Le Masque de la Force
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Karm Torr et sa padawan font partie de ceux qui ont reçu parmi les premiers l’alerte lancée par le Chevalier Mora via les canaux de communication de l’Ordre : le message faisait état d’une attaque subite, probablement impériale, sur Columex. Tous les Jedi à proximité du système en question étaient appelés à rejoindre des coordonnées précises pour défendre la ville, la population… Et éventuellement aider à sortir de ce guêpier le pauvre Chevalier Mora pris au piège avec les militaires dans le centre de communication principal de la planète, dont il est écrit qu’il est encerclé par des hordes de droïdes…

Très vite, ils ont reçu des messages de Maître El’Dor, lui aussi présent à proximité. Alors les deux Jedi ont laissé tomber leur mission sur Sy Myrth – une banale exploration de ruines qui ne s’enfuiront certainement pas prochainement et qu’ils auront donc le plaisir de retrouver plus tard – pour décoller en direction de Columex. Leur mission : retrouver le chevalier Mora et l’extraire du centre de communication principal qui est pris dans un assaut impérial, dans la ville d’Erebrö.
L’entrée dans le système a été quelque peu compliquée par la présence de champs de mines orbitales, heureusement indiquées par les services militaires républicains afin que les Jedi ne s’y heurtent pas malencontreusement. Il aura fallu plusieurs heures à Karm et Thann pour entrer dans l’atmosphère de Columex par le pôle sud de la planète, à l’opposé de la présence impérial, puis près d’une heure de vol supplémentaire dans le ciel pour rejoindre Erebrö.

Malheureusement, autour de la zone urbaine, la présence impériale est trop forte. Survoler la ville signifierait récolter des tirs anti-aériens et finir en confettis… Ce qui n’intéresse pas les deux Jedi. Ils sont donc obligés d’atterrir en trombe au sud de la ville, dans une forêt humide, puis de se mettre à courir vers la cité.

La ville n’est pas entourée de remparts ; Columex n’est évidemment pas préparée à ce genre d’assaut. Néanmoins, des bataillons de droïdes patrouillent tout autour et s’approcher risque d’être très compliqué. Ils ont de plus reçu des messages de Maître El’dor, qui a réussi à entrer dans la ville, les alertant que les patrouilles sont aussi très présentes une fois à l’intérieur. Cela ne va pas du tout être du gâteau…



A quelques centaines de mètres de là, Lloyd et Kolin surveillent les mouvements des patrouilles au bord de la ville depuis le toit d’un entrepôt qui surplombe les autres bâtiments aux alentours. L’ennui les a gagnés depuis plusieurs heures : ils ont assisté à cet assaut hors du commun où ce sont principalement ces machines qui ont eu à faire le sale travail. Une guerre bien différente des autres, puisque jusqu’ici peu d’impériaux en chair et en os ont eu à se salir les mains eux-mêmes.
Au début, Lloyd et Kolin ont été affectés au commandement de l’un de ces bataillons mécaniques pour vider la ville de ses habitants et de toute poche de résistance. Cela a été relativement facile, vu l’efficacité des droïdes. Tous les habitants un peu trop farouches ont été exécutés ; les autres entassés dans des bâtiments sélectionnés pour cet effet. Maintenant, il s’agit d’attendre que l’Héritière en personne vienne constater le travail réalisé par les troupes de Mid E’roïb.

Accoudé à un parapet, le hapan regarde pensivement une troupe de droïdes passer quelques mètres plus bas, en lisière de forêt.

- C’est déjà fini, on dirait, commente-t-il à l’intention du jeune Kolin. Le temps que la République arrive, on sera déjà…

Il s’est interrompu, la bouche ouverte, les yeux rivés sur la lisière de la forêt : rêvait-il ou bien quatre droïdes venaient-ils de tomber raide inanimés dans les sous-bois ?
Sous ses yeux étonnés, l’autre moitié de la patrouille se fige soudain elle aussi, et les silhouettes mécaniques tombent à la renverse. La patrouille vient d’être totalement désactivée.

- Kolin ! Il y a des petits malins qui s’amusent à désactiver les droïdes juste en bas. Je ne sais pas quelle astuce ils ont trouvé pour les désactiver, mais ils croient certainement qu’on n’a rien remarqué… Prend ton sabre et appelle une autre patrouille, qu’on aille les cueillir !



Seuls les joueurs Karm Torr, Thann Sidh, Lloyd Hope & Kolin Valkizath peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un combat purement RP, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de vos actions et de vos choix stratégiques ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Karm – Lloyd – Thann – Kolin.
Karm Torr
Karm Torr
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— J’aime bien les droïdes.

Splotch.
Splotch.

— Moins quand ils sont armés, j’avoue.

Splotch.
Splotch.

Les deux Jedis progressaient dans la forêt presque marécageuse qui entourait la ville, après quelques exercices d’équilibrisme aérien plus ou moins discrets. Aussi flegmatique qu’à l’ordinaire, l’Ark-Ni avait accueilli leur nouvelle mission comme si on leur avait proposé de se rendre à un grand salon mécanique pour découvrir les dernières merveilles de la robotique. Mais la vérité, c’était qu’il essayait de ne pas se laisser gagner par l’angoisse.

Pas pour lui.
Bien sûr.

Des champs de bataille, il en avait vu des dizaines. Des missions d’extraction aussi. De protection. D’évasion. De tout ce qu’on voulait. Il n’était pas sûr de triompher à chaque fois, loin de là, très loin de là, mais il était en paix avec la perspective de finir cribler de traits de laser, dans la fleur de l’âge, à vomir ce qui lui restait de tripes non-carbonisées dans la boue foulée par les bottes des soldats. C’était, après tout, toute la poésie de la guerre.

Mais Thann ?
Sa Padawane ?
C’était sa première vraie épreuve du feu.

Jusque là, les explorations avaient été calmes. Les imprévus, loin d’être violents. Alors, bien sûr, ils s’entraînaient, au Temple, en pleine nature. C’était un régime d’exercices rigoureux, intenses, exigeants. Karm ne comptait pas imposer la voie de la guerre à sa Padawane, mais certainement, il l’y préparait. Il aurait simplement souhaité que la guerre se présente plus tard. Ailleurs. Jamais.

Spl…

Le pied de l’Ark-Ni resta suspendu au-dessus d’une nouvelle flaque. Comme ils approchaient de la lisière de la forêt — et ils pouvaient facilement en juger, à la rumeur qui montait de la ville envahie, non loin de là —, le bruit des articulations mécaniques des droïdes qui patrouillaient devant les arbres s’était fait entendre. Ils ne s’aventuraient pas dans le couvert de la végétation dense et humide, pour laquelle leur morphologie artificielle, prévue pour un assaut urbain, était peu adaptée, mais, si la nécessité s’en faisait sentir, ils n’hésiteraient pas à trancher vif dans les arbres centenaires pour débusquer tout intrus.

Karm prit une inspiration profonde mais silencieuse. Il composa un message sur le datapad fixé à son avant-bras. C’était une technique qu’il avait développée avec Thann. Puisque la Miraluka voyait tout sans avoir à regarder, et qu’elle percevait l’énergie qui se dessinait à la surface de l’écran, il pouvait communiquer avec elle de la sorte, sans avoir à rien dire, sans même devoir envoyer le message, et risquer de le laisser intercepter. Jusqu’à lors, ils s’étaient essentiellement servis de cette petite astuce pour éviter d’effrayer des troupeaux d’herbivores craintifs, sur des planètes lointaines et exotiques.

Mais, au fond.
Un droïde, ce n’était jamais qu’une grosse vache acariâtre, avec des canons lasers à la place des pis.

Chaque escadron a un droïde de commandement. Lui doit avoir les codes d’accès pour la transmission en local. C’est ça qu’il nous faut.

Et quoi de mieux que la plus vieille ruse du monde ? Karm se baissa pour ramasser un gros caillou dans la fange, avant de le lancer de toutes ses forces — qui n’étaient pas nécessairement considérables, certes — à quelques mètres de là, dans un buisson. Un chuintement se fit entendre et, très vite, trois silhouettes de droïdes se dessinèrent non loin de là, qui avançaient péniblement entre les fourrés. Un quatrième attendait, un peu en retrait. Karm hocha la tête.

Pendant que les machines inspectaient la végétation, à moitié convaincue que c’était encore un animal qui fuyait le bruit des combats, les deux Jedis se faufilèrent subrepticement jusqu’au commandant. Quand les éclaireurs délogèrent une colonie d’oiseaux qui s’envola à grands cris en crevant les frondaisons, le Chevalier saisit l’occasion pour dissimuler le vrombissement de l’un des shotos qu’il avait finalement assemblés et qu’il alluma droit dans la nuque du droïde. La carcasse métallique s’effondra et, avec l’aide de Thann, fut promptement tirée dans un buisson.

Depuis quelques semaines, Thann avait eu l’occasion de découvrir la conception très particulière de la mécanique et de la robotique qui dominaient chez les Ark-Ni. C’était un coup à donner des sueurs froides à n’importe quel ingénieur digne de ce nom. Karm bidouillait. Il bidouillait même très bien, mais ses bricolages ressemblaient à moitié à de l’art contemporain, à moitié à une insulte lancée à la face des facultés de sciences mécaniques de la Galaxie. Mais ce qui comptait, c’est que ça marchait à la fin, et Thann était heureusement assez douée pour suivre le travail atypique de son maître.

Le Dézébuloneur, comme il fut affectueusement baptisé par le Jedi, fut assemblé en un petit quart d’heure. L’unité centrale du droïde de commandement avait été branchée sur un datapad jedi et les générateurs des blasters du défunt droïde fournissaient l’énergie au dispositif, qui transmettaient les ordres de désactivation aux droïdes aux alentours. L’engin n’était pas parfait, loin de là. Il fallait s’approcher de très près pour s’assurer d’être dans le périmètre du réseau local, et s’épargner les pare-feux des connexions plus larges de l’armée robotique.

Et puis, aussi, il fallait de temps à autre secouer le Dézébuloneur pour qu’il accepte de marcher. Les machines, c’est capricieux.

Et trois nouvelles victimes.
La première patrouille avait été nettoyée.
Karm, d’un geste de tête, désigna les premiers bâtiments qu’on apercevait depuis la lisière de la forêt, sans savoir que leur petit manège venait d’être repéré. Pour lui, il fallait profiter de l’opportunité pour s’élancer à découvert, avant qu’une autre patrouille ne surgisse, et gagner la protection relative de la ville, où à nouveau ils ne manqueraient pas de cachettes.
Lloyd Hope
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Lloyd se tenait accoudé au parapet d’un petit immeuble, pestant contre le froid et l’humidité qui s’insinuaient dans ses vêtements et ses bottes.

- Je sais pas ce que je préfère : que les droïdes fassent le boulot à notre place et qu’on se les gèle à les regarder, ou bien qu’on manque de se faire tuer mais qu’on se bouge assez les miches pour pas mourir frigorifié, grognait-il à l’intention de Kolin, qui avait adopté un autre point de vue à quelques pas de là.

Avec le temps, il avait fini par faire confiance au gamin. Au lendemain de Gree, où il avait été persuadé que le gosse allait le trahir pour s’enfuir avec cette Jedi, il s’était réveillé méchamment courbaturé… et surpris par la tournure des évènements. Lui qui avait tendance à s’attacher un peu trop facilement n’avait pour une fois pas payé le prix d’une confiance mal placée. C’était bien une des rares fois que cela était arrivé.
Ainsi, son comportement avec Kolin avait évolué vers un tutorat plus avancé et beaucoup moins de coups de poings peu justifiés. Quoiqu’il arrivât encore de temps que le gamin reçût une petite correction, c’était devenu plus que rare et cela n’engendrait pas les bleus et les contusions de leurs premières confrontations.
Le lien qu’ils avaient noué était pour le moins étrange à Lloyd, mais il avait pris à cœur de bien former Kolin et près d’un an plus tard, il était assez satisfait des progrès de celui-ci. Pour autant, le jeune apprenti restait très mystérieux à ses yeux, et bien qu’il lui fît désormais totalement confiance pour opérer à ses côtés, il se doutait qu’un jour le gosse se libèrerait de son emprise et partirait sans se retourner. Kolin était indépendant. Très différent de lui.

Bref, alors que Lloyd poursuivait ses jérémiades – cela lui arrivait souvent de se plaindre de leurs affectations devant Kolin, jamais devant le Seigneur Laduim bien entendu – ses yeux tombèrent sur le drôle de manège en contrebas, au bord de la forêt. Il fallait réagir : un peu d’action leur ferait du bien. Les deux comparses empruntèrent les escaliers de l’immeuble pour atteindre le rez-de-chaussée. Arrivé à ce niveau, Lloyd fit signe à Kolin derrière lui de s’arrêter.

- Peut-être une population locale qui essaie de se venger, supposa-t-il à voix basse. Mais s’ils ont trouvé un moyen facile de désactiver les droïdes, il va falloir les neutraliser rapidement… Autant ne pas foncer dans le tas et ne pas se faire repérer : il faut trouver qui ils sont d’abord. On se sépare et on observe. Dès qu’on a une info, on partage, ok ?

Voilà longtemps que Lloyd n’avait plus peur que Kolin prît la poudre d’escampette lors d’une mission : s’il avait voulu le quitter, il l’aurait fait depuis longtemps désormais. Non, il était encore là et il était son allié.

Sans attendre davantage, le hapan s’élança sur sa droite, dos courbé pour ne pas que sa silhouette fût repérée au travers des fenêtres, jusqu’à atteindre une porte de service. Il en sortit tout aussi discrètement et se dissimula derrière une carcasse de speeder. Puis il sortit son comlink pour le porter à ses lèvres.

- A toutes les unités du secteur B4, rapports de patrouille, fit-il sur le réseau de son secteur de commandement.
- B4-8, au rapport. Rien à signaler sur la zone affectée.
- B4-2, au rapport. Deux civils humains supprimés suite à une tentative de fuite et désobéissance au couvre-feu.
- B4-1, au rapport. Rien à signaler sur la zone affectée.
- B4-6, au rapport. Point d’intérêt stratégique découvert : le bâtiment aux coordonnées 09°184621-13°094672 contient 18 serveurs de haute capacité à proximité du centre de communication. La probabilité d’une hypothèse désignant cette zone comme une sauvegarde des serveurs du centre de communication est évaluée à 26%.
- B4-7, au rapport. Rien à signaler sur la zone affectée, cependant l’autonomie des batteries de ZJ-22S est à 25%. Passage en mode économie d’énergie pour cette unité.
- B4-3, au rapport. Point d’intérêt logistique découvert : 22 TW d’énergie cellulaire sont détectées par nos senseurs aux coordonnées 12°918364-10°287327. La probabilité de l’hypothèse désignant cette source comme un stockage civil souterrain est évaluée à 84%.

Silence sur les ondes.

- Bien bien… chuchota Lloyd pour lui-même. Les patrouilles B4-4 et B4-5 sont donc nos malheureuses victimes… Puis, portant de nouveau l’appareil à ses lèvres : B4-3, laissez tomber le point d’intérêt logistique, nous y reviendrons plus tard. Je veux que vous alliez faire un tour sur les zones de B4-4 et B4-5 tout de suite.
- Reçu. B4-3, en route.

Ne restait plus qu’à voir si cela allait forcer les petits malins à se montrer…
Thann Sîdh
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Alors qu’elle n’avait été jusqu’alors que le monstre abstrait qui avait englouti son mentor et tant de belles âmes, la guerre s’était présentée en personne ; inattendue quoiqu’omniprésente dans les pensées. Pourtant, cette première rencontre, elle ne l’avait pas abordée sans courtoisie. D’abord, cela avait été une entrevue sur Pakuuni, aux côtés des autorités locales et de son maître. L’adolescente y avait découvert les stigmates, les plaies, encore béantes pour certaines, la détresse de ceux qui avaient été injustement frappés. La galante, alors, ne la saisissait pas comme elle les avaient surpris, sans faire-part, avec son cortège de feu et de chaos. Elle avait attendue qu’elle fût ensuite sur la route Perlemienne, en chemin pour Coruscant après avoir quitté la cité meurtrie, pour se dévoiler un peu plus. Là encore, le message témoigna de la délicatesse de la dame, la violence avait déjà passé ; bien qu’ils l’ignorassent encore, le maître et l’apprentie ne découvriraient pas un ciel en flammes et les tirs, seulement leurs fumées.
Si elle avait d’abord été tendue durant le voyage, l’apprentie se surprit à découvrir une certaine sérénité en elle, alors qu’elle sortait de leur navette. Largement urbanisée, la planète était recouverte d’un important tissu de villes. Sûrement la perception de tous ces espaces habités et tranquilles avait été à l’origine de cette sérénité relative. Sur Columnex, la dame guerrière avait exercé sa violence différemment, une incision au scalpel, nette, sans bavure. Pas de pluie de météores, pas de lune détruite, pas de ciel griffés de traînés brûlantes, en un mot, pas de Dathomir. Parfois, haletante, elle s’était éveillée en sueur, les rares images des événements ayant pris corps, devant elle, durant son sommeil. La respiration douce de Seïid, la douce ambiance du Temple, les centaines de chandelles autour d’elle la calmait alors et le sommeil l’appelait à nouveau.

Comme consciente de cette crainte, la guerre se proposait à elle sous son jour le plus présentable, feignant de la ménager, et malgré la tension, malgré l’odeur du souffre, malgré l’écho des derniers échauffourées dans une Erebrö déjà soumise au joug impériale, la Miraluka se sentait sûre d’elle, de son maître et de la Force qui les guidait.


« J’aime bien les droïdes. Moins quand ils sont armés, j’avoue.

– Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui gagnât en charme à être armé, moi non plus… Vous imaginez, si j’équipais Bouteboute d’un blaster ? Avec son petit caractère, je serais certainement la première à en faire les frais. »

Un sourire s’esquissa sur ses lèvres. Un trait d’humour en marge ‘une zone de conflit, elle n’aurait pas cru le prophète qui l’en eût averti. L’humour Ark-ni commençait-il à infuser en elle ? Un mois, treize jours et quinze heures – heure d’Ondéron – qu’ils avaient décidé de poursuivre leur route ensemble ; impossible pour l’esprit de la jeune fille de ne pas tenir inconsciemment le décompte. Ils s’étaient déjà tant dit et leur relation se nouer déjà tant. Elle remerciait chaque fois la Force de l’avoir guidée là, même jusqu’au front, pourvu qu’elle pût continuer d’œuvrer à ses côtés. Alors oui, paradoxalement, elle souriait, et prendre conscience de la confiance qu’elle avait en lui, même ici, et de la façon dont cette conscience rejaillissait vers elle, vers eux, étendit encore ce sourire.

Son pas s’arrêta en même temps qu’il suspendait le sien. Aux aguets, elle lut avec attention les explications de son mentor et étendit sa perception du coup des murmures mécaniques. Ils n’étaient plus seuls. Un caillou, un éclair d’énergie, et voilà le droïde en question prestement traîné dans les fourrés. Là, la Force en était témoin, s’opéra l’un de ces miracles de reconversion mécanico-électronique que son maître appelé simplement ses « bidouillages ». N’importe quel mécanicien aurait hurlé en voyant avec quel peu de souci pour les règles élémentaires de l’ingénierie le Chevalier Karm travaillait ; Thann au contraire s’émerveillait jusqu’à être tout de même obligée de souffler.


« Attention, tout de même, si on ne rebranche pas ce condensateur ici, on risque de voir notre bijou brûler. »

Un quart d’heure plus tard et avec un petit sourire, son maître lui présentait son enfant : « Le Dézébuloneur ». Elle se retint de rire. Leurs premières victimes ne furent autres que les compagnons du droïde qui bientôt finirent de cliqueter pour s’écrouler dans la phase en un ‘floc’ admirable. La suite des opérations s’imposa d’elle-même, il fallait avancer vers la lisière de la forêt. Malheureusement, arrivés aux abords de celle-ci, ils découvrirent la large bande de terres défrichées qui séparaient le bois du couvert des premiers bâtiments. Traverser ce no man’s land, c’était se tracer sur le front une superbe cible. A quelques centimètres de son maître, la Miraluka murmura :

« La région a l’air terriblement humide, il doit y avoir un système d’évacuation des eaux de pluies quelques parts, avec un peu de chance, il sera extérieur. Nous pourrions nous introduire et…

Elle se tut. Elle venait de percevoir une présence. Sur l’autre rive de la rivière herbeuse, une nouvelle patrouille de droïde s’avançait, déployait comme pour couvrir la plus large zone, et celle-ci se dirigeait droit dans leur direction, en cadence. Floc, floc, floc, floc. Malgré toute ses qualités, le Dézébuloneur ne pourrait pas venir à bout des quatre inopportuns et il était impossible d’en désactiver un sans que l’on s’en aperçut immédiatement en ville : un droïde qui s’écroule subitement en rase campagne ne passait jamais inaperçu. En outre, tenter de fuir, de concert, à cette distance, face à des machines ouvertement en train de scanner les environs, c’était aussi pertinent que de tirer une fusée de détresse. Il fallait attendre, laisser la patrouille pénétrer la forêt et espérer passer inaperçus. Les éliminer maintenant, alors qu’une première escouade ne donnait plus signe de vie, c’était inciter l’ennemi à raser la zone à coup de turbo-lasers. L’esprit de Thann avait beau s’activer, elle ne voyait pas vraiment comment ils pourraient s’en sortir autrement qu’en se collant au tronc le plus proche – ce qu’elle fit. Alors qu’ils s’approchaient, elle sentait son pouls battre la mesure de leurs pas. Sa respiration, lente, ne trahissait pas la tension de son corps. La main sur la garde de son arme, elle attendait.

La Force les guidait. Les droïdes pénétrèrent la forêt sans s’arrêter, programmer pour se rendre droit dans une zone, ils ne s’attardèrent pas dans celle-ci. Pourtant, la situation restait critique. En inspectant la zone, ils ne tarderaient pas à tomber sur le corps de leurs camarades cliquetants, il fallait agir.


On glisse vers le nord-est et on fait confiance à la Force pour trouver ton tuyau.

Le temps jouait contre eux et progresser sous le couvert des arbres les ralentiraient et ce malgré l’habitude qu’ils avaient des escapades sauvages. Alors qu’elle s’élançait à la suite de son maître, un étrange sentiment commença de triturer son esprit. Là, à la frontière de sa conscience, il lui semblait reconnaître, de l’autre côté de la lande nue, une aura et à la fois, la distance l’empêchait d’être certaine. S’arrêter pour s’en assurer, c’était prendre un grand risque et à la fois, suivre son instinct était ce que son maître attendait d’elle. Elle marqua un temps d’arrêt, siffla doucement pour avertir son mentor, se concentra, tendit sa conscience jusque sous la roche, espérant y trouver l’anguille…
Kolin Valkizath
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La guerre ; monstre informe, affamée mais jamais repue exigeait une nouvelle fois son tribut d’innocents. Cette fois, Kolin n’en était plus la victime. Il avait été englouti volontairement depuis longtemps par les batailles insensées que se menaient l’Empire et la République. Pour la première fois ce n’était plus en tant que défenseur de la lumière qu’il se tenait prêt à jouter. La République était pourrie jusqu’à l’os et il s’était juré de la purifier en exterminant quiconque se dresserait sur sa route.

Capuche visée sur la tête pour se protéger de la pluie, Kolin observait les alentours depuis plusieurs heures déjà, les yeux collés sur ses binoculaires soniques. Protégé par un poncho vert, l’apprenti n’en était pas moins transi de froid. On avait le chic pour l’envoyer en opération dans les pires endroits de la galaxie. De la taïga lorrdienne jusqu’au soleil écrasant de Gree, il était désormais sur cette insignifiante planète aussi humide que les yeux d’une veuve éplorée.

Détachant son regard de la forêt touffue, il scruta un instant Lloyd perché sur son parapet. Son Maître partageait de toute évidence le même enthousiasme à l’idée de passer plusieurs jours à commander des droïdes de combat pour exterminer les fuyards sans défenses d’Erebrö. Ses relations s’étaient améliorées avec le Hapan qu’il avait jadis combattu presque jusqu’à la mort.

Celui qui avait été son bourreau puis son geôlier était désormais son Maître. Par un caprice de la Force, Kolin avait changé de camp et le temps qui s’était égrené lentement lui avait permis de faire confiance à Lloyd de qui il apprenait plus en profondeur l’art du combat et la caresse subtile des pouvoirs du côté obscur de la Force, ce même côté obscur qui dévorait à présent son cœur, jadis si lumineux.

Du Kolin aveuglé par la justice que Lloyd avait ramassé à demi-mort sur cette sinistre passerelle de l’astroport de Lorrd, il ne restait rien. Lloyd avait durci le cœur et le cuir de celui qu’on appelait « padawan ». Les illusions étaient mortes et leurs cendres écrasées sur la réalité de la guerre et de lâcheté des hommes dont il était devenu l’avatar. Abandonnant les Jedis, la République et avec eux, les idéaux auxquels ils avaient cru dur comme fer et qui avaient constitués la colonne vertébrale de son engagement auprès des plus faibles.

La haine qu’il avait éprouvé envers Lloyd s’était voué en une sorte de reconnaissance, c’était lui qui lui avait ouvert les yeux, lui qui l’avait rendu plus fort et moins esclave de sa propre naïveté, lui encore qui lui avait ouvert les portes des arts sombres de la Force, lui encore qui lui avait appris que la pitié et la faiblesse étaient des sentiments inutiles, lui encore et toujours qui avait empêché les apprentis assoiffés de sang de l’Académie de Korriban de l’égorger pendant qu’il se remettait de ses blessures. Lloyd avait fait beaucoup pour Kolin. Il s’en était rendu compte à posteriori mais il en était à présent absolument certain.

Kolin était mort mais de ses cendres, dans la nuit du côté obscur, s’était relevé un autre homme, prêt à combattre pour l’Empire et à détruire la République qui avait causé tant de malheurs. Un Sith assoiffé d’une violence atavique et animale que seuls les Jedis avaient sus retenir pendant des années.

Pour désactiver deux unités X-11 ce n’est certainement pas des familles qui fuient les combats, fais attention à toi. On se retrouve plus tard.

Commenta Kolin en haussant les épaules comme s’il enfonçait une porte ouverte.

C’était l’évidence même, de nombreux civils qui tentaient de fuir la ville avaient la funeste idée de passer par la forêt, s’imaginant à l’abri à l’ombre des grands arbres. Les malheureux ne savaient pas que des cohortes de droïdes de guerre les attendaient, canons lasers réglés en mode létal. La stratégie impériale était implacable : Erebrö était encerclée de droïdes, rien ne pouvait rentrer et rien ne pouvait sortir. Entre le marteau et l’enclume, les collumiens n’avaient plus qu’à froidement se faire écraser par le bulldozer impérial.

A pas de loups, l’humain quitta son bâtiment abandonné et en s’aidant de son datapad couvert de pluie, il prit la direction du secteur duquel avaient émis les droïdes détruits pour la dernière fois en pataugeant dans la boue épaisse. Peu de temps de temps après, il pénétra enfin dans l’épaisse forêt qui jouxtait la ville. Sobrement, il enjamba deux cadavres en avançant légèrement accroupi pour ne pas se faire repérer.

Je suis en route vers le point B4-4. T’es où ?

Murmura l’apprenti qui s’arrêta au pied d’un gros arbre défoncé à quelques dizaines de mètres de là où étaient tombés les premiers droïdes. Sans perdre un instant, il s’empara de son datapad et entra dans le programme de contrôle central de la petite armée. Il se connecta à l’une des unités B4-3 et afficha sur son écran ce que voyait le robot en train de se déplacer.

L’image était de bonne qualité en dépit du manque de lumière. Un nouveau tapotement sur l’écran alluma un spot placé sur la tête mécanique de la machine à tuer impériale qui arrivait au point où le contact avec la première patrouille avait été perdu. Les droïdes gisaient au sol et fait étrange, des morceaux avaient été arrachés. A l’image des usages de ces pillards qui revendaient au marché noir des pièces détachées volées. Mais dans ce cas précis, il était hautement improbable qu’un fuyard ait pris le temps de disséquer une arme aussi sophistiquée.

Lloyd, j’ai un visuel sur l’unité B4-5. Ils ont été détruits et il manque des bouts, comme s’ils étaient partis avec. Ce ne sont pas des civils, autorisation d’engager si je les trouve ?

Le coruscanti jeta un œil sur son sabre. Ce mode de guerre lui correspondait mieux. Déléguer le combat à des droïdes n’allait pas avec sa philosophie. Il ne s’était jamais senti aussi vivant que sur les théâtres d’opérations. Depuis qu’il était entré au service de la Force, il avait compris que la guerre était un mal nécessaire et depuis son arrivée chez les Siths, il était également convaincu que les civils étaient des dommages collatéraux qu’il fallait savoir accepter.

Kolin fit quelques pas pour se protéger de la pluie en s’enfonçant dans un gros tuyau qui pouvait l’accueillir debout. Il resta proche de la sortie ne prenant pas le temps d’aller voir de l’autre côté du très long pipeline.

C’est alors qu’une présence dans la Force le troubla, comme la caresse d’une amante revenue après une longue absence. Cette présence diffuse et éthérée, presque tiède qui faisait danser sa perception de la Force lui était familière par sa pureté diaphane. Comme autant de souvenirs enfouis qui remontaient. Mais il était incapable de l’identifier avec précision et ouvrir ses propres perceptions plus avant l’aurait rendu trop facilement repérable. Aucun doute en revanche, c’était bien l’aura d’un Jedi.

J’espère que tu as ton sabre sous la main Lloyd.

Le jeune homme tapota sur son datapad et pris le contrôle du droïde. Le canon de l’engin de mort ouvrit le feu vers le ciel plusieurs fois, brisant le silence et faisant fuir un jeune couple d’animaux à cornes. Kolin voulait les attirer, il voulait en avoir le cœur net.
Karm Torr
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— C’est, euh…

Ils avaient trouvé un tuyau.

— … parfumé…

C’était comme si un bantha avait trouvé une mort précoce à cause d’une violente constipation qui aurait fini par le faire exploser, puis qu’il s’était décomposé. Le tuyau d’évacuation des eaux charriait la pluie et, avec elle, tout ce que la guerre, dans la ville, avait éventré de moins glorieux : des fosses sceptiques, par exemple. Karm ne doutait pas qu’il y avait aussi, là-bas dans les égouts, des bouts de cadavre.

— C’est bien, ça me rappelle Pakuuni.

Mais l’heure n’était pas à la nostalgie de son dernier voyage dans les égouts d’une planète lointaine, en compagnie d’un contrebandier, avec son slip rouge et son sabre laser. Thann et lui avaient réussi à se soustraire à la vigilance des droïdes, en se faufilant entre les arbres, mais dès que les carcasses de leurs premières victimes seraient découvertes, nul doute qu’on quadrillerait soigneusement les bois pour les retrouver.

Des coups de blaster résonnèrent, non loin d’eux. Le temps pressait. On avait découvert les carcasses des droïdes, sans doute, et on finirait par avoir la même idée qu’eux, et par fouiller les égouts. Il fallait agir vite.

Karm activa la lampe fixer à son épaule pour pénétrer dans le tuyau, à quatre pattes. Heureusement que ni Thann ni lui n’étaient très grands, parce que le conduit était étroit. La plupart des eaux usées étaient soigneusement recyclées par des stations dernier cri et il n’y avait guère que le surplus de l’eau pluie qu’on n’était pas parvenu à capter dans des citernes qui étaient rejetés dans la forêt. Le débit n’était pas considérable et les tuyaux rarement visités : seuls des petits droïdes y assuraient, deux ou trois fois l’an, l’entretien nécessaire.

Un peu plus tôt, dans la forêt, alors qu’ils progressaient pas à de loups dans la boue et les feuilles mortes, battus par la pluie, en tendant l’oreille en quête de cliquetis métalliques, Karm avait cru percevoir la présence de quelqu’un d’autre. Quelqu’un dans la Force. Naturellement. Des Siths étaient là pour superviser les opérations. Des Siths qui finiraient par les traquer beaucoup plus efficacement que n’importe quel droïde.

L’idée de dissimuler sa présence dans la Force l’avait effleuré un instant, et puis il l’avait rejetée aussitôt. D’abord, il n’était pas si doué que cela à ce petit jeu. Pas Sentinelle, certainement pas Ombre, il avait toujours eu d’autres priorités. Et Thann en était probablement encore incapable, à ce stade-là de sa formation. C’eût été une perte de temps. Le plus sage était d’atteindre Mora au plus vite, de l’aider à résister ou de l’exfiltrer, si la situation l’imposait.

Quelques dizaines de mètres plus loin, les deux Jedis purent se redresser, dans une vaste cave circulaire. Karm décrocha la lampe à son épaule pour balayer la salle du regard. D’autres conduits, en hauteur, déversaient les eaux de la ville dans un bassin de décantation. Des valves filtrantes assuraient ensuite l’écoulement des eaux dans le tuyau qu’ils venaient d’emprunter, tandis que tout ce qu’elles avaient charrié jusque là, demeuré au fond du bassin, était expulsé ensuite vers une unité de traitement.

Ce jour-là, l’eau noire était mêlée de sang, de chair brûlée et de gravats. L’attaque sur la ville avait dû impacter, ailleurs, une autre partie du dispositif, parce que le bassin de décantation commençait à déborder. Dans ces conditions, emprunter de nouveaux tuyaux paraissaient dangereux. Au mieux, ils pouvaient finir noyés. Au pire, la Force seule savait quel broyeur fou s’agitait en amont.

D’un geste de la tête, Karm indiqua les échelles de service qui couraient le long des murs. Elles débouchaient probablement quelque part dans un local municipal, à la surface, et ils seraient forcés de quitter l’abri relatif des souterrains, mais c’était un moindre mal.

— Une seconde.

Splotch.
Splotch.

L’Ark-Ni s’approcha du bassin de décantation, pour jauger du dispositif. La pestilence ne semblait pas l’affecter, mais c’était qu’en bon explorateur, il avait eu son lot de marais infects et de grottes où des bêtes sauvages entassaient les carcasses faisandées de leurs proies. Sans compter la gymnastique avec des zombies, Korgan et Maître Marja, dans une jungle lointaine.

— Bon, j’avoue, j’aurai fait des trucs plus subtils dans la vie, mais…

La brève lueur d’un sabre bleu éclaira un instant la caverne, alors que le vrombissement de la lame laser se mêlait aux gargouillis de l’eau. Le Jedi l’enfonça dans la valve, tranchant au petit bonheur la chance, avant de rétracter la lame. Le courant fit le reste : l’eau arracha ce qui restait du filtre et le flux, dans le tuyau qu’ils venaient d’emprunter, commença à grossir, et grossir, et grossir. C’était désormais un torrent d’immondices, un bouillon saumâtre qui rendait leur chemin d’accès quasiment impraticable.

Karm rangea son sabre pour emprunter l’une des échelles et se diriger vers la surface.
Lloyd Hope
Lloyd Hope
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- Sud-est de notre précédent point de vue. B4-4 et B4-5 sont les victimes ; j’ai envoyé B4-3 vers toi, tu devrais les voir arriver d’ici quelques minutes.

Une fine pluie commençait à s’égrener doucement sur les cheveux désordonnés du hapan. Il se hâta de resserrer son col, par lequel entrait le froid et l’humidité, tout en jetant un coup d’œil au-delà du speeder qui le dissimulait au milieu de la rue. Mais dans son champ de vision, rien ne paraissait anormal : la lisière de la forêt demeurait silencieuse, les branches se mouvant comme les membres d’un seul être au gré du vent.
Enfin la rue s’anima lorsqu’un nouveau petit groupe de droïdes apparut au coin de l’immeuble le plus proche, au pas cadencé, pour rejoindre le forêt. Lloyd profita du bruit qu’ils faisaient pour quitter sa cachette et les suivre à bonne distance. La voix de Kolin grésilla de nouveau dans le comlink, qu’il avait gardé serré dans son gant de cuir.
Des morceaux de droïde disparus, vraiment ? Il avait été mécano dans une autre vie, et pour lui cela voulait dire deux options : soit quelqu’un avait eu l’idée sans doute judicieuse d’estimer que les pièces détachées se revendraient à prix d’or sur le marché noir, mais cela supposait que les voyous en question soient aussi suffisamment courageux pour s’attaquer à l’Empire et ça ne collait pas au profil. Le deuxième scénario, c’était que quelqu’un cherchait à bidouiller les droïdes de l’Empire, peut-être pour les retourner contre eux, et ça ne lui disait rien qui vaille.

- Affirmatif. On dégomme et on pose les questions ensuite. Pas d’acte héroïque, hein gamin ? Tu te retires si ça se corse.

Lloyd préférait préciser. Il fallait dire que Kolin était du genre à se jeter dans le tas au pur mépris de sa santé, voire de sa vie. C’était probablement ce gros défaut qui l’avait d’ailleurs amené entre les mains de l’Empire et le hapan ne cessait de s’étonner qu’avec un tel tempérament, Kolin eut survécu à plusieurs batailles. Darth Laduim, son propre maître, aurait certainement fait remarquer à Lloyd que c’était toujours bien utile qui était prêt à mourir avant son maître, mais Lloyd repoussa fermement cette pensée : il s’était soumis au seigneur Laduim pour des motifs certes honteux et égoïstes, mais il n’avait jamais partagé l’aisance avec laquelle Laduim tuait. Ce n’était pas tant que ça qu’il s’était attaché à Kolin, c’était plutôt que… que… Bref.

Tout en hâtant le pas pour suivre la trajectoire du groupe de droïdes, le hapan porta de nouveau le comlink à ses lèvres, mais il en avait déjà changé la fréquence.

- B4-3 ; si un combat s’engage, vous couvrez Valkizath.
- B4-3, bien reçu.

Lorsque la patrouille parvint près de la rivière herbeuse, Lloyd bifurqua pour les laissa poursuivre leur chemin : il cherchait un point de vue plus en hauteur pour voir comme serait réceptionnée la patrouille par leurs invisibles adversaires. Il laissait courir son regard sur les débris de la ville : un abri à demi effondré devant lui ferait certainement l’affaire. Avant qu’il ne l’ait atteint, cela dit, des tirs résonnèrent et par pur réflexe, Lloyd se courba. Mais il n’y eût rien ensuite. Il tâta la Force à la recherche de son apprenti… Dont la présence était stable, à une cinquantaine de mètres devant lui. Il n’était pas engagé.

- C’était quoi, ça ? finit-il par chuchoter dans son comlink à l’intention de Kolin.

La patrouille, toujours dans son champ de vision, était arrivée à la lisière de la forêt, près de laquelle elle s’immobilisa. Lloyd retint son souffle, se concentra… Mais au bout de plusieurs minutes, il ne se passait plus rien. Le hapan fronçait les sourcils, accroupis sur ce qui avait dû être un toit quelques heures plus tôt. Il avait la désagréable sensation que les adversaires n’étaient plus là. Jouaient-ils avec leurs nerfs en les faisant patienter ou bien étaient-ils déjà partis ? Déjà passés à l’intérieur de la ville ? Mais qui voudrait entrer dans une ville bombardée par l’Empire ?

- Kffffff… Message à toutes les troupes au sol. La flotte se désengage momentanément de l’assaut de surface. Je répète, la flotte se désengage de l’assaut en surface de Columex. Il est ordonné à l’avant-garde de maintenir le siège jusqu’à nouvelle disponibilité de la flotte.
- Hé merde, pesta le hapan. Kolin, la flotte a des ennuis, on est seuls avec nos droïdes. Si tu revenais dans mon champ de vision ? J’ai pas l’impression que…

Glouglouglou.
Schblof, glouglouglork…


- C’est moi où cette rivière faisait vraiment un drôle de bruit ?

Sous les yeux ahuris de Lloyd, le courant d’eau était perturbé par une activité étonnante consistant en une coloration noirâtre et des remous inhabituels. Il fallut quelques secondes au hapan pour comprendre que quelque chose était en train de se déverser avec une certaine pression. Leurs amis n’étaient donc pas encore partis…

- Ils jouent avec les égouts, commenta Lloyd à l’attention de son apprenti. Tu sais ce que ça veut dire… Ils sont en-dessous ! Ramène tes miches Ko ! Il faut réussir à les tracer !

Ce serait plus facile à dire qu’à faire. La Force n’était pas une alliée imparable pour Lloyd ; il s’en servait davantage au combat que pour des subtilités de détection, mais il tâcha de se concentrer pour tirer un maximum d’indices, tandis qu’il dévalait son promontoire de fortune. Une fois en bas, cela dit, il s’immobilisa net.

- Kolin ? T’approches pas des égouts et reste en surface, compris ? puis, après avoir fait rapidement tourné la rondelle de commande sur son comlink. B4-7 ! Au pas de course, rejoignez les coordonnées signalées par B4-3 au sujet des réserves d’énergie souterraines. Vous me faites péter ça le plus rapidement possible !
- B4-7, reçu. Nous nous rendons au point de coordonnées 12°918364-10°287327 pour poser une charge explosive dans le lieu de stockage souterrain.
- Au pas de course, B4-7, ça urge !

Si avec une telle détonation les souterrains de la ville ne seraient pas au moins remplis de fumée et impraticables…
Thann Sîdh
Thann Sîdh
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Malgré son sentiment, le temps qui la pressait la poussa à reprendre la marche au plus vite et à ne pas poursuivre son intuition. Si elle ne pût aller jusqu’au bout de la seconde, du moins sa première intuition s’avéra être bonne puisque l’entrée d’une canalisation se présenta bientôt à eux, caressant leurs visages de son odeur putrescente. Un haut le cœur s’empara de l’estomac Thann qui se couvrit spontanément le nez, l’odeur de ses gants ne couvrant qu’à peine l’ordure charriée par le courant d’air. Était-ce surprenant qu’à quinze ans elle n’eût pas encore eu l’occasion de visiter pareil paradis pour charognard ? Elle parvint difficilement à maîtriser son dégoût et ce malgré les commentaires de son maître – au moins l’évocation de ses exploits sur Pakuuni lui rappela l’amusante tenue avec laquelle chacun ou presque, au Temple, lui avait taillé un sobriquet raffiné. Elle se promit d’apprendre au plus vite les techniques qui lui permettraient de former autour d’elle une bulle d’air pur et, rassemblant tout son courage d’adolescente, se recomposa un visage.

« Et vous avez évolué là-dedans, en slip ? Comment avez-vous pu en ressortir sans le typhus chagrien, la peste coruscanti ou le tétanos mandalorien ? »

Sa voix, toute nasillarde parce qu’elle essayait de ne respirer que par la bouche, donna au tout un caractère d’autant plus cocasse dont ni elle ni son maître ne purent pourtant profiter. Dans la forêt, des tirs avaient résonnés, ils étaient suivis.

« Maître, vous les avez certainement senti vous aussi mais… tout à l’heure, j’ai perçu une présence obscure en lisière de ma conscience. Ce ne sont pas de simples droïdes qui mènent la chasse. »

Le formuler ainsi rappela à la Padawane la réalité de leur situation et le danger de mort qui planait sur eux. Son maître lui échangea un regard dont le sérieux valait tous les discours et l’invita à s’engager la première dans les canalisations ; le danger, s’il survenait, les surprendraient sur leurs talons.

La Force ne s’encombrait pas de concept comme la luminosité, si le chromatisme lui échappait, elle évolua sans peine et sans lampe dans les boyaux de la cité, pataugeant dans une mélasse dont elle préférait ne pas prendre en considération la nature. Si l’air était encore moins respirable dans ce goulet d’étranglement, du moins le filet d’air qui embarquait les fumées nauséabondes vers l’extérieur évitait aux lieux de devenir absolument étouffants.

Le périple à quatre pattes fut bref, du moins objectivement, puisqu’il se termina après qu’eurent été parcourus une dizaine de mètres, tout au plus. Ils arrivèrent dans une salle circulaire, voûtée, bien plus haute de plafond que le tuyau qui les accoucha. Redressée, Thann essaya en vain de débarrasser ses mains de la poisse qu’elles avaient accumulées en remontant le tuyau mais le résultat fut assez mitigé et tout ce qu’elle parvint à faire, en grimaçant, c’est étaler un peu de poisse sur son ventre, et ses cuisses : plus jamais elle ne pourrait porter cette tenue.

Dans un lieu si sombre, la Padawane avait pris l’habitude de servir d’éclaireur et d’étendre rapidement ses sens pour saisir toutes les singularités d’un lieu – là où la lampe de son maître le condamner à un maigre faisceau pour découvrir l’endroit – et, une seconde fois en peu de temps, le péril se rappela à elle. Cela lui échappa :


« Maître, il y a des gens, là-dedans… »

Qu’eût-il pu répondre ? Elle soupira, murmura un mantra souhaitant à ces pauvres hères de trouver la paix dans la Force et se détourna de cette vision d’horreur. Le mal avait été fait, à cet instant, elle ne pouvait plus rien pour eux. Oublieuse de l’endroit, elle prit une profonde inspiration, pour essayer de retrouver pleinement ses esprits, laquel se finit en quintes de toux dégoûtées qui eurent au moins le mérite de chasser les autres realia de sa pensée. Alors que son maître lui indiquait une échelle de service, à quelques mètres, elle n’eut pas le temps de l’atteindre qu’il trouvait une idée pour sécuriser leurs arrières. Même un Sith ne méritait pas de se retrouver noyer dans ce qui se déversa derrière eux.

Heureusement pour eux, l’échelle était prévue pour des agents techniques et visiblement, la cité était soucieuse des normes de sécurité puisqu’ils disposèrent d’une rambarde et de barreaux anti-dérapants : ce qui n’était pas un luxe lorsqu’on avait les pieds, les mains et tout le corps graisseux et glissants. La surface rapidement gagnée, les Jedis découvrirent qu’ils étaient effectivement parvenus à traverser la lande herbeuse pour gagner directement la ville. Ils mirent la forêt dans leur dos et se dirigèrent vers le cœur de la ville mais de nouveau, la même sensation qui avait titillé la conscience de l’adolescente dans la forêt revint la taquiner, de même la désagréable sensation d’être observée.

En silence, le maître et l’élève gagnèrent la ruelle la plus proche et, Thann l’espérait sans pouvoir s’en assurer, certainement la plus sombre. Dans le ciel, au-dessus d’un toit, elle devina l’orbe de la lune suffisamment haut dans le ciel. En entrant dans la forêt, elle avait vu mourir le jour et la nuit, à présent, lui avait pleinement succédé. Entrer dans un bâtiment ? Malgré les destructions occasionnées par l’attaque, ils étaient clairement dans un quartier résidentiel, si bien qu’il était évident que ceux-ci n’allaient pas être reliés entre eux. Passer par les toits ? Et se rendre ainsi aisément perceptibles sur l’horizon ?

La seule solution semblait être d’avancer à pas de fourmis en évitant les patrouilles et saisir les occasions d’avancer plus vite ; comme lorsqu’une énorme explosion fait trembler la terre tout autour d’eux et soulève, simultanément et un peu au hasard, quelques plaques d’égouts pour que s’échappassent d’énormes nuages de fumées.


Pas le temps de comprendre, on avance, reste tout près de moi.
Kolin Valkizath
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C’était moi ça, une diversion mais je crois que c’est raté.

Répondit l’apprenti à son Maître via son comlink en déconnectant la console de contrôle des droïdes de son datapad. C’était forcément une mauvaise idée à y réfléchir, personne de censé ne se serait dirigé volontairement vers des coups de feu. Personne, à part lui-même bien entendu.

Toujours au bout de son tuyau qui refoulait une odeur fétide de fèces, Kolin se remit en route et quitta son abri de fortune qui tout malodorant qu’il était avec le mérite de le protéger du crachin ambiant. Avançant avec prudence à la lisière de la forêt et de la ville, l’humain tâchait de se camoufler au mieux derrière la verdure dense tout en s’arrêtant régulièrement pour scruter les environs avec ses binoculaires soniques qui affichaient les sources de chaleur en orange. A part quelques animaux sauvages et des oiseaux, la forêt était totalement vide. Ses adversaires se terraient comme des animaux, fragiles et couards Jedis qu’ils étaient, incapables de combattre à la lumière qu’ils affectionnaient pourtant tant.

Super nouvelle, avec un peu de chance on va finir par se faire capturer par l’Ordre Jedi.

Grommela Kolin au comlink en apprenant que la flotte et ses généraux d’opérettes avaient décidé de les laisser seuls sur ce caillou. L’incompétences des amiraux était décidément un trait commun partagé par l’Empire et la République et il en avait fait l’expérience à plusieurs reprises, en particulier sur Félicia, quatre ans plus tôt.

La réponse de la localisation des Jedis lui fut apportée au creux de l’oreille par son Maître : les égouts.

Je te rejoins et aucune chance que je descende là-dedans ça me rappellerait trop de souvenirs. Répliqua-il un brin caustique. Il se remémora un souvenir d’une fuite dans les égouts de la cour des miraculeux. Après le vol d’une cargaison destinée à un lieutenant d’un gang dans les bas-fonds de Coruscant quand il n’avait pas dix ans, lui et son frère avaient passés une journée entière prostrés dans un tuyau. Les ordres du Hapan aux droïdes lui arrachèrent un sourire alors qu’il scrutait toujours la forêt dissimulée derrière un rocher. Faire exploser l’usine qui permettait de réguler le débit d’eau aurait pour conséquence de remplir le réseau des eaux usés forçant ainsi les charognards à sortir de leur cachette.

Excellente idée, ils vont finir noyés comme des rats.

Lloyd avait de la ressource et n’avait pas peur d’user de grands moyens. C’était un trait de caractère particulièrement apprécié par Kolin qui lui aussi n’était jamais effrayé pour sortir des chemins battus afin arriver à la réalisation de ses objectifs. C’était souvent au mépris des règles, du bon sens ou de sa propre sécurité mais tout cela est secondaire. La force de caractère qui manquait à Lyrae et que son nouveau Maître usait avec intelligence lui plaisait, la puissance du côté obscur distillée dans les veines de Lloyd le fascinait, il voulait l'imiter.

L’explosion retentit avec fracas dans la ville ce qui obligea Kolin à se boucher les oreilles sous la force de la bombe qui avait explosé une centaine de mètres plus loin à peine. Le gros tuyau où se trouvait Kolin quelques minutes plus tôt dégorgea une trombe d’eau souillée dans un grand bruit d’évier. Ailleurs dans l’immense forêt d’autres plaques d’accès au réseau souterrain explosèrent sous la pression de l’eau qui jaillissait noyant complétement les tunnels.

L’ancien padawan ouvrit ses perceptions de Force au maximum pour tenter de repérer la présence des fuyards en scrutant la forêt binoculaire collé au visage. Toujours rien ! Véritablement agacé, il se retourna vers la ville à quelques dizaines de mètres à peine. Le réseau d’égouts passait forcément par les habitations et les immeubles d’habitations à la lisière de la lande possédaient forcément des systèmes d’évacuation. C’était évident, les rats étaient retournés à leur habitat naturel : la cité. Une ville un terrain bien plus propice pour se camoufler.

La présence qu’il avait senti un peu plus tôt était toujours présente, diffuse dans la Force pareille à un amas d’atomes en mouvement qui dansait joyeusement. Il n’était pas assez adroit pour la repérer précisément mais une chose était sûre, la forêt était déserte.

Ils sont entrés dans la ville, rejoins-moi et fait converger les droïdes dessus.

Il se mit ensuite à courir, les dents serrés, avide de combat et de sang. Son aura noirâtre ouverte à son paroxysme crachant la haine et la colère d’avoir été berné. La vision d’Erebrö était apocalyptique, les ruelles étaient défoncées ou couvertes de gravats. Les bâtiments qui avaient échappés aux bombardements étaient dans un piteux état, toutes les fenêtres étaient explosées. Une fumée acre s’échappait de plusieurs speeder en feux au milieu de la route. Des cadavres par dizaines jonchaient le sol.

Je vais prendre de la hauteur pour essayer de les trouver. Dit Kolin à Lloyd devant un bâtiment de six étages.

Après avoir accroché ses binoculaires à sa ceinture, l’humain entreprit d’escaler le bâtiment par les balcons qui offraient assez de prises pour permettre une ascension sans trop de risques. Rompu à cet exercice même en dépit de la luminosité qui déclinait, il fut rapidement au cinquième étage et s’agrippa au balcon. Debout sur la rambarde, Kolin se préparait à monter au dernier étage mais s’arrêta pour découvrir dans l’appartement deux civils prostrés contre un mur. Une femme et une enfant, terrés. Minables, incapables de survivre. La chance lui souriait. Pourquoi courir après deux Jedis alors qu’il pouvait utiliser leurs faiblesses contre eux ?

Tétanisée, la femme se mit à crier et resserra l’emprise sur sa fille âgée de dix ans à peine en apercevant un apprenti Sith, blanc comme neige s’approcher, le regard noirci par la colère et la fatigue.

Je suis au cinquième d’un bâtiment civil coordonnées : 334-223-989-934. J’ai une idée pour faire rappliquer les Jedis, essaye de me rejoindre, je crois que la porte du hall au rez de chaussée est défoncée, tu vas devoir passer par l’extérieur ou par le toit.

Kolin voulait prouver à Lloyd que plus rien ne pouvait l’arrêter. Il leva la main vers le couple et usa de ses pouvoirs pour projeter la femme sur le mur opposé. La malheureuse poussa un nouveau cri strident d’impuissance quand l’humain attrapa par le cou la petite fille et la força à se lever. La mère, désespérée et horrifiée brava sa peur pour essayer de se jeter sur Kolin qui la repoussa sans sourciller grâce à la Force. Pas même un regard ne lui fut accordé quand elle s’écroula de douleur. Sans plus de douceur, il conduisit ensuite la fillette sur le balcon. Il la porta sur le petit muret qui donnait sur le vide en la retenant toujours par le cou, serrant son étreinte pour qu’elle ne chute pas dans la ruelle.

Son comlink avait été volontairement laissé ouvert pendant la manœuvre pour que Lloyd entende les cris. La terreur et la détresse, pour qu’il comprenne que désormais le Jedi qu’il avait été était mort et enterré. Il fallait qu’il soit fier de son élève, fier de ses initiatives pour gagner, pour écraser, pour dominer, pour annihiler. La victoire n’appelait aucune explication. La défaite n’en tolérait aucune ; le dogme de l’Empire était devenu le sien.

Au nom de l’Empire ! Jedis, vous qui vous cachez. Je vous laisse deux minutes pour vous montrer. Où je vous jure que je la jette par-dessus bord.

Il avait littéralement hurlé et répéta plusieurs fois sa sentence. Les cris stridents de la fillette entrecoupés de pleurs raisonnèrent sur le balcon.

Ne t’en fais pas, les héros de la galaxie vont arriver pour te sauver, c’est ce qu’ils font presque toujours.

Glissa-il ensuite à l’oreille de la fillette qui ne se calma pas pour autant. Stratégie volontaire, plus la gamine hurlait, plus les rats risquaient de l’entendre. Continuité logique de sa méthode, il secoua la petite pour qu’elle pleure et hurle encore plus fort alors qu’il se remettait à crier de plus bel. Il ne manquait plus que Lloyd pour terminer ce tableau barbare.
Karm Torr
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Mora ?
Mora Mora ?
(Mora ?)

Tapis contre ce qui restait d’une épicerie (« -50% sur les épices de Ryloth, une affaire à saisir avant la fin du mois ! »), Karm releva les yeux de son datapad pour considérer les alentours. Toujours pas de signe de vie du Chevalier qu’ils venaient secourir. Difficile de ne pas imaginer le pire. Tout laissait penser que, quelque part dans les ruines du centre de communication, Mora gisait éventré, les boyaux infestés déjà par la vermine, une poutrelle métallique en travers du crâne.

Entre l’explosion qui trahissait sans doute possible qu’on s’était lancé à leurs trousses, la présence des Siths qui planait au-dessus d’eux, sentie par Thann aussi bien que lui, et son imagination morbide, Karm adoptait à l’égard de leur situation un optimisme mêlé d’un peu de pondération. Chercher Mora, c’était s’enfoncer toujours plus profondément dans les lignes ennemies. C’était courir des risques de seconde en seconde plus considérables. Et pour quoi ?

Mais ce qui le frappait surtout, c’était l’absence d’un avant-poste. D’une installation solide. Il avait moins l’impression de se retrouver en planète conquise qu’en plein temps mort de la bataille, après un bombardement. Quelque chose dans l’air. Comme une indécision. Où étaient les troupes vivantes qui prendraient le contrôle de la planète ? Où étaient les chasseurs qui devaient patrouiller au-dessus de la ville pour en assurer la surveillance ?

D’un geste de la tête, Karm fit signe à sa Padawane de reprendre le chemin. La nuit était tombée sur la ville. Des projecteurs fouillaient le ciel et, parfois, ils balayaient aussi la façade des bâtiments démolis par les explosions. Dans cet océan de désastre, c’était plutôt bon signe : c’était la preuve que, selon les envahisseurs, il restait quelque chose à trouver dans ces immeubles ouverts en deux, dans ces cages d’escaliers béantes, et ces appartements pulvérisés. Que des civils avaient réchappé à l’assaut, et qu’on les recherchait activement.

Les deux Jedis progressaient dans les décombres et Karm cherchait de quoi faire pencher la balance un peu moins en leur défaveur.

— Là, souffla-t-il soudainement, au détour d’une rue.

Dans un monceau de cadavres, abandonnés là comme des poupées désarticulées qu’on aurait passées par le feu, le Jedi avait distingué, à la faveur d’un projecteur, trois hommes en uniforme. Des policiers. Des gardes. Des soldats. Difficile à savoir. Ils avaient péri dans les combats, peut-être en essayant de protéger ceux qu’on avait fini par abattre après eux. C’était une horrible aubaine.

— Reste ici.

Le projecteur acheva de balayer la rue et Karm profita de l’obscurité relative pour s’élancer vers les dépouilles des victimes. Il plongea les mains entre les chairs mortes, pour chercher à l’aveuglette ce qui restait de l’équipement des hommes en uniforme. Explosifs, clés universelles, datapad avec les cartes officielles de la cité, blasters, menottes, tout était bon à prendre.

Retour du projecteur.
Départ précipité du Jedi.

Le butin était maigre. Karm fixa un blaster à moitié déchargé à sa ceinture, avec une paire de menottes magnétiques, et tendit deux barres énergétiques à sa Padawane. Le datapad qu’il avait réussi à tirer des poches de l’une des victimes avait pris un tir laser de plein fouet. Inutilisable. Il avait espéré trouvé aussi des grenades ou des fumigènes. Sans succès. Peut-être, sur les deux kilomètres qui les séparaient encore du centre de communication, dans le dédale fumant de la ville, auraient-ils plus de chance.

Ils s’apprêtaient à repartir quand une voix résonna dans le silence oppressant de la ville. Les deux Jedis se plaquèrent contre les murs pour rebrousser leur chemin de quelques mètres et pouvoir jeter un coup d’œil — pour celui qui en avait, des yeux —, à l’angle de l’épicerie, vers le balcon où un Sith à peine plus vieux que Thann agitait férocement une gamine au-dessus d’un balcon.

L’esprit stratégique de l’Ark-Ni carburait à plein régime.

Se rendre ?
Il tuerait l’enfant, probablement.

Ne pas se rendre ?
Il tuerait l’enfant, certainement.

Se rendre à moitié ?
Thann était beaucoup trop novice pour jouer ou les otages, ou les sauveteuses.

Voler au secours de la prisonnière ?
Le temps d’escalader cinq étages, ils finiraient criblés de laser par les droïdes qui attendaient sans doute dans l’ombre.

Il avait beau retourner la situation dans tous les sens, la petite fille était condamnée, qu’ils interviennent ou non. La seule différence, c’était d’ajouter ou non leur sacrifice au sien.


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]


Les secondes s’égrenaient.
Karm confia le Dézébulonneur à Thann, avant de tapoter un message sur le datapad fixé à sa cuisse.

— J’attends qu’il la laisse tomber et je la récupère par télékinésie pour la pousser dans un appart éventré deux étages plus bas. Toi, pendant ce temps, fais le tour du bloc, désactive les droïdes en embuscade. Quand elle sera en sécurité, j’arrose le balcon au blaster, pour le faire battre en retraite, puis je fonce vers l’immeuble, pour le choper.

Inutile de prévoir plus loin : les plans de bataille avaient toutes les chances de dérailler après les premières minutes.

Karm inspira profondément.
Il était prêt à jouer au volley-ball télékinésique avec une enfant et un Sith.
Thann Sîdh
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Les corps. Elle qui n’avait jamais vu un cadavre de sa vie, sinon une fois, proprement embaumée, lors d’une cérémonie funèbre, elle ne savait déjà plus combien elle venait d’en percevoir. En réalité, si. Sa mémoire, sa fidèle alliée de toujours, lui imposait ce décompte funeste. Trente-sept. Trente-sept dont elle avait senti le visage, ou parfois deviné ce qu’il en restait. Parfois ce n’était qu’une main qui sortait des décombre. Parfois un tronc, figé au volant de son speeder, balayé par un tir laser. Il lui fallait déployer des prouesses de concentration pour que ce spectacle morbide s’échappât de sa conscience. Elle ne cessait, en son for intérieur, de se rappeler qu’elle œuvrait pour les vivants, qu’il n’y avait que la Sérénité mais chaque fois qu’elle s’avançait, l’odeur fétide de ses propres vêtements ne cessaient que le temps de laisser la place à la fragrance de chair carbonisée qui embaumé l’air ambiant des rues. La grande Dame martiale avait retiré ses gants pour lui dévoiler toute l’horreur dont ses longs doigts griffus étaient capables.

Elle ne savait que penser de son maître qui évoluait si aisément dans un pareil contexte. Elle qui l’avait jusqu’à présent connu si doux, si posé, si soucieux le découvrait en charognard – sans vouloir admettre ce mot – absolument hermétique à l’horrible scène qu’ils parcouraient. Avait-elle jusque-là refusé ce pan de sa personnalité ? Il ne lui avait jamais caché, pourtant. Non. Elle n’était simplement encore qu’une enfant qui n’avait pas su saisir l’ineffable d’un champ de bataille et des chairs déchiquetées, des os disloqués, des enfants aux organes internes répandus sur les trottoirs défoncés.

« Reste ici. »

Elle obéit, son immobilité laissa tout le loisir aux délicieuses saveurs emprisonnées dans les tissus de sa tenue de venir lui taquiner le nez. Comme chaque fois qu’ils marquaient un arrêt, elle laissa sa perception s’étendre et tenta de couvrir l’étendue la plus importante dont son esprit fut capable. Les murs épais, les gravats, les perles horrifiques incrustées dans la fresque l’empêchait de reconnaître l’endroit efficacement et de gagner ce précieux avantage que représentaient les informations. Très affectée par la situation, elle tenait pour un poids terriblement mort, à cet instant, que son maître trimballait de mur en mur. Il revint, présenta le maigre butin, donna des barres énergétiques que l’adolescente s’empressa de ranger dans une poche que la poisse des égouts n’avait pas su souiller. Ils s’apprêtaient à repartir lorsque des cris déchirèrent l’air, suraigus pour certains, grondant pour d’autres, singulièrement déformés et par l’écho et par la haine qu’ils charriaient.

Outre l’horreur, la voix lui fit cet étrange effet d’une chanson que l’on n’eût plus écouté depuis une éternité et qui, un jour, vous fût parvenue aux oreilles, au coin d’une rue, à l’angle d’un restaurant, à la fois suffisamment clair pour éveiller votre intérêt et trop obscure pour que votre esprit parvînt à s’en saisir et à l’identifier. L’ultimatum ne lui laissa guère le temps de trancher. Après une brève réflexion, son maître lui tendait son bébé et dévoilait son plan au rythme des saisies sur son écran. Il inspira profondément, elle l’imita, ne pouvant communiquer tout l’intensité de sa résolution par le regard, elle s’empressa de saisir sa main – ce qu’elle n’avait jamais fait qu’avec Seïid ou récemment avec Zelonion – et laisser passer à travers la Force ce mélange diffus de confiance, d’assurance, de détermination, de courage et de tension que ce moment, à ses côtés, faisaient naître en elle ; l’instant d’après, elle s’était éclipsée.

D’abord, elle s’était repérée au son, ensuite, elle avait aperçu leur maître-chanteur qui se tenaient en évidence, dans les cimes, prêt – elle n’en doutait pas – à mettre à exécution sa triste menace. Comme un serpent dans les herbes, elle allait de ruelle en ruelle, rasant les murs, faisant confiance à la Force, son guide, pour lui éviter les balayages lumineux des spots qu’elle ne pouvait elle-même percevoir. Contourner le bâtiment, inévitablement, signifiait pour elle s’en approcher et bien qu’elle tâcha de se concentrer davantage sur le chemin qui lui restait à parcourir que sur l’aura du Sith, résolument sombre en cet instant, elle sentit l’étrange sentiment qui l’avait envahi plus tôt dans la forêt revenir et caresser sa conscience. Elle était au plus près du bâtiment et des cris de la pauvre enfant lorsque l’idée fusa, traversa son esprit, transperça son cœur et l’immobilisa, le souffle coupé, dans le creux d’un garage en partie écroulé : Kolin.

Terrassée par l’évidence qui venait de la frapper, elle oublia son objectif initial pour ne plus se concentrer que sur le jeune adulte qui se tenait là-haut, une enfant entre les mains. Elle le reconnut, définitivement, et constata, dans un mélange amer de joie et d’horreur, à la fois qu’il était en vie mais aussi qu’il avait rejoint et épousé la cause des Sith. Les secondes qui furent nécessaires à l’adolescente pour se ressaisir furent les secondes qui lui manquèrent pour activer l’artefact bricabraquée qu’ils avaient mis au point dans la forêt. Lorsqu’elle eut repris son chemin, elle ne parvint jusqu’à la patrouille droïde (effectivement postée à l’angle du bâtiment pour saisir quiconque se présentât sur la place qui devait accueillir le corps de la petite) qu’à la dernière seconde. Concentrée sur sa seule action, elle ne sentait plus au-delà de cette ruelle, lança son sabre en direction des machines, ne perçut pas si son maître, sortant des décombres, parvint à sauver l'enfant, activa sa lame et commença de trancher, sentit pourtant des tirs qui fusèrent, ne sentit pas si Kolin s’élançât, si la petite fût sauvée, le métal fut tranché, les droïdes s’écroulèrent, son sabre s’éteignit et tomba en résonnements métalliques sur le goudron.

Le souffle court, elle attira de nouveau son arme à elle, consciente d’avoir failli de peu à protéger son maître, elle s’empressa, l’arme désactivée mais en main, d’accourir et de constater les conséquences de son échec, bouleversée, sujette à la panique, terrifiée à l'idée de retrouver son maître gisant et Kolin au-dessus du corps de son aîné.
Kolin Valkizath
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La présence que ressentait Kolin dans les flux et les reflux de la force s’intensifiait, presque comme pour le narguer. Diffuse et aérienne, elle était difficile à localiser précisément. L’expérience de Kolin était essentiellement martiale, l’utilisation qu’il faisait de la Force était singulièrement offensive. Bretteur plus adroit sabre à la main que dans la détection de ses pairs et les techniques neutres de la Force.

Il avait pris un risque en s’exposant, sûr de sa capacité à affronter les intrus, déterminé qu’il était à accomplir sa mission envers et contre tout. Ainsi repéré il perdait l’effet de surprise et pire encore, ses ennemis avaient à présent un avantage non négligeable sur lui : ils savaient où il était.

Ferme là! Hurla l’apprenti à la gamine qui beuglait comme un animal blessé alors qu’il essayait de contacter Lloyd via son comlink. Où était son damné Maître ? Il ne répondait pas. Était-ce un nouveau test qu’on lui infligeait ? Depuis sa récente arrivée côté impériale, Kolin s’était vite rendu compte que personne n’hésitait à tendre des pièges aux apprentis pour les tester sans la moindre considération, le temps d’Ondéron était bien loin

Lloyd, t’es où bordel ? Je suis perché au cinquième et je suis repéré. Bouge et rejoins moi.

Le comlink resta désespérément muet en retour. Une rapide vérification sur l’écran lumineux lui apprit que les communications n’étaient pas coupées et que le réseau fonctionnel. Vif comme l’éclair, l’humain jeta un regard derrière lui, il n’était pas à l’abri d’une attaque maternelle à coup de rouleau à pâtisserie. Heureusement la génitrice de la geignarde était assommée dans le salon de l’appartement et ne bougeait pas.

Faut tout faire soi-même ! Meugla-il ouvrant un peu plus son réservoir infini de colère tout en regardant vers le sol pour tenter de localiser les Jedis. Un exercice presque impossible dans la pénombre et à cette hauteur.

Au diable Lloyd et au diable cette stupide planète ; Le temps était écoulé et les Jedis ne s’étaient pas montrés, il était temps de mettre à exécution sa menace. Le visage fermé, Kolin tourna la gamine vers lui. Il la haïssait sans même la connaître, son existence était une insulte à ce qu’il croyait le plus fermement depuis sa détention sur Korriban. La capacité à survivre, que valait la vie d’un être s’il n’était même pas capable de la défendre ? Le visage rougi par les pleurs et la terreur de cette gamine ne lui inspirait aucune pitié mais du dégoût. Seuls les plus forts survivaient dans cette chienne d’existence où tous ceux qui prétendaient vous aimer ne faisaient que vous trahir.

Alors pourquoi hésitait-il ?
Pourquoi ne pas simplement pousser cette petite ?

Une vision s’était superposée dans son esprit, celle de ses deux petits frères, dont l’un avait été gravement malade et promis à une mort certaine. Miko et Arn, deux petits gamins oubliés des bas-fonds de Coruscant que Kolin s’était juré de défendre envers et contre tout quand la famille avait été désintégrée par un père ivrogne et une mère absente. Ses yeux plongés dans celle de la petite, il y lisait à présent une lueur qui ne lui était pas inconnue, une flamme fragile proche de s’éteindre qu’il avait gardé à l’abri des vents dans les souterrains de Lorrd, Félucia, Coruscant et ailleurs. L’espoir ténu qu’un jour cette flammèche resplendirait à nouveau était son moteur. Une flamme souffreteuse qu’il avait vue dans le regard des malheureux et des miséreux qui avaient été ses proches là où il avait grandi.

Ces mêmes malheureux qu’il s’était juré de protéger en entrant chez les Jedis. Ces malheureux qui faisaient écho à la voix de Joris lorsqu’il l’avait abandonné pour partir à l’armée, un soir noyé de tristesse quelque part sur Coruscant. « En toi brûle un feu sacré qui ne s’éteindra que si tu cesses de faire le bien autour de toi et qu’arrêtes d’être courageux et juste. La galaxie est remplie d’enfoirés, tu ne dois jamais devenir l’un d’entre eux, jamais. Il n’y a qu’en faisant le bien que nous pourrons rendre la galaxie un peu meilleure, tu es mon espoir Ko’, mon seul espoir. »

Fais chier.

D’une main leste, il fit descendre la fillette du balcon et l’envoya rejoindre sa mère. L’enfant se blottit contre le corps chaud de sa mère et pleura à nouveau tout son saoul.

Lloyd, j’ai vraiment besoin de toi, réponds !

Le même silence, lourd et assourdissant se répercuta dans les oreilles du jeune adulte perché sur son balcon, en proie à des sentiments contradictoires.

Sans perdre un instant, il bascula son datapad sur le programme de contrôle des unités droïdes restantes. Trois unités rejoindraient bientôt la tour d’immeuble dans laquelle il se trouvait. Quelques touches pressées rapidement donnèrent l’ordre aux droïdes d’exécuter tout ce qui bougeait encore dans les ruines de ce qui était il y a peu une ville prospère de Columex. Le bip d’une nouvelle patrouille de droïdes mis en hors de combat à quelques dizaines de mètres à peine le rappela à la réalité.

Il allait faire ce pourquoi il était le plus doué.

L’apprenti alluma son sabre vert - héritage de ses années au Temple – et perça le sol dans grand trou qui fit s’écrouler une dalle de béton à l’étage inférieur. Sans un regard pour la mère et son enfant, il s’engouffra dans le trou et répéta le même procédé jusqu’à arriver dans le hall d’entrée de l’immeuble. Aux aguets, d’une démarche féline, il s’arrêta devant la porte barricadée par les mêmes qui autrefois décoraient le hall. La présence dans la Force était proche, proche, si proche.
Thann !

Un tic nerveux le saisit un instant. Impossible de se tromper. C’était bien l’aura de cette petite Mirakula qui l’avait accueilli comme un frère de lait des années auparavant au Temple. La Force se jouait de lui, voilà qu’elle lui dressait comme adversaire celle, qui avec Samaël avait probablement été la plus proche de lui un temps. Des souvenirs comme autant d’aiguilles dans son cœur surgissaient dans son esprit confus. Thann l’avait aidé à prendre ses marques au Temple. Kolin Valkizath un garçon sauvage, puant encore les poubelles de là où il était né, sans manières, sans éducation avait trouvé grâce auprès de la pétillante padawan qui avait su voir en lui autre chose qu’un animal sauvage si loin de la voie du Jedi. Pudique et sans doute trop maladroit.

Kolin ne l’avait jamais vraiment remercié de vive voix, préférant prendre ses distances comme avec tout le monde, usant de ses seules défenses : l’indifférence et la moquerie. Mais tout au fond de lui, il s’était toujours senti redevable de celle qui l’avait aidé, parfois très tard le soir à réviser un cours complexe, sans jamais rien attendre en retour, de celle qui l’avait encouragé dans les défaites de celle qui l’avait félicité dans les victoires. Désintéressée, profondément droite et bonne ; ce qu’il n’avait jamais été ailleurs dans ses chimères.

Une vague de Force fit exploser la porte et les meubles qui la bloquait. Sabre allumé en main, regard fixé vers une escadre de 4 droïdes qui venait de le rejoindre, il fit le tour du bâtiment jusqu’à une ruelle à l’angle ; suivant ses perceptions et l’aura tiède de la padawan.
Il la vit, elle venait de se relever au pieds des machines inertes.

Tu n’aurais jamais dû venir Thann.
Dit-il d’une froideur déconcertante, le visage fermé tout en levant la main pour empêcher les droïdes de mitrailler la Mirakula.

On ne laisse jamais une padawan seule en zone de guerre où est ton Maître ? Je sens sa présence.

Souple sur ses appuis, focalisés sur ses sens, il mit son sabre en posture de défense, signe qu’il ne voulait pas attaquer mais qu’il ne se laisserait probablement pas prendre trop facilement par surprise.


Karm Torr
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Souvent Sith varie,
Bien fol est qui s’y fie.

La gamine qu’on avait menacé d’envoyer tapisser la chaussée venait d’être tirée en sécurité, pendant que des droïdes essayaient de faucher la petite silhouette de l’Ark-Ni qui fusait comme un éclair dans l’obscurité, slalomant entre les décombres, bondissant par-dessus les poutrelles métalliques tombées pêle-mêle après les bombardements. On aurait dit le fils illégitime d’une acrobate de cirque et d’un sprinteur professionnel.

Karm sentit une brûlure légère à son épaule et dérapa sur les derniers mètres pour se mettre à couvert de l’immeuble déjà à moitié en ruine. La blessure était déjà cautérisée. Une éraflure. Il n’y prêta pas attention. L’entraînement qu’il avait subi jadis, auprès de sa Maître, tout en coups et en souffrances infligées, pour se renforcer, qu’elle avait dit, à l’époque, avait fini par le rendre indifférent à la plupart des douleurs. Karm était un dur à cuire — littéralement — version androgyne pour midinettes.

Avec à peine le temps de reprendre son souffle, le Jedi se rua dans la cage d’escaliers pour gravir deux à deux les marches qui les mèneraient vers les civils à secourir. Comme dans les cartoons holoanimés qui faisaient la joie des enfants à travers la Galaxie, pendant que le Jedi s’empressait vers les étages, le Sith défonçait les étages, pour atteindre le rez-de-chaussée. Les deux se croisèrent à un moment, séparés par quelques mètres de béton et d’acier, mais, tout à leur tâche respectif, couverts par les bruits de blaster qui venaient du dehors, ils ne s’en rendirent pas compte.

Quand Karm déboucha finalement dans ce qui restait de l’appartement des victimes, après une profonde inspiration, et une quinte de toux, à cause de la poussière, il s’agenouilla près de la mère et de l’enfant. La gamine pleurait, pleurait et pleurait encore, incapable de donner vraiment du sens à ce qui s’était passé. Bien plus tard, peut-être, elle serait capable de se rendre compte que l’horreur qu’elle avait regardée dans les yeux ce jour-là était peut-être moins entière qu’elle ne l’avait cru, mais, pour l’heure, Kolin restait pour elle un monstre incompréhensible surgit du néant et de la noirceur du monde, au milieu de la fureur et du feu.

Le Jedi, hélas, n’avait pas de temps pour la psychologie. D’ailleurs, il n’aurait probablement pas su quoi dire. Lui, il n’avait jamais été traumatisé de sa vie. Pas quand sa Maître avait commencé à le frapper. Pas pendant ses premières batailles. Pas quand il avait été arrêté par les Sentinelles de l’Ordre. Parfois, il se trouvait monstrueux d’être capable de tant de résilience. Sur le champ de bataille, il s’en félicitait. Il prit le pouls de la mère. Tenta de mieux la comprendre, à travers la Force. Et puis, quand il jugea qu’elle était saine et sauve, il partit.

Rien à faire d’autres. Il ne pouvait pas la porter, il n’était pas assez fort. Il était exclu donc de l’amener jusqu’à la lisière de la forêt, dans la sécurité relative du couvert des arbres. Il ne pouvait pas rester avec elles, et leur attirer à nouveau l’attention des Siths. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était espérer que, quand la femme se réveillerait, elle trouverait le moyen de s’enfuir elle-même. Peut-être que la présence de deux Jedis dans la ville suffirait à détourner l’attention et à relâcher, pour tous les autres, le dispositif de sécurité.

Mais il n’était pas plus avancé.
Où diable était passé le diable ?

Un coup d’œil au sol lui confirma que les grands cercles pratiqués dans le parquet n’étaient probablement pas le fruit d’une originalité columexienne en matière de design intérieur. Karm s’autorisa un soupir avant de rebrousser chemin, fixant petit à petit son attention sur la présence de Thann, qui lui était devenue si familière, dans la Force. Et la noirceur qui l’entourait ne lui laissait aucun doute sur la situation.

Plus tard, s’il survivrait, il réexaminerait d’un œil nouveau ses décisions. Avait-il été sage de laisser la Padawane seule ? Y aurait-il eu une autre solution, pour préserver sa sécurité à elle, et celle des otages ? Mais plus tard. Pour l’heure, c’était encore un slalom ici et encore un bond-là, pour s’approcher du Sith, de Thann et des droïdes. La situation était…

… bien engagée ?

Thann n’était pas réduite en charpie par un fou furieux de trois mètres de haut, avec un casque de psychopathe et un rire caverneux : c’était un bon point. Tout dans l’attitude du Sith suggérait sinon la conciliation, du moins l’intention de botter en touche. Il était jeune. Peut-être qu’il attendait son Maître ? Peu probable. Avec ses droïdes, il aurait facilement dominé Thann. La précaution était inutile. Alors quoi ?

— C’est d’moi qu’on parle ?

Karm était sorti finalement de l’ombre d’un bâtiment. Le sabre laser au pommeau incurvé logé dans la paume de sa main gauche. Un shoto dans la main droite. Eteints tous les deux. Mais prêts à l’activation. Il ne reconnaissait pas le Sith. Kolin était de dix ans son cadet, et Karm avait passé l’essentiel de son temps, dès après le Noviciat, très loin des Temples. Même les anciens Padawans de son âge ne lui étaient pas tous familiers. Et comme ses talents pédagogiques avaient longtemps été tout relatifs, on s’était abstenu de lui confier des jeunes gens à former.

— C’est ma Padawane que t’as là. J’aimerais la récupérer en un seul morceau. Elle est plus intelligente que moi, sans elle, j’vais m’retrouver un peu perdu.

Le Jedi s’était arrêté à une distance respectable du Sith, mais pas trop loin, pour pouvoir fondre sur lui si la nécessité s’en faisait sentir.

— Toi non plus, t’es pas seul, j’suppose.

Il avait quoi ? La vingtaine, peut-être ? Un peu moins ? Venu d’une ethnie où les gens entre vingt et cinquante ans avaient tous plus ou moins la même tête, Karm n’était pas très doué pour deviner l’âge des autres humains. Mais il avait l’impression d’avoir affaire à un Apprenti.

— J’ai pas spécialement envie de me battre, t’sais.

Un type qui se promenait avec trois sabres laser et un blaster, et qu’on envoyait infiltrer un champ de bataille, n’était pourtant probablement pas un pacifiste invétéré.

— Y a p’têtre moyen de régler ça à l’amiable. Tu serais pas l’premier Sith avec lequel je collabore.

Il y avait eu deux avant. Trois, peut-être, même, si l’on comptait Darth Noctis.

— On est pas là pour saboter toute votre, euh… opération… On fait juste un aller-retour. Ni vu ni connu. Pas d’raison que ça se termine en bain de sang. Pas vrai, Thann ?
Thann Sîdh
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Essoufflée, en pleine panique comme elle ne l’a jamais été, la jeune Miraluka ne perçut qu’à la dernière seconde la présence proche de son ami qui la pétrifia.

« Tu n’aurais jamais dû venir Thann. On ne laisse jamais une padawan seule en zone de guerre où est ton Maître ? Je sens sa présence. »

Il lui fallut trois inspirations haletantes pour parvenir à articuler :

« Kolin, fils de Gloïn ! Je craignais ta mort ! Que fais-tu là ? Qui t’y oblige ? Pourquoi ? … »

Ni sa respiration saccadée, ni sa panique ne lui laissèrent plus de temps pour parler ou rassembler ses esprits. Les événements se bousculaient dans sa tête, se télescopaient et la réalité volait en éclats. Ici, maintenant, ces morts qu’elle avait vu, partout. Cette enfant qu’il menaçait. Cette personne, ce ne pouvait être lui. Ce ne pouvait être l’adorable adolescent qu’elle considérait alors comme son ami. Un séisme puissant avait ébranlé le monde de l’adolescente et déchirait la surface verdoyante de celui-ci pour ouvrir cette fracture atroce. Il ne pouvait déchoir. Il ne pouvait…

« Mort ? Mais je suis mort, Thann. Tu sais ce que je fais là, tu es trop intelligente pour ne pas le savoir »

S’il s’était changé en Dragon-Rancor pour l’engloutir sous un torrent de flammes, la carbonisant jusqu’à l’os, la claque, pour Thann, eût été moins violente. La surprise la saisit au corps et suspendit son souffle à la hauteur de l’horreur de cette situation. Elle sentit les larmes lui monter mais, alors que l’émotion menaçait de l’engloutir, un droïde capricieux eut, au sol, comme un sursaut. Cette étrange distraction lui permit, un instant, de s’extirper de la stupeur pour ne plus s’inquiétait que de sa survie du présent le plus absolu. Ce ne fut qu’un sursaut finalement, de la part de la machine, qu’une gerbe d’étincelles, mais pour la Padawane, ce fut l’occasion d’intégrer de nouveau son rôle. Il n’y a pas d’émotion, il y a la Paix. Elle inspira profondément, chassa les larmes – bien qu’elle n’eût pas parié, à l’instant, qu’une ou d’eux d’entre elles ne lui échappassent pas – et reprit pieds, cessant de paniquer dans l’océan mouvementé de ses sentiments.

Il était toujours là. Son ami, en vie, était toujours là. Son devoir se joignit à son affection, elle devait lui tendre la main, le ramener à la Lumière ou, à défaut, comme à la façon de Zelonion, le sortir des ombres les plus absolues. Sur un ton plus apaisé mais dans lequel pointait clairement la sollicitude, elle répondit enfin :

« Tu sais que je sais lire en toi, Kolin. Je sens ta confusion, je sens ton tourment et si tu n'as pas encore rencontré mon maître, c'est que la petite est toujours en vie. Kolin... J'ignore ce que tu fais ici, mais tu l'ignores également. Dis-moi comment t'aider, je t'en prie. »

Son regard mort soutint le sien. Elle sentait – l’espérait-elle ? – qu’il tentait de se constituer un masque, une physionomie qui ne trahît pas ses doutes. Mais il était là. Elle le sentait, dansant sur la lame d’un rasoir, errant sur l’horizon, à la lisière de l’aube et de la nuit.

« Tu te trompes Thann. Je ne suis plus celui que tu as connu et je n'ai plus besoin de l'aide de personne. Je n'ai pas besoin de ta pitié, j'ai besoin que tu quittes cette planète, le plus vite possible. »

Il n’avait pas l’intention de la combattre et elle non plus. Pourtant, elle ne partirait pas sans lui. Elle ne l’abandonnerait pas en conscience, pas maintenant qu’elle le savait en vie, pas alors que Samaël souffrait tant de son absence aussi. Son foyer l’attendait. Son sabre réintégra sa ceinture et alors qu’elle sentait la colère enfler en lui comme une poche infectieuse, elle ne détourna pas un instant le regard. Le Côté Obscur l’appelait, soit, elle hurlerait plus fort que lui.

« Qui essayes-tu de persuader, Kolin ? La pitié, elle t'habite encore, sans quoi, cette enfant serait morte et je serai morte moi-aussi. Je ne quitterai pas cette planète, mon devoir, la Force et surtout mon cœur, m'obligent à être ici. Ils m'ont guidé jusqu'à toi. Apaise-toi, s'il te plaît, parlons. »

En réalité, elle était incapable d’étendre sa perception si loin et de constater qu’effectivement la petite était en vie. Elle ne tenta pas non plus de vérifier le pavé, en deçà de l’immeuble depuis lequel il avait menacé la petite. Elle savait qu’il était incapable de s’en prendre ainsi à un être si innocent. Il était devenu Jedi, oui, mais elle savait que contrairement à elle qui ignorait tout de sa famille, lui, était toujours resté un frère.

« Je suis désolé, Thann. Je sais que tu es quelqu'un de bien, mais il n'y a plus rien à apaiser. Celui que tu as connu est mort dans un cellule de Korriban ! et tandis qu’il levait les yeux vers le ciel en soupirant, il ajoutait d’un ton étouffé par l’émotion. Mon nouveau Maître m’a sauvé. »

A la mention des geôles Siths, son front se creusa soudainement des sillons du souci. Elle ne pouvait imaginer, car il est des choses dont elle savait qu’il fallait les avoir vécues pour les saisir, les tourments qu’il avait connus. Kolin n’était pas mauvais. Il souffrait et cette souffrance, d’autres en usaient pour le conduire selon leur volonté, sans chercher un instant à l’en délivrer.

« Je n'ai pas envie de te faire du mal mais mon Maître ne retiendra pas ses coups, pars, s'il te plaît »

Elle était une Jedi, la perspective de devoir endurer les coups d’un Sith ne l’effrayait pas. D’autant moins que ce Sith était celui qui cherchait à lui ravir un camarade pour lequel elle avait, depuis longtemps, une affection profonde et sincère.

« Tu n'as pas à être désolé. Tu as traversé tellement d'ombre et tu es encore là, à vaciller entre ces deux mondes. Tu souffres, je le sens, et ce qu'ils t'ont m'échappent totalement. Pourtant, ils n'ont pas réussi à te tuer, tes souvenirs sont là, notre amitié est là et ton respect pour la vie. Kolin, regarde-moi, dis-moi que tu les as oubliés. Dis-moi que ta mère, tes frères n'existent plus pour toi, que tu ne feras rien pour les sauver du sort que les Siths leur réserve que tu ne feras jamais rien pour les sauver du sort que les Siths te réservent, que tu les laisseras abattre ton frère sous tes yeux sur l'un des milliers de monde qu'ils détruiront. Dis-le-moi avec toute ta conviction et alors... Nous savons tous les deux ce que nous devrons faire. »

Si ses mots sonnaient comme ceux fatidiques d’un ultimatum, elle ne les entendait pas ainsi. Elle jouait sa carte majeure, son vatout. Elle espérait qu’en lui rappelant ceux qui l’aimaient, il s’adoucirait, comprendrait que sa place était auprès d’eux et non auprès des Siths.

« Notre amitié n'a rien à voir là-dedans Thann, ni mon respect de la vie ! Tout est de la faute des Jedis, ce sont eux qui m'ont abandonné, eux qui m'ont laissé croupir en prison. Où étais Lyrae ? Où étais-tu ? Laisse ma famille en dehors de ça. Ne te sers pas d'eux, ne me fait pas regretter de m'être confié à toi. Les Siths et les Jedis sont les deux faces d'une même pièce. Tu le découvriras un jour, en attendant. Je te le demande une dernière fois, au nom de notre amitié. Partez, toi et ton Maître ! »

Il était évident que son ami déraisonné et parlait sur le coup de la colère. Comment pouvait-il lui reprocher elle qui n’était en plus que sa cadette, de ne pas avoir braver l’Empire Sith tout entier ? Son Maître, d’ailleurs, l’avait fait, évidemment… Elle ne lui en voulait pas. En bête blessée, il chargeait, aveuglé par la douleur, qu’importe ce qui pouvait se trouver sur son passage, cherchant dans la fuite la guérison de ses maux ; peut-être, aussi, ne faisait-il que répéter les mensonges qu’il avait trop souvent entendus pour ne pas les tenir pour vrai ?

« Je ne me sers pas d'eux, Kolin, je te rappelle simplement ce qu'adhérer aux Siths entraîne... Où étais-je ? Me le reproches-tu vraiment ? Je pleurais mon maître perdu, je n'étais qu'une enfant, et toi aussi je t'avais perdu. Où est maître Lyrae ? Il t'a aussitôt suivi ! Aussitôt il est parti et a disparu en volant à ton secours !
Ne sois pas si absolu, tu sais qu'entre le Sith et le Jedi, il existe mille et une façon de servir la Force sans sombrer dans l'égoïsme et la violence. La Force n'est pas une pièce. Elle est partout, tout le temps, et qui prétendrait te dire, à son propos, la vérité, te mentirait. Elle nous dépasse tous et nous transcende et, à la fin, il n'y a que nous et les choix que nous faisons. Penses-tu vraiment que tu fasses aujourd'hui le bon ? Penses-tu vraiment qu'en me tuant ici, Kolin, tu parviendras à apaiser le mal qui te ronge ? »


Elle sentit en lui sa colère se déchaîner sous le poids des contradictions qui tentaient de mettre en pièce sa volonté.

« TU MENS ! »

C’est à ce moment que son Maître, surgit, comme une lune se révèle, au cœur de la nuit, lorsque les nuages ont fui. Aussitôt, Kolin réagit en se mettant sur la défensive, tandis que ses droïdes armaient leur blaster en direction de ce nouvel intrus. Le laïus de leur aîné sembla à contre tempo de mélodrame qui jusque-là s'était joué. La scène glissait presque au vaudeville...

« On est pas là pour saboter toute votre, euh… opération… On fait juste un aller-retour. Ni vu ni connu. Pas d’raison que ça se termine en bain de sang. Pas vrai, Thann ?

– Maître, ce garçon s’appelle Kolin Valkizath, il était jusque-là porté disparu en mission. Il est des nôtres, Padawan du Chevalier Lyrae O’Sil, et surtout, il est mon ami. Il ne nous veut aucun mal… Pas vrai ? »

Le sourire qu’elle lui adressa en disait long sur l’espoir qui l’habitait en cet instant. La Force ne pouvait les avoir conduits jusqu’ici si ce n’était pas pour qu’elle pût rentrer au Temple avec lui à ses côtés.
Le Masque de la Force
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Voilà une situation bien étrange et délicate... Les deux Jedi reçoivent en même temps un appel de Maître Ae, qui demandent à ceux qui le peuvent de retourner dans les airs pour lui prêter main forte. Dans tous les cas, la découverte de Kolin est une information précieuse qu'ils transmettront au Temple... Et ils l'ont empêché d'agir plus gravement envers des innocents pour le moment, mais il leur faut désormais poursuivre leurs missions.



Thann Sidh & Karm Torr poursuivent l'Event.
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