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Si je vous dis que je suis une prostituée, vous vous imaginerez sûrement que j’occupe mes nuits à jouer les stripteaseuses sur le dancefloor, à arrondir mes fins de mois en ouvrant les cuisses à un holoporno minable, à fréquenter les pires crapules de toute la Galaxie, à pomper le fric de magnats véreux, à courir mille et un dangers – violences physiques, maladies vénériennes, tendances alcooliques, vertigineux bad trips… Bon, vos fantasmes colleront avec – allez, mettons… – 6% de la réalité. Si je retire les 4% consacrés à l’hygiène corporelle et aux contrôles médicaux, savez-vous à quoi ressemblent les 90% restants ? Aucune suggestion ? Oh, c’est très simple, pourtant : il ne se passe strictement rien. 90% d’attente, à patienter poliment dans ces bars crasseux, à scruter l’arrivée de nouveaux clients, à penser que le prochain sera le bon et à finalement constater qu’eh bien, non, ce ne sera pas non plus celui-là. Disons-le : 90% à sacrément se faire chier.

En règle générale, je comble cette oisiveté en m’adonnant à mon loisir préféré après le sexe, l’alcool, la drogue et la corruption des honnêtes gens : observer le monde qui m’entoure. Je suis fascinée par le grouillement de la vie urbaine, les bribes de conversation qui fusent çà et là, les allées et venues d’anonymes dont je ne sais rien et ne saurai probablement jamais rien. Il m’arrive de me perdre dans mes pensées, de m’imaginer leur existence. Par exemple, ce Rodien, là-bas… Je vois à son tatouage qu’il appartient au gang du Kenjiik, mais comment en est-il arrivé à travailler pour ces malfrats ? Quelle histoire se cache derrière ses allures de vauriens ? Et ce jeune homme aux boucles blondes qui me dévisage de ses yeux ahuris ? Que vient faire un visage si angélique dans ce bar crapuleux ?

Allez ! Santé ! Santé à tous ces visages inconnus et bigarrés qui peuplent ma vie ! Ah merde, mon verre est vide…

«Moktarr ! Un autre s’il-te-plaît.»

L’imposant Besalisk qui sert de patron au Diamant Vert détourne son énorme faciès vers moi et hausse la moitié gauche de son monosourcil.

«Wow ! Calmos, la louloute ! Tu t’en d’jà enfilé combien, là ? Quatre ? Cinq ?»

«Sept. Enfin, je crois.»

«Raaaah… Kaa’lia… Comment est-ce que tu veux que j’rentabilise ta chambre si t’es pas foutue d’tenir debout pour enfourcher tes clients ?»

«Ne t’inquièterais-tu pas plutôt pour ma santé, mon gros ?»

«Humph… Bon, d’accord, t’as gagné, mais c’est l’dernier, ok ?»

Moktarr Mac Cload… Si ce bonhomme a toujours besoin de jouer les gros bras, derrière ses allures de brute épaisse se cache l’âme la plus tendre que j’aie jamais connue. Un ancien soldat républicain qui s’est reconverti en corsaire… avant que le capitaine de son équipage ne le lâche. Un truc en rapport avec le carnage de Flydon Maxima. Sale histoire, je crois. Depuis, il a repris la tête du Diamant Vert, laissé en friche après l’assassinat de son ancien patron. Quand j’entends les histoires qui courent dans les bas-fonds de Coruscant, je m’estime heureuse de travailler pour lui.

«V’là pour toi, ma belle, mais pas d’connerie, hein ? Pas envie qu’tes histoires d’bibine me r’tombent sur la gueule, moi !»

«Si tu veux mon avis, mon chou, d’autres problèmes bien plus graves t’attendent.»

«Humph ! Tu m’parles de cet enfoiré d’Rodien, c’est ça ?»

«Tout juste. Depuis quand le Diamant Vert accueille-t-il des gars du Kenjiik ?»

«Tant qu’y m’font pas chier, j’m’en tamponne le coquillard.»

«Tu sais bien que ce ne sera pas aussi simple… L’un de mes réguliers a encore été tué la semaine dernière. Un coup de poignard en pleine nuque. Et il appartenait aux Balafrés, évidemment. Les Kenjiik gagnent du terrain, Moktarr. Tôt ou tard, ils poseront un détonateur thermique bien rond sur ce bar et te demanderont gentiment si tu acceptes de les payer pour la… "protection" qu’ils t’offriront. Quelle sera ta stratégie ?»

Le Besalisk soulève sa chemise crasseuse. Apparaît alors un gros blaster, directement plongé dans son froc mal lavé (porte-t-il au moins au calbut ? euh… en fait, non, je ne préfère pas savoir…).

«Oui, bien sûr. Et ensuite ? Je vais te le dire, moi : ensuite, ils t’arracheront tes vingt-quatre doigts un à un, ils les donneront aux charognards, et tu devras te payer les mains d’une autre pour pouvoir te branler.»

Toujours adapter le ton de propos à son interlocuteur : telle est ma devise. Vu la nature de Moktarr, c’est le seul langage qu’il peut entendre.

«Bah, tu m’prêteras les tiennes, ahah !»

«Dans tes rêves, gros lard. Tu connais le dicton ? Don’t fuck where you eat, or shit where you fuck : it’s bad for business.»

«C’est surtout que j’mets mes crédits d’côté pour m’racheter un vaisseau, en vrai. Mais t’en fais pas, ma louloute. J’suis un survivant, moi ! Flydon Maxima, par exemple. Tu t’souviens de ce souk ? Eh ben, j’y étais ! Et j’en ai réchappé ! Et j’ai botté l’cul de ces enfoirés d’Balafrés, l’jour où ils m’ont offert leur putain d’protection d’mes deux ! Alors, le Kenjiik ? J’en fais mon affaire.»

«A la différence qu’ils gagnent du terrain. Et méchamment. Ils ne seront pas aussi faciles à repousser, eux.»

«Hey ! C’est politicienne que t’aurais dû faire, comme métier, toi ! Pas puterelle !»

Comment est-ce que… ? Hum, mieux vaut ne pas répondre. N’empêche, ce Moktarr me surprendra toujours. La pertinence de ses intuitions… Cette Galaxie a beau pulluler de toutes les créatures possibles et imaginables, on n’en fera jamais deux comme lui.

«Parlant d’politicards, les donzelles m’ont dit qu’t’avais fait monter l’niveau d’tes clients, récemment… C’est vrai, ça ? Ou c’est juste qu’elles sont jalouses, ou je sais pas quoi ?»

«Désolée, mon gros, mais quand on parle du loup, on en voit la queue.»

Un énorme rire s’éructe de la bouche du Besalisk. Il m’adresse un clin d’œil entendu et se retire, balourd et gauche, dans l’arrière-salle de la cantina. C’est sa manière bien à lui de se montrer poli.

Cette blague idiote n’est qu’une propédeutique à la suite des opérations – des préliminaires, devrais-je plutôt dire. Voilà que le joli blondinet s’approche d’un pas hésitant. Je me cambre sur mon tabouret, vérifie en vitesse que mon soutif doré, mes lanières de perles et mes divers bracelets sont bien en place, brandit une paille sur le comptoir, sirote un petit coup et me tourne vers le nouveau venu d’un air enjôleur :

«Salut toi. C’est 100 crédits pour une demi-heure, 140 pour une heure. Mais si tu veux qu’on passe plus de temps ensemble, on peut négocier.»


Spoiler:

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Luke Kayan
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Finalement la Force devait vraiment être vivante. Et très facétieuse. Pour la deuxième fois, Luke se retrouvait confronté au monde de la prostitution, plongé dedans jusqu'à ses mèches blondes. Il n'avait pourtant pas le profil type de l'homme qui recourait aux services de personnes aux moeurs légères, mais la police avait dû juger que cela pousserait les concernées à baisser la garde. Ou alors, ils n'avaient aucun agent un tant soit peu formé sous la main. Les charges, la crise, l'augmentation de la délinquance étiraient les effectifs d'un Commissariat un peu trop à l'aise pour contacter l'Ordre à tout va songeait Luke.

Alors qu'il rôdait du côté du Campus, suite à l'affaire de l'Odyssée Humaine, un groupe prônant la supériorité de ladite race, le Jedi avait été contacté à propos de la disparition suspecte de Karen, une étudiante en droit civile de 26 ans. La Twi''Lek à la peau de miel avait été attirée, selon les dires de certains informateurs, par l'argent facile qu'offrait la prostitution de luxe. Elle s'y était lancée, aurait peut-être plongé dans la drogue -ce qui expliquait que malgré ses revenus confortables, la jeune femme n'arrivait pas à ses fins de mois.- et aurait emprunté de l'argent aux mauvaises personnes. Le commissaire se demandait si la Twi''Lek, manquant de motivation pour rembourser, n'avait pas été prise en tant que source de revenus direct par un des Gangs qui adorait jouer les Banquiers, prêtant de l'argent avant d'en réclamer le double. Jeux d'intérêts et inflation.

En somme, l'histoire n'avait pas grand chose à voir avec l'Ordre, mais Luke connaissait bien l'université après y avoir été étudiant en criminologie quelques mois. L'affaire de l'Odyssée avec Karm avait renforcé le lien, et il avait une couverture parfaite, toute préparée. Sa carte d'étudiant l'attendait à son arrivée à la résidence où le Jedi avait retrouvé la chambre prêtée quelques semaines avant. La jeune inspectrice en charge de l'enquête sur l'Odyssée s'était si bien débrouillée qu'elle avait réussi à dédouaner les deux Chevaliers infiltrés. Luke ou plutôt Calisto n'était qu'un étudiant pris dans la tourmente d'une affaire sensationnelle entourée d'un voile de curiosité malsaine.

À nouveau engagé donc, que ce soit pour retrouver une victime ou une "complice" éventuelle et si possible en profiter pour porter un coup au Gang qui l'avait soit, enlevée, soit accueillie, le Chevalier regrettait sirotait un genre de Coktail au cassis. Le commissariat l'avait bien eu aussi. On lui avait parlé de prostituées après l'avoir fait signé. Il se vengerait! Mais pour l'heure, mieux valait être attentif. Il attendit une période de creux pour se diriger vers le bar où le tenancier discutait avec une de ses filles. Luke ignorait si c'était une ancienne -ce qu'il préférait- ou une petite nouvelle mais du peu de mots sortis de ses lèvres, il avait déduit qu'elle semblait, au moins, à l'aise. Peut-être la femme dont il avait besoin. Quelques mots échangés avec son voisin sur un air faussement taquin avaient confirmé son choix. Une Twi''Lek serait peut-être davantage touchée par le sort d'une de ses congénères.

L'assurance de la fille de joie manqua de faire tressaillir le jeune Jedi qui ne put s'empêcher de rougir. Heureusement, son personnage n'était pas sensé être un gros dur, habitué des bars de ce genre. Il n'aurait jamais pu tenir ce rôle, même en y mettant toute son âme d'acteur. Au contraire, c'était un fils à papa, un étudiant modèle qui avait choisi de s'encanailler sans trop savoir comment faire qui faisait face à la belle femme.

- Bonjour. Hum. C'est cher, qu'est-ce qui m'assure que vous en valez le prix?

Demanda-t-il d'un ton qui se voulait au moins à moitié sûr. Celui du jeunot qui veut se persuader avant tout qu'il maîtrise une petite partie de la situation. Pas bien dangereux et certainement pas violent dans la chambre. D'un air plus doux, légèrement maladroit il enchaîna sur sa requête.

- Écoutez, je cherche une... Fille!-C'était un bon début...- qui connaît bien tout ça. Enfin, je ne suis pas trop... Euh. Habitué.

Le masque du pauvre étudiant était rapidement tombé. Il avouait tout de go ne pas être un professionnel de la chose, avoir de l'argent -puisqu'au lieu de continuer sur la négociation, il exposait ses conditions, celles particulières et charmantes du parfait pigeon.- Pour un peu on pouvait le croire puceau désespéré qui cherchait comment rompre cette chasteté involontaire. C'était plus ou moins l'effet que souhaitait donner Luke, en tout cas convaincre la femme qu'il n'y avait aucun danger à monter avec lui, aucune raison de mettre des barrières, censurer ses dires. Et surtout, surtout, attirer une fine connaisseuse des lieux, parce que cette dernière devrait répondre à des critères relativement spéciaux une fois là-haut. Des critères que le jeune homme ne pouvait exposer ici.

- O-oui, si ça se passe bien, il serait souhaitable d'allonger la collaboration.

Il n'avait pas envie, le petit étudiant, de renoncer à ce nouveau plaisir de chair, entamé seulement en fantasme. Ni de prendre le risque de voler de fleurs en fleurs. Il serait un client fidèle, peut-être de ceux qui engagent une prostituée sur plusieurs jours afin de jouer les petites amies? Un gamin bizarre prometteur d'aventures un peu étranges mais amusantes. Rien chez Luke ne laissait entrevoir le danger, et son handicap achevait de tuer les éventuels doutes.

- Pour le fait d'être une habituée, c'est que j'aimerais une personne flexible, qui a appris à s'adapter... à tous types de besoins. À cause des miens. Particuliers.

Et il tira de son sac une canne blanche pliée, reconnaissable d'un seul coup d'oeil par la majeure partie de la population. Une canne d'aveugle. Du pain béni pour une prostituée du moment qu'elle se comportait bien avec ce jeunot aux traits angéliques dont on se disait sûrement que la timidité condamnait au célibat. Ou le handicap. Ou autre chose, d'incongru, de bizarre mais certainement pas de dangereux.
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En voyant la canne et en entendant l’expression «Besoins… particuliers», la première pensée qui vint à mon esprit pervers et perverti fut de croire que… enfin bref, laissons ça de côté – pour le moment, tout au moins – et parlons plutôt de ma deuxième pensée. Bon sang, quelle conne ! me suis-je dit. Ses yeux… Ils ne me regardaient pas d’un œil naïf. Ils ne me regardaient pas du tout, en fait ! Okay, Moktarr avait peut-être raison au sujet de la bibine, finalement. Mes sens n’ont plus l’air très affutés. Heureusement que je ne me suis pas droguée hier soir. Mais place à la troisième pensée, celle de l’instant présent… Un aveugle, hein ? Bah, pourquoi pas, après tout ? Ça peut être marrant, non ? Neuf ans d’expérience et, pour une raison ou pour une autre (ou pour aucune raison du tout, si l’on en juge par l’absurdité de cet univers), l’occasion ne s’est jamais présentée.

Un bémol, cependant. Moi qui aime être regardée pendant l’acte, dévisagée, admirée… Il va falloir ranger mon narcissisme dans ma poche… ou concevoir d’autres artifices pour lui donner entière satisfaction. Plutôt intéressant, ma foi. Le défi mérite d’être relevé.

«Ne t’en fais pas pour tes crédits, mon grand. Il existe des manières bien moins charmantes de voir sa bourse se vider.»

Je crois que, malgré ma propre cécité, je ne me suis pas trompée sur un point : sa naïveté. Ses joues empourprées me le confirment. A-t-il seulement saisi mon jeu de mot ? Que connaît-il lui-même des «filles qui connaissent bien tout ça», pour reprendre ses termes ? Que connaît-il des filles tout court, en fait ? Je mettrais mes lekkus à couper que ce joli blondinet est aussi puceau qu’un enfant sorti du ventre de sa mère. Mais inutile de spéculer en vain : je ne vais pas tarder à le savoir.

Hop ! Je le prends par la main et l’attire vers la porte du fond.

«Avant de prolonger notre "collaboration", tâchons d’abord d’allonger autre chose, tu ne crois pas ?»

Hum… J’y vais peut-être un peu trop violemment, sur ce coup-là. Mais c’est plus fort que moi, ça : dès que je vois une cible à corrompre, eh bien voilà ! il faut que je lui saute dessus – métaphoriquement, mais pas que… Cette manie finira tôt ou tard par me jouer des tours. Allez, corrigeons le tir :

«… A commencer par allonger ton joli corps dans mon lit bien chaud, bien sûr. Je ne pensais pas à mal.»

Dommage que mon jeunot ne puisse pas voir l’escalier kitschissime que Moktarr a eu le bon goût de retaper avec les derniers bénéfices du bar. Devant deux colonnes dorées, se dandinent une paire de jeunes femmes holographiques en toute petite tenue. Si vous levez les yeux, au-dessus d’une corniche couverte de paillettes, frétille le dessein d’une Twi’lek de profil (vous la reconnaissez ? oui, oui ! c’est moi qui ai prêté mon corps aux programmateurs pour la modélisation). Nous traversons de longs rideaux rouges, escaladons quelques marches où scintillent des néons bleuâtres sous une moquette violette. Sentant qu’une soudaine poussée d’épilepsie s’empare de mes muscles, j’en viendrais presque à me dire que mon bel aveugle est un sacré veinard, finalement…

La chambre qui me sert de chez-moi quand je n’y travaille pas a une bien piètre allure, en comparaison avec cette ascension rococo : quatre murs de métal, de vagues holo-portraits où se dandinent des filles nues aux postures improbables, un lit dont la rusticité reste tant bien que mal camouflée par des draperies fuchsia, une porte coulissante, grand ouverte, qui donne sur une salle de bain miteuse (être hygiénique, c’est chic !) ; pour toute lumière, des néons grésillant et une vitre teintée qui offre une vue plongeante sur les ruelles fumantes des bas-fonds de Coruscant. Il m’arrive tantôt de rêver à mieux, de m’imaginer drapée de luxe, et tantôt de me complaire de cette misère, de lui trouver une indicible beauté. Ce contraste que fait naître le minois angélique de mon client dans cette chambrette hantée par des nuits de débauche… sa seule présence la sublimerait presque.

J’installe mon blondinet sur le bord du lit et viens me placer derrière lui, jambes et petons déposés sur ses cuisses. Mes doigts partent se balader sur les veines de son cou, que je sens battre à pleines saccades. Vu l’état de stress que j’identifie en lui, mieux vaut ne pas attaquer les hostilités trop brusquement.

«Et si tu te détendais un peu, mon grand ?», lui susurrè-je dans l’oreille en prenant soin de lui en mordiller gentiment le lobe. «Tu pourrais commencer par me donner ton nom, si tu en as envie. Qu’en dis-tu ? A moins que tu ne préfères l’anonymat… Moi, c’est Kaa’lia.»

Il est rare que je demande à un client comment il s’appelle. En règle générale, je ne réserve ce luxe qu’aux plus paumés, à ceux dont la cause semble tellement désespérée que toutes les ressources deviennent bonnes à prendre, pour créer un semblant d’intimité. Si j’avais un cœur, là-dedans, le pauvret me ferait presque pitié. Mais voilà. Je n’ai pas de cœur. C’est comme ça. Pour parler franchement, sa gêne excite dans mes tripes un plaisir jouissif. S’il se montre incapable de m’en donner physiquement, je n’aurai au moins pas perdu mon temps sur un plan cérébral.

Mes mains lui descendent dans le dos et commencent à calmement lui masser les omoplates. Je reste attentive à ses moindres soupirs : la respiration peut en dire tellement sur un partenaire… une tension qui monte, impétueuse, ou qui descend lentement… un alanguissement graduel… un orgasme sur le point de détoner… tout est là, minutieusement signifié dans de si petits souffles… Le véritable secret de mon métier consiste à leur tendre l’oreille, à écouter tout ce qu’ils ont à nous dire.

«Sinon, as-tu d’autres besoins particuliers, mon joli ? Quels désirs un ange aussi charmant peut bien vouloir assouvir dans ce merveilleux endroit qu’est le Diamant Vert ?»
Luke Kayan
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[HJ: Désolée du retard, beaucoup de travail et un épuisement général assez inattendus.]

Loin de se démonter, la prostituée ignora la remise en cause subtile du prix par son potentiel client. L'incidence des crédits était moindre pour Luke qui disposait d'un certain budget alloué par le service d'infiltration de Coruscant, sans compter qu'il ignorait évidemment la moyenne des prix. Il laissa donc filer le sujet, tout en gardant dans un recoin de sa tête le coût, pas question que la dénommée Kaa'Lia ne profite et vide les poches du contribuable non plus. Surtout que ses nuits - si elle avait des informations intéressantes, se montrait collaborative et cohérente dans ses apports, il y en aurait plusieurs, sans doute.- allaient s'apparenter à des congés, du moins selon les critères de la profession. Luke n'était en effet pas là pour prendre du bon temps, sinon pour sauver une Twi''Lek étudiante de son état, arrachée à sa vie pour en procurer -du bon temps.- à toutes sortes d'hommes voire de femmes que payer pour faire l'amour ne rebutait pas. Le blond n'avait jamais saisi ce concept d'ailleurs. Outre le fait que la personne entre les draps était inconnue, le fait qu'elle feigne tout type d'affection lui couperait toute envie, s'il avait pu en éprouver pour une femme.

Amené tambour battant, le Jedi dut se concentrer afin de ne pas chuter dans les escaliers. Il lui semblait avoir perdu son cœur en route, et que ce dernier frappait à toutes les chambres, le cherchant encore, lorsqu'ils arrivèrent. Un joli rouge pivoine envahit ses pommettes tandis qu'il se maudissait de ne pas réussir à poser un mot. Dangereusement, la Twi''Lek s'était déjà placée dans une position suggestive que Luke n'aurait jamais osé adopter avec Karm. Il sentait sa poitrine généreuse pointer derrière sa chemise qu'il regrettait d'avoir enfilé plutôt qu'une autre plus épaisse. Seul réflexe d'un Chevalier sur-entraîné, effectuer un geste de la tête léger mais vif pour dégager gentiment les doigts qui se promenaient sur son cou. Minable.

- Hum... Calisto.

Malgré lui, le faux étudiant avait la gorge sèche. Si la tension redescendait doucement, lui rappelant son "anormalité", la rapidité de l'action avait eu son petit effet. Quelques secondes s’égrainèrent avant qu'il ne retrouve respiration et contrôle. Cette fois, il se saisit -non sans rougir encore une fois.- des jambes qui ceignaient sa taille pour chercher à les décroiser et chercher à se relever. Il essayait de procéder avec fermeté mais douceur afin de montrer sa détermination. Cette infiltration allait se révéler un peu plus difficile que prévu car Luke ne songeait pas avoir affaire à une prostituée si sûre que Kaa'Lia. Il pensait plutôt au profil d'une jeunette qui avait atterri dans le milieu par désespoir et qu'une nuit de repos enchanterait. Comment être certain d'obtenir l'aide de cette Twi''Lek qui semblait tout avoir, baignant dans son milieu tel un Gungan dans sa flaque.

- Écoutez, pour être sincère, je ne suis pas venu pour... Hum. Une séance conventionnelle.

Il fouilla dans la poche intérieure de sa chemise crème croisée, un peu à la manière d'une tunique Jedi d'ailleurs. Habilement il passa ses doigts sur une rangée de cartes sagement rangées dans son portefeuille en cuir pour en ressortir une photo plastifiée. La matière différait assez pour qu'il la reconnaisse entre les quelques autres documents qui attestaient à merveille son rôle: sa carte d'étudiant en troisième année de criminologie, des bons de réduction dus à sa condition d'Universitaire, et donc, cette photo de Karen qui souriait avec un clin d'oeil comme elle le ferait à son amoureux.

- Je cherche Karen. C'est ma petite amie. Je suis très inquiet, elle ne répond plus à mes appels et ce depuis des jours. J'ai découvert qu'elle était... humpf, dans ce milieu.

- Il prit l'air le plus atterré possible, même si son handicap diluait l'expression, mais Kaa'lia ne lui en voudrait certainement pas. En plus d'être réellement inquiet pour une jeunette jetée dans les griffes des plus bas instincts de la faune Galactique, le Chevalier avait essayé de penser à l'annonce de la disparition de son maître, de Karm ou d'Eckthor. Il avait été entraîné à l'infiltration par les meilleurs du domaine à Coruscant, dans la limite de ses possibilités bien sûr, mais justement, le bureau d'infiltration comptait ingénieusement sur ces dites limites naturelles pour occulter d'éventuelles failles dues à un simulacre. Luke n'avait eu autant de petites amies que de mèches brunes dans sa chevelure dorée.-

- J'avoue avoir été très déçu, et surpris. Mais... Je l'aime! J'ai mené une petite enquête personnelle pour atterrir ici. Je ne sais pas trop si Karen travaillait exactement dans le Diamant Vert mais plusieurs personnes l'ont reconnue dans les alentours.

Il tendit la précieuse copie de ce bout de plastique qui ne signifiait rien pour lui, sinon la possibilité de donner à autrui une description qu'il n'aurait jamais pu aussi bien retranscrire via les mots, même en l'apprenant par coeur.

Sur le cliché adressé à sa communauté de suiveurs sur les réseaux sociaux, une jolie Twi''Lek à la peau jaune rehaussée par du maquillage verdâtre sur les lèvres souriait. Elle semblait plutôt sage, pas du genre à se prostituée même s'il flottait dans son regard une attitude séductrice indiscutable. De longs cils fins encadraient un regard noir si profond que la jeune femme semblait ne pas avoir de prunelles, tandis que de petites tâches de rousseur orangées allégeaient la sévérité d'un tel regard. Sa bouille ronde prouvant un amour certain pour la bonne chair contribuait aussi à adoucir une fille, qui plus que fatale, possédait un charme indéniable. Celui qu'il fallait chercher dans les traits d'un visage, plus loin que le premier regard qui la condamnait aussitôt en comparaison avec la sublime Kaa'lia. Karen possédait la beauté de l'harmonie sage, celle que l'on découvrait en s'attachant à bien regarder sa photo. Luke voguait entre les deux, abordant les déliés savamment découpés des plus beaux mannequins mais dont l'attitude gâchait toute occasion d'avoir l'air "fatalement séducteur". Ironiquement, Karen la fausse innocente et lui, le vrai ingénu formaient un joli couple.

- Si vous ne pouvez pas, ne voulez pas, autant arrêter tout de suite.

Dit-il avec le ton plus ferme de l'amoureux décidé à outrepasser ses limites pour sauver sa belle. Il n'était pas bien sûr que continuer sa collaboration avec une telle chipie était une excellente idée en vrai, cependant l'expérience visible de la femme pourrait l'aider, de même pour son talent incroyable pour s'adapter. En quelques minutes, le Chevalier avait pu voir comme elle se glissait dans le paysage, véritable anguille, caméléon à l'aise partout. Son aplomb pourrait le soutenir autant que perdre, mais Luke n'avait pas vraiment d'autres options, et il fallait bien commencer quelque part.

- Je payerai la... Ou les nuits comme convenu.

Acheva-t-il en un souffle avant de s'asseoir à nouveau sur le lit, l'air perdu. Une attitude pas tout à fait feinte d'ailleurs, quand il songeait au long chemin à parcourir, dans un monde qui lui était totalement étranger. aux côtés d'une femme non moins étrangères. Ici, ses valeurs de preux
(ou pas) Chevalier Jedi ne lui serviraient guère.
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Voyant les pommettes de mon blondinet s’empourprer davantage, sentant ses mains repousser gauchement les miennes, je décide de m’assagir quelque peu. Mieux vaut le laisser venir à moi. Pourtant, il s’agissait d’une bonne entrée en matière, non ? Manifestement, je n’avais pas estimé à sa juste mesure la profondeur qu’a touchée son balai dans le cul.

«Hum… Callisto.»

Joli nom, ma foi. En supposant, bien sûr, qu’il soit authentique – après tout, je ne m’appelle pas Kaa’lia, du moins pas sur mon holo-carte d’identité.

Bon… Le jeunot ne semble pas non plus vouloir de mes jambes. A ce rythme-là, je serai chanceuse si je parviens un jour à les écarter. Blessée dans ma fierté, je préfère conserver le silence et le laisser me dire ce qu’il veut vraiment.

« Écoutez, pour être sincère, je ne suis pas venu pour… Hum. Une séance conventionnelle.»

Oui, merci, j’avais compris. Et si tu arrêtais un peu de rougir et m’éclairais sur ces besoins particuliers dont tu m’as parlé au bar ? Je saurai m’adapter. Comme toujours. Tss-tss ! Mon garçon, si tu savais le nombre de clients qui m’ont déjà bassiné avec leurs désirs prétendument exceptionnels… Tout ça pour m’avouer, étincelle dans les yeux et bave sur les lèvres, qu’ils aiment recevoir la fessée ou être menottés aux barreaux du lit. Franchement… j’attends toujours la personne qui saura vraiment me surprendre.

Conservant le silence, je m’installe en tailleur sur mes draps fuchsia et adresse à mon minet un regard interrogateur. C’est alors qu’il farfouille dans sa poche et sort de son portefeuille la photo d’une Twi’lek que je ne prends pas le temps d’examiner. Mais qu’est-ce qu’il me veut, à la fin ? Une partenaire supplémentaire ? Bah… Je ne vois pas en quoi la séance ne serait pas conventionnelle. Je m’apprête à lui répondre froidement qu’un plan à trois m’obligera à augmenter considérablement mes tarifs, quand il me sort :

«Je cherche Karen. C'est ma petite amie. Je suis très inquiet, elle ne répond plus à mes appels et ce depuis des jours. J’ai découvert qu'elle était… humpf, dans ce milieu.»

Surprise, je fronce les sourcils et concentre mon attention sur la photo. Oui, je l’ai déjà rencontrée, cette fille. Il n’y a pas très longtemps, je crois… C’était à l’occasion de… Oh, shit !

«J’avoue avoir été très déçu, et surpris. Mais… Je l’aime ! J’ai mené une petite enquête personnelle pour atterrir ici. Je ne sais pas trop si Karen travaillait exactement dans le Diamant Vert mais plusieurs personnes l’ont reconnue dans les alentours.»

J’ai tellement l’habitude qu’on me mente – quand je ne mens pas à mon tour – que jen viens un instant à douter de sa sincérité. Okay, l’histoire est vraisemblable, les éléments peuvent coller, mais… cette petite enquête… il y a un truc qui cloche, là-dedans. Comment a-t-il traqué cette soi-disant petite amie ? Il ne serait pas un flic, à tout hasard ? Dans ce cas, les autorités ne vont tout de même pas balancer un aveugle dans la fosse, si ? A moins que sa cécité ne soit qu’une couverture… Bonne stratégie, en soi : se camoufler sous des lentilles, jouer les jeunes handicapés, paraître bien inoffensif comme il faut Je délire peut-être, mais ça expliquerait pourquoi, depuis le début, j’ai l’impression qu’il me regarde pour de vrai.

«Si vous ne pouvez pas, ne voulez pas, autant arrêter tout de suite.»

Circonspecte, je réfléchis quelques instants. Je n’ai pas spécialement envie de baigner avec la flicaille, moi. Imaginez qu’ils fouinent dans mon propre passé : que m’arriverait-il alors ? En même temps, je voulais une histoire originale, non ? Pour le coup, je suis servie… A plus forte raison si ce jeunot est réellement l’amoureux de notre petite dévergondée.

«Je payerai la… Ou les nuits comme convenu.»

Ah… Voilà qui change la donne, ma foi… Pourquoi ne pas avoir avancé cet argument plus tôt ?

«Oh, vous savez, moi, tant que je reçois mon salaire…», dis-je d’un ton blasé, tout en décidant de repasser au vouvoiement pour réinstaurer une relation – disons… – "professionnelle" – non qu’elle ne l’ait été jusque-là, à bon entendeur.

Je lui prends la photo des mains et la dévisage quelques instants.

«Oui, je connais votre… amoureuse. Pas sous le nom de Karen, bien sûr. Elle se fait appeler Tsan Aola. Je ne sais pas si vous maîtrisez le Ryl, mais ça veut dire fleur jaune en basic. Bon, je ne l’ai rencontrée qu’une fois, il y a deux semaines, mais… comment dire ?»

Ou plutôt : que lui dire ?

Ça s’est passé au Kenjiik Club. Ce soir-là, le gang organisait une festivité pour passer je ne sais quel accord avec un gros cartel de drogue. Sur ce genre d’affaire, moins j’en sais, mieux je me porte : on n’est jamais trop prudent. Ceci dit, j’avais beau faire la sourde oreille, j’ai vite compris que le gang s’était lancé dans des négociations avec des Twi’leks de Ryloth pour optimiser leur trafic de glyterill. Désireux de combler leurs interlocuteurs, les gars du Kenjiik avaient décidé de pimenter la soirée en leur mettant sous les yeux trois danseuses de leur propre espèce. Malheureusement pour eux mais heureusement pour mon compte en banque, leurs employées n’en comptaient que deux qui puissent faire l’affaire. Le gang, qui connaît bien le Diamant Vert, songea aussitôt à mon humble personne. Il m’envoya des émissaires pour me demander de leur prêter mon corps sur le dancefloor. Une soirée, rien de plus, me dirent-ils. Et grassement payée, avec ça. Je n’ai jamais aimé traiter avec ces gens, mais ma propre consommation de glyterill m’avait coûté bonbon, et il me fallait à tout prix arrondir mes fins de mois. Après tout, ce n’était qu’une petite danse inoffensive.

C’est là que je fis la rencontre de Tsan Aola – ou Karen, si vous préférez. Contrairement à Ani que je connais de longue date, elle venait d’être engagée par le Kenjiik. Un joli visage tout rond, un air un peu gamin, de charmantes taches de rousseur… elle ne me laissa pas insensible, je l’avoue… surtout quand nous dûmes adopter des postures lesbiennes pour séduire ces Messieurs-les-mecs-patriarcalement-virils, et lorsque des mains avides déposèrent des jetons de casino dans son string, qu’elle plaça dans mon soutien-gorge… Je ne parle même pas du moment où mes doigts se glissèrent sur ses hanches arrondies et délacèrent langoureusement les ficelles de son…

Euh… Si le blondinet est vraiment son amoureux, il va falloir censurer. D’ailleurs, si c’est un flic, mieux vaut en faire autant : question légalité, on a vu mieux que ces histoires de narcotrafics.

«Votre Karen travaille pour le Kenjiik Club, à quelques quartiers d’ici. Nous avons déjà eu l’occasion de danser ensemble, une nuit. Cependant, je veux que vous sachiez dans quoi vous embarquez…»

Je me redresse sur le lit pour quitter ma langueur et prendre un air autoritaire.

«Le Kenjiik est un gang de plus en plus puissant dans cette partie de la ville. Ces gens-là ne sont pas des tendres, croyez-moi. Dans de telles conditions, je veux bien vous guider, mais…»

Allez ! Ma décision est prise.

«Mais nous avons tous les deux intérêt à avoir un excellent scénario, si vous voulez vraiment mettre les pieds là-bas. En ce qui me concerne, je peux vous servir d’escort-girl pour quelques nuits : les gars du gang me connaissent bien et tomberont facilement dans le panneau, je pense. Quant à vous… Dites-moi donc… Quelle raison pourrait vraisemblablement pousser un jeune homme aveugle à se rendre dans un club aussi mal famé ?»

Oh, toi, ma chère Kaa’lia, tu joues encore avec le feu… Mais bon, cette histoire te changera des mercenaires alcoolisés et de ta galère à dénicher des clients de la haute. Mouais… et au-delà de ça, avoue-le franchement : une jeune Twi’lek qui, sans raison, décide de se prostituer auprès des pires malfrats de la Galaxie… ça ne te rappelle rien ? Vraiment rien ? Ah… Décidément, ton narcissisme te perdra.
Luke Kayan
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[hj: réponse tapée de mémoire en partie. Du coup si quelque chose ne colle pas où ne te plais pas, n'hésite pas à me le dire. C'est aussi un peu court, désolée.]

Luke qui s'attendait à des difficultés majeures incluant au moins une augmentation des tarifs ne savait pas si s'inquiéter ou se réjouir de la soudaine coopération de Kaa'lia. Son cerveau hurlait méfiance alors que son coeur, soulagé de ne pas avoir à rejouer le petit numéro de l'amateur de prostitués, penchait pour le contentement ou même la gratitude. Il signa un merci au creux de la Force avant de se rappeler que la Twi''Lek n'y était pas sensible. Ah oui.

- Merci.

Un sourcil froncé, le jeune homme écouta le récit de la femme violette, surpris d'apprendre que Karen évoluait dans ce monde de paillettes et de jupes légères sous un nom typique de sa race. Elle avait été adoptée par un couple vieillissant d'humains qui n'avait pas pu procréer. Religieux, les nantis lui avaient offert une éducation stricte mais juste, perclus de principes. Luke qui avait reçu presque la même se demandait comment on pouvait autant dévier de la sorte, mais là n'était pas le problème. Fleur Jaune avait donc renoué avec ses origines, peut-être parce qu'elle se sentait décalée -si commune soit sa race dans la Galaxie.- ou par curiosité? Ça l'avait mené dans les pires recoins de la Galaxie en tout cas: un marché de corps féminins et masculins où elle était devenue, plus qu'une fleur, une pomme que les clients mordaient pour quelques crédits.

- Nous sommes ensemble... Étions? Je ne sais plus vraiment ce qui se passera suite... À ça. Bref, nous sommes ensemble depuis deux mois, donc je n'ai pas eu le temps d'apprendre le Ryl, et puis, Karen cachait qu'elle avait repris contact avec ses origines. Elle agissait plus comme l'humaine adoptée qu'elle est. - Quelque chose soufflait au Consulaire que la retrouver ne serait pas si simple. L'étudiante en droit avait une vie quelque peu tordue justement, remplie de mystères savamment cachés. Elle pourrait, à ce stade, appartenir à une secte que ça n'étonnerait pas le Hapien. Elle avait vraiment bien caché son jeu à ses proches.- Ceci dit elle pouvait aussi avoir cherché son pseudonyme sur Holonet.

- Alors Karen parle Ryl? Avez-vous discuté dans cette langue?

Si c'était le cas, la jeune femme avait réappris sa langue d'origine sans que sa famille ne le sachent. De prime abord ça ne semblait pas si important, mais en y réfléchissant bien: pourquoi agir de la sorte? Ce mensonge assez innocent mais plutôt encombrant- apprendre une langue était suffisamment difficile pour en plus devoir le faire en se cachant.- était la promesse d'autres, pires. Mais au lieu de laisser son esprit de détective en herbe dériver sur l'intégration de possibles groupes extrémistes, le Chevalier coupa court à tout type de pensée, se focalisant sur les mots de Kaa'lia, redevenue sérieuse.

- Oh vous savez. Le traumatisme d'un terrible accident de speeder entraînant la perte subite de la vue peut emmener à une dépression, qui pousse l'individu à chercher les couleurs dans la drogue. - Répondit le jeune homme après deux longues minutes de réflexion.-- Et si on veut éviter le registre de la victime fragilisée, saviez-vous que les aveugles aussi aiment s'amuser? Et certains sont... Hum. méchants. Le pouvoir, l'argent, tout ça. Ça les intéresse aussi.

L'un des chefs de gang de la zone nord de Coruscant était en fauteuil roulant après tout. Le groupe avait beau ne pas être très grand, il était actif et suffisamment respecté pour être connu. Calisto n'avait pas la tête de l'emploi, mais ça le rendait encore plus redoutable, du moins s'il avait vraiment l'intention de dominer le monde de la drogue et se faire une place au soleil.

- Est-ce que vous croyez qu'elle est partie de son propre gré avec eux? D'autres histoires similaires sont-elles arrivées?

Bien qu'il aurait préféré ne pas impliquer la prostituée, Luke se sentait étrangement à l'aise, comparé à tout à l'heure en tout cas, elle devenait presque une alliée, une collègue policière. Un zeste de prudence le forçait à la retenue, il choisissait ses mots avec soin, sans pour autant renoncer à exprimer ses doutes. C'était difficile, face à Kaa'lia de ne pas juste se laisser aller à ses réflexions à haute voix, espérer un appui. Elle avait le don du contact, mais Luke tâchait de rester professionnel, et cela résidait justement à ne pas trop l'être. De quoi se perdre!

- Si je dois être brieffé n'hésitez pas.

L'argent ne pouvait pas être l'unique raison. Il y avait forcément quelque chose qui expliquait que la prostituée risque sa réputation, pire, sa vie pour l'aider. Y avait-il un piège? Luke chassa l'idée de sa tête tout en sachant qu'elle reviendrait.
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Décidément, mon jeune blondinet est de plus en plus difficile à cerner. Bien que son histoire d’amour me laisse quelque peu sceptique, une petite voix me dit qu’il n’est pas de la police. Hum… Quelque chose ne colle pas, mais quoi ? Je n'ai qu'une certitude : j’en apprendrai probablement plus si je m’embarque dans cette aventure. Oui, j’avoue : ma curiosité naturelle me fournit d’excellentes raisons d’y plonger tête baissée. Enfin… excellentes n’est peut-être pas le meilleur terme.

«Alors Karen parle Ryl ? Avez-vous discuté dans cette langue ?»

«Koa. Go do ktan. Ça veut dire : Non. Je ne sais pas en Basic. Mais il existe une manière discrète de le vérifier…»

Ok, c’est condescendant de ma part, mais je n’ai pas pu résister à la tentation de lui montrer que moi, je la connais, cette langue.

J’ai beau avoir passé mon enfance et mon adolescence sur Aargau, entourée d’êtres humains, mon père nous obligeait à discuter en Ryl quand nous étions en famille. Il avait engagé un enseignant tout droit venu de Ryloth pour que je puisse parfaire ma diction, maîtriser la grammaire et contrôler toutes les subtilités de mes lekku. A part jouer les chauvins – ce que je ne fais jamais –, ce bilinguisme ne m’a jamais servi à rien, mais je continue de pratiquer dès que j’en ai l’occasion. On ne sait jamais… Comme quoi, j’ai bien fait : cette compétence pourrait s’avérer très utile, aujourd’hui.

«Vous savez probablement que nos lekku nous permettent de communiquer sans avoir besoin de prononcer un seul mot. Par exemple, en redressant le bout de mon lek droit, je pourrai dire bonjour à votre Karen et éventuellement établir le contact. Bien sûr, il faudra d’abord s’assurer qu’aucun autre Twi’lek n'est présent au Club. Sinon, on risque d’être démasqués. D’où l’importance de vous inventer une bonne raison de mettre les pieds là-bas.»

L’idée me semble d’autant plus palpitante qu’elle est vraiment dangereuse. Heureusement, mon jeunot semble avoir plus d’un tour dans son sac.

«Oh vous savez. Le traumatisme d’un terrible accident de speeder entraînant la perte subite de la vue peut emmener à une dépression, qui pousse l'individu à chercher les couleurs dans la drogue. Et si on veut éviter le registre de la victime fragilisée, saviez-vous que les aveugles aussi aiment s’amuser ? Et certains sont… Hum. méchants. Le pouvoir, l’argent, tout ça. Ça les intéresse aussi.»

N’importe quel enquêteur m’aurait vraisemblablement répondu de cette manière. Je serais infoutue de déterminer l’identité de mon blondinet, mais maintenant, j’en suis sure : sous ce visage angélique, se cache un esprit entraîné à des situations critiques. Je ne peux m’empêcher de ricaner :

«Eh-eh ! Cette Galaxie ne serait pas plongée dans cette guerre si nous pouvions réellement distinguer le bien du mal. Karen en est un exemple, j’imagine…»

Mon existence en est un autre, je crois. Mais je préfère passer cet aspect sous silence.

«Est-ce que vous croyez qu’elle est partie de son propre gré avec eux ? D’autres histoires similaires sont-elles arrivées ?»

Euh… A-t-il senti que ma destinée chaotique défilait à toute vitesse dans ma mémoire ? Circonspecte, je fronce les sourcils.

«J’en connais une autre, oui…», finis-je par avouer non sans hésitation. «L’une des travailleuses au Diamant Vert est issue d’une haute famille, de ce que je sais. Elle était destinée à une éminente carrière quand elle a décidé de tout plaquer, de sombrer dans la drogue et de pratiquer notre charmant métier. Pour quelle raison ? me demanderez-vous. Personne ne l’a jamais compris. Qui sait ce qui peut bien passer par la tête de quelqu’un, déterminer ce genre de choix ? Même si vous l’interrogiez sur ses motivations, peut-être qu’elle serait incapable de vous répondre.»

Et peut-être que j’en ai un peu trop dit. Mais c’est plus fort que moi : parler de soi à la troisième personne tout en se faisant passer pour quelqu’un d’autre… tellement jouissif ! Décidément, mon narcissisme me perdra.

«Et pourtant, croyez-moi, il est bien plus confortable de se pavaner dans les hautes tours de cette cité pourrie que de vendre son corps aux clients de bas-fonds.»

«Si je dois être brieffé n'hésitez pas.»

Je réfléchis quelques instants à notre petit scénario avant d’avoir une idée qui tienne la route :

«La salle principale du Kenjiik Club est composée d’une piste de danse circulaire. Tout autour, vous trouverez un casino.»

Est-il besoin de préciser que le dit casino est un lieu de paris illégaux où transitent des crédits non moins illégaux ? Par prudence, je préfère garder ce détail pour moi.

«La meilleure manière de se fondre dans la masse, c’est de vous rendre là-bas pour y perdre votre argent, accompagné de votre charmante escort-girl que vous avez recrutée au Diamant Vert. J’ai un client, la semaine dernière, qui m’a payé en jetons de casino. Je n’ai pas encore eu le temps de le reconvertir : si vous le souhaitez, je peux vous les échanger contre la modeste somme de deux cents crédits. Bon, en toute honnêteté, ils en valent cent quatre-vingt, mais ajoutez-en vingt pour le service rendu.»

Tout chiffre excessivement arrondi, s’entend. Ils en valent plutôt cent cinquante, mais mon partenaire n’a pas besoin de le savoir.

«C’est à prendre ou à laisser. Pendant que vous réfléchissez, je vais me changer. Je suis un peu trop dénudée pour une sortie de ce genre.»

Mon aveugle de jeunot ne verra pas de mal – au sens propre de l’expression – à ce que je me déshabille devant lui. Je quitte le lit et me dirige vers une penderie, encastrée dans l’un des quatre murs qui me servent de chambre. En ouvrant la porte coulissante, je réfléchis quelques instants à la tenue qui conviendra le mieux. Voyons un peu… Un truc pas trop chic, mais un peu moins licencieux que ce je porte actuellement… Ah, ça ! Parfait ! Un pantalon hyper moulant dont les paillettes violettes brillent de concert avec un push up tout aussi suggestif. Dans l’ambiance bleutée du Kenjiik Club, ces couleurs scintillantes sont les plus à même de mettre en valeur ma peau rose bonbon et mon bidou qui restera à l’air.

Sans plus attendre, je retire mes vêtements sous les yeux sans vie de mon blondinet, enfile un string, un soutif en dentelles et pose le reste sur le lit, prête à m’en orner. Tout en enlaçant mes lekku dans des bandes de cuir, je me tourne vers le jeunot, attentive à ses réactions… Mon plan et mon prix lui conviennent-ils ?

Spoiler:
Luke Kayan
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Après un temps de réflexion, Luke confirma qu'il connaissait l'objectif des lekkus. Outre avoir fermé un onglet publicitaire qui clamait "10 faits curieux hallucinants sur les Twi''Leks" sur son ordinateur, le Chevalier en avait discuté avec une collègue de cette race. Connue pour sa patience, elle n'avait pas douté à répéter, réexpliquer jusqu'à ce que le blond s'en aille avec une vague idée de ce langage silencieux. Hormis de vieux réflexes de voyant comme hocher la tête, voir lever la main pour saluer, le Jedi avait beaucoup de mal à imaginer deux personnes discuter sans parler. Le langage des sourds était un grand mystère pour lui, pareil pour le concept des mouvements d'oreilles, de queue ou de lekkus de certaines espèces. Pour essayer de comprendre l'idée, il devait faire appel à toute son empathie possible, cette fameuse capacité à se mettre à la place d'autrui.

- J'ai du mal à comprendre le concept, mais je sais qu'en se regardant certaines espèces, dont les Twi'Lek peuvent communiquer. Apparemment à travers des gestes aussi variés que subtils.

La meilleure façon pour la Chevalière de le faire entrer dans son monde avait encore été de joindre ses mains aux siennes. Elle avait alors, dans sa paume, esquissé quelques ronds ou lignes qui chatouillaient. Le jeune Jedi avait alors pu "sentir" les lettres formées par les Lekkus ou doigts entraînés. Tout ce qu'il oubliait irrémédiablement, lentement et qui rendait parfois son visage inexpressif. Outre les instincts de communication basiques, spontanés qui trouvaient racine des milliers de générations plus loin, Luke devait exercer chacune de ses neurones pour s'approcher de l’idée. Preuve de son écoute attentif, l'élève improvisé leva la main correspondante lorsque Kaa'lia évoqua l'idée de dire bonjour grâce à son appendice droit. Impossible néanmoins, d'éviter une grimace -apparemment ça faisait parti des signes d'inquiétude génétiquement ancré en lui.- Si on espérait de lui qu'il lise le langage entre son alliée et Karen, ils commençaient très mal. Le pire étant que Luke n'avait pas assez confiance en Kaa''lia pour enclencher un contact qu'il ne pourrait jamais contrôler. Mais, ce n'était pas comme s'il avait le choix. Convaincre une autre prostituée équivalait à perdre du temps, sans oublier le risque qu'elle répète à n'importe quelle oreille les intentions du faux amoureux désespéré. Pour le moment, la Twi''lek engagée répondait à tous ses critères, son seul problème étant qu'elle allait au-delà de ses espérances, propriétaire d'un cerveau conséquent aux idées qui pouvaient aussi bien l'aider que le faire plonger.

- J'imagine.

* Et la tienne d'histoire, quelle est-elle? As-tu été forcée ou est-ce que tu te complais dedans? Non, personne, pas même Karen ou cette fille d'origine nantie ne le peut.*

Souffla le jeune homme, avec cette fois, une expression clairement triste. Il avait frôlé cette situation en obéissant au plan de Ekkt qui suggérait qu'il doive séduire Darth Noctis. La seule perspective de jouer les jolis cœurs, même subtilement lui avait brisé le coeur, tandis que le maître écrasait sa dignité de la pointe de sa botte. Vraiment, Luke était incapable de saisir pourquoi des femmes issues de bonne condition se tournaient vers la prostitution. Le monde était complexe, à tel point que même partiellement protégé dans sa tour de Temple ainsi que la nuit qui voilait ses yeux, le Jedi s'en rendait compte. Une mauvaise entente avec la famille, un souci mental, une addiction aux drogues, un mal-être inexplicable... Les raisons étaient aussi nombreuses que mystérieuses pour certaines. Accepter son homosexualité, céder à l'amour l'avaient poussé à essayer de moins juger. Karm avait affiné sa tolérance via de longues discussions sur des cas comme ce membre de l'AgriCorps qui, égoïstement avait enlevé sa propre petite amie, gâchant tout au nom d'une carrière. Parce qu'au fond, chacun avait son côté obscur, ses circonstances. Il était très facile d'y tomber, n'avait-il pas failli devoir "séduire" Noctis avant que ce rôle ne lui soit involontairement volé par son propre compagnon? Beaucoup plus intéressé par ce dernier que le Hapien, le Seigneur Sith ne les avaient pas moins, lui, mené par le bout du nez. Leur consolation? Personne n'avait fini entre les draps de personne. Vu comme ça, Kaa''lia et ses collègues avaient un courage immense, en plus d'une certaine forme d'honneur puisqu'elles choisissaient de sacrifier leur corps au lieu de procéder à des vols ou de tomber dans la pure délinquance. Encouragement sans doute vain, le Chevalier adressa un timide sourire à la Twi''Lek.

Laissé seul, il se laissa aller à un soupir. Il leva ses jambes pour changer de côté du lit et tourner le dos à la salle de bains -persuadé que la femme s'y rendrait afin de se changer-. Pur sentiment de convention qu'il avait fini par intégrer, ce qui augmentait, totalement à son insu, son charme de gamin à peine sorti de l'école. Il avait cette innocence que l'âge ne parvenait décidément pas à effacer, perclus de courtoisies soulignées par le milieu dont était représentatif le Diamant Vert.

- D'accord.

Finit-il par concéder à son alliée quand cette dernière sortit de la salle de bains. Il l'avait entendu s'approcher, le tissu se froisser, des gestes subtils qui laissaient entendre qu'elle se changeait. Finissant par deviner que la jeune femme achevait son office hors de la pièce prévue à cet effet, devant ses yeux, donc, le Jedi rougit légèrement.

- Faisons cela.

Bien qu'il ne veuille pas gâcher l'argent du contribuable et soupçonne la prostituée d'arrondir sa commission, le prix pour de précieux indices et l'introduction dans le milieu en valaient la peine. Il n'oubliait pas non plus son rôle d'amoureux inquiet, dont les parents étaient assez riches pour qu'il cède à quelques conditions, juste pour sauver sa belle. Bon, d'autre part, il n'était pas sensé être un idiot non plus.

- Le tiers maintenant, l'autre là-bas, petit à petit, ce qui donnera l'illusion que j'abreuve ma "chère compagnie" de quelques billets pour l'inciter à rester près de moi, et la dernière à la fin.

Proposa-t-il d'un ton qui se voulait ferme. Le jeune Jedi peinait avec la notion de "faire illusion", mais on l'avait bien briefé, qu'on le voit distribuer des crédits à de jolies accompagnatrices dans ce type de milieu renforcerait son intégration. De plus, Kaa'lia n'aurait pas trop à attendre pour son paiement, sans que lui-même ne soit pénalisé. La prostituée avait beau sembler motivée et gentille, il ne fallait pas se fier des gens de ce milieu, encore moins des femmes. Avec tous les déboires que ces dernières lui avaient causées -Une certaine Jenny, une Penny, une apprentie Sith.- il aurait pu finir gay par simple découragement, dégoût et crainte.

- Comment passe-t-on les portes du niveau suivant? J'imagine qu'il y a des rencontres privées, des réunions plus exclusives?

Ce serait beaucoup plus simple si Karen était exposée en tant que fille de joie à portée de tous. Il lui aurait suffi de payer pour une relation avec elle puis chercher à s'enfuir, mais naturellement un petit bijou de cet acabit, dérobée à sa famille, arrachée à sa vie ne serait pas exposée aux yeux de n'importe qui, éteints ou non.

- Hum. Il serait judicieux de faire illusion au Diamant vert. ici je veux dire. Hum... Combien de temps estimez-vous que... Nous devrions rester dans cette chambre?


Il fallait minimiser les risques, tous les risques, y compris donc le regard circonspect de collègues de Kaa'lia en cas d'une sortie soudaine de la chambre louée, voir du patron. Autant rester à l'abri une demi-heure voir une heure, discuter du plan et donner l'impression de. Même si Hélas -ou heureusement selon le point de vue-, Luke n'avait aucune idée de combien de temps c'était sensé durer. Lui n'avait que Karm comme référence et ce n'était pas comme s'ils s'unissaient tous les jours ou toutes les semaines. Et puis euh. Ça se passait pareil avec une fille? Et une professionnelle?

Les mains du blond s'étendirent en arrière tandis qu'il s'autorisait une position plus détendue, un tissu plus doux que celui des draps attira son attention involontairement. Il se saisit machinalement de l'objet avant de vite le repousser, incapable de retenir une rougeur violente. Il retira ses doigts, se releva automatiquement et se retrouva appuyé contre quelque chose de mou. Oups le corps pulpeux de sa nouvelle collègue. Nouveau retrait de mains. Nouvelle retombée sur le lit, doigts sur ses propres genoux. C'était plus sûr.

- Désolé. Je suis navré.
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«Pas faux, ça.»

Mon joli jeunot n’a pas tout à fait tort. Rester dans la chambre un petit temps pour faire illusion… ouais, bonne stratégie. Evidemment, il raisonne comme une personne qui n’a pas l’habitude de se heurter (si j’ose dire) à tout un tas de pervers si excités qu’ils finissent par jouir en vingt-trois secondes top chrono, mais bon… Avec son allure, il correspond plutôt au type hyper-cérébral, de ceux qui aime prendre leur temps, s’étendre en préliminaires pendant des heures, quitte à y laisser leurs derniers crédits, sentir l’alchimie du sexe mêler lentement les deux corps jusqu’à ce que cette fusion intime anéantisse le Moi, lui remplace, d’un seul coup, un Nous… Mes préférés.

«Puisque nous avons du temps à perdre, autant l’occuper à peaufiner notre petite stratégie.»

L’adrénaline… le danger… la subversion… Je sens que je ne vais pas regretter d’avoir vécu cette journée. Sauf – bien sûr – si les choses tournent mal… mais qu’ai-je vraiment à perdre, au fond ? Okay, je veux juste rester en vie. Et en un morceau, si possible. Quant à mon blondinet, bah… en cas de pépin, il ne mériterait même pas d’être appelé dommage collatéral : c’est lui qui l’a cherché, après tout.

«Votre chère Karen sera probablement occupée à se trémousser dans la zone des clients spéciaux, oui. De ceux qui passent des gros deals – armes, drogues, filles, ce genre de truc, quoi.»

Je dois encore avoir pas mal d’alcool dans le sang, mais ses derniers stigmates ont été balayés par ce petit jeu de calcul qui pourrait me donner un orgasme cérébral. Ma rationalité vient de reprendre un contrôle complet sur mon corps, froide et impartiale. Et j’aime ça.

«Vous savez jouer au Sabacc, nan ? Enfin, vu votre minois, vous n’êtes peut-être pas le genre de personne qui passerait des nuits entières à perdre tous ses crédits dans des parties passionnées… Mais bon, le bluff au Sabacc, vous voyez comment ça fonctionne ?»

Merde. Mon p’tit gars, tu auras intérêt à être sacrément bon, quand même. Parce qu’on va jouer illico dans la cour des grands, là. Il faut que je songe à couvrir mes propres arrières. Avec un plan de secours.

«Maintenant, la question que je vous pose, est la suivante : quelle carte allez-vous abattre sur la table ? Imaginez ce que les barons du Kenjiik se diront en voyant pointer votre petit nez dans leur forteresse… Quel sera votre masque ? Et pourquoi est-ce qu'on ne vous connaît pas ? Conseil d’amies : venez d’une autre planète.»

Je n’étais pas au courant. Il voulait juste une escort-girl. Ça, ce sera ma propre histoire au cas où les choses virent au drame.

«Ensuite, quel sera votre mise ? Drogues, filles ou armes ?»

D’ailleurs, il était franchement mauvais au lit. J’aurais dû me douter qu’un truc clochait chez lui. La jouer en mode viriliste pour m’innocenter… ça peut le faire, face à ces gros machos.

«Pour les drogues, c’est mal barré. Dans ce genre de deal, les mecs vous demandent un échantillon de votre produit. Ils sortent de leurs placards le pire junkie de leur bande et le forcent à tester la came. Donc, à moins que vous ne vous baladiez avec un truc bien pur sur vous, ce qui m’étonnerait, je ne miserais pas là-dessus. Je pourrais vous en filer, bien sûr, mais tout ce que j’ai ici, ça vient direct du Kenjiik. Ils flaireront l’arnaque à plein nez.»

Promis, je dirai pas que vous l’avez tué. Vous connaissez mon histoire. Pas envie d’avoir affaire à de la flicaille.

«Même chose pour les armes. Vous auriez pas sur vous un truc qu’on ne trouve pas sur le marché et qui pourrait valoir une fortune, si ?»

Ton ironique – inutile de le préciser, je pense.

«Restent les filles, du coup. Et c’est là qu’on en revient à votre personnage. Seriez-vous un esclavagiste machiavélique qui aurait une cargaison de putes à refourguer ? Un jeune héritier qui, malgré lui, a dû récupérer le trafic sordide de son défunt père et cherche à s’en débarrasser au plus vite ?»

J’aime bien ce dernier scénario. Il est assez crédible, je trouve. Maintenant, reste à voir comment mon blondinet pose ses cartes sur la table – et comment je blufferai à mon tour si la partie se retourne contre lui.
Luke Kayan
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Kaa'Lia avait l'esprit fin et Luke ne put s'empêcher de se dire que dans d'autres circonstances, la jeune femme aurait pu étudier à l'université afin de préserver son corps des mains d'hommes de toutes races inconnus. Il se demanda encore une fois jusqu'à quel point la prostituée était prisonnière de sa maison close, même si à ce niveau de luxe, c'était en général les femmes qui décidaient d'entrer ou de continuer dans le milieu. Parce qu'on ne pouvait pas droguer une fille de joie chez qui les cients riches cherchaient le trait d'esprit, et parce que prendre le risque de voir l'une d'elle afficher une mise contrainte pouvait faire couler l'établissement. Ceux qui avaient les moyens aimaient avoir une belle illusion, des effets spéciaux réussis qui les laissaient croire que les filles étaient, en plus d'être consentantes, charmés par leurs atouts. Luke espérait qu'il en soit ainsi pour Karen, que cette dernière ait en effet évolué dans la zone V.I.P, ce qui la protégerait un peu de la masse dégoûtant et peu difficile de dévergondés prêts à violer une femme.

Pourquoi donc, Kaa'Lia la Twi''Lek s'était engagée dans ce monde? Le mystère demeura jusqu'au bout de ses paroles plutôt sensées. Luke y réfléchit longuement avant de répondre finalement.

- Ou un riche héritier qui veut entrer dans le système.

Faute de pouvoir lancer un regard en biais complice à la Twi''Lek, le jeune homme prolongea sa phrase d'un "hmm ?" interrogatif. En la matière, c'était évidemment la porteuse de Lekkus la professionnelle. S'en remettre de la sorte à une prostituée connue une trentaine de minutes avant ne plaisait pas à Luke -et si elle avait été banquière, sans doute aurait-il eu une réaction semblable.-. Il se demandait si l'argent proposée pour une nuit à ses côtés la compenserait, ses réactions en cas de dangers, les siennes aussi, celles que lui en tant que Jedi devrait avoir afin de protéger la demoiselle. Facile ou pas, cette dernière demeurait une citoyenne sous sa garde. Malheureusement, impossible de la rassurer en confirmant couvrir ses arrières, petit étudiant amoureux en criminologie qu'il était. Nouvel obstacle, mais avait-il le choix? Seul, jamais Luke ne pourrait espérer retrouver Karen. La sortir de là, même avec l'appui de la police semblait déjà assez difficile pour en rajouter, il choisit donc de mettre ses doutes de côtés, non sans regretter une ultime fois d'avoir accepté le cas.

- Je veux dire, ça expliquerai pourquoi je ne connais pas certains termes ni ne me comporte exactement comme on pourrait l'attendre de quelqu'un du milieu. De plus, ça justifie aussi le manque d'antécédents. Je pourrais être le fils qui tourne mal, décide de me tourner vers le marché de la prostitution pour me faire de l'argent "facile" en plus de défier les règles de papa et maman nantis. Je suis né sur Hapès, l'idée de venir d'une planète étrangère est donc déjà couverte... Et là-bas, ma famille est plutôt riche, donc si des petits malins cherchent à vérifier... Enfin, un nouveau client ou partenaire est toujours intéressant, y compris s'il donne l'impression de pouvoir le plumer. Je pense que certains seront tentés par mes crédits. Reste à les convaincre que je n'ai aucun scrupules.

La construction de personnage de toutes pièces devenait, à son plus grand déplaisir, facile. En tant que Jedi, Luke n'aimait ni tromper les gens, ni les mettre en danger, ce qu'il s'apprêtait à faire avec Kaa'Lia. Sans compter la proportion que prenait désormais son infiltration: le voilà, en tant que Calisto, un personnage donc, en train d'en créer un nouveau, de quoi donner le tournis. Seule consolation, l'idée de sauver Karen et peut-être d'autres victimes, recueillir des informations qui éventuellement, permettraient de briser le réseau. C'était une des raisons pour laquelle le Chevalier s'astreignait à ce type de jeu, d'autant plus que, surprenemment, rares étaient les Gardiens de la Paix -toutes catégories confondues- formés pour pénétrer dans des milieux aussi diversifiés que celui de la prostitution ou d'une "prestigieuse" secte. Le Hapien, bien malgré lui, était devenu une petite référence en la matière et surtout, il n'était pas occupé à des affaires encore plus dangereuses, plus secrètes comme les Ombres, infiniment meilleures mais jamais disponibles.

Ce serait donc sur lui-même et le timing de la police s'il jugeait nécessaire de les appeler que le Jedi devait compter, sans évinscer l'idée dérangeante qu'il ne pourrait peut-être rien faire ce soir d'ailleurs. La capacité d'attendre le bon moment et la résilience étaient des vertus obligatoires dans ce type de travail, tant que lui-même arrivait aux frontières de sa pourtant proverbiale patience.

- Je ne sais pas jouer au Sabbac non -confessa honnêtement le Jedi bien que la raison fut un mensonge. Évidemment, dans son milieu à lui, ce type de divertissement était bani.- les autres étudiants misent parfois, mais je suis quelque peu limité par ma vue, diras-t-on, mais je comprends l'idée.

Et il était facile d'imaginer pourquoi ou comment. Aucun autre joueur de Sabbac n'aurait la gentillesse de lui dire quelles cartes il possédait, et même avec un droïd pour le faire, le faux étudiant perdrait tous les regards, les confessions implicites via un langage corporel parfois tordu, maltraité, en tout cas mensonger dans le but de tromper l'adversaire. Les étudiants, milieu duquel il était donc sensé être issu, avaient beau baigné dans le Sabbac à un niveau raisonnable, avec des mises bien plus correctes que celles des barons de la drogue, Calisto en était automatiquement exclu.

- Euh... Je suppose que c'est bon pour... Enfin, le temps pour ce que nous sommes sensés avoir fait.

Cette fois, c'était bien le véritable Luke qui s'exprimait, maladroit et timide en la matière. Par chance, ce comportement s'alignait sur celui de Calisto, fils à papa dont les seules aventures trépidantes se résumaient à ses cas théoriques en criminologie ou à sortir avec la mystérieuse Karen. Le Hapien se demanda d'ailleurs si Kaa'Lia était un peu suicidaire ou si elle avait un plan de secours parce que son premier personnage donnait envie de tout sauf de s'engager dans une infiltration avec lui. En tant que simple escort-girl du jeune héritiers plein de lubies et dépourvu de scrupules, il finit par imaginer qu'elle ne craignait pas grand chose. Du moins, Luke l'espérait car il n'avait vraiment pas besoin de devoir protéger quelqu'un d'autre que Karen ou sa propre personne.

La République lui avait aloué pour cette soirée "spéciale", un somme confortable sensée faire écran de manière crédible. En sortant de la chambre, le Jedi essayait de se convaincre de rejeter ses principes habituels d'économie et d'austérité. Calisto avait beau ressembler au Chevalier, le nouveau non. D'ailleurs, il avait décidé de garder le même prénom parce qu'après tout, l'aspirant proxénète était issu d'une famille normale, plus ou moins honnête dont le fils avait seulement décidé de pousser le goût du père pour les prostituées un peu plus loin. Le pauvre, après cet accident de speeder qui lui avait coûté la vue, il lui fallait bien trouver sa place dans ce monde billets et de crédits.

***

Les deux jeunes gens quittèrent le Diamant Vert après que Luke ait réglé une partie de la somme qu'il devait au tenancier de la maison close. Il avait aussi démontré avoir de quoi payer le reste et, conservé une petite partie pour l'offrir à Kaa'Lia en personne, une sorte de pourboire afin de la motiver à ne pas l'entourlouper. Sans être certain qu'elle ne s'y essayerait pas d'ailleurs.

- Je suis prêt -Fit-il avant d'ajouter le plus naturellement du monde sur un air triste.- Ah Karen, fallait-il vraiment que je tombe amoureux de toi. Tiens bon.

Et inutile de penser à ce qui se passerait dans le cas où ils trouveraient la jeune femme qui annoncerait ne pas le connaître. Surtout pas. Il y avait déjà beaucoup trop de hasard, de points d'interrogation et d'équations qui se mêlaient, se mélangeaient dans cette affaire.
Invité
Anonymous
«Alors, alors ? P’tite escapade en ville, hein ?»

Moktarr peut avoir bien des qualités – un cœur gros comme ça, une bonhommie qui vous arrache un sourire jusque dans les moments les plus déprimants –, il n’empêche : son incapacité à tenir sa langue est parfois insupportable.

«Le client est roi, mon cher.», lui réponds-je à la va-vite pour nous prémunir d’une situation embarrassante.

Commission payée, plan(s) élaboré(s) : a priori, tout devrait bien se passer. De mon point de vue, en tout cas. En cas de pépin, je tiens maintenant un scénario qui devrait me tirer d’affaire. Quant à mon jeunot… eh bien… si j’avais un tant soit peu d’empathie pour mon prochain, je me reprocherais d’envoyer un pauvre innocent dans la fosse au rancor. Mais je n’en ai pas. Voilà, c’est dit. Appelons-le plutôt : potentiel dommage collatéral.

«Je suis prêt.»

Crois-moi, tu as sacrément intérêt à l’être, mon p’tit dommage collatéral.

«Ah Karen, fallait-il vraiment que je tombe amoureux de toi

Okay, changement de nom : futur dommage collatéral.

«C’est beau, ce que vous faites.», lui dis-je en me composant un ton affecté. «Sincèrement… je suis moi-même tombée amoureuse d’une fille, quand j’étais plus jeune. Un amour interdit par mes parents, vous voyez le genre. Et elle… elle a mal tourné, comme votre Karen. J’ai traversé la Galaxie pour la retrouver. Je savais qu’elle allait atterrir ici, et je ne m’étais pas trompée… Mais la drogue a eu raison d’elle avant que je ne puisse la sauver… Ensuite… eh bien… il a fallu que je gagne ma vie… et voilà.»

Je suis la première surprise par les ressources de mon imagination. Cette histoire vient de naître de ma bouche, plus naturelle que jamais. Hum… gardons-la en réserve, celle-là. Elle pourrait me resservir. Mais maintenant, en route !



* * *


Thème musical


Le Kenjiik Club : l’un des coins les plus crapuleux de tout le quartier. En un sens, je suis contente que mon blondinet soit aveugle : si ses yeux se déposaient sur la misère qui empeste la ruelle où nous déambulons en ce moment, il irait probablement se cacher dans un coin pour y dégobiller ses tripes. Peut-être même qu’il s’enfuirait en courant.

Des volutes de fumée ondoient sur notre chemin, teintées de bleu, de rose, de violet – couleurs criardes dont les néons et hologrammes pornographiques imprègnent l’ambiance. Ici, un mendiant éborgné marine dans ses loques et dans sa pisse, demandant d’une main tremblante un peu d’alcool ou quelques grammes de drogue pour oublier. Là, une prostituée rouée de coups, totalement bourrée, qui s’accroche aux murs pour éviter de se fracasser. Et là, un mercenaire balafré, les yeux rivés sur mon cul. Je crains un instant qu’il ne s’approche de nous, mais après une hésitation, il passe son chemin, disparaît dans la pénombre brumeuse. Voici le gala des parias de ce monde, des rebuts, des clandestins, des oubliés : mon univers !

Plus loin encore, entre les ombres qui passent et les dangers qui guettent, se dessinent des lettres inscrites dans des néons violacés :



KENJIIK CLUB


«Nous y sommes.»

Inspection des lieux : devant la lourde porte à double battant métallique, se tiennent deux gardes : un Aqualish et un Chiss. Sans vouloir jouer les racistes, s’ils ont été choisis pour occuper ce poste, ce doit être à cause de leur apparence franchement pas hyper sympatoche. Je n’étais jamais passée par là, habituée que je suis des issues de secours, mais je devine que nous aurons à négocier avant de pouvoir faire un pas de plus.

Nous sommes encore suffisamment loin pour que je puisse susurrer dans l’oreille de mon jeunot, sans risque d’être entendue :

«L’entrée est gardée par deux gros lascars. Ils ne nous laisseront pas passer comme ça, j’y mettrais mes lekkus à couper. Si vous voulez jouer les bad guys, il va falloir coller à votre rôle. Soyez viriliste au possible, faites semblant de me maîtriser comme n’importe quel macho croit contrôler sa pute, collez-moi une main aux fesses en face d’eux, ce genre de chose. Ça passera mieux.»

Maintenant, futur dommage collatéral, si tu ne veux pas en devenir un, il va vraiment falloir être crédible…

«C’est pour quoi ?», nous crache le Chiss à la figure à peine arrivés devant lui. «Si vous voulez rentrer, z’avez intérêt à avoir une bonne raison.»

La main au cul, petiot. Mets-moi la main au cul.

Luke Kayan
Luke Kayan
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- Je suis désolé.

Répondit doucement Luke après que Kaa'lia ait raconté son histoire, il se sentit un peu coupable de mentir alors que la prostituée s'étendait sur un pan de sa propre vie, lequel faisait légèrement écho à la sienne, d'ailleurs. Une autre femme donc, était-ce pour cette raison que l'amour entre la Twi''Lek et la défunte était considérée comme interdit? Le jeune Jedi frissonna, il lui arrivait parfois de se demander comment sa famille aurait réagi à son homosexualité. À l'Ordre, les choses étaient différentes car il n'avait pas de compte à rendre à des référents exclusifs, certes l'opinion de son ancien maître était très importante, mais elle était diluée par une éducation Jedi qui prônait la tolérance. Au Temple, s'il n'avait rien osé révéler officiellement à personne, sans doute n'en aurait-il eu jamais le courage dans le monde si brutal, violent des civils.

En tout cas, l'histoire de la Twi''Lek avait touché le Chevalier. Moins ingénu que dans sa tendre jeunesse, il n'avait cependant aucune raison de penser que la prostituée lui mentirait, ce n'était pas comme si elle se servait de son récit pour lui faire cracher plus d'argent ou lui réclamer un service.- Les Jedis accédaient généralement à en offrir gratuitement, mais les gens des bas-fonds, habitués à l'égoïsme et au dédain n'y croyaient pas, ils utilisaient donc de stratagèmes pour obtenir un peu d'aide.-

***

La musique prenante aurait pu guidé un sourd jusqu'à l'entrée du club. Depuis qu'ils avaient pénétré dans la rue qui l'abritait, les vibrations se répercutaient dans les jambes du jeune homme accoûtmé à prêter attention à ce genre de détails. Contrairement à ce qu'imaginait Kaa'lia, à sa manière, il voyait aussi la misère. Un mélange d'odeurs de poubelles, de sexe et de fumée après un incendie, subtilement agrémentée d'effluves maladives alourdissait l'ambiance. Au sein de la Force, le désespoir, la tristesse, la colère hurlaient, jaillissant de corps affaiblis par de multiples maux. Des blessures, des maladies, l'impression était d'autant plus dérangeante que l'origine restait vague, émanant d'un peu partout. Un champs de bataille, c'était ce qui ressemblait le plus à la scène à laquelle le Hapien et sa compagne assistaient. Comme sur Artorias, sur Makem Te, Raxus, à quelque chose près. Ce qu'ignorait Kaa'lia, c'était que Luke pouvait justement faire cette comparaison par expérience, et si pénible soit cette mission, il ne reculerait pas, entraîné à maintenir son sang-froid dans ce genre d'horreur grotesque, parodique, grandeur surnaturelle.

***

- Ok, merci.

Murmura le Jedi, déjà concentré sur son rôle. Évidemment, Kaa'lia ne pouvait se douter que ce garçon de bonne famille, tout étudiant en criminologie qu'il soit était dressé à l'art de l'infiltration. Capable d'adopter le rôle d'un Junkie débridé, le Hapien devrait aussi savoir endosser celui d'un fils à papa aux tendances psychopathes, sans état d'âme. De l'Or brute pour les proxénètes qui comptaient sur ses moyens doublé de son manque d'expérience. Le Chevalier nota toutefois les informations que Kaa'lia lui avait transmis, conscient de manquer de pratique, surtout du côté codes masculins. Ni efféminé- contrairement à ce que le cliché aurait pu laisser croire.- ni machiste, le jeune Jedi était plutôt neutre. Son physique de Hapien était en général, ironiquement, ce qui provoquait des moqueries sur sa sexualité, alors que certains hommes de sa race, préférant les femmes abordaient eux aussi des traits fins. Un des archétypes de la beauté tant appréciée par sa race. Élevé au Temple Jedi où on lui avait inculqué les bases du droit dès le début de son adolescence, il avait peu eu le loisir de développer une identité personnelle ou sexualisée. Les Padawans de la nouvelle génération étaient moins décalés en ce sens où les normes strictes de l'Ordre s'étaient assouplies, mais celles de l'époque de Luke étaient encore rigides. Tout ce qui avait attrait à la sexualité était condamné, prohibé, réfréné. Disciplinés, les gamins s'occupaient alors de brider leurs hormones, et peu développaient des attitudes attribuées à l'un ou l'autre des genres.

La précision était donc utile, et Luke s'attela à la tâche. Gardant ses rougeurs pour son "moi intérieur" mortifié de toucher ainsi le fessier d'une demoiselle, il plaqua sa main sur l'épaule de la jolie Twi''Lek puis la fit descendre le long du dos, avant d'atteindre le derrière.

- Je n'en ai pas assez avec elle. Elle est jolie, mais c'est comme un beau billet, pourquoi se priver de plus alors qu'il y en a des centaines d'exemplaires?

Le Jedi n'aurait jamais formulé cette phrase, il n'en aurait d'ailleurs mème pas eu l'idée car il était insultant d'affirmer qu'il existait d'autres femmes comme celle à ses còtés -en outre, c'était un monogame convaincu.- mais actuellement, Luke n'était plus Luke, ni même Calisto. D'un geste assuré, le faux fils à papa qui désirait en découdre avec d'autres jolies femmes sortit quelques billets qu'il tendit aux gardes en guise de pourboire.

- J'en ai d'autres, des comme ça. bien au chaud qui s'ennuient. J'aimerais les faire bouger, leur faire rencontrer de jolis seins entre lesquels se glisser, puis en récupérer encore plus. Le business quoi.

De sa liasse dilapidée entre l'Aqualish et le Chiss, ne restait plus que deux symboles de richesse qu'il glissa à la naissance de la généreuse poitrine de son accolyte. Il jouait ainsi davantage le jeu et avec un peu de chance, consolerait la pauvre Kaa'lia précédemment insultée par ses propos.

- Laissez-les passer. On s'emmerde ici, une petite nouveauté ça va faire du bien

Grogna une voix à l'intérieur. Ah ces clubs, un monde dans le monde où mieux valait éviter d'être susceptible, et justement Luke ne l'était pas. Rentrer en guise de distraction ne le dérangeait pas, du moment qu'il rentrait. L'Aqualish, pendant ce temps, agitait un des billets offert par le Hapien à la jolie Twi'lek qui l'accompagnait. Elle était visiblement à son goût, bien que sûrement au-dessus de ses moyens.

- Quand t'en auras fini avec lui. ça te dirais de vraiment t'éclater? J'ai aussi des joujoux à t'offrir, et des bâtons de la meilleure qualité, comme toi ma belle. Ouais, aussi lisses, parfaits, purs que tes courbes.
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