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Un jedi de garde annonça l'arrivée de Cally, avant de l'introduire dans la salle du Conseil. Ainsi, le grand jour était arrivé. Aujourd'hui, elle serait jugée. Oui, jugement était le mot approprié. Ses actions seraient examinées par les membres du Conseil, juges et jurés, et le verdict serait rendu. Il était enfin temps pour elle d'assumer sa faute. De tourner la page, et de démarrer une nouvelle étape de sa vie. Elle ne pouvait cacher qu'elle avait redouté ce moment, telle une épée de Damoclès pesant au dessus de sa tête, mais il était temps à présent. Elle se sentirait mieux une fois que ce serait passé. Probablement.

Cally vint se camper au centre de la salle, entourée des maitres les plus puissants ou les plus sages que comportaient l'Ordre, ceux qui avait été choisis pour guider leur confrère. Elle-même était une maitre Jedi, et avec ces cent-trente-huit ans, elle connaissait la majorité des gens qui l'entouraient. Pour certains d'entre eux, elle les avait même vu grandir. Elle leur avait prodigué des conseils, leur avait donné des cours. Si les évènements avaient tournés autrement, peut-être même aurait-elle pu siéger parmi eux. Ils étaient ses pairs. Et pourtant, aujourd'hui, derrière leur regard impassible, ils allaient la juger.

Car, malgré son âge avancé, c'est dans le corps d'une enfant que Cally se présenta à eux. Elle avait tout d'une gamine de dix ans: la taille réduite, la carrure, le visage... Ses traits enfantins respiraient la vigueur et la santé. Elle avait une épaisse tignasse noire, dont les mèches en batailles venaient partiellement cacher son visage. Au premier regard, on aurait pu la prendre sans peine pour une padawan, venant se faire réprimander par ses professeurs. Pourtant, elle portait bien la toge traditionnelle des maitres Jedi, même s'il paraissait évident qu'elle avait été recousue à la hâte pour convenir à sa taille. Seuls ses yeux trahissaient son âge: d'un vert tirant sur le jaune, ils respiraient une expérience et une sagesse centenaire.

C'était précisément à cause de cette apparence qu'elle allait être jugée. Aux dernières nouvelles, Cally aurait dû être une très vieille femme à la santé déclinante. Il y avait quelques mois de cela, alors qu'elle était aux portes de la mort, elle avait tenté le tout pour le tout, et avait mené une expérience flirtant dangereusement avec le côté obscur. Elle avait bravé les règles de la vie, et avait utilisé la Force pour rajeunir son propre corps. Ce n'était pas sur un simple coup de tête qu'elle avait pris cette décision. Cela n'avait été l'aboutissement que de vingt ans de recherches douteuses et de préparations cachées. Son acte avait été pleinement réfléchi. Elle avait eu le temps de se préparer plein d'excuses, de bonnes raisons. Alors que, finalement, elle avait simplement eut trop peur de la mort.

Miraculeusement, elle avait survécu à ses expériences, et avait retrouvé le corps de ses dix ans. Mais peut-être aurait-il mieux valu qu'elle meurt. Car cette transformation semblait l'avoir vidée de la Force. Elle n'y avait plus aucune sensibilité. Elle ne pouvait plus la sentir, la manipuler. Comme si son corps s'était finalement rebellé face à ce traitement contre-nature, lui faisant payer le prix de sa folie. Pour elle, qui n'avait connu que la Force au cours de sa très longue vie, le choc avait immense, la poussant à un suicide raté.

Il lui avait fallu de longs mois pour se remettre de ses évènements, et encore cela n'avait-il été rendu possible que grâce à l'intervention de certaines personnes, qui l'avaient sorti du trou dans lequel elle essayait de s'enterrer, comme Balian. Elle avait à peine retrouvé un mental à peu près stable, bien que fragile. C'était bien le minimum pour être jugée dans des conditions correctes.


- Maitres du Conseil, commença-t-elle.

Sa voix était douce et fluette, seyant parfaitement à sa nouvelle apparence. Elle ne contenait plus grand chose de l'autorité acariâtre qui avait été longtemps sienne. Cela devait être une surprise, voire un choc pour ses collègues que de constater son état actuel... Mais étaient-ils seulement encore ses collègues ? Pouvait-elle encore prétendre au titre de maitre Jedi, quand bien même elle ne maitrisait plus du tout la Force ? Alors qu'elle avait bafoué les règles de l'Ordre ? Cela allait être à eux de s'exprimer, et de rendre leur décision à ce sujet.


- Je réponds présente à votre appel pour juger mes fautes.

Elle ne pouvait pas vraiment faire autrement, vu qu'elle avait été cloitrée au Temple en attendant cette décision. Les Jedi ne tenaient pas vraiment à la laisser la balader vu son état actuel, dont les tenants et les aboutissants n'étaient pas tous connus. Tout juste avaient-ils consenti à l'envoyer en mission à l'extérieur, sous la garde du chevalier Torr. Mais elle se doutait bien que cela n'avait été qu'un test pour juger ses nouvelles réactions et sa nouvelle condition physique. Voir si elle était toujours apte au service.


- J'ai pleinement conscience de la gravité de mes actions. Je sais que mes actions ont été guidées par mes sentiments. J'avais... Peur de mourir. J'étais prête à éviter cela à tout prix.

Elle croisa ses mains sur son ventre, cachés dans les larges manches de sa tunique brune, les doigts entrelacés pour les empêcher de trembler. Elle se sentait minuscule ici. Vulnérable, sous le regards qu'elle pensait inquisiteurs de ses pairs. Elle jouait son avenir ici... Mais elle se devait d'être avant tout honnête. Elle se doutait qu'elle puisse leur cacher grand chose, de toute manière.

- Sachez cependant que je ne regrette pas vraiment ce que j'ai fait. Si c'était à refaire, je le referai probablement. Sans cela, je ne serai peut-être déjà plus des vôtres aujourd'hui. Malgré le coût à payer... Cela valait probablement la peine.

Elle n'avait pas honte de l'admettre, même si elle n'était pas tout à fait convaincue par ses propos. Elle ne savait pas trop ce qu'elle pourrait faire de cette nouvelle vie, surtout sans la Force, mais Balian avait eu raison quand il lui avait dit qu'il s'agissait d'une nouvelle chance, et qu'elle ne devait pas la gâcher. Elle avait la détermination de vivre. Que tout cela ait un sens. Surtout que la peur de mourir n'avait pas disparu chez elle. Elle s'était simplement "éloignée", rendue distante par ce nouveau corps jeune et robuste.

- Sachant cela, je suis prête à répondre à vos questions, et à entendre votre jugement.

Son ton calme n'était qu'un vernis terriblement fragile qu'elle tentait de maintenir. A l'intérieur de son crâne, elle était dans un état de confusion assez général, bien loin de la paix d'esprit qu'un Jedi était censé ressentir. Ses mains tremblaient, cachées dans ses larges manches, et elle était à deux doigts de prendre les jambes à son cou pour s'enfuir. Si seulement il lui restait un endroit où fuir...
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Incroyable,

Anti-naturel, fou, horrifique mais incroyable.

Maître Venta dont Alycius avait si longtemps admiré la figure avait commis l'impensable, l'irréparable, un assassinat. Elle s'était tuée avant l'heure, suicidée pour renaître sous la forme de cette... Chose (?) qui ressemblait à une fillette sans la Force. C'était en tout cas la première impression qu'avait eu le bretteur en apprenant la nouvelle. Par chance, du temps -relativement peu ceci dit, vu l’invraisemblable impact.- avait passé et l'équidé avait pu réfléchir, adoucir ses pensées qu'il savait de prime abord acidulées, souvent trop tranchées, indignes d'un Jedi même franc. Il s'était donc assis dans sa petite chambre spartiate, propre et simple pour méditer sur le cas de Venta, son dossier ouvert devant les yeux. S'il ne saisissait pas tous les termes médicaux, le Maître compris aisément ce que signifiait le taux de Midichloriens annoncé et le résultats de relevés sanguins: elle n'avait plus la Force. Il avait relu, s'était rendu à l'infirmerie pour s'assurer que les flacons n'avaient pas été échangés, mais non, le rapport d'ailleurs le confirmait: Cally était plus aveugle, plus sourde, plus muette que n'importe quel handicapé. Sous l'émotion, le Nazzar pensa que la punition était suffisante, perdre ce qui leur étaient si cher, à eux, les Jedis équivalait à précipiter cette fin tant redoutée par la vieille humaine. Il était tenté d'éviter ce "procès" et de la renvoyer à la vie civile comme n'importe quelle gamine et... Débrouillez-vous. Aurait-il peur de cette séance? Sans doute.

Malheureusement agir de la sorte n'était ni juste, ni justifiable. Il fallait affronter cette séance particulièrement difficile, et en tout cas inédite au Conseil. Pauvre consolation: Cally devait être dans un état bien pire que le sien. El'Dor acheva de se tranquilliser avec une séance d'entraînement, des exercices d'assouplissement puis une douche. Il se rendit également à la cantine, parce que la vie au Temple devait continuer et que rien, hormis une attaque, l'effondrement de la bâtisse ou autre catastrophe ne devait altérer sa routine. L'effort en toutes circonstances. D'ailleurs, si c'était lui qui avait dû se rendre à cet espèce de procès à huit clos, il se serait certainement entraîné aussi. La discipline était le remède à bien des maux.

C'est vêtu de sa tunique traditionnelle fraîchement repassée que le Nazzar se rendit au Conseil. Même après tout ce temps, il marquait un arrêt au moment de poser son derrière sur le noble tissu. Arrivé en avance comme d'habitude, il put s'octroyer quelques secondes de recueillement, debout devant la vitre immense qui offrait une vue imprenable sur Ondéron. Résolu à attendre Cally Venta et ses propos, le Maître avait cessé de se laisser tourmenter par ses points d'interrogations ou extrapolations. Et si sa "formule" était découverte? Et si cette abomination venait à se répandre auprès des civils ou au sein du Temple? C'était la perdition assurée des âmes les plus effrayées par la mort ou des plus sombres et ambitieuses décidées à tromper la Grande Fin. Tous ces scénarios catastrophes, Alycius les balaya de la main. Il ne pouvait pas juger son aînée avant qu'elle ne se présente.

Et l'heure arriva plus rapidement que prévu. Face à eux, le prodige d'un processus anti-naturel: une fillette menue aux boucles abondantes. Rien hormis une certaine dureté dans ses yeux ne laissait présager les véritables années qui avaient couru dans ses veines.

- Maître Venta.

Le Jedi avait légèrement incliné la tête. Il était étrange d'appeler cette gosse en tenue d'initié "maître", et plus encore au vu de ses actes que de son apparence. Néanmoins, la femme n'ayant pas encore été jugée, El'Dor ne voulait pas lui retirer son rang. Un oreille puis l'autre se coucha sur le sommet de son crâne au fur et à mesure qu'elle donnait la première vague d'explications. Elle, cette bretteuse de talent dont il s'était inspiré. Austère mais juste, profondément ancrée dans la tradition, une Jedi dont il aurait tout espérer sauf la peur de cette Mort naturelle. Une fin que lui aussi avait appris à voir se matérialiser devant son regard, au combat ou face au temps qui passait. Malgré son espérance de vie naturellement plus élevé, le Nazzar pensait parfois à elle, cette fameuse Grande Fin, celle qui avait provoqué le gâchis de nombreuses années de Cally, occupée à étudier pour y échapper. Il avait ses doutes, ses inquiétudes mais se sentait pourtant prêt à l'accueillir surtout au champs d'honneur. Tous deux -la mort et lui- folâtraient ensemble depuis deux décennies de missions dangereuses, de duels mortels contre des Siths. La peur était toujours présente mais qu'est-ce qui pouvait justifier ce retour en arrière de Venta? Ce refus de laisser sa place aux nouvelles Âmes?

- Je ne peux que louer votre sincérité, ceci dit, vos propos ne m'enjoignent pas à plaider en votre faveur. Vous avouez avoir fait une erreur mais ajoutez allègrement ne pas avoir appris la leçon. Après avoir violé une des règles les plus élémentaires de la Vie, de la Nature, de la Force, vous nous dites que cela en valait la peine. En quoi est-ce que cela en valait la peine? Vous avez été une très grande Maître Jedi que j'ai admiré, Maître Venta. Votre départ aurait été une perte pour cet Ordre... Cela aurait ceci dit, un deuil normal, naturel auquel nous aurions dû nous confronter, pareillement que celui de nos pairs qui ont déjà péri. Imaginez que tous ces Disparus aient refusé l'inéluctable, recourant au procédé qui vous a mené devant nous. Que serait-il advenu? Il y a un temps pour tout. Pour la Vie et pour le retour à la Force. Mais puisque vous dites que vous referiez ce choix, je serais effectivement curieux de savoir si vous avez pensé aux conséquences d'une pleine réussite. Auriez-vous délivré le secret de votre... Formule?

Le maître s'exprimait d'une voix calme mais froide, rien qui ne puisse aider à se sentir à l'aise. Il aurait consenti à cet effort pour la victime d'un traumatisme, pas pour celle qui était aussi la coupable. Être juste, prêt à l'écouter, c'était son devoir, quant à sa preuve de respect, elle s'illustrait à travers sa promesse d'être impartial.

- Selon le rapport, vous vous êtes bien débrouillée aux côtés du Chevalier Torr, sachez néanmoins que je n'étais pas pour que l'on vous envoie en mission.- Effectivement, cela semblait hypocrite à Alycius qu'on teste la fausse gamine sur le terrain avant même d'avoir statué sur son sort. Quelque part on avait utilisé Cally. Dans le meilleur des cas, on lui avait donné des espoirs peut-être vain. Dans le pire on s'en était servi juste avant de la "licencier". Ce n'était pas correct mais le Jedi sur ce point, n'avait pas eu la voix du chapitre. Par justice toutefois, il avait voulu souligner le fait que dans le corps d'un enfant Venta s'était bien défendue, mieux que lui dans son cas, certainement. Passer au-delà de ce changement de corps et pire encore, de Sensibilité à la Force, c'était admirable quelque part. Sans parler de son maintien impeccable face à eux, présentement. Un caractère, un génie exceptionnels dont il ne demeurait qu'une caricature sous les traits de cette gosse. Quel dommage que cette magnifique Jedi ait tout gâché.- Enfin, la définition même d'un Jedi est d'être Sensible à la Force. C'est le critère de base pour accepter un initié. Sachant que l'on exige à un maître d'être le plus en phase possible avec elle et de savoir la... Maîtriser, si vous ne l'avez même plus, pouvons-nous vous considérer encore comme une Jedi?

C'était triste mais c'était ainsi. D'autres rares cas de Chevaliers égarant la Force avaient été décrit, notamment celui d'une certaine Qune après un traumatisme. Hélas, la Cathar, pure victime de circonstances, n'avait su garder sa place dans son Ordre -bien que ce dernier l'aurait aidé ou admise dans les corps si ça avait été son souhait.- alors une hérétique?
Saï Don
Saï Don
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Le vieil homme étrécit ses yeux azur, penché en avant, les deux mains posées sur l’accoudoir pour se soutenir dans son mouvement. Ses sourcils touffus et les rides de son visage lui donnaient un air grognon, mais c’était surtout l’effort qui lui froissait le front.
C’était qu’il avait du mal à reconnaître Cally Venta.
Mais c’était bien elle.
Il reprit une position plus confortable, sans quitter sa mine soucieuse.

- Avec l’âge, grommela-t-il à sa voisine, il m’arrive de m’éveiller et d’être sûr que ce genre d’évènements n’était qu’un délire de mon esprit sénile.

Maître Venta avait transgressé l’une de leurs règles les plus fondamentales : la Force ne devait pas être utilisée à des fins personnelles, et encore moins pour tromper la nature. Le vieux Don avait pendant des années cru sage d’annoncer aux plus jeunes élèves que de toute façon, de tels exploits étaient si rarissimes que la recherche de la jeunesse éternelle, par exemple, ne serait qu’une perte de temps à laisser aux plus fous des adeptes du côté obscur.

Et voilà que Maître Venta leur avait fait une démonstration anéantissant tous ces efforts. Pour couronner le tout, elle n’avait pas l’air prête à culpabiliser le moins du monde.
Le vieux Don soupira de lassitude.

Tandis que Maître El’dor exprimait verbalement la même surprise – et le même agacement devant un tel manque d’autoflagellation, le vieillard, lui, réactivait ses méninges pour trouver une issue favorable à cette situation grotesque. Les différents cheminements qu’il empruntait retombaient toutefois systématiquement sur des conclusions similaires, liées à la nécessité de maintenir un Ordre Jedi soudé. Il prit la parole lorsque Maître El’dor eut terminé ses remarques.

- Maître Venta, malgré votre apparence, il me semble que vous êtes trop âgée pour qu’un sermon ait une quelconque influence sur vous, remarqua-t-il avec un léger dépit. Mais vous savez que la légitimité de notre Conseil repose sur la justice que nous rendons lorsque l’un des nôtres ignore nos règles élémentaires, et que nous devrons être intransigeants, quelle que soit la décision qui sera prise à cette audience. Le Conseil devra voter pour une sanction à votre égard.

Ceci était incontournable. Ce qui était moins évident, c’était la nature de cette sanction. Et les enjeux que Maître Don avaient en tête n’étaient probablement pas les mêmes que ses collègues favoriseraient. Il défendrait néanmoins son point de vue avec la même rigueur que d’ordinaire.

- A votre avantage se trouve la situation actuelle de l’Ordre : en pleine guerre contre un Empire Sith qui ne cesse de croître, et au vu d’une République toujours plus instable, tout le monde sait ici que nous n’avons guère de forces à gaspiller. Le pire qui puisse arriver, de notre point de vue, c’est que vous ayez réellement goûté au côté obscur et que son appel vous soit à l’avenir de nouveau irrésistible. Alors, vous garder près de nous serait un risque incommensurable. Mais dans le meilleur des cas, vos talents nous serviront au mieux…

Déjà, Maître Don sentait l’agacement dans le regard perçant de certains de ses amis. Mais le vieux Saï était un pragmatique bien avant d’être moraliste.

- Si nous tentons d’atteindre cette situation optimale, cela ne saurait se faire sans le respect de certaines conditions, comme le fait que vous ne viviez plus au Temple d’Ondéron, pour ne pas laisser votre histoire être un exemple pour les jeunes initiés, ou encore que nous devrions contrôler régulièrement vos actions, afin de nous assurer que vous ne continuez pas en cachette vos potions et rituels peu avouables. Il vous serait certainement également interdit de former de nouveaux padawans jusqu’à nouvel ordre.

De réels sacrifices, autrement dit, pour contrebalancer le crime commis. L’acceptation de ce genre de libertés, extrêmement symboliques pour certaines, en diront long sur l’engagement réel de Maître Venta à l’Ordre Jedi, du moins semblait-il au vieux Maître.

- Voici donc, en substance, mes questions : avez-vous, oui ou non, utilisé le côté obscur pour réaliser votre expérience, et était-ce la première fois ? Seriez-vous prête à continuer à servir l’Ordre, en acceptant des conditions de nature à entraver votre liberté d’antan ?

Bien sûr, une telle situation devrait être acceptée par le reste du Conseil, et probablement y aurait-il débat. Maître Don n’était pas certain de défendre forcément cette position : cela dépendrait complètement d’à quel point il pourrait compter, à l’avenir, sur Maître Venta comme une alliée puissante pour l’Ordre. En attendant, les autres Maîtres avaient certainement d’autres commentaires. Il avait juste une dernière interrogation avant de leur laisser la parole.

- Ah oui, aussi : vous me ferez parvenir la recette ?

Silence embarrassé. Maître Don coula un regard sur sa gauche.

- Ah, ne fais pas cette tête Hilde, je plaisante.

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Cally ne s'était jamais sentie plus vulnérable qu'à cet instant. Heureusement que sa large toge Jedi cachait ses jambes, qui tremblaient tellement que ses genoux menaçait de s'entrechoquer à chaque instant. Bien qu'ils soient assis, la majorité des maitres présents devaient encore baisser la tête pour la regarder, lui faisant cruellement ressentir sa nouvelle condition. Ils l'écrasaient sous leur regard, tantôt surpris, tantôt froid. Dans l'ensemble, elle avait plutôt l'impression de ressentir une certaine hostilité envers elle. Et comment leur en vouloir ? Ils avaient raison, elle avait bafoué les règles de l'Ordre, enfreignant même les principes fondateurs de la Force. Elle ne pouvait pas espérer grande compassion. Elle ne pouvait qu'attendre un châtiment.

Elle dégagea une main tremblante cachée dans ses manches, et se la passa dans se cheveux en bataille, les ébouriffant encore plus. Ce geste, pourtant d'habitude rassurant pour elle depuis qu'elle avait retrouvé sa chevelure, ne parvint pas à la rasséréner. Maitre El'Dor prit la parole en premier, avec un discours calme mais un peu assassin. Elle connaissait sa froideur de réputation, et savait donc qu'elle ne pouvait pas espérer mieux de sa part. Ses oreilles chevalines repliées sur son crâne trahissait les vraies humeurs qui l'agitaient, malgré son calme apparent. Elle lisait en revanche ses reproches entre les lignes de son discours, qui n'augurait rien de bon pour la Jedi. Si cela reflétait l'avis des autres membres du Conseil, elle était dans de beaux draps...

Puis vint maitre Don, plus posé et pragmatique dans son discours. Le vieil homme ridé semblait plus être prêt à lui tendre la main, ce qui redonna espoir à la vieille jeune fille. Peut-être n'allait-elle pas être virée du Temple à coup de pied aux fesses après tout. Saï, malgré tout ce qu'il pouvait en dire, bénéficiait d'une très grande confiance et d'un très grand respect de la part de ses pairs ici présent. Il tenta même de désamorcer la situation tendue qu'ils vivaient à présent avec une petite blague que personne d'autre n'aurait osé, ce qui arracha un sourire timide à son visage crispé.

Oui, peut-être avait-elle quelques chances de rester ici après tout.

Ragaillardie, Cally reprit la parole d'une voix plus assurée, qui rappelait un peu sa force de caractère d'antan:


- Maitre El'Dor, je ne suis pas désespérée au point de vous mentir ou de vous cacher la vérité parce qu'elle ne m'arrange pas. J'ai beau ne pas regretter mes actions, j'ai tout à fait conscience de leur gravité. J'assumerai les actes que j'ai fait, même si cela me conduit à devoir quitter l'Ordre Jedi.

Elle était suffisamment vieille pour bien comprendre que son rajeunissement serait sanctionné. Mais sérieusement, après qu'elle ait perdu la Force, qu'est-ce qu'ils pouvaient bien lui infliger de pire ? Elle était en vie, c'était tout ce qui comptait après tout. Bien sûr, elle ne souhaitait pas quitter l'Ordre pour autant, mais cela faisait longtemps que l'avis des autres lui était égal. Elle ne serait jamais lancé de des expériences aussi peu éthiques dans le cas contraire.

- Cependant, je suis d'accord avec vous. J'ai perdu la... La Force. Je ne sais pas si c'est une situation temporaire ou permanente. Pitié, tout mais pas permanente... Suis-je toujours une Jedi sans la Force ? Cette question me hante depuis ma... euh... transformation. A chaque fois qu'on me donne du "maitre", je ne peux m'empêcher de me dire que je n'en suis plus digne. Je ne crois pas pouvoir juger de cela seule, c'est pourquoi je m'en remettrai à votre jugement sur mon statut.

De ce côté, elle n'avait pas trop le choix : à part le Conseil, qui d'autre aurait pu avoir le pouvoir de la privé de ce titre ? Elle-même, peut être. Pourrait-elle tirer un trait ainsi sur son passé en abandonnant ainsi le statut qu'elle avait si durement gagné au cours de sa vie ? Qui définissait qui elle était ?

- Maitre Don, malheureusement non, je ne pourrais pas vous fournir la recette, reprit-elle avec un pâle sourire. Pour répondre à maitre El'Dor, si j'avais réussi, j'aurai fourni le résultat de mes recherches à ce Conseil, et je vous aurai laissé la décision de savoir qu'en faire. Mais dans l'état des choses... Même si je suis heureuse d'avoir rajeunie, les... Effets secondaires... Hum... Enfin, je sais que personne ne devrait refaire ce que j'ai fait. J'emporterai ce savoir avec moi.

Elle soupira longuement, avant de reprendre d'une voix lasse et fatiguée qui seyait mal à son physique de gamine:

- C'était la première fois que je succombais au côté obscur en me laissant dominer par la peur. Sauf que contrairement à d'autres, j'ai immédiatement payé le prix de cette folie comme vous pouvez le contaster. Cela m'a passé l'envie de réessayer, vous pouvez me croire,
finit-elle dans un grognement.

Elle reprit longuement sa respiration, bombant sa petite poitrine.


- Je souhaite continuer à servir l'Ordre, si celui-ci veut encore de moi. Je suis même prête à accepter certaines restrictions comme punition, si vous jugez cela nécessaire... Mais ne vous leurrez pas, si vous comptez m'enfermer dans un Temple éloigné sans me laisser voir à nouveau la lumière du jour pour m'oublier, je préfère encore être exclue de l'Ordre.

C'était une éventualité qui la terrifiait, mais qu'elle n'avait jamais exclue. Les Jedi avaient été une famille pour elle depuis... Depuis toute sa vie. Mais elle avait trahi la relation de confiance qui s'était entretenu des décennies durant. Le problème venait bien d'elle. Et peut-être que la décision de départ le serait aussi...
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[HJ: J'étais tellement persuadée qu'on faisait Cally- Saï- Alycius... Du coup j'attendais une réponse de notre vénérable vétéran! Désolée! Je suppose que j'avais lu et commencé à imaginer un rp jamais rédigé. Quel boulet! ]

Seul Saï Don pouvait se permettre ce type de blague sans avoir l'air complètement fou. À moins que sa "folie" ne soit acceptée? Par respect envers le vieillard, Alycius ne laissa rien paraître sur son visage, de fait, l'idée ne l'aurait même pas effleuré là où il aurait remis à sa place quiconque hormis le vétéran s'y serait essayé. D'ailleurs, le fait que le vieil homme se permettre d'appeler la si sévère Maître Marja "Hilde" démontrait la puissance de ce statut qu'il n'avait jamais recherché, le gagnant de part ses actes, toujours honorables aux yeux du Nazzar.

Tandis que Saï échangeait avec Cally, le Nazzar se surpris à sentir un peu de compassion pour la fautive, décevoir le Grand Chef du Conseil, aimé en plus d'être respecté, était une punition en soi. Qu'ils aient l'esprit plutôt traditionnels ou modernes, les Jedis fidèles à leur Ordre appréciaient profondément l'humain, même Alycius sensément un peu raciste sur les bords. C'était d'ailleurs un des premiers sans-poils que le Maître avait appris à respecter et surtout, à considérer bien supérieur à n'importe quel être de sa propre race -enves laquelle il éprouvait, finalement, plus de mépris que pour n'importe quelle autre race.-.

Quoiqu'il en soit, Saï faisait preuve d'une certaine indulgence que l'équidé, encore une fois, accepta sans grincer des dents. Ceci dit, il ne partageait pas l'avis du vénérable homme. L'urgence n'excusait pas d'admettre des coupables au sein de leurs rangs. Laisser le fruit pourri contaminer les autres sous prétexte qu'il y avait famine risquait, à long terme, d'en finir avec le peu d'aliments sains qui restaient. Si inestimable fut l'expérience de Cally, son erreur n'en demeurait pas moins condamnable. Désormais, à son savoir lumineux, s'alliait d'autres connaissances obscures que le Jedi trouvait dangereux de laisser se disperser dans les couloirs. Par volonté de l'ancienne Maître ou de manière inconsciente, ses tentatives de rajeunissement finiraient par refaire surface. Il suffisait d'une confidence, d'un Jedi presque-corrompu ou trop curieux très doué pour faire parler, d'une envie de la fausse gamine de se venger, du dépit... Et le désir de tenter que certains fous pourraient avoir se concrétiserait. Dans des temps aussi difficiles, les membres devaient être soudés, sains, et pouvoir avoir confiance en eux. Tournant le dos à tous leurs principes, semblant en plus ne pas avoir de remords, la gosse frisée n'inspirait rien de bon au Jedi. Elle n'apporterait rien d'autre que des ennuis à leur Ordre, diviserait les membres, distraieraient les fragiles, rendraient hardis les ambitieux.

- Votre honnêteté est louable, ceci dit, vos réponses n'en restent pas moins inquiétante. On dirait que votre unique regret sont les conséquences d'une telle folie, de la punition que la Force vous a infligée, puisque vous êtes finalement "contente d'avoir rajeunie". Enfin, c'est peut-être la première fois que vous cédiez au Côté Obscur, mais n'oublions pas qu'il y a eu préméditation. Vous avez dû passer du temps, faire des recherches, longues, fastidieuses, certainement déviantes. Jamais pourtant vous ne vous êtes ouverte à personne de vos projets, ni avez parlé de doutes. Au contraire, c'est discrètement que vous avez continué, j'imagine, votre entreprise. Ce serait une insulte à votre intelligence de prétendre que vous n'avez jamais songé que vous faisiez une erreur, violant les plus basiques de nos principes, n'est-ce pas? Alors que se passait-il lorsque vous entendiez un professeur prodiguer des classes ou que vous-même donniez des conseils contraires à vos actes auprès de Padawans?

C'était, aux yeux du Jedi, beaucoup plus vicieux que l'acte désespérée d'une femme effrayée par la mort. Cela avait certainement pris du temps -il ignorait combien.- de préparer tout cela, et, imaginer la fausse-enfant déambuler dans les couloirs, armée de cette sévérité qu'on lui connaissait, reprendre les Padawans fautifs en sachant ce qu'elle faisait, enfermée dans ses sombres recherches l'outrait. Malgré son ton calme, il était de plus en plus agacé par ce qu'il estimait être de l'arrogance nuancée d'égoïsme.

- Veuillez m'excuser Maître Don, mais l'intégrité que l'on nous enseigné me force à vous contredire, parce que je ne pense pas que nous puissions faire confiance à Maître Venta -C'était toujours aussi étrange d'appeler "l'accusée" de la sorte, mais son titre ne lui avait pas été retiré jusqu'à nouvel ordre.- Surtout à cause de sa fragilité, celle qui l'a poussée à commettre cet acte. Malgré sa volonté, la peur pourrait à nouveau guider ses pas et lui faire faire une autre erreur, dans l'ombre. Je ne pense pas qu'il soit judicieux de lui confier nos affaires, parce que nous ne savons pas comment elle réagirait à nouveau, en cas situation critique.

Fit le Nazzar dont les oreilles avaient soudain pivotées pour s'abaisser à l'horizontale, démontrant une certaine gêne. Se confronter de manière aussi drastique -quoique toujours correcte- au Doyen n'était pas facile, surtout pour lui qui admirait si peu de monde et reportait donc beaucoup de ce sentiment sur Saï. Seulement, on ne l'avait pas nommé au Conseil pour qu'il se taise comme un toutou. S'il pouvait montrer son respect, c'était bien en exprimant ses pensées.

- J'ai aussi un autre doute, lequel vous concerne personnellement. Puisque la Force ne coule plus en vous et que votre corps est celui de... D'une jeune enfant, est-il nécessaire de rappeler l'évidence? Incapable de vous défendre, de vous battre, vous devenez l'une de ces cibles potentielles que nous nous sommes promis de protéger. Vous jeter en pâture sur le terrain au nom de l'Ordre serait tordre nos principes. Aux yeux de la Science, vous êtes une mineure, inapte au titre de Padawane et donc... Une civile. Vos connaissances sont peut-être intactes, votre sagesse certainement plus grande que la mienne ou bon nombre d'entre nous, mais vous n'êtes plus apte à être Jedi... Dans le sens pratique du terme.

Cette fois, le ton du Maître s'était légèrement adouci, parce qu'il comprenait bien que la punition était extrême. Tout froid qu'il puisse être, Alycius n'en demeurait pas moins un Jedi, éduqué à blesser le moins possible et surtout à éviter de le faire inutilement, il ne retirait aucun plaisir à dicter sa tendance, au contraire.

- En outre, vous utiliser pour vos connaissances, et ceci sans vous laisser le droit de former des Padawans, voir de les approcher serait malhonnête de notre part. Selon le fil de mes pensées, certes.


Continua le trentenaire avant d'aborder un dernier point qu'il pensait important.

- Votre vie n'est pas terminée, au contraire, elle en est même, supposément, revenue à l'aube. Je pense que vous devriez songer à choisir un chemin différent, lequel vous apportera, même si ce sera difficile, autant de bonheur et de satisfaction que la précédente. Ne serait-ce pas cruel de vous laisser arpenter ces murs -et encore, Maître Don parle avec raison de ne pas vous laisser y vivre de façon permanente- qui vous rappeleront toujours votre Insensibilité -au moins temporelle!- à la Force, ainsi que vos erreurs passées? Vous avez dignement marché dans ces couloirs, enseigné, apporté de nombreuses pierres à l'édifice. Ne songez-vous pas qu'il serait plus sage, moins dur sur le long terme, pour vous, de laisser s'éteindre, réellement, cette vie passée? L'Ordre pourrait vous aider à vous réintégrer...

Malgré sa colère -relative, certes- envers Cally, le Nazzar ressentait un peu d'empathie à son égard. Tout recommencer... Il aurait préféré mourir, et d'ailleurs selon son dossier, la jeune femme avait tenté de le faire, mais lui aurait certainement réessayé jusqu'à réussir. Sans doute que la fausse-gamine était plus courageuse que lui, ou que l'imagination d'Alycius sous-estimait sa véritable capacité à réagir? Mais peu importe au fond, car s'il était persuadé de peu de choses, le Maître savait que jamais il n'aurait commi ce genre de folie. L'exclusion, la déception de cette famille l'ayant accueillie étaient pires que la mort à laquelle il s'était préparé en tant que Gardien.
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La réponse d'Alycius tomba, incisive. Balayant du regard l'assemblée de ses pairs, elle constata avec crainte que les paroles de l'équidé semblait trouver une certaine résonance avec leurs propres pensées. Elle ne trouvait en eux que des visages impassibles, où elle pouvait tout de même déceler le malaise ou l'horreur, tout au fond de leur yeux. Elle n'aurait jamais dû exister. Elle était une erreur de parcours, qu'il n'était pas bon de laisser courir parmi les autres. Saï Don semblait bien le seul à vouloir faire preuve de compassion à son égard, et encore... Pouvait-on réellement appeler cela de la compassion ?

Car Alycius avait raison. Il n'avait que trop cruellement raison... Sans la Force, elle n'avait rien à faire ici. Elle ne ferait que fournir un mauvais exemple, et finirait rongée par le chagrin et la frustration. La gamine ne pouvait se le cacher, mais voir les autres utiliser la Force autour d'elle avait fait naitre la jalousie en son coeur. Comment pouvait-elle rester de marbre, alors qu'elle avait l'impression que tout le monde venait la narguer en faisant quelque chose qu'elle ne pouvait plus faire ? C'était une partie de son être qu'elle avait sacrifié par accident ! Même avec des Jedi qu'elle estimait beaucoup, et qui faisait sûrement des efforts par égard pour elle, cela lui était difficilement supportable. Peut être... Peut être était-il temps pour elle de se séparer définitivement de cette branche avant qu'elle ne pourrisse.


- Je... commença-t-elle d'une voix faible. Mais le reste de la phrase mourut alors qu'un noeud se formait dans sa gorge.

Elle se rendit compte à quel point son insubordination si grave avait affecté les membres du Conseil. L'énormité de son acte. Comment elle avait trahi sa famille. Comment alors pouvait-elle s'étonner de leur réaction, ou même le leur reprocher ?

Pour la première fois depuis le début, elle finit par baisser les yeux, incapable de soutenir plus longtemps leur regard. Des larmes commencèrent à embuer ses yeux, qu'elle ne put que retenir in extremis. Elle avait échoué. Elle avait failli à l'Ordre et à ses règles. Elle avait failli à sa famille, et devait maintenant assumer le poids de ses fautes, au lieu de s'enfoncer dans le déni et l'amertume. C'était la bonne chose à faire. La seule chose à faire. Et cela lui brisait le cœur...


- Vous avez raison, c'est probablement le mieux, parvint-elle à souffler d'une voix étranglée, luttant pour réprimer ses sanglots.

Même si les dernières paroles du Nazzar avaient été plus douces, elle comprenait bien que ce n'était que pour mieux la mettre à la porte. Qu'était-elle sans l'Ordre, sans son titre de Jedi ? Une simple gamine que le gouvernement s'empresserait de coller à l'orphelinat ou a la renvoyer à l'école. Comment pouvait-il penser à une seule réinsertion possible ? Elle n'avait plus la carrure de rien ! Son avenir se désagrégeait à vue d’œil, à peine occulté par sa peine présente. Comment avait-elle pu tout foutre en l'air à ce point ? Elle ne s'était pas imaginée que cela puisse déraper si loin... Elle... Elle ne s'était pas imaginé grand chose à vrai dire. Même pas réussir en premier lieu. Enfin, pas tout à fait. Pas de cette façon. Pas comme ça !

Tel un hoquet brutal, un sanglot finit par lui échapper, alors que son corps était agité de petits soubresauts difficilement réprimé. Elle se plaqua une main tremblante contre la bouche, comme si cela pouvait empêcher son désespoir d'en sortir.


- Pardon, je...

Elle tenta de reprendre le contrôle de sa respiration, sans grand succès. Le calme apparent qu'elle était parvenue à réunir avec tant de patience suite à ses longs mois de rétablissement venait de voler en éclat.

- To... Tout a été dit, parvint-elle a dire.

Elle suivrait l'avis d'Alycius, qui semblait soutenue tacitement par le reste du Conseil, à quelques exceptions. Cela la détruisait, mais elle savait que c'était pour le mieux, que cela lui plaise ou non. Incapable de tenir plus longtemps, elle commença à reculer doucement, à petits pas, avant de perdre contenance. Cédant à la panique et à sa peine, elle fit alors volte face, fuyant cette salle et ce Conseil aussi vite que ses petites jambes voulaient bien la porter, les joues ruisselantes de ses dernières larmes de Jedi.
Saï Don
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Le vieux maître était resté sagement muet pendant les échanges qui suivirent. Certes, Maître Venta n’avait pas l’air de souhaiter se départir du flegme qui était le sien, ce que ne manquaient pas de prendre pour de l’arrogance certains des vénérables Jedi ici présents, habitués à une déférence systématique. Quand bien même le vieux Don tenait à ce qu’il restât quelque lien entre l’Ordre et Maître Venta, pour des raisons tant stratégiques qu’éthiques, il fallait dire que l’attitude de celle qui paraissait devant eux aujourd’hui ne jouait pas exactement en sa faveur pour le moment. Maître El’dor, d’ailleurs, présenta un point de vue différent du sien. Le vieil homme secoua doucement la tête positivement. Il comprenait bien cet autre point de vue.

Étonnamment, ce discours plus sévère eut l’air d’avoir enfin un effet sur la jeune fille devant eux. Maître Don fronça les sourcils devant cette attitude repentie, à laquelle il ne s’attendait pas. Le fait qu’elle pût jouer la comédie traversa un instant son esprit, tant l’ancienne Maître Venta qu’il connaissait n’aurait pas eu, il lui semblait, une telle réaction. Mais l’expérience qu’elle venait de vivre l’avait peut-être changée à ce point. Le vieil homme écouta les excuses en baissant les yeux, soucieux. La jeune fille, comme une enfant, détala brusquement. Aucun maître ne fit rien pour la retenir, et Saï poussa un soupir tandis que les autres échangeaient des regards atterrés. Lorsque la porte se fut refermée, il était pourtant évident qu’entre eux, l’audience n’était pas terminée.

- Je pense que nous commettons une erreur, énonça le vieil homme sur son ton calme, égal à lui-même.

Il releva les yeux pour croiser les regards de ses compères : certains doutaient, d’autres affichaient une sage sévérité. Maître Don lui-même n’avait aucune certitude sur ce cas inédit. Aucun d’entre eux ne pouvaient savoir comment une telle situation évoluerait. Mais c’était précisément pour cette raison qu’il fallait envisager toutes les issues possibles.

- Maître Venta s’enfuit du Temple avec des connaissances et une expérience infinie. D’un point de vue très pragmatique, elle part avec une somme très précieuse d’informations pour nous… Mais aussi potentiellement précieuse pour des ennemis… Ou de plus nobles partenaires qui souhaiteraient nous manipuler. Par ailleurs, si Maître Venta doit sombrer dans le côté obscur et se mettre à nuire… Qu’elle soit ou non en contact avec nous ne changera rien. Pire, nous pouvons la pousser dans cette voie de perdition en la rejetant. Enfin, nous ne savons guère si la Force l’a abandonnée définitivement ou non. Autrement dit, elle a peut-être toujours un rôle à jouer dans l’équilibre de la galaxie. Dans trente années, chers confrères, un certain nombre d’entre nous ne seront plus là. Les nouveaux membres du Conseil auront alors sur les bras une Cally Venta qui posera des problèmes beaucoup plus importants que ce qu’elle pose aujourd’hui… Pour la simple et bonne raison que nous avons refusé de maîtriser la source du danger tant que nous le pouvions encore.

Des murmures s’échangèrent. Maître Waray posait un regard sévère sur le vieux Don. Quand bien même elle était son amie, elle n’avait jamais mâché ses mots pour exprimer son désaccord.

- Saï, je te vois venir. Tu nous présentes des arguments rationnels pour ne pas nous séparer d’elle, mais ta compassion a un rôle à jouer là-dedans.

Le vieil homme lui décocha un sourire en coin, à demi contrit.

- Mes sentiments ont peut-être quelque affaire là-dedans, mais je vous jure que j’essaie de faire parler ma raison uniquement. Néanmoins… j’ai aussi une intuition.

Krava se redressa lentement, comme pour prendre de la hauteur sur cette dernière information.

- Quel genre d’intuition ? Une vision ?
- Non, plus… évanescent qu’une vision. La Force a encore quelque tour à jouer autour de Venta. Et son comportement instable… Il ne me dit rien qui vaille de la laisser filer dans la nature.

Maître Brock émit un sifflement dédaigneux.

- Exactement, instable, c’est le mot. Il est trop risqué de la laisser fréquenter des jeunes gens à l’esprit plus malléable.
- Bien sûr, il n’aurait pas été question de la laisser au Temple d’Ondéron, rétorqua Saï. Mais au moins de l’assigner au Temple de Coruscant.
- Il y a de jeunes chevaliers qui travaillent là-bas !
- Nous aurions pu l’assigner à un poste où elle ne rencontre que peu de gens, et la mettre sous la surveillance d’un ancien en qui nous avons toute confiance, là-bas. Maître Gurnitt, par exemple. Le maître des archives aurait eu un peu de compagnie, mais il nous aurait aussi rapporté tout incident et gardé un œil attentif sur elle sans jamais que nous soyons inquiétés de sa loyauté envers nous.

Maître Brock haussa les épaules.

- Gurnitt est gâteux, grogna-t-il.
- Vieux ne veut pas dire inutile ! s’offusqua Saï avec de la malice dans les yeux. Bref, je comprends vos réticences. Par ailleurs, il est évident que Venta doit prendre du recul sur sa situation. Elle a besoin de réfléchir, visiblement. Mais je vous proposerais bien une voie pour un terrain d’entente.
- Vieux fourbe, je savais qu’il allait en arriver là, siffla Waray à l’intention de sa voisine, tout en étant consciente que toute la pièce l’avait entendue.

Saï se leva et fit quelques pas devant eux. Il avait parfois besoin de se mouvoir pour réfléchir. Il s’approcha d’une fenêtre passa une main sur son visage, explora des yeux l’horizon dentelé et sauvage offert par la jungle d’Iziz.

- Pour s’assurer de sa soumission et de sa loyauté, nous pouvons proposer à Venta une épreuve. Une épreuve qui mettrait en jeu à la fois sa volonté de nous prouver sa loyauté, son équilibre psychologique, et sa résistance aux tentations du côté obscur. Si elle venait à réussir, alors nous accepterions sa présence au Temple de Coruscant. Nous pourrions lui confier des missions périphériques, des missions d’infiltration… Sans avoir à mettre entre ses mains des dossiers confidentiels ni des padawans. Tout en la gardant dans notre giron et en surveillant son évolution. Si elle échoue, nous serons fixés sur le danger qu’elle représente pour nous.

Maître Don haussa les épaules en se retournant vers ses confrères. Il ne voyait pas ce qu’ils avaient à perdre dans une telle option. Bien sûr, cela signifiait que l’épreuve dût être suffisamment difficile pour éprouver la jeune Maître, mais ce n’était pas la matière de travail qui manquait à l’Ordre.

- Cependant, avec le discours que nous venons de tenir, mais aussi avec l’instabilité émotionnelle qui est peut-être la sienne à l’heure actuelle, nous ne pourrions ni lui imposer de force cette épreuve, ni lui imposer immédiatement. Je vous proposerai donc de lui laisser un délai de réflexion, mettons, vingt jours, à l’issue de laquelle elle devra prendre une décision : tenter l’épreuve, ou s’en aller librement. Qu’en pensez-vous ?
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