Denna Hund
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Dans une salle de cours circulaire, une douzaine d'apprentis Sith étaient réunis pour une leçon, plutôt simple : un entraînement à la télékinésie. Le principe était le suivant : les apprentis étaient séparés par groupes de deux, le premier utilisant la Force pour faire voler des lames acérées dans la direction du second. A la moitié du temps de cours, le professeur excluait les blessés, et reformait les groupes, en inversant les rôles.

Denna Hund était à ce cours, portant une tenue confortable bleue, mêlant des tons clairs et foncés. Elle n'avait pas mis la robe noire habituelle des apprentis, détonnant ainsi avec le reste de la salle, et dans ses cheveux, et autour de son bras, des rubans d'un jaune vif attiraient l’œil.

Elle s'était retrouvée en groupe avec un autre apprenti de son âge, enthousiaste, mais dont le lien avec la Force laissait à désirer. La jeune Zeltronne se porta donc volontaire pour servir de cible la première moitié du cours, et s'installa presque nonchalamment devant son partenaire.

Non seulement il puisait trop dans sa colère lorsqu'il attaquait, permettant à Denna de déduire la cadence de ses assauts sans même le regarder, mais il feintait à peine, et de façon très prévisible à chaque fois. Elle laissa donc son esprit vagabonder un petit peu, sa connexion à la Force suffisante pour dévier les attaques portées vers elle.

Son regard parcourut la pièce, et elle remarqua un autre apprenti qu’elle connaissait un peu : Cori Vortel. Elle avait suivi plusieurs cours avec lui, et avait appris qu’il était ancien Padawan, ayant quitté l’Ordre Jedi pour venir sur Korriban. Son entrevue avec un maître Jedi sur Tatooine l’avait laissée pleine de questions, et bien qu’Alycius lui semblait avoir été très franc avec elle, elle savait bien qu’un seul point de vue n’était pas suffisant pour se former une opinion.

Elle avait le point de vue des Sith, des Jedi… pourquoi pas celui de quelqu’un qui avait connu les deux ? Et Cori lui avait toujours semblé être quelqu’un qui ne s’énervait pas sans bonne raison, ce qui réduisait le risque qu’il ne devienne violent à la moindre mention de son ancien Ordre.

Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, elle entendit le professeur annoncer la fin de la première partie du cours. Denna ouvrit la bouche, un peu surprise, avant de se sentir comme agressée par l’odeur de frustration que dégageait son partenaire. Elle soupira un peu, et échangea sa place avec lui.

Le professeur, passant parmi les groupes, s’arrêta devant eux, et fronça les sourcils, alors que les lames de Denna étaient déviées par sa cible avec facilité. Elle faisait semblant d’être concentrée, mais l’instructeur voyait clair dans son jeu. Avec horreur, elle le vit s’avancer vers son partenaire, et le prendre à la gorge, le soulevant sans effort.

« Allez-y mademoiselle Denna, continuez.

Il n’y avait pas la moindre chance qu’il puisse esquiver ses couteaux ainsi, et tout le monde s’en rendait compte. Denna ferma les yeux, et concentra toute la puissance qu’elle pouvait trouver, mettant ses émotions de côté, et entrant en communion avec la Force. Le couteau fendit l’air à toute vitesse, et s’arrêta brusquement, comme figé dans l’air, à deux centimètres de la jambe du professeur.

Les autres apprentis, qui maintenant pour la plupart regardaient la scène, laissèrent tomber un silence de plomb sur la salle, qui, après quelques lourdes secondes, fut tranché par le rire cruel du professeur.


- On va peut-être pouvoir faire quelque chose de vous après tout.


Il laissa tomber l’autre apprenti, et se dirigea vers Denna.


- Mais vous auriez dû viser la tête.

Il ponctua cette remarque d’un coup de poing au visage de la jeune Zeltronne, avec suffisamment de force pour l’envoyer au sol. Il rit encore, avec plus de cruauté, et lui lança un coup de pied dans les côtes.

- Maintenant, sortez de mon cours.

Denna leva la tête, et se releva, sous les regards moqueurs de ses camarades. Elle épousseta sa robe, et lança un grand sourire au professeur.


- Merci pour la leçon.

Elle le vit serrer le poing, et décida de profiter de cette opportunité pour esquiver le reste du cours. Une fois hors de la salle, elle s’essuya le nez, enlevant les traces de sang qui avaient coulé sur sa peau rose. Sa décision était prise, elle allait parler à Cori.

Elle attendit la fin du cours, subissant les regards méprisants des élèves qui sortaient, attendant le Karkarodon. Quand elle le vit sortir, elle se dirigea vers lui, et lui sourit avec confiance.

- Salut Cori. Je t’offre un verre ?
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Cori avait l'impression d'être le seul Karkarodon de l'Académie et avait conscience de faire de toute façon partie d'une race peu répandue dans la galaxie, mais ce n'était rien à côté de certains autres Apprentis. Son binôme pour ce cours, un Humain, s'appelait Ladig et jouait parfois les caïds dans les couloirs, bien qu'il fût âgé de plusieurs années de moins que Cori. L'un de ses souffre-douleurs, avec ses potes, était un Chironien. Un Chironien ! Cori ne connaissait pas l'existence de cette race avant d'en découvrir un à l'Académie. Au moins, à côté de ça, le Karkarodon pouvait toujours s'estimer banal d'être anthropomorphe. Il avait même connu un Hutt Padawan du temps où il évoluait au Temple Jedi d'Onderon. Et il avait alors cru avoir tout vu.

En somme, la race singulière de Cori était à relativiser. Le Chironien ne participait toutefois pas à ce cours en même temps que lui, et dans la salle, il n'y avait que des élèves de races banales : Humains, Zabraks, Zeltrons... Une Nautolan, une Duro, un Mirialan et une Arkanienne complétaient la liste, rien de bien excentrique. Le professeur lui-même était un Humain. Un professeur particulièrement sévère voire un peu sadique, du genre à rabaisser et à violenter les élèves les plus décevants. La Duro en fit les frais, mais elle avait de quoi s'estimer heureuse à côté de ce que prit une Zeltronne : autant la Duro ne se prit que quelques moqueries humiliantes en plein cours, autant la Zeltronne reçut carrément un coup de poing au visage et un coup de pied dans le buste.

Forcément, toute l'attention des autres élèves – Cori et Ladig inclus – fut détournée par la scène un peu surréaliste mais pas si surprenante. Cori, comme les autres, ne comprenait pas bien pourquoi ce déchaînement du professeur sur cette élève, parce qu'il n'avait pas vu qu'elle se payait un peu sa tête en se bridant pour ne pas abîmer le pauvre élève Humain qu'elle avait pour binôme. Ce dernier, toutefois, ne fut pas épargné dans la scène, soulevé comme un pantin par le professeur, il reçut lui aussi sa petite piqûre d'humiliation. Les foudres restaient toutefois pointées sur la Zeltronne, qui fut exclue du cours.

Une fois l'incident clos, les élèves revinrent à leurs moutons. Le professeur ne manqua pas de rabrouer ceux qui recouvrèrent leur attention le plus tardivement. Cori ne fit pas partie des plus distraits : ce genre de scènes de violence ne l'impressionnait peu ou prou, même venant d'un professeur. Il n'y avait jamais eu de tels agissements dans le corps enseignant au Temple Jedi d'Onderon, et la mentalité ici à l'Académie Sith lui était plus familière, plus normale en fait. L'élève Zeltronne ne s'était d'ailleurs pas rebellée, et n'avait pas été visiblement choquée par les agissements du professeur à son égard, elle avait quitté dignement la salle de cours en remerciant le professeur pour la leçon. Ladig avait eu envie de se moquer, et Cori était resté impassible, pressant son binôme de reprendre l'entraînement.

A la sortie du cours, la Zeltronne était toujours là, pas loin de la porte de la salle, reconnaissable à ses cheveux bleus et ses rubans autour des bras. Cori aurait à peine calculé sa présence si elle ne l'avait pas interpellé.

DENNA – Salut Cori. Je t'offre un verre ?

Cori s'arrêta et la regarda dans les yeux.

CORI – Tu m'attendais ou quoi ?

C'est ce dont Cori eut l'impression. Pourquoi Denna serait-elle restée derrière la porte de la salle de cours, sinon ? Elle était restée plantée là et avait tout de suite interpellé Cori pendant que la salle se vidait.

CORI – Ecoute, si tu veux. Qu'est-ce que t'as ?
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"Tu m'attendais ou quoi ?

- Oui.

Denna hocha la tête, et le regarda aussi dans les yeux.

- Ecoute, si tu veux. Qu'est-ce que t'as ?

Elle lui sourit, et commença à énumérer.

- J'ai du Rhum Kowakien, du Kyrf aussi, c'est fait à partir d'un fruit qu'on trouve que sur Korbin, de la liqueur de Skooma, ma préférée.

Alors qu'elle parlait, Denna se mit à marcher, s'attendant visiblement à ce que Cori la suive.

- Du Tombeur de Bantha, ramené de Tatooine, du Ne'tra gal aussi, c'est beaucoup plus rare ça depuis que les Mandaloriens ont disparu. Oh, si tu aimes l'exotique, j'ai du Garrmorl, c'est fait par des Wookies, ça peut qu'être bon.

Pendant le trajet, elle jetait quelques regard au Karkarodon. Il la dépassait de plus d'une tête, mais sa carrure n'était pas particulièrement imposante. Son apparence, que ce soit ses yeux ou sa bouche pleine de dents, donnait l'impression d'un être agressif, mais la Zeltronne savait que les apparences pouvaient être trompeuses.

Il semblait un peu mal à l’aise sous la bure, et elle se demanda si elle lui tenait trop chaud. Elle pouvait comprendre, elle qui n’avait pas porté les habits traditionnels de l’ordre depuis des années maintenant. Elle remarqua aussi le coquillage à son cou, en prenant note. Contrairement à elle, Cori ne lui semblait pas de nature coquette , il devait donc y avoir une histoire derrière cet accessoire.

Tout en continuant de faire la conversation, Denna renifla donc subtilement l’apprenti devant elle.

- J'ai de l’Étoile Surprise, évidemment, du nectar Corellien, de la liqueur Twi'lek, du Danseur de Feu d'Antakarian...

Denna prit une inspiration, et ne put réfréner un sourire soulagé. Certes, Cori dégageait une odeur corporelle qui devait souvent indisposer les personnes autour de lui, mais Denna sentait bien plus que l'odeur corporelle.

Son empathie, contrairement à la plupart des Zeltrons, se manifestait par son sens de l’odorat. Or, sur Korriban, la plupart des personnes puaient la haine et la colère : non seulement Denna s’était habituée à cet inconfort presque permanent, mais elle l’utilisait, principalement pour éviter les personnes les plus dangereuses de l’Académie.

Les odeurs de Cori faisaient parties des plus subtiles qu’elle avait rencontrée, et, maintenant qu’elle était aussi proche de lui, elle pouvait effectivement sentir ce léger fumet de colère et de dépit, mais il semblait naturellement les contenir. On dit qu’il faut se méfier de l’eau qui dort, mais Denna préférait amplement cela à l’agression olfactive que pouvaient être certains apprentis.


- Ou si tu veux, du Souffle de Bespin, du Sang de Rancor, c’est pas vraiment du sang de rancor, c’est juste appelé comme ça parce que c’est rouge et épais, comme le Sang de Chat Orryxien, d’ailleurs j’ai ça aussi.

Elle s’interrompit, remarquant que leurs pas les avaient déjà menés au dortoir Sith.

- Désolée. Elle lui dit, faisant un peu la grimace. J’ai trop parlé. C’est parce que je suis nerveuse !

Elle se dirigea toutefois vers sa chambre, où les nombreux alcools qu’elle avait décrits les attendaient.
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Denna lui confirma qu'en effet, elle l'attendait. Restait à savoir pourquoi. Ils s'étaient déjà retrouvés camarades de classe, à suivre les mêmes cours, mais n'avaient jamais discuté plus que ça ensemble. Denna était une fille comme une autre aux yeux de Cori, et ce devait être réciproque. Ils n'avaient jamais cherché à sympathiser. Pourquoi Denna voudrait-elle le faire soudain aujourd'hui ? Cori décida de ne pas se poser plus de questions que ça pour le moment, il verrait bien ce que Denna lui voulait. Après le cours, il n'avait rien de prévu dans l'immédiat, personne en particulier à qui il devait parler, ou même aucun ami qu'il avait en particulier envie d'aller voir. Alors il pouvait bien accorder du temps à Denna.

Il manqua de pouffer de rire en l'entendant lui répondre ce qu'elle avait comme alcools. Ca n'avait pas du tout été sa question, mais le quiproquo était logique. Quand Cori lui avait demandé « Qu'est-ce que t'as ? », il avait fallu entendre « Qu'est-ce que t'as à me dire ? », ou « Qu'est-ce qui t'arrives ? Qu'est-ce que t'as à vouloir me parler tout à coup ? », et non pas « Qu'est-ce que t'as à boire ? ».

Cori emboîta le pas à Denna en secouant la tête, attendant qu'elle finisse d'énumérer sa liste d'alcools avant de rectifier sa question. Et punaise, quelle liste d'alcools ! Un peu tardivement, Cori finit par s'intéresser à la liste, ne s'attendant pas à ce que Denna eût autant d'alcools différents dans sa chambre ! C'était une collection ou quoi ? Tombeur de Bantha, Ne'tra gal, Garrmorl, Etoile Surprise, nectar Corellien, liqueur twi'lek, Danseur de Feu d'Antakarian, Souffle de Bespin, Sang de Rancor, Sang de Chat Orryxien... Cori n'était pas un gros buveur mais il ne disait pas non à l'alcool, toutefois il y avait quelques noms là-dedans qu'il ne connaissait pas du tout. Denna lui laissait plus que le choix, tout ça pour une question qu'elle avait mal comprise.

Et le temps de citer tout ça, les voilà déjà devant les dortoirs. Cori n'avait pas réussi à en placer une. Denna dut s'en rendre compte et fit la grimace :

DENNA – Désolée. J'ai trop parlé. C'est parce que je suis nerveuse !
CORI – Je vois ça...

Sortit des dortoirs un ado Dévaronien pas bien grand, une bure bien propre, un air suffisant de premier de la classe, qui entendit Denna inviter Cori à boire et s'avouer nerveuse en s'apprêtant à le faire entrer dans sa chambre ; il afficha alors un petit rictus en coin qui ne plut pas du tout à Cori.

CORI – Attends un instant...

glissa-t-il à Denna avant de se rapprocher à grands pas fermes du petit Dévaronien. D'un geste de la main à distance, il lui envoya la tête se cogner contre le mur qu'il longeait, puis il crispa les doigts pour commencer à l'étouffer par la Force. Il vint se planter juste devant lui et le plaqua contre le mur. C'était facile de s'en prendre aux plus faibles, mais Cori n'en avait rien à faire.

CORI – C'était quoi ce regard ?

Le Dévaronien bredouilla son incompréhension, ne voyant pas quel regard lui reprochait Cori.

CORI – Si la moindre rumeur me revient parce que tu t'es amusé à dire que je sors avec Denna, je t'arrache une épaule et je te la fais bouffer, c'est clair ?

Le Dévaronien hocha la tête, cherchant juste à contenter son agresseur. Cori lui enfonça son poing dans l'abdomen, et revint auprès de Denna.

CORI – Bon, tu disais ? Oui, l'alcool... T'as qu'à me faire goûter du Sang de Rancor. Mais pourquoi tu veux me parler, au juste ?
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Alors que Denna allait parler à Cori, elle fut interrompue, alors que l’autre apprenti se dirigeait vers un passant, et commençait à l’agresser, tout en le menaçant. Ses yeux s’écarquillèrent devant ce déchaînement de violence, et elle s’approcha dans le dos du Karkarodon. Elle ne portait jamais son sabre à sa ceinture, mais caché parmi les rubans qui décoraient toujours son bras droit, et alors qu’elle voyait la scène, elle se sentit vite prête à le sortir pour défendre l’apprenti pourtant inconnu.

Mais Cori s’arrêta, laissant le Dévaronien plié en deux, l’esprit plein d’incompréhension, et de colère indignée. Denna soupira, et s’approcha de lui, l’aidant à se redresser. Elle lui fit un sourire plein de sympathie.

- Désolée pour ça.

L’apprenti la regarda avec stupeur, sa fierté blessée, et il s’éloigna avec un regard méprisant, alors que Denna soupirait encore. Elle commençait déjà à regretter d’avoir approché le Karkarodon, mais c’était trop tard maintenant. Elle ne se sentait pas encore en danger, mais il lui faudrait certainement être prudente.

- Bon, tu disais ? Oui, l'alcool... T'as qu'à me faire goûter du Sang de Rancor. Mais pourquoi tu veux me parler, au juste ?

Elle ne cacha pas son malaise, et fit un peu la grimace.

- Je pense qu’il va vraiment me falloir un verre avant de t’expliquer. Je veux pas te tenir en haleine, désolée, mais hum, j’ai des questions, du genre que je peux pas poser à nos professeurs, et honnêtement, j’espérais que tu pourrais m’aider…

Elle se déplaça devant sa porte, et ouvrit pour Cori. Sa chambre était une cellule, comme la plupart des chambres du dortoir Sith, mais elle avait été très décorée par son occupante, dans des tons crépusculaires, rouges et indigos, donnant une ambiance à la fois intime et raffinée. A son lit spartiate, elle avait rajouté beaucoup de coussins, et à la pièce, trois fauteuils, avec une unité de réfrigération assez spacieuse tout près. Une douzaines de verres étaient empilés au dessus, attendant d’éventuels invités.

- Vas-y, installe toi.

Elle laissa Cori s’asseoir, pendant qu’elle se dirigeait vers l’unité de réfrigération. Alors qu’elle l’ouvrait, son invité put voir toutes les bouteilles qu’elle avait, tous des alcools qui avaient l’air extrêmement concentrés. Elle sortit une bouteille rouge foncé, et donna un verre à Cori, puis le servit, attendant qu’il lui dise quand il voudrait qu’elle arrête de verser. Puis elle prit un verre pour elle-même, et s’en servit une dose très conséquente, ne s’arrêtant que très proche du bord du verre.

Elle avait besoin d’un verre, c’était vrai, surtout après le cours, et la démonstration du Karkarodan. Elle savait aussi que si son invité buvait un peu trop, il pourrait devenir plus agressif, mais serait certainement moins dangereux si cette conversation tournait mal. Elle s’installa donc elle-même sur un fauteuil, vidant son verre d’une traite, et se resservant immédiatement. La boisson était très forte, mais elle savait que son organisme particulier saurait l’absorber sans problème. Elle regarda son verre, et commença à parler.

- Ok, alors… En fait, mon père était Sith aussi. Je l’ai jamais connu, et j’ai pas pu retrouver sa trace depuis que je suis ici, mais je sais qu’il faisait partie de l’Ordre quand il a rencontré ma mère.

Elle se gratta la tête, et continua.

- J’ai juste appris récemment qu’avant ça, il avait été Jedi, et qu’il les avait quittés pour rejoindre les Sith, il y a un bail. Et… ben du coup je suis curieuse, tu vois ?

Elle prit une profonde inspiration.

- Je me demande comment c’est de l’autre côté, chez les Jedi. Si c’est vraiment comme l’Empire le décrit. Et je me demande qu’est-ce qui a pu le pousser à changer de camps. Mais j’hésite à en parler aux maîtres, je veux pas avoir l’air d’une traître.

Elle ne lui avait pas menti, si ce n’est pas omission. Elle n’avait pas mentionné ses doutes croissants, les moments où elle s’imaginait laisser cette Académie derrière elle, rejoindre un endroit où la haine et la violence ne seraient pas aussi omniprésents. Mais elle se devait d’être prudente.
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Il fallait le dire, Cori venait de s'emporter un peu gratuitement. Pour un regard. Il y avait des gens, comme ça, qui ne supportaient pas qu'on les regarde d'une certaine manière ou à un certain moment, parce qu'ils surinterprétaient ce regard et les pensées qui pouvaient se trouver derrière. Cori faisait partie de ces gens-là quand il n'avait pas la conscience tranquille. Il n'était pas du genre à s'arrêter sur ce qu'une personne isolée pouvait penser de lui, mais il avait peur des rumeurs foireuses à son sujet. A dix-neuf ans, il était sorti de l'adolescence, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir peur que l'on raconte n'importe quoi sur sa vie sentimentale. En l'occurence, en étant vu avec Denna, cette dernière l'invitant à boire un verre dans sa chambre, il anticipait une rumeur ; cela pouvait le rendre furieux que l'on raconte qu'il sortait avec elle. Cori n'était plus un adolescent mais l'Académie était pleine d'Apprentis de cet âge-là ; et de toute façon, les adultes n'étaient pas toujours mieux, eux aussi prompts parfois à jouer les commères et à colporter les racontars.

Denna, elle, semblait plutôt bousculée par cette agression soudaine, presque gratuite, au point qu'elle se dit désolée auprès du Dévaronien. Ce dernier refusa sa pitié et s'en alla sans dire un mot. Déjà mal à l'aise par la situation, Denna tira une grimace supplémentaire à la question de Cori. Une question assez légitime somme toute, il était improbable que Denna se soit dit tout à coup que cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas fait vraiment connaissance avec lui, lui en particulier et pas un autre Apprenti. Il y avait forcément un truc précis qu'elle voulait lui demander. Et vu sa réaction, ce n'était pas le genre de trucs dont elle avait envie de parler devant tout le monde. Si elle l'invitait à boire dans sa chambre, c'est pour être à l'abri des oreilles indiscrètes, et cela eut de quoi intriguer encore plus Cori.

A son invitation, le Karkarodon s'assit, en promenant son regard dans la chambre. Peu d'Apprentis Siths avaient un goût pour la décoration. Les chambres demeuraient froides et fonctionnelles. A la limite, un ou deux petits objets personnels qui avaient une valeur symbolique ou sentimentale pour l'Apprenti. Au demeurant, c'était un peu la même chose chez les Padawans Jedis au Temple d'Onderon. Cori n'avait pas encore vu de chambre décorée comme celle de Denna. Des tapisseries de couleurs, dans des tons crépusculaires, où le rouge alizarine contrastait avec le bleu de ses cheveux ; des coussins, des fauteuils, pas de motifs-fantaisie mais un caractère intimiste et douillet, comme on pouvait l'imaginer dans le cabinet d'une diseuse de bonne aventure.

Denna ouvrit son réfrigérateur en laissant apercevoir autant de bouteilles d'alcools qu'elle en avait cité. Cori fut assez impressionné par la collection. Il se fit servir un verre, et Denna s'installa face à lui pour commencer à parler, un verre à la main, qu'elle vida d'une traite. Quelle descente ! Buvait-elle comme elle parlait quand elle était nerveuse ?

Elle expliqua ce qui la taraudait : son père avait été Jedi avant de passer du côté des Siths, c'est pourquoi elle était curieuse de savoir comment c'était chez les Jedis, et ce qui avait pu pousser son père à changer de camp. Cori comprit : elle avait voulu lui parler à lui, parce qu'elle savait qu'il avait lui aussi été Jedi avant d'entrer chez les Siths. L'expérience de Cori pouvait donc aider Denna à comprendre son père.

CORI – Je vois... Ce que je peux te dire, déjà, c'est que je comprends pourquoi ton père a quitté les Jedis. J'ai été leur Padawan pendant quatre ans. Déjà, si ton père était resté Jedi et avait suivi leurs préceptes à la clé, tu n'existerais pas.

Cori n'avait pas idée de ce que Denna pouvait déjà savoir sur les Jedis, aussi cette phrase pouvait-elle la rendre perplexe. Il expliqua :

CORI – Chez les Jedis, tu n'as pas le droit d'avoir une famille. Pas d'amour, pas d'enfant, aucun lien. Ton père ne t'aurait pas conçue.

Peut-être que Denna était déjà née quand son père avait quitté l'Ordre Jedi. Pour le moment, Cori partait de l'idée que cet homme avait eu sa fille après.
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"Je vois... Ce que je peux te dire, déjà, c'est que je comprends pourquoi ton père a quitté les Jedis. J'ai été leur Padawan pendant quatre ans. Déjà, si ton père était resté Jedi et avait suivi leurs préceptes à la clé, tu n'existerais pas. Chez les Jedis, tu n'as pas le droit d'avoir une famille. Pas d'amour, pas d'enfant, aucun lien. Ton père ne t'aurait pas conçue.

Denna écoutait, et ne put retenir un gloussement. S'attendant à un regard interloqué, elle expliqua :

- Tu sais, j'ai été conçue sur Zeltros... je pense pas que l'amour aie eu grand chose à voir avec ça. Mes parents ont juste passé un week-end ensemble, et ma mère avait tellement bu qu'elle a oublié la contraception, c'est à peu près tout.

Elle riait toujours en disant ça, ne se rendant pas compte que, pour beaucoup, savoir ne pas avoir été voulu par ses parents est douloureux. Mais Denna savait qu'à cette époque, sa mère était dans une relation stable avec deux autres femmes, et heureuse. Elle n’avait même pas pensé que de parler à sa fille de son géniteur avait la moindre importance, jusqu’à ce qu’elle commence à manifester des capacités liées à la Force.

C'est à ce moment-là que ça la frappa. Elle avait été tellement subjuguée par la violence de Cori plus tôt qu'elle en avait occulté la raison. Et maintenant, la première chose dont il parlait était les relations amoureuses. Elle aurait pu se frapper le front, si elle n'avait pas peur de passer pour une folle.

Denna se demandait maintenant si l'attitude Cori était juste de la frustration, ou quelque chose de plus profond. Dans le premier cas, elle se sentait assez d’humeur à l’aider, et dans le deuxième… et bien, rien n’empêchait de se renseigner de toute façon, et elle avait un moyen d’en avoir le cœur net. Elle afficha donc un grand sourire, et se lança.

- Ok, ça peut avoir l'air bizarre, mais j'ai été élevée sur Zeltros aussi, et du coup ça vient avec une certaine mentalité. Par exemple, on pourrait baiser comme des lapins d’Endor sur ce lit jusqu'à demain...

Elle appuya son propos en montrant son lit.

... et après ça tu serais toujours qu'un autre apprenti pour moi. Peut-être un ami, si on fait des pauses pour parler.

Et elle finit en ajoutant un grand sourire, et un clin d’œil, comme pour souligner l’invitation qu’elle impliquait.

- Mais bon, l’amour, le vrai, c’est pas que ça. C’est même beaucoup plus que ça. Et je pense qu’on sait tous les deux que cuilà, les Sith l’encouragent pas non plus.

Elle refoula une vague de tristesse à cette pensée, se souvenant de la dernière fois qu’elle était tombée amoureuse. Denna sourit à la place, reprenant une longue gorgée de son verre, remarquant que Cori avait à peine touché au sien. Elle se souvenait encore que Cori n’avait pas fini de parler des Jedi, même si la conversation avait dévié sur.. d’autres sujets. Mais ces sujets étaient, même si inattendus, tout aussi intéressants pour elle, et puis, ils avaient bien le temps de parler de tout ça.
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DENNA – Tu sais, j'ai été conçue sur Zeltros... je pense pas que l'amour ait eu grand-chose à voir avec ça. Mes parents ont juste passé un week-end ensemble, et ma mère avait tellement bu qu'elle a oublié la contraception, c'est à peu près tout.

Oh, ainsi Denna venait de dire qu'elle avait été une enfant non désirée. Et elle semblait prendre ça à la légère. C'était bien une Zeltronne... Cori savait comme tout-un-chacun que cette race avait fondé une civilisation aux mœurs légères. Ce devait sans doute expliquer en partie pourquoi elle était répandue dans la galaxie : n'ayant aucun tabou en matière de sexualité, et menant un mode de vie débridé, les Zeltrons devaient se reproduire comme des lapins. A se demander finalement comment les Humains pouvaient demeurer la race majoritaire. Avec de telles mœurs, les Zeltrons avaient tendance à tout relativiser. Rien n'était trop dramatique ni trop vexant pour eux. Alors, entendre parler Denna de sa conception inopinée sur le même ton que si elle parlait de sa couleur de cheveux, cela avait-il vraiment de quoi étonner ?

C'était à se demander : est-ce que les mœurs zeltronnes étaient, en soi, compatibles avec le code de conduite jedi ? C'est là que Cori se demanda si le père de Denna avait toujours été Jedi lorsqu'il était devenu père, ou s'il avait d'abord quitté l'Ordre avant de venir forniquer sur Zeltron.

DENNA – Ok, ça peut avoir l'air bizarre, mais j'ai été élevée sur Zeltros aussi, et du coup ça vient avec une certaine mentalité. Par exemple, on pourrait baiser comme des lapins d'Endor sur ce lit jusqu'à demain, et après ça tu serais toujours qu'un autre Apprenti pour moi. Peut-être un ami, si on fait des pauses pour parler.

Cori venait de porter son verre à la bouche. D'autres, à sa place, auraient au mieux rougi, au pire se seraient étouffés avec leur boisson. Cori, lui, resta de marbre face aux avances de la Zeltronne. Bon, déjà, même si Denna était, peut-être, très charmante dans les standards humains, Cori n'aurait su le dire. Les faces d'humains, c'était pas trop son kiff. Et de toute manière, il n'était venu ici pour baiser, et ne prit pas les propos de Denna tant pour des avances sexuelles que pour un simple état de fait qui méritait d'être souligné pour mieux comprendre dans quel contexte elle était née.

Il laissa le Sang de Rancor flatter son palais. Une boisson épaisse et âpre, qui portait bien son nom, pas seulement pour sa couleur. Ca n'avait pas le goût du sang, mais ça en avait le même caractère capiteux. Cori avait eu peur que ça ressemble plus à un alcool de grenadine, et heureusement, ça n'avait rien à voir. Du coup, il reprit aussitôt une lampée. Il cligna des yeux car une larme lui monta, et reposa son verre en faisant claquer sa langue avec un soupir de plaisir gustatif.

CORI – Pas dégueu du tout, le p'tit rouge...

commenta-t-il bonhomme. En face de lui, Denna poursuivit ses avances en appuyant avec un clin d'œil :

DENNA – Mais bon, l'amour, le vrai, c'est pas que ça. C'est même beaucoup plus que ça. Et je pense qu'on sait tous les deux que çuilà, les Siths l'encouragent pas non plus.
CORI – C'que je sais, c'est que les Siths n'interdisent pas l'amour. Ca mène toujours à des émotions fortes. L'amour en soi en est une, comme la haine. Alors que les Jedis n'auraient jamais permis à ton père d'aller se taper une pute sur Zeltros.

Les paroles de Cori venaient de dépasser sa pensée : indirectement, il venait d'insinuer que la mère de Denna était une prostituée, et même si son interlocutrice était une Zeltronne, il ne savait pas si ça pouvait être pris autrement que comme une injure.

CORI – Enfin, je parle pas de ta mère, c'est juste que tu me dis que ton père n'était pas sur Zeltros par amour, et pourtant il t'a eue. Alors j'pense que s'il s'est barré sur Zeltros, c'était pas à but professionnel, j'me trompe ?

Il n'attendit même pas de confirmation :

CORI – D'ailleurs, il était toujours Jedi à ce moment-là ou il avait déjà ouvert les yeux ?
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Denna leva un sourcil, voyant que le Karkarodon ne semblait pas intéressé par ses avances. Elle se demanda si son espèce faisaient partie de celles qui ne trouvaient pas les Zeltrons attirants, ou si elle s’était juste trompée en interprétant ses paroles. Elle se dit que ce n’était pas plus mal, et en profita pour se recentrer sur la discussion, puisque Cori répondait à ses questions.

« Pas dégueu du tout, le p'tit rouge...

Elle lui sourit, sentant sa satisfaction, et appréciant la sensation d’autant plus qu’elle appréciait elle aussi le verre.

- Contente qu’il te plaise !

- C'que je sais, c'est que les Siths n'interdisent pas l'amour. Ca mène toujours à des émotions fortes. L'amour en soi en est une, comme la haine. Alors que les Jedis n'auraient jamais permis à ton père d'aller se taper une pute sur Zeltros. Enfin, je parle pas de ta mère, c'est juste que tu me dis que ton père n'était pas sur Zeltros par amour, et pourtant il t'a eue. Alors j'pense que s'il s'est barré sur Zeltros, c'était pas à but professionnel, j'me trompe ? D'ailleurs, il était toujours Jedi à ce moment-là ou il avait déjà ouvert les yeux ?

Denna faillit objecter à l’usage de « une pute » : malgré ses mœurs libres, elle savait que ce terme était souvent utilisé de façon injurieuse, et n’aimait jamais qu’il soit utilisé sur une femme de son espèce, ou de n’importe quelle espèce, d’ailleurs. Mais il se reprit, et parla d’autre chose, que la Zeltronne trouvait bien plus important, et plus personnel.

Elle prit une grande inspiration, et amena son verre à ses lèvres, le vidant d’une traite, mais lentement. Par ce geste lent et délibéré, elle se donnait le temps dont elle avait besoin pour se préparer à parler, sans trahir ses émotions.

Elle se concentra, visualisant la tresse imaginaire qu’elle avait composée ce matin, en méditant sur son lit, bleue clair et foncé, comme ses vêtements. Elle se concentra dessus, éloignant les rubans violets qui menaçaient de la bouleverser, alors qu’elle parlait de son histoire. Une fois qu’elle se sentait suffisamment apaisée, elle commença.

- Il était déjà Sith… Mais je suis les d’accord avec ce que tu as dit avant.

Elle se mordit la lèvre légèrement.

- Au sujet des Sith qui n’interdisent pas l’amour parce que c’est une émotion forte. C’est pas toutes les émotions fortes qu’… Denna hésita une fraction de seconde, subtilement mais perceptiblement. Qu’on encourage. C’est que les émotions fortes négatives, genre la jalousie, la possessivité, la vengeance. Crois-en mon expérience, dés que quelqu’un vit un amour sans toutes ces émotions, avec juste le positif, ça pose problème ici. Genre gros problème.

Elle soupira un peu, et se resservit un verre de plus, prenant une grande gorgée.

- L’amour retient après tout, penser à quelqu’un d’autre plus qu’à soi-même, c’est dangereux. Ça empêche l’ambition, ça pousse à jouer la sécurité. Ça rend « trop gentil ».

Elle plia le majeur et l’index de ses deux mains pour mimer les guillemets.

- Donc ouais, fait gaffe à ça, au cas où.

Elle finit par un sourire, après une autre longue gorgée de son verre.

- Mais sinon, est-ce qu’il y a d’autres choses dont tu peux me parler sur les Jedi ?
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Il ne fut pas repris sur l'emploi du terme “pute”. Bien qu'il se fût rattrapé, il avait menti en disant qu'il ne désignait pas la mère de Denna : avec ce que cette dernière avait suggéré sur son passé, Cori avait vite assumé que la Zeltronne ayant donné naissance à Denna n'était qu'une fille de joie engrossée par erreur, rien de plus. Si Cori avait vexé Denna, il n'en sut rien en tout cas, et à vrai dire ça lui importait peu au final. Il n'avait pas eu envie de lui rentrer dedans aussi grossièrement, ses mots avaient dépassé sa pensée, mais maintenant, ce qui était dit, était dit, et Denna pouvait bien en penser ce qu'elle voulait.

La jeune Zeltronne aux cheveux bleus reprit uen gorgé de sa boisson, qu'elle ne lâcha pas jusqu'à la dernière goutte. Une belle descente peu étonnante de la part de quelqu'un qui conservait autant d'alcools différents dans sa chambre. Cori reprit lui-même une gorgée de Sang de Rancor, sans finir son verre, mais en faisant claquer sa langue avant un soupir de plaisir gustatif. Il se frotta nerveusement le museau en sentant l'alcool lui chauffer le sang.

DENNA – Il était déjà Sith... Mais je suis pas d'accord avec ce que tu as dit avant.

Certaines choses que Cori avaient dites jusqu'alors étaient invalidées par cette information sur le fait que le père de Denna était déjà Sith quand il était allé sur Zeltros. Il n'était pas utile de revenir dessus, et Cori préféra écouter pourquoi Denna n'était pas d'accord avec ce qu'il venait de dire. Avant de l'écouter, il pensa qu'elle n'était pas d'accord avec sa description du code de conduite jedi ; or, en fait, à l'inverse, elle contredit son appréciation du code de conduite sith :

DENNA – Au sujet des Siths qui n'interdisent pas l'amour parce que c'est une émotion forte. C'est pas toutes les émotions fortes qu'... qu'on encourage.

Cori ne tiqua pas sur l'hésitation que Denna eut à utiliser le “on”. Entre ça et cette curiosité pour les Jedis, cela dénotait pourtant d'un certain mal-être, voire d'une inclinaison de Jedi pour le camp ennemi. Il valait donc mieux justement que Cori ne le perçût pas, car la discussion aurait alors pu prendre une autre tournure. Heureusement pour Denna, Cori n'était pas du genre à décrypter les phrases, les intonations ou le langage non verbal. Il ne cherchait pas trop à lire entre les lignes.

DENNA – C'est que les émotions fortes négatives, genre la jalousie, la possessivité, la vengeance. Crois-en mon expérience, dés que quelqu'un vit un amour sans toutes ces émotions, avec juste le positif, ça pose problème ici. Genre gros problème.

Cori ne croyait pas que l'on pouvait éprouver de l'amour en se fermant totalement aux sentiments de jalousie, de possessivité ou de vengeance. L'amour allait forcément avec tout ça, c'est pour cela que c'était une émotion forte. Aimer une personne, c'est la vouloir pour soi, c'est jalouser ceux qui ont ses faveurs et c'est vouloir la venger de ceux qui lui font du mal. Denna parlait de vivre un amour sans toutes ces émotions, mais c'était absurde : qui pouvait se dire dans ce cas ? Cori ne pouvait donner aucun exemple, pour cause : si aucune de ces émotions n'était éprouvée, alors la personne ne pouvait pas se dire amoureuse.

DENNA – L'amour retient après tout, penser à quelqu'un d'autre plus qu'à soi-même, c'est dangereux. Ca empêche l'ambition, ça pousse à jouer la sécurité. Ca rend “trop gentil”. Donc ouais, fait gaffe à ça, au cas où.

Il y a toujours un côté égoïste à l'amour. Ceux qui, soi-disant, ne pensent qu'à l'objet de leur amour sans plus penser à eux-mêmes, ceux-là vivent alors une émotion extrêmement forte qui les aide à puiser dans la Force, et sont d'autant plus susceptibles de virer dans la tristesse et dans la colère si leur cœur est brisé, car ils ne le supporteront pas, justement parce que le bonheur de la personne aimée n'est pas le seul qui compte. L'amour désintéressé, selon Cori, ça n'existait pas. S'il y avait désintérêt, alors ce n'était pas de l'amour.

CORI – Ca n'a pas de sens, ce que tu dis. Quand tu aimes quelqu'un, tu vas justement devenir jaloux, vouloir la venger du moindre truc... J'veux dire, si t'es pas du tout jaloux, même pas un peu, si ça ne te déclenche rien que quelqu'un fasse du mal à la personne en question, alors c'est que t'es pas amoureux, laisse tomber. Y'a des gens qui tuent au nom de la personne qu'ils aiment. Et t'as jamais entendu parler des crimes passionnels ? Y'a des gens qui en viennent même à tuer la personne qu'ils aiment. Justement, l'amour est super lié à la haine, à la tristesse, à la jalousie, à la colère, à la vengeance, à toutes ces émotions. Et c'est justement pour ça que les Jedis refusent l'amour. Parce que c'est précisément une émotion qui va les mener vers le Côté Obscur. Donc ça n'a pas de sens, c'que tu dis.

Cela dit, ils étaient là pour parler des Jedis, non des Siths. Denna voulait savoir ce que Cori pouvait lui apprendre d'autre. Mais le sujet était vaste... Après quatre ans passés chez les Jedis en tant que Padawan, Cori pouvait déjà en dire beaucoup sur eux à une Sith qui visiblement n'y connaissait rien.

CORI – Après... J'sais pas... Qu'est-ce que tu veux savoir sur eux ? Je pourrais te parler de plein de trucs sur eux... mais là comme ça, à blanc, je sais pas par où commencer...
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« Ca n'a pas de sens, ce que tu dis. Quand tu aimes quelqu'un, tu vas justement devenir jaloux, vouloir la venger du moindre truc... J'veux dire, si t'es pas du tout jaloux, même pas un peu, si ça ne te déclenche rien que quelqu'un fasse du mal à la personne en question, alors c'est que t'es pas amoureux, laisse tomber. Y'a des gens qui tuent au nom de la personne qu'ils aiment. Et t'as jamais entendu parler des crimes passionnels ? Y'a des gens qui en viennent même à tuer la personne qu'ils aiment. Justement, l'amour est super lié à la haine, à la tristesse, à la jalousie, à la colère, à la vengeance, à toutes ces émotions. Et c'est justement pour ça que les Jedis refusent l'amour. Parce que c'est précisément une émotion qui va les mener vers le Côté Obscur. Donc ça n'a pas de sens, c'que tu dis.

Denna écouta la tirade du Karkarodon sans broncher, mais elle ne partageait toujours pas son opinion, même pas un petit peu. Pour commencer, elle avait toujours considéré la jalousie comme une invention des monogames pour blâmer leur propre manque de confiance en eux sur leur partenaire. Elle ne pouvait même imaginer que ce soit normal pour de l’amour, et pour elle, le vrai amour ne pouvait pas s’en encombrer.

Quand à la vengeance… Denna savait qu’elle ne ferait jamais ça, et que trahir ses principes serait aussi trahir ceux qui l’aiment. De plus, lorsqu’elle allait mal, elle n’avait jamais connu de meilleur remède que de passer du temps avec quelqu’un qu’elle aimait.

Elle sentit une boule au fond de son estomac, et secoua un petit peu la tête. Elle ne s’attendait pas à ce que Cori comprenne sa façon de penser de toute façon. Elle se doutait bien être la seule à voir les choses comme ça sur Korriban. Elle le dit quand même, par principe.

- Je trouve ça égoïste comme façon de voir l’amour, ça tient pas du tout compte des sentiments de l’autre. Mais bref.

Pourtant, elle était intéressée par ce qu’il avait dit sur les Jedi. Elle se demandait s’ils pensaient vraiment comme lui, ou comme il le décrivait. L’amour menant au côté obscur ? Ce n’était certainement pas son expérience, ni ses croyances. Mais malgré tout, elle préférait changer de sujet, plutôt que de risquer dire quelque chose de trop séditieux.

- Après... J'sais pas... Qu'est-ce que tu veux savoir sur eux ? Je pourrais te parler de plein de trucs sur eux... mais là comme ça, à blanc, je sais pas par où commencer...

Elle y pensa une seconde, rassemblant ses questions, et cherchant un moyen de les tourner. Elle se posait plein de questions sur la vie sur Onderon, les enseignements et entraînements que les Padawan suivaient, mais aussi les missions des jedi eux-même. Elle avait compris qu’ils ne pourchassaient pas leurs ambitions personnelles comme les Sith, mais elle se demandait du coup, qu’est-ce qu’ils faisaient.

- Hum, je sais pas, si mon père est parti, ça devait être à cause de quelque chose qui s’est passé sur Onderon ? Ou pendant qu’il faisait quelque chose pour les Jedi ? Qu’est-ce qu’ils font d’ailleurs ?
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Denna trouvait cela égoïste comme façon de voir l'amour, car cela ne tenait pas compte des sentiments de l'autre. Le débat pouvait être tenu, ça ne dérangeait pas Cori, seulement le sujet premier de la conversation portait sur les Jedis, pas sur l'amour, même si c'est en parlant du premier qu'ils en étaient venu à aborder le second. S'il avait dû poursuivre ce débat, Cori aurait justement confirmé que l'amour était un sentiment égoïste à la base. Certes, une personne amoureuse pouvait être amenée à se préoccuper des sentiments de l'autre, à s'assurer qu'ils soient réciproques. Mais même si elle ne le faisait pas, ça ne changeait rien au fait qu'elle éprouvait de l'amour. Et justement, si elle sentait que son amour n'était pas réciproque, alors cet amour devenait frustration et colère. S'il était réciproque, il en devait encore plus fort en soi, et pouvait déclencher les sentiments de vengeance si un mal était commis contre cet amour.
Tout était lié. Toutes ces émotions fortes étaient liées, que Denna le veuille ou pas.

Ils en revinrent donc au sujet premier. Le temps pour Denna de réfléchir à une question, Cori reprit une gorgée de Sang de Rancor. Il était bon cet alcool ! Peut-être Cori se laissait-il influencer par le nom, déjà apétissant en soi – il fallait être un Karkarodon pour être alléché par le sang. En tout cas cet alcool était épais comme du vrai sang, donc en plus du goût, Cori en appréciait la consistance en bouche. Il finit son verre juste au moment où Denna reprit la parole :

DENNA – Hum, je sais pas, si mon père est parti, ça devait être à cause de quelque chose qui s'est passé sur Onderon ? Ou pendant qu'il faisait quelque chose pour les Jedis ? Qu'est-ce qu'ils font d'ailleurs ?

Que font les Jedis ? C'était déjà plus précis que « Parle-moi des Jedis. » mais ça restait vague.

CORI – Leur truc à eux, ils le répètent tout le temps, c'est de « veiller à l'équilibre de la Force ». Une belle connerie, ça veut rien dire, c'est juste une façon à eux de justifier la guerre qu'ils font aux Siths. Parce que je vois pas en quoi, nous, on menacerait l'équilibre, alors qu'eux, ne le menaceraient pas. Genre tuer un Sith, ça rééquilibre la Force, alors que tuer un Jedi, non, ça la déséquilibrerait. Donc bon, c'est un peu l'équilibre qui les arrange, quoi.

Cori n'avait en effet jamais vraiment voulu comprendre cette histoire d'équilibre de la Force. C'est surtout parce qu'il avait macéré trop d'amertume envers les Jedis, trop de ressentiments en somme, qu'il était resté sourd à leur philosophie ; car Cori n'était pas plus bête qu'un autre, et avec de la bonne volonté, il aurait compris. Il n'aurait pas forcément adhéré à cette philosophie, mais au moins l'aurait-il comprise et aurait-il pu se positionner en connaissance de cause par rapport à ça.

CORI – Après, faut pas croire, ils sont comme nous, même s'ils veulent pas le dire... Eux aussi cherchent des holocrons, eux aussi étudient la Force pour devenir plus puissants. Ils partent accomplir des missions à drotie à gauche dans la galaxie. Ils ont leurs propres intérêts. Et du point de vue d'un élève, quand t'es Apprenti là-bas dans leur Temple sur Onderon, bon tu t'appelles Padawan mais dans le fond c'est la même chose, t'as un maître qui te prend sous son aile, tu suis des cours théoriques, des cours pratiques, tu t'entraînes au maniement du sabre-laser, à son montage, à la manipulation de la Force... même s'ils n'aiment pas le mot “manipulation”, mais bon le résultat est le même...
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« Leur truc à eux, ils le répètent tout le temps, c'est de « veiller à l'équilibre de la Force ». Une belle connerie, ça veut rien dire, c'est juste une façon à eux de justifier la guerre qu'ils font aux Siths. Parce que je vois pas en quoi, nous, on menacerait l'équilibre, alors qu'eux, ne le menaceraient pas. Genre tuer un Sith, ça rééquilibre la Force, alors que tuer un Jedi, non, ça la déséquilibrerait. Donc bon, c'est un peu l'équilibre qui les arrange, quoi.

Denna hocha la tête, visiblement appréciant elle aussi cette boisson, puisqu’elle finissait déjà son troisième verre. Tout en écoutant, elle prit la bouteille, et la souleva, regardant Cori avec un air interrogateur, prête à le resservir en même temps qu’elle se versait son quatrième verre.

- Donc en gros, les Jedi tuent les Sith.

C’est ce que les Sith répétaient à qui voulait l’entendre. Est-ce que Cori ne faisait que lui resservir la version officielle ?

- Après, faut pas croire, ils sont comme nous, même s'ils veulent pas le dire... Eux aussi cherchent des holocrons, eux aussi étudient la Force pour devenir plus puissants. Ils partent accomplir des missions à drotie à gauche dans la galaxie. Ils ont leurs propres intérêts. Et du point de vue d'un élève, quand t'es Apprenti là-bas dans leur Temple sur Onderon, bon tu t'appelles Padawan mais dans le fond c'est la même chose, t'as un maître qui te prend sous son aile, tu suis des cours théoriques, des cours pratiques, tu t'entraînes au maniement du sabre-laser, à son montage, à la manipulation de la Force... même s'ils n'aiment pas le mot “manipulation”, mais bon le résultat est le même...

La Zeltronne écoutait attentivement. Elle trouvait cette description beaucoup plus utile, mais elle occultait de grosses différence philosophiques entre Jedi et Sith, que Denna connaissait déjà. Elle ne voulait pas cependant être la première à les aborder: après tout, elle était sensée n’avoir jamais eu de contact avec les Jedi. Elle fit une autre pause, et se mordit un ongle.

- Ouais mais du coup, si tout ça c’est pareil, je veux dire…

Elle leva sa main droite, et commenca à énumérer, levant son index.


- Des guerriers, les Jedi tuent les Sith comme les Sith tuent les Jedi. Elle leva un deuxième doigt. Même but, la puissance, politique, dans la Force, ou au sabre. Puis un troisième doigt. Même type d‘éducation, avec un maître, des cours théoriques, et des cours pratiques. Et aussi. Elle passa à son petit doigt. Même façon d’utiliser la Force, avec un mot différent. C’est bien ça ? Parce que si c’est ça, il y a un truc que je comprends pas.


Avec autant de similitudes, si tout revient au même, Jedi ou Sith, ça dépendrait juste de dans quelle Académie tu te retrouves, si t’es né dans la République, ou l’Empire, globalement, avec quelques exceptions. S’il n’y a pas de différences, il n’y aurait aucune raison pour personne de changer de camp. Et pourtant… Elle ait un petit signe de tête dans la direction de Cori. Il y a des personnes qui le font. »

Denna voyait son commentaire comme une dernière chance, car elle commençait à douter que l’autre apprenti puisse lui apporter des informations utiles. Ignorait-il vraiment tout de ce que les Jedi avaient tenté de lui apprendre ? Certes, l’empathie de Denna l’avait aidée à percevoir le rapport particulier qu’Alycius entretenait avec ses émotions, mais comment pouvait-on passer des années à étudier avec les Jedi, et ne rien retenir de leur philosophie ?

Elle-même, malgré son rejet massif de la philosophie Sith, au moins la comprenait, était capable de l’expliquer, et elle ne pouvait pas imaginer qu'il n'en serait pas de même avec Cori.
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Tout en commentant la réponse de Cori sur les occupations des Jedis, Denna se resservit un verre et proposa la même chose à Cori. Le Karkarodon avait le palais flatté par le Sang de Rancor, et tendit son verre pour un second remplissage de cet alcool qu'il n'avait encore jamais bu mais qui lui plaisait bien, pas seulement de nom. Une fois servi, il but une première gorgée et reposa son verre.

En se mordant un ongle, Denna fit d'autres commentaires sur les ressemblances soulignées par Cori entre Jedis et Siths. Elle les énuméra même avec ses doigts : la guerre qui les liaient, les mêmes ambitions, le même type d'éducation, même façon d'utiliser la Force...

Cori se rendit compte à quel point, justement, il venait d'assimiler un peu trop les Jedis aux Siths. Il n'oubliait pas, bien évidemment, toutes les différences qui les opposaient ; seulement, aux yeux de Cori, les Jedis étaient hypocrites à bien des égards, tenant à se distinguer des Siths alors qu'au final ils faisaient la même chose qu'eux. En fait, les Jedis ne supportaient pas de ne pas avoir l'exclusivité de l'utilisation de la Force. Si on voulait apprendre à utiliser la Force, soit on devenait Jedi, soit on devenait leur ennemi. Les Jedis voulaient tout s'accaparer, sous couvert de bonnes intentions et d'une philosophie noble, mais c'était de la poudre aux yeux. Voilà ce que Cori venait d'essayer de dénoncer, mais Denna venait de le prendre un peu trop au pied de la lettre.

Du coup, la Zeltronne ne comprenait pas pourquoi certaines personnes changeaient de camp, s'il n'y avait vraiment aucune différence. Seulement, elle avait posé une certaine question à Cori : ce que les Jedis faisaient. Et en effet, les Jedis faisaient à peu près la même chose que les Siths, aux yeux de Cori. Les différences entre les deux camps se trouvaient ailleurs. Dans la philosophie, par exemple ; mais si Denna voulait que Cori parle de la philosophie jedi, il fallait l'interroger là-dessus !

CORI – Les Jedis font la même chose que les Siths, mais ça ne veut pas dire qu'ils sont pareils ! Déjà, je t'ai expliqué que pour eux, certaines émotions sont à proscrire, contrairement à ici. On a parlé d'amour, mais y'a pas que ça. C'est toute la philosophie des Jedis qui est différente. Pour eux, les émotions fortes font basculer du Côté Obscur, alors c'est à bannir. Il ne faut pas être triste, il ne faut pas être amoureux, il ne faut pas être jaloux, il ne faut pas être ambitieux, il faut pas ci, il faut pas ça... Tu vois, les Siths veulent se libérer de leurs chaînes, les Jedis s'en mettent tout le temps. C'est déjà une grosse différence. Nous, on est pour la liberté. Si tu peux prendre le pouvoir, tu le prends. Seulement, les Jedis, ça leur plaît pas, parce qu'avec nous, tout risque de leur échapper.

Pour mieux illustrer ses propos, et souligner cette fois-ci une différence entre les Siths et les Jedis, Cori trouva rapidement un exemple :

CORI – Tu vois, imagine, ta meilleure amie se fait tuer devant toi. En tant que Sith, normal, tu vas vouloir la venger. Tu vas aller tuer la personne qui l'a tuée. Ou autre, enfin, tu vas faire un truc. Les Jedis, non. Faut rester neutre. Ils vont te dire qu'il fallait pas s'attacher, qu'on ne doit pas chercher à empêcher la mort, que tout fait partie d'un cycle. En gros, ta meilleure amie se fait buter devant tes yeux, bah tu devras rester de marbre. De totue façon c'était pas censé être ta meilleure amie, t'es pas censée avoir d'amis.
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« Tu vois, imagine, ta meilleure amie se fait tuer devant toi. En tant que Sith, normal, tu vas vouloir la venger. Tu vas aller tuer la personne qui l'a tuée. Ou autre, enfin, tu vas faire un truc. Les Jedis, non. Faut rester neutre. Ils vont te dire qu'il fallait pas s'attacher, qu'on ne doit pas chercher à empêcher la mort, que tout fait partie d'un cycle. En gros, ta meilleure amie se fait buter devant tes yeux, bah tu devras rester de marbre. De totue façon c'était pas censé être ta meilleure amie, t'es pas censée avoir d'amis.

Denna hocha la tête, alors que Cori expliquait la philosophie Jedi plus en détail. Il l’expliquait plutôt bien, et elle commençait à comprendre, du moins à sa façon, ce qu’elle était, et quelle était l’intention qui se cachait derrière. Il semblait que les Jedi essaient d’aider au contrôle des émotions, de façon non personnalisées, par un ensemble de règles.

Elle regarda Cori devant elle, sentant qu’elle devait répondre quelque chose. Il avait l’air assez amer envers les Jedi, et en particulier leur règles. Elle ne voulait pas mentir, elle décida donc de répondre quelque chose de plus factuel et neutre.


- On dirait qu’ils essayent de poser des règles sur des problèmes émotionnels, et c’est jamais une bonne idée, ça créé souvent du ressentiment…

Elle lui sourit, tout en réfléchissant. Elle comprenait vouloir aider les utilisateurs de la Force à contrôler leurs émotions, après tout, elle sentait suffisamment de colère et de haine hors de contrôle sur Korriban, suffisamment de souffrance pour savoir à quel point les émotions fortes pouvaient être dangereuses pour quelqu’un de puissant.

Mais, si ils parlaient et réagissaient vraiment comme le décrivait Cori, leurs méthodes étaient clairement à revoir. Après tout, avoir des personnes auxquelles on tient, et qui tiennent à vous, était pour elle la meilleure façon d’être sûr de ne pas sombrer, de rester toujours soi-même.

Elle n’était pourtant pas sûre que les Jedi réagissent vraiment comme ça, ce pourrait juste être la vision du Karkarodon, biaisée par ses mauvaises expériences avec eux. Elle se mordit un ongle, et demanda donc, essayant d’en avoir le cœur net :


- Tu as l’air de leur en vouloir, toi aussi. C’est pour ça ?

Pour Cori, les Jedi détestaient les Sith pour des raisons de pouvoir, mais ce raisonnement semblait être, pour Denna, plutôt quelque chose qu’un Sith penserait. L’ambition était, après tout, un trait purement Sith, et très lié à leurs émotions. Elle prit une autre gorgée de son quatrième verre, commençant à se sentir un petit peu plus détendue grâce à l’alcool.

Elle aimait le sang de Rancor, le sel dans cette boisson qui aidait l’ivresse à monter plus rapidement. Ce n’était pas très fort, du moins pour une Zeltronne, mais peu d’alcools étaient forts pour des Zeltrons. Elle appréciait toutefois de pouvoir en sentir les effets rapidement.
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Cori voyait Denna hocher la tête pendant qu'il parlait, signe qu'il donnait cette fois-ci des exemples concrets et parvenait à faire comprendre à Denna les différences fondamentales entre Siths et Jedis. Quand il eut fini de parler, il reprit une gorgée de son deuxième verre, alors que Denna se servait déjà son quatrième verre. Cori appréciait l'alcool sans être non plus un grand buveur, tandis que Denna, manifestement, était une habituée et devait donc bien mieux tenir l'alcool que la moyenne, et a forciori que lui.

DENNA – On dirait qu'ils essayent de poser des règles sur des problèmes émotionnels, et c'est jamais une bonne idée, ça crée souvent du ressentiment...

Cori hocha la tête pour confirmer. Il n'avait pas attendu d'être Sith pour savoir que les émotions n'étaient pas un problème, qu'il fallait simplement réussir à les canalyser. Elles devenaient source de motivation, pouvaient remonter le moral. Et en plus, en devenant Sith, Cori avait appris qu'elles permettaient également de puiser dans la Force et de l'exploiter à son potentiel maximum, ce qui l'intéressait beaucoup. Les Jedis, eux, ne cherchaient pas à devenir puissants dans la Force. Ils cherchaient autre chose, un prétendu équilibre qui n'était qu'une idéologie abstraite aux yeux de Cori. Avant donc de devenir Sith, il avait déjà mieux compris que les Jedis l'intérêt d'être puissant dans la Force.

DENNA – Tu as l'air de leur en vouloir, toi aussi. C'est pour ça ?

Il y avait une raison simple pour laquelle Cori en voulait aux Jedis. Enfin, en réalité, il y avait plusieurs raisons, toutes plus ou moins liées, mais une seule était simple à analyser et à exprimer pour lui.

CORI – La République m'a enlevé à mes parents, et à cause des Jedis ils sont morts sans avoir pu être protégés. Un peu, que je leur en veux !

Et formulé comme ça, ça semblait bien normal. Du moins, aux yeux de toute personne normale. Mais pas aux yeux d'un Jedi. A cause des règles que la République appliquaient pour eux, un enfant, tout juste adolescent, avait été retiré à ses parents, avait continué à grandir loin d'eux, pour ensuite les retrouver morts alors qu'on lui avait promis qu'il pourrait les protéger. Qui ne nourrirrait pas une rancœur envers eux ? Et puis, si c'était arrivé à Cori, ça devait arriver à bien d'autres familles à travers la galaxie. Cori ne voulait laisser personne subir le même sort que lui. S'il voyait un seul Jedi embrigader un enfant, il lui arracherait les yeux et les boufferait.
Machinalement, Cori finit le reste de son verre d'un trait. Il secoua la tête en sentant la chaleur de l'alcool l'envahir.
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« La République m'a enlevé à mes parents, et à cause des Jedis ils sont morts sans avoir pu être protégés. Un peu, que je leur en veux !

- Oh…

Elle se mordit la lèvre, et étendit son bras, posant sa main sur l’avant bras de Cori.

- Je suis désolée. Tu avais quel âge ?

Elle ne précisa pas si elle demandait à quel âge est-ce qu’il avait été enlevé à ses parents, ou à quel âge ils étaient morts. Elle demandait les deux, elle supposait. Pour avoir perdu elle-même la seule famille qu’elle avait, sa mère, elle connaissait cette douleur, et ce sentiment d’impuissance, mais elle se demandait pourquoi est-ce qu’il pensait que les Jedi auraient pu protéger sa famille.

Et même si c’était le cas… Est-ce que ses parents auraient vraiment voulu que leur fils soit consumés par la haine, et le désir de revanche ? Elle supposait que c’était possible, mais ça ne lui semblait pas une existence très enviable.

Avec le temps, elle avait accepté que la mort de sa mère n’était qu’un accident, une horrible tragédie, et qu’il n’y avait rien qu’elle aurait pu faire, ni elle, ni personne. Chercher des coupables était tentant, mais ne ferait certainement pas revenir sa famille. Et c’était sûr de pouvoir gâcher sa vie.

Elle finit son verre, et, pendant le moment de silence qui suivait sa question, remarqua que Cori avait bien descendu son propre verre. Elle se demandait quelle était la résistance à l’alcool de son espèce.

- Pourquoi est-ce que la République t’as pris à tes parents ? Ça arrive souvent ?

Au moins, elle n’avait plus de famille lorsqu’elle avait rejoint Qashah, et ça avait été son choix, même si elle l’avait regretté depuis. Elle se doutait que d’être arraché à sa famille, toutefois, devait avoir été très difficile pour lui.

Elle se resservit, proposant au Karkarodon de remplir son verre également par un geste interrogateur. Puis une pensée lui vint.

- Est-ce que tu voudrais un verre d’eau ?

Elle venait de se souvenir des propriétés déshydratantes de l’alcool, et se demandait si les effets sur une créature aquatique ne pourraient pas être un peu dangereux. Au moins, il risquait une sacrée gueule de bois le lendemain matin… Elle se souvenait de sa mère, lui répétant de toujours bien s’hydrater, le jour où elle commencerait à boire de l’alcool. Cette pensée lui provoqua une nouvelle vague de sympathie pour Cori. Ce devait être difficile, de grandir sans le soutien d’un parent. Elle se savait chanceuse, à ce niveau, pas pour avoir perdu sa mère, mais pour avoir eu autant d’années avec elle.
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DENNA – Oh... Je suis désolée. Tu avais quel âge ?

La Zeltronne posa sa main sur l'avant-bras du Karkarodon pour manifester son soutien, ou du moins sa compassion. Cori n'avait aujourd'hui plus besoin de compassion et était certain que n'importe qui – autre qu'un Jedi – pouvait comprendre sa colère. Il était déterminé à ne pas laisser les Jedis faire subir à d'autres ce qu'il avait lui-même subi.

CORI – Je l'ai découvert quand je suis retourné un coup sur ma planète natale, à quinze ans. Ils sont morts pendant que j'étais avec les Jedis, loin d'eux.

Cori se sentait un peu la tête lourde, et c'était certainement dû au fait qu'il était assez déshydraté. Ce n'était pas la première fois qu'il buvait de l'alcool, et savait qu'il n'allait pas être saoul au bout de deux verres, toutefois il ne pouvait rien contre l'effet de déshydratation, d'autant plus nocif qu'il appartenait à une race aquatique. Il se sentait la bouche pâteuse et la gueule un peu engourdie. Et la fausse impression de transpirer. Dommage, car le Sang de Rancor, c'était bon. Il découvrait ça grâce à Denna mais devait réfléchir avant de prendre un troisième verre.

DENNA – Pourquoi est-ce que la République t'as pris à tes parents ? Ca arrive souvent ?

Il était normal qu'elle ne le sût pas si elle n'avait jamais vécu sur une planète de la République.

CORI – Tout le temps. C'est la loi, dans la République : tous les enfants doivent être testés à la naissance pour savoir s'ils sont sensitifs, et s'ils le sont, ils sont arrachés à leur famille. Le truc c'est que j'ai grandi dans un bled pas super propre, alors bon, j'ai échappé au contrôle à la naissance. Mais ça a fini par arriver plus tard, quand un jour on a fouillé dans mon dossier et qu'on s'est rendu compte que c'était vide sur ce point-là. Alors, la loi c'est la loi, les gars se sont pas posé de questions, et me voilà embarqué chez les autres enfoirés.

Denna se servit un cinquième verre d'eau, on commençait à entrer dans la pochtronnerie, et elle proposa poliment un troisième verre à Cori, mais ce dernier s'humecta la langue d'un air hésitant.

DENNA – Est-ce que tu voudrais un verre d'eau ?

Cori eut alors l'impression qu'il attendait que Denna lui pose cette question.

CORI – Ouais, en fait, j'dirais pas non, tu vois...

Une fois servi, Cori s'empressa de boire son verre d'eau d'une traite, et ça lui fit tellement de bien qu'il en réclama un second aussitôt. Il se passa ensuite une main sur le côté de la tête, jusqu'aux ouïes. C'était horrible cette sensation de transpiration, et d'autant plus intriguant d'avoir l'impression de transpirer alors qu'on était dépourvu de glandes sudoripares. Comment Cori pouvait-il imaginer la sensation de transpiration ?

CORI – Ton père, il est toujours vivant ? Il ne t'a jamais parlé de comment c'est dans la République ?
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« Tout le temps. C'est la loi, dans la République : tous les enfants doivent être testés à la naissance pour savoir s'ils sont sensitifs, et s'ils le sont, ils sont arrachés à leur famille. Le truc c'est que j'ai grandi dans un bled pas super propre, alors bon, j'ai échappé au contrôle à la naissance. Mais ça a fini par arriver plus tard, quand un jour on a fouillé dans mon dossier et qu'on s'est rendu compte que c'était vide sur ce point-là. Alors, la loi c'est la loi, les gars se sont pas posé de questions, et me voilà embarqué chez les autres enfoirés. 

Cette information, pourtant loin d’être secrète, eut sur Denna un impact visible. En effet, Zeltros était depuis longtemps un monde de la République, et elle n’avait pas, elle, grandi dans un coin paumé : en fait, elle venait d’une grande ville. Pourtant, elle n’avait pas été contrôlée, puisqu’elle ne s’était pas retrouvée au Temple Jedi. Pourquoi ? La réponse était à la fois évidente, et complexe : sa mère devait être celle qui l’avait cachée aux autorités, mais quelle pouvait bien avoir été sa motivation ? Était-ce un souhait de son père ? Avait-elle peur que Denna, fille d’un traître aux Jedi, soit mal traitée dans leur Temple ? Ou peut-être ne voulait-elle simplement pas être privée de la joie d’élever sa fille elle-même ?

Elle se leva, presque machinalement, pour servir, un, puis un deuxième verre d’eau à Cori. Elle finit par lui laisser la bouteille, se rasseyant, non sans jeter un coup d’œil à la bouteille de liqueur de skooma qui traînait, à moitié vide, près du fauteuil. Elle se prenait à imaginer ce qu’il se serait passé si sa mère l’avait laissée rejoindre les Jedi. Elle pouvait s’y voir, sur Onderon depuis sa plus tendre enfance, à apprendre à utiliser le Côté Lumineux sans s’en cacher, avec des professeurs qui ne la frappaient pas, et d’autres élèves avec qui elle pouvait passer du temps sans se demander s’ils allaient tenter de l’attaquer. Cette pensée faisait naître une boule douloureuse dans son estomac.

- Ton père, il est toujours vivant ? Il ne t'a jamais parlé de comment c'est dans la République ?

Elle sursauta légèrement, la question de Cori brisant le silence et la ramenant à la réalité.

- Oh, euh. Je ne sais pas en fait. Je ne l’ai jamais rencontré, et je sais quasiment rien sur lui. Il est peut-être mort. Ou peut-être qu’il n’est pas au courant de mon existence. Ou peut-être qu’il s’en fiche. Je veux dire, je l’ai cherché, depuis que je suis sur Korriban, c’est un peu pour ça que je suis venue à la base, mais je connais pas son nom Sith, juste son nom de naissance. Et le seul que j’aie rencontré qui le connaisse est mon « maître ».

Elle plia les doigts de ses deux mains, pour mimer les guillemets.


- Mais il a toujours refusé de m’en dire plus sur lui, du coup, je suis pas beaucoup plus avancée qu’il y a cinq ans.

Elle soupira légèrement dans son verre. Même avec sa résistance habituelle à l’alcool, ces cinq verres faisaient leur œuvre, et elle commença à dire quelque chose qu’elle n’aurait pas dû dire.

- Je sais pas… Je veux dire, je sais qu’ici, on est pas sensé montrer de signes de faiblesse, mais des fois, ça fait pas trop pour toi ? Toute cette compétition, cette agression, cette haine tout le temps… T’as pas des jours où tu te réveilles et, avant même que la journée commence t’es juste... épuisé ?
Invité
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Non pas que la vie de Denna passionnait Cori et qu'il voulait tout savoir sur elle, mais son père était l'élément-clé de ses interrogations. Il avait été Jedi, quelque chose lui avait ouvert les yeux et fait rejoindre les Siths, puis il avait pris du plaisir sur Zeltron et engendré un enfant, Denna, aujourd'hui à la recherche de ses racines. Et Denna ne semblait rien savoir des lois de la République, elle ne savait en tout cas pas que les Jedis étaient recrutés en bas-âge, arrachés à leur famille, et que les habitants étaient censés trouver ça normal. De là venait cette dernière question de Cori. A quel point Denna avait-elle connu son père ? Avait-elle encore moyen de le contacter ? Si oui, pourquoi ne pas lui poser toutes ses questions directement ?

DENNA – Oh, euh. Je ne sais pas en fait. Je ne l'ai jamais rencontré, et je sais quasiment rien sur lui. Il est peut-être mort. Ou peut-être qu'il n'est pas au courant de mon existence. Ou peut-être qu'il s'en fiche. Je veux dire, je l'ai cherché, depuis que je suis sur Korriban, c'est un peu pour ça que je suis venue à la base, mais je connais pas son nom Sith, juste son nom de naissance. Et le seul que j'aie rencontré qui le connaisse est mon « maître ».

En la voyant mimer les guillemets comme pour tourner en dérision le mot “maître”, Cori la regarda de travers. Il n'avait pas percuté sur son hésitation à employer le “on” pour parler des Siths, mais là, cette façon de mettre des guillemets au mot “maître” était grossière. Avait-elle des problèmes avec son maître ? Quelque chose s'était-il mal passé ? Ou bien était-elle ce genre d'Apprentis rebelles ayant un problème avec l'autorité ?

DENNA – Mais il a toujours refusé de m'en dire plus sur lui, du coup, je suis pas beaucoup plus avancée qu'il y a cinq ans.

Peut-être que le problème venait de là, tout simplement : Denna ne supportait pas que son maître ne voulût pas lui en apprendre plus sur son père. Seulement, maintenant, Denna ne le respectait plus. Ce n'était donc pas un bon maître. Apprenait-elle au moins à devenir plus puissante à ses côtés ? Si oui, ce serait au moins l'essentiel ; sinon, ce maître ne lui servait à rien et elle avait raison de mettre tous les guillemets autour.

DENNA – Je sais pas... Je veux dire, je sais qu'ici, on est pas sensé montrer de signes de faiblesse, mais des fois, ça fait pas trop pour toi ? Toute cette compétition, cette agression, cette haine tout le temps... T'as pas des jours où tu te réveilles et, avant même que la journée commence t'es juste... épuisé ?

Cori lui rétorqua de façon brutale :

CORI – Ah beh c'est sûr que c'est pas en pleurnichant que tu vas pousser ton maître à t'en dire plus sur ton père !

Il était né dans la rue, entouré de racisme, avait baigné dans la haine, dans l'agression. Il n'avait pas eu cinq ans qu'il avait déjà compris qu'il ne devait montrer aucun signe de faiblesse. Le Karkarodon avait toujours eu la peau dure. Bien obligé, dans le contexte où il avait grandi. Les Siths ne supportaient pas la faiblesse et c'est pour cela que Cori se voyait s'y épanouir. Si Denna commençait à craquer, tout le monde lui marcherait dessus, à commencer par son maître, qui pourrait même finir par la laisser tomber. Quel maître voudrait d'un apprenti faible, après tout ? Soit Denna montrait du potentiel et de la force de caractère, soit elle serait jetée comme une ordure. Et ça, elle ne pouvait rien y faire, et Cori n'allait pas lui faire croire le contraire ni même lui montrer de la fausse compassion.

CORI – J'suis un enfant de la rue. J'étais même pas ado quand j'ai tué un autre enfant. Je lui ai arraché la main et je l'ai laissé crever en se vidant de son sang. Je peux t'assurer que quand ils voient ça, les gens savent qu'ils n'ont pas le droit de te marcher dessus. Si tu te montres faible, tu te fais bouffer. C'est ça, la vie. Si tu peux pas t'y faire, ton maître ne risque pas de te parler de ton père, il finira même par te jeter.

Si vous cherchez du réconfort, n'allez pas voir Cori...
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