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Fiche de présentation

H'phedia Kith'Araquia - Alors s'en vint une araignée [Terminée] 5a964484060e37e2df68ec167f9c5d76


Nom : Kith'Araquia

Prénom : H'phedia

Âge : 22 ans

Année de naissance : 3501/21 552

Race : Araquia

Côté de la Force : Lumineux

Rang désiré :  Chevalier Jedi/Sentinelle

Sabre laser:

Ses sabres sont au nombre de deux, scrupuleusement identique. Sa morphologie d'Araquias rendant la manipulation d'un sabre classique impossible, c'est son maitre verpine, utilisant son don inné pour la technologie, qui imagina une garde spécifiquement adapter aux crochets préhensiles de ses pattes. Le premier modèle fut crée pour son sabre d’entraînement de novice puis, grâce aux plans établis par Ak'zek, elle apprit à la concevoir elle-même pour son sabre de chevalier. La garde s'apparente à une succession de lamelles de métal argenté et ondulé qui s'enroule en spiral au niveau de l'émetteur. Un motif qui évoque clairement la soie d'une araignée. H'phedia place sa patte à l'intérieur, comme s'il s'agissait d'un fourreau et atteint les différents interrupteurs situés à l'intérieur via ses crochets. À moins d'utiliser la force ou d'avoir une anatomie similaire à la sienne il est impossible pour quelqu'un d'autre qu'elle de le manipuler. Le sabre en lui-même est un modèle à double phase, une variante populaire en temps de conflit de grande envergure entre Jedi et Sith, capable de changer sa longueur quasi instantanément. Cette particularité sert à la fois le style de combat volontairement déstabilisant de l'araignée et permet de répondre à des changements brutaux de la taille de l'environnement.

Style de combat :

Le cœur de son style est l'Ataru, mettant à profit à la fois son agilité et sa détermination pour devenir une adversaire aussi insaisissable qu'obstinée. Mais à l'image de la doctrine des sentinelles, qui prônent la polyvalence, H'phedia ne s'est pas enfermée dans l'utilisation d'une seule forme. Instruite très tôt des faiblesses de la voie du chauve-faucon ; épuisante, peu adaptée contre de nombreux ennemis ou un environnement confiné, elle fut donc encouragée à les compenser en empruntant aux autres styles. Du Makashi elle retint la rigueur, la déviation, la frappe ciblée. Du Soresu la mentalité quasi-méditative, l'idée d'être un bouclier qui se dresse face au mal. Manquant la dextérité nécessaire pour le shiem et refusant la brutalité exigée pour le djem so, elle se refusa à avoir quoi que ce soit à faire avec la forme V. Tout naturellement le Niman, style touche à tout par excellence, devint sa seconde forme de prédilection, ainsi que celle de secours, appréciant tout particulièrement l'inclusion de la force dans les vélocités. Vers la fin de sa formation, pour mettre à profit ses pattes surnuméraires, elle se fabriqua un second sabre, et commença à apprendre le Jar'kai, coulant son style dans le moule de ce dernier. Sur felucia son maître lui enseigna aussi le Sokan, qui est moins une forme de combat que l'art d'exploiter son environnement, rapidement surnommé « l'Ataru des grands espaces » et qu'elle considéra comme une extension de ce dernier.

« Soit comme l'eau » est le mot d'ordre de son style de combat, à la fois placide et furieux, un flot immuable, protéiforme et s'insinuant dans la moindre ouverture.

Caractéristiques :

Force  4/5
Dextérité 2/5
Agilité 5/5
Constitution 3/5
Intelligence 5/5
Sagesse 5/5
Charisme 2/5

Pouvoirs

De départ :
Amélioration des Capacités (niveau 1)
Détection (niveau 2)
Télékinésie (niveau 2)
Voile de Force (niveau 1)
Protection de Force (niveau 1)
Absorption de Force (niveau 1)
Guérison (niveau 1)
Persuasion

Pouvoirs ajoutés :

Sens Exacerbés
Ambidextrie(Level 1)
Vague de force(Level 1)

Points Forts :

Exosquelette : Sa nature arachnéenne lui confère un exosquelette chitineux lui offrant une bonne résistance face aux chocs, cela n’arrêtera pas un sabre laser ou tout blaster digne de ce nom, mais lui permet d'encaisser les chûtes d'une certaine hauteur et d'encaisser les coups de poing d'un ivrogne dans une cantina sans broncher. Cet exosquelette lui confère aussi une force physique non négligeable, à même de soulever à bout de pattes un ivrogne dans une cantina ou des poids réservés à un droïde porte-charge.

Agilité d'arachnide : Peuples d'araignées arboricoles les Araquias ont six pattes terminées par des sortes de crochets semi-préhensiles capable d’adhérer à la quasi-totalité des surfaces solides. Les concepts de haut, de bas et de sens en général deviennent alors triviaux. Au combat H'phedia mettra à profit la totalité de la surface disponible, grippant sur les murs, plafond, colonnes et autres.
Changeant brutalement de trajectoire, sautant voir même roulant sur elle-même, elle laissera dans son sillage des adversaires complètement désorienter.

Toile : Comme toutes les araignées H'phedia peut produire une toile collante par l’extrémité de son abdomen, les araquias peuvent l'utiliser pour se suspendre, pour attraper leur proie mais aussi pour fabriquer de véritables plate-formes de toile. En de rares occasions ces dernières peuvent être utilisées comme des sortes de cerf-volant, permettant aux Araquias de dériver au gré du vent.

Corps poreux : Conséquence de la capacité à dériver au gré du vent via leurs toiles, les Araquias peuvent emplir d'air leur corps, réduisant leur poids ce qui facilite leur prise au vent. H'phedia peut utiliser cette capacité pour cet usage ou pour simplement encore augmenter son agilité.

Venin : H'phedia est capable, via ces crochets, d'injecter un venin paralysant, ce dernier n'est cependant pas létal et ses effets se dissipent naturellement avec le temps. Son action et la vitesse de récupération dépendent grandement de l'espèce et de la corpulence de la cible. Taillées pour les petites proies, ses glandes ont juste assez de réserves pour assommer l'équivalent d'un ou deux humains adultes, le stock doit alors se reconstituer, un processus qui prend un certain temps.  

Vous n'avez pas effacé votre historique : De par sa formation de sentinelle, et de son maître verpine, H'phedia dispose d'une connaissance certaine dans tout ce qui a trait à la technologie et de comment l'utiliser pour accomplir sa mission. Pirater des caméras de surveillance, s'infiltrer dans un holo-terminal, faire sauter le verrou électronique d'une porte, est le genre de chose à sa portée.

Éponge à connaissance : Dès son plus jeune âge H'phedia a fait preuve d'une capacité certaine à absorber toute forme connaissance, que ce soit un simple savoir ou bien la philosophie des jedis. Arrivé à l'age adulte son don s'est mué en un redoutable esprit analytique. Le monde n'est fait que d'information après tout, attendant que quelqu'un se donne la peine de les lire. Cela la rend très compétente dans le domaine de la reconnaissance.

Obstinée : H'phedia n'est pas du genre à s'arrêter face à la première difficulté venue, son maître était connu pour son acharnement légendaire, une qualité qu'il s'est évertué à lui inculquer, autant qu'elle-même s'est évertuée à l'émuler. Qu'importe le temps que cela prend, le nombre de fois où elle est mise à terre. Il faut toujours se relever, toujours avancer, jusqu'à ce que la mission soit accomplie.

Points Faibles :

Apparence répugnante : H'phedia est basiquement une araignée géante, géante et velue. Dénuée de tout aspect humanoïde , contrairement aux Harch par exemple, son apparence provoque peur et révulsion chez la moitié des êtres qui croisent son chemin, tandis que l'autre moitié fait de son mieux pour cacher leur méfiance et leur malaise, sans grand succès, surtout à un jedi. Une réaction proportionnelle à sa proximité des mondes du noyau.

Ceci est l'un des plus grands obstacles qu'elle est amenée à rencontrer au cours de sa carrière de Jedi, qu'importe votre intelligence, votre sagesse, que vous ce que vous dites soit l'exacte vérité ou simplement ce qui est nécessaire, si personne ne veut vous écouter, si personne ne veut vous faire confiance, alors tout votre précieux intellect ne peut servir que vous et vous seul. Ce qui est on ne peut plus problématique quand votre but est de mettre vos capacités au service des autres.

Bien sûr, elle pourrait utiliser la peur que son apparence inspire pour imposer son point de vue, mais user de tels recours est mortifiant pour elle en plus d'être un aveu d'échec.

Socialement inepte : Quand elle est compagnie de Jedi, H'phedia convoie ses ressentis par le biais de la Force, face au reste de la galaxie elle doit faire sans, ce qui ne lui laisse que sa voix et quelques cliquetis de chélicères pour s'exprimer. Cela, couplé à son apparence, fait d'elle ne personne, solitaire, asocial et assez peu charismatique, dont l'expression, factuelle, peine à convaincre. Avec le temps elle s'est faite une raison, préférant agir plutôt que de perdre son temps avec une rhétorique vouée à l'échec. Ce qui contribue à la faire passer pour une excentrique sans gène.

Vraiment grande : Avec ses deux mètres de longs et ses trois d'envergure H'phedia est grande, très grande, si bien que les passages un tant soit peu étroits, comme un conduit d'aération, lui sont interdits. Évoluer dans un environnement confiné ou encombré, comme une scène de crime dans un appartement, à tôt fait de tenir de la gageure.

Dextérité médiocre : Bien qu'agile son corps n'est pas à l'aise dans cet univers où tout est façonné par et pour des êtres dotés de mains. De lui trouver de quoi prouver son appartenance à l'ordre sans que ce ne soit complètement ridicule à la façon dont elle pourrait tenir son sabre, tout fut une épreuve. Bien qu'ayant fini par réussir l'un et l'autre il reste que sa dextérité est pour le moins médiocre. Elle demeure maladroite en certaines occasions et sa capacité à dévier les attaques est pour le moins aléatoire, si bien que, quand elle le peut, elle préfère simplement les éviter.  

Pacifiste forcené : Les Araquias sont des pacifistes acharnés, au point qu'ils ne ripostèrent même pas quand les premiers colons humains commencèrent à les massacrer. H'phedia n'est guère différente, ce qui, contrairement à ce que certains pourraient penser, fut un obstacle à sa formation, les préceptes les plus « combatifs » de l'ordre entrant en contradiction avec sa nature profonde. Encore maintenant, le concept même d'un sabre laser, et surtout ce qu'il fait lorsqu'il entre en contact avec un être vivant, la répugne.

La confrontation n'est donc pour elle qu'une option de dernier recours, une qu'elle n'envisagera qu'après avoir épuisé toutes les options à sa portée pour aboutir à une issue pacifique, alors seulement elle s'en remettra au combat, tirant sa lame à contre-cœur, mais même ainsi elle cherchera avant tout à simplement se défendre et à désarmer l'adversaire... Ceci, cependant, ne s'applique que face à des êtres vivants ou du moins sapiens, face à un distributeur de caf récalcitrant elle sera sans pitié.

Zélé : L'obstination a du bon, mais comme toute chose, poussée à l'excès elle devient néfaste. La détermination d'H'phedia à accomplir sa mission, couplée à son manque de charisme, peut parfois se retourner contre elle. Désireuse de trop bien faire, ses actions aboutissent à l'effet inverse, attirant pour le coup l'inimitié de ceux qu'elle est supposée protéger.

Caractère :

H'phedia est un être contradictoire, doté d'un corps dont la monstruosité va croissant avec sa  proximité des mondes du noyau, l'âme qu'il abrite est pleine de compassion et éprise de justice. Pour elle la raison d'être des jedis est de défendre les innocents contre le mal sous toutes ses formes, de se battre pour ceux qui ne peuvent le faire eux-mêmes.

Héritant du caractère pacifique des Araquias, l'araignée abhorre la cruauté et n'use de la violence qu'en tout dernier recours. Une attitude qui se marie étonnamment bien à la doctrine des sentinelles, dont les missions sont généralement de l'ordre de l’enquête, de l'infiltration, de l'espionnage et du sabotage. Quand quelqu'un aura besoin d'être mis hors d'état de nuire elle se contentera de le désarmer, de l’assommer, voir, de l'entoiler.

Doté, depuis son plus jeune âge, d'un appétit certain pour la connaissance, ainsi que d'une grande capacité à l'assimiler, elle est très rapidement devenue une érudite. Il n'est donc pas rare de la voir à la bibliothèque du temple ou river à un terminal holonet. Avant de rejoindre une nouvelle planète ou de rencontrer de nouvelles espèces, elle essaiera d'apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur le sujet, quand bien même cela lui ferait perdre un temps fou. Sur le terrain cela se traduit par un esprit analytique puissant.  

Le conflit opposant son peuple aux colons humains de sa planète natale étant né d'une incapacité des deux espèces à se comprendre, la compréhension est devenue son obsession, obsession qui ne fait qu'amplifier sa soif de savoir. Car la connaissance est la clé de la compréhension et sans la compréhension des êtres et des buts qui les animent comment pourrait-on résoudre les conflits de façon pacifique ? Cet état d'esprit digne d'un vrai Jedi cache en réalité une peur de l'incertitude et de l'inconnu qui prend racine lors du tragique événement qui a vu sa capture par les Siths.

Au cours de cette terrible année de captivité elle a pris conscience de l'existence d'êtres qui avaient jeté la morale dans un trou noir avant de s'en forger une nouvelle si perverse et distordue que même son esprit avait du mal à en saisir les tenants et aboutissants. À l'issue de ce cauchemar elle comprit que certains êtres désiraient des choses si diamétralement opposées que toute réconciliation était impossible, que certains êtres étaient trop idiots, trop fous, ou simplement trop déterminé à aller l'encontre de tous les fondements de la réalité pour ne pouvoir être stoppé autrement que par la force. Cette réalisation fut un crève-cœur, mais fut aussi le moteur qui lui permit de continuer sur la Voie du Jedi, apprenant les arts du sabre laser avec autant de rigueur que les autres domaines du savoir, elle devint une combattante bien plus compétente que sa nature non-violente le laisserait supposer.

Mais la vérité était que ce que la Sith lui avait dit continuait de la hanter, ses mots sont restés gravés au fer rouge dans son esprit, plongeant dans le noyau dur de son pacifisme Araquien comme un acide industriel rongerait le duracier. Une fracture entre l'érudite compatissante qu'elle était et la défenseuse acharnée qu'elle est devenue. Une fracture née de cette terrible réalisation qu'elle n'arrive pas à oublier, cet implacable raisonnement auquel elle n'a jamais pu donner tort.

« La Force est libératrice... D̡'une fàço҉n ̶o͢ư ̕d͞'ưne̡ ͏a̶ut́r̴e͠ ... »

Que le Pouvoir était la clé de tout. Que l'on soit Sith ou Jedi, que nos idéaux soit de faire du monde un paradis ou un enfer, sans Pouvoir, ce ne sont que de creuses paroles, des visions informes et impuissantes. Celui qui désire la Paix se doit d'avoir le Pouvoir pour l'établir, mais aussi la maintenir. Sans Pouvoir on ne peut protéger personne, on est juste une victime de plus. Elle avait été capturée parce qu'elle n'était pas assez forte et si son maître était parvenu à la sauver c'était parce que son Pouvoir était assez grand pour s'opposer à celui de la Sorcière.

« Les chaînes sont la partie la plus facile, fluffy... E̡lle͘s ͝le ̨so̶n͝t ̨tou͏jo̧u͡r̀ş ... »

C'était pour cela qu'elle ne cessait de s’entraîner à accomplir ce qui la répugnait, parce qu'un jour les monstres reviendront et cette fois-ci elle serait prête à les accueillir. La prison n’arrête pas les monstres, seule une lame en plein cœur le peut. Pourtant elle se refuse à ne serait-ce qu'approcher des ténèbres, ayant été aux premières loges pour voir à quels abîmes de dépravation elles peuvent conduire. Mais aussi par détermination à prouver à la sith que le Côté Lumineux peut offrir autant de pouvoir que le Côté Obscur.

Au quotidien H'phedia passe pour une excentrique solitaire, ce qu'était son maître par ailleurs. Elle peut rester de longs moments aussi immobile qu'une statue, puis brusquement bouger si vite que l’œil à du mal à la suivre. Quand elle s'exprime c'est d'une voix toute cliquetante, parfois laconique, parfois inarrêtable, mais toujours avec une franchise et une limpidité que certains qualifieraient de brutale ou de pédant. Son apparence dérangeant la plupart des gens et manquant de véritable moyen de convoyer ses émotions autrement qu'au travers de la force, l'araignée n'est guère charismatique, peinant à convaincre son entourage. Si bien que, sentant qu'une conversation ne mène nulle part, elle peut décider d'y couper court et d'agir, à la plus grande surprise de l’interlocuteur. À cause de tout ceci l'araignée n'a guère d'amis, son existence se partageant entre les missions, les entraînements et ses lectures.

La plus grande arme d'H'phedia reste sans conteste sa détermination, hérité elle aussi de son Maitre dont l'obstination était légendaire. Une fois qu'elle s'est fixée un objectif l'araignée ne s’arrête tout simplement pas avant de l'avoir accompli. Qu'importe le temps que cela prend, ou les moyens déployés, mais la mission sera menée à bien. Cela l'amène parfois à faire preuve d'un zèle contre-productif.  

L'existence de son sens de l'humour est encore à déterminer par les professionnels de la profession.

Description Physique :

H'phedia à l'apparence d'une araignée, une araignée mesurant deux mètres de long, dont les pattes entièrement déployées offrent une envergure de trois mètres et maintiennent son corps à généralement un mètre cinquante au dessus du sol. Contrairement aux araignées, cependant, elle ne possède que six pattes qui se terminent par des sortes de griffes semi-préhensiles. Au nombre de six aussi sont ses grands yeux noirs et fixes qui lui offrent un grand angle de vision malgré son absence de cou. Son corps est d'un vert noirâtre qui pourrait être idéal pour se camoufler dans un environnement forestier s'il n'était pas recouvert de poils blancs et soyeux. Ses deux pattes avant sont légèrement plus courtes et fines que les autres des suites des événements sur Kirtania il y a neuf ans de cela.

Histoire :

I

Entre Pho ph'eah et Telos se dresse sur la Voie Hydienne le secteur de Nembus, en son sein, orbitant autour de l'étoile de Yrta, la planète Kirtania, demeure du pacifique, et arachnéen, peuple Araquias. Les forêts tropicales qui sont la demeure des arachnides abritent l'un des écosystèmes les plus complexes de la galaxie, entièrement concentré dans la canopée des arbres. Cela pour la bonne raison que les sols sont infertiles, rien ne peut y pousser si ce n'est les arbres, alimenté par le complexe ballet de la vie et de la mort se déroulant en leur sein et dont les Araquias font partie.

Tout cela, les premiers colons humains et ceux d'autres espèces qui suivirent, l'ignoraient, ils se contentèrent de défricher sans vergogne pour établir des terres arables. L'illusion de la fertilité ne dura que quelques années, après quoi plus rien ne pouvait pousser sans l'aide de coûteux engrais chimiques. Les arachnides tentèrent de les avertir de ce qu'ils faisaient, des conséquences, mais pour eux elles n'étaient que des monstres, baragouinant un langage incompréhensible, alors il y eut des incompréhensions, aux conséquences dramatiques. On ne perd pas son temps à comprendre les monstres, on les tuent, et ainsi les colons les tuèrent. Les Araquias étaient pacifiques, elles ne ripostèrent pas, les colons eux continuèrent, à raser les forêts, à chasser les araignées et les abattre comme des animaux. Les colons s'en moquaient, les sols recelaient d'autres trésors, des minéraux, des métaux, assez pour se payer de l'engrais à profusion.
Les arachnides finirent par trouver un moyen de riposter, sans pour autant rejeter leur pacifisme, si elles refusaient de s'en prendre à un autre être vivant pensant, elles n'avaient aucun scrupule pour tout ce qui ne l'était pas, en l’occurrence leur matériel. Ainsi commença une longue série de sabotage, avec l'espoir que cela suffirait à décourager les colons. Ces derniers se contentèrent d'intensifier leur traque des Araquias. Ces dernières en retour se rendirent aussi insaisissable que possible, et si elles ne renoncèrent point à la non-violence, elles ne firent aucun effort pour quiconque se retrouvait la proie des prédateurs rodant dans la canopée. La situation continua d'empirer, le nombre des colons ne cessant d'augmenter, de même que leur rage, celui des Araquias de diminuer, de même que leur désespoir.  

C'est dans ce contexte qu'en 3501 naquit H'phedia Kith'Araquia, H'phedia du peuple Araquia. Dès le jour où elle sortit de son œuf sa mère sut qu'elle serait différente, son corps était recouvert d'un délicat pelage blanc. Ce que sa génitrice ignorait cependant, c'est que ce serait là la moindre de ses différences avec le reste de son peuple, car H'phedia était sensible à la force.

Les premières années de sa vie, la jeune araignée les passa sur le dos de sa mère, les seuls souvenirs qu'elle garde de cette période sont ceux d'une existence perpétuellement en mouvement. Ce qu'elle ignorait c'est que si sa mère restait en mouvement ce n'était pas par plaisir ou parce que c'était ainsi que vivait une Araquia, mais parce qu'elle était traquée. A'Phora Kith'Araquia était le fer de lance de la résistance contre les colons, l'une des premières à avoir saboté leurs équipements... La première à commettre un meurtre. Peut-être était-ce simplement un accident, ou bien un acte volontaire, elle-même n’en était pas sûre, ce dont elle était sûre par contre était que les colons n'auraient de cesse de la traquer jusqu'à ce qu'elle soit épinglée sur leur mur, qu'importe ce qu'ils doivent tuer ou détruire pour cela. Se réfugier auprès de son peuple n'était pas une option, parce qu'ils la rejetteraient sans aucun doute pour avoir violé le plus sacro-saint de leur principe, mais aussi parce qu'ils subiraient de plein fouet la colère des colons. Ce fut le destin du père de son enfant après tout. Elle ne voulait pas que d'autres fassent les frais de sa folie... « Sa Folie ?... Es-tu sûr que ce n'était pas le contraire... Qu'elle était la seule à avoir retrouvé toute sa tête ? » … alors elle choisit la fuite, une fuite sans fin.

Mais ce qu'elle-même ignorait c'était que son monde faisait partie d'un plus vaste ensemble, un ensemble qui commençait à s'agiter. Les colons avaient beau s’écrier contre « les monstres de la jungle », des observateurs extérieurs ne purent s’empêcher de remarquer que le bilan des victimes était quelque peu unilatéral. Mais lorsqu'ils décidèrent d'en avoir le cœur net, au lieu de découvrir une inoffensive espèce endémique injustement pousser à l'extinction par des colons, ils découvrirent une espèce intelligente et consciente. Ce qui signifiait que nous seulement les arachnides étaient les propriétaires légitimes de ce monde, mais en plus que les colons commettaient purement et simplement un génocide. Ces derniers le savaient, et s'en moquaient, ce dont ils ne se moquaient pas cependant était le remue-ménage que ces étrangers pourraient causer, aussi s'assurèrent-ils qu'ils ne quitteraient pas la planète, tout en essayant de faire porter le chapeau aux Araquias, utilisant le cas d'A'phora comme preuve que les araignées étaient bien capables de tuer. Un plan presque parfait, si ce n'est que si les observateurs ne purent quitter l'astre, il n'en fut pas de même de leur rapport. Le plan de colons se retourna contre eux, car c'est finalement plus la disparition des observateurs que leur génocide d'arthropode qui fit tiquer les hautes instances. Dans les deux semaines qui suivirent elles envoyèrent un professionnel : Ak'zek, Verpine, Maitre Jedi.

Les colons furent moins qu'heureux de voir un nouvel officiel arrivé, qui plus est un insectoïde et Jedi par-dessus le marché. Mais ils apprirent bien vite que si les Araquias étaient pacifiques, Ak'zek lui ne l'était pas. Ses pairs Jedi le décrivaient doté d'une détermination en Beskar et faisant preuve d'un acharnement obsessionnel à accomplir les missions qui lui étaient confiées. Au bout de deux jours les locaux comprirent que le Verpine était une force qui ne pouvait être intimidé, soudoyé ou ''raisonné'', leur seule alternative était donc de le tuer lui aussi, chose qu'ils furent incapables de faire. Deux mois plus tard Ak'zek avait établi le contact avec les Araquias, plus particulièrement avec A'phora, qui voyait dans le Jedi le dernier espoir de son peuple, de même que la fin de sa fuite.

H'phedia avait alors cinq ans. Son étrange instinct qui lui permettait de sentir le danger avant même qu'il ne se présente, ce qui à permis à sa mère de demeurer insaisissable, ainsi que son empathie poussée n'étaient pas les conséquences de sa nature d'Araquias et d'un vie passée à fuir, mais bien de sa connexion avec la force. Cela le verpine avait bien su le voir, ou plutôt le sentir, mais n'en fit rien sur le coup, car cela n'était pas sa mission.  

Il fallut près de deux ans à Ak'zek pour « nettoyer » la planète, les Araquias furent reconnus comme espèce consciente et pensante et leur statut confirmé au niveau galactique, les colons et les arachnides réussirent à atteindre un état de compréhension mutuel, s'entraidant pour un futur meilleur, et, finalement, les seigneurs du crime qui tiraient les ficelles dans l'ombre avaient été personnellement éradiqués par le jedi, emportant dans la tombe leur sinistre dessein de transformer toute la planète en paradis narcotique. Le Jedi avait accompli sa mission, la Paix était revenue sur Kirtania, une paix qu'A'phora Kith'Araquia ne verrait jamais. Au côté du Verpine l'araignée avait choisie de rester, à ses côtés elle avait choisi de se battre, pour ne plus avoir à fuir, pour que son peuple puisse connaître à nouveau la Paix, à ses côtés elle s'était éteinte, alors qu'ensemble ils s'apprêtaient à mettre à bas le dernier « maître » autoproclamer de la planète, un infect Kobok connu uniquement sous le sobriquet de « Scorcher », qui les accueillit avec toute la puissance de feu que l'argent de la drogue pouvait payer. Le Jedi réussit à le défaire au cours d'une bataille qui manqua de détruire la moitié de la ville où ils se trouvaient, mais il ne put rien faire pour sa compagne d'armes. Elle était morte pour son idéal, pour la mission qu'elle s'était fixée, un sort qui pourrait bien être le sien un jour. Jamais il ne l'oublierait, et alors qu'il recueillait sa fille désormais orpheline il se fit une promesse solennelle, promesse qui allait devenir sa mission dans les années à venir, faire d'H'phedia une Jedi.

II

H'phedia était trop jeune pour se souvenir de son père, au cours des sept premières années de sa vie sa mère était son seul monde, son seul univers. Même quand elle partait faire ses « affaires d'adultes » elle n'était jamais seule, elle pouvoir toujours sentir sa mère à ses côtés, d'une façon qu'elle ne pouvait expliquer. Maitre Ak'zet lui arrivait à l'expliquer, il parlait d'une chose qu'il appelait « La Force », quelque chose qu'elle avait ou quelle seule savait faire, mais la jeune araignée ne comprenait pas trop ce qu'il voulait dire, surtout qu'il ne s'attardait guère dessus. Maitre Ak'zet était beaucoup comme elle, mais il était aussi un peu comme les autres qui se tenait sur deux pattes que sa mère n'aimait pas. Mais sa mère aimait bien Maitre Ak'zet par contre, quand elle partait il allait souvent avec elle, des fois c'est lui qui partait tout seul. Au cours de ces deux années il fut un peu comme un père pour elle. Un jour il revient seul, il tenta de lui expliquer, mais il n'en avait pas besoin, elle l'avait senti, sa mère avait disparu et soudainement ce fût comme si l'univers tout entier avait disparu avec elle.  

Quelques jours plus tard le vaisseau du Verpine décollait de Kirtania, les derniers honneurs rendus à la plus brave des Araquias, sa mission accomplie, il était temps pour lui de retourner parmi les siens. Dans ses bagages une jeune araignée qui faisait ses adieux à son monde natal, elle allait suivre Maitre Ak'zet dans les étoiles, pour devenir comme lui, quelqu'un qui utilise la Force, un Jedi. Était-ce vraiment ce qu'elle désirait ou bien s'accrochait-elle seulement au seul être familier qui lui restait ? Elle était trop jeune pour se poser ce genre de question, et encore moins d'en avoir la réponse.

De nombreux êtres, face à la perspective de laisser derrière eux tout ce qu'ils ont connu au profit d'une galaxie aussi immense qu'inconnue, se sentiraient peinés, troublés, effrayés. H'phedia, elle, ne ressentit qu'un grand vide. Son monde ne s'appelait pas Kirtania mais A'phora, et ce n'est pas elle qui l'avait abandonné.

Ce vide, Ak'zek s'en inquiétait, la vacuité cherchait continuellement à se combler, qu'importe avec quoi, nombreux sont ceux qui ont sombré de cette façon. Le Verpine utilisa le lien qu'il avait forgé avec la jeune araignée au cours de ses deux années pour tenter d’alléger sa peine mais il savait que ce ne serait pas suffisant, ce n'est que lorsqu'elle serait au sein de l'ordre, entouré des autres initiés, sous le regard vigilant des maîtres, que ce vide pourrait être résorbé. D'ici là il ferait de son mieux, la route était longue de Kirtania à Onderon.

Ce que le jedi ignorait, c'est qu'au cours de sa longue mission, la galaxie avait changé. Le temple qu'il retrouva était plongé dans le désarroi, une insidieuse intrusion s'était déroulée au cœur du sacro-saint des maîtres de la force. Nombreuses furent les victimes. Pire encore, des padawans avaient été enlevés. Une fois encore les Sith étaient de retour, une fois encore ils avaient pris les Jedis par surprise, une fois encore...

Au milieu de ce tumulte le retour d'Ak'zek paraissait presque déplacé, bien vite cependant il fut convoqué par le conseil, moins pour avoir le rapport de sa mission, que pour l'informer des derniers événements et surtout lui demander pourquoi une araignée blanche de près d'un mètre avait été surprise à escalader les colonnes du temples. On lui demanda de s'expliquer et le verpine s'expliqua.

Ce n'était pas la première fois, qu'au retour d'une mission, un jedi se présente avec un nouvel initié, rarement alors que le temple est en état d'alerte générale, avec la moitié de son personnel mort ou manquant. Mais comme à dit un sage « Le Spectacle doit continuer. ». Peu de temps après donc H'phedia se retrouva face au conseil, ce dernier devant juger si elle était à même de rejoindre les rangs de l'ordre. Sa connexion avec la force fut bien évidemment la première chose que les Maîtres vérifièrent, ils la jugèrent suffisante et commencèrent donc à examiner les autres aspects de son être.
Son âge fut brièvement discuté, mais au final cela n'importa guère, du haut de ses sept ans elle était dans la limité acceptable et l'ordre n'était pas en état de faire la fine bouche. Ce fut son esprit, et sa personnalité, qui furent les plus sondés. Les maîtres avaient été informés du naturel pacifique des Araquias et furent satisfaits de le retrouver en H'phedia, cela la rendrait particulièrement perméable aux préceptes des jedis ainsi qu'aux arcanes du côté lumineux. Ce qui les dérangèrent fut ce vide en elle qui jadis avait été occupé par sa mère. C'était exactement le genre de conséquences à l'attachement qui poussa les jedis à le prohiber. Cependant, Ak'zek était confiant qu'au sein du temple, au contact d'autres êtres et de la force, cette blessure finirait par se résorber. Les maîtres finirent par abonder dans son sens, et H'phedia Kith'Araquia fut accepté parmi les initiés du Temple Jedi.

Avant tout autre chose il fallut l'affecter à un clan, tache plus difficile que prévu, car ce dernier devait correspondre à sa personnalité autant qu'a la réalité physique de son existence, cela alors que les plus jeunes n'avaient en aucune façon été épargnés. Le résultat fut, approximatif pour ainsi dire, et H'phedia en garda pendant un temps la sensation d'être une pièce rapportée, ne collant pas tout à fait dans ce grand puzzle. Pour marquer son appartenance aux initiés on lui confia une simple bandoulière, les Araquias n'étant guère compatibles avec le concept de vêtement, qu'elle attacha bon grès malgré autour de son abdomen. Ainsi commençèrent sa formation et sa nouvelle vie au sein de l'Ordre. Les premiers mois furent les plus compliqués pour la jeune araignée, comme ils le furent pour tous les novices. Le fait que le Temple était en pleine réorganisation des suites de l'attaque sith n'aida en rien. C'était un environnement étrange, remplis d'êtres étranges, d'objets étranges à l'ergonomie tout aussi étrange. Mais elle pouvait compter sur Maitre Ak'zek, le verpine était toujours là pour elle, toujours prêt à l'aider dès que l'occasion se présentait.  

Au bout d'un an la situation commença à se normaliser, en partie suite à l'assaut d'un navire prison Sith qui se solda par la libération et le retour des padawans disparus. On avait proposé à Maitre Ak'zek de prendre part à l'opération, mais il refusa. Il prétexta qu'il préférait rester pour protéger le temple en cas d'une nouvelle attaque, mais tout le monde savait qu'en réalité par ''temple'' il voulait dire l'initiée arachnéenne. Au cours des quatre années qui suivirent le Verpine ne quitta point l'enceinte du temple, certains en virent même à penser que le jedi avait décidé de finir ses jours comme garde de ce dernier. Au cours des trois années qui suivirent la galaxie s'enfonça lentement dans le chaos, mais de cela, protégée par les hauts murs du temple, H'phedia n'en sut rien. D'une certaine façon c'était encore le temps de l'innocence.

L'araignée était une élève studieuse, elle apprenait vite, retenait bien et surtout beaucoup. Les trois formes de méditation ne lui posaient guère plus de problèmes, l'on pouvait fréquemment l'apercevoir repliée sur elle-même, flottant au-dessus du sol, ou suspendu à un fil de toile, se balançant comme un pendule. Elles étaient pour elle une source de réconfort, car s'il n'y avait pas de mort, seulement la force, alors, d'une certaine façon, sa mère était la force et en s’immergeant en elle, c'était comme être à nouveau avec elle.

Ces premières difficultés elle les rencontra lorsqu'elle lui fallut apprendre à manier un sabre laser. La première fut de parvenir à s'en saisir, ses griffes n'étant pas préhensiles de la même manière qu'une main. Encore une fois Maitre Ak'Zek vint à sa rescousse, modifiant la garde de son sabre d’entraînement afin qu'elle puisse s'en saisir. Vint alors le second problème, c'était la première fois qu'elle tenait une arme, et sa nature d'Araquia refaisant surface, elle se rendit compte qu'elle n'aimait guère ça, encore plus de devoir l'utiliser sur un autre être vivant. Qui plus est la façon dont elle devait tordre ses pattes pour donner des coups avec ne lui sembla pas naturelle, ce qui la rendit peu adroite. Ses instructeurs tentèrent de circonvenir à la chose en lui expliquant que son sabre était un outil qui avait bien d'autres usages que de blesser quelqu'un et pour le manipuler convenablement elle n'avait qu'à se laisser guider par la force. À la fin, elle finit par considérer cela comme une autre forme de méditation en mouvement, cela améliora ses performances... quelque peu. Elle remarqua cependant qu'elle avait plus de facilité à détourner tout son corps des attaques qu'à les dévier avec son sabre.  

Cinq années donc s'étaient écoulées, H'phedia avait maintenant 11 ans, ses épreuves d'initiés approchaient à grands pas, de même que la question de son avenir au sein de l'ordre. Ayant un don pour assimiler le savoir et la force coulant en elle, nombreux furent ceux qui la voyaient au sein des consulaires, d'autres, cependant, estimaient qu'entre ses capacités sociales médiocres et son tempérament par trop pacifique sa place serait plutôt dans les corps de services. Tous, cependant, ne se faisaient aucunes illusions sur celui qui serait son maître, venait-elle à devenir apprentie. Jamais bien loin d'elle le Verpine se tenait, telle une sentinelle impassible. Et c'est telle une sentinelle qu'il supervisa en personne ses épreuves, des épreuves qui en elle-même n'avaient rien de compliqués pour qui se montrait suffisamment studieux et avait une sensibilité suffisante à la force, autant dire que pour l'araignée cela releva de la formalité. Ainsi fut-elle élevée au rang d'apprentie.

Cela aurait dû être un moment de joie, et pendant un temps cela le fut, mais ce qu'H'phedia ignorait à l'époque est que cela signifiait aussi la fin de l'enfance. Comme si ce simple rituel avait brisé une trêve immémoriale avec l'univers, des forces se mirent en branle, des forces plus puissantes encore que l'obstination d'un verpine, tout jedi qu'il fut. Des forces que certains appellent Destinée, d'autres plus simplement l'Histoire. Car c'est bien l'histoire de la galaxie dont les remous virent une nouvelle fois frapper le temple de plein fouet.

Craignant une nouvelle attaque comme il y a cinq ans les jedis proposèrent une mesure de sûreté, un stratagème visant à déplacer tous les padawans sur un vaisseau qui serait envoyé dans l'espace profond, ainsi quand les sith attaqueraient à nouveau Onderon, ils ne trouveraient face à eux que des guerriers expérimentés et prêts au combat. Pour la première fois depuis ces cinq années, Ak'zek fut séparé de la jeune araignée. Hélas pour eux deux, la ruse fut éventée et ce qui devait être une planche de salut se changea en un piège mortel.

III

« Chompy... C'est l'heure du dîner... »

Elle les avait entendus avant de les voir, elle les avait sentis avant de les entendre. Les Sith. Ils n'avaient fait aucun effort pour masquer leur présence dans la force, ils voulaient que les Padawans les sentent arriver, pour qu'en retour ils puissent sentir leur peur. Ce qu'elle avait senti, elle, c'était leur rage, leur haine, leur plaisir face au massacre à venir, à la fois brûlant et glaçant. Mais aussi quelque chose d'autre, parmi eux, une sorte d'absence, une ombre distante qui palpait un à un les esprits du vaisseau, s'attardant sur le sien, avec la puérile curiosité d'un enfant découvrant un nouveau jouet. Elle essaya de se faire aussi petite que possible, tant physiquement que mentalement, mais c'était trop tard, l'ombre savait qui elle était, où elle était, elle allait venir pour elle.

Puis vinrent les sons, les alarmes qui hurlèrent, la coque agonisante qui grinçait comme quelques léviathans des temps jadis. Le grésillement d'un sabre qui s'allume, tellement, l'odeur de l'ozone qui se répandait, les cris, tellement, les morts... Tellement.  

Tous les gens à bord, elle pouvait les sentir. Leurs morts, elle pouvait les sentir aussi, un après l'autre, dévoré, emporté, par une marée de ténèbres. Et parmi elles, une ombre solitaire, dont le regard glacial était rivé sur elle depuis le tout début, un regard qu'aucun mur, qu'aucune cloison, qu'aucune cachette, aussi petite, reculé et obscure qu'elle était, ne saurait arrêter. Elle ne pouvait se cacher, et encore moins fuir, car il n'y avait aucune issue, à part celle du néant. Lentement, cette présence effroyable l'attirait à elle, prisonnière de son attraction, de sa gravité. Inexorablement, inéluctablement, ses pas la conduisirent à cette étroite coursive où tout ce qu'elle ne connaissait pas, tout ce qu'elle ne comprenait pas avançait lentement vers elle. La Sith... La Sorcière... Darth Unus.

Petit pouvait paraître un trou noir face à l'étoile qu'il était sur le point de dévorer, infinie pourtant était la profondeur de son abîme. À l'épicentre de l'ombre il y avait cette femme, petite et fluette. Sa silhouette émaciée se découpait dans les lumières de secours, ses bras écartés comme pour l’accueillir, elle qui avait répondu à son irrépressible invitation, la pointe de son sabre traçant une cicatrice en fusion dans la cloison. Dans son sillage, ce qui devait être son apprenti, un karkarodon monstrueux qui dévorait les morts comme les vivants. Il y avait ce visage qui était le sien. Fait de rides, de cicatrices, de tatouages ? Elle ne savait pas, elle n'arrivait pas à le savoir. Ce visage qui n'affichait pas ce qu'elle aurait attendu de lui, pas de froide haine, pas de sourde colère, pas même de sadisme jubilant, rien de ce qu'elle avait pu sentir auparavant, seulement de la joie, la joie d'une enfant qui découvrait un nouveau jouet. Et c'est cela, plus que toute autre chose, qui la terrifia : L'atroce sincérité qui semblait en émaner.  

Rassemblant ce qui lui restait de volonté, et aussi de courage, elle brandit son pauvre sabre d’entraînement, bien incapable d'infliger la moindre blessure, tout en se demandant de quelle façon il lui serait de la moindre utilité. Était-ce là la naïveté d'une enfant qui pensait qu'exhiber une chose aussi dérisoire suffisait à mettre en déroute ce cauchemar... Ou le désespoir ?

Il y eut un sourire, un fin sourire à mi-chemin entre l'amusement et la condescendance, celui d'une mère dont l'enfant se présente à elle avec une épée en plastique et qui lui annonce, très fièrement, qu'il était le roi des pirates. Il y eut un simple geste du doigt et son arme se disloqua entre ses pattes, la réalité de son existence maintenant révélée, celle d'un tas de ferraille inutile.

Il y avait ces yeux, qui étaient comme des étoiles mourantes, qui jamais ne bougeaient, jamais ne cillaient. Ces yeux qui l'avaient appelé depuis le début, ces yeux qui se déversaient dans les siens, emplissant son cerveau, et quand son cerveau ne fut plus que des yeux, alors ils s'écoulèrent dans ses nerfs, et quand ses nerfs ne furent plus que des yeux alors ils débordèrent dans son corps. Ainsi, H'phedia kith'araquia devint partie de Darth Unus, et la Sith connue tout d'elle tout comme elle connaissait tout d'elle-même. Et elle cessa de bouger, car Elle ne désirait point qu'elle bouge.

Il y eut sa forme qui vint s'agenouiller près d'elle, il y eut une main qui vint caresser son pelage, il y eu une voix qui était dure et pourtant amicale, froide et pourtant chaleureuse.

« Tu es tellement mignonne... Et toute soyeuse, toute douce, toute duveteuse... Je vais t’appeler... Fluffy... »

Un murmure qu'elle entendit comme un hurlement, car son corps était d'yeux et ces yeux étaient des bouches et ces bouches était la voix. Alors la sith se détourna d'elle, rebroussant chemin. Les bouches se firent pattes, les pattes se firent pas, des pas qui emboîtèrent les siens.

« Viens, Fluffy... Je te montrerais de jolis choses... »

La sorcière, l'araignée et le squale. Voilà la cohorte qui sans émois s'en alla du vaisseau assiéger. Toutes les vies qui eurent le malheur de croiser leur chemin furent abattues avec nonchalance et indifférence. Quand enfin les Jedis parvinrent à repousser les Siths, Darth Unus était déjà loin. Tous ceux qui avaient autrefois fait partie du clan d'H'phedia étaient morts ce jour-là.

IV

« Tu le vois ? Le sang, le carnage, la folie, le cauchemar... C'est mon monde, celui que mon Pouvoir à créer et tu es piégée à l'intérieur. Tu ne l'aimes pas ? Rien de plus simple, tu n'as qu'à me tuer. Obtiens le Pouvoir, créer ton propre monde à ton tour et fracasse le mien en mille morceaux... D'ici là, tu es toute à moi, fluffy. »

Qui est Darth Unus ? C'est une catastrophe plus qu'une personne. Elle s'abat sur vous comme une tempête, elle s'insinue en vous comme une maladie. Elle est ce blaster braquer sur votre tête alors que vous tournez à un coin de rue, elle est cette fuite radioactive qui vous oblige à regarder votre famille se désagréger sous vos yeux. Vous ne la verrez jamais arriver, et quand elle s'en ira, dans son sillage, les morts seront les plus chanceux. Et H'phedia était sa captive.

« Il y a la force, la puissance et le pouvoir. Trois choses bien différentes. Soulever une pile de duracier avec ses seules mains ? De la force. Faire la même chose sans ? De la puissance. Mais le Pouvoir ? Le Pouvoir c'est de prendre un être, de le façonner dès sa naissance de corps et d'esprit pour qu'un jour il devienne capable de la soulever, qu'un jour il se retrouve face à elle et qu'enfin il se décide à la soulever. Le Pouvoir c'est d'avoir manipulé les bonnes personnes pour que ces plaques soient produites, empilées et finalement qu'elles se retrouvent devant cet être. Le pouvoir c'est de commander au destin, à l'âme. »

L'araignée avait perdu toute perception du temps, ce ne fut que bien plus tard qu'elle apprit que cela avait duré plus d'une année, une longue et épouvantable année. Elle ignorait où elle se trouvait, si ce n'est que l'endroit semblait plus fait de pierre que de métal. De métal était faite la cage où elle demeurait parquée, comme un animal. Une cage trop petite pour lui permettre de réellement bouger.

« Le Pouvoir c'est le Contrôle. Le contrôle de soi, des autres, de tout le reste. Quel que soient tes désirs, quelque soient les noms pompeux que tu leur donnes, sans Pouvoir, ils ne sont rien, tu n'es rien. Le Pouvoir est tout, il te fait devenir tout. Ceux qui le possèdent se tiennent au pinacle de la création, leur volonté, muée en lois absolues, forge des mondes et définit ce qui est désirable et donc digne d'être protégé, et ce qui est condamnable et qui se doit d'être détruit. Et tous les autres, toutes ces petites fourmis ne peuvent que se soumettre, emportés dans le mouvement des puissants comme des feuilles mortes par le vent. »

Sa seule boisson fut des coupelles remplis de sangs, sa seule nourriture des corps emmaillotés, des corps qui se débattaient encore. Au début elle refusa tout et la sith ne fit rien pour la forcer à se nourrir, elle attendait juste de voir si l'Araquia se laisserait mourir de faim ou accepterait ce qu'elle lui offrait. H'phedia se posa elle-même la question, elle qui n'avait jamais connu ni la faim, ni la lente agonie de la famine. Sa réponse fut de ne boire que les coupelles en essayant de ne pas penser à la provenance de son contenu. Elle ne souvint pas, ou plutôt refusa de se souvenir, de ce qu'elle fit quand la sorcière, voyant cela, ne lui proposa plus que des corps.

« Que sommes-nous, toi et moi ? Pourquoi sommes-nous ? Pourquoi la force existe en nous, et pas chez d'autres ? Il n'y a pas de réponse, il n'y a pas besoin d'en avoir. Toutes comme l'on né homme ou femme, duro ou humain, c'est ainsi. On est ce que l'on est : Des enfants de la force.

« La seule question que tu dois te poser c'est, que faire de ce pouvoir qui est le mien ? Que puis-je faire de ce pouvoir qui est le mien ? Qu'est-ce que ce pouvoir qui est le mien ? La Force, c'est un catalyseur, c'est ce qui permet à la volonté subjective de l'emporter sur la réalité objective.

« Prenons un exemple, une chaise, tu pourras le vouloir autant que tu veux, elle ne décollera pas du sol, la réalité ignorant superbement les cris de ta volonté. Mais avec la Force, soudainement elle s'envole, ta volonté vient de triompher de la réalité. »


Il ne semblait y avoir aucune autre âme qui vive en ces lieux à l'exception de la sienne, d'Unus et du Karkarodon. Pourtant l'évasion ne fut jamais une possibilité, car la vigilance de la sith ne connaissait aucun déclin, jamais son regard ne la quittait vraiment. Pas même Maitre Ak'zek ne pouvait soutenir la comparaison. En vérité, elle n'arrivait pas à se rappeler si, à un moment donné, la sorcière l'avait quittée.

« La volonté est concomitante du pouvoir, il existe des volontés sans pouvoir, mais il n'existe pas de pouvoir sans volonté, seulement des illusions de ce dernier. Il y a des roitelets donc la fonction leur offre un certain pouvoir, mais qui sont dépourvu de la volonté nécessaire de l'exercer. Ils sont les pions de leurs compagnes, leurs courtisans, ministres et autres conseillers, qui du coup deviennent ceux qui possède le vrai pouvoir. »

Darth Unus avait deux visages, si l'on pouvait dire. Dans la force, et dans son esprit, l'araignée se la représentait comme un trou noir. Un anneau de feu aveuglant ceinturant un centre d'une noirceur, d'un vide indicible. Le feu était puéril, erratique, incohérent, il proférait absurdité et obscénité à la chaîne, multipliant les jeux et les démonstrations sadiques. L'une d'elles lui était restée tout particulièrement en tête : une des fois où elle refusa de se nourrir la Sorcière se présenta à elle avec un oiseau en cage, après avoir secoué cette dite cage pendant un temps, elle en sortie l'animal... avant de le dévorer sous ses yeux. H'phedia avait depuis longtemps renoncé à trouver un sens ou une justification à cela. Quant au centre... Si le feu la dégouttait, le centre, lui, la terrifiait. Calme, glacial, il était l'émanation d'une terrible détermination. Il guidait le feu, le canalisait, comme quelque épouvantable monture. Le centre ne faisait rien, si ce n'est parler, mais chacun de ses mots restait prisonnier dans son esprit, formant l'un après l'autre quelque terrible logique qu'il lui semblait impossible de réfuter.

« Le code sith... J'ai un tout petit problème avec... tout le monde le récite à l'envers et je ne sais vraiment pas pourquoi...

La Force me libérera,
je briserais mes chaînes par la victoire,
j’obtiendrais la victoire par le pouvoir,
le pouvoir par la puissance,
la puissance par la passion,
il n'y a que la passion,
la paix est un mensonge.

…N'est-ce pas meilleur ainsi ? Cela n'a-t-il pas plus de sens ? Hein, il ne te semble pas que cela face une grande différence ? Bien au contraire, elle est capitale. Bien des siths auraient pu éviter leur fin s'ils avaient pris la peine de prendre ce code par le bon bout. Tu as déjà dû entendre cette expression « La fin justifie les moyens'' » et tout le mal qu'on en pensait, mais tu sais ce qui est pire ? Pas de fin, juste des moyens qui s'empilent à n'en plus finir.

Un but, un objectif... une fin, la voilà la pièce manquante. La puissance de la Force, la force de la Volonté, canalisée, focalisée, concentrée vers un objectif unique et lointain. C'est comme ça que ça doit marcher, une question, une révélation, une détermination. Se fixer un but à atteindre, se demander par quel moyen l'atteindre, s'avancer vers lui sans jamais s'en détourner, sans jamais se laisser entraver par quiconque. Ceux qui en sont dépourvus ne sont rien de plus que des outils, des outils entre les mains de ceux qui eux en ont un. Tu les reconnaîtras facilement, on les envoie toujours en première ligne. »


Darth Unus ne voulait pas la convertir au côté obscur, par directement du moins, elle essayait juste de la rendre comme elle. Lentement, méthodiquement  la sith déversait son esprit et sa logique en elle. C'était comme être prisonnier d'une pièce qui se remplissait peu à peu d'eau, où l'on comptait impuissant chaque seconde qui vous séparait de la noyade.

« Les chaînes... Mais qu'est-ce donc que cette histoire de chaînes me demandes-tu ? Je préfère les appeler ''limites''. L'univers entier en est composé, elles vont rendent faible, prévisible, contrôlable. Ceux au sommet les adorent, elles enferment ceux d'en bas dans des cases, ce qui les rend inoffensifs. La terreur sur leurs visages, quand ils comprennent que tu es dépourvu de telles limitations, quand ils comprennent que rien ne peut t’empêcher de les tuer, révélant l'illusion de leur prétendu pouvoir... Magnifique, tout simplement... Magnifique. Surpasser tes limites te confère du pouvoir, avec ce pouvoir tu brises des limites sans cesses plus grandes, c'est un cycle vertueux. Et à mesure que tombent ces restrictions, tout commence à changer. Tu vois le monde tel qu'il est réellement, gagnant des yeux qui ne peuvent être aveuglés. Toi qui ne faisais que survivre, tu commences à vivre. Toi qui ne faisais que vivre, tu commences à te transcender, découvrant ce qu'il y a au-delà de la vie elle-même.

Mais les chaînes sont la partie la plus facile, fluffy, c'est ce qu'il y a là-dedans qui est le plus dur. Le premier ennemi qu'il faut vaincre, c'est soi-même. Celui qui veut conquérir le monde doit d'abord se conquérir lui-même. Et de toutes les limites que l'on peut trouver en soi il n'en est pas de plus infranchissables, de plus dangereuses, que celles du passé. Car le passé est ce qui nous définit, c'est ce qui pose les fondations de notre être, s'en libérer revient à se détruire soi-même... Une expérience plus plaisante qu'il n'y paraît... mais le passé recèle un autre danger beaucoup plus insidieux. Tu te souviens que je t'avais parlé d'avoir un but ? Mais j'aurais dû ajouter que ce dernier devait être « devant » toi. Tu vois, certaines motivations viennent de « derrière », du passé. Ceux qui en font leur moteur peuvent paraître déterminés, mais bien vite tu te rend compte qu'ils ne font que tracer une ligne droite dans les ténèbres. Aller nul part, même avec toute la volonté du monde, c'est toujours aller nul part. S'ils prenaient ne serait-ce qu'un instant pour se retourner ils verraient alors que ce qui est supposé les faire avancer ne fait que les repousser toujours plus loin. Ton but doit être comme un soleil à l'horizon, il doit toujours être devant toi et tu dois toujours t'avancer vers lui... Laisse le passé mourir... Tue-le s'il le faut... »


*****

Il y eut cette fois, cette fois où on l'a sorti de sa cage. Son esprit fut embrumé par les ténèbres, ce qui la maintint dans l'ignorance de tout ce qu'il advint jusqu'au moment où sa conscience lui fut rendue. Elle découvrit alors une planète qui lui était inconnue, une planète dévastée par la guerre. Elle et la sith se trouvait dans une sorte d'hôpital de campagne, entourer de soldats agonisants.

« Les mots sont amusants... Jusqu'à ce qu'ils ne soient plus. La preuve par l'exemple, il n'y a que ça de vrai. Commençons avec un choix, un simple choix. Ce soldat, là, il est plutôt mal en point, il va sûrement mourir, mais la Force peut le guérir. Tu peux donc le soigner, apaiser ses souffrances,  il pourra alors retourner gaiement sur le champ de bataille... pour tuer toujours plus de citoyens de la république, toujours plus d'innocent. Ou bien, tu peux le laisser comme ça, il mourra, enfin il souffrira d'abord atrocement pendant un moment, mais après, il mourra. Alors, que vas-tu choisir ? Sacrifier une vie pour en sauver des milliers ? Sauver celle-ci envers et contre tout parce que c'est ce qu'un vrai médecin ferait ? Quel que soit le choix que tu feras, au moins une vie s'éteindra. Pile je gagne, face tu perds, l'univers est une chose si cruelle, pas vrai fluffy ? »

H'phedia n'arriva même pas au stade de ce questionnement moral, car, étant à peine padawan, elle ne savait que les rudiments de la guérison via la force, et uniquement applicable à elle-même. Elle ne pouvait rien faire pour ce soldat, ou pour quiconque, et cela la sorcière le savait, ce n'était qu'une autre de ses mises-en-scènes sadique. Elle avait commencé à rire avant même que l'araignée n'énonce l'évidence.

« Bien sûr que tu ne peux pas, toi qui n'as même pas le pouvoir de te sauver toi-même, comment pourrais-tu sauver les autres ? Il mourra, pas parce que tu l'as choisi, mais parce que tu n'avais pas le pouvoir de choisir autre chose. Ta volonté subjective a été défaite par la réalité objective.

« C'est là le lot commun de toutes les petites fourmis là-dehors, tous ceux sans volonté ou pouvoir. Leur naissance, leur mort, ce qu'ils mangent, ce qu'ils votent, est déterminée par d'autres, leurs choix ne sont que des illusions à l'issue prédéterminée à l'avance.

Tu veux voir ce que c'est que d'avoir le choix ? »


Unus tendit la main vers le soldat que l'araignée était supposée ranimer, elle dit « meurt » et l'homme disparu dans un sarcophage d'éclair. Unus tendit alors la main vers celui allonger juste à côté et dit « debout », alors, dans un concert de cris et de craquement abominable, le corps brisé du militaire se redressa de toute sa hauteur, les alentours éclaboussés par le sang de ses blessures rouvertes. « J'ai changé d'avis, meurs finalement. » lâcha-t-elle enfin et ce qu'il resta du soldat retomba dans son lit, inerte.

La sith s'en alla aussi vite qu'elle était apparue et  rien de plus ne suivit, l'esprit H'phedia retourna dans l’obscurité et quand revint la lumière elle était de retour dans sa cage. Ce que l'araquia ignorait à cette époque c'était que ce monde s'appelait Artorias et que sa chute annonça la résurrection de l'Empire Sith.

*****

« Si les sith se font tous appeler Darth quelque chose, ce n'est pas juste pour se rendre plus impressionnant. Même s'il est vrai que Darth Mutilator en impose plus que Fizzlepop... ce qui n'est pas le cas, c'est juste une autre forme de ridicule... Ce qui ne veut pas dire qu'il y a vraiment un sith du nom de Darth Mutilator et qu'il est ridicule... Il l'est. Non, c'est aussi pour marquer la conquête de soi. On abandonne le nom que l'on a choisi pour nous, la personne que la vie et la civilisation nous ont imposés d'être pour nous recréer selon notre désir. Darth, plus qu'un titre ou un nom, c'est un symbole de renaissance. Nous devenons seigneurs de nous-même... pour commencer. »

Il vint un moment où on l'amena dans une autre cage, plus grande et déjà occuper par quelqu'un : le Karkarodon. L'araignée avait entendu la sorcière l'appeler Chompy, mais il était certain qu'il ne s'agissait pas de son vrai nom. Les deux êtres furent placés face à face ce qui offrit à l'araignée toute latitude pour examiner le squale dans les moindres détails. Ce dernier ne dit pas un mot, n'esquissa pas même un regard dans sa direction. Il demeurait prostré dans son coin de cage, entièrement nu. Sa musculature était d'une démesure qui confinait au grotesque, parfois il lui sembla que certains de ses muscles ne bougeaient pas d'une manière dont les muscles étaient censées bouger. Et sa peau, sa peau... Chaque centimètre carré était marqué d'épouvantables scarifications. Mais, à mesure qu'elle les contemplaient, elle se rendit compte que ce n'était pas un simple entrelacs de cicatrices, pas même quelques motifs ésotériques, c'était de l'Aurebesh, des lettres formants des mots qui formaient une seule phrase répétée encore et encore sur toute la surface de son corps : ''Le miracle de la pensée positive''

C'est alors qu'elle comprit, ce n'était pas son apprenti, c'était sa marionnette, un outil dépourvu de volonté propre qu'elle remisait dans un coin quand elle n'en avait pas l'usage. Cette compréhension s'accompagna d'une révélation qui lui souleva le cœur : c'était son futur qu'elle avait en face d'elle.

« Sais-tu pourquoi les sith et les jedis s’entretuent depuis si longtemps ? Ce n'est pas à cause de quelque chose d'aussi trivial que le bien et mal, la justice ou la vengeance, je t'ai déjà expliqué que ces mots n'ont aucune valeur. Non, le désaccord fondamental qui les oppose est, bien évidemment, le Pouvoir, ou plus exactement quel côté de la force confère le plus grand pouvoir. Les jedis estiment que c'est la lumière et que ne s'égare dans les ténèbres que ceux qui sont trop faibles pour résister à son appel, ou trop impatient. Les sith eux pensent que sont les ténèbres et que les faibles sont ceux qui persistent à rester dans la lumière. Et c'est ainsi que, depuis des millénaires, chaque camp tente d'éradiquer l'autre pour prouver qu'il a raison... chaque camp ayant misérablement échoué jusque-là... Est-ce que ça va veut dire qu'ils ont tous les deux torts ? Je me le demande... »

Il est... à l'intérieur d'elle... Le sang... Le sang de la sorcière... Brûlant... Glaçant... Ça fait mal... Ça fait... du bien... Rien... Son corps lui échappe... Mais son esprit... Son esprit est toujours là... prisonnier... toujours conscient... elle peut... toujours voir... le sabre qui caresse sa chitine... grave cette phrase encore et encore... Le miracle de la pensée positive... ses pattes... elle ne les reconnait plus... toujours entendre... sa Voix...

« Je suis ton plaisir, je suis ta souffrance. Je suis ta joie, je suis ta peine. Je suis ce que tu vois, je suis ce que tu entends. Je suis ce que tu bois, je suis ce que tu manges. Je suis tes pensées, je suis tes désirs. Je suis ta chair, je suis ta force. Je suis ton monde... Je suis ton Dieu. »
Invité
Anonymous
V

Son corps appartenait à la Sorcière à présent, elle ne pouvait même plus le sentir. Au vu de ce que la Sith en avait fait, elle n'était plus certaine de le vouloir. Elle s'était attendue aux cicatrices, mais pas à ce qui était arrivé à ses pattes. Darth Unus avait tenté de résoudre son souci de préhension à sa propre manière perverse, elle avait pris ses deux pattes de devant, les avaient déformés au-delà de l'imaginable et avait incrusté dedans des sabres lasers en lieu et place de ces griffes. Comment une telle chose pouvait seulement tenir, ne pas la tuer et fonctionner qui plus est ? Le pouvoir du côté obscur était la seule réponse à sa disposition.

« La paix est un mensonge, l'harmonie c'est l'équilibre, l'équilibre c'est un status-quo entre deux camps qui s’entre-déchirent sans qu'aucun d'entre eux ne parvienne à complètement éradiquer l'autre, une guerre sans fin pour la survie. La vie, c'est un mouvement, un mouvement a besoin d'énergie pour se perpétuer, mais il n'y a qu'une quantité finie d'énergie dans l'univers. Il n'y a pas assez de place pour tout le monde, pas assez de vie pour tout le monde. Pour préserver son mouvement une vie se doit donc de voler l'énergie appartenant à d'autres, cela via un processus tout bête appeler ''Alimentation''. Combien de temps peux-tu survivre sans manger ? La réponse à cette question révèle ton espérance de vie véritable, espérance que tu rallonges chaque jour en cassant la croûte. »

Si la sorcière pouvait décider de ses moindres mouvements, l'araignée restait maîtresse de son propre esprit, pour ce que cela lui apportait. Penser, voir, entendre était tout ce qu'il lui restait. Elle se demanda si c'était une conséquence normale de ce « rituel », si dans le corps du squale il y avait aussi un esprit impuissant, hurlant en silence ou si c'était un autre jeu sadique spécialement élaboré pour elle. Cela devait sûrement être les deux.

« La vie n'est qu'une longue chaîne de prédation, chaque strate étant la proie de celle du dessus... mais aussi le prédateur de celle d'en dessous. Une merveilleuse symétrie, dont la gardienne est appelée ''évolution''. Quand quelqu'un fait face à un changement de son environnement ou à une nouvelle menace, l'évolution lui présente un choix aussi simple qu'unique, adapte-toi ou disparaît, évolue ou meurt. C'est n'est pas la survie du plus fort, c'est la survie du plus apte. Les espèces qui échouent sont éradiquées, celles qui triomphent gagnent leur place au sein de l'existence. »

Son environnement avait connu quelques changements drastiques. La cage n'était plus d'actualité, vu que sa propre chair en était une à présent. L'étrange lieu de pierre ocre avait laissé la place à du métal plus familier, la passerelle d'un vaisseau spatial. Non Au travers de la verrière une planète occupait tout l'espace, Non, ce globe, elle le reconnaîtrait entre mille, qu'importe le passage des années. Non Kirtania. La petite araignée était rentrée chez elle.

« Et c'est ce qui nous amène à la tienne d'espèce. Dépourvu de prédateurs elle a oublié ce que c'était que la crainte. Doté d'un monde bien trop grand pour elle, elle a oublié ce que c'était que de se battre, que de tuer, pour obtenir ce que l'on désire. Un écosystème oisif dont l'équilibre est si fragile et précaire que cela confine à la farce. Et comme il se doit, à l'instant où quelque chose de nouveau a posé le pied sur la planète, il s'est effondré comme un château de cartes. Réapprendre à se battre pour défendre ce qui était leur ou bien fuir et être exterminé, ton peuple à choisi, un choix stupide, mais un choix tout de même.

Puis ce jedi est arrivé... Il a choisi le camp des araignées, gagnant pour elles le combat qu'elles refusaient de mener. En sauvant celles dont le destin était de périr, il a imposé sa volonté à l'encontre de celle de la nature, de la Force... Que tout cela est sith.

Aujourd'hui, nous sommes venus corriger cela, car je te le dis, les Araquias ne méritent pas d'exister. D'entre toute une et une seule a osé prendre les armes, ta mère, et ces lâches ont préféré se cacher dans leurs forêts plutôt que lui venir en aide. A cause d'elles elle a dû se battre seule, à cause d'elles elle a dû t'élever seule, à cause d'elles... elle est morte seule. Mais justice sera faite, nous, toi et moi, allons restaurer l'ordre naturel, le véritable équilibre de la force. »


*****

Il n'y avait que deux saisons sur Kirtania, une plus sèche que la peau d'un nikto et une où il pleut nuit et jour. À l'instant où Darth Unus posa le pied à la surface de la planète, malgré les noirs nuages qui s’amoncelaient dans le ciel, pas une seule goutte de pluie ne tomba.

Cinq années avaient passé depuis la bataille finale entre Maitre Ak'zek et Scorcher, mais la ville n'avait jamais vraiment récupéré. La république perdant le contrôle de cette région, sur laquelle elle n'en avait jamais exercé que bien peu, n'arrangea en rien les choses. Une autre colonie abandonnée à son sort... ses proies favorites. Le spatio-port était trop miteux pour vraiment mériter ce nom, un seul vaisseau semblait déjà trop pour lui. Un premier mécanicien s'approcha par curiosité, avec son hydro-clé il fracassa son propre crâne. Un second, voyant ce qui venait à lui, tenta de fuir, d'appeler à l'aide, mais quand sa bouche s'ouvrît, ce fut pour boire cul sec un bidon de lubrifiant. Quand la Sorcière quitta le bâtiment il ne restait plus personne de vivant.

Alors qu'elle remontait l'unique rue que la ville comptait encore, elle commença à parler, et plus elle parlait plus les gens se ralliaient à elle, leurs anciennes rancunes réanimées.

« La tolérance découle de la faiblesse. Après tout, on ne fait pas de compromis avec quelqu'un qu'on peut aisément écraser... à moins que quelqu'un de plus fort vous y oblige. Vous ne les aimez pas, on vous y a forcé. Vous ne les avez jamais aimées et vous ne les aimeraient jamais... mais vous n'avez plus besoin de faire semblant. Le jedi est parti, il ne reviendra pas. La république est partie, elle ne reviendra pas. Vous êtes libres, libres de finir ce que vous avez commencé. Les forêts, brûlez-les, les araignées, brûlez-les. Brûlez-les, brûlez-les toutes, et ensemble, découvrons quel goût à leurs cadavres cuit à point. »

Aux portes de la ville, une vaste foule émergeait, toutes ses mains armées, fussent-elles de blaster, d'outils ou seulement de leurs poings, tous ses visages marqués par une haine irréelle, bestiale. Tous ensemble ils suivaient la sith, tous ensemble ils prirent la direction de la forêt.

Darth Unus avait condamné le peuple Araquias à mort et avait fait d'une de leurs filles, H'phedia Kith'Araquia, leur bourreau. « Laisse le passé mourir, tue-le s'il le faut » La jeune araignée hurlait en silence, était-ce donc si facile ? De détruire tout ce que Maitre Ak'zek avait accompli ici ? De l'utiliser comme marionnette, comme instrument de mort ? Ce corps devait-il ne prendre qu'une seule vie et il n'y aurait pas de retour possible, il ne lui resterait plus rien, rien si ce n'est de savoir si un esprit pouvait se suicider.

Le silence régnait, alors que le groupe, arrivé à l'orée de la forêt, s’arrêta. Une silhouette solitaire venait d'émerger du couvert des arbres pour leur faire face. Se tenant sur deux pattes elle ne pouvait être Araquia, pourtant elle semblait trop fine pour être celle d'un humain. En un crissement une lame dorée apparut, dévoilant de sa lumière la forme d'un verpine. Maître Ak'zek.

À l'instant où le jedi avait appris l'attaque du vaisseau, et qu'on ne dénombra pas H'phedia parmi les victimes, il se mit en quête de la retrouver. Il lui fallut du temps, du temps pour poursuivre les Sith responsables de l'attaque, du temps pour comprendre qu'Unus était un électron libre parti de son côté. À partir de là il commença à la poursuivre à travers la galaxie, suivant la trace de cadavre qu'elle semait derrière elle. Sur Artorias il manqua de peu de la rattraper, mais, ayant finalement compris quel genre d'esprit sadique la gouvernait, devina qu'a un moment ou un autre, Kirtania serait sa destination. Accomplissant l'impossible il parvint à la prendre de vitesse et une fois encore, le verpine était tout ce qui se tenait entre les Araquias et leur extinction.

« Maître jedi, ce fut la sorcière qui brisa le silence la première une fois encore tu te dresses face aux lois de la nature... Tu aimes vraiment ton travail n'est-ce pas ?

—  Je viens pour ma padawan, Sith.

—  Elle fait partie de mon monde maintenant, si tu la veux, tu vas devoir y entrer.

Ton monde est un œuf putréfié, Sith, je ne vais pas y entrer... Je vais le fendre en deux. »

Le verpine changea alors sa posture,  sa lame, tenue à deux mains, vint se placer à la droite de sa tête, pointe tendue vers la sith. Sa présence dans la force parut exploser, une fontaine de lumière qui perça au travers des ténèbres dans lesquelles H'phedia se noyait.

L'expression de Darth unus parut alors changer, ne serait-ce qu’infinitésimalement, ses yeux parurent plus écarquiller encore et son sourire plus large de quelques millimètres. Ce qu'elle laissa échapper fut, pour la première, un authentique murmure adressé seulement à elle-même.

« Oh... Ashla... Tu aimes... Tu l'aimes... »

Ak'zek chargea comme s'il voulait percer le cœur d'Unus d'un coup, d'un seul. Un premier éclair fusa, qu'il esquiva d'un pas de côté. Un second suivit, fracturant la terre devant lui en une gerbe de débris, débris qu'une vague de force subséquente envoya déferler sur lui. Utilisant la Force le verpine se catapulta dans les airs et projeta l'un des plus gros fragments de roches sur la sith. Caché derrière le débris, il tombait à sa suite, sabre à deux mains, prêt à s'abattre sur elle. De la foule derrière la sorcière, une massive masse noir et rouge jaillit dans les airs, pulvérisant le rocher sur son passage pour venir intercepter la frappe descendante du jedi.

Pendant un temps les deux combattants parurent figer entre ciel et terre, puis le squale décala la lame du verpine avant de lui asséner un coup de poing assisté par la force pour l'envoyer s'écraser sur le sol. Al'zek réussit à dégager une main pour absorber une partie de l'impact, si bien qu'au lieu de s'écraser il rebondit sur le sol. Ce même sol où, une seconde plus tard, le karkarodon atterrît lourdement, le pulvérisant, avant d’enchaîner d'un coup d'estoc que le verpine, dont les pattes venaient tout juste de toucher à nouveau terre, ne dévia qu'in extremis.

C'est là que le duel commença réellement. Les coups qui s'échangèrent atteignirent une telle intensité qu'il sembla que les combattants étaient attachés ensemble par des rubans de lumière or et rouge. Le squale était un véritable monstre, frappant plus fort avec un seul bras que le jedi avec deux, tout en étant presque aussi vif que lui. Sa seule chance était de dévier la force de chaque attaque et d'attendre une ouverture. Soudainement, au cours d'une de ces déviations, le karkarodon, au lieu d’enchaîner, se laissa entraîner par le mouvement, et, sans rompre le contact des lames, effectua un saut périlleux par-dessus le verpine au milieu duquel il lança un éclair de sa main libre. Au même instant, mais dans la direction opposée, survint un autre de la part de la sorcière.

Le champ de bataille s'en retrouva éclairé d'un flash de lumière nauséeux... alors que le squale fut projeté en direction de forêt, emporté par la foudre de sa maîtresse, tandis que cette dernière se retrouva prise pour cible par celle de son apprentie. Le jedi, plutôt que de tenter d'encaisser ou de dissiper cet assaut coordonné, l'avait laissé couler sur lui, déviant chaque attaque sur l'adversaire opposé. Débarrasser du Karkarodon il put reprendre sa charge contre la sith.

Cette dernière, d'un geste nonchalant, attrapa l'éclair qui lui était destiné, et plutôt que le dissiper, se contenta de le faire danser entre ses doigts. Alors que le verpine continuait de réduire la distance entre eux deux, elle en esquissa un nouveau. La foudre darda à nouveau en direction du jedi et au même instant, tout ce que la foule contenait de blaster ouvrit le feu. Le jedi absorba l'éclair avec son sabre, puis, d'un shien parfaitement exécuté, renvoya les tirs sur la sorcière. Celle-ci eut un geste de la main, semblable à un spasme, et le corps d'H'phedia bondit à une vitesse qui lui était étrangère pour s'interposer. Ses pattes-laser s'allumèrent et se mirent à danser avec une dextérité proprement aberrante, formant un mur de lumière d'un écarlate aveuglant, parodie perverse de soresu qui déflecta chaque éclat sur la foule. À la vue de ce qu'était devenu sa padawan, pour la première fois, Ak'zek eut un moment d'hésitation. Cela ne dura qu'une seconde, mais ce fut suffisant pour que la sith en profite pour se jeter sur lui, l'araignée et la foule suivirent l'élan, comme des marionnettes dont on aurait brutalement tiré les fils. Par-derrière arriva le squale, sa peau complètement cuite, son sabre tenu à deux mains.

Ce ne fut plus un combat, mais une tempête, un chaos de lames et de corps en mouvement qui se fondaient l'un dans l'autre jusqu'à devenir indistinguable. L'esprit d'H'phedia ne parvenait plus à traiter les informations que lui transmettaient ses sens saturés, sa conscience incapable d'appréhender la façon dont son corps se mouvait. Certains de ses mouvements nécessitaient des années d’entraînements, d'autres semblaient justes physiquement impossibles. Quant aux autres combattants, ils étaient juste d'un tout autre niveau. Au travers de la force, c'était à peine mieux, tout ce qu'elle parvenait à distinguer était un maelström de ténèbres au cœur duquel se débattait une fontaine de lumière. Cette lumière, c'était Maître Ak'zek et ces ténèbres qui essayaient de le détruire, elle en faisait partie. C'était son rôle dans tout ceci, le faire hésiter, le faire douter, le rendre vulnérable pour mieux le terrasser. Et lui, pensait-il qu'elle avait réellement basculé dans le côté obscur ? Se résoudrait-il à la tuer ? Ou bien serait-ce elle qui parviendrait à l'abattre ?

Rien de tout ceci ne lui était acceptable, mais que pouvait-elle y faire ? Tout ce qu'il lui restait était son esprit, et de quelle aide pouvait-il lui être dans une telle situation ? C'est du moins ce qu'elle pensait, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que cette clarté qu'elle fixait avec tant de désespoir s'étendait dans sa direction. Maitre ak'zek, depuis le début il tentait de l'atteindre au travers de la force et dans sa détresse elle avait été incapable de le voir, jusqu'à maintenant. À son tour elle étendit sa présence, tentant d'atteindre le jedi, d'établir une connexion, pour lui prouver qu'elle était encore là. Mais l'obscurité brouillait tout, ne lui parvint qu'une distante intuition, celle d'utiliser la force...  

La Force, la Force était la clé. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? La Sorcière contrôlait son corps, lui dictant chacun de ses mouvements, mais son esprit lui appartenait encore, son esprit et ses sens, tous ses sens, la Force y comprise. Si elle pouvait sentir par la Force, peut-être pouvait-elle faire plus que cela. Mais que pouvait-elle espérer accomplir pour autant ? Même libre de ses mouvements elle ne faisait pas le poids... mais ce n'était pas une question de victoire ou de défaite. Il s'agissait de faire un choix, le choix de ne pas combattre, le choix de ne pas être utilisée comme arme.

C'était l'une des premières choses que l'on vous apprenait au temple, attraper et tirer. Sa cible était toute désignée, ses pattes monstrueuses, elle devait se désarmer. Elle rassembla toute sa volonté, non pas pour reprendre le contrôle de son corps, elle avait déjà essayé, mais pour invoquer la Force et attraper ses membres meurtriers. Pendant un temps il lui sembla que cela ne fonctionnait pas, mais, lentement, ses lames parurent ralentir, comme si l'air était soudainement devenu plus épais autour d'elles. Elle redoubla alors d'effort et de concentration, ce faisant les sabres continuèrent de ralentir jusqu'au point où ils se figèrent en pleine vélocité. La jeune araignée eut l'impression que son cerveau était en train de brûler, ce qui était peut-être vraiment le cas. Ses membres tremblaient, se débattant comme une bête prise au piège. Elles ne pourraient pas les retenir bien longtemps, mais ce n'était pas nécessaire, maintenant qu'elle les avait attrapés, il ne lui restait plus qu'à tirer. C'était à la fois plus simple et plus dur encore. Toutes les fibres de son être lui hurlaient de ne pas le faire, mais son esprit lui ne contentait plus de fixer la lumière, il avançait vers elle, de même que la Force, de même que ces pattes. Un objectif, un mouvement, une détermination.

Il eut un craquement abominable, la chitine cassa comme un biscuit trop sec, les muscles se déchirèrent comme du cuir séché au soleil, les articulations se disloquèrent, les pattes-sabres volèrent avant de s'écraser au sol, éteintes, vaincues. Comme une marionnette dont on aurait coupé les fils, le corps de l'araignée s'effondra, de ses moignons coulait deux fontaines de sang blanc auquel se mêlaient une autre substance, noire, répugnante. Que ce soit du fait de la mutilation ou de l'hémorragie, le sort avait été brisé. H'phedia pouvait à nouveau sentir son corps, d'abord un engourdissement, puis le froid, la chaleur... la douleur, atroce. C'est à cet instant qu'elle prit vraiment conscience de ce qu'elle venait de faire : elle s'était arraché les pattes et à présent elle se vidait de son sang. Mais au moins elle était libre et Unus ne pourrait plus l'utiliser pour attaquer Maitre Ak'zek. Alors que le combat se poursuivait, elle sombra dans l'inconscience.

VI

Ak'sek se dressait sur le champ de bataille désormais silencieux. Les morceaux des colons, et du squale, jonchaient le sol. À ses pieds sa padawan, toujours entre la vie et la mort. Le combat lui avait coûté un bras, un œil et son thorax était désormais déformé d'une étrange manière, la faute à un des assaillants qui avait essayé de lui arracher le cœur, un organe dont les verpines étaient heureusement dépourvus. La sorcière n'était nulle part en vue. La pluie commençait à tomber.

*****

Quand on annonça à Maitre Ak'zek qu'il ne pourrait prendre place au sein du vaisseau où se trouvait sa padawan en devenir, car ses compétences étaient requises ailleurs en ces temps de crise, dire qu'il n'était guère satisfait fut un euphémisme. Quand il apprit pour l'attaque du dit vaisseau... c'est bien simple, les jedis qui le lui annoncèrent eurent un mouvement de recul face qui à la fureur qui s'empara de son être. L'araignée aurait-elle succombé à l'assaut qu'il aurait très certainement basculé du côté obscur. Mais H'phedia ne fut pas au nombre des victimes, ce qui lança le verpine dans sa quête pour la retrouver. Quand, plus d'un an après, il revient aux portes du temple, avec sa padawan, tous deux grièvements blessés, tous les sourcils que comptèrent l'ordre se dressèrent. Ak'zek venait d'entrer dans les annales de l'ordre comme l'un de ses membres les plus obstinés, mais aussi l'un de ceux avec les pires timings, réapparaissant au moment où le conseil avait un nouvel empire sith sur les bras.  

Tous deux furent conduits d'urgence au centre médical du temple pour être pris en charge. Si le verpine avait perdu quelques morceaux, et qu'en dépit d'un état d'épuisement extrême son pronostic vital n'était pas engagé, on ne pouvait pas en dire autant de l'arachnide. Cette dernière avait perdu une quantité importante de sang, de sang rare, et c'était sans compter les autres sévices, autant physique que mental, qu'elle avait subi entre les mains de la sorcière. H'phedia était entre la vie et la mort, la médecine seule ne la sauverait pas, seule la force le pouvait. Des guérisseurs furent dépêchés en urgence pour stabiliser son état. Ce qui les inquiéta le plus ne fut pas les scarifications, les membres manquants, ni même le sang perdu, mais bien que le côté obscur avait laissé sa marque sur elle, une corruption à la fois étrangère et intérieure. C'était donc autant un travail de médication que de purification. À plusieurs reprises ils crurent la perdre, mais l'araignée s'accrocha à la vie. Les soins et la convalescence qui s'ensuivirent durèrent une bonne année.

Maître Ak'zek, fidèle à lui-même et le moins blessé des deux, fut le premier à être remis sur pied, il refusa cependant les prothèses proposées par le temple, préférant celles de sa propre conception. Dès qu'il le put, et que c'était possible, il allait au chevet de l'araignée, là, il veillait sur elle, et, quand elle était consciente, lui parlait... à propos de sa mère. Toutes ces choses que, jusqu'à présent, il s'était retenu de lui dire parce qu'il estimait qu'elle était trop jeune pour comprendre, toutes ces choses du passé qu'un jedi est supposé ignorer ou oublier. Mais si la sith avait appris pour Kirtania, alors qui sait quel mensonge elle pouvait bien avoir instillé dans son esprit à propos de ce qui s'y était passé. Il n'y avait que lui pour rétablir la vérité, il le devait, pour elle autant que pour A'phora. Alors il lui dit tout, absolument tout. La situation de kirtania à l'époque, celle de son peuple, comment sa mère s'était retrouvée dans la situation qui était la sienne, pourquoi elle s'était retrouvée dans cette situation. Comment lui était arrivé sur la planète, comment il avait rencontré les Araquias, et plus particulièrement A'phora, comment il se battit à ses côtés pour sauver son monde, comment elle était morte... comment il était tombé amoureux d'elle.

C'était un amour platonique, un amour autant qu'un verpine pouvait le concevoir, mais un amour tout de même. Quand il l'a enterré, il l'a pleuré comme on pleure une amante, pas une camarade. Quand il a emporté sa fille avec lui parmi les étoiles, ce ne fut pas en tant que jedi ayant sauté sur l'opportunité pour agrandir les rangs de son ordre, mais en tant que père désireux d'offrir une vie meilleure à son enfant.

Cela il ne le révélerait jamais à personne d'autre qu'elle, il ne savait que trop bien qu'il était inutile de discuter de telles choses avec ses pairs, au mieux ils ne comprendraient pas, au pire ils le condamneraient. Pourtant, ils se trompaient, la compassion était la réponse à l'indifférence, au mépris, mais pas à la haine. La haine ne pouvait être vaincue que par l'amour.  

C'était l'amour qui avait nourri sa lumière, l'amour qui lui avait permis de défier les ténèbres de la sith et d'en réchapper. L'amour, enfin, qui lui avait permis de sauver H'phedia.

Qu'est-ce que l'araignée comptait-elle faire de ces révélations ? Il n'en était pas certain. En fait, compte tenu de ce qu'il lui était arrivé, il aurait compris qu'elle ne veuille plus rien avoir à faire avec la force ou ses utilisateurs. Cependant, l'araignée à laquelle il s'adressait à présent n'était plus tout à fait la même qu'il avait laissée sur ce vaisseau autrefois. Sa captivité l'avait changé, quelque chose s'était éveillé au plus profond d'elle, une détermination. Auparavant, elle suivait l'enseignement des jedis simplement parce qu'elle ne se voyait pas faire autre chose, parce qu'elle ne pensait pas qu'il lui était possible de faire autre chose, quand on avait la force, on devenait Jedi, point. Elle apprenait ce qu'on lui disait d'apprendre et elle passait les tests qu'on lui disait de passer, tout cela sans vraiment avoir d'idée concrète de ce que son avenir pourrait être. À présent, et pour la première fois, elle avait une idée claire de ce qu'elle voulait devenir : une jedi. Mais pas n'importe quel jedi, elle voulait devenir Maitre Ak'zek, elle aussi voulait être un phare de lumière dans la nuit, redonnant espoir à ceux qui l'avaient perdu. Elle voulait être l’héritière de la volonté de sa mère, qui s'est battue et est morte en protégeant les autres.  

Le verpine fut transporté de joie d'entendre cela, mais, avant toute autre chose, il fallait déjà que l'araignée se rétablisse. Bien assez tôt les guérisseurs abordèrent l'idée de remplacer ses pattes perdues avec des prothèses, mais le verpine s'y opposa. Voyez-vous, les Araquias, jusqu'à atteindre l'âge adulte, grandissaient chaque année par mues successives, si l'un de leurs membres se retrouvait sectionné au cours de cette période de croissance, alors, au fil du temps, ce dernier pouvait repousser. Tout ce qu'il y avait à faire était donc de laisser la nature faire son travail. Certains objectèrent que le temps qu'il faudrait pour que ses nouveaux membres soient opérationnels aurait un impact néfaste sur son entraînement au sabre laser. Mais Ak'zek estimait que comme seul un segment des pattes manquait cela ne serait pas si long, il suffisait d'avoir confiance en la Force. Ils finirent par céder et tous attendirent donc que l'araignée accomplisse sa mue annuelle.  

Quelque temps plus tard H'phedia fit enfin peau neuve, laissant derrière elle, avec l'ancienne, la  phrase énigmatique de la sith. Ses pattes lui étaient revenues, mais petites et malhabiles, comme celles d'un enfant. Il lui fallut encore un moment avant qu'on ne l'autorise à quitter son lit d’hôpital, c'est alors que son statut de Padawan de Maitre Ak'zek fut officialisé, mais il n'était pas encore temps pour elle de parcourir la galaxie et de redresser les torts, elle avait quelques rééducations à faire avant cela.  

Un nouveau sabre d’entraînement lui fut donné, un shoto, le genre que l'on réserve aux espèces de petite taille, idéal pour lui permettre de retrouver ses marques avec ses pattes raccourcies. Une fois encore on lui fit exécuter les vélocités réservées aux initiés, la première des formes, la plus basique, shii-cho. Cette fois, cependant, quelque chose était différent, celle qui les exécutait. Autrefois H'phedia avait toujours effectué ces exercices à contrecœur, s'inventant diverses justifications pour les lui rendre plus supportables. Tout ceci avait disparu à présent, il n'y avait plus que la détermination. Si bien que ces progrès furent rapides, notables, voire même, impressionnant. Bientôt, son Maître lui fit quitter les salles du temple pour aller s'entraîner dans la jungle alentour. L'on ne pouvait pas dire qu'il s’agissait d'une introduction en douceur au monde extérieur, mais en comparaison de ce qu'elle avait subi c'était une promenade de santé, surtout que la jungle était son habitat naturel. Finalement, après avoir constaté qu'elle était capable de manier son arme sans se blesser, Ak'zek estima qu'il était grand temps pour elle d'entrer dans la cour des grands, de forger son premier véritable sabre laser.

*****

Illum, un monde isolé du reste de la galaxie, connecté à cette dernière que par une tortueuse voie hyperspatiale. Un monde connu seulement des jedis... et des siths qui étaient jedis avant... et de tous ceux à qui ces siths en ont parlé.. Un monde, donc, dont les entrailles recelaient les cristaux qui étaient au cœur de la technologie des sabres lasers. Tout padawan en devenir se devait d'accomplir un pèlerinage sur ce monde révéré afin d'y obtenir la première pièce de sa future arme de jedi. H'phedia ne faisait pas exception, accompagnée de son maître elle se rendit au temple caché sous les glaces afin d'y récupérer son cristal. Mais il n'était pas question de simplement entrer et de récupérer son caillou coloré comme on va faire ses courses à l'épicerie, il s'agissait d'une épreuve.

L'araignée devait s'enfoncer, seule, dans le vaste réseau de cavernes qui parcouraient les profondeurs de la planète et elle ne pourrait en ressortir qu'une fois qu'elle aurait trouvé son cristal, tout le problème était que ce n'était pas le jedi qui choisissait le cristal, c'était le cristal qui choisissait le jedi. En conclusion, il fallait, comme toujours, s'en remettre à la force.

Au début ce ne fut que de longues pérégrinations dans des tunnels mal éclairés, voire pas éclairés du tout. Certains étaient faits d'une sorte de roche volcanique qui semblait absorber toute forme de clartés,  d'autres étaient tapissés de cristaux qui luisaient faiblement, leur lumière se reflétait sur les parois, démultipliant leur éclat par milliers, créant l'illusion qu'elle errait dans l'infinité du cosmos.

Elle avait froid, elle n'avait jamais vraiment eu froid auparavant. Kirtania était un monde tropical, et Onderon n'était guère différente, mais ici, elle était gelée jusqu'au plus profond de son être. Même avec la Force, la température demeurait aux limites du supportable pour elle. La Force, par ailleurs, imprégnait chaque parcelle de l'endroit, plus elle avançait, plus elle devenait puissante.

Ce fut là que les choses déplaisantes commencèrent, les voix, et les visions. Au début ce ne fut qu'un son diffus, comme le bruit du vent sifflant au loin, bien vite cela devint autre chose, des chuchotements, des murmures, qui rampaient dans les murs.  

Là où il y a les ténèbres, il y a la lumière... Là où il a la lumière, il y a les ténèbres.

Les bruits de ses pas eurent un écho étrange, comme si quelqu'un d'autre marchait avec elle dans le tunnel, à l'exact même rythme que le sien, s’arrêtant exactement quand elle s’arrêtait, reprenant exactement quand elle-même reprenait.

Dis-nous... l'endroit où tu te sens en sécurité... Dis-nous...  que nous y allions...

Elle n'était pas seule dans ce tunnel, il y avait quelque chose d'autre dans les ténèbres devant elle, quelque chose qui avançait vers elle, lentement.

C'est froid ici-bas... C'est calme ici-bas... C'est la mort ici-bas...

Les cristaux s'illuminèrent, mais c'était différent cette fois, leur lumière était... rouge. Elle n'eut plus l'impression d'être dans un tunnel, mais dans l'artère de quelque léviathan de cauchemar. Les ténèbres étaient toujours là malgré tout, comme un caillot de sang bloquant la voie.

Un cristal solitaire se tenait au centre de l'obscurité, aussi écarlate que les autres son éclat paraissait pourtant bien terne, perdu parmi cette impénétrable noirceur. Ce n'était pas normal, le tunnel ne lui semblait pas obstrué, ce qui signifiait que, soit le cristal flottait dans les airs, soit... que quelqu'un le tenait.

Il n'y a rien ici... rien que ce que tu y apporteras... Tes peurs seront notre voix... Ta souffrance sera notre forme... Tes péchés seront notre cœur...

Un son, des pas, mais comme le battement d'un cœur. Au cœur des ténèbres, il y avait une ombre. Elle demeurait immobile, pourtant elle était sans cesse plus proche. Il fallut un temps à l'araignée avant qu'elle ne se rende compte que c'était elle qui avançait vers l'obscurité, il lui en fallut beaucoup moins pour que cette inconsciente attraction ne lui semble familière, familière et terrifiante. La silhouette était dénuée de détails, pourtant elle était certaine qu'elle souriait. Son bras était tendu, le cristal cramoisi reposant entre ses doigts squelettiques. Un appât autant qu'une offrande. Tellement elle.

Ne supplie pas, ne quémande pas, n'attend pas que quelqu'un daigne t'offrir ce que tu désires... Prends... Prends-le... Qui saura ?... Il n'y a que toi ici... Il n'y a toujours eu que toi...

« NON ! » elle avait crié autant avec sa voix qu'avec son esprit. Mobilisant toute sa volonté elle parvint à se détourner des ténèbres tentatrices, ses six pattes lui faisant remonter le tunnel en sens inverse.

C'est là que les choses, toutes les choses, commencèrent à dégénérer, bien plus qu'elles ne l'avaient déjà faite. Cela commença par le son, le battement de cœur, qui devint de plus en plus fort, comme si ce qu'elle fuyait ne se contentait pas de la poursuivre, mais bien de la rattraper. Bien vite, cependant,  elle se rendit compte que le son ne venait pas de derrière elle, mais de partout à la fois. Les cristaux incrustés dans les murs avaient changé, ce n'était plus des cristaux à présent, mais des cœurs battant à l'unisson. Le son de ses pas lui aussi avait changé, car elle ne marchait plus sur de la pierre, mais de la chair. Et les bouches, toutes ces bouches, qui occupaient chaque centimètre carré de surface qui restait. Toutes, elles murmuraient en une parfaite cacophonie, un chuchotement, repris par suffisamment de voix, pouvait étouffer le pire des hurlements. Telle était la force du nombre.  

Tu ne peux échapper à ta propre ombre... Plus proche tu seras de la lumière, plus grande elle sera... Tu brûleras avant elle...

Soudainement le tunnel se termina, les voix se turent alors que les ténèbres laissèrent place à la lumière. Elle se trouvait dans une grande salle circulaire, une faite d'un mélange de roche et de glace, mais certainement pas de chair. À son exact centre se dressait une sorte de stalagmite, en son sommet trônait une gemme à l'éclat intermittent, un éclat qui n'était, cependant, ni d'un bleu uniforme ou d'un rouge oppressant, mais d'un jaune pâle. D'un seul regard elle sut que ce cristal était son cristal, celui qu'elle était destinée à trouver au moment où elle s'était engagée dans ces tunnels. Il y avait juste un léger problème, elle n'était pas seule dans cette salle. Enroulée autour du piller de roche gelée, à moins que ce ne soit de la glace rocheuse, une sorte de ver à écaille, entièrement noir.

À son approche ce dernier darda sa tête dans sa direction, émettant un son étrange qui ne lui rappela que trop les murmures dans le tunnel. Mais il n'y avait pas de voix, ou de mots, ce n'était qu'un son, un simple son, semblable au bruit que fait le vent quand il s'engouffre dans un passage étroit. D'instinct, elle recula, car la bête était massive, aussi épaisse que l'araignée était large et suffisamment longue pour s'enrouler plusieurs fois autour de la stalagmite. Ce sifflement était une mise en garde, H'phedia était entrée sur son territoire et elle n'était pas la bienvenue.
Pourtant, faire marche arrière n'était pas une option, son cristal se trouvait droit devant elle, et faire demi-tour signifierait repartir dans le tunnel, et cela, il en était hors de question. Alors elle coupa la poire en deux, elle recula jusqu'à toucher les murs de la salle, là, mettant à profit sa condition arachnéenne, grimpa sur ces derniers jusqu'à se retrouver quasiment au plafond de la grotte. Cet éloignement sembla convenir à la créature qui se calma instantanément.  

De cette position avantageuse H'phedia avait une vue nette de la configuration des lieux, ainsi que le répit nécessaire pour réfléchir. Il devait s'agir de son épreuve, son cristal était à portée de patte, mais pour l'obtenir, elle devait d'abord triompher de son gardien, en quelque sorte. Elle commença par écarter les possibilités les plus sombres qui s'insinuaient dans son esprit. Non, elle ne tuerait pas le ver, non pas parce qu'elle n'était absolument pas certaine d'y arriver, et d'en sortir vivante, mais bien parce que ce n'était pas la voie des jedis. Qui plus est la créature n'avait pas essayé de la dévorer, seulement de l'intimider, tout ce que l'araignée avait à faire était de trouver un moyen de tromper sa vigilance.

Ainsi commença une série d'expériences visant à déterminer quel périmètre exactement la bête estimait hors limites. Quelques retraites et sifflements plus tard elle estima la zone à un dôme dont les bords frôlaient les murs de la salle et le sommet englobait le cristal, bien évidemment. En obligeant le ver à bouger elle remarqua quelque chose qui lui était demeuré invisible jusque-là. Des œufs, déposés à la base du pilier et dissimulés par les anneaux massifs de la créature. Tout s'expliquait, ce n'était pas une tanière mais un nid. La bête était une mère, protégeant de son corps sa progéniture en devenir. Si elle n'avait pas chassé H'phedia  plus activement, c'était parce qu'elle ne pouvait pas se permettre de laisser sa couvée vulnérable. L'idée saugrenue d'attendre que les œufs éclosent lui traversa l'esprit, avant de se rappeler que non seulement elle ignorait combien de temps ça allait prendre, mais qu'en plus c'était la seule chose qui faisait qu'elle n'avait pas encore été dévorée.

Au final, la solution qui lui vint fut d'une simplicité navrante. Elle monta jusqu'au plafond, se positionna de façon à être juste au-dessus du cristal, descendit via un fil de soie jusqu'à l’extrême limite du dôme et là, elle utilisa la force. Ce ne fut pas différent de cette terrible fois où elle s'arracha les pattes, il suffisait d'attraper et de tirer. À sa grande surprise la gemme se désolidarisa de la stalagmite sans grande résistance pour finir sa course entre ses griffes, à son toucher cette dernière se mit à briller de mille feux, si elle avait encore eu un doute...

Précautionneusement elle remonta au plafond, redescendit le long du mur et quitta la chambre par là où elle était entrée, laissant la créature à sa future maternité. Elle fut un peu anxieuse de s'engager à nouveau dans le tunnel, mais la lumière qui émanait du cristal chassa les ténèbres et aucune voix ne vint la tourmenter. À sa grande surprise le trajet au retour lui sembla bien plus court qu'à l'aller et bien vite elle retrouva l'entrée du temple... et Maître Ak'zek.  

Ce dernier la félicita pour sa réussite, mais elle n'était pas encore au bout de ses peines. Elle était parvenue à récupérer ce qui allait constituer le cœur de son sabre laser, bien, maintenant il lui restait à construire le reste.

Avant tout autre chose son maître lui enseigna ce qu'était un sabre laser, au sens le plus académique du terme, la liste des éléments qui le composait et, enfin, comment le construire. Il fit de même avec la garde spéciale qu'il avait élaborée pour elle. Il lui montra les schémas, l'obligea à les apprendre par cœur, puis, lui présenta un stock de pièce avec pour consigne d'assembler et de désassembler ce qu'elle était supposée avoir appris. D'abord avec ses pattes, avec un succès relatif, puis avec la Force, qui donna de meilleurs résultats. La Force était la clé du processus, à la base le mécanisme d'un sabre laser ne différait pas tant que ça d'un blaster. La différence majeure provenait du cristal, seule la Force permettait de l'aligner à la perfection dans la matrice au cœur de l'arme, tout décalage provoquerait l'explosion du dispositif. D'une certaine façon c'était aussi une épreuve, un moyen de jauger l'affinité du padawan d'affiner son Contrôle et son harmonie avec la Force.  

Il y eut de nombreuses tentatives, et de nombreux échecs, mais elle continua diligemment, avec détermination. Alors qu'elle s'immergeait complètement dans la Force des visions lui apparaissait, rien, cependant, d'aussi vif, et traumatisant, que celles dont elle avait été témoin dans le tunnel, il s'agissait plus de formes indistinctes, de motifs informes qui dansaient dans le néant de sa propre méditation. Quand elle interrogea son maître à ce sujet il lui répondit que cela arrivait fréquemment aux padawans dans sa situation, que c'était la Force, celle autant à l'extérieur que celle à l'intérieur d'elle, qui la guidait pour donner à son sabre une forme qui lui correspondrait. Tout ce que la Force te donne est bon à prendre, disait-il.

Alors, elle se concentra sur ses formes qui lui apparaissaient et celles-ci gagnèrent en netteté, elles ondulaient, tourbillonnaient. Au début elle pensa à de l'eau, mais comprit, au final, que c'était de la soie qui dansait au vent.

La garde était la pièce qui lui posait le plus de problèmes, le design qu'Ak'zek avait créé était fonctionnel, mais c'est tout ce qu'il était. Cela convenait pour un sabre d'entraînement, mais pas au-delà. Ce motif qu'elle voyait, c'était la clé, la clé d'une garde plus élaborée, plus... adaptée. Ainsi, avant de forger un sabre, c'est une garde qu'elle forgea, une dont les motifs ondulaient avant de s'entrelacer en une spirale, comme de la soie d'araignée emportée par le vent.

Ce n'est qu'après avoir accompli cela que ces progrès devinrent significatifs, qu'elle cessât d'essayer pour faire. Vint alors le temps du dernier assemblage, de la patte qui vint se glisser dans la garde-fourreau, de l'instant fébrile où elle poussa l'activateur...

Rien n'explosa, une lame de pure énergie jaillit, d'un jaune éclatant. Son sabre, son premier, véritable, sabre laser. Elle avait réussi. Maintenant sa formation pouvait véritablement commencer, elle allait devenir une jedi, non, plus que ça, elle allait devenir une sentinelle.

VII

L’allégorie de la porte est souvent utilisée pour décrire les trois grandes voies de l'ordre Jedi, elle dit que, face à une porte fermée, un gardien la défoncera, un consul toquera poliment et une sentinelle détournera le flux du relais d'alimentation adjacent pour surcharger les commandes de verrouillages.

Si les gardiens se concentraient sur les arts de la lame et les consulaires sur la Force et le savoir, les sentinelles, elles, préféraient suivre le chemin du milieu, s'exerçant dans les deux. S'ils elles n'atteignaient pas le même niveau de maîtrise que les autres branches, elles les surpassaient en termes de polyvalence. Un maître-mot qui ne s'étendait pas qu'aux arts jedis. Estimant qu'il y avait des situations que ni la Force, ni un sabre laser ne pouvait résoudre, comme récupérer une information perdue au plus profond d'une base de données, par exemple, les lames jaunes, comme on les appelaient parfois, étudiaient aussi des domaines réservés aux « civils ». Des domaines qui s'étendaient du piratage informatique à la criminologie en passant par l'art délicat de la composition floral. Des domaines qui, la plupart du temps, requièrent peu ou pas l'usage de la force.

On ne trouve pas de sentinelles sur les lignes de fronts ou dans les salons des ambassades, mais c'est pourtant grâce à elles que les gardiens peuvent mener leurs batailles et les consuls leurs négociations. Elles sont enquêteurs, espions, éclaireurs, saboteurs, voir, dans le cas des secrètes ombres jedis, assassins. Elles sont celles qui détruisent l'ennemi de l'intérieur, celles qui font remonter à la surface tous les péchés que l'on pensait enterrer à jamais. Si les siths sont les maîtres du mensonge et de la tromperie, elles sont celles qui savent voir au travers pour porter le mal et l'injustice en pleine lumière. Elles sont la torche qui illumine les ténèbres, et tous les monstres qui s'y cachent.

« Nous ne tirons pas notre lame par plaisir, nous ne la tirons pas non plus pour répandre la crainte ou infliger la souffrance. Nous la tirons pour défendre ceux qui ne peuvent le faire eux-mêmes, nous la tirons pour arrêter ceux que nous seuls pouvons arrêter, enfin, nous la tirons quand il n'y a plus d'autres choix. C'est cela être un jedi. ».

Les journées d'H'phedia suivaient un découpage très stricte, une partie dédiée au sabre laser, une à la force, une troisième aux savoirs « civils » et ce qui restait pour se nourrir et dormir. Ak'zek était un professeur exigeant, mais il savait que son élève était capable de le supporter. Cela était bien différent de ce qu'elle faisait en tant qu'initié. Si jusque-là on lui avait appris la théorie, maintenant elle apprenait la pratique.

La Force, qui jusque-là avait été cantonnée à la méditation et au déplacement d'objet, devenait un outil au mille et un usage. Détecter les êtres proches, dissimuler sa propre présence, sentir les mouvements d'humeur d'une personne, influencer ses décisions, augmenter ses sens et ses capacités physiques, voilà le genre d'usage que son maître lui enseignait.  

Si cela demeurait un prolongement de ce qu'elle faisait, ce qui était vraiment nouveau pour elle fut au niveau de l'escrime, art auquel elle depuis toujours peu d'affinité. Adieu le shii-cho, la forme des débutants que seuls quelques originaux continuaient à pratiquer après leur noviciat, bonjour les six autres formes.  

Comme avec le reste Ak'zek avait une idée très précise de comment il allait procéder, une année pour chaque forme, avec quelques ajustements une fois qu'elle aurait trouvé son style de prédilection. Il ne manqua cependant pas de là mettre en garde contre le fait de s'enfermer dans une seule forme, car cela impliquait d'en épouser toutes les forces, mais aussi toutes ses faiblesses. Seul un maître était capable de compenser les faiblesses d'une forme par sa seule capacité, mais le chemin était très long avant de devenir un tel maître. La philosophie des sentinelles à ce sujet était la même que pour tout autre chose, la polyvalence avant tout.

Ainsi commença-t-elle donc l’apprentissage du Makashi, la forme des duellistes. Si la forme une était un héritage du temps des lames physiques, la seconde fut la première véritablement optimisée pour celles d'énergie. Élégance, concentration, rigueur était ses maîtres mots. Même s'il ne devenait pas leur style de prédilection la forme d'opposition n'était jamais négligée auprès des padawans, car c'était elle qui formait le corps au combat. Synchroniser ces pièces disparates et malhabiles en un tout appelé corps, affiner ce nébuleux concept appelé esprit en une lame aussi tranchante que celle entre vos mains, lier les deux en un tout unique, un mouvement fluide et continu, qu'il fallait ensuite épurer de tout débordement inutile, voilà la voie sur laquelle vous engageait le Makashi. Si la première forme lui avait appris à tenir un sabre sans se trancher un membre, la seconde, elle, lui avait appris à mener un combat et à le gagner.

Elle lui aussi avait appris la faiblesse, comment la déceler dans le mouvement de son adversaire, et comment en tirer profit pour porter le coup décisif. La faiblesse de son propre corps, de ses pattes et de ses lames, trop petites et malhabiles, incapable de le protéger efficacement, l'obligeant à toujours faire face à son adversaire. La faiblesse, finalement, de la forme en elle-même, conçue pour les duels entre sabres, populaire à une époque où les sith sont légions, mais inutile contre des blasters ou plusieurs adversaires. À cause de tout cela, et malgré tout ce qu'elle lui avait appris, elle ne fit pas de cette forme sa favorite.

Plus encore que d'autres Ak'zek estimait que le meilleur des apprentissages provenait de l'expérience. Aussi, dès qu'elle fut en état, il la traîna hors du temple, au delà même de la jungle qui l’entourait jusqu'à Iziz, capitale d'Onderon. Il y était grand temps pour elle qu'elle découvre un environnement urbain, disait son maître, qu'elle se familiarise avec sa géographie et sa démographe. Car son travail en tant que sentinelle l'amènerait à le fréquenter plus que raison, autant qu'elle en apprenne la logique et celles de ses habitant aussi tôt que possible.  

Héritière des antiques veilleurs jedi, qui choisissait de n'opérer que dans un système ou une région donnée, les missions des sentinelles sont généralement de longue durée, plusieurs mois ou années, et implique parfois de dissimuler le fait que l'on soit un jedi au point de se fondre totalement dans la population locale. Il n'est alors pas rare qu'une sentinelle troc son sabre contre un blaster autrement plus commun, avant de découvrir que la Force peut faire de vous un très bon tireur.

Dans l'optique de lui apprendre cet aspect du métier son maître l'obligea à se faire passer pour une vendeuse de fruits, cela devait lui permettre de développer sa capacité à jouer un rôle en apparence inoffensif de même que ses capacités sociales. Le résultat fut... mitigé.
Il était vrai que nul ne s'était rendu compte qu'elle était une jedi, en grande partie parce qu'elle ne portait rien sur son corps qui puisse l’identifier comme tel, à l'exception d'un collier de perles marquant son statut de padawan mais dont la signification échapperait à tous ceux qui n'étaient pas du temple. Il était aussi vrai qu'elle n'avait aucun sens des affaires et que les ondéronniens étaient peu disposés à acheter des fruits à une araignée géante qui s'exprime de façon quasi monosyllabique.

Cela dit, elle était supposée se faire passer pour une vendeuse, pas une bonne vendeuse. En cela elle avait réussi, les passants qui la regardèrent à deux fois ne virent qu'une immigré inculte venue tout droit de la bordure extérieure, décidèrent de voter en conséquence lors des prochaines élections, avant de se rappeler qu'Onderon était une monarchie, et passèrent le reste de leur journée confus quant à leurs aspirations politiques. Son maître estima que c'était un bon début.

*****

Onderon seule ne fut bientôt plus suffisante aux yeux d'Ak'zek, malgré son passé chargé, ainsi que son importance dans l'histoire des jedis, elle n'en demeurait pas moins une planète quelque peu en retrait dans le grand ordre des choses. Elle avait eu pour seul but de préparer sa padawan à entrer dans le grand bain, la vraie civilisation, Coruscant.

L'on disait d'elle que c'était la capitale de la république, pour beaucoup celle de la galaxie tout entière. L'alpha et l'oméga de la civilisation pan-galactique.  
La jeune araignée pensait que ses pérégrinations à Iziz l'avaient rendu apte à faire à toute ville aussi importante soit-elle, comme elle se trompaient. Coruscant n'était pas une ville sur une planète ou une planète avec une ville dessus. C'était une ville qui était une planète, une planète qui était une ville. Quand elle la vit pour la première fois, alors que leur vaisseau entamait son approche, quand elle comprit ce qu'elle était réellement, elle se sentit écraser par l'immensité de ce qu'elle contemplait, littéralement sonnée par l'impossible magnitude, l’aberrante échelle de cette cité-monde. Mais ce ne fut rien en comparaison de quand, l'astronef approchant du spatioport, elle put voir la surface de la planète en détail. Une fois encore elle avait sous-estimé l'absurde immensité à laquelle elle faisait face, elle avait oublié la troisième dimension.

Tout était immeuble, des mers d'immeubles, des montagnes d'immeubles, des canyons d'immeubles, si profond que leur fond était caché par les nuages, dans lesquels s'écoulaient des rivières de speeders, dix mille années, et autant de générations, de construction, s'accumulant, s'empilant comme autant de strates géologiques. Jusqu'à quelle profondeur descendaient-ils ? Y avait-il des choses vivant tout au fond ? Y avait-il seulement un fond ? Quelqu'un s'était-il risqué à le découvrir ? Quelqu'un s'en souvenait-il encore ? Comment cela pouvait-il tenir sans s'effondrer ? Y avait-il encore une planète, y en avait-il jamais eu ? Toutes ces questions déferlaient dans son esprit et, pour la première fois de sa vie, elle n'était pas certaine de vouloir les réponses. Et cette vie, toute cette vie, elle pouvait la sentir avec la Force, des milliards d'êtres, grouillant au sein de cet univers de transparacier et de ferrobeton. Cette vie plus nombreuse encore que dans les forêts de Kirtania, cette vie au sein d'un monde où plus rien n'était naturel, où régnait la plus pure artificialité, cette vie qui la submergeait complément, qui la faisait se sentir très, très, très petite.

Son maître l'avait amené là pour une raison, pour qu'elle voie le mal en face. Pas l'absolu, celui de la Sorcière, mais le commun, le mesquin, le vénale, le désespéré, celui des simples criminels, ceux que l'on peut raisonner, arrêter, emprisonner, voir même réhabiliter, ceux qu'ils croiseront pendant la majorité de leur carrière.

À cette fin il poursuivit son entraînement sur place, un entraînement de combat, quoiqu'un peu différent des autres. Dans celui-ci l'objectif était de ne pas se servir de son arme. Cela commença par la fameuse « Forme Zéro » qui consistait à toujours tenter la négociation et la recherche d'une solution pacifique avant de commencer à découper les gens. Ensuite il lui apprit à se battre à pattes nues, car une arme pouvait être perdue, volée, détruite ou détraqué de nombreuses manières, même un sabre laser. Enfin, mettant à profit tout cela, il lui enseigna comment neutraliser  quelqu'un sans pour autant le tuer ou l'estropier, où frapper et comment pour l'assommer et qu'il le reste pendant un moment, toutes ces choses qu'il n'était très aisé d'accomplir avec une lame d'énergie pure. Ce fut bien plus technique et difficile qu'H'phedia l'aurait cru, mais ce n'était pas si surprenant que ça en fin de compte. Savoir doser sa force entre trop et pas assez, frapper au bon endroit au bon moment, demandait plus d'adresse que de simplement réduire son adversaire en bouillie. Comme beaucoup d'autres composantes de la philosophie Jedi c'était une fois de plus un exercice de contrôle et de modération.

À l'issue de cela Ak'zek l'emmena dans les bas-fonds, pour lui montrer comment on menait une enquête sur le terrain. La jeune araignée n'aurait rien d'autre à faire que le suivre, de regarder et d'apprendre. L'affaire qu'il choisit avait pour objet la drogue, mais sans commune mesure avec ce que Scorcher, que sa chitine pourrisse, et ses sbires faisaient. Il s'agissait là en faite d'une chose si mineure qu'elle était à la portée d'une patrouille de quartier, à condition qu'elle ne soit pas occupée à autre chose, ou corrompue, ou morte. Quelque chose d'assez simple pour qu'il puisse décomposer convenablement le processus de l'enquête et qui ne finira pas en bataille rangée.

Le suspect en question était un dévaronien du nom de Zobo Zobobrak, simple consommateur il avait décider de s'improviser dealer pour se payer ses doses, un cercle vicieux qu'il avait décidé de faire partager aux autres. Pour quelqu'un d'aussi expérimenté que le Verpine cela ne prit guère longtemps pour retrouver sa trace, surtout que l'intéressé était loin d'être un parangon de discrétion. Il s'était retranché, si l'on peut dire, dans un bar où l'alcool était la moindre des substances consommées.

Le devaronien était là, une table pour seule compagnie et déjà plus que largement chargé. Il ne réagit même pas quand les deux jedis entrèrent, pas plus quand ils s'attablèrent au comptoir. Ak'zek échangea quelques mots avec le gérant, qui lui était bien conscient de qui venait d'arriver dans son établissement. Après quoi le verpine décida de laisser à sa padawan l'honneur d’arrêter le prévenu. Cette dernière fut à la fois surprise, honorée et particulièrement nerveuse. Elle alla se placer devant le camé, ce dernier demeura toujours aussi inerte, il devait être partit vraiment très loin.

C'est alors qu'elle commença à réciter un antique serment d'Odan-urr sur le devoir de bonne conduite des jedis. Pourquoi avait-elle dit ça et pourquoi maintenant ? Les nerfs sans doute. Toujours est-il que cela, on ne sait guère comment, fit enfin réagir le prénommer Zobo. Il déclara que l'araignée avait dit était « sexuel » et... commença à enlever ses vêtements. La padawan mobilisant tout son entraînement jedi ne se laissa pas décontenancer, retrouvant ses mots elle lui expliqua que ce qu'il était en train de faire contrevenait à la loi et qu'il était du coup doublement en état d'arrestation.    

Soudainement le dévaronien se mit à hurler comme un possédé, renversa la table avant de s'enfuir en courant... tout nu. H'phedia se lança aussitôt à sa poursuite, c'était sa première vraie mission sur le terrain et il était hors de question de la rater. Ce criminel n'était pas des plus athlétiques, mais ce qu'il avait pris lui donnait définitivement un second souffle, qu'importe, il pouvait courir aussi vite qu'il le voulait, elle n'était pas près de le lâcher. Ce que l'araignée, dans sa détermination, et le dévaronien, dans sa drogue, ignoraient c'était... qu'ils tournaient en rond, littéralement, au milieu du bar, depuis le début.

Ak'zek, semi-amusée, regarda la scène surréaliste d'un dévaronian nu et hurlant, poursuivi par une araignée géante, leur course dessinant un cercle parfait. Il la regarda cinq bonnes minutes puis, voyant que cela risquait de durer pendant encore très longtemps, apostropha son apprenti pour lui dire d'utiliser la Force. Cette dernière sortit alors de sa transe et se demanda pourquoi l'idée ne lui était pas venue plus tôt.

Une simple télékinésie lui permit d'attraper le fuyard, l'amener à elle, où elle put alors le plaquer au sol et le neutraliser en bonne et dut forme. Il tenta bien de se débattre, mais, même s'il elle n'avait que quatorze ans, elle était déjà aussi grande que lui. Ainsi s'acheva la saga du dévaronien nudiste, sa première « vraie » mission et elle n'était pas peu fière.

Tous ceux qui n'étaient pas H'phedia virent dans cette scène une ode au nihilisme, un exemple édifiant de l'absurdité du concept même d'existence. Sur toutes les personnes présentes, un tier mettra fin à ses jours au fil des années, un tier travaillera activement à détruire la république de l'intérieur pour le compte des sith ou des hutts et le dernier tier était trop défoncé pour se rendre compte de quoi que ce soit et se contentera de continuer à se défoncer.

Zobo Zobobrak purgea sa peine pour usage et détention de stupéfiants, attentat à la pudeur et refus d'obtempérer. Il décrocha de la drogue et devint un membre respectable, sain et actif de la société... Pendant environ un an et demi, après quoi il devint le fournisseur de la moitié du district sénatoriale. Ses bénéfices explosèrent à la suite de la crise de Makem Te et de l'ascension météorique de Grendo o'sorn au sein des institutions, faisant de lui le 74e être le plus riche de coruscant. Actuellement la cible de plusieurs tentatives d'assassinat de la part du Whipiid Kuk, 73e être le plus riche de Coruscant et surnommé « L'archi-diacre du Holo-porno. »
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VIII

« La gloire et la renommée peuvent découler de nos actions, elles peuvent être agréables, voir réconfortantes, mais en aucun cas elles ne sont notre but. Ceux qui les recherchent s'engagent sur un chemin qui ne peut les conduire qu'à l'obscurité. »

À l'aube de sa seconde année de formation elle commença à apprendre le Soresu, la forme de défense par excellence. Elle était née pour répondre aux faiblesses du Makashi, ce dernier étant conçu pour les duels aux sabres lasers, la forme III, elle, permettait de faire face à de nombreux ennemis armés de blasters. Sa philosophie reposait sur l'idée de se placer dans l’œil du cyclone, d'être un point de calme et d'ordre alors que tout le reste n'était que rage et chaos. Il ne s'agissait pas de s'opposer à la tempête mais de l'endurer jusqu'à ce qu'elle passe, car toute tempête finissait par passer. En cela la défense du Soresu était sans égale parmi toutes les formes du sabre, à un tel point que certains trouvaient même que c'était trop, que sa seule stratégie offensive était d'attendre que l'ennemi s'épuise avant de porter le coup de grâce, qu'il était dangereux de faire durer le combat plus que raison. Cela étant dit, ce n'était pas une raison pour le négliger, loin de là, car, comme son maître le disait si bien « Quand tout a échoué, il reste le Soresu. ». Qui plus est, cette défense pouvait autant servir pour soi que pour les autres.

Ainsi elle commença donc à s'entraîner. L'apprentissage de cette forme lui fut plus aisé que celui du Makashi, en partie par l'expérience que ce dernier lui avait apportée mais aussi car l'aspect purement défensif de la forme III s'accordait avec son naturel pacifique. Qui plus est, la pratique du Soresu nécessitait un état mental quasi méditatif, et elle avait toujours été très bonne à la méditation.  

Alors que son maître la regardait s’exercer, il commençait à voir quelque chose émerger dans les mouvements de sa lame, dans les fluides inflexions de ses pattes, dans l'esprit de son élève, emplit de vision d'eau ruisselante et de soies entrelacées. L'ébauche d'un style qui lui serait propre. Pourtant, ce n'était pas encore ça. Bien que ses pattes aient bien repoussé, nécessitant de revoir la taille de son sabre au passage, elle manquait encore sévèrement de dextérité pour parer efficacement les tirs de blasters. Mais plus que cela il y avait en elle une sorte d'ardeur, un désir, une détermination à aller de l'avant qui entrait en conflit avec la philosophie passive du Soresu.

*****

Ak'zek étant un verpine il avait une affinité naturelle avec la technologie, affinité renforcée par des années d'expérience en tant que sentinelle. Ce faisant, dès qu'une affaire impliquait un certain niveau de technologie c'était lui qu'on appelait. L'affaire en question commença de façon si modeste que le verpine n'y prêta pas attention : Une famille avait perdu la vie à la suite d'un accident domestique, tragique, mais c'était des choses qui pouvaient arriver. Quand quatre accidents de nature similaire, et tout aussi meurtriers, se produisirent dans un laps de temps réduit, les autorités décidèrent d'y regarder à deux fois. Il ne leur fallut guère longtemps avant de trouver un point commun entre les différentes victimes, le droïde. Toutes en avaient un, le même modèle, venant de la même entreprise. Un simple droïde domestique, le genre à faire la cuisine ou le ménage à votre place. Un simple droïde qui décida un jour, avec la même méthode que lorsqu'il découpait des légumes ou balayait, d'assassiner ses propriétaires. Les unités incriminées furent détruites et le fabricant rappela la totalité de sa gamme.

L'histoire aurait pu s’arrêter là, une énième compagnie anonyme qui, rognant encore une fois sur les coûts, à laisser un bug majeur dans le logiciel de leurs droïdes domestiques les transformants en meurtriers involontaires. Il y aurait eu des enquêtes, des actions en justice, quelques beaux tas de crédits échangés sous les tables et tout le monde aurait fini par oublier. Excepté que, quelque temps  plus tard, cette même entreprise s'est mise à appeler à l'aide quiconque voulait bien l'entendre, la police, les militaires, même les jedis. Visiblement, son principal site de production, celui là même où les droïdes défectueux avaient été amené pour être détruits, avait cessé de donner le moindre signe de vie. Plus exactement, il s'était complètement coupé du monde extérieur, tous ces accès avaient été fermés, verrouillés à double tour et finalement barricadés, même là où il n'était techniquement pas possible de le faire. Les dernières communications que le siège avait reçues étaient des plus confuses, en plus d'être de très mauvaise qualité. Tout au plus comprenait-on que quelque chose était arrivé au sein de l'usine, quelque chose de terrible et qui en aucun cas ne devait rejoindre le monde extérieur.    

Ak'zek ne portait guère les corporations dans son cœur, il les savaient capables d'aller très loin pour se débarrasser de quelque chose qu'elles estimaient gênant. Il savait aussi que les corporatistes étaient plus qu'à même de simuler toutes les gammes d'émotions pour peu que cela serve leurs intérêts. Pourtant, son expérience lui disait que la peur et la confusion des officiels n'était pas feinte, car cette peur et cette confusion était celle que l'on ressentait face à l'inconnu, face à une chose non seulement imprévisible, mais aussi dont la nature vous échappait totalement. Le fabricant de droïde n'était pas responsable de ces événements, de cela il était certain, mais cela ne voulait pas dire que d'autres forces n'étaient pas à l'œuvre.

Le verpine et son apprenti se rendirent donc sur place. Ak'zek connaissait ce genre d'installation somme toute assez standard, une grande chaîne d'assemblage automatisée et quelques opérateurs pour superviser le tout. Il dût bien reconnaître que ces derniers avaient fait du beau travail pour se claquemurer à l'intérieur, activant sans doutes les protocoles réservés aux vols et autres fuites de matières dangereuses. Cela dit, ce n'était en rien une installation militaire et ses portes, quoique quelque peu blindés, ne résistèrent pas longtemps à leurs sabres lasers.

Une fois à l'intérieur ils ne trouvèrent plus aucune âme qui vive, ce qu'ils trouvèrent par contre furent des droïdes à profusion, des droïdes déterminés à prendre leur vie. Certains pourraient penser que des droïdes domestiques, même quelque peu détraqués, ne devaient pas représenter une si grande menace pour deux jedis. Ces personnes n'avaient jamais fait face à un modèle multimix toutes options qui tentait de les transformer en smoothie. Qui plus est, le bug qui avait rendu les automates fous semblait avoir aussi affecté les chaînes d'assemblage, ces dernières produisant des unités on ne peut moins orthodoxe.    

Il y avait beaucoup à dire au sujet des droïdes, mais ce n'était vraiment pas le moment pour H'phedia d'y penser alors qu'elle luttait pour ne pas être submergé par cette marée de métal. Elle comprenait, cependant, le malaise que de nombreux jedis éprouvait en présence de ces machines. Elles se mouvaient et agissaient comme si elles étaient des êtres vivants, pourtant elles n'étaient pas vivantes, elles n'existaient pas dans la Force. C'est ce qui rendait la confrontation délicate, il n'y avait aucune émotion, aucune intention qui permettrait de deviner leurs actions, la traditionnelle précognition des jedis était comme brouillée en leur présence. Cela dit elles restaient de simples machines dont le combat n'avait jamais été la fonction, leur nombre était leur seule force.

Ak'zek parvint se frayer un chemin jusqu'au terminal informatique le plus proche et à se connecter au système de l'usine, il allait enfin savoir de quoi il en retournait. Quand ses prothèses lui renvoyèrent une ribambelle de messages d'alertes et d'erreurs il comprit qu'ils n'avaient pas affaire à un simple bug, mais à un virus, et un des plus violents qu'il lui avait été donné de voir.  

Il ne s'agissait pas d'une simple routine conçue pour créer des anomalies impromptues, cette horreur numérique assimilait, reconfigurait et au final écrasait complètement le firmware de tout système capable de le recevoir, pour le remplacer par une seule directive qui semblait être « Tuer des gens ».  Comment une telle chose avait fini dans le système d'une chaîne d'assemblage d'un fabricant de droïde sans envergure de coruscant était un mystère qu'il n'avait pas le temps de résoudre. Les opérateurs du site, comprenant qu'ils ne pouvaient arrêter le virus par eux-mêmes, se contentèrent de sceller l'endroit du mieux qu'ils purent avant d'appeler à l'aide. Le verpine ne pouvait qu'approuver ce sursaut de bon sens qui frôlait l'héroïsme.

Ce programme étant bien trop dangereux pour finasser avec, il fallait l'éradiquer avant qu'il ne se répande au-delà des installations, et le verpine avait une idée de comment faire. Une bombe électromagnétique suffisamment puissante grillerait tout ce que l'usine compterait d’électronique, détruisant le virus qu'ils abritaient par la même occasion. Mais comme il ne se baladait pas avec ça dans sa poche Ak'zek devrait la construire à l'aide du matériel sur place.

Le rôle d'H'phedia dans toute cette affaire fut donc de couvrir son maître de la horde de droïdes enragés pendant que ce dernier allait et venait à différents endroits du complexe pour rassembler ce dont il avait besoin pour construire sa bombe. Disons-le simplement, sa pratique du Soresu fut mise à rude épreuve.

Tout ceci arriva à sa fin, donc, avec la complétion du dispositif, son activation, une explosion bleutée et une vaste mer de métal inerte. Le maître de la jeune araignée y laissa ses prothèses, mais aucune n'était nécessaire à sa survie, en réalité il ne remarqua guère leur désactivation tant son esprit était empli de questions dont il avait lui-même, en effaçant le virus, détruit les réponses. Une chose était certaine, ce programme était de classe militaire, au moins. Un hacker à la petite semaine n'aurait en aucun cas pu le concevoir, et la compagnie n'était pas assez importante pour s'attirer l'ire de ceux qui en étaient capables.

Tout ceci ressemblait un peu trop à un test grandeur nature, pratiqué sur une cible trop insignifiante pour que sa perte soit regrettée ou qu'elle puisse se venger des responsables. Mais ce test, avait-il  lamentablement échoué ou au contraire avait-il réussit au-delà de toute espérance ? Il n'en savait rien, ce qu'il savait par contre était que le pouvoir responsable d'un tel événement ne devait en aucun cas être pris à la légère. Ce qu'il savait était un simple mot qu'il était parvenu à arracher au virus alors que ce dernier essayait de convaincre son membre d'acier de le tuer.

Une simple syllabe :MU

IX

« Sache que même si nous avons la force, cela ne fait pas de nous des dieux, nous ne sommes ni omniscients, ni omniprésents, ni omnipotents. Croire l'inverse ou chercher à l'être est le plus sûr chemin vers sa perte. J'ai connu l'échec et tu le connaîtras toi aussi. La galaxie est un vaste système, aussi complexe que cruel. Il y a des situations auxquelles un jedi seul ne peut y remédier, certaines où tous les jedis ne pourraient y remédier. Parfois les gens ne veulent, ou ne peuvent, être sauver. Parfois ceux qui ont les moyens de le faire, ne le feront pas car cela dessert leurs intérêts, si tu as un jour affaire aux politiques, et tu auras croit-moi, cette situation sera fréquente. Enfin, et c'est peut-être là la plus cruel d'entre toute, tu auras à choisir qui sauver et aucune des décisions ne sera vraiment la bonne. »

Alors que commençait sa troisième année de formation la république était encore sous le choc de la crise d'Aargau. Un membre haut placé du gouvernement s'était révélé être aussi un membre haut placé des siths, un monde avait été ravagé et le chancelier suprême abattu en pleine rue. Et pour accomplir cela, tout ce que ce sith avait eu à faire avait été d'ouvrir la bouche.  

H'phedia et son maître eurent alors une nouvelle fois cette discussion, celle à propos de la nécessité qu'un jedi avait parfois à devoir donner la mort. Excepté que cette fois-ci elle concernait les siths. Dans un monde parfait ce ne serait pas différent d'avec les criminels, on ne les tuait que lorsqu'ils nous y obligeaient. Mais ce n'était pas un monde parfait et les siths n'étaient pas des criminels ordinaires. Ne serait-ce que réussir à en capturer un relevait déjà de l'exploit, tant, de par leur philosophie, ils se battaient jusqu'à la mort, la leur ou celle de leur adversaire. Et même enfermé entre quatre murs, leur pouvoir de nuisance demeurait intact, comme la crise d'Aargau l'avait prouvé.

En réalité, à moins que ce dernier soit prèt à retourner dans la lumière, un bon sith était un sith mort. L'histoire l'avait prouvé, en de très nombreuses reprises. C'est du moins ce que disait Maître Ak'zek. La jeune araignée, elle, restait confuse face à tout cela, une partie d'elle-même était prête à accepter ce raisonnement, une autre ne pouvait s'empêcher de le trouver des plus délétère. Car, malgré la taille désormais plus que généreuse de son corps, son esprit restait encore jeune, il lui restait encore à faire l'expérience de toute l’ambiguïté que le monde avait à offrir. Aussi, face à ce genre de situation, elle se contenta de reprendre l'entraînement.

*****

H'phedia fêta son seizième anniversaire en apprenant l'Ataru, la quatrième des formes du sabre laser. Elle avait été conçue pour être le total opposé du Soresu, une forme d'attaque pure en réponse à une forme de défense pure. À l'inverse du Makashi cependant, qui empruntait sa linéarité à l'escrime, la forme de l'agression était un style acrobatique, tri-dimensionnel, qui atteignait la victoire par le contournement de la garde de l'ennemi plutôt que la recherche de l'ouverture pour le coup parfait. Il s'agissait de rester mobile en permanence, de désorienter l'ennemi en attaquant par tous les angles possibles, en même temps, ou du moins dans un laps de temps très court. À cette fin on ne considérait plus la lame comme une extension du corps mais le corps comme une extension de la lame, les deux bougeaient à l'unisson, attaquaient à l'unisson. C'était l'une des formes qui tirait le plus partie de l'augmentation des capacités physiques par le biais de la force.  

Évidemment elle n'était pas sans faiblesse. Tout comme son prédécesseur, la forme II, elle n'était pas des plus conseillée contre des blasters ou des ennemis multiples. De par sa composante hautement physique elle épuisait très rapidement son utilisateur, de même son aspect acrobatique ne pouvait réellement s'exprimer que dans des espaces suffisamment ouverts.

Pour la jeune araignée, ce fut une révélation à l'instant où elle commença à s'exercer. Pour son maître aussi ce le fût. Ce qu'il avait entraperçu à l'époque du soresu, et même encore avant, s'exprimait désormais pleinement. Les mouvements lui venaient fluidement, avec aisance, c'était comme si elle avait fait cela toute sa vie mais que ce n'était que maintenant qu'elle parvenait à mettre un nom dessus. Peut-être était-ce sa nature d'arachnide qui entrait en jeu, son corps naturellement adapté à produire les mouvements de l'Ataru, toujours est-il qu'elle avait sans nul doute trouvé son style de prédilection.  

Ak'zek, bien qu'il soit on ne peut plus capable avec sa lame, n'avait rien d'un maître d'armes. Il était en mesure d'enseigner les bases à sa padawan, plus quelques autres astuces tirées de son expérience, mais, au vu du potentiel de cette dernière dans la forme IV, elle aurait besoin d'un spécialiste pour l'exploiter pleinement. Cela tombait bien, il en connaissait un, enfin une. Une instructrice qui avait fait de l'Ataru sa spécialité, elle n'avait pas un caractère facile mais il savait comment l'amadouer. Elle avait un faible pour tout ce qui pouvait être changé en confiture et appliqué sur une tartine.  

*****

Maître Keleverr était une Fosh, une espèce aviaire rarissime. C'était aussi une instructrice du temple qui avait fait de la voie du chauve-faucon sa spécialité. Enfin, elle avait un caractère bien trempé, mais à ce niveau-là Maître Ak'zek en avait à revendre. Les deux semblaient bien se connaître. Après quelques tractations, impliquant plusieurs pots de confitures exhibant des couleurs qui lui étaient inconnues, H'phedia se retrouva confié aux bons soins de la femme-oiseau.  

Cette dernière commença par quelques exercices de base, afin de s'assurer que le verpine ne l'avait pas menée en bateau. Satisfaite de ce qu'elle avait vu elle commença alors son enseignement à proprement parler.

Voir la fosh en action, la voir voleter, tourbillonner, avec une telle grâce, une telle maîtrise, une telle précision, cela avait de quoi vous couper le souffle. Ce n'était plus une simple démonstration martiale, c'était de la danse purement et simplement. Et c'était exactement ainsi que Maître Keleverr le voyait, avec l'Ataru le combat devenait une danse mortelle avec son adversaire.  

L'essence de la Forme IV, disait-elle, c'était les Su Ma, les rotations. Les maîtriser c'était maîtriser la forme. Et pour maîtriser les rotations il n'y avait pas de secret, il fallait tourner, tourner, tournoyer, tourbillonner encore et encore. Les séances de la Fosh avaient pour réputations de vider l'estomac de ses élèves à un rythme soutenu. En cela H'phedia était avantagée, elle ne pouvait pas vomir.

Si certains des exercices rappelaient ceux de Maître Ak'zek d'autres étaient beaucoup plus « particuliers ». Par exemple, elle se retrouva à un moment à étudier de la géométrie, plus particulièrement une étrange figure composée de rectangles et de carrés imbriquer les uns dans les autres en un motif en spiral. Keleverr appelait cela le Rectangle d'Or, qui lui-même dérivait du Nombre d'Or. Il s'agissait de la proportion parfaite, engendrant un rectangle parfait qui à son tour engendrait une spirale parfaite. Or une spirale n'était qu'une rotation en trois dimensions, et un maître de l'Ataru se doit de toujours penser en trois dimensions. Une spirale parfaite signifiait donc une rotation parfaite et une rotation parfaite donnait un Ataru parfait.
L'optimisation était la clé pour contre-balancer le caractère éreintant de la forme, tous les mouvements inutiles devaient être supprimés, toutes les vélocités devaient s’enchaîner dans la plus totale fluidité et le rectangle d'or était la clé pour parvenir à cela.

Bien que surnommée « La Forme de l'agression », l'Ataru était tout le contraire de la rage et la barbarie qu'on attendrait d'un tel nom, le pratiquer exigeait autant de contrôle et de discipline que le Soresu. La lame, le corps, l'esprit et la Force devaient se lier en un tout unique, une seule et même rotation, ainsi seulement la maîtrise de l'Ataru pouvait être atteinte. Cette unicité s'obtenait par de multiples exercices des différents aspects, pour la Force, par exemple, il s'agissait d'imprimer une rotation parfaite à des sphères métalliques via la télékinésie.  

Sous la tutelle de Keleverr ses progrès furent significatifs, si elle s'écoutait elle aurait pu passer des journées entières à s'entraîner avec la femme-oiseau, à satisfaire jusqu'à plus soif ce désir secret et inconscient qu'elle appelait à tort « Détermination ». Mais elle ne pouvait pas se le permettre, se concentrer sur une seule forme serait trahir la doctrine des sentinelles. Qui plus est, elle était la padawan d'Ak'zek, pas de la Fosh, tôt ou tard elle serait appelée hors du temple pour une nouvelle mission.

Dans le cas présent, cela arriva plus tôt que tard.

*****

La Tragédie Perlemienne, c'est ainsi que la postérité baptisa la conflagration qui se déroula sur la voie hyperspatiale du même nom. Un billard à trois bandes entre la république, les siths, et un hutt à l'ambition dévorante qui apporta la ruine sur deux mondes : Makem Te et Felucia.

La Force existe en chaque chose qui vit, leurs émotions résonnent à travers Elle. Plus nombreux ils sont, plus grand est leur appel, plus loin il porte... Qu'arrive-t-il quand un monde tout entier hurle de terreur ? Elle tombe dans les pommes, voilà ce qui arrive.

Felucia appelait à l'aide, la planète entière suppliait qu'on vienne la sauver. Quel qu’aurait pu être la mission ou les occupations du Maitre et de sa padawan avant, cela fut balayé par le cri cosmique. Ils se précipitèrent vers la planète tels des papillons attirés vers la lumière.

*****

C'est amusant quand on y pense, l'on construit des vaisseaux de guerres de plus en plus gros, équipés de turbo-lasers sans cesses plus puissants. Toujours plus de ressources, de crédits, de cerveaux, tout ça pour pouvoir se targuer que l'on peut à présent ravager une planète entière. Tout ce dont la nature n'a jamais eu besoin pour faire cela c'est de quelques tonnes de roches et d'un peu de gravité.

Trois gigantesques astéroïdes suivaient une trajectoire de collision avec Felucia, ensemble ils rassemblaient suffisamment d'énergie pour que ce qui reste après l'impact ne puisse plus être appelé une planète. Techniquement ce monde était sous contrôle impérial, comme de juste les impériaux avaient donc commencé l'évacuation, mais seulement d'eux-mêmes, abandonnant à leur sort près de quatre milliards d'êtres vivants. C'est cela le cri dans la force qu'elle avait entendue, et il devenait de plus en plus fort à mesure qu'elle se rapprochait.

Felucia était un monde où la nature régnait encore en maître, un écosystème foisonnant et symbiotique qui lui rappelait Kirtania par bien des aspects. Tout était connecté, la peur de l'un devenait la peu de tous, et la peur de tous devenait un océan manquant à chaque instant de la noyer.

Les feluciens au comble du désespoir, les impériaux aussi dépourvus de pitié qu'à l'accoutumée, ajoutez une bande de jedis et forces spéciales de la république dans tout ça et vous obtenez le chaos, purement et simplement. Tout le monde se battant contre tout le monde, tout le monde cherchant quelque chose, voulant sauver quelqu'un, tous se demandant comment faire, alors que la mort venue des cieux se faisait sans cesse plus proche.

C'était un bourbier, et son maître semblait considérer que c'était une étape nécessaire à sa formation.  Elle essaya de son mieux de ne pas le perdre de vus, songeant à ô combien il serait facile de se laisser happer par la panique ambiante. Ensemble ils essayèrent de leur mieux d'aider les forces en présence à la manière des sentinelles, c'est-à-dire en leur fournissant des informations. La position des forces impériales, la configuration de leurs installations, plus particulièrement tout ce qui était à même d'abriter un vaisseau. Mais aussi concernant la population elle-même, s'il n'y avait pas des moyens détournés de l'évacuer ou de la protéger du désastre imminent, et surtout, où était donc passé ce maudit moff.  

Puis les siths virent s'en mêler, la haine et la rage s'ajoutant à la peur comme la marée remontant l'estuaire d'un fleuve. Aussi, des acklays, ils avaient acklays sur Felucia, pourquoi y avait-il des acklays sur Felucia ? Un spécimen de bien trop belle taille leur sauta dessus, et ce qu'elle redoutait arriva, ils furent séparés. Alors que son maître s'occupait du gigantesque crustacé, un sith profita de la situation pour essayer de la tuer. C'était un kel dor, sûrement un apprenti tentant de se faire un nom, ou alors un guerrier très médiocre, sinon il n'aurait pas attaqué la plus faible des deux, sinon elle n'aurait pas survécu.

Elle fit ce pour quoi elle s'était entraînée depuis toutes ces années, elle vida son esprit, alluma sa lame, et récita sa leçon. On dit que la grande différence entre les siths et les jedis est que les premiers imposent leur volonté à la force tandis que les seconds suivent celle de la Force. La question était, à quoi s'était-elle donc abandonnée ce jour-là ? La Force, le brouet d'émotions qui était en train de suffoquer la planète ou quelque chose de plus sombre encore ?

Quand Ak'zek eut fini de réduire la créature en fines lamelles et qu'il revint à sa padawan ce fut déjà fini, le sith était mort, le cœur percé d'une lame doré. Ce fut la première fois qu'elle prenait une vie, elle aurait dû être choquée, ou du moins ne serait-ce que triste d'en être arrivée à une telle extrémité.  Mais elle ne ressentit rien. Même après que tout fut fini, que la tension de la bataille soit retombée et qu'elle eut le temps de réfléchir plus calmement à tout cela... elle ne ressentit toujours rien. Elle avait fait ce qui devait être fait, l'univers comptait un monstre de moins.

La situation sur Felucia finit par s'arranger, plus ou moins, la vraie nature des astéroïdes fut percée à jour et un commando parvint à les détourner les unes contre les autres. Un réseau de bunkers souterrains fut exhumé pour permettre à la population, jedis y compris, de s'abriter de la pluie stellaire imminente. Ce serait mentir que de dire que la planète s'en était tirée sans une égratignure, mais elle avait survécu et, avec du temps, elle guérirait.

Ils restèrent quelque temps encore, plus pour récupérer eux-mêmes qu'autre chose, avant de finalement repartir pour les étoiles.

X

« Maître Ak'zek... Est-ce que le côté obscur est... plus fort ? »

« Non... Pas exactement... L'essence du côté obscur est l'agression, la domination. Ceux qui s'y abandonnent développeront naturellement des compétences martiales, là où les jedi, formés à chercher une résolution pacifique avant tout, développeront leur connexion avec la force dans d'autres directions, donnant ainsi l'illusion d'être ''plus fort''.

« Il faut aussi comprendre que le véritable danger du côté obscur n'est pas sa nature intrinsèque, mais le fait qu'il promet, beaucoup et surtout tout de suite. De nombreux jedis ont approché les ténèbres ainsi, quand, dans une situation critique, il leur fallait un surplus de puissance. Ainsi un sith, via le côté obscur, atteindra plus rapidement un certain niveau de puissance, ce qui ne veut pas dire qu'un jedi ne le pourra pas, cela lui demandera juste plus de temps. Cela aussi entretient l'illusion de sa supériorité. Cependant, ce genre de raisonnement atteint vite une limite, car la Force ne saurait être résumée à quelques principes mathématiques et que sans maîtrise la puissance n'est rien. Oppose un apprenti Sith, tout immerger dans le côté obscur qu'il puisse être, à un jedi confirmé, comme Maitre Sai Don par exemple, et l'apprenti n'aurait même pas le temps d'activer sa lame.  

« Le côté obscur est comme le feu, il consume tous ceux qui l'approchent de trop près et quand il se déchaîne il commet des ravages. Comme le feu, il a besoin d'être alimenté. Un Sith lui offrira toutes ses passions en pâture, mais, à mesure que le feu grandit, son appétit en fait de même. Le Sith seul ne suffit plus, alors il commence à le nourrir avec celles des autres, quand même cela ne suffit plus, ce sont des planètes entières qui sont consumées. Et à la fin, car nul Sith n'a jamais réussi à consumer la galaxie tout entière, tout ce qui reste de lui c'est une mer de cendres. »


« Alors... De quelle manière affronte-t-on le côté obscur ? Comment triomphe-t-on d'un sith ? »

« Comment triomphe-t-on de la flamme ? Si le côté obscur est comme le feu, le côté lumineux lui est comme l'eau. Comme l'eau il paraît immuable, placide, indolent. Comme l'eau il est fluide, sans cesse changeant. Comme l'eau il trouve toujours un chemin, immuable, il réduit les falaises en poussière, il creuse des rivières qui deviennent des canyons, laissant dans le paysage une marque plus durable que le plus terrible des incendies. Comme l'eau, enfin, une fois déchaîné, il n'est aucun brasier au monde capable de l’arrêter.

« Pour triompher de celui qui brandit  le côté obscur, tu dois être comme l'eau. Toujours en mouvement, toujours sous une nouvelle forme. Chaque fois qu'il pensera t'avoir touché, qu'il pensera t'avoir blessé, il ne fera que s'éclabousser lui-même et toi, tu resteras intact. Tu ne cesseras de t'écouler, trouvant ton chemin au travers de la moindre fissure, du moindre interstice. Inéluctablement, inévitablement, il s'érodera avant de s'effondrer, sa flamme noyée dans ton torrent.  

« Quand tu engageras le combat avec un sith, la première chose qu'il fera, avant même d'essayer de te tuer, sera de t’entraîner dans son monde. Un monde de feu et de sang, de perdant et de gagnant, où la seule issue est la mort, pour toi ou pour lui. L'erreur élémentaire que commettent la plupart des jedis est d'y entrer, car ce monde est né de la logique du sith et seule sa propre logique peut donc y triompher. Ils se sentent alors impuissants, débordés, surpasser, ils commencent à douter, à avoir peur, à se dirent que la lumière n'est pas si puissante que cela après tout, qu'ils leur faut les ténèbres pour espérer survivre. Ils ont perdu avant même d'avoir tiré leur lame.

« Mais c'est un jeu qui peut se jouer à deux. Toi aussi tu peux créer un monde de ta propre logique, un monde d'eau et calme, de compassion et de pitié, où quelqu'un peut perdurer sans verser le sang d'un autre. Et quand ton monde sera assez fort, tu pourras fracasser celui de ton opposant. Il tentera de se rendre terrifiant, invincible, il essaiera de te convaincre que tu es insignifiante, dérisoire. Mais la Vérité sera en ton cœur et tu le verras tel la faible et pitoyable créature qu'il est réellement. Alors, tu ne ressentiras pas de peur ou de colère à son égard, seulement de la tristesse et de la pitié. Et cela l'abattra plus sûrement que toutes les armes du monde. »
   

Nouvelle année, nouvelle forme. La cinquième, cependant, était quelque peu différente des autres. Premièrement parce qu'elle était connue sous deux noms, Shien et Djem So, chacun représentant un style similaire dans l'essence mais très différent dans l'exécution, pourtant considérer comme une forme unique. Cela s'expliquait par son origine double. Des utilisateurs du Soresu, désireux de rendre leur style plus offensif sans pour autant verser dans l'Ataru, inventèrent une méthode pour rediriger avec précision les tirs de blasters, généralement à l'envoyeur. Ainsi naquit le Shien. Des utilisateurs de l'Ataru, parce qu'ils voulaient circonvenir aux faiblesses de la forme ou simplement car ils manquaient l'agilité nécessaire, créèrent une forme d'attaque qui ancrait les pieds au sol et se reposait sur la force brute. Ainsi naquit le Djem So.  

Mais pourquoi ces deux formes, sensiblement différentes au point que l'on ne pratique généralement que l'une ou l'autre, finirent-elles par ne faire qu'une ? Parce que le principe sur lequel les deux reposaient était le même. Il ne s'agissait plus de parer, dévier ou encaisser, mais d'utiliser l'attaque de l'adversaire comme un prolongement de la sienne, retourner sa force contre lui. Mais il y avait plus que cela, esquissé par le Shien et finalisé par le Djem-so, la véritable essence de la cinquième forme résidait dans l'expression débridée de l'agression, aux antipodes de l'exécution clinique et contrôlée de l'ataru. Un déluge de coups à la puissance sans cesse croissante, pour pulvériser la défense de l'adversaire, pour le dominer totalement.

Un certain nombre de jedis estimaient que cette forme était bien trop belliqueuse, amenant celui qui la pratiquait bien trop proche du côté obscur. D'autres, partisans qu'ils étaient de la « Paix par une puissance de feu supérieur », qu'il s'agissait de la forme « parfaite » dans le sens où était la synthèse des formes précédentes sans posséder de défauts majeurs.

Elle la détesta à l'instant où elle commença à l'étudier. Elle qui avait déjà des difficultés avec la simple déviation du Soresu, elle laissa bien vite tomber le Shien dont les ripostes nécessitaient une dextérité bien supérieure. Quant au Djem So, sa brutalité inhérente et l'agressivité débridée qu'il exigeait entraient en totale contradiction avec son tempérament autant qu'avec ce qui était supposé être les fondements d'un jedi.

Son maître ne chercha pas à la contredire, il lui rappela seulement que son corps n'était pas dénué de force et que connaître quelques mouvements de la forme V lui permettrait de l'exploiter pour les rares fois où elle aurait besoin de taper très fort sur quelque chose. Ce fut la seule fois, depuis son arrivée au temple, qu'elle accomplit quelque chose à contre-cœur.

*****

Il s'appelait le Primo Vista. Un vaisseau de luxe pour une clientèle de luxe. Ce massif navire de croisière convoyait ses passagers fortunés au travers de la galaxie, d'une destination de plaisance à une autre. Un jour, au cours de l'un de ses voyages, il disparut, purement et simplement.

Les raisons à ce genre d'événements étaient trop nombreuses pour être énumérées, cela pouvait aller d'une attaque de pirate à un hyperdrive défectueux. Toujours est-il que, du fait de l'ampleur du bâtiment autant que du pedigree de ses passagers, une enquête fut lancée. On retraça le parcours du vaisseau, on essaya d'estimer quand et où exactement sa disparition avait eu lieu, on chercha toute trace d'une quelconque anomalie, accident ou attaque, mais en vain. Le navire, et son précieux contenu, semblaient perdus corps et âme, comme dévoré par l'immensité de l'espace.

Mais, ce qui nous intéresse ici ne fut pas qu'il eut disparu, c'est que, quelques mois plus tard, il était réapparu, bien loin de là où on le cherchait et sur une trajectoire de collision avec une station-relais de l'holonet. On envoya une équipe de sauvetage pour reprendre le contrôle du vaisseau et sauver les passagers à l'intérieur, un classique. Elle ne revint jamais. Alors on y envoya des jedis, H'phedia et son Maître en l’occurrence.

Ils avaient eu un mauvais pressentiment à l'instant même où ce vaisseau perdu avait ré-émergé dans le secteur où ils se trouvaient, un secteur où, comme par hasard, ils étaient les seuls jedis disponibles. Ak'zek n'aimait guère les coïncidences et sa padawan avait appris à faire de même. Alors même qu'ils approchaient de ce léviathan, leur instinct, de même que la Force, leur hurlait que quelque chose d'effroyable s'était produit à l'intérieur, et continuait de se produire.  

Ils ne furent pas trompés, les sauveteurs qui les avaient précédés étaient morts, tout ce qui un jour avait été vivant sur ce navire ne l'était plus. Restait à savoir comment et pourquoi. Ils eurent un début d'élément de réponse quand un droïde bi-classé coach sportif essaya de les tuer, qu'une conduite d'énergie explosa à proximité et qu'enfin la section dans laquelle ils se trouvaient se dépressurisa. Le virus. Le même qu'à l'usine deux années plus tôt. Qui que soit le créateur de cette chose, il avait visiblement décidé de pratiquer un autre test grandeur nature, et une fois encore les mêmes jedis s'étaient retrouvés impliqués. De là à penser qu'ils faisaient eux-mêmes partie du test, il n'y avait qu'un pas. Autant pour les coïncidences.  

Le nombre de droïdes à bord était limité, la menace ne venait pas d'eux, mais du vaisseau lui-même dont les systèmes avaient été infectés par MU. Vous ne pouvez pas savoir à quel point un vaisseau de croisière peut-être mortel jusqu'à ce qu'il essaye de vous tuer. Ils se battaient contre le sol sur lequel ils marchaient, l'air qu'ils respiraient, tout ce qui les entourait pouvait et allait se changer en danger mortel.  

Cependant, ils ne feraient pas la même erreur que la dernière fois, cette fois-ci ils allaient récupérer des preuves avant de tout faire sauter. Tout d'abord ils remarquèrent bien vite que MU n'était pas responsable de tous les décès à bord, loin de là. Un certain nombre de corps portait des marques d'auto-mutilations, d'autres s'étaient clairement suicidés ou entre-tués. Les machines n'étaient clairement pas les seules à être devenues folles. Mais le pourquoi leur échappaient encore, et plus ils rassemblaient d'informations, plus les questions se multipliaient.

Pour une raison inconnue tous les passagers avaient tenu des chroniques précises et datés de leur vie, témoignages édifiants de la lente érosion de leur santé mentale. Chose étrange, aucun de ces journaux ne remontait à une date antérieure à celle de la disparition du Primo Vista. Encore plus étrange, ils avaient été éparpillés à travers tout le vaisseau, posé nonchalamment là, attendant qu'on vienne les ramasser. Comme si quelqu'un avait voulu que l'on sache très précisément ce qui s'était passé. Plus les deux jedis investiguaient, plus ils avaient l'impression qu'on se jouait d'eux, qu'ils étaient comme des marionnettes traînées dans une farce macabre dont l'ampleur les dépassait.

Quand ils finirent par mettre la main sur les flux des caméras de sécurité ils obtinrent enfin un début de réponse, en même temps que plus de confusion encore. Le navire avait effectivement essuyé une attaque, par des pirates, des zygériens, curieux, car s'attaquer à des clients potentiels n'était pas dans leurs méthodes. Plus curieux encore fut que leur tentative d'abordage fut écourtée par la présence d'un jedi or la liste des passagers ne faisait état d'aucun jedi, un clandestin, alors ?

Ce dernier, ou plutôt cette dernière, était vêtu d'épaisse robes qui dissimulait un peu trop bien son identité, H'phedia reconnut le style togruta, mais que celle qui les portait n'était définitivement pas une togruta. Son sabre laser brillait du vert des consulaires et sa manière de se battre rappelait la leur, bien qu'en bien plus violent. Les intrus furent proprement taillés en pièces.

Les flux étaient corrompus après ce point, mais ils purent deviner la suite d'après ce qu'ils savaient déjà. Cette « jedi » eut la reconnaissance de toutes les personnes à bord, ce qui lui permit d'aller et venir à sa guise sans que personne ne se demande d'où elle venait exactement. Peu après cela organique comme synthétique commencèrent à perdre la tête, vaisseau y compris, ce dernier devint une tombe volante et erra à travers l'espace jusqu'à ce qu'il devienne leur problème.

Ak'zek avait une assez bonne idée d'où cette sauveuse inespérée pouvait provenir : du même endroit que les pirates. Ils étaient ses complices et elles les avaient tués pour couvrir ses traces, mais surtout pour passer pour une « héroïne » auprès des passagers. Tout ceci n'était bel et bien qu'une farce, une mascarade de bout en bout qui avait commencé bien avant que ce vaisseau ne croise leur chemin. Même sa présence dans le secteur n'avait rien de véritablement fortuit. MU était un virus, les virus étaient faits pour se répandre et comme tous les équipements de communication du navire avaient été intentionnellement détruits, il lui fallait chercher à l'extérieur, un relais holonet par exemple.  

Ils ne leur restaient donc plus qu'une chose à faire, trouver un moyen de détruire le Primo Vista avec que le virus à l'intérieur ne se répande dans la galaxie. Ils avaient deux choix, le réacteur ou l'hyperdrive, le réacteur risquait de laisser trop de débris, aussi se décidèrent-ils de provoquer un accident hyperspatial.  

Il s’avéra que la vraie gageure était de faire fonctionner un hyperdrive correctement plutôt que l'inverse. Tout ce qu'ils eurent à faire fut de détruire le navordinateur, appuyer sur tous les boutons encore en état d'être appuyés, détruire quelques équipements supplémentaires et de courir très très vite. Une moitié du vaisseau perdit toute cohérence avec la réalité et l'autre se rematérialisa dans la photosphère de l'étoile la plus proche. Fin de l'histoire

Pas pour Ak'zek cependant. Il s'était trompé la première fois, MU n'était pas un mot mais un sigle, un sigle pour Mort Universelle. C'était une arme, une arme créé par les siths. La « jedi » du Primo Vista, une sith bien évidemment. À l'époque où H'phedia n'était encore qu'une initié, un groupe de siths s'était fait passer pour des jedis et avait commis diverses atrocités pour ternir leur réputation. Il semblerait qu'ils aient fait des émules.

Elle avait fait du vaisseau de plaisance son terrain de jeu personnel, tout en assurant que tous ceux qui viendraient à l'intérieur sauraient ce qu'elle avait fait. Cela dépassait la simple expérimentation, c'était un acte de pur sadisme. Devait-il être surpris ? Pas vraiment. Devait-il être inquiet ? Assurément.  

Il s'agissait du second test, à sa connaissance. Combien de tests encore avant que ce virus soit considéré comme prêt ? Combien de temps avant qu'il soit répandu sur la république à grande échelle ? Et pourquoi avait-il la sensation qu'on avait délibérément voulu qu'il sache tout ceci ?

La chose qui revenait le plus souvent parmi les récits des passagers était le sourire de leur sauveuse, qui jamais ne s'effaçait, ses yeux, qui jamais ne cessaient de vous fixer.

XI

« Retient bien ceci, on se bat avec la République, mais pas pour la République. C'est bien plus important que tu ne pourrais le croire. Nous sommes les gardiens de la Justice, mais la justice est l'émanation de la société et la société est l'émanation d'êtres faillibles et corruptibles. Les gens du commun aussi peuvent succomber au côté obscur. Ils peuvent contourner la loi, ou plus simplement la réécrire, et ce faisant la justice qui est supposée les condamner s'incline devant eux. N'oublie jamais, tu n'es pas l'esclave des politiciens, tu n'es pas la corvéable du pouvoir en place. Tu sers l'Ordre avant de servir les gouvernements et tu sers la Force avant de servir l'Ordre. Elle seule est incorruptible, d'elle seule émane une Justice qui ne peut être bafouée, elle seule doit guider ta lame. »

Pour son dix-huitième anniversaire on lui annonça que la guerre était déclarée. Pour beaucoup c'était le cas depuis Artorias, pour les plus anciens depuis l'attaque du temple, pour tous ce n'était pas trop tôt. H'phedia se demanda ce que cela allait changer pour l'Ordre, et pour elle-même, elle eut bien vite la réponse.

Lorrd était un monde gelé et isolé qui avait pour seule particularité notable d'être proche de la frontière impériale, ce qui en faisait l'endroit idéal pour installer une station d'écoute. C'est ce que les jedis firent dans le plus grand secret il y a un an de cela. La jeune araignée ne sut jamais si c'était l'Ordre qui avait affecté son maître à cet endroit ou son maître qui s'y était affecté lui-même, toujours est-il que c'était là qu'il allât et qu'en tant que sa Padawan elle suivit.

Ce fut sa première vraie mission au long cours, alors que les semaines se changèrent en mois et les mois approchèrent bientôt de faire une année. Sa formation se poursuivit tout du long, profitant de l'occasion son maître lui apprit tout ce qu'il y avait à savoir sur la surveillance électronique, les signaux, les communications, comment les surveiller et les brouiller. Son entraînement au sabre laser ne fut pas négligé pour autant et c'est au sein de ces coursives de métal glaciales qu'elle apprît la dernière forme qu'elle n'apprendra jamais, le Niman.

La sixième des formes était la plus étrange de toutes et ce sûr bien des aspects. Son origine elle-même était incertaine. Appelée Forme de la Modération, elle aurait été la réponse au déchaînement  du djem-so, la réalisation par certains jedis que les faiblesses évidentes des autres formes naissaient de leur obsession à se concentrer sur un seul domaine jusqu'à l'excès. Le Soresu, si défensif qu'il empêchait toute attaque, l'Ataru, si mobile qu'il épuisait son manieur, le Djem-so, si agressif qu'il était une voie royale pour le côté obscur. Alors ils créèrent un style pot-pourri, rassemblant les bases de toutes les autres formes, un style dénué de tout point fort mais par la même occasion dénué de tout point faible. Appelée Forme des diplomates, elle aurait été l’œuvre des consulaires n'ayant que peu de temps à accorder aux pratiques martiales et qui auraient donc élaboré un style touche-à-tout et peu exigeant. Il était vrai qu'un grand nombre de consulaires pratiquait cette forme.  

Beaucoup la dépréciaient, critiquant son manque de rigueur, d’exigence et qu'elle ne convenait au final qu'à ceux qui n'auraient jamais à se retrouver en première ligne. Pourtant elle représentait, par sa polyvalence, la quintessence de la philosophie des sentinelles. Pour H'phedia elle représentait tous ces fragments de formes qu'elle devait garder en stock, au cas où, condensés en une forme cohérente. Mais il n'y avait pas que ça, parce que c'était avant tout un style de consulaire pour compenser la faiblesse du jeu de lame il incorporait des techniques de Forces dans ses séquences. La jeune araignée trouva cela fort pratique, elle qui à plusieurs reprises s'était retrouvée à devoir choisir entre utiliser la Force ou son sabre, chacun nécessitant un effort de concentration différent. Combiner les deux n'était pas un exercice facile, mais elle avait du temps et de la détermination à revendre.

La sixième forme était un style hautement versatile dont les performances et l'exécution dépendaient grandement de la créativité et de l’investissement de son utilisateur. Son maître disait qu'il existait deux types de pratiquant du Niman. Ceux qui se contentaient des bases et qui étaient à l'origine de la mauvaise réputation du style. Et ceux qui étaient prêts à offrir dix ans de leur vie à le maîtriser et qui devenaient les meilleurs combattants que comptait l'Ordre.  

H'phedia ne savait pas encore si elle l’étudiait avec autant d'assiduité mais il était clair qu'elle allait en faire sa forme secondaire pour suppléer aux faiblesses de son Ataru. Elle ignora alors que cette décision allait lui sauver la vie dans les années à venir.

Sur un plan plus personnel l'arachnide se sentait parfois à l'étroit au sein de la base, mais, du fait du climat inhospitalier autant que du caractère top-secret des installations personne n'était autorisé à se balader en extérieur. Cela dit, à l'extérieur il n'y avait rien à part le froid et elle n'aimait guère le froid.

Son autre sujet d'inquiétude fût son maître, ce dernier pouvait se montrer taciturne et secret, bien qu'il ait toujours répondu à ses questions, mais cette tendance s'était renforcée depuis le début de cette mission. Parfois, alors qu'elle l'observait à son poste d'écoute, plongé dans le flot des communications impériales, il lui paraissait... hanté, comme s'il cherchait quelque chose de bien précis parmi toutes ces transmissions. C'était là un mystère qu'elle n'eut pas le temps de démêler.

Mis à part cela, la vie au sein de l'avant-poste était des plus calmes. H'phedia aurait dû se méfier, chaque fois que sa vie sembla n'être plus qu'un long fleuve tranquille, ce n'était en réalité que le prélude à des événements épouvantables. Cette fois-ci ne fut pas différente.

XII

« La plupart du temps, pour surmonter un échec, la première chose à faire est d'admettre que l'on a effectivement échoué. Souviens-toi, nous ne sommes pas des dieux, nous ne pouvons pas être infaillibles. La bonne attitude face à l'échec est de comprendre les origines de celui-ci. Si l'échec est de ton fait, savoir ce qui t'a fait défaut et y remédier est la seule solution. S'il est la conséquence de forces extérieures, de forces dont tu n'avais aucune possibilité de prédire ou de contrer l'action, alors... continue. Si tu ne peux empêcher le meurtre, tu peux arrêter le meurtrier. Les morts aussi mérites la justice. »

Elle n'avait rien pu faire, il n'y avait rien qu'elle aurait pu faire. C'est ce qu'elle se répétait, espérant qu'elle finirait par s'en convaincre.

Lorrd était tombée. Lorrd avait brûlé. Non, pas brûlée, gazée.

Les siths les avaient découverts, comment exactement elle ne le savait pas, mais ça n'avait aucune importance. Ce qui avait de l'importance était que les siths les avaient trouvés et qu'ils venaient pour tous les tuer.

L'on ne pourrait pas le croire au vu de son environnement désolé mais la planète était habitée, peuplée même. Une population qui devait avoir l'habitude d'être assiégée car elle avait bâti un gigantesque réseau de souterrains sous sa capitale, cela, combiné à la dureté naturelle de ses sols, la prémunissait de tout bombardement orbital.  

Les Jedis pensèrent alors que le siège serait la seule option, une bataille rangée où chaque mètre serait chèrement gagné. Mais, les jedis oubliaient souvent que le sadisme était un excellent carburant à la créativité. Tous ces gens dans leurs tunnels, ils avaient bien besoin de respirer, cela devait donc nécessiter un système de ventilation conséquent. Que se passerait-il si ce dernier se mettait à dispenser autre chose que de l'air ? Ce qu'il se passa fut que les lorrdiens périrent par la chose même qu'ils avaient créée pour préserver leur vie. Une ironie abjecte qui ne fut pas jugée assez efficace, aussi l'empire déploya des droïdes, qui eux ne respiraient pas, pour achever les survivants éventuels et ceux qui prenaient trop de temps pour mourir.  

Les jedis ne purent rien faire, rien si ce n'est fuir pour leur vie. Ils n'étaient qu'une poignée, chargés de gérer un simple avant-poste, face à une armée préparée à raser un monde. Il ne restait plus rien pour lequel se battre de toute façon, une base secrète qui n'était plus secrète n'avait plus aucune valeur et la population avait été décimée avant même qu'ils aient pu tirer leur lame.

Eux-mêmes ne s'en sortirent que de justesse, récupérés d'urgence par une frégate qui était parvenue à franchir le blocus impériale et les évacua avant que l'emprise des siths sur la planète ne soit totale. Ils laissaient derrière eux quelques centaines de survivants dans le froid, seulement une poignée ayant trouvé leur place sur leur vaisseau.

Ils n'avaient rien pu faire, il n'y avait rien qu'ils auraient pu faire. C'est ce qu'ils se répétaient, espérant qu'ils finiraient par s'en convaincre.

La guerre n'était pas ici, elle était à Ciutric, à Gravlex Med, mais sur Lorrd elle était finie.

H'phedia garda de tout ceci un profond sentiment d'injustice et d'impuissance.

C'était un mensonge.

*****

Le premier round était terminé. Gravlex Med avait tourné elle aussi au désastre, pas autant que Lorrd, mais rien de moins qu'une défaite. Les mondes neutres comme Ciutric tremblaient, autant de par la férocité de l'empire que de l'impuissance de la république. La guerre était déclarée, et à la guerre les siths étaient très doués.

La jeune araignée était ressortie particulièrement éprouvée de cette épreuve. Éprouvée et en proie au doute. Son maître tenta de la réconforter, avec l'un de ses sermons les plus étranges.

« La voie des jedis est celle de la patience. Un jour, tous ceux responsables de ce qui est arrivé sur Lorrd payeront, un jour tu seras assez forte pour cela, mais ce jour n'est pas encore arrivé. Tu ne dois pas désespérer, tu dois rester déterminée. Continue. Qu'importe le nombre de fois qu'ils te mettront à terre, relève-toi, continue. Qu'importent les obstacles qu'ils mettrons sur sa route, continue d'avancer, toujours droit vers eux. Quand ils verront qu'il n'y a rien qui ne peut t’arrêter, ils commenceront à avoir peur... L'absolution est un mythe, rien n'efface le péché, tous les regrets du monde ne ramèneront pas les morts à la vie ou ne reconstruiront les villes. Avec le temps, l'addition ne sera que de plus en plus salée, jusqu'au moment où viendra pour eux le temps de la payer. »    

Son maître avait pensé qu'après Lorrd, elle s'était mise à douter de l'utilité de leur mission, de leur faculté à préserver les innocents de la furie des Siths, à faire triompher la justice. Il avait répondu en conséquence, elle avait répondu en conséquence.  

Mais c'était un mensonge.

*****

Parfois elle se disait que sa vie se résumait à cela, fuir dans d'étroits couloirs de métal, la mort et la haine tout autour d'elle. Était-elle donc revenue huit ans en arrière, dans ce vaisseau à nouveau ? Y avait-elle vraiment échappé, lui avait-elle vraiment échappé ? N'allait-elle pas d'un moment à l'autre se réveiller dans sa cage ?  

Elle avait ressenti la terreur d'une planète entière, elle ressentait à présent la mort de toute une ville. Une mort lente, dans d'abominables souffrances qui parfois s’interrompaient brusquement quand un droïde croisait le chemin d'un mourant.

Il n'y avait rien qu'elle ne puisse faire, à moins de vouloir partager leur sort. Elle avait du mal à suivre ses compagnons jedis, non pas parce qu'elle était blessée ou épuisée, mais parce que quelque chose l'attirait dans les profondeurs. Elle devait donc redoubler d'efforts pour courir dans la bonne direction et éviter de bifurquer brusquement dans un tunnel adjacent.

La source de cette attraction se trouvait loin derrière elle, parmi ceux qui agonisaient et ceux qui n'étaient jamais nés, une présence de feu et d'ombre, elle bien vivante. Elle caressait les mourants comme une mère caressait son enfant au moment de le mettre au lit, s'entrelaçant dans leur agonie.

Jamais de sa vie elle ne courut aussi vite, car elle savait que si le regard de la présence venait à se poser sur elle, il n'y aurait plus d'échappatoire, pour personne.

Pour la première fois depuis des années, elle ressentit la peur.

« La Mort est la Force »

*****

Elle était terrifiée... et en colère. Terrifié par ce fléau qui, comme tant d'années auparavant, s'en était venu dans le sillage des siths. En colère envers elle-même pour ne s'être jamais posé la seule question qui avait réellement de l'importance, envers son maître qui s'était bien gardé d'y répondre avant qu'elle ne se la pose.


Qu'était-il advenu de la Sorcière ?
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XIII

Le second round avait commencé, une nouvelle vague de conquêtes planétaires pour l'empire, une nouvelle série de défenses désespérées pour la république. La guerre n'était cependant pas une excuse pour négliger son entraînement, bien que, son padawana tirant vers sa fin, elle avait moins de choses à apprendre qu'a une époque.  

Pour sa culture son maître lui parla du Juyo, la septième forme. Si elle trouvait le djem so brutal ce n'était rien en comparaison de la voie du Vornskr. C'était un chaos d'attaques, l'abandon total de la défense au profit d'un assaut complètement erratique, puisant dans les émotions de son manieur.

Son maître n'aimait guère cette forme, et c'était un euphémisme, pour lui il s'agissait d'un style sith que les jedis avaient recyclé, ou bien ''rapporté '' d'une ancienne guerre, et que l'on enseignait uniquement aux cas les plus ''difficiles'' pour leur permettre de canaliser leurs émotions de façon ''constructives''.

Ak'zek lui intima de ne jamais faire confiance à un jedi qui pratiquait le juyo, qu'importe le nombre de métaphores filées à base de « feu » et de « forge » qu'il puisse sortir. La forme VII était, et restait, une technique du côté obscur. Prétendre que l'on pouvait rester dans la lumière tout en l'utilisant était la preuve d'une grande arrogance, ainsi que d'une profonde stupidité. La manière dont un être se battait était un excellent révélateur de sa nature profonde, que penser alors d'un jedi qui combattait en utilisant les arts des siths ? Ce n'était pas une question qui attendait une réponse... ou un débat.

H'phedia se rendit compte qu'avec le recul le verpine n'aimait pas grand-chose. Elle savait depuis bien longtemps qu'il ne valait mieux ne pas le lancer sur la classe politique ou certaines espèces tant il les avaient en horreur. Pourtant ce n'était pas de la haine qu'elle ressentait en lui, seulement une profonde amertume, celle d'un être qui avait vu trop d'injustices qu'il avait été incapable de corriger. Elle se demanda alors si la mort de sa mère en faisait partie et si elle finirait comme lui quand elle aurait son âge. La plupart du temps il parvenait à la dissimuler à sa padawan, mais elle transparaissait de plus en plus fréquemment depuis quelque temps.

Leur conversation finit par dériver sur les siths, comme cela était souvent le cas depuis le début de la guerre.

« Je t'ai parlé autrefois du feu et de l'eau. Mais il y a plus que cela. Comme certaines étoiles qui, au lieu de simplement se désagréger, se transforment en quelque chose d'autre, quelque chose d'étrange et terrifiant, certains siths parviennent à transcender leur feu. Soit parce que, au milieu des cendres, il a subsisté quelque chose qui n'a pas brûlé comme le reste, soit parce que c'est le feu lui-même qui s'est fait dévorer.  Il faut voir ça comme... comme un niveau supérieur, faute d'un meilleur terme. Ils sont devenus des monstres d'un tout autre genre, ce qu'il y a en eux, ce n'est plus la flamme ou les cendres,  c'est le vide... Les ténèbres.

« Tu ne peux défaire les ténèbres avec l'eau, elles ne brûlent pas, elles dévorent, elles sont un anti-monde qui engloutit les autres mondes, comme un trou noir engloutit les autres étoiles. Seule la lumière peut triompher contre elles. »


« Comment fait-on... pour être comme la lumière ? »

« Le chemin pour la trouver est différent pour chacun de nous. Que crois-tu ? Si, une fois devenu chevalier, on savait tout sur tout, on ne se serait pas fatigué à inventer le titre de Maître. »

Cette discussion aurait simplement pu s’arrêter là, mais la jeune araignée y avait vu la chance unique d'aller plus loin.

« La sorcière... Elle était comme ça... Un feu de surface... Dissimulant un abîme... Comment était-ce... de se battre contre-elle ? »

Il eut un moment de silence pendant lequel elle crût qu'il ne répondrait pas.

« Je n'ai rien pu lui faire, pas même une égratignure. Mes sens me disaient qu'elle esquivait mes attaques, mais dans la Force c'était comme si elle les dévoraient. »

« Qu'est-il advenu d'elle... après... après tout le reste. »

Ça y est, elle avait enfin posé la question qui la taraudait depuis si longtemps, à présent elle redoutait qu'il ne se défile.

« J'ai taillé ses zombies en pièces, j'ai taillé son apprenti en pièces, tu... tu te vidais de ton sang sur le sol. Même si elle se tenait encore debout, elle avait perdu. Kirtania, tout ce qu'elle a fait là-bas, c'était pour te faire souffrir, pour te briser, sans toi, ça n'avait plus aucun intérêt, alors, elle est partie, tout simplement. Et moi je me suis retrouvé face à un choix, la poursuivre ou te sauver la vie. Toi, mieux que quiconque, sait ce que j'ai choisi. »

«  Et après... Quand ma vie ne fut plus en danger... Pourquoi ne pas avoir essayé de la retrouver ? »

« Parce que ce n'était pas ma mission. »

«  Qu'elle était votre mission... alors. »

« Toi... Faire de toi un chevalier, la voilà ma mission. »    

« Et quand ce sera fait... quand je serais chevalier... que votre mission sera alors terminée... que ferez-vous alors ? »

« Nous verrons en temps voulu, ma padawan, nous verrons. »

Elle était toujours en vie, elle était là-dehors, à faire on ne sait quoi à on ne sait qui. Qu'est-ce qui pouvait l'empêcher de faire subir à quelqu'un d'autre ce qu'elle lui avait fait subir, qu'est-ce qui l’empêcherait de revenir pour elle, pour finir le travail. Cela bien sûr, elle n'arriva pas à le dire à haute voix à son maître

Alors qu'elle pensait la conversation terminée son maître, à sa grande surprise, semblait avoir quelque chose d'autre à ajouter.

*****

L'ironie. Ak'zek pensait souvent que ce qui maintenait la galaxie en place ce n'était pas la Force mais l'ironie. L'ironie, par exemple, de trouver quelque chose que l'on cherchait désespérément seulement quand on avait cessé de le chercher, et qu'on s'était mis à chercher autre chose à la place.

Pendant des années le verpine avait essayé, en vain, de trouver la source de M.U. Une tache qu'il avait rendu quasi impossible de par ses propres actions. Il avait perdu toute chance de savoir comment l'usine de droïde avait été infectée, était-elle le patient zéro ou bien avait-elle été contaminée par les droïdes qui avaient été rappelés, au moment où il avait fait griller cette dernière. S'il savait comment M.U s'était retrouvé sur le Primo Vista, via les machinations macabres d'une sith, il ignorait par contre d'où cette sith était venue et tout indice qui aurait pu lui indiquer avait disparu quand il avait jeté le vaisseau dans une étoile. Il était alors allé sur lorrd dans l'espoir qu'en écoutant les communications de l'empire il parviendrait à surprendre ne serait-ce qu'une allusion au terrible programme.

Après plus d'un an de surveillance il avait fait chou blanc, mais avait trouvé quelque chose d'autre à la place. Un mystérieux ordre de livraison de matériels à destination de... nulle part, littéralement. Le seul indice était caché dans sa désignation, un simple sigle, J.K. Quelques recherches supplémentaires révélèrent qu'il signifiait « Jedi Killer ». Ce n'était certainement pas ce qu'il cherchait, mais tout ce qui portait la dénomination de « Tueur de jedis » était définitivement digne de son attention.

La conquête de Lorrd par les siths avait mis un frein à son enquête, mais un frein seulement. Voyez-vous, il n'avait pas besoin de connaître la destination du convoi, seulement la position du convoi lui-même, après quoi il n'y avait qu'à le suivre jusqu'au terminus. Et découvrir ça était bien plus facile que tout ce qu'il avait accompli jusque-là.  

Une fois sa padawan remise des événements de la planète gelée, il lança son opération. Il s'avéra que s'infiltrer en plein cœur du territoire impérial, puis au sein d'un convoi de ravitaillement top secret, fut plus aisé qu'on ne pourrait le croire. Ce fut la suite qui s'avéra plus complexe.

Tout d'abord, il s'avéra que les vaisseaux étaient complètement automatisés, une précaution supplémentaire pour éviter les fuites sans doute. Si contourner leurs systèmes de sécurité ne fut pas un problème pour le verpine expérimenté, le fait qu'ils ne contenaient rien de vivant signifiait ni air, ni chaleur, ni nourriture. Heureusement qu'ils avaient pensé à emporter des rations et des combinaisons pressurisées. Plus intriguant, l'absence de navordinateurs, comment alors les vaisseaux arrivaient-ils à destination ? Ak'zek eut un mauvais pressentiment et quand on était un jedi ce genre chose était à prendre au sérieux. Rien de ce qu'il voyait n'était pas vraiment dans les standards impériaux, ce qui en disait long sur ce qu'ils allaient trouver au bout du chemin.

*****

Quand Ak'zek disait que le convoi n'allait nulle part, il ne savait pas à quel point il était proche de la réalité. La destination des ravitailleurs était une station spatiale, une qui ne se trouvait dans aucun système, aussi obscur soit-il, mais entre ces derniers, dans ce qu'on appelait « L'espace profond ». Une zone du cosmos où la tyrannie des étoiles, de leur lumière et de leur gravité, ne s'appliquait plus. À vue d’œil la station avait été construite en cannibalisant une antique balise hyperspatiale, qui étaient utilisées avant l'invention des navordinateurs, ce qui expliquait leur absence des vaisseaux du convoi.  

Un système qui garantissait la discrétion, si jamais ils venaient à être interceptés on ne trouverait aucune trace des coordonnées de la station dans leurs systèmes de navigation, eux-mêmes ne pouvaient l'atteindre que via ce que la balise leur transmettait au moment du saut. Pour résumé, on ne pouvait la trouver que si on savait déjà où elle était. Sans compter que s'il était facile, si on disposait d'assez de moyens, de sonder un système entier, l'infinité du vide était une autre paire de manches.

Tous ces efforts pour la rendre indétectable devaient signifier que ce qu'il y avait à l'intérieur était de la plus haute importance. Le pressentiment du Maître Jedi ne faisait que se renforcer à mesure qu'ils se rapprochaient, sans compter que même d'ici ils pouvaient sentir l'aura du côté obscur qui émanait de l'endroit.

*****

Il existait une loi, un principe universel, qui stipulait qu'à l'instant où ils pénétraient dans un lieu sinistre, la raison pour laquelle ce lieu était sinistre leur sauterait dessus. Cette fois-ci ne fit pas exception, à la différence près que personne ne leur sauta dessus au sens propre, bien que leur ouïe ne fut pas de cet avis.

C'est une voix des plus hautaines et au timbre hautement mécanique qui les accueillirent, elle semblait provenir de la structure elle-même, mais plus vraisemblablement d'un réseau de haut-parleurs bien cachés.

« Aaah, enfin, enfin, pendant un court instant j'ai bien cru que la piste que je vous avais laissée avait été trop subtile pour que vous la remarquiez, ou bien au contraire trop évidente pour que vous la suiviez si aveuglément, mais je me trompais, vous êtes là, et c'est bien, c'est très bien. »

C'était donc un piège, fantastique. À cause des miasmes du côté obscur qui brouillaient leurs perceptions ils étaient incapables de savoir s'il y avait effectivement quelqu'un sur cette station ou si ce n'était qu'une coquille vide remplit de suffisamment d'explosif pour vaporiser une petite lune.  

Ce fut Ak'zek qui parla, H'phedia n'aimait guère parler et elle préféra rester concentrée et alerte, au cas où quoi que soit viendrait vraiment leur sauter dessus.  

« J'ai perdu le compte de tous ceux qui, se retrouvant complètement pris de court, se retranchent derrière le bon vieux ''Tout se déroule selon le plan''. »

Sa pique ne lui valut qu'un ricanement, et plus de paroles.

« Je sais, je sais, pour les profanes la causalité n'est qu'une vaste masse d'incompréhensible, mais pour l'initié elle est une arme plus redoutable que tous les croiseurs de l'empire réuni. Tout est déjà gravé dans le marbre des corridors de l'univers, il n'y a pas plus de chance qu'il n'y a de choix. Seul celui qui possède le burin peut se prétendre véritablement libre.  

« Mais je digresse, permettez-moi de me présenter, je suis Darth Narthox, responsable, créateur et seigneur absolu de cette petite station de recherche et développement aussi connu sous le nom de Void Terminus

« Inutile de faire de même cependant, car je sais très bien qui vous êtes et ce que vous voulez, enfin, surtout toi, Maître Jedi. Ce sont deux lettres qui t'ont conduit jusqu'ici, mais ce sont deux autres bien différentes qui te feront rester, deux lettres qui occupent ton esprit depuis bien des années déjà, un M et un U. »


Le verpine se raidit instantanément.

« Que savez-vous de M.U ? »

« Ce que j'en sais ? Eh bien... Tout, absolument tout, pour la bonne et simple raison que c'est moi qui l'ai conçu. »  

La nouvelle les frappa avec la force d'une éruption solaire.

« Oh, il semblerait que j'ai enfin votre entière attention. La dernière version est en cours de compilation en ce moment même, un processus aussi long que monotone, pourquoi ne pas me rejoindre dans mon laboratoire pour que nous ayons un petit tête-à-tête histoire de passer le temps ? »

Une série de lumières s'alluma alors devant eux.

« Venez, il n'y a rien de plus simple, il vous suffit de suivre les lumières. »

Avec le recul c'était une mauvaise idée du début à la fin, et à présent ils étaient à la merci d'un seigneur sith à la mégalomanie plus que consommée. Il y avait toujours la possibilité de faire demi-tour et de tenter de s'échapper, mais elle se faisait de plus en plus incertaine à chaque réflexion. Le plus sûr restait encore de jouer le jeu, l'arrogance des siths était leur plus grande faiblesse, aussi longtemps que Narthox serait convaincu de sa toute puissance il serait prompt à faire des erreurs.    

Alors ils suivirent les lumières, pendant un moment il n'y eut rien d'autre que le son de leurs pas résonnants sur le sol métallique, puis le couloir où ils se trouvèrent se réagença par quelques moyens inconnus et H'phedia se retrouva séparée de son maître.

« Non, non , non. Ce qui se trouve au bout du chemin est pour toi et toi seul Maître Jedi. J'ai d'autres projets pour ton apprentie. »

Ak'zek était prêt à tailler à travers le métal avec sa lame pour rejoindre sa padawan, mais la voix l'en dissuada.

« Fait cela et je m'en irait, moi et mon prodigieux virus. Et cette fois-ci, tu ne me retrouveras pas, pas avant que je ne l'ai lâché sur une ou deux planètes avant en tout cas. »

Le verpine demeura figé, hésitant, évaluant sérieusement cette alternative, avant que la voix ne fonde à nouveau sur lui.

« Allons, allons, tu ne rends pas service à ton élève en étant si protecteur avec elle, ce n'est qu'en menant, et gagnant, ses propres combats qu'elle pourra véritablement grandir. As-tu donc si peu confiance en elle, en ses talents ? Es-tu donc à ce point un si mauvais professeur ? »

Même si cela l'en coûtait, Ak'zek devait admettre que le sith avait raison, il devait avoir confiance en sa padawan, elle était capable de surmonter tout ce qu'il pourrait lui envoyer. De plus, il savait que le plus sûr moyen de protéger la jeune araignée était d’arrêter Narthox or ce dernier était plus que volontaire pour le conduire jusqu'à lui... à moins que ce ne soit un autre piège.  

H'phedia, de son côté, comprenait parfaitement, son maître devait jouer le jeu du sith pour avoir une chance de le vaincre, dans l’intervalle elle devrait tenir face à tout ce qu'il pourrait bien lui infliger. Elle se trouvait dans une vaste salle, à mi-chemin entre un entrepôt et une chaîne d'assemblage. Une grande capsule noire se dressait fièrement en son centre.  

La voix de Narthox résonna une fois encore, mais cette fois-ci elle ne s'adressait qu'à elle.

« Quant à toi, jeune pousse... Vous étiez venu jusqu'ici pour trouver le Jedi Killer si je ne m'abuse ? Il fut un fort bel appât, mais une illusion ? Certes non. Il existe bel et bien et tu viens de te porter volontaire pour un test en condition réelle. Ah, ces jedis, toujours si serviables. »

Dans un concert de grincements et de chuintements la capsule s'ouvrit et une grande forme en émergea. Un droïde, humanoïde, noir des pieds à la tête, une tête parfaitement lisse, dépourvue tout photorécepteurs ou vocodeur, de toute forme d'aspérité. L'alliage dont il était fait hurlait sa dureté, pourtant ses mouvements étaient emprunts d'une inquiétante fluidité.

À mesure qu'il s'approchait d'elle la jeune araignée comprit qu'elle faisait face à une machine non pas conçue pour le combat, mais l’assassinat. Alors qu'elle alluma sa lame, deux autres, cramoisies, jaillirent des mains de l'automate. Un droïde assassin avec des sabres lasers, c'était tout sauf bon signe. La machine adopta une posture qu'elle reconnue comme étant de l'Ataru, avant de foncer sur elle à une vitesse telle que même ses sens de jedis faillirent être pris au dépourvu. Quand elle voulut parer l'assaut et que le mouvement se mua à mi-parcours en quelque chose de plus proche du Makashi, elle sut qu'elle se battait pour sa vie.    

*****

La pièce était plus petite qu'il ne l'aurait cru, exiguë même. Un écran était allumé, parcourut de lignes de codes rougeoyantes. Des carcasses de droïdes à moitié désassemblées, ou assemblées, gisaient ici et là. Au fond se tenait une monstruosité mécanique qui occupait bien trop d'espace. Quand elle se mit à parler et à bouger il pensa à une autre ruse, mais à la façon dont le côté obscur semblait converger vers elle il sut qu'il avait trouvé le sith. Sa voix n'était visiblement pas du fait de l'interphone.  

« Enfin, après toutes ces années, ces distantes observations, ces tours et détours, enfin, nous nous faisons faces... Mon frère. »

Ak'sek secoua la tête, pourquoi fallait-il toujours qu'il se coltine les cinglés ?

« Les verpines n'ont pas de frères et je ne fais pas exception. »

« Correct d'un point de vue biologique, pardonnez-moi le dramatisme, mais j'ai passé tellement de temps à étudier vos données, vous qui étiez l'un des meilleurs tueurs de l'Ordre Jedi, que l'on peut dire que je vous connais aussi bien qu'un frère. »

« Ainsi donc j'ai un fan, malheureusement j'ai bien peur qu'un ''Tueur'' pour les jedis vaux juste un ''Peut mieux faire'' selon les standards siths. »

Ce fut la première fois que Narthox parut sortir de ses gonds.

« Pas de ça avec moi !  Hurla-t-il, sa forme parcourut de spasmes grinçants. Avec tous les autres, mais pas avec moi ! Je vous l'ai dit pourtant, que je savais tout de vous, y compris du vous que vous étiez avant d'être celui qui me fait face. Vous étiez une Ombre, un Tueur de Sith, le meilleur de votre génération.

« De nombreux siths se complaisent dans leurs passions, ils ne font que gratter la surface du côté obscur, mais je ne suis pas de ceux-là. Je suis allé en profondeur et j'y ai trouvé la Mort. Et vous, la façon dont vous l’administriez, c'était de l'art. Pendant des années vous avez été un modèle pour moi, la source d'inspiration pour tout mon travail. »
 

« Si je suis venu jusqu'à ici, jusqu'à vous, c'était dans l'espoir d'apporter un peu de sens à toute cette affaire, mais plus je vous écoute moins cela en a.. Ce n'est vraiment pas bon signe pour vous. »  

Il y eut une longue pause avant que le sith ne reprenne.

« M.U, comme je l'ai déjà dit, est ma création. M.U est un désir, le désir d'éteindre toute vie, une pulsion de mort numérisée. Dans sa dernière version il peut infecter n'importe quel système informatique, confronter à un support inapte à accomplir sa mission il restera dormant et le transformera en un réservoir viral. Confronté à un système compatible, un droïde généralement, mais pas seulement, comme l'expérience sur le Primo Vista l'a prouvé, il l'utilisera pour tuer tout être vivant à portée de capteurs.  

« C'est l'arme idéale contre tout monde suffisamment civilisé. Établissez un blocus, lâchez M.U puis attendez que les infrastructures se débarrassent elles-mêmes de la population, ensuite il n'y a qu'à se servir. »


« Ça ne colle pas, comme empêchez-vous votre super-virus omnicide de décimer votre propre camp ? »

« Bonne question, peut-être existe-t-il un code spécial pour obliger le virus à s'autodétruire une fois sa mission accomplit, peut-être une routine déjà intégrée qui fait qu'après un temps donné sans cible trouvée une instance de M.U s'efface d'elle-même... Ou alors il n'y en a aucune et je détourne juste les ressources de l'Empire pour créer l'arme qui me permettra de détruire toute vie dans la galaxie. Après tout, c'est la Mort que j'ai trouvée dans les profondeurs. »

Un nouvel écran s'alluma, affichant ce qui devait être le flux d'une caméra de surveillance, qui montra sa padawan aux prises avec un droïde à l'aspect singulier, d'un simple coup d’œil le maître jedi voyait que le combat était difficile.

« Votre protégée, en bas, en train de faire les frais de la dernière itération de mes recherches. Jedi Killer-Alpha ou JK-A pour les intimes. Un droïde assassin de ma conception, un sous-produit du projet M.U. Voyez-vous, le virus est limité par les capacités intrinsèques du support sur lequel il est installé, alors je me suis demandé, que se passerait-il si on l’intégrait à une plate-forme spécialement conçue pour le meurtre ? Vous en contemplez la réponse.  

« Alliage de duracier densifié, plus d'une vingtaine de points d'articulations, tous capables de pivoter à 360°, sa base de données contient les vélocités des sept formes ainsi que leurs parades spécifiques, un module heuristique de réflexe photographique pour copier et s'adapter au style de son adversaire, deux sabres lasers intégrés au châssis et bien sûr M.U pour lui donner une implacable férocité. Tout au long de sa conception c'est à vous que je pensais. »


« Alors quoi ? Vous avez créé un droïde capable de me tuer ? »

« Par les étoiles, non. J'ai créé un droïde capable de tuer comme vous. Un hommage à votre existence, même si ce n'est encore qu'un prototype. Cela dit je compte bien l'améliorer grâce aux données de ce combat.  

« Il ne devrait plus y en avoir pour très longtemps. Je dois dire qu'elle est encore très loin du niveau de son professeur. Enfaîte, vous aussi être très loin de votre niveau. Au vu de vos dernières performances vous devez être à peine à la moitié de ce qui à fait votre légende. S'en est presque décevant, l'âge, peut-être, une blessure, une tragédie personnelle ? »


« C'est amusant que vous me le demandiez, vous qui êtes censé tout savoir sur moi. »

« C'est parce que je sais tout de vous que je vous le demande, c'est pour vous le demander que je vous aie conduit face à moi. Pourquoi ? Vous étiez le pinacle, nul n'était votre égale, pas même les assassins de l'empire, pourquoi vous être vous arrêtez ? Pourquoi avoir tué votre lame ? Pourquoi avoir tué la moitié de vous-même ? Pourquoi ? »

« Là est la tragédie de tout ceci, même si je vous l'expliquais vous ne le comprendriez pas. »

« Si c'est l'amour ou quelque chose de ce genre, je comprendrais, rassurez-vous, même si ce serait atrocement cliché. »

« Correction, si je vous le disais, ça briserait votre petit cœur de métal, mais puisque vous insistez. Si j'ai arrêté, si je ne brandis plus à présent qu'une seule lame, c'est pour la très simple raison que... J'en avais marre. »

Pour la première fois Narthox parut complètement décontenancé.  

« Hein ? »

« Tu veux savoir le point commun entre tous les siths ? Ce sont tous des ratés et ils font ce que font tous les ratés, ils essayent de se convaincre, et de convaincre le reste de la galaxie par la même occasion, qu'ils ne sont pas des ratés. Ça s'habille en noir, ça se peinturlure le sabre en rouge, pensant que ça les rend impressionnants. Ça tue des gens par paquets pensant que ça les rend effrayants. Ça veut conquérir la galaxie pensant qu'on va enfin les prendre au sérieux. Ils ont  même volé le nom d'une espèce qui a eu le malheur de croiser leur chemin juste pour qu'on arrête de les appeler des jedis ratés. Mais ça n'a jamais marché avec moi, je les ai toujours vus pour ce qu'ils étaient réellement, de pauvres petites choses pathétiques. Toute leur histoire n'est qu'une longue série d'échec et de fuite, les seules fois où ils ont, vaguement, prospéré, furent quand ils se retranchèrent dans les trous les plus reculés du cosmos. Et ces ''empires'' se sont éteints l'instant où les jedis ont appris leur existence. Un jour je me suis dit qu'ils ne valaient même pas la peine qu'on les tue, que les laisser vivre était une bien pire punition.  

« Avec le temps je me suis rendu compte que plus ils essayent de te convaincre qu'ils sont une chose, plus ils sont l'exact opposé. Ceux qui paraissent les plus forts sont en faits les plus faibles, les plus beaux, les plus laids et les plus intelligents, les plus stupides. Et toi, tu en es un beau spécimen. Tu as passé je ne sais combien de temps à me faire l’étalage de ton génial intellect seulement pour me prouver que tu étais l'un des siths les plus idiots que je n'ai jamais rencontré.

« Toi, un ''maître'' du côté obscur, tu amènes, sciemment, face à toi celui dont la réputation à été bâtie  sur l'extermination des tiens, comment crois-tu que ça va finir, exactement ? »


« Cela finira de la façon dont cela a été écrit, ni plus, ni moins. Je suis un maître du Mechu Deru, l'un des seuls, peut-être même le seul, de tout l'empire. Et regarde autour de toi, rien d'autre aux alentours que de la technologie et du métal, toi-même tu ne fais pas exception, sans compter que tu n'es plus le guerrier que tu étais jadis. Je pense donc sans trop m'avancer que j'ai un avantage certain. »

« Ce serait le cas, si tu n'était pas un abruti congénital. Tu vois, nous les jedis estimons qu'un combat est un échec en soi. Aussi, je me suis toujours arrangé pour finir mes combats avant même qu'ils ne commencent. Tu peux appeler ça la ''Forme Négative''. »

Il y eut le bruit d'une détonation lointaine, la structure tout entière se mit à trembler. Cet événement pris complètement Narthox de cours et s'avéra être sa perte. Il y eut un flash de lumière doré, l'ordinateur qui abritait M.U agonisa en des gerbes d'étincelles, sa carcasse éventrée. La forme du sith s'effondra sur le sol, proprement coupé en deux. Ak'zek avait fait un pas en avant, dans sa main son sabre éteint, la poignée tenue à l'envers.  

« Quoi ?!... Comment ?!... Pourquoi je ne... »

Le verpine leva alors trois doigts puis en abaissa un.

« Le jour où tu as découvert le Mechu Deru tu t'es dit que vu que tu pouvais lier la Force à la technologie tu pouvais remplacer ta chair par du métal sans émousser ta connexion avec elle, évidemment tu étais complètement à côté de la plaque et évidemment, en bon petit sith, tu ne t'en es rendu compte que lorsqu'il était trop tard. Le Mechu Deru est la seule chose que tu es encore capable de faire, tout autre talent que tu pouvais avoir dans la force tu l'as détruit. C'est pour ça que tu te terres dans ce trou, pour que tes petits copains ne puissent pas se rendre compte que tu n'as plus du sith que le nom. »  

Il abaissa un second doigt.

« Moi aussi je pratique le Mechu Deru, même s'il s'agit de la version édulcorée des jedis. Je ne peux pas faire autant de chose que toi, mais le Mechu Deru n'est pas que le contrôle, c'est aussi, et surtout, la compréhension. Grâce à lui j'ai pu localiser dans tout ce fatras la partie de toi qui était encore vivante, la partie encore connectée la Force et ensuite... »

Il abaissa son dernier doigt.

« Les jedis ont une technique assez particulière, tu ne dois sans doute pas la connaître, qui s'appelle la Bulle de Force. Elle permet de couper un individu de la Force, neutralisant tout pouvoir qui en découle. Cela implique bien évidemment ton Mechu Deru. L'effet est temporaire, mais j'ai bien peur  que le temps qu'il se dissipe tu n'es plus rien à manipuler. »

D'autres détonations, et d'autres secousses, se produisirent.

« Ça, ce sont les explosions qui sont en train de détruire ta Forge Stellaire du pauvre, sérieusement tu te prenais pour Revan ou quoi ? Et elles sont de mon fait. »

« Impossible !... Je contrôle tout sur cette station... J'ai suivi ton parcours à l'intérieur... Jamais tu n'aurais pu... »  

« C'est vrai... Mais qu'en est-il des vaisseaux de ravitaillement ? »

Le corps de Narthox eut un spasme grinçant, l'équivalent d'un étranglement de stupeur s'il était encore fait de chair.

« Je suis un Verpine, la technologie est mon élément autant que l'eau pour un Mon Cal ou l'argent pour un Nemoidien. Tu m'a laissé entrer dans un vaisseau automatisé, remplit de fourniture hi-tech, sans compter le matériel que j'avais emporté avec moi. Que crois-tu que j'allais faire pour m'occuper pendant le trajet, que-crois-tu-que-j'allais-faire ? J'ai fait des bombes, j'ai transformé les cargos entiers en engin explosifs et j'ai reprogrammé leur routine pour qu'ils détonnent une fois parvenu à des points précis du complexe, déclenchant une série de réactions en chaîne qui vont la réduire en cendres d'ici quelques minutes. »

Les détonations se succédèrent à un rythme de plus en plus soutenu.

« Tu aurais pu t'en rendre compte, si tu n'avais pas été si occupé à me demander en mariage. C'est la fin de Void Terminus, de M.U, de J.K et bien sûr de toi. »

Sur ces mots Ak'zek se détourna de la carcasse mécanique et s’apprêta à quitter l'endroit pour retrouver sa padawan. Mais le sith n'en avait pas fini avec lui.

« Attends ! Pourquoi... Pourquoi est-ce que tu ne me tues pas ?! »

« Tu n'a pas suivi ? J'ai arrêté de tuer les siths. Et puis, un jedi ne s'en prend pas à un adversaire déjà neutralisé. »

C'est à ce moment là que quelque chose dans Narthox se cassa, il se mit à hurler, le son d'une machine sur le point de rendre l'âme, et à cracher des paroles sans-queue-ni-tête.

« La mort de l'ego n'est pas la mort du corps ! Ce n'est pas mourir que de ne plus être soit ! Il y a des rouages cachés derrière les rouages ! Ils ont des yeux... Ils ont des yeux ! »

« Je sais, c'est toujours décevant de rencontrer ses héros. »

*****

C'est le Niman qui lui sauva la vie. Jamais auparavant elle n'avait affronté un ennemi comme celui-ci, il était aussi rapide qu'il était fort, et il était aussi fort et rapide qu'elle l'était, plus encore même, mais ce n'était pas ce qui le rendait si terrifiant. C'était que son Ataru n'était pas un Ataru mais son Ataru à elle. C'était ses propres coups que la machine lui portait, c'était ses propres mouvements que ses nombreuses articulations parodiaient, comme si son reflet, lassé de la copier, avait soudainement décidé de la tuer. Mais le droïde faisait plus que copier, il s'adaptait. Son Ataru se transformait en quelque chose d'autre, quelque chose qui contrerait chacune de ses attaques, quelque chose qui aurait raison d'elle.  

Son maître l'avait mise en garde contre ce genre de situation, ainsi que la façon d'y remédier. Elle abandonna donc la quatrième forme au profit de la sixième. Pendant un temps il lui sembla reprendre l'avantage, le Niman, de par sa nature plural, induisit une latence dans les routines du droïde, ce qui lui permit de porter quelques coups. Hélas, aucun ne fut décisif, n'infligeant que des dommages superficiels. L'automate, s'il ne parvenait pas à éviter les coups, arrivait cependant à réduire les dommages qu'ils infligeaient. La morsure d'un sabre laser, même quand il ne faisait que vous effleurer la peau, était très douloureuse, parfois même au point de suffire à incapacité son adversaire, mais une machine ignorait la douleur, ou la peur. Loin de reculer ou même d'hésiter le robot redoubla de férocité, il était en train de s'adapter au Niman.

Ses assauts se muèrent en un chaos hypnotique d'attaques, les formes changeants entre chaque vélocité, chacun de ses bras semblant avoir son propre style. Il lui fallut se rendre à l'évidence que son adversaire ''pensait'' plus vite qu'elle et qu'il ne s'essoufflerait jamais. Il lui restait un atout, cependant, la Force, une chose que le droïde ne pouvait copier et contre laquelle il n'avait aucune contre-mesure et le Niman excellait dans l'utilisation fluide de la force au combat. Mais qu'importe le nombre de fois qu'elle le projetait ou lui jetait quelque chose, il revenait sans cesse à la charge. Une telle détermination, une telle inhumanité dans cette dernière, revêtait quelque chose de maléfique.      

Il s'adaptait, même s'il ne pouvait imiter ou contrer directement la Force, il pouvait lire les mouvements liés à son invocation et agir en conséquence. Soit sortir de sa ligne de mire, soit partir au contact pour la mettre sur la défensive. Il s'adaptait, chaque coup plus précis et plus fort que le précédent, il s'adaptait et elle se rendait compte qu'elle arrivait à court d'options.

C'est là que les explosions commencèrent, d'instinct elle su que cela devait être l’œuvre de Maître Ak'zek. Tout ce qu'elle avait à faire c'est tenir encore un peu alors que la station commençait à se disloquer. Bien assez tôt le verpine fit son entrée, passant au travers d'un mur pour se joindre au combat. La tendance s'inversa presque instantanément, Ak'zek était un combattant bien plus expérimenté que sa padawan et face à deux adversaires aux styles complètement différent les systèmes du droïde arrivèrent à leurs limites. L'automate perdit de plus en plus de terrain avant de finalement se retrouver prit en tenaille entre deux vagues de forces. Sa carcasse concassée chuta dans un gouffre qui s'était ouvert dans le sol, un signe s'il en était qu'ils étaient grand temps pour eux de quitter cet endroit.

L'urgence de leur fuite fit qu'ils n'échangèrent guère de mots, une fois arrivés au cargo que le verpine avait spécialement affrété pour l'évacuation leurs langues ne se délièrent guère plus car le simple fait qu'ils soient tous les deux encore en vie signifiait qu'ils avaient gagné. Le ravitailleur était à la base automatisé, mais Ak'zek l'avait modifié pour permettre un pilotage manuel, bien que dépourvu de Navordinateur, ce dernier parvint à entrer manuellement des coordonnées de saut dans l'hyperdrive qui les amèneraient dans des régions plus connues et plus amènes de l'espace.  

Alors qu'ils s’éloignaient et que Void Terminus rendait son dernier souffle, H'phedia se dit que cela marquait la conclusion de M.U, une affaire aussi longue que sordide qui avait hanté l'esprit de son maître pendant de longues années. En cela elle était satisfaite. De plus ils avaient vaincu un seigneur sith, détruit une station de recherche secrète de l'empire et mis fin à deux projets à même de menacer la galaxie tout entière, et en cela aussi elle était satisfaite.  

Ce qu'elle ignora c'est que l'esprit de son maître n'en s'en trouva pas plus apaisé pour autant. Cela en raison que, dans le laboratoire de Narthox, il trouva la dernière pièce du puzzle, celle qui lui apporta les dernières réponses qu'il cherchait, éclairant toute cette folie d'une lumière nouvelle, et sinistre. Encapsulé dans le code de M.U, une simple, et terrible, phrase.

« Le miracle de la pensée positive. »

*****

« Ce qu'il y a de drôle... »

« ERREUR CRITIQUE TOUT SYSTEMES... ANALYSE... ANALYSE... ANALYSE... TRAITEMENT...TRAITEMENT...REPONSE... Je suis la coquille vide... Je suis la coquille vide... Mille fois je tomberais... Mille fois je me relèverais... »

« Les dés sont pipés depuis le début, le comprendre est le premier pas vers la transcendance. »

« … c'est qu'importe le nombre de fois que tu les combats, le nombre de fois que tu les bats, d'une manière ou d'une autre, tes ͡c̶auc̕he̡ma̸r͜s r̷evien͠dro͏nś ̸t̸ouj͝o҉urs.͢  »

Dans les ténèbres...

« N'ai-je pas raison... M̧es̴ ap̛pr͢ent̨is҉  ? »

Dans les ténèbres... Quatre lames écarlates s'embrasèrent.

XIV

« Dangereux est l'ennemi qui sait retourner contre toi tes faiblesses, terrifiant est celui qui peut faire de même avec tes forces, car la lame avec laquelle il te poignarde est faite de ta propre logique. L'affronter est comme s'affronter soi-même, le détruire revint alors à se détruire soi-même. »

La guerre ouverte entre la république et l'empire entra dans sa troisième année, le conflit, cependant, montrait des signes d’enlisement. Après une première vague de campagnes dévastatrices les victoires des siths devenaient de plus en plus pyrrhiques, tandis que la république semblait avoir trouvé un second souffle, défendant chaque position avec tant d'acharnement qui semblait qu'il faudrait à l'empire une année entière pour prendre le moindre système. Certains mirent cela sur le compte du changement d'impératrice, en effet, ce qui au départ ne fut que des rumeurs se confirma bien vite, bien que son sort exact soit inconnu, Darh Ynnitach ne dirigeait plus l'empire, remplacé par quelqu'un de plus jeune et de moins expérimenté. Ainsi donc les travers des siths se retournaient encore une fois contre eux. Les deux camps, voyant qu'ils ne pourront l'emporter par la seule force des armes, se tournèrent vers des moyens détournés comme la diplomatie. Des rumeurs couraient que des négociations de paix seraient même en cours.

Ce genre de choses restaient cependant secondaire pour H'phedia. Arrivée à l'âge de vingt-et-un ans son temps en tant que padawan touchait à sa fin, bientôt, très bientôt, elle aurait à se soumettre aux épreuves qui feraient d'elle un chevalier. Elles étaient au nombre de cinq et n'étaient pas de celles que l'on pouvait se permettre de rater.

Tous les disciples, sans exceptions, étaient nerveux à l'approche de ce moment crucial, en particulier ceux qui doutaient en leurs capacités, car échouer signifiait être affecté aux corps de services, un sort pire que la mort pour certains. Mais sa nervosité elle savait la faire taire, elle avait confiance en Maître Ak'zek, en son entraînement et en ses propres capacités bien sûr. Elle ne serait pas soumise aux épreuves à moins d'y être prête. Dans l'intervalle elle poursuivit ses entraînements.  

Bien que remise des événements de Void Terminus elle resta fasciné par le concept de manier deux sabres lasers en même temps et décida d'en étudier la technique, connue sous le nom de Jar'kai. L'idée était de tirer profit de ses membres surnuméraires pour augmenter ses capacités offensives et défensives. Ce fut la première fois qu'elle se mît à apprendre quelque chose de son propre chef, sans que son maître le lui est demandé ou suggéré. C'était une sensation étrange.  

Techniquement parlant il n'existait pas un Jar'kai, mais autant qu'il y avait de formes, cela dit l'Ataru et le Niman était celles qui offraient le plus de facilité à qui voulait le pratiquer. L'on donc pouvait dire qu'elle était chanceuse. La première étape consista à fabriquer un second sabre laser, mais cette fois-ci elle n'eut pas à faire le voyage jusqu'à Illum, on réservait cela uniquement aux initiés, le Temple avait largement les réserves en termes de matériaux et de cristaux pour satisfaire aux besoins de ses occupants sans avoir à les envoyer à l'autre bout de la galaxie.  

Elle profita de l'occasion pour faire le point sur celui qu'elle avait déjà. Elle avait été amenée à le démonter bien plus de fois qu'un padawan était supposé le faire au cours de  sa formation, ne serait-ce que pour changer la garde après chaque mue. Aujourd'hui elle n'en avait plus le besoin, sa phase de croissance était terminée, ses pattes avaient bien repoussé depuis ce terrible jour où elle avait dû se les arracher, elles demeuraient encore un peu plus petite et fine que ce qu'elles auraient dû être, mais elles n'étaient pas un problème.  

Elle ajouta à l'ancien une nouveauté qui ferait aussi partie du nouveau, une matrice à double-phase qui permettait de changer la longueur de la lame instantanément. Généralement dédié aux attaques surprises elle lui réservait cependant un tout autre usage. La partie la plus difficile du Jar'kai était d'atteindre l'habileté nécessaire pour utiliser les deux lames simultanément sans que celles-ci ne s'emmêlent, c'est pour cela qu'on conseillait aux débutants d'en réserver une pour l'attaque et l'autre pour la défense. Cette dernière était généralement un shoto afin de profiter de la différence d'allonge, mais avec sa matrice à double-phase H'phedia suivait l'idée inverse, au lieu d'avoir une lame plus courte qu'une autre elle en aurait une plus grande, une qui pourrait revenir à la taille normale, ou changer de patte, à tout moment. Cela servirait son style basé sur l’imprévisibilité, mais aussi lui éviterait d'avoir à changer à nouveau de sabre une fois qu'elle serait suffisamment expérimentée pour utiliser les deux lames simultanément.

*****

Les épreuves étaient au nombre de cinq, Aptitude, Chair, Lucidité, Courage et Esprit.

Il arrivait parfois, plus souvent en temps de guerre qu'ailleurs, que l'on exempte le Padawan de passer certaines épreuves s'il avait déjà accompli sur le terrain un exploit à la hauteur de celles-ci. Vaincre un sith sur le champ de bataille pouvait, par exemple, vous qualifiez d'office pour l'aptitude et  le courage. En ce qui concernait son cas on étudia si son combat contre le Jedi Killer démontrait d'une aptitude suffisante pour valider l'épreuve en question, après délibération il fut estimé que non, la faute incombant à l'absence de témoin direct de sa performance et au fait que son Maître était intervenu pour achever la confrontation.

Il fut donc décidé que son Épreuve d'Aptitude se tiendrait bien et qu'elle consisterait en une sorte de « Reconstitution » des événements de Void Terminus, à ceci près que son opposant ne serait pas un droïde assassin sith, mais Maître Keleverr son instructrice d'Ataru. Qui sait combien de pots de confitures avaient été échangés sous la robe. Au premier regard il semblait évident qu'une simple padawan n'avait aucune chance contre un Maître Jedi expérimenté, mais le but de tout ceci n'était pas de gagner, c'était de savoir comment elle réagirait face à un adversaire qui la surpassait en tout point. La galaxie était un endroit cruel, et même un jedi pouvait se retrouver pris dans une situation totalement en sa défaveur.  

Le combat commença modestement, H'phedia attaqua avec une seule lame et en utilisant son Ataru, bien évidemment la fosh lui était encore largement supérieur à ce niveau. Alors, comme avec le droïde, elle passa au Niman et mâtina ses vélocités d'attaques de Force. Sauf que cette fois-ci, elle affrontait un jedi à même de les contrer. Son instructrice utilisant exclusivement l'Ataru, la jeune araignée avait choisi pour stratégie de la laisser s'épuiser sur ses défenses, excepter que devant la férocité de ses assauts, c'était elle qui s'épuisait. C'est au moment où elle s'en rendit compte qu'elle alluma son second sabre. Certains pourraient penser qu'utiliser une technique qu'elle ne pratiquait que récemment lors d'un tel combat était peu judicieux, mais c'était justement parce qu'il s'agissait d'un tel combat qu'elle ne pouvait pas se permettre de se retenir ou d'hésiter, elle devait utiliser tout ce qu'elle avait en stock.

Voyant son adversaire redoubler, littéralement, dans ses efforts, Keleverr se fendît d'un sourire... avant d'allumer une seconde lame. Désormais elles étaient à égalité, en quelque sorte. L'échange se poursuivit longuement, au cours duquel H'phedia utilisa toutes les astuces qu'elle connaissait, certaines qu'elle n'avait apprise que récemment et d'autres qu'elle inventa au cours même du combat. Puis, alors que son corps tout entier était en feu, cela prit fin. Pas avec un coup décisif qui la mit hors-jeu, non, la fosh cessa simplement son assaut, un air satisfait sur son visage aviaire. La jeune araignée resta un instant figée, craignant une ruse quelconque, avant de se rendre compte que l'épreuve était terminée... Et qu'elle l'avait remportée haut-la-patte.

Le sujet de cet éprouvant examen n'avait jamais été les compétences en elles-mêmes, mais le contrôle. Même face à un adversaire dont la domination était évidente H'phedia avait gardé son sang-froid et ne s'était pas défilée. Alors que le combat n'était pourtant pas à son avantage, elle ne céda ni à la peur, ni à la colère, elle s'en remît simplement à la Force. De plus, elle avait montré des techniques inédites, signe qu'elle ne s'était pas reposée sur ces lauriers après Void Terminus et qu'elle avait continuée à s'entraîner et à progresser. Tout ceci composait sa réussite, « Ça déborde encore un peu dans les coins, mais elle est sur la bonne voie. », pour reprendre les mots de Maître Keleverr,

Au moment de quitter la pièce la fosh l’enjoignit à continuer de venir s'entraîner auprès d'elle, reprenant les mots qu'Ak'Zek lui avait autrefois dit, que ce n'est pas parce que l'on est chevalier qu'on a plus rien à d'apprendre.

*****

De l'épreuve de la Chair elle fut exemptée, rien de ce que les Jedis pourraient inventer n'arriverait à la cheville de ce que la Sorcière lui avait infligé, et de ce qu'elle-même elle s'était infligée, n'ayant pas hésité à se mutiler pour protéger son maître.  

*****

Vint alors l'épreuve de Lucidité, visant à évaluer l'intellect du Jedi et surtout sa capacité à voir au-delà de la tromperie. Elle revêtait une importance toute particulière pour les sentinelles en devenir dont l’enquête et la découverte de secret allaient prendre une place importante de leur vie.

C'est ainsi qu'elle se retrouva dans un vaste réseau de tunnels souterrains, qui lui rappelèrent un peu trop ceux de Lorrd, avec pour seule consigne d'en trouver la sortie. De temps à autre elle trouva des sortes d'indices censés la guider dans ce labyrinthe, l'un d'entre eux était même un comlink à travers duquel son maître lui prodigua quelques instructions de temps à autre. Il ne lui fallut guère longtemps avant de comprendre que ces supposées aides étaient en réalité là pour l'égarer un peu un plus. Avec cela en tête elle fit donc l'inverse de ce qu'on lui indiquait, allant même jusqu'à pirater le comlink pour remonter le signal des appels jusqu'à sa source et l’utiliser comme boussole improvisée. Ce faisant, elle trouva bien vite la sortie.

Ainsi réussit-elle l'épreuve de Lucidité, elle avait refusé la facilité, sût déceler la tromperie quand elle se présenta à elle et enfin sût faire preuve d'ingéniosité.

La véritable leçon, cependant, celle dont elle ne prit pas la mesure tout de suite, fut que la duperie prenait souvent la forme d'une main secourable... ou d'un visage familier.

*****

De toutes les épreuves il n'y en avait pas de plus atypique, et de plus redoutée, que celle de l'Esprit. Elle pouvait être résumée par ces quelques mots : « Faire face au miroir ». Il s'agissait pour le padawan de plonger au plus profond de lui-même pour faire face à l'obscurité qui y demeurait, là où jusqu'à présent tous les défis présentés à lui avait une notion d'externalité, celui-ci était purement interne. On pourrait même dire qu'il devait s'affronter lui-même, la pire version de lui-même.

Celle de H'phedia fut encore plus atypique pour la bonne raison qu'on la fusionna avec celle du Courage, ce genre d’agglomération était rare, et arrivait généralement après coup ou à l'issue de prouesses sur le champ de bataille. Les Maîtres devaient avoir estimé que sa plus grande peur devait reposer au plus profond d'elle-même.

La jeune araignée fut conduite dans une chambre du Temple qui se démarquait par son absence total de mobilier et autre décoration, c'était l'une de celles que l'on dédiait à la méditation et qui était par défaut dénué de tout ce qui pouvait représenter une distraction.  

Ici, sous la supervision de Maître Ak'zek en personne, elle allait entrer dans un état méditatif profond, ici, plongée au cœur de son esprit, elle devrait faire face à la somme de tout ce qu'elle redoutait, de tout ce qu'elle détestait et qui la dégoûtait, y compris à propos d'elle-même.

C'était l'épreuve qui était la plus prévisible et sur laquelle les maîtres avaient le moins de contrôle, car chaque être abritait en son cœur des ténèbres qui lui étaient propres. Pour la première fois H'phedia  se sentait incertaine, parce qu'elle ignorait ce qui l'attendait ou qu'au contraire elle le savait très bien ?

Alors que la méditation était sur le point de commencer Ak'zek se fendît d'un dernier conseil.

« Souviens toi de ceci, c'est ton esprit, ton royaume, quoi que tu puisses y trouver, sa force sera celle que tu lui permettras d'avoir. »

Après ces derniers mots, la descente commença.
Invité
Anonymous
XV

« Maître Ak'zek... Je me souviens maintenant... ce n'était pas des yeux... Ce n'était pas un sourire... J'ai peur, Maître Ak'zek... Qu'est-ce que je regardais ?... Qu'est-ce qui me regardait ?... J'ai peur Maître Ak'zek... J'ai peur... »

L'endroit lui était des plus familier et dans le même temps totalement étranger. Elle arpentait à nouveau la jungle de Kirtania, le monde qui l'avait vu naître, mais tout lui semblait différent.

Elle naviguait entre les troncs des arbres géants, la foisonnante canopée au-dessus d'elle et elle se demandait pourquoi elle rampait sur le sol au lieu de se balancer dans cette dernière, et surtout pourquoi cela lui semblait si fondamentalement dérangeant. Peut-être à cause du reste.    

Il ne pleuvait pas, à la place une lumière radieuse inondait les lieux, mais elle ne venait pas du ciel, elle semblait irradier du décor lui-même. La texture des choses aussi avait quelque chose d'étrange, mais elle mit cela sur le compte de l'éclairage anormal. Ce qui était le plus déstabilisant resté cependant le silence. Il n'y avait aucun bruit, que ce soit celui des animaux ou du vent, juste le silence. Il y avait toujours du bruit dans la jungle, mais il n'y avait que le silence... le silence et un murmure lointain, un murmure que si se fit de plus en plus distinct à mesure qu'elle avançait, un murmure qu'elle finit par reconnaître comme étant le Code Jedi.    

Pas d'Émotion seulement la Paix, pas d'Ignorance seulement la Connaissance, pas de Passion seulement la Sérénité, pas de Chaos seulement l'Harmonie, pas de Mort seulement la Force.

Plus elle progressait, plus le décor changeait, et pas en mieux. Des formes noires commencèrent à apparaître, d'abord de façon sporadique, puis de plus en plus fréquemment. Pas des formes, des cadavres, des cadavres d'araquias, étendus sur le dos, leurs pattes recroquevillées tels des bourgeons osseux et morbide, des cadavres complètement calcinés.

D'autres formes étaient présentes, mais celles-ci n'étaient pas des cadavres, car comment pourrait mourir ce qui n'était jamais né ? C'était des droïdes, c'était un droïde, ce droïde, le Jedi Killer, mais il était légion à présent. Tous prostrés devant les dépouilles des siens, dans une posture de prière. C'était d'eux que venait la litanie, une litanie qui se dégradait comme tout le reste.  

L'Émotion est la Paix, l'Ignorance est la Connaissance, la Passion est la Sérénité, le Chaos est l'Harmonie, la Mort est la Force.

Chaque pas l'enfonçait un peu plus dans le cauchemar, accompagnée par le déclin de la lumière. Les arbres étaient fait de cadavres, le sol était fait de cadavres, la mort était partout, la mort était tout.    

La Mort est la Paix, la Mort est la Connaissance, la Mort est la Sérénité, la Mort est l'Harmonie, la Mort est la Force.

Elle était arrivée au centre. Un centre ? Le centre ? Elle ne le savait pas, ou plutôt elle le savait sans vraiment le comprendre. Elle était arrivée et c'était le centre. Ici c'était la nuit, la lumière s'en était allée, Kirtania s'en était allée, sa mère s'en était allée, elle-même allait-elle s'en aller ? Ici les carcasses des araquias, pouvait-elle encore les appeler « siens », formaient un grand tas, mais ce n'était pas un tas, les corps n'étaient pas entassés, ils étaient soigneusement entrelacés, d'une manière parfaitement artistique, leurs pattes délicatement disposées en couronne au niveau du sommet. C'était un trône. Et assis sur ce trône... sur ce trône... sur...

La Mort est la Force,  la Mort est la Force, la Mort est la Force, la Mort est la Force, la Mort est la Force.

La voici, se tenant sur son trône de morts, drapée de sa robe de peau, ses yeux à jamais ouverts, sa bouche à jamais souriante. La voici, la reine du déclin, marchant parmi ceux encore ignorant de leur déchéance prochaine. La voici, la sorcière qui hantait ses pensées et ses cauchemars, Darth Unus, enfin, hélas, de retour. Bénit étaient ses yeux qui ne pouvaient verser de larmes.  

« Hi, fluffy. Sa voix, une lame affûtée qui tranchait votre esprit en deux, une aiguille qui s'enfonçait au plus profond de votre âme. Comme les années ont passé, et comme tu as grandi... Mon apprentie. »

Ce n'était pas réel, elle n'était pas réelle, c'était dans sa tête, c'était l'épreuve, elle le savait, elle le savait car sinon son esprit serait déjà en bouillie. Elle pouvait, et devait, la combattre.

« Je ne suis pas votre apprentie... Je suis la padawan de Maître Ak'zek. »

« Faux... Faux... F̸̡a̢ų͘x̀͘  »

Le mot entra en écho avec le monde et le monde trembla comme du verre.

Elle avait oublié à quel point la sorcière était petite et à quel point son corps était décharné, pourtant, quand elle se leva de son trône, c'est l'univers tout entier, elle y comprit, qui ploya, et sans jamais lever la voix.

« C'est n'est pas ton maître, c'est ton père. Il t'a élevé, il t'a instruite, mais celle qui t'a définie, c'est M̡̕o͏i̧ . Te souviens-tu de celle que tu étais avant M̡̕o͏i̧  ? De quel était ta destinée autrefois ? Tu ne serais devenu rien de plus qu'une bibliothécaire acariâtre, ou bien tu aurais été recalée dans les corps de service et tu aurais fini ta vie sur une planète sans-nom à cultiver des légumes que personne n'aurait jamais mangés. Mais je t'ai trouvé, je t'ai choisie. J'ai éveillé ta volonté, je t'ai révélé la forme du monde, j'ai fait de toi une guerrière, une Jedi, la plus grande qui sera. C'est M̡̕o͏i̧ , ton maître, fluffy, ça l'a toujours été.

« Et maintenant, mon apprentie, c'est en effet le temps de ta dernière épreuve,
elle leva un doigt vers le ciel avant de venir le pointer sur elle-même, mais pas la leur, la̵ ̢m͞i͡e̶nn̵e. »

H'phedia se jeta sur la sith, sans se rendre compte qu'elle n'avait allumé qu'un seul de ses sabres, et qu'Unus avait déjà la main tendue. La jeune araignée se retrouva figée en plein air, la pointe de sa lame dorée à seulement quelques centimètres de la paume de la sith.

« C'est mieux, mais ça pourrait être tellement plus. »

Quelque chose d'impossible arriva, un faisceau cohérent d'énergie qui se fissura comme du verre. Les craquelures progressèrent dans la garde, puis dans ses pattes. Et comme du verre, le tout vola en éclat et ce qui resta d'elle alla s'écraser dans l'un des arbres-charniers qui à son tour s'ébrécha. Du verre, tout était comme du verre, l'araignée y comprise. L'araignée qui tenta de se relever alors que lentement, la Sorcière descendait de son trône.  

Elle n'était pas réelle, rien ne l'était, pas même elle, elle devait juste l'emporter, c'est tout.

« Je sais ce que tu te dis, nous sommes dans ta tête après tout, mais tu as tout faux, absolument-tout-faux. Je ne suis pas le Toi-qui-est-Moi , je suis le Moi-qui-est-Toi. Tu pensais vraiment que te saigner à mort serait suffisant ? Que ces petits guérisseurs aux mains fébriles suffiraient ?  Tu t'es crus purifiée ? Ramenée à ton état initial de pureté ? Mais qu'est-ce que la pureté ? Des mots, des mots, des mots. Mots stupides, mots inconstants, mots illusoires, ils font si peu pour décrire les concepts qu'ils sont censés représenter... à moins que ce ne soit l'inverse. Le langage, quel ratage. »  

Et elle ricana, et ce fut comme des os qui raclaient entre eux.

« Ils n'ont retiré que ce qu'ils pouvaient voir, pensaient voir, voulaient voir. Seulement ce que tu leur à permis de voir, c'était ton monde après tout. Leur erreur, leur échec, est que je ne suis pas qu'une... quel terme ont-ils utilisé déjà ? Ah oui, une ''corruption de l'obscur'', c'est d'un pompeux. Non, je suis une idée, fluffy, et les idées sont comme les virus, invisibles, infectieux... I̴n̢v͢i̕n҉cįbl͠és͜ . »

Elle ne souvenait pas d'avoir jamais vraiment hurlé au cours de sa vie, ni même si elle en était physiquement capable, pourtant elle hurla alors qu'elle projeta une vague de Force sur la sith. Cette dernière ne broncha pas, elle se contenta de lever le bras, comme avant. Il s'enfonça dans le flux comme du beurre et le flux commença à s'inverser, à s'effondrer en un tourbillon qui lui-même s'effondra en une sphère. Toute la puissance de l'attaque de la jeune araignée, condensée, comprimée, dans un espace de la taille d'un poing, un espace qu'elle retourna à l'envoyeur.  

H'phedia sût en le voyant arrivé que cela allait faire très mal, et cela fit très mal, puis cela fît encore plus mal. La déflagration lui fit traverser l'arbre contre lequel elle reposait, et les deux autres derrière celui-ci. Ces derniers s’effondrèrent en un déluge d'éclats aussi acérés que des poignards, Unus leva alors les mains à mi-hauteur et ils se figèrent dans leur chute, elle, elle continua d'avancer.

« Ça y est, j'ai compris. Tu crois que j'essaye de te faire basculer du côté obscur, que je veux que tu deviennes une Sith. Tu n'y es pas du tout, grosse bêta, c'est exactement l'inverse que je veux. Les jedis de nos jours sont en dessous de tout, ils sont effrayés par le pouvoir, terrifiés du mot même c'est dire, ils se jettent tête la première dans les ténèbres parce qu'ils ont oublié à quel point la lumière pouvait être terrifiante. Ils ont oublié comment en appeler à son pouvoir, son vrai pouvoir. Ils ont oublié qu'elle peut aveugler et consumer tout autant que la noirceur, seulement d'une différente manière. Je veux changer cela, je veux le leur rappeler. »

La jeune araignée réussit à faire à nouveau bouger son corps, peut-être parce qu'il ne pouvait être brisé de la même façon que ceux qui avaient des os, ou bien parce que l'on se trouvait tout simplement dans sa tête. Et parce qu'elle parvenait à bouger, elle parvenait aussi à parler :

« Pourquoi... vouloir renforcer vos ennemis... et... surtout... qu'est-ce que tout ça a avoir avec moi ? »  

« Je crois en l'évolution, en la causalité. Cause-effet, action- réaction, agression-adaptation-évolution. Passe l'Ordre par le feu et seuls les aptes survivront, libre de le refaçonner à leur image, une meilleure, dépourvue des défauts de l'ancienne, plus forte, tous les autres seront réduits en cendres. C'est exactement ce qu'il s'est passé il y a quelques siècles de cela, et à chaque fois que la stagnation, qui n'est qu'un prélude au déclin, se présente, ce processus doit être répété. Cela marche aussi dans l'autre sens, les siths ne seraient pas devenus ce qu'ils sont aujourd'hui sans toutes les tentatives des jedis pour les exterminer au fil des millénaires.  

« Tu commences à comprendre où je veux en venir ? Il n'y a pas de Dualité, seulement la Symétrie, une symétrie fractale qui se répète à tous les niveaux de l'existence. Un agresseur et un agressé, un attaquant et un attaqué, attaque contre défense, chaud contre froid, ombre contre lumière, ordre contre chaos, bien contre mal, jedi contre sith, Côté lumineux contre Côté Obscur. Deux faces d'une même pièce, se dévorant et s'engendrant mutuellement, chacune ne pouvant exister sans l'autre, chacune n'existant que grâce à l'autre, chacune justifiant l'existence de l'autre, chacune grandissant par l'entremise de l'autre. Le conflit est le moteur de l'évolution et l'évolution est le rempart qui se dresse entre l'être et le néant.

« Et toi dans tout ça ? L'équilibre. Si l'agression est trop brutale, trop déséquilibrée, alors l'adaptation ne peut se faire, c'est l'extinction et l'extinction à des conséquences, un prix que tu es encore trop jeune pour appréhender. Les demi-mesures, l'hypocrisie, les nuances de gris, ne sont pas des conséquences de la symétrie, mais de son incompréhension. Tout comme la chaleur de la lave doit se mêler à la froideur de l'océan pour créer de nouvelles terres, l'équilibre ne peut être atteint que par la collision entre deux purs aspects de chaque côté.  

« Toute ma vie je me suis évertuée à devenir le pinacle de l'obscurité, mais à présent j'ai besoin de mon opposé dans la clarté, toi. Tu es mon Ashla et je suis ton Bogan, la lumière de mes ténèbres, les ténèbres de ta lumière. Je t'ai choisie pour que tu deviennes mon égale, pas seulement en terme de pouvoir, mais surtout en terme de compréhension. C'est ta destinée d'être mon adversaire, ce n'est qu'ainsi que le véritable équilibre dans la Force pourra être, alors... I̸ĺ ̢e͜st̛ ̢te̷mp͟s̸ d͏e lu̶t͏tér̕. »
 

La sorcière joignit ses mains devant elle, comme la pointe d'une flèche. Les éclats toujours en suspension, comme emporter par un vent invisible, déferlèrent sur H'phedia. Cette dernière rassembla la Force et la dressa devant elle, non pas pour figer les fragments d'arbres vitrifiés comme la sith l'avait fait, c'était encore au-delà de ses capacités, mais pour fendre en deux le déluge comme un rocher fendait le courant d'une rivière.  

La manœuvre réussit, partiellement. De nombreux éclats l’égratignèrent, certains allèrent même se planter dans sa chair et lorsque la tempête cessa enfin, elle se rendit compte qu'elle ne pouvait plus bouger, Unus avait profité de sa défense pour la paralyser. Maintenant, elle amenait son corps inerte jusqu'à elle.  

« Tu ne me crois toujours pas ? Les as-tu donc laissés t'aveugler à ce point, ou bien ton criquet de père t'a tellement traîné d'un bout à l'autre de la galaxie que tu n'as jamais eu le temps de te poser et de réfléchir à ce qui t'entourait ? La moitié de ton précieux Ordre est composé d'hypocrites sanguinaires qui pensent qu'on ne peut vaincre l'ennemi qu'en devenant comme lui et l'autre moitié de faiblards aux mains tremblantes qui ne passent pas une seconde sans montrer à la galaxie à quel point ils sont impuissants et terrifiés. Et perdu entre les deux, quelques petits îlots de qualité, reliques d'un temps plus glorieux, qui tentent tant bien que mal de maintenir le rafiot à flot, seuls et ignorés.

« Et c'est là que tu entres en scène, forte de mon enseignement et du vrai pouvoir de la lumière tu deviendras la plus grande Jedi de ton temps, l'Ordre, la république, la galaxie, tu les sauveras tous des siths, et d'eux-mêmes. Tous verront ta gloire, ta grandeur, et tous te suivront en conséquence, tu les inspireras, tu les définiras, tu seras la mère d'un nouvel Ordre Jedi, comme Bastilla Shan et Nomi Sunrider en leur temps. Et quant aux autres, les vieilles choses, corrompues et indignes, elles devront dire ''Au revoir''. »
 

Elle se trouvait à présent face à la sith.

« Le temps est venu, fluffy... cette dernière tenait quelque chose dans la main, son sabre, le temps pour toi... délicatement elle posa l’émetteur sur son céphalothorax, de devenir une femme. »

Elle l'alluma et H'phedia se retrouva transpercé d'une lame cramoisie.

*

Elle gisait sur le sol, elle entendait un liquide s'écouler, elle le sentait s'écouler, mais ce n'était pas ce sol, ni ce liquide-là. Elle reposait dans le lit d'un ruisseau, l'eau l'entourait, elle s'écoulait malgré sa présence. Au-dessus d'elle la canopée brûlait, une véritable mer de feu qui tenait en lieu et place du ciel, tout ce qui se tenait entre les deux était noyé dans les cendres. Et la sorcière était toujours là.  

« Le feu et l'eau, c'est pour les petits enfants ça. Le feu est un poussin obèse qui ne fait que brailler pour qu'on vienne le nourrir. »

Elle fit un grand revers de la main et le brasier mourut, souffler sans laisser même une braise.

« L'eau est un grand hutt paresseux qui pensent que tous les obstacles peuvent être surmontés s'il s’appuie suffisamment dessus. »

Un autre revers et le ruisseau s'assécha, engloutit dans les craquelures d'un sol desséché.

« Les grandes personnes utilisent... les ténèbres. »

Et les ténèbres virent, une obscurité telle que la jeune araignée n'en avait jamais vu. Tout fut dévoré, la sith, les arbres, le sol, elle-même, tout, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un noir néant. Pourtant, elle demeurait, aveugle, mais bien présente. Quelque chose allait se produire, quelque chose était en train d'arriver, elle se savait, le monde retenait son souffle.

Et dans les ténèbres, la lumière fut. Ce ne fut pas Le Commencement, mais ce fut un commencement. Deux lames écarlates étaient apparues, les plus grandes qu'H'phedia avait jamais vues et la forme que leur éclat révélait...

Non

Deux autres s'allumèrent à leur suite.

Non

Et deux autres encore.

Non!

C'était Elle, une Elle aux proportions démesurées, une Elle faite de noirceur qui flottait au-dessus du sol sans l'aide d'aucun fil de soie. C'était son ombre, son Moi véritable, la pire Elle, le pire qu'il y avait en elle.  

Il n'y eut pas de combat, elle tomba là où elle se tenait, découpée en morceaux d'un seul mouvement de lame.  

*

Encore, elle gisait sur le sol, encore, elle se releva, encore, la lame vint pour l'abattre, cette fois-ci elle tenta de bloquer le coup avec les siennes, mais d'une fluide arabesque le faisceau écarlate contourna la défense et déchiqueta celle qui se trouvait derrière. Encore, elle tomba.

*


Dans le royaume de l'esprit, la seule loi était celle de la volonté, tout le reste était relatif. Une seconde pouvait durer une éternité, une éternité pouvait s'écouler en une seconde et l'on pouvait mourir plus d'une fois.  

Encore et encore la jeune araignée se levait pour mener une parodie de combat, encore et encore elle tombait en mille morceaux seulement pour se relever encore et encore. Était-ce là une torture de la part de la sorcière, de lui faire revivre sa mort des milliers de fois ou bien était-ce l'œuvre d'une partie d'elle-même qui refusait d'abandonner ?  

Mais quelle chance avait-elle face à un tel monstre ? Il était son potentiel, ce qu'elle deviendrait après des décennies d'expérience, de batailles et de tragédies. Mais elle savait que c'était faux, il s'agissait de la créature qu'elle serait devenue si la sith était arrivée à ses fins avec elle, et qu'elle pourrait encore devenir si elle gagnait en cet instant. Mais cela aussi était un mensonge, il n'y avait rien ici si ce n'est elle-même, et cette chose ne faisait pas exception, ce n'était que sa peine, sa douleur et sa colère, qui avait pris la forme de cet hideux doppelgänger.    

Mais quel espoir avait-elle de l'emporter contre une telle manifestation, gagner ne signifierait-il pas se détruire elle-même ? Mais il n'avait jamais été question de gagner, comme de si nombreuses fois auparavant au cours de sa formation.

Alors que le cycle des morts se poursuivait, elle commençait à y voir plus clair. À mesure qu'au fil des renaissances s'effaçait la terreur, le dégoût et la rage, elle se remémorait les enseignements, les significations. Pour vaincre le Feu il fallait l'Eau, pour vaincre les Ténèbres il fallait la Lumière et pour vaincre ce qu'il y avait de pire en soi, il fallait simplement invoquer ce qu'il y avait de meilleur.

Alors que la lame venait à nouveau sur elle, lui laissant à peine une seconde avant de retourner à nouveau au néant, elle fit ce qu'elle n'avait jamais fait jusqu'alors, elle parla. Et la seconde devint une éternité.

« Je sais... Je sais à quel point tu souffres... Elle était tout ce qu'on avait... et on nous l'arrachée... Mais tu sais que c'est faux... Elle l'a fait pour Kirtania, pour notre peuple, pour nous... Elle est morte pour qu'on puisse vivre... Elle s'est sacrifiée pour l'on puisse vivre dans un monde qui ne soit pas un cauchemar... et c'est à nous à présent de reprendre son flambeau... pour empêcher d'autres mondes de devenir à leur tour des cauchemars... »

Une fois encore l'impossible eut lieu, la lame, et la patte qui la tenait, se brisèrent comme le verre qu'ils étaient. Une autre suivit, qui prit une fois encore la vie de H'phedia, et une fois encore elle se dressa à nouveau, et une fois encore, face à la lame approchante, elle parla.  
 
« Je sais à quel point tu es en colère... envers eux pour ce qu'ils ont fait à Lorrd... envers nous pour ne pas avoir pu les empêcher... Mais nous leur avons survécu... Nous avons échappé à la tombe qu'ils avaient creusée pour nous... et emportés avec nous la mémoire de ce crime... ainsi que la promesse qu'un jour ceux qui ont péri là-bas obtiendront justice... Et tu sais que peu importe le temps que cela prendra, c'est une promesse que nous tiendrons. »

Et la seconde lame vola en éclat aussi bien que la première, et pour la première fois le sombre reflet de la jeune araignée parût hésiter, comme s'il était incertain de la marche à suivre, ou simplement terrifié de ce qu'elle pourrait dire d'autre.

« Tu n'es pas son monstre.. Tu n'es pas sa marionnette... Elle ne nous pas brisées... Malgré tout ce qu'elle nous a fait subir, elle a échoué et nous n'étions que des initiées à l'époque... Pense-tu qu'elle a plus de chance de réussir maintenant ?... Ces sentiments... Ils t'appartiennent, à toi et à toi seule... Elle n'a aucun droit, et aucun pouvoir, de les utiliser à ses propres fins... Notre chagrin n'appartient qu'à nous. »

Dans un cri silencieux l'ombre abattit deux de ses lames sur H'phedia, mais ces dernières se brisèrent avant même d'avoir pu l'atteindre. La massive forme de son reflet s'effondra sur le sol, comme un pantin dont on aurait coupé les fils. Elle continua d'agiter les membres titanesques qui lui restaient, plus par habitude que par véritable colère, sans pour autant réussir à atteindre la jeune araignée.

Cette dernière se mit alors à avancer, et pour chaque pas qu'elle faisait, les mouvements de son doppelgänger se faisaient plus lents et l'éclat de ses lames déclinait.    

« Tu sais que l'on peut gagner... Tu sais que l'on a déjà gagné... M.U ne menacera plus jamais personne... Felucia vit... malgré tout les assauts de l'Empire, la République est encore debout... Kirtania a été sauvée... Nous avons été sauvées. »

L'avant-dernière lame n'avait plus rien de menaçant, réduit à l'état d'une tige rachitique, elle s'effondra comme la branche morte qu'elle avait toujours été. Celle qui restait, que l'ombre brandissait comme on brandirait une torche pour repousser quelque terrible prédateur, se dissipa au passage de la jeune araignée, comme le tourbillon de feuille morte qu'elle n'avait jamais cessée d'être. Et H'phedia continua d'avancer vers ce qui n'était au final qu'un gigantesque miroir déformant, et elle ne savait que trop bien qui le brandissait.

« Nous, nous souvenons de la promesse que nous nous sommes faite, lorsque la lame d'or à prit vie... Nous serons comme Maître Ak'zek, nous nous dresserons contre les monstres, comme lui-même l'avait fait... Ce n'était pas que des mots, ou de la naïveté... C'était un serment et nous l'avons trahî que bien trop de fois... Quel genre de jedi serions-nous, si nous détalions face à ceux que nous supposées faire obstacle ?... Bien trop longtemps nous avons fui... le monstre sous notre lit...Il est en temps, en effet... D'affronter notre Peur... »

Et le miroir craquela et se brisa. Et les ténèbres craquelèrent et se brisèrent. Au-delà une obscurité plus familière, celle de cette forêt qui n'en était pas une, brûlé par un feu qui n'en était pas un, plongée dans une nuit qui n'en était pas une. Et au-delà était la Sorcière.

Mais pour la première fois, elle la voyait véritablement, non pas qu'il restât grand-chose à voir. Ce n'était pas un sourire, mais des dents, bien trop de dents. Ce n'était pas des yeux, mais des trous et ce qu'il y avait à l'intérieur était au-delà de toute description. Elle avait dû être une femme autrefois, mais tout ce qu'il restait était une carcasse écorchée, déformée au-delà du supportable par quelque mal innommable et innommé. À sa main son arme, sa vraie arme, sa lance, sa pertuisane laser.  

« Félicitations, tu as vaincu la somme de ta haine et de ta souffrance, mais ce n'est pas ta souffrance ou ta haine qui m'ont engendré, c'est ta peur. Ta peur que ce que je dise soit la pure vérité, une vérité que chacune de tes expériences ne fait que valider un peu plus. Et ça...  ça me rend invincible. »

Ces mots ne pouvaient plus l'atteindre, pas plus que sa folie.

« Tu n'es pas invincible, et je n'ai plus peur de toi. »

« Menteuse. »

Elle s'enroula tel un serpent autour de la hampe de son arme, son corps, tendu comme un ressort, se relâcha soudainement et dans un mouvement si rapide qu'il en était flou, transperça la jeune araignée. Mais à la place de son corps, ce furent seulement quelques plaques de chitines qui tombèrent au sol. Au loin, une gangue commença à se fissurer.

Il y a l'émotion, pourtant il y la Paix.

*

« Arrête donc de me craindre et commence un peu à me haïr, comme toute chose le devrait, car la haine est amour et l'amour transforme l'univers. Très bientôt toute la galaxie ressentira mon amour, un amour immense, grandiose, qui s'abattra sur eux comme une masse. »

« L'on peut se battre sans haïr pour autant, tout comme je n'ai pas besoin de la haine pour m'opposer à toi... Non pas que ce soit la vengeance qui m'anime non plus, seulement le devoir de t'arrêter pour tout le mal que tu as fait, et tout le mal que tu ferra encore. »

« Tu essaieras. »

Encore. Le même mouvement, mais au moment d'atteindre H'phedia la lame se figea. Plusieurs fils de soie s'étaient arrimés à la hampe, formant comme un filet qui interrompit sa course. Loin de se laisser démonter la sith fit tournoyer cette dernière sur son axe, enroulant les fils autour afin d'en amener à elle la source. Une demi-douzaine de silhouettes arachnéennes furent arrachées à l'obscurité ambiante, d'un ample mouvement, aussi souple que circulaire, elle les trancha toutes en deux de sa pertuisane, avant de finir avec celle qui était sa cible au départ.

Pourtant, tout ce qu'elle avait fauché ne fut que des mues vide de toute vie. Au loin une carapace noircit se fendit en deux.  

Il y a l'Ignorance, pourtant il y a la Connaissance.

*

« Kirtania fait partie de l'empire à présent. Je suis sûr que tu le sais, même si tu as fait beaucoup d'efforts pour ne pas y penser. Qui te dit que je n'y suis pas revenue, avec suffisamment de vaisseau pour la vitrifier depuis l'orbite ? Qui te dit que tout ceci n'est pas un cauchemar, mais une vision. Les tiens sont si crémeux à l'intérieur, et frits à la poêle, c'est un vrai délice. »

« Tu ne toucheras pas à une feuille de Kirtania, pas tant que tu ne pourras pas m'y faire assister aux premières loges, ironiquement, tu es celle qui protège mon monde, prisonnière monomaniaque que tu es de ton sadisme théâtral. »

« Moi, monomaniaque ? Je ne suis pas la seule sith de l'empire, je ne suis pas non plus le premier monstre à avoir jeter son dévolu sur ton caillou chéri, et je ne serais pas le dernier. À  la toute fin, tu ne sauveras personne. »

Encore. Le même mouvement. Encore. Une fin différente, une qui cette fois-ci fit tiquer la sith. Une lame dorée vint parer celles de sa pertuisane, une lame qui fut bientôt rejointe par une seconde, puis une troisième, et tellement d'autres encore. Ensemble, elles formaient un vaste filet de lumière, le même éclat, répercuté au travers des facettes infinies d'un diamant aux proportions indicible.  

Il y a la Passion, pourtant il y a la Sérénité.

Toutes poussèrent à l’unisson et Unus fut repoussée en arrière. Au moment où elle retrouva son équilibre, d'autres sabres tombèrent du ciel, sur elle, et au bout de ces derniers il y avait des Araquias. Pendant un temps il n'y eut plus que la masse combinée des arachnides, puis cette masse se mit à vibrer avec une intensité sans cesse grandissante avant de finalement voler en éclat. La Sorcière émergea, titubant presque, alors que les lames qui lui perçaient le corps s’effritaient, en même temps que des fragments de son corps  lui-même.  

« Je te l'ai dit pourtant, in-vin-cible. »

Mais elle n'en était plus aussi sûre à présent, surtout quand devant ses yeux la vie revenait dans la forêt comme le sang revenait dans un membre engourdît. Mais, dites-moi, dans un monde constitué uniquement d'araignées mortes, que se passe-t-il quand la mort elle-même fait demi-tour ? L'écorce se fissurait comme la terre primordiale, libérant les germes de la renaissance. Les dépouilles carbonisées se ranimaient, abandonnant derrière elle les tombes faites d'elles-mêmes. Le monde muait, noir il devenait blanc alors qu'augmentait sans cesse le nombre des araignées, non, des H'phedias, toutes jedis, toutes armées de lames dorées et toutes convergeant vers la sith.

Encore. Le même mouvement, la même attaque, mais la fin que désirait la sorcière demeurait à jamais hors de sa portée, sa lame ne rencontrait plus que d'autres lames, chacun de ses coups inéluctablement parés et chaque parade initiant la boucle à nouveau, mais à chaque itération elle avait reculée un peu plus.

« C'est notre histoire, pas la tienne. Elle finira de la façon dont nous l'aurons décidée, nous et seulement nous. »

Alors que le cycle se poursuivait, la sith se retrouva ballotté à travers la forêt comme une poupée de chiffon, jusqu'au moment où il n'y eut plus de forêt du tout.  

Il y a le Chaos, pourtant il y a l'Harmonie.

Mécaniquement la forme de la sorcière se releva. Elle se trouvait à l'orée de la forêt, cette même orée où elle s'était tenu des années plus tôt. Sous le couvert des arbres, cependant, ce n'était pas Ak'zek, mais sa padawan qui s'avançait toutes lames dehors.  

« Pauvre petite fluffy, toute sa vie elle jouera les martyrs, toute sa vie elle rampera dans la boue, à se lamenter sur les cadavres de tous ceux qu'elle n'aura pas pu sauver, tandis qu'au loin, les vrais maîtres, ceux qui ont le pouvoir, se riront d'elle pendant qu'ils compteront leur crédit et se demanderont s'ils doivent ajouter une troisième couche d’électrum sur leurs sabres. »

Encore, elle effectua son attaque, quand bien même la jeune araignée n'était pas à sa portée, tel un automate défectueux répétant encore et encore la même tache dénaturée, ne sachant pas quoi faire d'autre. Mais, à la fin de son mouvement, quelque de chose d'inédit se produisit, elle lança sa pertuisane comme un javelot.  

H'phedia ne broncha pas à l'approche du projectile, en réalité elle ne fit absolument rien si ce n'était de continuer à avancer.

Il y a la Mort, pourtant il y a la Force.

La pertuisane passa au travers d'elle comme si elle n'existait pas, ou plus exactement, elle se désintégra à son contact en un inoffensif nuage de poussière. C'était le royaume de son esprit, comme l'avait dit son maître, ici, les choses n'avaient du pouvoir sur elle que si elle leur permettait d'en avoir.

C'est alors qu'elle vit Unus, les bras tendus, les doigts recourbés et qu'elle comprit que cette attaque n'avait pour but de la blesser, mais de permettre à la sith de sortir de la boucle.

« Ils sont cruels, sans pitié. Tu dois être pire, tu dois être plus folle qu'eux tous réunis. Tu dois prendre leur précieux petit monde et le déchirer en mille morceaux. Le déchirer et le déchiqueter jusqu'à ce que ce qu'il n'en reste plus rien. »

Des mains de la sorcière jaillirent la mère de toutes les tempêtes, la forêt tout entière fut engloutie, le monde réduit à un vortex d'éclair. Les arbres furent les premiers à tomber, leurs feuilles arrachées, leurs branches brisées, leurs troncs fracturés, leurs racines arrachées à la terre avant d'être incinérées.

Fini les tours de passes-passes mental, fini les arabesques à la lame, c'était désormais la puissance à l'état pur qu'Unus déchaînait sur H'phedia. Cette dernière, ainsi que ses reflets, croisèrent leurs lames devant elles pour bloquer les éclairs, comme elles avaient été entraînées à le faire, et continuèrent d'avancer malgré tout.

La forêt fut nivelée, le sol lui-même suivit peu après, ne resta que la jeune araignée et ses répliques, et elles-mêmes commencèrent à tomber, mais au lieu de se briser elles fondirent littéralement face au pouvoir du côté obscur. À mesure que leur nombre diminuait la force de la tempête se reportait sur l'original. À la fin, il n'eut plus qu'elle pour retenir une force suffisamment puissante pour détruire une forêt entière, elle était clouée sur place, et en train de lâcher. Mais elle refusa d'abandonner pour autant, elle utilisa sa seconde paire de pattes pour renforcer celle qui tenait ses lames, puis rassembla toutes les forces qui lui restaient dans sa troisième et dernière pour délivrer une unique et ultime impulsion qui la propulsa en avant, lui faisant remonter le flux d'éclair jusqu'à sa source.

Tu existe... Pourtant... Moi aussi...

C'était la dernière seconde, les deux ennemis mortels se faisaient face dans un ultime mouvement, les lames de l'araignée, si proche qu'elles paraissaient ne faire qu'une, plongeait dans le cœur de la sorcière et ressortait de son dos. Cette dernière, son corps craquelant de toute part, avança sa main vers elle, comme si elle voulait la caresser, et dans un final effort lui susurra ses mots :

« Quand les années auront passé et que tu seras vieille et sage, que tout ce que tu feras de tes journées sera de démêler des conspirations de marchands et que ceux que tu as choisi de protéger se retourneront contre toi, tu penseras à moi. Tu penseras à ces temps où tout était si simple, où chaque jour était absolu. Et tu regretteras que ces yeux ne puissent verser de larmes. »

« Tu n'es pas la bienvenue dans mon monde, va-t'en. »

Et le monde craquela et se brisa. Au-delà, sa forêt restaurée, retrouvée, vivante, bruyante. La pluie commençait à tomber.

*****

La première chose qu'elle vit lorsqu'elle regagna le monde conscient fut son maître, ce dernier semblait exténuer, mais sa satisfaction irradiait à travers la Force. Elle avait réussi, non seulement cette épreuve, mais toutes les épreuves. La réalisation de ce que cela signifiait fit manquer un battement à son cœur. Son temps en tant que padawan venait de toucher à sa fin.  

Comme le voulait la tradition on l'amena dans une autre chambre où elle aurait à méditer pendant un jour et une nuit avant la cérémonie fatidique. Une façon pour le futur jedi de faire le point sur sa vie, son passé et son futur... ainsi que de calmer les effusions de certains disciples trop enthousiastes.  

H'phedia ne fit pas exception et elle médita donc sur tout le chemin qu'elle avait parcouru depuis le temps où elle n'était qu'une toute petite chose sur le dos de sa mère jusqu'à ce jour et tout le chemin qu'il lui restait encore à accomplir à partir de celui-ci. Elle repensa à tout ce qu'elle et son maître avaient accompli et au combien peu cela représentait et pourtant au combien capital cela avait été. Et il restait tellement encore à accomplir, le conflit entre l'empire et la république était loin d'être terminée, Lorrd réclamait encore justice et la sorcière, la vrai, était encore dans la nature, sans compter tout le mal et le crime encore inconnu, n'attendant que le moment propice pour se déchaîner. Il y en avait assez pour toute une vie, une vie de jedi, une vie qu'elle avait choisie.

Sa réflexion prît fin et le moment était venu. On l'a conduisit dans la chambre du conseil, plongée dans l'obscurité pour l'occasion. Elle ne resta pas dans le noir bien longtemps cependant, car une rangée de sabres lasers s'alluma, au premier rang duquel celui, doré, de son Maître. H'phedia s'abaissa, une araignée ne pouvait pas vraiment s'agenouiller, et la lame du verpine fit de même, alors qu'il prononça les mots qui étaient à la fois une fin et un commencement :

« Par la volonté du conseil et celle de la Force, je te fais Jedi, Chevalier de la République. »

Et d'un geste maîtrisé il trancha la ceinture de perle qu'elle portait. Ce fut une fin et un commencement. La padawan H'phedia Kith'Araquia n'était plus, désormais se dressait face au monde la chevalier H'phedia Kith'Araquia.

Après l'adoubement elle eut une dernière conversation avec Ak'zek, maintenant qu'elle était une jedi à part entière leurs chemins étaient destinés à se séparer. Elle se rendit compte que dire adieu à un être qui avait fait partie de sa vie depuis quasiment le tout début était des plus difficile, même avec l’entraînement des jedis. Cela dit, elle demeurait aussi curieuse de ce que le verpine allait faire, maintenant que sa mission, faire d'elle un chevalier, était terminée.

« Maintenant que votre mission est terminée, qu'allez-vous faire ? »

« A vrai dire, je n'en ai pas la moindre idée, sans doute frapper des criminels au visage, ou bien une mission secrète de la part du conseil qui décidera du destin de la galaxie. C'est la même chose pour toi pas vrai ? »

« Oui, il y a tellement à faire, je ne sais pas par où commencer. »

« C'est vrai que la galaxie ne manque pas de tort à redresser. Dans ce genre de situation le mieux à faire est de s'en remettre à la Force... ou de choisir une mission au hasard parmi celles disponibles, ce qui n'est pas différent en fin compte. Le plus important est de ne jamais oublier qu'à partir de maintenant, quoi que tu fasses, c'est ton histoire, toi seule l'écrit et personne d'autre. »  

« Comment suis-je supposée interprété cela ? »

« De la façon que tu veux, c'est là la beauté de la chose. »

« Se reverra-t-on un jour ? »

« Possible, je ne suis pas mort après tout, ce sera à la Force d'en juger. »

« Alors... c'est juste un ''au revoir'' ? »

« En effet. »

« Alors... Au revoir, Maître Ak'zek. »

« Au revoir... Petit bouton. »

« Petit Bouton. » C'est comme qu'il l'appelait du temps où sa mère était encore en vie, c'était encore ainsi qu'il l'appelait en de rares occasions où les oreilles du temple ne pouvaient les entendre.

Les mots n'étaient pas un domaine dans lequel ils excellaient, aussi ces quelques mots leur tinrent lieu d'adieux, des adieux qui n'étaient qu'un au revoir. Ainsi le Maître et l'Apprentie partirent chacun de leur côté, pour ne plus jamais se recroiser, car l'apprentie n'était plus une apprentie à présent. Les deux chevaliers, par contre, auront bien d'autres occasions de se revoir.

Coda

« Voici un petit quelque chose pour vous : Parfois, pour gagner, il est nécessaire de perdre. Après tout, la première étape est de se conquérir soi-même. A la revoyure, fluffy. »

Ils ne virent rien arrivé. Sa forme était cachée dans les ombres du plafond, sa présence évanouie de la Force, de toute façon ils n'avaient d'yeux que l'un pour l'autre. Il tomba sur eux sans un bruit et n'alluma sa lame qu'au moment précis du coup, la marque d'un vrai professionnel, seul un débutant laissait son sabre tout le temps allumer, c'était un gâchis  d'énergie en plus d'être bruyant.

Deux corps s'écroulèrent, deux têtes tombèrent, il n'avait pas perdu la main, enfin, façon de parler.

« Keleverr a toute ma sympathie, mais elle a le défaut assez gênant de débiter un nombre incalculable de conneries au mètre carré. L'Ataru n'est pas une danse, du moins pas le genre que cette emplumée pense. Personne ne se demande pourquoi une forme basée entièrement sur l'attaque se retrouve avec des faiblesses aussi handicapante quand il s'agit de la faire, cette fameuse attaque ? C'est parce que ce n'est pas une forme d'attaque, elle n'a jamais été conçue pour un combat direct, c'est pour ça qu'elle ne marche pas, personne ne l'utilise comme il faut.

Ce n'est qu'en l'apprenant conjointement avec le Sokan et en revenant aux origines pure de l'idée qui l'a vu naître que l'on commence à entrevoir sa vraie nature. Une forme conçue pour être le total opposé du Soresu, une forme pour finir un combat le plus rapidement possible et quelle meilleure manière de faire ça que de le conclure avant même qu'il ne commence, avant même que la cible ne sache qu'il va y avoir un combat. Une forme conçue pour libérer toute sa puissance en un seul coup décisif. Le véritable Ataru était la Forme de l’Assassinat. Seules les Ombres connaissent sa vraie nature, et seules les Ombres le pratique ainsi. Je t'avais dit que j'étais une Ombre autrefois ?

L'autre tas de ferraille avait raison en disant que j'étais l'un des meilleurs, et je ne lui pas vraiment menti en lui expliquant pourquoi j'avais arrêté, j'ai juste omis quelques détails. Par exemple, qu'après avoir zigouillé un énième jedi noir, et jeter un ante-pénultième artefact sith dans je ne sais plus quelle étoile, faut que j’arrête de jeter des trucs dans des étoiles moi, je suis parvenu à la réalisation suivante, que les Hutts n'étaient pas des siths, que les cartels criminels n'étaient pas des siths, que les politiciens n'étaient pas des siths, enfin pas tous. Et pourtant, ils avaient brisé plus de vie que tous les serviteurs du côté obscur de l'histoire réunis. L'inutilité de ma propre existence, son hypocrisie, me frappa avec une telle force qu'il m'était impossible de continuer, alors j'ai détruit mon sabre, le symbole de ce que j'étais, la moitié du moins, et je suis devenu celui que vous connaissez. »


La pièce n'avait pas changé malgré le passage des années, elle était telle qu'il l'avait laissée, si quelqu'un d'autre était venu, il était très doué pour effacer ces traces. Le coffre était là, il l'attendait, bien sûr qu'il l'attendait, avait-il jamais cessé d'être ce qu'il avait toujours été ?

« A'phora m'a sauvé. Qu'un être comme moi puisse éprouver des sentiments comme ceux-là, il y avait une chance sur un million, sur un milliard. Ça m'a montré à quel point j'étais vide à l'intérieur. Jusqu'à Kirtania je n'étais rien de plus qu'une machine, m'exécutant mécaniquement, pratiquement écrasé par la sensation grandissante que ma quête ne menait nulle part, que je n'étais qu'une poussière tentant d'interrompre la marche des étoiles. Elle m'a rappelé ce que c'était de se battre pour quelque chose, d'avoir quelqu'un protéger, quelqu'un à qui on voulait léguer un monde meilleur.  

C'est ce qui manque aux autres jedis, la Force, le Bien, ces concepts peuvent être si froids, si distants, ils manquent de corps, de sens, d'attachement pourrait-on dire. Ou alors je suis juste un très mauvais jedi. »


« Tu ne survivras pas si tu n'utilises que la moitié de ton pouvoir, tu n'aurais pas été blessé ainsi si tu n'avais pas utilisé que la moitié de ton pouvoir. Elle a perdu connaissance tu sais, tu n'es plus obligé de te retenir... ou de faire semblant. »

La lame s'inversa dans sa main, à chaque mouvement qu'il fit, une vie s’éteignit.

« Ah, Unus, la reine des toqués. J'en ai rencontré, des siths qui en tenaient une bonne couche, mais elle, elle est largement dans mon top 3, elle ne bat pas ce type avec le fromage cela dit, mais personne ne peut battre ce que ce type faisait avec son fromage, personne. Tu t'es demandé ce qu'il s'était passé après que tu sois tombé dans les pommes et je t'ai répondu. Je ne t'ai pas menti, mais il se peut que j'ai omis quelques détails, comme le fait qu'avant qu'elle parte nous avons eu une petite conversation. Et tu le sais mieux que moi, petit bouton, une fois qu'ils sont entrés dans votre tête, ses mots ne partent jamais vraiment.  

Ces mots, à propos de l'Ordre, de ce qu'il était, de ce qu'il pourrait être, de ce qu'il devait être, ils étaient d'une telle justesse, et ils sortaient de la bouche de l'une des siths les plus dépravées qui soient. L'ironie de la situation, elle a bien failli me briser, failli seulement. Il était évident qu'elle disait ça pour me mettre dans sa poche, je ne suis pas née de la dernière pluie, mais ce qu'elle disait corrélait ma propre expérience.

Tu ne sais pas ce que pas c'est, petit bouton, que de l'affronter dans un vrai combat, quand elle arrête de jouer avec toi et passe en mode meurtre. C'était comme si mon cerveau voulait se barrer en courant et que mes mains étaient plus qu'heureuse de l'y aider. Ces blessures que j'ai reçues, tu penses vraiment que ce sac d'os et son poisson bodybuilder aurait pu me les infliger ? Eh bien en partie, mais seulement parce qu'une partie de moi était devenue leur complice. Sans l'amour que j'avais pour ta mère, sans la force qu'il me donnait, je n'aurais jamais survécu et cette force, elle n'avait rien d'obscur, c'était la lumière à l'état pur. Ils avaient tort, sur ça et tellement d'autre chose.

Alors nous avons parlé, et nous avons convenu d'un... pacte. L'objet de ce dernier ? Toi bien sûr. Tu es la clé de voûte de ses délires manichéens, elle voulait voir en toi la même lumière qu'elle voyait en moi, elle voulait que tous les jedis soient comme nous avec toi comme porte-drapeau.

Les conditions étaient cryptiques au mieux, même si je finis bien plus tard par les comprendre. Elle te laissait tranquille et en échange tout ce que j'avais à faire c'était d'être ton Maître, ce que j'avais déjà prévu de faire depuis que je t'avais recruté, et de te former pour que tu deviennes une jedi à mon image. Je n'ai pas eu à forcer, ta simple rencontre avec la sorcière et mon sauvetage d'entre ses griffes ont largement fait le travail pour te convaincre de suivre ce chemin, exactement comme elle l'avait prévu.

C'est ça qu'il faut que tu comprennes, c'est que toutes nos aventures ensembles, M.U, Lorrd, c'était elle qui tirait les ficelles, elle, qui plaçait ces obstacles devant nous dans le but que l'expérience qui en résulte te fasse grandir de la façon dont elle le désire, et ça a marché... ça a marché. Et si ça avait marché, alors c'est que le reste était possible.  

Je sais parfaitement qu'elle ne m'a pas révélé toute l'étendue de ses plans, et qu'ils doivent être assurément abominables. Mais j'ai une chance de changer l'Ordre pour le meilleur, d'en finir avec cette ironie et cette hypocrisie qui me torture depuis des lustres, et je me dois de la saisir. »


Le coffre était rempli de vieux souvenirs, des souvenirs avec lesquels il allait de nouveau faire corps. D'abord la cape, suffisamment grande pour envelopper tout son corps, suffisamment noir pour ne faire qu'une avec l'obscurité, puis le masque de la même teinte, symbole de l'abandon d'une identité individuelle au profit d'une cause plus grande, le symbole de Maître de sa branche. Enfin le sabre, double, parce que c'était classe.

« Ah, notre Ordre, notre très cher Ordre. Comme les siths lui sont pratiques, dès qu'ils apparaissent il peut crier comme un seule homme au combat final pour le salut de tous les peuples et tout le monde oublie que juste avant on commençait à se rendre compte qu'ils léchaient un peu trop les pompes de la république Et quand on commencera à se demander si nous ne sommes pas finalement si différents de nos ennemis jurés, comme par hasard nous les vaincrons à ce moment précis, et ainsi débutera une nouvelle ère de paix et blablabla.

Prenons Darth Noctis, boucher, sociopathe, le sith classique, le type gueule d'ange. Les ombres ont un joli rapport sur lui, quand il s'appelait encore Absalom Thorn il était plus connu pour s'enfiler tous les padawans qui passaient, un jour, un jedi le surprit en pleine action, mais choisi de ne rien dire. Je me demande ce qu'il se serait passé si elle avait décidé de rapporter ça, je me demande aussi, parfois, si nous sommes totalement incompétents ou si nous le faisons exprès. Sais-tu pourquoi on entend rarement parler de transfuge du côté des siths ? Parce qu'il utilise la méthode éprouvée d'éliminer tous ceux qui sortent du rang. Les Jedis, de leur côté, non seulement refusent de voir les signes avant-coureurs, mais en plus se contentent d'ignorer le problème quand il se présente et ce jusqu'à ce qu'il soit impossible de l'ignorer, alors seulement daignent-ils intervenir. Et cela ne vaut pas que pour les siths.

Prenons un autre exemple, tout le concept de la ''Nouvelle République''. Disons, pour faire court, que la chose la plus gentille que j'ai à dire sur le chancelier Grendo S'orn est qu'il incarne le pinacle de la culture neimoidienne. Et que les Jedis feront face à cela ? Pas grand-chose avant que la flotte de la république ne vienne toquer aux portes d'Onderon.

Mais tout cela est terminé. Tu es chevalier à présent, petit bouton, je t'ai formé du mieux que j'ai pu, mais c'est à toi à présent de tracer ton propre chemin. J'ignore ce que la sorcière te réserve à l'avenir  , mais je suis sûr que ça ne sera pas plaisant et j'espère que tu arriveras à t'en sortir, et qui sait, parviendras-tu peut-être même à nous en débarrasser.

Quant à moi, ma mission et terminée et une autre commence, la phase deux du Plan si tu préfères. Je suis trop vieux et j'en ai trop vu et fait pour représenter le futur, mais cette vielle carcasse en a encore sous le pied pour faire ce qu'elle a toujours su faire de mieux : Nettoyer la ville.

Hein ? Pourquoi je te dis tout ça au risque de te briser le cœur ? Oh, petit bouton, je ne te dis rien du tout, je ne fais que me parler à moi-même pour me convaincre que je ne suis pas devenu complètement fou. »


Ce sabre il l'avait tué, mais parfois la mort peut faire demi-tour. Pour le ramener à la vie il lui suffisait de lui adjoindre un nouveau cœur, un dont la provenance était des plus surprenante. Un trophée conservé d'un ennemi déchu.

« Tu l'as tué, tu le gardes, vois ça comme un petit souvenir de notre... arrangement. »

D'abord la première lame, plus vieille que le temps, dont l'éclat doré faisait partie de lui, puis, une chose qu'il n'avait plus faite depuis des années, il pressa le second activateur et la deuxième lame jaillit, aussi ancienne que l'autre mais ressuscitée sous une forme nouvelle, baignant la pièce d'une lueur cramoisie.  

« Le problème quand on s'affronte soi-même, c'est qu'on n'est jamais sûr de qui a gagné à la fin. »

Fin

Question HRP : Comment avez-vous connu le forum ? : Via Zerath Ular'Iim, c'était l'admin sur un autre forum rpg il y a quelques années de cela, on a repris contact via skype et de fil en aiguille il m'a appris l'existence de ce site où il Rpais actuellement.
Luke Kayan
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Bonsoir;

oufff, j'ai fini après un looong moment de lecture! Du coup tout est OK et je valide! Bon jeu.
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