Karm Torr
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Pendant plusieurs minutes, Maître Natt Selvak, une Umbarane consulaire au service de l’ExploCorps, était restée les bras croisées, au bord du tatami de la salle d’entraînement, alors que Karm enchaînait à toute vitesse les katas, un shoto vert dans chaque main. Quand le Gardien, jusque là plongé dans ses exercices, se rendit compte de sa présence, il coupa les lames et s’approcha de sa mentor, essoufflé et le torse en sueur.

Impressionnant, commenta son aînée d’un ton tranquille.
Tu veux qu’on s’affronte ?
Oh, non, j’ai passé l’âge pour ce genre de choses, répliqua-t-elle.

Karm esquissa une moue sceptique. Maître Selvak avait beau être une consulaire et une scientifique d’un certain âge, il était prêt à parier qu’elle se défendait très bien en combat singulier.

J’ai une mission à te proposer.
OK.

Le jeune homme s’éloigna pour récupérer sa serviette sur l’un des petits bancs de bois qui longeaient les murs de la pièce.

Tu connais An’ya Qelis ?
Euh… Nan, je crois pas. C’est une ville ? Une planète ? Une personne ?
Une Sith. Qui a rejoint le Temple.
Ah oui, je vois, déclara Karm, soudain fort intéressé.

Quelques jours plus tôt, Luke Kayan et lui avaient justement discuté de la possibilité théorique pour un Sith de rejoindre le Côté Lumineux de la Force, de la même manière, en quelque sorte, que certains Jedis pouvaient se laisser corrompre.

Elle est aussi au Temple. Soigneusement surveillée, comme tu peux l’imaginer, et en train de suivre un entraînement intensif qui doit faciliter sa transition.
Hmm hmm.
Nous pensons qu’il peut être opportun qu’elle découvre les différents aspects de l’Ordre, les différentes voies suivies par les Jedis. Pour mieux comprendre où elle se trouve, mais aussi pour avoir une diversité de carrières qui s’offre à elle. Quelque chose qui puisse la faire tenir dans ce moment difficile, en lui montrant que l’avenir est riche en possibilités.
Faut que j’lui parle de l’ExploCorps ?
Voilà. Sans quitter le Temple, pas au-delà de l’enceinte des jardins. On a pensé que ce serait moins intimidant avec toi. Vous avez à peu près le même âge, notamment.
Pas de problème, répondit Karm, sans chercher plus loin les raisons qui avaient bien pu pousser Maître Selvak à le choisir lui plutôt qu’un autre explorateur de sa génération.

Deux heures plus tard, lavé (et rhabillé — les mauvaises langues diront que de la part du Chevalier au Slip, c’est un exploit), Karm attendait sa visiteuse aux portes de la section du Temple occupée par l’ExploCorps. L’ancienne Sith ne tarda pas à faire son apparition, talonnée par une Sentinelle. Karm pouvait imaginer un peu ce qu’elle éprouvait à être constamment surveillée de la sorte. Ça avait été son cas, pendant quelques jours, après la trahison de sa propre Maître, il y avait deux ou trois ans de cela. Les regards dans les couloirs, les murmures, la méfiance, la présence constante des Sentinelles.

Salut, dit-il d’un ton dégagé à la jeune femme, avant de lever les yeux vers la Sentinelle, qui le dominait d’une bonne tête. J’vais gérer, j’pense.

Le visage de l’autre Jedi se ferma et ses quatre yeux plissés fixèrent intensément Karm.

C’est pour ta protection.

L’argument ne reçut que le silence obstiné de l’Ark-Ni et sa consœur finit par soupirer :

Comme tu veux.

Après un dernier regard à la Sith, la Sentinelle finit par s’éclipser. Les mains dans les poches, Karm la suivit du regard quelques secondes, jusqu’à ce qu’elle disparaisse au coin du couloir, avant de reporter son attention sur An’ya. Ses yeux qui réfléchissaient la lumière n’aidaient pas vraiment à décrypter ses émotions, pas plus que son attitude souvent fort flegmatique, mais, au moins, il n’avait pas l’air de vouloir traiter la Sith comme une paria.

Moi c’est…

Torr ? Karm ? Dans sa culture, Torr, c’était le nom qu’il se donnait pour les étrangers et Karm, celui que ses proches utilisaient. Avec les Jedis, il utilisait toujours celui de Karm, même si certains s’emmêlaient les pinceaux dans les règles labyrinthiques de l’onomastique ark-ni. Mais An’ya ? Jedi ou pas Jedi ? De la famille ou non ?

… Karm, finit-il par dire.

D’un geste de la tête, il désigna la porte.

Viens.

Les battants métalliques s’ouvrirent automatiquement devant eux, alors qu’ils s’engageaient d’abord dans un couloir de bureaux, dont Karm épargna à la visiteuse la description. Les fonctions gravées en basique sur les portes, sous le nom des occupants, disaient assez bien ce dont il était question : le service d’enregistrement des artefacts, le service de planification des missions, l’évaluation des Padawans, l’intégration et ainsi de suite.

Donc, ici, c’est l’ExploCorps, débuta l’Ark-Ni. On a en gros quatre types de membres. Les Chevaliers et les Maîtres, qui sont en minorité. Surtout des Consulaires, mais pas exclusivement. Moi, j’suis un Gardien, par exemple. Ensuite, les Padawans des Chevaliers et des Maîtres, qui finissent pas forcément par rejoindre l’ExploCorps après. En trois, y a les Auxiliaires. Des Jedis qui ont pas réussi leurs épreuves de Chevalier, les ont pas passés, ont choisi de pas suivre cette fois pour une raison X ou Y, mais restent avec l’Ordre et servent dans les Corps Auxiliaires, comme l’ExploCorps ou l’AgriCorps par exemple. Et enfin, des droïdes.

D’autres n’auraient sans doute pas compter les droïdes parmi les membres du personnel, mais pour Karm, une personnalité était une personnalité, qu’elle soit le fruit de la biologie ou de l’informatique.

On remplit une diversité de missions. L’exploration de l’Espace Sauvage, comme notre nom l’indique, pour la cartographie et la prospective, de manière générale. La conduite ou l’appui à des missions scientifiques sur des planètes non-habitées. Les sauvetages quand les gens font naufrages dans des régions hostiles. L’appui à la colonisation de planètes inhabitées, surtout pour les réfugiés de guerre. Et, quand la situation l’exige…

C’est-à-dire en temps de guerre.

… de la reconnaissance. À côté de ça, comme tous les autres Jedis, de l’enseignement évidemment.

Ils passèrent finalement une porte qui s’était ouverte sur une vaste pièce où étaient soigneusement entreposées, étiquetées et cataloguées des milliers et des milliers de roches, venues de tous les coins de la Galaxie connue.

Comme tu vois, y a disons quatre temps à nos missions. La préparation, l’exploration à proprement parler, le catalogage au retour et ensuite, l’étude sur le long terme. C’est évidemment pas toujours les mêmes qui font toutes les étapes d’une même mission, ça dépend des spécialités et tout. Et généralement, l’ExploCorps collabore pas mal avec les autres unités de l’Ordre, puis la société civile ou les institutions républicaines. Des questions sur le panorama général ?
An'ya Qelis
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An'ya Qelis rentra dans le bureau de Maître Botarn, talonnée par sa bodyguard du moment, qu'elle avait surnommé « Quatre Yeux ». Pour l'avoir à l’œil, ça devait être plutôt pratique. Le bureau, quant à lui, était un endroit ordonné et sobre, à l'image de son occupant. Maître Botarn était un homme d'une quarantaine d'année. Son visage était sévère, présentant une barbe poivre et sel, taillée au carré. Sans même lever les yeux du dossier dans lequel il était plongé, il s'adressa à la tatouée :

- Ah, je vous attendais An'ya. Votre présence au sein du Clan n'est pas sans conséquences. Vous savez bien sûr que dans l'Ordre Jedi, jauger les conséquences de nos actes est quelque chose d'important. J'avoue qu'au début, je trouvais votre point de vue intéressant mais j'ai bien peur qu'en définitive votre influence sur le groupe d'Initiés ne soit néfaste. Après tout, le Côté Obscur, est encore bien présent en vous...

La jeune femme écoutait le quarantenaire. De tels propos l'aurait habituellement mis en colère mais ses séances d'Apaisements de l'Obscur portaient leurs fruits. Pourtant, pour la Sith, ces séances s’apparentaient à de la quasi-torture qui la mettait à mal.

Le Maître continua son monologue. Son regard était à présent sur elle : dur et jugeant au possible. An'ya ne baissa pas les yeux, attendant le moment où elle piquerait avec ses mots, attendant le moment où elle contre-attaquerait.

- J'ai beaucoup discuté avec les autres Maîtres qui ont affaire à vous. La méditation semble être un exercice nouveau pour vous...

An'ya avait un mal fou à tenir en place lors des séances de méditation. Quelle perte de temps ! Quel ennui d'être posé, là, à ne rien faire ! On n'arrêtait pas de lui vanter les intérêts d'une telle pratique : maîtriser ses émotions. Oui, mais n'était-ce pas dangereux d'étouffer ces mêmes émotions au risque de les voir exploser un jour ? D'ailleurs, se priver d'une telle source d'énergie était bien dommage.

- ...Vous remettez régulièrement en cause l'Histoire des Jedi et notre Code...

Certes, la tatouée était piquante dans ses remarques et ses critiques, souvent mal accueillis soit dit en passant. De plus, l'Histoire du côté des Siths différait quelque peu de la version Jedi. Mais dans le fond, elle cherchait sincèrement à comprendre et, pour cela, elle avait besoin de confronter tout ce qu'elle avait apprit à l'Académie Sith de Dromung Kass.

- ...Vous mettez en difficulté les Initiés lors de moments d'apprentissage de la philosophie Jedi...

- Maître, il faut bien qu'ils apprennent un jour à défendre leur point de vue. Quel intérêt de boire vos paroles si c'est pour perdre tout leur moyen dès que quelqu'un s'oppose à eux ?

(Et puis, c'était tellement drôle de s'en prendre à ces morveux.)

Et tac ! Un point pour la Sith.
Cette dernière prenait un malin plaisir à titiller ses professeurs sur certains détails, de telle sorte à les mettre dans l'embarras. Mais Maître Botarn resta de marbre. Cette fois-ci, ils étaient seuls, sans spectateurs pour assister à un débat des plus insidieux.
« Quatre yeux » soupira devant cette scène. Quant à l'homme en tenue de bure, il pris une inspiration avant de continuer :

- An'ya Qelis, vous flirtez habilement avec les limites et le cadre mais à force de jouer avec le feu, vous finirez par vous brûler. Parlons de votre intégration. Je crois savoir que vous ne vous êtes pas fait beaucoup d'ami depuis votre arrivée.

- En même temps, difficile de faire connaissance quand on est chaperonné sans cesse, quand on suscite la méfiance tout le temps, quand on...

- Quand on lance des sarcasme à tout va ? Quand on est acerbe avec les autres ? Ou quand on transpire l'influence du Côté Obscur ?

Ouch ! An'ya en avait le bec cloué. Un point pour le Maître.

- Écoutez... Je vois bien que par vos questions et vos contre-arguments vous faîtes des efforts pour comprendre les subtilité de l'enseignement Jedi. Mais le climat du Clan auquel vous faîtes parti s'est détérioré.

Il marqua une pause. Puis :

- Il serait bon pour vous de vous ouvrir le champs des possibilités. Pour cela, vous rendrez visite aux différentes branches du Corps de Service Jedi. Pour l'instant, je doute fort que vous deveniez une Jedi accomplie mais vous apprendrez ainsi que votre avenir au sein du Temple est... possible. Vous pouvez disposer.

***

La tatouée, habillée de la tenue de bure simplissime des Initiées, s'avança vers un humain au physique peu commun. Un petit gars maigrichon au cheveux argentés. Mais ce sont surtout ses yeux qui interpellèrent la jeune femme. Avait-elle eu l'impression de les voir luire dans la pénombre ? De part son accoutrement et son attitude, An'ya identifia quelqu'un qui ne débutait pas dans son domaine. C'était vrai que sa posture désinvolte traduisait un jeune homme à l'aise avec les lieux.

Après l'avoir salué, « Tignasse d'Argent » renvoya la nounou de la Sith, qui était toujours dans l'ombre de cette dernière. « J’vais gérer, j’pense » fit sourire malicieusement An'ya, qui ne se gêna pas pour glisser un clin d’œil provocateur à la non-humaine. Quant à ce gringalet, il était décidément très sûr de lui. Ou complètement inconscient, allez savoir ! En tout cas, elle apprécia se retrouver avec Quatre Yeux de moins pour la surveiller. C'était pour elle une respiration dans la journée.

- Moi c’est…

Pourquoi cette hésitation ?

- Karm.

- An'ya Qelis, répondit-elle avec une pointe de méfiance, car elle ne connaissait pas du tout les subtilités ark-ni en matière de présentation. Elle n'avait d'ailleurs pas encore fait le lien entre ce peuple et le physique de son guide. Quant au nom de Darth Misanthra, elle ne l'employait jamais au Temple.

La tatouée jaugeait l'individu. Il avait l'air de vouloir la traiter comme n'importe qui mais elle ne se faisait pas d'illusion. Après tout, elle était une ancienne Sith, non ?
Elle suivit son guide à travers les bureaux de l'ExploCorps, en regardant à droite, à gauche, tout en écoutant ses explications sur cette branche du Temple, les gens qui l'occupaient et les différentes missions... Au passage, mentionner les droïdes étonna la native de Dromung Kass. Concernant le reste, elle avait une oreille attentive pour les paroles du gringalet, sans jamais l'interrompre.
Elle patienta jusqu'aux questions pour ouvrir la bouche. Et puisque le tutoiement était de mise :

- Un Gardien. Tu es un combattant aguerri donc. Comment ce fait-il que tu sois dans l'ExpoCorps ? Tes compétences ne sont pas plus utiles sur le champs de bataille ? En plus, ça doit être stressant dans l'espace pendant autant de temps.

Le ton de sa voix était jugeant mais, ça, An'ya ne s'en rendait pas forcément compte. Pour pas mal d'interlocuteurs, cette manière de parler les mettaient sur la défensive et compliquait la suite des conversations.

- Pour le reste, pas de questions.

Elle marqua une pause, le temps de se dire qu'il s'agissait peut-être de son avenir. Cela valait le coup de faire un effort, tout de même. Elle replaça une mèche brune derrière son oreille et dit :

- Ah, si. Comment se passe la hiérarchie ici ? Je veux dire, qui est à la tête, qui décide des missions... ? Et quels sont les critères pour monter en grade ? J'imagine que la réussite des missions joue beaucoup. D'ailleurs, quand on échoue, quelles sont les sanctions qu'on doit subir ?

Les yeux marron clairs de la jeune femme fixèrent ceux de son vis-à-vis, dans l'attente de réponses. Mais elle ne rêvait pas : le regard turquoise brillait bien dans le noir !
Karm Torr
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Hochement de tête.
« Combattant aguerri », l’expression était faible.
Karm apprenait à fabriquer des grenades artisanales à l’âge où les enfants s’essayaient aux holojeux.

C’est pas exclusif. Pour les Chevaliers, je veux dire, l’ExploCorps, l’AgriCorps, le MedCorps, tout ça, c’est pas exclusif. Tu peux très bien être dans l’AgriCorps et faire des missions diplomatiques, si t’es Consulaire, par exemple.

Le jeune homme — si tant est qu’il fût vraiment un homme, on ne pouvait pas dire que ce fût absolument évident — paraissait hermétique au style un peu abrupt de son interlocutrice. Mais il fallait dire que Karm passait le plus clair de son temps en exploration, dans les astroports des régions périphériques de la Galaxie, à bord de stations spatiales particulièrement mal famées. À côté de ça, An’ya était quasi un exemple de tact et de douceur.

Donc voilà. ‘Fectivement, ma spécialisation, c’est le combat, puis l’extraction et l’infiltration, les missions commandos. La guérilla urbaine. Les… Trucs dans le genre, quoi.

Des domaines riches en exploits, qui faisaient rêver bon nombre de Padawans, mais qui n’étaient pas toujours bien vu par les hautes autorités du Temple. C’était une chose d’être un bretteur d’exception qui maniait avec élégance le sabre-laser, et même le sommet du chic quand on était par ailleurs diplomate, c’en était une autre d’être les pieds dans la boue des batailles.

Donc je participe à la plupart des batailles de l’Ordre et de la République, généralement.

Dont il était ressorti, à première vue, sans une égratignure.

Et ici, j’suis spécialisé dans les missions d’exploration les plus… Disons délicates. Soit dans des planètes sur lesquelles on a peu de données, là où y a beaucoup d’imprévus. Soit quand les conditions sont difficiles. Climatiques ou n’importe. Je fais pas mal de sauvetages de naufragés, par exemple.

Avec ses traits fragiles comme de la porcelaine, on avait du mal à l’imaginer dans de pareilles conditions, mais la Force permettait bien des exploits insoupçonnables. Certains des combattants les plus redoutables de l’Ordre Jedi comme des Siths auraient été tenus n’importe où ailleurs pour des demi-portions patentées.

Donc ici, c’est notre collection de minéraux, enchaîna Karm. Une partie est confiée à des universités républicaines ou indépendantes, pour étude, soit en recherche fondamentale, soit à des fins applicatives, une partie reste ici, soit pour les mêmes raisons, soit à des fins de conservation. Par ici.

Ils longèrent une étagère où s’alignaient des roches scintillantes dont, dans la demi-obscurité de l’entrepôt, l’éclat faisait concurrence aux yeux si étranges de l’Ark-Ni. Une bonne dizaine de mètres plus loin, Karm pressa la paume de sa main sur un lecteur et, une fois son empreinte digitale reconnue, ils purent pénétrer dans un nouveau couloir.

La conservation, c’est un rôle important. On fait ça pour les artefacts culturels, les minéraux et certains végétaux. Les animaux, c’t’une autre histoire, ça se passe uniquement si y a un danger d’extinction manifeste et souvent, ils sont réimplantés ailleurs. On a des zoologues spécialisés, évidemment.

Une spécialité qui fascinait le jeune homme, à vrai dire. Lui-même n’était pas mauvais pour communiquer avec les bêtes à travers la Force, mais quand il voyait certains de ses confrères à l’oeuvre…

Hmm… Y a pas vraiment de sanctions en cas d’échec, dit Karm, en prenant les questions à rebours. ’Fin, ça dépend des raisons de l’échec. Si c’est une faute évidente de la part du Jedi, on va essayer de comprendre ce qui s’est passé et possiblement revoir ses affectations à l’avenir, pour compléter son entraînement. Si c’est en faute volontaire ou… ‘fin, pas de l’incompétence, quoi, tu vois, mais… Disons si tu mets à cramer une forêt sans raison ou… Te laisser corrompre par des promoteurs… ou… euh…

Pour être honnête, l’Ark-Ni avait du mal à imaginer. À sa connaissance, rien de tout cela ne s’était jamais produit au sein de l’Ordre.

’Tention, fais un peu chaud, dit-il d’un ton dégagé avant d’activer une nouvelle serrure sécurisée, pour pénétrer avec son invitée dans la serre d’acclamation tropicale que l’ExploCorps gérait avec les jardiniers jedis et les guérisseurs du Temple.

La température venait brusquement de monter d’une bonne vingtaine de degrés, et l’humidité de l’air avait changé du tout au tout. Karm ne réprima pas un sourire satisfait : loin de l’atmosphère aseptisée des vaisseaux de son enfance, il appréciait ces climats propices aux végétations luxuriantes.

… ouais, donc, dans ces cas-là, y aura probablement enquête des Sentinelles, c’t’un peu la police interne à l’Ordre, et éventuellement de la police républicaine et des autorités locales, si y en a. Autant que je sache, ce serait un cas unique, mais bon. Pour la promotion…

D’autres Jedis de plusieurs espèces différentes travaillaient là au milieu des plantes, sans qu’il fût très facile de bien identifier la fonction de chacun. L’atmosphère était studieuse en tout cas, et Karm se contenta d’un hochement de tête pour saluer ses camarades, sans rien leur dire qui pût perturber leur concentration.

Pour la promotion, c’est un mix. Tes performances sur le terrain, tes relations avec les civils, avec les gens au sein de l’Ordre, ta contribution aux actions éducatives au sein du Temple, parce que l’ExploCorps, c’est aussi un endroit de formation. Et puis ta progression sur la Voie des Jedis. Ça, c’est plus impalpable, j’imagine, difficile à objectiver, mais bon.

L’ambition de la jeune femme ne le choquait pas. À ses yeux, l’Ordre, comme n’importe quelle organisation, avait besoin de gens qui voulaient progresser dans ses rangs et acquérir plus d’expérience. Lui-même était fermement décidé à devenir maître, pour siéger au sein du conseil chargé de réaffecter les Padawans qui échouaient à leurs épreuves de Chevalier.

Sans ça… Les Maîtres au sein de l’ExploCorps affectent les gens à des missions, mais c’est souvent moins formel que dans d’autres sections de l’Ordre. Ça arrive souvent qu’on confie une mission à un Chevalier, qui choisit ensuite ses auxiliaires. Dans certains cas exceptionnels, c’est le Conseil de l’Ordre qui décide. Après, le plus courant, quand t’es intégrée, c’est qu’un Chevalier suit ses dossiers, décide des missions et fasse une sorte d’appel à volontaires, quand y a besoin de soutien.

Ils étaient arrivés au coeur de la serre. Au-dessus d’eux, entre les branches emmêlées d’arbres qui, en d’autres circonstances, ne se seraient probablement jamais rencontrés, le soleil d’Ondéron brillait à travers la verrière dont la programmation filtrait les rayons zone par zone, pour mimer les conditions ordinaires des espèces végétales que le Temple abritait.

Faut bien voir que y a un gros deux types de missions. Les ponctuelles, genre quelques jours, souvent très intensives, plutôt le genre que je fais. Et les missions de moyen et long termes, type chantier de fouille, station scientifique, campagne d’exploration méthodique et tout ça. En ponctuelle, ça arrive souvent qu’on soit seul. En long terme, c’est toujours des camps et des équipes, et par conséquent, ça dépend aussi de ta relation aux autres, tu vois ? C’est deux mentalités très différentes. Dans l’ExploCorps, on a pas mal de Chevaliers au tempérament assez particulier, qui s’intégreraient mal dans des fonctions traditionnelles, mais qui sont parfaits pour les missions solitaires. Et d’autres qui ont du mal à prendre des responsabilités individuelles mais fonctionnent très bien au sein d’un groupe.

C’était aux yeux de Karm l’une des vertus des Corps Auxiliaires que d’offrir des perspectives d’avenir à ces profils atypiques.

Tu vois les choses comment, toi ? J’veux dire, à ton avis, tes spécialités, les trucs que t’as envie de développer et tout. J’imagine bien que dans ta situation actuelle, c’t’un peu chaud de faire des plans d’avenir et tout. Mais disons les trucs que tu aimes faire, dans lesquels tu te sens douée et tout.
An'ya Qelis
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De toute évidence, de par son langage, le jeune homme (à moins qu'il ne s'agisse d'une femme?) ne venait pas des hautes sphères sociales. Son avis avait-il un intérêt ? Il était encore trop tôt pour le savoir. An'ya regarda le visage androgyne de son interlocuteur. Pour la tatouée, il penchait plutôt du côté masculin. Pas des plus viriles, certes, mais sans doute un homme.

Tout en avançant, les explications de son guide allèrent bon train. Tandis que le duo avançait dans l'antre des explorateurs, An'ya s'intéressa aux fameux lecteurs d'empreintes. Elle aurait parié que seuls ceux des toilettes n'interdirait pas l'entrée à l'ancienne Sith.

La collection de cailloux, quant à elle, laissa la brune de marbre.
Elle réagit toutefois un peu plus à un moment de la conversation :

- En plus d'être policiers, les Sentinelles sont aussi nounous, dit-elle d'un ton sarcastique. D'ailleurs, si vous êtes si parfait, on se demande pourquoi elles existent ces Sentinelles... Mais attends, quoi ?! Comment ça, pas de sanction ?


An'ya était outrée par ce qu'elle venait d'entendre.

- Donc l'incompétence n'est pas punie ? C'est super risqué, ça. C'est un coup à se retrouver avec des gens mauvais à la tête des missions.

Voyant que Tignasse d'Argent n'avait pas su creuser le sujet de la faute volontaire, la brune ne se gêna pas :

- Et si c'est volontaire, la punition doit être encore pire ! Ça n'arrive jamais ici ? Vous, les Jedi, vous êtes incroyable. Sur Dromung Kass, on n'a pas intérêt à être prit la main dans le sac sous peine de voir sa tête finir dans le sac en question.

Elle prit le temps d'imaginer sa dernière phrase, plissant les yeux comme pour se concentrer. Non, ce n'était pas possible de « voir sa tête ». Enfin, peut-être pour certaines races.

La tatouée tira la tronche. Cela n'était pas dû à la brusque montée de chaleur et d'humidité mais plutôt à ce que venait de dire Karm au sujet des promotions. Relationnel avec les gens, actions éducatives, et la Voie des Jedi. Pas gagné tout ça. Mais Maître Hildegarde l'avait prévenu des qualités qu'elle devrait mettre en avant si elle voulait réussir. An'ya s'était promis d'essayer. Quelque chose en elle l'encourageait dans cette voix.

La brune était également étonnée du fonctionnement de la prise de mission.

- Le volontariat. Ça marche, ça ? Sérieusement, comment se dépasser si on n'a pas un supérieur pour nous pousser un peu. Il y a des volontaires pour les missions dangereuses ? dit-elle d'un ton moqueur.

Certains travailleurs de la serre levèrent les yeux dans sa direction. L'ancienne sith se rendit compte qu'elle avait parlé un peu fort. Elle rougit légèrement de honte et essaya de les ignorer.
Elle continua sur un ton plus bas, à la manière d'une confidence :

- Moi aussi, je suis plutôt du genre à la jouer solo. Avec les autres, il y en a toujours un qui s'accapare notre travail ou nous balance au chef à la moindre erreur. Voir même nous faire porter le chapeau de sa propre faute ! En général, travailler en équipe ne fonctionne que si l'objectif final est bien commun. Sinon, c'est le coup de poignard dans le dos assuré. Son regard fixa dans le vague, comme si elle se remémorait un souvenir. Je sais de quoi je parle.

An'ya regarda en l'air, en direction de la lumière naturelle qui donnait du contraste à son visage : entre une peau pâle et des tatouages sombres. La végétation luxuriante avait de quoi faire suffoquer la jeune femme, mais la voix de Karm la calmait d'une certaine manière. Il prenait visiblement sa mission très au sérieux et il fini par surprendre l'ex-sith en lui demandant son avis.

- Euh... c'est-à-dire... euh...

An'ya resta médusée. Comment ça, les trucs qu'elle avait envie de développer ? Les trucs qu'elle aimait faire ? En règle générales, on ne lui demandait pas son avis.

- Je crois que j'ai pas compris quelque chose. Ici, vous pouvez choisir librement ce que vous voulez faire. Je veux dire... à Dromung Kass on développe des compétences et ce sont elles qui nous imposent notre place et notre rôle, en fait. Ceci dit, si on est maline et opportuniste, on peut utiliser ce système pour aller dans ce qui nous intéresse. Où alors on connaît du monde et on se fait pistonner.

Mais l'androgyne paraissait sincère. Non, il ne se foutait pas de la gueule d'An'ya. C'était bien la première fois qu'on lui posait ce genre de question sans aucune arrière pensée.

- Bin... Euh... Par rapport au animaux et au plantes, j'en connais deux trois de ma planète pour... euh... comment dire ? Pour ce que je pouvais en tirer.

Pour extraire du poison et de la drogue, An'ya.

- J'avoue que les arachnides, les serpents me fascinent. Les champignons vénéneux aussi. Pour le reste, la guérilla et les batailles, très peu pour moi. Je suis plutôt du genre mission d'enquête et de discrétion.


Missions de cambriolage, d'espionnage et d'assassinat, An'ya. Bon, pour les meurtres, elle évitait d'y mettre les mains mais quand même elle avait sa part de responsabilité.

- C'est parce que j'ai un certain sens de l'observation et de la déduction. Sinon ma spécialité... bah... Elle baissa encore d'un ton, presque comme un murmure. Tu sais bien ce que c'est, lâcha-t-elle dans un souffle.

Le pouvoir du Côté Obscur, convertir la colère en puissance, contrôler les esprits, An'ya.


- Mais... euh... J'évite de faire appel à ça depuis que je suis arrivée au Temple.

Elle marqua une pause, n'osant pas croiser le regard du gringalet.

- Je pense que dans un premier temps je vais essayer de comprendre où j'ai mis les pieds. Après... ce que j'aime... Je... je ne sais pas trop...


Dominer les autres, leur être supérieur et avoir du pouvoir sur eux, An'ya. C'est-à-dire tout ce qu'elle as eu lorsqu'elle est devenue Sith. Mais maintenant, elle ne savait plus trop quel était son but dans la vie.

- Mais j'y pense, à quoi ça sert tout ça ? A quoi bon prendre autant de temps, d'argent et d'énergie pour conserver cet écosystème, si ce n'est pour l'utiliser ou l'exploiter ? Parce que c'est beau ou un truc dans ce goût là ?
Karm Torr
Karm Torr
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[justify]C’était dépaysant.
Très dépaysant.
Karm était dépaysé.

Il ne put s’empêcher de songer que le tableau que la Sith brossait des arcanes de la vie au sein de l’Empire n’était pas sans rappeler certains reportages sur le monde sans merci des start-ups de Coruscant ou des grands cabinets de consulting qui faisaient fortune en aidant les entreprises multiplanétaires à améliorer constamment leur fonctionnement.

OK, fit-il avec un flegme à toute épreuve, je vois. Le côté hippie flower power tout ça, c’est déstabilisant, j’avoue. Viens, on va à l’air libre.

Pour être honnête, il avait un peu de mal à se représenter la vie sur Korriban ou sur la planète-capitale de l’Empire. Dans sa jeunesse, il s’était imaginé des fosses pleines d’esclaves, des cris et des lamentations, un ciel perpétuellement sombre, des orages, des rires maléfiques à tous les coins de rue et, franchement, à écouter son interlocutrice, il se demandait désormais s’il était à l’époque si loin du compte.

Alors qu’ils reprenaient leur chemin dans les allées de la serre, Karm dit :

En vrai, on fait pas mal d’applicatif. La beauté a une vertu en soi et le bouillonnement de vie, aussi, bien sûr. Ce sont de puissants viatiques pour la méditation, un moyen très efficace d’entrer en contact avec la Force. La serre a aussi un rôle éducatif. Pas mal d’apprentis-explorateurs voient ici pour la première fois des formes de vie végétales qu’ils sont susceptibles de rencontrer plus tard sur le terrain. Mais y a aussi de la recherche, pour des types de médicament, pour des cultures adaptées aux climats ou aux sols où on est susceptible d’installer des colonies de peuplement pour les populations déplacées, ce genre de choses.

Nouvelle porte, nouvelle empreinte, mais cette fois-ci, ils débouchèrent en dehors du bâtiment, dans les jardins à l’air libre, là où l’ExploCorps, le MedCorps et les services de restauration de l’Ordre cultivaient les plantes qui supportaient bien l’atmosphère déjà tropicale d’Ondéron. Des speeders traversaient le ciel au-dessus d’eux, qui faisaient la navette entre Iziz, la capitale, non loin de là, et le Temple, et puis, de temps à autre, un chasseur quittait les hangars du vaste complexe de bâtiments, pour rejoindre l’espace.

Dans les vastes jardins, des Padawans se promenaient avec leurs Maîtres, des guérisseurs vérifiaient les progrès de leurs plantes thérapeutiques et, un peu plus loin, une femme faisait la classe à un groupe de Novices.

Donc, poisons et enquêtes, hein ? Faudra que tu demandes à tes potes Sentinelles de te parler des Ombres Jedis, c’est un peu leur spécialité, ce genre de choses. Mais, j’suis un mec…

C’était confirmé.

… respectable, je me mêle pas des trucs comme ça.

Il adressa à An’ya son sourire le plus innocent — même beaucoup trop innocent, pour quelqu’un de l’une des spécialités était d’organiser des évasions.

Mais au sein de l’ExploCorps, on a évidemment quelques Chercheurs Jedis qui sont spécialisés dans la toxicologie. Et dans le MedCorps, y a des gens plus portés sur les psychotropes. Certaines de leurs pratiques sont pas nécessairement très appréciés par le Conseil et les courants mainstream de l’Ordre, mais que veux-tu, faut de tout pour faire un monde. Puis ils s’entendent plutôt bien avec nos ethnologues spécialisés dans les rituels chamaniques.

Déployer toute la diversité de l’Ordre, c’était un peu la spécialité de Karm. Lui-même somme toute assez marginal, à cause de ses idées, il était bien placé pour connaître celles et ceux qui, au sein de son institution, avaient les parcours et les intérêts les plus atypiques. Mais n’était-ce pas aussi un bon moyen de montrer à An’ya que l’image d’Épinal du Jedi ascétique et impassible, qui cultiverait une vertu austère et même desséchée, n’épuisait pas les expériences des Jedis réels ?

Ah, voilà.

Ils avaient paru se promener au petit bonheur la chance dans les allées du jardin, mais l’Ark-Ni s’arrêta finalement devant un petit buisson cotonneux. Il suffisait de se pencher et de bien l’observer pour se rendre compte qu’en réalité, le coton n’était qu’une vaste et dense toile d’araignée, tissée tout autour du végétal. De petites araignées, à peine plus grosses qu’un ongle, couraient sur toute la surface.

C’est un symbiote. L’arbuste et les animaux viennent de PI-787-3C, dans l’Espace Sauvage. Toutes les araignées partagent un esprit de ruche, comme des insectes, avec une reproduction en parthénogenèse. Le buisson produit un suc qui nourrit les araignées et les araignées enveloppent le buisson pour protéger les fruits des oiseaux et contrer les intempéries.

D’aucuns auraient jugé le spectacle peu ragoûtant, mais Karm, pour sa part, trouvait que les vies symbiotiques étaient des motifs de méditation particulièrement fécondes, parce qu’elles incarnaient concrètement le principe d’interdépendance au fondement de la Force Vivante.

Pour répondre à tes questions, poursuivit-il toujours en murmurant, sans détacher son regard de la plante et des créatures qui s’y agitaient, j’ai pas les statistiques en tête, mais à vue de nez, je dirais qu’on a généralement plus de volontaires pour les missions dangereuses que pour les trucs tranquilles. Des échecs volontaires, y en a pas tant que ça, mais quand ça arrive, y a des commissions disciplinaires. Faut bien garder à l’esprit qu’ici, le principe, c’est la vie en communauté, pas la compétition.

Cette fois-ci, il tourna le regard vers An’ya.

Quand t’organises toute une société sur la compétition, tout le monde est obligé d’entrer en compétition, pas vrai ? Ça crée l’ambiance que tu connais, avec les limites que tu connais. On fait certes émerger des gens hyper compétents individuellement, mais on réduit l’efficacité du système à long terme, parce que, n’étant pas une émanation du collectif, il n’a pas d’intérêt propre. Ici, y a beaucoup de gens qui aspirent pas à devenir Maîtres ou à diriger quoi que ce soit. Et c’est pas une obligation pour eux. S’ils sont moyens, ils sont pas éliminés, lessivés par le système. Ils ont leur place. Ça empêche pas les gens qui sont ambitieux ou, disons, se sentent appeler à exercer des responsabilités, de s’élever jusqu’à ces rôles.

C’était son cas, par exemple — comme il l’avait découvert somme toute tardivement.

Toi, tu penses qu’un système idéal, ça devrait fonctionner comment ? Pas de ton point de vue personnel, je veux dire, mais… Si tu étais une fondatrice et une législatrice. Quelqu’un qui organise une société ou un Ordre, comme les Siths et les Jedis. Tu penses que c’est quoi, les règles les plus souhaitables ?
An'ya Qelis
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An'ya ne comprit pas bien l'intérêt d'aider des populations qui ont été déplacées. Peut-être pour en faire de futurs alliés ? Mais le reste de la conversation avec Karm l'intéressait beaucoup plus. L'ancienne Sith avait toujours eu du mal à voir les nuances. Pour elle, c'était soit tout noir soit tout blanc. Là, le Jedi apportait tout une palette de couleur au Temple.
D'ailleurs, son sourire trop innocent en était une illustration. An'ya sourit à son tour d'un air entendu.
Parler de toute cette diversité, des courants « mainstream », comme il disait, et surtout des autres, complétait la vision qu'An'ya avait du Jedi type décrit dans les manuels de sa planète natale. Elle commençait à se dire que, peut-être, il y aurait bien une place au Temple pour elle. Peut-être. En tout cas, elle ne se gênerait pas de s'informer sur ces fameuses Ombres.

Enfin, ils arrivèrent là où Karm voulait en venir. Le buisson. Elle l'observa et se rendit vite compte de la présence des petites araignées. Alors elle s’accroupit pour mieux les observer avec une fascination certaine. Elle chercha quelques points communs avec les vénéneuses de Dromung Kass qu'elle connaissait mieux.
Tout en regardant les bestioles, elle répondit à son guide d'un air absent :

- Mmh. Je ne suis pas d'accord. Déjà, le collectif, c'est des débats à rallonge pour n'importe quelle décision. C'est long, c'est mou. Donc pas efficace. Alors qu'avec des gens très compétents à la tête de groupes, qui donnent les directives et qui tranchent, on va plus vite. Et ce sont ces gens là qui font que le système marche.

Non, pas venimeuses. Elle plaça le doigt sur une toile afin de recueillir une des arachnides.

- Ça veut dire que les gens moyens sont en bas de l'échelle, certes. Mais qu'ils y restent ! Imagine qu'un incompétent guide un groupe. Là, ça ne fonctionne plus.

Étrange... l'An'ya d'avant le Temple aurait plutôt dit « dirige » au lieu de « guide ». Passons. Elle approcha son doigt devant son visage, pour mieux détailler la créature à huit pattes qui devait se demander où étaient les autres.

- La vie en communauté, je la connais. Et je la déteste. J'ai vécu à l'Académie de Dromung Kass, tu sais.


Elle se remémora les épisodes de sa formation au sein de l'Académie Sith. La Loi du plus fort régissait les lieux. Son regard se perdit alors dans ses souvenirs. Elle se remémorait notamment la salle de torture, là où des prisonniers venant de la République faisaient office de cobaye pour les apprentis.

- Karm, là bas il y avait des séances de torture. Un apprenti pouvait s'exercer sur un prisonnier pendant que les autres regardaient. Le Maître en faisait un privilège. Alors, pour avoir droit à ce privilège, il fallait jouer des coudes. J'essayais toujours de m'imposer mais les plus forts prenaient le tisonnier de force. J'en ai pris des raclées, dit-elle d'un air sombre.


Son attention se porta à nouveau sur l'araignée. Un sourire naquit sur son visage strié de ses sombres tatouages lorsqu 'elle remarqua que les mandibules de la créature essayait de se frayer un chemin dans sa chair.

- Ces imbéciles riaient alors qu'en réalité je n'avais justement pas envie de torturer ce pauvre type. Et je cachais mon jeu parce que si quelqu'un découvrait cette faiblesse, ça aurait été l'horreur pour moi. J'aurais été vu comme une faible et j'aurais dégringolé tout en bas de l'échelle. On m'aurait envoyé en première ligne d'une bataille ou utilisé pour des expériences de sorciers sith. Ou alors j'aurais remplacé le gars dans la cage.

La tatouée planta son regard dans celui de Karm.

- Voilà le genre de stratégies que j'ai dû mettre en place pour survivre en communauté. Alors crois moi, Karm, vaut mieux être au sommet du système... ou être loin des autres.

Le groupe de Novice éclata de rire, sans doute en raison d'une parole amusante de la Maîtresse. Ils étaient loin de la conversation sordide de nos deux protagonistes.

- Je sais. Ici c'est différent. Sinon, je ne te raconterai pas ma vie, dit-elle en observant le groupe de Novice rire à nouveau de bon cœur avec leur Maîtresse.


Cette dernière leur portait un regard rempli de bienveillance. An'ya senti une pointe de jalousie s'insinuer en elle. Pourquoi n'avait-elle pas eu cette chance de naître à Iziz ? Et comment ces jeunes gens pourraient-ils un jour combattre un Sith ? An'ya se le demandait. La galaxie est cruelle.
La tatouée détourna le regard, d'un air presque écœuré, lorsque son guide lui demanda à nouveau son avis. Décidément, elle allait finir par y prendre goût.

- Mon système idéal ? Un système où je suis en haut du panier. An'ya lorgna la réaction de l'androgyne, un sourire amusé aux lèvres. Sérieusement, tu m'en poses des questions !

La jeune femme prit la peine d'y réfléchir. Sa discussion avec Tignasse d'Argent prenait une tournure appréciable. D'un côté, elle se sentait rassurée par sa présence et sa douce voix. D'un autre, il la poussait à se poser des questions auxquelles elle n'était pas préparée et à verbaliser les réponses. L'araignée reprit sa place sur sa toile, posée délicatement par celle qui fut appelée Darth Misanthra.

- Un système où tout le monde sait ce qu'il doit faire. Efficace. Chacun aurait sa place, sa fonction, son rôle. Et saurait parfaitement s'en acquitter, siffla-t-elle en les dents.


Elle désigna d'un geste du menton la colonie d'araignée que Karm lui avait montré.

- Comme elles. Elles ne se posent pas de questions. Elles font. Et tout le monde va dans le même sens. Tout le monde peut se faire confiance.

L'ancienne Sith ricana. Un rire moqueur. En réalité, il s'agissait d'autodérision qu'elle expliqua :

- En fait, je crois que j'imagine une société avec des robots à mon service. Je détesterai en faire parti. Nan, je vais réfléchir autrement. Je dirai que nous ne sommes pas des robots et qu'on a tous des forces et des faiblesses. Pour moi, il faut juste apprendre à utiliser nos forces et à pallier à nos faiblesses.

Elle marque une pause, avant de reprendre :

- Tu sais, Karm, à l'Académie Sith c'est la loi du plus fort. Et le plus fort, ce n'est pas celui qui a le plus de force ou de technique mais celui qui sait le mieux utiliser ses compétences. C'est comme ça que j'ai survécu. Alors la vrai question est : comment organiser ces différentes aptitudes pour les optimiser ? Et ça, si on ne fait que suivre les envies des uns et des autres, si on n'a pas un bon chef pour trancher et placer ces compétences au bon endroit... eh bien ça ne marche pas.

Moment d'accalmie dans le flot de paroles de la brune. Habituellement, elle était peu coutumière de tailler le bout de gras à un étranger. Elle était méfiante de nature. Mais elle sentait que ce gringalet ne la jugeait pas, même si elle ne doutait pas que le Conseil serait au courant des ses dires.

- Et toi, tu ne penses pas qu'il y a des choses à garder ou à faire évoluer chez les Siths ? Dans l'Empire ?

La question d'An'ya visait surtout à provoquer Karm. Elle avait envie de le faire réagir, de le faire monter d'un ton, de le voir un peu choqué. Il avait l'air de s'en foutre de tout et d'avoir un calme à toute épreuve, alors la malice pétilla en An'ya.

- Au fait, pourquoi toutes ces questions ? Pourquoi t'intéresses-tu à mon avis ? A-t-il réellement une importance d'ailleurs ?
Karm Torr
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Il y avait sans aucun doute quelque chose d’ironique, pour Karm, de prêcher l’éducation à la Jedi, alors que la sienne avait été si éloignée des pratiques de l’Ordre et, à bien des égards, très semblable à ce qu’avaient éprouvé bien des Apprentis Siths. Comme eux, il avait été soumis à la violence, à la voie des armes, à des exigences parfois démesurées. Et si sa Maître n’avait pas été obligée de le ramener régulièrement au Temple, qui sait ? Il aurait peut-être sombré lui aussi.

Le monde que lui décrivait An’ya n’avait en tout cas pas l’air de le choquer outre mesure. Mais qu’est-ce qui le choquait, exactement ? On aurait presque dit que si la jeune fille lui avait fait l’apologie du génocide, il n’aurait réagi que d’un haussement de sourcil.

Vu ce que tu en dis, finit-il par remarquer, j’ai plutôt l’impression que tu as vécu en collectivité, mais pas en communauté. Ce que tu décris, par contre, comme système idéal, où chacun optimiste au mieux ses forces et ses faiblesses dans l’interaction, ça ressemble plus à une communauté. Pas nécessairement une formule avec laquelle tout le monde serait d’accord, note, mais il n’empêche.

La conception de l’ancienne Sith n’était au demeurant pas radicalement différente de certaines idées qui avaient cours au sein de l’Ordre Jedi. Tout le monde ne partageait pas les idéaux égalitaristes et même passablement anarchistes du jeune Chevalier, et nombreux étaient les Jedis, si ce n’était même la majorité, à défendre la démocratie tout en prônant, au sein de leurs propres institutions, une formule qui relevait de la dictature éclairée et de l’autoritarisme technocratique.

Viens, je te montre les vaisseaux.

Ils reprirent leur marche dans les allées du jardin, pour contourner le bâtiment, en quête d’une entrée qui mènerait jusqu’aux hangars que l’ExploCorps partageait avec le reste du Temple. L’exposé d’An’ya s’était terminé par ses propres questions, que Karm avait accueillies, comme de coutume, avec son flegme ordinaire.

Hmm… oui, fit-il enfin d’une voix pensive, oui, j’imagine qu’il y a nécessairement des choses à garder chez les Siths. Dans une moindre mesure dans l’Empire. Je suis pas un expert sur le sujet, j’avoue, alors je dis ça un peu au jugé, mais j’imagine que même si on pense que l’Empire est le mal absolu, il faudrait documenter ce mal, pour mieux le combattre. J’ai jamais été très convaincu par les politiques de purge totale, même si ça a été la perspective de l’Ordre, très souvent.

Traquer les artefacts siths et les détruire, faute, croyait-on, de pouvoir vraiment les contenir. Karm ne croyait pas en la contagion absolue du Côté Obscur. Il y avait des tentations, il ne le niait pas, et de voies de perdition, qu’il était d’ailleurs bien placé pour connaître. N’avait-il pas senti son propre désir de domination et de puissance décuplé par un artefact sith ?

Mais même sans ça…

Une porte s’ouvrit automatiquement devant eux, pour les laisser pénétrer dans ce qui était, de toute évidence, un couloir de service : on n’y retrouvait pas les décorations, même sobres, qui ornaient le reste des couloirs du Temple. Le ferrobéton était à nue et des câbles couraient le long des murs.

… je suis pas super convaincu par l’idée que le Côté Obscur est obscur en soi et que tout ce qu’on y apprend est nécessairement mauvais. À mon avis, l’obscurité et la lumière résident dans l’intention et les effets, pas dans les aspects de la Force eux-mêmes. Ce que les Siths découvrent dans le Côté Obscur, rien n’interdit de penser que ça ne peut pas exister dans le Côté Lumineux, et l’inverse est aussi vrai. Par exemple, hm…

C’était l’un de ses sujets fétiches, ces semaines écoulées, et il se rendait compte qu’il y revenait de plus en plus souvent. En songeant à devenir Maître, il lui était difficile désormais d’éviter de se forger ses propres conceptions sur la nature du Côté Obscur et les mesures que les Jedis devaient prendre pour l’ordonner.

La colère. Généralement, on dit qu’utiliser la colère, c’est la voie du Côté Obscur, et c’est sans doute vrai de bien des façons, mais c’est aussi quelque chose de très documenté qu’un ensemble de techniques jedis repose sur la colère, mais comprise et utilisée différemment.

Une nouvelle porte disparut dans le mur avec un chuintement pneumatique, pour révéler un immense hangar où régnait une activité bourdonnante : des Jedis, des Novices aux Maîtres en passant par les Auxiliaires vaquaient-là à leurs occupations, épaulés par des astrodroïdes. On retrouvait des vaisseaux, parfois de dernière génération, parfois déjà vénérables. Tout devait répondre à un ordre bien particulier, sans doute, mais vu de l’extérieur, on avait l’impression d’avoir affaire à une sorte de chaos.

Pour l’Empire, en revanche, je suis moins convaincu qu’il y ait quelque chose à sauver. Déjà, pragmatiquement, le système envoie pas du rêve sur le long terme, et question principes… Mais si ça peut te rassurer, je suis pas non plus un grand fan de la République. En vrai, j’ai été naturalisé Républicain quand je suis devenu novice ici, mais c’est pas de là d’où je viens.

Ni Impérial, ni Républicain. Alors quoi ? Sortait-il tout droit de l’Espace Hutt ? Pareille origine expliquerait sans doute beaucoup son attitude fort peu protocolaire.

Ah voilà. On hérite pas des vaisseaux les plus neufs, comme tu vois.

La navette à côté de laquelle ils venaient de s’arrêter devait avoir une bonne cinquantaine d’années. Elle était parfaitement fonctionnelle, bien entendu, et même impeccablement entretenue, mais sa carlingue ressemblait à un plaid en patchwork, à force de pièces de rechange récupérées ici et là, et soudées ensemble au fil du temps.

L’exploration, en période de guerre, est pas une priorité stratégique, alors les vaisseaux qui nous sont affectés ne sont pas nécessairement les plus performants, sauf conditions astrophysiques spécifiques. Mais y a un attachement très fort des gens de l’ExploCorps pour leurs vaisseaux. C’est notre côté hispter vintage, quoi. Vas-y, C33, ouvre nous ça.

Un droïde qui passait par là répondit par une trille enthousiaste et, bientôt, la rampe d’embarquement de la navette touchait le sol du hangar. Le duo put pénétrer dans la soute, alors que l’intérieur du vaisseau s’éclairait petit à petit, avec un peu de retard à l’allumage.

Et donc, pour en revenir à ta question, moi, je t’interroge, parce que ça m’intéresse de savoir ce que tu penses. Déjà, j’aime bien savoir ce que les gens pensent de manière générale, et puis toi, t’as nécessairement un point de vue atypique. La diversité, c’est une richesse pour l’intellect.

Karm n’était pas explorateur pour rien.

Et dans ton cas précis, ben j’aurais tendance à dire que tes opinions ont une importance capitale. C’est elles qui risquent de déterminer ta relation à l’Ordre et par extension ton futur, non ? Et, bon, OK, ta situation ici est pas idéale, mais d’un autre côté, t’as enfin le temps pour te faire ta propre idée sur plein de choses, pour te poser et réfléchir au calme, sans être entourée de mecs qui risquent de te poignarder dans le dos, littéralement, pour se faire remarquer.
An'ya Qelis
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Décidément, pas moyen de le sortir de sa flegme à toute épreuve. À l'inverse, An'ya était beaucoup plus en proie à ses émotions. D'ailleurs, elle tourna la tête vivement en direction du visage androgyne, avec un air de surprise. Des choses à garder chez les Siths, c'est bien ce qu'il venait de dire ?

- Tu te fous de moi... En fait, tu es là pour balancer ce que je dis à Hildegarde ou au Conseil, c'est ça ?

Mais Karm développa à propos de l'intention et des effets. Intéressant. La tatouée n'allait pas rater l'occasion de creuser le sujet.


-Donc, si je suis ta logique, tu serais prêt à torturer ou sacrifier des innocents pour une bonne cause, Karm ? Hum... ? retorqua-t-elle.


La Sith observa la réaction du Jedi, amusée d'avance par ce qu'il pourrait répondre. Et elle n'en resta pas là :

- Et puis, tu es mal placé pour parler de colère, non ? Déjà, j'ai du mal à t’imaginer dans cet état... Après, c'est vrai qu'il existe des techniques au sabre basées sur une certaine utilisation de la colère. Certains Maître Jedi en usent, parait-il.

Tandis que les deux humains avançaient, l'activité du hangar laissait l'impression d'un sacré bordel. La tatouée évita de justesse un astrodroïde filant à toute allure. Pour toute réponse, elle se contenta de lui lancer un regard agacé.

- Je ne sais pas comment ces Maîtres utilisent la colère. Moi, c'est une chose que j'ai appris auprès de mon Maître. La colère est une source de puissance brute. Elle est libératrice, dit-elle avec une pointe de... nostalgie ?

L'ancienne Darth se souvint alors de la première fois où elle s'était abandonnée dans les bras du Côté Obscur. A ce moment, sa conscience et sa culpabilité ne l'entravaient plus. À la place, une sensation incroyable de toute puissance, de liberté destructrice, de domination... Pour la première fois de sa vie, elle s'était senti bien, vraiment bien, complètement bien. Cette sensation avait eu l'effet d'une drogue sur elle mais jamais Darth Misanthra n'avait retrouvé ces effets avec une telle intensité. Une dépendance au Côté Obscur avait alors tenu la jeune femme dans ses filets. Le sevrage, lui, s'était manifesté sous la forme des séances d'Apaisement depuis son arrivée au Temple.

En revenant à l'instant présent, elle se rendit compte qu'un individu la regardait avec de l'inquiétude au fond des yeux. A priori, il avait du entendre ses propos. An'ya lui adressa un clin d’œil malicieux. Après tout, peu importe ce qu'il en penserait, les origines de la tatouée se voyait sur sa geule, non ?

- Attention Karm, je vais finir par dénoncer tes propos anti-Républicains et anti-Jedi au Conseil, nargua-t-elle avec un humour provocateur tandis que le duo s’approchait du vieux vaisseau. D'ailleurs, vous ne craignez pas un schisme au Temple à force de tout tolérer ? La diversité, d'accord, mais je dirai que quand tout le monde va dans le même sens, tout roule mieux, dit-elle avec une intonation sardonique.

Elle regarda l'antiquité de manière peu intéressée. En fait, la conversation avec l'androgyne retenait plus son attention.

- C'est vrai ce que tu dis... Même qu'au début je surveillais sans cesse mes arrières. Mais note que, ici, je suis souvent confronté à des gens qui exclus le Côté Obscur. La doctrine Jedi ne considère pas le Côté Obscur comme une seconde facette de la Force – ou comme une autre approche – mais bien comme une déviance soutenue par des hérétiques. Il n'y a qu'à voir comme on me regarde ici.

Bien sûr, l'explorateur aux yeux étranges faisait parti des exceptions. An'ya pénétra dans l'antre mécanique de la soute. elle décrocha un moment de leur discussion pour mieux observer ce qui l'entourait. Le tas de ferraille semblait archaïque mais opérationnel. An'ya pensa à Maxence Darkan et son vieux tas de ferraille, qui l'avait aidé à passer dans la République illégalement. A la pensée de cette jeune mercenaire, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Pour le reste, la Sith n'était pas une fine experte en mécanique, électronique, astrologie et tout. Ce qu'elle avait surtout manipulé, c'était les système de verrouillage, de fermeture de portes ou autre. Une compétence développée au fil de ses missions sur Dromung Kass.

- Je n'ai que beaucoup voyagé depuis peu. Depuis mon exil, en fait. J'ai fais un bout de chemin avec une mercenaire un peu barge. Je ne connais que les rudiments du voyage galactique alors je ne sais pas vraiment si je serai utile à l'ExploCorps.

La tatouée se rendait bien compte d'une chose : malgré son caractère antisocial, cela faisait un bout de temps qu'elle n'avait pas pu discuter avec quelqu'un qui ne la fliquait pas. Serait-elle plus dépendante des autres qu'elle ne le croyait ? En tout cas, Karm était l'un des rares à l'entendre autant parler.

- Et sinon, tu viens d'où ? dit-elle tandis qu'ils arrivèrent dans le cockpit plus que boutonneux. Plus elle en apprennait sur son interlocuteur, mieux elle arriverait à le cerner. Et même à le manipuler si besoin !
Karm Torr
Karm Torr
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Ben on peut dire que t’as une façon bien à toi de suivre ma logique, commenta l’Ark-Ni, qui se doutait bien que la jeune femme cherchait surtout à le faire sentir de son calme ordinaire — elle n’était pas la première, du reste, à s’essayer à ce petit exercice.

Ironiquement, le raisonnement de l’ancienne Sith était précisément celui de son ancienne Maître, à lui. Tavaï, désormais pourchassée par l’Ordre, était prête à sacrifier bien des gens pour éradiquer ce qu’elle considérait être le Côté Obscur. Sa guerre contre l’Empire ne connaissait pas de limites et, désormais, quelque part dans un recoin de la Galaxie, elle dirigeait une organisation terroriste qui tentait de pousser la République jusqu’aux dernières extrémités.

Torturer les gens et sacrifier des innocents, ça rentre précisément dans les effets et les intentions. Ce que j’veux dire, c’est que c’est pas parce que les éclairs de Force peuvent servir à torturer des gens, et servent même typiquement à ça, que ça veut dire qu’ils sont nécessairement du Côté Obscur. Mais quand tu t’en sers pour torturer quelqu’un, ben c’est obscur.

Sa conception des choses ne lui paraissait pas si compliquée que ça, mais force était de constater qu’elle ne rencontrait pas beaucoup de succès, ni parmi les Jedis, ni parmi les Siths. Darth Noctis était peut-être, à la rigueur, la seule personne à l’avoir vraiment admise, et ce n’était pas un soutien très rassurant.

’Fin bref. Dénonce tout ce que tu veux, mes opinions sont pas vraiment un mystère.

Et elles lui attiraient déjà assez de problèmes.
Un peu plus, un peu moins…

Le désintérêt de la jeune femme pour le vaisseau lui-même était évident, mais, après tout, c’était aussi à ça que servait une visite guidée : à repérer ce qui parlait et ce qui laissait indifférent. Karm ne s’en formalisa pas. D’ailleurs, beaucoup de Jedis avaient pour les vaisseaux spatiaux une hostilité latente : d’abord, c’était une machine inerte, ensuite, on s’en servait pour se perdre dans un espace où la vie était rare, et par conséquent, la connexion facile et immédiate à la Force aussi. L’Ark-Ni soupçonnait que l’angoisse du vol qui saisissait nombre de Jedis venait de cette impression de perdre le contact avec la Force.

Écoute, j’peux te passer des hololivres, dit-il, alors que la conversation roulait désormais sur l’usage de la colère dans les arts martiaux jedis. Comme tu dis, la colère, c’est clairement pas mon rayon.

Et pour être franc, à le voir, on se demandait quelle émotion, précisément, était de son rayon.

Mais y a des traités sur la question, et écrits par des Jedis, je suppose que ça fait pas partie des lectures interdites par tes chaperons. Et puis à la rigueur, niveau sabre, je pourrais toujours te servir de partenaire d’entraînement.

Une proposition dangereuse : les entraînements avec Karm étaient toujours intenses et éreintants. C’était un coup à finir courbaturée pendant deux semaines, avec l’impression de s’être fait piétinée par un troupeau de banthas en rut.

Après, comme tu dis, c’est pas une technique très populaire et y a des gens paranos niveau Côté Obscur ici, particulièrement après certaines défections. J’imagine que c’est normal, c’est la mentalité obsidionale, c’est toujours comme ça avec les guerres. Et c’est pas parce que la diversité est tolérée qu’elle est nécessairement toujours encouragée. Ça dépend pas mal du Conseil, puis de l’air du temps. C’est comme partout, y a une politique interne à l’Ordre.

Une politique qui aurait bien besoin, à son humble avis, de sacrées réformes.

Disons que le schisme est évité parce que… Pour une part, parce que pas mal de gens, la majorité, même, est d’accord sur la plupart des sujets. Je suis clairement à la marge, en termes d’opinions, ici. Et puis, pour une part, ben quand ton organisation est assez souple et relativement tolérante, y a pas forcément de raison de faire un schisme. Faudrait un désaccord dogmatique vraiment fondamental pour que ça arrive.

Et pour l’heure, il voyait mal d’où il pourrait émerger, au sein de l’Ordre contemporain. Sur le lien consubstantiel entre l’Ordre et la République, peut-être ? Et encore, la majorité des espèces qui peuplaient les Temples venaient de mondes républicains de très longue date et la République était, pour ces gens-là, un horizon naturel, indépassable.

Après un tour par le cockpit, ils quittèrent le vaisseau, puisqu’il ne passionnait pas, et traversèrent à nouveau le hangar bourdonnant d’activité, pour s’engager dans un couloir beaucoup plus calme, qui les ramenait vers le centre du Temple.

J’suis un Ark-Ni, répondit Karm, à la dernière question de son interlocutrice. C’est une espèce… ou une ethnie humaine, ça dépend des classifications… qui vit dans la Bordure Extérieure, principalement. Nomade, dans des vaisseaux, à la rigueur des stations spatiales ou des bases astéroïdes. La plupart des Ark-Ni naissent, vivent et meurent sans avoir jamais mis les pieds sur une planète ou une lune.

Une existence difficile à concevoir, pour l’immense majorité des autres espèces.

On est une nation itinérante en dehors de la juridiction républicaine. Ça nous empêche pas d’avoir des relations commerciales, ponctuellement, avec des mondes républicains, mais de manière générale, mon peuple est très fermé aux influences extérieures. Que je sache, j’suis le seul Ark-Ni à avoir jamais intégré l’Ordre Jedi, par exemple. Y en a quelques centaines éparpillées dans la Galaxie qui se sont intégrés à des sociétés planétaires, mais ça s’arrête là, et ils sont généralement sans contact avec le reste de notre peuple.

Très engageant.

J’ai hérité de certains… disons, traits de caractère typiques de mon peuple… Mais globalement, par la force des choses, je suis pas exactement très représentatif.

Mais y avait-il vraiment des Jedis typiques de leur nation ?

Karm hésita à retourner la question, mais il supposait que les origines d’une Sith étaient nécessairement douloureuses, et il était inutile de remuer le couteau dans la plaie pour satisfaire sa curiosité.

On a fait un peu le tour, du coup, dit l’Ark-Ni, alors qu’ils se retrouveraient à nouveau aux portes de l’ExploCorps, là où leur voyage avait commencé. Ton chaperon est pas encore arrivée, c’est pas de chance. J’peux te montrer notre bibliothèque, mais c’est une bibliothèque quoi, elle ressemble à toutes les autres.

Il aimait les livres, certes, mais ça n’offrait pas un panorama très spectaculaire.

T’as faim ? On peut aller au self, ta Sentinelle nous retrouvera bien.
An'ya Qelis
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- Ça va, je plaisante pour la dénonciation, lâcha sèchement l'ancienne Sith. J'ai saisi le principe, sauf que pour développer les Éclairs de Force, il faut déjà s'enfoncer pas mal dans les abîmes du Côté Obscur. Bref.

An'ya comprenait de plus en plus la raison d'un tel guide. L'Ark-Ni était le candidat idéal pour montrer qu'on pouvait s'intégrer dans l'Ordre Jedi avec des références et des avis différents. Il était le parfait exemple du marginal qui avait su trouver une place au sein du Temple. Son avenir ici était possible. Belle intention du Conseil. An'ya était cela : une marginale.
En ce moment de la visite guidée, elle se sentait plus proche de lui qu'elle ne l'avait été de la plupart des membres de l'Académie de Dromung Kass. Il faut dire qu'elle avait été responsable de la mort de plusieurs d'entre eux lors des épreuves...

Lors du trajet du retour, alors que les deux humains marchaient côte à côte, l'ex-sith réfléchissait à la formulation d'une demande. L'idée était de ne pas donner l'impression à son guide qu'elle lui demandait une faveur, ni qu'elle lui était redevable. Elle se racla la gorge et dit d'une voix détachée :

- Ouais, sympa ce petit tour. Quelques pas de plus. Je repense à la serre et aux jardins. Peut-être que mes connaissances sur certaines plantes et animaux peuvent être utiles au Temple. Je sais pas. Tu connais des zoologues de l'ExploCorps ou de la MedCorps ? Faudrait creuser le sujet peut-être, dit-elle d'une voix neutre.

En réalité, penser à la colonie d'araignée la ravissait. Et puis, les plantes et les animaux avait un avantage certains : An'ya n'avait pas besoin d'être sociable avec eux ! Pas besoin de faire d'effort sur ce plan là.

D'ailleurs son asociabilité avait souvent une influence sur ses choix. Très peu pour la foule au self, même si l'heure du déjeuner approchait. Elle préférait y aller après tout le monde pour être tranquille.

- Pas faim. Mais la bibliothèque, ça m'intéresse bien, dit-elle, les yeux pétillants de malice à l'idée que Quatre-Yeux allait la chercher partout.

Au bout d'un moment, le duo rentra dans la grande salle de la bibliothèque. Si on pouvait qualifier le savoir ici, il était ordonnée, spacieux, imposant et... nombreux. Une multitude d'hololivres étaient rangés proprement. Comble de la joie pour An'ya, la bibliothèque était quasiment vide d'être vivants, sans doute attachés au besoin primaire de se nourrir. Même si ici on pouvait se nourrir l'esprit.

Un léger sourire aux lèvres, elle leva la tête pour mieux apprécier l'espace et l'absence de monde à l'intérieur de celui-ci. Enlevant la posture de guide à Karm, elle prit les devant et marcha au grès des rayons. Elle ne cherchait pas un livre en particulier mais elle s'intéressait aux différents thèmes.
Planètes de la galaxie, techniques au sabre-laser, philosophies diverses, recettes de cuisine, classification des droïdes, etcetera.
La jeune femme passait le bout de ses doigts sur les volumes teintés d'une lueur bleutée.

- "Il n'y a pas d'ignorance, il y a la connaissance", récita la tatoué d'un air faussement solennel. Se moquer du Code Jedi, dans un tel lieux, était son genre d'humour. Avec un Karm je-m'en-foutiste, elle pouvait bien se le permettre.

- C'est vrai. Même à l'Académie Sith, on avait une bibliothèque. Le savoir est une arme encore plus puissante qu'un sabre-laser.

La jeune femme s'engagea d'un pas agile dans un rayon. Ses yeux marrons clairs cherchaient précisément une information. Ses doigts se saisirent d'un hololivre. En l'ouvrant, l'hologramme du sommaire se déploya. Les Jedis Sentinelles : recruteur, limier, veilleur.

- Mais rien sur les Ombres...

Elle reposa l'objet bleuté à sa place, frustrée de ne pas avoir obtenu l'information qu'elle cherchait. Finalement, elle se tourna vers Karm :

- Tu viens souvent ici ?
Karm Torr
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Des zoologues ?


Karm hocha la tête.


Ça représente une bonne partie des deux corps, ouais. J’vais voir avec deux trois collègues pour en trouver un qui aurait du temps pour te parler un peu.


Lui-même avait une affinité singulière avec les animaux, avec lesquels il était même capable de communiquer, à travers la Force, mais pour autant, il n’était pas un scientifique accompli, ni même un spécialiste. En bon explorateur d’avant-garde, il se devait d’être un touche-à-tout, laissant les études approfondies à ceux qui avaient affiné leurs compétences dans un domaine bien précis au fil des années.


Exit le self, direction la bibliothèque.
(On veut priver Karm de nourriture !)
(Quel scandale !)


Dans les travées silencieuses de ce temple du savoir, le Jedi et l’ancienne Sith avancèrent un moment sans rien dire. Karm était familier de ces rayonnages qui avaient servi pour lui comme pour bien des Jedis de cadre à de longues heures studieuses. Il connaissait par coeur ceux qui étaient consacrés aux arts martiaux et à l’exploration. Il avait exhumé des livres que personne n’avait téléchargé peut-être depuis une éternité, sur de vieux sabreurs oubliés et leurs techniques inédites.


Y a des livres en réserve, murmura Karm, un ton plus bas encore qu’à l’ordinaire, quand sa pupille du jour resta bredouille. Sur accès spécial. Évidemment.


Mais il doutait tout de même que la bibliothèque publique fût entièrement dépourvue de renseignements sur cette spécialité. À son tour, il se mit à examiner les rayonnages, tout en hochant la tête quand An’ya l’interrogea à nouveau.


On a notre propre fonds à l’ExploCorps, mais certains livres essentiels ne sont qu’à la centrale. Pas mal de livres rares sont aussi conservés sur Coruscant.


Les plus anciens, généralement, ceux dont les données étaient délicates à copier.


Puis tous les Padawans sont quasi assignés à résidence dans la bibliothèque, à certains moments. Même moi.


Comment ça, même lui ?


T’sais, y a des examens écrits, des dossiers à rendre, ce genre de choses. C’est l’enfer.


Jadis, le jeune Karm n’avait jamais été capable que de sauver les meubles dans ce genre d’épreuves. Synthétiser ses connaissances avec clarté et méthode, en se pliant aux règles d’un exercice prédéterminé, ce n’était pas vraiment son fort. Il avait rendu bien des copies labyrinthiques et elliptiques, que les Chevaliers chargés de la correction avaient dû noter avec beaucoup d’indulgence, pour le laisser progresser dans sa carrière.


M’enfin, j’aime bien, quand même. Les bouquins, je veux dire. J’suis même en train d’en écrire un, mais disons que ça avance vachement lentement.


Le projet avait quelques années désormais et il était encore loin d’être finie. Mais entre les missions, les incertitudes, le sentiment de ne rien écrire de claire ou de compréhensible, l’Ark-Ni devait sans cesse repousser le moment d’y mettre un point final.


Un truc sur les arts martiaux. Une nouvelle méthode. Enfin, pas une méthode, une sorte de philosophie. Enfin, un peu des deux.


Limpide.


Ah, voilà.


Il brancha son datapad sur l’un des livres du rayonnage pour télécharger le volume, à partir de ses codes d’accès. Quelques secondes plus tard, An’ya et lui étaient assis côte à côte à l’une des longues tables perpendiculaires aux travées de la bibliothèque, pour feuilleter l’ouvrage. Karm faisait défiler les pages sur l’écran à un rythme qui suggérait chez lui une vitesse de lecture assez phénoménale. Habitude née des innombrables rapports de l’ExploCorps à ingurgiter chaque semaine, probablement.


Bon, c’est quand même pas mal romanesque, mais ça donne une idée du genre de missions, c’est un bon début. Je te le transfère.


Il ne doutait pas que les fonctionnalités du datapad de l’ancienne Sith aient été soigneusement bridées par les Sentinelles, pour éviter toute communication indue avec l’extérieur, mais elle avait sans doute le droit de lire, n’est-ce pas ? Au pire, il plaiderait pour son ignorance. Il avait développé un certain talent pour adopter des airs angéliques et confus.


Le téléchargement était à peine fini que son datapad se mit à clignoter. Karm en détacha le comlink pour ne participer à la conversation qui s’ensuivit qu’à base de hmm et autres ah peu inspirés.


La bibliothèque, finit-il par lâcher d’un ton égal, avant de couper la commnication. Ton gentil chaperon est apparemment bien décidé à te récupérer, comme quoi, j’étais pas censé te faire visiter autre chose que les bureaux de l’ExploCorps.


L’Ark-Ni esquissa un demi-sourire malicieux.


Mais qu’est-ce tu veux, j’suis un rustre explorateur, moi, faut m’expliquer les choses clairement sinon je capte rien.
An'ya Qelis
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An'ya imaginait Karm sous une pile de dossiers à se prendre la tête à deux mains. Petit sourire amusé. Et comme il était un peu maso, il en remettait une couche en écrivant un livre ! Et si le résumé que venait de lui faire l'Ark-Ni était aussi confus que son écriture, ça devait être un sacré bazar...

- Mmh. Si je veux comprendre ce que tu me racontes, je crois que je vais devoir accepter de m’entraîner avec toi.

L'ancienne Sith n'avait pas remanier une arme depuis son arrivée au Temple. L'Ordre n'avait peut-être pas très envie de la voir progresser dans ce domaine. Mais pour tout avouer, un peu d'exercice martial ne lui ferait pas de mal. An'ya ne possédait ni une musculature ni une endurance ni une dextérité qui pourrait faire d'elle une combattante hors norme. Son approche du combat reposait surtout sur ses choix de stratégies et son impressionnante agilité. Cela faisait d'elle quelqu'un de vicieux, attaquant à la façon d'un serpent, ainsi que dans les angles morts de ses adversaires.

Tiens ! Tiens ! Karm lui téléchargeait un contenu dont elle n'avait pas accès. Son intérêt pour le document monta en flèche. Elle se rendit alors compte que l'androgyne serait bien utile pour lui fournir certaines informations.

- Si tu veux que je jette un œil sur ta méthode... philosophie... truc du genre, je peux te donner mon avis. Pour ce qu'il vaut. Comme tu veux.

L'androgyne lisait à une vitesse impressionnante. An'ya s'en rendit compte au moment où Karm finissait sa première page. Pour suivre le rythme, elle se pencha en avant, plissa les yeux afin de se concentrer. Le texte était effectivement romancé et loin d'être un document avec des secrets bien gardés.
Déception.

Puis l'annonce de l'arrivée de Quatre Yeux tomba.
Nouvelle déception.

La tatouée sourit en coin en réponse à l'air malicieux de l'Ark-Ni. A ce niveau, elle n'aurait pas pu dire qu'elle ne l'appréciait pas. Il jouait avec les à priori qu'on pouvait lui porter, comme elle l'avait souvent fait à l'Académie Sith. Ça lui plaisait.

Pendant quelques instants, il ne se dirent rien de spécial, lisant un peu, attendant que la Sentinelle arrive. Au loin, des pas se firent entendre.
An'ya regarda alors Karm, hésitante. En fait, elle n'arrivait pas à dire « Merci pour cette discussion, je l'ai énormément apprécié et cela m'a fait du bien. J'ai aimé que tu ne me juges pas et que tu m'accompagnes dans ma réflexion. Grâce à toi, j'ai pu avancer. » Elle en était incapable. Ce n'était pas le genre de choses qu'on apprenait à dire sur Dromung Kass.


- Tu sais, Karm...

Hésitation. Bruits de pas se rapprochant.

- Euh... N'oublie pas de m'envoyer tes contacts zoologues, hein ! Aller, à plus, dit-elle sans autre forme de politesse.
Elle se leva, s'appuyant sur ses mains pour s'aider, et parti vers la Sentinelle sans même un regard en arrière.
Karm Torr
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L’entraînement, c’est cool, conclut très philosophiquement l’Ark-Ni, quand l’ancienne Sith accepta de se placer en partie sous sa tutelle, arme à la main.


Karm avait même commencé à donner quelques cours en la matière, en bonne et due forme, pour les étudiants les plus avancés, en général des Chevaliers qui souhaitaient rattraper du retard, parmi les Consulaires, ou se perfectionner dans l’une des Formes dont il était un spécialiste. Petit à petit, son futur de maître d’armes au sein de l’Ordre se dessinait clairement, même s’il lui avait fallu des années pour admettre tout-à-fait cette perspective.


Pour le bouquin, euh…


Le jeune homme eut l’air aussitôt embarrassé.


Ouais, peut-être, j’sais pas, on verra.


Son traité était beaucoup moins fouillis, désormais, que le résumé qu’il venait d’en faire ne le suggérait. Les dernières années avaient été consacrées à y apporter beaucoup de clarifications salutaires, rendues possibles par la maturation de son auteur et par les formations qu’il avait suivies, bon gré mal gré, pour communiquer plus efficacement. Mais la perspective d’être vraiment lu par quelqu’un d’autre demeurait terriblement intimidante et, pour l’heure, il choisit d’attirer l’attention de la jeune fille sur des livres déjà écrits, et surtout pas par lui.


Une fois le fichier transféré sur le datapad bridé d’An’ya, ils recommencèrent à longer les vastes travées de la bibliothèque, pour rejoindre la grande allée centrale, désormais peuplée par une flopée de Padawans, qu’une Maître avait emmenés là dans le cadre de son enseignement. Des jeunes gens de toutes les espèces furetaient à la recherche d’informations précieuses, sous le regard bienveillant des bibliothécaires.


Karm évita de justesse une demoiselle qui transportait des ouvrages sous ses tentacules.


J’vais voir avec les Sentinelles ce qu’elles ont prévu pour ton programme d’entraînement, j’imagine pas de toute façon qu’on te laisse végéter perpétuellement, ce serait contre-productif. Puis de toute façon, si t’as été autorisée à me rencontrer, c’est quand on a décidé de te lâcher quand même pas mal la bride, j’suis pas exactement le plus, euh… consensuel du lot, disons…


À peine furent-il sortis de la bibliothèque que la silhouette de Quatre-Yeux se profilait à l’autre bout du couloir. La Sentinelle s’approchait à grands pas et, autant qu’il fût possible de déchiffrer l’expression de son étrange visage, elle n’était pas ravie d’avoir été promenée d’un bout à l’autre du Temple par un Ark-Ni décidément peu soucieux du protocole.


D’un hochement de tête, le jeune Gardien acquiesça à la demande de la Sith, sans être dupe sur la reconnaissance qu’elle avait voulu lui exprimer. Il l’avait perçue, un peu, à travers la Force. Les mains dans les poches, après avoir royalement ignoré le regard plein de reproches que Quatre-Yeux lui adressa, il les observa s’éloigner, incapable de ne pas se demander ce qu’il serait advenu de lui si, par hasard, à la place d’une Maître Jedi, c’était un Sith qui l’avait repéré. Qu’y avait-il d’obscurité réelle au fond de lui, et quelle part de Lumière pouvait survivre possiblement chez An’ya ?


Quelques minutes plus tard, ces questions toujours en tête, Karm longeait les vastes aquariums qui occupaient une partie du département de recherche aquatique géré entre autres par l’AgriCorps et l’ExploCorps.


J’ai une mission pour toi, déclara de but en blanc l’Ark-Ni, d’un ton nonchalant.
Hors de question, répondit la tête couverture d’un fin pelage roux que l’on voyait déformé par l’eau et les vitres d’un aquarium.
Mais…
La dernière fois, je me suis retrouvée en plein marais tropical pendant trois jours à manger des racines dont je ne suis toujours pas sûre qu’elles étaient aussi comestibles que tu le prétendais.
Ben c’était cool, non ? Plein de poissons…


La Jedi Bothane se redressa pour poser sur Karm un regard plein de reproches.
(Décidément.)


L’explorateur haussa les épaules.


T’as entendu parler de la Sith repentie ?
Tout le monde en a entendu parler.
Tu lui ferais un tour des activités zoologiques de l’Ordre ?
Bien sûr et ensuite, tu pourrais m’appeler Darth Marsupilamus.
Cool, Darth Marsupilamus, j’vous arrange un rendez-vous.
J’étais sarcastique, Karm.
Tu le regretteras pas.
Comment c’est possible qu’on ne t’ait pas encore mis à la porte, toi ?


Nouveau haussement d’épaules.


Mon charme ravageur, suggéra tranquillement l’Ark-Ni ?
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