver un travail décent, et surtout expier mes fautes…

Je laissais donc mon ami s’étrangler dans sa bière suite à l’allusion de Kaa’lia, qui, allez savoir pourquoi, ne m’avait clairement pas fait rire. La demoiselle semblait chercher au tréfond de ses souvenirs à quel « ami » Vhagar pouvait bien faire référence dans ses explications. Je vis la Twi-lek tourner la tête pour regarder la salle. Son regard semblait suivre le même parcours que le mien précédemment. J’avais repéré les deux individus au fond, dans un coin sombre, dont les gestes trahissaient clairement une transaction douteuse. Des Twi-leks…sans aucun doute du glitteryll…

Je soupirais…parviendrais-je à mes fins ? Et d’abord qu’elles étaient-elles…mes « fins » ? Le souvenir de la seringue d’adrénal qui s’était retrouvée entre mes mains avait laissé une marque cuisante…douloureuse…aguicheuse…Comme cette Twi-Lek rose. J’étais perdu…comment pouvais-je prétendre aider les autres si moi-même j’étais incapable de savoir ce que je devais faire ? Je tâchais de me souvenir des exercices de Luke Kayan, de me concentrer sur la maigre connexion que je pouvais avoir avec la Force. Mais en cet instant c’était impossible. Car faire le vide dans mon esprit était une mission échouée d’avance. Surtout qu’il y avait du mouvement du côté de mes « cibles ».

Kaa’lia avait déclenché une nouvelle crise de rire chez Vhagar. Mais la Twi-lek devenait de plus en plus chaleureuse, et la voilà qui essayait de draguer le Cathar pour…pour…lui faire cracher le morceau à grand renfort de minauderies, et vas-y que je te mordille la lèvre, et que je te caresse le torse…pathétique…Les gens n’ont-ils que cela en tête ? En même temps Kaa’lia était une…une…comment avait-elle dit lors de notre rencontre ? Nymphomane ? ouai…une prostituée surtout.

Vhagar se reprenait doucement quand il s’était vu littéralement « agressé ». La miss passait à la vitesse supérieure, tutoiement et rapprochement…très …intense ? Il sentait une vague de chaleur monter en lui…entre la bière et le roudoudou rose qui se faisait entreprenante, ce n’était pas étonnant. Et il fallait dire que la créature qui lui faisait face était capable de réchauffer le corps le plus frigide qui soit.

«Dis-moi, mon sergent chéri, puisque nous en sommes à l’heure des présentations… L’ami dont tu parlais… ce ne serait pas un Mirialan, à tout hasard ? Un médecin, si je ne m’abuse…»

Vhagar ouvrit de grands yeux…j’étais sûr que si je n’étais pas dans les parages, il irait carrément plus loin avec Kaa’lia. Les bras presque écartés, il n’osait poser ses mains sur le corps désirable de la Twi-Lek. Les mots de la prostitué parvinrent finalement à ses oreilles, et suivirent le chemin jusqu’à son cerveau embué par la situation.

Une nouvelle fois, une douloureuse et désagréable sensation me saisit…je fronçais les sourcils…je devais couver quelque chose sans doute…je ferai un diagnostic en rentrant…Pour l’heure je devais faire cesser cette mascarade. Si Vhagar n’avait pas été mon ami, je lui aurai sans aucun doute flanqué mon poing dans la tronche pour avoir osé…heu…osé quoi d’ailleurs ? C’était elle qui était en train de le chauffer…D’autant plus que c’était moi qui l’avais fait venir…

Le Cathar enlaça finalement la taille de Kaa'lia pour l'amener plus prêt de lui et vint susurrer à son oreille:

- Hahaha… mais c’est qu’elle est pleine de ressources et d’astuce la môme…Ma foi, c’est fort possible que ce soit bien cet « ami » en effet. Si on parle bien du même crétin de toubib comme peut l’être cet enfoiré de Mirialan…Facile à vérifier cela dit…

J’étais à présent juste derrière Kaa’lia…Vhagar leva les yeux vers moi et rit :

- N’est-ce pas Doc’… ?

J’eus un faible sourire…et ma voix ferme s’éleva bien distinctement derrière la Twi-Lek :

- Bonsoir…je marquais une pause…et finalement lâchait ce prénom qui me brulait les lèvres…Freyka…

Le Cathar lâcha la jeune femme et se détourna pour s’accouder à nouveau au bar et terminer sa bière corellienne. Kaa’lia…ou Freyka…je ne savais plus qui elle était désormais se trouvais cernée entre lui et moi…Mes yeux ne quittaient pas le visage de celle que j’avais sauvée d’une overdose il y a quelque temps…je sentais mon cœur battre à tout rompre, je mis cela sur l’excitation du moment. Qu’est-ce que cela pouvait-il être d’autre de toute façon ? Tel un automate je déclinais de nouveau mon identité à la Twi-Lek :

- Sergent Balian Atraïde…médecin militaire…vous vous souvenez de moi ?

Question rhétorique car nul doute qu’elle savait qui j’étais. Et désormais son esprit vif avait dû faire le lien entre moi et le pseudo de "SergentVertP4"...elle allait comprendre que je lui avais littéralement tendu un piège en lui envoyant Vhagar... Les mains dans les poches de mon uniforme impeccable, j'avais toujours cet air dur et morose qui me donnait un aspect peu avenant.

J’étais prêt…prêt à recevoir une baffe ou une insulte…peut importait…Je l'aurai probablement mérité. Mais elle ne perdait rien pour attendre. J’étais de toute façon décidé à en savoir plus sur la belle damoiselle rose…J'espérais qu'elle puisse avoir une once d'humanité et de cœur pour m'accorder un peu de son temps malgré les circonstances.



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«Sergent Balian Atraïde…médecin militaire…vous vous souvenez de moi ?»

«Oui. Bien sûr.»

Réponse froide et professionnelle. Aucune trace de surprise dans ma voix.

«Autant être claire dès le départ. Quelle que soit votre intention, les tarifs restent les tarifs. 100 crédits pour une demi-heure, 140 pour une heure. Vous m’avez déjà pris dix minutes de mon temps. Vous me devez donc 23 crédits, multiplié par deux clients : 46. Allez, je vous l’arrondis à 45 – parce que je suis gentille…»

Sourire ironique. Qu’est-ce que tu croyais, enfoiré ? Que j’allais frémir au seul son de mon nom, "Freyka" ? Tu ne me connais pas, toi, hein ?

«Pour information, si c’est un plan à trois que vous voulez, le prix est augmenté de 20%. Par tête, bien sûr.»

Il m’arrive souvent de ressortir la même blague – «par tête de pipe» –, ça fait marrer les clients et ça les met à l’aise. Mais là, je vous avouerai, je ne suis vraiment pas d’humeur.

Qu’est-ce qu’il me veut, le pépère vert ? Le pervers, ouais… Le gars m’a traqué sur l’Holoweb, a embauché son balourd de pote, se pointe en osant m’appeler par mon nom ! Mon vrai nom ! Devant tous les clients ! Rah, finalement, j’aurais dû inventer un vrai mensonge, dans cet hosto. Qu’est-ce qui m’a pris, putain ?

Si, par malheur, on finit tout de même par monter dans ma chambre, connard, crois-moi, à chaque instant je resterai à portée du blaster que je cache sous mon matelas, au cas où je tombe sur des vicelards de ta trempe.

Enfin… Pour le moment, je n’ai qu’une envie : te mettre mal à l’aise, te rendre la pareille ! Je vais me gêner, tiens ! Hum… Se venger, se venger, se venger… Voyons un peu… Mon regard se dépose sur Moktarr, tout occupé à nettoyer ses verres à pisse. Moktarr… Oh ! Mais oui ! Bien sûr ! Pourquoi est-ce que je n’y ai pas pensé plus tôt ?


* * *

Précédemment…

«Comment OSEZ-VOUS ! Comment osez-vous tenir de tels propos en un tel lieu et dans de pareilles circonstances !»

«Wow ! Il se lâche, le toubib !»

Une après-midi merdique comme tant d’après-midis merdiques… Je sirotais tranquillement mon énième bière de la journée, en attendant désespérément qu’un client se pointe. Moktarr, de son côté, tuait le temps en regardant les actualités. Des trucs politiques, le procès d’Emalia Kira – je n’ai jamais tout à fait compris pourquoi il s’intéresse autant à tous ces débats stériles, mais j’imagine que son passé d’ancien militaire républicain y est pour quelque chose.

«… Et croyez-moi les sacrifier pour d’obscurs intentions n’en fait pas partie ! C'est du gâchis de soldats, et de matériel ! Mais ça je présume que ça vous passe au-dessus de la tête ?»

«C’est ça, bien dit ! Vas-y ! Nique-les moi, ces p’tites gueules de politicards !»

Je levai les yeux au plafond dans un soupir ennuyé.

«Hey… Du calme, Momo. Ce n’est pas une course de Podracers, non plus.»

«Nan, mais t’as vu ça ? Ce toubib, là… Au départ, le gars, il était tout tranquille, bien technicien comme il fallait, et là… j’sais pas… il s’met à gueuler comme un taré ! Ce mec-là, j’te l’dis, il sait c’que c’est, l’armée ! Et pour ça, j’lui tire ma révér… Eh mais… Y a un truc qui cloche, ma belle ?»

«Euh… non. Rien. Oublie.»

C’était bien lui, sur l’écran : le médecin qui s’était chargé de moi après mes dernières conneries de junkie. Damn it ! Je ne pensais pas être tombée sur une huile ! Et quand je dis tomber…

«Arf-arf ! Ce serait pas un d’tes anciens clients, à tout hasard ? Si tu voyais la tronche que tu tires…»

«Mais non. Qu’est-ce que tu vas encore imaginer ?»


* * *

Retour sur ce soir…

«Moktarr ! Regarde qui est là ! Un ancien client à moi ! Une star à tes yeux !»

Certaine qu’il ne l’a pas vu venir, celle-là, je balance un petit sourire malicieux à la tronche du Mirialian.

«Oh, putain, c’est-y pas vrai ! Le toubib ! Le putain d’toubib qui avait pété son câble pendant l’procès d’l’autre salope de Kira ! Toi, t’es un vrai ! Un héros ! Viens-là que je t’embrasse !»

A toute allure, le gros Besalisk quitte le comptoir et déploie ses quatre bras massifs autour de sa proie. A mesure que la frêle silhouette verte s’estompe sous la gélatine orangée qui sert de chair au gentil Momo, mon sourire s’élargit sur mon visage, narquois et revanchard.

Que personne, jamais, n’ose m’appeler par mon prénom quand je suis de service. Jamais !
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La demoiselle avait l’air…en fait je n’en savais rien…Elle était totalement détachée, froide et…finalement, si je savais. Elle n’avait pas l’air contente ! Sauf que je n’avais pas eu ma gifle. Je devais progresser dans mes rapports avec les femmes. La première fois que j’avais rencontré Cally, je l’avais littéralement fait sortir de ses gongs, et elle m’avait sauté dessus en m’étranglant.
Ok…Cally était peut-être pas le bon exemple ! Mon ex ? Alors ? Mouai…pas bon non plus, vu que c’est moi qui lui ai collé une claque qui l’avait envoyée à l’autre bout de la pièce…Pas fier de moi sur ce coup-là…

Bon…là il ne se passait rien de physique on va dire. Sauf que si ses yeux avaient été des blasters, à coup sûr elle aurait vidé ses cellules d’énergie sur moi vu le regard qu’elle me jetait. Faut dire que ce n’était pas bien malin mon entrée en matière, faire intervenir Vhagar etc…En même temps la petite dinde s’était bien foutue de ma gueule…c’était la monnaie de sa pièce non ?

Au moins elle se souvenait de moi ? On se consolait comme on pouvait dans la vie. La voilà qui embrayait sur la finance, et le fait qu’on lui avait déjà pris dix minutes… Déjà ? Bref je la laissais nous indiquer ses tarifs – cela dit, elle faisait bien car moi comme un con j’avais zappé ce détail sur l’annonce.

« Plan à trois » …plait-il ? Elle avait cru quoi ? J’ouvrais de grands yeux à cette mention…heureusement que j’étais vert et que cela camouflait aisément le feu qui me montait aux joues. Le pire c’était que l’autre tartuffe de Cathar était mort de rire, manquant de s’étouffer de nouveau dans sa bière…

J’avais croisé les bras, je ne riais pas, haussant un sourcil de dédain en constatant que je m’étais trompé sur son compte. Je l’avais prise pour une fille à papa…pour une jeune fille une peu effarouchée, qui avait fait une bêtise et qui s’était fait une belle frayeur avec son overdose et qu’on n’y reprendrait plus. Une jeune fille de la « haute » qui voulait simplement s’amuser et se changer les idées et se payant des shoots d’adrénaline. Mais on en était bien loin…

J’allais lui cracher à la tronche que son putain de pognon elle l’aurait ! Sans déconner qu’est-ce qu’elles avaient toutes les bonnes femmes avec leur argent ! Elles n’avaient que ce mot à la bouche ! Mais elle ne m’en laissa pas le temps…La voilà qui beuglait de nouveau au nommé Moktarr que j’étais un « ancien client » et que j’étais « une star » aux yeux du Besalisk…

Mais de quoi parlait-elle ? Jamais je n’avais été un ancien client…Et que je sache, je n’étais pas célèbre ?

J’allais répliquer…mais encore une fois je n’eus pas le temps…Car le barman avait percuté manifestement, et s’était précipité dans ma direction…bien plus rapidement que je ne l’aurai cru compte tenu de son embonpoint. Il écarta les bras et se rua sur moi…La vision d’horreur qui se profilait dans ma tête se concrétisa alors qu’il m’enserrait de ses quatre gigantesques bras et qu’il me souleva littéralement pour la plus gênante des étreintes.
J’avais eu beau lever un doigt et dire au Moktar :

« - Non…non… non ! Argrrrr… »

Rien n’y fit…Fait chier…

Le pire, c’était que je ne comprenais pas vraiment la raison d’une telle passion à mon égard. Alors que j’essayais de me dégager, je remettais en ordre la situation et les mots qu’il avait baragouinés avant de m’enlacer : « le toubib… », « pété un câble », « procès », « salope de Kira » …Bon sang ! Le procès du siècle ! Bien sûr ! La diffusion de ce satané procès ! J’avais totalement explosé le jour-là. Fallait dire que ce petit enfoiré de padawan m’avait bien cherché et pris pour un con !
Toutefois ce n’était pas une raison pour de telles embrassades ! Je n’en menais pas large, un rapide coup d’œil vers Kaa’lia et son sourire amusé me fit comprendre qu’elle avait bien calculé son coup…la petite peste…Vhagar quant à lui était perdu corps et âme, complètement plié en deux à force de rire.

Le problème c’était que le Besalisk ne devait pas sentir sa force, et j’étouffais…Combien de temps cela allait-il durer ? Je n’avais pas l’habitude du contact physique…encore moins avec un autre…heu… « mâle ». Je n’avais aucune passion pour les interactions avec d’autres êtres pensants, même si je faisais des gros efforts là-dessus. Je parvins à articuler :

- Je…heu…okay… Ravi…que ça vous ait plu…Vous…vous pourriez…me lâcher…peux plus…respirer !

Heureusement, le géant relâcha sa prise. Il me fallut quelques secondes pour me remettre, j’étais passé à deux doigts de la syncope bon sang ! Quelle poigne ce Besalisk ! Un coup d’œil vers Kaa’lia…la drôlesse jubilait avec son sourire narquois fendant sa jolie petite tête. Okay…celle-là je ne m’y attendais pas ! Elle m’avait bien eu…Je parvins à reprendre mon souffle et tandis que je remettais mon uniforme et mes galons en place je maugréais :

- J’ai bien peur que malgré mon…allocution…il n’y ait pas grand-chose qui change pour ceux qui reviennent traumatisés par ce qu’ils ont vu…ou subi. Je fronçais légèrement les sourcils, un peu suspicieux à l’égard du graisseux barman…Il y a bien peu de gens qui s’intéressent au sort de ces pauvres gars que je soigne…Et encore moins qui sont en mesure d’apprécier mes propos quelque peu…heu…acerbes…Vous étiez dans l’Armée ?

Ma question avait rendu vie à Vhagar qui, pour la peine, s’était rapproché…La curiosité de savoir qui était ce Moktarr l’emportait. Je n’avais jamais vu de Besalisk dans l’armée…pourquoi pas cela dit. De nouveau j’avais tourné la tête vers Kaa’lia tout en frottant un de mes bras endolori, puis je me concentrais de nouveau sur Moktarr et lui demanda avec un petit sourire en coin :

- Si vous le permettez, la belle Dame et moi avons beaucoup de choses à nous dire…et du temps à rattraper…Ha et…pour sa peine, je double son prix de ce soir…

Nul doute que cette précision fera son petit bonhomme de chemin à la fois dans la tête du « Momo », comme dans celle de Kaa’lia, m’offrant forcement la sympathie du gigantesque patron de la twi-lek. Mais aussi apaiser la jeune femme sur ce point. En réalité, je voulais la rassurer…J’espérais que nous pourrions discuter dans un endroit plus…intime…



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«Vous étiez dans l’Armée ?»

Armée… Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais il a réussi à faire sonner le grand -A à l’oral, à l’inscrire dans sa diction pour faire apparaître la majuscule. C’est un truc typique des militaires, ça : le même tour de magie phonétique se produit dans la bouche de Moktarr lorsqu’il nous ressasse ses grands souvenirs de l’AAArmée, bien qu’il ait pris sa retraite depuis plusieurs années. Quelle bande d’arrogants, quand même… Est-ce que je parle de la Prostitution avec un grand -P, moi, hein ? Hum… A la réflexion, lorsque je prononce ce fichu mot, mon -p doit paraître tellement minuscule qu’il sonne plutôt comme un crachat«pppprostitution».

«Ouais !», rugit Momo, enchanté à l’idée de jouer les fachos. «Enfin, c’était il y a longtemps, hein. J’étais major dans l’Centre des Hautes Etudes d’Artillerie, à l’époque !» (C… H… EA… le même tour de magie, je n’exagère pas.)

Il n’en a pas fallu davantage pour que Vaghar, celui que j’avais pris pour mon client, oublie sa bière et s’approche de Moktarr, les yeux pétillants. Moktarr et Vaghar… La rime tombe à merveille : en un instant, ces deux individus que rien ne rapprochait quelques secondes plus tôt sont devenus les meilleurs potes de la Galaxie. Et vas-y que je te pose des questions sur ton service, et vas-y que je t’y réponde en comparant la taille de mon calibre à la tienne, la puissance de mon vaisseau à celle de ta frégate… Si viriliste, si phallique… si pitoyable.

«Le Séléné, ça t’parle mon gars ?» (Au bout de deux répliques, le tutoiement s’est déjà imposé comme une évidence.) «Le meilleur engin de toute la Galaxie ! C’est moi qui l’ai monté sous les ordres de l’amiral Arö Ventarë… Pardon, contre-amiral Valiente Da Onore, tu l’as connu ? Bon, c’était avant que…»

Mon esprit s’était tellement agrippé à l’idée de provoquer le «câlin» étouffant que je n’en avais pas anticipé les conséquences. Je m’aperçois maintenant que j’ai tendu au Mirialan et le mal et le remède. Pas étonnant qu’en sa qualité de toubib, il ait l’intelligence de se dépêtrer physiquement et intellectuellement de mon petit piège…

« Si vous le permettez, la belle Dame et moi avons beaucoup de choses à nous dire…et du temps à rattraper…Ha et…pour sa peine, je double son prix de ce soir…»

Les deux lascars, perdus dans leurs délires de guerre, en ont oublié jusqu’à l’existence du monde alentours. La question du doc’ les arrache un instant de leur conversation passionnée – à défaut d’être passionnante.

«Ouais, ouais, c’est bien…»

«Hum… oui, allez-y…»

«Bon, et sinon, Vaghar, une ‘tite bière, ça t’tente ? Cadeau d’la maison, bien sûr !»

«Carrément, Moktarr ! Fais péter !»

«Faut que j’te raconte la fois où…»

Je me tourne vers le Mirialan, un sourire dépité sur les lèvres.

«Je pense qu’ils en ont jusqu’au lever du soleil… Mais suivez-moi. Ma chambre est à l’étage.»

Double paiement : je n’aurai pas perdu ma nuit, finalement. J’avoue que je ne me l’imaginais pas comme ça, mais bon… il faut s’adapter aux aléas de la vie et en tirer tous les bénéfices possibles, n’est-ce pas ?

Je prends silencieusement le toubib par la main et l’entraîne au fond de la cantina, derrière des rideaux rouges qui débouchent sur un large escalier, bordé de colonnes kitschissimes. Tandis que nous en gravissons les marches, je ne peux m’empêcher de songer quelques instants à l’étrange requête que j’ai reçue tout à l’heure, à l’éventualité d’un voyage dans le système Liana… Mais je sens aussitôt l’anxiété refermer sa poigne de fer sur mon estomac. Je décide de bloquer ma mémoire, de me focaliser sur l’instant présent, sur mon client de ce soir – Balian Atraïde, c’est son nom.

J’ai du mal à saisir ce qu’il se passe dans ma tête : la colère que j’éprouvais pour son petit stratagème quelques minutes plus tôt s’est estompée à une vitesse qui me surprend moi-même, rancunière comme je peux l’être. Même si ça m’arrache de l’admettre, ce mec a un drôle d’effet sur mes hormones, de cette incontrôlable fascination qui s’était emparée de moi à l’hôpital et que j’avais attribuée à mes délires de junkie – à tort, manifestement. Certes, ce n’est pas la première fois que je ressens une petite dose d’excitation pour un client, mais cette fois-ci… je ne sais pas… l’attraction dépasse le domaine physique… comme si… comme si quoi, d’abord ?

«Nous y sommes.», lui dis-je en tendant mon visage à la porte pour qu’elle procède à une reconnaissance faciale – et pour mieux éviter le regard d’Atraïde, bien que je ne veuille pas l’admettre.

Je l’entraîne dans ma chambre. Comme toutes les nuits, les néons violacés qui scintillent sur la façade du Diamant Vert forment, par la petite fenêtre, un rectangle lumineux : les draps fuchsia de mon lit double, les holo-portraits de femmes nues qui ornent les murs, la porte coulissante de ma salle de bain… mon petit cocon de volupté s’imprègne d’une luminosité lascive et décadente qui, à elle seule, pourrait mettre mal à l’aise un réformateur bien-pensant. A peine sommes-nous rentrés que la domotique de la chambrette décide de faire sa part de travail : des stores se referment silencieusement sur la fenêtre, deux petites lumières rosées s’allument de part et d’autre du lit, tandis que le jacuzzi, dans l’autre pièce, nous offre un accueil musical en entonnant ses petits glouglous.

En d’autres circonstances, j’aurais invité mon client à s’allonger sur le lit, je l’aurais décomplexé en le câlinant, en l’enlaçant, en le massant, j’aurais trouvé une ruse pour l’attirer dans la salle d’eau et m’assurer de son hygiène… mais cette nuit, une intuition me murmure dans l’oreille que la notion même de «client» n’est pas à-propos, malgré le double paiement que je recevrai. Suivant mon instinct, je m’assois donc en tailleur sur les draps sans chercher à me déshabiller, laisse le Mirialan agir comme bon lui semble sans tenter de le séduire, lui demande simplement, sans rien changer au timbre de ma voix :

«Puisque nous avons tant de choses à nous dire et tant de temps à rattraper, je vous en prie, Atraïde… La parole est à vous.»

Atraïde… Avec un -A majuscule tout aussi marqué que son «AAAArmée». De quoi garder une petit distance militaire pour un bon moment… Enfin, je crois…
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J’aurai dû m’en douter. Ainsi Moktarr avait été un militaire…et un major qui plus est ! Je manquais de taper un « garde-à-vous » doublé d’un « mes respects Major » …moi qui détestais ce genre de cérémonie…Mais après tout Vhagar m’avait bien conditionné. Mais je me retins, me contentant de me raidir. Surtout que le Besalisk n’était plus dans l’armée. Mais bon…même un retraité de l’Armée gardait son âme tournée vers ses frères d’armes. Le « Centre des Hautes Etudes d’Artillerie », il avait été instructeur…alors il allait bien s’entendre avec…Vhagar.

Mon ami cathar et le barman s’étaient bien trouvés. Deux têtes brûlées qui se racontaient leurs exploits et les coups durs auxquels ils avaient dû faire face. Leur détachement me faisait mal au cœur…Comment pouvaient-ils parler des horreurs qu’ils avaient vu avec une attitude si désinvolte ? Moi qui avais vu la guerre de prêt, au plus proche du front…moi qui avais été blessé, amputé…j’étais revenu traumatisé à jamais. Et malgré tout j’en redemandais. Comment le commun des mortels pourrait comprendre ? Beaucoup pourraient penser que j’étais accro à la guerre…des batailles. C’était mon shoot d’adrénaline. Mais la vérité était tout autre. Je ne pouvais me résigner à laisser ces pauvres bougres crever seuls là-bas…dans la merde…sans que quelqu’un leur ait tendu la main. Car ce n’était pas la République qui allait le faire.

Je n’étais pas un militaire dans l’âme, je n’avais pas l ‘impression d’appartenir à cette « famille »…mais pourtant, je m’étais pris d’affection pour ces pauvres gars qu’on envoyait au massacre et qu’on jetait comme de vieux mouchoirs usagés…Les soldats n’étaient pas des droïdes, ils avaient besoin que leurs dirigeants leur montre leur reconnaissances pour les sacrifices accomplis…C’était avec ce discours que je m’attirais généralement les faveurs des autres militaires…fussent-ils à la retraite.

Les deux avaient à peine réagit quand j’avais indiqué que Kaa’lia serait payée double pour le temps passé avec moi. Cette dernière semblait dépitée…et pour cause, Vhagar et Moktarr étaie t bien partis pour refaire le monde. Je me demandais quelle pouvait bien être la position de Freyka/Kaa’lia face à l’Armée…si seulement elle en avait une…de position…autre que…Enfin…vous voyez ce que je veux dire.

Bref voila que la demoiselle me prit par la main pour me guider. Déjà rien que là j’étais pantois. Je n’avais pas l’habitude de ce genre de chose…mais en plus qu’elle le fasse "elle". C’était…étrange. J’étais si surpris que je refermais à peine la main sur la sienne…timidement. Cette Twi-lek avait quelque chose d'attractif. Je ne saurai dire quoi. A dire vrai, j'étais incapable de décrire ce que je pouvais bien ressentir tant tout ceci était nouveau pour moi.

Je la suivais à travers une déco qui n’étais pas de mon gout. Nous gravîmes un grand escalier, et nous arrêtâmes devant une porte. La reconnaissance faciale se fit et la porte s’effaça pour nous laisser entrer dans la chambre de la jeune femme.

La situation était pour le moins singulière à mon esprit. C’était la première fois que je me retrouvais dans un pareil moment. J’étais particulièrement gêné de pénétrer ainsi dans son domaine. L’ambiance tamisée vint achever mon sentiment gauche. Mes yeux ne savaient où se poser, entre la lumière violacée, vestige des néons de la façade, les holo de femmes aguicheuses qui dansaient aux murs, et les glouglous qui provenaient de la salle de bain…pire encore lorsque je vis les stores se fermer et deux lumières scintiller de chaque côté du lit…C’était tellement…explicite. Cette chambre était littéralement vivante et plus que portée à la consommation sexuelle ! Je ne savais trop que faire…à dire vrai il y aurait eu un trou de souris je m’y serai engouffré à l’instant. Cette atmosphère, je n’y étais pas habitué…et même cela me collait un mal être assez significatif.

Par chance, Kaa’lia s’était assise sur son lit d’une position assez désinvolte, ainsi elle gardait une certaine distance avec moi. Cela me fit un drôle d’effet, j’étais à la fois soulagé et en même temps une certaine frustration me prenais. Bordel qu’est-ce qu’il m’arrivait. Fort heureusement, la voix de mon hôtesse m’extirpa de mes tourments pour me ramener à la réalité. Je ne relevais pas son ton pour dire mon nom de famille...un haussement de sourcils fut ma réaction. Elle me cherchais? Elle me cherchais? Je soupirais...J’avisais un fauteuil non loin du lit, je le désignais et fis le plus poliment du monde :

- Puis-je ?

A dire vrai je n’attendis même pas son autorisation que je m’affalais sur le siège en question. Mes yeux sombres se posèrent alors sur la jeune femme. Je ne pouvais m’empêcher d’admettre qu’elle était très belle. Et elle avait quelque chose qui lui apportait un côté « grande dame ». C’était sans nul doute cet aspect de sa personnalité, cette classe naturelle dont elle était parée qui m’avait conforté dans l’idée qu’elle puisse être ce qu’elle prétendait : une fille de sénateur.

Elle m’invita à prendre la parole…je l’avais voulu…m’y voila donc. Deux options s’offraient à moi : lui hurler dessus comme sur une ville chaussette… Ou être plus serein et conciliant. La deuxième option me parut être la plus appropriée. Aussi je fis d’une voix grave mais posée un peu traînante :

- Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour toute cette mascarade. Vhagar n’est pas un mauvais bougre, il a accepté de me servir de leurre. A dire vrai…j’avais peur que vous me repoussiez si je vous avais révélé qui se cachait réellement derrière le pseudo de « SergentVertP4 ». Ha et ...on m'appelle Sergent ou Docteur...parfois Doc'...ou toubib...sinon...Balian convient très bien...

Je soupirais…il était vrai que mon stratagème n’avait pas été très malin…mais je l’avais estimé nécessaire. Je poursuivis sur le même ton, non sans avoir frotté doucement mes yeux fatigués :

- Voyez-vous…j’ai été quelque peu surpris, en faisant quelques recherches, d’apprendre que la fille du Sénateur Mobok Gen’Kora était en cavale depuis un long moment. Alors pour le scandale on repassera ne croyez-vous pas ? Je marquais un temps d’arrêt…sentant une pointe de colère monter. J’avais l’impression d’avoir été pris pour un con. En même temps j’étais un étranger pour elle…c’était de bonne guerre de se prémunir contre des inconnus et de ne révéler qu’une partie de la vérité, voir de mentir totalement. Vous m’avez fait croire que votre situation était dramatique…j’ai menti pour vous…pour sortir vos jolies fesses du merdier dans lequel vous étiez jusqu’au cou ! Cela vous semble peut-être anodin, mais pas pour moi…Comme vous avez pu le constater si vous avez suivi le procès de madame Kira, je ne suis pas très populaire chez mes supérieurs…

Mes yeux s’étaient de nouveau posés sur elle avec un air sévère…Qu’est-ce qui pouvait bien trotter sous ses lekku ?

- Enfin…qu’est-ce qui vous a pris ? Pourquoi ne pas m’avoir dit de suite que vous étiez une…une… le mot ne sortait pas…il était si dégradant ! Il ne lui allait pas ! Enfin que vous vendiez vos services ? Je ne vous aurai pas soignée différemment !

Je ne faisais pas de différence dans les soins. Une idée me traversa la tête…J’osais alors lui demander sur le même ton grave et un peu inquisiteur :

- Etes-vous vraiment celle que vous prétendez être ? Je veux dire…si vous êtes vraiment qui vous dites…alors…pourquoi ? Qu’est-ce qui vous a fait fuir et adopter une telle vie ?

Je n’avais pas la moindre envie de m’immiscer dans sa vie privée, j’essayais juste de comprendre pourquoi tant de mensonges. Et surtout pourquoi j’avais risqué ma réputation et mon titre de médecin. C’était que j’avais presque faillis être accusé de viol avec toutes ces conneries. Résultat j’avais prétendu qu’elle était ma femme. Heureusement notre interlocuteur avait été particulièrement crédible. C’était mon ancien collègue et nul doute que mon passé avait joué en notre faveur…

Pourquoi j’avais ramassé cette fille dans cette ruelle…Sans doute parce qu'elle me rappelait quelqu'un que je connaissais bien? A savoir: moi...


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