Grendo S'orn
Grendo S'orn
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Coruscant - Sénat Galactique - Rotonde

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Grendo fronça les sourcils tout en lisant le vaste projet de loi visant à redresser l'économie de la République. Tapant régulièrement son stylo bille sur le bureau au fur et à mesure de sa lecture, le neimoidien corrigeait ci et là les quelques éléments qu'il souhaitait modifier au texte original. Loi Ozmac, telle était le nom qui avait été retenu, du nom de son auteur, Uthar Ozmac, Ministre du Trésor et de l'Economie, fidèle allié du nouveau Chancelier qui l'avait accompagné depuis ses débuts. Les deux humanoïdes n'étaient pas seuls évidemment, Saresh Fey'lya, Amit Wahlo et Angelina Treven's, tout trois Ministres du Commerce, du Travail & du développement sectoriel, de la Santé & des affaires sociales, étaient présent à cette réunion, debout en retrait, retenant leur souffle et sans mot dire. S'orn, lui, réfléchissait au meilleur moyen de faire passer une telle réforme de cette ampleur.

- L'accomplissement de toute une vie. C'est de l'excellent travail Ozmac. dit-il en relevant la tête de son dossier tout en retirant ses lunettes de lecture qu'il déposa soigneusement sur son bureau. Soulagement général pour l'équipe du neimoidien qui pouvait à nouveau respirer. Tous étaient fiers du travail accompli ces dernières semaines.

- Je vous remercie monsieur le Chancelier. répondit Ozmac cachant à peine son sourire tant il était rassuré de l'intervention de son supérieur.

- Ne reste plus qu'à faire passer ce projet de loi au Sénat, et la prospérité de la République nous sera à portée de main. N'oubliez pas de mettre en annexe les chiffres et les résultats catastrophiques des législations antérieures vis-à-vis de l'économie. Le Sénat doit comprendre, et le plus tôt sera le mieux, que si nous voulons quitter cet équilibre budgétaire nous devons prendre des décisions draconiennes. La politique sociale d'autrefois ne nous a conduit qu'à l'endettement systématique, n'en déplaise à certains de mes détracteurs, une situation que nous sommes sur le point de résoudre bientôt.

Délicieuse sensation que la satisfaction d'avoir résolu une moitié de problème. L'équilibre budgétaire n'avait plus été atteint depuis plusieurs décennies, faute aux politiques irresponsables qui se sont succédées durant toutes ses années. Mais S'orn visait bien plus que l'équilibre budgétaire, il visait ni plus ni moins que la prospérité économique de toute la République, un but qu'il s'efforçait d'atteindre depuis son entrée au Sénat. Ozmac et lui avaient passés des semaines entières à décortiquer point par point les failles du système financier de l'Etat, au point d'en arriver aujourd'hui à ce vaste projet de réforme. Un projet qu'il comptait bien mener à terme quel qu'en soit le prix.

****

Il pleuvait aujourd'hui sur Coruscant, le ciel était gris, un temps idéal pour organiser une session sur l'économie de la République en somme. A l'intérieur, le Sénat grouillait d'activité depuis la fin de matinée. La séance prévue initialement à onze heure du matin avait été repoussée en dernière minute à midi pile sur ordre direct de la Chancellerie. L'estrade de la Chancellerie était absente tout comme les membres du Gouvernement qui tardaient à se manifester. Les fraîchement nommés membres du Bureau d'Investigation Sénatorial, eux, circulaient de plus en plus fréquemment dans les couloirs du Sénat. Agissant de concert avec les Gardes du Sénat et la Garde Praetorienne liée à la Chancellerie, la Rotonde pouvait se vanter d'être bien gardée telle une véritable place forte.

Quelques minutes plus tard, une lumière tamisée emplit la rotonde tandis que la voix de l'orateur sénatorial, le rodien ultra procédurier Leeno Coret, résonnait dans les hauts-parleurs du bâtiment hautement symbolique. L'estrade de la Chancellerie s'éleva jusqu'à atteindre mi-hauteur de la rotonde, le tout sous une pluie d'applaudissement.

- Mesdames et messieurs, la séance est ouverte. L’ordre du jour appel la discussion d'une vaste réforme visant au redressement de l'économie républicaine proposée par le gouvernement.

Je me permets de renvoyer l’ensemble de la Chambre au règlement intérieur du Sénat qui impose des échanges courtois et le respect de la personne des différents intervenants. La présidence ne manquera pas de prendre des mesures en cas de manquement manifeste à ces règles.

La parole est au Ministre du Trésor et de l'Economie, Uthar Ozmac.


Le neimoidien, quelque peu en surpoids pour son espèce, s'avança du micro et s'adressa au reste de l'assemblée pour présenter son projet ne manquant pas de remercier d'un léger signe de tête l'orateur sénatorial à nouveau dans l'ombre.

- Je vous remercie, monsieur l’Orateur.

Mesdames et messieurs les Sénateurs, le débat auquel nous allons nous livrer ce jour est essentiel et s’inscrit dans le mouvement de réforme par le Gouvernement S'orn et moi-même.
Depuis que la République existe, notre administration a connu des périodes de prospérité, de récessions, voir même de graves dépressions économiques. Des situations qui touchent de plein fouet le budget de l'Etat, mais celui des systèmes et plus globalement des ménages. On ne compte plus le nombre d'individu qui tombe chaque jour au chômage et dans la pauvreté extrême tant la pression fiscale et la politique sociale imposée par les Gouvernements antérieurs étouffent littéralement l'entreprenariat. A quoi bon travailler et oeuvrer pour la communauté si on gagne autant en ne faisant rien ? Une question contre laquelle j'ai souvent dû batailler au cours des précédentes législatures qui ne prônait ni plus ni moins que l'assistanat ...

La crise économique actuelle est essentiellement une crise idéologique. Nous nous souvenons tous des insupportables réformes des précédents Gouvernements peu enclin à accepter l'idée d'une économie libérale. Une hostilité vive vis-à-vis du patronat qui n'a cessé d'être malmené par des politiques sociales autoritaires; des nationalisations à la chaîne qui ont mis en péril le Budget de l'Etat, le Pacte Social : un texte aussi inefficace que dangereux et l'unique responsable de la faillite d'une multitude d'entreprises, ... Heureusement, les mentalités évoluent et ce qui n'était apparemment pas possible hier, l'est devenu aujourd'hui. L'abrogation des Nationalisations n'était que la première étape du redressement de notre économie mais il reste tant à faire pour rééquilibrer la barre. L'équilibre budgétaire, bien que salué par la plupart des économistes de notre temps, n'est pas notre objectif, non ce n'est ni plus ni moins que la prospérité de toute notre Nation que nous visons ! L'état de notre économie nécessite plus que jamais des mesures audacieuses afin d'initier une sortie de ce marasme économique que nous vivons depuis trop longtemps ...


Le discours de Uthar Ozmac était en train de défiler sur sa console de commande à mesure qu’il parlait. Comme d'habitude, il faisait un effort pour ne regarder ses notes qu'un minimum, prenant exemple sur le Chancelier lui-même, fortement habitué à l'improvisation. Aussitôt terminé, il publia la proposition de loi sur la console individuelle de chaque nacelle de la rotonde afin de permettre à tous les Sénateurs d'en prendre connaissance.

Pacte socio-Libéral (loi Ozmac)

Introduction :
Le Pacte Social adopté au cours de la législation Scalia a ouvert une première étape dans la protection des plus faibles. Certaines avancées majeures se doivent d'être saluées mais l'adoption du texte initial entouré de précipitation et d’émotion ont empêchés une réflexion sereine et une application progressive du pacte en question. Il convient d’améliorer la législation afin de permettre une adéquation plus efficace avec la vie des affaires et le quotidien des entreprises.

I. Politique économique :
La libre entreprise, le libre-échange et le jeu naturel du marché garantissent la meilleure satisfaction possible des besoins et l’organisation optimale de la production. Toutes les interventions étatiques créent des effets pervers et aboutissent à privilégier certains acteurs au détriment d’autres. Ces privilèges sont généralement en contrariété avec le but affiché d'une économie prospère, et pénalisent presque toujours les plus faibles.
  • Abolition des monopoles économiques légaux et des barrières à la concurrence au sein de la République.
  • Suppression progressive des aides aux entreprises et associations.
  • Suppression progressive des subsides à l’exportation.

II. Travail :
L’entreprenariat est au cœur de l’échange, du service, de l’innovation économique. La liberté d’une économie se mesure à la capacité pour chacun de se lancer pour tenter d’exploiter commercialement une idée. Derrière toute entreprise, il y a une aventure humaine qui doit pouvoir être pleinement vécue. Le Gouvernement entend défendre ceux qu’on ne voit pas, ceux qui ne sont pas encore installés, ceux qui changent les règles du jeu, ceux qui veulent explorer de nouvelles pistes, ceux qui rêvent. Le chômage résulte d’une réglementation excessive du travail. Nous ne pourrons supprimer le chômage structurel qu'en libérant complètement le marché du travail. La réglementation du travail pénalise les moins productifs, qu’elle est censée protéger, en les condamnant à l’inactivité.
  • Réduction des obstacles légaux à la création d’entreprises en vue d'encourager les Starters.
  • Liberté plus accrue au niveau des horaires pour les entreprises.
  • Soumission du contrat de travail au droit commun des contrats et suppression des lois sur le salaire minimum et maximum de telle sorte que l’employé sera payé pour les heures strictement prestées (principe de méritocratie).
  • Baisse des cotisations sociales progressive endéans les 5 prochaines années afin de libérer la croissance et permettre plus d’embauche de la part des employeurs.
  • Maintien de la Chambre de Gestion du Travail (CGT) sous la direction du Ministère du Travail : inspection du travail, sanctions des infractions au Code du Travail, lutte contre la fraude et la corruption, travail de simplification administrative. CGT travaillant en collaboration étroite avec la Chambre de Gestion des Impôts (CGI) sous la direction du Ministère du Trésor et de l'Economie.
  • Maintien des Conseil National du Travail, organe paritaire et intersectoriel, qui donne des avis au Gouvernement et au Sénat en matière de droit du travail, et où peuvent se prendre des conventions collectives du travail applicables à l'ensemble des secteurs d'activités.

III. Santé :
Chacun jouit de la pleine propriété de son corps et peut en user comme il l’entend, tant qu’il n’agresse aucun autre individu. L’État n’a pas besoin d'exercer une censure morale sur le comportement de la population ni d'obliger quiconque à souscrire une assurance-maladie si ce dernier ne le désire pas. Chacun doit, en son âme et conscience pouvoir mener les expériences qu’il désire pour trouver sa voie personnelle vers le bonheur sans que nul autre n’impose ses propres règles.
  • Maintien des normes minimales relatives à l'infrastructure et au matériel médical.
  • Transfert progressif vers le secteur privé de l'assurance-maladie obligatoire. Le Gouvernement souhaite tout mettre en oeuvre pour aider les citoyens désireux de se couvrir auprès d'assureurs privés aux cotisations bien moins coûteuses et souvent pour de meilleurs remboursements. Le recours à des associations philantropiques sera privilégié pour les plus nécessiteux.
  • Abrogation de toute loi en vigueur sur le trafic des substances vénéneuses, soporifiques, stupéfiantes, psychotropes, désinfectantes ou antiseptiques.
  • Libéralisation immédiate de la culture, de l’échange et de l’usage de drogues douces.
  • Encadrement légal de la production et du commerce des drogues dites “dures” en vue de rendre à l'entrepreneuriat ce qui est assumé par le crime organisé. Moins de criminalité, moins de criminels.
  • Légalisation de toute forme de consommation personnelle.
  • Liberté d’accès aux programmes de substitutions.
  • Ouverture à la concurrence et facilité d’accès au commerce des médicaments.
  • Libéralisation des systèmes hospitaliers fédéraux, avec maintien d’un minimum de soins garantis pour les plus nécessiteux.

IV. Affaires sociales :
Sous le couvert d'un développement social qui se fait toujours attendre, l’État s'est infiltré dans tous les rouages de l'économie distribuant ci et là les prébendes, faussant la concurrence, prenant le contrôle d'entreprises par de multiples nationalisations. Mais l'abrogation de celles-ci n'était qu'une première étape à ce vaste plan visant à dégager l’État de toutes ses participations non régalienne. Les affaires sociales; véritable vache sacrée de la social-démocratie des précédentes gouvernances prônant une redistribution des richesses et une pseudo-solidarité aura surtout permit de justifier n’importe quelle politique de cotisation et d’allocation sans aucun lien avec les besoins des consommateurs. Pour résoudre ce problème, le Gouvernement entend supprimer le caractère obligatoire, centralisé et monopolistique de l'assurance-maladie afin de permettre à chacun de s’organiser en connaissance de cause et selon ses besoins personnels.
  • Libéralisation des assurances sociales et ouverture du secteur à la concurrence.
  • Transférer les efforts de solidarité en vers les plus démunis aux organisations philanthropiques locales en vue d'une lutte plus efficace contre la pauvreté.
  • Suppression progressive d'ici 5 ans du Centre des Prises en Charges (CPC) financé actuellement par les cotisations sociales. De même pour les divisions qui la composent (CPCH, CPCC, CPCIG, CPCTT, Congés vacanciers, ...).
  • Maintien de la Caisse pour les Interventions Humanitaires d'Urgence (CIHU) financée sur base d'un prélèvement variable selon les salaires et de dons privés.
  • Maintien de la Clause patriotique inclue dans le Code du Travail : fourniture en nature par les entreprises d'une partie de leur production, prélèvement mensuel en liquide ou en nature si la sécurité nationale est en jeu.


Message HRP adressé aux politiciens a écrit:Début des Débats ce 20 mars 2020. A vous d'indiquer si vous êtes pour ou contre les mesures proposées par le Gouvernement. Merci de signifier également si vous désirez modifier un ou plusieurs éléments de la proposition de loi avant de la soutenir. Après un premier tour, le Gouvernement publiera la proposition de loi et s'en suivra les votes.
Emalia Kira
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Emalia était installée dans son petit salon préféré – celui avec les rideaux brodés de fleurs sauvages qui s’ouvraient sur l’arrière-cour, où fleurissaient ses rosiers favoris comme un écho à la décoration intérieure – une tasse de thé sur les genoux. Elle épousseta son tailleur, but une gorgée paisiblement devant l’holoécran qui diffusait la chaîne qu’elle était l’une des rares dans la capitale à surveiller assidûment : l’ennuyeuse « Chaîne Sénatoriale », où se succédaient des prises de parole plus ou moins ennuyeuses diffusées en direct – ou en tout cas, presque en direct. Ainsi, Emalia pouvait suivre tranquillement les séances du Sénat, confortablement installée, et pouvant tout à loisir insulter le Chancelier et ses ministres tout son saoul, sans que cela n’eût une incidence sur l’image d’Ondéron.

Mais aujourd’hui, elle ne regardait pas cette chaîne pour cela, mais pour la toute première apparition de Jonas Kira-Tessin. La veille au soir, depuis qu’ils avaient pu consulter le projet de loi du gouvernement, ils avaient longuement échangé pour qu’il pût faire un discours d’entrée qui le positionnât d’emblée comme leader de l’opposition. Avec son jeune âge et l’héritage ambigu qu’Emalia laissait derrière elle dans la Rotonde, ce n’était pas gagné. Mais avec du temps, et de la patience, la souveraine savait que beaucoup se rangeraient à son avis. Il n’était tout simplement pas concevable que le FLR put installer tranquillement une dictature libérale avec pour seul et unique prétexte que la Chancelière avait conduit une guerre qu’ils n’avaient pas aimé.

- Ça y est ! s’était exclamée Emalia quand elle avait entendu à l’écran l’Orateur qui annonçait qu’Ondéron souhaitait prendre la parole.

Elle ne put s’empêcher de poser sa tasse pour pouvoir serrer les poings.

- VAS-Y JONAS ! TU PEUX LE FAIRE MON GRAND !

De l’autre côté de la porte, le majordome se demanda pour quel genre de sport de compétition sa souveraine s’était soudain prise de passion.


-- A des milliers de kilomètres de là, dans la Rotonde… --

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Jonas, avec son petit veston, son minois enfantin et ses cheveux bien peignés, déglutit si fort qu’il crût que ce fût entendu dans le micro. Un long silence s’était fait après que sa navette fût montée au centre de l’immense amphithéâtre – et de l’attention générale.
Il baissa les yeux sur son datapad. Ses mains étaient si moites qu’elles laissaient des traces d’humidité sur l’écran. Il se demanda si finalement, il n’aurait pas dû faire un peu plus d’efforts à l’université d’Alderaan : c’était pire d’être ici. La seule minuscule chose qui lui donnait du courage, c’était que Chui, la fille qui avait repoussé ses avances, allait le voir aux holonews et qu’elle allait s’en mordre les doigts. Ou qu’elle allait se foutre de sa gueule tellement il allait se ridiculiser, au choix.

- Monsieur Kira-Tessin ? répéta l’Orateur. Vous avez la parole !
- Oui-oui, oui, je sais.

Il entendit sa voix fébrile dans toute la Rotonde et cela lui glaça le sang. Il baissa de nouveau les yeux sur son datapad. Il fallait qu’il arrive à dire ce qu’il avait préparé avec sa Reine. Emalia le regardait sans doute. Il s’éclaircit la gorge.

- Hum. Donc. Bonjour tout le monde… Voilà, je vais exposer le point de vue d’Ondéron. Point de vue certainement partagé par le reste des membres de l’Alliance contre l’Oppression. Le nouveau pacte proposé par le Ministre…

Jonas entendit une moquerie depuis une navette. Quelqu’un l’avait traité de « toutou de sa majesté ». Il fit comme s’il n’avait pas entendu, ou pas compris. Qu’aurait-il pu faire d’autre ? Pour compenser, il se mit à parler plus fort, cela lui donnait de l’assurance.

- Le nouveau pacte proposé par le Ministre serait un vrai recul des protections sociales. L’introduction de ce texte en dit long sur les intentions du gouvernement : il annonce que le bénéfice « des affaires et des entreprises » primera sur le bien-être de nos concitoyens. Et c’est dans les faits ce en quoi consiste les mesures de ce texte : de rendre toutes puissantes une poignée de planètes et d’entreprises, au détriment de toutes les autres. Tout d’abord, l’hypothèse fondamentale du raisonnement du Ministre, présentée en ces mots, je cite : « la libre entreprise, le libre-échange et le jeu naturel du marché garantissent la meilleure satisfaction possible des besoins », est littéralement fausse : le marché ne garantit pas la meilleure satisfaction générale ; il ne garantit que la satisfaction des besoins des personnes les plus solvables. Autrement dit, il favorise la loi du plus fort. Ou plutôt : du plus riche.

Les moqueries avaient cessé. Quelques approbations avaient fusé. Jonas les prit pour des encouragements, et poursuivit en osant enfin détacher un peu ses yeux du texte qu’il connaissait de toute façon par cœur, pour l’avoir répété toute la nuit.

- Non, Ministre Ozmac, les interventions étatiques ne sont pas perverses : bien au contraire, elles contrebalancent le marché pour préserver l’intérêt général, bien plus important que les intérêts particuliers des entreprises ! Elles ne sont pas là pour aboutir à privilégier certains acteurs au détriment d’autres, mais à rétablir et garantir l’équité ! Les mesures que vous proposez rendront hyperpuissantes les entreprises et les planètes qui dominent déjà le marché républicain, et tout le reste sera réduit à l’état d’esclavage. Ce que vous proposez n’est rien d’autre qu’une domination par les richesses, condamnant la grande part de la population à l’asservissement pour le pouvoir de quelques individus les plus riches de la République… Voire même externes à la République. Vous proposez de vendre peuples et planètes, voilà ce que vous nous proposez !!

Jonas avait assené ces derniers mots avec force. Ses joues lui brûlaient. Sous l’effet de l’émotion, il avait improvisé les deux dernières phrases. Il espérait qu’Emalia ne lui en voudrait pas trop ; il trouvait qu’elles sonnaient plutôt bien.

- De plus, vos mesures sont à la fois humanoïdo et Noyau-centrées. Vous parlez d’ « aventure humaine ». Tous les peuples ne se conformant pas aux us et coutumes humanoïdes doivent-ils être exclu de la République, selon vous, Monsieur Ozmac ? Encore une preuve que ces textes sont faits pour et par les mondes du Noyau, faisant fi du reste des membres de cette République. Non, le chômage ne résulte pas d’une réglementation excessive, mais d’une inadéquation entre les besoins et les compétences des populations qui ont le moins accès à l’éducation dans notre République. Encore une fois, bien souvent les peuples les moins favorisés, et loin du Noyau. Et vous ne proposez pas de les sortir de cette impasse, mais de les condamner à la misère, en leur refusant les aides sociales et même l’accès aux soins médicaux !

Cette fois, il y avait clairement des cris pour le soutenir, il en était sûr. Les membres de son parti, sans doute, avaient décidé de le soutenir. Jonas tremblait toujours, mais il se découvrait soudain un courage qu’il n’avait jamais eu : il était en train de défendre des peuples face aux instances les plus élevées de toute la galaxie. Chui allait être folle de lui.

- Le reste de vos mesures ne valent pas mieux ! Les explications données ne sont pas rationnelles, elles ne sont que de la poudre aux yeux pour pouvoir vous décharger de vos obligations gouvernementales, pour enrichir les entreprises qui à leur tour, vous l’espérez, feront en sorte que vous soyez réélus ! C’est une machination politique abjecte, une arnaque pour tous les peuples de cette République !


Quelques applaudissements fusèrent. Jonas consulta son datapad : il ne lui restait plus que quelques lignes à dire. L’instant le plus long de sa vie était presque terminé.

- Je vais vous dire, monsieur Ozmac : laissez ce genre d’affaires aux gouvernements planétaires. Ils sauront organiser et ajuster eux-mêmes la protection de leurs citoyens et la dynamisation de leur économie. Pourquoi votre gouvernement ne s’intéresse-t-il pas plutôt à ce qui compte à l’heure actuelle, comme par exemple, l’oppression de certaines planètes sur d’autres ? Ou encore l’éradication de toutes les formes d’esclavage, y compris celles commises par les entreprises elles-mêmes sur les individus les plus pauvres sous le couvert de certaines de nos lois ? Ou encore, si vous vous intéressiez à cesser de défendre nos voisins impériaux qui eux, commettent en toute impunité l’asservissement de peuples entiers ? Oui, mesdames et messieurs les membres du gouvernement ! Pourquoi ne pas vous occuper de ça, et laisser les gouvernements planétaires légiférer comme ils le souhaitent sur leurs systèmes sociaux, de santé et de travail ? Oh, mais nous savons pourquoi cela vous intéresse plus : pour contrôler la vie planétaire davantage, et acquérir toujours plus de pouvoir ! Une telle loi est odieuse, voilà ce que j’en dis !!

Plusieurs applaudissements, des injures, des huées. Jonas était en train de vivre son baptême au sein de la Rotonde. A des milliers de kilomètres de là, une Reine déchaînée applaudissait devant « La Chaîne Sénatoriale ».

Synthèse a écrit:Refus total du projet de loi.
Tchiïki Ranya
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Ah, la rotonde du Sénat de la République Galactique. Un lieu baigné de culture pseudo-démocratique. Aujourd’hui, j’y prenais la parole. Ma nouvelle alliée et amie, Alysanne s’était jointe à moi pour que nous élaborions une défense commune contre le projet de loi visant à redresser l'Économie républicaine. Dans mon habit de Sénatrice, j'allais défendre nos convictions à toutes les deux, les dépasser. J’avais écouté les autres discours ; au moment où ce fut à moi, je me levai dans le plus considérable discernement et échangeait un regard d’une rare intensité avec cette dame. Sur ses lèvres, je pouvais lire  “galvanise-les” ; j’entrai en piste :

« Monsieur le Chancelier Suprême de la République Galactique,
Monsieur l’Orateur Sénatorial,
Monsieur le Ministre du Trésor et de l'Économie,
Mesdames et messieurs les Membres du Gouvernement,
Honorables collègues,
Mesdames et messieurs,

Je vous remercie de me donner la possibilité de prendre la parole aujourd’hui sur un sujet aussi complexe et important que la discussion de ce projet de loi, dit Ozmac.

Il a été décidé, par les soins du Gouvernement, que ce projet serait présenté sous un nom renvoyant à plus qu’une simple loi ; celui de “Pacte”. Commençons si vous le voulez bien par cet intitulé, avant, bien entendu, de nous pencher sur le fond des réformes qui nous sont proposées. Étymologiquement, le mot “pacte” renvoie à un ancien verbe qui signifiait “faire la paix”. Ce nouveau pacte sonne pourtant bien comme une déclaration de guerre ! Vous n’abrogerez par le Pacte Social en piétinant la paix sociale. Après la pointe de rage qui avait assaisonné ma phrase exclamative, je ne pus m’empêcher de laisser entrevoir un certain dégoût.

De plus, ce projet a été baptisé de “libéral”, aussi cruellement libéral que le parti au pouvoir ? L’heure à laquelle les dispositifs “'ultras” se mettent en place vient-elle ainsi de sonner ? Sémantiquement, le libéralisme économique est l’application des principes libéraux à la sphère économique. Il ne peut donc, vous en conviendrez tous, être un moyen d’assujettir les citoyens républicains ; or, Sénateurs, c’est bien ce que l’administration S’orn nous propose. L’égalité et l’équité vont de paire avec les libertés. Ici, on nous présente un projet de loi barbare, sauvage et qui plus est liberticide. C’est un ridicule medley bateau, rien n'y est réellement abouti et cohérent, voilà pourquoi nous pouvons habilement le détricoter, le déconstruire. Je savais que je ne devais pas m’emballer et commençais presque déjà à jubiler.

Sans l'intervention de l'État, le marché ne peut, stricto sensu, se réguler seul. Établir un modèle de concurrence pure et parfaite est irréalisable, car le marché est défaillant. L'Offre et la Demande ne sont jamais parfaitement égales, les prix ne peuvent rester au beau-fixe. Un ministre de l'Économie devrait, normalement, être capable de comprendre cette réalité. Vous auriez bien aimé qu'à la place de l'État, une main invisible toute puissante régisse notre économie, mais les marchés sont des institutions violentes et particulièrement injustes, les entreprises se gênent, les consommateurs sont lésés, et c’est l'insatisfaction généralisée. Est-ce ce modèle de libéralisme économique que vous nous proposez ?  Là où l'interventionnisme étatique pallierait les défaillances du marché ? Le rêve ne fait pas vivre et vous n'aiderez pas la République Galactique en restant prisonnier de cette utopie. J'ai l'intime conviction que vous placez ici les intérêts des grandes firmes transmondiales au-dessus de ceux des populations. En effet, contester l'importance qu'à l'État dans la régulation du marché n'est rien d'autre que d'ouvrir un gouffre dans lequel les citoyens républicains n'ont plus qu'à jeter leur pouvoir d'achat. Certains monopoles légaux sont indispensables et d'autres sont naturels, dans le secteurs des énergies par exemple. Aussi, il est clair qu'un marché outrageusement concurrentiel et dérégulé laisse aisément place à l'abus de position dominante. Au lieu de jouer le jeu de la concurrence, de satisfaire la consommation et d'être confrontées au dilemme du prisonnier, les grandes entreprises préféreraient s'organiser en cartels oligopolistiques pour s'entendre sur l'application de prix excessivement élevés et maximiser leurs profits. De nouvelles barrière à l'entrée arriveraient alors sur le marché. Créées par les poids excessifs des grandes entreprises, elles entraveraient l’arrivée sur le marché de nouvelles et plus petites sociétés porteuses d’innovations et animées d’une fraîcheur nouvelle.
Vient d'apparaître la première incohérence de votre discours, elle n'est… pas la seule. Il fallait bien que j’ajoute des effets rhétoriques et stylistiques à ma parole, que je montre mon étoffe à m’adresser au Sénat.

En outre, vous ne pouvez dynamiser la croissance en freinant l’activité économique. Supprimer toutes formes d’aides n’est pas une solution viable. Certes l’État ne peut se permettre de financer chaque entreprise, de creuser son déficit budgétaire et d’alourdir la dette publique, mais il a pour mission de booster, d’encourager les projets économiques. Également, vous expliquez en préambule des mesures économiques de ce Pacte vouloir raviver le libre-échange. Arrive ensuite une proposition compliquant les exportations ? Pardonnez ma confusion, mais la suite dans vos idées n’a ni queue, ni tête. Tout ce que vous arriverez à faire, c’est désinciter les exportations. En d’autres termes, massacrer la diversité des échanges et affaiblir la vraie force de la République. Le commerce extérieur est un fort facteur de croissance pour les mondes républicains, pourquoi décidez-vous ne plus aider ce qui est bon pour l'économie ? J’en arrive presque à me demander si ces mesures ne cachent pas un protectionnisme et un isolationnisme forcés déguisés, qui plus est intrarépublicains. Non, l’administration S’orn ne sera pas celle du diviser pour mieux régner.

N'oubliez pas que le second et le premier titre de votre projet de loi doivent avoir une cohérence, chose qui nous manque, monsieur le Ministre. Une intervention minimale de l'État ne peut aller dans le sens de l'aménagement d'un cocon propice à l'épanouissement de l'entreprenariat. Défendre et encourager les entrepreneurs n'est possible que grâce à des soutiens financiers et légaux. La suppression des aides et la déréglementation n'allant pas dans ce sens, je vous demande si vous entendez vous contredire. Subventionner la recherche et le développement, c'est encourager le progrès technique, sauf si les innovations ne sont pas garanties par des droits de propriété, des brevets d'invention – outils utiles à la protection des nouvelles entreprises. Y aurait-il une zone d'ombre à éclaircir sur ce point ? Comment exploiter une idée coûteuse, sans garanties, avec un capital uniquement issu du financements externes direct et indirect ? Vous encouragez dangereusement là vos grands amis de la finance galactique. Peu d’entreprises innoveront et il y aura peu de progrès. Si une entreprise parvient à innover, mais que sa découverte est reprise par les autres, il n’y aura plus aucune incitation à innover, puisque l’on n'est pas récompensé. Comment dynamisez-vous la compétitivité, afin que les individus puissent jouir de prix toujours plus bas ? Comment évitez-vous aux nouveaux de s’écraser contre le reste de la concurrence, hostile, sans le moindre soutien étatique ? J’aimais ce jeu de parler,  le Sénat aimait ce que je lui disais.

J’ai déjà émis l’hypothèse que vous vous soyez entendus avec les grands dirigeants du patronat et de la finance galactique. Quand je lis les modifications que vous voulez apporter au Code du Travail, je vois un bûcheron qui essaye tant bien que mal de couper un tronc dépassant de sa remorque sans se soucier de la partie qu’il coupe. Il abime la cîme de l’arbre alors que son pied est rongé par les termites ; c’est un peu ce que vous faites en ouvrant grand la porte au dumping social, aussi appelé esclavage moderne, comme souligné par mon jeune confrère de l’Alliance contre l'Oppression. Très peu de considération pour les travailleurs, c’est une République des entreprises qui ne se soucie pas de ceux qui la font vivre et exister. La diminution, jusqu’à la disparition des cotisations sociales entérine-t-elle la mise à mort de la justice sociale ? Qui financera le futur de l’entraide, puisque les recettes publiques baisseront ? Nos retraites suivront le chemin que vous avez tracé pour notre assurance maladie. Je pointai du doigt le Gouvernement tout en disant cela.

Pourquoi préfèreriez-vous centraliser encore plus le pouvoir dans les mains de l'exécutif quand la Chambre de Gestion du Travail pourrait être déployée au plus près de l’activité économique pour être à la fois dans la pédagogie et dans une plus juste réprimande ? La CGT et la Chambre de Gestion des Impôts pourraient être plus indépendantes et libres, et accomplir pleinement leurs missions. Vous ne pouvez pas dénoncer en bloc le rôle de l’État dans l'économie, défaire le droit du Travail universel, puis demandez aux syndicats de réécrire les lois à coups de conventions collectives ! Qui plus est si ces conventions collectives seront appliquées à l’ensemble des secteurs d’activité et non sectoriellement. C’est démagogue et incohérent. »

Dans la suite de mon discours, j’avais été fière d’aborder le fou recours par le Gouvernement à la charité pour financer le système de santé républicain. Il ne permettrait plus de faire face à de graves crises sanitaires,  d'épisodes pandémiques. Si les plus riches doivent payer pour les plus pauvres, je ne voyais pas pourquoi on ne les y contraignait pas légalement. Aussi, la légalisation d’un grand nombre de drogues allait engendrer de nouvelles dépenses de santé dues à ses conséquences terribles. Les tarifs des assurances privées exploseraient à mesure que les remboursements diminueraient, pendant que les cliniques privées et les industries pharmaceutiques s’en mettraient pleins les poches. Enfin, j’interpellai le Sénat pour inciter les Sénatrices et Sénateurs à demander plus d’instruments de contrôle sur la fameuse Clause patriotique. Je conclus de cette manière :

« Sauf votre respect, monsieur le Ministre, si ce projet de loi a été réellement réfléchi, vous êtes immanquablement un terrible penseur. J’appelle mes collègues Sénateurs à rejeter en bloc cette proposition grotesque. Mesdames et messieurs, je vous remercie. »

Je lâchai le micro, bouillonnante de la ferveur de mes débuts. La lumière et les sons de mon apothéose triomphale ne me parvirent même pas et nous fîmes une pause dans les débats après mon intervention.

☾☽

Evea Ekway
Evea Ekway
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Ce petit là, Kira-Tessin comme l'avais appelé l'orateur, il était tout particulièrement jeune et paraissait inexpérimenté. Mais il avait très justement parlé, même si son discours réprobateur était resté superficiel il permettait de lancer les débats avec sagesse d'esprit. Evea Ekway et Isalia Cyriandar, sur leur plateforme, observaient avec attention ce qui se disait. Une fois que le jeune sénateur eu terminé, la délégation d'Alderaan applaudit, cela se voyait qu'il était dans ses débuts et on devait faire preuve de soutien à son encontre afin qu'il ne se fasse pas marcher dessus par les nombreuses huées qui se firent tout de même entendre.

Quoiqu'il en soit le débat était lancé, surement que la sénatrice d'Alderaan, Isalia Cyriandar, prendrait la parole, mais d'abord elle voulut écouter attentivement ce que la sénatrice Ranya avait à dire. Cette femme twi'lek avait un immense potentiel et Isalia voulait écouter ce qu'elle avait à dire, sans douter qu'elle serait porteuse de l'opposition à ce pacte.

Et en effet, comme ses expectations le lui avaient laissées penser, Tchiïki Ranya démonta en bloc tout le projet de loi ! La sénatrice d'Alderaan trouvait qu'en effet il y avait des failles dans la loi Ozmac, mais il est primordial de modifier le Pacte Social de Scalia qui était bourré d'erreurs politiques. On pouvait au moins reconnaître l'effort que le ministre Ozmac avait donné pour modifier au mieux ce texte écrit sous Scalia. Mais en effet la Sénatrice Ranya releva quelques incohérences qui méritaient d'être modifiées.

Isalia Cyriandar décidera de prendre la parole après la courte pause. Les micros furent coupés pour que les délégations s'entretiennent entre elles. La Sénatrice d'Alderaan se tourna vers sa seconde, Evea Ekway et l'avisa de ses pensées :

- La sénatrice Ranya a très bien lancé le débat, en entrant bien plus dans la matière que le sénateur d'Ondéron. Je pense venir relever deux ou trois termes qui me déplaisent, après tout nous sommes là pour ça.

- Mais Mademoiselle... et le Vice-Roi ? S'enquit Evea.

- Au diable Elvis Frethrac, il n'avait qu'à postuler pour être sénateur au lieu de se présenter comme Vice-Roi d'Alderaan, s'il veut avaler tout les textes de lois proposés par le gouvernement S'orn, qu'il se fasse plaisir, mais moi je n'accepterai pas des lois galactique simplement pour plaire à un souverain à des millions de kilomètres de là. vociféra la Sénatrice au point où les plateformes voisines, tout aussi bruyantes, l'entendirent.

Evea n'insista pas, elle savait que la sénatrice Cyriandar était en mauvais termes avec le Vice-Roi d'Alderaan et qu'il lui avait déjà fait des réprimandes sur sa ligne politique au sénat. Mais là, si elle rejetait en bloc le texte de loi Ozmac comme venait de le faire la Sénatrice Ranya, Evea ne donnait pas cher de la peau de sa Sénatrice.

Quoiqu'il en soit, une sonnerie retentit pour annoncer la reprises des débats, certains sénateurs posèrent leurs tasses de thé, revinrent des toilettes ou de quelque occupation qu'il soit pour assister à la suite. L'orateur annonça la reprise des échanges et Isalia Cyriandar appuya sur le bouton pour demander la parole qui lui fut accordée. La plateforme s'avança et la semi-hapienne se leva, souriant à l'assemblée :

- Merci de m'avoir accordé la parole, je tiens tout de suite à exprimer mon soutien à une modification du Pacte Social, seulement certains termes ne m'incitent pas à soutenir les modifications apportées par le Ministre Ozmac. Elle inspira profondément. Débutons d'abord par un terme qui me déplaît. Vous parlez en introduction de "vie des affaires" mais ne serai-ce pas ici une preuve de la déconnexion entre les lois et la réalité ? Nous sommes dans une réalité galactique avant tout, des gens travaillent pour nous assurer une production tandis que nous, politiciens parlons de "vie des affaires" si vous voulez mon avis, le capitalisme manque d'humanisme au sens large.

Isalia Cyriandar marqua une pause, elle posa le regard sur le Neimoidien en surpoids avant de continuer avec véhémence :

- Au sujet du contrôle du marché par l'Etat, le sénateur d'Ondéron a bien parlé tout comme celle de Chandrila, mais j'aimerai nuancer leurs propos qui me paraissent assez tranchants, limitons cela en apportant des détails concrets sur la raison de l'opposition d'Alderaan à ce projet de loi. Hum Hum, pour endiguer les méfaits du capitalisme tout en préservant l’initiative privée, il serait souhaitable que l’État puisse avoir des missions diverses dans les systèmes en s’adaptant aux contextes culturel et surtout socio-économique. Aujourd’hui encore, les systèmes en développement ont plus besoin de l’implication étatique, car l’instabilité politique habituelle ne favorise pas l’affluence des capitaux privés alors que l’épargne intérieure semble insuffisante. Le taux de bancarisation reste encore très faible, la thésaurisation très ancrée dans la société et la méfiance vis-à-vis du système financier toujours aussi significative. Aucun système ne peut uniquement miser sur le marché, sur les bienfaits de la galaxisation et de la croissance économique pour valoriser ses ressources. Il doit agir à court terme pour ne pas sombrer dans la précarité, la corruption, la prévarication.

Dans les systèmes industrialisés, l’implication de l’Etat est encore souhaitable pour éviter une société en sablier ou la polarisation de l’emploi réduit drastiquement la part de la classe moyenne. C’est pourquoi, au-delà de ses fonctions régaliennes, l’État peut éviter des inégalités sociales excessives et redonner aux autorités publiques une légitimité auprès de la population. Il peut endiguer la montée des travailleurs pauvres et accompagner la robotisation de l’économie. En dépit de l’efficacité du marché, l’État doit garder une place dans la sphère économique. L’État peut être un véritable acteur économique sans pour autant que les dépenses publiques soient synonymes de gaspillage ou contre les performances du secteur privé. L’investissement public peut aider à une meilleure prise en compte des enjeux du futur. Quel que soit le niveau de développement économique du système, l’État ne doit pas avoir l’obligation d’intervenir, mais le droit de s’impliquer selon les menaces qui pèsent sur le développement humain, la protection de l’écosystème et la préservation du mieux vivre ensemble.


Encore une profonde inspiration, elle devait garder son calme pour ne pas mettre sa position en péril. Mais sa force de pensée prenait le dessus par moment, son socialisme latent ressortait. La Sénatrice d'Alderaan persista sur un autre point qui la dérangeait :

- Ensuite j'aimerai m'exprimer au sujet du Salaire minimum légal, un aspect capital qui n'a pas été abordé par mes deux confrères, qui est avant tout un salaire de subsistance, qui permet de subvenir à ses besoins naturels (se nourrir, se loger…) et ainsi protège le travailleur de la pauvreté et de la misère, ce que vous semblez oublier M.Ozmac. De plus le Salaire minimum protège le salarié contre une certaine forme d’exploitation de la part de l’employeur, une aberration qui a assez durée. Pour bien fonctionner le salaire de subsistance doit être au-dessus du seuil de pauvreté, pas supprimé sous peine de la hausse inexorable de la pauvreté. Ensuite, un salaire minimum suffisamment élevé encourage l’employé à être productif et méritant, voilà la véritable méritocratie M.Ozmac ! Ce salaire efficient permet à l’employé de non seulement subvenir à ses besoins mais de s’épanouir personnellement, de consommer davantage au bénéfice de quoi ? Au bénéfice du système économique. Salaires important égale plus forte consommation induisant la croissance ! Enfin, le salaire minimum préserve la paix sociale. Le salarié en tant que prolétaire, ne développe pas de rancœur ou de mécontentement de classe, ceci est l'égalité, un fondement de notre République. Car oui, le salaire minimum légal réduit les écarts de salaire entre les travailleurs.

Après cela je m’arrête :  Le salaire minimum donne un meilleur pouvoir d’achat, donc de meilleurs rentrés fiscales (TVA). Vous vouliez un excédent monétaire ? le voici incarné par le salaire minimum ! Je m’arrête ici, merci de m'avoir écouté.


Voilà, tout était dit, sous un tonnerre d'applaudissement de la part des socialistes, la plateforme sénatoriale retourna à sa place. Mais des centaines de huées se firent entendre ! Le capitalisme paraissait dominant au sein de la rotonde, mais après tout il était impossible pour un quelconque sénateur d'y prendre la parole sans se faire insulter à la fin de son discours. On y était habitués, on décevait toujours quelqu'un en politique, sinon les débats seraient inutiles si tout le monde pensait pareil.

Synthèse a écrit :
Projet de réforme accepté mais Refus des lois suivantes :

I ) Politique économique :
- Abolition des monopoles économiques légaux et des barrières à la concurrence au sein de la République.
II ) Travail :
- Soumission du contrat de travail au droit commun des contrats et suppression des lois sur le salaire minimum et maximum de telle sorte que l’employé sera payé pour les heures strictement prestées (principe de méritocratie).
III ) Santé :
- Transfert progressif vers le secteur privé de l'assurance-maladie obligatoire.
IV ) Affaires sociales :
Rien à contester.

Alderaan ne soutiendra pas les lois Ozmac tant que les termes cités ne seront pas supprimés ou du moins négociés.
Alderaan ne donne donc pas de voix positive pour l'instant.
Evadné Publius
Evadné Publius
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Camina Ashford avait une pléthore d’assistants et de conseillers sur divers sujets de politique. Premièrement parce qu’elle avait besoin d’un avis éclairé sur chaque sujet qui la dépassait afin d’offrir la meilleure décision au nom de Cadezia, mais également parce qu’elle détestait toute la « paperasse » inhérente à son statut de sénatrice. Pour la séance pleinière du jour à la Rotonde, elle avait inclus Evadné Publius à ses côtés – pour son expertise médicale, dans sa nacelle. Le gouvernement cadézien lui avait imposé la présence de cet emmerdeur de Valerian Helix, sous prétexte qu’il venait d’empocher un diplôme en finance et économie. Dans la pénombre de son bureau sénatorial, Camina se resservit volontiers un verre d’alcool fort qu’elle ne prit pas le temps de savourer. Il allait lui falloir beaucoup de patience pour gérer les deux progénitures à papa. Et si elle pensait que tout n’était pas perdu pour Evadné, elle savait les dés définitivement jetés pour Valerian.

La jeune Publius se présenta peu avant midi dans le couloir menant à la rotonde. Elle fut immédiatement talonnée par le jeune ambitieux.

 -Camina, salua la toute blonde les mains chargées de son datapad. Sa robe pourpre soulignait la féminité de son corps sans une once d’ostentation et son maquillage à la dernière mode cadézienne mettait en valeur la beauté habituelle de son minois délicat. Et toujours ces bijoux coûteux qui pendaient à son cou et ses oreilles, pensa sèchement Ashford. Combien d’ouvriers cadéziens pouvait-on nourrir avec leur valeur ?

-Evadné, Valerian.

-C’est Monsieur Hélix, Madame le sénateur. Evitons d’être trop familiers, la corrigea-t-il sans un sourire.

Il présentait une chevelure de jais dont les mèches longues retombaient sur son regard. Elles occultaient médiocrement une tâche de naissance qui le défigurait, s’étendant sur la partie supérieure droite de son faciès. Il était habillé impeccablement et possédait un port altier qu’elle lui aurait bien fait ravaler.

-Et moi, je n’ai pas le temps pour les courbettes. J’ai déjà assez été emmerdée par le report de séance. Cette dernière va commencer, allons prendre place, déclara Camina en leur indiquant l’entrée de la Rotonde.

Valerian se dépêcha à la hauteur de l’assistante pour tenter sur elle son sourire le plus ravageur. Ils se connaissaient depuis l’enfance et tout le monde dans les hautes sphères cadéziennes avaient parié sur une union arrangée pour réunir les deux plus grandes familles de la planète. Mais Véragan s’était montré frileux à une telle union, occasionnant un léger froid avec le clan Hélix. De toute manière, il était hors de question pour Evadné d’envisager quoique ce soit avec lui.

-Nous pourrions prendre un verre après la séance, Mademoiselle Publius ? proposa-t-il, charmeur.

-Cela aurait été avec plaisir, mais je dois me rendre au centre médical ensuite pour prêter main forte, l’éconduit-elle avec politesse.

-Je pourrais vous chercher après votre garde, insista-t-il. D’ailleurs..

Il s’apprêtait à enchaîner avec un compliment mais elle le coupa dans un sourire poli et le devança pour prendre place dans la nacelle sénatoriale de Cadezia. Elle fit bien attention à mettre Camina entre eux afin de ne plus subir ses tentatives de séduction grotesques. Elle prit une grande inspiration alors qu’elle installa son datapad sur la console. La Grande Rotonde. Un lieu impressionnant et chargé de tension. Ce n’était pas la première fois qu’elle y assistait Ashford, mais l’effet demeurait le même. C’était le cerveau de la République d’où partaient ses innombrables terminaisons nerveuses qui faisaient vivre les lois et le commerce dans la Nouvelle République. A chaque session aux côtés de sa sénatrice, c’était le même stress et les mêmes appréhensions. En général, la quarantenaire n’était pas très difficile. Sous les directives d’un gouvernement cadézien assez libéral, elle se retrouvait obligé d’offrir sa voix à chaque proposions de loi émanant de la Chancellerie. Et le soir-même, elle se noyait dans l’alcool pour oublier sa lâcheté et pour célébrer le fait qu’elle avait pieds et poings liés. Poste de sénatrice, tu parles. Un beau cadeau empoisonné, oui.

Camina se racla la gorge alors que l’orateur du Sénat débitait sa diatribe habituelle. Quelques minutes plus tard, ils écoutèrent tous trois le discours du ministre de l’économie, non sans une certaine inquiétude pour les deux femmes. Et leurs craintes furent confirmées dès que le projet de loi apparut sur la console et qu’elles en prirent connaissance. Camina écarquilla les yeux au fur et à mesure de sa lecture, encaissant paraphe après paraphe, figée d’incompréhension. Et son assistante ne semblait pas en meilleure forme à la vue du texte, blême, les sourcils froncés. Seul Valérian y trouva une évidente satisfaction par un sourire appuyé.

-Quel génie ce Ozmac ! s’esclaffa-t-il.

-Vous devriez réfléchir Camina, tempéra Evadné complètement indignée par les propositions de lois concernant la santé.

-Si vous votez contre, reprit Valérian avec un ton amer, vous pouvez compter sur le gouvernement cadézien pour vous destituer. Il est hors de question que Cadezia ne soutienne pas cette vaste Réforme. C’est le prix à payer pour la stabilité et la prospérité.

-La ferme, sabakawala.

Au contraire d’Evadné, le jeune homme ne comprenait pas le créole cadézien, mais fut tout de même irrité par l’impolitesse de la sénatrice.

-Des travailleurs vont mourir écrasés par cette Réforme et je n’ai pas besoin d’un nakangepensa avec un diplôme bidon acheté par son père pour le comprendre.

Alors qu’autour d’eux, sur les nacelles, les autres sénateurs débattaient avec virulence ou non de la direction de leur vote sur cette Réforme. Helix tapa du poing sur le bord de la console, faisant sursauter la toute blonde. Camina eut envie de lui casser le bras, mais prit sur elle :

-Madame le sénateur, vous faîtes ce que le gouvernement cadézien vous ordonne de faire, simplement. Vous votez pour cette loi ou vous subissez les foudres du Ministre Publius. On ne vous a pas élue à ce poste pour votre beauté et encore moins pour votre intelligence. Vous obéissez, comme un bon soldat.

Ashford serra les dents. La tension en était déjà à son maximum. Du coin de l’œil, elle avisa l’expression désemparée de la jeune Publius. Elle étira un rictus résigné. Les choses changeraient peut-être un jour, si elle succédait à son père. Ou peut-être resteraient-elles les mêmes. Caleb Inaros, l’Alliance des Classes Extérieur et le peuple cadézien ne lui pardonneraient certainement pas cette décision. Quelle autre option avait-elle ? Si elle votait non, la haute-société de Cadezia ferait payer cette insolence aux classes populaires. D’un autre côté, si elle votait oui…Publius aurait à affronter une nouvelle crise avec le principal parti d’opposition de sa planète.  L’ACE pourrait aller jusqu’à réclamer la sortie de Cadezia de la République, ce serait la porte ouverte à la guerre civile. Un mal de tête pointait dangereusement le bout de son nez.

-Monsieur Helix, trancha Evadné d’une voix qui ne souffrait d’aucune hésitation, cette loi va tuer des êtres vivants. En tant que médecin, je peux vous assurer que légiférer sur les drogues douces ou dures est une grave erreur. On ne compose pas avec l’addiction, on la combat. C’est une affaire de santé publique, pas une affaire d’économie.

-Ma chère et douce Mademoiselle Publius, répliqua-t-il comme s’il s’adressait à une idiote, en tant que médecin, nous vous demandons de soigner. Non pas de vous pencher sur les affaires politiques. Votre père vous permet bien trop de caprices. Si vous aviez été ma…

-Cela tombe bien, le coupa-t-elle avec indignation, je ne le suis pas. Et ne le serai jamais. Je suis prête à faire des compromis en matière d’économie et de finance. Je comprends parfaitement la nécessité d’une relance de l’économie et du marché du travail par des mesure libérales. Mais là, nous sommes dans l’extrême. Le crime restera le crime. Tel un virus il s’adapte à l’organisme qu’il parasite et mute en fonction des réponses immunitaires. Vous pensez que créer de belles et propres usines de drogue va ramener le taux de criminalité à 0 ?

-Totalement. Et c’est une aubaine pour le commerce. Cela retire le pain de la bouche au crime organisé et permet à des gens honnêtes de contribuer à l’économie républicaine.

-Vous savez ce qu’est l’addiction ? s’insurgea-t-elle en serrant le poing. Des gens en décèdent, y compris des enfants. Cette législation va être la porte ouverte aux abus et au charlatanisme.

-Je ne suis pas responsable du sort de ces pauvres gens, ni de leur choix de vie.

-Ca suffit tous les deux, les rappela à l’ordre Camina en se massant la tempe. La ferme.

La sénatrice indiqua qu’elle souhaitait prendre la parole afin d’entériner le vote de Cadezia. Après avoir entendu les discours des uns et des autres, de celles et ceux qui l’avaient précédé, il était temps pour elle de faire un choix.

« -Membres du Gouvernement,

Sénateurs et Sénatrices de la République,

Contrairement à mes consœurs et confrères, je vais être brève. Vous me connaissez bien maintenant.

Le projet de loi soumis aujourd’hui est un sacré défi. Et si Cadezia soutiendra cette Réforme, elle souhaiterait la relecture et modification de certains points, parmi lesquels :

-La soumission du contrat de travail au droit commun des contrats et suppression des lois sur le salaire minimum et maximum de telle sorte que l’employé sera payé pour les heures strictement prestées. Cette mesure encourage la précarisation des travailleurs et n’est en l’état pas souhaitable.

Cadezia souhaite également voir modifier le volet sur la législation des drogues, qu’elles fussent douces ou dures. Trop de risques et de questions restent en suspens sur l’abrogation de la législation autour d’un sujet de santé publique. Nous parlons de vies et nous demandons au Gouvernement de pouvoir se pencher à nouveau là-dessus afin de protéger les plus faibles des personnes qui useraient de malhonnêteté dans la légalité. Ce qu’il y a de bien avec le crime organisé, c’est qu’il est organisé. Le but de la République est de le combattre avec toute la rigueur qui s’impose et de ne pas jouer son jeu. Cette législation proposée va permettre aux criminels d’assumer leur pratique et de s’acheter une enseigne avec pignon sur rue et une conscience. C’est fallacieux.

Tout le reste est approuvé par Cadezia dont le gouvernement accorde une confiance totale à la Chancellerie.

Merci de votre attention. »

Elle s’éloigna du micro et entérina son vote sur la console. Les applaudissements ou les huées n'avaient plus d'importance désormais.




Synthèse a écrit :
Projet de Réforme accepté.
Toutefois, demande de révision des lois suivantes :
-Suppression du salaire minimum.
-Points portants sur la législation des drogues douces et dures.
Alysanne Méridan
Alysanne Méridan
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Les habitudes sont faites pour être changées ; excepté quand vous vous appelez Alysanne Méridan ! Décidée à ne pas déroger à sa culture de la robe, la Ralltiirienne choisissait encore la tenue qu’elle allait porter pour la présentation officielle du nouveau projet de loi gouvernemental qu’elle était fin prête grâce à sa participation à voir attaqué aujourd’hui. Il fallait qu’elle commence à s’inquiéter d’un potentiel retard : son amant d’une nuit avait quitté son appartement et la lumière solaire devrait déjà éclairer Coruscant. Évidemment, la planète qui ne dort jamais ne bénéficiait jamais d’éclairage naturel… mais ça n’était pas une raison. Après sept ans de réflexion, Alysanne Méridan opta pour une robe lustrée au violet pimpant rétro/chic. Son corsage dissimulé ne cachait rien de l’abondance des formes de la Sénatrice qui voyait son corps comme prisonnier d’un exosquelette semblable à une carlingue de vieux vaisseau de transport. Derrière cet antipoétisme vestimentaire brillait néanmoins bien un carton plein pour la première ambassadrice de la mode conceptuelle et avant-gardiste de la Galaxie. Tout ce vêtement résidait en fait dans sa longue traîne fouillie et ponctuée de turquoise.

Lorsque le ministre du Trésor et de l’Economie Uthar Ozmac eût enfin fini d’exposer son projet de réforme, de bruyants éclats de rire s’élevèrent de la nacelle sénatoriale ralltiirienne et couvrirent partiellement le tapage d’autres applaudissements. Ces railleries, assourdissantes, affluaient toutes sans exception de la bouche pulpeuse et outrancièrement maquillée d’un rouge à lèvres couleur de braise d’Alysanne Méridan. Une blague, voilà exactement ce que présentait l’exécutif, mauvaise certes, mais une blague tout de même. Le ministre incarnait l’adynaton du ridicule dont un clown savait si bien faire preuve.

- Madame la Sénatrice ! Les autres délégations nous inspectent de manière très inquiétante, peut-être devriez-vous songer à retenir vos éclats de joie. Son assistant, un jeune éphèbe aux grands yeux ronds clairs et brillants, à la mirifique chevelure noire courte et bouclée, et au corps glabre et robuste, venait de lui glisser géné ces quelques brefs mots à l’oreille. Ils suffirent à faire frissonner son employeure qui se pinça les lèvres devant le jeunot, elle lui offrit un regard aussi ardent qu’un brasier et un sourire non dénué d’un certain érotisme. Son corps sculpté par le culturisme se laissait deviner à travers son costume, comme si celui-ci avait été façonné par une entité supérieure. Alysanne n’avait en réalité guère besoin des conseils d’un assistant mais l’existence de ce dernier était toutefois loin d’être infructueuse et sans saveur. Comme une lionne qui jouerait avec une gerbille sans défense, Alysanne appréciait titiller le petit.

- Des éclats de joie ?! Tout le monde est d’humeur à faire des blagues à ce que je vois ! Je te rassure, je suis davantage au bord des larmes que de l’euphorie. On m'avait dit que ce ministre était un prodige, le vrai phénix de l’économie. Imagine seulement un instant mon désarroi de ne me retrouver face à rien d’autre qu’un calamiteux politicien royalement incompétent.

Son rire se fit encore plus fort. A continuer ainsi elle passerait probablement sur la chaîne sénatoriale, et bien qu’il en était ainsi. Pour une fois, l’ennui et la monotonie avaient quitté la rotonde pour la transformer en une grotesque foire. Alysanne pensait que cette séance sonnerait le début du naufrage politique du Front Libéral Républicain. La Ralltiirienne s’installa encore plus confortablement dans son siège, un facétieux rictus ornait sa belle bouche. Les sénateurs allaient désormais s’en donner à coeur joie et avec une facilité déconcertante de tackler ce piètre projet de réforme dont la présentation venait d’ores et déjà d’en torpiller une grande partie. Le premier à se lancer fut Jonas Kira-Tessin, Sénateur d’Ondéron nouvellement investi.

Il était la fidèle représentation en peinture du minet accomplissant sa première fois. Comme une quête précipitée pour lui, il savourait déjà ce moment pour lequel il avait tant appréhendé et paniquait encore. Tel tous les jeunes garçons, une fois lancé dans le vif du sujet, une fois nu sans barrières et sans freins devant le Sénat, il avait su prendre à bras le corps son intervention avant qu’elle ne dompte. Au moins, il ne serait pas décrié et soumis une nouvelle fois. Il l’avait été et l’était déjà puisqu’à travers sa bouche qui intéressait tant la Sénatrice de Ralltiir, celle-ci comprenait combien que ce n’était autre qu’Emalia Kira qui s’adressait à la République. La vendetta personnelle de la Chancelière déchue serait donc cristallisée par un mioche parachuté, prêt à tout pour faire le paon, le beau ; mais restant le petit mulot baladé entre les griffes de sa maîtresse-hyène. La manipulation de Jonas Kira-Tessin était un fait avéré au Sénat et était encore davantage appuyée par son patronyme embarrassant. Personne ne voudrait suivre une chiffe molle, une marionnette. Les derniers membres de l’Alliance contre l’Oppression eux-mêmes se toisaient du regard, à la recherche de la réaction qu’ils allaient avoir à cette allocution. Dans le fond, peut-être qu’aucun de ces Sénateurs, dans la grande mais non surprenante lâcheté de leur fonction, n’avait les épaules et la voix suffisamment peu fébrile pour être à la place de Jonas. L’assurance naissante du politicien en culotte courte cachait parfois la docilité et la non-violence de ses propos. Alysanne Méridan se dit pour bien des raisons que ce moineau devait rejoindre sa cage dorée, sa volière.

Suite à cela, les prises de parole s’enchaînèrent et se ressemblèrent, certains n’hésitèrent pas à exposer toute la misère dont ils étaient victime, d’autres sautèrent au contraire sur l’occasion pour charmer le plus extravagamment le Gouvernement S’Orn.

S’élevant puissamment avec le dessein de rompre cette éternelle monotonie, Tchiïki allait s’adresser à son tour au Sénat. Alors qu’entre nacelles, les discussions pour passer le temps allaient de bon train, que les sièges se vidaient avant même la pause, que des cocktails étaient sirotés devant des rediffusions de rencontres sportives, une femme Togruta loin d’être une vieille baronne de la politique entra en scène.

-Galvanise-les ! Les assistants d’Alysanne entendirent discrètement ces mots adressés à la Chandriléenne et furent surpris par la détermination nouvelle de leur patronne.

Demandez et il vous sera donné, les souhaits de madame Méridan faisaient loi. Le charisme made in Ranya récupéra tout le Sénat tel un trait de flèche perçant la pomme posée au-dessus de la tête de monsieur le Neimoidien. L’effet de surprise, voilà quel était le maître atout dont bénéficiait cette dame arrivée à la fin de l’année dernière. Il était d’ailleurs rare d’oser aussi vite prendre la parole, nombreux étaient les sénateurs qui mettaient des années avant de le faire. Alysanne en était, mais avait trouvé un porte-voix. D’un coup, elle se souvint du travail qu’elle et Tchiïki avaient accompli la veille pour préparer une telle plaidoirie. C’était là une digue, un rempart sur lequel les hautes vagues du capitalisme sauvage, poussées par les bourrasques déchaînées et agitées par un gouvernement inconscient allaient s'écraser, jusqu’à disparaître et à redevenir des ondes salines légères et superficielles caressant les sables.

Les rires de la Sénatrice avaient laissé place à une acclamation admirative qui se joignit rapidement à l'incommensurable tonnerre d’applaudissements qui retentit dans toute la rotonde. Les cris de dérision et autres huées furent masqués par les frappes de remerciements.

Ce fut ensuite au tour d’Isalia Cyriandar, Sénatrice d’Alderaan, d’intervenir. Sa fidèle amie n’hésita pas à affirmer sa vision, assénant avec justesse ses critiques. Isalia, tout comme mesdames Ranya et Méridan, était l’une des fondatrices d’un nouveau groupe de réflexion qu’elles avaient récemment initié. Isalia critiqua avec acuité les propositions du gouvernement et défendit bec et ongles les bienfaits d’un salaire minimum légal. L’exécutif entendait ainsi encourager le dumping social et ouvrir les portes à l’esclavage moderne. Isalia décidée à ne pas laisser passer de telles horreurs, comptait bien s’illustrer lors de cette séance sénatoriale peu ordinaire. Il est vrai que la Sénatrice Cyriandar n’était pas l’un des piliers fondateurs de leur groupe de pensée pour rien, elle témoignait toute la passion d’une socialiste et s’imposait comme une sensationnelle défenseuse de la cohésion sociale. Sa réponse construite répondait en un parfait écho à la précédente prise de parole de Tchiïki Ranya, une complémentarité ostensible soulignait la réelle symbiose qui liait ces femmes. Alysanne acclama également sa collègue, reconnaissant sa courageuse démonstration de force. 

Les sénateurs retournaient non sans une certaine violence le projet de réforme du ministre. Il faut dire que les incohérences pullulaient tout comme les absurdités. Malgré un projet de loi immanquablement décousu, Alysanne fut surprise par le nombre de politiciens qui continuaient à croire en le Front Libéral Républicain. Ils suivaient aveuglément le gouvernement, convaincus non pas par idéologie mais bien par le clientélisme d’État. Leurs voix étaient dénuées de toute conviction, politiciens vidés de leur entrain, ils se contentaient seulement de suivre passivement les directives du gouvernement S’orn, leurs systèmes n’étant pas directement atteints par les bêtises contenues dans ces textes. Les déboires de la démocratie étaient mis en exergue, cet égoïsme affligeant pesait et troublait la grandeur de la République Galactique.

Au sein de ce nid de vipères hypocrites quelques diamants brillaient, Camina Ashford était également l’un d’entre eux. Alysanne, pour la connaître, la savait muselée par le gouvernement cadézien. La Sénatrice put toutefois témoigner d’une résistance en demi-teinte, et souligna encore de nouveaux problèmes qui lézardaient la loi Ozmac et la fragilisaient d’autant plus. S’affranchissant partiellement de ses chaînes, ses remarques sur le domaine sanitaire furent pertinentes, démontrant que pas une seule section, pas un simple paragraphe, même pas une unique ligne de ce projet de loi n’étaient dénués de s’ornettes.

Alysanne, cette fois-ci en dépit des directives de son gouvernement, entendait bien s’opposer à ce conglomérat d’aberrations. Refusant une bête dégradation sociale, notre primadonna comptait bien nier en bloc cette proposition de loi. Consciente que le Pacte Social devait être modifié, elle se dit aussi “cette réforme ne doit pas être portée par ce mauvais crapaud”. Alysanne était pourtant une libérale affirmée, cette doctrine était plus que sa chair et son sang. Elle était l’amant qui parmi tous les hommes qui avaient partagé la couche de la Ralltiirienne ne l’avait jamais déçu. Il était ce must have qu’elle souhaitait coûte que coûte protéger, elle n’allait pas laisser son idée de l’économie se faire piétiner par un ministre incompétent qui la réduirait à néant.

Synthèse : Refus total du projet de loi.

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Emmitouflé dans sa cape gris-sombre à la façon d’un corbeau ayant rabattu ses ailes pour se protéger du vent, le sénateur Nyss Detchi observait la tempête avoir lieu devant lui. Assis, les traits tirés et le visage terne, ses yeux étaient sombres tandis que le défilé de ses collègues s’effectuait en contrebas. Essayant d’évacuer la tension qu’il accumulait, il prenait silencieusement des notes sur son datapad afin de peaufiner le profil psychologique de tous les sénateurs qui avaient pris la parole jusqu’à présent. Cela avait été la majeure partie de son travail sous la mandature précédente ; observer, noter, analyser les rapports de force au sein des différents partis de la République ainsi que de collecter un maximum de données sur les ministres, sénateurs, et autres membres de la caste politique de la Grande Rotonde. Son passif d’agent secret efficace avait conduit le prédécesseur de Sly Keto à le nommer à ce poste, et cette dernière à le maintenir à ce rôle après avoir rejoint la Reine au cours de son ascension au sein du Rootai jusqu’au trône.

- Cette séance à au moins le mérite de faire la place belle à de nouvelles têtes… reste à savoir si leurs cervicales seront assez solides pour encaisser la riposte du F.L.R…

Grommela-t-il pour lui-même. Ainsi l’un des rejetons Kira avait remplacé Emalia Kira à cette fonction et il ne semblait pas avoir caché son affiliation avec la souveraine d’Ondéron. Un jeune homme à peine adulte et qui semblait s’être très bien préparé à reprendre la guerre commencée par sa tante. Le voilà désireux de partir en guerre contre l’Empire au motif de délivrer des esclaves. Il était navrant cependant de voir que le jeune homme comme sa tante ne semblaient pas s’émouvoir du fait que ces pratiques existaient également au sein de l’espace Hutt dont les flottes de pirates et esclavagistes ne se gênaient pas pour enlever des familles ou enfants pour les vendre en esclaves.

- Envoyer un garçon encore loin d’être un homme en première ligne pour prendre les balles à sa place… déjà vu.

Dit-il d’un air mauvais en l’écoutant répéter le discours qu’il avait sans doute mémorisé mais dont les mots n’étaient pas les siens. Nyss éprouvait une certaine peine à l’égard du garçonnet récitant sa leçon devant ce qu’il devait considérer comme des camarades de classe, savait-il seulement ou il mettait les pieds ? Personne ne lui ferait de cadeau, et le nom qu’il portait comme un fardeau pourrait bien l’emmener dans des profondeurs qui le pousseraient à commettre l’irréparable. Un jour on le retrouverait sans doute pendu au bout d’une corde écrasé entre le marteau que tenait Emalia Kira et l’enclume qu’était la Grande Rotonde. Vint ensuite une élégante togruta que Nyss avait identifié comme étant Tchïïki Ranya. Elle avait sans doute été nommée récemment au rang de sénatrice car l’umbaran fronça les sourcils en cherchant dans sa mémoire quel système elle incarnait la voix. Rien ne lui vint immédiatement, mais il obtint réponse à sa question : Chandrilla.

La réponse lui sauta aux yeux lorsqu’il baissa son regard vers l’écran de sa nacelle qui affichait les noms, prénoms ainsi que le parti et le système représenté par le sénateur qui prenait la parole afin que tous dans la Rotonde sachent à qui ils avaient à faire. Il n’avait encore jamais entendu sa voix et profita de l’occasion pour poursuivre sa prise de notes et commencer à esquisser son profil psychologique. Elle fut sans doute plus vindicative que ne le fut le jeune Kira-Tessin et révéla –beaucoup trop tôt selon Nyss- ses ambitions d’incarner une opposition franche dans le Sénat au gouvernement S’orn. Une erreur pour l’umbaran car il serait dramatiquement difficile de se séparer de cette étiquette lorsque le vent finirait par tourner. Tchïiki Ranya lança son long réquisitoire contre le Ministre Uthar Ozmac et elle s’en donnait à cœur joie… Un discours technique sur lequel, quelques points attirèrent l’attention de Nyss Detchi et sur lesquels il pouvait être en accord à titre personnel ainsi qu’avec le Rassemblement Patriote. L’umbaran n’appréciait pas ce ton surjoué cependant et n’adhérait pas pour autant à l’idéologie qui animait la togruta. Il annota quelques réflexions sur la sénatrice de Chandrilla, des pistes, une ébauche ainsi que quelques mentions sur son datapad : « théâtrale, à le goût de la scène, cassante, s’attarde sur la sémantique, discours technique… » jusqu’à ce qu’il soit tiré de son observation par l’annonce d’une pause dans les débats après l’intervention de la sénatrice Ranya.

L’umbaran soupira et mit sa main devant sa bouche pour bailler aux corneilles. Bien qu’habitué aux rythmes diurnes de Coruscant sa biologie faisait de lui un être nocturne avant tout n’appréciant pas la lumière du jour, mais cette journée avait été particulièrement longue et déjà des cernes sous ses yeux commençaient à creuser son regard lui donnant un côté assez lugubre. Il profita de l’entracte pour se redresser tel un oiseau de proie –même si d’aucuns le désigneraient plutôt comme un charognard- puis quitta sa nacelle quelques minutes encadré d’un droïde de protocole ainsi que de deux de ses assistants, une jeune femme et un jeune homme tous deux jeunes agents du DIRACTEX umbaran. Après avoir pris deux cafs bien chauds et grignoté, la séance reprit. Nyss Detchi tirait une bouffée de tabac sur sa cigarette à vapeur. Isalia Cyriandar prit la parole au nom d’Alderaan et monta à son tour à l’assaut venant compléter le travail de la sénatrice Ranya. Plus pondéré et constructif que la togruta, la native d’Alderaan semblait cependant véhémente et attaqua à son tour la réforme non sans laisser entendre qu’elle ne l’accepterait qu’après des négociations sur certains points vitaux.

- Sans doute la plus courageuse jusqu’à présent compte tenu de sa prise de position à l’encontre de ce que le Vice-Roi d’Alderaan aurait fait.

Commenta Nyss Detchi qui bien que n’étant pas en accord complet avec la sénatrice humaine, reconnaissait cependant le fait qu’elle avait eu l’audace d’aller jusque là en sachant ce que cela pouvait lui coûter. Il soupira et prit une nouvelle bouffée de vapeur mentholée tandis que d’ores et déjà, il se prépara mentalement à mettre le dossier Cyriandar dans ses archives dès qu’Alderaan réagirait à la prise de parole de sa sénatrice aux idées trop collectivistes. Vint ensuite Camina Ashford la sénatrice de Cadezia dont la prise de parole fut courte mais très synthétique… Une femme plutôt sympathique et agréable que Nyss Detchi n’avait que trop peu croisé à son goût en dehors des séances au Sénat et dont il aurait sans doute apprécié pouvoir échanger davantage même si de prime à bord, tout pouvait les opposés. D’une pression sur un bouton pour faire savoir son intention de s’exprimer, le sénateur d’Umbara patienta quelques peu en se remémorant la conversation qu’il avait eue avec sa souveraine Sly Keto avant que la séance ne débute. Tous les deux pensaient avoir cerné les intentions du chancelier S’orn avec cette réforme et établi ensemble une stratégie afin de tirer leur épingle du jeu et avancer leurs pions sur le grand échiquier galactique.

- Membres du gouvernement, mesdames et messieurs les sénateurs.

Fit le sénateur d’une voix particulièrement solennelle et un peu forte pour être entendu lorsque sa nacelle se décrocha du mur pour léviter tout en avançant vers la tribune ou se trouvaient le ministre Ozmac, l’orateur Coret, la vice-chancelière Keto et le chancelier S’orn.

- Umbara déplore plusieurs aspects du projet de loi présenté, mais à titre plus personnel je m’interroge quelques peu sur le bienfondé de cette loi qui me parait plus être un « projet de loi » qu’une réforme claire et construire en soit. Chose assez étonnante de votre part Ministre Ozmac car je pense vous connaitre suffisamment pour savoir que d’ordinaire ce genre de travaux et de présentations trop succinctes et évasives n’est certainement pas dans vos habitudes. Vous m’aviez habitué à mieux et je suis convaincu que vous saurez soit éclaircir notre vision de cette loi, soit revoir celle-ci afin d’en présenter une version plus adéquate.

Le ton de Nyss Detchi était des plus courtois et respectueux en dépit du fait que ses mots pouvaient le placer de prime à bord en opposition franche avec le gouvernement. Il se dépêcha d’ajouter rapidement et avec une certaine forme de conviction mêlée à une sérénité cherchant à apaiser les débats au sein de la Grande Rotonde, la stratégie de l’équilibriste établie avec Sly était délicate.

- En termes de politique économique, Umbara émet plusieurs réserves sur l’abolition des monopoles économiques légaux et de barrières à la concurrence mais pas pour les mêmes raisons que ceux m’ayant précédé aujourd’hui. En effet bien que nous estimons que la concurrence est source de stimulation et favorable à l’économie, la réalité de la situation de la République fait que certains systèmes représentés au sein du Sénat comptent exclusivement sur ces monopoles pour survivre et générer une activité économique permettant de convenir à tous. En faisant sauter ces monopoles, de nombreux systèmes se verraient sans doute exposés à une concurrence beaucoup trop rude qui jetteraient les graines d’une contestation populaire massive d’une part, mais pire encore d’un certain chaos économique. Et en ces temps encore troublés et dominés par une paix malheureusement toujours précaire, nous ne pouvons pas nous permettre de donner à nos ennemis des moyens de nous frapper au cœur.

Un sous-entendu des plus appuyés concernant l’Empire qui, s’il n’avait pas encore cherché à rompre la trêve établie n’avait pourtant pas encore pu s’accorder avec Lana Anthana quant à l’élaboration d’un traité de paix défini par le biais du seigneur Darth Khorog. Il poursuivit sur le même ton serein presque hypnotique afin de tenter de rallier un maximum de sénateurs à sa cause au-delà de leurs formations politiques pour briser les dogmes et la logique de parti qu’il déplorait en privé.

- Comprenez-moi bien, je suis loin d’être un collectiviste dans l’âme sur le plan économique. Cependant Umbara a décidé d’être constructive dans sa démarche afin d’améliorer le projet présenté aujourd’hui. Aussi, sur la politique économique, ce point sur les monopoles économiques légaux ne devrait pas s’appliquer de façon immédiate mais devrait se faire dans la durée afin de laisser le temps aux systèmes de diversifier leurs économies respectives et locales. Aussi Ministre Ozmac, afin de parvenir à cet objectif de libre concurrence et d’abolition de monopoles, je vous recommande d’échelonner dans le temps cette mesure afin de l’instaurer de manière progressive, le temps de donner aux économies de ces systèmes le délai suffisant pour se préparer à la libre concurrence. Bien entendu, je n’inclus pas dans ces monopoles les missions relevant de ce que j’appelle le service public élémentaires qui ne seraient pas rentables pour le secteur privé et que seuls les autorités locales peuvent remplir. Je n’ai aucun autre commentaire à formuler sur le reste de votre réforme.

Cette déclaration créerait du remous au sein du Front Libéral Républicain parti allié du Rassemblement Patriote mais Nyss Detchi n’en n’avais cure. A cet instant, il était ravi et comprenait davantage la décision de Sly Keto d’avoir voulu qu’Umbara rejoigne le Rassemblement Patriote. Un choix qui avait déboussolé et pris de court pas mal d’experts et analystes politiques qui s’étaient attendus à voir Umbara rallier le parti de S’orn mais qui, pouvait offrir à la Vice-Chancelière ainsi qu’à son monde natal une marge de manœuvre confortable et exploitable à souhait. Faisant fi d’éventuelles protestations ou applaudissements auxquels il ne fit aucunement attention, le sénateur poursuivit son exposé afin de reprendre les points qu’il jugeait essentiels de retravailler pour que la République puisse avancer dans les débats, évitant soigneusement de se frotter aux arguments avancés par l’opposition pour ne pas attiser les tensions et remettre de l’huile sur le feu.

- Concernant le second point de votre réforme Ministre Ozmac, nous saluons et apprécions grandement les deux premiers articles de celle-ci : la législation doit s’assouplir pour permettre aux innovateurs et entrepreneurs de pouvoir s’élancer vers le marché afin de parvenir à développer leur rêves et sociétés. Beaucoup l’oublient mais le tissu économique ne se repose pas exclusivement sur les méga-corporations, et de nombreuses idées ne peuvent provenir que de jeunes hommes et femmes ayant avant tout, une idée, une étincelle de créativité mais plus encore le goût du risque que n’ont pas forcément les corporations compte tenu de leur taille. Et j’estime qu’il est du devoir de la République d’offrir à ces entrepreneurs une opportunité de tenter leur chance dans cette grande aventure et vivre leurs rêves !

Il était important de souligner les bonnes initiatives de cette réforme et de les mettre en avant après les critiques essuyées par les sénateurs ayant précédé Nyss Detchi, il reprit sur le même ton en sachant très bien que son pari serait sans doute risqué et que sa souveraine l’observait consciencieusement. La moindre erreur lui serait sans doute reprochée en privé mais ne lui coûterait certainement pas sa place, cependant le sénateur souhaitait s’attirer les faveurs de la Reine Keto.

- Tout comme nous comprenons également la nécessité pour les entreprises de bénéficier d’une plus grande liberté concernant les horaires afin de pouvoir assurer des cadences et capacités de production en fonction de la demande sur le marché. Sur ce point, nous nous rejoignons, je suis également quelqu’un croyant en la méritocratie comme vous monsieur le Ministre, aussi nous nous accorderons sans doute pour affirmer que chaque heure se doit d’être rémunérée à sa juste valeur. Si nos citoyens travaillent plus, il est impératif que leurs efforts leur permettent de gagner plus. Tout travail mérite salaire.

Quelques applaudissements du côté du Rassemblement Patriote initiés par l’applaudissement de la Vice-Chancelière Keto en personne et ouvertement vinrent marquer une pause.

- Cependant et bien qu’il soit à mon sens impossible d’établir un salaire minimum au niveau de l’intégralité de la République, je pense qu’il est cependant nécessaire de revoir ce qui avait été défini du côté de la loi Scalia. En effet, contrairement à ce que d’aucuns pensent il n’y a pas une économie de la République mais une myriade d’économies locales qui la composent. Le chancelier Scalia en dépit des critiques que l’on peut opposer à cette loi avait eu la clairvoyance d’organiser le salaire minimal des travailleurs en fonction d’accords de branche par secteur d’activité d’entreprises. Je pense qu’il est impératif de ne pas considérer que tous les systèmes constituant la République vivent tous avec le niveau de vie d’un coruscantii car ce serait faux, et effectuer une moyenne galactique serait contreproductive. Cependant même au sein de ces secteurs d’activités, les différentes entreprises actrices dans ces secteurs n’ont pas la même taille ni les mêmes intérêts. En soit je pense que cette mesure devrait avant tout dépendre des autorités locales : rois, présidents, gouverneurs, conseils et parlements plus que du Sénat en soit. Ces individus sont au plus prêts de leur territoires et sont donc les plus conscients de l’intérêt d’instaurer un salarie minimal et en fixer le montant. Concilier les deux options seraient aussi une possibilité en soit, mais imposer ce genre de réforme et de montant depuis Coruscant pourrait être interprété comme étant une politique trop centrée sur le Noyau et délaissant les mondes en périphérie notamment ceux de la Bordure Extérieure.

Reprenant son souffle après cette petite pique et profitant de sa transition pour boire une gorgée d’eau apportée par la jeune femme à ses côtés, le sénateur Detchi humidifia son doigt et passa la page de datapad sur l’autre aspect sur lequel il convenait de discuter. Le visage de l’umbaran se durcit quelques peu révélant une certaine irritabilité sur ce point, sa voix toujours cordiale se fit toutefois un peu plus ferme et sévère.

- Pour venir sur un point qui n’a été que peu abordé – excepté par la sénatrice de Cadezia si je me souviens bien-, Umbara se pose en opposition totale sur un point important du volet santé de votre réforme. En effet je suis moi-même quelques peu abasourdi par les articles faisant référence à la légalisation de drogues douces et dures. Je peux comprendre que ce marché qui se créera pourrait résoudre de nombreux problèmes sur le papier, mais ce ne serait pas le cas dans la réalité bien au contraire. Au-delà de la question de santé publique soulevée par la sénatrice Ashford, nous parlons de légaliser les différents syndicats du crime à travers la République qui se livrent au trafic de drogues et d’épices prohibées dangereuses. Pensez-vous une seconde que ces criminels qui règlent leurs conflits commerciaux à coup de blaster accepteront de payer d’éventuelles taxes ? Pensez-vous qu’ils accepteraient l’apparition sur le marché de davantage de concurrence légale pouvant potentiellement grignoter leurs parts de marché sans envoyer leurs porte-flingue s’en occuper ? Je suis navré de vous le dire ministre Ozmac mais ces réformes ne peuvent pas marcher car : ces trafiquants n’accepteront jamais de voir leur trafic être régulé et donc taxé, ils liquideront la concurrence comme ils le font maintenant et donc ce serait exposer des entrepreneurs à des dangers concernant leur intégrité physique, et tertio ces gangsters en règle générale sont présents sur plusieurs marché de l’économie parallèle comme le trafic d’armes ou d’esclaves et je doute que lâcher du lest sur leur stupéfiants leur fasse abandonner ces marchés réputés lucratifs par peur d’un fiscaliste ou huissier. Sur ces aspects, Umbara refusera catégoriquement de voter cette loi tant que ces articles figureront sur ce pacte socio-libéral que vous nous présentez ministre Ozmac et j’en suis le premier navré mais nous ne sommes pas prêts à faire ces concessions.

Le terrain avait été soigneusement préparé par l’intervention du sénateur Detchi qui avait été un peu longue mais assez cordiale en comparaison à ce qu’avaient pu dire les autres sénateurs d’Ondéron, Chandrilla, Alderaan et Cadezia. Le sénateur Nyss Detchi laissa quelques applaudissements du côté du Rassemblement Patriote résonner dans la Grande Rotonde, mais contrairement à ses précédentes interventions plus piquantes et vindicatives, il n’afficha pas un sourire de satisfaction sur le visage. Ce dernier demeurait fermé, sérieux, indéchiffrable tandis qu’il se rassit et que sa nacelle. Maintenant que l’umbaran avait fait sa part, c’était à Sly Keto d’intervenir publiquement, elle qui restait pourtant quelques peu effacée au sein du Sénat avait soigneusement tissé son plan en tête, cela demanderait une certaine souplesse et habileté dans son exécution mais elle savait se montrer prudente et prendre les risques et opportunités pouvant se présenter à elles. S’avançant quelques peu, Sly Keto n’accorda pas un regard à Grendo S’orn non pas par lâcheté mais pour clairement démontrer qu’elle ne craignait aucune épée de Damoclès au dessus de sa tête et qu’elle parlait librement. Ce qu’elle s’apprêtait à faire pouvait être considéré comme risqué, cependant elle savait ce qu’elle faisait. Après ça, difficile pour ceux voyant le Chancelier S’orn comme un dangereux dictateur capitaliste de prétendre que la République n’était pas un régime démocratique et de le dépeindre en autocrate colérique souhaitant museler ses opposants politiques. Reine d’Umbara et Vice-Chancelière, Sly Keto se pencha sur le micro et prit la parole d’une voix étonnamment calme, faisant preuve d’un sang froid à toute épreuve.

- Merci pour votre précieuse intervention sénateur ainsi que vos recommandations auxquelles je souscris également pour plusieurs d’entre elles. Je pense en effet que nous devrions prendre le temps de revoir certains des éléments cités par plusieurs sénateurs afin de pouvoir obtenir un certain consensus sur ce texte important pour l’avenir économique de l’ensemble des systèmes formant cette République.

Polie et courtoise, Sly Keto parlait librement et envoyait le message suivant : elle n’était pas la chose, la marionnette sexy de Grendo S’orn mais bien quelqu’un ayant ses propres idées.

________________________
Synthèse a écrit: Projet de réforme accepté à la condition que l'aspect Santé relatif aux drogues (commerce, production consommation) soit supprimé.
Les mentions en jaune ne sont que des recommandations et suggestions qui ne constitueront pas un obstacle au vote d'Umbara mais que le système aimerait voir apparaitre dans la loi.

I - Politique économique:
- Suggestion d'abolir les monopoles économiques et freins à la concurrence de manière progressive et échelonnée dans le temps.
Le reste: RAS = OUI.

II - Travail:
- Suggestion de formaliser dans la loi le fait que la plus grande liberté des horaires de travail des salariés soit encouragée par une meilleure rémunération en fonction du nombre d'heures supplémentaires. Travailler plus pour gagner plus !
- Suggestion de laisser l'établissement d'un salaire minimum aux autorités/gouvernements locaux et d'en définir le montant. Ou de maintenir les accords de branche en fonction du secteur d'activité des entreprises ET de leur localité.
Le reste: RAS = OUI.

III - Santé:
- Umbara refusera de voter cette loi dans son intégralité tant que les mentions visant à autoriser/légaliser le commerce, la production et consommation de drogues douces et dures sera présente dans le texte de loi.
Le reste: RAS = OUI.

IV - Affaires sociales: RAS: Validé.


Halex S'Trasza
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Il y avait des jours où l’on savait, dès le matin, que les heures qui allaient suivre seraient merdiques. Lorsque mon comlink avait sonné, bien avant l’heure socialement et politiquement correcte, j’avais d’abord été tentée d’envoyer celui, ou celle, qui osait faire ça. Avant de me dire que si on m’appelait à cette heure-là, c’était bien pour une urgence, non ? Peut-être Tyb’ ou Max… Sans regarder le numéro, j’avais donc pris la communication.

- Halex.

Bordel… ma chère tata adorée. Question réveil, on ne pouvait rêver pire. J’inspirais, mes neurones d’ores et déjà en train de tourner à plein régime. Qu’est-ce-qu’elle avait bien pu me trouver comme idioties à faire aujourd’hui ?

-Je vous écoute.

Nous avions jamais vraiment été proches… Et très favorables au fait d’étaler notre lien de sang… Qui, je le savais, ne voulait quasiment rien dire pour cette étrangère.


- J’ai été satisfaite de ton comportement lors de la visite de la station.

Elle était malade… Elle… Me dire qu’elle était satisfaite… Ca puait le piège à 10 parsecs, son truc. Si elle espérait que je me pâme littéralement sous son compliment, elle pouvait se caler un doigt dans l’œil et tâcher de trouver un organe cardiaque. Il n’y avait que les trois autres dindes pour en tomber dans les vappes.

-Allez droit au but.

Je n’avais pas, mais alors pas du tout, envie d’être patiente avec elle. J’imaginais sans peine ses lèvres pincées et son regard durcit. Oh oui, je la décevais… Et je m’en moquais comme de ma première – et seule – poupée.

- Tu m’accompagnes au Sénat. Soit là-bas dans une heure. C’est tout.

Elle raccrocha alors que je soupirais profondément. C’était bien ce que je disais : elle avait essayé de faire passer la pilule pour m’annoncer que j’allais devoir faire le joli ornement pendant une période interminable. Cependant, elle m’offrait l’occasion d’observer les rouages de cet organe politique et de réellement accomplir mes premiers pas. Peut-être allait-elle me laisser lui faire part de mes observations… Mouais… Je me levais tout en me disant que j’aurais plus d’avantages à échanger des messages avec Ga’Hyus…. Lui, il serait intéressé. Je verrais bien.

A l’heure dite, j’entrais dans le bureau ministériel et m’immobilisais pour permettre à Angelina de me toiser de haut en bas… et de bas en haut. Elle pinça les lèvres, visiblement peu satisfaite de ma tenue qu’elle jugeait probablement trop… ostentatoire. Qu’importe… Si elle avait envie de ressembler à une relique à peine dépoussiérée, ce n’était pas mon cas. Devant mon manque flagrant de contrition, elle fit un geste pour que l’un de ses droïdes de protocole me tende un datapad.

- Tu as jusqu’au début de la séance pour lire.

Vu l’épaisseur du dossier, j’avais été ravie d’apprendre que j’avais une heure de plus. Ce fut à peine suffisant pour en connaître les grandes lignes ainsi que quelques détails. Peu avant le début de la séance, je suivis ma tante jusqu’à son estrade et me contentais de rester en arrière. J’écoutais vaguement le discours du ministre… j’étais d’ores et déjà bien plus intéressée par les gens autour. Je ne pouvais pas tout voir et étais loin de connaître tous les noms. Devant, ma tante gardait son attitude composée, droite à la limite d’une rigidité dont les mauvaises langues diraient qu’elle était cadavérique.
La première prise de parole fut accordée et je retins à grande peine une expression moqueuse. « Bonjour tout le monde »… Ahaha… Il ne manquait plus que le petit geste de la main. Je récupérais mon datapad. La prise de note était inutile puisque tout était enregistré avant d’être traité pour fournir un compte-rendu. En revanche, je comptais bien compiler mes impressions avant d’en débattre avec Ga’Hyus.

Aussi, sous l’entrée « Jonas Kira-Tessin », la première chose écrite fut un laconique « familier » qui traduisait qu’il ne connaissait pas les us et coutumes de la Rotonde… Seul quelqu’un de plus expérimenté qui espérait s’en servir, trouverait un quelconque intérêt à ce jeune homme, probablement plus âgé que moi d’ailleurs. Je notais que je devais me renseigner sur ses liens puis ajoutais un « Novice. ». J’avais devant moi un magnétophone : il récitait… rougissait, s’emportait… De ce que j’en savais, son discours était assez bien construit… tout en étant… stupide… ou du moins, irréfléchi… A croire que le dossier avait été lu que jusqu’à la fin du sommaire. J’ignorais les manifestations de soutiens ou d’opposition qui fusèrent, notamment à la fin du discours. « Faible. Potentiellement dangereux » ajoutais-je. Ga’Hyus comprendrait… Jonas était un outil qui, pour le moment, était poussé par le désir – probable – de bien faire, de prouver sa valeur… Il finirait par rêver de plus… Là, il deviendrait compliqué à cerner.

- Thé.

Un droïde me le tendit avant que je l’apporte sans attendre un remerciement de la part d’Angelina qui, je m’en aperçus, avait pris quelques notes. Nouvelle entrée « Tchiiki Ranya »… Et aussitôt : « Moulin à vent ». Un léger euphémisme pour dire qu’elle parlait beaucoup pour ne rien dire, discutant chaque mot, chaque terme comme si toute la Rotonde voulait des cours d’étymologie. « Des choses à prouver ? » notais-je. Je n’avais pas accès à la console de ma tante… Il y avait des informations que je ne détenais clairement pas. « Se veut Plébéienne »… Seul un météllien pourrait comprendre la référence. « Suffisante »… A son sens, rien n’allait. Certes, je pouvais le comprendre… En revanche, railler des adversaires et se croire porteur (ou porteuse) de la seule « bonne parole » contre les méchants… n’était pas vraiment une bonne idée…

La pause fut la bienvenue. J’en profitais pour envoyer mes premières impression à Ga’Hyus et pour m’asseoir, laissant ma chère tante aller discuter avec d’autres sénateurs. Un droïde m’apporta un café que je bus d’une traite. La séance reprenait. « Isalia Cyriandar ». Des rumeurs bruissèrent sans que je parvienne à les comprendre. Je soupirais. Encore une qui allait discuter de chaque mot… certes, c’était important et je ne pouvais le nier. En revanche, il était inutile que chaque sénateur y aille de sa propre interprétation, non ? De nouveau, j’écrivis « Se veut Plébéiène ». En soi, je comprenais que l’on cherche à protéger le peuple et les plus faibles… Ce que je trouvais hypocrite, c’était de le clamer ici et de ne rien faire concrètement ensuite. Comme elle le disait, la déconnexion entre les politiques et le reste… Autant dire qu’elle parlait d’une chose qu’elle connaissait pour la pratiquer. Je n’étais pas certaine qu’elle puisse nous dire le prix d’un café dans le restaurant du Sénat, c’était dire. J’ajoutais un « Opposée mais pas trop »… Elle approuvait les deux précédents mais tenait à s’en éloigner… probablement pour éviter quelques coups. « Déconnectée». Celui-là, j’aurais du aussi le mettre aux deux autres. A les entendre, j’avais l’impression que la République était un ensemble de sociétés homogène. Pas de cultures différentes, pas de niveaux de vie différents, pas d’économies différentes… A croire que tout était normalisé selon leur propre vision… Bonne blague que celle-ci.

Et puis… une surprise. « Camina Ashford » qui semblait aussi à sa place qu’un Bantha dans un magasin de cristal… Pour être brève, elle le fut au point que ça en était rafraîchissant. Je reconnais quelque peu la forme de ce style de prise de parole. « Militaire ? » indiquais-je avant de noter que malgré ses réserves annoncées, elle avait voté oui au projet de loi. Son attitude la rendait plus compliquée à appréhender pour moi. Je passais une main sur ma nuque avant d’avoir l’illumination. « Opposée ? » notais-je parce que j’avais l’impression qu’elle se forçait plus qu’autre chose. Dernière entrée avant le tour d’Angelina : « Nyss Detchi ». Lui… il aurait fallu être aveugle ou idiote pour ne pas voir qu’il n’était pas du même genre que celles et ceux qui l’avaient précédé. A nouveau, j’inscrivis « Suffisant ». Peut-être étais-je trop naïve ou trop innocente dans les jeux politiques… Mais à quelque part, les remarques du type « donner des leçons en public » n’étaient pas vraiment à leur place dans la Rotonde. « Réaliste »… Après avoir entendu que le salaire minimum devait être imposé à tous, j’étais presque soulagée d’entendre quelqu’un qui avait conscience de l’immense mosaïque républicaine. « Dangereux ». Contrairement aux autres… lui, c’était un expérimenté. Probablement fidèle à sa reine mais qui ne se contentait pas de déblatérer un discours appris par cœur ou, encore, de servir une logorrhée plus prompte à donner le sommeil qu’un avis constructif.

Au milieu de cela, j’étais étonnée d’une chose… Beaucoup parlaient de santé publique… Ils s’immobilisaient sur la drogue… Et ne voyaient plus rien. Comme pour les salaires minimum. Au final, ces deux entrées provoquaient des remous alors que d’autres méritaient que l’on s’y arrête… Par exemple la libéralisation concernant les médicaments…

Au signe d’Angelina, je posais mon datapad et me redressais. Elle venait d’appuyer sur un bouton pour demander la parole. Notre nacelle se détacha pour flotter jusqu’à la tribune, remplaçant celle du sénateur d’Umbara. Angelina fit un pas en avant. Elle n’allait pas s’exprimer en tant que ministre mais en tant que Sénatrice de Metellos. Patiente, elle attendit que les remous se calment. Après tout, elle avait tout le temps du monde, n’est-ce-pas ?

-Chers membres du gouvernement, mesdames et messieurs les sénateurs.

La dame de fer eut un petit sourire à la politesse exquise pour accompagner ses salutations.

- Metellos, de part sa position privilégiée au sein du noyau, a conscience que sa situation n’est pas une généralité applicable à toutes les planètes et toutes les sociétés républicaines. De ce fait, il convient de laisser chaque gouvernement planétaire de décider ce qui est le mieux, justement, pour leur planète. La République n’a pas la vocation de forcer toutes les cultures et toutes les sociétés à entrer dans un moule unique. Les voix différentes que nous représentons ce sont fait néanmoins entendre lors des dernières élections. Elles ont validée une vision, un programme au-delà même de la « simple » désignation d’un Chancelier. En tant que sénatrice de Metellos, je ne peux oublier que je porte la voix de mon peuple, de ma culture, de ma société.

Elle prit une légère pause. A peine une seconde.

-Je vois en cette loi le respect des identités uniques de chaque planète composant la République. Le respect des valeurs intrinsèques à cette mosaïque immense qu’est notre République. C’est pourquoi, Metellos soutient le projet de loi du ministre Ozmac.

Totalement indifférente aux diverses expressions autour d’elle, Angelina reprit sa place et termina un énième thé alors que la nacelle revenait à sa place.







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Synthèse a écrit: Projet de réforme accepté avec quelques réserves/demandes de clarification.


I - Politique économique:

RAS = OUI.

II - Travail:
RAS = OUI.

III - Santé:
-1. Réserves concernant la législation au sujet des drogues
-2. Réserves concernant la libéralisation du commerce des médicaments .

Le reste: RAS = OUI.

IV - Affaires sociales: RAS: Validé.


Lee Yeong
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Il était vêtu d’une longue tunique cramoisie, arborant une broderie richement travaillée représentant une grue…symbole des plus hauts dignitaires de Taanab. Installé dans sa nacelle, Hong Sam-Nong contemplait le ballet pathétiquement bariolé des sénateurs et sénatrices de la République. Tous ne manquaient pas de chercher à se faire voir d’une manière ou d’une autre. La séance retardée ne faisait que permettre ce genre de comédie. Retarder… Voilà qui ne faisait que prouver la désinvolture du gouvernement en place. Sur Taanab, le retard n’était pas toléré… qu’il soit justifié ou non. Là… pas même une excuse. Un tel mépris ne devrait pas avoir sa place sur un monde qui se pensait civilisé…

Parfaitement calé contre le dossier de son fauteuil, il sirotait son thé avec une dignité déconcertante. Son datapad signala l’arrivée d’un message. Il posa sa tasse pour le consulter, et eut une grimace devant son expéditeur. Ce n’était ni plus ni moins que son « maître ». Le Grand Conseiller Yi Bo-Gum. Ce vieux renard venait de lui envoyer les instructions et le comportement à adopter face à la situation. Il s’y plierait, de toute façon il n’avait pas d’autre choix. Il savait le châtiment réservé à ceux qui ne servaient pas avec suffisamment d’efficacité le clan Yi. Il accusa réception et retourna à sa tasse de thé alors que la séance commençait.

Il assista aux discours lénifiants de ces êtres vains dont les seules ambitions semblaient se résumer à quelques minutes de paroles vides de sens. Un court moment de célébrité qui leur suffisait pour s’estimer importants et utiles… Pathétiques insectes, songea-t-il alors qu’un sourire passa sur ses lèvres, rapide et vénéneux à souhait. Tout en consultant son datapad pour régler ses propres affaires, le sénateur taanabien écoutait vaguement les diatribes prônant l’assistanat comme une fin en soi. Ces chevaliers d’une justice sociale qui n’existerait jamais. Des utopistes à la vision étriquée… Du gamin d'Ondéron, tout juste sorti des jupes de sa mère, à la vieille rombière de Cadézia, en passant par la petite chose délicate d'Alderaan...ha et sans oublier le cours de terminologie offert par la sénatrice de Chandrilla...

Il s’amusa un peu, finalement. Il y a des éléments qui le distrayaient un peu - comme cette sénatrice du secteur Darpa...un pot de peinture ambulant qui n'était visiblement pas en mesure de contenir son trop plein de personnalité...pitoyable créature - mais globalement, il était étonné d’entendre tant de gens s’offusquer pour un salaire minimum et des drogues tout en oubliant les autres aspects de la proposition. Voilà qui était admirable : lorsque le sage montra la lune, les idiots regardaient son doigt. Le dicton de sa région natale lui semblait particulièrement bien à propos. Le temps s’allongeait, il commençait à s’impatienter un peu. Titillant sa barbichette, il eut un geste à l’attention de son eunuque pour qu’il lui apporte un autre thé…à la bonne température cette fois. Tant de temps perdu en palabres… Il soupira, bientôt intéressé par le sénateur d’Umbara…Détestable personnage qui avait osé le snober. Et sa reine, la vice-chancelière, cette prostituée de bas étage qui se mêlait des affaires de Taanab par la faute de ce prince Lee Yeong ! Ce freluquet à peine capable de faire un pas sans trembler ! Mais le voila qui s’énervait…vite son thé !


Vint le tour de la sénatrice de Metellos. Enfin, le jeu débutait après des introductions bien trop longues et ô combien inintéressantes. Il se remémorait le temps passé, et comptait dans sa tête le nombre d’interventions de ses « collègues » sur ce projet de redressement. Il avait assez attendu. L’heure était venue pour ce pernicieux serpent de répandre son venin, persiflant les ordres de son triste sire. Il demanda la parole, laissa une pause se faire pour tout le monde. Bientôt, sa nacelle flottait jusqu’à la tribune. Il se leva, s’inclina devant le Chancelier Grendo S’orn.


- Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement. Mesdames et Messieurs les sénateurs.

Bien que mon monde arbore une politique discrète, je puis vous assurer que Taanab voit les avantages d’un tel pacte. Aussi, Taanab non seulement approuve ce projet mais le soutient. Intégralement.



Il se détourna après s’être de nouveau incliné. Intérieurement, il souriait alors qu’il retournait en place. Simple…clair…efficace. Et oui Taanab validait tout, même cette histoire de drogue qui semblait effrayer bon nombre de ses confrères. La raison était simple…et bon nombre des autres sénateurs avaient tendance à oublier de faire ce simple petit geste…il suffisait de baisser les yeux…vers le petit peuple…et les Bas-fonds de Coruscant…où se déversait une nouvelle drogue qui allait sans nul doute avoir un franc succès, il n’en doutait point.



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Synthèse a écrit: Projet de réforme accepté dans son intégralité .


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