Luke Kayan
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Infernale, merveilleuse mais infernale université.

Gigantesque campus composé de plusieurs bâtiments qui fonctionnaient tel des pièces de puzzle, indépendantes rattachées à un énorme centre des commandes. Toutes ces structures avaient un objectif: accueillir un nombre démesuré d'élèves. Autant de races, de caractères et de défis vivants qui se croisaient, s'entremêlaient, s'aimaient et se haïssaient. Les dimensions de l'une des plus grandes Universités Républicaines impliquaient davantage de moyens pour les recherches, une excellence du corps professoral rarement atteinte -dans certaines filières du moins.- mais aussi des problèmes aux innombrables sources, dans lesquels le mal plongeait ses racines avec délice.

Après avoir infiltré la troisième année de Criminologie pour faire parler un présumé coupable de meurtre ayant l'intention de recommencer, Luke avait de nouveau été appelé. Il avait d'abord craint que tant d'apparition à l'Université finisse par griller sa couverture d'étudiant, mais la structure était si grande que cela restait difficile, y compris avec son physique. D'autant plus que c'est au coeur même de "l'Arbre", le plus grand bâtiment et d'ailleurs celui où se prenait les décisions -d'où son nom.- que les deux Jedis opéreraient. Oui, parce que Luke ne serait pas seul cette fois, Karm l'accompagnerait. Une partie de lui s'amusait à imaginer son ami grimé en étudiant tandis que l'autre se préoccupait parce que l'enjeu était important. Plusieurs élèves de divers blocs, ou "feuilles"-des bâtiments secondaires, donc.- seraient soupçonnés de nourrir des idées extrémistes concernant la grande variété de races qui faisait de l'Ombre à celle plus commune et généralement la plus fière: les humains.

- Je pense qu'il faudrait teindre tes cheveux et que tu mettes des lentilles, non seulement pour éviter d'être pris pour autre chose qu'un humain, mais aussi pour viser la discrétion.

Lui-même aborderait une seule lentille de contact bleue afin d'occulter la grande particularité de son regard bicolore. Il avait opté pour conserver l'azur par pur pragmatisme, bien que cela semble un détail, les bruns aux yeux verts étant moins communs, le jeune homme essayait d'avoir l'air le plus basique possible. Brun, oui, parce que Luke s'était aussi fait teindre les cheveux. Il porterait des lunettes de soleil pour cacher au maximun son regard fixe. Sans avoir l'intention de cacher totalement sa cécité -ce serait beaucoup trop suspect.- il avait choisi de la transformer en handicap léger. La ramification de la secte, probablement instillée par des acteurs externes qui tiraient les ficelles, ne refusait heureusement pas les "mal-façons". Plutôt incohérent en apparence, et pourtant c'était logique en creusant. Puisqu'ils souhaitaient tant défendre les humains, ils avaient tout intérêt à intégrer, minimiser les défauts de la race pour ne pas être attaqués sur leur prétendue faiblesse génétique. Le Hapien quant à lui avait choisi cette optique pour que ses mouvements rendus plus fluides grâce à la Force ou son entraînement ne soient pas suspects, sans parler qu'une taupe aussi myope soit-elle passait plus facilement inaperçu qu'un étudiant avec sa canne blanche. Tout était donc fait pour ressembler à un humain basique. Gamin plutôt naïf, issu d'une famille de riches entrepreneurs ayant eu des déboires avec une Zeltreonne qui avait usé de ses hormones pour charmer le père et presque provoqué la séparation de la famille. Celle-ci se serait infiltrée dans leur compte en banque afin d'en dérober une grosse partie et briser le couple, mais la volonté humaine aurait finalement vaincu la vile Zeltronne, et le père aurait sauvé sa société. Depuis, les parents de Calisto Del Alba prêteraient, selon les rumeurs, une oreille intéressée aux prédications d'une petite Église située dans la partie qui abritait la haute société. Cette communauté était assez ancienne, mais jusque là moribonde, elle avait gagné en force, en prestige et dangerosité depuis les ultimes événements. Selon elle, la République devrait refuser toutes les races non-humaines en plusieurs étapes. D'abord il faudrait rejeter toutes les espèces dotées de capacités spéciales comme les Cathars armés de griffes ou les Falleen et leurs hormones ou encore les Miralukas disposant de la Force naturellement. En parallèle, par pur dégoût ils cherchaient à discréditer toute race trop "animale" et donc d'intelligence limitée. Ensuite, dans la dernière phase, selon leur idéal, ce serait au tour des Twi''Lek et proches-humains jusque là tolérants qui devraient s'en aller.

Il était facile pour le gourou d'attribuer à ces immigrants, ces étrangers inter-planéraite la baisse de leur chiffre d'affaires, sensée se convertir, si l'on ne faisait pas attention, en ruine inévitable. Malgré leur position confortable certaines familles riches étaient réellement altérées par cette possibilité. Était née une certaine frénésie générant des dons. Obligée -et ravie de l'être- de prouver son efficacité, sa sincérité, la secte aurait déjà commis, grâce à cet argent et ce soutien, certains attentats isolés. Décidée à frapper plus fort l'organisation avait, selon des sources -un ancien adhérant, repenti après avoir trouvé l'Amour avec une Zabrak.- un projet plus grand. Après avoir travaillé plusieurs mois pour recruter des universitaires, ils espéraient faire sauter une bonne partie de l'Arbre, là où dans diverses filières vivaient et étudiaient une grande diversité de races. La menace, sertie de preuves était suffisamment inquiétante pour que deux Jedis soient appelés là-bas. Par pur hasard, aussi bien Karm que Luke avaient reçu des informations les guidant sur cette mission commune. Le Hapien les avaient en partie collectées grâce aux témoignages d'un professeur de Criminologie qui l'avait eu en élève-véritable cette fois.-inquiet des propos subtilement haineux distillés dans sa classe, concernant certains cas de criminels non-humains.

- Le secret de l'infiltration, surtout pour commencer, réside à ne pas totalement changer de personnalité. Je m'explique: bien que je me sois déjà fait passé pour voyant sur quelques heures, en général cela fonctionne mieux si je suis un malvoyant. Il faut diluer la vérité, pas en déroger totalement. Je vais jouer le rôle d'un fils à papa parce que mon physique, et apparemment mon phrasé s'y prêtent. Je serais moins crédible en voyou.

Bien sûr, "Lou", Junkie des bas-fonds était presque son antonyme, pour autant, il ne l'avait jamais joué comme un garçon méchant. Plus un paumé addict à la drogue, parce que passer pour un gros bras n'aurait pas fonctionné. De plus, il avait s'agit à l'époque de jouer quelques heures. Puisque cette fois, c'était une mission sans date de fin, le jeune homme avait favorisé le rôle du pigeon que la secte aimerait avoir en guise de porte-monnaie plus que "pote". Une victime facile que le handicap et l'isolement convertiraient facilement, tandis que Karm pourrait éventuellement jouer sur son côté baroudeur et inviter les recruteurs à sortir de leur nid grâce à ça. C'est pour ça que Luke avait laissé le Chevalier Turquoise choisir son rôle parmi plusieurs options proposées. Ce serait en tant qu'étudiant en Histoire que le jeune Jedi intégrerait l'université. En troisième année seulement malgré son "âge" avancé, il était une proie facile, retirée de la société pendant toute sa convalescence après l'accident qui lui avait coûté plus de la moitié de sa vue. Il espérait endormir la méfiance inhérente à la bande plutôt sérieuse et bien organisée pour être de si jeunes membres de la secte. La promesse d'un financement facile, d'un gamin facile à convaincre et surtout très vite devrait les convaincre. Il espérait aussi que l'adhésion de Karm contrasterait efficacement. Récupérer un porte-monnaie et un soldat, cela devait être tentant. Restait à voir comment faire pour éviter d'en venir à commettre des crimes pour prouver leur adhésion au groupe. Ceci dit, le Hapien, pour cette mission, avait prévu d'arrêter assez vite, sitôt des preuves de haines trop prononcées voyantes, il espérait stopper la machine, puis faire peur aux coupables afin de remonter le filon jusqu'à la tête de l'Odyssée Humaine . La première partie était sensée être relativement simple, puisque c'était des adolescents emportés par leurs idées et hormones qu'ils devaient mettre en difficulté afin d'ensuite négocier une peine moins lourde puis attaquer. Si la source de la tumeur était trop importante, il faudrait appeler les Ombres mais pour l'instant, Karm et lui pouvaient s'attaquer aux racines. Titiller une branche pour la forcer à montrer son existence, mener jusqu'à l'arbre.

- La subtilité est un autre secret. Inutile de déclencher une grosse bagarre contre un non-humain ou cracher des insultes faciles. Cela aurait plutôt tendance à faire fuir nos adeptes incognitos. Je suggère des remarques discrètes, des questions gênantes au professeur, se lever mine de rien au réfectoire afin d'éviter de manger à côté d'un non-humain, un agacement léger qu'ils repéreront et dont ils profiteront.

Stressé à l'idée de donner des conseils inutiles à un Karm qu'il jugeait déjà doué, ou de perdre la "tête" de la mission, prouvant donc son incapacité dans son propre domaine, le jeune Chevalier avait révisé les détails 5 fois plus que d'habitude. Son coeur battait à tout rompre et ses paupières cillaient un peu plus qu'à l'accoutumée sous ses mèches aux reflets bruns.
Karm Torr
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— Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
— Rien.

Le Zélosien détourna le regard. Mais mentir n’était pas tout à fait sa spécialité.

— Arel…

Karm referma la porte du bureau qu’il occupait si rarement, au sein de l’ExploCorps, au Temple Jedi d’Ondéron, puis il fit s’asseoir le scientifique sur l’un des deux fauteuils de la pièce, pour occuper l’autre lui-même, en face de lui. Arel redressa le col de son pull, qui cachait la peau carbonisé de son cou.

— Tu sais, ça va régénérer, avec le temps, expliqua le Zélosien, comme si ça en rendait la blessure moins préoccupante.
— Arel, regarde moi.

L’Ark-Ni plongea son étrange regard dans celui de son collaborateur, venu rendre visite à l’ExploCorps pour faire le bilan de la mission d’exploration géologique enfin achevée, à laquelle il avait participé en tant qu’expert scientifique de l’Université de Coruscant.

— Tu peux me parler, tu sais.

Le jeune scientifique hésita puis finit par murmurer, d’un ton penaud :

— J’ai, euh… j’ai rencontré un garçon… Yakim. Il est… C’est un humain, il travaille dans l’administration, comptable, il est vraiment gentil et, euh… Ben mignon et tout. Et l’autre jour, on était dans le couloir, on s’embrassait, puis des mecs cagoulés ont débarqué, ils nous ont bousculé, ils ont tabassé Yakim et m’ont brûlé, comme ça.
— Mais… C’est à cause, de, hm… Du fait que vous soyez deux garçons ?
— Non, murmura Arel, en secouant la tête, c’est le GIH. Le Groupe d’Intervention Humain. C’est un syndicat… enfin, non, un groupuscule étudiant raciste. Très minoritaire, mais de plus en plus actif. Ils s’en prennent aux couples mixtes depuis quelques semaines.

*

— Me teindre les cheveux.

Karm était à deux dois de baisser les bras. Quand il avait partagé avec Luke l’histoire alarmante d’Arel et que l’Hapien lui avait à son tour parler des informations de son professeur de criminologie, Karm s’était naïvement imaginé qu’on enverrait sur Coruscant deux ou trois Sentinelles bien équipées pour enquêter sur l’affaire. C’était sans compter les contacts de Luke sur place et l’apparente volonté du Conseil de le sortir encore une fois de sa zone de confort.

— Déjà Pakuuni et maintenant ça…

Pour sa part, il considérait sa mission d’infiltration sur Pakuuni comme un échec, même si les avis divergeaient au sein de l’Ordre, puisque le réseau avait été éventé. Mais il ne pouvait pas dire qu’il avait tenu les faux semblants très longtemps. Alors se fondre dans la masse des étudiants sur Coruscant, lui qui n’avait jamais approché une véritable école de près, qui était né dans une société qui les ignorait et qui avait même été tenu éloigné de l’enseignement collectif de l’Ordre…

— … bon…

*

Karm était parvenu à arrêter de cligner des yeux.

Il avait fallu presque quatre jours de travail intensif aux guérisseurs ophtalmologues de l’Ordre pour lui confectionner des lentilles satisfaisantes. Il faut dire que ce n’était pas la couleur des yeux de l’Ark-Ni qu’on tentait de dissimuler, mais leur capacité à réfléchir la lumière. L’illusion de ses yeux bleus ordinaires était désormais parfaite, comme ses cheveux blonds. Pantalon à la mode troué à des endroits stratégiques, tee-shirt moulant avec un obscur slogan marketing, sac à dos d’une marque populaire, montre-comlink dernière génération, Karm avait tout l’air d’être un pur produit de la jeunesse dorée de Coruscant.

Son histoire était faite pour préserver son identité. Fils d’un couple d’informaticiens longtemps sans le sou, il avait connu une prospérité soudaine que la start-up de ses parents avait décollé en bourse. En quelques semaines, sa famille avait amassé une fortune colossale et ses parents avaient intelligemment vendu leur entreprise, pour investir dans la finance. Leur fils Ash avait troqué les collègues les plus populaires pour les lycées privées des derniers niveaux de Coruscant et il finissait désormais sa licence de musicologie à l’Université de Coruscant, avec l’espoir complètement irréaliste de fonder un groupe de pop à succès.

Son dossier était plein de petits incidents divers : la fois où il s’était censément introduit dans les bureaux d’un vice-recteur pour y installer une grenade lacrymogène à retardement, celle où il avait couché avec un professeur de solfège, celle où il avait utilisé les terminaux d’une des bibliothèques universitaires pour créer un réseau de partages d’holoporn gay. Autant de difficultés que sa famille avait écartés à coups de crédit, mais qui devait lui construire un profil de casse-cou prêt à s’engager dans des actions radicales.

Luke et lui s’étaient mis au travail et, pendant deux semaines, le travail avait consisté à lier connaissance et observer les étudiants humains qui ne fréquentaient que des humains, une exclusivité difficile à maintenir dans des facultés aussi cosmopolites. Karm-Ash draguait ouvertement le soi-disant Calisto, pour que personne n’ait lieu de s’étonner du temps qu’ils passaient ensemble ni de leur complicité, une histoire que sa réputation de coureur de boxers, taillée sur mesure, ne rendait que plus crédible.

Après deux semaines, ils avaient commencé à discuter avec les uns et les autres. Karm avait adopté un silence prudent, en laissant les sujets de conversation venir naturellement. Il ne se faisait pas assez confiance pour arriver à manœuvrer ses interlocuteurs, alors il se montrait patient en espérant qu’ils se compromettraient tout seul. Un jour, on se décida enfin à les inviter à une soirée étudiante privée, dans l’une des résidences du campus que les deux Jedis commençaient à soupçonner de servir de foyer officieux pour le GIH.

La musique électronique résonnait à tous les étages, l’alcool coulait à flots. On jouait dans telle chambre à un jeu à boire, et dans tel foyer, on refaisait le monde. Il n’y avait pas que des humains, ici, mais Luke et Karm avaient bon espoir que, dans la fête privée, il y ait une partie plus privée encore et que ce soit là qu’on finisse par les convier. Ils étaient arrivés ensemble, puisque tout le monde pensait de toute façon qu’ils formaient un couple et que le délinquant décomplexé Ash avait mis le grappin sur le fils de bon famille, pour se distraire.

— On d’vrait faire semblant de boire, souffla l’Ark-Ni à son partenaire.

Il n’avait pas l’intention d’avaler la moindre goutte d’alcool mais ils se fonderaient mieux dans la foule s’ils avaient un gobelet à la main. Il disparut donc quelques instants avant de rejoindre Luke dans l’un des foyers pour lui tendre un gobelet, avant de passer un bras autour de sa taille. Décontracté. Dans le personnage. Comme quoi, tout n’était pas désagréable dans les missions d’infiltration.

Mais tout à son professionnalisme, le Jedi était surtout occupé à parcourir l’assemblée du regard, pour repérer les quelques camarades qui lui avaient paru le plus politisés, ces dernières semaines. Personne ne lui avait vraiment tenu de propos compromettants, ou même vaguement racistes, mais il avait entendu beaucoup de remarques générales et pleines de sous-entendus sur « l’état de la société », « la nécessité d’un changement de cap » et « l’échec du modèle multiculturel à l’ancienne ». Il s’était montré plein d’assentiment, persuadé que ces expressions cachaient des convictions beaucoup plus radicales.

— Ah, Ash, s’exclama enfin une voix.

Un humain de près de deux mètres, avec un physique de commando des forces spéciales, du genre à passer plus de temps dans les salles de sport universitaires que dans les bibliothèques, fendit la foule réunie autour d’un jeu idiot pour rejoindre les deux garçons.

— Salut, Cabir, lança Karm, qui, depuis son arrivée à l’université, avait fait l’effort de se départir de son chuchotement habituel, pour adopter un ton normal, que le manque d’habitude transformait en voix rauque, un détail qui ajoutait encore à son personnage, fort heureusement.
— C’est ton mec ?

Karm hocha la tête.

— Le seul, l’unique.

Cabir esquissa un sourire entendu. Les rumeurs avaient pris forme dans les couloirs et personne ne croyait qu’Ash avait « un seul, un unique » mec.

— Cal’, c’est Cabir, il est avec moi en management des industries culturelles. Cabir, Calisto.
— Comment tu trouves la fête, Calisto ?
Luke Kayan
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Fallait-il vraiment qu'ils jouent au couple déshinibé? D'après ses recherches, la secte dérivant d'une religion dominante sur Coruscant ainsi que de nombreux mondes Républicains semblait admettre l'homosexualité, tout comme une série de différences mal vues dans la société plus conservatrice. Outre cette haine voilée des non-humains, il était aussi étrange que dérangeant de constater qu'un groupe sur le point d'Être reconnu extrémiste se montre ouvert sur ces points. C'était en partie pourquoi Luke aurait préféré ne pas tenter le diable en jouant d'autres cartes. Selon lui, la secte laissait passer ces détails, parce qu'elle se focalisait sur le rejet des races. Dans ce domaine d'ailleurs, il supposait une fausse tolérance envers des proches-humains, histoire d'attirer de la chaire à canon dans leurs rangs ou que leur radicalisme ne soit pas trop visible. Ils finiraient par attaquer les couples non-conformes, y compris humains, puis les Zeltrons ou créatures encore plus proches de leur ADN. Preuve en était que par pure sécurité, le Hapien avait décidé de gommer ses origines le plus possible. Il aurait donc aussi aimé que Karm et lui ne brillent pas à cause de leur orientation sexuelle, jouée certes mais aussi réelle, beaucoup trop réelle. C'était là que leur vie parallèle risquait de devenir perpendiculaire et s'entrechoquer violemment avec la vraie. S'il fallait se raccrocher à un pan de vérité selon le jeune Jedi, il fallait aussi éloigner la franchise tranchante, celle qui pouvait condamner à l'avenir surtout si la couverture était grillée. Mais n'était-ce pas une excuse pour ne pas s'exposer devant tous? Quoiqu'il en soit, tout de même heureux de voir Ash s'en tirer à merveille dans son rôle, devenir de plus en plus à l'aise au fil du temps, le jeune homme jouait le jeu. Une partie trop entammée pour envisager un retour en arrière de toutes façons.

Son verre précédemment rempli de vodka sentait encore, mais il avait habilement jeté ce dernier pour le remplacer avec de l'eau. [color=yellow]entée et approuvée 😋 Cette dernière arborant la même couleur que l'alcool faisait illusion, surtout avec deux glaçons qui se disputaient la large embouchure du récipient. Légèrement tendu à cause de la main autour de sa taille, aussi bien qu'en raison de la suite de leur mission, le Jedi se consolait en se disant que cette attitude rentrait dans son rôle. Fils à papa sans véritable contact, surtout depuis son accident en speeder, le jeune homme connaissait ses premières fêtes et ses premiers amours, la tension palpable était donc normale.

- Enchanté Cabir. Oui, la fête est plutôt amusante, même s'il y a beaucoup de monde.

Sa bouche -dont le maquillage n'avait su gommer les contours parfaits- se contorsionna presque gracieusement pour former une moue réprobatrice. Le disait-il parce qu'il se sentait opressé en tant que malvoyant ou pour des raisons plus obscures? Ses "parents" n'étaient pas des extrémistes, cependant, on avait soufflé à l'oreille de la petite Église en pierres que le géniteur avait déjà tourné la tête vers la bâtisse en pierre qui servait de refuge au groupuscule. Était-ce remonté à l'oreille du GIH? C'était le travail de plusieurs agents presque constamment infiltrés, or, connaissant leur professionnalisme, Luke se doutait qu'effectivement, les rumeurs avaient parlé d'un étudiant légèrement influencé par des parents eux-même perdus, essayant de reconstruire leur mariage brisé, cherchant les réponses du pourquoi le père avait été voir cette fichue Zeltronne. La coupable idéale, la cible sur laquelle diriger leur colère, se convaincre qu'elle était la coupable de leur ruine. Il était donc un pion prometteur quoique probablement incapable de la moindre violence directe. Le GIH rattaché à un groupuscule ne se fiant pas encore totalement d'eux voulait faire ses preuves, ayant besoin d'un financement indépendant afin d'impressionner le gourou de leurs parents, il pouvait s'intéresser à Calisto. Surtout quand Ash, casse-cou, soldat potentiel prêt à poser des bombes pouvait attirer celui qui payerait ces dites bombes.

Le Hapien quant à lui ne cessait de se surprendre. La voix de Karm à volume normal lui paraissait presque étrangère. Il avait hâte de se retrouver seul à seul avec lui au lieu d'avoir affaire à son double, volontiers dragueur, presque vulgaire. Tout ceci n'était heureusement qu'un jeu et Luke avait entièrement confiance en son compagnon. Professionnel, il avait joué les beaux naïfs tandis qu'Ash dragouillait sous ses yeux. Un rougissement délicat au bon moment démontra que Calisto se sentait estimé, respecté par un Ash capable de tout ou presque lui faire faire avec un peu de conditionnement. Quelle belle proie que ce malvoyant incapable de remarquer le jeu de séduction de son soit-disant "mec". Les pièces se mettaient en place, le Hapien n'était pas du tout gêné de jouer le "looser", celui sur qui le groupe compterait pour faire sonner la monnaie, du moment qu'il puisse infiltrer. Il était plus inquiet au sujet de Karm, redoutant que le GIH lui demande une preuve trop difficile à obtenir sans vraiment blesser quelqu'un pour le faire entrer.

Le blond s'éloigna un peu-à vrai dire il s'était juste levé- des principaux protagonistes pour discuter avec une fille, cheveux lisses et ternes retombant sur un visage anguleux, air blasé et yeux tombants. Des mèches sombres encadraient son cou frappé d'un tatouage qui se voulait rebelle quoique de petite taille, tandis que sa coupe moderne laissait sa nuque à découvert. Dessus, bien que Luke ne puisse l'observer, trônait un autre tatouage, deux figures humaines enchevêtrées, bras et jambes tendues, entourées d'un cercle: symbole de l'anatomie humaine.

Spoiler:

Aurora était issue d'une famille relativement pauvre mais très douée, elle avait obtenue une bourse d'études. D'abord pour entrer dans une université plus prestigieuse encore, seulement au dernier instant, une Twi''Lek plus talentueuse était passée devant son nez. Elle estimait, disait-elle à ses amis, avoir été victime d'une politique sociale soit-disant progressiste. Avec emphase, elle discutait des soucis qui rongeaient la Galaxie. Au début, rien d'une éventuelle haine raciale ne perçait, mais ensuite, des petits commentaires apparaissaient. Luke savait que les agents chargés de la pré-enquête l'avaient désignée comme une des possibles membres actifs du GIH. Malgré son air de petite anarchique, c'était une passionnée de politique, douée d'un certain charisme et d'une belle capacité à émouvoir les foules. Son discours, jeté avec une certaine douceur en pâture à ses interlocuteurs et du haut de ses 1m55 paraissait suave, nuancé, acceptable. Le Hapien s'étonna de son don pour les euphémismes, il le déplora aussi car c'était ce qui la rendait dangereuse. Difficile de savoir qu'on mettait le nez dans un ramage de la secte en discutant avec elle.

Pour démontrer ses capacités à parler en public, à enfiévrer une foule pour le compte de l'organisation, le Hapien débuta une discussion passionnée avec elle sur le problème des dettes, notamment celles de Coruscant, sa sensément ville d'origine. La conversation s'aiguilla doucement mais sûrement vers le noeud du problème certainement d'abord évoqué par les parents, sans pudeur, devant leur progéniture le soir au dîner: les étrangers, même ceux installés depuis longtemps. Il faut dire qu'une femme de ménage Twi''Lek habituée à l'esclavage sur sa planète ne rechignait pas devant un minuscule salaire, lequel faisait baisser le revenu moyen d'une technicienne de surface humaine pour être compétitive. Finalement, la femme aux lekkus exportait la notion d'esclavage dans une ville moderne et défenseuse des honnêtes travailleurs. Et que dire des grandes entreprises où la main d'oeuvre bon marché permettait aux sans scrupules de vendre à prix cassés, brisant le marché du père d'Aurora, entrepreneur beaucoup plus en vogue auparavant?

- Je suis en Histoire, il est aussi surprenant que triste de constater de si grandes dérives, à échelle Galactique mais aussi nationale, voir locale. Si seulement nous apprenions de l'Histoire pour éponger la dette. Déjà, il faudrait réviser le système d'aides. Peut-être pas le supprimer, mais disons, sélectionner les priorités.

Aurora sourit puis se tourna vers Ash qu'elle n'avait pas spécialement cotoyé mais qu'elle connaissait forcément mieux que Calisto.

- Centre-toi mon gars. Je l'aime bien ce petit, moi.

Clin d'oeil presque péremptoire, n'autorisant guère de réplique.

- Que diriez-vous de passer dans une autre salle? On ne s'entend pas parler ici et l'alcool est déguelasse.

Le sésam s'était entrouvert, il ne s'agissait certainement pas de LA pièce où se réfugiait le GIH, les quartiers privés de la bande extrêmistes, mais ils avaient apparemment passé le premier écrémage. Karm jouait parfaitement son rôle et Luke soupçonnait Aurora, voir Cabir de poser des yeux gourmands sur ce dernier, apte à participer à leurs actions, avec en plus ce petit bonus: lui. Lui et son beau phrasé qui servirait de porte-monnaie mais aussi d'amasse-foule qui sait, de porte-parole.
Karm Torr
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Karm suivit Luke du regard. Le malaise de l’Hapien ne lui avait pas échappé mais, au fond, il était convaincu de sa stratégie : d’abord, ils collaient au réel, et c’était le plus simple quand on avait à mentir, et ensuite, ils offraient un tableau qui ne serait pas absolument parfait, et par conséquent beaucoup moins suspect. Il imaginait sans peine de quelle manière leurs prédateurs pouvaient espérer jouer de leur relation, manipuler leurs sentiments et les monter l’un contre l’autre, si la nécessité s’en faisait sentir.

Le prétendu Calisto engagea la conversation avec une jeune femme et Karm reporta son attention sur Cabir.

— Tu dois t’ennuyer, souffla-t-il, pour tâter un peu le terrain.

Karm haussa les épaules.

— Tu m’connais, j’trouve toujours un moyen de me divertir. C’est qui la meuf ?
— Aurora ? Une amie à moi. Elle est cool.
— OK.
— Elle risque pas de te piquer ton mec, si c’est ça qui t’inquiète.
— Je m’inquiète jamais, moi.

Est-ce qu’il était censé pousser la conversation plus loin ? Dévoiler des idées un peu tendancieuses ? Karm était toujours mal à l’aise à l’idée de prendre le risque d’évoquer tel ou tel sujet, incertain s’il allait ou non compromettre sa couverture. Heureusement, Luke était plus doué que lui dans l’affaire et on les invita promptement à changer de décor. Karm hocha la tête et se releva.

Les mains dans les poches, il suivit Aurora et Cabir. Cinq étages plus haut, leurs guides poussaient la porte d’un petit appartement de la résidence universitaire, le genre qui était donné en colocation aux étudiants de master, une sorte de promotion par rapport aux chambres individuelles qui étaient le propre des élèves de licence.

Dans l’appartement, les proches humains avaient disparu et la musique électronique agressive avait cédé de la place à l’ambiant, plus propice aux discussions. Des jeunes, une quinzaine de personnes en tout et pour tout, étaient dispersés dans la pièce. Alanguis sur le canapé, assis sur une commode, ils discutaient de tout et de rien. Les conversations se turent cependant quand les nouveaux venus firent leur apparition. On détaillait soigneusement Ash et Calisto du regard.

— C’est Ash et Cal, expliqua Cabir, d’un ton décontracté, ils sont cool.

Karm commençait à soupçonner que Cabir prêtait beaucoup de sens différents au mot « cool ». En tout cas, les conversations reprirent et les deux Jedis furent invités à s’installer sur un canapé. Karm étendit un bras sur le dossier, au-dessus de Calisto, et il trônait là comme le garçon habitué à prendre ses aises. Il ne participait pas beaucoup aux conversations, sauf pour approuver ou hausser les épaules, mais comme on l’avait rapidement cerné comme un homme d’action plutôt qu’un intellectuel, personne ne se posait de questions.

On parlait de l’université, des profs, des élèves. Des commérages d’étudiants comme les autres, à première vue, sauf que les professeurs et les condisciples critiqués étaient invariablement des non-humains, qu’on accusait de ne pas avoir bien cerné les spécificités culturelles de Coruscant ou de faire de la discrimination positive. Il n’y avait rien de vraiment compromettant dans tout cela, mais c’était une manière de se soutenir les uns les autres et de s’assurer qu’ils étaient tous du même avis.

On commença petit à petit à leur poser des questions. Qui ils étaient. D’où ils venaient. Ce qu’ils étudiaient. Curiosité classique à laquelle leur couverture bien préparée permettait de répondre sans ciller. Karm avait répété cet exercice des dizaines de fois avant d’atterrir sur Coruscant.

— Et du coup, vous êtes engagés dans des assocs étudiantes, demanda une jeune fille, d’un ton dégagé ?
— Du genre ? Club de trompettes ?

Il y eut quelques rires discrets.

— Non, je sais pas, moi. Des trucs politiques.
— Bah, la politique, c’est jamais qu’une manière de rien faire changer mais avec de beaux discours. Qu’on se retrouve avec Chancelier Machin-Bidule ou Truc-Muche-Chouette, c’est toujours pareil.

Une déclaration suffisamment générale pour que chacun en tire ce qu’il voulait bien en comprendre.

— J’pense qu’il faudrait que les gens se décident à faire des choses plus concrètes, quoi, mais c’est l’immobilisme partout, soit par flemme, soit par souci du politiquement correct.
— Des choses plus concrètes comment, demanda Cabir, l’air de rien ?
— Je sais pas trop. J’y ai jamais tant réfléchi que ça, j’avoue.

Karm haussa les épaules.

— Juste que c’est pas avec des négociations dans des salles de réunion qu’on va reprendre le contrôle de notre destin.
Luke Kayan
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Les Balosars causaient un problème: ils vendaient des bâtons de la mort, et surtout, monopolisaient le le marché. C'était ce que sous-tendait Ross, un humain carré, puissant malgré ses tous juste 24 ans et un léger double-menton ainsi qu'une fine pellicule de graisse sur les abdos, annonciateur d'un goût pour la bonne chaire. Passer pour un malvoyant lorsqu'on était aveugle était difficile, et Luke devait se concentrer pour sembler fixer son interlocuteur dont la voix se diluait entre la musique et les autres discussions. Désormais bien intégrés, Ash et Calisto se mêlaient au groupe d'adolescents naturellement, les allusions de plus en plus ouvertes sur LE sujet étaient prometteurs. Ross et Luke se joignirent à la conversation entre son petit ami et Cabir, lesquels devinrent vite le centre, l'attraction principale. Probablement parce que Karm avait jeté en pâture, l'air de rien, les fondations auxquelles certains pensaient sans oser ouvrir le sac de ciment pour commencer à les poser.

Suspendus aux lèvres de ce dernier, les quinze personnes présentes laissèrent couler un vide. Luke aurait voulu lancer la prochaine idée mais renonça. Ce n'était pas son rôle. Lui devait se contenter d'avoir l'air de regarder son compagnon avec de l'admiration mêlée à de l'inquiétude dans son regard azuré. Son petit ami allait encore faire des siennes. Merveilleux. Terrible Ash. Il porta sa main au bras de celui-ci et la referma doucement. Craintif mais suiveur.

- Je ne pense pas que nous puissions faire grand chose, nous simples étudiants contre un gouvernement aveuglé par le socio-progressisme qui leur donne des votes. Il ne renoncera jamais à toutes ces voix offertes par la population dans le besoin, surtout... Hum... Étrangère.

Malgré des apparences défaitistes, le jeune Jedi montrait être intéressé par un changement de mentalité, prêt à ouvrir la voie, avec cette inquiétude, exposée au grand jour. Il semblait attendre une solution afin d'agir, et lorsque son regard éteint s'efforça de balayer toute la salle, il impliqua chaque participant. Aurora fut la première à rompre le silence.

- Il faudrait frapper fort. C'est bien ça que tu voulais dire, hein Ash? Moi en tout cas j'le crois. Et qu'est-ce qui a fonctionné durant toute l'Histoire? Hein? Cal?
- Les révolutions?
- Bonne réponse! Regardez chaque conflit, de la mini manifestation aux actions plus grandioses. Le gouvernement, y'a quoi? 100 personnes maxi à se balader dans les hautes sphères? Que peuvent-ils contre des milliers de citoyens? Mais faut les réveiller, et pour ça les haranguer, les guider. On pourrait leur montrer qu'on en a les moyens. De leur proposer autre chose, et surtout, qu'on est sérieux, qu'on veut que ça change, qu'on en a autant marre qu'eux.

Ross se lança dans un discours émouvant concernant l'ancienne femme de ménage de son luxueux bloc d'appartements. Désormais, il voyait errer la pauvrette sans travail dans les rues populaires-qu'il devait traverser bien malgré lui de temps à autre.- parce qu'elle avait été remplacée par une Twi''Lek. Les petites gens avaient besoin de leur protection. Pareil pour les étudiantes violées par un fou furieux Zabrak qui laissait libre court à ses pulsions. Aujourd'hui arrêté, ce psychopathe n'était qu'un prémisse de ce qui les attendaient. Luke dût résister pour ne pas nommer des crimes commis par des humains, le plus grand pourcentage d'ailleurs vu la proportion de cette race dans la Galaxie. Toutefois, il se rappela ne pas être ici pour décourager un gosse qui prenait la mauvaise voie. Cette mauvaise voie, ils en avaient besoin afin de suivre le filon, découvrir si Cabir et les autres avaient déjà un plan criminel ou s'ils voulaient le mettre en place. Après seulement les deux Jedis pourraient essayer d'inverser ce mode de pensée destructeur, aussi bien pour les potentielles victimes que pour ceux qui croyaient en ces idées.

Le Hapien commençait à déceler l'envie de plaire à leurs parents ou la fameuse église en parallèle avec une vraie conviction des maux causés par les non-Humains. Jane avait potassé de nombreux livres et recopié des paragraphes souvent habilement tronqués, laissant paraître les races les plus instinctives comme des brutes. Les Cathars par exemple ou encore les Thyrsians nés pour se battre et tuer sans retenue, y compris dans un monde Républicain où ils n'abandonnaient pas leurs coutumes. Un psychologue à la renommée douteuse -mais tout de même influent dans un certain cercle.- expliqua-t-elle, disait que si les races étaient dotées d'un don, elles allaient automatiquement s'en servir, comme les Zeltrons pour séduire à tout va, briser un mariage et voler la famille, ou encore les Miralukas qui ne devenaient pas tous Jedis. Comment s'assurer qu'ils ne tourneraient pas mal? Devenant des Siths ou des genre de criminels avec des super-pouvoirs?

La secte était particulière en ce sens, elle ne dénigrait pas entièrement les non-humains, leur reconnaissant y compris, certains points positifs tels que les phéromones des Fallens, les griffes des Cathars ou le double-cerveau d'une espèce extrêmement intelligente. Leur ligne de défense se basait sur le danger potentiel de représentaient ces races pour l'humanité, la plus ancienne, la plus authentique de tous. C'était donc une haine nuancée de crainte et de jalousie, peut-être même, qui servait de ciment à la secte. Les étudiants n'étaient possiblement pas liés à eux directement. Luke soupçonnait un mélange bizarre de leaders paumés ayant choisi cette cause et d'autres gosses en recherche d'aventures pour tapisser leur morne vie de gosse de riche, mais aussi satisfaire des parents trop occupés par leur boulot pour regarder leur progéniture. C'était un genre de lien commun que s'étaient inventés les membres de ce groupuscule, un moyen d'approcher leurs aînés, lesquels avaient parfois seulement abordé ces idées fachistes, adhéré ponctuellement, avec toujours, cette faute de le faire pendant le repas familial. Dysfonctionnel, sans réel dialogue. Le plus difficile serait de démêler les véritables porte-drapeaux de la secte, envoyés ou non par ces derniers dans cette Université prônant la diversité, des gamins en mal d'amitiés, d'amour et/ou d'aventures. Ce seraient ces derniers les plus fragiles, les plus aptes à parler. Seulement, avaient-ils accès aux projets de la haute hiérarchie estudiantine ? Et Cabir ou la tête du groupuscule avait-il vraiment un plan déjà prêt comme le soupçonnaient les agents déjà infiltrés avant? Étant donné que leur observation avait surtout été externe, une erreur était toute à fait probable. Quoiqu'il en soit, Cabir jouait bien son rôle, laissant les langues se délier sans rien confier d'un éventuel objectif en marche.

- Il faudrait faire un truc radical ouais. Des manifestations?

S'anima Rose, une gamine aux cheveux de la même couleur que ce qui devait être un surnom. Minuscule et potelée, à l'image d'Aurora, elle avait l'air de tout sauf d'une criminelle. Sa proposition qui fit rire Cabir laissa d'ailleurs penser à Luke qu'elle faisait partie du groupe pas si convaincu que ça de la culpabilité des proches-humains. Elle s'était rapprochée du GIH en quête de copains avec qui jouer les rebelles, boire de l'alcool dans une résidence privée et compter quelques contacts sur son Comlink, sans oublier l'excitation de la critique, d'être hors-système. Ses parents n'avaient possiblement rien à voir avec la secte qui manipulait les fils de l'association d'étudiants. Elle pouvait très bien avoir été recrutée comme un pion qui n'avait pour seul mérite, que le fait d'avoir réussi à convaincre qu'elle détestait, au plus profond de son être et inconsciemment les non-humains.

Le problème était plus subtil que ne l'avait d'abord songé le Hapien. Ils ne pouvaient pas frapper un grand coup dans la fourmilière, en raison des éléments perturbés comme Rose. Jusque là, le thème de la religion n'avait pas non plus été abordé. Volonté de la secte qui, finalement donnait ses ordres aux plus hauts rangs du GIH, ou soutien dont l'Église n'était même pas au courant?

- Des manifs? -Ricanements moqueurs et fondamentalement désagréables, agressifs. Rose se recroquevilla, puis, détourna le regard.- On n'veut pas réclamer une révision des examens ou une augmentation ridicule des bourses que nous auront jamais. On te parle d'un GROS truc, d'un phénomène historique. Il s'agit de changer l'Histoire, ouais. De s'y inscrire.

Fit une voix nettement plus agressive, ouvrant la porte à des propositions plus violentes.
Karm Torr
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Karm avait bien conscience qu’ils en étaient arrivés au moment délicat de la conversation. Luke et lui savaient pertinemment ce que Cabir et les autres plus radicalisés du groupe voulaient dire par ces expressions encore vagues jetées dans la conversation pour jauger de la détermination des autres. Mais ils étaient censés l’ignorer. Trop d’enthousiasme, et ils auraient l’air suspect. Trop de circonspection, et on les tiendrait pour des timorés.

— Ouais, bon, je suis toujours partant, moi, mais c’est quoi, concrètement, un gros truc ?

Ash n’était pas censé être un stratège et Karm jugea préférable de ne rien proposer de concret.

— Je sais pas, déclara Cabir en haussant les épaules. Bon, on se regarde un holofilm d’horreur ?

La transition était abrupte et Karm se demanda s’il avait fait une erreur. À travers la Force, il sonda les dispositions de son nouvel « ami » et les trouva inchangées. Que pouvait signifier ce soudain revirement de la conversation ? La fête en tout cas se tourna vers des conversations plus indifférentes, des films d’horreur et encore un peu de boisson, puis les étudiants commencèrent à se disperser pour retourner dans leurs résidences respectives et profiter de la grasse matinée du week-end, le lendemain.

Karm attendit d’être enfermé dans le petit appartement confortable que l’Ordre avait loué pour lui et pour Luke, conforme à la fortune de ses parents supposés, pour prendre la parole.

— J’aurais dû dire autre chose ?

L’inquiétude de l’Ark-Ni n’était que trop évidente. Il craignait d’avoir mal fait. Que la mission déraille. Avant même d’ôter ses chaussures, il enleva ses lentilles et cligna plusieurs fois des yeux, pour s’habituer à la lumière.

— C’est super difficile. C’est vraiment super difficile. À les écouter, j’me sens… Sale.

Karm soupira.

— J’sais que pour certains, ils sont juste paumés, ou qu’ils répètent les trucs de leurs parents, que ça se trouve, dans deux ou trois ans, ils seront tout à fait classiques dans leurs idées, pas du tout extrémistes, que c’est juste une phase, mais c’est difficile de… Conserver de l’empathie.

La politique, la vraie, celle qui touchait l’organisation de la société, celle qui instillait de la morale dans les relations qui unissaient les êtres, était terriblement importante pour l’Ark-Ni, et voir des jeunes gens projetaient une révolution si sordide lui fendait le coeur. C’était même pire pour lui que d’affronter Noctis, parce que Noctis était un Sith, et que d’un Sith, on attendait toutes les horreurs. Cabir et sa bande étaient au contraire tristement ordinaires.

Karm rejoignit la salle de bain pour se passer de l’eau sur le visage. Les pièces s’éclairaient automatiquement sur son passage, pour révéler un intérieur au design épuré, luxe de la simplicité, qui le laissait complètement indifférent. Il avait invité deux ou trois camarades de classe pour étudier dans son appartement, afin que son histoire se matérialise pour eux et que son passé en devienne plus crédible. Mais il était pressé de retrouver ses campements ou sa chambre du Temple d’Ondéron.

Torse nu devant le miroir, Karm considère la teinture de ses cheveux. Ça aussi, ça le mettait mal à l’aise. Il n’aimait pas mentir. Plus la mission se prolongeait, plus il se sentait mal. Mais il l’avait acceptée et il était déterminé à la mener à bien.

— Tu crois qu’il faut qu’on soit plus explicites ? Genre, que je propose quelque chose directement ? Mais je me vois mal débarquer et dire : « hé, les mecs, faut qu’on crame un truc ». Et puis si on les incite nous-mêmes au crime, qui nous dit qu’ils auraient eu ces idées criminelles sans nous ?

Bien conscient qu’il se laissait gagner par son anxiété, Karm prit une profonde inspiration pour se calmer et trouver dans la Force la sérénité dont il avait tant besoin. Au moins, ce week-end, il n’allait pas devoir fréquenter les amphithéâtres. Les cours étaient une autre forme de torture pour l’Ark-Ni, qui avait pris conscience de sa profonde inadaptation au système universitaire ordinaire. Tout lui paraissait ou trop lent, ou incompréhensible. Rien ne faisait sens. Rien ne répondait à ses intuitions.

Peut-être qu’il était tout simplement bête.

Un peu plus calme, Karm rouvrit les yeux et acheva de se déshabiller, pour une douche salutaire. Après avoir fourré ses vêtements dans la machine, il se tourna, nu, vers Luke.

— Tu crois qu’il faut qu’on reprenne contact nous-mêmes ou qu’on attende qu’une opportunité se représente ? Ils avaient pas l’air d’avoir de trucs précis en tête, on a peut-être le temps de laisser venir, mais bon…
Luke Kayan
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Les yeux rivés vers l'écran qui scintillait d'une certaine intensité selon la scène, Luke réfléchissait, presque sans ciller ou s'émouvoir -sauf en cas de gros bruit, étant donné que l'image ne le prévenait naturellement pas de ce qui pouvait arriver. Alors il arrimait sa main à celle de Karm, ce qui collait assez bien avec son personnage mais n'était pas le fait d'un calcul en ce sens.- Il remâchait la conversation, coupée court afin de passer à quelque chose de beaucoup plus puéril, en un sens rassurant. Sans le savoir, il réfléchissait de concert avec Cabir, lui aussi peu attentif au film cliché bardé de mauvais effets spéciaux.

La bande n'était pas encore toute à fait prête, voilà pourquoi Cabir avait détourné le sujet. C'était aussi une méthode enseignée par le Gourou en personne qui l'avait éduqué avant de s'inscrire dans cette université deux ans avant. Il avait patiemment grimpé les échelons, d'abord comme étudiant lambda, puis comme délégué de classe. La troisième année il avait démissionné de ce poste mais conservé sa popularité, ainsi que la confiance de l'administration pour certains passes-droits. Cabir aimait prêter main forte aux secrétaires ou chefs d'études, on lui donnait volontiers les clés aux endroits inaccessibles aux étudiants. Ce n'était pas des zones confidentielles gouvernementales, pas même l'équivalent aux bureaux les plus sensibles de l'université, mais il avait accès à celui de la secrétaire contenant les fichiers d'inscription avec des infos sommaires concernant lesdits étudiants. Il pourrait aussi entrer par les petites portes, placards, arrières-salles où étaient entreposés le matériel de sport, les tables supplémentaires ou vieilles décorations poussiéreuses qu'on ressortait pour les grandes occasions. Il n'avait pas besoin de plus de ce côté-ci.

Par contre, pensait-il, en posant son regard sur Ash et Calisto, le GIH restait fragile. L'arrivée de nouveaux membres pouvait booster leur radicalisation ou la ralentir. Il réfléchit longuement puis décida que si le premier était assez casse-cou, le second était suffisamment suiveur pour se taire, financer le projet ou du moins couvrir son chéri. S'il était incapable de voir -avec ses yeux de taupe, certes- l'évidence lorsque son copain dragouillait tout le monde, il serait facile à enrôler. Peut-être que lui cacher quelques infos pourrait être salutaire pour éviter de choquer son petit coeur. En parallèle Cabir se demandait s'il pouvait convoquer Ash pour parler de cette fameuse action plus "forte". Il avait déjà manipulé la bande pour les chauffer jusqu'au point que leur esprit imagine, chacun à son niveau, quel gros coup ils pourraient faire. Les laisser sur leur faim pourrait bien les rendre davantage agressifs, prêts à obéir. Il fallait que l'idée s'immisce dans leur esprit avait expliqué Aurora, peut-être pas éduquée par le Gourou en personne, mais intelligente et psychologue. Plus la fin était proche, plus Cabir se sentait impatient. Ces micros-étapes l'épuisaient. Tout à coup il n'avait plus envie d'attendre que les membres du GIH soient prêts. Il désirait les abandonner pour entraîner Aurora et Ross ses fidèles suiveurs, et qui sait, le nouveau mais explosif Ash. La seconde d'après il se sentait fier de leurs progrès à chacun, y compris ceux de Rose la timorée. Il était un bon leader et ses parents, soutien financier principal de l'Église s'étaient rapprochés de lui. Au fond il se fichait de ses géniteurs incapables de maintenir à flot le gourmand gourou. Ce que Cabir souhaitait, c'était lui proposer bientôt une alternative, tandis que l'économie de ses parents coulait doucement mais sûrement, il espérait proposer Calisto ou un autre abruti bien riche, facile à manipuler. En parallèle, il prendrait le rôle de ses chers parents, pour devenir le second du Grand Prêtre. Ce dernier le choisirait comme fils spirituel pour diriger la secte après son Départ. Ce qui ne devrait pas tarder vu son âge...

Mais chaque chose en son temps, songeait-il alors que la soirée touchait à sa fin. Aurora gémissante sous lui, rappela à son amant qu'il lui fallait se concentrer. Il eut un rictus feignant la tendresse puis se remis au travail sous les draps. Quel dommage que cette fille soit si sensible sous ses aspects de dure. Elle avait ce petit quelque chose de fragile, attendrissant mais dangereux peut-être sur le long terme pour l'avenir du groupe. Cabir se consola en se promettant d'attendre le dernier moment pour l'éliminer. Il essayerait de la convertir vraiment, de gommer sa faiblesse, son besoin d'amour -qui d'un autre côté le comblait, puisque elle projetait tout sur lui.- du moins le contrôler. Elle en valait la peine. Elle, pas les autres.

***

Insensible au gadget technologique qui allumait les lumières sur son passage, Luke tâtonna quelque peu pour trouver la salle de bains. Principalement guidé par la voix de Karm, le Jedi voyagea jusque là, maudissant les détours et obstacles qui jonchaient cet appartement petit mais luxueux. Par chance, vases, tableaux et autres babioles étaient peu présents, puisque l'endroit favorisait un style épuré, mais ça restait plus grand, et disposé de manière totalement différente que sa chambre sur Ondéron. C'est donc en trichant honteusement, avec sa canne blanche, que le jeune homme parvint à rejoindre son ami. La tristesse émanant de lui le toucha et Luke se rapprocha. Il fut légèrement surpris de ne trouver aucun tissu entre ses doigts et la peau de son ami, mais ne s'en formalisa guère et posa une main sur sa poitrine, plus précisément au niveau du nombril, comme pour lui transmettre un peu de chaleur. Canne appuyée contre le lavabo, il passa ses doigts libérés dans la chevelure teinte de son camarade. Impossible de sentir la moindre différence de texture même s'il savait ce qu'impliquait -sans en saisir totalement le concept.- de changer de couleur de mèches. Karm devait être très différent aux yeux des autres, comme lui avec sa toison désormais brune. Il portait encore, d'ailleurs, sa lentille de contact azurée, laquelle commençait sérieusement à le brûler.

- C'est en partie ce qui a érodé perdre ma patience, l'a rongée jusqu'à ce que je la perde avec des cas comme Rakki, qu'il soit plus en droit d'en recevoir ou non. Je n'ai fait que peu de missions d'infiltration, encore moins avec des adolescents ou étudiants, mais les cours où l'on parlait de cas passés demeuraient éprouvants. Il est difficile de pardonner, de compatir mais là, précisément nous n'avons pas besoin de le faire. Personne ne nous le demande. Nous devons simplement mener ces adolescents à se trahir, plus loin que des paroles récriminatrices mais trop prudentes. Nous ne sommes pas là pour les aider eux. Sinon les potentielles victimes. C'est ainsi qu'il faut songer. Quant à un éventuel soutien, nous devons le remettre à plus tard, lorsqu'ils seront arrêtés par exemple. Étape par étape. Sinon il y a de quoi devenir fou. Mais pour l'instant tu t'y prends très bien.

Sourire compatissant et fier. Karm baignait dans un domaine qui n'était vraiment pas le sien.

- Laissons les choses faire, je pense que tu as intéressé Cabir. Il a stoppé la conversation parce qu'il veut te voir en privé à ce propos, ou parce qu'il juge que certains membres du GIH ne sont pas aptes à accepter un éventuel projet. Mon intuition me dit qu'il va en tout cas chercher à se rapprocher de toi.

Le Jedi marqua une légère pause avant de continuer.

- Ne les incitons pas au crime, sans quoi ce serait une défense possible par la suite pour eux. En disant que nous les avons influencé -peut-être dans l'intention louable d'une enquête.- là où ils n'en seraient jamais venus à un tel extrême. Dans le pire des cas ils nous accuseraient d'avoir souhaité faire un gros coup à tout prix, au point de suggérer à des gamins perdus de devenir des terroristes. Tout doit venir d'eux. Nous sommes surtout des observateurs, des témoins bien que nous pouvons orienter la conversation, les mettre en confiance pour qu'ils parlent, avouant ce qui se cache au plus profond d'eux.


Luke ne voulait surtout pas laisser une chance aux vrais criminels -il était persuadé qu'au moins un membre de la bande bien placé dans la hiérarchie avait un profil vraiment psychopathe, mais ignorait encore qui.- de s'en tirer par la suite. L'enquête devait être minutieuse, audacieuse puisque la nature même de l'infiltration l'était, tout en respectant le protocole. C'était très difficile, mais le Hapien tenait à ce que sur le long terme, les citoyens soient protégés et le criminel en question, aidé si cela était possible. Sa culpabilité devait donc laisser peu de doutes.

- On ne peut pas arrêter maintenant. Est-ce que tu crois que tu peux tenir? Moi j'ai confiance en toi et je n'ai pas peur que tu commettes une bévue. Je veux dire, je suis à l'aise lorsque nous sommes avec le groupe. C'est le signe, je crois, que tu es un bon infiltré. En tout cas jusqu'à maintenant tu as bien joué ton rôle et ça va porter ses fruits.

Un baiser plus tard, le comlink d'Ash se mit à sonner comme pour donner raison à Luke. L'interlocuteur affiché sur l'écran était Cabir.

- S'il te propose une entrevue, accepte mais pour demain. Pas question de te déplacer dès maintenant comme un désespéré.

Karm ne devait avoir l'air ni trop intéressé, ni trop détaché. C'était l'éternel jeu du "je fuis, poursuis-moi". De plus son ami avait besoin de repos et de se rassurer. Même s'ils étaient convoqués tous deux par Cabir, Luke ne pourrait ni le préparer ni le soutenir ouvertement là-bas. Ils avaient besoin de se reposer et de réfléchir avant la suite. Étape par étape...
Karm Torr
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— J’suis pas sûr d’avoir très envie de bien m’y prendre dans ce genre de mission, avoua Karm, rassuré malgré tout, comme à son habitude, par le contact physique avec Luke. Mentir, c’est vraiment… C’est… Je saurais pas décrire.

Il y avait quelque chose dans tout cet exercice de profondément étrange à sa nature propre et il devait batailler d’heure en heure pour résister au besoin de s’enfermer dans un placard à balais pour avoir la paix, loin du personnage qu’on le forçait à jouer.

Sa main se posa sur l’avant-bras de Luke, alors que sa peau frémissait comme les doigts de son ami la parcouraient en suivant le dessin des muscles de son ventre.

— Mais je comprends. Je comprends comment tu veux qu’on procède, et j’ai aucune intention d’abandonner.

Les Jedis n’étaient pas du genre à se détourner de la difficulté, et même si Karm aurait encore préféré mille fois être enfermé dans un bureau administratif de l’Ordre pour trier des holodossiers pendant des jours, il était déterminé à mener son travail jusqu’au bout.

Sa main libre se glissa au creux des reins de Luke pour l’attirer contre lui et l’embrasser, juste assez pour rassembler le courage qu’il lui fallut quand le comlink résonna dans la salle de bain. Karm soupira et consentit à se détacher de son compagnon, pour glisser l’appareil dans son oreille et activer la conversation.

— Dis donc, Cabir, tu peux plus te passer de moi.
— J’te réveille pas ?
— Nan, t’inquiète.
— Calisto est avec toi ?
— Hmm hmm.

Un silence éloquent lui répondit. Karm posa un index sur les lèvres de Luke tout en déclarant.

— Vas-y, c’est bon, j’suis seul.
— Y a moyen qu’on se voit pour reprendre notre conversation ?
— Sur ?
— Avant le film.

Cabir était assez prudent pour ne pas se montrer trop explicite par comlink, au cas où ils auraient été sur écoute.

— Ah ! Ouais, bien sûr. Genre, je sais pas, euh… ‘Tends… Ouais, demain j’finis à quinze heures.

Ne pas se rendre trop disponible, avait dit Luke.

— Tu peux pas avant ?

Un test pour jauger de son implication ?

— Bah, répondit le soi-disant Ash, j’peux toujours, genre, sécher le dernier cours, ça va pas manquer.
— Parfait. Quatorze heures à mon appart ?
— OK. Bonne nuit.
— Bonne nuit, Ash.

Le comlink désactivé, Karm lâcha :

— J’ai un rencard.

En soi, c’était un succès. Ses bras se refermèrent autour de Luke. Peut-être que la nuit porterait conseil.

Le lendemain, Karm passa l’essentiel de ses cours à jouer sur son datapad, histoire d’entretenir son personnage. En réalité, il ne regardait pas vraiment son écran et, dans la Force, il tentait de trouver à la fois la sérénité et l’annonce de ce qui l’attendait. Luke et lui étaient dans deux facultés entièrement différentes et ils ne se croisaient guère pendant la journée. Au déjeuner, Karm retrouva Cabir et d’autres camarades de promotion. Pour la forme, il dragua un jeune homme qui se destinait à devenir chef d’orchestre.

Cabir surveillait cela de près. Il commençait à se dire que pour contrôler le tumultueux Ash, il suffirait probablement de veiller à ce que ses besoins sexuels soient satisfaits. L’idéal serait de dégoter un jeune homme coopératif, à mettre dans le lit d’Ash, pour en tirer quelques informations. Il commença à passer en revue les associés du GIH qui pourraient correspondre au profil.

Ils se séparèrent après le déjeuner et les cours de l’après-midi furent rapidement expédiés, jusqu’à ce que Karm sonne à la porte de l’appartement de Cabir. Il ressemblait assez au sien et son ami l’invita à s’installer dans le salon. Après quelques menus bavardages sur les profs et leurs camarades, Cabir se décida à aborder l’objet de l’invitation.

— Du coup, hier, ce dont on parlait, moi j’ai bien quelques idées.
— Du genre ?
— Après, ça dépend ce que tu es prêt à faire.

Karm laissa un silence s’installer, pour donner de la gravité au moins, puis son regard soutint celui de Cabir et il déclara, d’un ton sérieux :

— J’suis prêt à faire beaucoup de choses.
— Tous les fichiers de l’université sont distribués sur des serveurs différents.
— Euh… OK.
— Mais les serveurs sont tous dans la même salle. Plutôt bien protégé, dans l’Arbre, au niveau central. C’est pas facile d’accès mais pas impossible. J’ai des potes qui ont créé un virus qui repèrent les fichiers des étudiants non-humains et les effacent. Pour les notes, pour les logements, pour les bourses, pour tout.

De quoi créer un chaos considérable. Même si l’administration parvenait à traiter à nouveau individuellement les dossiers des étudiant, les plus fragiles, qui se trouveraient du jour au lendemain privés de bourses et d’aides au logement, finiraient probablement par retourner sur leur planète, ou dans le caniveau de Coruscant.

— C’est super difficile de charger le virus depuis l’extérieur pour… J’ai pas compris tous les détails informatiques, mais en tout cas, la meilleure manière, c’est de brancher directement un datapad infecté sur les serveurs de la salle. Mais évidemment, c’est assez dangereux.

Après un long moment de pseudo-réflexion, Karm murmura prudemment :

— J’ai rien contre un peu de danger…
Luke Kayan
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- Je n'aime pas non plus mentir.

Confia doucement Luke qui avait d'ailleurs "mal pris" les soit-disant compliments sur sa capacité d'infiltration venant d'agents, surpris. C'était un peu par hasard que le jeune homme avait fini par enchaîner des missions de ce genre, peu mais suffisamment pour lui donner une réputation de bon agent. De base pourtant, tout était contre son évolution dans ce domaine: aveugle, physique loin d'être passe-partout, difficultés d'adaptation à la société due à une éducation spécifique. Comme pour la médecine, le Hapien avait remarqué, c'était le fil des coïncidences qui l'avaient mené à ce point. Nulle autre passion que celle d'être un Jedi. Aucune voie ne l'avait un jour réellement enthousiasmé. Il l'avait fait résigné, par amour pour son Ordre, le désir d'en savoir plus, l'attachement à ses spécialisations était venu après. Cela faisait de lui une personne flexible, souple malgré un aspect rigide mais également peu décidée. Luke n'avait jamais eu la sensation d'exceller quelque part, sinon de se débrouiller un peu partout, même si, deux réussites dans des missions délicates lui avaient donné la surprenante réputation de "taupe". La police de Coruscant, normalement jalouse de ses enquêtes avait confiance en lui, et le Chevalier désirait ne pas les décevoir, ni elle, ni son compagnon, l'Ordre et les civils en danger.

Tandis que le Comlink sonna, Luke se rapprocha de son ami afin de lui rendre sa preuve de tendresse. Il se sentait puérilement rassuré. Le fait que tous deux soient en bons termes, marchant ensemble dans la même direction à une vitesse similaire le rendaient heureux. Il ne pouvait que louer la Force d'avoir discuté avec son aîné suite à leur mission au camps. C'était ce dont le jeune homme se rappelait lors de doutes. Le silence au creux de la Force étant pire que l'épreuve de se dévoiler, il s'animait à se montrer un peu plus câlin, et se préparait déjà pour une éventuelle rencontre avec un proche de Karm. N'avait-il pas promis?


L'appel qui les sépara dura quelques secondes mais sembla s'éterniser. Luke frissonna légèrement, comme si l'éloignement de Karm lui rappelait à quel point la grande salle confortable était froide, impersonnelle. Il captait quelques mots de Cabir prononcés avec plus d'emphase mais guère plus, car l'étudiant savait être discret. Lorsque la conversation se termina, le blond devina que son intuition avait été juste, le membre du GIH en avait surtout après Ash. D'un côté cela leur permettrait d'évoluer chacun en parallèle, sans compter que l'habituelle sous-estimation de Luke ou de ses personnages les arrangeaient. D'un autre, le Jedi devait admettre se sentir préoccupé à l'idée de laisser son ami seul avec Cabir. Quoique jeune, ce garçon démontrait une forte détermination, et chaque fois plus, Luke ressentait une personnalité problématique. Il ne saurait encore le prouver, mais ses longs mois plongés dans la psychologie des criminels auprès de la police de Coruscant et des meilleurs professeurs dans le domaine lui permettaient d'anticiper un peu.

-Bien!

Le félicita Luke tandis que le Chevalier Turquoise suite à l'appel. Il rajouta cependant.

- Sois prudent. Cet étudiant me parais très intelligent et bien que son profil ne soit qu'une ébauche, il se dessine lentement comme un possible psychopathe ou sociopathe.


Il était toujours étrange de constater que Luke usait de métaphore où la vue intervenait comme le dessin ou des esquisses. L'influence des profilers ayant fait son éducation, sans doute. D'ailleurs, si l'Université n'explosait pas aux mains de Cabir et de son groupe, le Chevalier devrait songer à répondre à la proposition qui lui avait été faire: donner des cours de Criminalogie, spécialisés dans le profilage de meurtriers ou de tueurs en série. Comme tous les assassins ne laissaient pas gentiment la police capturer leur visage- fournisseur précieux d'informations sur leur comportement.- il fallait se tourner sur des méthodes beaucoup moins visuelles. Étudier les trémolos de leur voix à défaut des rictus en coin ou croisement de bras. C'était tout naturellement que le Jedi s'était perfectionné en autodidacte presque, dans cette voie. Oui, il réfléchirait à la possibilité et en parlerait à Karm. Pour l'instant ce n'était qu'une vague proposition qui flottait dans l'air et qu'il n'avait pas refusé tout de go à cause de la discussion avec son chéri concernant des efforts d'intervention dans l'éducation.

- Mais je dois encore travailler dessus.

Confessa humblement le blond tout en se préparant à aller dormir. Ils avaient beaucoup de travail devant eux, et des risques se précisant, acceptés, assumés. Demain, Karm avait rendez-vous avec un extrémiste. Pour autant, Luke parvint -et il s'en étonna- à trouver le sommeil. Ces bras qui l'entouraient et à qui il rendit l'étreinte, se collant contre la poitrine à laquelle ils appartenaient l'aida certainement.

***

Ne presque pas voir le Gardien de la journée pesait à Luke, mais il ne fit rien qui aurait pu gâcher sa couverture. La leur. Conformément à son rôle -qui collait de fait assez bien avec son caractère.- le Consulaire fut très attentif en cours. Il utilisait un comlink sophistiqué pour enregistrer chacun d'entre eux et sortait parfois son crayon pour prendre des notes. Il traçait une lettre, puis sans plus jamais décoller la mine, enchaînait la suivante, soutenu par une règle qui lui permettait de maintenir plus ou moins la ligne. Jouer les malvoyants était extrêmement difficile, et cela ne changea pas lorsque dans l'après-midi, il se rendit dans un petit glacier où d'après des informateurs, Rose se rendait souvent. Le Hapien était, mains collées à la vitre, en train de sembler déchiffrer les différents parfums lorsque l'adolescente entra. Ses cheveux colorés lui permettaient de se fondre dans ce petit glacier aux couleurs osées quoique pastelles.

- Hey salut. Calisto?
- Oui c'est ça. Bonjour, Rose.

Luke savait que c'était d'elle, parce que les rapports indiquait que la jeune fille tendait à visiter ce Temple des Gourmandises avec assiduité. Assise dans un recoin, près de la fenêtre, elle prenait souvent une glace à la fraise, parfois un yahourt avec différents "toppings". Toujours seule. La plus timide des membres du GIH intéressant Luke, ce dernier profita de sa proximité, à côté de la vitrine pour s'imprégner de sa voix et de son parfum.

- Je t'aide?- Serviable et polie, elle ne correspondait pas au profil du groupe.-
- Oui, merci, je ne distingue pas bien derrière le verre.

Les deux jeunes gens choisirent leur friandise puis allèrent s'asseoir près de la fenêtre. Les rayons du soleil chauffaient agréablement le dos du Hapien. S'il n'avait été en pleine mission, et qu'il n'aurait pas à engloutir un de ces fichus produits plein de graisse inutile- il aurait été heureux, demeurant là, à écouter le bruit des conversations entrecoupées d'un joli bruit de sonnette. Ils discutèrent des professeurs, du beau temps, de l'avenir puis enfin de l'amitié.

- Tu ne colles pas vraiment avec Ash, j'veux dire...
- Pourquoi?
- Bah, il y a des bruits de couloirs et... Désolée.
- Personne ne le connaît vraiment, je l'aime. C'est ainsi. Mais toi non plus tu ne corresponds pas vraiment au groupe. Moi... Je ne sais pas. Ils sont tous sympas hein, mais je fais ça surtout pour Ash.
Le blond prenait un risque, mais cela collait aussi avec le personnage, loin d'être extrémiste. Du reste, il se servait aussi du passé de Rose, servi sur un plateau par les autorités. Issue d'une famille aisée mais sans exubérance, la gamine avait été admis dans une école privée assez chic mais mixte. Elle avait eu une amie Twi''Lek, dont les parents avaient courageusement montés les échelons dans la société. Sa mère était femme au foyer et, entretenait toujours une bonne relation avec la mère de cette dite Twi''Lek, bien que les filles, elles, aient pris de la distance. De ce fait, Rose s'était retrouvée seule.

- Ces sales envahisseurs. Ils volent tout. Faut bien faire quelque chose.- La voix sonnait faux, d'autant plus pour quelqu'un d'habitué à distinguer de nombreuses nuances sonores.- Je pensais être la seule à connaître cette vérité, je me sentais seule et Cabir est arrivé. Je ne sais pas comment il a su pour moi, j'étais pourtant discrète, mais il m'a fait entrer dans le groupe, grâce à eux j'ai trouvé ma place.- Le Hapien songea que c'était surtout l'humain qui était parvenu à faire croire à Rose qu'elle était raciste. Voilà comment il l'avait repéré, choisissant sa fragilité plutôt que ses réelles idées-

La concernée haussa les épaules sans que Luke ne s'en rende compte. Il devenait difficile pour lui de maintenir les apparences, surtout sans Karm pour discrètement le guider. Néanmoins, il tenait le rôle. Au moins, la Force ou encore la voix de Rose lui offraient quelques indications. Après avoir tentée de le convaincre sans grande conviction que depuis que le groupe l'avait acceptée, elle pouvait enfin exprimer ses vraies idées, elle semblait sur le point de craquer.

- Ils sont sympas avec moi.

Finit-elle par admettre, toutefois sur le bord des larmes. Elle qui s'était imaginée une association où ils prendraient des pots le soir dans leur résidence, comploteraient pour une manifestation et peu importe si elle n'était pas vraiment contre les non-humains, sa voisine lui avait fait du mal. Et elle devait bien trouver un endroit où elle pourrait évoluer, enfin avoir des proches.

- Mes parents ne savent pas. Tu sais.
- Je comprends.

Le silence retomba tandis qu'ils léchaient leur cône ou raclaient le fond de leur tarrine de vanille pour Luke.

- Les miens ont un ami policier, haut-placé. Je crois qu'ils s'intéressent au GIH.
- Quoi?
- Ne presque rien voir signifie affûte l'oreille, et les gens pensent que je ne me rends compte de rien. Je n'en suis pas sûr, c'est pour ça que je n'ai encore rien dit à Cabir, et puis on se connaît si peu. Il pourrait ne pas me croire. Il faudrait que je m'en assure.
- Oui.

Et il sentit sa terreur, celle de décevoir des parents plutôt tolérants. Luke la tenait. Bientôt, il comptait lui expliquer que des agents allaient essayer d'infiltrer le groupe mais qu'elle, et lui pourraient s'en sortir.
Karm Torr
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— C’est autre chose que de taguer une bibliothèque ou je ne sais quoi…
— Ecoute, mec, si tu trouves quelqu’un de plus efficace, faut pas te gêner, hein…

Le ton d’Ash s’était fait un peu agressif. C’était la partie la plus difficile du personnage, pour Karm, dont le naturel flegmatique était aux antipodes du tempérament volcanique de celui qu’il interprétait. Mais il avait bien assimilé les conseils de Luke : il ne fallait pas se montrer trop enthousiaste et la susceptibilité d’Ash était l’instrument idéal pour ne pas faire preuve d’une docilité suspecte.

Cabir leva les mains en signe d’apaisement.

— Je dis ça, moi, c’est pour toi, hein.
— Moi, je commence à m’ennuyer sévère à l’université. Les cours, la bibliothèque, les cours, la bibliothèque… J’ai besoin que ça bouge un peu plus.

Cabir hocha la tête.

— Parfait, alors. On parlera des détails ailleurs.

Le jeune homme était beaucoup trop prudent pour accueillir dans son propre appartement toute l’organisation de l’opération. Sur un bout de papier il griffonna quelques mots — son usage des télécommunications était aussi soigneusement contrôlé, pour éviter tout espionnage — et Karm lut l’adresse et l’heure d’un nouveau rendez-vous. Il hocha la tête, avant de se relever. Cabir le raccompagna à la porte.

— Au fait, Ash, à propos de Calisto…
— Hmm ?
— Pas sûr que ce soit utile de l’inquiéter avec ce genre de détails.
— T’inquiètes, hein, je lui raconte pas toute ma vie.
— Je me disais, aussi, répliqua Cabir avec un sourire entendu.

Les deux garçons se séparèrent.

Karm attendit d’être éloigné de Cabir de plusieurs niveaux pour composer un message à l’intention de Luke, lui résumer l’entrevue qui venait de se dérouler et l’informer qu’il partait en reconnaissance sur les lieux du prochain rendez-vous. Une demi-heure plus tard, il arpentait les couloirs des laboratoires d’informatique de l’université, dans un bâtiment qu’il n’avait jusque là jamais visité.

Les portes se succédaient dans des corridors qui auraient eu cruellement besoin d’être rafraîchis. Les murs étaient couverts de panneaux numériques d’une autre époque, qui diffusaient en clignotant les dernières informations syndicales ou scientifiques, à destination des chercheurs et des enseignants. Parfois, Karm croisait un étudiant désespéré qui tentait sans succès de mettre la main sur son directeur de master, professeur fantomatique qui ne répondait jamais aux holomails et semblait avoir oublié les heures de permanence à son bureau.

Dans ce département d’informatique théorique, on était loin des vastes espaces de cybernétique et de robotique avancés dont les holographies d’équipement rutilant finissaient invariablement sur les plaquettes de présentation de l’université de Coruscant, pour prouver à la Galaxie entière qu’on y était à la pointe du progrès. Ici, des centaines de chercheurs travaillent à des preuves théoriques et des concepts d’ontologie des données dont personne n’espérait aucune application pratique avant plusieurs décennies.

Quand Karm eut le sentiment d’avoir assimilé la disposition générale du bâtiment, repéré les entrées et les sorties, estimé le fonctionnement du système de ventilation, il se cala dans une salle de lecture, en attendant l’heure du rendez-vous. Lui qu’on envoyait souvent extraire des dissidents de prisons sordides sur des planètes inhospitalières n’avait pas de mal à appréhender l’architecture d’un point de vue militaire. Mais toutes ces précautions étaient probablement inutiles : Cabir n’avait pas eu l’air de se méfier de lui.

Une heure plus tard, il frappa à la porte du bureau qu’on lui avait indiqué. Une femme dans la vingtaine lui ouvrit, l’air fatigué, d’épaisses lunettes en équilibre précaire sur la pointe de son nez.

— J’ai pas encore corrigé les TD, revenez plus tard.
— Il est avec moi, lança la voix de Cabir depuis l’intérieur.
— Ah.

La femme le dévisagea de la tête aux pieds. Mila Saviari, si Karm en croyait par le nom inscrit sur la porte. Elle finit par s’écarter pour le laisser rentrer dans une salle de quelques mètres carrés où s’entassaient trois bureaux couverts de matériel informatique. La serrure magnétique de la porte se fit promptement entendre derrière lui.

— Mila, Ash. Ash, Mila. Mila est doctorante en informatique ici.
— Enseignante-chercheuse contractuelle, précisa la jeune femme.
— Et Ash est notre homme de terrain.
— C’est toi qu’a conçu le virus, du coup, j’suppose… ?
— De toute évidence, répliqua Mila, apparemment plus habituée à parler aux ordinateurs qu’aux autres êtres vivants.

Cabir invita d’un geste de la main Ash à s’asseoir sur une chaise. Bientôt, un hologramme flottait entre les trois conspirateurs, qui représentait les plans de la salle des serveurs.
Luke Kayan
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Il était déjà tard lorsque Luke fut surpris par la sonnette de son appartement. Il éteignit la bande audio qui relisait le message laissé par Karm, faisant état de l'avancée de sa partie de l'infiltration. Tandis que naissaient dans l'échine du jeune homme, les frissons de l'inquiétude, Rose était venue l'appeler. Le Hapien s'octroya une seconde pour se composer un masque et aller ouvrir, sans trop de difficultés, sa mémoire exercée ayant enfin pris les repères les plus importants.

- Rose?
- Désolée de te déranger. Je suis rentrée chez moi, je voulais me mettre à mon TP, mais j'ai pas réussi.
- hum? Si tu veux, je peux essayer de t'aid...
- Non, c'est à propos de notre conversation dans la glacerie.
- Ah. Euh viens, entre. Est-ce que tu veux un caf? Quelque chose?

Le Chevalier avait du mal avec l'esprit festif des gens de son âge. Très tôt, il avait pris des habitudes de "vieux". Favorisant le petit café de l'après-midi à l'alcool, ou la visite s'il y était contraint, de glaceries pour remplir son devoir social plutôt que les bars. Par chance, Rose était aussi une étudiante tranquille, presque morne quoique laisse penser sa chevelure colorée. C'était sans doute ce qui expliquait en partie son isolement. Elle choisit la capsule de café. Quelques grains noyés dans beaucoup de lait.

- J'ai peur pour cette histoire de police -confessa l'humaine que Luke imagina sans peine, trembler un peu, les mains serrées contre le café qu'il lui avait fait couler.- Comme je te l'ai dis, mes parents ne savent pas...
- Tu y tiens vraiment, à ce groupe?
- Oh oui! Enfin... Je ne sais pas trop. Par la Force pourquoi est-ce que je parle?! C'est toujours ça qui a causé ma perte!- Se lamenta-t-elle tandis que Luke se rapprochait. Songeant que c'était ce qui convenait à la majorité des gens, il entoura ses épaules d'un bras se voulant protecteur. La promesse de silence complice silencieuse fonctionna au bout de quelques secondes, encore une fois, la jeune fille céda à ce qui semblait un vice.- Tant pis... - Grande respiration, soupir, suivi de confessions honteuses.- moins depuis quelques temps. Ça s'est radicalisé. J'pensais que votre venue allait calmer le jeu mais... Ash. Je sais que c'est ton copain hein, et c'est pas une critique, bah il semble assez... Énergique?
- J'admets que ça m'inquiète légèrement aussi.

Sous les doigts du chevalier, les épaules de Rose s'affaissèrent, manifestant un abandon total doublé d'un probable soulagement. Pour une fois, elle n'était pas seule. Du moins c'est ce qu'elle croyait, ignorant qu'en partie, Luke jouait un rôle. En partie seulement car l'adolescente parvenait à le toucher là où Rakki l'irritait. Il nota que Rose ne mentionnait pas le problème des non-humains qui s'en tireraient indemnes ou gagneraient la bataille si elle partait du groupe. Rose n'était définitivement pas raciste. Elle avait dû être attirée par le charisme de Cabir ajouté à la souffrance d'être délaissée par son ancienne amie Twi''Lek beaucoup trop différente désormais, joyeuse fêtarde aux courbes sublimes.

- Pourquoi ne quittes-tu pas le groupe? La police ne sait rien de concret du peu que j'ai pu entendre. Et puis il n'y a pas encore eu d'actes illégaux commis.
- Que tu crois!
Luke se raidit un peu. Il chercha le regard de Rose sans vraiment y parvenir, et pas seulement à cause de sa cécité.
- C'est-à-dire? - Demanda le Jedi avec prudence.-
- Le vol des dortoirs c'était le GIH. Quelques humains ont été volé pour camoufler le truc, d'ailleurs j'ai déclaré la disparition de mon ordinateur pour dissimuler. Mais la majorité des victimes étaient des étudiants...
- D'autres races...
- Oui. Et il y a un truc appelé complicité non? J'ai pas participé mais j'ai couvert le truc et puis je savais depuis le début. Il y a eu des messages sur Comlink et tout.
- Je crois que c'est ça oui. Complicité ou entrave à enquête quelque chose comme ça.- feignit d'hésiter Luke, loin d'être sensé être un professionnel des rouages de la justice. Décidément Rose était à côté de la plaque. Elle se préoccupait d'une action certes incriminable mais qui ne représentait rien comparaison avec ce que Cabir préparait probablement.- On n'en est pas encore là, mais je pense que... S'il n'y a pas moyen d'y échapper, collaborer serait le mieux. Cabir n'en vaut peut-être pas la peine. Je ne le connais pas, après, hein.

L'ambiance presque tamisée, bercée par une musique un peu vieillotte changea tout à coup, devenant électrique.

- T'es fou? Ça se voit que tu n'le connaît pas, Cabir! Hugh... Non!
- Qui est Hugh?
- Mieux vaut ne pas remuer le passé, mais moi je t'assure, t'as pas intérêt à parler, ni moi. Avec personne. Si tu t'y essayes, je saurai qui c'est et je te balancerai.

Sans vraiment y parvenir, Rose tentait de se montrer menaçante. En réalité, elle apparaissait franchement effrayée. Luke fronça les sourcils une seconde avant de modifier son attitude. Malgré ses difficultés d'expression de plus en plus prononcées tandis qu'il vieillissait sans voir, il parvint à adopter une attitude calme, placide, rassurante.

- Je ne vais rien dire Rose. Je ne faisais que suggérer. Si la situation craint, mieux vaut éviter, c'est sûr.
Après quelques autres paroles de ce genre serti d'un frottement d'épaule amical, la jeune femme se tranquillisa. Elle avait de toutes façons, trop besoin d'un allié dans ce groupe pour creuser ce que son intuition lui soufflait à propos de cet ami trop bien, trop vite venu. Un ami qui ignorait la moitié des révélations encore sur le GIH et qui expliquaient ses aveux si "faciles". Douée d'une grande sensibilité mais aussi d'une intelligence certaine, Rose sentait qu'elle était sur la sellette. Quoiqu'elle fasse, Cabir l'avait dans sa ligne de mire. Elle était trop faible à ses yeux, prompt à tout révéler suite à quelques pressions, or la recette qui se mijotait était de celles qui devaient rester secrètes. Le garçon avait-il remarqué la fausse haine de Rose, son manque d'implication ou d'enthousiasme? En tout cas, la concernée se sentait en danger, et elle avait probablement raison.

Rose s'effondra sur les genoux de Luke qui chercha à cacher son trouble. Il n'appréciait guère le contact d'inconnu(e), mais Rose le touchant, il parvint à faire l'effort en son nom, et celui de l'enquête évidemment. La jeune fille se calma pour finir par jouer avec une mèche teinte du qui tombait sur sa poitrine.

- Dommage que tu sois gay. On s'entendrait bien. Et puis désolée de te le dire, tu ne colles vraiment pas avec Ash.
- Tu sais ce qu'on dit, les voies de l'Amour sont aussi impénétrables que ceux de la Force.
- Calisto! On dirait ma grand-mère! Non mais sérieusement, qu'est-ce qui a attiré Ash chez toi? Vous êtes le jour et la nuit.
- Les bons petits plats de grand-mère que je lui concocte. Pardi!

Un petit rire s'échappa des lèvres de Rose, tandis que Luke remerciait, pour une fois , que son orientation sexuelle soit connue. Elle fournissait une parfaite frontière, lui évitant le désagréable devoir de rejeter Rose. De plus, la jeune femme, malgré une petite déception sincère à ce propos, semblait se détendre davantage en compagnie de ce fameux "ami gay" doux et attention dont toutes les filles -ou presque- rêvaient.

Rose traîna encore un peu dans l'appartement et si Luke jouait totalement la comédie au début, il se prit à apprécier ce dialogue insouciant entre étudiants. Les cours communs, les profs, c'était, quoiqu'en dise la pauvre fille, beaucoup plus détendu que le programme que supportaient les jeunes Jedis. De fait, les horaires dont se plaignaient Rose paraissait simples, évidemment, il fallait retirer tout l'entraînement physique à son propre emploi du temps pour correspondre, de plus, certaines matières comme le droit étaient à peine effleurées là où les Padawans débutaient vers 14 ans. La vie d'étudiant lui aurait néanmoins plu -un temps du moins.- pour les possibilités que cela laissait: se cultiver seul, aller à la bibliothèque ou dans des musées, si restreinte soit sa vision des choses.

Les deux jeunes gens se quittèrent aux alentours de 20h, sous la "menace" de l'arrivée d'Ash, trop ami avec Cabir semblait-il pour qu'il les voient ensemble. Luke s'assit aussitôt à la table de la cuisine, ordinateur devant lui pour taper sur le clavier serti des fameuses deux touches en relief pour l'aider. Il avait besoin de silence et avait donc éteint le synthétiseur vocal. Les yeux fermés, il se rappelait de leur conversation afin de noter des informations intéressantes, même si dans le fond, il se promettait aussi de chercher à protéger Rose. Enfin Luke comprenait le sens du mot "compassion" dont lui avait parlé Karm. Ce n'était ni facile, ni reposant, certes, mais c'était aussi ça être un Jedi.

- Bonsoir!

Qu'il était étrange d'accueillir Karm, si normalement, dans leur "logement", comme s'ils vivaient une vie de couple normal alors que son oreille affûtée avait perçu le bruit des pas précédant celui de l'ouverture de porte. Prudent pour le cas où si un(e) étudiant(e) l'accompagnait, le Hapien n'ajouta rien qui ne prévienne de leurs activités "extra-scolaires", changeant même l'onglet des fichiers criminels de la police à celui d'un livre audio. Un roman qui accueillit Ash, résonnant dans le salon en un écho feutré. L'histoire d'un homme qui murmurait à la mer.
Karm Torr
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— ‘Soir.

Karm se pencha pour décrocher un datapad soigneusement dissimulé sous la commode de l’entrée. Il jeta un œil aux données de surveillance électronique. L’appareil vérifiait régulièrement que l’appartement n’avait pas accueilli des oreilles discrètes. Satisfait, il le cacha à nouveau, avant de déclarer :

— On est tranquilles.

Chaussures abandonnées dans l’entrée, il vint se poser derrière le dossier de la chaise de Luke, et déposa un baiser dans ses cheveux.

— J’ai passé un aprem intéressant.

Ce qui ne voulait pas dire agréable, à en juger par le temps de sa voix. Le Jedi s’éloigna de quelques pas pour contourner le comptoir de la cuisine ouverte sur le salon et préparer des sandwichs salutaires, après toute la tension des quelques heures qui venaient de s’écouler.

— Cabir veut que je m’infiltre dans la salle centrale des serveurs de l’université, pour charger un virus sur le circuit fermé, qui effacera tous les dossiers des étudiants non-humains. Inscriptions en cours, dossiers de bourses, de logements universitaires, notes, demandes d’orientation. La totale. Le virus est préparé par Mila Sakajov, une doctorante d’un labo d’informatique théorique. J’sais pas trop ce que sont ses motivations à elle, si c’est par idéologie ou pour le sport, si on peut dire, m’enfin, de ce que j’ai vu, j’ai pas de raison de douter que son virus fonctionne.

Et c’était bien dommage. Si le virus avait semblé dysfonctionnel, ils auraient pu se permettre de le laisser déployer, mais dans les circonstances actuelles, il en était évidemment hors de question. Karm revint pour s’installer à table à côté de Luke, et pousser une assiette chargée de sandwichs entre eux deux. Avec un peu de chance, l’Hapien accepterait de se nourrir. Dans le cas contraire, Karm était résolu à contacter les guérisseurs du Temple, pour enfin faire toute la lumière sur ce problème.

— Le virus nettoierait tout. Des dizaines de milliers d’étudiants sur toute la planète se retrouveraient sans alloc, sans logement, sans possibilité de prouver leur cursus, sans cours, sans rien. Certains départements ont des archives décentralisées, mais pas tout. Ce serait… Catastrophique. Le chaos.

Sur le coup, c’était beaucoup moins impressionnant qu’une explosion, qu’un assassinat ou qu’une campagne de tabassage, mais les conséquences se montreraient sans doute beaucoup plus considérables. Karm paraissait véritablement préoccupé.

— La seule bonne nouvelle, c’est que la salle des serveurs est super protégée et qu’ils ont pas l’air d’avoir tellement d’autre candidat que moi pour s’infiltrer. Ce qui me paraît… Bizarre. Ou réconfortant.

Le jeune homme acheva d’engloutir son premier sandwich et, calé contre le dossier de sa chaise, son pied cherchant celui de Luke sous la table, il s’expliqua :

— C’est réconfortant, si vraiment ils ont personne d’autre. Ça veut dire que le réseau est pas si développé que ça. Mais j’ai un peu de mal à le croire, j’suppose que c’est plutôt un test pour moi. Auquel ça, c’est bizarre, parce que… Je sais pas… Si je rate et que je me fais choper, ils se mettent quand même vachement en danger. Y a une marge entre savoir que je suis une tête brûlée et se dire que je peux vraiment accomplir une mission de ce genre.

Restait une possibilité qu’il n’avait pas envisagé, faute d’être familier de ce genre d’organisations : que tout ce scénario ne lui ait été présenté que pour vérifier s’il était prêt à aller jusqu’au bout, sans avoir jamais eu l’intention ferme de lui demander d’exécuter le plan. Une manière de tester son caractère, plutôt que ses aptitudes de commando.

— ‘Fin bref, du coup… J’sais pas. On peut pas les laisser réussir leur coup, ce serait dévastateur. Mais il faut qu’ils échouent sans se dire que c’est de ma faute. Et ils m’ont pas donné le virus, on peut pas mettre les informaticiens de la République sur le coup. Prévenir la sécurité de l’université ? Qu’ils m’arrêtent in extremis ? Et tu me tires d’affaire en ayant l’air de faire jouer les relations de ta famille ? Ça fera genre on est vraiment impliqués jusqu’au cou, non ?

Karm supposait que la difficulté qu’ils rencontraient était assez classique dans les missions d’infiltration et qu’il devait exister au sein de l’Ordre des conseils pour la résoudre. Et maintenant qu’ils avaient quelque chose d’un peu tangible, on leur enverrait peut-être des renforts.
Luke Kayan
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Le baiser dans les cheveux fit naître un frisson à la racine, Luke laissait ce dernier s'étendre jusqu'au bout de ses doigts avant de répondre à son ami.

- Cabir n'est pas une brute facile à démasquer, d'où notre intervention.- Soupira le blond en se laissant aller contre le dossier après avoir coupé le roman audio.- Son plant est intelligent, redoutable. On a intérêt à jouer serrer. Une chose est sûre, il faut qu'ils échouent, mais il y a toujours le risque qu'ils te l'attribuent, même si tu es pris dans le filet. À cette échelle cela dit, impossible de leur faire croire à la réussite de leur manipulation. Ils se rendraient compte qu'aucune donnée n'a été effacée. -Énuméra le Hapien, remâchant les mots de Karm au lieu du sandwich même s'il avait fait main basse sur l'un d'eux. Celui-ci flottait gentiment entre terre et ciel, enveloppé par les doigts du Jedi qui réfléchissait à haute voix. Confronter sa propre intelligence à celle de Cabir n'était pas simple, parce que lui, eux, avaient des limites que le présumé sociopathe ne s'imposait nullement,- - Je pense que nous pourrions commencer à récolter des preuves, Enregistrer la dernière mise au point du plan, faire en sorte que son casier reste ouvert sur une preuve. C'est grossier dit ainsi, d'autant plus que Cabir est prudent, à la limite de la paranoïa. Il faudra vraiment creuser, dans les tréfonds. Avec ces indices d'implication toutefois, nous serons aptes à stopper toute l'opération s'il y a un souci, demander l'exfiltration immédiate et l'arrestation des membres du groupe ou au moins de Cabir. Je dois fouiller du côté d'un certain Hugh moi. Rose, l'étudiante qui a proposé de faire des manifestations la veille, est venue. Après l'avoir rencontrée au glacier, elle a réfléchi et la peur commence à s'infiltrer en elle, de sorte qu'elle a passé l'après-midi dans cet appartement. D'après elle, il lui serait impossible de quitter le GIH ou tenter quoique ce soit à cause de Cabir. Le nom de Hugh lui a échappé, elle a regrettée. C'est possiblement un bon gros fil d'ariane comme on les aime. Si Cabir, Aurora ou une tête pensante de cette fine équipe était accusé d'une disparition ou d'un délit d'agression grave, nous pourrions tout stopper. Cela constituerait un élément suffisant pour les mettre derrière les barreaux en garde à vue. Un délai, vu leur argent et leur influence, seulement pour étudier leur dossier à fond, procéder à des perquisitions. C'est risqué car on peut ne pas trouver assez d'éléments à charge, ceci dit, de l'autre, procéder au déploiement de ce virus, y compris si on facilite son échec.

Cabir risquait de saisir que Karm était mouillé, même si la proposition de ce dernier semblait raisonnable. Mais Luke soupçonnait le chef d'avoir besoin de beaucoup plus qu'un bon filet pour être stoppé. Ce possible sociopathe serait capable de saisir qu'un échec cuisant et le fait d'avoir accueilli deux nouveaux membres, lesquels se sauvaient entre eux avait un lien. Ou pas. Mais Luke avait du mal à prendre le risque de laisser son ami, visiblement inquiet vu le ton employé, entre ses pattes. Du moins, pas sans assurer le plus possible les arrières.

- En solution intermédiaire donc, il reste repousser un peu cette opération, en prétextant que ça va te prendre du temps, etc. Fouiller en parallèle pour trouver le plus d'indices possibles de délits, puis faire mine de lancer la fausse attaque et prétexter l'échec, lequel te mettrais donc dans une position problématique de laquelle ma position sociale te sortirais. Avec la possibilité de tout arrêter, grâce aux preuves recueillies si ça tourne mal.

Machinalement, Luke reposa le sandwich pour taper quelque chose sur l'ordinateur. Un accès aux serveurs de la police et une zone pour les contacter, si l'on entrait son matricule de professionnel.

- Je peux contacter directement le responsable de cette juridiction pour demander le droit de perquisitionner discrètement pour cause de suspicion de terrorisme. Ce sera très difficile à négocier car évidemment, le droit à la vie privée est sacré. Néanmoins, avec un premier jet de preuves, comme l'enregistrement du fameux plan de virus et une copie de ce virus élaboré par Sakajov, ce serait suffisant. De mon côté je vais essayer de convaincre Rose de parler, et de chercher le dossier "Hugh". Le comissaire de la Zone A de Coruscant me dois une faveur, je me demande si organiser un faux interrogatoire pour elle et pour moi, afin de l'effrayer. Même une petite visite chez elle pour quelques questions. Elle s'ouvrirait à moi, également interrogée. Aussi préoccupée que confiante.

À force de chercher, l'Ark-Ni avait trouvé le pied de Luke. Ce dernier tressaillit par automatisme, mais habitué aux demandes de câlins physiques presques constantes de ce dernier, il ne put s'empêcher de sourire -et de rougir un peu.- avant de lui rendre la pareille, encore plus gêné. Il essayait toutefois de tenir sa promesse et de se montrer plus réceptif. D'un côté il fallait reconnaître que c'était aussi plaisant que flatteur de recevoir toutes ces attentions.

- Tout ça me semble bien brouillon et un peu précipité mais nous n'avons guère le choix... Quand dois-tu leur donner la réponse? Ils t'on fouillé pour la première rencontre avec cette Mila? - Soulagé de retrouver son braille, Luke anota le nom de la nouvelle suspecte sur une feuille avec une petite pointe en métal, taillée comme si c'était un crayon gris. Il était content de trouver un nouveau patronyme. Beaucoup plus grande que ce que les deux jeunes gens pensaient, l'association avait pour défaut d'être tentaculaire. S'ils attaquaient l'un de ses nombreux bras, la tête ne s'en rendrait pas forcément compte. Il espérait donc trouver des informations dérangeantes sur Sakajov, un rocher sur lequel agripper ses propres ventouses et convaincre le monstre lent mais puissant de l'administration en marche afin d'obtenir le saint Graal: des arrestations et une perquisition.-- Mmh, merci mais je me suis goinfré de glace.

Vu sa tête, l'expérience ne lui avait pas plu. Curieux, il aimait la glace avant,.

- On va trouver quelque chose, même si je dois ressortir sa dernière amende non payée pour speeder mal garé afin de ralentir la machine et la briser. Tu t'en tires très bien.

Il sourit, pour une fois confiant. Sans doute parce que Karm était là.
Karm Torr
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— Il me fouille pas, répondit Karm en entamant un second sandwich, mais c’est pas impossible que Mila ait des dispositifs de sécurité. Des scans dans son bureau, ce genre de choses. Je me risquerais certainement pas à y aller avec des dispositifs d’enregistrement classique. Mais j’imagine que mon témoignage suffirait.

Les cours de justice de la Galaxie, surtout sur Coruscant, adoraient les Jedis. Incarnations de la probité, liés par des serments moraux et des principes éthiques terriblement exigeants, libres de tout conflit d’intérêt, ils faisaient les témoins parfaits. Encore mieux qu’un policier. Le témoignage d’un Jedi valait tous les enregistrements du monde.

— Mais de toute façon, ils finiront fatalement par me filer des données. Le virus, les plans, ce genre de trucs, pour que je mène la mission à bien. In fine, c’est pas les preuves qui nous manqueront.

Karm ne s’inquiétait pas nécessairement de la condamnation de leurs suspects, en tout cas des plus impliqués, comme Cabir et Mila, mais bien plutôt de leur capacité à remonter de l’organisation étudiante à la secte qui la finançait et devait bien la diriger, d’une certaine façon. Si Cabir était appréhendé trop tôt, sans que ni Luke, ni lui-même n’ait eu le temps de se faire présenter à ceux qui tiraient les ficelles, qui leur disait que le chef du GIH accepterait de trahir les siens ? Il était manipulateur, c’était un fait, et il servait son intérêt personnel, mais rien ne suggérait pas qu’il n’était pas aussi un fanatique qui protégerait son mouvement avant tout.

Un soupir échappa au Gardien.

— Mais oui, j’pense qu’on peut prendre un peu plus notre temps. J’vais suggérer à nos contacts à l’université de changer leur pare-feu et leurs mesures de cybersécurité, genre c’est la routine, et ça obligera Mila à faire des ajustements pendant au moins une ou deux semaines. Et je vais profiter des préparatifs de la mission pour me lier un peu plus avec Cabir. Enfin, si lier, c’est le bon mot. Il a un sacré don pour parler de tout et de rien, mais dès que ça devient un peu intime, y a plus personne.

La patience finirait peut-être par payer. Ses sandwichs achevés, Karm se releva pour faire la vaisselle. Depuis la cuisine, il poursuivit :

— Pour Rose, là, ça me paraît le bon plan. Lui mettre la pression, te présenter comme une épaule compatissante sur laquelle pleurer, t’as raison, c’est prometteur. Et ça nous permettra d’offrir une alternative aux gens du groupe qui voudraient parler. Les téméraires fanatiques de mon côté, et ceux qui sont plus incertains du tien. On va ratisser large.

C’était une manière de se rassurer lui-même autant que d’approuver le plan de Luke.

La vaisselle finie, il composa rapidement un message à l’intention de l’administratrice de l’université qui avait favorisé leur inscription sous couverture.

*

Deux jours plus tard, le service informatique de l’université avait envoyé à tous les étudiants et à tous le personnel un message pour les avertir des changements structurels apportés au système central, pour satisfaire aux exigences d’un obscure département du ministère galactique de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui prescrivait des normes plus exigeantes pour la protection des données. Les instances universitaires avaient déployé tout un jargon administratif pour que cette transformation en profondeur des serveurs prenne les allures d’une énième réforme bureaucratique.

Mila et Cabir n’y virent que du feu. Pendant une semaine, Karm assista à des rendez-vous secrets, presque tous les soirs, où, sous le regard d’un Cabir dont la patience avait de toute évidence été mise à rude épreuve, Mila exprimait, quant à elle, un mélange de frustration et d’excitation. Les mises à jour du service informatique lui donnaient du nouveau grain à moudre, et si elle avait été mécontente, au début, de devoir recommencer son travail presque à zéro, le défi intellectuel avait réveillé son enthousiasme.

— Viens, je t’emmène boire un verre, déclara Cabir un soir, en remballant l’holoprojecteur de poche qui avait diffusé pendant une heure la partie des plans sur laquelle Karm et lui travaillaient religieusement.
— J’avais prévu de voir Cal’, protesta Karm, toujours soucieux de ne pas se montrer trop enthousiaste ni trop servile.
— T’inquiètes, ça vaudra le coup, assura le leader d’un air mystérieux.

Le Jedi esquissa une moue dubitative avant de hausser les épaules.

--- Bon, OK, pourquoi pas…

Ses notes rempochées, il emboîta le pas à Cabir, avec une pointe d’appréhension.
Luke Kayan
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- Je préfère ne pas me fier de l'amitié des autorités pour nous. Il faut des preuves, du solide, histoire d'effectuer un travail propre, impartial que personne ne pourra nous reprocher. Mais tu as raison, ils vont bien te donner quelque chose, s'ils ont vraiment confiance en toi. On le saura assez tôt. Allez viens, on va se reposer.

Dans la tiédeur tricheuse d'une chambre climatisée, Luke entreprit de masser doucement les épaules de Karm, sans mot dire, laissant enfin et véritablement la Force voguer autour d'eux. Il l'embrassa dans le cou, surpris de ses élans, comme si vivre loin du Temple en retirait un peu de son influence. Ou que le stress de la mission lui faisait saisir à quel point ces frôlements amoureux étaient dérisoires, ou au contraire, vitaux.

***

Une bouffée de chaleur désagréable remonta jusqu'aux joues de Luke, le poussant hors des couvertures. Vieux réflexe inutile, il se tourna vers le renflement du tissu à côté de lui. La Force salutaire vint à sa rescousse, frôlant la paisible silhouette endormie. Karm. Le jeune Jedi inspira profondément. Ce n'était pas lui, Jason. Le possible meurtrier qui le narguait dans ses rêves, tâchant ses doigts de sang, déterminé à lui faire payer l'outrage de la dénonciation.

L'avantage d'endosser le rôle d'un universitaire résidait dans la vie quotidienne qui allait avec. Partiellement offerte à l'Ark-Ni et à Luke, elle leur octroyait des moments privilégiés comme des nuits dans un cadre relativement normal. Le jeune homme appréciait également la matinée. Outre ses exercices bien plus physiques qu'on ne pourrait le songer, y compris chez un étudiant en éducation physique, Luke devenait Calisto. Dans sa manière de préparer le café en peignoir, de s'asseoir, les deux mains entourant la tasse chaude, fumante et de rêvasser. Quelques instants, tout au plus, avant de filer sous la douche puis sortir son ordinateur. Là, l'étudiant perdait du terrain, le Jedi réclamant son heure de gloire. Au lieu de TP et de recherches coutumières pour un troisième année, le Chevalier fouillait dans les archives de la police, envoyait des lettres au Juge - Karm avait raison, l'homme de loi se pliait en quatre pour les Jedis. Il organisait, dans une section privée, les négociations afin de faire transférer le futur potentiel prisonnier, obtenir des droits d'interrogatoire. Aux alentours de 11h30, une nouvelle tasse de café à la main, épaulé par son ami si ce dernier demeurait, il délaissait l'administratif pour reprendre l'enquête. Comptes bancaires, géolocalisation, étude des caméras de surveillance grâce à un système de reconnaissance faciale. Le Hapien avait petit à petit tracé une route qu'empruntait Cabir le weekend. Il l'avait plusieurs fois perdu, puis retrouvé au fil des essais, jusqu'à être guidé vers un point, proche de la destination. Pour plus de précision, il faudrait aller sur place.

Un guide audio vissé aux oreilles, carnet de note dans la main, Calisto, étudiant en criminologie, explorait les alentours d'une petite demeure aux allures d'Église, à moins que ce ne soit le contraire. L'excuse magistrale: une série d'assassinats de prostitués commis trois siècles plus tôt. L'ancienne Maison avait été abandonnée tout ce temps, jugée hantée jusqu'à ce qu'un homme soutenu par des financements privés retape une partie et l'habite. Personne sauf les intéressés ne savaient vraiment à quoi se dédiait cette communauté, ni ce qui avait convaincu les membres - dont certains, aisés, avaient été reconnus.- de racheter le bâtiment. Officiellement c'était un genre de foyer recueillant des gens seuls, destiné à leur offrir une oreille, des gâteaux, du café avec un nuage de foi. Luke prit quelques annotations sur le clavier de son comlink avant de se tourner. Sur le muret qui longeait des pots de fleurs charmants, Aurora, jambes croisés, riait.

- Tu t'es perdu?
- Oh, non merci.- Il coûta de nombreux efforts au Jedi pour reconnaître le timbre de voix, sensé y voir au moins un peu, le jeune homme tourna la tête vers son interlocutrice. Par élimination ce ne pouvait qu'être l'amie de Cabir.- J'étudiais les Crimes de la 106. L'auteur était extrêmement doué, au point de commettre divers assassinats dans cette même rue. Inédit dans l'Histoire
- L'histoire du crime, hum, tu ne t'éloignes pas de ton registre là? - Agile, la jeune femme bondit de son muret pour atterrir devant Luke, lequel recula d'un pas. Ce genre de prouesse féline devait impressionner Calisto, habitué au confort d'un siège rembourré devant son ordinateur, ou en guise de terrain, aux sages pierres de monuments historiques.
- Ça reste de l'Histoire -répliqua le faux brun, docilement.- Cette bâtisse est au coin d'une artère chic de Coruscant, tout en versant sur une autre ruelle qui mène à un quartier beaucoup moins fréquentable. Elle est spéciale.
- Là, c'est de l'Architecture mon p'tit Calisto.
- Ça aussi c'est de l'Histoire.- s'entêta le troisième année.- Tout est Histoire. C'est pour cette raison que j'ai choisi ces études. Peu importe le domaine abordé, il n'y a pas de hors-sujet.
- Moi je préfère vivre le présent pour faire bouger le futur. L'Histoire c'est du passé. Fait pour les mauviettes qui se mouchent dans les lauriers d'avant.
- Ou apprendre des erreurs pour ne plus les réitérer.
- Mouais. Bref, tu sais pas où est Cabir?
- Sans doute avec Ash.- avança prudemment le Jedi.
- Ça j'm'en doute, c'est son nouveau meilleur pote -Luke nota l'agacement poindre dans la voix de la jeune femme.- Mais c'est sensé être ton copain, nan? Tu sais pas où traîne ton copain?
- Ash ne me dit pas tout ce qu'il fait, ni quand, ni comment.- Répliqua le Chevalier avec un détachement frisant la froideur. Si Aurore paraissait blessée, il pouvait aussi jouer cette carte. Cela sembla fonctionner car malgré son indifférence feinte, elle resta à ses côtés. Y compris sans espoir de trouver une réponse.-
- Je vois, le couple Gay libéral. On se laisse notre indépendance en toute confiance. - Railla-t-elle tandis que Luke haussait les épaules, l'air de moyennement saisir. Vu son tempérament, Ash avait tendance à faire ce qu'il voulait, pacte tacite de respect d'une vie intime propre ou non.- Au fait, c'est vraiment par hasard que t'as débarqué ici?
- Non. Je te l'ai dit, je veux étudier les crimes de la 106 ème avenue. C'est la première fois que pour attraper un assassin, les policiers ont commencé à imaginer son profil... Et...
- Laisse tomber ton scoop vieux comme la Galaxie. Y'a bien plus intéressant que cette rue sur laquelle si j'vois rien, toi encore moins. J'peux te faire entrer dans la baraque.
- Sérieusement?
- Ouais. C'est de là que provenaient les filles assassinées. Que ce soit des années après leur passage ici ou fraîchement recrutées, toutes, elles avaient toutes un lien avec cette maison close. S'il fallait, le tueur les suivaient chez elles, les séquestraient puis les ramenaient ici, dans cette ruelle pour les achever.

À n'en pas douter, Aurora connaissait son histoire. Luke fut surpris de sa culture et se félicita d'avoir pris du temps pour trouver un alibi qui justifierait sa présence dans les alentours.

- Et tu sais pourquoi, au final, le présumé coupable arrêté a été relâché faute de preuves?
- Les techniques n'étaient pas encore assez avancées et le profilage non reconnu comme base solide pour établir un lien entre un homme dont le sexe, le comportement, la caste sociale correspondaient. Il fallait du solide, des preuves tangibles or rien, pas même un cheveu ne fut à l'époque exploitable. Des siècles plus tard, on a établi que c'était bien lui, même si après avoir été relaxé les meurtres se sont stoppés.
- Ici. Ouais. Pas ailleurs. La vraie raison pour laquelle il a été relâché est que tout le monde se foutait de ces femmes.
- Elles étaient prostituées, les gens de l'époque n'avaient pas d'estime pour...
- Elles étaient non-humaines. Alors. On rentre?

Aux oreilles de Luke, un joyeux tintement lui fit comprendre qu'Aurora disait vrai, qu'elle avait les clés et assez de jalousie envers Ash et Cabir pour le faire entrer.
Karm Torr
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— Tu danses… ?

Karm se retint de demander à Cabir si c’était une invitation, même si la réplique lui brûlait les lèvres. Il avait assez fréquenté les soldats de l’armée républicain pour savoir que les hommes hétéros n’appréciaient pas ce genre de plaisanteries. Tous ces concepts-là lui échappaient un peu, mais il n’avait pas besoin d’en sentir la pertinence, pour en comprendre l’importance.

Alors il répondit par un haussement d’épaules.

— Pas trop mon truc. Trop… J’sais pas. Artistique.

Cabir l’avait conduit jusqu’à un club déjà plein en début de soirée, où le bar jouxtait une piste de danse, dominée elle-même par des galeries métalliques où s’entassaient encore d’autres clients. Karm supposait qu’il s’agissait d’un de ces endroits branchés de Coruscant où, lui avait-on dit, les danseurs et les buveurs se succédaient sans interruption, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le jour comme la nuit. C’était la première fois de sa vie qu’il mettait les pieds dans un endroit pareil.

— Moi j’aime bien, poursuivit Cabir. C’est un peu comme chasser.
— La partie drague, tu veux dire ? Ça, je comprends, ouais.

Karm pivota sur son tabouret, pour faire face, comme Cabir, à la piste de danse. Il n’était pas sûr de bien cerner les enjeux de cette petite virée entre amis, mais c’était sans doute du positif.

— C’est bigarré, comme population, ici, dis donc…
— Y a des clubs pour humains, répondit Cabir, en baissant d’un ton, mais juste assez fort pour que Karm puisse l’entendre malgré la musique. Mais c’est tenu par des fachos de première, ambiance drapeaux qui font peur et bottes militaires.

Le Jedi le fixa un instant et il comprit que sa répugnance était sincère. Pour alimenter la machine, il lâcha :

— Ah ouais, ça craint…

Cabir hocha la tête.

— On est pas aidés avec ce genre de personnes. Moi, tout ce que j’veux, c’est une société normale. Pas un régime totalitaire ni rien. Juste une société humaine, avec des valeurs communes, une civilisation commune, du vrai vivre-ensemble.

C’était une perspective perturbante que de songer que Cabir n’avait pas que des aspirations néfastes. Mais, au fond, pour Karm, c’était à peu près comme chez les Ark-Ni. Pour avoir vécu la majeure partie de sa vie loin de son peuple, il pouvait reconnaître en toute lucidité que sa société natale était à la fois étonnamment progressiste et radicalement xénophobe. Tout n’était pas toujours ou tout noir, ou tout blanc.

— Le truc, c’est que quand on fait des actions radicales, on tombe souvent sur des gens radicaux jusqu’au bout.

Silence. Karm avait touché quelque chose du doigt, mais il n’était pas certain de savoir encore trop quoi. Cabir lui adressa un bref regard en coin, avant de déclarer brusquement :

— Viens, j’ai envie d’me faire une meuf. Paraît qu’on pécho facile avec un copain gay.

Et Karm se fit entraîner à son corps défendant sur la piste de danse. En réalité, il ne savait pas trop mal danser, sans avoir jamais appris : d’un côté, il était féru de musique, comme la plupart des Ark-Ni, et par conséquent il avait le sens du rythme, et de l’autre, il était rompu au combat au sabre, qui était après tout une sorte de danse. Il fit son possible pour copier les gestes des gens tout autour de lui, sans avoir l’air non plus trop à l’aise, tandis que, de minute en minute, Cabir les guidait plus près de deux demoiselles.

Il était charismatique et sûr de lui, Ash avait un physique avenant, l’affaire fut vite entendue. Dix minutes plus tard, les quatre danseurs se laissaient tomber sur l’une des banquettes de cuir qui entouraient la piste de danse.

— Vous auriez pas un pote à présenter à mon ami, là, demanda Cabir en désignant Ash d’un signe de tête ?

Les deux filles gloussèrent, puis l’une d’elle tira son datapad dernière génération de son sac à main, pour envoyer un message. Karm conserva un air parfaitement détendu, mais l’idée de devoir jouer les jolis coeurs avec un inconnu ne l’enthousiasmait guère. Il soupçonnait cependant Cabir de vouloir tester sa relation avec Calisto. Une manière comme une autre pour le futur gourou de s’assurer que sa nouvelle recrue ne le lui préférait jamais son petit ami.

La conversation reprit. Cabir avait déjà son bras autour des épaules de l’une des demoiselles quand un garçon d’une vingtaine d’années, très beau et très efféminé, vint faire la bise à ses deux amies avant de s’asseoir près de Karm.
Luke Kayan
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- Comment t'as rencontré Ash? Gaffe à la marche.
- Un cours en commun. Il n'avait pas les notes, ni les devoirs. Je lui ai refilé les premières, et fait les deuxièmes. Typique.
- Pour une relation atypique. Vous ne collez pas du tout ensemble.
- C'est amusant tu es la seconde personne à me le dire en moins d'une semaine.
[color:92d9= Pink]- Ouais. C'est drôle. Moi j'pensais que plus de gens te l'auraient dit.
- Parce que toi et Ash vous collez mieux?- Se risqua Luke d'un ton placide.
- Qu'est-ce qui te faire dire? - Tension et curiosité. Le bras qu'Aurora avait offert au Hapien pour l'aider à marcher dans cet univers mal allumé se raidit.
[color:92d9= yellow]- Tu sais ce qu'on dit, les homosexuels ont un sixième sens pour flairer ça. Les malvoyants aussi en ont un. Imagine les deux

Le silence lourd s'épaissit une seconde avant de disparaître, noyé par le rire clair, presque pur d'Aurora. Avec une force insoupçonnée, elle tapa sur l'épaule du garçon, tandis que son amusement résonnait encore contre les murs sombres de l'église vide.

- T'es pas si coincé que ça.
- Comment aurais-tu pu le savoir? On se connaît à peine. - Air mi-malicieux, mi-vexé de Calisto.
[color=pink]- Et bah, mon vieux, dire que tu ne faisais même pas exprès... Tout le monde n'est pas aussi bigleux que toi. C'est marqué sur ton front: Somnifère.

Ah non. Pas ici quand même, dans ce recoin à demi-louche, à demo-choc. Inutile cela dit de jouer les offusqués. Son rôle était d'être un somnifère pas le moins du monde dangereux. Attachant et facile à manipuler.

- Je suis timide au début. C'est pour ça.
- Pourquoi t'es là ?
- Pour étud...
- Dans le groupe Cal' -Soupir exaspéré d'une Aurora à peine étonnée de retrouver l'étudiant trop sérieux long à la détente.- Le groupe. Et vraiment , pas le baratin que t'as sorti à Cabir. Les filles aussi sont réputées pour leur sixième sens.
- Et bien. De base, hum, en partie pour Ash je suppose.- Luke jouait serré en confessant ce mensonge qui paraissait vrai. Une bombe pour sa crédibilité. Pourtant, il eut de la chance et la jeune femme choisit de prendre cet aveu comme un signe de faiblesse. De ce fait, Calisto était prévisible.
- Mais je suis loy...
- En même temps tu sais, j'm'en tape. T'es un peu comme Rose. Pour la déco. Arriver au nombre de membres suffisant pour déclarer l'asso. Du moment que tu ne nous fous pas dans la mouise. Nan tu ne le ferais pas, t'es beaucoup trop timoré pour ça. En plus, on saurait que c'est toi. Forcément.

Luke choisit de reculer d'un pas, il buta contre un banc, dont l'angle cingla son genou. Lèvres mordues, il étouffa un gémissement qui fit rire Aurora et eut le mérite de la détendre.

- Mais tant que t'es là. Autant te faire visiter.

Naturellement, ou presque, les deux jeunes gens se mirent à prospecter l'église. L'humaine le guidait en lui donnant le bras.

- Au fait. Ce sont les aveugles.
- Hum?
- La sagesse, l'instinct spécial. On dit que ce sont les aveugles qui l'ont, pas les taupes.
- Hum.
[color:92d9=#pink]- Qu'est-ce que font Cabir et Ash tu crois?
- Franchement, aucune idée.
- Et tu t'en fous?
- Ça changerait quoi si je ne m'en fichais pas?
- J'sais pas. Tu pourrais te venger.
- Tu veux te venger, toi?
- De qui?
- De Cabir.
- Non.
- Arrête. Me reste le sixième sens du gay je te rappelle.
- Un point. T'sais au début, je voulais m'amuser avec lui. Je m'ennuyais ferme dans cette université à la con. Mes parents m'y ont envoyé pour que j'fasse plus de vagues. La gamine rebelle qu'on aime mais de loin, qui dérange, tu vois. Par contre la saloperie de sœur adoptée, la superbe Zeltronne au teint pêche et aux notes éclatantes on la garde près de soi. Mais après...
- Mon père a eu affaire à un Zeltronne aussi. Tiens.
- Je sais, qu'est-ce que tu crois? Qu'on vérifie pas les dossiers des candidats avant de les accepter?
- Ouah, ça fait plus sérieux qu'asso étudiante là.
- Sérieux? J'pensais que t'avais un cerveau moi. C'est logique. Hein. Tu crois que je te fais visiter cette **** d'endroit ou des non-humaines sont mortes pour rien? Que j'ai les clés pour rien?
- Je ne sais pas, Ash ne me raconte pas.
- Arrête de me rabâcher ce nom et vis pour toi ! Pense tout seul. Pas question de doubler Cabir, mais que dirais-tu si on lui montrait ce qu'on vaut? Ash c'est du menu fretin. Il amuse Cabir parce que c'est un je-m'en-foutiste. - elle disait ça tout en cachant assez mal sa jalousie, ses inquiétudes, pour que Luke les ressentent dans les trémolos de sa voix, discrets mais perceptibles.- c'est un pion. Toi t'es rien pour lui, mais tu pourrais le devenir. Te trouver un vrai copain dans le groupe, qui couche pas dans n'importe quel lit avant d'entrer dans le tien. J'parle même pas du groupe. Je parle de plus d'ailleurs. Toi tu as un cerveau. Enfin je pensais, là j'en doute.
- Tu m'attendais? Tu m'as suivi?
- En même temps pister une taupe, j'ai pas de mérite.
- Cette conversation, tu la recherchais. N'est-ce pas? Tu avais tout prévu.
- Bof, tout dépendait de tes réponses. Mais j'crois que tu me plais bien. Tant mieux, j'avais la flemme de chercher quelqu'un d'autre.
- Pour prouver à Cabir que tu existes, et que tu es meilleure qu'Ash?
- Ouais. Toi tu récupères ton copain, ensuite vous dégagez de notre vie. À moins que tu ne grandisses entre temps et vire ton entremetteur de pote, pour t'en choisir un qui vaille la peine et partage vraiment nos valeurs.


Comme de nombreux leaders charismatiques, Cabir avait apparemment oublié que s'il poussait les gens à s'attacher à sa personne, ceux-ci réclameraient ensuite continuellement son attention. Il avait rendu Aurora folle amoureuse. Son pari avait fonctionné au-delà de ses espérances et désormais, elle voulait lui montrer combien elle était la meilleure pour régner à ses côtés, faire les 400 coups quelqu'ils soient, y compris les plus dingues. Tout pour lui. Après Ash, elle s'en prendrait à Mila, s'il le fallait, elle détruirait le groupe pour retrouver son Cabir.
Karm Torr
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Il s’appelait Amal. Il était beau comme un dieu. Les muscles se dessinaient sous sa peau noire, que sa tenue légère dévoilait beaucoup. Son regard était brûlant. Ses sourires envoûtants. Karm, pourtant, était tout à fait capable de faire abstraction. Ce n’était pas le problème. Le problème, c’était qu’Ash, lui, ne faisait jamais abstraction. Le Jedi se retrouvait prisonnier de son personnage. Cabir avait fini de conter fleurette à sa demoiselle. Il se pencha à l’oreille de son nouvel ami et murmura :

— Y a des alcôves privées à l’étage, tu devrais passer du bon temps, on se retrouve demain.

Karm soutint le regard du gourou en herbe. Difficile de refuser sans paraître suspect. Amal déposait déjà un baiser dans son cou. Alors Ash se fendit d’un sourire, un peu forcé, sans doute, mais, à la faveur de l’obscurité, Cabir n’y vit que du feu. Le faux humain se releva et tendit la main à Amal, avant de passer le bras autour de sa taille, possessif et dominateur, comme il se devait. Il jeta un dernier regard à Cabir, avant de prendre la direction d’une alcôve.

Désormais, sa seule préoccupation, c’était de trouver une excuse valable pour se défaire de sa conquête sans que cela ne paraisse suspect. Si jamais Amal racontait à ses amies qu’il avait été planté inexplicablement par le bel Ash, et qu’elles l’évoquaient à leur tour à Cabir, ce dernier pourrait commencer à se poser des questions. Porte de l’alcôve passée. Amal s’y était adossé. Il attrapa Karm par la ceinture, pour l’attirer contre lui, ses lèvres s’approchèrent des siennes et…

En une fraction de seconde, Amal s’était retrouvé plaqué face contre la porte, immobilisé par une clef de bras. Les réflexes de Karm avaient parlé. Il tordit un peu plus le poignet de sa victime pour qu’Amal lâche la seringue qu’il avait tenté de lui injecter. Au même moment, Amal prit appui contre la porte avec le pied pour se propulser en arrière et renverser Karm. La seconde suivante, il chevauchait l’Ark-Ni, un vibrolame à la main.

Une vague de Force aurait été le meilleur moyen de s’en tirer, mais Karm jugeait préférable de conserver sa couverture. Il para d’un revers de bras le coup de vibrolame et lança un coup de tête dans celle de son inexplicable agresseur. Amal bascula en arrière et, le temps qu’il reprenne ses esprits, un coup de poing l’assommait pour de bon.

*

— Salut.

Quand Amal reprit conscience, la musique perpétuelle du club résonnait toujours tout autour d’eux. Ils étaient encore dans l’alcôve privative, qui, pour une fois, accueillait des jeux dangereux, plutôt que des jeux coquins. Karm avait ligoté son prisonnier avec les draps du sofa et, debout, les bras croisés, il l’observait à travers ses lentilles de couleur.

— C’est quoi, le deal, t’en veux à mon pognon ?

L’autre ne répondit pas. Quelque chose avait changé dans sa façon de respirer, de battre des cils, dans les replis de sa bouche. Sa beauté était intacte, mais elle était aussi plus assurée et plus virile. Le masque était tombé.

— Bon, écoute, j’appelle les flics, tu leur expliqueras tout ça.
— Toi d’abord, répliqua finalement l’étranger.
— C’est censé vouloir dire quoi, ça ?
— Que les flics seront probablement très intéressés par ce que toi et ta bande de détraqués vous mijotez.

Karm haussa un sourcil.
Voilà qui devenait intéressant.

— Tu bosses pour qui… ?

Pour toute réponse, Amal cracha aux pieds du Jedi. Karm hésita une seconde. Mais le jeu en valait la chandelle. Alors il se plongea dans la Force, pour observer l’humain avait encore plus d’intensité, et tenter de détecter un piège, de percer à jour ses intentions. Il était loin de pouvoir lire dans les esprits, mais il cherchait au moins à se faire une idée, à nourrir son instinct.

Et puis, guidé par son intuition, c’est-à-dire par la Force, il lâcha :

— J’suis un Jedi en mission.
— Et moi je suis sénateur de Coruscant.

Karm tendit la main et la table basse qu’il avait repoussée contre le mur se souleva lentement de terre, pour flotter au milieu de la pièce, avant de retomber doucement. Amal observa le phénomène avec beaucoup de circonspection, avant d’objecter :

— Qui me dit que t’es pas un Sith ?
— En pleine capitale républicaine ?

L’Ark-Ni soupira.

— Bon, écoute, j’te détache en gage de bonne foi, mais essayons de pas remettre le couvert.

Quand les liens d’Amal furent dénoués, en effet, le jeune homme n’essaya pas d’agresser à nouveau le Jedi.

— Alors, tu bosses pour qui ?
— J’ai pas l’habitude de révéler le nom de mes clients.
— Ecoute, tu débarques dans mon affaire comme un bantha dans un jeu de quilles, soit tu t’expliques, soit je te refile aux autorités et c’est plus mon problème.
— OK, OK, relax. T’es mignon mais t’es acariâtre, dis donc.

Amal décocha son sourire le plus charmeur au Jedi, tout en se massant les poignets.

— Je suis un contractant privé de sécurité et de renseignement.
— Un mercenaire.
— Dis comme ça, ça fait sinistre. Bref… Je suis sur une mission pour un riche industriel neimoidien, dont je te filerai certainement pas le nom. Il a appris qu’un groupe ciblait les non-humains à l’université de Coruscant, et comme il est un peu philanthrope, il a engagé des gens pour le démanteler.
— Je vois. Et tes potes, tout à l’heure, dans le club ?
— De très bonnes collègues.
— C’était quoi votre plan ?
— Capturer Cabir et l’envoyer à notre employeur.
— Simple.
— Merci.
— Voire simpliste.

Amal leva les yeux au ciel.

— Je fais dans l’efficace, pas dans le subtil.
— Contacte tes collègues et vois où elles en sont.
— Et pourquoi je ferais ça ?

Le regard de Karm se passa de commentaire. Amal réprima un sourire en coin. Faire tourner un joli Jedi en bourrique, ce n’était pas l’issue la plus malheureuse qu’il connaisse pour une mission. Le mercenaire sortit son comlink, le glissa dans son oreille et appela ses consœurs.

— C’est moi. … Ouais, ouais, j’ai géré le beau gosse… Il roupille comme un bébé…

Apparemment, Amal n’était pas pressé d’avouer sa défaite aux autres mercenaires.

— Et vous… ? OK… OK… à plus…

Il éteignit son comlink.

— Il est anesthésié, ficelé et les hommes du boss l’ont récupéré.
Luke Kayan
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- Il ne s'agit pas d'impressionner Cabir. Ce serait agiter les bras comme un imbécile devant lui et perdre toute miette de crédibilité. Il faut viser plus haut.

Luke fronça les sourcils. Aurora lui paraissait résolument tordue, et le pire est qu'elle avait probablement raison. Cabir était si singulier que sa manière de procéder pourrait s'avérer juste. D'autre part, le Chevalier n'oubliait pas que l'étudiante était capable d'utiliser son intelligence sinueuse contre lui, contre Calisto, fragile amoureux d'Ash le frondeur. Ce dernier qui n'était qu'un caprice de celui qu'elle considérait sien après qu'il l'eût séduite au prix de gros efforts. Aurora n'était pas du genre à se laisser faire, y compris soumise, admirative envers la figure d'un futur Guide possible, probable . Paradoxalement, elle s'apprêtait à lutter afin de lui prouver son droit de soumission. Idée à la hauteur de son esprit torturé, abîmé. Pour se faire, malgré les risques, elle aurait besoin, juste un peu, de Calisto.

- Sais-tu où nous sommes exactement? Au présent?
- Une petite Église?
- Une Église grandissante. La souche du GIH. Les racines. Tu comprends?
- Vous avez un lien direct, alors?
- Humpf, pas exactement. Les aînés ont eu vent de nos actions, revendications, manifestations. - Face à Calisto, la méfiance primait encore, à cause de son côté timoré qui risquait de s'outrager d'actions trop concrètes.- Mais ils doivent être prudents. On en a déjà parlé, l'abusif progressisme né du besoin de gagner des votes paralyse pas mal les choses. Karim a refusé de nous reconnaître. Pour l'instant nous n'avons pas fait nos preuves, d'autant plus que certains de nos parents désapprouvent nos agissements. Ils sont trop vieux, trop timorés. Ils viennent ici pleurnicher, raconter leurs mésaventures, comment ils se sont vus remplacer par d'efficaces et envahissants employés non-humains payés deux crédits l'heures. Certains s'en servent même d'excuse pour justifier leurs actes.- La jeune femme pensa fortement au père dudit Calisto qui avait certainement envie d'échapper à son quotidien ennuyeux aux côtés d'une épouse coincée et d'un fils davantage rabat-joie encore, affublé d'un handicap lourd. Cependant, son objectif étant d'obtenir l'aide du brun, une fois n'est pas coutume, sa langue acide demeura dans sa bouche.- L'Église divulgue ses idées, se remplit petit à petit mais elle reste moribonde, engoncée dans ses craintes d'avancer, de peur de tout perdre, de finir en ruines comme la maison précédent. Au fond, je suis cela dit, persuadée que Karim attend le premier acte de bravoure afin d'asseoir définitivement son autorité. Un beau coup qui attirerait des gens qui partagent nos idéaux. Un tout ou rien. Il est déçu de sa communauté, trop âgée, rien ne se fait. Au début ses discours étaient passionnés, véhéments, désormais ils sont davantage prudents. Il faut absolument les réveiller, leur démêler la corde, s'il le faut plaquer le bout entre leur mains.

Il était ironique de constater qu'une fidèle indirecte de l'Église se montrait plus virulente que le Gourou. Néanmoins, Luke supputait que ledit Karim n'était pas si inactif. Il devait posséder un petit groupe de fidèles virulents qui commettaient des actes radicaux. Sans doute Aurora le devinait-elle en quelque sorte et espérait y accéder afin de conquérir Cabir définitivement. Si une jeune femme aussi intelligente avait pensé que Karim n'avait pas déjà drapé Coruscant de quelques tentacules, elle ne se serait certainement pas accroché à ce groupe en apparence composé de vieilles mères-grands râleuses ou de couples désabusés qui cherchaient une excuse pour expliquer le dysfonctionnement familial dont ils étaient coupables. Le leader du GIH encore moins.

L'humaine pour sa part, avait pris soin de nuancer son discours déjà bien assez fort, concentré comme une bouteille d'alcool pur. Elle savait que l'Église avait, en souterrain, le projet de frapper pour de bon, sans en informer le gros des fidèles qui servaient surtout de financement, comme ses propres parents. C'était Cabir qui l'avait informé de projets dans la cave, lesquels démentaient l'attitude poussive de l'Église déjà regardée d'un mauvais d’œil par la loi. Sous l'écran de fumée pratique formé par de riches mécontents, trop timorés cependant, se préparait quelque chose de gros. Ne pouvant en faire partie, Aurora avait décidé d'oeuvrer de son côté afin de se faire interpeller par Karim. Si ce dernier risquait de reprocher cette initiative à une membre récemment intronisée -grâce à Cabir, jusque là l'unique membre du GIH admis à certaines messes plus privées.- elle était persuadée de pouvoir le convaincre de ses grandes capacités une fois face à lui. Bien sûr, faire face à Karim dont elle ne savait au final pas grand chose l'effrayait, mais la jeune femme se sentait prête à lutter. Elle avait toujours eu raison de confier en son extraordinaire capacité de jugement. Camaléon de talent, Aurora réussissait à s'adapter à merveille à son interlocuteur, la preuve, Calisto n'était-il pas toujours devant sa personne, un air sceptique, inquiet mais aussi curieux fiché sur ses traits?

- Et en quoi aurais-tu besoin de moi?
[/color]- La majorité des parents sont fichés comme membres.- Jusque là, les agents n'avaient rien contre eux, parce qu'encore une fois, l'Église offrait une image d'extrémistes théoriques, peu dangereux malgré leurs idées. Sans moyen.- Les miens ne savent pas, évidemment.- Une sœur adoptive Twi''Lek expliquait les idées divergentes de ses chers géniteurs, ainsi que la méfiance de Cabir ou de Karim à son égard au début. Néanmoins, elle avait su leur prouver sa fidélité, comme d'habitude.- Et moi, j'ai quelques archives à mon nom dans leur bureau. Deux ou trois dossiers.- Un sourire malin habilla ses lèvres. Elle avait dans sa prime jeunesse, commis divers larcins dans des boutiques de luxe. Juste pour le fun.- Toi t'es comme moi, le casier en moins. Ton père est sorti avec une Zeltronne, et ils sont récemment entrés dans l'Église. Personne ne soupçonnera votre famille. Toi encore moins.
- Je vois. Mais très précisément, de quoi aurais-tu besoin?
- Que toi et ton handicap vous vous perdiez dans des bureaux intéressants. Dans ceux de l'immigration.

Quoique protégé et lié à à la police, cet endroit où commençaient le chemin d'étrangers souvent non humains sur Coruscant restait accessible avait-elle jugé. Ce n'était pas une forteresse, et avec un bon plan, une gueule d'ange innocente, une canne d'aveugle il serait possible d'y entrer, même d'être laissé seuls quelques instants aux côtés de l'ordinateur, si quelque chose dérangeait ledit policier -et on le dérangerait.-

- J'ai besoin que tu joues les aveugles, ce sera encore moins dangereux. Ah, et que tu te fasses passer pour un proche-humain qui vient de débarquer et qui demande "l'asile".

Voilà autre chose, on lui demandait de jouer son propre rôle... Luke répondit par une pirouette qu'il devait encore réfléchir puis parti. Arrogante après de multiples réussites, Aurora laissa filer son complice, ou plutôt sa victime. Si les choses se tordaient, elle le dénoncerait, il ne serait pas une grande perte -et c'était aussi pour ça que la fille l'avait préféré à quelqu'un connaissant bien le groupe, chacun des membres, jusqu'à où certains comme Cabir ou Ross étaient prêts à aller.-

***

Luke laissa couler la bandoulière de son sac sur la chaise à côté. Il s'installa à son ordinateur et tapa un rapport sommaire indiquant qu'Aurora avait confirmé un lien indirect entre l'Église et le GIH mais rien de suffisamment suspect, aucune confession sur de vrais crimes, au contraire puisqu'elle présentait la dérive religieuse comme poussive. Une proposition d'action plus radicale le concernant, sa jalousie envers Ash étaient toutefois intéressants. Suite à cela, il colla un post-it sur lequel Karm avait précédemment écrit "j'ai fait les courses" sur le réfrigérateur. Signe qu'il y avait du nouveau. Un soupir plus tard, le Jedi fila faire une douche, harassé par sa journée. Il espérait que le jet chaud lui ferait un peu oublier son inquiétude pour Karm. Il était rageant de ne pas pouvoir le contacter librement, mais Luke devait lui faire confiance. Son ami prenait son infiltration à coeur, il était doué. À cette idée, le Chevalier désormais nu sous le pommeau sourit avant de se saisir du shampoing, soigneusement posé à un endroit précis. La cohabitation, difficile, avec Jason semblait si simple avec Karm, Il n'y avait jamais de problème concernant les affaires, laissées à un endroit exact pour lui. Avec un naturel déconcertant par son compagnon attentionné. Pas de désordre, pas d'accro. Il était si étrange d'expérimenter cette colocation sous prétexte d'une infiltration encore plus étrange.
Karm Torr
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— Tu veux pas lâcher ton datapad et toi et moi, on finit ce qu’on a commencé ? Sans seringue, cette fois, promis.
— Mais bien sûr, lâcha Karm en achevant de composer son message.

L’Ark-Ni releva les yeux vers le mercenaire.

— J’aimerais surtout récupérer mon suspect.

Amal haussa les épaules, en signe d’impuissance.

— C’est plus de mon ressort, désormais. J’ai rempli mon contrat, faut voir ça avec mon client.
— Dont tu refuses de me donner le nom.

Le chasseur de primes répondit par un joli sourire insolent.

— Peut-être que si tu me montrais tes talents dans un domaine moins martial, répliqua l’entreprenant personnage, en se laissant tomber sur le sofa, alangui, je pourrais me laisser convaincre, qui sait.

Karm soutint le regard brûlant.
Juste assez longtemps pour que la porte de l’alcôve s’ouvre, sur deux Sentinelles au physique d’armoire à glace.

— Je te laisse avec mes collègues, tu leur parleras de ta pratique du kidnapping et de l’obstruction policière.

Le mercenaire laissa échapper un long soupir, plus résigné que vraiment effrayé. Ce n’était probablement pas la première fois qu’on l’arrêtait dans l’exercice de ses fonctions. Les aléas du métier. Il n’en tenait pas rigueur à Karm, au demeurant : dans cette Galaxie, chacun avait son rôle et chacun tentait de tirer son épingle du jeu.

L’Ark-Ni s’entretint quelques secondes à voix basse avec les autres Jedis avant de quitter discrètement l’alcôve et la boîte de nuit. Il espérait que l’interrogatoire d’Amal porterait ses fruits et que l’Ordre pourrait remettre la main sur Cabir, vivant de préférence, même s’il craignait qu’on n’ait pas financer le kidnapping de l’extrémiste pour lui offrir des fleurs et lui faire couler un bain. En attendant son très hypothétique retour entre les mains de la justice, mieux valait donc privilégier une autre piste.

Karm espérait donc que Luke avait eu plus de chance que lui et, surtout, que les activités du GIH n’aient pas attiré l’attention d’autres opposants décidés à employer des mesures radicales pour éliminer l’organisation. Comme le Consulaire, Karm estimait qu’il y avait dans ce groupe d’étudiants beaucoup de jeunes gens un peu perdus, qui ne méritaient pas que l’on déchaîne sur eux les fureurs des mercenaires de la Galaxie. La justice devait suivre son cours, punir les torts, certes, mais aussi faire preuve d’un peu de clémence.

La porte de l’appartement ouverte, le détecteur aimanté sous le meuble de l’entrée fut une nouvelle fois mise à contribution pour s’assurer que l’intégrité électronique des lieux n’avait pas été compromise, puis Karm chercha la présence de Luke à travers la Force, tout en annonçant la sienne. Il rejoignit ainsi rapidement la salle de bain, se débarrassa de ses vêtements et se glissa dans la cabine de douche, dans le dos de Luke, pour déposer un baiser sur sa nuque.

— Bonjour, souffla-t-il, alors que ses bras se refermaient autour de la taille de l’Hapien, pour l’adosser à son torse. J’ai passé une journée bizarre. Très bizarre.

Comme souvent, il cherchait à donner du sens aux événements. La Force les guidait, n’est-ce pas ? Alors si des chasseurs de prime s’étaient retrouvés sur son chemin, c’était nécessairement que Cabir avait été une mauvaise manière d’aborder le problème. Aurait-il dû le voir plus tôt ? Ou bien était-ce que des méthodes plus radicales étaient plus indiquées pour venir à bout du GIH et de l’Église qui les chapeautait ?

L’Ark-Ni ferma les yeux. Il sentait le corps nu de Luke contre le sien, sa chaleur, sa présence dans la Force, leurs énergies qui se rejoignaient l’une l’autre, et dans cet élan, dans cette union, il retrouvait la sérénité et l’énergie qui lui avaient manqué, quand il avait compris que l’intervention d’Amal avait fait faire un grand bond en arrière à leur enquête. Quelques secondes plus tard, il retournait Luke dans ses bras, une main sur la hanche de l’Hapien, l’autre au creux de ses reins.

— Donc, on a avancé dans les plans avec Cabir. Jusque là, normal. Puis il me traîne en boîte de nuit, en pleine journée. Enfin en club, quoi. Je me dis, c’est l’occasion de socialiser, de l’avoir sur un plan plus personnel. On discute de tout et de rien, j’ai pas l’impression que c’est super productif. Il mit qu’il veut se faire une fille, je le suis. Il drague une gonzesse, très bien, et repart avec elle, pendant qu’un de leur pote me drague moi. J’suis obligé de le suivre dans une alcôve et alors que je cherche le moyen de m’en débarrasser, le mec tente de me neutraliser avec une seringue sédative. Je l’immobilise, il passe aux aveux. Lui et ses potes étaient des mercenaires engagés par un riche homme d’affaires non-humains pour mettre un terme aux agissements de Cabir. Cabir s’est fait enlever par les deux filles et moi, j’suppose que j’aurais été jeté dans le caniveau ou un truc comme ça.

Tout en racontant cette histoire à haute voix, il se rendait compte qu’elle n’était probablement pas si surprenante que cela. Il avait été un peu naïf de sa part de supposer qu’un groupe comme celui de Cabir n’allait attirer l’attention que de l’Ordre Jedi. Si eux l’avaient remarqué, n’était-il pas normal que d’autres intérêts puissants se soient penchés sur le cas du jeune révolutionnaire ?

— Du coup, j’ai appelé des Sentinelles, qui ont embarqué mon mercenaire, et vont essayer de lui faire cracher le nom de son client et de récupérer Cabir, s’il est encore vivant. Mais je suis un peu sceptique, quoi. J’espère que t’as eu plus de chance que moi, du coup…
Luke Kayan
Luke Kayan
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[hj: La réponse a été rédigée en deux fois. De plus, une partie ayant été rédigé de mémoire, je m'excuse s'il manque des détails.]

Le liquide chaud glissait sur sa chevelure blonde avant de glisser sur ses épaules puis s'écraser contre sa poitrine. Hormis les moments intimes, une douche voir un bain était ce qui lui permettait de mieux ressentir son corps, prendre conscience de la forme de ses hanches, la longueur de ses jambes, l'épaisseur de son cou. Peu adepte de cette inspection jugée aussi narcissique qu'inutile et honteuse, le Chevalier ne s'en occupait guère en profondeur. L'impression, furtive, tandis que l'eau tiède dénouait ses marques, le marquait toutefois. Surtout lorsqu'il y avait des changements comme cette légère prise de poids dû à ses derniers entraînements. Aimait-il cette silhouette? La question finissait éludée, depuis toujours, dans chacun des cas. Sans doute par peur de la réponse. Luke était-il vraiment capable de s'aimer?

- Bonjour.

L'apparition de Karm concorda parfaitement avec la disparition des ultimes gouttes mousseuses et têtues de shampoing dans les cheveux du Hapien, Ce fut une main sur le bouton d'arrêt qu'il fut surpris par son ami, lequel avait annoncé sa présence dans l'appartement, donc, pas dans la douche. Réflexe de Jedi ou de Luke simplement, son corps se raidit légèrement au contact de bras tendres. Cet état ne se prolongea qu'une dizaine de secondes avant que le concerné ne choisisse de littéralement fondre entre les doigts de Karm, signe d'une confiance extrême. Habituellement peu, voire pas du tout friand de contact physique, l'Ark-Ni était l'exception confirmant la règle, une exception qui se démarquait chaque fois davantage d'ailleurs. Pour preuve, le jeune homme ne protesta aucunement lorsqu'il fut retourné et attrapé. Son Aura se promena, au contraire, confiante et désireuse autour de son aîné. Sans savoir comment se dérouleraient les choses suite à cette colocation imprévue, force était de remarquer qu'elle les rapprochait pour le moment. Ils faisaient mieux que se supporter au quotidien.

- Bizarre, d'accord. -Reconnut-il, sans pouvoir s'empêcher de sourire malgré une certaine inquiétude à propos de la délicate situation dans laquelle s'était mise aussi bien Ash que Karm.- mais attends d'écouter la conclusion de la mienne. J'ai rencontre Aurora, et pas par hasard. Elle me suivait. Sans rien avouer d'une relation directe entre l'Église et le GIH, sachant que selon ses dires, la première a même tendance à nier un vrai lien avec le second, elle a laissé sous-entendre que pour impressionner Cabir, et le soustraire à ton charme.- Légère mimique amusée et complice pour souligner l'expression.- il fallait impressionner Karim, un leader pas si décidé que ça, trop frileux avec une grande action. Pour se faire je suis sensé endosser le rôle d'un non-humain qui débarque sur Coruscant, complètement aveugle afin d'endormir tout soupçon. Une double filature où je dois donc jouer mon propre rôle. Je sens qu'on n'en a pas fini avec cette histoire.

Et s'ils étaient rapidement exfiltrés pour une raison ou une autre, les deux Chevaliers risquaient d'être longtemps marqués par cette aventure. Une de plus à leur compteur. Semblable mais différente. Une routine dans l'extraordinaire. Un sentier communément emprunté par ces jeunes gens habitués au hors-norme désormais. Ou presque.

- À la réflexion, si l'on se base sur tes derniers exploits, ta journée n'a pas du complètement te dépayser. Dans toutes les missions tu finis le derrière à l'air ou dragué.

Ajouta Luke de façon, certes, quelque peu inattendue mais si joyeuse qu'il était improbable de se tromper quant à ses intentions. Nulles reproches dans sa voix, tout au plus un brin de compassion pour le pauvre Chevalier décidément trop sollicité. Catherine avait vainement essayé d'expliquer au jeune homme la notion de beauté, surtout celle qu'on prêtait à sa race, humains sans l'être donc. Dans ce cas, le véritable Hapien devait être Karm. Heureusement, c'était un faux Hapien envers qui Luke avait entièrement confiance, d'autant plus après l'épisode Noctis. Redevenant aussi sérieux que le permettait cet étrange bureau qu'était le jet d'eau dégoûlinant encore sur eux, le Consulaire repassa les paroles de son ami dans sa tête. Il fronça un sourcil, puis l'autre, toute trace de joie ayant disparu de son visage.

- C'est mauvais signe. Soit le commanditaire est un maniaque du contrôle et de la paranoïa, désireux d'anticiper l'éventuelle galopade vers le sommet d'un futur gourou dangereux. Soit Cabir a déjà commis des actes très graves. La seconde solution ne m'étonnerais guère vu le profil ainsi que le type d'ennemi qu'il attire, lequel ne reflète pas vraiment les ambitions plutôt limitées d'une association étudiante, radicale ou non. Je pense que si l'Église refuse officiellement d'être responsable du GIH, Karim a un lien direct avec Cabir. Imaginons que le gros des fidèles ne sait pas la moitié des actes commis, ou sur le point de l'être. Que Cabir aurait déjà été contacté personnellement par le premier et qu'ils soient beaucoup plus dangereux qu'ils n'en ont l'air en surface. Ce qui a évidemment attiré les foudres de sérieux ennemis, riches et capables d'envoyer des mercenaires se charger d'un extrémiste déguisé en universitaire.

Et soudain, une ampoule s'illumina dans l'esprit de Luke.

- Cabir pourrait avoir été envoyé par Karim en sousmarin pour faire une étude de marché, voir ce qu'il y a à récolter à l'université. Il s'illustre, tandis que l'Église gagne de la main d'oeuvre prête à bien plus que des adultes casés, confortablement installés financièrement et socialement sans prendre trop de risques, puisque sensément les liens sont minimes. Aurora semble, et je la crois sincère, penser que les étudiants sont ceux qui ont eu l'initiative de créer le GIH en s'inspirant des croyances de leurs géniteurs. Moi je me demande si ce n'est pas Karim qui a formé le mouvement, l'a encouragé mais discrètement, puisque bien sûr, je doute que ses fidèles veuillent impliquer leurs enfants là-dedans. Manifester est une chose, agir en est une autre.

Cabir pourrait-il être un faux étudiant, un infiltré comme eux? Cette histoire de contrat sur sa tête, déjà coupée peut-être, lui paraissait beaucoup trop grosse pour un simple délinquant en devenir. À ce niveau, ce n'était plus des suppositions qui avaient mené le commanditaire à chercher la mort -directement la mort! Pas à intimider!- de Cabir.

- En admettant que les autorités ne sont pas trop frileuses, nous pourrions, grâce aux propos d'Aurore, fomenter une arrestation et une enquête sur l'Église en jetant des accusations prudentes sur un lien entre elle et un groupe d'étudiants trop rebelles, même jouer en leur sens en prétextant que certes, ils ne sont pas les instigateurs du GIH mais indirectement responsables. Certains membre sont mineurs et ont pu être influencés involontairement par leurs parents. Ça ferait gagner du temps. Il y a aussi la mise en danger, voir séquestration si on parvient à le prouver, de mineur. Dans un premier temps Cabir serait vu comme une victime et recherché en tant que tel. N'empêche que le processus serait déployé, les projecteurs braqués sur l'Église, Les médias n'ont pas leur pareil pour enquêter, faire ressortir des fausses notes, jusqu'à des documents audio, visuels ou circonstanciels compromettant. Ce serait une sorte d'impulsion pour nous. Soit parce qu'on pourrait s'appuyer sur les découvertes d'éventuels journalistes, soit parce qu'ils seraient une belle distraction, et que quelque part, ils compliqueraient aussi la tâche de potentiels nouveaux mercenaires.

Paradoxalement, le rythme d'une affait s'emballait et se paralysait à la fois lorsque les journaux imiscaient leur plume dedans. Leur insolence éclairait de nombreux points, si l'on faisait attention à ne pas suivre le chemin d'extrapolations douteuses. Sous la lumière de leur puissant projecteur, l'Église pourrait ne plus oser faire un geste de travers, remettre à plus tard de sinistres projets et donc faire gagner du temps aux Jedis. La disparition de Cabir semblait être un bon moyen de lancer les rouages d'une machine capable de tout broyer sur leur passage, dont le bâtiment en briques jusque là plus ou moins abrités. Ceci dit, Karm et lui aussi seraient moins libres de leurs mouvements, examinés sous toutes leurs coutures, en tant qu'étudiants s'ils prenaient le risque de conserver leur rôle ou comme Chevaliers Jedis.

Machinalement, afin d'occuper ses mains ou noyer ses doutes, Luke avait entreprit de savonner ses épaules à nouveau. Énergique mais distrait dans son entreprise, les yeux pointés vers Karm mais voyageant dans le vague, plus que d'habitude en tout cas.
Karm Torr
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— J’y peux rien si les entraînements au sabre, ça me donne des fesses en béton qui rendent les gens fous de moi, protesta Karm avec une fausse innocence, avant de consentir à libérer Luke de son étreinte, pour pouvoir se savonner.

Il laissa son ami exposer son analyse de la situation et finit par abonder en son sens d’un « hmm hmm » pensif. Il y avait fort à parier que les Sentinelles ne leur reprennent l’affaire sans attendre si les crimes du GIH ou de l’Église étaient exposés. Peut-être qu’on les enverrait sur la trace de Cabir ou de quelque fugitif, mais l’investigation elle-même correspondait beaucoup plus aux spécialités de leurs confrères qu’aux leurs.

— Moi aussi, j’trouve ça très improbable que Cabir se soit contenté de jouer les petits agitateurs de seconde zone. Y a qu’à voir le projet de hacking des serveurs de l’université, c’est quasi paramilitaire comme intervention, j’pense pas qu’un mec qui se radicalise doucement dans une association étudiante imagine spontanément ce genre de choses.

Le Jedi s’interrompit le temps de les rincer tous les deux, avant d’enclencher le séchage de la cabine de douche. Une douce chaleur se répand dans le petit habitacle high-tech, accompagnée d’une lumière apaisante. Il y avait probablement plus de prouesses technologiques dans cette salle de bain design que dans le tout venant des speeders, et Karm avait un peu du mal à comprendre qu’on puisse consacrer tant d’énergie à inventer des systèmes aussi complexes, quand de l’eau, du savon et une serviette faisaient amplement l’affaire.

La porte de la cabine de douche s’ouvrit automatiquement.

— Si Karim se reposait vraiment sur Cabir de longue date, y a deux solutions, j’imagine. Soit il coupe les ponts avec le GIH, par prudence, pour éviter que ça remonte jusqu’à lui. Mais ça paraît peu réaliste de sa part. Faudrait qu’il ait vachement confiance dans le fait que Cabir parlera à personne de leurs petites affaires pour croire qu’un silence radio suffirait à le prémunir. Soit il cherche quelqu’un pour le remplacer et faire la liaison, et j’imagine que du coup, ta nouvelle pote peut se placer tout en haut de la liste, si elle fait preuve comme ça de tant d’esprit d’initiative. Viens, je t’aide.

Hors de la douche, Karm se glissa derrière Luke pour entreprendre de peigner les longs cheveux du jeune homme. C’était probablement d’un romantisme cliché, digne des holofilms à l’eau de rose, mais admirer la beauté de son compagnon dans le miroir et y participer modestement de la sorte, il trouvait que ça ne manquait pas de charme.

— Moi je dis, on peut commencer par suivre le mouvement. Tu te laisses faire pour l’infiltration dans les bureaux d’immigration. Tant qu’elle veut que récupérer des infos, pour nous, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Ça a pas tellement de conséquences. Et après ça, on voit comment ça remonte. Après, reste toujours la possibilité que Karim prenne peur tout simplement et mette les voiles à l’autre bout de la Galaxie, mais ça, ma foi, on y peut trop rien, puis ça aura au moins le mérite de désorganiser le groupe. Voilà.

Le Jedi passa un coup de peigne dans ses propres cheveux. Il avait hâte de retrouver leur couleur naturelle. Au moins, pour l’heure, dans l’intimité de leur appartement, pouvait-il retirer les lentilles de couleur.

— Quant à moi… Déjà, faut que je m’étonne de la disparition de Cabir auprès de notre informaticienne. Et ensuite… Ensuite, j’imagine que des gens du GIH, ou plus probablement de l’Église, chercheront à me mettre la main dessus. Je dois devenir suspect, dans toute cette histoire, si je suis le dernier à avoir vu Cabir vivant. Et si j’en sais trop sur l’histoire du hacking. J’m’attends donc à me faire choper à un moment ou un autre.

Probablement un jour, à la sortie des cours, dans une ruelle discrète. Cette perspective ne l’effrayait guère, bien au contraire : avec un peu de chance, les gros bras de l’Église feraient l’erreur de le conduire directement à leur quartier général pour l’interroger. C’était, après tout, une manière comme une autre d’infiltrer la place.

Karm glissa sa main dans celle de Luke.

— Et t’inquiètes pas pour moi. Ce sera pas la première fois que je me ferais capturer.

Comme si c’était plus rassurant.

L’Ark-Ni entraîna son compagnon dans leur chambre commune, pour se glisser avec lui sous les draps. Comme souvent, son bras était passé sous les reins de Luke pour l’attirer contre lui, avec une assurance virile de plus en plus marquée au fil des mois, même si Karm demeurait toujours indifférent à l’idée d’être un homme ou une femme.

— Faut juste espérer qu’ils me testent pas génétiquement.

Les Ark-Ni étaient des humains.
Techniquement.
Supposait-on.
Karm n’était pas trop sûr de ce qu’un test génétique révélerait sur son identité véritable, mais il n’était pas pressé que l’Église le découvre.
Luke Kayan
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- Nous sommes d'accord... Pour Cabir! -Cru bon de rajouter Luke en levant le doigt de manière presque autoritaire. Que Karm ne se fasse pas d'illusion, jamais le blond ne lui ferait de compliments ouverts sur son physique. Par pudeur peut-être, par crainte davantage de provocation ou de -fausse- vantardise. Non, il ne lui ferait pas ce plaisir. D'ailleurs, il aurait presque eu l'air crédible sans ce rouge irradiant sur ses pommettes au point de transpercer le rideau translucide de l'eau. Eau que l'Ark-Ni coupa avant de le mener dehors. Au début, le Hapien n'aimait pas se faire aider. Il avait l'impression qu'on le croyait impotent, incapable. Lui, si attaché au dogme de l'humilité pêchait un peu par orgueil en ce qui concernait son handicap. À moins que ce soit le reflet d'un désir de prouver être digne de confiance. Toujours est-il que de longues semaines avaient été nécessaires pour que le Jedi se laisse guider si docilement. Aujourd'hui, il en venait à apprécier la brosse qui passait dans ses cheveux, en retirer les nœuds sans les arracher. - L'idée ne lui ait pas venue du jour au lendemain, et seul je ne pense pas bien que sur le long terme son profil laisse supposer que si, il aurait pu se développer en ce sens, armé de sa haine, de son intelligence.

À vrai dire, un doute assaillait le blond. Son esprit de profiler -amateur.- dessinait les traits invisibles de cet extrémiste comme un sociopathe. Chaque jour davantage, il en était persuadé, l'étudiant aurait trouvé sa voie si l'Église ne s'était pas mise sur son chemin. Gourou, tueur solitaire, futur dictateur? Cabir recelait des secrets plus sombres que la nuit dans laquelle Luke était plongée. À partir de ces déductions, ce dernier se demandait si leur jeune ennemi éprouvait une réelle colère envers les non-humains ou plutôt pour tous les cœurs battants dans cette Galaxie. Il commençait à croire que personne, hormis Ross et peut-être Aurora, au GIH n'éprouvait de véritable rancune contre la diversité. Chacun en était arrivé à prendre une place dans cette pièce où se côtoyaient relents d'alcool, de fumée et de musique pseudo culturo-classique. La plupart supputait Luke, avaient profité de la naissance de ce groupe comme on décidait d'entrer dans un nouveau club de sport dans l'espoir de s'y intégrer facilement.

- Je pense qu'Aurora veut faire pire. Elle était au courant pour ta mission, celle de Mila et de Cabir, ou au moins en surface. Du moins, je le crois, et si je ne me trompe pas, elle va vouloir frapper plus fort, plus haut. Profiter de "votre échec" afin de se creuser sa place, de s'imposer. En faisant bugger le système, elle pourrait priver des milliers de non-humains de leurs aides, peut-être droits de séjour, effacer les dossiers en cours de traitement. Une véritable catastrophe à une échelle considérablement pire que celle de l'Université. Je peux toujours réussir à récupérer certaines informations, utiles mais pas cruciales, sans parvenir à aller jusqu'au bout, ceci dit.

Il passerait pour un incapable, voir un traître potentiel, mais en revenant les mains remplies de dossiers non capital, cacher sa faute semblerait plus simple. De toutes manières, à défaut d'avoir mieux, le Hapien se fiait du plan de son ami. Et s'il trouvait risquer de continuer à laisser le courant courir au risque de le laisser filer entre leurs doigts, le Consulaire avait appris à croire en Karm, en ses idées parfois risquées à point. Il se savait beaucoup trop précautionneux, pour ne pas dire frileux. Or, s'ils voulaient bien faire leur travail, autant amasser le plus grand nombre de preuves, tout ceci avec l'appui des Sentinelles qui devaient, en ce moment, cuisiner Amal. Ils avaient un bout de dossier, c'était déjà ça. Calquant sa respiration sur ces pensées (à demi?) rassurantes, le Chevalier confirma inconsciemment ses propos en hochant doucement la tête.

- On doit te ménager une porte de sortie.

Inquiet, Luke avait rapidement levé les yeux, fouillant le vide dans l'espoir de rencontrer ceux, fluorescents, de son interlocuteur. Malgré les propos -sensément- rassurants de ce dernier, l'inquiétude pouvait se lire sur son visage. Le Hapien ignorait si Karm était victime de sa capacité de résilience extraordinaire ou s'il confiait parfois trop de ses capacités en situation extrême, mais il n'appréciait pas ces parties de Sabbac -même s'il ne savait pas y jouer.- où hasard et violence étaient les cartes maîtresse. Sachant que peu de choses pourraient démotiver son aîné, le Hapien tenta une approche en diagonale, douce, conciliante.

- Hum. Il y a la possibilité de te donner un échantillon de sang qui ne serait pas le tien. Seulement il faudrait encore que tu puisses soustraire celui qu'ils te feraient. C'est donc extrêmement risqué, hautement improbable, sans compter que cela ne te déculpabiliserait pas forcément. Enfin, te tester équivaut peut-être à une chance sur deux de trouver un ADN non-humain, mais cela signifierait qu'ils le tenteraient également avec moi, et là c'est 100% fichu. Hum, si tu me pardonnes le vocabulaire.


Espérant que Karm qui n'en avait sûrement pas vu d'autres -notamment avec Korgan.- essuierait l'outrage avec élégance, le Chevalier s'était enfoui sous les couvertures. Il ne s'étonnait, ni ne remarquait, d'ailleurs, ce côté viril qui se développait chez l'Ark-Ni. Sans être spécialement efféminé, le Hapien n'était en aucun cas du genre à quémander la "dominance", le rôle stéréotypé du mâle protecteur. De fait, il était inconsciemment heureux d'avoir cet homme qui veillait sur lui. Son tempérament le forçant toutefois à ne pas se laisser écraser par la facilité: obéir docilement. Saï avait eu une influence absolument capitale en ce qui concernait cette tendance du jeune Jedi. Au fil de bonnes rencontres à l'instar du vieil homme ou d'aînés, il avait appris à posséder un esprit critique suffisant pour décider de dénoncer son premier vrai Amour. Nager à contre-courant, revenir à la source et alimenter le ruisseau devenu torrent de ses larmes avait été, min de rien, une des choses les plus difficiles, les plus humiliantes qu'il ait eu à faire. Quand cela lui arrivait d'y songer ou d'en rêver, Luke se rappelait de son cheminement pour en arriver ici, dans cet appartement, avec Karm, bon et fidèle aux principes de l'Ordre. Ses paupières se fermière et il se rapprocha de son compagnon, reconnaissant, pour s'y lover, après s'être laissé tendrement tracté par une main dans ses reins. En outre, l'Ark-Ni était aussi en train de lui enseigner à se préoccuper de chaque chose en son temps. Ils verraient pour Cabir, demain.
Karm Torr
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Deux heures du matin. Le comlink de Karm résonnait dans la chambre. L’Ark-Ni émergea rapidement de son sommeil, habitué par les explorations solitaires à conserver toujours un peu de vigilance, et il sentit Luke dans ses bras en faire de même. Après la conversation de la veille, et les plans qu’ils avaient échafaudés, ils s’étaient endormis l’un contre l’autre.

— Désolé, souffla le Gardien.

Il glissa le comlink dans son oreille, en se redressant contre les oreillers.

— Oui ? … Calme-toi… J’sais pas, il est parti avec une meuf…

C’était Ash qui répondait, de toute évidence.

— … OK… OK… T’es où ? … J’arrive.

Il coupa la communication, un instant pensif.

— Mila. Cabir a disparu depuis quoi ? Quinze heures ? Même pas. Elle s’inquiète vachement vite. Mais apparemment, ils avaient un rendez-vous ce soir. Il doit être du genre ponctuel d’habitude si elle tire la sonnette d’alarme d’entrée d’jeu.

Il n’avait aucune raison de douter de la sincérité de l’informaticienne : sa voix paniquée à l’autre bout de l’appareil lui avait paru tout à fait authentique. Mais il avait du mal à croire que Cabir n’ait jamais raté le moindre rendez-vous et qu’il rende compte de son emploi du temps avec tant d’exactitude à sa collaboratrice d’un projet. Y avait-il anguille sous roche ? Ou Mila était-elle simplement névrosé ?

— J’vais voir de quoi il retourne, finit par murmurer l’Ark-Ni, en se penchant pour déposer un baiser sur le front de Luke, avant de se glisser hors des draps et de s’habiller.

Sans oublier les lentilles.
Coup de peigne.
Et il était parti.

Les couloirs, les coursives, les avenues des niveaux universitaires n’étaient pas moins animées en plein milieu de la nuit que pendant le jour. Entre les étudiants qui appartenaient à des espèces nocturnes et qui suivaient des cours quand le soleil se couchait, les fêtards et ceux qui potassaient leurs partiels jusqu’aux premières heures du jour dans les immenses labyrinthes des bibliothèques universitaires, on n’avait l’impression que l’université de Coruscant ne dormait jamais.

Karm se fraya un chemin à travers la foule et puis, trois ascenseurs et quinze niveaux plus tard, il débouchait entre les murs blancs désormais familiers du département d’informatique théorique, pour toquer à la porte de Mila. Quand elle s’ouvrit, il découvrit la doctorante très agitée.

— Y a des gens qui me suivent.
— Sérieux ?

La porte se referma automatiquement derrière lui.

— Et Cabir répond à aucun message.
— T’sais, la meuf avec qui il est parti, elle était vachement canon, j’imagine qu’il est très occupé.

Mila foudroya Ash du regard.

— Comment tu peux prendre ça aussi à la légère ?

Le faux étudiant haussa les épaules.

— J’sais pas, moi, franchement, ça m’arrive de passer du bon temps sans être scotché à mon comlink, hein.
— Cabir n’est pas comme toi, asséna Mila, d’un ton pincé.

Les mains dans les poches, Karm s’appuya contre le coin d’un bureau.

— Donc, y a des gens qui te suivent ? T’es sûre ?
— Évidemment.

Le Jedi était un brin sceptique. Repérer des filatures n’était pas donné à tout le monde et il doutait qu’une scientifique en herbe dans le domaine de l’informatique fût très au point sur ces techniques-là.

— Et ils ressemblent à quoi, les mecs qui te suivent ?
— Euh… deux hommes. Humains. Je pense. La trentaine. Le crâne rasé. Plutôt baraqués. L’un avec les yeux tirés, euh…
— Bridés ?
— Oui, voilà. Et l’autre, super pâle.
— OK.

Tout devenait beaucoup trop concret pour Mila. Elle avait accepté de développer le virus d’abord et avant tout comme un exercice intellectuel, un défi presque abstrait, pour elle, et très éloigné des préoccupations politiques de Cabir et des jeux d’espion qui les entouraient inévitablement. Rien ne l’avait préparé à se retrouver prise au piège des conséquences. Désormais, elle se tournait vers Ash comme on s’accrochait à une bouée de sauvetage.

Le Jedi passait en revue les suspects potentiels, si toutefois Mila n’avait pas sombré dans la paranoïa. Des mercenaires, encore ? Possible. Des agents de l’Église, venus faire le ménage, en ayant appris l’enlèvement de Cabir ? Voilà qui lui semblait beaucoup plus probable. Mais il y avait aussi tout un monde d’autres coupables : tous ceux qui, parfaitement indifférents à Cabir, l’Église et leurs affaires de non-humains, pouvaient simplement avoir envie de mettre la main sur un virus prometteur et sa créatrice de génie.

— Bon. J’t’emmène chez moi. On va voir si quelqu’un nous suit. Là-bas, tu seras en sécurité, le temps qu’on retrouve Cabir. Je préviens Cal’.

Et il sortit son datapad pour rédiger un message à l’intention de Luke.

Mila en pleine crise de panique après la disparition de Cabir. Apparemment suivie par des gens. Je la ramène à la maison.

Le Consulaire aurait amplement le temps de dissimuler chez eux tout ce qu’il pouvait y avoir de compromettant.
Luke Kayan
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La sensation de fraîcheur succéda au son répétitif du comlink, réduit au silence à ce stade. Karm venait de quitter les draps après des excuses suivies d'un baiser. La Force encore endormie de Luke frôla l'esprit de celui-ci, signe discret, onctueux d'un réprimande amusée: n'était-ce pas leur travail après tout? Les appels en pleine nuit indiquaient un changement, très souvent brutal, angoissant pour l'auteur, positif ou négatif pour la personne au bout du fil. Et quand il s'agissait d'enquêteurs, cela signifiait surtout une avancée. Prêtant donc l'oreille, respiration presque éteinte, le Chevalier suivit la conversation, laquelle lui fut finalement et évidemment révélée par Karm. À son instar, Luke s'étonna de la peur de Mila. Songer à leurs hypothèses de la veille lui en offrait une conséquence peu plaisante: pouvait-il s'agir d'un piège pour attirer un Ash découvert ou du moins suspect? 15 heures après la disparition? Le blond se détendit à force de raison, c'était beaucoup trop tôt pour que les particules retombent sur les épaules de son ami. L'appel de Mila pouvait y compris leur être bénéfique, parce que la doctorante était probablement réellement sous le coup de la panique. Peut-être pour le propre Cabir, sans doute pour elle. Dans le second cas, ils pourraient la pousser à parler, un peu à l'instar de Rose que Luke sentait sur le point de se confier, aux prises avec la terreur et la solitude.

Inutile de se rendormir. Malgré une langueur certaine qui courrait dans ses veines, accompagnant le flux de son sang redevenu calme à force d'auto-conviction, le Jedi se releva pour explorer une chaîne d'informations qui transmettaient 24h sur 24 avec un décalage effroyablement moindre. Selon certaines sources, ils utilisaient des drones, pas toujours très légaux pour obtenir scoops et audimat, au point de faire rater quelques enquêtes policières en indiquant aux fuyards vers où les agents se dirigeaient. Luke soupira sans savoir si c'était de désespoir ou de soulagement. S'ils pouvaient aider en donnant des informations de premier ordre, fiables aux Jedis, ils auraient aussi pu offrir des indices à l'Église sur un plateau. Mieux valait rester en petit comité.

Tandis que le Hapien réfléchissait, un doigt sur le clavier, à une série de questions précises mais discrètes pour Rose, son comlink vibra. Il chaussa un de ses écouteurs vivement, devinant de qui il s'agissait. La voix morne, robotique et vaguement féminine du lecteur retranscrivit fidèlement les propos de son aîné. Des propos à ses yeux aussi inquiétants que prometteurs. Mila ne semblait pas se formaliser de sa présence, contrairement à Cabir, donc ils pourraient opérer en duo pour la consoler, la rassurer, et surtout la presser. Aussi vite que son handicap le lui permettait, le Jedi déblaya documents, micros ou détecteurs qui pourraient être repérés. Seule demeurât une petite caméra juchée dans le faux plafond. Elle offrait une vision d'ensemble du salon où le trio devait absolument s'asseoir pour garder une trace de l'entrevue. Il n'y avait, espérait-il, aucune chance de la déloger, à moins de savoir la raison pour laquelle on venait, c'est-à-dire découvrir Ash et Calisto. Par sécurité, face à ce petit génie, il avait également préféré fermer leur ordinateur, malgré les protections, pour en sortir un autre qui faisait écran, avec des recherches banales d'étudiants. Rien à cacher, même en navigation privée.

- Bonsoir, je suis Calisto. Ash m'a prévenu que tu venais.

Il était plutôt logique qu'à cette heure indue, son colocataire avise d'une arrivée inattendue. Le Chevalier avait passé une robe de chambre par-dessus son pyjama. Ses cheveux, propres du soir -deux ou trois heures avant seulement, donc.- coulaient, ébouriffés sur le tissu blanc. Mains autour d'une tasse de café tout juste préparé. Légèrement débraillé, un air fatigué de circonstance plaqué sur le visage, le blond faisait parfaitement illusion. Pas vraiment ravi de cette situation surprenante, Calisto se tourna vers son compagnon qu'il faisait mine de jauger sévèrement, non sans loucher un peu vers la gauche.

- Que se passe-t-il? Enfin?

Laissant Karm choisir de le renvoyer au lit si Mila voulait parler en privé ou lui expliquer la situation en vitesse, le Chevalier se retira de l'entrée pour aller dans le salon.

- J'ai supposé que c'était important. Donc.

D'un geste de la main, il désigna très vaguement la machine à café encore fumante. Il s'assit dans le canapé, invitant de façon implicite, les deux maraudeurs de la nuit à s'y installer.

- Tu es Mila, n'est-ce pas? Ash m'a parlé de toi. Une amie.

Il prit un air légèrement suspicieux, comme s'il essayait d'en savoir plus sur cette relation. Même si le Hapien avait un pied dans le groupe, il savait que son intronisation causait des débats, plus ouvertement qu'Ash en tout cas. Certains étaient contre depuis le début, peu avaient changé d'avis. Le Hapien ne savait pas ce que pensait Mila bien que d'après les dires de Karm, elle ne soit pas intégrée, elle non plus. Si c'était le danger pesant sur ses épaules qui l'avait guidée jusqu'ici, une seconde figure prête à l'aider devrait la rassurer, la pousser à parler davantage, surtout que Calisto était assez compréhensif et doux. En plus d'être également mouillé à cause de sa participation plus ou moins passive. Il était pris au piège lui aussi, pareil pour Ash. Ces deux-là estimait la jeune femme, étaient dans la même galère qu'elle.
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