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La guerre et l'ExploCorp ne pouvaient pas réellement faire bon ménage. L'exploration était une mission de paix, et les membres qui la menaient trop solitaires et réfractaires à la notion de hiérarchie militaire. Si les missions de fondation de nouvelle colonies pouvaient encore convenir aux explorateurs, et même sortir certains de leur confortable isolation, les utiliser comme éclaireurs ne pouvaient que causer du mal. Cette vision du Corps d'Exploration la chagrinait un peu, elle qui avait participé, puis même dirigé cette organisation pendant des dizaines d'années. La situation aurait-elle pu être différente si elle était restée ? Aurait-elle pu préserver sa petite organisation des pires aspects du conflit ?

Son attention fut rapidement ramenée à des besoins plus terre à terre, alors qu'ils arrivaient enfin au contact des survivants. Ils étaient tous là, tant les scientifiques que leurs accompagnateurs. Et aucun ne semblait mourant au premier regard, même si un des éclaireurs était alité. Bien sûr, aucun ne semblait particulièrement en forme non plus, mais au moins étaient-ils en vie. Le visage encore rouge sous l'effort, Cally se débarrassa de son sac, laissant à Karm le soin de les introduire. Il valait probablement mieux que ce soit lui qui parle. La situation serait probablement trop compliquée à expliquer si le jedi laissait les commandes à ce qui avait tout l'air d'une gamine. Ce qui ne l'empêcha pas de le faire, au plus grand des calmes.

Cally se figea, alors que des regards surpris se posaient sur elle. La peste soit de cette homme ! Le chevalier se pencha ensuite vers le malade, la laissant seule en charge. Était-ce de la confiance, ou bien de l'inconscience ? C'était sa première mission depuis plus de trente ans, pourquoi il tentait de la mettre ainsi dans l’embarras ? Il aurait pu y aller plus doucement tout de même.


- Euh... bredouilla-t-elle, ne sachant pas trop par quoi commencer.

Affronter ces regards interloqués la déstabilisait bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Dans l'ensemble, depuis sa transformation, elle n'en avait pas subi tant que ça. Elle avait vite appris que tant que personne ne savait qui elle était réellement, elle n'était qu'une enfant parmi les autres, et n'attirait pas beaucoup les regards. Mais là... Pourquoi cela l'atteignait-elle autant ? Elle chassa ses pensées importunes. Arrivé à ce stade, autant faire comme si tout était normal. Ce serait trop long d'expliquer.


- Nous avons amené des vivres pour vous permettre de reprendre quelques forces. Dés que ce sera le cas, ceux qui en sont capables m'accompagneront dehors pour escalader la paroi. Nous y retrouverons notre vaisseau. Karm se chargera de faire grimper ceux qui se sentent trop faibles.

Elle commença à ouvrir son sac, et distribua des rations et des gourdes d'eau aux survivants sous leur regard affamé.


- Mangez et buvez lentement, sinon vous risquez de tout vomir,
les prévint-elle d'un ton sévère qui se mariait mal au timbre aigüe de sa voix.

Ils s'assirent à même le sol pour ce repas improvisé, sous l’œil observateur de la gamine. Si ce n'étaient quelques égratignures et bleus, cela avait l'air d'aller... Elle s'autorisa un regard vers Karm, et le vit utiliser la Force sur le plus mal en point des survivants, probablement pour le soigner. Elle ressentit une brusque poussée de jalousie. Elle ne pouvait plus faire ça. Elle ne le pourrait probablement plus jamais. Elle savait bien qu'elle se devait de repousser ce sentiment, que Karm n'y pouvait rien, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Et ce n'était pas la première fois... Comment pouvait-elle envisager de rester au temple si elle n'encaissait pas de voir les autres Jedis utiliser la Force devant elle ?


- J'ai dit pas trop vite, grogna-t-elle en arrachant sa barre de nutriments au jeune homme qui devait être l'assistant du docteur.

Elle le laissa boire un coup, avant de lui rendre sa nourriture. Les mains sur les hanches, l’œil inquisiteur, debout devant les adultes assis sur le sol, elle ressemblait un peu à une mère un peu trop revêche s'occupant de ses rejetons. Ce qui semblait le monde à l'envers. Au moins avaient-ils accepté son autorité sans trop broncher, même s'ils lui lançaient parfois quelques regards étonnés à la dérobé, surpris par son corps d'enfant.


- Nous avons trouvé l'épave de votre vaisseau. Qu'est-ce qui a fait sauter votre réacteur ?
demanda-t-elle.

Elle cherchait surtout à savoir si cela risquait de leur arrivé sur le chemin du retour, lorsqu'ils regagneraient l'orbite.


- Une sorte d'énorme oiseau,
lui répondit rapidement Mulik, en tripotant un de ses lekkus. Il a heurté la coque au niveau du réacteur gauche peu après notre entrée dans l'atmosphère. Les espèces endémiques de cette planète font montre d'une croissance et d'une taille formidable qui...
- Oui, j'ai remarqué, le coupa-t-elle brutalement avant de se laisser emporter dans un discours de scientifique.

Il faudrait faire attention aux piafs au retour, donc.


- Très bien, qui se sent capable de sortir de cette grotte et remonter la paroi ?

Les survivants se regardèrent un instant, puis finirent tous par hocher la tête avec plus ou moins d'enthousiasme. Cally sortit alors son comlink, et contacta le vaisseau:

- Blip, on a retrouvé tout le monde. Pourrais-tu venir nous chercher s'il te plait ? Je t'envoie des coordonnées.

Puis, se tournant vers Karm:

- Karm, j'emmène le docteur Von Rapfel, le jeune T'Kal et madame Bargen pour l'escalade. Pourrais-tu nous surveiller d'en bas, et nous rattraper si jamais quelqu'un avait la malchance de tomber ?

Il ne s'agissait pas de perdre quelqu'un si proche du but. Si Cally les jugeait apte à grimper, elle souhaitait ne rien laisser au hasard.
Karm Torr
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D’un hochement de la tête, l’Ark-Ni approuva le plan de la Maître Jedi, après avoir retiré ses mains du blessé, dont l’état était stable, désormais : une amélioration médiocre, mais une amélioration tout de même. Cinq minutes plus tard à peine, ils purent entendre le vrombissement des moteurs du vaisseau qui se posaient au sommet du plateau lacustre.


Au fond, Karm partageait la curiosité des deux scientifiques à l’égard de la vie curieusement titanesque de cette planète isolée. Les rapports qu’il avait lus à son sujet n’en disaient pas grand-chose, mais il fallait bien admettre que, pour l’essentiel, ils étaient largement spéculatifs, puisque le but de cette première mission scientifique était précisément d’établir les bases de l’histoire naturelle de ce monde.


Mais il y avait plus urgent. Posté à l’entrée de la grotte, Karm observait attentivement les quatre alpinistes improvisés. Blip avait dévidé un filin métallique le long de la paroi, pour servir de corde de rappel, ce qui facilitait un peu l’opération. Mais les trois naufragés, éreintés, avaient des gestes maladroits, malgré le solide entraînement qu’ils avaient dû suivre, pour préparer cette expédition. Plus d’une fois, en voyant un pied glisser le long de la roche, Karm fut prêt à investir sa télékinésie pour sauver le grimpeur, mais ils finirent par parvenir sans encombre jusqu’au sommet.


Quand on eut fixé le brancard sur le filin du vaisseau, Karm y sangla soigneusement Jasper Prost. D’un signe de la main, il indiqua à ceux d’en haut qu’ils pouvaient commencer à le hisser et, à nouveau posté à l’entrée de la grotte, il se concentra sur la nacelle qui s’élevait lentement, pour en contenir les remous éventuels. Ce ne fut que lorsque le malade parvint sain et sauf dans le vaisseau que le Jedi s’élança à la suite des autres, avec une facilité que les naufragés jugèrent insolentes.


Tout le monde est en un seul morceau, demanda Karm qui venait d’arriver comme une fleur dans la soute du vaisseau ?


On lui répondit par une série de hochements de tête.


Bon, du coup, cet oiseau géant, il était géant comment ?
Hé bien, commença Mulik.
Douze mètres d’envergure, coupa la professeure, qui avait assez travaillé avec des hommes de terrain pour supposer qu’ils n’auraient pas la patience pour un long exposé scientifique. Très écailleux. Le choc avec le réacteur l’a tué sur le coup, mais j’ai récupéré des échantillons de matière organique sur l’épave.


Il fallait être une scientifique dévouée pour penser à faire des relevés quand on venait d’échouer sur une planète déserte.


Il volait seul ?


La professeure hocha la tête.


C’est un problème, intervint l’éclaireuse ?
Nos instruments de surveillance repéreraient plus facilement des groupes, qui seraient alors plus faciles à éviter. La vitesse de l’oiseau ?
Assez rapide que pour que le pilote, la Force ait son âme, n’ait pas réussi à l’éviter.


Karm resta quelques instants pensif, mais la situation ne leur offrait pas beaucoup de possibilités. Attendre était beaucoup trop dangereux : l’état du malade pouvait se dégrader et on ne savait pas quel titan la nature leur réservait encore. Il fallait prendre le risque de traverser l’atmosphère. Ce qui inquiétait l’Ark-Ni, c’était que la collision de la mission scientifique avec un volatile qui voyageait seul et que rien auparavant n’avait détecté était tout-à-fait improbable. Ce qui voulait dire qu’il n’y avait probablement pas de hasard et que l’animal avait été attiré par le vaisseau, qu’il avait peut-être considéré comme une proie. Partant, les chances d’en rencontrer un de nouveau étaient singulièrement plus élevées.


Le Jedi se rapprocha de la Maître et murmura tout bas :


Faut qu’on monte en piquée aussi vite que possible, j’prends la manœuvre du vaisseau jusqu’à l’orbite.


Jusque là, il avait confié le manche à balai à Cally, mais dans une sortie qui pouvait s’avérer compliquée, mieux valait que le pilote ait la Force de son côté. Le Gardien jeta un coup d’oeil au patient allité.


Les compensateur de gravité devraient amortir une bonne partie de l’accélération, mais ça va pas être super agréable non plus.


Mais c’était mieux que de se faire piétiner par une tortue géante, avaler par un méga-ver de terre ou picorer à mort par un vautour de douze mètres.


On décolle, lança-t-il aux autres.
Et l’oiseau, demanda anxieusement le jeune scientifique ?
J’suis plus rapide que les oiseaux, déclara Karm d’un ton dégagé.


De fait.
Quelques minutes plus tard, avec Karm aux commandes, et une fois certain que tout le monde était correctement arrimé et que les compensateurs étaient convenablement réglés, le vaisseau jedi fit un bond brutal au-dessus du plateau, pour s’élancer à toute vitesse dans les airs. L’Ark-Ni avait dérivé la plus grande partie de l’énergie des compensateurs vers la soute, pour les besoins du malade : l’accélération l’écrasait sur son siège.


Quelques secondes après le décollage, Karm sentit confusément une menace à travers la Force. L’instant d’après, l’alarme de collision résonnait. Le Jedi fit une brusque embardée pour éviter le volatile et poursuivit son ascension. Contre un missile, il aurait entamé des manœuvres d’évitement ou cherché à se mettre à couvert, mais en ces circonstances, il supposait que plus l’atmosphère serait raréfié, plus son poursuivant perdrait du terrain.


L’alarme était stridente.
Les passagers échangeaient des regards anxieux.
La situation leur rappelait de bien terribles souvenirs.


Malgré les compensateurs, la pression de l’accélération commençait à se faire sentir dans tout le vaisseau. Le métal grinçait. Le tableau de bord de l’appareil s’illuminait comme une discothèque de Coruscant.


BIIIIP. BIP BIP BIP.
Reste poli, Blip, murmura le Jedi, entre ses dents serrées, à cause de la douleur.


Mais l’oiseau perdait du terrain : ils avaient atteint les couches intermédiaires de l’atmosphère et, après une minute encore de cette épreuve, l’animal commença à rebrousser chemin, dissuadé soit par le froid, soit par l’absence d’oxygène. Karm ne ralentit cependant qu’une fois aux couches supérieures, et là, après avoir entamé une lente et progressive décélération, il laissa le vaisseau se caler doucement en orbite.
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L'escalade se passa sans encombre, et bientôt ils furent tous en sécurité à l'intérieur du vaisseau. Elle écouta d'une oreille les discussions de Karm, qui voulait s'informer sur les oiseaux géants, tout en sanglant solidement leur malade dans la soute, afin d'être sûr qu'il ne bouge pas. Surtout que le décollage s'annonçait mouvementé, si elle avait bien saisit la conversation... Chose que vint lui confirmer Karm quelques instants plus tard, en venant lui chuchoter à l'oreille qu'il prenait les commandes. Elle hocha la tête pour acquiescer sans un mot. Le ton de Karm ne souffrait pas vraiment de réplique, de toute manière, sonnant plus comme un ordre que comme une question. Cela la recadrait un peu dans la place qui était réellement la sienne. Elle n'était là que pour être testée. Elle comprenait bien les raisons qu'il y avait derrière. S'ils se faisaient attaquer par un oiseau géant indétectable par radar, il fallait que le pilote ait la Force. Ça n'en restait pas moins blessant pour elle.

Elle laissa donc Karm rejoindre la cabine de pilotage, et fit de son mieux pour installer tous les survivants dans la soute, s'assurant qu'ils étaient convenablement sanglés. Elle vérifia deux fois pour le malade, qui n'avait pas l'air d'être en état de s'accrocher tout seul. Puis, le vaisseau commença à faire des embardées violentes, alors qu'il grimpait en piquet avec toute la puissance de ses moteurs. Cally s'installa alors elle-même, restant avec les autres pour les rassurer. Elle-même affichait un air serein qu'elle était bien loin de ressentir. Elle avait connu ce genre de situation un certain nombre de fois, et était parfaitement habituée au fait de ne rien voir de ce qu'il se passait à l'extérieur. Elle faisait parfaitement confiance au pilote pour les tirer de cette situation.

Cependant, avant, elle avait la Force. Elle était capable de ressentir ce qu'il se passait, s'il y avait du danger ou non. Une nouvelle fois, elle se sentit cruellement aveugle et sourde. Aussi ne pouvait-elle réprimer une pointe d'angoisse. Mais bon, il n'y avait rien qu'elle put faire, aussi se força-t-elle au calme, pour ne pas affoler plus les autres survivants. Elle ne pouvait même pas tenter quelques paroles réconfortantes, car les sirènes d'alarmes auraient complétement étouffé sa voix aigüe. Malgré la cacophonie ambiante, on pouvait entendre les grincements de la coque malmenée, ce qui n'augurait rien de bon. Les petits cœurs de Cally ne pouvaient à présent s'empêcher de battre à tout rompre.

Puis, doucement, le calme revint. Les gémissements du métal se turent, puis les alarmes s'éteignirent, les unes après les autres. La vieille Jedi s'assura que tout le monde allait bien, puis les laissa dans la soute pour se reposer. Ils en avaient bien besoin, surtout à présent qu'il pouvait disposer de tout le confort moderne à leur guise. Certains s'endormirent presque instantanément, pendant que d'autres se disputaient le privilège de la douche. Pour sa part, Cally se dirigea vers le cockpit afin d'y retrouver Karm.

Elle le retrouva affalé sur le fauteuil du pilote, visiblement exténué. Cally se hissa sans un mot sur le siège du copilote. Elle ne savait pas où le Jedi avait bien pu ranger le rehausseur pour enfant, aussi ne le chercha-t-elle même pas, même si sans lui, le fauteuil lui paraissait beaucoup plus grand. Et surtout terriblement bas. Elle ne voyait même pas le nez de leur appareil à travers les vitres avant. Mais bon, ce n'était pas comme si elle devait piloter. Ils semblaient déjà dans l'espace, comme pouvaient l'attester la toile noire du fond de la galaxie.


- Tout le monde va bien, finit-elle par dire de sa petite voix. Félicitations pour la montée. Enfin, moi aussi j'aurai pu le faire, hein, protesta-t-elle faiblement. Ça va, t'as pas trop pris l'accélération ? A ton âge, on est encore assez jeune et robuste pour ce genre de trucs.

Elle tenta de s'installer confortablement tant bien que mal dans ce fauteuil bien trop grand pour elle, se tortillant et prenant appui sur les accoudoirs, avant d'abandonner et de s'affaler comme Karm. Elle aussi se sentait tout à coup terriblement lasse.

- Blip, peux-tu s'il te plait rentrer les coordonnées prévues pour l'hyper-espace ?

Ils avaient trouvés une station spatiale avec un centre médical suffisamment complet pour leurs survivants, et pour assurer une petite période de quarantaine, au cas où. Elle reprit, à l'attention de son compagnon:

- Je crois qu'on touche la fin du voyage. Merci pour... Euh... Enfin, tu sais, pas m'avoir traitée comme une enfant. Ça m'a changé des mois précédents. Et puis c'était vraiment bien d'avoir un peu d'action, après tout ce temps cloitrée au Temple.

Elle tourna des yeux sages et tristes vers l'immensité de dehors, avant de poursuivre.

- Je suppose que la prochaine étape, ça va être de passer devant le Conseil. Ils ont dû te demander de faire un rapport sur moi ?

Elle se renfonça, minuscule dans son siège, fatiguée par la redescente de l'adrénaline.

- Bah, qui sait ce que l'avenir nous réserve, toute façon.
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J’me porte comme un charme, assura Karm avec le ton de quelqu’un qui vient de faire un rodéo de l’enfer à cause d’un speeder mal réparé.
Bip, dit Blip.

L’Ark-Ni avait désormais une idée fixe : passer entre les mains de Luke, pour qu’il le soulage de ses contusions.
(Et plus, si affinités.)
(Affinités il y avait, au demeurant.)

Les données du l’astrodroïde s’affichèrent à l’écran, décrivant un trajet standard vers la station spatiale la plus proche et, après les avoir examinées encore une fois par acquis de conscience, Karm pianota quelques secondes pour les confirmer à l’ordinateur central du vaisseau. Cinq minutes plus tard, les étoiles s’étiraient tout autour d’eux et le vaisseau bondissait dans l’hyperespace, laissant l’Ark-Ni libre de pivoter son siège vers celui de Cally.

Il accueillit les remerciements de sa consœur d’un haussement d’épaules.

J’aurais du mal à te traiter comme une gamine, t’es une légende vivante de l’Ordre et de l’ExploCorps, hein. T’as beau avoir une tête à offrir tout ton amour à un boys band corellien…

Dixit celui qui avait précisément une tête et un physique de tête d’affiche de boys band corellien, à exciter les ferveurs pubertaires des adolescentes en furie.

… ça change rien à ça. Nos corps ne sont qu’une fumée qui change sans cesse et se dissipe enfin, mais nos esprits sont les feux qui brûlent véritablement.

En bon Jedi, Karm avait le sens des adages à moitié cryptique.
Accessoirement, il avait faim.

Le jeune homme se releva péniblement et, accompagné de la légende vivante haute comme trois pommes, prit le chemin de la salle commune, que l’équipe scientifique n’avait apparemment pas décidé d’investir. Seul les crachotements de la cabine de douche, au bout de la coursive secondaire, venaient troubler le ronronnement tranquille des moteurs, dans la petite pièce circulaire.

Ouais, un rapport. M’en parle pas. L’horreur.

La phobie administrative de Karm ne s’était qu’à peine tempérée au contact de Luke, alors même que son compagnon avait pour les formulaires et les procédures un amour qui, pour un peu, ferait presque concurrence à celui qu’il vouait à l’Ark-Ni.

Les sachets de ration fourrés dans le préparateur, le Jedi s’adosse au plan de travail exigu, les mains dans les poches.

’Fin bon, t’as pas à t’inquiéter. Déjà, abstraction faite que c’est pas à moi de juger une Maître sur le fond…

Par le fond, il voulait parler de l’état psychologique de Cally. Du reste, ce n’était sans doute pas pour cela qu’on la lui avait confiée : en la matière, l’Ordre avait, il l’espérait, des experts bien plus compétents que lui.

… et ensuite, ben, t’es parfaitement apte au terrain, en tout cas en tandem. Clairement, t’as de l’entraînement en perspective, pour te réadapter à ta nouvelle condition psychomotrice, mais c’est que de la programmation musculaire. Ce sera incomparablement plus facile et plus rapide pour toi que pour une Padawan d’âge équivalent, parce que tu connais déjà tous les aspects théoriques. Quant à la Force…

Le préparateur l’interrompit par une petite sonnerie et Karm déposa bientôt une sorte de ragoût végétal devant Cally, avant de s’asseoir en face d’elle.

Mon avis a pas changé. Pour moi, c’est un problème mystique, pas physiologique. À force de méditation et de travail spirituel, je vois pas pourquoi ça reviendrait pas. Une sorte de pénitence, quoi. ‘Fin bref. Quoi qu’il en soit, si on me pose la question, je préconiserai qu’on te réintègre pleinement au service actif.

De là à pousser Cally à accomplir des missions en solitaire, il y avait tout un monde, mais Karm restait persuader que quelques mois d’entraînement intensif résoudraient l’essentiel des difficultés physiques de ce corps de jeune fille. Et la Galaxie était pleine d’exploratrices, de cartographes et d’astronavigatrices qui se passaient fort bien de la Fore pour s’illustrer dans leur domaine respectif.

Et moi, ça me dérange pas de faire semblant de te chaperonner pour d’autres missions. Je trouve qu’on bosse pas mal tous les deux ensemble et je doute que ma Padawane y trouverait à redire. Elle est cool.

« Cool » n’était généralement pas le qualificatif que les Jedis utilisaient pour vanter les mérites de leurs pupilles, mais, pour Karm, il recouvrait un vaste ensemble de qualités que Thann possédait, selon lui, à un degré supérieur.
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La navette s'enfonça doucement dans la relative sécurité de l'hyperespace, loin de cette planète et de sa faune gargantuesque. Somme toute, ils s'étaient plutôt bien débrouillés, en tout cas de l'avis de Cally. Ce frisson d'exploration lui avait manqué sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Comment avait-elle faire pour vivre sans durant tant d'année ? Avait-elle été si obnubilé par sa quête de jeunesse qu'elle avait occulté cette sensation si forte qui l'avait guidée toutes ses années durant ? Mais en même temps, elle se rendait compte à quel point elle avait pu dépendre de Karm durant cette mission. Pouvait-elle retrouver ses qualités d'exploratrice d'avant, ou ne serait-ce que ces capacités physiques, sans la Force ?

Karm, lui, en semblait persuadé. Il lui expliqua à sa manière si particulière que tout devrait rentrer dans l'ordre alors qu'elle le suivait pour un repas improvisé dans la salle principale. Elle s'assit à la table d'un air un peu bougon, perdue dans ses pensées. Qu'elle aurait aimé partager l'assurance de son compagnon de voyage ! Mais ce n'était pas le cas, loin de là. A présent que l'excitation de la mission retombait dans son petit corps d'enfant, l'angoisse latent de sa situation lui revint. Dés que son esprit n'était plus occupé, les pensées moroses lui revenait. Le Conseil qu'elle devait bientôt affronter. Son état de santé qui lui était toujours inconnu. La Force qui ne semblait pas vouloir lui revenir...

Elle mangea sans conviction le bol que le Jedi lui présenta, alors qu'il lui parlait de sa padawan, ce qui fit remonter de nouvelles pensées dans l'esprit de la vieille gamine. Était-elle encore seulement à accomplir cette tâche si importante et pourtant si basique pour l'Ordre que de transmettre son savoir ? Elle n'avait plus vraiment la tête de l'emploi, qui donc pourrait vouloir écouter ce qu'elle avait à dire ? Qui pourrait seulement la prendre au sérieux ? Ne plus être capable de tenir le rôle de professeur ne ferait que s'ajouter à une liste de ses échecs qui ne semblait plus vouloir arrêter de s'allonger.


- Merci Karm, lui répondit-elle dans un souffle, je suppose que tu as raison.

Elle n'avait aucun argument à lui opposer. Il avait raison, il fallait ne pas trop s'en faire et voir comment les choses allaient évoluer. S'inquiéter ne servirait à rien. Elle le savait. Elle le savait ! Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se ronger les sangs dés que son esprit vagabondait un peu trop. C'était une attitude très humaine en fin de compte. Bien qu'elle ne puisse rien y faire, elle craignait le futur, toutes ces petites choses qui pouvaient mal se passer pour elle, tant celles qu'elle anticipait que celle dont elle ne connaissait rien.

Elle jeta un coup d’œil en coin à son compagnon. Au moins, elle avait visiblement gagné un soutien au temple Jedi. Malgré ses airs de premier de la classe un peu rebelle et nonchalant, Karm semblait fiable. Même elle, alors qu'elle vivait recluse avant sa transformation, avait entendu parler de ses exploits et son investissement dans l'ExploCorp. Mais serait-il toujours un soutien, voire un ami, si jamais elle était virée de l'Ordre ? Si elle redevenait une citoyenne lambda ? Des questions, encore des questions, qui ne venaient que la tourmenter un peu plus. Elle tenta un petit moment se de concentrer sur le sex-appeal de Karm pour se changer les idées, mais c'était peine perdue. Le jeune homme avait beau être mignon, il ne valait clairement pas un Luke Kayan.

Le reste du voyage se passa sans encombre. Là où Cally s'était montrée une personne concentrée et professionnelle durant la mission, les nuages qui obscurcissaient ses pensées la rendaient à présent plus taciturne et renfermée. Il était clair que quelque chose lui pesait, et si elle répondait toujours à ses compagnons de voyages, elle ne tentait pas plus de poursuivre la conversation. Elle passa une bonne partie de son temps à dormir sur le trajet du retour. Outre le fait que le périple avait été épuisant, c'était un bon échappatoire à ses pensées moroses, elle qui n'était pas sujette aux cauchemars. Le passage a la station médicale et leur petite quarantaine n'engendra pas plus de problème, tous les membres rescapés de l'expédition se révélant être en bonne forme. Ils laissèrent les naufragés là-bas, où un autre transporteur viendrait les chercher pour les ramener à leur point de départ.

Ce qui les amena bien vite à la fin de leur voyage, tous les deux sur le tarmac des hangars du temple Jedi son Ondéron. Toujours la tête ailleurs, elle n'en salua pas moins le chevalier avant de partir. Elle le gratifia d'un petit coup de poing amical dans la hanche, faute de pouvoir lui tapoter l'épaule.


- Merci pour tout, Karm. J'espère qu'on pourra se revoir. Enfin, la prochaine fois je m'arrangerai pour que ce soit moi qui te chaperonne,
plaisanta-t-elle d'une voix un peu triste de savoir cette aventure terminée.

C'est vrai quoi, c'était quand même elle l'ainée ici, de très, très loin ! Sur ce petit trait d'humour qui n'en était peut-être pas un, elle laissa l'Ark-ni et regagna ses quartiers, en se demandant bien comment elle pouvait écarter ses sombres pensées, à présent que cette mission était passée.
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