Darth Velvet
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Mon front se pose sur la surface lisse et froide du hublot, le regard perdu dans la contemplation du halo bleu de l’hyper-espace. J’ai toujours trouvé fascinant le miroitement turquoise de cet état, les volutes moirées et au derrière l’obscurité du néant. C’est apaisant, intriguant aussi un peu de s’imaginer ce qu’il y a dans cette noirceur spatiale, quels mondes, quels soleils, quelles comètes… Mon souffle se heurte à la vitre, formant une buée que je chasse d’un revers de main, sans attention pour cette robe de soirée dont je suis drapée. De velours et de soie, toute en sobriété et pourtant sa simplicité rehausse mon charme, affine le galbe de ma silhouette fine, dessine les courbes de ma féminité d’un écrin sombre, chatoyant et chic.

Rejoindre la soirée dont la musique parvient jusqu’à ma cabine ne m’enchante qu’à demi. Je n’ai jamais vraiment apprécié ce genre de festivités. Trop de convives, trop de proximités, trop de possibilités de laisser l’obscurité m’étreindre de sa folie. Pourtant, je m’oblige à rejoindre ce capharnaüm, et le bruit de mes escarpins résonnent dans le couloir jusqu’à se mêler à ceux d’autres femmes.
« Détends-toi un peu. Tu as besoin de repos » qu’il disait. Je peine à concevoir le mot repos dans cette salle bondée, traversée par des serviteurs et leurs plateaux de verres ou de canapés élégants. Peut-être la musique… oui la musique est agréable si on oublie le brouhaha des conversations. Je fends la foule, m’emparant au passage d’une coupe de champagne. Je ne connais personne, aussi vais-je m’installer dans l’un des sofas, légèrement en retrait près du groupe de musique.

Mes lèvres se trempent dans le liquide doré, appréciant le picotement des bulles sur ma langue, alors que mon regard balaye l’ensemble de la salle, et sa faune. Mes pieds, eux, battent la mesure au gré de la mélodie et je continue à siroter mon mousseux, sans plaisir, avec l’envie de rentrer dans ma cabine, de mettre fin à ces vacances forcée, à cette mise à pieds.
Julia Wolfross
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Les dernières semaines avaient été compliquées et la mercenaire avaient décidé de s'accorder du repos. Et quoi de mieux qu'une croisière pour se changer les idées ? Après une petite visite sur l'holonet, elle avait trouvé un petit voyage tranquille sur un vaisseau de croisière.

La soirée du capitaine avait commencé depuis peu et Julia n'avait pas encore fini de se préparer. Elle arrivait sûrement en retard, et se ferait remarquer. Tant pis, ça ne la dérangeait pas plus que ça, au contraire. Même si elle n'avait pas mis sa tenue la plus voyante, elle n'était pas non plus un modèle de discrétion: une jupe noire, un haut rouge et ses cheveux blonds détachés qui lui tombaient sur les épaules.

Elle se fit une ceinture d'un long morceau de tissu assorti à son haut puis quitta sa cabine. Elle traversa quelques couloirs calmes, salua rapidement le personnel qui vaquait à ses occupations et se dirigea calmement vers la plus grande salle du vaisseau. Malgré la taille de la pièce, la salle semblait bondée, à croire que tout les passagers avaient décidé de ne pas manquer l’événement.

Julia hésita à se joindre à un groupe quelconque. Parler des derniers potins ou des diverses crises politiques ou militaires ne l'intéressait pas plus que ça, surtout qu'une des crises en question l'avait mise hors d'état pour un moment. Fichus siths... les sabres lasers devraient être interdits ! La blonde essaya de chasser se souvenir de son esprit. Elle était là pour se détendre et s'amuser par pour se morfondre sur le passé.

Elle prit une coupe sur un plateau et se chercha un siège à l'écart. C'est alors qu'elle la croisa. Une femme qui lui parut magnifique: de longs cheveux sombres, une silhouette fine dans une robe simple qui mettait en valeur sa féminité sans crier " regardez-moi !", une position nonchalante comme si elle préférait ignorer le bruit ambiant...

La blonde termina sa coupe sans s'en rendre compte en la regardant et décida de tenter sa chance en l'abordant. Elle prit deux autres coupes sur un plateau, décidément ces serveurs étaient toujours là avec leurs boissons à portée de main, et s'avança dans la direction de l'inconnue. Elle s'assit à côté d'elle sur le sofa, toussota légèrement pour attirer son attention et finit par l'obtenir. La mirialane tourna la tête et porta son regard bleuté sur la mercenaire... qui commença à bafouiller:


Vous avez de beaux yeux vous savez ?

Julia se sentait rougir comme une adolescente, ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Elle se sentait de plus en plus ridicule en fait. Pourvu que sa belle inconnue ne la plante pas là...
Darth Velvet
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L’ennui coule dans mes veines, au tempo de la musique. Je balaye d’un regard vide la foule, sans réellement la voir et, il me semble un instant n’être qu’un fantôme hantant ce sofa, une âme perdue avec pour seul lien à cette réalité spectrale, la saveur du champagne sur mes lèvres. J’exhale un énième soupir, s’ils pouvaient devenir des diamants, je porterais ce soir, une somptueuse rivière, comme un collier, une chaine précieuse à ces mondanités inutiles, presque écœurantes. Je vais partir. Je souhaite partir, abandonner derrière moi, le flot de ces frivolités, retourner au havre de ma cabine comme l’on rejoint son foyer après une longue absence obligée.

Mais je n’en fait rien. Même me lever me demande une énergie dont je suis subitement dénuée. A croire que cette ambiance feutrée me vampirise, ou bien est-ce par lassitude ? Alors je reste là, esseulée, à la dérive, présente tout en étant absente de ce brouhaha. Soudain, le bruissement d’une robe m’interpelle et une silhouette se fige devant moi. Mes yeux apostrophent l’inconnue d’un regard perçant, inquisiteur. Une humaine. Je ne crois pas la connaitre, pourtant mes iris dévorent son profil à la recherche d’un souvenir de cette femme. Blonde. Ses cheveux coulent en cascade de miel liquide sur ses reins occultés d’un tissu carmin, apportant une note de douceur, un contraste agréable à l’agressivité de cette teinte et à cette image de femme fatale qu’elle renvoie inexorablement.

« Vous avez de beaux yeux, vous savez. »

Mes lèvres s’arrondissent d’un sourire véritable, pas l’un de ceux circonstanciés ou policés que je desserts usuellement avec une assurance éhontée, mais un réel sourire, simple, sans apriori, spontané. La fraicheur de cette femme, et peut-être aussi sa confiance bafouillante, m’arrache même un éclat de rire, franc et bref.

« Non, personne ne me l’avait dit. Merci, c’est gentil… vous voulez vous installer ? » lui demandais-je, plus chaleureuse que mon apparence minérale, l’invitant d’un geste sur le sofa d’en face.

« Nous n’avons pas été présentée mais… Je suis Velvet Asnar ce qui finit généralement en Vel. Et vous êtes ? »
Julia Wolfross
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Même si le rire de sa belle était beaucoup plus naturel que toute l'ambiance autour d'elles, il fit rougir totalement la blonde.

Euh, oui merci.

La mercenaire toujours bafouillante s'installa en face de la miraliane, sans la quitter des yeux, toujours fascinée. Elle essaya de se détacher de son regard, pour se calmer un peu, en baissant les yeux mais le résultat ne fut qu'une rougeur encore plus prononcée. La mercenaire se demanda si elle n'avait pas déjà trop bu. Pourtant elle n'avait même pas encore bu trois verres ! Elle en tendit d'ailleurs un à Velvet, puisque tel était son nom.

Enchantée, Dame Asnar. Je m'appelle Julia Wolfross, mais appelez-moi Julia.

Toujours aussi nerveuse, la blonde ne savait pas quoi faire de ses mains et les changeaient régulièrement de position: les mains sur les genoux, les bras croisés... Il fallait qu'elle trouve comment se calmer. Lancer la discussion sur un sujet banal peut-être ? Se présenter !

Je suis entrepreneuse indépendante et je suis venue ici me reposer un peu.

Elle ne pouvait pas dire qu'elle était mercenaire, ce n'était pas toujours bien vu. Et en le disant, elle se rendait compte qu'elle avait l'air d'une actrice d'holo-réalité en se présentant comme ça. Et elle passait pour une idiote sûrement.

Cette robe vous met vraiment en valeur. Je n'ai vu que vous en arrivant dans la salle.

C'est mieux ! Sans bafouiller, ça aurait même été encore mieux. Et en plus, c'était vrai, les autres personnes présentes étaient presque invisibles à ses yeux comparés à Vel, trop banals, trop insipides. Même les bribes de conversations qu'elles avaient pu entendre avaient l'air ennuyeuses. Peu importait si machin s'était fait refaire le nez ou si c'était le bon moment pour acheter des escarpins en soldes.

Vous la portez souvent ? J'ai rarement l'occasion de porter une robe de soirée pour ma part.

Les missions d'infiltration de soirées huppées étaient rares, et un garde du corps en robe de soirée ça n'est ni impressionnant, ni efficace. Il fallait aussi avouer que les plus belles n'étaient pas vraiment les plus confortables ou les plus pratiques. Où ranger son blaster par exemple ?

Vous la portez divinement bien en tout cas.

La blonde commençait à se détendre et à se calmer. Elle était probablement moins rouge. Elle ne savait toujours pas si elle pourrait séduire sa belle, mais au moins elle passerait moins pour une andouille.

Vous aussi vous êtes ici pour fuir le travail un moment ?

Selon Julia, Velvet devait avoir un travail dans la mode, ou dans la communication. Quelque chose comme ça. Elle ne pouvait juste être enfermée dans un bureau, et elle avait l'air trop raffinée pour partir à l'aventure comme elle.
Darth Velvet
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Un rire franc et clair cascade entre nous, alors que mes doigts se referment sur la coupe pleine qu’elle me tend. Décidemment, cette jeune femme blonde ne manque pas d’audace et de compliments ! Au moins diffère-t-elle de ces mondains qui tournent autour de nous, happés par les vices d’une réception telle que celle-ci.

« Merci ! Vous êtes toujours aussi… charmante et aventureuse avec les inconnues ? »

Je porte le verre à mes lèvres, trempant juste le bout dans le liquide doré.

« Tout dépend. J’en porte trop souvent à mon goût ces derniers temps. »

Un euphémisme. Ces quelques semaines dans la peau de mon alter égo, Sweety, ont eu raison de mon penchant romantique pour les longues robes pailletés de soirée, les déshabillés de soie et de dentelles, les escarpins et toutes ces fantaisies féminines dont se pare les belles de nuit. J’esquisse un sourire désabusé. Abandonner le faste des soirées mondaines de Ragda pour me retrouver ici, coincée dans l’une de ses répliques grotesques, a quelque chose d’ironique.

« C’était l’idée effectivement. De prendre des vacances, un peu de repos. Changer d’air, bien que je doute qu’une croisière soit réellement adaptée. Mais c’est un cadeau de mon… employeur. Je n’ai pas réellement eu mon mot à dire sur la destination. Enfin, il est malvenu de me plaindre je crois, tous ne sont pas aussi soucieux du bien-être de leur salariés. »

Je marque une pause. Soucieux de moi, peut-être mais je ne peux m’empêcher de penser que Ragda n’a pas uniquement agit dans l’intérêt de mon bien-être. D’un geste délié, j’abandonne ma deuxième coupe vide sur la petite desserte du sofa, avant de reprendre intriguée.

« Une entrepreneuse indépendante ? Pour l’entrepreneuse je veux bien le croire ! » ponctuais-je avec amusement d’un sourire en coin de lèvre. « Vous êtes dans quel domaine, Julia ? »

Mes prunelles glissent, curieuse, sur le visage de cette compagne inattendue, et suspendue à sa réponse telle que je le suis, j’en oublie la plus élémentaire des précautions : surveiller mon environnement. Il y a comme un bafouillement dans la vibration brusque qui court soudainement sur le pont, d’un frémissement métallique. Et le serveur, tout occupé à sa tache juste à notre côté, s’en retrouve à verser son plateau sur nos genoux. Le fracas des verres brisés ne couvrent pourtant pas la voix grave et rassurante du Commandant sur les hauts-parleurs, qui s’élève immédiatement comme en réponse au début du mouvement de panique parmi les convives.


« Mesdames et Messieurs, ici votre Commandant de Bord, nous avons subi une légère perte d’énergie suite à une avarie des transmetteurs supra-luminiques, ce qui a entrainés ces quelques secousses du vaisseau. Il n’y a aucune crainte à avoir, les droides règlent actuellement le problème et aucun autre désagrément n’est à prévoir. Veuillez, nous excusez pour ce malencontreux incident. Profitez bien de la soirée sur le pont A. Bonne soirée. »

« Hummm… bon et bien cette robe que vous aimiez tant est gâchée, et la vôtre pas au mieux non plus… » commençais-je, en épongeant les dégâts du vin sur la soie claire de ma robe avec la serviette du serveur penaud et embarrassé « Je crois qu’il n’y a plus qu’à essayer d’arranger ça aux sanitaires… »

Julia Wolfross
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Velvet avait bien compris les intentions de Julia mais ne semblait pas s'en offusquer. La blonde continua donc de tenter sa chance en gardant un ton léger.
Elle était plus calme à présent, et le simple fait de discuter avec la verte lui faisait un grand plaisir.


J'espère être charmante à chaque instant. Et j'apprécie l'aventure, c'est vrai.

L'humaine admirait chacun des mouvements de la mirialane. Elle parvenait à être gracieuse même en faisant une chose aussi simple que de boire un verre.

Votre employeur doit être riche pour offrir une croisière à une employée. Ou vous lui êtes vraiment très précieuse. Ce que je peux comprendre.

Maintenant plus en confiance, la mercenaire ne voyait plus vraiment de raison de cacher son activité.

Je suis dans la le transport de biens et de personnes. Et leur protection bien sûr. En tant qu'entrepreneuse, je serais ravie d'assurer votre protection rapprochée.

Elle appuya sa dernière remarque d'un clin d'oeil. Le regard de Velvet sur elle lui fit un peu remonter le rouge aux joues. Peut-être allait-elle répondre positivement à sa proposition ?

Malheureusement, elle n'eut pas le temps de répondre. Cette scène incroyablement romantique, selon Julia (ou pas tant que ça selon le reste du monde) fut brusquement interrompue par un bruit de verres brisés et une très désagréable sensation d'humidité. La stupeur de Julia fut dissipée par l'annonce du capitaine qui expliqua la raison de cette petite catastrophe. Le regard de Julia croisa un instant celui du serveur maladroit, qui préféra s'éclipser tant le regard de la mercenaire était dur. Heureusement la voix de Velvet ramena Julia à la réalité. Elle soupira:


C'était mon haut préféré ! Je vous accompagne. Mais quand je pensais vous emmener à l'écart, ce n'est pas vraiment ça que j'avais en tête...

Les deux femmes s'éloignèrent le plus discrètement possible pour rejoindre les sanitaires les plus proches. Heureusement, personne ne les regardait et elles n'eurent même pas à bousculer qui que ce soit. Quelques instants plus tard, elles se retrouvèrent seules près d'une vasque qui semblait être en marbre.

Essayons de réparer les dégâts, mais je crains qu'il ne nous faille nous changer rapidement.

La blonde s'arma d'une serviette en papier qu'elle humidifia et tenta de faire disparaître les taches de boisson. Elle grimaça devant le succès plus que mitigé. Elle n'obtint qu'une tache plus grande et plus humide qui sentait à peine moins l'alcool. Elle devrait sûrement laver plusieurs fois ce haut avant de pouvoir le mettre à nouveau. Au moins réussissait-elle mieux à nettoyer sa jupe. Elle se tourna vers sa compagne d'infortune:

Avez-vous pu sauver votre robe ? Je pense passer dans ma cabine changer de...

Une nouvelle vibration traversa le vaisseau de façon plus bruyante que la précédente. Julia commença à s'en inquiéter. Un vaisseau qui fait ce genre de bruit, ce n'est jamais bon signe.

Trouvez-vous aussi que ce bruit est inquiétant ?
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"C'était mon haut préféré ! Je vous accompagne. Mais quand je pensais vous emmener à l'écart, ce n'est pas vraiment ça que j'avais en tête..."

Je ris doucement, mon sourire réchauffant l’azur de mes prunelles. Julia se révèle une compagne aussi amusante qu’agréable.

« Effectivement, j’imagine que ce n’est pas l’endroit rêvé… » répliquais-je lui emboitant le pas dans le corridor jusqu’aux toilettes

Il y a quelque chose d’amusant, ou de consternant, d’aviser que l’on peut mesurer les prestations des services d’un lieu à la qualité de ses sanitaires. Les grands palaces aiment se parer de salles d’eau grandiloquentes aux murs de marbres et aux robinetteries de laiton alors qu’un petit restaurant familial aux moyens limités se contenterait d’un endroit simple et propre, et cet endroit ne fait pas exception avec ses moulures, ses chichis, et ses petites serviettes fuchsias à bord de satin roulées en fleur. Un miroir dévore l’ensemble d’un pan de mur, où gisent vasques en véritable pierres de rosée et robinets dorés sous un lustre cristallin.

Julia s’affaire déjà sur la tâche de sa robe, armé d’une lingette. Imitant son geste, je m’empare d’une de ces serviettes roses, frottant l’auréole jaunâtre sur la soie claire.

« Hummm… non je crois qu’elle est foutue… » lui répondais-je sans avoir le temps d’ajouter autre chose, avant qu’un crissement lugubre assorti d’une longue vibration ne résonne dans la coque du paquebot, de la proue à la poupe.

Mon regard se lève sur la jeune femme, notant le pli d’inquiétude à la commissure de ses paupières et le pincement de sa bouche.

« Effectivement… c’est plus qu’inquiétant. Juste un petit probl… »

Ma voix se perd dans le fracas d'un nouveau raclement. Plus intense, plus profond, comme la longue plainte d’une agonie consommée. Et soudain, une vibration puissante ondule le sol sous nos escarpins, nous projetant l’une contre l’autre, puis toutes les deux contre les murs. La violence des impacts m’arrache un cri de surprise mêlé de douleur alors que j’embrasse le sol sans douceur. Autour de nous, les copeaux du miroir brillent sous la lueur verdâtre des éclairages de sécurité. Pourtant, dans ce silence qui précède l’inévitable chute, il y a l’écho d’horreur des voyageurs qui grondent, couvrant un instant seulement les gémissements du métal.

Et il y a mon regard sur Julia, les mains et les genoux ensanglantés par les morceaux de verre et de cristal, comme un reflet de moi-même. Il ne dure qu’une seconde, une seule petite seconde suspendue dans le temps. A la fois trop long, pour ne pas enregistrer le moindre détail, sa chevelure blonde constellée de débris, son visage hagard, l’expression de ses prunelles noyées de peur. Et à la fois pas suffisamment, pour réagir, pour tenter quoi que ce soit avant que la fin ne nous dévore. Le temps achevant son ralenti s’accélère de nouveau. Ce n’est plus un crissement qui déchire le vaisseau, mais un hurlement à en crever les tympans, suivit d’une explosion. Ou peut-être deux…  La pesanteur se désagrège, et les sirènes retentissent signalant les trop nombreuses brèches de la coque, et l’oxygène fuitant dans l’espace. Je m’agrippe à une poutrelle de la structure, m’enroulant autour d’elle, m’arrimant d’une ceinture à son axe, rejointe par l’humaine. Serrées, l’une contre l’autre, comme deux insectes sur une brindille dans le tumulte d’une tempête maritime, nous raccrochant à l’espoir, alors qu’autour de nous le vaisseau se craquèle et se fissure, nous valdinguant violemment pour nous faire lacher prise.

Et comme un ultime sursaut instinctif avant que l’obscurité ou la mort ne nous engloutissent, je déploie autour de nous un tissu de Force, un bouclier, une bulle protectrice.
Julia Wolfross
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Alors que Velvet confirmait l'inquiétude de Julia, leurs craintes se réalisèrent brusquement. Après un dernier sinistre avertissement, une immense secousse ébranla le vaisseau. Tellement violente que les deux jeunes femmes sont projetées et se percutent en l'air. Pas vraiment le genre de câlin auquel Julia aspirait. Et ensuite le retour au sol. Brutal, douloureux, effrayant. La blonde se rend compte que ce genre de problème ne peut pas être résolu avec des blasters, et d'ailleurs, elle n'en a même pas. Elle s'examine rapidement: des coupures, des bleus, de petits morceaux de verre plantés dans le corps, rien de vraiment grave mais elle a peur. Elle est en danger, et ne peut rien faire. Ce sentiment d'impuissance la terrifie. Ça ne peut pas se finir comme ça.

Elle essaie de se calmer, reprend son souffle, voit sa belle dans la même situation qu'elle et se décide enfin à réagir. Alors qu'elle tente de se relever, un nouveau bruit assourdissant se produit. Le vaisseau est-il en train d'exploser ? Aucun moyen de le savoir. Et soudain les sirènes, probablement un des sons les plus ignobles créés par l'homme. Julia quitte le sol sans l'avoir demandé et se rend compte que la gravité disparaît. Et ce sifflement... l'oxygène qui s'enfuit ? De mieux en mieux. Le vaisseau est en perdition et il n'y a plus qu'à espérer survivre au crash, tomber sur une planète habitable et civilisée puis rentrer et ne plus jamais partir en croisière.

D'une impulsion contre un mur, la mercenaire se propulsa auprès de sa belle verte qui s'aggripait déjà à une poutrelle devenue apparente lors de la dernière secousse. Blotties l'une contre l'autre, par crainte plus que par affection, elles ne pouvaient qu'attendre le choc avec le sol.


Dame Asnar, si on devait ne pas s'en sortir... Je vous aime !
hrp: Julia parle en rose pour cette occasion là

La chute était longue, mais tant qu'il y avait une chute, on pouvait arrriver quelque part, plutôt que de dériver dans le vide pendant des semaines. L'oxygène se raréfiant, Julia avait du mal à respirer et elle tremblait à l'idée de lâcher prise et de se briser le dos en étant projeter contre un mur ou pire, dans l'espace. Avant de s'évanouir quelques instants, elle crut voir une sorte d'aura verte autour de Velvet et elle, et ressentir une chaleur étrange. La Force ? Ou une hallucination ? Finalement la blonde tomba dans les vapes.

Elle fut réveillée par l'entrée dans l'atmosphère quand la température monta brusquement. Le vaisseau avait suffisamment résisté à ses avaries pour qu'elles ne finissent pas grillées et l'atmosphère était suffisamment épaisse pour ralentir la chute. Le vaisseau brisa de nombreux arbres en s'écrasant mais au moins n'explosa pas contre le sol. Julia lâcha sa poutrelle et se laissa tomber au sol en grimaçant légèrement, elle n'était pas au mieux de sa forme.


Je vais jeter un oeil dehors, je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose.

Julia marcha d'un pas peu assuré à travers un couloir et finit par trouver une brèche dans la coque du vaisseau qu'elle put franchir. Devant elle s'étendait une jungle que le vaisseau avait à peine pu abîmer tellement elle était dense. Mais il n'y avait pas de danger immédiat et l'air était respirable, bien que très lourd et humide.

Dame Asnar ! Rejoignez-moi.
Darth Velvet
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Ses mots d’amour se perdent sous le crissement sauvage du vaisseau, se noient dans l’hystérie des voyageurs et de leurs cris, dans le rugissement des alarmes de sécurité. Il est pareil à un animal que l’on écorche vif, avec ces morceaux de métal, ces panneaux de carlingue qui s’arrachent de son ossature en pénétrant l’atmosphère, avec la complainte de son alliage qui fond, se déforme et se tord sous la pression de notre crash. Et les pleurs … les plaintes… les râles d’agonie hurlant par-delà le silence de l’espace et la cacophonie de notre désintégration. La déclaration de Julia, n’est rien de plus, rien de moins qu’une goutte dans un océan de peur et de désespoir. Juste quelques mots arrachés d’une bouche tordue par l’angoisse, alors que le souffle de la Faucheuse s’attarde sur nos nuques frissonnantes. Même si nous n’étions pas projetées, bringuebalée comme de pauvres poupées de chiffons, désarticulée à en perdre conscience, je n’aurais pas retenu cela pour autre chose qu’une galanterie légère. Mais ici, et maintenant, arrimée à ma poutrelle, ma conscience filant inéluctablement vers l’abîme, je m’en moque complétement.

J’inspire, j’expire ; relâchant l’air par petites goulées prudentes. Autour de nous, le silence oppressant se pare des étincelles et du grésillement des quelques instruments électroniques encore intacts. D’une main brisée, je délace ma ligne de vie de la poutre. La tête me tourne, la douleur me vrille le diaphragme à chacune de mes respirations, et du sang poisse dans mes cheveux et coule de mon nez. La Force m’a.. nous a protégé de dégâts majeurs, sans pour autant avoir absorbé l’intégralité de l’impact, mais, assurément, c’est à elle que nous devons d’être en vie.

Je me redresse avec la lenteur d’une vieille femme, répertoriant mentalement chacune des faiblesses de mon corps meurtri, levant vers la jeune humaine un regard inquisiteur. Elle semble avoir bien moins souffert que moi, malgrè les paillettes de verre constellant l'or liquide de ses cheveux, les ecchymoses sur ses bras, les égratignures et le tissu déchiré de sa robe. J'essuie d'un revers de main, le saignement de mon nez, hochant la tête en réponse.

"Je peux me protéger moi-même" grinçais-je légèrement

"Dame Asnar, rejoignez-moi."

Je m'engouffre dans le couloir aux allures de carcasse éventrée. Les débris gisent, dissimulant parfois des corps inanimés. Je passe enjambés les morceaux de matériaux indescriptibles, rejoignant Julia à l'air libre. Je prends une bouffée d'air frais, ma main sur mon ventre comme pour contenir la douleur que ma respiration engendre. Il y a dans la brise qui s'enroule autour de nous, l'odeur du feu, du métal brulé et celle sauvage de la forêt. Les cîmes des arbres gigantesques ondulent sous le vent, alors que nous, perchée sur le squelette éviscéré du vaisseau, dominons cette mer d'émeraude ondoyante sous les rayons de deux soleils.

"Nous devrions voir s'il y a d'autres survivants... je doute que des capsules de secours se soient éjectées, mais peut-être que d'autres que nous aurons eu de la chance."

Je pourrais user de la Force pour m'assurer qu'il existe des survivants, mais je suis tellement lasse, mon énergie épuisée par le bouclier, que je ne me sens à peine capable de retourner dans l'ombre protectrice de l'épave.

"Et nous devons impérativement aller jusqu'à la salle de communication ou celle de contrôle... si... elle existe encore"

Retourner à l'intérieur, explorer, supporter la vision horrible des corps mutilés et sans vie des autres voyageurs, avant que la chaleur moite ne s'occupe de rendre cette idée encore plus insupportable.
Julia Wolfross
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Vous avez raison.

La mercenaire constata que Velvet semblait plus affaiblie qu'elle. Peut-être avait-elle subi moins d'aventures et de coups et blessures, ou juste était-elle plus fragile, ou plus probablement l'appel à la Force l'avait épuisée, mais ça Julia ne pouvait pas le savoir. Par contre, elle pouvait s'inquiéter, et elle ne s'en privait pas. Il était hors de question pour elle de laisser sans aide la plus belle femme qu'elle ait jamais rencontrée. Elle tendit donc la main vers elle.

Vous avez l'air blessée. Voulez-vous vous appuyer sur mon épaule ?

Un peu déçue par le refus de sa belle, Julia renonça à la tenir contre elle. Peut-être était-ce mieux ainsi, elle n'était pas non plus au mieux de sa forme. Rien de très grave, mais beaucoup de bleus et de petites coupures, et elle se sentait toujours un peu secouée. Elle devait cependant tenir, pour Velvet, car elle espérait toujours inconsciemment pouvoir l'impressionner. Elle se motiva donc à retourner dans le tas de ferraille tordue qu'était devenu le vaisseau.

Et nous trouverons sûrement encore quelque chose d'utile dans l'infirmerie si nous la retrouvons.

Maintenant que l'air libre l'avait un peu sortie de son état de choc c'est à ce moment seulement qu'elle se rendit compte de l'horreur de la situation. Lors de son parcours vers la sortie, elle n'avait pas fait attention aux corps des blessés et des morts dans l'épave. Le spectacle était désolant, et elle ne pouvait pas faire grand chose pour aider. Elle bredouilla des excuses aux blessés lorsqu'elle en croisait et chercha un plan du vaisseau. Il y avait forcément un plan qui indiquait les issues de secours, les infirmeries et postes de soin et surtout là où on se trouvait. Il était beaucoup plus difficile de s'y retrouver depuis que le vaisseau était sans dessus dessous.

Après un moment d'errance, elle trouva enfin un des fameux plans. Et d'après ce plan, et ce que la blonde avait vu de l'extérieur du vaisseau, il en manquait un morceau. Heureusement, il restait une infirmerie non loin de la position de Julia et Velvet.


Avez-vous besoin de soins ? Je peux vous faire quelques soins si j'ai le matériel.

Devant ce nouveau refus, la mercenaire n'insista pas et rassembla une trousse de premiers soins: de quoi soigner quelques blessures et désinfecter quelques plaies. C'était le désordre complet mais il n'y avait pas trop de casse. Une fois ses emplettes terminées, Julia ressortit, direction la salle de contrôle. Maintenant équipée, elle put soulager quelques blessés, et même panser la coupure d'un dévaronien qui saignait abondamment. Il remercia la jeune femme qui reprit donc son chemin.

Elle ne put s'empêcher de jeter un oeil aux corps inanimés qu'on trouvait dans les couloirs. Elle n'y reconnut nul part le serveur auquel elle avait lancé un regard assassin. Elle vit cependant un Rodien tenant un autre Rodien plus petit dans ses bras et détourna vite le regard, gênée. Et finalement, les deux femmes arrivèrent devant la salle de contrôle, selon le cartouche sur la porte de travers.


Après vous, Dame Asnar.

hrp: Je serai ravie de modifier si Vel décide d'accepter les propositions de Julia
Darth Velvet
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Quelques survivants jalonnent notre progression dans les entrailles délitées du vaisseau, mais la plupart gisent, inanimés, brisés comme des poupées de porcelaine sous des poutrelles descellées. Il y a des râles, des gémissements, les soupirs moribonds des agonisants sous les crissements inquiétants de la carcasse métallique. Au moins, Julia se révèle pleine d’allant et dégourdie, parvenant à nous mener une première fois jusqu’à une infirmerie, et une seconde sur la supposé salle de contrôle.

« Après vous, Dame Asnar. »

"Vel. " rétorquais-je, aussitôt.

J’hoche la tête en pénétrant en premier dans la salle ravagée. Pas une goutte de sang n’entache les murs déchirés, pas un cadavre s’étend sur le sol, alors que toute une paroi de la pièce semble éventrée, mettant à nue des circuits arrachés, des tuyaux, et une vue imprenable sur la canopée tropicale.

« La cabine a du dépressurisé avant notre atterrissage forcé. » concluais-je en traçant du bout du doigt, les sillons de brulés et les bords de la déchirure de coque. « D’où l’absence de corps… je pense. »

Une véritable chance que nous soyons vivantes. J’avance parmi les gravats et les étincelles électriques jusqu’aux tableaux de bord que j’estime être ceux des communications.

« Hummm…. Voyons si le système de localisation et de communication fonctionne toujours. »

Mes mains volent sur des claviers et des boutons endommagés, avec une dextérité et une sérénité que je suis loin de ressentir.

« Les senseurs et la balise de détresse sont HS, je crois.  Grrrr… le reste aussi mais j’ai l’impression qu’un SOS a été transmis avant le crash. De toutes façons, sauf si vous avez des notions d’électro-technologie, ou des compétences en la matière, je crois qu’on en tirera rien. La plupart des composants sont carbonisés. Peut-être un autre rescapé en sera capable ? »

Mais je n’y crois pas réellement. Hormis les deux personnes qu’elle a soulagées un peu plus tôt, je doute que nous soyons très nombreux. Entre les brèches dans la coque, la perte d’oxygène et le choc de l’impact, nous sommes des miraculées. De nouveau un grincement vibre sous mes pieds nus, m’arrachant un frémissement alors que le sol tangue légèrement.

« J’ai l’impression que nous ne nous sommes pas réellement écrasées à un endroit stable. Prenons un maximum d’affaire : nourriture, eau, des vêtements et des couvertures, du matériel de soin… et sortons d’ici avant que notre chance tourne. » déclarais-je en m’emparant, d’un coup de coude dans une vitre fissurée, d’une hache prévue pour la sécurité incendie.

Un autre cri, lugubre retentit, ce genre de bruit qu’émet le métal que l’on trainerait sur des gravillons, alors que lentement, presque au ralenti, l’épave se met à basculer
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Julia Wolfross
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Julia essaya de se corriger:

D'accord, Dame... Vel.

La salle de contrôle n'était pas du tout dans l'état que la blonde imaginait. Pour elle, une salle aussi importante pour la bonne marche du vaisseau devait être bien protégée, sécurisée et résister à toutes les menaces.  Apparemment, elle s'était totalement trompée et elle le réalisa en voyant un pan de mur complètement absent.  Au moins, il n'y avait aucun cadavre, mais c'était une maigre consolation.

J'aurais cru cette salle plus solide.

Vel pianotait sur les claviers comme une véritable experte et en tira rapidement des conclusions qui n'étaient qu'à peine rassurantes. Un SOS avait été envoyé mais plus rien ne fonctionnait désormais. La mercenaire ne put qu'avouer son incapacité à réparer quoi que ce soit dans le vaisseau. Et vu l'état de la salle, personne ne pourrait rien y faire.

Vous avez raison. Rassemblons un maximum de matériel. Et dépêchons-nous.

Joignant le geste à la parole, elle passa la trousse de premiers soins en bandoulière et partit dans la direction des cabines en espérant qu'elles soient encore accessibles. Elles ne trouveraient de vêtements que là-bas, et les rangements pour les gilets de sauvetage et couvertures de survie étaient dans la même zone. Julia se dépêchait et exhortait les survivants qu'elle croisait à quitter l'épave au plus vite. Elle ne laissait pas les craquements sinistres la ralentir et se saisit des premières couvertures de survie qu'elle trouva, il en faudrait pour passer la nuit dans cet environnement inconnu. Malheureusement, elle comprit très vite que quatre bras ne suffiraient pas à tous transporter. Il fallait trouver de grands sacs.

Puis-je emprunter votre hache ?

Julia n'avait pas de moyen plus efficace pour ouvrir les cabines alignées devant elle, alors que les serrures électroniques étaient hors d'état et les portes coincées par les déformations du vaisseau. Après avoir forcé plusieurs portes, Julia trouva enfin ce qu'elle cherchait: un grand sac de type sac de sport. Elle y mit les couvertures, quelques vêtements pris au hasard dans l'armoire de la même cabine, une bouteille d'eau qui traînait et des petits gâteaux secs.  Rien d'idéal mais c'était un début.

Je ne sais pas si ces tenues seront confortables mais ce sera mieux que rien. Par contre, je n'ai pas vu de culottes. Ça risque de devenir gênant rapidement.

La jeune femme visita encore quelques cabines, rajoutant un deuxième sac, d'autres vêtements, le contenu de trois mini-bars, deux boîtes de chocolats et une paire de grands draps. Elle aurait bien voulu visiter sa propre cabine et récupérer quelques affaires personnelles,et à sa taille surtout. Malheureusement, il était temps de quitter le navire.

Je ne crois pas qu'il nous reste assez de temps pour récupérer plus. Je n'ai pas envie de voir jusqu'où ce tas de ferraille peut tomber.

Elles quittèrent donc le vaisseau, rapidement, avant que le pire ne se produise. Les sacs les ralentissaient un peu mais rien de dramatique. Maintenant sortie du vaisseau, la blonde lâcha les sacs qui tombèrent lourdement sur le sol et s'autorisa à souffler. Il faudrait bientôt monter un camp mais elle devait d'abord reprendre son souffle.
Darth Velvet
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Les craquements s’amplifient, grondant, grinçant, crissant. Le squelette du vaisseau ploie arrachant des spasmes à la carcasse suspendue au-dessus de la canopée luxuriante. Mon sac valse sur mon épaule, et je presse Julia pour que nous sortions au plus vite. Nos pas résonnent sur les débris qui jonchent notre évasion de ce labyrinthe de métal et je cours presque, sentant sous nos pieds les derniers soubresauts moribonds de la navette. Il ne faut guère plus d’une minute après notre sortie, pour qu’elle s’effondre sur elle-même, piégeant les cadavres dans son écrin d’argent et de feu, avant de basculer irrémédiablement vers la jungle.

Il y a un bruit sourd, un tremblement, puis le silence. La forêt s’est tue sous le vacarme funeste, et des nuées d’oiseaux colorés embrassent le ciel de leur fuite rapide. Mon regard balaye les environs, lentement, et un soupir s’attarde sur mes lèvres. Il y a peu de survivants, une poignée déambulant autour de nous, hagards, sanglotant ou blessés. Les visages se tournent vers la fumée qui s’élève en colonne comme un dernier hommage aux morts… à la civilisation. L’émotion est palpable et le choc gravé sur les profils, la peur et l’angoisse se disputant à l’apathie.


« Que… qu’allons-nous devenir… » geint une femme, le bras ballant, l’arcade ensanglantée, soutenu par un humain en uniforme.

« Attendre. Les secours vont arriver. »

Oui, peut-être. Dans plusieurs jours. Mais en attendant, il nous faut un abri capable de nous protéger des intempéries et des prédateurs, une source d’eau potable, de la nourriture. Rester au milieu de rien à attendre que les charognards de cette planète nous fondent dessus, ne nous aidera pas à survivre.

« Dans combien de temps ? Est-ce qu’ils vont seulement venir ? Si vous voulez vivre, mieux vaut ne pas s’attarder dans les parages. Les carnaciers vont sentir l’odeur du sang et de la curée. » Répond ma voix, d’un calme empirique, la voix aussi glaciale que les tempêtes de Hoth.

L’officier me jauge, de haut en bas, s’attarde sur ma robe déchirée, ma peau offerte, mes courbes et mes muscles dévoilés, comme l’on jauge une génisse. Oh, je sais qu’il ne voit en moi qu’une mirialan pitoyable, la chevelure sauvage coulant sur ses joues, petite, peu vêtue mais avec qualité. Mais il ne s’attarde qu’aux à priori, refusant d’observer les cicatrices qui constellent ma peau sous la crasse, les muscles roulant avec facilité sous mon épiderme, ma démarche prédatrice et mon regard brillant de cette expérience qui s’acquiert à l’encre des larmes et des épreuves.

« Je suis le second quartier-maitre du vaisseau, et je vous assure qu’il est préférable d’attendre ici, madame. »

J’esquisse un sourire, d’une froideur hivernale, cruel et résigné.

« Comme vous le voulez. Moi je ne reste pas ici. » Je me détourne. Rester est leur choix, non le mien. « Julia, tu restes avec eux, où tu viens avec moi pour trouver un abri ? »

Un pas, puis un second. Je me penche, attrape une branche d’arbre sectionnée par la chute de notre vaisseau.

« Nous reviendrons, lorsque nous aurons trouvé quelque part de moins exposé pour passer la ou les prochaines nuits. En espérant que vous serez toujours là et en vie ».

Et sans un mot de plus, je pars, abandonnant ces hommes, ces femmes trop affligés pour comprendre qu’ils commettent une monstrueuse erreur, mais ceci n’est plus de mon ressort, alors que je m’enfonce parmi les arbres, les lianes et la flore inexplorée de cette planère inconnue.
Julia Wolfross
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Il fallut de longues minutes après l'effondrement du vaisseau pour que Julia reprenne son souffle. Le crash, la course aux ressources dans les couloirs et finalement la réalisation de sa mort si elle avait trainé un peu plus longtemps l'avaient soudainement vidée de ses forces. Elle n'avait même plus assez d'énergie pour s'inquiéter de tous ces passagers qui venaient sans doute de périr juste derrière elle. Elle s'assit sur le sol pour respirer et écouta les échanges entre la magnifique mirialane et les quelques survivants. Ils semblaient décidés à attendre les secours à côté de l'épave. Seule Velvet était prête à se mettre en marche pour améliorer leur situation. La blonde acqueisça de la tête à toutes les phrases de Vel. Pourtant elle bafouilla quand la belle lui adressa la parole.

Je vous accom... te suis Dame Vel.

Elle se redressa et partit à la suite de Velvet. Elle pressa le pas pour revenir à sa hauteur, un peu trop perturbée la silhouette et la démarche féline sinon. Mais ce n'était pas aux formes de la jeune femme qu'elle devait s'intéresser, ce qui importait c'était de trouver un bon emplacement pour un camp, une source ou une rivière pour se désaltérer et des fruits et baies pour se nourrir. La survie dans la jungle était loin d'être sa spécialité mais elle connaissait quand même de petites choses utiles. Par exemple, il valait mieux commencer par chercher de l'eau. Plutôt que de discuter, elle tendit donc l'oreille. Finalement, elle trouva quelques baies rouges sur un buisson, mais difficile de savoir si elles étaient comestibles.

J'ai trouvé ces baies. Vous croyez qu'elles sont comestibles ?

Comme Velvet n'en savait rien non plus, elle décida de prendre l risque et d'en goûter une. Elle était un peu sucrée, pas vraiment nourrissante, mais ce n'était qu'une baie. Il valait mieux attendre un moment pour être sûre. Julia ne voulait surtout pas prendre le risque d'empoisonner sa belle compagne d'infortune.

Si je ne tombe pas malade, il faudra revenir pour en faire un stock.

Il faudrait évidemment retrouver l'endroit, mais ça ne devrait pas être si difficile. Mais si les baies étaient comestibles, c'était déjà un souci de moins à gérer. Il restait cependant toujours le problème de la soif. Mais après avoir encore progressé un peu dans la jungle, elles commencèrent à entendre un léger bruit de ruissellement. Un léger signe de tête entre elles, et elles se dirigèrent vers la source du son. Après un bon moment, une rivière calme et transparente se dessina sous leurs yeux. La blonde passa une main dans le courant pour évaluer la température: fraîche. Elle se risqua aussi à se désaltérer, en utilisant ses mains comme coupe: l'eau était agréable au goût. Elle en profita aussi pour se nettoyer le visage et eut alors une autre idée. Une fois que Velvet se fut rafraîchie un peu, la mercenaire suivit le courant pour finalement trouver ce qu'elle cherchait: une mare claire. Il ne fallut à Julia qu'un instant pour se décider: elle se déshabilla puis se mit à l'eau. Elle allait enfin pour pouvoir se nettoyer. Une fois de l'eau jusqu'à mi-cuisse, elle se tourna vers sa belle pour l'inviter:

Viens, l'eau est bonne !

Elle se rendit alors compte de la situation et rougit brusquement en essayant de cacher ce qu'elle pouvait.

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