Le Masque de la Force
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Installé dans un luxueux sofas d'un des innombrables salons du Palais d'Ossus, Grendo S'orn savoure un moment de répit en sirotant un Cortyg Brandy après le débat houleux qui vient de se tenir. Pensif, la perfide tête montante de la République sait que ce premier round diplomatique sera en sa faveur aux prochaine élections qui éliront un nouveau chancelier. Mais quand les multiples holo-écrans du salon majestueux se mettent à diffuser le flash spécial mentionnant une « attaque républicaine » contre des civils impériaux sur Arda-2, le Neimoidien ne peut se retenir de cracher sa boisson à pleins poumons. Puis il se met à crier. Les majordomes accourent, persuadés qu'on est entrain de s'en prendre au Grand Monarque du Commerce.

- Mais ! Mais qu'est-ce qu'ils fichent nom d'un cochon-globe ! Vous-là ! Appelez immédiatement le commandant républicain et passez-le moi !!

En effet, Grendo sait qu'il doit à tout prix montrer patte blanche pour prétendre à la magistrature suprême, car les votes ont commencé sur plusieurs planètes républicaines. Mais cet événement inattendu, s'il s'avère confirmé, pourrait bien freiner ses ambitions ..

Sur la passerelle de l'Aguerri, à des milliards de kilomètres d'Ossus, Zerath Ular'Iim distribue ses nouvelles directives à ses officiers. L'armée impériale bat en retraite sous les coups de son puissant assaut, mais la guerre n'est pas encore gagnée, le Kaleesh le sait mieux que quiconque. Zerath est plutôt satisfait de lui, il regrette simplement que l'ennemi soit parvenu à faire sauter l'usine qu'il devait capturer. Cela dit, s'il y a une chose que Zerath n'a pas anticipé, c'est bien de recevoir un appel du dirigeant de Neimoidia.

De son côté, Virgile-Auguste a pris congé de ses deux charmantes interlocutrices et s'apprête à donner un discours pour conclure le sommet. Mais avec ces nouvelles qui sont parvenues dans les médias, il sait qu'il sera difficile de présenter Ossus comme le réceptacle d'une collaboration entre les deux grands rivaux de la Galaxie.
Le jeune Monarque tient à clarifier la situation en rejoignant le Ministre S'orn qui représente la délégation républicaine, pour lui exiger des explications sur ces affreux agissements, alors même que l'on s'approchait d'un accord pour que la paix règne à nouveau dans la Galaxie ..


Seuls les joueurs Grendo S'orn, Zerath Ular'Iim & Virgile-Auguste d'Ossus peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d'un sujet purement RP, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de vos actions et de vos choix stratégiques ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.

Ordre de post : Grendo – Zerath - Virgile.
Grendo S'orn
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Seule et silencieuse, la perfide tête montante du Sénat Galactique gardait les yeux rivés vers la multitude d'holo-écrans diffusant sans cesse les dernières tendances électorales de chaque région de la République. Globalement il était plutôt satisfait de la tournure des événements, se félicitant du franc succès de son intervention face à Darth Noctis une heure plus tôt. L'audience suite au débat était inespérée. Aucune émission politique n'avait réussie jusqu'alors à se hisser en tête des audiences pour dire à quel point l'événement était important et intéressait une majorité des citoyens de la galaxie.

S'orn se délectait toujours de cette notoriété acquise au fil des années. Celle-ci ne faisait que confirmer son sentiment de supériorité déjà accru vis-à-vis des autres espèces. Race vaniteuse parmi toutes, l'on inculquait aux plus jeunes neimoidiens ô combien leur espèce était génétiquement programmée pour dominer les autres moins évoluées sur le plan intellectuel. Certains à l'instar de Grendo par exemple, allait même jusqu'à se qualifier personnellement d'Elu, dont le devoir était de porter son peuple vers une nouvelle existence, de bâtir un âge d'or inégalé. Et si de nombreux locaux doutaient encore du bien fondé des mesures prises par le nouveau Grand Monarque, il était du devoir d’un tyran éclairé que de forcer quelque peu les choses ... pour le bien du peuple évidemment ...

Confortablement installé sur ce luxueux sofa d'un énième salon richement décoré du Palais de Knossa, S'orn se tenait non loin d'une large baie vitrée donnant sur l'une des artères principale de la capitale. Des véhicules aux simples badauds qui passaient par là, le vie urbaine qui respirait en ces lieux représentait un magnifique symbole de paix et de cohésion inter-espèces. Le neimoidien avait la nette impression que le choix de la salle qui lui était réservée n'était nullement dû au hasard.

Il piocha, le visage impassible, dans les petites mango-pistaches salées posées délicatement sur la table basse à ses côtés. Il était si calme, si silencieux qu'on peinait à croire qu'il respirait encore et pourtant il arborait à cet instant précis une fausse sérénité. En réalité le Neimoidien était quelque peu nerveux, se posant sans cesse la même et unique question : et si il n'était pas élu Chancelier ? Lui qui visait la plus haute fonction de l'état républicain risquait fort de finir sur la paille si les résultats escomptés n'y étaient pas. En effet, l'individu avait dépensé des sommes astronomiques pour payer sa campagne, rien qu'à y penser cela le rendait littéralement malade.

Mais ce qui l'effrayait d'avantage qu'une ruine financière c'était d'avoir été contraint de s'exposer dangereusement au grand jour. Lui qui s'était autrefois juré de ne jamais fréquenter les feux de la rampe préférant comme un vulgaire couard à manipuler dans l'ombre les grands de notre galaxie, il avait d'ores et déjà commis une entorse à sa propre promesse. La frontière pourtant bien tracée venait d'être franchie et il s'était rendu la cible de nombreux lobbyistes aux dents acérées.

Tandis qu'il écoutait attentivement les dernières news, l'homme politique se rapprocha de la fenêtre pour y admirer un instant le paysage. Knossa était un chef d'oeuvre architectural. D'élégantes bâtisses rudement bien décorées longeaient l'artère principale. Au delà de la beauté architecturale, la ville représentait aussi un symbole très fort de la fierté Ossienne, celle d'une nation vouée à un brillant avenir malgré sa distance avec le Noyau. Il l'avait aussitôt compris, lui qui des mois plus tôt avait posé un premier pied sur cette planète lointaine pour y rencontrer ce très jeune Monarque nommé Virgile-Auguste d'Ossus.

Ce système était aux yeux du neimoidien un modèle de développement et de débrouillardise. Ici chaque habitant donnait l'impression d'agir pour le bien commun, chaque citoyen étant une pierre supplémentaire à l'edifice. Il ne doutait guère de la présence de quelques opposants au paisible règne de Virgile-Auguste mais le Monarque semblait s'en défaire aisément, ou du moins gérait-il pour l'instant la situation. D'un côté S'orn admirait cette sérénité d'esprit. Si il était né descendant d'un roi et que le système politique de Neimoidia le permettait, il n'aurait pas perdu autant d'années de sa vie à pratiquer de vulgaires courbettes face à des individus incapables mais bien plus puissants que lui. Mais pour rien au monde il n'échangerait son parcours, qui semé d'embuches, lui avait permis de se construire une personnalité forte et imposante au sein du Sénat comme sur sa planète natale. Aujourd'hui nul n'ignorait l'existence du neimoidien, tous connaissaient si ce n'est son visage, au moins son nom et cette idée avait don de lui plaire.

Flash Info : Arda, l'infâme usine de production d'armes chimique

Grendo S'orn soutient publiquement la cause de l'intervention militaire sur Arda par la présence d'un complexe scientifique et militaire produisant des armes chimiques sur la planète. Les mêmes armes chimiques utilisées sur Lorrd deux ans plus tôt. « La République est actuellement en orbite autour d'Arda, non pas pour mettre à mal ces négociations déjà houleuses, mais bien pour que ce genre d'atrocité n'arrive jamais plus ailleurs ! » clamait le neimoidien à sa sortie des négociations en réponse à l'un de nos journalistes. Rappelons qu'Arda ne se situe qu'à quelques parsecs à peine de la frontière républicaine ...


Partout dans les médias l'on abordait la possible existence d'une usine produisant des armes hautement toxiques au sein d'un complexe secret situé en plein coeur de la végétation luxuriante d'Arda. Une tentative de désinformation de Grendo S'orn, pour l’heure couronnée de succès au vu des gros titres parus sur la plupart des chaînes du Noyau à la Bordure. Certes aucune preuve tangible n'avait été avancée par le neimoidien, mais le doute semé dans l'esprit des citoyens lui suffisait amplement pour l'instant. Un régime usant de ce type d'arsenal contre ses plus farouches adversaires risquait de pousser les plus indécis à embraser la cause républicaine pour y chercher refuge et protection. Une aubaine pour l'homme politique qui n'avait cessé depuis le début de sa campagne de se présenter comme le plus grand défenseur des mondes au delà des frontières républicaines.

Flash Info : Ossus; Théâtre de négociations à l'issue incertaine

Pour Yaden Gri'xx, analyste politique de la rédaction, les multiples initiatives de Grendo S'orn pour résoudre ce conflit, même si leur issue reste incertaine, ont créé une nette possibilité de progrès et méritent d'être saluées quoi qu'il arrive. Un avis qui n'est évidemment pas partagé par la plupart des détracteurs du neimoidien qui mettent en garde les deux acteurs clés de ces importantes négociations sur une sortie sans accord.
De son côté, le Ministre S'orn s'est défendu par une brève déclaration : « Ce n'est pas parce que la République reste ferme sur ses attentes que nous sommes fermés aux négociations. In fine, nous n'exigeons en réalité que des contreparties tout à fait raisonnable vis-à-vis de la situation, ceci dans le but de réintroduire un climat de confiance entre nos deux Nations. » et de terminer son allocution par dire « Je ne veux nullement porter de jugement trop prématuré, mais .... »

NOUS INTERROMPONS NOTRE PROGRAMME POUR UN FLASH SPECIAL


Le regard de Grendo se figea instantanément en direction des holo-ecrans tandis qu'il venait de mettre une gorgée de son Cortyg Brandy en bouche.

Flash Info Spécial : Bombardement meurtrier sur Arda

Selon des informations parues dans plusieurs medias impériaux, une vingtaine de civils auraient été tués lors d'une frappe aérienne menée par les forces militaires républicaines. Un bombardement massif du complexe scientifique censé servir selon le Ministre de la Sécurité Intérieure à la production d'armes chimiques. Bombardement ayant conduit à la destruction quasi-totale du complexe et ne laissant que très peu de chance de survie à ses nombreux occupants. Précisons que le régime impérial dément toujours la production d'un tel arsenal, rapportant que les installations en surface de la planète servaient uniquement à développer de nouvelles semences agricoles et de nouvelles techniques médicales ...


En écoutant les informations S'orn failli littéralement s'étouffer sur place ne manquant pas de recracher le délicieux breuvage au passage.

« IMBECILES !!!! » hurla-t-il en direction des holo-écrans. Il serra tellement fort son verre que celui-ci vint se briser en milles morceaux entre ses doigts. Son épiderme affichant habituellement des teintes de vert tirant légèrement sur le gris virèrent peu à peu au rouge dû à la colère.

« ILS VONT ME FAIRE PERDRE LA CHANCELLERIE CES ABRUTIS !!!! » cria-t-il plus encore et si fort qu'un trio de majordomes entra dans la pièce, paniqué « Mais ! Mais qu'est-ce qu'ils fichent nom d'un cochon-globe ! Vous-là ! Appelez immédiatement le commandant républicain et passez-le moi !! »

« Je .. euh... oui Monseigneur. » bégaya le majordome qui s'exécuta sur le champs laissant ses deux compères s'occuper de la main du Monarque ensanglanté suite aux bouts de verre plantés à l'intérieur de sa paume. S'orn était si paniqué à l'idée de ne pas obtenir ses prochaines fonctions qu'il en oublia la douleur l'espace d'un instant.

Pourquoi l'armée républicaine aurait-elle risquée d'anéantir la majorité des preuves de la culpabilité impériale par rapport à la production d'armes chimiques ? C'était absurde. A moins d'y être contraint et forcé mais rien n'indiquait dans le dernier rapport que la République était sur le point de perdre cette bataille. Non ce devait être autre chose, ou alors c'était une tentative de déstabilisation le visant lui et lui seul. La paranoïa déjà bien présente chez le neimoidien n'avait pas tardé à se manifester allant même jusqu'à le faire douter des intentions du commandant Zerath Ular'Iim en charge sur le terrain. Et si le but de la manoeuvre était de l'empêcher d'accéder à la Chancellerie en réduisant à néant son discours sur la présence d'armes hautement mortels sur Arda ? C'était une éventualité qu'il préférait ne pas écarter, S'orn ne faisait plus confiance à personne, ni même à ses plus proches collaborateurs qu'il imaginait parfois vouloir l'assassiner.

« Mo..Mons..Monseigneur, nous avons réussi à établir le contact avec le Commandant Ular'Iim. »

L'individu fit in extremis sortir ses trois majordomes se retrouvant à nouveau seul dans le luxueux salon privé, enfin pas entièrement car l'image holographique grandeur nature d'un Kaleesh cyborg apparue au milieu de la pièce. S'orn posa sur lui un regard glacial, coupant et sans pitié. C'était la seconde fois qu'il voyait le militaire. La première avait au lieu peu avant le début du Sommet, lors d'un conseil de guerre durant lequel lui et les autres membres de l'exécutif républicain s'étaient mis d'accord sur la stratégie à adopter sur le front. Pour être honnête, le Kaleesh lui avait donné une très bonne première impression au vu de sa capacité à discerner les priorités à gérer sur le terrain. Son sens tactique ne lui était pas non plus passé inaperçu.

S'arrêtant à un mètre de l'hologramme, le neimoidien demeura silencieux faisant davantage peser l'ambiance de la situation.

« Commander Ular’Iim ... » adressa-t-il à l'intention de son interlocuteur d'un ton sec mais beaucoup moins agressif qu'envers ses domestiques « ... les médias s'affolent. L'on parle d'une frappe aérienne au sol menée par nos propres forces Commander. De l'explosion du complexe scientifique abritant leurs armes chimiques ! » intérieurement S'orn espérait qu'il s'agisse de fake news, les impériaux avaient l'habitude de manipuler l'opinion publique via de fausses rumeurs mais une telle annonce qu'elle soit vraie ou fausse arrivait au pire moment de toute sa carrière. Le politicien paniquait de plus belle à l'idée de perdre l'opportunité de sa vie.

La Guerre battait son plein à quelques parsecs de là, des hommes risquaient leurs vies pour sauver celles des autres, Grendo lui ne pensait qu'à sa carrière et aux avantages qu'il pourrait peut-être bientôt en tirer. Il se fichait pas mal des pertes civils, des dommages collatéraux ni plus ni moins. Mais la destruction de cette usine d'armes chimique risquait fort de mettre à mal les révélations faites en direct par le neimoidien.

« Monseigneur ... sa Majesté Virgile-Auguste d'Ossus aimerait s'entretenir personnellement avec vous. Dois-je le laisser entrer ? » interrogea l'un des majordomes qui pointa le bout de son nez derrière la porte entre-ouverte. Il ne manquait plus que ça, le Monarque avait sans doute eu vent des récentes rumeurs par rapport au front tout comme lui. La fin du Sommet approchait à grand pas et ce genre d'événement risquait de réduire à néant tout effort de tentative de paix avec l'Empire.

« Faites le entrer, je m'informais à l'instant sur ce léger ... contretemps. » répondit-il, affichant aussitôt un large sourire amical pour accueillir le Souverain.
Zerath Ular'Iim
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Des nuages de plasma bouillants fusaient en langues aveuglantes dans l’espace. Les blindages éclataient comme des coquilles de noix grises sous les pilonnages incessants des turbolasers. Devant la vitre principale du pont de commandement, on apercevait un ouragan de foudre, massé par un phénomène électromagnétique de grande envergure autour de plusieurs carcasses éventrées de navires de guerre. La bataille atteignait son paroxysme, les ténèbres de l’espace étaient chauffées à blanc par les déflagrations. Les chasseurs volaient dans les cieux de combustible embrasé, leurs ailes consumées dans le feu furieux de la guerre.

« - En position mon sergent ! »

« - Manœuvre frontale, ouvrez le feu. À toutes les escadrilles, préparez-vous à l’impact ! »

L’Aguerri trembla. Les lumières du pont grésillèrent un instant. Dix chasseurs noirs aux airs de grosses guêpes impériales passèrent au-dessus du navire de guerre républicain, avant de prendre un virage en épingle. Ils contournèrent une muraille de cadavres et de tôles, et de câbles, et de vis, qui déviaient d’une confrontation périphérique à une vitesse si meurtrière qu’ils auraient décapité un homme avec la même aisance qu’une feuille de papier. Ils revenaient à l’assaut. Pendant ce temps, les navires républicains s’écartaient de leurs ennemis, se détournant vers des manœuvres complexes d’évitement, loin de l’épicentre qu’occupait l’Aguerri.

« - Maintenant . » Commanda le cyborg froidement, mais son cœur battait à tout rompre. Dans le coin gauche de la baie vitrée, on apercevait la figure d’un énorme navire sombre, son ennemi. Ses canons étaient rougis, ses ponts étaient meurtris de multiples percées, ses blindages éventrés, ses quartiers embrasés. Une cavité béante avait été faite dans sa coque étripée. Mais dans la rougeoyante fureur des combats, l’équipage adverse n’avait envoyé aucun message de reddition. L’heure d’achever le mastodonte exsangue était venu.

Brooom. Broooom.

Les turbolasers lourds de l’Aguerri crachèrent des lances blanches, qui percèrent l’espace et s’engouffrèrent avidement dans le gouffre obscur du croiseur adverse. Il y eut un scintillement, dans l’obscurité. Il y eut un clignotement. Des raies arc-en-ciel irisèrent la plateforme et s’étouffèrent dans la noirceur spatiale. La toile des dimensions se courba autour du point d’impact. Un abîme plus obscur encore que les recoins les plus noirs de l’univers apparut, cerclé d’une incandescence en un disque parfait. Dans le vide qui ne connaissait nul souffle, les débris se mirent à palpiter, soudain happés. L’Aguerri gronda, alors que sa course se modifiait, en dérive soudaine. Tous les hologrammes à son bord disparurent subitement comme des bougies soufflées par le vent.

Le Harrower lui-même se déformait, se courbait, s’échinait autour de ce cercle parfait, bordé d’un cuivre nébuleux qui n’existait que dans les plus féroces supernovas. Tous les instincts de Zerath lui hurlaient de fuir, alors que ses yeux fixaient l’Abysse droit devant, ses yeux incapables de comprendre l’obscurité cyclopéenne qui lui faisait face. Le vaisseau impérial Sith se recroquevilla plus encore. Son ventre se tordit autour de cet astre dément de nuit sans étoiles. Ses tripes d’acier s’évidaient pour aller tourner et se compresser à l’infini dans le disque cuivré. Zerath ne pouvait détourner les yeux, pris d’une fascination mêlée de terreur pour l’anneau sidéral incandescent. Il sentait ses iris se consumer par la simple contemplation de ce titan astral. La puissance cosmique qu’il dégageait était effroyable. Il lui semblait voir au travers d’un œil universel, une pupille incompréhensible d’une existence épouvantable et plus vieille que les planètes.


« - TROU NOIR !! »

Zerath sentit qu’on l’attrapait par les épaules et qu’on le faisait pivoter sur le côté. Son regard se détourna. C’était Goethe, qui lui-même avait les yeux fermés. Le pont était embaumé d’une lumière si vive que des murs au plafond tout semblait en feu. Tous les hommes et femmes présents fermaient les yeux, alors que l’Aguerri poussait, crachant jusqu’à ses dernières forces pour tenter une machine arrière loin du cercle d’influence de l’anomalie gravitationnelle.

Et brusquement, l’incandescence disparut.

Comme libéré d’un gigantesque poids, l’Aguerri se mit à glisser à travers l’espace sans plus aucune résistance. Zerath, tremblant, osa contempler à nouveau vers la baie vitrée.

La carcasse disloquée du Harrower y flottait, solitaire et anéantie. Autour, les cadavres des pilotes impériaux comme républicains menaient une danse silencieuse. Un hologramme apparut brusquement sur le pont. C’était une figure humaine à l’air autoritaire, tiré à quatre épingles dans l’uniforme de la marine, bleu clair bordé de gris. Il hurlait dans le vide quelque mot qu’il répétait, mais aucun son ne venait. Un grésillement satura, puis vint le son :

« - Ular’Iim ! Ular’Iim… ! Oh par la Force...J’ai cru qu’il vous était arrivé quelque chose. On avait perdu les communications… »

Le Kaleesh se sentait soudain emplit d’une immense fatigue. Il avait l’impression d’avoir contemplé l’effervescence d’une étoile, mais la majesté qu’il avait trouvé dans l’Abîme était celle du néant. Cette vision l’avait épuisé au plus haut point.

« - Quelle est la situation capitaine ? »

« - La bataille est gagnée ! Les troupes impériales reculent. La destruction de leur Harrower leur a porté un sacré coup au moral ! Ils sont en déroute complète ! Devons-nous les poursuivre, serg- non, Commander Ular’Iim ? »

Le cyborg observa pensivement le coquâtre inanimé qui, quelques secondes auparavant avait été son plus mortel ennemi en orbite. Au-delà de sa cuirasse criblée et décharnée, au creux de sa colonne vertébrale dépecée, on distinguait les navires adverses, qui tentaient de s’échapper, toujours harcelés pour la plupart des fuyards par les troupes républicaines. Le jugement divin avait été rendu : les impériaux avaient disgracié l’art de la guerre par leur piètre démonstration en ce jour, et les dieux avaient matérialisé cet effroyable miracle face à Zerath pour le récompenser. Il ne saurait probablement jamais que cette scène était dûe à un phénomène thermique inopiné sur l'hyperdrive du vaisseau, qui avait enchaîné un passage partiel en hyperespace et une chaîne catastrophique de répercussions gravitationnelles et temporelles, le vaisseau ne contrôlant plus l'intégrité spatiale de sa carcasse et de son espace propre après la destruction de certains de ses modules par les assauts républicains. C'était à la vérité un phénomène qui parfois se produisait; les trous noirs ainsi formés étaient massifs mais également d'une durée de vie extrêmement restreinte si bien que les matelots considéraient pareille occurrence comme une légende urbaine qu'on se racontait dans les cantinas pour se faire peur. De ceci, le prélat élevé dans les mythes de son peuple qui découvrait à peine le voyage stellaire et le reste de la galaxie ne saurait probablement jamais rien. Renorgueilli de sa légitimité divine, pris entre la terreur et une bouffée grisante de victoire le vieil alien savait fort bien quel rôle il devait jouer : celui du maître conquérant , qu’il entendait graver dans l’esprit de ses hommes. Il inspira profondément, fit signe à ses opérateurs de diffuser son message à toutes ses troupes. Il se redressa, appuyé sur son sceptre maculé d’os comme un énorme vautour son perchoir, son manteau violacé descendant en cascades de ses larges épaules au sol. Il tonna gravement, une main levée haut en l’air :

« - La bataille est nôtre, mes hommes ! À moi mes soldats, à nous ce système, à eux notre fureur ! Entendez mes mots : sous ma bannière, nul n’ignorera plus la République ! Que tous ses détracteurs tremblent, que ses ennemis se maudissent et se repentent de leurs manquements ! Plus jamais un impérial ne moquera-t-il nos couleurs ! Ce monde, tribu à notre sang ! Tribu à nos valeurs ! Chassez hors de cette orbite ces piètres ennemis, car l’heure du Châtiment est venue ! Suivez mes desseins et nous n’échouerons point !  »

Il y eut une clameur, sur le pont de l’Aguerri. Il y eut une clameur sur le pont de l’Orageux. La flamme aveuglante de la victoire serait à tout jamais gravée dans l’esprit de ces jeunes officiers et officières. À présent, il s’agissait de ne point la ternir.


Chasser la flotte impériale en déroute loin de l’orbite ne fut pas une affaire complexe. On les maintint là, en respect, hors de portée de leur base au sol. À présent demeuraient deux affaires à l’attention du Kaleesh. La première était d’égorger tous les messagers de l’Empire, qu’afin que ce monde soit sien dans le secret. La seconde était également abordable mais devait être menée avec précaution : la base secrète tomberait entre ses griffes. Avec la flottille impériale harcelée, déboussolée et désemparée, les officiers adverses ne pourraient plus apporter d’aide à leurs camarades à terre. Désormais plus rien ne se tenait entre Zerath et ses desseins.

Les matelots s’étaient réunis, tous au garde à vous. Les hommes et femmes avaient quitté leurs postes de l’Aguerri pour honorer le génie stratégique de leur commandant dans cette opération éclair en plein territoire ennemi. Le Kaleesh, s’étant au préalable assuré d’avoir repoussé comme il se devait son ennemi hors de portée, avait autorisé cette extravagance. Cela servirait à affermir plus encore la fidélité inconditionnelle de ses subordonnés. Etait grand général celui qui savait à la fois se faire entendre et obéir sans pourtant qu’on saisisse l’entièreté de son ambition ; c’était par la confiance aveugle des soldats que venait la victoire la plus brillante, mais n’était de véritable confiance que celle accordée par les triomphes les plus remarquables. Paradoxale cette notion ; car le vieux kaleesh pourtant songeait que le plus grand stratège était celui que l’on ne soupçonnait point. Et cette escarmouche remportée n’était pas le fruit de son génie mais des erreurs adverses.


« - Nous leur avons porté un coup au coeur, mon sergent, la guerre pour la libération a commencé. »

« - Méfions-nous Capitaine, le prix de la liberté est celui de la vigilance éternelle. La première bataille est remportée, mais ne crions précocement victoire. Toutes les cartes de l'ennemi ne sont pas dévoilées, et notre adversaire excelle davantage dans la ruse que dans le zèle. Et nous avons toujours à notre charge un labeur sur lequel la plus grande ingéniosité sera requise : nous avons tombé les défenseurs mais le siège demeure à venir. Et je n’entends nullement ouvrir le feu pour mener celui-ci. Envoyez nos deux escadres les plus valides sur Arda-2, il est temps d’obtenir des images plus nettes de cette base dont nous n’avons que les contours par nos valeureuses - mais détruites – sondes. Alors je conviendrai de ce qui attend nos adversaires, de la mort ou de l’annexion. Que les blessés soient traités en priorité. Je veux nos ingénieurs de bord à la réparation de nos navires, que nous soyez prêts à nos prochains sauts au plus tôt. Et que les frégates de support entament le recyclage des décombres. Récupérez les corps, uniformes, et... »

Son index squelettique de fer pointa dans le vide spatial le cadavre osseux du monstrueux mastodonte Harrower.

« - Tirez de cette mine d’or tout ce qu’on pourra juger utile. Je veux une équipe à bord de ce navire pour y récupérer ce qui pourrait bien servir. Carburant comme données de bord. Et que cette équipe soit accompagnée d’une phalange de soldats pour les protéger. Je soupçonne la majorité des ponts plongés dans le vide et privés d’air, mais il pourrait bien demeurer là des survivants. »

On s’écria un «  À vos ordres commander ! » uni sur le pont qui maintenant battait d’un commun rythme puis l’on se mit à l’oeuvre. Zerath considéra sa position mentalement. Les ressources dont il disposait en espace ennemi étaient extrêmement limitées et fort des navires sélectionnés ainsi que de l’affrontement qu’il venait de mener, il ne pouvait se permettre de mener un siège dans les règles de l’art sans y sacrifier bien plus qu’il ne pouvait tolérer. De surcroît, quant bien même aurait-il égorgé chaque homme encore valide dans les troupes adverses il n’aurait aucunement pu garantir que ces derniers n’aient pas envoyé d’appel à l’aide. On était en territoire impérial. Ce monde était une base qui n’avait que peu de points de relais – l’une des raisons pour laquelle Zerath avait jeté son dévolu et son talent sur celle-ci, mais la sagesse préconisait cependant la plus grande prudence : des renforts pouvaient arriver à tout instant, et il fallait donc exploiter le calme qu’il s’était ménagé pour parfaire et confirmer son avantage, pour tuer son ennemi en détails. Maintenant qu’il avait porté haut le moral de ses hommes il se devait de ne pas se laisser aveugler par l’arrogance et marcher dans un piège adverse à ciel ouvert. L’excès de confiance était aussi fatal à un commandant que la couardise. Pour cette raison, il ne mobilisait pas toutes ses corvettes et frégates pour le recyclage des matériaux. D’une part car seules les frégates de soutien pouvaient réellement effectuer pareille tâche, d’autre part parce qu’il demeurait en pleine zone de conflit. Il ne comptait pas laisser comme souvenir de lui celui d’un officier qui tour à tour menait bataille puis se laissait aller à la paresse et à la légèreté.

« - Mon sergent, communication entrante du capitaine d’escadrille Kung. »

L’une des escadres devant observer de plus près le complexe de l’Empire, à présent que sa première et désespérée ligne de défenseurs était tombée. Zerath accorda la communication d’un hochement de tête. L’image en gros plan d’un homme flanqué d’un gros casque respiratoire militaire apparut devant lui. On distinguait au-delà des traits luisants de son casque de respiration en zéro-oxygène les lignes effilées de son cockpit.

« - Aguerri, confirmation visuelle avec l’objectif. Transmission en cours... »

Le Kaleesh continua à fixer son subordonné humain. De complexes variations de lumière s’opéraient sur la visière opaque de son casque alors que son appareil progressait probablement entre l’ombre de nuages. Derrière lui, plusieurs opérateurs s’échinaient laborieusement à traiter les flux reçus depuis le sol de Arda, encryptées par des procédés complexes et émis sur des plages fréquence non standard pour les communications républicaines afin de demeurer hors des champs d’écoute impériaux.

« - Opérez un quadrillage des environs. Demeurez hors de portée de leurs défenses terrestres. Vous effectuez une reconnaissance, aucune perte ne sera tolérée. »

« - Bien reçu Ague-brzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz... »

L’image tressauta et l’hologramme s’interrompit. Le Kaleesh porta ses yeux de crotale sur les ingénieurs des communications, qui lui répondirent par un regard inquiet.

« - Nous rencontrons de soudaines interférences mon sergent... » entama l’un d’eux. « - Mais...Mais rien n’indique que le capitaine Kung et ses escadrilles aient été détruits, c’est juste des interférences... »

Il balaya du revers de la main ces considérations :

« - La cause m’est d’un plus grand intérêt que la conséquence. »

Il estimait le capitaine assez talentueux et intelligent pour ne pas se faire abattre prématurément, mais il lui était bien plus crucial de savoir d’où naissaient ces brusques perturbations dans ses communications. Il y avait là assurément la main de l’Empire. Était-ce donc là la revanche des officiers adverses ? Une curieuse façon de faire. Il aurait été plus sage de leur part de détruire leur base complètement que de la laisser entre ses griffes. Mais il y avait à ces interférences un présage qui ne lui plaisait guère. C’était l’augure de complications soudaines.

Son instinct lui donnait la curieuse impression de contrariété prochaine. Il chassa ce sentiment.

« - Capitaine Darsch, raffermissez votre attention sur notre adversaire impérial. Vous aurez à charge de me prévenir si vous estimez qu’ils effectuent la moindre manœuvre suspicieuse. Sur votre plus fin soupçon prévenez moi, et nous les mettrons à mort définitivement. »

Il ne pouvait être sur tous les fronts à la fois et il était certain que s’il donnait sa pleine attention à la situation sur Arda-2 il s’affaiblirait sur la surveillance de ses ennemis exsangues. Il lui fallait donc déléguer, user de son nombre supérieur pour ne pas s’éparpiller et conserver sa force en deux points clés.

« - Mon sergent, communication entrante du ministre S’orn... »

Il était bien des fins que Zerath aurait pu anticiper pour la fin de cette phrase. Aucune d’elles ne comportait le nom de Grendo S’orn. Que pouvait lui vouloir en cette heure le ministre de la Sécurité Intérieure ? Lui qui savait fort bien le Kaleesh en pleine terre impériale, sur une opération qui réclamait la plus grande attention et le plus grand savoir-faire ? Non, cela n’allait pas.

« - Ce doit être quelque nouvelle farce impériale. Ignorez la communication. »

« - Commander, entama Darsch, et si c’était un message important ? Le ministre est candidat à la Chancellerie. »

« - Les élections sont-elles achevées ? » Réclama Zerath.

« - Elles ne sont pas encore commencées à vrai dire... »

« - Ne sont d’urgentes que les nouvelles pouvant porter sur notre jugement ; il n’en est aucune que ne puisse nous fournir le ministre ainsi. Lui-même certainement en a conscience et ne s’essaierait pas à si risquée prise de contact à une heure si grave ; il ne peut s’agir de ce fait que d’une supercherie de notre ennemi qui cherche à nous duper et nous attirer là où notre attention saurait faiblir. »

Darsch n’eut pas le temps de rétorquer, car l’hologramme de Kung reparut, agité d’un grésillement.

« - Bon retour parmi nous. » Constata calmement le prélat. Kung ne partageait pas sa sérénité, et son image était toujours instable.

« - Mon...brzzzz...sergent, la base a explosé ! Il...Il devait y avoir des bombes en sous-sol brrzzzzzzz détonateurs thermiques brzzzzz quelque chose de très volatile...On en a réchappé de peu brzzzz atmosphère saturée... »

Zerath demeura pensif. Fort de cette nouvelle, quelles devaient être ses prochaines actions ? Il lui manquait encore des informations.

« - Capitaine Kung, éloignez-vous de la zone d’interférences et transmettez nous vos données. »

Il fallait en premier lieu comprendre exactement l’événement. Certainement l’Empire avait ordonné la destruction de la base, mais à quelle magnitude ? S’agissait-il d’une poudre aux yeux pour permettre à des équipes de s’échapper sous le couvert de quelque toxique écran de dissimulation ? S’agissait-il réellement d’une déflagration ayant pour but de raser jusqu’aux fondations du lieu ? Zerath savait que se trouvait dans ce complexe maître Vespen et sa jeune padawan. Les deux Jedi avaient-elles pu réchapper de l’explosion ? Mieux : en étaient-elles la cause ? Bien des hypothèses, mais peu de façons de les confirmer si ce n’était par l’observation rigoureuse des faits.

« - Débarquez un régiment sur la position du capitaine Kung. Capitaine, vous escorterez le débarquement. »

Zerath tourna son regard vers l’humain qui l’avait accompagné sur le pont depuis le début des hostilités.

« - Lieutenant Goethe, vous mènerez l’opération au sol. Vos objectifs sont simples : vous investirez les environs du complexe pour dénouer ce qui s’est passé. Vous n’avez pour l’heure pas la permission d’avancer, seulement de sécuriser le périmètre, est-ce bien clair ? »

L’humain se mit en garde-à-vous, l’œil brillant.

« - Oui mon sergent ! »

« - Rompez alors. Que l’on engage le contact avec ce prétendu ministre S’orn, mais n’utilisez pas nos méthodes pour encrypter la communication ; repassez donc à nos méthodes archaïques et classiques, si sujettes aux brouillages. »

Si c’était bien un piège impérial, il était hors de question de leur livrer si prématurément une des clés de la victoire menée sur cette orbite.

« - Quant à vous, capitaine Darsch, préparez vos troupes. Notre ennemi s’apprête peut-être à éventer ce qui a transparu ici, et il vous appartient de le réduire à son ultime silence avant qu’il n’accomplisse son dessein. »

Un uniforme se mit à grésiller quelques instants devant Zerath. La communication avec l’autre parti s’effectua. Apparut alors la figure ridée d’un neimoidien couronné. Il avait les yeux opaques typiques de son espèce, et cet air sévère qui venait peut-être autant de la curieuse peau nue et plissée dont ceux de son genre étaient dotés que d’une éducation austère où régnait une discipline froide qui ne préconisait pas le bonheur par les sentiments mais les possessions. L’Ular’Iim, appuyé toujours d’une main sur son bâton rituel, signe de sa suprématie spirituelle parmi les siens, n’eut pas à patienter longuement avant que son interlocuteur ne signifie la raison de sa prise de contact si curieuse.

Zerath écouta attentivement les quelques mots du ministre. Ce n’était qu’une phrase, pourtant elle lui apporta une clarté renouvelée sur la situation

« - Commander Ular’Iim ... les médias s'affolent. L'on parle d'une frappe aérienne au sol menée par nos propres forces Commander. De l'explosion du complexe scientifique abritant leurs armes chimiques ! »

« - Luyn ‘wlahir adhyn yarr’kitun danada*... » murmura le prélat pour lui-même. Il s’éloigna un instant du ministre, recontactant son bras droit dans la flotte.

« - Halte, capitaine Darsch ! Il est des choses qui viennent d’être portées à ma connaissance, et notre présence sur Arda-2 a été éventée par quelque observation journalistique sur ce monde reclus. La vie ou le trépas de nos ennemis n’est plus d’aucune importance, car notre présence ici est à présent connue de tous. Revenez auprès de moi, ce serait un gaspillage de nos précieuses ressources que d’abattre ce cadavre ambulant qui se qualifie encore de flotte. Laissez-les au chaos de leur désorganisation, car nous devons nous préparer : à tout instant peuvent survenir des renforts. »

Il revint auprès du ministre.

« - À nous à présent. Je vous remercie de votre appel, car assurément vous m’épargnez un laborieux travail, ainsi que la chasse pénible d’un ennemi récalcitrant, cependant vous portez des nouvelles de mauvaise augure. Considérez ministre que tout ce que vous direz et que je vous dirai est entendu par nos ennemis, car je me trouve toujours en coeur impérial, aussi nous ne saurions entrer dans plus de détails que ne le dicte la sagesse. À votre question à présent, l’Empire a choisi que s’il ne pouvait posséder cette base nul ne l’aurait. Un choix regrettable bien que prévisible : l’on n’abandonne pas sa forteresse à son ennemi sans s’assurer de l’importuner un minimum. Cependant dois-je admettre que m’épargner ainsi pareil siège est un soulagement, car c’est autant de mes méditations qui peuvent se porter sur les prochains actes de nos adversaires. Ils se sont en la matière desservis plus qu’ils ne m’agacent.»

Zerath parlait plus pour lui-même que pour le ministre. S’en rendant compte, il se tut, refluant dans les recoins de son propre esprit les desseins qu’il destinait à ses soldats comme à ses opposants. Et certainement n’aurait-il pu mieux choisir son moment ; car derrière le ministre S’orn, dans ce qui paraissait un bureau, venait d’entrer un autre homme : le monarque de Ossus en personne.


*: expression Kaleesh signifiant "Maudits ceux qui complotent dans notre dos."
Virgile-Auguste d'Ossus
Virgile-Auguste d'Ossus
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L’entrevue terminée avec la Reine Keto et la Vice-Chancelière, Son Altesse Royale Virgile-Auguste d’Ossus avait quitté le salon les sens encore déroutés par le jeu de séduction qui s’était déroulé derrière les lourdes portes de l’antichambre de son désir. Cette rencontre l’avait fortifié et en même temps affaibli. Fortifié car il prenait conscience qu’il était le Roi. Le dépositaire universel de tous les pouvoirs sur Ossus, capable de dire oui ou non aux puissants parmi les puissants. Affaibli, car il se savait trop jeune, trop inexpérimenté et manipulable pour résister à ces mêmes puissants.

Le Monarque solidement escorté par six gardes royaux se fraya un chemin à travers une nuée de journalistes qui tendaient des perches devant son visage alors qu’un nuage de drones caméras le suivait à travers les allées du palais. Les questions hurlées par les journalistes n’intéressaient guère le jeune éphèbe dont les pensées étaient encore remplies de l’odeur sucrée de Sly Keto. La rencontre avait été riche en enseignements. Ossus devenait un allié informel de la République et ce notamment grâce à un accord avec Umbara, un allié, mais un allié en catimini. Hors de question pour le jeune Roi de déclamer aux oreilles de l’Holonews un ralliement frontal avec la République comme l’avait souhaité Lana.

Du côté du débat. Les forces en présence s’étaient toutes arc-boutées sur leurs positions. Aucune vraie avancée n’avait été actée par les trois protagonistes du débat ce qui ennuyait profondément Virgile-Auguste qui s’était rêvé, naïvement sans doute, comme le monarque capable de réunifier le feu et la glace. La possibilité de faire d’Ossus un sanctuaire entre les deux factions antagonistes l’avait cependant séduit.

Jamais de mémoire de Roi, le palais n’avait été aussi rempli et le trajet qui devait mener le roux vers l’aile ouest du palais : là où il était attendu par les membres de sa cour pris un temps considérable. Virgile-Auguste plus coutumier de la solitude et de la discrétion supportait mal la foule et manqua de défaillir à plusieurs reprises sur le chemin se sentant beaucoup trop observé.

La présence du candidat Grendo était naturellement l’une des raisons de la cohue qui agitait Knossa. Les votes se déroulaient en ce moment même partout dans la République. Toutefois, il y avait également ce Noctis, la Superstar impériale dont les magazines feraient leur une. Ce dernier avait montré une face inédite de l’Empire, très lointaine de celle décrite par le père du Roi qui amalgamait les Siths à des monstres assoiffés de sang.

Finalement, au calme derrière une cohorte d’hommes en arme parfaitement ostentatoire, le jeune homme suivi de près par deux domestiques quitta l’ascenseur qui l’avait conduit au dernier étage de la tour où son Conseil siégeait. Deux gardes ouvrirent une porte couverte de dorures qui se débouclait sur une immense salle dans laquelle trônait une longue table en marbre entourée d’une douzaine de seigneurs. Une large baie vitrée au fond de la salle offrait un panorama à couper le souffle sur la région, tandis qu’un siège doré surplombait l’ensemble.

A l’unisson, tous se levèrent alors que le Monarque entrait sous une musique de fanfare jouée par quatre trompettistes.

Un page déclama le plus simplement du monde au micro pendant que Virgile-Auguste s’installait sur son trône. Un serviteur installa la couronne autour de son coup et lui apporta le spectre sur un cousin rouge qui marquait sa suprématie sur les armées du système.

Son Altesse Royale, Virgile-Auguste d’Ossus, fils d’Aristophane-Charles d’Ossus, Roi et souverain d’Ossus, Grand Prélat de Talla, Haut-Commandant des Armées d’Ossus, Grand Organisateur du Second Sommet Galactique pour la Paix.

Merci Messieurs, asseyez-vous.Maugréa l’intéressé d’un signe de la main en s’affaissant sur son siège tout en tirant de sa poche de veste son comlink. Grand Chambellan, je vous laisse la parole. Dit-il laconiquement en ne levant pas les yeux.

Le page déclama

Azek Télophilus, dit Maître Télophilus, Grand Chambellan de son Altesse Royale Virgile-Auguste d’Ossus.

Le Fosh, numéro deux dans l’autorité suprême se leva et prit la parole.

La tenue du Sommet est pour l’instant un presque succès. Aucun incident grave à déplorer dans le palais. Les différentes délégations se disent satisfaites de l’accueil que sa Majesté leur a réservé. L’aura d’Ossus rayonne dans toute la galaxie compte tenu de l’importance de ce qui se joue ici. Le peuple est fier, fier de voir la petite Ossus briller tel un joyau qui éclaire la galaxie. L’Ordre du jour de notre conseil, si votre majesté est d’accord est le suivant. Compte-rendu du débat entre Le Ministre S’orn, La Maître Jedi Marja et le Seigneur Noctis, votre discours de clôture, prévu en fin de journée, votre entrevue avec La Vice-Chancelier Anthana et la Reine Keto et nous devons malheureusement ajouter l’attaque Républicaine sur Arda-2 qui vient malheureusement de jeter une ombre sur la tenue de votre Sommet.

Visiblement assez peu intéressé par l’ordre du jour aussi fastidieux qu’à l’accoutumé. Le rouquin hocha la tête et répondit simplement les yeux toujours rivés sur un article d’un media galactique qui dressait le portrait de la Reine Keto. Un sujet bien plus intéressant qu’une énième attaque entre deux faction qui n’en étaient pas à leur coup d’essai.

Je souhaite que l’on ajoute une visite diplomatique sur Umbara à mon agenda et qu’on organise au plus vite un vrai partenariat avec ce système. Des échanges scolaires, des partenariats académiques, enfin vous voyez.

Les Seigneurs autour de la table s’échangèrent des regards étonnés et ce fut finalement Télophilus qui reprit la parole.

Votre Majesté, soyez assuré que nous notons ces points. Toutefois des sujets plus urgents requièrent votre attention. Comme l’attaque contre Arda-2 orchestrée par la République en plein milieu du Sommet. Une attaque qui risque de faire échouer les négociations. Seigneur de Richemard, je vous laisse la parole.

Le page déclama sous le bruit des trompettes alors que Virgile-Auguste haussa les épaules ne voulant pas embêter son Chambellan et ami.

Paul-Barnabé de Richemard, Chevalier de l’Ordre du Mérite d’Ossus, Haut Ambassadeur des Relations Extérieures, Seigneur du comté de Richemard.

L’homme se leva et s’inclina vers son Roi avant de prendre la parole d’une voix sévère en montrant une carte galactique projetée au plafond sur laquelle on distinguait Arda.

Votre Majesté, Grand Chambellan, chers membres de la Cour Royale. La République a attaqué sans sommation une base impériale sur Arda-2 au moment même des négociations de paix et alors que les votes pour la Chancellerie ont ouvert. L’attaque a été niée par la République et été diffusée en direct par le Seigneur Noctis. Sinon, l’Empire a fait preuve d’une grande prévenance aussi bien durant le débat que sur le terrain. Une normalisation est en bonne voie, comme le montre le Seigneur Noctis. Je pense que les fruits du sommet mettront du temps à mûrir mais les graines sont plantées. Je crois en revanche que l’alliance que vous avez scellée avec Umbara nous engage vis-à-vis de la République et risque de déplaire à l’Empire et à nos alliés de l’espace Hutt.

Je n’ai nullement scellé d’alliance avec la République, Umbara n’est pas la République et croire la Reine Keto assez naïve pour courber l’échine face au Sénat est une erreur. C’est une alliance bi-système comme on le dit dans les écoles.

Oui Majesté, Ossus ne se mêle pas en réalité des conflits entre l’Empire et la République, j’attire simplement votre attention sur le fait que cette attaque met en péril la tenue du Sommet et votre réputation mon Roi et à travers vous celle d’Ossus.

Pourquoi donc, je vous prie Seigneur.

La crédibilité d’Ossus va monter en flèche si ce sommet est un succès. Des retombées économiques seront possibles par exemple, cet événement peut-être le démarrage d’un vrai cercle vertueux. Il a été question de faire d’Ossus un sanctuaire. Nous avons tout à perdre si le processus de paix est un échec, nous retournerons dans l’ombre. Enfin, je vous rappelle que Arda-2 et Columex sont des systèmes assez proches d’Ossus. Une destabilisation de la région ne peut que nous être dommageable.

Virgile-Auguste déposa son Comlink sur la table et adressa un regard sombre au Seigneur, l’air visiblement beaucoup plus concerné qu’auparavant.

Le candidat S’orn est-il toujours sur Ossus ? Si oui, je veux le rencontrer. Nous pouvons faire cesser cette attaque pour que le processus de paix puisse aboutir.

Etes-vous sûr que c’est une bonne idée mon Roi ?

Commandant.

Un homme en uniforme couvert de décorations à la mine grisonnante se leva tandis que le page déclama.

Son excellence Théodore-Wolfgang de Calincourt, Commandant des Armées Royales.

Commandant, qu’une partie de la flotte Royale se dirige vers Arda-2. Je veux en avoir le cœur net. Si la République joue à l’Empire, peut-être que l’ennemi n’est pas celui que nous croyons, peut-être que notre méfiance est mal placée. Que l’Amiral Von Cadak, prenne les commandes.

Majesté, cela pourrait être interprété comme un acte de guerre si nous violons l’espace orbital du système, cela pourrait même conduire à une crise diplomatique sans compter la défiance de notre neutralité.

Virgile-Auguste se leva de son siège et repris la parole, encore imprégné de cet excès de confiance qui l’avait animé pendant sa rencontre avec les deux umbaranes.

Restez à bonne distance, nous n’allons pas les attaquer ; mais écoutez-moi commandant, feu mon père voulait qu’Ossus soit un grand système, ce sommet est notre moment, la réalisation de son rêve.

Personne ne dirige avec des rêves votre Majesté. Envoyez la flotte est une grossière erreur, nous sommes un système neutre. Je refuse…

Le commandant qui s’était emporté fut interrompu brusquement par Télophilus.

Surveillez vos paroles Commandant ! S’exclama Télophilus en criant ne supportant jamais que quiconque ose lever la voix sur SON Roi ! Commandant, refusez-vous un ordre direct de votre Roi et Monarque ? Reprit le Fosh courroucé.

Mais enfin, j’ai juré son mon honneur et ma vie de servir votre Majesté et Ossus et je crois fermement que ce mouvement est une erreur. Que fera notre flotte face à la puissance impériale ou Républicaine ? Je voue ma vie à Ossus mais je ne suis pas un exécutant, je conjure sa Majesté de m'écouter et de ne pas entrer dans l'espace d'Arda.

Je vous le répète Commandant, nous n’allons attaquer personne, mais nos alliés auront peut-être besoin de nous.

Nos alliés ? Quel allies, nous sommes allies avec la République ou l’Empire maintenant ? Une voix se fit entendre et un autre homme se leva.

Son excellence…

La ferme ! Majesté, qui sont nos alliés, nous sommes un système neutre, nous ne pouvons pas nous allier pas en ce contexte. Vous devez nous consulter.

Virgile-Auguste plongea sa tête dans ses bras un instant essayant de réfléchir alors que tout le monde autour de la table s’était levé et braillaient de plus en plus haut pour couvrir le bruit ambiant de ce tumulte. Sans mot dire, le Roi se leva de son siège et frappa du poing sur la table en levant son sceptre au-dessus de sa tête comme pour asseoir son pouvoir hérité des Dieux. Tous se turent en un instant, comme pétrifié par ce geste anodin fait par un gosse de dix-neuf ans.

Soyez certains que vos paroles et vos conseils me sont précieux, votre loyauté est je le sais sans faille et pour cela je vous remercie. Mais je suis le Roi. Talla nous dit que ma parole est destin, que mes mots sont futurs. Alors faites ce que j’ordonne. Télophilus, continuez la réunion sans moi et tenez-moi au courant. Je vais voir le Ministre S’orn. C’est un dirigeant de raison il m’écoutera. Commandant, que la flotte se déplace mais n’entre pas sur l’orbite d’Arda. Attendez mes ordres.

Votre parole est destin majesté. Répliqua le vieux commandant visiblement soulagé.

Votre parole est destin, s’exclama à son tour Télophilus en se levant.

Il fut ensuite repris par l’ensemble des Seigneurs qui s’ils n’étaient pas tous convaincus par les idées du Roi, savaient que sa présence quasi divine ne devait jamais souffrir d’aucune contestation. Sans attendre, Virgile-Auguste quitta la table sous le son des trompettes alors que des assistants s’affairaient à préparer sa venue auprès de celui qui dirigerait peut-être demain la force supra-systémique la plus puissant de la galaxie.

Une dizaine de minutes plus tard, le courageux petit Roi entra dans le salon de la délégation. Il fut surpris de la silhouette intimidante du Kaleesh cyborg qui trônait au centre de la pièce derrière le némoindien.

Haut Monarque S’orn, je vous prie de m’excuser pour cette visite inattendue. Monsieur ? Conclut-il en s’adressant à l’hologramme qui projetait l’image de Zerath.

Dit-il en s’avançant tout en jetant un œil inquiet à l’immense silhouette. Grendo était toujours aussi imposant et charismatique mais Virgile le sentait plus fragile que la dernière fois, quelque chose ne tournait pas rond. Les élections, l’attaque sur Arda. L’assurance tranquille du némoidien palissait quelque peu.

Vous êtes blessé, souhaitez-vous que je fasse venir mon médecin ?
Le roitelet fit le cent pas dans la pièce cherchant une manière simple d’aborder un sujet qui de toute évidence brûlait les lèvres de tout le monde. Il finit par reprendre la parole en s’approchant un peu plus près de son homologue républicain qu’il avait déjà reçu un an plus tôt dans ce même palais.

Pouvez-vous m’expliquer ce qui se passe ? Il est fâcheux que de tels événements se produisent en plein milieu du Sommet. J’ai fait envoyer une partie de ma flotte non loin d’Arda-2, par précaution. Je sais par l’expérience de ceux qui me conseillent que la guerre est malheureusement contagieuse.

Virgile-Auguste n’était pas un bon orateur, ni un bon tacticien et il était encore moins capable d’influencer un homme politique de la trempe de Grendo mais il fallait essayer. Les yeux des Rois du passé étaient posés sur lui, sa parole était destin.

Que se passe-il, je suis votre ami, vous pouvez me le dire… Vous ou ce.. ce Monsieur.

Dit Virgile-Auguste d’une voix candide, presque apeuré de sentir que quelque chose ne tournait pas rond.
Grendo S'orn
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Spoiler:

L'agitation s'emparait littéralement des médias. L'on voyait déjà sur les écrans plusieurs opportunistes à l'instar du méprisable Jaius Car'hrt, président de l'Alliance Démocratique des Systèmes non Humains, exprimer sa profonde déception vis-à-vis du résultat des négociations de paix. Cette maudite créature insipide gesticulant face caméra avait don d'agacer le neimoidien depuis bien longtemps. En un sens, il ne s'était guère trompé sur son adversaire politique qu'il considérait comme un couard, en effet ce dernier profitait de la courte absence de Grendo pour s'accaparer un semblant de notoriété.

S'orn ne s'était évidemment jamais bercé d'illusions sur la vraie facette des personnalités grouillant les couloirs du Sénat. La Rotonde, apogée de la vie politique de toute la république, constituait un véritable nids de serpents luttant avec hargne et haine dans une pathétique guerre idéologique. Le neimoidien lui-même faisait partie intégrante de ce système des plus corrompu. Une langue aussi fourchue que celle d'une vipère, la ténacité d'un cafard, il ne devait son ascension vers les plus hautes sphères qu'à sa capacité à manigancer intrigues et complots.
Au jeu de la manipulation le neimoidien excellait et n'avait rien à envier à personne.

Mais plus encore que ses confrères politiciens, le Ministre de la Sécurité Intérieure haïssait l'idée d'avoir été lui même victime d'une manipulation. Lors du débat, S'orn n'avait cessé de pointer du doigt la présence d'armes chimique au sein d'un complexe scientifique plongé en plein coeur de la forêt verdoyante d'Arda-2. Mais les récentes révélations du Commander Ular'Iim ne présageaient rien de bon. Plutôt que d'abandonner sa forteresse, l'ennemi avait préféré l'anéantir prenant soin de faire porter cette honteuse responsabilité aux forces républicaines actuellement en orbite autour de la planète. Une ruse qui risquait fort de réduire à néant toutes les chances de Grendo d'obtenir un jour les clés de la Chancellerie.

Bref un cauchemar médiatique. Il n’existait aucun autre mot pour qualifier la position d'équilibriste dans laquelle se trouvait l'actuel candidat à la Chancellerie. Tiraillé entre son désir d'arracher un accord de paix et son envie presque maladive de voir l'Empire terrassé définitivement, le neimoidien savait que la moindre de ses décisions aurait de lourdes répercutions sur l'avenir de la Galaxie. Le chaos menaçait à nouveau l'avenir de la République. Et plus le temps passait, plus l'Empire propageait d'avantage de désordre infectant l'esprit fragile des concitoyens par une obscène désinformation.

« Regrettable en effet ... » répondit-il au Kaalesh, ses mots sifflèrent entre ses dents, tel le murmure d’une vipère sur le point de planter ses crocs. S'orn pestait littéralement contre le fait d'avoir été pris par surprise, pire encore, d'avoir été prévenu par les médias, ceux là même qui détenaient le pouvoir de le faire élire ou de détruire à jamais sa réputation acquise à la sueur de son front. Il avait trop oeuvré, trop travaillé, beaucoup trop sacrifié pour parvenir jusqu'ici sans en obtenir la gloire et la fortune qui lui était depuis toujours destiné.

Mais l'arrivée du jeune Monarque Virgile-Auguste l'extirpa de sa brève réflexion. Dévisageant le roitelet avec insistance et l'observant sous toutes ses coutures, le neimoidien ne pu s'empêcher d'esquisser un léger sourire un brin paternel. Etait-il nécessaire de préciser qu'il s'était très vite lié d'amitié avec le jeune Souverain de plusieurs décennies son cadet. Comme pris sous son aile depuis leur première rencontre, le vieux politicien s'était employé à entretenir une correspondance plus ou moins régulière avec son homologue se risquant même très adroitement à lui donner de petits conseils sur les manières de gouverner.

C'était la seconde fois qu'ils se rencontraient en personne et S'orn perçu assez vite le regard empreint d'inquiétude du jeune humain. C'était bien l'une des seules raisons pour laquelle il appréciait cette espèce, elle était si facile à analyser, si facile à manipuler. A l'inverse, le neimoidien offrait un visage parfaitement neutre, presque imperturbable et sans aucun mouvement facial pouvant trahir une quelconque émotion.

« Votre Majesté, laissez-moi vous présenter le Commander Zerath Ular'Iim, l'officier en charge des opérations sur Arda-2 » devant lui s'affichait l'hologramme d'un cyborg appuyé d’une main sur une sorte de bâton rituel, au visage pareil à un crâne de squelette, un dos courbé tel un bossu rachitique et à l'air si sévère qu'il n'avait certes rien d'engageant. Terrifiant, intimidant même, le Commander faisait partie selon l'exécutif républicain, des meilleures recrues sur lesquelles l'armée républicaine pouvait compter. Il n'était guère du genre à se complaire loin du front et son brillant esprit tactique était l'une des raisons pour lesquelles on lui avait confié la mission la plus périlleuse de ces dernières années; s'engouffrer en plein territoire impérial espérant ainsi y tracer un début de route vers la Victoire finale.

Bien que touché par la marque d'affection à son égard, le neimoidien maugréa « Nous n'avons guère le temps pour ces petites égratignures Votre Majesté, l'heure est grave. Il semblerait que l'Empire ai décidé de jouer selon ses propres règles ... » Il sentait l'adrénaline monter en lui. Cette satanée angoisse, il l'éprouvait toujours lorsqu'il était peu à peu dépassé par les événements. Et même si par orgueil il ne l'avouerait sans doute jamais, la main bandée de S'orn tremblotait presque involontairement. Un geste qu'il parvint in extremis à dissimuler dans l'une de ses poches amples de sa tunique finement tissée. Le politicien ne pouvait guère afficher une quelconque fragilité sous peine de paraître trop faible pour la fonction qu'il lorgnait depuis son entrée au Sénat Galactique « ... le Commander Ular'Iim vient de m'avertir que c'est bien les impériaux et non nos forces qui sont à l'origine de ces explosions. Mécanisme d'auto-destruction ou incident isolé nous ignorons encore les causes exactes de ces puissantes déflagrations mais au vu de leur intensité, il y a fort à parier que nos pires craintes étaient exactes. On ne peut plus mettre en doute cette évidence; la présence d'armes mortellement toxiques sur cette planète est un fait. »

S'orn ne cherchait nullement à détendre l'atmosphère, adoptant au fil de la conversation une attitude presque alarmante. Le contenu de ce qu'il s'apprêtait à révéler se voulait volontairement inquiétant, comme pour marteler au roitelet et à son Commander la nécessité pour la République de réagir avec urgence pour sauver les plus menacés peu importe les circonstances « Mais ce qui m'inquiète d'avantage c'est l'effet que peut avoir le mélange de ces différents agents pathogènes. Nous savons déjà qu'ils produisaient le gaz toxique utilisé pour décimer Lorrd, il y en avait surement d'autres ... » de tels laboratoires hautement sophistiqués n'étaient certes pas légions dans la galaxie. Ils nécessitaient de lourds moyens financier, du matériel et une technologie de pointe, un personnel hyper-qualifié mais surtout une discretion sans égale. Des critères stricts qui imposaient aux détenteurs de ces infâmes installations jugés d'inacceptable par les services de protection des droits de l'être conscient à regrouper leurs sujets de recherches dans un point. Si l'Empire produisait bien de telles armes de destruction massive sur Arda-2, il ne se serait pas suffit à un seul sujet de recherche. Le risque de voir se propager un autre agent pathogène peut-être plus puissant que le précèdent et décimant une planète entière devenait aux yeux de l'humanoïde une probabilité.

« Commander, dispose-t-on d'assez d'effectifs pour porter secours aux possibles survivants de cette catastrophe tout en garantissant la sécurité de notre flotte en orbite ? » l'idée lui paraissait tout à coup comme une évidence; sauver la misérable vie de rescapés capable de corroborer la version républicaine. Par un acte aussi terrible, l'Empire venait de condamner à mort sa propre population. Un deuxième Lorrd qui risquait de faire bien plus de dégâts et de victimes.

« La bannière des vrais responsables de ce massacre doit absolument être révélée aux médias. Pensez-vous pouvoir nous transmettre rapidement des preuves de la culpabilité impériale Commander ? » plus encore que de sauver d'éventuels survivants voués à un mort certaine, le neimoidien cherchait avant tout à disculper la République d'un crime qu'elle n'avait pas commis. Il présumait que c'était là le lot de tout bon futur dirigeant que d'avoir à résoudre ce genre de petit tracas. Fort heureusement pour lui, le Ministre de la Sécurité Intérieur se retrouvait assisté dans sa tâche par le Commander Ular'Iim, un individu à l'esprit brillant et à l'avenir des plus prometteur. Un avenir dans lequel le politicien était prêt à investir personnellement si il venait à être élu Chancelier. L'Etat Major avait tant à gagner à compter un tel homme dans ses rangs. En vérité S'orn en savait peu sur le Prélat de la Lune mais il en savait assez pour comprendre qu'il pourrait utiliser à son avantage le fanatisme martial de cet être de chaire et de métal à de funestes desseins.

« Votre Majesté ... » dit-il soudainement en se retournant face au timide rouquin positionné à ses côtés « ... si votre ambition est de participer à ce conflit, je ne saurais que trop vous conseiller de coordonner vos ordres avec ceux du Commander de notre flotte. Peut-être aurions-nous intérêt à collaborer lors de cette crise du moins qui risque, si elle est mal gérée, de mettre un terme définitif à ces négociations de paix ... » il était de bon ton de rappeler que l'instigateur de cette rencontre n'était nul autre que le vénéré Virgile-Auguste d'Ossus. La réussite de ces négociations promettait certes un brillant avenir au peuple du jeune roitelet qui se verrait aussitôt projeté sur le devant de la scène galactique, en revanche son échec risquait fort de le réduire à nouveau à l'anonymat le plus complet. Le destin d'Ossus était entre ses petites mains.
Zerath Ular'Iim
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Ayant répondu aux exigences du ministre S’orn, Zerath considéra quelques secondes l’idée de raccrocher à l’entrée du jeune monarque. Il le considéra sans broncher à son arrivée, muet comme une tombe car observant d’un œil presque désintéressé ce qui se disait ici. Le grand ministre neimoidien n’avait d’implication dans son opération que la connaissance de son existence, mais il n’avait pour autant aucune influence potentielle sur les prochaines heures, si ce n’était peut-être tenir en échec ce battage médiatique.

Cette notion de médias était quelque chose que le Kaleesh parvenait encore extrêmement difficilement à cerner. Les coeurs les plus avancés de la galaxie semblaient éprouver un appétit curieux à l’égard des événements qui se déroulaient dans les coins les plus lointains de l’univers, mais un désintérêt profond pour ce qui se produisait à leur porte même. Bien curieux était celui qui ignorait le mort de faim dans les bas-fonds de sa ville mais s’enflammait à l’idée des esclavagistes des lunes de Dathomir. Plus curieux encore le désir ardent de toujours reporter la violence, le vice, la mort, mais pourtant de la pousser au loin. Quel était donc l’intérêt de ces cultures contradictoires qui ne parlaient que de batailles, idéologiques, culturelles, militaires, économiques, mais pourtant prétendaient aspirer à la paix ?

Alors que des formalités supplémentaires s’échangeaient entre les deux hommes de pouvoir, le Kaleesh laissait son regard s’abîmer sur le pont de l’Aguerri. Les matelots, droits dans leurs uniformes, allaient et venaient sur le pont à un rythme ralenti maintenant que la bataille était achevée. On considérait toujours avec une méfiance certaine la flotte impériale à présent éventrée, qui s’était reclus au loin, se refusant à fuir, attendant peut-être sa pénitence. Fort du temps d’intervention, certains des matelots effectuaient leur rotation, pour tenter de récupérer un peu de sommeil. Des médecins en uniforme blancs, coiffés de leurs bérets eux-aussi nacrés soignaient les blessures mineures du pont ; égratignures, coupures et autres hématomes qui étaient monnaie courante lors des manœuvres périlleuses en pleine zone de guerre. Un trio de techniciens, accompagnés d’un droïde astromécano, s’échinaient pour réparer une console qui avait eu un court-circuit.

Le pont était découpé en deux étages : celui où se trouvait Zerath, qui passait au-dessus des hommes à la façon d’une estrade surélevée, et la fosse, où les matelots, des officiers et techniciens hautement spécialisés, dirigeaient l’électronique robuste du croiseur. Là se trouvaient des écrans et des claviers aux gros boutons rectangulaires, et colorés sensiblement de rouge, de bleu, de vert, de blanc selon leur fonction et leur signification. L’Ular’Iim aurait été purement incapable de les nommer tous, car Kalee n’avait aucune de ces technologies. Il aurait pu passer un siècle entier à apprendre toutes les subtilités d’un seul navire de guerre et ça n’aurait probablement pas été assez. Assez de rêveries, songea-t-il. Il avait une guerre à mener. Le ministre S’orn avait eu les réponses qu’il désirait – une bien grande faveur de la part du Commander déjà de lui répondre, considérant qu’il aurait bien pu être encore au milieu d’une escarmouche mortelle. Il avait investi assez de son temps à cet échange, il fallait revenir aux questions du présent et de l’orbite de Arda.

«- Pouvez-vous m’expliquer ce qui se passe ? Il est fâcheux que de tels événements se produisent en plein milieu du Sommet. J’ai fait envoyer une partie de ma flotte non loin d’Arda-2, par précaution. Je sais par l’expérience de ceux qui me conseillent que la guerre est malheureusement contagieuse. »


Un frisson tiède parcourut l’échine de Zerath. Pendant une seconde, il se demanda s’il n’avait pas mal entendu. Son œil de vipère heurtante tomba sur le jeune humain qui avait osé élever pareilles paroles en sa présence. Son humeur s’était faite soudain sombre. Sa main gauche griffue palpa l’air, ses doigts en phalanges effilées se délièrent. Précaution, disait-il. Précautionneux soudain, le vieux reptile examinait méticuleusement Virgile, comme prêt à le dévorer s’il commettait quelque mouvement trop brusque. Ceux de son peuple n’avaient pas hérité des vipères que leurs yeux et leur peau écailleuse : leur tempérament était dangereux, à qui s’attirait leur courroux. Cependant, le cyborg était un être de sang-froid, dans tous les sens du terme. L’acrimonie qu’il sentait monter en lui comme une flamme, il la maintenait dans un sarcophage de glace, alors que ses deux prunelles dorées demeuraient fixées sur Virgile, écoutant patiemment les paroles du ministre S’orn. Et l’envie d’interrompre la communication s’était dissipée, car à présent un intérêt neuf se présentait à lui : un nouvel ennemi était sorti du bois en plein jour, menaçant l’opération encore fragile qu’il avait mis sur pied ; un ennemi qui était trop loin, hors de portée de ses griffes, hors de portée de la violence qu’il lui aurait promis sinon.

Le ministre semblait préoccupé par les blessés, préoccupé par l’horreur de l’incident, mais ceci pour porter le blâme sur l’Empire et ne pas entraver les négociations de paix.

Maintenant Zerath comprenait un peu mieux.

Il comprenait mieux l’appel soudain du ministre, qui n’avait aucun lien avec les opérations de l’armée. Il comprenait mieux son inquiétude si subite, son apparent besoin d’être rassuré. Son intérêt n’était pas aux potentielles victimes, mais à sceller le succès de cette réunion, à conclure un pacte qui ne saurait être effectif que quelques années au mieux. La guerre était un acte sacré, il en était ainsi : les dieux la réclamaient, les mortels la célébraient et c’était ainsi. Aussi était-il impossible que l’univers soit en paix, car la vie elle-même portait en son creux la guerre et c’était ainsi. Mais pourquoi Grendo S’orn, lui qui avait salué le brio de l’opération de Arda, lui qui avait relevé l’intérêt de pareille intervention, pourquoi lui qui avait ainsi adhéré à une guerre si manifeste désirait-il à présent si ardemment la paix ?

Non, songea l’être de fer. Il ne désirait pas la paix. Il ne pouvait la vouloir, car il voulait blâmer l’Empire. Il prétendait à un traité militaire, mais lui-même songeait déjà à ses prochains assauts médiatiques. Ce n’était pas la paix, ce n’était pas la quiétude venant après les combats. Le squelette brun qui servait de visage au monstrueux cyborg nommé Zerath pivota sensiblement vers Grendo, alors qu’il achevait ses dernières paroles. Sa voix artificielle d’acier était emplie d’un curieux écho, une résonance rémanente qui semblait le bourdonnement  ; son humeur, peut-être, transparaissait-elle dans la technologie qui l’animait. Sa voix était lente, posée, comme entamant une curieuse messe. Pourtant il n’était rien de bienveillant dans sa voix, uniquement le froid du laiton alors que son regard de cuivre se posait sur le neimoidien.

« - Ministre S’orn, entama-t-il, vous oubliez qu’au milieu de mes ennemis je réside toujours et que bien que vaincus, ils demeurent encore les maîtres de ce système. Je dois réitérer mon avertissement : considérez que tout ce que vous dites et ce que je communique est entendu de nos ennemis. Ses yeux revinrent sur Virgile, pourtant sa voix était toujours adressée à Grendo. Malgré vos inquiétudes je ne peux vous transmettre mes mouvements entamés, car des oreilles habiles auraient tôt fait de tuer mes ambitions si j’éventais mes desseins ; croyez bien alors que toutes vos aspirations – louées soient-elles – pour ceux qui se trouvent encore au milieu du péril seraient anéanties. Ayez confiance, ministre, et observez que le monarque doit placer aux commandes de ses troupes celui qui seul est capable de suivre ses directives pour au mieux le servir tout en se réservant le droit de ne lui obéir que lorsque cela est nécessaire à l’accomplissement de ses buts. Les vœux volatiles sont la mort de la nation lorsqu’ils sont observés à la lettre et au moment de leur formulation : grand est celui qui perçoit le dessein au milieu de toutes ses propres contradictions.
Je ne peux vous dire mes prochaines actions, même à vous. Ce serait mettre mes hommes dans un péril trop grand, pour un bénéfice trop faible. Car quelle paix volatile entendez vous bâtir, si quelques heures peuvent en empêcher la naissance ? Cependant, ne craignez pas que votre tourment soit proche de son épilogue – pour cette affaire du moins. Plusieurs de mes unités ont pu observer le désastre et son déroulement. Lorsque nos instruments auront pu traiter les données et les reconstituer, je vous les transmettrai, ministre et vous serez libre de lever la supercherie. 
»

Il se tut quelques secondes, avant de reprendre. Son long monologue avait calmé son humeur, lui avait clarifié l’esprit de ses aspirations sombres. Ce fut pourtant d’un ton toujours si égal qu’il reprit à l’attention du jeune monarque, reprenant sa liturgie :


« - Votre aspiration est louable, seigneur d’Aydux*, mais votre intention est mal placée. Je soupçonne que votre arrivée coïnciderait avec celle de potentiels renforts impériaux. Si tel est le cas, que ferez-vous alors ? Songez vous que l’Empire, voyant son espace occupé par deux flottes, entamera la discussion en pleine zone de guerre, après la si cuisante défaite infligée à leurs amiraux par ma main ? Votre prévenance bienvenue menace d’étendre l’épidémie que vous redoutez à votre monde. »

Il ne faisait guère confiance à ce jeune homme. Ses liens apparents avec Grendo S’orn étaient sans valeur, car dans les milieux où la voix et le beau-parler étaient monarques, la vérité était esclave, des agendas et des complots ourdis contre des rivaux à qui l’on adressait des contrefaçons de sourires. Zerath ne s’embarrassait guère de sourires : embaumé dans son sarcophage squelettique d’acier, drapé dans son manteau améthyste il ne prétendait pas à être un autre. Il était le héraut de sa société, le porteur de la voix des Dieux. Et les dieux réclamaient la guerre.


« - Si vos généraux vous assuraient la paix sur pareille décision, vous auriez tôt fait de vous en séparer, car vous n’obtiendrez que le feu des combats par votre opération, aussi vos généraux sont-ils soit des traîtres, soit des incompétents. S’ils ne font qu’exécuter votre dessein et vos ordres, alors...

Séparez vous d’eux tout autant. Car le zèle aveugle à votre service les aura empêché de servir votre grandeur pour flatter votre splendeur. Et le zélote est aussi létal que le traître en pareils services. Pourtant pour l’heure vous faut-il peser ce que vous désirez, seigneur d’Aydux. Si vous êtes en quête de vérité au-delà de ce qu’ourdissent les médias, vous êtes sages de souhaiter confirmer par vous-mêmes ; mais vous ne trouverez au sol que ruines fumantes et terre calcinée. Comment vos hommes démêleront-ils la vérité, armés de leurs canons ?
 »

Le Kaleesh leva son sceptre, comme s’il souhaitait toucher avec son extrémité la poitrine du jeune humain, à des années lumières de distance. L’heure de sonder la véritable nature de ce Virgile approchait.

« - Il vous faut mettre pied sur Arda, avec les instruments appropriés pour démêler ce qui est et ce qui n’est pas. Vous ne sauriez raisonnablement vous fier à mes paroles – car vous ignoriez mon existence avant d’entrer dans cette pièce. Observez pourtant : le complexe ravagé était protégé d’un épais bouclier d’énergie qui le gardait des frappes comme des débris. Certainement si vous menez vous-même les observations, vous saurez noter pareils phénomènes. N’envoyez pas de flotte pour arbitrer, car le match est déjà achevé et vous ne saisirez pas la partie en observant la deuxième manche.

Posez pied sur Arda si vous désirez la vérité. Je n’ai d’objection à protéger votre avancée si cela s’avère nécessaire, mais il vous faut comprendre : si vous désirez la paix de votre monde par-delà toute objection, vous ne pouvez envoyer homme qui porte armes sans que l’Empire vous ait donné permission et vous seriez sage de marcher hors de cette salle en ignorant tout ce qui s'est dit dans cette discussion. Mais si vous ne souhaitez pas le conflit au bord de votre système, peut-être seriez vous sages d'observer un monde plus proche que celui où je me tiens, assiégé par l'Empire et qui est certainement d'une proximité alarmante avec le vôtre. Vous n'êtes pas seul à œuvrer pour la sérénité des mondes et osez croire que nos desseins s'étendent à plus qu'un seul système. Que souhaitez-vous, monarque? La paix par la garde de la proximité familière, ou la vérité en terrain inconnu hors de vos frontières?
 
»



* : Ossus est connue sous le nom de Aydux sur Kalee, vieille prononciation de ce monde dérivée de Idux qui est demeurée dans la langue car plus aisé à prononcer dans le langage kaleesh.
Spoiler:
Virgile-Auguste d'Ossus
Virgile-Auguste d'Ossus
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Virgile-Auguste était pétri de défauts ; forgé à même la faiblesse. Roi par accident, fils indigne, frère soumis, Prince docile et d’opérette. Le destin avait couronné un imposteur ; un joyau de tendresse et de prévenance dont le cou tremblait sous le poids de la couronne. Jamais avant son couronnement le simple et délicieux cadet de la famille royale d’Ossus n’avait été autant sur le devant de la scène. Toute sa jeunesse avait été sous cape, loin des projecteurs et de l’attention. Dans l’ombre à laquelle il appartenait car né en deuxième, destiné par naissance à ne recevoir ni gloire ni lumière. Pourtant, les dieux s’étaient joués du fatum ; plus aimé par le peuple que son grand frère, le futur Roi légitime, plus apprécié que quiconque au sein de la famille royale. Virgile-Auguste n’avait jamais brillé et c’était précisément pour cela qu’il était révéré par l’immense majorité des cinq milliards d’habitants de la planète.

La pénombre l’avait masqué mais avait fait de lui un observateur attentif. Un juge de l’âme, édile des cœurs et des pensées. Silencieux mais sans cesse scruté et scrutant. Le jeune savait porter le masque des monarques à défaut d’en être un et perçait les âmes.

Sa longue cape dorée qui pendait au sol virevolta alors qu’il se tournait vers l’impressionnant cyborg que l’on aurait pu croire tiré d’un cauchemar d’airain et de métal. Sans ces deux orifices où perçaient des yeux de chair prêt à le dévorer, il aurait pu imaginer un simple droïde. Avait-il seulement une âme ? La simple présence du commander lui donnait la nausée. Il y avait autre chose : la peur, délicieuse et acide, qui venait taquiner de sa langue le creux de son ventre, signal d’alarme qui pimentait le jeu. Il avait déjà été la proie… mais jamais autant que maintenant il n’avait eu la sensation qu’il pourrait bel et bien être dévoré par cette monstruosité mécanique à la voix de titane.

Commander Ular'Iim, je vous présente mes respects et vous remercie en mon nom et en celui de mon peuple de votre service à la noble cause de la galaxie.

Nota très sobrement Virgile-Auguste en inclinant légèrement la tête, un sourire figé à la commissure des lèvres. Sa voix et ses manières étaient pétries des deux mille années de la royauté qui l’avait précédé et ne pouvait masquer sa glorieuse ascendance.

Le regard bleuté du roitelet se posa de nouveau sur son mentor spirituel qu’était l’illustre Grendo. Un Monarque, comme lui, qu’il tenait en très haute estime. Depuis leur première rencontre où le Ministre avait été reçu avec les honneurs qui s’imposaient, Virgile-Auguste d’Ossus avait échangé nombre de courriers avec celui qu’il considérait comme l’un des dirigeants les plus accomplis de la galaxie. Un gouvernant à prendre en exemple. Certains murmuraient à l’ombre des boudoirs du palais que le Roi d’Ossus deviendrait un jour vassal du némoindien, si proche d’accéder au trône suprême. Les langues étaient bien pendues mais jamais trop car Thélophilus veillait au grain et tranchait au nom de son Roi celles qui fourchaient. C’était là tout le problème d’avoir confié par la grâce des dieux et le malheur familial les pleins pouvoirs à un adulescent dont le seul désir était faire le tour de la galaxie à bord de son vaisseau, ingénu et innocent roitelet au cœur pur dans une galaxie qui ne demandait qu’à le dévorer tout entier.

Le Maître à penser semblait nerveux, comme si ses paroles jouaient une autre mélodie que la réalité du terrain incarnée par le monstre de chair et de fonte qui flottait au-dessus d’eux comme tel spectre éthéré d’outre-tombe, annonciateur du jugement dernier.

Cher Ministre, je sais que vous contrôlez la situation mais je suis terriblement inquiet.

Ce « cher » valait tout l’or du monde dans la bouche de celui qui était connu pour sa placidité et sa pudeur toute aristocrate à ne jamais montrer quoi que ce soit en public. Dans la monarchie, la familiarité et attachement étaient honnis au même titre que toute entorse à la bienséance séculaire d’une dynastie en anachronisme assumé.

Les traits poupins de Virgile se décrispèrent en écoutant attentivement les paroles de S’orn ; sa parole trouvait crédit à ses oreilles. La communication envoyée en direct par le Seigneur Noctis pourrait-elle un faux ? Un Ossien droit dans ses bottes n’avait pas d’autres raisons de se méfier du Hapan blond comme le blé que la réputation de l’Empire et en l’occurrence. La situation était confuse et à vrai dire elle n’intéressait que peu le Roi qui plaidait une autre chose : la survie et la renommée d’Ossus, du système qui était sien. Arda était si loin de son jardin. Était-ce de l’orgueil ? Il ne le savait guère, mais la prospérité de son système était sa priorité, tout comme celle de son père et des monarques du passé. S’il ne pouvait être celui qui placerait la petite planète d’Ossus au firmament, il préférait mourir que de la voix trahir sa promesse de terre d’accueil du Sommet pour la paix.

Que Talla protège les malheureux habitants d’Arda, ne peux-on rien faire pour sécuriser la zone ? Vous serez bientôt Chancelier Suprême, votre mandat ne peut commencer sous l’étendard du sang des innocents. Je ne connais rien à la guerre mais j’ai suffisamment étudié le passé pour savoir que ce qui commence dans le sang, vis et péri dans le sang. Ossus ne prendra pas part à la guerre, mon peuple à assez souffert à l’aune de la grande guerre, je ne serai pas le Roi qui la replongera dans les ténèbres. Nous sommes neutre et le resteront, ma flotte n’est présente que dans le prolongement du Sommet.

Il se força à ne pas donner un geste d’affection à Grendo. S’il n’avait été Roi il l’aurait presque voulu l’enlacer pour que son message pénètre au cœur. Profondément, Virgile souhaitait la réussite du Ministre mais il savait que celui qui n’apprend pas des erreurs du passé est condamné à les reproduire. Il allait reprendre la parole mais fut interrompu par la voix rauque de Zerath qui refusait d’accéder à la demande de son supérieur direct. Le masque de porcelaine tint son rôle et pas une émotion n’émailla cette étrange déclaration. Il en fut néanmoins profondément choqué. Dans l’esprit de Virgile-Auguste d’Ossus, un Chef était obéi. Nul ne refusait jamais ses ordres. Naturellement, ses décisions étaient largement influencés et il laissait beaucoup de places à ceux qui le servait mais cette « rébellion » lui fit hausser un sourcil. Il fallait aller à contrepied.

Monsieur le Ministre, ma Cour Royale œuvre en ce moment même à l’écriture de mon discours de clôture du Sommet. Une courte allocution où je prévois d’offrir à la République à l’Empire et aux Jedis une zone franche. Un havre de paix, terre de négociations permanentes où peut-être un jour ce qui a été brisé pourra être reforgé. Une île sur Ossus que nous appelons dans nos légendes « Avanaën », la terre fertile sur laquelle la paix a été scellé entre les peuples nomades d’Ossus et les premiers colons qui, jadis, arrivèrent sur le système voilà plus de quatre mille ans. Une île où un édifice qu’on jurait impossible à bâtir a conduit à faire d’Ossus le paradis qu’elle est aujourd’hui.

L’histoire était bien plus complexe que cela, les nomades avaient été exterminés ou avaient été parqués aux confins du système pendant que la première monarchie s’établissait. Une règle sanguinaire qui avait duré mille ans avant que l’aïeul de Virgile-Auguste renverse le pouvoir et établisse la seconde monarchie, sonnant la vraie réconciliation avec les nomades. La condition de ces peuplades s’était grandement amélioré mais la réalité démographique annonçait un génocide en douceur, par la simple force du temps qui passait. Les Rois écrivaient l’histoire, les autres n’existaient que pour la narrer.

Ne me faîtes pas passer pour un utopiste je vous en conjure sur ce que j’ai de plus cher.

Le Roi fit quelques pas dans la pièce alors qu’on lui confirmait que la flotte d’Ossus venait de quitter l’hyperespace et attendait à l’entrée de l’orbite du système d’Arda. Une large partie des vaisseaux avaient été renouvellés depuis le grand plan de militarisation qui avait accompagné la croissance de l’Empire. Sans commune mesure avec les forces impériales et républicaines, les croiseurs flambants neufs ornés des illustres noms de la royauté ne faisait pourtant pas pâle figure.

Il souffla profondément en rangeant son dapatad sécurisé et sa laissa choir de tout son long dans un sofa poussiéreux non loin des deux protagonistes.

Est-ce trop demander de ne pas passer pour un sot, une fois dans ma funeste vie.

Le Roi avait croisé les bras au-dessus de sa tête et avait allongé les jambes – insultant tout maintien dû à son rang -. Il sursauta et se crispa reprenant consistance quand Zerath s’adressa à lui, le toisant comme un morceau de viande ambulant. Les paroles du cyborg eurent l’effet d’une véritable bombe sur sa fragile confiance en lui. Les éloquences crues et assassines ne semblaient pas être les pérégrinations d’un fou mais ceux d’un général émérite qui ne prenait pas les gants qu’on avait l’habitude d’utiliser pour s’adresser à lui.

Un atterrissage sur Arda aurait l’effet d’une déclaration de guerre contre l’Empire, ne rien faire était insupportable et les conséquences d’une guerre contre l’Empire ou une brouille avec la République ne ferait pas les affaires d’Ossus. La longue homélie du seigneur de guerre repris comme autant de nouveau coup de fouets au dessein idéaliste d’un petit qui jouait dans la cour des grands sans en avoir la carrure ! Mi- outré, mi hypnotisé par le flot incessant du cyborg, il se sentit défaillir et perdit le contrôle. Ses généraux et conseillers remis en cause : la colonne vertébrale de son jeune règne.

MAIS QUE-DOIS-JE-DOIS-JE-FAIRE ALORS

Rugit-il de bon cœur et à pleins poumons alors que son visage s’était décomposé. Déformé par une sépulcrale colère qui ne s’était jamais exprimée ailleurs qu’en privé. Il voulut parler à nouveau mais les mots se perdirent dans sa gorge ne laissant échapper qu’un borborygme infâmant, le renvoyant aux pires heures de sa vie où les médias de tout le système se moquaient copieusement de sa diction hésitante et de son bégaiement. Une époque où il n’osait pas quitter ses appartements de l’aile ouest du palais pendant plus d’un mois, craignant les quolibets et les regards de mépris.

Il s’était levé et frappa du pied au sol tout en se rapprochant si proche de l’hologramme qu’il en cachait une partie de l’émetteur, coupant Zerath en deux. Il reprit la parole, sans crier cette fais mais ivre de passion.

Mon système est à la frontière impériale, à la frontière des Hutts. Je n’ai pas le luxe de pouvoir me défendre. Avez-vous envisagé la possibilité de perdre Commander ? Qui viendra nous défendre si l’Empire nous attaque ? Je me contrefiche de cette couronne et de ce maudit sommet. Je ne pense qu’à mon peuple que j’ai devoir de protéger et de servir en en étant incapable. Des centaines de monarques du passé jugent mes actes. Serais-je celui qui ploiera le genou et laissera choir le sceptre, l’anneau et l’épée. Ce funeste sort je le réfute comme je réfute qu’un jour mes armoiries ne flotte plus au-dessus de ce palais qui m’a vu naître et grandir.

Une courte pause ponctua cette litanie improvisée de celui pour qui les symboles importaient tant.

Mes généraux je vous les offre, vous saurez sans doute un meilleur Maître que je ne le saurai jamais. Monsieur le Ministre, les efforts de paix s’ils ne sont pas immédiats sont voués à mourir dans l’œuf si vous attaquez l’Empire sur Arda. Une autre voie est possible !

Sa voix était déformé par l’émotion, un observateur avisé jurerait qu’un chagrin étouffé nouait ses cordes vocales. L’Empire se retournerait-il contre Ossus, jugerait-elle son Roi comme responsable de la débâcle qui s’annonçait. Il se recula un court instant pour laisser de nouveau l’image de Zerath emplir la pièce et ouvrit le bouton de sa chemise en soie qui compressait son cou saillant.

Monsieur le Ministre, Commander, nous devons trouver une solution, je place ma confiance en vous et je vous en sais digne. Pour l’amour de Talla que voulez-vous faire ? Mon discours est encore ouvert à modifications

Il s’arrêta une longue minute pour reprendre totalement le contrôle de la situation qui lui échappait et conclut par une brillante déclaration qu’il avait entendue plusieurs fois dans les jours passés, il fixa Grendo droit dans les yeux puis le cyborg.

Aidez-moi, je saurai vous remercier. Ma parole est destin, je suis hiératisé, consacré par les Dieux, eux-mêmes, oint de la sagesse des Rois du passé. Mon verbe vaut celui d’un milliard d’hommes.

Inutile de préciser que l'immodestie de cette déclaration n'éffleurait même pas son esprit, c'était ainsi qu'on le présentait à longueur de journées.

Le datapad du Roi ne cessait de biper dans la poche de sa veste. Les demandes d’interview affluaient et l’Amiral Théodore-Wolfgang de Calincourt à bord du croiseur neuf : le Lazare-Amaury attendait ses ordres. Fébrile, il le tira de sa poche et écrivit les doigts tremblants un simple « attendez mes ordres ».
Grendo S'orn
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On dit souvent qu'il faille se méfier de ses ennemis, plus encore de ses proches alliés. Une maxime que le neimoidien n'avait cessé de ruminer depuis son ascension vers les sommets. Et si le Pouvoir avait pour effet de dévier un esprit relativement sain vers une méfiance sans limite, S'orn lui avait sombré depuis longtemps dans la paranoïa la plus extrême. Sans cesse sur le qui-vive, presque dans l'attente insupportable qu'un énième audacieux réussisse enfin à lui porter le coup fatal pouvant mettre un terme à sa misérable existence de cloporte rampant, l'humanoïde au faciès disgracieux bouillonnait littéralement de l'intérieur. Une rage à la fois sourde et folle qui s'embrasait à l'intérieur de sa poitrine, une colère coulant lentement dans ses veines tel un feu sauvage qu'il s'efforçait de dissiper au mieux pour ne rien laisser transparaître.

« Commander » aboya-t-il à son attention « Je crains que vous ne mesuriez pas l'ampleur du désastre que cette supercherie risque d'engendrer dans nos rangs si nous n'arrivons pas à innocenter rapidement la République. A quoi bon vaincre l'Empire par delà ses frontières si le peuple républicain associe nos méthodes à celles de nos plus farouches adversaires ? Aux yeux de l'opinion publique vous passerez plus pour un criminel de guerre que pour un véritable héros ... Dans un sens votre victoire aura été vaine et la mienne par la même occasion. » des menaces à peine voilées lui faisant comprendre qu’il l’emmènerait avec lui dans sa chute. Le neimoidien n'avait guère la réputation d'être une créature patiente, surtout lorsqu'il s'agissait d'enjeux aussi importants qu'aujourd'hui. Le ton avait été froid, aussi glacial que l'accueil réservé par l'être fait de chair et de métal au jeune roitelet à son entrée, mais il s'avérait nécessaire pour remettre un peu de discipline dans ce désordre hiérarchique. D'avantage habitué au petit peuple s'inclinant devant lui dans le but d'obtenir ses faveurs, Grendo supportait mal l'insubordination de ceux qu'il considérait comme ses laquais. Tel un féroce Rancor sur le point de déchiqueter sa proie, S'orn devait affirmer sa position dominante, une tentative de marquer son territoire comme il l'avait toujours fait durant sa longue et passionnante carrière. Lorsqu'il s'agissait de graisser quelques pattes pour son unique intérêt ce vieux roublard de neimoidien avait bien plus d'un tour dans sa manche mais réussirait-il le même pari avec un militaire pécuniairement désintéressé ?

« Une place au sein de l'Etat Major vous est promise Commander, mais ne décevez pas la République ... » il aurait très bien pu dire de ne pas décevoir Grendo que cela aurait été pareil. De par son incroyable intelligence, son profil atypique et son génie tactique, Zerath Ular'Iim brillait littéralement dans les couloirs de l'Etat-Major des armées républicaines. Mais S'orn, lui ce qui l'intéressait vraiment c'était la faculté du Prélat a briser le destin de milliards d'individus sur sa route. Il n'était guère le genre d'homme à se formaliser de l'impression qu'il pouvait véhiculer autour de lui mais plutôt le genre d'individu à qui on donne une mission à effectuer et qui l'accompli, peu importe le prix à payer.

Conscient des risques qu'il encourrait si aucune preuve n'était fournie aux médias, le neimoidien laissa son regard papillonner un bref instant vers la multitude d'holo-écrans accrochés au mur. Il ne pu s'empêcher de remarquer l'interview retransmise en direct de nombreux de ses détracteurs usant et abusant de remarques grossières sur ses méthodes de négociation. Espèces d’enfoirés, il lui tardait vraiment de revoir ses confrères de la Rotonde qui dans un opportunisme abjecte, profitaient de son absence pour le discréditer d'avantage. Peut-être réussirait-il à décrocher ici un éventuel traité ou un quelconque cessez-le-feu mais son retour au Sénat risquait bel et bien de faire tomber quelques têtes. Patience, bientôt tous s'inclineraient ...

« Votre Majesté ... » dit-il en se tournant à présent vers le petit souverain « ... je crains que nous nous sommes mal compris. Je ne cherchais nullement à vous convaincre de rejoindre une pseudo-coalition républicaine, la neutralité d'Ossus est bien trop précieuse pour la sacrifier au profit d'un conflit sur le point ... » l'espérait-il « ... d'être achevé. » S'orn ne se faisait guère d'illusion, perdre aujourd'hui signerait sa fin, la fin de sa notoriété, la fin de sa vie de politicard, de son emprise sur ses pairs du Sénat, la fin de tout. Peut-être resterait-il riche et encore deux courses à la Chancellerie résultant sur un échec laisseraient forcément des traces dans la Trésorerie de l'infâme neimoidien, mais ce serait la fin d'une gloire qu'il aspirait depuis longtemps. De manière semblable à Virgile-Auguste, Grendo jouait là ni plus ni moins que sa survie médiatique. Dans un rêve il s'était pourtant vu triomphant, victorieux, la position d'Emalia Kira était sienne, ses adversaires trop craintifs pour s'opposer à lui réduits au silence. Mmmh que cela était bon.

« Ne perdez pas espoir votre Majesté, je n'aurais pas répondu présent à votre invitation si je n'étais pas convaincu qu'un accord puisse être conclu entre nos Grandes Puissances. » lança-t-il d'un air faussement rassurant. Comme prisonnier de sa propre paranoïa, le neimoidien envisageait à présent le pire des scénarios; celui d'avoir été trompé, dupé par ses plus proches conseillers ou par celui qu'il affrontait depuis le commencement de ce Sommet. Certes ce dernier était né sous les meilleurs auspices, quiconque refuserait la paix serait qualifié de dément à l'esprit belliqueux mais était-ce suffisant pour établir les fondations d'une éventuelle réconciliation ? La République ressortirait-elle meurtri de cette guerre ou allait-elle ressortir de ce conflit plus forte que jamais ? Au final S'orn était convaincu que le futur de la galaxie ne dépendrait pas de la bonne foi des espèces ni de l'union des Grandes Puissances mais de la roublardise et de l'organisation de complots dont-il espérait faire partie des instigateurs. Faisant fit de la mort de centaines de milliers d'innocents à travers ce conflit, le neimoidien n'était guidé que par l'ambition malsaine d'atteindre ses propres objectifs, par la motivation d’une quête d'un plus grand pouvoir.

Flash Info Spécial : Une onde de choc particulièrement violente

L'explosion meurtrière s'est produite il y a à peine quelques minutes sur Arda-2. Selon nos dernières informations, la violente onde de choc se serait propagée sur une superficie de plusieurs hectares soufflant sur son passage une végétation dense autrefois verdoyante. Les multiples déflagrations secondaires auraient quand à elles provoqués un début d'incendie de forêt particulièrement important visible depuis l'orbite de la planète. Poussé par des vents violents, l'incendie semble se propager rapidement ne laissant que très peu de chance de survie à d'éventuels survivants ... Le bureau du Minsitre de la Sécurité Intérieur s'est pour l'instant refusé à tout commentaire concernant cette éventuelle attaque ...


La plupart des médias poursuivaient toujours le dénigrement systématique de la République prenant des postures de plus en plus agressives vis-à-vis de celle-ci. Ne disait-on pas que plus le mensonge est gros mieux il passe ? La vision quelque peu alarmiste de la situation ne manqua pas d'arracher un léger sourire au batracien qui se sentait bientôt jeté en pâture à la fosse aux lions. Saloperies de journalistes pensait-il, tout juste bon à chercher des scoops, du sensationnel et quoi de plus jouissif que de participer à la chute d'un Dirigeant de son acabit. Il les haïssait, du plus profond de son être il les détestait tous. Il aurait bien hurlé dans un cri de rage toute sa colère à l'encontre de ses abjectes fouineurs. Et une fois encore, la panique émergeait. S'orn sentait l'odeur de sa propre peur, son coeur s'accélérait à l'intérieur de sa poitrine et l'adrénaline se déversant partout à travers son corps.

Et son hôte ne fit rien pour améliorer l'état psychologique déjà instable du neimoidien, pire il ne faisait que l'aggraver en dévoilant au grand jour ses plus gros doutes concernant ses capacités à gouverner, un comble pour l'instigateur d'une telle rencontre si suivie médiatiquement. Si Virgile n'avait pas été Roi d'une planète étrangère Grendo l'aurait bien giflé, une fois, deux fois, trois fois s’il le fallait pour lui remettre les idées en place. Mais S'orn se retint, il ne comprenait que trop bien la frustration du jeune rouquin car tous ici, même le Commander Ular'Iim à plusieurs parsecs de là jouaient leur réputation dans ce combat.

Puis soudain lui revint quelques images de son entrevue avec Darth Noctis et contre toute attente, le neimoidien esquissa un sourire révélant une légère pointe de malice « Diviser pour mieux régner ... » souffla-t-il si bas qu'il n'était même pas sur que ces deux interlocuteurs l'avaient entendu. Il marqua ensuite un temps d’arrêt propice à sa réflexion « ... depuis le début nous n'avons pas joué selon les mêmes règles ... En vérité Darth Noctis n'a jamais eu pour intention de négocier le processus de paix. Sauf votre respect votre Majesté, ce Sommet n'est qu'une vaste opération de propagande visant à nuire à la stabilité de la galaxie » dit-il à son cadet s'efforçant de maquiller le reste de peur qui l'habitait encore. Mais cette peur laissait peu à peu place à un nouveau sentiment; le besoin et même la soif dévorante d'une vengeance « Noctis nous a mené tout droit vers cette impasse diplomatique, nul compromis à l'amiable, nulle paix entre nos deux Grandes Puissances juste l'attente inconfortable du couperet au dessus de nos têtes. » certes une vision quelque peu dramatique mais qui ne manquait pas de fond, l'une des méthodes utilisée par le vil scélérat à la peau grisonnante pour répandre autour de lui ce sentiment d'insécurité auquel lui seul avait la solution. Il se demandait alors comment réagirait le rouquin face à de telles révélations ? L'avait-il au moins convaincu ou fait douter même un seul instant ? De son côté, le neimoidien jurait intérieurement qu'il ne reproduirait pas deux fois son erreur de jugement et s'empara précipitamment de son datapad pour y quérir quelques menus informations dont il connaissait les funestes desseins. Et tandis qu'il pianotait, S'orn reprit brièvement la parole.

« Les visages sont doubles et les alliances fragiles, c'est la première leçon qu'on vous apprend en politique. » souffla le batracien se remémorant le visage de chacune de ses victimes qu'il avait croisé jusqu'à ce jour « Nous avons vu périr le débat de fond au profit du sensationnel, des fakes news, de l'info facile et populiste ... soit ... à nous d'en faire de même pour accomplir ce que d'autres se refusent de faire. Mais pas sans une aide extérieure ... » au fil de la conversation, S'orn révélait son vrai visage, celui d'un homme froid sans une once d’humanité. Au diable le politiquement correct se disait-il, il n'était plus devant les caméras maintenant, juste face à un jeune roitelet inexpérimenté et à un militaire qui ne comprendrait que trop bien l'utilité de se venger d'un ennemi sans honneur et sans éthique. Devaient-ils réfléchir à un éventuel changement de cap ? Il le pensait oui. Un changement de cap radical. Il était temps de se rendre à l'évidence, l'heure où tout allait changer approchait dangereusement.

Déterminé plus que jamais à purger de ce processus de paix l'être malfaisant qu'il considérait comme principal responsable de l'échec des négociations, S'orn devait trouver du soutien ailleurs. Le genre de soutien incontestable pouvant briser aisément l'illusion d'une quelconque responsabilité républicaine dans tout ce satané merdier. Voulait-il contacter l'Héritière en personne ? Oui il le voulait. Le pouvait-il ? Non, il ignorait encore comment l'atteindre mais il connaissait peut-être un homme assez loyal par delà la frontière capable de parler en son nom, de parler pour l'Empire.

S'orn était en quête d'un nom, un nom parmi des centaines, parmi des milliers figurant sur la liste Noire de la République, des Sith évidemment à l'instar du rocambolesque Noctis mais pas que, des terroristes aussi, des membres des Cartels Hutt, des brigands, des déserteurs mais aussi quelques rares innocents que Grendo avait pris soin d'ajouter discrètement dans le lot de façon à leur nuire. Il gardait précieusement en sa possession cette liste qu'il avait l'habitude d'appeler en privé son petit carnet d'adresse. Officiellement cet inventaire numérique des pires malandrins de la galaxie était tenu par le Ministère de la Défense mais aussi et surtout par la Sécurité Intérieur qu'il contrôlait d'une main de fer depuis maintenant quelques années. Le neimoidien cherchait prenant soin de faire défiler les lettres de A à Z. Il se souvenait avoir examiné l'identité de chaque membre de la délégation Sith accompagnant Noctis sur Ossus. Et c'est précisément l'un d'entre eux qu'il voulait retrouver;

Zinsko,

Maîtresse Inquisitrice, diplomate féline et spécialiste politique, membre en quelque sorte de la police politique chargée de lutter contre les opposants internes ou externes, réels ou supposés du régime impérial. Cette Cathar se révélait la candidate idéale pour servir de relais avec celui qu'il visait réellement; Darth Khorog. Dans sa fourberie la plus infâme, Darth Khorog avait réussi par un simple appel à l'aide à attirer tous les regards des médias sur lui et vers Arda-2. On en oublierait presque les massacres orchestrés sur Columex quelques parsecs plus bas sur la carte par les troupes impériales elles-même. Le Sith avait le mérite d'avoir réussi son coup, enfin seulement si on excluait sa défaite lamentable en orbite d'Arda-2 bien sur. S'orn ignorait si Khorog vivait encore, il n'avait guère reçu cette information de l'Etat Major à sa sortie des négociations. Peut-être avait-il été tué lors de la bataille ou peut-être se terrait-il encore quelque part comme le misérable insecte cherchant à échapper à son funeste destin.

A cet instant précis Khorog représentait sa meilleure chance d'atteindre ses ambitieux projets. S'il consentait à donner au neimoidien ce qu'il demanderait, le Draethos pouvait bien être l'allié nécessaire à son futur couronnement. Mais l'opportunité n'était guère sans risque. De par l'importance du service, le prix exigé risquait d'être élevé.


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

De la part du Grand Monarque du Commerce Grendo S'orn, Ministre de la Sécurité Intérieure, Candidat à Chancellerie de la République,

Seigneur Khorog,

Comme vous l'avez sans doute constaté, la République sort triomphante de ce conflit. Arda-2 sera bientôt sous notre contrôle, votre flotte sur le point d'être repoussée du système. La crise de Columex n'est guère meilleure pour l'Empire qui voit son agression littéralement balayée par les défenses républicaines. Le Sommet pour la Paix en phase d'être un échec cuisant sous l'impulsion vengeresse du conspirateur Darth Noctis.

Mais ces affrontements doivent cesser, du moins temporairement ... Il est impensable que nous continuions à verser délibérément le sang de nos peuples, victimes d'un conflit qui les dépasse, lorsque nous prétendons vouloir établir de réels pourparlers de paix. Par la présente missive je souhaite vous faire part de ma volonté d'un cessez-le-feu immédiat à condition que vous leviez le voile sur les événements parus récemment sur la planète. La République n'est pour rien dans l'explosion du complexe médicalisé et vous ne le savez que trop bien Seigneur Khorog.

Je n'ai aucun doute que vous prendrez la plus sage décision, et qui sait, peut-être celle-ci ouvrira-t-elle la porte à de nouvelles négociations dans de meilleures conditions avec des acteurs bien plus conciliants ...

Puisse ce message vous être transmis avant qu'il ne soit trop tard ...

Veuillez accepter l'expression de mes sentiments les plus respectueux,



Grendo S'orn,
Grand Monarque du Commerce
Ministre de la Sécurité Intérieure
Candidat à la Chancellerie


Envoyé - les visages sont doubles et les alliances fragiles se répétait encore Grendo. L'adage n'avait jamais pris autant de sens qu'aujourd'hui. Pourquoi fallait-il qu'il accepte de jouer selon les règles qu'on lui avait imposé dès le départ. Avait-il oublié l'avantage que l'on gagnait à diviser ses ennemis ? Cette stratégie lui paraissait à présent comme une évidence et il s'en voulait intérieurement de ne pas y avoir pensé plus tôt. Dans leur quête insatiable du pouvoir, la rivalité qui opposait traditionnellement les Seigneurs Sith n'était guère un secret, S'orn ne faisait qu'attiser le feu en y jetant quelques braises tout au plus. Devait-il pour autant s'en vouloir ? Aucunement, si cela lui permettait d'ouvrir un canal pour de nouvelles négociations futurs.

Et tandis qu'il était en pleine réflexion, son message traçait tout doucement sa route. Envoyé d'abord à l'un de ses loyaux et proches collaborateurs, ce dernier ne tarderait pas à le remettre en personne à Zinsko sur le point de rejoindre la délégation impériale. Comptait-elle l'envoyer à son tour vers son Maître ? Aucune certitude là dessus tant les Sith étaient réputés pour leur malhonnêteté mais il espérait avoir piqué ne fût-ce qu'un peu la curiosité de l'Inquisition sur ses intentions. Après tout l'Inquisition n'était-elle pas la branche impériale la plus apte à convaincre l'Héritière ? La plus loyale à celle-ci ? La situation périlleuse de Khorog le pousserait sans doute également à lire le message, là dessus il n'en n'avait aucun doute mais lui répondrait-il seulement ? Par son acte, S'orn ouvrait littéralement la porte à une nouvelle "alliance" mais tout dépendrait de la communication qu'il allait, l'espérait-il, recevoir bientôt ...
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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« - Commander ! Nous détectons une flotte massive en sortie d’hyperespace ! Coordonnées front, nord est quadrant extérieur ! »

Zerath s’arracha à la discussion quelques secondes. Sur le pont, une brusque tension venait de naître. Les matelots, passés à un rythme plus calme, se réveillaient comme par un choc électrique, un coup de fouet d’excitation les remettait au travail. On se pressait aux écrans de contrôle, on préparait les boucliers.

« - Commander, vos ordres ? »

Le Kaleesh se tourna vers la baie vitrée si brusquement que les vérins de ses articulations et côtes grincèrent et vrillèrent, offrant son dos à ses deux interlocuteurs. Ses obligations se rappelaient à lui plus vite qu’il ne l’avait imaginé. Pourtant peut-être n’aurait-il pas à livrer bataille si prématurément cette fois. Il estima mentalement les chances que des troupes impériales reviennent tandis que son regard tombait une nouvelle fois sur la carcasse silencieuse du Harrower, ce béhémoth éventré. Il n’avait reçu aucun rapport de Columex qui fut alarmant. Cela signifiait-il que les troupes là-bas avaient été vaincues ? Que la Chancelière était tombée ?

« - Tenez vos positions. Ne tirez pas.  » Indiqua-t-il calmement pour désamorcer la tension qui s’élevait sur le pont.

Le jeune monarque d’Aydux avait affirmé avoir envoyé sa flotte en bordure du système. Si sa prévenance était seconde à son impatience – ou à la hâte de ses généraux, alors il n’aurait averti S’orn que tardivement, qu’après ses troupes pleinement mobilisées et prêtes à arriver. Depuis combien de temps la bataille de Arda était-elle retransmise… ? Combien de temps ces journalistes avaient-ils donné aux ennemis de Zerath pour se préparer ? Il fallait considérer que depuis le début, son opération était éventée et connue de ses ennemis alors. Une fort cruelle leçon ; qu’en le monde moderne il faut agir dans le secret mais pourtant considérer son ennemi comme étant déjà au courant de ses desseins. Aurait-il pu réduire au silence les journalistes ? Empêcher les nouvelles de se propager ?

« - Nous avons confirmation de la flotte, mon sergent ! Ce ne sont pas des bâtiments impériaux mais de... »

« - Ossus. » Acheva le kaleesh. Il fallait donc considérer l’opération éventée dès ses premières étapes. Ses yeux s’abîmèrent sur la direction lointaine où les vaisseaux devaient se trouver, bien au-delà de ce que son regard pouvait percevoir, à une distance astronomiquement grande. Il se tourna à nouveau vers Virgile et Grendo, pensif. Il aurait été malhonnête d’affirmer qu’il avait prévu ce dénouement, pourtant il était à présent certain de pouvoir en tirer quelque chose de profitable. Il lui manquait juste des informations, nécessaires à sa prise de décision.

« - Réclamez à la capitaine Terressi son rapport de situation. » demanda-t-il sobrement à un opérateur, qui s’exécuta immédiatement. Virgile, face à lui, s’était laissé emporté soudain par une brusque humeur. C’était encore un jeune garçon, gorgé de vie et de tempéraments ; si la royauté l’avait fait élégant et pouponné, il n’en était pas moins encore vert. Ou peut-être était-ce parce qu’il était vert qu’il avait jusque là maintenu un visage de poupée impeccablement sobre, d’atours et de façons propres et bien tenues, plutôt qu’une mine revêche honnête ? Zerath n’aurait su le dire.
Il envoyait la flotte, pourtant il affirmait son discours comme le centre de ses préoccupations...Si curieux, si étrange, quelle dichotomie surprenante était-ce là ? Quelque farce humaine qu’il était incapable de comprendre ?

« -Aidez-moi, je saurai vous remercier. Ma parole est destin, je suis hiératisé, consacré par les Dieux, eux-mêmes, oint de la sagesse des Rois du passé. Mon verbe vaut celui d’un milliard d’hommes. »

Hérésie, songea Zerath. À cet instant précis, le ministre S’orn, empli d’une soudaine idée, s’était mis à pianoter sur sa tablette. Il avait des atours de démon à présent, l’holoécran de sa lumière bleutée tranchant les traits rudes du neimoidien, ciselant ses paupières et ses rides, incisant d’ombre les contours de son visage, plongeant dans les yeux sans pupille un reflet supplémentaire, comme d’un génie cruel. Il s’était doté d’une idée nouvelle, d’une réalisation subite : que les négociations de Ossus entre Empire et République n’en avaient jamais été et que l’Empire ne désirait pas la paix. Une évidence, mais à présent qu’il tentait de contrecarrer, par un moyen gardé pour l’heure secret à ses interlocuteurs – Zerath du moins, laissés en spectateurs d’une pièce où pourtant ils étaient personnages. Mais l’Ular’Iim, sur cet instant de flottement, était centré sur les derniers mots du roi. Hérésie, songea-t-il de nouveau. Cette Aydux de paix et d’idylle ne pouvait être consacrée par les dieux, moins encore son représentant. Tout porteur de guerre qu’il était, l’Ular’Iim demeurait à son cœur le prélat de la Lune. Folie, que les dieux aient vu en cet homme une valeur telle qu’ils en aient voulu tous l’honorer ! Démence, absurdité ! Pris d’une brusque aspiration à son tour, le grand prêtre cybernétique parla, et cette fois les émotions transparaissaient sans mal dans ses mots :


« - Dangereux pour lui-même celui qui se proclame consacré du divin mais n’en a guère les preuves, hérésiarque pour la foi et son ordre qui s’estime absolu ! Traître à sa nation et félon des siens ! Voyez à présent majesté ! Songez-vous que la paix se tient en discours polis et émérites ? En impressions de splendeur et en promesses de grandeur faites à vos ennemis, en récompenses faites à vos amis ? Pourquoi alors, ô roi, pourquoi avez-vous senti le besoin de mobiliser votre flotte ? Loin des vôtres, hors de vos frontières ? »

Le Kaleesh était certes un être d’une remarquable intelligence, mais il souffrait d’un terrible défaut : il était également et curieusement un fanatique religieux. Et les heures de bataille avaient éreinté une patience qu’en d’autres jours sans doute il aurait exercé méticuleusement pour ne point déborder comme il le faisait actuellement, pris d’une passion subite et soudaine.

« - Abesmi vous a conféré sa grâce et ses façons, pourtant Shrupak ne vous a guère encore enseigné sa lucidité. Et en cela vous n’êtes sanctifié des dieux aucunement. Voyez la terrible contradiction, car vous savez au fond de vous que les discours ne peuvent stopper la fureur, et que qui désire épargner le sang doit être prêt à le verser ! C’est une vérité qu’au fond de vous, vous concevez mais vous refusez à accepter. Car vous êtes pétri d’amour, d’affection et de douceur, ainsi que le veut la grande Abesmi. Sagesse est-ce là, de savoir la valeur de ce qu’on aime, de savoir qu’il n’est nul prix à la perte – honneur même à cette réalisation ! Ce n’est point faiblesse mais force que d’aimer mais, monarque, ce n’est pas la paix que vous désirez : c’est la tranquillité. »

Sa voix s’était fait plus douce, le calme était revenu en ses inflexions naturelles et posées, de phrases prononcées avec la plénitude des immortels.

« - Ne vous sentez pas coupable des crimes de l’impuissance et de l’indécision lorsque vous faites preuve de si honorable honnêteté. Notre rencontre en ce jour est certainement la grâce des dieux, et de notre rencontre viendra votre désir, car votre confiance j’honorerai. Ne vous méprenez pas, Lui d’Aydux*, car je ne courbe pas l’échine aux promesses du futur. S’il regorge de possibilités infinies, seul le présent a valeur. Tenez cette leçon bien à coeur : si lointain est votre regard, gardez conscience d’où vous marchez – et toujours n’oubliez pas que si vous êtes promis à commander quelque force que ce soit, ne prenez vos fonctions sur cette dernière qu’à l’instant où vous marchez véritablement à sa tête. De ceci souvenez-vous toujours : on ne dirige pas avec des promesses. Et gardez-vous bien d’ordonner ceux qui ne sont pas encore à votre service, tant que votre dessein est en devenir. »

Ces mots étaient destinés aussi bien à Virgile qu’à Grendo. Le ministre agissait avec la conviction et l’autorité de l’homme qui déjà pouvait ordonner au kaleesh, mais le prélat n’était pas dupe : si candidat était-il à la Chancellerie, il n’avait aucune emprise sur le cyborg ni même les armées. Sa communication et son statut pouvaient le faire passer pour tel auprès de bien des individus, mais Zerath avait vu bien des soleils passer sur Kalee. Il savait que le pouvoir était un jeu d’illusion et de paraître. Une tromperie qu’il n’avait aucun mal à discerner.

À cet instant, une jeune humaine en uniforme vint au niveau de l’hologramme, à la gauche de Zerath. Elle se posta immédiatement en garde-à-vous. C’était une femme qui devait mesurer peut-être le mètre soixante. Ses cheveux étaient coiffés en un chignon, dissimulé sous le béret aigue-marine républicain. Le dos droit, les bottes serrées, elle demeura quelques secondes là, dans le silence, l’autre main ramenée dans le dos. Un instant le kaleesh l’évalua.


« - Repos. » dit-il. La femme lui tendit alors un écran translucide, bordé de deux cylindres. On eût dit un curieux parchemin de technologie.

« - Mon sergent, les images du capitaine Kung ont été reconstituées. »

L’Ular’Iim hésita une seconde face à la tablette. Il ne savait guère quel bouton il devait presser pour l’allumer.

« - Un problème mon sergent ? »

« - C’est hm... »

Ses doigts se portèrent vers un bouton coloré sur le haut du cylindre de gauche, incertains de leur destination. Il hésita à le presser. Fichue technologie.

« - Mon sergent, c’est le formatage mémoire. »

« - Ah. »

Sa main revint au centre de la tablette. Pas le bouton en haut à gauche donc. Peut-être celui au centre alors… ? Il y en avait un autre sur le cylindre droit…Oui, peut-être que le droit...Il commença à orienter ses doigts dans cette direction...

« - Pressez juste l’écran, sergent. »

Il s’exécuta. Le flux vidéo se lança immédiatement sur l’écran translucide. C’était...Si simple. Son regard tomba un instant sur Virgile et Grendo, de l’autre côté de l’hologramme, puis de sa subordonnée, qui avait les joues gonflées et qui peinait à maintenir son sérieux. Plusieurs personnes, sur le pont, s’étaient retournées pour observer le bref échange.

« - Vous hm...Vous avez passé le test, félicitations. » dit le Kaleesh d’un air peu convainquant.

Et tout le pont éclata de rire, le sergent compris.


Le flux vidéo transmis par le capitaine Kung était celui à bord de son chasseur. On y voyait les escadrilles, pénétrant les couches de nuage, en plongée vers Arda-2. Après plusieurs minutes de descente, le paysage se précisait : des forêts épaisses et luxuriantes, humides encore de quelque pluie fraîche et récente, étincelantes sous le soleil. Plusieurs nuages sombres étaient encore dans l’air, d’évidentes traces de déflagration. Aussi, on distinguait à plusieurs points au sol des impacts, des cratères : des vaisseaux écrasés, qui se calcinaient dans leur carburant, les sondes aussi que l’Ular’Iim avait mobilisées et qui s’étaient faites annihiler par la chasse impériale. L’escadrille de Kung, après une descente en piqué, redressait, quasiment à la cime des pins épineux. Leur objectif était droit devant eux : au milieu de la forêt l’on apercevait un dôme d’énergie. La qualité approximative de l’image aurait pu suggérer qu’il s’agissait ou d’un relief ou d’un artefact vidéo, d’un jeu de lumière défavorable sur l’objectif de la caméra, mais Zerath savait ce que c’était : c’était le bouclier protecteur de la base. Tandis que les escadrilles étaient encore loin, toujours en approche, il y avait subitement une blancheur de ce relief, une brusque luminescence, comme si tout l’air était devenu un titanesque filament chauffé à blanc ! Ceci marquait la fin de l’enregistrement, le matériel n’ayant pas supporté l’intensité extrême de la luminescence.

La première précaution de Zerath n’avait pas été de consulter lui-même la vidéo, mais de la transmettre à la flotte de Ossus. Il était, songea-t-il, bien plus sécurisé sans doute que le message passât par les fréquences militaires et le matériel approprié puis soit ensuite retransmis au monarque. Ce n’était pas tant pour empêcher l’interception de l’image que pour minimiser les chances que l’Empire déterminent une façon d’écouter les émissions du Kaleesh. Mais l’officière lui avait également donné un message, en provenance de la capitaine Terressi, qu’il avait consulté tandis qu’il observait d’un regard absent la vidéo.

10-20 La Colonne est ébranlée
10-4 Automate est venu jouer
10-4 Les bateaux ont bien creusé
10-36 Sensible ira chercher Automate

C’était un message codé. Transmis sous plusieurs vagues d’encryptage, il comportait lui-même un caractère déchiffrable uniquement lorsqu’on connaissait les mots de code appropriés ; mots de code qui avaient été déterminés pour cette opération. 10-20 servait à indiquer typiquement un lieu. Puisqu’il était question de colonne, cela signifiait que le lieu attaqué était Columex, nom de code associé à la planète. Cette information, Zerath la connaissait déjà. Le fait de la répéter encore dans ce message indiquait que seule Columex était attaquée, ce qui était une excellente nouvelle. Tout se passait comme il l’avait supposé. 10-4 signifiait une confirmation : la première phrase indiquait que la flotte de Anoat était bien présente auprès de l’Empire, ainsi que l’avait supposé le Kaleesh. La seconde signifiait que les navires adverses avaient encaissé les mines orbitales. 10-36 indiquait le présent et par extension les prochaines manœuvres. Terressi indiquait que les Jedi iraient chercher le sanguinaire meneur de Anoat.

Lorsque l’enregistrement du capitaine Kung s’acheva, il prit immédiatement la parole :


« - Les forces de Mid E’Roïb le sanguinaire se trouvent sur Columex. Monarque, votre décision à présent sera destin : faites descendre vos hommes sur Arda et vous y trouverez mon aide. Comme vous m’accordez votre confiance, je vous confère ma force, mais l’heure est venue d’accomplir votre désir ainsi que le premier de mes desseins. Ministre, monarque, vous avez les premières preuves par cet enregistrement ; de l’innocence de mes forces et de la culpabilité de l’Empire. Et par ces preuves je vous consacre : les dieux vous guideront, si votre langue est juste. L’Empire, par mon audace, est éventré ; apportez la lumière sur la justesse de cet acte, montrez qu’aucun civil de ma main n’a péri, et espérez que notre ennemi soit assez lucide pour considérer négocier sa survie. Car je suis à la porte de leur antre, et leurs forces sont dispersées. Leur bouclier est baissé, nous avons la lance pour les frapper. L’heure pour vous est venue de tendre la main, pour moi de m’assurer qu’ils ne puissent nous poignarder. Pardonnez moi sur le champ, car l’œuvre que j’ai entamée doit trouver sa conclusion. Les promesses faites au présent seront tenues. »

Il s’éloigna de l’hologramme, commanda à plusieurs opérateurs alors de son lourd ton d’acier :


« - Enregistrez mes prochaines paroles. Je souhaite envoyer un message. »

« - À quel destinataire mon sergent ? »

Ses yeux brillèrent d'un éclat sauvage.

« - À la flotte impériale de Columex. »

Il balada sa griffe de fer sur son manteau, comme l’époussetant. On lui signala que les préparatifs étaient achevés. D’un hochement du menton il commanda le début de l’enregistrement. Ce serait un hologramme qui serait transmis. Un écho volontaire à la situation de Dubrillion. La guerre était une affaire de moral, autant que de matériel.

« - Bonjour impériaux. Je suis Zerath Ular’Iim. J’ai observé lorsque vous aviez eu l’audace de venir sur Destrillion, pensant que la protection du moff Stoker suffirait à vous garder de mon courroux. Où est votre moff à présent, Anoati ? J’ai vu votre monde et y ai contemplé la désolation de votre population. Vous ne trouverez pas de rédemption pour les horreurs que vous y perpétrez. Et pour le sang innocent que vous avez versé, celui qui n’était pas du guerrier, pour cette hérésie à ce qui vit et ce qui respire, vous avez invoqué contre vous les calamités. L’heure du Jugement est proche, impériaux. Il leva son bras gauche, ouvrant plus largement son manteau. Faites la paix avec vos dieux, car de ma main vous ne trouverez nulle pitié. J’arrive. »

On arrêta ici le message. Il se tourna vers ses hommes.

« - Mes soldats, prenez votre repos tant que l’heure est propice. Qu’on transmette au capitaine Darsch les coordonnées de la flotte de Ossus. Qu’il s’assure de la protection de la planète et de nos hôtes jusqu’à notre retour. Transmettez au lieutenant Goethe de patienter jusqu’à l’arrivée des forces de Ossus au sol pour avancer, à moins que des survivants en état critique n’aient besoin d’aide.

Préparez l’Aguerri ! Bientôt nous effectuerons un saut ! 
»

Zerath ignorait le profil de l’officier qui dirigeait la flotte impériale, mais il aurait été fou de baser ses actions sur une seule psychologie de toute façon. Avez-vous envisagé la possibilité de perdre, lui avait demandé Virgile. Une question ingénue, aux yeux du prélat : les batailles étaient gagnées ou perdues avant qu’elles ne soient livrées, par le choix même du lieu et de l’instant où elles étaient livrées. Et il aurait été parfaitement stupide, si à chaque étape il n’envisageait pas l’échec dans les possibilités.

Le Kaleesh n’avait pas choisi Arda pour sa base au sol. C’était un argument qui avait attiré les faveurs de Grendo, mais il n’avait que faire d’armes chimiques lorsque les batailles les plus âpres se livraient dans l’espace. Arda avait une position favorable pour la suite des ambitions de l’Ular’Iim. Il ne l’avait pas non plus délibérément prise d’assaut peu après le début des hostilités sur Columex. Les troupes impériales devaient lancer une attaque sur un monde en bordure, pour espérer affaiblir la République. Mais pareil mouvement se ferait probablement en plusieurs étapes, avec la frappe initiale puis des renforts. Ainsi Zerath avait pris le pari risqué de venir sur Arda pour y canaliser puis ravager les renforts impériaux.

Les mines placées en bordure des potentiels mondes cibles n’avaient qu’une volonté : affaiblir assez la flotte impériale pour que les défenseurs puissent la tenir en respect, mais aussi pour favoriser le déplacement desdits renforts : la flotte même que le Kaleesh venait de vaincre.

Zerath revint pensivement vers l’hologramme par lequel il s’entretenait avec Grendo et Virgile, à présent laissés en tête à tête.

Bien sûr, il n’aurait pas choisi Arda que à cet effet. Mais ses ambitions s’adaptaient avec la situation changeante, et ce qu’il avait appris de Columex et de Anoat étaient une première chose. Seconde et non moins conséquente était la présence de Ossus sur Arda, qui avait bouleversé favorablement l’ordre des choses. Ce Virgile était empli de bonnes intentions, à présent Zerath le croyait bien volontiers. Il éprouvait une certaine sympathie pour le jeune homme, car rares étaient ceux qui osaient montrer leur vrai visage à de parfaits étrangers. Il avait confié aux soins de l’Ular’Iim sa flotte pour assurer la paix ; c’était précisément ce qu’il comptait en faire. N’était-il pas juste après tout que ce soit au Kaleesh et au Kaleesh seul de mener la guerre ?

Il se stoppa, à nouveau de retour face à l’hologramme des deux dirigeants. C’en fut trop pour son dos mécanique, qui se bloqua, le paralysant dans une pose d’un dynamisme extrême mais aussi particulièrement inconfortable.

Fichue technologie!


* : Tournure honoraire de Kaleesh utilisée principalement pour s’adresser au représentant d’un monde (ici Aydux) quand celui-ci fait montre d’un honneur particulièrement prononcé.
Virgile-Auguste d'Ossus
Virgile-Auguste d'Ossus
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La situation ne pouvait être plus tendue dans le palais d’Ossus. Par quel miracle Aristophane-Charles ; le père de Virgile-Auguste avait-il pu régner pendant plus de trente ans ? En a peine un an de règle divin, le petit roux n’avait pu que s’incliner là où son géniteur avait brillé et n’arrivait plus à trouver le sommeil, croulant sous le poids des responsabilités. Pour se défense, la situation avait quelque chose de profondément inédit. Celui qui prendrait peut-être bientôt le commandement de la galaxie ne parvenait point à se faire obéir de son Général. Le Prélat de chair et de métal ne répondait plus qu’à lui-même, abrité derrière les Dieux qui comptaient tant pour lui, prêt à foudroyer du glaive divin ses ennemis.

Le dos du monarque était tâché de sueur à l’image de ses tempes, son uniforme impeccablement repassé était à la fois trop grand et trop petit. Trop grand car, il n’avait pas la trempe de Grendo qui inlassablement brillait pas sa perspicacité et son intelligence de la situation. Trop petit, car il avait l’impression d’étouffer tant il faisait chaud dans ce maudit salon. Virgile-Auguste semblait ailleurs, spectateur de la situation. Le regard hagard rivé sur les holo-écrans affichés aux quatre coins de la grande pièce. Cette impuissance il ne la connaissait que trop bien, elle était une maîtresse fidèle depuis son âge de raison. Mais cette fois, il n’y avait personne pour le sauver ; ni le flanc rassurant de sa mère dans lequel il aurait pu se réfugier ; ni la sagesse de Maître Thélophilus toujours prompt à lui dire que « tout ira bien votre Majesté ».

La voix grave du Ministre le tira de sa stase, il sursauta et inclina la tête pour signifier qu’il était d’accord. Ossus n’avait rien à gagner avec une guerre contre l’Empire. Une drôle de sensation avait empli l’air chaud de la pièce, celle d’une state antique s’écroulant, de grandeur à décadence. La vérité était que S’orn ne maîtrisait plus la situation et parvenait difficilement à cacher le désarroi qui était le sien. L’accord, quel accord ? Celui qui embrasait l’espace d’Arda, celui des cendres dispersées aux quatre vents à la surface de ce damné système ? L’accord était mort, enterré, comme l’avait été ce sommet. Tout incorrigible optimiste qu’il était, les deux monarques dans la pièce ne pouvaient être dupes.

Sur les écrans les commentateurs de toutes les espèces alternaient les plans sur les flottes qui s’affrontaient ou sur des vues satellitaires de la zone de l’explosion qui avait soufflé l’espoir de ce sommet en passant par des interviews d la nuée de diplomates à quelques dizaines de mètres de là.

Le sommet était un échec cuisant à la hauteur de la faible ambition de celui qui en était l’architecte.

Puissiez-vous me m’accorder votre clémence Père, une fois de plus je ne saurai être digne de vous. murmura le monarque dans un souffle le regard perdu sur l’hologramme de Zerath qui luisait au centre de la pièce, semblant aspirer tout l’espace. Le Némoindien se révélait à présent sous un nouveau jour, une face sombre. Quoi de plus étonnant ? Il était celui qui avait le plus à perdre ici. L’inconvénient de la République c’était qu’il fallait être élu, en monarchie absolue la question ne se serait jamais posée.

Mentir à la galaxie entière ? Sous couvert du Sommet répandre d’ignominieuses rumeurs. C’était une voie dans laquelle Virgile-Auguste ne pouvait s’engouffrer, par droiture, par esprit de chevalerie, par son honneur et son Rang. Ossus ne servirait pas de paravent à des ambitions personnelles.

C’est une voie dans laquelle je ne puis vous suivre Monsieur le Ministre. Si les alliances sont telles que vous le dites, je me réjouis de ne pas l’être.

Une litanie familière s’éleva à nouveau dans l’air, le mystique reprenait parole pour asséner une nouvelle leçon pareille à la chaleur d’un fer rouge à même la peau. Comme la fois d’avant, la réponse ne manquait pas de lucidité et démontrait la capacité tactique de celui qui brillait par son sens de la stratégie. Que venait faire la flotte d’Ossus aux abords d’Arda ? Avait-ce été l’erreur qui marquerait la défiance du peuple de sa planète ? Cette question ne trouvait de réponse et les prolixes logorrhées du Prélat aux relents de polythéisme ne l’aidait pas à se concentrer.

Les incantations du Prélat de la Lune choquèrent le bon Roi au sujet des Dieux et de la place qu’il leur était réservé. On ne rigolait pas avec la monarchie sur Ossus.

Par l’épée, par le sceptre, par la couronne et par l’anneau je suis exalté comme commandeur des croyants, Maître des armées et ordonné par Talla lui-même pour être son représentant sur Ossus. Vos paroles sont blasphématoires Commander et je ne réponds pas de vos dieux quels qu’ils soient. Je crois et espère qu’ils peuvent vous guider mais ils ne me sont d’aucune utilité ! Mais je vous dédouane de la responsabilité de l’attaque, Commander. Merci de m’avoir apporté ces précisions.

En fracas, une porte s’ouvrit sur un militaire, datapad en main. Ce dernier ploya un genou devant son monarque et s’approcha pour lui faire lire un message qui avait été réceptionné quelques minutes plus tôt par le centre de communication militaire du palais. La missive avait été enregistrée par Mid E'roïb en provenance de Columex.

« Virgule Auguste d'Ossus, mes hommages. Il est consternant que les républicains vous aient entraîné dans leurs extravagances. Si vous ne retirez pas immédiatement vos appareils de l'espace impérial, nous ensevelirons votre planète sous les décombres. M'avez-vous bien compris, petit roitelet ? »

Une mou d’effroi s’empara tout entier du visage du garçon qui se pencha en avant pour contenir une douleur soudaine dans son estomac tandis qu’une sourde terreur se rependait comme une trainée de poudre dans sa poitrine. Qui était ce dirigeant impérial qui le menaçait aussi frontalement ? Columex, ce système était voisin d’Ossus. Il serait aisé pour une flotte de se détourner vers le système du Sommet. Catastrophe, comment évaluer le niveau de sérieux de la menace ? Que faire ? Cette impuissance à nouveau. Que faire, que faire ! Un nouveau problème, une nouvelle terrible menace, le bulldozer impérial prêt à le frapper de plein fouet.

Le message fut lu à haute voix par le Roitelet dont il était question à l’attention de Zerath et de Grendo.

Que fais-on votre Majesté ? L’Etat-Major attend ses ordres. Murmura l’officier à l’oreille de son Maître.

La réponse était pourtant d’une parfaite évidence comme le nota Virgile-Auguste d’une voix si enthousiasmée qu’on aurait pu croire qu’il venait d’inventer la technologie hyperespace avec trois pièces de récupération.

Il faut prier, que l’on fasse venir mes dévots et un autel.Répliqua instantanément le Roi, terrifié par la tournure que prenaient les événements et s’imaginant que le salut viendrait du mysticisme.

Pardon ? Répliqua l’officier interloqué. Le lieutenant Abraham d’Yrrel était un sous-officier issu des quartiers pauvres, il avait arraché sa particule pour services rendus au péril de sa vie lors d’une escarmouche contre des contrebandiers Hutt. C’était un homme de terrain, loin de toutes les considérations religieuses.

Que le Seigneur Gonzague-Marie de Haut-Château réunisse une cellule de crise et fasse le nécessaire avec le Grand Chambellan. A chacun sa spécialité, que l’on amène mes dévots et un autel !

Des ordres furent criés dans des datapad alors qu’une trentaine de gradés s’affairaient pour préparer en urgence un plan d’action visant à contrer une potentielle attaque qui ne viendrait peut-être jamais. Il ne fallait surtout pas donner l’impression qu’une menace planait sur la planète tout en se préparant au pire.

Il ne fallut que quelques minutes pour que le service liturgique du clergé attaché à la monarchie ne pénètre dans la pièce. Deux hommes richement habillés de bures dorées entrèrent et s’inclinèrent devant le représentant de Talla sur Ossus. Un autre groupe d’ecclésiastiques apporta une grande icône de deux mètres de haut sur un de large sur laquelle étaient gravés trois arbres aux branches entremêlées qui se rejoignaient en un point sur lequel un animal semblable à un aigle trônait. Le Dieu Talla prenait bien des représentations différentes sur le système, celle-ci en était une, parmi tant d’autres.

L’un des hommes déposa un petit cousin devant l’icône qui fut posée debout sur le sol par un support en bois. Les deux membres du clergé se mirent de chaque côté et tendirent les mains. Les yeux fermés ils se mirent à réciter un cantique dans un idiome ancien, oublié de presque tous.

Monsieur le Ministre, si vous souhaitez-vous joindre à moi ne vous en privez pas. Commander, cette invitation est également valable pour vous. Faites appel à Talla, jamais vous serez déçu.

Le jeune Roi se mit à genoux sur le cousin et s’inclina profondément, son royal nez touchant presque le marbre du sol. L’un des hommes versa un pot contenant du pollen sur ses cheveux alors que l’incarnation divine prenait la parole d’une voix solennelle.

Talla, par la grâce qui tienne. Par le sceptre, l’anneau, l’épée et la couronne tu as fais de moi une éternelle offrande à ta gloire. Exalté et révéré par ton infinie bonté, je me présente devant toi en humble serviteur pour implorer ta sagesse.

Que Talla écoute et accorde , reprirent en chœur les deux membres du clergé à l’unisson.

Talla, veille sur mon frère, mon père et sur les Rois du passé. Ô Talla, accorde-leur de te rejoindre dans ton éclat auprès de toi. Que jamais la nuit ne les consume.

Que Talla écoute et accorde.

Talla, mère nourricière, protège mon peuple de croyants, aide-les à rester droits et dignes dans les épreuves. Que jamais la pénombre ne dévore leur cœur.

Que Talla écoute et accorde.

Talla, guide parmi les guides, offre au Ministre S’orn la droiture et la sagesse pour son ministère que sa puissance aille de pair avec sa sagacité. Que jamais le soir ne trouble son esprit.

Que Talla écoute et accorde.

Talla, de l’épée par la fleur. Ô Talla, aide le commander Zerath à triompher de ses ennemis l’épée ou la fleur seront ses instruments, qu’il choisisse avec sagacité. Que jamais le crépuscule ne le fasse frapper par injustice ou déloyauté.

Que Talla écoute et accorde.

Talla. Ô Talla, par l’épée, fais de moi ton bras armé en me donnant ta vaillance. Par l’anneau, rend moi juste et digne du mandat que tu m’as conféré. Par le sceptre prête-moi ton pouvoir et ta capacité à commander aux Hommes, par la couronne. Assure-moi qu’elle ne soit jamais au-dessus de ma tête, car tu m’as enseigné que même la plus brillante des couronnes n’est jamais au-dessus de l’esprit de celui qui la porte. Par l’anneau, garde-moi en ton sein, que jamais je ne renonce, que jamais je n’abandonne. Ton don je ne l’ai reçu que par accident, il est désormais ma charge, facilite mon fardeau. Que la nuit jamais ne m’atteigne, que la pénombre jamais ne m’engloutisse, que les ténèbres soient repoussées par le feu sacré la foi. Talla, Ô Talla, prête-moi ton pouvoir. Prête-moi ton pouvoir. Viens à moi. Pénètre-moi ! Je t’appartiens maintenant et à jamais.

Que Talla écoute et accorde.

L’holistique prière terminée, les prêtres reprirent leur cantique sous les yeux médusés de l’officier de l’Etat-Major qui attendait toujours. Depuis sa plus tendre enfance, Virgile-Auguste n’avait rien à envier à Zerath sur sa dévotion et sa piété. Grandir la plupart du temps seul dans un palais si grand offrait un territoire infini pour le rêve et la prière. Si beaucoup d’enfants d’Ossus rechignaient à se rendre aux nombreux offices du Tallisme, cela n’avait jamais été une contrainte pour le Prince puis pour le Roi qui à chaque fois se gorgeait d’énergie. En grandissant sa ferveur n’avait en rien diminué. Elle avait été interrogée, parfois brutalement par la Force et par les autres dogmes des peuples aussi divers que variés de la galaxie, mais toujours, il en était ressorti plus fort. Plus confiant.

Un dernier regard sur la relique et le Roi se releva. Digne, fier. La peur le tiraillait toujours pourtant elle s’était mêlée à autre chose. Des Jedis auraient sans doute évoqué la Force ? Le roux avait une idée, une bonne idée selon qui pourrait contenter tout le monde et auréoler de gloire Ossus sans faire capoter ce qui restait du Sommet.

Tremblant, comme possédé, Virgile-Auguste se tourna vers Grendo et d’une voix douce mais déterminée il lui tint ce langage.

Monsieur le Ministre, je m’apprête à faire quelque chose qui changera peut-être le destin de milliards de citoyens de cette galaxie. Soutenez-moi dans ma démarche et je vous couvrirai de triomphe dans mon discours de clôture, inutile de vous préciser combien de milliards d’électeurs l’écouteront. Vous l’avez dit : nos destins sont liés, vous êtes un Maître pour moi et je crois avoir un peu appris de vous.

Pendant que les membres du clergé s’éclipsaient aussi vite qu’ils étaient arrivés. Virgile-Auguste se rapprocha de l’hologramme de Zerath. Derrière le mystique et le masque se cachait un avisé, il en était convaincu. Il fallait parler avec le cœur, pour toucher le cœur et pas le métal.

Commander, nous sommes animés par la même foi. Vous êtes le glaive et je ne saurai endosser ce rôle à votre place. Le Roi fit signe à l’officier de s’approcher. Vous m’avez posé une question un peu plus tôt. Pourquoi faire intervenir ma flotte, loin de chez moi ? Sur le moment, vous m’avez vexé. Qui suis-je pour prétendre jouer au gendarme de la galaxie ? Je ne suis qu’un petit Roi d’un petit système, mon expérience est si faible… J’ai cru que c’était une erreur, mais en réalité Prélat ; vous tous les dieux m’avez apporté la réponse. Car ce chez moi est ici et partout. Ossus est une petite planète mais la galaxie entière est notre maison commune et celui qui regarde la maison brûler ne mérite pas de commander, tel était le discours de mon père. Il faut des glaives, mais il faut aussi des bâtisseurs pour reconstruire ce qui est détruit. Tel est la voie tracée pour moi.

Le visage poupin du jeune Roi avait repris des couleurs, il se sentait apaisé. Comme si une nouvelle présence rassurante le couvrait d’une aura de tranquillité, de paix. Le cœur en tempête, solide sur ses appuis.

Officier, passez-moi l’Amiral de Calincourt.

un claquement de bottes au sol plus tard.

Tout de suite votre majesté.

L’homme d’armée s’exécuta et fait apparaître avec son communicateur la silhouette grisonnante du grand Amiral de la flotte d’Ossus qui faisait les cent pas sur la passerelle du bâtiment principal de la flotte flambant neuve. Les armoiries d’Ossus et de la monarchie trônaient fièrement en arrière-plan.

Amiral de Calincourt, ici Virgile-Auguste Aydux d’Ossus, Roi et Souverain d’Ossus. Faites envoyer des fusées orange, signe de trêve en vertu du code de navigation galactique. Je veux qu’une partie de la flotte s’évertue à éteindre l’incendie causé par l’explosion de l’usine. Qu’un transport descende sur Arda, sans armes mais avec des casques bleus, drapeau blanc à la main et secoure les blessés de tous les camps. Que le reste de la flotte se désengage et retourne sur Ossus.

Le vieil Amiral qui avait plusieurs fois défié son souverain haussa les sourcils et croisa ses bras sur son torse pour manifester son mécontentement. Soulagé de ne pas partir au front dans une guerre qui ne le concernait pas, il n’en était pas moins agacé de répondre à une girouette de quarante ans son cadet. Le vieux gradé allait répondre qu’il envoyait ses hommes à la mort mais Virgile-Auguste l’en empêcha d’un sourire gorgé de la plus pure des innocences. Son nouveau titre offert par Zerath lui plaisait. Et au fond, même s’il ne croyait pas aux divinités du Prélat cyborg, il ne fallait cracher sur une aucune aide.

Nous ne sommes ni jurés, ni juges, ni bourreaux des guerres. Mais nous sommes des justes parmi les justes, des bâtisseurs. Que ma parole soit destin Amiral.

Le Roi transfiguré se retourna vers Zerath une fois que la communication avec le destroyer lourd fut terminée et que les manœuvres commençaient à être exécutés à quelques parsecs de là. Un jeu risqué, débarquer en territoire impérial de la sorte présentait un risque de mort pour les troupes. Tout au fond du cœur du Roi une voix battait la chamade : le pleutre jamais ne gagne.

Commander, Shrupak est finalement intervenu auprès de moi et m’a oint de sa grâce par votre intercession. Qu’il guide votre main à présent. Couvrez mes vaisseaux pendant l’atterrissage sur Arda. Nous venons panser les plaies et rebâtir.

Le problème n’était pas réglé entièrement mais Grendo et Thélophilus qui étaient ses deux modèles avaient montré à des maintes reprises qu’il ne fallait jamais se sous-estimer. Le Roi était intelligent, loin des plaisirs hédonistes et frivoles de la jeunesse. Sa vie entière jusqu’à l’année dernière avait été concentrée à la lecture et à l’apprentissage. Des héros antiques, aux manœuvres militaires les plus célèbres en passant par la poésie et la théologie. Son cerveau était sa meilleure arme, son innocence son glaive à lui.

Officier, je veux que l’on transmette deux messages. L’un au Seigneur Noctis et le second à l’Amiral Mid E'roïb, enregistrez.

En véritable couteau-suisse, l’homme s’exécuta et pointa vers son monarque les cheveux encore couverts de pollen un enregistreur haute fréquence. L’annonce était également adressée à Grendo.

Seigneur Noctis, ici Virgile-Auguste Aydux d’Ossus. Je n’ai guère eu l’occasion de m’entretenir avec vous et je le regrette. Je déplore également que l’issu du Sommet n’ait pas pu aboutir à de réelles avancées en matière de paix durable.

Les incidents sur Arda et Columex sont hélas la démonstration qu’il était idéaliste de ma part de vouloir mettre fin à un conflit millénaire en l’espace de deux jours. Seigneur, je sais que vous êtes un homme de raison et un sage et c’est en vertu de cela que je m’adresse à vous.

Je vais annoncer lors de mon discours de clôture du Sommet la mise en place sur Ossus d’une zone neutre permanente pour que le SGP2 soit pérenne dans le temps et que tel un arbre, il prenne le temps de pousser, peu à peu jusqu’à produire des fruits. Je souhaite faire de vous le Haut-Commissaire pour l’Empire sur Ossus, à ce titre, vous dirigerez la délégation permanente impériale sur le système. Lors du débat, j’ai cru en vos paroles lors du débat. Je sais donc que vous accepterez.

Ma seconde annonce, Seigneur Noctis, sera la création de « Organisation des Planètes Unies ». Une force diplomatique et militaire neutre, co-financée par les représentants des factions qui voudront la rejoindre. Cette organisation aura un but humanitaire, elle n’aura d’autres vocations que de guérir et de panser les plaies. Je souhaite vous y associer. Prenez le temps de la réflexion et répondez-moi pour évoquer les modalités.

Je vous salue, Seigneur.

Pour qu’Ossus nous survive.


Voilà ce qu’il fallait faire. Ce Sommet était une propagande, Grendo l’avait suffisamment répété. Ce qui manquait à la galaxie n’était rien d’autre qu’un Refuge, un havre de paix permanent où siégerait les représentants de la galaxie. Ossus pourrait s’enorgueillir

Ministre S’orn. Prenez-part à la délégation permanente, vous nommerez votre Haut-Commissaire, les Jedis en feront autant. Acceptez de rejoindre cette Organisation des Planètes Unies, vous remporterez votre élection haut la main, n’est-ce pas là en réalité ce qui compte le plus pour vous ? Un « oui », un simple « oui » et mon discours chantera vos louanges.

Comme possédé, le Roi se retourna vers l’Officier et enregistra le second message pour l’Amiral Mid E'roïb avec tout le respect et la déférance qui l'habitait.

Amiral ici Virgile-Auguste Aydux d’Ossus. Ne vous méprenez pas sur mes intentions. La flotte qui est dans le secteur d’Arda est en mission de sauvetage pour le compte de l’Organisation des Planètes Unies, elle n’est pas celle d’Ossus. Le Seigneur Noctis pourra vous le confirmer.

Un transport de troupes va être affrété pour atterrir sur Arda afin d’éteindre l’incendie causé par l’explosion et de secourir les éventuels blessés. Ce transport sera sans armes, les hommes qui débarqueront le seront aussi. Je vous demande Amiral, de couvrir le transport et de protéger les hommes de « L’Organisation des Planètes Unies » quand ils atterriront pour accomplir leur mission de sauvetage. Je ne suis pas belligèrent, ma parole est destin, et je n’en ai qu’une.

Un Amiral de votre rang ne se rabaissera pas à attaquer une mission de sauvetage.

Je vous adresse mes respects Amiral.

Pour qu’Ossus nous survive.[/color][/b]

Les dés étaient jetés et Virgile-Auguste venait d’abaisser ses dernières cartes. Si son transport était détruit, ce serait la fin de sa crédibilité, la fin de son éphémère présence comme un leader galactique capable de fédérer. L’officier fit quelques régales pour faire apparaître une vue radar de la flotte d’Ossus sur laquelle on voyait un transport de troupes se détacher de la masse sombre qui représentait la flotte pour se diriger vers Arda. Un transport sans armes. Au milieu de la folie des hommes.

Il ne restait plus qu’à prier pour que la voix du nouveau Roi de rien soit entendue par-delà les factions et les ntingences. Dans le même temps, des messages similaires seraient envoyés aux Jedis, les plus vieux alliés des Ossiens.
Grendo S'orn
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Le rituel pour devenir un homme n'est jamais simple pour ceux qui n'y sont guère préparés. Généralement la prise de conscience se fait lors d'une occasion particulière marquée par le nécessité de se comporter en adulte et non plus en tant qu'enfant. Il arrive même parfois que ce cap soit franchi très tôt à l'image de ces milliards d'orphelins de guerre, victimes des conflits successifs à travers les âges, obligés de se débrouiller seuls pour survivre. S'orn lui n'était pas un orphelin, il ne s'estimait pas non plus victime d'une guerre qui faisait rage encore aujourd'hui, il l'avait tant désiré, peut-être même un brin provoqué. Issu d'une riche famille aristocratique, le batracien faisait pour ainsi dire partie de ces jeunes éphèbes impétueux et quelque peu hautain à qui tout était permis moyennant finance. Après tout ne disait-on pas que l'argent, ce rusé charmeur, possède un attrait irrésistible ? Un vieil adage trop vite assimilé par la majorité des neimoidiens qui passaient littéralement leur vie à acquérir des objets de grande valeur et ce jusqu'au jour de leur mort.

S'orn ne dérogeait pas aux traditions ancestrales. Pire il faisait partie de ce groupe d'individus se sentant comme dominé par un instinct animal de posséder davantage de biens que ses camarades de race. Très jeune déjà il avait cette particularité stupéfiante de flairer les bonnes affaires, celles qui lui rapporteraient gros car seul le bénéfice comptait. Comme la fois où son regard avait croisé cette magnifique paire de chaussons légère et si douce conçues dans un cuir de qualité supérieur en provenance de la deuxième lune de Bogdem, et ceci alors qu'il chinait seul au marché de Zaara. Jamais il n'avait vu pareille beauté. Et pour la modique somme de dix crédits en plus. Une bagatelle. S'orn ne pouvait guère laisser passer une aussi si bonne affaire, sa première affaire qui plus est ! Peut-être qu'au moyen d'une bonne négociation il arriverait à en offrir huit, peut-être sept ou même six crédits avec un peu de chance ? Prenant son courage à deux mains, une bourse remplie de crédits à la main, le neimoidien s'apprêtait à marchander lorsqu'un vieux sulustéen rafla la mise sans mot dire. Comment résumer son état d'esprit si ce n'est la frustration intense ne pas avoir pu acquérir ces confortables chaussures aux semelles si flexibles.

Aujourd'hui, le neimoidien n'aurait pu décrire avec précision le sentiment d'indignation qui s'était emparé de son corps à l'idée de perdre son tout premier investissement. Ce qu'il se souvenait en revanche c'est d'avoir étranglé rageusement de ses propres mains au détour d'une ruelle étroite et déserte l'acquéreur de ce qu'il considérait comme son dû. Il se rappelait aussi la pression de son étreinte écrasante et de ses ongles griffes plantés autour du cou de sa proie. Et plus celui-ci suffoquait en silence sous la forte compression de ses artères carotides, plus Grendo en tirait une certaine forme de satisfaction, comme un plaisir macabre. Bientôt le sulustéen n'arrivait plus à respirer tentant vainement de se libérer de son emprise, gémissant sans qu'aucun son ne soit audible. Le regard plongé dans celui de son bourreau qui anéantissait sa toute première vie. Un meurtre de sang froid et sans une once de pitié. S'orn n'avait que treize ans lorsqu'il devint un homme, mais au moins il était bien chaussé.

« Je vous remercie d'avoir apporté la lumière sur cette affaire Commander. Ces images nous seront d'une grande utilité pour disculper la République dans ce conflit ! » lança-t-il d'une voix faussement joviale « Votre Majesté, avant que nous ne publions ces images je voudrais qu'elles soient analysées par nos services de renseignements et d'analystes. Peut-être pourront-ils obtenir d'avantage d'informations qui nous auraient échappés ... » en réalité il tardait à S'orn de faire usage de ces images, qu'il faille les employer face aux médias ou lors d'une potentielle négociation en guise de monnaie d'échange peu lui importait du moment qu'il bénéficiait lui et lui seul des avantages. La présence d'un bouclier protecteur autour du complexe scientifique excluait effectivement le moindre bombardement des forces républicaines sous la houlette de Zerath Ular'Iim, des images qui risquaient de mettre à mal les informations soit-disant vérifiées des médias impériaux maîtrisant mieux qu'hier mais moins bien que demain l’art de la désinformation et de la propagande d’État.

Bien trop obnubilé par d'insignifiantes et tortueuses réflexions, le neimoidien n'entendit rien des pas claquant sur le carrelage finement ciré qui résonnaient tout le long. Un militaire porteur d'une importante missive en provenance de Columex venait de faire son entrée. A voir les doigts crispés du jeune soldat ce ne pouvait signifier qu'une seule chose; un contretemps malheureux, un de plus à rajouter au lot. La crainte pathétique d'une ultime mauvaise nouvelle pouvait aisément se ressentir parmi les protagonistes de cette rencontre. Intérieurement le neimoidien priait l'Observateur, seule divinité en laquelle il croyait, pour que l'on apprenne la mort de celle qu'il considérait encore comme sa rivale; Emalia Kira. De par son mandat, cette dernière s'était révélée faible, vulnérable, impuissante face au conflit qui faisait rage contre l'Empire mais contre ses propres sujets au Sénat de Coruscant qui n'attendaient que le début de son procès pour en finir une bonne fois pour toute avec la Reine d'Ondéron. S'orn résista à l'envie féroce de sourire à l'idée qu'elle disparaisse enfin de son sillage. Cela lui éviterait tant de désagrément s'il elle venait à ne plus exister avant qu'il ne soit élu Chancelier. Le vieux roublard n'aspirait guère à partager la scène médiatique avec sa prédécesseur quand bien même celle-ci serait enlisée dans des procédures judiciaires sans fin jusqu'au restant de sa vie.

« Virgule Auguste d'Ossus, mes hommages. Il est consternant que les républicains vous aient entraîné dans leurs extravagances. Si vous ne retirez pas immédiatement vos appareils de l'espace impérial, nous ensevelirons votre planète sous les décombres. M'avez-vous bien compris, petit roitelet ? »

Cette missive ne portait aucune signature, aucun sceau, rien. Pour autant S'orn n'eu aucune difficulté à associer une identité à celui qu'il croyait être l'émetteur de ce message. Cette façon agressive de menacer le jeune roitelet sans retenue, la présence des troupes anoati en orbite de Columex, tout concordait à la perfection. Mid E’Roïb le sanguinaire ...  Le neimoidien grinça des dents à l'idée que ce dernier soit de la partie. Il gardait en effet un amer souvenir de sa rencontre sur Monastère avec celui qu'on surnommait aussi le Tyran d'Anoat. Non pas qu'il n'avait guère apprécié cet entretien, loin de là, E'Roïb représentait à lui seul tout ce que Grendo aspirait en terme d'autorité. Un peuple marchant au pas vivant sans cesse dans la crainte de voir son dirigeant déverser le sang par torrent sous le seul prétexte d'un léger mécontentement. Il ne se formalisait pas des Droits Intergalactique des Espèces pas plus que d'une Charte régissant le moindre de ces faits et gestes. Gouverner selon ses propres désirs et surtout sans contrainte.

Un brin angoissé, le neimoidien guettait avec curiosité la réaction du Monarque préférant d'abord rester silencieux face à cette nouvelle situation. Paralysé par l'avertissement, Virgile s'était presque replié sur lui-même comme pour digérer les menaces nullement voilées du cyborg tombé sous la coupe de l'Héritière en personne. Envoyer la flotte d'Ossus en orbite d'Arda n'avait certes pas été la meilleure idée du jeune roitelet qui peinait littéralement à garder le maintien de ces houleuses négociations. Ils étaient assis sur une traînée de poudre c'était un fait mais Virgile risquait d'allumer cette minuscule étincelle qui ferait tout disparaître en fumée.

Prisonnier de son carcan fanatique et religieux, prier Talla lui avait paru tout indiqué. Cette satanée naïveté infantile. Virgile pensait-il sincèrement que Talla ou tout autre divinité mystique lui accorderait son aide en pareille situation ? Non. En vérité le Créateur ou plutôt l'Observateur comme les neimoidiens le surnommaient, se riait de nous semant sans cesse sur notre parcours de vie des obstacles comme pour nous tester avant le jour de l'ultime rencontre. S'orn ne croyait guère en ce genre de foi capable de repousser les ténèbres par la seule prière pas plus qu'il n'y avait de dieu protecteur dans cette galaxie. Seul existait un Dieu vengeur qui nous jugerait le jour de notre mort en fonction des richesses amassées durant l'espace d'une vie.

« Me joindre à vous ? Je .. euh .. très bien votre Majesté ... » répondit le neimoidien à l'invitation de Virgile quelque peu hésitant avant d'observer le groupe d’ecclésiastiques installer l'icône haute de deux mètres sur un support fait de bois. A genoux sur un coussin, le jeune rouquin au nez collé au marbre, entreprit de prier comme il était de coutume sur sa planète. S'orn à ses côtés avait pris soin de poser un fin mouchoir en lin sur le carrelage pour ne pas salir sa luxueuse tunique. Pourvu qu'aucun journaliste n'immortalise un instant aussi gênant. Lui, occupé de prier une divinité étrangère, quelle honte.

Et quel ne fut son étonnement lorsqu'il entendit qu'un passage de cette même prière lui était réservé.

Talla, guide parmi les guides, offre au Ministre S’orn la droiture et la sagesse pour son ministère que sa puissance aille de pair avec sa sagacité. Que jamais le soir ne trouble son esprit.

Baliverne. Comme si une stupide prière pouvait le laver de tous ses pêchers ou même le mener vers le droit chemin ? C'était trop tard, pauvre Virgile, si il savait ... Cela faisait bien des années que l'esprit du neimoidien était malade, troublé par une ambition de détruire les autres tel un sadique  obsessionnelle qui se réjouissait du tourment d'autrui. Mais il se rassurait lui-même en se qualifiant de simple hédoniste; la recherche du plaisir dans la domination voir la destruction des autres voilà comment il se définissait.

Et comme à chaque fois qu'il priait, son esprit vagabondait sans qu'il ne puisse rien y faire. L'anticipation. Ne lui avait-on pas appris l'art de l'anticipation à ce petit freluquet ? Voilà l'élément qui manquait à la formation du jeune Monarque, qui sur un coup de tête, venait d'envoyer sa flotte résoudre un conflit qui ne le regardait point. Bon sang, le Gendarme de la Galaxie c'était la République et personne d'autre. Le neimoidien sa réflexion plus loin encore. Si la flotte de Virgile-Auguste avait quitté le système, qui s'occuperait des défenses d'Ossus en cas d'attaque extérieure ? Le facteur défense de sa propre planète avait-il été intégré dans cette opération ? Vu la distance avec Columex Mid E'Roïb n'aurait aucun mal à massacrer ce que bon lui semblerait ici tandis que la flotte d'Ossus ferait seulement route pour revenir. Une brèche énorme et dangereuse que Virgile-Auguste avait ouverte à l'ennemi du nord si proche et qui ne manquerait pas de s'y introduire à moins de rapidement rectifier le tir. Quoiqu'il adviendrait, S'orn sauverait sa propre peau avant celle des autres.

L'office aussitôt terminée, le Ministre se releva non sans peine mais néanmoins sans quérir l'aide de quiconque. En vérité le neimoidien était vieux, et ni ses articulations, ni ses os n'avaient réussi à affronter les dommages du temps. Grendo S'orn, tout fougueux Sénateur qu'il avait été par le passé était conscient que tôt ou tard son heure viendrait. Souviens-toi que tu es né poussière et tu retourneras poussière lui avait répété les membres du Culte de l'Observateur. Tel était le destin de chacun, S'orn n'y échapperait pas non plus quoi qu'il veuille.

Il restait maintenant à découvrir si cette maudite prière ferait du rouquin un Monarque adulé et raisonnable ou si par son insolente immaturité il briserait l'illusion d'une résolution diplomatique entre les deux grands géants. Malheureusement la révélation qui suivit lui fit l'effet d'un vrai coup de poignard en plein coeur. Comme touché en plein dans son orgueil. S'orn n'ignorait rien des ambitions d'Ossus impatient de devenir un partenaire de choix pour les deux pôles, mais les modalités exposées par le Monarque ne lui plaisait guère, pas toutes du moins. Surtout lorsque ce dernier sous prétexte qu'il était candidat à la Chancellerie et attendait ce fameux « oui » pour endosser la plus haute responsabilité de la République lui donnait l'impression qu'il devait accepter tout et n'importe quoi pour l'obtenir.

« Vous m'insultez votre Majesté ! » aboya-t-il à son attention en haussant pour la première fois la voix vers le Monarque de quarante ans son cadet, un doigt accusateur dans sa direction « Je brigue la Chancellerie certes mais je cherche plus encore à résoudre ce conflit quoi que vous en pensiez. Mes méthodes ne sont pas comme les vôtres soit, elles ne sont guère très orthodoxes c'est certain mais si vous voulez survivre dans ce milieu de gundarks avant que l'un d'entre eux ne se repaissent de votre chair je vous conseille fortement de faire d'avantage confiance à vos alliés, vos vrais alliés, à ceux qui vous considèrent ... comme un ami. » à ces mots, S'orn se serait bien vu étrangler la si frêle et petite gorge de Virgile et l'étouffer jusqu'à son ultime souffle comme il l'avait fais autrefois. Seule la présence de l'Officier le fit se résigner. Lâche, couard, il n'était même pas capable de s'opposer physiquement à deux individus, des humains par dessus le marché, ceux là même qu'il considérait comme des infâmes cloportes rampants. Et c'est lui qui visait la plus influente fonction de toutes. La méritait-il au moins ?

Son honneur défendu, du moins le pensait-il, le neimoidien marqua un temps d'arrêt propice à sa propre réflexion. De telles prises de décisions de la part du petit Monarque imposaient au batracien l'urgence de faire à son tour les contres propositions qu'il jugeait nécessaires ou du moins plus adaptées aux conditions actuelles.

« Ossus, incarnation de la neutralité, éminence grise de toute une Galaxie ... » il fallait l'avouer, cela sonnait plutôt bien. Tout en sa contemplation, Grendo S'orn porta un toast avant de boire une gorgée sans une once de précipitation « Votre planète est promise à un brillant avenir Votre Majesté, que je devienne ou non le prochain Chancelier n'a guère d'importance car le destin des vôtres est déjà tout tracé. » la poudre aux yeux, qui la refuserait ? Du plus petit prolétaire ou plus influent des dirigeants, tous se laissaient séduire par elle tel l'opium qui endormissait les sens et la logique du plus véhément des réfractaires.

« Mais pour y parvenir nous ne pouvons laisser place aux approximations, aux décisions sans concertation. Je crois fermement à l'efficacité d'un tel projet. Souvenez-vous j'étais moi-même un fervent défenseur de la création d'un Triumvirat à l'échelle galactique lors du débat qui m'opposait à Darth Noctis et au Maître Hildegarde pas plus tard qu'il y a une heure. Nos idées se rejoignent assez, à ceci près la dénomination qu'on leur accorde. » cette idée était la sienne depuis le début. Mais soit, Virgile pouvait très bien s'accaparer le mérite d'un tel projet aux yeux de la galaxie à condition d'y apporter quelques légères modifications ...

« Cependant malgré la beauté de cette perspective d'avenir, je vois d'avance plusieurs failles dans votre projet qu'il nous faudrait éradiquer avant sa fondation. Si la viabilité de votre idée vous importe, commençons par sa dénomination; "l'Organisation des Planètes Unies". Une telle appellation risque de poser question, notamment chez mes confrères du Sénat, mais plus encore au près des gouvernements locaux. Le mot "Planète" ne me semble pas du tout adapté à un projet de cette ampleur. Il n'est pas question pour la République de donner d'avantage de pouvoirs aux Gouvernements locaux, pas sous mon éventuel mandat, je m'y oppose fermement. Ce serait comme ouvrir la boite de Pandore, notre stabilité en pâtirait et la République imploserait tout simplement de l'intérieur. Non, je penche plutôt pour une appellation moins ambigüe telle que l'Alliance Galactique des Puissances Unies (AGPU). Un nom sans équivoque, pas de pouvoirs locaux, que des acteurs clés dans l'avenir de la galaxie, la République, l'Empire, ... »

Dans de telles circonstances il fallait pouvoir prendre du recul, observer, analyser, connaître et puis agir en conséquence. S'orn était habitué à ce genre d'exercice pratique de réflexion, il l'avait pour ainsi dire fait durant toute sa carrière. Puis il aborda une nouvelle faille, celle d'un acteur clé que le Monarque pensait également contacter.

« Quand à l'Ordre Jedi je ne suis pas en faveur de leur intégration à ce projet, du moins pas entièrement. Selon vos propres mots votre Majesté, cette organisation n'a qu'un but humanitaire, aucune autre vocation que de guérir et de panser les plaies de la galaxie, bien. C'est une noble cause mais comment expliquerez-vous à l'opinion publique que nous tendons la main à un Ordre qui s'est volontairement affiché comme particulièrement hostile lors du débat de tout à l'heure ? Auriez-vous déjà oublié que Maître Marja a explicitement parlé d'une tentative de coup d'Etat, en plein direct d'un Sommet visant la paix et la fin des hostilités ? Ce serait faire mourir le projet avant même qu'il ne soit fondé. Je ne suis pas fermé à l'idée d'un statut spécial d'observateur de l'Ordre Jedi au sein même de cette Organisation mais pas en tant qu'acteur clé. » rassembler Sith et Jedi autour d'une même table ? Nullement productif à en voir les premières minutes du débat diffusé en direct sur les holo-chaînes de la galaxie. Dès les premières minutes, Noctis et Marja n'avaient cessé de cracher leur venin l'un sur l'autre, les vieilles rancunes ne disparaîtront donc jamais.

« En revanche, si cela peut vous rassurer, je ne fermerai pas la porte à une étroite collaboration avec les membres de l'Ordre au sein du Gouvernement républicain, dans le cas où je serais élu évidemment. C'est un sujet épineux sur lequel j'ai longuement débattu avec mes proches partenaires du Front Libéral Républicain. L'idée d'un Ministère Jedi a même été abordée et je compte passer de la parole aux actes dès la première semaine de mon éventuel mandat. »

Il fallait parfois être conciliant, accepter de faire des compromis si on voulait un projet solide. Celui de Grendo tenait la route, il se voulait rassembleur sans être faussement naïf. Tout ceci n'était que propagande, bien, mais une propagande se devait d'être bien ficelée pour réussir à toucher un maximum de monde.

Discrètement, un serviteur vint les informer qu'une femme souhaitait les rencontrer pour leur faire part d'une missive urgente. Qui donc osait les déranger dans pareilles circonstances ? Et surtout pourquoi ? S'orn espérait qu'il ne s'agissait pas du stratagème d'un énième journaliste en quête d'une interview sensationnelle au plus près des puissants. Si tel était le cas il se chargerait lui-même de la faire déguerpir des lieux et vite. On l'a fit bien entendu entrer, dévoilant la silhouette élégante d'une Maître Inquisitrice Cathar à l'allure féline. Zinsko. Il la reconnu dès son entrée dans le salon. Zinsko. La disciple de Darth Khorog. Enfin, il allait peut-être récolter les premiers fruits de son dur labeur.

- Votre Majesté, Monsieur le Ministre, Monsieur, permettez-moi de me présenter, je suis le Seigneur Zinsko, Maître Inquisitrice au service de Darth Khorog. Excusez cette intrusion en ces temps troublés mais je suis porteuse d'un message qui pourrait modifier le court de ces négociations. Mon Maître souhaiterait vous en parler en personne si vous me le permettez ?

« Faites donc, connectez-vous à l'holo-projecteur aux côtés du Commander. »

Darth Khorog, la pièce maîtresse du jeu sournois orchestré par le neimoidien qui se rêvait déjà le prochain Chancelier. Il restait maintenant à savoir si le Seigneur Sith serait plus enclin à négocier que son acolyte du Culte Obscure. Un pari risqué mais la vipère n'avait pas encore abattu toutes ses cartes, il se révélait pleins de ressources lorsqu'il s'agissait de comploter à l'encontre de ses adversaires.

Votre Majesté, monsieur S’orn, monsieur. J’ai reçu une proposition de votre part, et je suis disposé à y répondre. Le Seigneur Noctis a été relevé de ses fonctions officielles à l’instant par le Cardinal Noir et le Conseil Noir. Il a fait preuve d’irrespect envers le Conseil Noir et de trahison envers l’Impératrice Ysanne Ha’mi. En conséquence, je suis dès à présent celui qui a été désigné pour négocier avec la République. Je puis vous assurez que nous accepterons les conditions dictés par le monsieur S’orn. De plus, la République n’est pas responsable de la destruction d’Arda-2, c’est le moff Nakris qui l’a fait pour effacer des traces flagrantes de sa trahison au sein du centre de recherche d’Arda-2. Nous étudions les pistes, mais elles pourraient mener vers un seigneur Sith dont je vais taire le nom. En revanche je peux vous dire que vous vous connaissez monsieur S’orn.
En l’état je ne peux vous promettre de miracle, c’est l’impératrice qui décidera en dernier ressort. Mais le cessez-le-feu est, de notre côté, prêt à être signé. Si vous souhaitez connaître l’avis du Conseil Noir, ma disciple fera une excellente intermédiaire le temps de mon arrivé sur Ossus.

Diviser pour mieux régner. Délicieuse sensation que de diviser ses ennemis pour mieux dominer le dénouement de ces importantes négociations. Sous le couvert d'une présumée traîtrise, Darth Noctis disparaissait de l'échiquier au profit d'un tout autre protagoniste. Khorog, membre éminent de l'Inquisition impériale, qui de plus apte pour négocier au nom de l'Empire ? S'orn ne s'était guère trompé en contactant son perfide interlocuteur trop aveuglé par sa rivalité avec Darth Noctis. Mais plus encore qu'une rivalité traditionnelle entre deux Seigneurs Sith somme toute banale, Khorog avait peut-être répondu à son appel par la peur croissante d'être lui-même éliminé comme le reste de sa flotte en orbite d'Arda-2.

Je viens d’enregistrer un message. Il sera transmis aux médias d’ici peu de temps par ma disciple, Zinsko. J’aimerais que vous le consultiez et que vous même, votre majesté, vous le diffusiez sur la fréquence médiatique officielle de la royauté d’Ossus. L’Empire est reconnaissant de votre dévouement envers la paix avec la République. Nous espérons sincèrement pouvoir nous entretenir afin de discuter de l’avenir entre personne respectable.

Révélation aussi soudaine que stupéfiante. S'orn en fût le premier surpris mais garda dans un premier temps ses lèvres scellées. Après tout, tout ceci n'était qu'un jeu immense dont-il se sentait le narrateur. Une partie d'ailleurs qui devenait particulièrement intéressante au vus des événements. Ses dés étaient jetés, son jeu sur la table en bon joueur de Sabbac qu'il était.

Quelques minutes avaient suffit pour que les chaînes républicaines ne retransmettent le message de Darth Khorog parus dans les médias impériaux. Telle une traînée de poudre l'info faisait son oeuvre et Grendo se sentait comme libéré de cette emprise médiatique qui l'avait poursuivit tout le long de ce Sommet. La République innocentée, pouvait-on lire en gros caractère sur les holo-écrans affichant toujours des images satellites de l'orbite d'Arda-2. L'armée républicaine n'était pour rien dans cette attaque, c'était un fait, un fait vérifié et corroboré par un Sith qui rejetait la faute sur la traîtrise et la négligence d'un Moff. Une tête tomberait c'était certain mais ce ne serait pas la sienne et pour l'heure c'est tout ce qui lui importait.

Flash Info : Arda-2, une supercherie sur le point d'être élucidée ?

Le communiqué a déjà fait le tour des holo-chaînes impériales et commence seulement à faire sa route sur la toile républicaine. Un discours voué à lever le voile sur ce que certains spécialistes politiques surnomment déjà la plus grande supercherie impériale visant à semer le chaos lors du second Sommet Galactique pour la Paix en cours sur Ossus.
Selon les affirmations du Haut Inquisiteur Darth Khorog chargé d'inspecter les installations bâties sur le sol d'Arda-2, l'incident aurait été causé par de flagrantes et illégales irrégularités repérées lors de son inspection sans préciser toutefois s'il s'agit de défauts de conception, de fonctionnement ou liée à une erreur humaine. La culpabilité du Moff Nakris est cependant pointée du doigt dans cette affaire sans pour autant préciser la nature exacte de son lien dans la destruction du complexe scientifique. Notons aussi que la supercherie aurait été rendue possible par le biais d'un Sith également suspecté mais aucune information à ce sujet ne nous a été communiqué pour le moment si ce n'est que la piste de Darth Noctis n'est pas écartée ...


« Je vous remercie pour votre sincérité Darth Khorog et ne peut que me réjouir de la reprise des négociations dans ce processus de paix. » lui répondit-il accompagné d'un signe bref mais respectueux de la tête. Pour autant, S'orn ne pouvait lâcher son regard des multiples holo-écrans accrochés face au mur. L'un d'eux affichait la retransmission en direct d'une conférence de presse au Palais Royal d'Ossus d'Evran Fykk, conseiller en communication de l'Ordre Jedi mais surtout de la Reine Sly Keto pour laquelle, selon les rumeurs qui circulaient au palais, le roi Virgile éprouvait un début d'affection depuis leur rencontre au gala de charité. Joindre les sentiments aux négociations ne serait peut-être pas inutile.

- Je pense que le Roi Virgile-Auguste que je connais bien doit agir avec sagesse et la plus grande des prudences. Si j’avais un conseil à lui donner, c’est de couper court à toute négociation avec le seigneur Noctis qui est publiquement accusé d'outrage à l'Empire par le Clergé Sith qui constitue la colonne vertébrale de l’Empire. Ce dernier lui a retiré son mandat pour représenter l'Empire. Poursuivre sa volonté de discussion avec cet individu considéré comme traitre risque de le mettre en porte à faux avec l’Impératrice et de nuire durablement à toute tentative de pourparlers visant à établir les premières étapes d’une paix. Par ce geste, le seigneur Noctis a perdu en légitimité pour parlementer car il ne représente plus l’Impératrice Ha’mi. Virgile-Auguste pour ne pas relancer cette guerre et briser ces efforts de paix devrait se tourner vers un interlocuteur plus crédible représentant l’Impératrice et le Conseil Noir. J’ai confiance en lui pour prendre cette décision, il a la clairvoyance et les épaules nécessaires pour être le véritable artisan de la paix que nous chérissons tous ...

Sly Keto avait parlé. Le neimoidien se devait de rester pragmatique et concentré. Après avoir fixé plusieurs secondes l'assemblée d'holo-écrans face au mur, son regard flamboyant se positionna sans ciller vers le petit Monarque.

« Au vu des récentes révélations votre Majesté, vous comprenez que nous ne pouvons continuer à négocier avec Noctis le traître ... Comme vient très justement de le dire Lady Keto, Noctis a perdu toute légitimité au nom de l'Empire pour parlementer car il ne représente plus que lui-même et non pas l’Impératrice Ha’mi » derrière son regard ambitieux se cachait la lueur vacillante d'une folie malsaine et perverse. Il devait forcément y avoir hutt sous roche entre ces deux là et il comptait bien utiliser ce semblant de romance à son avantage.

« En tant que premier ambassadeur de la République j'ai reçu du Gouvernement l'autorisation exceptionnelle de signer un cessez-le-feu temporaire. Nul traité de paix pour le moment c'est au Sénat de se prononcer sur la question, ainsi fonctionne notre démocratie. » signe que le neimoidien ne faisait pas fi de la constitution en ces circonstances inhabituelles.« Mais sachez que la République que je représente aujourd'hui est prête à accorder ce cessez-le-feu à condition que l'hypocrite Absalom soit mis aux arrêts immédiatement ! » un acteur devenu bien trop gênant pour être ignoré aux yeux de l'infâme batracien.

« Néanmoins, comme je dis toujours, à l'heure du choix chacun est libre. Votre Majesté, nous sommes à deux doigts d'obtenir cet accord que vous désirez tant, celui qui placera votre monde sur le devant de la scène politique. Je ne m'étais guère trompé tout à l'heure quand j'affirmais que votre planète était promise à un brillant avenir. Votre projet d'Alliance à l'échelle galactique je consens à le défendre fermement devant mes confrères du Sénat à condition que vous l'adaptiez selon mes modestes conseils qui ne sont pas, je peux vous l'assurer, issus d'une improvisation maladroite, ou au moins que vous y réfléchissiez ... » S'orn ne voulait rien imposer au jeune roitelet, mieux, il lui laissait l'opportunité de faire à son tour des contrepropositions. Dans tous les cas, les propositions du neimoidien offraient à la réflexion.

« L'ultime solution pour éviter l'affrontement est la concession, le Seigneur Khorog semble l'avoir compris et en guise de sa bonne foi nous a lavé de tout soupçon quand à cette prétendue attaque. Nous sommes prêt à faire de même en signant ce début d'accord ici même sur Ossus, ou ailleurs ... » des menaces à peine voilées adressées au jeune rouquin qui ne tolèrerait probablement pas qu'une planète voisine s'accapare tout le mérite de son Sommet. La crainte de voir ces négociations se dérouler ailleurs que sur Ossus était effectivement bien présente mais S'orn préférait couvrir ses arrières juste au cas où ...



Spoiler:
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Les dieux le testaient.

Car un message était venu de Columex, menace directe au roitelet de Ossus, une condamnation à mort pour s’il avait eu l’audace de pénétrer l’espace impérial. Le jeune homme avait été averti par son aîné Kaleesh : l’Empire ne prenait pas à la légère pareilles intrusions, et bientôt le bon monarque allait récolter les fruits de ses décisions. Mais à présent, au temps où le choix devait être fait, les ordres donnés, les mots parlés, alors le jeune homme avait choisi de se réfugier dans la prière.

Et ô, par Shrupak et Abesmi, par Na’gaal et Oruk, quelle prière ! Zerath, leur plus humble représentant, observait en silence ce rite profane, cette dévotion désacralisée, impudente et indécente ; qui priait à la face d’étrangers, qui se heurtait, à la plus haute Loyauté que le Kaleesh tenait de sa vie. Plusieurs prêtres, implorant du même fait et d’une même voix le même dieu ? Qu’était-ce donc ? Et qu’était-ce là que cette supplication pathétique et sobre, dépourvue de danse, de musique, d’essence ?

Sa foi était mise à l’épreuve.

Il ne pouvait être autrement. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il était ici, paralysé, prisonnier de son propre corps de fer, enchaîné dans son carcan de fer, impuissant si ça n’aurait peut-être à hurler, ordonner que l’on cesse cette vidéo infâme ! Mais Zerath demeura silencieux. Il devait comprendre pourquoi les dieux le subjuguaient ainsi à pareil artifice. Son esprit avait été testé dans son monde natal, parmi les guerres rituelles des siens. Son corps avait été livré aux flammes, reforgé dans le feu mortel au-delà de ce qu’il avait estimé concevable. Ces épreuves, il les avait surmontées. Il les avait surpassées, ces mises à mort apparentes de ses anciennes idées. Parfois s’en était-il trouvé amoindri, peut-être même le Kaleesh n’en était-il plus à sa première vie ; mais ces indices divins, toujours il les avait suivis, et au fil des années il les avait toujours compris. Que cherchait donc la destinée, aujourd’hui, lui exposant pareille ignominie ? Quelques minutes auparavant il tenait Virgile-Auguste d’Ossus comme roi qui un jour peut-être serait son allié. Pourquoi lui révéler dès à présent sa bassesse, cette abdication de sagesse à peine masquée ? Il devait y avoir autre chose. Et Zerath, immobile, tentait de percer à jour ce qui pouvait se tramer sous la surface. Les mortels faisaient des ondulations sur les lacs d’une onde pure ; habile celui apte à saisir les mouvements sous le miroir parfois calme, parfois tumultueux qu’était l’univers. Mais c’était là qu’était sa nature ; guère aux faits d’arme, il brillait du monde car il en tenait une habile lecture.

Et tandis que les hommes priaient, c’était un phénomène étrange : Zerath voyait le ministre S’orn, agenouillé. À son côté était le roi, suivi de ses deux prêtres. Tous de si riches parures, tous mains jointes, yeux clos, dans la plus grande sobriété d’attitude. Et seul l’Ular’Iim était debout. Lui, héraut de la foi des siens, seul, incapable de prier car paralysé, comme suspendu dans le temps. Lui, qui apportait la croyance par les rites de guerre sacrés, qui n’avait mené que partie de son cérémonial car son ambition était loin d’être achevée – impuissant à conjurer ses idoles. Ses yeux voyaient depuis plusieurs longues secondes cette scène, aussi figée que l’était son corps. Son regard se perdit sur les étoffes, de fibres chatoyantes, de lin ondulant et léger, de broderies dorées, de capes fines de parade, de sabres d’apparat, de joues poudrées et de peau pâle. Il dériva, sur les traits tirés, ridés, les mitres, les robes sombres, les collerettes blanches et enflées. Si proches qu’ils auraient quasiment été à ses pieds. Si loin qu’en dix siècles de voyage sidéral il n’aurait pu les toucher. Alors il comprit. Il saisit subitement, face à ces mines fermées, face à ces lèvres qui murmuraient ; il percevait les soupçons de prière, car les dieux le mettaient à l’épreuve de la plus redoutable des tâches.

Et de cette soudaine révélation, son corps se relâcha ; il sentit ses articulations s’adoucir, son dos se libérer. Sa prison d’acier était brisée. L’épiphanie l’avait frappé, et Zerath se sentait soudain comme observant une scène neuve. Ses yeux étaient toujours posés sur ses interlocuteurs, mais à présent il comprenait.

Mieux que quiconque désormais, il savait quelle voie était tracée pour lui. Les dieux écoutent mais jamais n’interviennent, telle était la première croyance de Zerath : on devait trouver en soi ses propres réponses, il appartenait à tout un chacun de surmonter ses propres épreuves, de relever défi après défi des immortels attentifs. Et lorsque le roi revint lui parler, le Kaleesh était silencieux. Il devait être de silence, car il devait observer ; les prochaines secondes décisives lui indiqueraient la marche à suivre. Il fit de son esprit un canevas vierge. Il devait écouter et réfléchir à ce qui avait été et ce qui pouvait être.

Sous les yeux de l’Ular’Iim et du neimoidien, le prince à peine tiré de l’adolescence ordonnait à une partie de sa flotte d’éteindre l’incendie et de porter secours aux rescapés. Le reste devait repartir ; et le vœux du monarque était que le Kaleesh couvre la flotte tandis qu’elle s’avançait. Le cyborg ne répondit pas. Le monarque distribua plusieurs autres déclarations, écrites et hors de la connaissance de Zerath, qui ne pouvait guère que tenter d’en supposer le contenu, mais il ne s’y risqua guère. Il devait attendre. Observer par delà les remous de la surface, comprendre tous les mouvements qui s’accumulaient un à un sous ses yeux. Grendo S’orn évoqua la notion d’une alliance de mondes à l’échelle galactique. Il semblait y percevoir que c’était une idée que partageaient Virgile et son aîné neimoidien. Un message était ainsi certainement adressé à Grendo ; ou peut-être une conversation préalable, mais de ceci l’Ular’Iim doutait, car Virgile-Auguste avait prétendu à une idée neuve et surprenante. Il devait l’avoir eue à l’instant, tandis que S’orn l’avait déjà énoncée sous un nom différent des heures plus tôt.

Mais ça n’était pas suffisant : une étrange félidé entra dans la pièce et se joint à la communication. Zerath caressa l’idée d’interrompre ici la discussion, mais il savait au fond de lui qu’il devait écouter. Il manquerait un élément crucial si à présent il se retirait. Les bénéfices surpassaient les risques. Une entité au visage hideux apparut en projection holographique. C’était un être à la tête allongée et ovaloïde, aux yeux pareils à ceux des herbivores, situés sur les côtés plutôt que de face. Il portait une peau nue cendrée, sombre à la mesure de sa robe, granuleuse à la façon de sa voix.


« - … J’ai reçu une proposition de votre part, et je suis disposé à y répondre... »

Ce pouvait-il que ce soit là le second message du roitelet de Ossus ? Non, le moment était trop restreint, trop proche. Était-ce ainsi là les machinations de S’orn, lorsqu’il s’évertuait d’une solution invisible à tous si ce n’était à lui quelques minutes plus tôt ? Ses élucubrations au sujet de Darth Noctis étaient donc vouées à ce but, le contact d’un autre seigneur Sith. Quels avaient été ses mots - diviser pour mieux régner ? Il semblait qu’un cessez-le-feu soit prêt à être signé. L’Ular’Iim observait toujours en silence. Ce Khorog désirait se rendre sur Ossus. Mais était-ce réellement au bénéfice de négociations ? Dangereux est-il, que de laisser entrer chez soi des inconnus. Le petit roi d’Ossus était-il un agneau qui à présent se livrait au loup ?

« - ...L’Empire est reconnaissant de votre dévouement envers la paix avec la République... »

Le Kaleesh tiqua. Paix était-ce ? Columex assiégée, et ils prétendaient à la paix ? Ce n’était que parce que de la lame de son esprit le prélat avait réussi à leur entailler la peau de la gorge que désormais ils montraient le ventre. Ils étaient les premiers à avoir attaqué, et maintenant ils se posaient en crucifiés malheureux et accidentels de la décision d’un homme, d’un moff traître ? Mais les nouvelles faisaient leur effet ; bientôt ce furent des annonces de ces médias qui s’étaient évertués quelques temps auparavant à clamer haut et fort la monstruosité avérée de l’armée républicaine – des hommes de Zerath. À présent, ces nouvelles frivoles, volatiles, exécrables chantaient l’innocence de son ordre, de la concorde prochaine qui peut-être viendrait entre République et Empire.

Le prélat avait vu ce qu’il était à voir. Il avait fait de son esprit un canevas vierge, d’une blancheur pure. Chaque parole, chaque protagoniste, chaque acte, un pigment. Il ne pouvait y avoir plus aucun doute désormais.


« - Lui d’Aydux, grand est celui qui perçoit le dessein au milieu de ses propres contradictions. »

Des mots qu’il avait réservés au ministre S’orn, à l’aube de leur discussion.


« - J’accomplirai votre souhait ; ainsi que je vous le promettais, j’apporterai la tranquillité que vous recherchez. Et méfiez-vous de ceux qui prétendraient à la même mais qui se hâtent pour vous évincer. »

Il interrompit alors ici l’appel, car il n’était rien de plus à dire. Zerath n’avait-il pas conservé cette discussion que pour les informations qu’il pouvait y gagner ? À présent, il était investi d’une certitude, celle de la perspective suffisante pour porter son jugement. Il avait pris le recul et purgé son esprit de tout à priori, et maintenant l’heure de sa décision était venue. Les dieux le testaient, cela oui. L’assaut sur Columex avait déclenché immédiatement une contre-attaque de sa part, droit sur Arda-2, où il soupçonnait attirer les renforts de l’Empire et alléger le front sur Columex. Il avait destiné son armée non pas à un siège long, mais à une frappe éclair. Il aurait fallu des jours pour faire tomber une forteresse de la sorte, il n’avait pas le matériel ni le temps pour pareille affaire. La présence de la jeune Lauren et de sa maître, cependant, aurait permis de faire pencher ce temps en une question d’heures. L’Empire avait décidé, par trahison ou par artifice de sacrifier le bâtiment. Peut-être avaient-ils eu vent de la présence des deux Jedi, mais ceci n’était d’aucune conséquence. Ossus était venue, s’attirant le courroux de Mid E’Roïb ; Virgile-Auguste s’était incliné face aux menaces et avait entamé la retraite d’une partie de sa flotte. Le reste, cependant, allait au sol, réclamant l’aide de l’Ular’Iim pour une protection. Mais Goethe était déjà au sol. Lui nécessitait l’aide du monarque d’Aydux et non l’inverse.
Il y avait cette faible flotte impériale, qui se refusait à fuir, qui se réorganisait difficilement mais qui finirait assurément par retrouver sa formation. Zerath ne pensait guère que l’accusé de la destruction du complexe fût véridique. Il n’aurait pas pu improviser une déflagration de cette magnitude. Et ce Khorog prétendant se diriger sur Ossus pour négocier la paix…

C’était un piège, décida le vieux cyborg. Cela ne pouvait être qu’un piège. L’ennemi impérial ne se résolvait pas à la paix, c’était une contre-attaque préparée à la hâte. Fort de la présence des médias, ils songeaient certainement que la République n’oserait pas achever leur pathétique flottille dans le système ; ce serait s’avouer bourreau sanguinaire. Par Ossus témoin et arbitre, l’Ular’Iim ne pouvait prendre cette voie. Ces Sith étaient vicieux, à défaut d’être téméraires.


« - Capitaine Darsch, rappelez vos hommes. Que tous les chasseurs qui ne sont pas en atmosphère regagnent nos hangars. Lieutenant Goethe, les forces de Ossus couvriront votre avancée. Ils ne sont pas vos alliés et ne les considérez pas comme tels, mais remontez à leur bord si la situation vient à dégénérer. Dans le cas contraire, vos ordres demeurent inchangés ; vous avez permission d’avancer, mais conservez à l’esprit que vous êtes pour l’heure isolés. Vous vous coordonnerez avec le capitaine Kung et avez tous deux pleine autorité jusqu’à mon retour. »

Était-ce l’abandon de ces hommes ? Non, songea Zerath. C’était ici le meilleur choix. Il ne pouvait décemment pas remonter à temps les hommes au sol, par opposition à ses troupes en orbite, qui regagneraient pour les forces de Darsch rapidement les hangars. De surcroît, les médias étaient toujours présents : ce serait une erreur cruciale pour l’Empire que de prendre d’assaut les forces de Ossus et de la République alors que ces dernières étaient sur un acte humanitaire. Cependant, l’Ular’Iim ne s’y trompait pas : ce n’était qu’une façade. Une façade que les impériaux seraient prêts à déchirer, éventrer, brûler si cela avançait leurs ambitions.

Les dieux testaient Zerath, mais il savait comment répondre à leurs attentes.

Il avait espéré que les dieux confèrent leur valeur à Emalia Kira ; qu’elle sorte victorieuse de son conflit sur Columex et le rejoigne sur Arda-2. Mais les dieux étaient des témoins souvent silencieux. Ils soumettaient les mortels à des épreuves, rarement en livraient-ils les clés de résolution.

En frappant Columex l’Empire s’était fait vulnérable sur ses frontières, c’était une vérité qui venait d’être vérifiée. Si Arda était une victoire, le monde républicain, lui, était encore dans la balance d’éternité des divinités ; il ne vaudrait bien que peu de choses pour la faire basculer. Méfiez-vous de ceux qui prétendent la même et se pressent pour vous évincer avait-il dit à Virgile-Auguste, car il savait : l’Empire sans doute enverrait des renforts, des renforts sur Arda-2. Oui, sous couvert de paix, ils allaient venir en masse, là où ils avaient essuyé une défaite qui menaçait leur système entier. Auraient-ils pu aller ailleurs ? Non, car leur coeur était exposé, Dromund Kaas était à portée de main. Il aurait pu porter ses doigts sur l’orbite de la capitale. Il aurait donné l’ordre, et l’on aurait livré la plus terrible bataille de cet âge, à en faire pâlir Artorias, à en faire blêmir Dubrillion et Destrillion ! Un saut, un seul, saurait peut-être marquer la fin de ce conflit.

Zerath marcha lentement vers le pont. La coordination des troupes qui rentraient dans les hangars avait lancé une nouvelle effervescence sur le pont ; on trottait, on courait ! Certains officiers, qui s’étaient adossés, se redressaient brusquement, on communiquait fébrilement les nouveaux ordres. L’étonnement était de mise, mais on écoutait religieusement les ordres donnés par ce cyborg, encore auréolé de sa si glorieuse victoire, auréolé de cet air de général qui avait sanctifié chez les siens son rôle, son destin de héraut des dieux.

Il ne faisait nul doute que l’Empire, déjà, avait anticipé son mouvement ; les flottes bougeraient pour protéger la capitale. On aurait certainement rappelé des autres systèmes des troupes fraîches, pour combler le gouffre béant creusé sur Arda-2, pour livrer une partie nulle silencieuse ; nul n’aurait osé avancer plus ici, pas sous les auspices de cette paix factice. Et l’on aurait en silence égorgé les téméraires avancés jusqu’à l’orbite de Dromund Kaas.

Serait-ce une victoire ou un échec ?

Les batailles étaient gagnées avant d’être entamées, par le choix du lieu et du moment où elles étaient livrées. Le moment était choisi et n’aurait pu être plus impeccable. L’effort impérial était déstabilisé. La flotte face à lui, sur son ordre expirerait. Les dieux le testaient : car il avait la tâche la plus ardue qui était, celle de discerner le destin de ceux qui s’étaient agenouillés et avaient prié. Il avait compris ce que les Immortels attendaient de lui. Ce n’était pas un hasard qu’il fut le seul incapable de prier, car en réalité ça n’était pas Tallia que le ministre S’orn et le seigneur de Ossus avaient imploré – les dieux ne répondaient pas aux prières.

C’était lui.

À lui et lui seul étaient adressées les prières. Et maintenant, à nouveau reclus derrière les coques épaisses de l’Aguerri, seules cloisons qui le séparaient du vide sidéral d’où les premières énergies primordiales avaient forgé le monde, Zerath savait que ses mots forgeraient le destin de millions d’individus encore à venir. Il n’avait plus les voix de Grendo ou de Virgile, plus d’informations du monde extérieur si ce n’était de ce qu’il en percevait directement, mais ce serait bien assez.


« - Tous les préparatifs sont prêts, commander. Où devons-nous sauter ? »

Les yeux du Kaleesh observèrent un moment la carcasse de l’énorme Harrower, pareille à un squelette de cétacé en acier, flottant au milieu de la noirceur silencieuse. Oui, l’Empire l’avait cerné. Ils savaient que son bluff serait sans effet, comme ils avaient visiblement ignoré son bluff de Anoat. Courait-il à la mort ? À la perte de lui, de ses hommes, de son destin ? Serait-il ainsi oublié, comme un énième amiral sans nom dans une guerre d’anonymat ?

Zerath porta son regard sur l’opérateur qui avait posé la question, ses yeux enveloppés d’un éclat émeraude surnaturel. Sa part machine et sa part de chair en harmonie parfaite, les pulsations du sang dans ses tissus au rythme des oscillations de ses processeurs, il dit, comme l’évidence, comme la seule possibilité à cette question évidente, à laquelle chacun si ce n’était lui ignorait la réponse :


« - Columex. »

Il réunirait la flotte républicaine. Prendrait en tenaille Mid le sanguinaire, privé de ses renforts, privé de l'aide qui redoutait à juste titre la chute de la capitale et soupçonnait tout autant à juste titre un énième bluff de la part du Commander. Cet avertissement qu'il avait envoyé au tyran d'Anoat n'avait pas pour but de le faire fuir, guère moins de briser son effet de surprise; c'était à l'inverse pour le renforcer. Et désormais l'heure était venue de venir au secours de la chancelière, Emalia Kira, sa générale. Il réunirait la flotte républicaine et apporterait la tranquillité à Columex, ainsi qu'il l'avait promis: tel était son rôle, de sentir le désir de ceux qu'il avait pour vertu de protéger, pour se dérober aux ordres qui ne servaient pas cette fin.

Saisir la finalité, saisir le souhait.

Saisir les remous sous la surface.

Ainsi que l'avaient toujours désiré les dieux.

Ainsi qu'ils le mettaient à l'épreuve et qu'une fois encore, il leur répondrait.
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Alors que les protagonistes échangent encore sur la meilleure conduite à tenir, le Ministre S’Orn reçoit un communiqué du grand orateur du Sénat : celui-ci l’informe que ses prérogatives de Ministre sont levées, et qu’il ne peut plus négocier au nom de la République… Sacrebleu, le même couperet connu par la Chancelière Kira quelques heures plus tôt ! Que cherchent à faire les sénateurs ? La réponse lui est rapidement connue : avoir entrevu la possibilité d’une trêve a donné au Sénat l’idée d’offrir toutes ses chances à une telle opportunité. Profitant de l’absence de gouvernement, ils ordonnent la suspension des opérations militaires et interdisent de négocier à l’ancien gouvernement de négocier au nom de la République. Dans la foulée, Zerath Ular’Iim reçoit effectivement un ordre de l’Etat-Major de suspendre toute action et de s’en tenir à une stricte défense en cas de nécessité, en attendant des ordres ultérieurs.
Le neimoidien est furax, mais se rassure bientôt : le Sénat ne sait pas encore que Grendo S’Orn reviendra bientôt à la charge… Avec un tout nouveau titre, bien plus puissant celui-là !
Virgile-Auguste, lui, entrevoit la possibilité de conclure sur une note positive la seconde édition du Sommet Galactique pour la Paix, puisque celui-ci a visiblement permis d’arrêter au moins temporairement les combats entre République et Empire !


Grendo S’Orn, Zerath Ular’Iim & Virgile-Auguste d’Ossus remporte tous trois la victoire.

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