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Il était tard dans la nuit. Ou tôt dans la matinée, selon le point de vue. Alors que les lunes opéraient leur balai céleste dans le ciel nocturne, le Temple était calme. Le moment idéal pour sortir, si l'on souhaitait ne croiser personne. Il devait bien être deux, ou peut-être trois heures du matin... Cally avait perdu la notion du temps. Elle avait des sujets bien plus importants sur lesquels se concentrer. Comme essayer de ne pas se faire couper en deux par son propre sabre laser !

La maitre jedi avait commencé sa rééducation physique le soir même. Elle avait attendu que tout le monde dorme, et que les couloirs de l'immense Temple Jedi se vident peu à peu de leurs occupants. Elle ne souhaitait voir personne. Et surtout, elle ne souhaitait que personne ne la voit. Malgré ses cent-trente-sept ans, ses récentes... mésaventures l'avaient laissée avec le corps d'une gamine de dix ans. Et sans la Force. Même si elle était physiquement en pleine forme, elle était encore en pleine reconstruction mentale. Entre le traumatisme d'avoir perdu la Force, ainsi cette transformation forcée, lui faisant perdre tout ses repères, il y avait encore pas mal de boulot. Ce passage avait été suffisamment douloureux pour qu'elle tente de mettre fin à ses jours. Et parfois, elle regrettait encore de ne pas y être parvenue.

Mais elle avait suffisamment récupérer pour s'éloigner du gouffre de la dépression, au moins un peu. Suffisamment pour envisager l'avenir. Se dire qu'elle devrait peut-être vivre dans ce corps, au lieu de se laisser mourir. Grâce au docteur Balian, surtout, qui l'avait remise de force sur les bons rails à suivre. Si elle devait vivre, autant qu'elle essaie de le faire du mieux qu'elle pouvait. Il lui fallait s'habituer à ce nouveau corps. Regagner ses réflexes, ses habitudes. Elle avait perdu plus de quarante centimètres lors de sa transformation. Ses bras et ses jambes étaient bien plus courts qu'ils l'étaient auparavant, ce qui faussait tous ses jugements de distances. Rien que marcher sans s'étaler par terre, ou saisir un objet sans le laisser tomber lui nécessitait un effort conscient, et une attention de tous les instants.

Sur les conseils des médecins, elle était venue dans une salle d'entrainement pour commencer sa rééducation. Enfin, la réappropriation de son corps, pour être plus précise. Malgré les recommandations du centre médical, elle ne se ménagerait pas. Son temps était précieux, aussi précieux que celui d'une vieille dame en fin de vie. Les secondes qui s'égrenaient devaient absolument la pousser à l'amélioration. C'était crucial. Cela déterminerait peut-être son avenir. Bientôt, elle devrait affronter le Conseil Jedi, qui la jugerait pour sa faute. Il lui fallait avoir recouvré ses moyens, à ce moment-là. Qu'elle se tienne au meilleur de sa nouvelle forme devant ses pairs. Elle craignait pour ce qui allait se dérouler à ce moment là... Mais elle n'avait pas trop le choix.

Arrivée à la salle d'entrainement, elle s'était lancé tout d'abord dans une série d'assouplissements. Ses nouveaux muscles répondaient à merveilles à ses attentes, même si ses gestes étaient encore très maladroits. Son corps débordait de la vigueur de la jeunesse, ce qui la changeait agréablement de son ancienne enveloppe, émoussée par le temps. Elle se sentait capable d'aller plus vite, de voir plus loin, et d'entendre même le crissement des tapis de mousse sous ses pieds. Elle se sentait... vivre. Tout simplement. Si seulement le prix à payer n'avait pas été aussi exorbitant. Elle préféra ne pas s'attarder sur la question. Il lui fallait garder ses pensées noires au loin, et se concentrer sur son entrainement.

Elle avait alors dégainé son sabre laser. Une arme qu'elle utilisait depuis plus de cinquante ans. et pourtant, elle ne reconnaissait pas le manche en acier usé, qu'elle dût saisir à deux mains pour assurer sa prise. Pourquoi l'arme lui paraissait-elle si lourde ? Ou était cette sensation de familiarité qu'elle s'était attendue à ressentir ? Elle persévéra, poussant l'alimentation du bout de son pouce. Une lame verte en sortit immédiatement en chuintant. Dieu, elle était si longue ! Quasiment aussi grande que la gamine. Elle se rendit compte qu'elle ne se sentait pas en harmonie avec l'arme. Elle savait que la Force était importante dans le maniement d'un sabre laser... Mais jusqu'à quel point ?

Elle tenta de faire quelques moulinets simples pour retrouver ses vieux réflexes, mais l'arme manqua de lui échapper des mains. Elle dut serrer ses petits doigts forts pour éviter le drame, et pourtant la longue lame ardente vint lui roussir quelques cheveux. C'était... dangereux. Mais elle devait bien essayer. Prenant plus de précaution, elle fit quelques nouveaux gestes simples, des coups lents de taille et d'estoc. Mais quelque chose n'allait vraiment pas. Elle ne maitrisait pas du tout le trajectoire de la lame. Complétement bornée, elle persévéra cependant. Au bout d'une dizaine de minutes d'un entrainement pourtant très simple, l'arme lui échappa des mains. La lame mortelle vint lui frôler le bras gauche, faisant fondre sa simple chemise de padawan et brûlant la chair en dessous.

Cally tomba à genoux en glapissant de douleur et de surprise. L'arme finit sa course plus loin, sur le sol, s'éteignant avec un bruit plaintif après avoir généreusement mordu les tapis d'entrainement. Qu'est-ce que c'était que cette plaisanterie ?! Les dents serrées, l'esprit confus, elle jeta un rapide coup d’œil. Cela ne paraissait pas très grave, l'arme n'avait fait que l'effleurer... Mais la sensation n'en était pas moins cuisante, et douloureuse.

Etait-elle donc tombée si bas ?
Luke Kayan
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Une dernière ronde. Border les Padawans les plus timorés, les derniers arrivés surtout. Luke s'acquittait de cette tâche avec une sérénité jusque là absente. Était-ce dû à son relatif succès? En partie, car avoir domestiqué cette petite bande de sauvages, exigeants en amour, en histoires s'était enfin assagie. Il y en avait même certains qui attendaient l'arrivée du Chevalier avec plaisir, comptant sur sa voix douce pour délivrer des bribes d'aventures, surtout celles de Karm Torr. Luke était automatiquement considéré comme un étrange témoin aux yeux éteints, mais ça ne dérangeait pas outre mesure le discret Consulaire, déjà heureux d'avoir troqué ses discours sur la Force pour ces histoires. Il apprenait à diluer ses morales chéries dans le corps du texte, elles rentraient chaque jour davantage dans le crâne des gosses, beaucoup plus efficacement que lorsqu'il s’exhortait à le faire. Tout le monde était heureux.

Après avoir dispensé un ou deux câlins aux plus récalcitrants, le jeune homme arpentait les couloirs afin de vérifier que tout était en ordre. Une tâche plutôt étrange considérant son handicap, mais en réalité il n'y avait guère plus méticuleux que le blond. Oreilles attentives, silencieuse petite silhouette épousant l'ombre au lieu de la découper, le Hapien circulait fluidement dans ces couloirs connus et reconnus. Ce soir-là cependant, un grand bruit, beaucoup trop humain pour être ignoré, perturba la ronde de Luke. La main toujours posée sur un mur lisse, le Jedi se mit à courir. Une de ses mains s'écorcha légèrement sur le gond d'une porte accrochée au hasard mais il n'y fit pas attention. Guidé par la Force autant que par son ouïe. le Chevalier avançait rapidement vers l'origine du bruit, ou plus précisément des deux: un glapissement suivi d'un vrombissement qui s'éteint. Y aurait-il un combat entre deux apprentis? Pourtant, la Force était relativement calme, tourbillonnante aux côtés de Luke qui réclamait son aide, mais pas sur la scène.

Sans avoir trop eu le temps de réfléchir, le blond pénétra dans les lieux. Il localisa le centre, un point douloureux qui brillait au milieu de la pièce. Une Vie Vive mais Vide. Or sentir une présence non accompagnée par la Force dans un temple Jedi était peu commun. Hormis des visiteurs externes, des politiciens ou victimes quémandant protection... Mais à cette heure-ci? Luke s'accroupit, le dos toujours un peu raide et le regard fixe. Ses mains trouvèrent rapidement l'obstacle de chair, chaude, tendre, élastique. Un(e) enfant. On versait désormais dans l'anormal, au vue des nouvelles données qui affluaient. Une Padawan sans la Force, cela n'existait pas. Et pourtant, ce fut bien un sabre-laser que le Consulaire trouva aux côtés de la gamine. Le coupable.

- Bonsoir, je suis le Chevalier Kayan, n'aie pas peur, je vais te soigner.

La ou le gosse n'aurait jamais dû être là, l'heure du couvre-feu était légèrement passée, y compris pour les adolescents. Ceci dit, ce n'était pas le moment de la réprimander. Ses doigts frôlant un bout peau, il lança ses dons en avant. Ceux-ci quittèrent la pulpe de son index pour s'engouffrer dans le corps de l'élève désobéissante. Une onde douce, chaude, rassurante, suffisamment forte pour qu'un non-sensible la ressente, discrète passagère, inaccessible promesse. La plaie ne se reconstitua pas, mais n'était plus à vif, il ou elle devrait moins souffrir.

- J'aimerais m'assurer de l'état de cette blessure à l'infirmerie. Comment t'appelles-tu?

Bien que peu habitué à vraiment communiquer avec les enfants, voir les adolescents, puisqu'il laissait ce don à Karm, le Consulaire essayait toutefois de se montrer réconfortant, concis et gentil. Il espérait insuffler un peu de confiance à l'étrange gamine. Il se demandait en même temps qui pouvait être cette mystérieuse Aura dépouillée. Serait-ce un(e) invité(e)? Un fils ou une fille de témoin? Extrêmement peu probable.

Lorsque sa main rencontra le cylindre en métal, l'odeur typique de brûlé-qui lui avait indiqué qu'une épée de lumière était impliquée.- avait presque disparu. Il récupéra l'objet qu'il ne portait pas si souvent et l'accrocha à la place du sien sur sa ceinture. Dans sa tête, une histoire folle se rappelait à lui, une rumeur parlant d'une Jedi ayant perdu la Force. Luke avait d'abord cru que Qune s'était finalement décidée et était venue, mais toujours selon ces propos, cette personne avait plongé dans l'interdit. Mais non. Ce n'était évidemment pas possible.

[HJ: Désolé je trouve ça bof :/ Mais je ne voulais pas trop te jouer.]
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Regardant douloureusement sa blessure au bras, elle se demanda ce qu'elle allait faire. Elle ne pouvait pas continuer l'entrainement dans cet état... Elle pourrait dans ses quartiers temporaires, à l'infirmerie. Les docteurs la soigneraient sans aucun problème, cependant, elle n'était pas sûre qu'ils la laissent ressortir ensuite ! S'entrainer au sabre avait été une erreur de sa part. Mais comment aurait-elle pu savoir que cela tournerait si mal ? Elle avait manié le sabre toute sa vie. Dans ce corps ou dans un autre, elle n'aurait jamais dû avoir de problèmes ! Au final, elle n'avait pas trop le choix. Elle ne pouvait se soigner seule, et elle ne pouvait cacher sa blessure...

C'est à ce moment là que quelqu'un entra dans la pièce. Il s'agissait d'un beau jeune homme, probablement un chevalier d'après son apparence et son âge. Que venait-il faire là, à cette heure-ci ? Cally rentra la tête dans les épaules et se raidit, comme une enfant que l'on vient de surprendre en train de faire une bêtise. Elle ne s'était pas attendue à croiser quelqu'un... Elle ne voulait pas croiser quelqu'un ! Cependant, le Jedi ne posa pas les yeux sur elle. Son regard était fixe, ses pupilles ne bougeaient plus. Etait-il aveugle ? Comme un Miraluka ? Il se tourna alors vers elle, et l'ancienne maitre eut un mouvement de recul. Elle était rentrée dans son collimateur... Sans un mot, il s'approcha d'elle, et s'accroupit à son niveau, avant de lui saisir le bras où elle s'était blessée.

Cally eut un nouveau mouvement de recul, mais il ne la lâcha pas. Ca devenait flippant là ! Ce n'est qu'à se moment où il se présenta, d'une voix douce et gentille. La jeune fille se détendit un peu. Un tout petit peu. A vrai dire, il y avait bien trop de questions qui se telescopaient dans sa tête pour qu'elle puisse répondre. S'il ne pouvait pas voir son aura à travers la Force, ni même son physique d'enfant, comment la percevait-il ?

C'est alors qu'elle la sentit, ce qui coupa court à tous ses questionnements. La Force. La Force coulait à nouveau en elle ! Luke devait l'utiliser pour la soigner... Elle se concentra immédiatement. Elle sentait ce fil. Ce flux de la Force, qui agissait pour la soigner... Ses petits points se serrèrent autour du bras droit de Luke. Elle ferma les yeux, abandonnant momentanément toute autre considération pour tenter d'agir sur la Force. Mais encore et encore, sa volonté glissa sur la Force sans aucun effet. Elle était complètement inssaisissable ! Cela n'empêcha pas Cally de continuer à essayer avec desespoir. Oubliant son corps, elle enfonça ses ongles dans la peau de son soigneur. Sa respiration s'accelera brutalement pour accompagner sa concentration.

Puis la sensation disparut. La laissant vide, à nouveau. Merde ! Quelle torture ! Elle l'avait sentie, elle aurait pu... Elle ne put réprimer un sanglot de frustration, et se rendit compte que des larmes avaient coulées sur ses joues, sans qu'elle s'en rende compte. C'était déjà suffisament difficile pour elle de vivre sans la Force, sans qu'en plus on vienne lui agiter sous le nez ! A ce stade, c'était comme donner une sucrerie à un enfant pour le seul plaisir de la lui retirer ensuite... Cally garda les yeux fermés, tentant de reprendre le contrôle du tourbillon de ses émotions. Elle ne devait pas fondre en larmes. Pas encore ! Elle avait fait de nombreux progrès avec le docteur Balian, ce n'était pas pour regresser ensuite. Il lui fallut quelques secondes pour se débarasser de la boule qu'elle avait dans la gorge, et discipliner de nouveau son esprit avec un équilibre fragile.


- Je m'appelle Cally. Cally Venta, répondit-elle tout de même, d'une voix un peu étranglée en rouvrant les yeux.

Elle n'avait pas pensé un seul instant à se présenter sous un faux nom. Peu de gens la connaissait de toutes manières, elle qui avait vécu ses vingt dernières années recluses... Et puis, elle n'allait pas se mettre à mentir à ses confrères.

Elle regarda autour d'elle, et chercha à récupérer son arme qui gisait sur le sol. Mais où qu'elle porte son regard, il n'y avait rien. Où...? Il était tombé là pourtant, il y avait encore la trace de brûlure sur le sol ! C'est alors qu'elle remarqua que le chevalier avait récupéré son sabre laser, et le portait à sa ceinture. Il avait dû le prendre pendant qu'elle avait les yeux fermés.


- Hé ! Rendez-moi mon sabre ! s'emporta-t-elle brusquement.

Elle tendit la main et tenta d'arracher l'arme de la ceinture de son interlocuteur. Quel toupet que de voler son sabre laser ! Cally l'avait cronstruit elle-même, il y avait plus d'un demi-siècle, dernier d'une longue lignée qui l'avait bien servie. Elle aurait pu citer chaque accroc, chaque trace de bataille qui marquait son manche en acier. Elle ressentait encore sous son pouce le bouton d'activation usé et de plus en plus récalcitrant au fil des années... Alors, d'accord, elle ne pouvait visiblement plus l'utiliser. Mais c'était le sien ! Le sien à elle !
Luke Kayan
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Luke sursauta légèrement. Devant son silence et guidé par l'odeur de chair grillée assez forte, il s'était persuadé d'entrée de jeu qu'elle était à demi-évanouie au sol. Entendre sa voix pérorer si promptement un nom l'avait donc étonné. Il commettait parfois cette erreur d'intervenir via les gestes plutôt que la communication vocale, au nom du pragmatisme. Ou parce que c'était plus facile aussi. Se cacher derrière son professionnalisme pour ne pas affronter l'individu, le cerveau, la personnalité. Les diagnostics étaient clairs, fermes, ne bougeaient pas, alors que selon leur âge ou leur vécu, les malades, les blessés, si.

D'abord chercher, soigner puis se présenter. Une technique médicale efficace mais peu encourageante, voir carrément inquiétante selon certains, mais Luke avait toujours manqué cette étape implicitement réclamée de tous. Son travail avant tout, et pourtant il n'était ni méchant, ni snob. Son attitude trop sérieuse poussait autrui à se refermer. Il s'en rendait parfois compte, d'autres non. Aujourd'hui par exemple, il n'avait pas remarqué son apparente brutalité, absorbé par ce bras brûlé et le mystère entourant la jeune fille, car s'en était une vu le nom jeté en pâture par cette voix fluette.

Les ongles qui s'enfoncèrent dans sa peau crispèrent le Hapien, étonné par cette douleur ponctuelle, vive. Il fit des efforts pour ne pas céder à l'instinct et retirer Aura et chair, jugeant que c'était une réponse involontaire de la patiente en train de guérir. Malgré son onde assez douce, le soin restait en partie désagréable, sans compter que sentir sa plaie se refermer sous l'effet d'une guérison accélérée pouvait être déconcertant, même pour une apprentie Jedi, surtout si elle avait été peu souvent blessée. Mais cette fille en était-elle seulement une?

Chose sûre, la gosse n'était pas dans sa classe, et pour cause, elle ne maîtrisait pas la Force. En courant ses veines, le Chevalier n'avait pu que confirmer le diagnostic. Il avait bien senti une vie s'agiter au centre de cette pièce, mais exactement comme il sentirait un civil se mouvoir dans la rue. Et maintenant elle réclamait "son" sabre-laser. Cette histoire était incompréhensible, frisant l'absurde.

Cally Venta. Ce nom ne lui disait rien, pourtant il était au fait des nouvelles arrivées au Temple depuis un certain temps. En effet, lorsque le jeune Jedi n'était pas en mission, il était le préposé aux soins des plus petits. Au début il s'agissait de remplacer des professeurs ponctuellement, puis de donner quelques cours, de soigner de légers bobos, bref, de fil en aiguille en arriver à surveiller les dortoirs, border les plus jeunes, veiller à leur bonne hygiène de vie. Étant donné sa voix fluette, cette Cally devrait donc être sur la liste mentale du blond. Et surtout, surtout, être sensible à la Force. Hésitant, le Chevalier décrocha l'arme de sa ceinture, il ne voulait pas braquer davantage la gamine. Cependant, ses doigts demeuraient mi-clos sur le manche parsemé de rainures, patiné et bien trop personnalisé pour être une arme d'entraînement.

Le Jedi sentit des doigts s'agripper à sa chaire, il eut le réflexe de refermer sa paume sur l'arme et de la ramener un peu à lui. Après une légère hésitation, il la remit en jeu, précisément au milieu.

- Comment l'as-tu eu? Il semble bien plus âgé que toi.

L'arme, à mi-chemin entre la gamine et lui semblait attendre une réponse logique, plus que toute cette histoire. Avec le plus de prudence possible, Luke essaya de saisir d'où venait l'enfant, laquelle réagissait comme une Padawan, vivait comme une Padawan, possédait ce que possédait une Padawan. Tout, hormis la Force. Il se promit de vérifier le nom plus tard, une fois seule même si déjà, la curiosité le brûlait. Étant donné l'âge apparent de la famine, le Hapien ne s'inquiétait pas d'une quelconque infiltration, raison pour laquelle il n'avait pas appelé la sécurité, de la même manière qu'il était prêt à lui rendre son prétendu sabre-laser. On ne devait pas sous-estimer l'adversaire, en tant qu'aveugle et adepte de l'humilité en toutes circonstances, le Jedi suivait cette maxime avec une grande discipline, mais là, franchement, une gosse sans la Force, il parviendrait sans doute à la maîtriser en cas de souci. Et si cela pouvait adoucir la rencontre soudaine versant dans le farfelu, le compromis pouvait en valoir la peine. C'est donc avec des périphrases qu'il essaya de lui faire admettre son origine.

- D'où viens-tu? Est-ce que tu fais partie d'un clan?

Si elle était apprentie ou du moins proche de l'Ordre, elle devrait comprendre la terminologie. Il était assez fréquent que des gosses de son âge -Luke calculait entre 8 et 10 ans.- continuent de faire partie de ces fameux clans, de l'Ours, du Loup etc. Surtout que les aspirants trouvaient des maîtres de plus en plus tard, pénurie d'aînés, doutes de ceux-ci à prendre un Padawan. Bref, il y avait chaque fois, davantage de gamins livrés à eux-même au sein du Temple, un fait qui inquiétait lourdement le Chevalier, lequel prenait pleinement conscience du problème depuis qu'il s'occupait partiellement de ces jeunes.

Si Cally avait un maître, il espérait qu'elle lui donne son nom afin de discuter avec, bien qu'il est vraiment du mal à la concevoir comme une Padawan. Par instinct, le Chevalier frôla à nouveau son esprit, sans chercher à y pénétrer de force, règle de respect fondamentale chez les Jedis. Rien. Pas la moindre particule de Force qui s'accroche à des Midichloriens peut-être même absents. Que fichait cette enfant dans un Temple Jedi? Les rumeurs seraient-elles vraies? Jamais le Hapien n'aurait cru que ce soit une enfant qui perde son lien. Et si c'était le cas, est-ce que d'autres pouvaient être victimes de cette étrange épidémie? Rien que de l'imaginer, le blond sentit son échine frissonner, violemment secouée par son imagination. Avoir égaré la Force pendant quelques heures avait constitué un véritable traumatisme pour lui, dès lors, il ne serait guère étonnant que, perturbée, Cally saute le couvre-feu et cherche par tous les moyens -y compris en volant un sabre-laser- à retrouver ce qui faisait d'elle une Padawane.

Toujours entre eux, le sabre-laser âgé de plus de 30 ans estimait le Chevalier, attendait une réponse plus ou moins cohérente. Luke ne voulait pas directement insinuer que Cally mentait, toutefois il se montrait suspicieux, prudent. Il faut dire qu'aucun morceau ne correspondait au puzzle. Peu importe la pièce que le Chevalier saisissait, elle refusait de cadrer avec la logique, ou même avec ce Temple, l'Ordre en général. Ce dernier et la gamine n'avaient simplement, purement rien à voir.
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Luke empêcha Cally un moment de récupérer son sabre. Avec ses grands bras, ce n'était pas bien difficile pour lui... Comment pouvait-il si bien réagir à ses mouvements, lui qui était aveugle ? Cela dépassait la maitre jedi. Que percevait-il d'elle ? Sa taille, son apparence ? Comme les Miralukas, il devait probablement la percevoir à travers la Force... Elle ne savait plus du tout à quoi elle pouvait ressembler ainsi !

Avant qu'elle puisse protester de nouveau, son interlocuteur avança le sabre vers elle. Elle recula précipitamment, sans trop comprendre ce geste, jusqu'à ce que l'arme fut posée entre elle et l'autre jedi. Une sorte de statut-quo... Elle avait une violente envie de se saisir de son arme, de récupérer son bien, mais elle comprit vite que ce n'était pas l'idée. Si jamais elle entamait le geste, elle avait peur que Luke lui confisque le sabre à nouveau. Alors elle s'agenouilla devant lui, l'objet bien placé entre eux, et posa ses petites fesses sur ses talons, dans une posture de méditation.

L'aveugle commença à lui poser des questions. Il ne saisissait pas bien la situation... Qui l'aurait pu ? Il devait la prendre pour une padawan. Elle comprenait bien qu'il attendait d'elle des explications sur cette explication. Elle prit une grande inspiration, ouvrit la bouche pour répondre... Et s'arrêta brusquement. Elle avait l'impression d'être comme Cassandre, privée du don de la persuasion. Que quoi qu'elle puisse dire, ou faire, elle ne pourrait pas convaincre le jeune homme. Comment décrire la position qui était actuellement la sienne ? Comment le faire de façon crédible surtout ? Cally soupira bruyamment, et commença à se tortiller, mal à l'aise. Par où commencer ?

Elle se refusait de mentir. Elle ne pouvait pas le faire à un autre jedi... Car les choses se sauraient, à un moment ou à un autre. La jeune fille jeta un dernier coup d'oeil à son sabre, puis finit par répondre d'une petite voix:


- Les apparences sont parfois trompeuses...

Cela n'avait probablement jamais été aussi vrai qu'à cet instant, dans cette situation ! Nerveuse, Cally se passa une main dans ses longs cheveux noirs en bataille, les ébouriffant un peu plus.

- Je suis le maitre jedi Cally Venta. C'est mon sabre laser par terre, et je l'ai construit il y a plus de cinquante ans.

Autant ne pas y aller par quatre chemins, n'est-ce pas ? De toute façon, il n'y avait pas vraiment d'autre mots à utiliser... Sa situation était déjà suffisament étrange d'un point de vue extérieur, il n'y avait pas à la rendre encore plus confuse avec des mots savants !

- C'est difficile à croire, je sais... Mais c'est la vérité ! insista-t-elle.

Elle continua d'un ton précipité, et pourtant hésitant, comme si elle avait peur qu'elle l'interrompe dans ses explications. Qu'il ne la contredise, ou la traite de menteuse.


- Je... J'ai réalisé un rituel qui a... transformé mon corps. A l'encontre de... de toutes nos règles, oui. Je voulais juste... avoir un peu plus de temps...

Quand on voyait comment cela avait tourné, elle aurait probablement mieux fait de s'en abstenir. Sa gorge se serra. Elle se demanda jusqu'à quel point elle devait avancer son histoire... Elle n'était pas sûre de pouvoir la terminer à voix haute, tant la vérité lui était douloureuse. Le dire, c'était l'admettre et... Et elle n'était peut être pas prête. Certes, les médecins l'avaient beaucoup aidé à progresser, à retrouver une psyché stable, notamment le docteur Balian. Mais l'avouer même à quelqu'un d'autre ?

Cependant, malgré son visage amical et ses paroles douces, elle sentait de la suspicion. Elle n'échapperait probablement pas à un interrogatoire en règle... Elle le sentait frôler son esprit, de temps à autre. Ca lui était d'ailleurs très désagréable. Elle se doutait qu'elle ne pourrait sortir d'ici sans que l'homme ne soit satisfait de ses réponses. Et elle se voyait mal lui échapper. Balian lui avait fait comprendre qu'il ne fallait rien garder sur le coeur, et que s'exprimer sans aucun filtre lui permettrait de progresser plus vite. Cetet discussion n'était qu'un pas de plus, un petit pas de plus sur le long chemin de son rétablissement.


- Mais ce rituel m'a coupée de... Enfin... Je ne sais pas si c'est un... un effet secondaire... Mais... Je...

Sa gorge se noua un peu plus, et elle dut déglutir avec difficulté. Des larmes brillantes commençaient à apparaitre aux coins de ses petits yeux fatigués, même si elle conservait encore le contrôle de ses émotions jusque-là. La respiration plus lourde, elle balbutia:

- Je n'ai plus accès... à... à la... la Force.

Même une fois sortis, ces môts lui laissaient un arrière goût âcre dans la gorge. Elle s'affaissa un peu sur elle-même, ses petits poings serrés, fermant les yeux pour empêcher les larmes d'en sortir. Elle devait exercer un strict contrôle sur sa respiration afin de réprimer les sanglots qui aurait dû l'agiter. Mais elle était encore maitresse d'elle-même... Pour l'instant.
Luke Kayan
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Le visage habituellement neutre du Hapien s'étira en une moue tantôt surprise, tantôt contrariée. Il fut cependant attentif tout au long de l'explication pour en venir à la déconcertante conclusion que les propos de la gamine étaient plus logiques que ses hypothèses. Elle répondait, via ce potentiel mensonge, aux différents X sillonnant l'équation qu'elle représentait: L'Absence de la Force, ce vieux sabre mais aussi, plus subtil, sa manière de s'exprimer. Sans toucher au langage des grands poètes, elle s'exprimait presque trop bien pour une enfant de cet âge, et Luke aux prises avec un Padawan gourmand qui mâchait ses mots savait ce dont il parlait. Les gosses des dortoirs, futurs Jedis ou civils avaient cette mauvaise, irritante habitude qui hérissait les mèches blondes de celui qui avait été éduqué par un vieil homme sage, accessoirement le chef du Conseil.

Après un long moment de réflexion, le Chevalier se décida, il tendit l'arme à la gosse, se disant qu'il pourrait réagir en cas de dérapage, étant donné son âge-du moins physique-. Résistant au désir de se saisir de son datapad armé d'écouteurs pour explorer les archives à la recherche du nom "Cally Venta", le Jedi choisit de simplement se redresser. Les rumeurs galopaient dans son esprit, s'entrecroisaient avec les aveux de son interlocutrice, formant un point douloureux. Ce dernier culminait juste à l'endroit où se trouvait Cally, triste, tendue. Une vague de compassion mêlée à un léger mépris loin d'être incompatible, le jeune homme se demanda comment elle avait pu avoir l'idée folle de croiser les lignes de l'hérésie. À moins d'un accident, d'un traumatisme comme l'avait vécu Qune, il fallait friser l'insensée, ou carrément verser dedans pour en venir à perdre la Force. Luke imaginait bien que par franchir les limites, Cally ne se référait pas à avoir un amoureux, ou s'être montrée relativement orgueilleuse, et vu son âge apparent, ses propos concernant un gain de temps, elle avait certainement souhaité allonger sa vie, peut-être atteindre l'immortalité? Rajeunir? Autant d'hypothèses parallèles qui se regroupaient sur la même ligne d'arrivée: elle avait commis l'irréparable, une folie.

Pour sa part, le Consulaire serait un menteur doublé d'un hypocrite s'il prétextait ne pas avoir peur de la vieillesse. Les années passaient après tout, et quelqu'un qui se plongeait si souvent dans des réflexions philosophiques, existentielles finissaient, si modeste soit-il, par en revenir à sa condition. Cependant, après de longues heures de méditation sur ses faiblesses, celles qui lui étaient propres comme sa cécité et celles générales telle la vieillesse, le Chevalier en était arrivé à songer qu'il accepterait tout ceci. Comme son si digne maître, il serait âgé -si une mission ne lui dérobait pas son souffle avant.-, souffrirait des articulations mais continuerait de servir son cher Ordre jusqu'à la fin avant de rejoindre la seule "femme" qu'il avait jamais aimé: la Force. Comment Cally avait-elle pu prendre le risque de la perdre?

Toutefois, la formation de Luke consistait aussi à favoriser la compréhension. Le pardon? Dans ce cas précis, il serait prétentieux de sa part de l'offrir parce que Cally ne lui avait pas fait de mal. Le Chevalier se remémora ses erreurs, dont certaines avaient été à son goût très graves- parce qu'il se jugeait sévèrement.- afin de retrouver une certaine humilité. Jusqu'à preuve du contraire, l'Atoanne disait la vérité, d'ailleurs ce simple fait avait son propre mérite.

Après lui avoir rendu son sabre, le Chevalier laissa s'écouler un peu de temps. Il ne savait pas comment la consoler, via la Force? Impossible naturellement, et les mots? Rien ne semblait convenir, sauf peut-être...

- Je vous comprends. Cela m'est arrivé. Quelques heures seulement, mais j'ai cru mourir.- La situation était bien sûr différente puisque Luke avait été mis en contact avec un Ysalamari, mais le choc avait été réel, quasi mortel pour quelqu'un aussi sensible que lui. Après s'être évanoui, le Chevalier avait, par une drôle de coïncidence, été sauvé par une ancienne Jedi, elle aussi privée de la Force.- Votre cas est évidemment rare pour ne pas dire unique, mais ça ne signifie pas qu'il n'y a pas de remède. - Souffla-t-il doucement sans oser sortir des phrases clichées telles que "les guérisseurs trouveront quelque chose", parce qu'en partie, il en doutait fortement. Si l'espoir était encore permis, il demeurait mince.

Au moins, Luke paraissait la croire, signe discret, il était d'ailleurs passé du tutoiement au vouvoiement. Est-ce que cela pourrait l'aider? Le Consulaire l'espérait. Il était encore prudent quant à ces allégations mais se disait qu'une gamine n'aurait aucun intérêt à inventer un tel mensonge. De plus, elle n'aurait probablement pas été capable de feindre aussi bien cette peine sincère, retenue que le Jedi percevait plus ou moins.

- Hum, j'aimerais vraiment vérifier l'état de cette brûlure et mettre un bandage...

Dans cet essai -subtil?- de décoincer la situation, il était facile de dénoter sa gêne. À vrai dire, le blond se voyait mal donner des ordres à une maître Jedi dont le Conseil n'avait pas encore statué sur le sort -ce qui faisait bien d'elle, encore, une supérieure hiérarchique.- de l'autre, il ne souhaitait pas la laisser seule, ici. Le corps de gamine influençait son cerveau même sans le voir, et que dire du ton chevrotant purement enfantin? Impossible de laisser une mineure en détresse, au milieu des couloirs froids. D'autre part, inadmissible de s'imposer auprès d'une aînée. Le Jedi espérait que Cally ne lui impose pas ce cas de conscience et accepte sa présence, impliquant un passage à l'infirmerie.

- Pourrais-je vous aider, autrement?

Demanda-t-il finalement, lui aussi direct. Il allait peut-être se faire méchamment renvoyer, mais tant pis, copiant Cally, le Chevalier avait décidé d'être sincère, franc. Il ne ferait rien qui aille à l'encontre des règles de l'Ordre naturellement, ceci dit, s'il pouvait en attendant, alléger la peine de Maître Venta, ce serait déjà un petit point positif. Une goutte d'eau dans l'océan, de quoi s'abreuver une seconde, mais s'abreuver quand même.
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Il la croyait ? Comment cela était-il possible ? L'avait-il détecté à travers la Force ? A moins qu'il ne connaisse son nom, quand bien même elle n'était pas particulièrement célèbre dans les couloirs du temple Jedi... Son histoire finirait bien par se savoir de toute manière. C'était un gros titre sensationnaliste, et même s'il n'avait pas de journaux, les Jedi étaient comme tout le monde: ils aimaient bien les potins. Elle s'était attendue à devoir argumenter bien plus, voire à ce que Luke refuse en bloc toute son histoire. Mais la confiance qu'il lui accordait... Cela retirait à Cally un poids sur le cœur. Ses larmes s'éloignèrent, alors que son moral remontait en flèche grâce à cet acte de confiance inespéré. Il s'était même mis à la vouvoyer, lui reconnaissant un statut qu'elle n'était plus sûre de mériter.

Le Jedi lui tendit son arme, Elle tenta de la récupérer, mais ses petits doigts se refermèrent sur le vide à son premier essai. Elle avait visé trop court. Foutu bras ! Il aurait dû être bien plus long. Heureusement, Luke ne pouvait pas être témoin de cela. Elle se concentra sur son geste, et se saisit cette fois de son sabre laser, retrouvant le contact rassurant du vieux manche patiné par les âges. Elle le rangea à sa ceinture, peu désireuse de réitérer l'exploit de se blesser avec sa propre arme, avant de se relever en même temps que son interlocuteur. Elle fit la moue, constatant la grande taille du chevalier... Finalement, ils auraient dû rester assis, Cally se serait sentie moins petite. Mais il faudrait bien qu'elle s'habitue à cette détestable sensation.

Tout comme elle devait s'habituer à ne plus avoir la Force... Luke disait la comprendre, mais elle en doutait. Il en avait eu un aperçu, court et temporaire. Il savait probablement que la Force allait lui revenir, à un moment ou à un autre. Alors que Cally avait finalement abandonné tout espoir. Outre la sensation de manque, c'était la morosité qui l'avait gagnée. Se dire qu'elle ne pourrait plus jamais être la même. Qu'elle ne serait que la moitié de ce qu'elle avait été. Au sens propre, et au figuré d'ailleurs. Elle ne se doutait pas que l'impact pouvait être plus ou moins fort en fonction de l'affinité avec la Force. Malgré cela, il devait effectivement être à même de la comprendre...

Elle se rapprocha de Luke, et vint lui serrer la main, entrecroisant ses petits doigts avec ceux du chevalier.


- Merci, murmura-t-elle. Que vous acceptiez de me croire... C'est précieux pour moi.

Elle n'aurait peut-être pas supporté de raconter toute son histoire, de se justifier. Ses nerfs étaient encore assez fragiles. Elle rompit le contact et s'écarta, faisant jouer les muscles de son bras gauche. Les soins qu'on lui avait apporté avec la Force semblaient avoir fait leur office. La plaie n'était plus à vif. Elle n'était pas très belle à voir, et l'élançait encore de temps à autre, mais Cally avait subit bien pire au cours de sa vie. A vrai dire, son ancienne d'enveloppe d'adulte, très âgée, était bien moins résistante que cela. Elle essayait de trouver les points positifs dés que possible, afin de garder le moral.

- Mon bras va bien, je vous remercie pour les soins. Actuellement, mes quartiers sont à l'infirmerie... Alors vous pouvez parier que dés que je rentrerai, j'aurai une armée de médecins pour s'en occuper.

Elle garderait peut-être une cicatrice... Mais ce n'était pas plus mal. Son ancien corps était couvert de marques. Les restes de ses glorieuses expéditions passées. Il s'agissait de marques d'expérience et d'apprentissage dont elle était assez fière. Mais ce nouveau corps en étant exempt. Elle avait la peau aussi lisse qu'un nouveau-né. Même si cela était plaisant par bien des aspects, tout n'était pas blanc pour elle.

Lorsque Luke lui proposa son aide, laissant le sujet de cette aide vague, Cally revint à la raison première de sa présence ici. L'entrainement... Peut-être pourrait-il l'assister ? Malgré son apparence de gamine, la maitre jedi était parfaitement capable de se préparer un programme d'entrainement personnalisé seule. Mais une aide extérieure pouvait débloquer bien des choses et accélérer tout le processus. D'autant que Cally devait apprendre sur des sujets qu'elle n'avait jusqu'alors jamais abordé...


- Je ne voudrais pas abuser de votre temps, commença-t-elle d'une petite voix.

Elle avait peur de le demander. Premièrement parce qu'elle n'était pas encore à l'aise en présence de quelqu'un d'autre. Et puis, il était tout de même bien deux heures du matin ! Cally dormait le jour en ce moment, mais ce n'était probablement pas le cas de son collègue. Mais elle finit par se lancer d'une voix plus ferme:


- Je sais qu'il est tard, mais pourriez-vous m'aider à m'entrainer ? J'ai beaucoup de problèmes avec ce corps. Outre l'absence de... Enfin... Mon cerveau n'a pas encore enregistré ma nouvelle taille. Quand je n'y prête pas attention, je n'arrête pas de tomber, ou de lâcher des objets. Tous mes repères sont faussés.


Et encore, si ce n'était que ça...

- Et puis, je ne peux plus utiliser de sabre pour l'instant. Vous avez vu le résultat quand on n'a pas la... Euh, vous avez dit que ça vous est arrivé, n'est-ce pas ? Avez-vous dû combattre dans ce... Cet état ? Vous pourriez me montrer ?

Elle avait vécu et combattu sabre à la main. Elle n'avait jamais imaginé une autre façon de combat.
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L'entrelacs de doigts surpris le Chevalier, et sa propre peau, fine, lisse et douce comme on pouvait s'y attendre de la part d'un Hapien se tendit. Un instant. Mais il ne retira pas sa paume. Timide mais sincère, Luke répondit d'une légère pression amicale au geste avant que leurs doigts ne se sépare. Ce pacte, ce signe de rapprochement n'avait duré que quelques fractions de secondes, déjà pourtant, le blond se sentait concerné par Cally. Il lui serait impossible de passer outre son cas, de la délaisser, désormais. Mais devenait-elle une protégée? Difficile de placer cette gamine au cerveau centenaire et à la formation beaucoup plus poussée que la sienne, pour ne pas dire impossible. Encore égaré au milieu de repères bafoués, le jeune homme écouta la demande de Maître Venta, laquelle le fit imperceptiblement tressaillir.

- Je ne suis pas exactement ce qu'on pourrait appeler une fine lame.- Révéla le Chevalier, en outre étonné par la soudaineté de la demande de Cally.- Et à cette heure-ci, avec votre blessure, ce ne serait pas raisonnable. En ce qui concerne le fait de s'habituer à de nouveaux repères, je peux faire quelque chose pour vous, mais demain.

Luke se doutait que la fausse gamine serait frustrée par ce retardement, toutefois en tant qu'aînée elle devait sûrement savoir que c'était le mieux à faire. On n'entraînait pas un athlète à n'importe quelle heure et n'importe comment, or les Jedis en étaient, à n'en pas douter.

- Je n'ai pas combattu sans la Force, et j'étais déjà aveugle en rentrant au Temple. Ceci dit, j'ai vu, avant. Donc je pourrais vous donner quelques astuces.

Peut-être allait-elle le juger incapable ou fou, mais le Hapien utilisait au quotidien des trucs d'aveugle lambda, or n'était-ce pas ce que la jeune fille était devenue? Sans repère, incapable de calculer les distances, et surtout, non-voyante au sein de la Force, tout un monde où c'était, ironiquement, des deux, Luke qui possédait un regard fonctionnel. Le jeune homme songea qu'il préférait cent fois son handicap et loua la Force de ne pas être du genre à s'en plaindre, sans quoi, face à la Démunie, il se serait senti coupable d'avoir un jour pleuré ses yeux. Cela lui paraissait une punition tout à fait acceptable comparé à être une Délaissée du mystérieux courant qui galopait en lui, en eux, les Jedis. La différence résidait toutefois au fait que Luke n'avait rien fait pour mériter sa punition, alors que Cally avait altéré le cours de la Vie, pouvait-elle donc s'estimer déjà contente de continuer à respirer? Le blond avait du mal à s'imaginer la torture qu'avait représenté ce rituel, la manière dont la Force s'était échappée de ses veines ou avait été engloutie par un phénomène inexplicable. Il avait pourtant la conviction que cette dernière ne punissait pas volontairement, comme une Déesse le ferait avec ses ouailles. Étrangement, malgré son amour pour Elle, leur complicité et son passé pendant lequel il la considérait une seconde mère, le Jedi lui offrait désormais un rôle très scientifique, bassement animal car il pensait qu'elle habitait sans discrimination, des corps afin d'exister, de se matérialiser à travers leurs doigts. Si la Force n'avait donc pas sciemment décidé de punir l'Hérétique, quelque chose aurait-il pu la faire fuir, ou anéantir les Midichloriens? Le Hapien avait entendu parler d'un moyen de retirer la Force à un exilé: Les plus grands Maîtres se réunissaient pour entamer un processus qui frôlait le Côté Obscur. Mais ce n'était qu'une rumeur, presque une légende bien que le cas de Lord Janos voyagea comme un éclair, surfant sur sa mémoire pour envahir son esprit. Il avait eu pour mission de discrètement apprendre au prétendu mort à vivre en tant qu'aveugle étant donné que celui-ci s'était dans un moment de folie pure arraché les yeux. À ce moment, le Chevalier avait bien évidemment senti l'absence de flux de Force en lui. Accident étrange, phénomène inexplicable ou volonté? Était-ce si facile de perdre ses dons, ou que quelqu'un choisisse de vous les faire perdre? L'idée fit frissonner Luke qui se rendait compte que de "nombreux" cas l'entouraient. Janos, Qune et désormais Cally. Lui qui pensait mourir avec ses chers Midichloriens...

- Demain vers 10h00 je peux passer vous chercher à l'infirmerie, à moins que nous nous donnions rendez-vous dans cette même salle où je vous ai trouvée, qu'en dites-vous?

Des centaines, non, des milliers de questions faisaient bouillonner le cerveau du Jedi. Il aurait adoré pouvoir demander à l'ancienne Maître comment elle pensait avoir perdu la Force, lui proposer un test sanguin pour voir si ses Midichloriens étaient morts ou simplement inactifs, l'interroger sur l'avant /après, ses sensations. Cela aurait été une source fantastique pour son second mémoire mais évidemment, il était improbable que le jeune homme entame la conversation, pareil pour Cally qui ne souhaiterait sans doute pas revenir sur cet événement plus que douloureux. Le blond ne pouvait donc qu'accomplir sa promesse en essayant de l'aider tout en veillant à son intégrité. Difficile de trouver le juste milieu pour un esprit adulte voir âgé, et un corps de gamine. Même si Luke ne voyait pas cette dernière, il entendait sa voix fluette, avait senti sa chair tendre, fragile d'enfant. Comment être insensible à ce facteur? Surtout si la propriétaire de ce corps dynamique mais fragile, elle, ne semblait pas décider à en prendre soin.

[HJ: Désolée, ce n'est pas fameux, je trouve :/ Si tu veux tu peux faire une ellipse et dire qu'ils se voient le lendemain, enfin si ça te tente :) ]
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Les cœurs de Cally se soulevèrent lorsque Luke accepta de l'aider. Il avait même déjà en tête des choses qui pourrait l'aider ! C'était bien plus que tout ce que la jedi avait espéré. Il lui faudrait attendre le lendemain cependant... Elle eut une petite moue d'agacement fugace. Pourquoi pas maintenant ? Mais elle se reprit bien vite. Elle n'allait pas abuser du temps du chevalier, ni de son aide. Et il aurait été malvenu d'insister, même pour elle, qui avait pourtant tendance à n'en faire qu'à sa tête. Luke était déjà suffisamment aimable pour croire à son histoire, et même accepter de l'aider, il ne fallait pas pousser sa chance plus loin. Du temps, elle en avait, maintenant, même si elle n'aimait pas le gaspiller !

La suite lui plu beaucoup moins. Dix heures ? Du matin il voulait dire ? Une heure où le temple aurait repris vie, où les couloirs seraient bondés... Cally ne sortait jusque là que la nuit, pour éviter justement de croiser d'autres personnes. Elle envisagea un moment de trouver un prétexte quelconque. Une analyse médicale, une rencontre avec un autre maitre... Mais à quoi bon ? Une chose qu'elle avait appris avec l'âge, c'était de ne pas tourner autour du pot. D'aller droit au but, sans tergiverser, se trouver des excuses. Luke n'était pas idiot, il pourrait la comprendre. Et s'il ne la comprenait pas, s'il la jugeait pour ce comportement entêté et égoïste... Et bien franchement, c'était le cadet de ses soucis actuellement.


- Je ne viens m'entrainer que la nuit. Je... souhaite éviter la foule. Le regard des autres... Je ne crois pas être prête pour... ça. Pas encore, se rattrapa-t-elle, afin de ne pas se montrer trop pessimiste.

Les autres seraient-ils comme Luke ? Accepteraient-ils son histoire ? Ou bien serait-elle moquée, traitée en paria ? Elle avait violé l'un des plus grands interdits après tout. Ce qu'elle avait fait était horrible pour l'Ordre, et elle s'en mordait les doigts. Encore fallait-il que le Conseil accepte de la garder...


- Vous pouvez me retrouver dans cette salle, si vous le souhaitez. J'y serai à partir de minuit et quelque je pense.


Cally aurait bien continué l'entrainement seule, mais cette unique rencontre, sa première en dehors de l'infirmerie, représentait suffisamment d'émotions pour une soirée. Et puis, Luke avait raison, il aurait probablement été déraisonnable de tenter une quelconque activité avec sa blessure au bras. Elle était à présent bénigne, grâce aux soins à travers la Force qu'on lui avait prodigué, mais elle risquait de l'empirer en insistant trop.


- Chevalier Kayan ? Merci... Merci pour tout, fit-elle d'une voix douce et mélancolique avant de prendre congé.

Puis elle disparut dans les couloirs sombres du Temple, pour regagner ses quartiers temporaires à l'infirmerie. Elle trépignait d'impatience, pour le lendemain. De l'avancement ! Elle se demandait quelle aide pourrait lui fournir le chevalier. Si cela pourrait réellement la faire beaucoup progresser. Elle aurait apprécié pouvoir s'y mettre tout de suite...

Comme ce qu'elle avait prévu, deux des médecins de garde se jetèrent sur son cas lorsqu'elle entra dans le centre médical. Il y avait systématiquement quelqu'un pour vouloir l'examiner, ou lui faire passer une quelconque série de tests. Son cas était plutôt unique, et tout le monde voulait tenter sa chance, tout du moins c'est ce que l'on aurait dit. On l'installa sur un lit, avant de lui bander le bras avec une compresse imbibée de bacta. Ce faisant, l'homme qui s'occupait de lui commença à la réprimander, disant qu'elle ne faisait pas suffisamment attention, que les sabres lasers étaient dangereux... Ce ton condescendant, qui se voulait d'un rassurant paternalisme... Cela fit rapidement monter la moutarde au nez de la jedi. Suffisamment à l'aise à l'infirmerie, où elle avait passé plus d'un mois à présent, elle répliqua d'un ton venimeux.


- N'oubliez pas à qui vous vous adressez. Je maniais déjà un sabre que vous n'étiez pas encore un concept dans l'esprit de vos parents. Maintenant, épargnez moi vos remarques et concentrez-vous sur votre travail.

Cally se déchargeait ainsi de plus en plus régulièrement sur les médecins. Elle avait besoin d'un relâcher la pression un peu de temps en temps, surtout que sa situation actuelle la soumettait à un stress passif assez important. C'était plutôt bon signe qu'elle reprenne peu à peu son caractère de vieille acariâtre... C'était aussi pour ça qu'elle s'était remis à l'entrainement. Le médecin, quoiqu'un peu indigné, ne tenta pas de répondre, cloué par le regard inquisiteur de la gamine. Il se contenta de finir sa tâche sans plus de commentaire, avant de renvoyer Cally dans sa chambre, comme si cela pouvait lui donner le dernier mot. Ce mauvais joueur. La jeune fille alla s'enfouir dans ses couvertures, et tenta de trouver le sommeil malgré ses pensées agitées.

Le lendemain ne fut qu'une longue journée d'analyse, clouée une bonne partie de la journée sous différents scanner et appareils médicaux. De quoi donner des fourmis dans les jambes de la jeune fille, qui ne souhaitait en ce moment rien tant que l'entrainement du soir. Et puis, tout ses examens la frustraient un peu. Ce n'est pas comme si elle ne les avait pas déjà fait une dizaine de fois... Qu’espéraient-ils trouver de nouveau ? Balian lui manquait. Elle aurait voulu qu'il soit là. Avec lui, elle était persuadée que les choses pourraient avancer un peu. Mais bon, pas la peine de appesantir sur des choses qu'elle ne pouvait pas avoir.

Puis le moment tant attendu arriva enfin. Alors que le Temple s'endormait, Cally sortit de sa cachette, et se dirigea vers la salle d'entrainement.
Luke Kayan
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[HJ: On s'en fiche, mais sachant que j'ai très longtemps écrit de la poésie sous le pseudo de Calli Kayan, c'est toujours un peu bizarre et nostalgique de rp avec toi Razz]

Luke accepta les conditions de Cally malgré qu'il s'en trouve légèrement dérangé. Se lever à 5h00 pour s'entraîner au calme réclamait un coucher de poules. Après avoir bordé les plus jeunes, le Hapien s'effondrait sur son lit en général, mais il comprenait aussi la volonté de l'ancienne adulte. C'est donc sans difficulté que le Chevalier lui offrit un silence de consentement. Lorsqu'elle le remercia, par automatisme, il envoya une onde de Force en éclaireuse, douce, chaleureuse, rassurante. Elle lui revint en pleine figure, vide d'émotions retours puis mourut, éparpillée dans l'atmosphère.

- De rien. Au revoir.

Après cet hésitant adieu, du reste un peu fade, le blond retourna à ses occupations, lesquelles consistaient présentement à fouiller les couloirs pour retrouver ses draps, propres du matin même. Une mission un peu plus complexe que d'ordinaire à cause de ses pensées qui vagabondaient en sens inverse, rejoignant une gamine-vieillarde. Aussi curieux qu'inquiet à son propos, le jeune homme réfléchissait encore à son état, les causes et implications lorsqu'il se glissa sous les couvertures. Comme d'habitude, il songea à Karm en silence, adressant un appel sans réponse au sein de la Force. Trop loin. Normal. Tous deux savaient à quoi s'attendre, où était leur place, alors il acceptait, même si en ce moment précis, Luke aurait aimé l'appeler pour discuter du cas de Cally avec. Retenant son geste impulsif, le Jedi ferma les yeux, cherchant le sommeil comme il l'avait fait avec sa chambre, tâtonnant plus que d'habitude. Difficile de rejoindre le pays des chimères en sachant que l'un d'elles, bien vivante, l'attendrait demain à la même heure.

***

La journée se déroula sans accro. Luke avait réussi à écarter Cally de ses pensées, du moins suffisamment pour remplir de manière efficace son travail, et heureusement vu son emploi du temps plus que chargé. Vraiment, il devrait songer à lever le pied, surtout en ce qui concernait des nouvelles responsabilités prises au vol parce qu'il n'avait pas le cœur à dire non, était intéressé, insatiable chercheur curieux ou que cela faisait partie de son devoir. Avec un peu plus d'efforts que d'habitude, renâclant à l'idée de remettre ses dossiers à plus tard, le Chevalier parvint à mettre son dernier point en relief sur un rapport. Sa satisfaction ne dura que quelques secondes, car il avait cette manie presque obsessionnelle de vouloir anticiper son travail, même s'il l'était déjà de quelques jours. Sans doute qu'avec plus d'efforts, sans passer par la cantine, il aurait pu terminer des tâches prévues pour les deux semaines à venir au lieu d'avancer celles des deux prochains jours, mais il avait promis à Karm... Alors il avait essayé! Au moins un peu de salade accompagnée d'une pomme, un miracle étant donné le stress qui parcourait ses veines. Le changement lui en provoquait souvent, à un certain degré évidemment puisque sa condition de Jedi le condamnait à une vie tout sauf routinière, mais quand même. Déjà peu sûr de lui, le Hapien doutait pouvoir apporter quoique ce soit à une vieille femme coincée dans un corps d'enfant. Elle se rappelait de son apprentissage, des réflexes qui avaient fait d'elle une fine lame, alors que pouvait-il faire? Surtout au niveau du combat où il s'était assez améliorer pour atteindre le niveau d'un bretteur de 20 ans, mais guère plus? Karm lui avait appris à se battre au corps à corps mais Luke savait que ce type d'exercices ne conviendraient pas à Cally, menue, frêle, sans parler d'une certaine inconvenance sociale qui continuait de l'inquiéter après les injustes accusations d'un adolescent quelques années avant.

Il faudrait essayer, voilà tout songeait le Consulaire en longeant les murs à cette heure presque indue. Quelques minutes avant le rendez-vous, il s'assit dans la salle vide, sur une table qu'il savait accolée au mur, inutilisée depuis assez de temps pour qu'il doive chasser chasser la poussière siégeant à sa surface avant d'y poser son popotin. Sa longue toge débordant généreusement sur les rebords, tête baissée et pieds se balançant dans le vide, le Chevalier réfléchissait toujours à que faire, ou plus précisément à si ce qu'il avait préparé contenterait, aiderait Cally. Il avait décidé, un peu à reculons, d'axer l'entraînement sur ce que lui pouvait vraiment apporter, un domaine où il excellait si l'on prenait en compte sa condition particulière. À l'instar de Janos, il allait apprendre à la femme-enfant à se diriger en aveugle.

- Bonsoir Maître Venta. J'espère que vous allez mieux...

En guise de bienvenue, le Chevalier lui tendit un tissu destiné à couvrir ses yeux. Pendant ce temps, il visita très discrètement les rebords de sa peau, effleurant la surface via la Force pour toucher la plaie dont il se souvenait de la position. Les guérisseurs s'étaient en effet occupés de renforcer son travail la veille.

- Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas une fine lame de l'Ordre. Je ne sais pas si je peux réellement aider quelqu'un avec votre expérience. Ceci dit, il y a peut-être un domaine où je peux me risquer à présumer avoir plus de connaissances. Avez-vous entendu parler de la proprioception? Prendre conscience de son corps, de sa taille, de ses limites, de ses capacités, le percevoir en restant immobile puis en mouvement. Un Padawan la pratique presque automatiquement lorsqu'il s'exerce, esquisse ses premiers sauts sur des petits tremplins, et pour se faire, il utilise beaucoup lavue. Mais pas seulement. Un athlète observe le même comportement! Qu'il saute, monte sur des barres ou pratique des acrobaties, c'est le même cheminement. Chez de nombreuses espèces intelligentes ayant perdu moustaches, odorat, ouïe primitives, c'est le sens qui prédomine, celui qui guide courses, bonds, coordination. La plupart des animaux ont une vue déformée, aiguisée mais incapable de calculer vraiment les distances, la profondeur. C'est donc en tâtonnant que tout enfant trouve ses marques, trop près, trop loin, vos yeux enregistrent les erreurs de calcul: si vos doigts se referment sur le vide parce que l'arme est loin, s'ils se cognent à cause d'une trop grande proximité. Naturellement, c'est un processus toutefois lent qui dure plusieurs années, puisqu'on considère qu'un enfant est pleine capacité de son corps, qu'il maîtrise tous ses gestes à l'adolescence. Tant pour les Padawans que les Athlètes, on l'accélère donc en supprimant la vue. Paradoxal mais logique.

Un Jedi possède l'intuition de la Force pour l'aider, et j'insiste sur le verbe aider, automatiquement, inconsciemment à effectuer ce calcul, ce qui lui permet d'effectuer des sauts jugés hors-normes, allant au-delà de leurs capacités visuelles, mais pour s'affranchir des règles, créer son propre style au sabre-laser par exemple, on le sait tous, il faut les connaître, les respecter. Et cela passe par la proprioception. Or vous le savez bien mieux que moi, que valorise-t-on chez les plus jeunes apprentis? La coordination physique avant la maîtrise de la Force.

Contrairement à ce que croient certains, j'utilise beaucoup d'astuces d'aveugle lambda, ce qui suggère que c'est bien cette capacité de vue physique qui est la plus importante pour se battre. C'est donc logiquement, froidement parlant, excusez-mois, une bonne nouvelle, car il existe un moyen beaucoup plus rapide, pour vous d'apprendre à retrouver vos marques contrairement à un Jedi perdant ses yeux. À l'image des grands athlètes, je vous propose de renforcer deux qui vous restent: la maîtrise de votre corps et la vue au sens commun, matériel que nous connaissons. Celle-ci étant toutefois faussé par un changement corporel... Extrême dirons-nous, et paradoxalement à tout ce que je viens de vous expliquer, nous allons d'abord la considérer comme une ennemie. Vous allez la perdre pour éviter de vous distraire, apprendre à connaître votre corps. C'est là que je peux vous aider. En connaissant parfaitement votre corps, vous saurez utiliser vos yeux plus efficacement, pour qu'ils vous guident sans que vous en soyez complètement, uniquement dépendante. Ils sont pour le moment, un outil trop technique, hors d'accès pour votre niveau si vous me permettez. Acceptez donc de mettre ce bandeau. Il s'agit de tout reprendre. Malheureusement je ne sais pas si vous serez apte à réutiliser complètement le sabre-laser, mais selon toute logique, oui, comme un athlète pratique l'escrime, au moins. Et puis, certains des meilleurs bretteurs ont une affinité naturelle très relative avec la Force, c'est encourageant.


Des réflexes aiguisés de bretteur seraient-ils bien suffisants? Luke se battait mieux avec un bâton ou une épée car le sabre-laser était plus subtil, néanmoins il aimait croire que ses des Padawans de 10 ans aux pouvoirs sous-développés parvenaient à le faire, elle aussi. Certes, avoir un lien faible avec la Force était différent de ne pas en avoir du tout, mais il fallait rester raisonnablement optimiste alors il se permettrait d'y croire! Au milieu de la pièce, un petit step attendait la jeune fille. Il faudrait le trouver, puis grimper dessus et descendre de nombreuses fois avant de songer à la prochaine étape. Mais d'abord des échauffement. Sans ambages Luke descendit de sa table, sautant au sol. Il étendit plusieurs fois ses bras, les ramena à lui et ainsi de suite jusqu'à sentir une légère chaleur courant ses muscles, signes d'un effort modéré.

- Concentrez-vous sur la sensation de votre corps, essayez de trouver le point précis où les picotements dus à l'échauffement s'arrêtent. Ces extrémités une des limites de votre corps.

La prise de conscience de ce dernier via la fatigue, c'était un des nombreux exercices qu'avait pratiqué le gamin à l'hôpital lors de sa rééducation.
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Lorsque Cally entra dans la salle, Luke était déjà là. Assis sur une table accolée au mur, il semblait l'attendre, l'air pensif, même si c'était assez difficile à confirmer vu son regard toujours fixe. Durant la journée, elle avait jeté un coup d’œil dans la base de données du temple, histoire de s'occuper entre deux examens. Elle souhaitait en apprendre un peu plus sur son nouvel "entraineur", ne serait-ce que son nom. Elle n'allait pas continuer à l'appeler chevalier Kayan toute sa vie quand même. Il fallait dire que le jeune homme avait un sacré pedigree... Il était padawan du légendaire Saï Don. Elle se demanda un petit instant s'il pourrait glisser un mot avantageux à l'oreille de son ancien maitre, afin que sa future rencontre avec le Conseil se passe mieux... Tout ce qui pouvait l'aider dans cette inévitable confrontation était bienvenue.

Il était encore jeune, mais avait un certain nombre de haut-faits à son actif. Et puis, il était sacrément canon. Non, sérieusement, les Hapiens étaient vraiment des étalons de compétition. Si elle avait eu cent ans de moins... Ou quinze ans de plus. Ce qui était assez étrange. Son esprit était bien trop vieux pour faire autre chose qu'apprécier la vue, et son corps bien trop jeune pour ressentir ce genre de besoin. Même à s'imaginer, c'était difficile. Et puis, elle avait bien trop d'autre chose à penser à vrai dire. Elle tenterait peut-être plus tard de se jeter dans ses bras en prétextant une blessure, rien que pour voir. Comme au bon vieux temps. Mais elle doutait du résultat.

Luke se leva pour la salua, avant de lui tendre un bandeau de couleur noir. Perplexe, Cally s'en saisit d'une main hésitante. Qu'est-ce qu'elle devait faire avec ce truc ? Elle le tendit devant elle pour l'examiner, s'attendant peut-être à trouver quelque chose gravé dessus.


- Euh, bonjour, répondit-elle, un peu perdue.

Le jedi la gratifia alors d'une longue explication, qu'elle ne saisit pas totalement. Elle comprenait les mots, bien sûr. Elle en tirait même la majorité du sens qu'il tentait de lui transmettre. Mais la logique qui se tapissait derrière son explication lui paraissait encore obscure. Paradoxal, comme dirait l'autre, mais du coup pas du tout logique pour la jeune fille. Il souhaitait qu'elle se prive de la vue ? Comme ça ? D'habitude, ce genre d'entrainement s'effectuait plutôt quand on maitrisait bien son corps, afin d'apporter une expérience nouvelle, un point de vue inédit. Et puis, c'était facile à dire pour lui, il avait la Force. Il pouvait voir, même sans ses yeux. Elle l'avait fait aussi. Avant...

Malgré sa perplexité, elle n'avait pas grand chose à perdre. Peut-être qu'elle n'avait pas toutes les clés en main pour saisir ce concept, que tout s'éclairerait une fois qu'elle serait aveugle. Écartant sa généreuse chevelure, elle noua de ses petits doigts malhabiles le long bandeau noir autour de sa tête, recouvrant totalement ses yeux, la plongeant dans une obscurité insondable.

Ses cœurs manquèrent un battement.

Alors qu'elle venait tout juste de le poser, elle arracha son bandeau brutalement, le jetant au sol dans un geste de panique. Elle porta une main sur sa poitrine, sentant ses multiples petits cœurs battre la chamade sur un rythme douloureusement déréglé. Son souffle était devenu lourd, irrégulier, alors qu'elle avait failli s'étrangler. Elle avait eu un brusque accès de panique. Perdre un de ses sens... A nouveau. C'était une sensation horrible. Perdre la vue... Perdre la Force... Non, elle ne voulait jamais, jamais revivre cette sensation. C'était comme remuer le couteau dans une plaie sanglante. Elle n'avait pas prévu que son esprit et son corps rejette si violemment cette expérience de vie.


- Je vais bien, croassa-t-elle, tentant de reprendre la maitrise de son souffle. Je... Donnez moi juste une minute.

C'était une bien piètre image qu'elle donnait d'elle-même. Elle se maudissait d'ailleurs d'avoir eu une réaction si brutale, mais elle avait été primaire, spontanée. Qu'est-ce qui n'allait pas dans sa tête ?! Enfin, en vrai elle se savait très bien. Elle était loin d'avoir récupéré de son traumatisme. Elle ferma les yeux pour se reprendre. Oui, ce serait comme fermer les yeux, simplement. Temporaire. Volontaire. Elle devait se persuader de cela. Les mains encore un peu tremblantes, elle se convainquit de remettre le bandeau. Ce n'était pas ce morceau de tissu qui devait lui faire peur. Elle était suffisamment maitresse pour passer cette épreuve. Enfin, c'était ce qu'elle tentait d'imposer à son esprit.

Elle retenta l'expérience, prenant une grande inspiration avant de nouer à nouveau le bandeau autour de son crâne. La sensation revint à la charge. Mais elle y était plus préparée, cette fois-ci, et réussit à l'encaisser. Sa respiration devint un peu plus rapide alors qu'elle se forçait à la maitrise de soi, mais elle tint bon, s'habituant peu à peu à son regard aveuglé. Elle commença à faire comme Luke, quelques échauffements. Elle commença à ressentir ses muscles travailler... Mais sans ses yeux, c'était encore pire. Ce n'était peut-être qu'une sensation fantôme, mais...


- Je... Sens mes muscles. Ceux de mon corps... Mais les anciens aussi. Comme s'ils étaient toujours... Là.


Et de fait, privée de sa vue, elle se sentait plus grande. Elle s'imaginait ses bras plus longs, mais elle le ressentait également. Mais son cerveau enregistrait bien ses vrais mouvements, et ses vrais muscles la tiraient, la tiraillant entre deux réalités. Elle déglutit difficilement, commençant à perdre son équilibre alors que son esprit recevait des informations contradictoires.

- Ce... C'est pas une sensation agréable, grogna-t-elle, la gorge serrée.
Luke Kayan
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Déséquilibrée aussi promptement que violemment, la Force s'éparpilla aux quatres coins de la pièce, avec, en guise de rocher venant crever sa surface lisse et sage: Cally en personne. L'impact aurait du être plus doux étant donné la non-sensibilité de celle-ci. De ce fait, la brutalité avec laquelle l'onde s'était propagée indiquait une certaine gravité. Luke chercha à savoir ce qui perturbait la vieille femme-enfant. Se serait-elle blessée? Il avait pourtant veillé à commencer par le bas, il ne se pardonnerait pas une chute. Rien de tout ceci semblait n'avoir eu lieu selon les dires de la concernée. Soulagé, le Chevalier repris ses exercices, comme si aucun incident n'avait décidé d'entraver le singulier exercice qu'il lui avait proposé.

- Vous souffrez, semble-t-il du symptôme du membre fantôme, commun chez les soldats qui subissent une perte de bras ou de jambe violente. Dans certains cas, il sentent des picotements en cas d'efforts, voir le chaud et le froid. Pour dissocier vos anciens membres des nouveaux, des vrais, il faut continuer à pratiquer, afin que la sensation réelle d'exercice surpasse celle plus diluée du souvenir.

Luke n'était pas certain de bien s'expliquer, d'autant plus qu'il n'avait pas révisé ses fiches sur ce symptôme, ne s'attendant pas à ce qu'une personne disposant de 4 membres, raccourcis par les circonstances, certes, mais entiers. Il espérait toutefois parvenir à aider Cally et s'y emploierait avec ferveur.

- Encore.- L'encouragea le Hapien en se rapprochant. Guidé par le son de la voix de la fausse pré-adolescente, il se plaça devant elle, apte à calculer assez rapidement où ses bras arrivaient après avoir deviné sa taille à travers la provenance de sa voix, le bruit de ses pas et l'habitude de côtoyer des enfants. -Visez la paume de mes mains.- Avec cet obstacle physique, le Chevalier espérait que Cally se rende compte plus facilement de la longueur de ses véritables bras. Il déploya alors ses propres membres et attendit ce fameux petit choc.

[colo=yellow]- Le changement n'est pas facile, car avant l'éclaircissement, le corps doit assimiler le changement, chose à laquelle il se refuse de prime abord. De la même manière qu'une amputation n'empêchera pas de sentir la douleur, des picotements voir dans certains cas, la chaleur et le froid, votre cerveau reste focalisé sur une ancienne réalité. C'est d'autant plus compréhensible que le changement n'était ni logique, ni lent. Tout s'est précipité. Nous devons donc convaincre votre organe que les membres qu'il contient par n'ont plus les mêmes proportions. [/color]

Direct comme cela, ça semblait plutôt logique, presque facile mais Luke savait combien passer de la théorie à la pratique demandait d'efforts. Il était alors jeune, mais se souvenait sans problème de la souffrance causée par sa réadaptation. Plus que physique, elle était mentale et en partie dûe à une sensation de confusion permanente. En tout cas au début. Lorsque le déclic s'était fait, l'apprentissage s'était achevé assez rapidement. En fin de compte, c'était la première étape la plus complexe: faire en sorte que le corps et le cerveau acceptent la condition nouvelle, souvent pire que l'ancienne. Ensuite, cette merveilleuse et optimiste machine qu'était le corps humain se chargeait de trouver d'autres sentiers pour arriver à des buts, au moins similaires que les précédents

- Des séances avec un psychologue pourraient alléger et accélérer le processus.

Luke marqua une pause, soulagé de ne pas avoir prononcé l'idée qui lui avait aussi automatiquement qu'instintctivement traversé l'esprit : demander à un spécialiste du Medcorps de tenter une thérapie via la Force. Ce dernier aurait laisse couler la Force jusq'au bout de ses doigts pour lui indiquer leur frontière, ré-harmoniser le cerveau et la chaire, les relier. Mais elle ne l'avait plus, cette Grande Alliée mystérieusement disparue. Luke se mordit une seconde les lèvres, entortillant une mèche blonde autour de ses doigts fins dans y penser.

- Un spécialiste en-dehors du Temple serait une bonne idée, afin d'avoir une vision différente, épurée de toute considération pour la Force.

Proposa le jeune Jedi tandis qu'il changeait imperceptiblement ses paumes de place. Si Cally devait complètement tendre les bras pour l'atteindre, elle devait désormais les garder pliés. Le jeune homme comptait sur la fatigue saine de l'exercice pour l'aider à savoir où se terminaient des nerfs. Il voulait aussi sur son cerveau commence à calculer les trajectoires en fonction de ses nouveaux membres. Enfant, il s'était cogné contre biens des murs matelassés avant de saisir jusqu'où ses doigts arrivaient sans qu'il ne les voient puis comment ceux-ci pouvaient le guider. Le processus avait été laborieux mais étrangement, Luke pouvait être aujourd'hui, d'une précision redoutable, bien plus que certains voyante, une fois qu'il avait trouvé un point de repère à partir duquel il étendait sa toile.

[color=red][Hj: Désolée ce n'est pas super je trouve mais je ne voulais pas jouer ton personnage. J'ai aussi écrit ma deuxième moitié du rp sur téléphone donc pardon pour d'éventuelles fautes. ]
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L'exercice commençait à lui devenir pénible. Elle n'aurait pas pensé que des gestes auraient simples lui aurait été aussi désagréables. Sans ses yeux, tous ses mouvements lui paraissaient faussés. Elle ne parvenait plus à distinguer les sensations réelles des restes fantômes de son ancien corps. Elle ne s'imaginait pas vraiment progresser ainsi, car pour l'instant cet exercice ne lui apportait que de la confusion. Son corps ne répondait pas comme il l'aurait dû, et la frustration que cela engendrait faisait bousculer les pensées dans sa tête, l'empêchant de se concentrer. Elle commençait à avoir mal à la tête... Et elle craignait constamment de tomber, car elle ne parvenait toujours pas à trouver son centre d'équilibre. Elle le sentait dangereusement bas, alors qu'il aurait dû être bien plus haut !

Luke lui demanda de viser les paumes de ses mains. Quelles paumes ? Quelles mains ?! Elle était dans le noir complet ! Elle se tourna plus ou moins dans la direction de la voix qu'elle entendait, et tendit ses mains devant elle en avançant, de peur de heurter quelque chose. Elle se sentait mal à l'aise, complètement déboussolée. Ses mouvements étaient gauches. Heureusement, le Jedi s'était lui correctement positionné pour la recevoir. Ses petits poings de gamines ne tardèrent pas à être cueillis par les mains plus grande du jeune homme. C'était une sensation étrange. Le contact physique lui permit de clairement ressentir la longueur de son bras, même si celle-ci lui semblait complètement anormale. C'était un peu comme si elle touchait Luke avec son coude, et non le bout de son bras...

Elle écouta les explications calmes. L'entendre aussi serein l'agaçait un peu, alors que de son côté elle était en train d'en chier ! Bien sûr, c'était la meilleure attitude pour un professeur, elle le savait très bien. Mais ça ne l'empêchait pas qu'elle ressentait une brusque envie de le secouer, de lui dire que cet exercice en apparence tout simple lui posait toutes les difficultés du monde ! A moins qu'elle ne soit en colère contre elle-même, contre ce corps qui lui refusait même les actions les plus basiques, ce corps qui semblait inlassablement devoir lui résister ? Elle se força au calme. Elle n'allait pas s'emporter contre Luke quand même, alors qu'il avait la gentillesse de l'aider.

Ce dernier ajusta alors soudainement leur prise, et commença à repousser les mains de Cally. Elle tenta bien de forcer à son tour pour le repousser, mais elle n'avait clairement pas la force physique nécessaire. Cela ne faisait que lui rappeler cruellement qu'elle n'était plus qu'une gamine... Sa résistance ne fit que briser son fragile équilibre, et elle bascula en arrière avec un petit cri de surprise. La gravité, cette vieille garce, l'attira au sol, où elle s'étala rudement sur le dos. L'impact expulsa l'air de ses poumons brutalement. Heureusement, malgré la soudaineté du choc, le sol de la salle était recouvert de tapis d'entrainement qui l'empêchèrent de se faire trop mal. Cependant, ils ne pouvaient rien faire contre l'humiliation.


- Merde... glapit-elle.

Elle se remit rapidement en position assise, et se débarrassa de son bandeau qu'elle jeta rageusement à côté d'elle. Elle ne fit pas mine de vouloir se relever. Au moins, au sol, elle ne tomberait pas plus bas. C'est à peu près où était son moral, de toute manière.


- Je vais pas y arriver... Vous avez la Force pour vous guider, et moi... Je n'ai plus rien... Je suis devenue bien plus aveugle que vous sans la...

Ses mains s'étaient mises à trembler, et elle serra les poings pour essayer de son contrôler. Elle avait du mal à rester calme. Jamais, au grand jamais elle ne s'était imaginé que reprendre le contrôle de son corps serait aussi complexe.

- Le MedCorps a fait venir un médecin militaire de Coruscant pour m'examiner. Il... S'est montré d'une aide précieuse. Sur un plan psychologique. Mais il n'a rien pu faire que constater que j'avais perdu la... L... La Force. Comme tous les autres ! Je crois pas que quiconque... puisse m'aider. Je suis punie par là où j'ai péché...
Sa voix était devenue de plus en plus aigüe et faible, pour presque finir en gémissement.

Elle se posa une main sur la tempe. Elle commençait à avoir sérieusement mal à la tête. Le choc de l'arrière de son crâne contre le sol n'avait pas vraiment aidé. Mais elle relégua la légère douleur en arrière plan. Elle devait poser une question à Luke. Il avait dit avoir déjà perdu la Force. Peut-être avait-il déjà réfléchi aux questions qui tournaient dans sa tête depuis des jours, questions auxquelles elle ne trouvait aucune réponse.


- Luke... Qu'est-ce que je suis sans la... Force ? Est-ce que je suis encore seulement une Jedi ?

Assise sur le sol, presque prostrée, elle attendit une réponse qu'elle espérait salvatrice. Dans sa vie antérieure, jamais elle ne s'était posée cette question. Pour elle, il avait été évident qu'un Jedi était défini par la Force et son utilisation. Jamais elle ne s'était imaginé pouvoir la perdre. Et elle se retrouvait ainsi...
Luke Kayan
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Luke retint ses jambes qui voulaient s'élancer vers Cally. Malgré ses maladresses sociales, il avait compris que la femme-enfant ne souhaiterait probablement pas sembler assez fragile pour avoir besoin de la main d'un aveugle. Il lui offrit donc le loisir de respirer, lancer une injure- contre le monde? Lui? Elle?- puis parler, mais pas de se lever selon le point d'origine de sa voix.

- À 7 ans je ne l'avais pas - Murmura le jeune Jedi avec une douceur de laquelle transpirait une certaine tristesse. Des regrets. À cette époque d'ailleurs, il n'avait rien. Ni la Force, ni l'esprit, ni la volonté. Perdu au milieu de sa peur, considéré comme "attardé" par des médecins qui déploraient un état autistique généré, le prognostic n'était pas bon pour le petit Luke. Ses débuts de réhabilitation avaient été misérables car il obéissait, apprenait par crainte d'être puni. Il avait fallu deux longs mois avant qu'il ne sache apprécier ses leçons de braille ou celles de vie pratique. Un jour, l'éducateur spécialisé, s'en souviendrait probablement, son cas le plus récalcitrant avait souri avant la classe. Juste souri, sans participer, pour ça un bon bout de temps avait été encore nécessaire, mais la première étape venait d'être franchie.- Les gens se relèvent à force de volonté, et je ne doute pas que vous manquez de caractère. Ces exercices nocturnes le prouvent. Peut-être vous manque-t-il un peu de patience? Ou alors de dosage dans vos efforts, trop fournis un jour, trop dispersés le lendemain? Je ne vous connais pas encore assez, mais je vois votre détermination. Si l'aveugle muni de sa seule canne que je fus à une époque et que je suis encore, plus souvent qu'on ne le croit, y est parvenu. Vous le pouvez aussi.

Il était en effet impossible pour le Hapien de toujours en appeler à la Force comme semblait le penser Cally. Il l'avait, certes, endormie dans un recoin de son être, sans oser imaginer devoir vivre sans elle, mais elle n'était pas si souvent active. La majorité du temps, plus que son concours, c'était sa présence que le jeune homme chérissait, comme on peut poser une main attendrie sur la tête d'un petit chien qui dort au coin du feu. Elle était une compagne passive, pas très compréhensive, parfois moqueuse qui aimait l'observer trébucher et emmener au sol avec lui, la réputation des inébranlables Jedis. Ah, Padawan, il s'en était pris des bonnes "gamelles" sur les pavés inégaux des grandes artères de Coruscant. Les jours où il portait sa toge avaient été terrible pour lui qui craignait de salir le nom de son Ordre. Maintenant qu'il y songeait, le Chevalier riait de ces anciens moments, parfois remis au goût du jour, car il lui arrivait encore de tomber.

- Qu'est-ce que vous aimiez dans le fait d'être Jedi? Outre la présence de la Force à vos côtés?

Si c'était leurs principes, elle pouvait encore les suivre. Si c'était leur communauté, elle n'était pas encore déchue, et si c'était aider autrui, elle en avait la possibilité.

- Le temps peut atténuer la sensation de manque, le corps compense, trouve un autre chemin. J'avoue qu'aucun témoignage à ce sujet, du moins à ma connaissance n'a été recueilli. En revanche, si je me base sur ceux d'handicapés acquis, non innés et qui ont donc pu un jour comparé, la sensation de vide s'estompe. Dans mon cas, je me rappelle vaguement du concept des couleurs, parce que j'ai déjà vu, toutefois je suis incapable même via l'imagination de les disposer correctement, il semblerait même que mon cerveau invente des teintes non existantes. Bref, ma mémoire se perd, je souffre donc moins du manque. Votre faiblesse pourrait devenir relativement positive. Vous seriez une Non-Sensible pourtant apte à comprendre le concept de la Force, les Jedis. Il vous serait possible de travailler en collaboration avec des scientifiques Sensibles et ceux qui ne le sont pas, ou les instances judiciaires afin que la Force ait plus d'impact lors de témoignages et soit reconnue comme un appui fiable lors de la présentation d'une preuve. D'autre part, de nombreux "métiers" ressemblent au nôtre, une reconversion serait envisageable. Il y a tant de façon d'aider les autres.

Le Consulaire laissa s'écouler quelques secondes, conscient d'avoir été dur malgré la douceur qui émanait de ses propos puisqu'il suggérait que Cally ne retrouverait pas la Force. Ceci dit, c'était pour mieux terminer, avec une note d'espoir.

- Jusqu'à preuve du contraire, vous êtes toujours membre de cet Ordre ceci dit. Et ce cas étant sans précédent, impossible de savoir quelle sera la réaction future de votre corps. Vous devez vous préparer au pire certes, sans cesser d'espérer le meilleur. La Force est mystérieuse, peut-être reviendra-t-elle. En tout cas, j'aimerais rencontrer ce médecin, avec votre autorisation, bien sûr.

Luke espérait ne pas être trop agressif, ou trop protecteur. De fait, il ne savait pas sur quel pied danser avec cette enfant beaucoup trop vieille pour être traité à l'instar des autres gamins, mais trop jeune pour recevoir abruptement la vérité en pleine figure. Alors il avait choisi de considérer la Maître Jedi, celle qui serait compréhensive, saisirait qu'il ne voulait pas blesser sinon aider tout en restant perdu face à ce cas atypique. Celle qui lirait entre les lignes car elle possédait malgré tout la sagesse d'une centenaire éduquée par l'Ordre. Celle qui voudrait se relever pour essayer, encore et encore.
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Cally entreprit de se relever péniblement, encore honteuse d'avoir chuté. Par réflexe, elle épousseta ensuite ses vêtements de padawan froissés. Aucune autre vêtement n'était à sa taille ou à sa carrure, aussi avait-elle dû se contenter d'habits d'apprentis jedi, des habits d'enfants... Et encore, on lui avait livré une taille censé convenir pour les personnes autour de dix ans, et elle flottait encore dedans. Même pour son nouvel âge, elle était petite. Comme un nouveau couteau planté dans son dos, lui rappelant sa déchéance. Heureusement, Luke ne pouvait assister à cela, privé de la vue comme il l'était. C'était peut-être un signe qu'il était le bon professeur, celui qu'elle cherchait. Car dans le regard des autres, comme celui des docteurs qui l'avaient prise en charge, elle remarquait bien comment on la voyait. Comme une enfant. Pas comme une maitre jedi...

Cela ne l'empêcha pas d'écouter la réponse de Luke, qui était loin d'être aussi tranchée que ce qu'elle aurait souhaité. Peut-être n'y avait-il tout simplement pas de vrai réponse... On en était arrivé à un point ou cela relevait plus du débat philosophique, chose que Cally aurait pu apprécier si elle n'était pas la première concernée. Car se faire entendre dire que le temps ferait son office... Elle le savait bien. Plus que beaucoup d'autres personnes, elle savait que le temps adoucissait les angles et rendait les choses plus supportables. Elle l'avait vécu, à de nombreuses reprises. Mais cela ne l'aidait pas, là, maintenant, tout de suite ! A restreindre cette sensation qui lui griffait le ventre et la prenait au tripe, un vide qui ne semblait pas pouvoir être comblé par quoi que ce soit...


- Je sais très bien ce qu'il me manque, c'est la patience, grogna-t-elle d'un ton frustré un peu plus brusquement que ce qu'elle aurait voulu. Quand vous aurez mon âge, vous verrez que chaque minute compte. On ne souhaite pas partir quand on a l'impression de ne pas avoir fini sa tâche ici bas.

C'était vraiment étrange d'entendre cela de la bouche d'une gamine. Punaise, même elle, elle sentait que quelque chose sonnait faux dans sa phrase. Pourtant, c'était bien ce qu'elle ressentait ! Tout ce qu'elle avait fait, c'était pour ne pas mourir. Pour avoir plus de temps... Il semblait que, d'une façon ou d'une autre, elle ait réussi. Et pourtant, elle n'en était pas sûr. Son corps avait beau être plus jeune, peut-être que sa durée de vie n'en serait pas augmentée pour autant. Que la Force viendrait réclamée son dû à l'heure convenu, quelque soit ses efforts pour l'éviter. Cette pensée la terrifiait. Elle n'était pas prête !

Quand Luke commença à lui parler de reconversion, elle sût qu'elle avait atteint le fond. Même lui avait utilisé le passé pour parler de son statut. Ce qu'elle "avait aimé" dans le fait d'être Jedi... Luke semblait un avis extérieur révélateur, qui confirmait ses pires craintes. Cally encaissa comme elle put. La vérité était dure et cruelle, mais il faudrait probablement qu'elle s'y fasse.


- Être Jedi, pour moi c'était maitriser la Force. Les préceptes de l'Ordre, ses actions et ses principes, tout le monde peut les suivre, les imiter... Ça ne fera pas d'eux des Jedi pour autant. C'est la Force qui nous lie les uns aux autres. Qui fait de nous ce que nous sommes, comme une famille unie par un lien invisible.


Au final, il s'agissait un peu d'un club très élitiste.

- J'ai toujours fait partie de l'Ordre, je n'ai pas eu de vie avant. Je ne peux pas m'imaginer... Le quitter... Comme vous dites, j'en fais encore partie. Mais le Conseil statuera bientôt sur mon sort. Vous croyez vraiment qu'ils garderont une infirme comme moi, qui ne respecte même pas le critère le plus basique pour être Jedi ? Faire de moi une exception ? Ce serait ouvrir la boite de Pandore...

Elle ne voyait pas les membres du Conseil enfreindre une principe aussi élémentaire que celui-ci. Beaucoup de jeunes maitrisant les rudiments de la Force ne parvenaient pas à devenir Jedi, ne réussissant pas les épreuves. Pourquoi garder quelqu'un qui n'avait plus aucun contact avec la Force ?

- Vous allez me dire que je pourrais rester dans l'Ordre sans être Jedi, à travers le Corps de Services, ou un autre organe du même genre... Mais je ne pense pas que je pourrais le supporter. Côtoyer tous les jours des Jedi, constater ce que j'ai perdu. C'est... Ce serait comme remuer le couteau dans la plaie en permanence. Cela ne m'apporterait que de la tristesse et de la frustration. Nous savons très bien tous les deux où cela me mènerait.


Cally avait cédé une fois à la peur, et s'était tournée vers le côté obscur pour une unique expérience. Vu les résultats, elle n'était pas prête à recommencer. Il lui était difficile de parler ainsi de la Force, de sa perte. La blessure était encore récente, vive... Mais Luke aurait peut-être la réponse qu'elle cherchait. Elle devait savoir. C'était ce désespoir qui la poussait à parler, malgré sa réticence. Même si sa voix était encore plus aigüe qu'à l'ordinaire, fragile, ténue...


- J'admire votre optimisme, mais le fait que la Force... me revienne ou non ne changera rien si le Conseil me vire avant... Les médecins du Medcorps sont complétement perplexes, et rien n'indique que je puisse récupérer mes capacités... Vous n'avez qu'à aller leur demander. Et si vous souhaitez parler au médecin externe, il s'agit du docteur Atraïde. Vous n'avez pas besoin de mon autorisation, je suis pas sa mère, vous savez... Mais je suppose qu'il doit être sur Coruscant actuellement.

Balian. Elle avait tellement envie de le voir actuellement. Qu'il la serre dans ses bras, qu'il prenne soin d'elle, comme il l'avait fait à l'infirmerie. Parler de la Force et de son futur la mettait terriblement mal à l'aise, et seul le Miralian avait su la réconforter jusque là.
Luke Kayan
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[Hj: Désolée si je n'ai pas absolument tout pris en compte, une partie du RP a été rédigé de mémoire par mail. ]

Assentissement silencieux, triste pour ne pas dire endeuillé de celui qui accepte la vérité à contrecoeurs, Luke hocha la tête. Bien que perdre la Force était la pire punition, devoir quitter l'Ordre en était une autre, et de taille. C'était ce dernier qui avait donné à l'aveugle, sa place, sa mission, sa confiance - du moins le peu qu'il avait en lui.-. Dehors, il ne prodiguerait aucun soin, on ne le laisserait certainement pas travailler et il vivrait misérablement d'une bourse, aidé peut-être, par un de ces emplois que les entreprises offraient à ces pauvreeees handicapés en guise de bonne action. La vie de Luke était parfois mouvementé au Temple, on ne l'épargnait pas et bien que ce soit avec douceur, Saï, Karm et d'autres n'hésitaient pas à exiger de sa personne. Sans ces efforts constants, il ne serait pas l'ombre du Chevalier Kayan.

Le cas de la Maître -presque- déchue découvrait d'énormes lacunes dans leur système, au point que les membres d'une communauté surentraînés, bardés de diplômes -ou d'équivalents- surtout en droit n'étaient en aucune façon, prêt à la vie d'au-dehors. Le quotidien que chaque civil affrontait plus ou moins bien selon sa situation. Ils étaient probablement, tous ou presque, effrayés à l'idée de perdre leur statut, leur appartenance à un groupe spécifique, une certaine famille.

En outre Cally avait raison, cette dite communauté, fermée, ne prendrait certainement pas le risque de garder une Ancienne, une sensée Sage ayant transgressé aussi bien les lois de la Vie que celles de la Force, au point d'être reniée par cette dernière. En tout cas, à chaud, c'est ce que Luke aurait conclu en tant que décisionnaire. Ceci dit, loin de se considérer comme un vétéran, il préférait s'en remettre aux Aînés, lesquels trouveraient certainement une solution, et si non, une alternative viable pour Cally. L'Ordre, altruiste, qui avait pour principe de s'oublier au profit des nécessiteux n'allait quand même pas jeter une ancienne camarade dehors d'un bon coup de pied, non? Le blond aurait voulu partager cet ultime zeste d'espoir avec sa désormais cadette, mais il ne savait ni par où commencer, ni si c'était adéquat. Alors il se tu, écoutant la fillette expliquer des choses qui sonnaient faux avec sa voix fluette, mais tellement vraies si on se plongeait dans les intonations, à peine perceptibles, mais non moins déchirantes.

Ceci dit, Luke ne comprenait pas certains points, ou ne les partageaient pas. Avoir vécu plus de 10 ans aux côtés d'un vieil homme lui avait permit d'observer le processus du Temps. Chaque individu était différent, certes, cependant Saï avait année après année, paru moins impatient, moins pressé, et son apprenti en avait déduit que les rides poussaient au constat suivant: puisque l'Oeuvre ne pouvait s'achever en une vie, il fallait se contenter d'y participer, non pas cousant 50 fils, sinon 3, peut-être deux, d'une façon si admirable que les âges ne les défairaient pas. La patience était une vertu Jedi très recherchée, une des seules que le Hapien possédait naturellement, dès sa plus tendre enfance d'ailleurs. En second lieu venait la résilience. L'acceptation de ses circonstances, du temps qui passe et finalement de la mort, enseignée au Temple. Pourquoi Cally avait-elle dévié à ce point du premier vers de leur code? Luke l'ignorait partiellement bien qu'il compatisse et saisisse sa peur de mourir -si elle l'avait.- surtout depuis qu'il connaissait Karm, parce que plus que sa propre fin, il était effrayé à l'idée que la lumière de son ami ne s'éteigne.

Le jeune homme restait toutefois sur ses positions: il aurait préféré faire face à son dernier souffle plutôt que de prendre, ne serait-ce que le risque minime, de perdre la Force ou décevoir son Ordre.

- Je le pense aussi, se joindre aux Corps Auxiliaires serait une torture. - Même lui qui n'avait pas tendance à être jaloux souffrirait assurément de cotôyer des gens accédant à la Force et ne se priant pas pour en discuter la journée entière.- Est-ce que vous pensiez que l'Ordre aurait mieux accepté votre... Situation? Acte? Si le rituel avait fonctionné?

Osa-t-il demander du ton le plus suave possible afin que cela ne passe pas pour un reproche, d'ailleurs ça n'en était pas un, il ne se le serait pas permis, bien que la question du "pourquoi?" continuait de le harrasser. Un peu égaré, le Chevalier peinait à saisir qu'une sage aînée ait pu dédier un probablement long moment à se demander comment rajeunir sans songer aux conséquences. Leur Ordre n'étant pas hypocrite, le blond supputait que même une réussite aurait signifié encourir le risque d'être puni pour ses actes. Jeune ou non, elle semblait condamnée d'avance. Luke éprouvait à son égard de la curiosité, de la peine et de l'inquiétude mêlées, ainsi qu'un soupçon d'admiration saupoudrant le mélange de saveurs plutôt bizarre -mais pas indigeste- que laissait sa rencontre avec la fausse gamine. Elle avait osé ce que lui n'aurait jamais fait, trop docile, timoré. Une sorte de Karm de l'extrême qui ne doutait pas à tenter -presque.- n'importe quoi destiné à servir l'Ordre sur le long terme.

- Voyons le présent avant de songer à l'avenir, qu'en dites-vous? Continuons-nous avec un autre exercice?

Il essaya un sourire, faible ayant le mérite d'être sincère pour l'encourager à aller de l'avant mais en marchant, sans se précipiter. Inconsciemment, son attitude démontrait également qu'il n'avait aucune intention de l'abandonner à son sort.
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Luke finit par lui poser une question d'une voix suave. La question qu'elle avait attendue. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait cela ? Non pas qu'elle ne se fut jamais questionnée elle-même. Ce projet, aussi raté qu'il était, lui avait pris près de vingt ans de sa vie. Bien sûr qu'elle avait eut des doutes, bien sûr qu'elle s'était posée des questions. Jusqu'où elle était prête à aller, est-ce qu'elle était influencée par le côté obscur... Comment pourraient réagir les autres si elle menait son projet à son terme. Cally n'avait peut-être pas vraiment l'habitude de vivre dans de grandes communautés, ayant vécu toute sa vie avec de petits groupes d'exploration, mais elle n'en avait pas moins estimé l'avis des autres. Aussi n'hésita-t-elle pas longtemps avant de répondre:

- Je ne peux pas prédire comment l'Ordre aurait réagit... Mais pourquoi nos collègues auraient-ils mal réagit, si j'avais apporté une méthode pour allonger un peu la durée de vie ? La Force nous donne déjà une longévité exceptionnelle, ce n'est au final que l'évolution de ce trait naturel.

Après tout, même sans le rituel, elle avait atteint plus de cent trente ans grâce à la présence de la Force dans son corps.

- De nombreux Jedi font des recherches sur la Force pour en percer les mystères. Je n'étais qu'une parmi tant d'autres. Quand on suit les nobles idéaux de l'Ordre, quand on veut aider son prochain, comment une recherche pourrait-elle être empreinte du côté obscur ? La Force n'est ni obscure, ni lumineuse. Elle est la Force, pleine et entière. Ce n'est que l'utilisation que l'on en a qui importe.

Tout en parlant, la jeune fille se pencha pour récupérer son bandeau.

- Luke, imaginez si j'avais réussi. Pouvoir rajeunir, évitez la vieillesse pour nos membres les plus âgés, qu'ils puissent rester actifs plus longtemps. Qu'ils puissent former plus de nos jeunes, ce qui aurait augmenté le nombre des Jedi dans la galaxie. Cela aurait pu être une découverte majeure...


Ces arguments, elle ce les étaient dis et répétés durant de longues années, pour se justifier, pour se donner bonne conscience. Elle œuvrait dans le bien de tous alors. Mais alors qu'elle les énonçait, ils lui laissaient un goût de cendres dans la bouche. Elle était suffisamment mûre pour percer le vernis de ces belles paroles. Elle n'avait tenté que se trouver des excuses. Elle ne pouvait pas se permettre de continuer à se mentir, ni à mentir aux autres.

- Merde, qui j'essaie de convaincre... murmura-t-elle, plus pour elle même que pour son interlocuteur. Sa voix commença à se craqueler. La vérité, Luke, c'est que je... J'a... J'avais peur de mourir. Je n'étais pas... en paix avec ma même. Je n'ai jamais été pa... patiente comme d'autres de notre Ordre. Je voulais... Juste... Un peu plus de temps.

Un goût salé vint effleurer ses lèvres, et elle se rendit compte qu'elle s'était mise à pleurer en silence. Cally n'était pas encore suffisamment remise psychologiquement pour se livrer ainsi sans craquer. C'était pourquoi elle évitait de s'entrainer en journée, de croiser d'autres gens... Elle se passa une main sur les joues et renifla discrètement, espérant que Luke n'ait rien remarqué.

- Luke, j'ai cédé au... Au côté obscur un seul instant à ce moment là. A la peur, et à l'égoïsme. Je me suis souillée. Et volontairement. Peut-être que cette expérience... Elle aurait pu avoir des répercussions positives, mais je l'ai faite pour moi avant tout. Pour grappiller quelques années de vies. Je savais ce que je faisais... C'était... C'était une faute... Comment je pourrais rester parmi les Jedi après un tel acte ? Si j'avais encore un petit peu de bon sens, je... je partirai de mon propre chef... Avant de salir encore plus notre Ordre...

Les larmes continuaient de couler, et elle commençait à avoir du mal à étouffer ses sanglots. Luke avait beau être aveugle, il n'était pas sourd. Il avait bien dû comprendre qu'elle commençait un peu à perdre les pédales, et que le calme qu'elle affichait avant n'était au final qu'une fragile façade. Finissant par céder à ses pulsions infantiles, la gamine se jeta contre Luke, enlaçant la taille du Jedi de ses petits bras, le visage pressé contre son ventre.

- Si... Si je dois penser juste au présent, alors... mentez-moi. Dites moi que tout va bien se passer... Rassurez moi ! lui ordonna-t-elle d'une voix chevrotante, bien consciente du ridicule de sa demande.

Elle resserra un peu plus son étreinte sur lui, comme si elle avait peur qu'il se dégage. Cally avait désespérément besoin de réconfort, elle qui avait l'impression que son univers s'effondrait petit à petit. Poussée par les pulsions de son nouveau corps, et par l'aspect calme et gentil de Luke, elle cherchait du soutien là où elle pouvait. Après tout, elle l'avait bien fait avec Balian, et cela l'avait beaucoup aidée à progresser et à reprendre du poil de la bête... Et puis, c'était un peu la faute de Luke, tout ça. C'était lui qui l'avait poussée à parler. Il lui fallait s'occuper des conséquences à présent.
Luke Kayan
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* Parce que c'est contre-nature*

Les muscles légèrement raidis, Luke écouta les arguments de Cally. Il devait lutter pour ne pas se lancer dans le débat. Si la Force permettait effectivement de gagner quelques années, elle n'autorisait nul retour en arrière, encore moins d'échapper à la mort. De plus, la majorité des Jedis ne faisaient rien pour que leur espérance de vie n'augmente, profitant simplement de sa symbiose avec leur généreuse Alliée. Aussi généreuse que capricieuse et secrète d'ailleurs. Mais Luke ne voulait pas s'opposer à Cally, pas encore. Parce qu'elle était trop fragile, et que face à ses propres mots, une Maître Jedi sensément sage s'apercevrait de son erreur. De nombreuses recherches ou actes permettraient à l'Ordre d'avancer, mais il fallait hélas -et heureusement- se contenter d'y aller plus doucement, de se résigner parfois, au nom de l'éthique. Qu'apprendraient les Jedis à leurs apprentis s'ils jouaient aux sorciers pour déjouer les règles de la vie elle-même. Que penseraient les civils d'eux, et qui chercherait, en-dehors de leur communauté à faire profit de cette découverte, aussi attrayante que dangereuse.

Mais Luke avait eu raison. Seule, Cally changea de discours, renonçant à sa campagne en faveur de l'étrange rituel auquel elle avait eu recours. Les muscles du jeune Jedi se dénouèrent, il poussa un léger soupir en s'apercevant que son onde de Force qui venait d'émaner de lui pour la soutenir ne servait à rien. À la place, faute de mieux, il sourit, un peu démuni car privé de son outil de communication le plus fiable, le plus précis et spontané.

Puis soudain, comme pour rajouter davantage d'étrangeté à cette conversation -se demander si retrouver sa jeunesse était éthique ou pas l'était assurément.- des sanglots s'y mêlèrent. Le Hapien fut totalement prit au dépourvu lorsque la gamine se jeta contre lui, enlaçant sa taille. Guère plus à l'aise que la première fois, peut-être plus gêné encore à cause de la franche embrassade, le Jedi mit un certain temps avant de refermer ses bras sur Cally, l'entourant sans pression et certes, un peu raide. Ceci dit, la chaleur procurée par ce petit visage humide contre son ventre n'était pas désagréable, il tâtonna l'espace d'une seconde, sa main cavala dans l'épaisse toison de la gamine avant de se poser sur l'une de ses épaules, pareil pour l'autre paume ensuite. Il se baissa, dos droit et, comme toujours, le regard fixe. Pourtant, il brillait dans ses iris disparates, suffisamment de vie pour que Cally puisse saisir que l'air presque impassible du Chevalier cachait une vraie compassion, un intérêt sincère.

- Écoutez bien, je ne vais pas vous mentir, je m'y refuse, vous méritez mieux.- Il réfléchit à comment tourner ses prochains mots, avant de les formuler, son visage aux traits fins dans la même lignée que celui rendu artificiellement juvénile de l' (ex?) Jedi.- Confiez au Conseil ce que vous venez de me dire, avouez-leur vos fautes, expliquez pourquoi vous les avez commises. Surtout, soyez sincère. C'est une grande vertu, vous le savez mieux que moi, que l'Ordre valorise énormément. Cela leur fera comprendre que vous avez saisi, mûrit, changé. De plus, vous n'avez pas définitivement sombré, or, il faut beaucoup de courage pour s'arrêter en cours de route et faire demi-tour. Enfin, tout le monde fait des erreurs, et la vôtre après tout, ne nuit pas à autrui. - Il aurait effectivement plus difficile de se défendre si Cally avait convaincu un cobaye de se prêter au processus, via son rôle de Maître ou une quelconque promesse de jouvence. De même, elle n'avait mis personne en danger avec des explosions ou un rituel englobant toute une aile de la Force. Elle avait agi, recluse dans sa chambre, sans allécher, ni même mêler personne à ses expériences.- Je ne sais pas si vous serez encore des nôtres au sortir, mais je suis, par contre, persuadé que le Conseil ne vous abandonnera pas à votre sort. Tout sera fait pour vous aider, au niveau administratif, psychologique. En tout cas, j'y veillerai.- Pas question en effet que la fausse gamine doive retourner à l'école parce que le système imposait la scolarité obligatoire. Luke ne savait pas encore s'il faudrait falsifier une identité ou autre, d'ailleurs, impossible de deviner quoique ce soit jusqu'à ce que l'Ordre se décide, mais il l'aiderait.- Lorsque... Mon maître- Saï Don- est revenu suite à une longue absence, il m'a emmené devant les Aînés sans que je ne sache pourquoi. En réalité, ils semblaient vouloir m'adouber. Au risque de perdre ma place, j'ai préféré avouer que... Hum... J'avais une relation. Ils l'ont accepté à contrecœurs après que j'ai dit être prêt à quitter cette personne. Et finalement, on ne me l'a même pas exigé, parce que je savais où était mon devoir et que j'avais appris. D'ailleurs cette personne a commis des délits que j'ai dû ensuite dénoncer, mais c'est une autre histoire. Le fait à retenir est que l'Ordre est composé de Jedis, mais aussi et surtout de membres d'une communauté qui ont du coeur et qui valoriseront sûrement le temps passé avec vous auparavant, votre loyauté au Temple avant l'incident, votre travail pour lui. Je suis à peu près certain que vous ne serez pas simplement, purement rejetée.

De fait, il était plus probable qu'elle soit logée indéfiniment ici, avec qui sait, des aménagements pour sortir librement. La laisser seule dehors serait l'exposer au regard des autorités, qui, incapables de comprendre la situation rocambolesque, lui donneraient la fessée avant de l'accompagner au collège ou pire, dans un orphelinat sensée s'occuper de cette gamine sans parents.

Espérant que son propre exemple de pêché -difficilement avoué.- serti de sa promesse, pour ce que valait l'aide d'un simple Chevalier aveugle, aiderait à apaiser un peu le tourment de Cally, le jeune homme chercha doucement à l'écarter de lui pour maintenir fermement ses épaules et la pousser à le regarder. Karm lui avait expliqué que les voyants pouvaient se sentir rassurés en lisant la sincérité directement dans le regard de leur interlocuteur. Sachant que ce qu'il disait était purement vrai, le Hapien ne s'inquiétait pas quant au fait que ses yeux vairons reflètent la plus pure des vérités.
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Cally sentit Luke se raidir lorsqu'elle se jeta dans ses bras, et craignit un instant qu'il ne la repousse. Mais il n'en fit rien, et finit même par lui rendre son étreinte. Elle sentit ses mains tâtonner sur son crâne, lui ébouriffant un peu plus sa chevelure en bataille, afin de trouver une prise et de la saisir doucement par les épaules. Il souhaitait qu'elle puisse le regarder dans les yeux, bien que lui-même ne puisse plus voir. Même à travers ses petits yeux embrouillés de larmes, la jeune fille put lire une compassion et une peine sincère pour elle. Malgré ses yeux morts, ils parvenaient toujours à transmettre tant d'émotions... Luke lui avait expliqué qu'il n'était pas né aveugle, sans doute étaient-ce les restes de son ancien regard.

Puis il la rassura doucement, sans même lui mentir, lui avançant des arguments logiques de sa voix calme. Il était doué, il fallait le reconnaitre... Il lui expliqua que les Jedi commettaient des erreurs comme n'importe quel autre individu, lui apportant même un exemple personnel. Elle même avait vu un certain nombre de fautes graves être punies par le Conseil, sans pour autant que cela mène à l'exclusion. Le but premier de l'Ordre était que l'erreur soit comprise, afin qu'elle be se reproduise pas. Cependant, il fallait avouer que Cally était allée bien plus loin, allant à l'encontre non seulement des règles de l'Ordre, mais aussi de celle de la Force, et même de la vie. Ce qui ne jouait pas vraiment en sa faveur...

Mais bon, tout ceci n'était plus vraiment de son ressort. Tout ce qu'elle pouvait faire à présent, c'était assumer ses fautes, et se rétablir aussi bien physiquement que mentalement. Pour ceci, elle devait bien puiser du réconfort où elle pouvait, afin d'éloigner ses pensées chagrines. En l'occurrence, elle cherchait du réconfort chez Luke, qui se dressait comme une figure de calme et de douceur. Son petit discours l'avait calmée, et les larmes commençaient à sécher sur ses joues. Son visage était très proche de celui du chevalier, comme il s'était abaissé à sa hauteur, si bien qu'elle se permit de tendre le bras droit pour venir lui ébouriffer les cheveux, comme pour le féliciter.


- Merci, Luke. Vous êtes bien plus sage que votre jeune âge ne le laisse penser, répondit-elle d'une voix douce.

Elle se retint d'ajouter qu'il était probablement plus sage qu'elle, vu les conneries qu'elle faisait ces derniers temps.

- Vous ferez probablement un grand maitre Jedi, tout comme votre mentor, ajouta-t-elle. Je me rappelle encore du petit Saïen courant dans les couloirs du temple... Je ne me doutais pas quelle figure de l'Ordre il deviendrait alors.

Elle se rendit compte qu'elle commençait à radoter avec de vieilles histoires, qui remontaient à plus de quatre-vingts ans... D'autant plus que, toujours en exploration, elle ne l'avait jamais vraiment connu, et n'avait constaté son ascension que de loin.

Cally renifla bruyamment, avant de s'essuyer son nez morveux du revers de sa manche sans grande distinction. Bah, ce n'est pas comme si Luke pouvait le constater de toutes manières.


- Putain, j'en ai marre de pleurer... se plaignit-elle tout bas. Désolé pour ces épanchements, ça m'arrive trop souvent ces derniers temps. C'est... Merci de m'avoir prêté une oreille attentive. C'est précieux. Je veux dire, vous le savez déjà mais... Ça aide. Maintenant, j'aimerai juste que tout ça arrive vite... Ne pas être fixée sur mon sort me ronge.

Elle s'écarta de Luke, un peu plus sereine. Elle se passa une main dans les cheveux dans un geste familier et rassurant, avant de se pencher là où elle avait laisser tomber le bandeau pour ses yeux afin de le ramasser.

- Je ne sais pas si je peux encore me concentrer correctement après ça... Mais si vous voulez poursuivre les exercices, je suis toujours volontaire. Ou si vous voulez reprendre la belle femme que je suis dans vos bras, je suis pas contre non plus.
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