Thann Sîdh
Thann Sîdh
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« Tu as entendu la nouvelle ? »

Cueillie au sortir de la douche, Thann continua tranquillement son chemin jusqu’à son lit avec en tête l’idée de s’habiller tranquillement. Deux semaines s’étaient écoulées depuis ses aventures en régions inconnues et, en cette belle fin de journée, elle revenait d’un nouvel entraînement aux côtés de son Maître et, effectivement, n’avait pas entendu la nouvelle. Il faut dire que son emploi du temps se faisait plus chargé depuis qu’elle avait croisé la route du Chevalier Karm, si bien qu’elle n’avait plus vraiment l’occasion de tendre l’oreille aux dernières rumeurs. De fait, ce n’était pas très grave, Seïid jouait pour elle le rôle de lien avec le quotidien du quartier des Padawans.

« Tu te doutes bien que non et tu meures d’envie de me l’annoncer, alors qu’est-ce que tu attends ? » dit-elle en souriant et finissant de refaire sa natte.

« Tu te souviens, le Padawan Tiasneli ? Tu sais, plus âgé que nous, avec un bras mécanique ?

– Oui… Il est porté disparu depuis les événements sur Félucia. » Le sourire était tombé. Elle ne l’avait que brièvement cotoyé mais le souvenir qu’elle avait gardé de lui, alors qu’elle n’avait que dix ans, était celui d’un gentil garçon, pas très à l’aise dans les cases traditionnelles qui lui étaient proposées mais soucieux de bien faire. Elle avait échangé avec lui, parfois. Elle était très curieuse de son bras. Un formidable objet de technologie. Avec le recul, elle considérait aujourd’hui combien ses questions avaient été déplacées et pourtant, son aîné les avait accueillis avec bienveillance et n’avait pas un instant fait sentir le moindre agacement. Même s’ils n’avaient que peu étaient liés, sa disparition l’avait attristée. Trop de belles âmes s’évanouissaient dans cette guerre.

« Ne tire pas cette tête ! Il paraît qu’il est revenu au Temple ! Genre, hier ou avant-hier ! Il est en vie.

– Mais c’est fantastique ! Après cinq ans ? C’est… Tu penses que c’est déplacé si j’essaye de croiser sa route ? Je ne voudrais pas avoir l’air de… Enfin…

– Oh, arrête de te prendre la tête. Si tu as envie d’y aller, tu y vas, point. D’autant que ça a l’air de te ravir. Il était déjà pas mal à l’époque, tu penses que ça a changé ? » Le sourire goguenard de son amie lui fit piquer un fard.

– Arrête tes bêtises, il a quatre ou cinq ans de plus que nous, voire même six. C’est car…

– Et quoi ? Rien ne t’empêche de le trouver beau et d’avoir plaisir à le voir. »

Un coussin vola à travers la pièce pour rencontrer une Seïid hilare qui le renvoya aussi sec. La bataille fut de courte durée mais l’intensité des rires alla de paire avec la violence molle qui l’anima. Le calme réintégra la chambre lorsque Thann la déserta. Elle désirait fortement retrouver son aîné et… lui proposait de passer un temps avec elle ? Que souhaite-t-elle sinon répondre à la curiosité qui l’avait pressée, jadis, de venir le voir ? Au fond, elle souhaitait aussi s’assurer que la rumeur était fondée et faire savoir à un confrère qui avait certainement souffert pour revenir qu’il avait manqué à quelqu’un ici, comme à tout l’Ordre.

Renouer donc ? Elle n’était pas bien sûre. A la fois, fallait-il qu’elle sût ce qu’elle voulait lui dire avant de le voir ? Peut-être les mots viendraient-ils d’eux-mêmes ? Dès qu’elle le put, elle aborda un Maître, soucieuse d’obtenir des renseignements plus concrets. Les informations de Seïid s’avérèrent exactes et c’est avec un grand sourire qu’elle poursuivit son périple. D’après le maître, le Padawan Tianesli n’avait pas encore réintégré officiellement le Temple Jedi et séjournait à la capitale quelques jours suite à un entretien avec Maître Don. Sa curiosité était à vif ! Un entretien avec un Maître si important que Saï Don en personne ? Et à la fois, était-ce étonnant ? Il devait revenir de si loin...

Sortir du Temple le soir approchant lui était autrefois interdit, son nouveau statut d’élève du Chevalier Karm lui permettait une liberté plus grande. Elle emprunta un speeder automatisé, elle qui n’était toujours pas en âge de piloter, qui la déposa, après une petite vingtaine de minutes de vol, dans la capitale. Bouteboute se chargea de guider Thann jusqu’à l’adresse indiquée par Zélonion aux autorités du Temple mais elle fut assez surprise de se retrouver égarée dans une friche industrielle et en particulier devant un vieux hangar décrépi. Dans les ruelles, des gamins allaient et venaient, elle se sentait observée, elle n’était pas à sa place ici. Elle vérifia l’adresse, plusieurs fois, s’inquiéta puis, s’en remit à la Force.

Elle mit de côté ses craintes et trouva le calme en elle. Petit à petit, elle étendit sa perception, se laissa portée par la Force au-delà des murs et… Une aura. Une présence à l’intérieure lui était familière. Plus vive, plus forte mais aussi plus complexe. C’était comme de revoir un vieil holo’ de son enfance et découvrir avec stupeur que l’image qui s’était gravée en nous n’était pas la réalité du film. Il était là, elle n’en doutait plus. Quel curieux hôtel !

Pas tout à fait rassurée, elle se dirigea vers la seule porte apparente du bâtiment, toqua. La porte s’entrebâilla pour laisser apparaître, dans la lumière du jour déclinant, le visage un peu crasseux d’un petit Zabrak à l’air bagarreur.


« Qu’est-ce tu veux, toi ? Le ton n’était guère amène.

– Bonsoir. Excuse-moi de t’embêter, je viens juste voir un ami, Zélonion, ça te dit quelque chose ? » La méfiance était clairement perceptible sur le visage du petit qui cependant, sans un mot, referma la porte. Malgré l’épaisseur du fer, elle sentit à travers la présence galopante de son portier s’éloigner. Elle avait confiance, il allait certainement chercher le concerné : se souviendrait-il seulement d’elle ?

Elle sentit la présence de son camarade bien avant que celui-ci n’ouvrit la porte. Elle avait un sentiment étrange, elle avait agi sur un coup de tête, que venait-elle faire là ? Derrière la porte, ses sens avaient du mal à distinguer les détails de son visage. Le voile se leva lorsqu’il ouvrit lui-même la porte, cette fois en grand. Ses longs cheveux encadrés un visage résolument adulte, un visage marqué par… Elle ne savait guère par quoi, mais les marques étaient là. Qu’espérait-elle, retrouver l’adolescent qu’elle avait connu ? La différence d’âge s’imposait à elle et elle réalisait tardivement qu’une petite Padawan venait de s’enfoncer dans un quartier mal famé pour aller retrouver un confrère avec qui elle n’avait parlé que deux ou trois fois, bien plus vieux qu’elle, et pour lui dire quoi ?


« Bonjour Zelonion, je… Je ne sais pas si tu te souviens de moi, je suis Thann, j’étais Novice au Temple avant. On a parlé ensemble et… Et j’ai appris que tu étais revenu et… je suis venue te voir. »

Plus elle parlait et plus elle se décomposait. Son regard, qu’elle avait d’abord levé vers le sien, tendait de plus en plus à gagner la pointe de ses chaussures. Alors qu’elle s’était tue un instant, elle ajouta tout de même, comme dans un éclair.

« Je voulais savoir comment tu allais, voilà tout. »

La sollicitude de l’adolescente n’était pas feinte mais sa naïveté non plus. Elle n’était personne pour lui, et voilà qu’elle débarquait, son maître ne serait certainement pas fier de cette attitude si déraisonnable qu’elle manifestait à présent. Avec un effort surhumain, elle détacha son regard de la pointe de ses chaussures pour esquisser un léger sourire à l’adolescent devenu homme qui lui avait ouvert ; peut-être ne la jugerait-il pas si sévèrement qu’elle-même ?

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" Grand-frère. Pourquoi tu n'es pas resté chez les Jedi ? "
" Parce que ma place n'est plus là-bas. Elle ne l'a probablement jamais été, Terma. "

Terma. Elle et la bande de Japraël, ils avaient tous grandi, comme moi. Et j'étais content de voir que pour ceux qui vivaient encore, ils avaient connu un meilleur sort que le mien. J'avais alors négocier avec mes "gardiens" de les emmener avec nous. Je les connaissais depuis longtemps, et même si ma dernière rencontre avec eux remontaient à cinq ans, j'avais convaincu Velvet d'accepter que je les ramènes, selon leurs choix et s'ils étaient encore vivants.

" Et c'est comment ce refuge ? "
" C'est génial. Un endroit où l'on peut vivre mieux qu'ici. Il faut juste participer à l'effort commun. Et... "
" Zel. Y a quelqu'un qui demande à te voir. "

Je m'arrêtais, alors que Frik m'interrompait en m'annonçant cette phrase. Le plus jeune de la bande. Et un battant hors-pair selon Jap. Aussi timbré que Dakin.

" Qui ? "
" Qu'est-ce que j'en sais ? J'chui pas ta secrétaire. "

Alors que le zabrak me répondait avec la violence qui faisait tout son charme, je sentais les ombres autour de moi se mouvoir dans l'espace. Les gardiens de Velvet n'aimaient pas, j'en étais persuadé, ce genre de situation. Et alors que l'un d'entre eux sortait de l'ombre, je le toisais.

" On dirait une Jedi. "
" Qu'est-ce qui te fait dire ça ? "
" Son masque sur les yeux et son sabre à sa ceinture. "
" Mouais... Pas faux... "
" Une Miraluka... " déclara le gardien, sabre à la main.
" Rangez vos armes. Je vais régler ça. "
" Contrôleras-tu ton obscurité ? "

Je ne pris pas la peine de répondre à cette question. Et pour y répondre quoi de toute façon. Je m'étais engagé auprès de Velvet à ne pas flancher, bien qu'il ne s'agissait pas de quelque chose que je controlais la plupart du temps. Mais j'étais résolu à ne pas laisser la part noire qui sommeillait en moi sortir, et rugir. Et puis, si c'était le cas, mes gardiens feraient leur oeuvre. Pour autant, les relations entre le Temple et Refuge en seraient probablement un tantinet entachées.

Me rendant alors à la porte, je l'ouvris pour faire face à une figure qui m'était presque inconnue, mais trahi par des traits que je reconnaissais. Elle avait grandie, et je ne l'aurais pas reconnue au premier coup d'oeil c'est certain.

« Bonjour Zelonion, je… Je ne sais pas si tu te souviens de moi, je suis Thann, j’étais Novice au Temple avant. On a parlé ensemble et… Et j’ai appris que tu étais revenu et… je suis venue te voir. »

Thann. C'était ça. Je me souvenais d'elle et de son droïde.

" Je me rappelles, oui. "

Ma voix était tinté de jovialité. Et ma part d'ombre toujours enfouie.

" Comment vas-tu ? Tu veux rentrer ? "

Je l'invitais à ma suite, en bon hote, pour constater au bout de quelques pas que mes compagnons s'étaient absentés sur le temps des présentations. Leur timidité avait du faire que. Seul restaient les "gardiens", dans leurs ombres traditionnelles et recouvert de leurs masques de force.

" Ne fais pas attention au bazar, ni à eux. Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage... " Je n'en avais d'ailleurs aucune envie. Quand aux seconds, je ne pouvais pas oublier qu'elle était une fille d'Alphéridies. " Pour les ombres, rassures-toi. Ils ne sont pas là pour toi. Ou pour te protéger... "

De moi. C'était, je pense, le seul sous-entendu possible à cette phrase. Et m'approchant d'un Cargo XS éventré, me saississant d'une clé, je reprenais ce que j'avais commencé plus tôt :

" Et toi, comment vas-tu ? Si je me rappelles bien, l'heure du couvre-feu est dépassée. Ou serait-ce que ce vieux grigou de Maitre Brock se ramolit. " Déclarais-je d'un ton amusé, repensant à ce maitre du Conseil dont je fus pendant longtemps l'épine la plus douloureuse dans le pied.
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L’accueil fut au moins aussi étrange que l’introduction. Dans le grand hangar, Thann ne perçut plus personne, les autres présences s’étaient évanouies et pourtant, il n’y avait aucun doute à avoir sur le fait que Zélonion était loin de vivre seul ici. Elle accepta avec un signe de tête l’invitation et un petit sourire répondant timidement aux questions qui lui étaient posées :

« Je vais bien, oui. »

Elle ne savait trop quoi répondre. Il aurait été déplacé de faire le récit de tout le merveilleux qui lui était arrivé depuis un peu moins d’un mois alors qu’elle ignorait totalement les épreuves que lui avait pu traverser. Elle l’écouta donc davantage qu’elle ne parla jusqu’à ce qu’ils ne mentionnent ces ombres. Elles ne comprenaient pas. Une nouvelle fois, elle chercha à étendre sa perception dans la salle mais… était-ce son esprit qui, inquiet, imaginait une présence ? Sentait-elle réellement, comme au creux de son esprit, une manipulation ? Elle n’aimait pas vraiment ce sentiment.

« Comment je vais ? Et bien… Comme quelqu’un qui se pensait seule avec toi et qui en fait se trouve aussi en compagnie d’Ombres qu’elle ne peut percevoir. Je ne suis pas très à l’aise, j’imagine. »

Un petit sourire gêné vient appuyer ses propos. Sans se sentir en danger, elle ne s’attendait pas à de telles retrouvailles avec celui qu’elle considérait encore comme un confrère de l’Ordre. Elle poursuivit :

« Je suis sous la tutelle du Chevalier Karm, à présent, et il a fait ce qu’il fallait pour que je profite d’une certaine liberté. Le couvre-feu ne me concerne plus vraiment. Et toi ? J’étais encore une enfant la dernière fois que je t’ai vu et… Tu ne m’as plus l’air d’être l’adolescent avec qui j’ai sympathisé. Tu bosses sur quoi là ? Ton XS ne me semble plus trop en état de voler. »

Elle prit place à ses côtés et commença à parcourir par la pensée l’ensemble de l’appareil. Il avait souffert. Que voulait-il en faire ? Que faisait-il, ici, parmi des gamins des rues ? Et, par extension, comment pouvait-on accepter que des enfants vivent ici dans une ville riche comme l’était Iziz ? Ce lieu de vie ne semblait même pas offrir les nécessités minimales : le chauffage, le sec, la protection contre les intempéries. En plusieurs endroits, Thann sentait les interstices entre les taules du toit et dans son dos, parfois, elle sentait comme un filet d’air froid. Ou bien était-ce ces fameuses ombres ? Il faut dire, partie précipitamment, elle n’avait pas vraiment pris le temps de prévoir sa tenue en cas de rafraîchissement du fond de l’air. Elle n’avait pas prévu grand-chose de fait. Portée par son enthousiasme, elle s’était aventurée là sans y penser plus de deux secondes et la voilà entouré d’ombres.
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« Comme quelqu’un qui se pensait seule avec toi et qui en fait se trouve aussi en compagnie d’Ombres qu’elle ne peut percevoir. »

Je m'arrêtais à cette phrase, qui tournait encore et encore dans ma tête. J'avais la réponse à une question que je ne m'étais pas posée, et je tenais à y réagir. Il s'agissait d'une fille sympa, et elle n'avait pas à se sentir mal à l'aise. Mon regard balaya alors la pièce. Même moi, je ne les sentais plus, mais ils étaient encore là.

" Je crois que c'est bon. Vous pouvez nous laisser et préparez le départ non ? Au pire, si ça se passe mal, vous serez vite ici non ? "

Il n'en fallut pas beaucoup plus pour qu'ils accèdent à ma requête. Je ne m'y attendais pas réellement, mais ils levèrent leur voile, redevenant visible pour tout un chacun, et quittèrent la pièce. Tous, même leur leader, mais ce dernier pas sans un regard de défi à mon encontre. Je savais ce que ce regard cachait comme message.

" Il n'y a rien à craindre, mais si c'est ce qui t'inquiète, tiens... "

Je décrochais mon arme de mon dos et je la lui lançais. Et alors qu'il l'attrapait, j'ajoutais :

" L'abimes pas. Sinon... "

Il ricana. Même s'il avait un masque entier sur son visage, j'en étais sur. Saloperie de gardien de merde. Mais revenant à mon interlocutrice, je répondais enfin à ses autres questions :

" Ce n'est pas mon vaisseau. Ce XS a toujours été ici. Une fois, avec Dak', on a trouvé cet endroit et la bande qui y vivait. Et on en a fait notre cachette. "

Dakin. Une autre teigne que celui-là, mais il me manquait. Un padawan qui, une fois la confiance acquise, était loyal. Un vrai pote et surtout, un caractère de Corellien. Malheureusement, comme beaucoup d'autres, il avait disparu dans une mission.

" Ca m'occupe juste... Il n'y a rien à récupérer sur cette épave. Même son navigateur de bord est endommagé. "

Ça me détendait, tout simplement.

" C'est bien que tu aies un Maitre sympa. Je ne me rappelles plus trop de ce Karm, mais s'il fait ça, c'est qu'il est pas si strict que les autres. Tonton, lui, n'aurait jamais cautionné de franchir ce genre de limites. "

Tonton. Je n'en avais plus parler depuis longtemps. Pourtant, j'étais bien le neveu du non moins connu Maitre Leonard Tianesli, qui avait siéger au Conseil. Et qui m'avait exilé jadis sur Tanaab, au sein de l'Agricorps. D'ailleurs, quand j'y repense, je ne l'avais pas revu depuis ce jour. Il y a cependant une phrase que j'éludais de sa sympathie à mon égard... Je n'étais plus le garçon qu'elle avait connu. Ce n'était pas faux. Mais était-ce impoli de ne pas répondre ? Alors que j'utilisais une clé pour démonter un boulon, mon mouvement s'arrêta.

" C'est vrai. Je ne suis plus cet adolescent. "

Mon regard se redressa doucement vers elle, alors que Bogan, son obscurité en moi m'hurlait de plus en plus de céder. Pourtant, je le réprimais, et ma voix n'était pas sombre, juste monocorde, vide d'émotions.

" Pourquoi es-tu là ? "

Elle me l'avait dit, mais devais-je m'en suffire ? J'étais allé au Temple, j'y avais encore quelques connaissances. Je n'avais pas été les voir, ni leur parler. Je ne m'étais même pas approcher du palais et de Mylésia. En même temps, les Ombres ne m'y auraient pas autorisé. Mais elle, elle était venu. Et mon esprit n'arrêtait pas de me demander pourquoi.

" Pourquoi rester, si tu sais que je ne suis plus cet adolescent ? "
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Les fantômes sortirent des Ombres. Elle connaissait ces techniques mais les éprouvaient dans ce contexte la déstabilisait profondément. Qui étaient-ils ? Pourquoi Zelonion se sentit obligé, en gage de bonne foi, de leur donner son arme ? Devait-elle se sentir en danger ? Les questions se bousculaient dans l’esprit de l’adolescente et l’instabilité de l’aura de son ancien camarade ne la rassurait guère. Pourtant, une fois ces étranges présences évanouies, le sentiment qui la domina n’était pas l’insécurité mais l’inquiétude. Elle aurait été parfaitement aveugle, ou bien égocentré, pour ne pas sentir l’étrange état dans lequel se trouvait le jeune homme. Le trouble en lui, profond. Un chaos intérieur mobile et fascinant, proprement superbe : beau et inquiétant.

« C'est bien que tu aies un Maitre sympa. Je ne me rappelles plus trop de ce Karm, mais s'il fait ça, c'est qu'il est pas si strict que les autres. Tonton, lui, n'aurait jamais cautionné de franchir ce genre de limites.

– Oui, le Chevalier Karm est connu pour sa pédagogie… Singulière ? Il me fait confiance et je fais mon possible pour ne pas lui donner tort. »

En même temps qu’elle parlait, elle sourit doucement. Que d’aventures déjà. En un mois, elle avait tellement plus à raconter qu’au cours de toute l’année précédente. La Force l’avait guidé jusqu’à un homme surprenant et il semblait qu’il avait trouvé en elle une apprentie à la hauteur de son originalité. Autant elle avait eu spontanément envie de tout partager avec Seïid, autant il lui semblait déplacer d’en dire davantage aujourd’hui. Elle avait entendu parler de Maître Tiasneli, comme de tous les membres du Conseil Jedi, mais qu’était-il devenu ? Il ne faisait plus parti du Conseil, elle n’en savait guère plus. Les temps étaient si troubles… L’Ordre Jedi le comptait-il aussi au nombre des disparus ?

« Pourquoi es-tu là ? pourquoi rester, si tu sais que je ne suis plus cet adolescent ? »

La question, posée sans violence, n’en était pas moins dénuée. S’il n’avait pas été des plus chaleureux jusque-là, il n’avait pas ainsi marqué la distance qui les séparait. Il venait de les renvoyer à leur statut d’étrangers, l’un pour l’autre. Un abîme les séparait.

« Parce que nous nous sommes connus. Parce que je suis heureuse de te savoir de retour. Parce que j’avais envie de te parler. Parce que maintenant que je suis là, je sens tout ce qui est en toi et que… J’aimerais t’entendre. Te faire savoir que tu étais attendu – même par une enfant. Te faut-il une autre raison ? Sa voix était douce, posée. Elle était sincère et parlait presque en murmurant, comme pensivement. Elle ajouta : Si tu souhaites rester seul, ou du moins, si tu es trop occupé pour m’accueillir, je comprendrais, je ne veux pas te causer la moindre gêne. »
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« Parce que nous nous sommes connus. Parce que je suis heureuse de te savoir de retour. »

De retour ? Je ne l'étais pas. J'avais donné, tenté de revenir à une époque vers la voie du Jedi. Et mon corps en avait encore les cicatrices. Mon âme était encore déchirée de ce que m'avait apporté cette tentative vaine de devenir ce que ma famille avait un jour pu attendre de moi.

«Parce que j’avais envie de te parler. Parce que maintenant que je suis là, je sens tout ce qui est en toi et que… J’aimerais t’entendre.»

En moi ? Mes yeux se ferment alors que je comprends qu'à ses yeux, je suis comme un livre ouvert. Pourtant, une part de moi veut la garder éloignée de ce que je suis devenu. Ce qui est en moi, ça n'a rien à voir avec le novice idéaliste qu'elle a pu croiser, même si ce conflit était déjà naissant à l'époque. Mes années auprès des Sith ont alimenté l'influence de Bogan, et brouillé tout ce que je croyais connaître jusqu'à alors. Mon esprit n'était pas sain, il était déchiré, en morceaux, et parasité par...

~Moi~

Mes mains s'arrêtent alors que cet écho vient éteindre mes sens, et alimenter ma torpeur. Une fraction de seconde, l'espace et le temps se figent, et je ressens à nouveau ses griffes m'étreindre.

«Te faire savoir que tu étais attendu – même par une enfant.»
~Un mensonge. Où était-elle ? Où étaient-ils tous ? Cachés derrière leur paix. Juste caché. Personne ne t'attendait. Personne n'est jamais venu...~

L'ombre apaisante des gardiens n'étaient plus là. Et l'obscurité sortait. Mes mains se portèrent à mes oreilles, et oubliant que je n'étais pas seul, je souffrais mentalement de ces échos qui ne venaient que des tréfonds de mon âme. Alors que mes yeux se fermaient, et que mon corps pliait genoux sous une douleur mentale, je luttais en vain contre des réminiscences d'un passé trop douloureux encore.

-"Arrêtes ! Arrêtes de mentir !" déclarais-je, ma voix montant crescendo. Mais comprendrait-elle que ce n'était pas pour elle. Ou pas que. Comprendrait-elle, cette "amie" du passé que mon âme était détraquée et que celle-ci était la réelle cause de ma souffrance ?

~Moi ? Moi je mens ? Où était-elle pendant que tu découvrais la réalité de leur pouvoir ?~
-"TA GUEULE !"

Un nouveau cri, qui fut accompagné d'un violent mouvement de ma part : frapper ma tête contre la paroi du XS proche. Mon but unique était de ne pas céder, ne pas flancher, ne pas oublier que j'avais promis de résister le temps de ce voyage à mes démons et leur noirceur. Et alors que ma tête heurtait violemment sa cible, l'écho s'éteignait, et mon esprit me rappelait la présence de la Miraluka.

-"Désolé..."

Mon ton était nettement plus calme, réellement plaintif. Alors que je sentais le sang couler de mon front, je tournais mon regard vers elle :

-"Je suis vraiment... désolé..."
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Le chaos émotionnel dans lequel plongea le jeune homme stupéfia l’adolescente. Elle n’était pas préparé à une telle détresse et n’avait jamais assistée à une telle scène. Tous les signes semblaient hurler la folie de Zelonion plutôt que de seulement la suggérer et à la fois, pouvait-elle le qualifier ainsi ? Elle sentait l’Ombre et la Lumière en lui se battre, incapables l’une et l’autre de la moindre concession, elles s’entredéchiraient et semblaient tout juste capables de maintenir son unité. Elle n’avait jamais senti un tel antagonisme à l’intérieur d’une unique personne. Quelque part, il lui semblait qu’un accès de folie de plus et c’était l’enveloppe même du Padawan qui allait se déchirer pour laisser s’échapper ces deux dragons qui l’habitait.

D’abord silencieuse, partagée entre la stupeur et la fascination, elle commença à nouveau à construire le fil de sa pensée et lors, une profonde compassion l’envahit en même temps que s’y mêlait une grande admiration. Sa volonté, pour parvenir à ainsi garder le contrôle, devait être de titane. Elle sortit un mouchoir en tissu de sa bure, et lui tendit pour qu’il attrapât la perle de sang qui dévalait son front.


« Tu n’as pas à l’être, Zelonion. Je me suis imposée à toi. Je suis venue ici, sans y être invitée, alors qu’il est évident que tu avais d’autres soucis que de renouer avec un bébé padawan. J’étais déjà indiscrète à l’époque, il semble que je n’ai pas beaucoup mûrie. Mais je ne te mentais pas. Je suis sincère quand je te dis que si je suis venue, même égoïstement, c’est parce que je m’étais inquiétée, que je suis heureuse de te revoir, même dans l’état de trouble qui est le tiens, visiblement.

Pourtant, je ne te ferais pas l’affront de te dire que je te comprends, que je sais ce qu’il t’arrive ou que je compatis – même si cela me peine de te voir ainsi tourmentée. Je ne sais pas quoi faire, quoi te dire, et je comprendrais que tu me demandes de partir bien que je veuille t’aider dans la mesure où je le peux.

Je partirai, si tu me le demandes, mais j’ai l’impression que sitôt que je quitterai cet endroit, tu disparaitras de nouveau, quoi qu’il advienne, je me trompe ? Alors, c’est idiot mais… j’aimerais que tu me racontes qui tu es maintenant parce que j’aimerais continuer de te connaître. »


Le visage de l’adolescente était véritablement soucieux. La situation lui échappait, le passé lui semblait si loin. Qu’avait-il vu ? Qu’avait-il souffert pour, d’un Padawan aimable, avenant, drôle, devenir un homme si tourmenté ? Si déchiré entre Ombre et Lumière ? Et pourtant, si superbe, profondément, en cela qu’elle l’admirait autant qu’elle craignait ce chaos qui l’habitait. Elle qui avait vu tant d’équilibre, tend de Lumière dans le Temple, découvrir aujourd’hui une peinture si mouvante, si volatile. Elle n’aurait jamais pensé que de toute cette violence pouvait émerger une si belle symphonie.
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-"Non, tu ne te trompes pas."

J'étais maintenant assis, adossé au XS, et en partie sonné. J'avais mal, mais il se taisait. Et c'était le principal. Parce que mon arme en moins n'était pas un frein suffisant. Et je me savais capable. Autant que je ne voulais pas que ça arrive. Et elle ne se trompait pas, j'allais disparaitre à nouveau lorsque l'heure du départ serait venue.

-"Je ne suis revenu ici que pour apporter un message à Saï Don."

Et cette tâche était remplie. Du coup, j'étais passé à la suivante : assurer le voyage vers Refuge pour mes vieux amis de bande. Une chose qui ne leur apporterait pas la richesse ou une vie meilleure, mais qui leur apporterait une vie digne, plus utile qu'ici.

-"Je ne te demanderais pas de partir..."

Ni de rester. Ce serait son choix, et j'avais l'impression qu'il était déjà arrêté. Mais ce lieu ne m'appartenait pas, et par la même la décision qu'elle me confiait. Du coup, je la refusais, mais poliment. Et mon regard vint vers elle.

« ...j’aimerais que tu me racontes qui tu es maintenant » Tels étaient les mots qu'elle avait employés. Mais comment lui dire, alors qu'elle s'était qualifié de "bébé Padawan" ? A son âge, mon enfance s'était déjà envolé. J'avais croisé la route des Sith, connu leurs geôles sur le vaisseau-prison, été découpé par leur saloperie d'Impératrice à la peau rouge, et je courrai la Galaxie en quête d'une idée plus chimérique qu'autre chose. Devais-je supposé que, s'appelant bébé, j'allais détruire son innocence par un récit. Devais-je ruiner l'image qu'elle semblait avoir de moi, se souvenant de l'adolescent que j'avais été en lui parlant de Korriban, de ce que j'y avais subi ? De mes doutes sur l'Ordre qu'elle servait ?

-"Soit honnête. Tu le vois n'est-ce-pas ? Tes yeux te le permettent..."

L'emploi du mot n'étaient pas une insulte envers les organes qui lui manquaient, et le ton permettrait j'espère de le comprendre. Mais j'avais connu plusieurs Miraluka, et m'était montré curieux à leur égard. Je savais que je n'avais pas la sagesse pour lui cacher ce que j'étais. Et j'imaginais ce qu'elle devait voir.

-"La Force est déjà particulièrement présente dans ma famille."

Ce n'était pas une vantardise. Je savais que mon oncle avait ce don, ainsi que deux de mes cousines. Et si j'ignorais tout de ma soeur, la vérité voulait qu'elle l'ait aussi. Cinq membres sur 2 générations... Combien de fois ça arrivait ?

-"Mais ça ne me suffisait pas. Pour retrouver quelqu'un, j'ai oublié toutes les mises en gardes qui pouvait exister, et j'ai créé en moi deux entités que je ne maîtrise pas. Que je ne maîtriserais peut-être jamais."

Mon regard l'avait quitté, se perdant dans le mur face à moi, qui s'effritait de plus en plus avec les années. Mais je ne le voyais pas... Je la voyais elle, apparaitre sous mes yeux seuls, adossée au mur face à moi et me souriant. Encore une fois, elle prenait l'apparence d'Hélène.

-"Tu me prendras peut-être pour un fou, et je le suis probablement. Perturbé par ces voyages, meurtris par les mensonges des Sith et dégouté des secrets de l'Ordre."

Je croyais Velvet, et elle avait au moins le mérite de ne pas me mentir ou me cacher une partie de vérité pour "le plus grand bien".
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La jeune fille prit conscience de l’absurdité de sa question. Elle le voyait. Avant même qu’elle ne pénétrât en ce lieu, elle avait déjà senti les fureurs qui habitaient Zelonion. Comment pouvait-elle ne pas avoir deviné que de tous, il était sûrement le plus incapable de se raconter, de se dire qui il était à l’instant. Mais au-delà de ce constat, ce qui la sidéra, c’était qu’on laissait le jeune homme repartir dans cet état. Était-ce ainsi que l’Ordre Jedi, en temps de guerre, prenait soin de ses membres revenus meurtris du combat ?

« C’est moi qui serait folle de te juger, du haut de mes quinze ans, pensant être à l’abri de la moindre faute. Quand je vois comment ce voyage t’a affecté, je me pose simple cette question : quelle était cette personne ? Combien devais-tu y être attachée pour considérer que de tels risques en valaient la peine.

Je ne sais que te dire. Je n’ai jamais senti de telles présences en une personne. Tout ce que je sens, c’est que vous formez une unité, malgré tout. J’ai la sensation, même si je ne sais guère comment te l’expliquer, qu’elles ne sont pas ‘autres’ de toi. Elles en sont justes des formes exacerbées ; et j’ignore si cela signifie réellement quelque chose.

Je sais aussi, pour l’avoir lu, que les gens de mon espèce sont capables de partager leur vue avec quelqu’un, pourvu que l’un et l’autre parviennent à se faire suffisamment confiance et à entrer en résonnance lors d’une méditation commune. Aujourd’hui, j’en suis certainement incapable, j’ignore encore trop de choses sur la Force, mais demain ? »


Son demain, un peu poétique, faisait entendre clairement le désir qu’elle avait de recroiser un jour la route de son camarade – qu’importe s’ils devaient se quitter aujourd’hui pour un long moment. Sans savoir ce qu’il fixait, qui ne regardait pas un mur lorsqu’il était pensif ? Elle vint se placer face à lui et s’assit, cherchant à soutenir son regard avec simplement son bandage. Elle n’avait pas peur, malgré l’accès de violence. Elle avait confiance en la Force et savait, au fond d’elle, que ce besoin qu’elle avait eu de le voir n’était pas anodin. Ils pouvaient s’aider, se grandir.

« Est-ce que je peux, simplement, avoir ta main ? »

Avant de s’empresser d’ajouter avec un sourire.

« La bonne, bien sûr. »

Décidément, elle commençait à s’épanouir dans l’humour un peu taquin et étrange de son maître. La demande pouvait paraître curieux, mais peut-être s’en souviendrait-il. Les yeux disent beaucoup, ce qu’elle ne peut dire, elle le dit à travers des contacts simples et à travers les sentiments qu’elle pouvait alors transmettre aux gens. Elle n’avait pas peur, elle était inquiète mais aussi profondément touchée par le sort qui s’obstinait contre lui. Elle voulait, un instant, le soulager un peu de la solitude dans laquelle il semblait s’enfermer et peut-être, grâce à cela, l’amener à en dire davantage, à laisser un peu s’épancher, par la parole, son cœur.
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« ... je me pose simplement cette question : quelle était cette personne ? Combien devais-tu y être attachée pour considérer que de tels risques en valaient la peine. »

Velvet. Bien qu'elle ne me devait rien, alors même que mon oncle avait refusé de me porter secours sur le vaisseau prison, elle était venue. Elle m'en avait sorti, et m'avait ramené à bon port tandis que mon esprit ne gardait qu'une image floue d'elle. Et comme l'ombre qu'elle était, elle avait disparue, me laissant la vague impression d'avoir rêvé. Mais les archives étaient claires, et ne faisait pas mention de mon retour avec ceux dont le Chancelier Arnor avait négocié la libération.

« Je ne la connaissais même pas. Une étrangère à l'époque... et maintenant la plus précieuse de mes amies. »

Je laissais échapper cette information pour satisfaire sa curiosité, mais je ne voulais pas trop en dire. Je savais ce que son nom représentait, qu'il était encore lié à de vieux avis de recherches dans le territoire de la République. Saï Don pouvait savoir, en raison de leurs connivences propres, mais il était inutile que ce détail se répande.

« Est-ce que je peux, simplement, avoir ta main ? La bonne, bien sur. »

Elle était maintenant face à moi, et je la regardais tandis qu'elle me posait la question. Mon esprit se demandait pourquoi, ce qu'elle voulait faire, tenter au contact de ma paume de chair. Et alors que je réfléchissais, l’apparition d'Ashla adossée contre le mur s'évanouit pour réapparaitre à ma droite, assis près de moi. A gauche, Bogan apparut. Le plus étrange, c'était que cette fois, la forme qu'ils prirent chacun était le parfait reflet de l'être que j'étais. Et alors que ma main se levait, tout réagissait comme si j'étais entouré de miroirs. Si ma main pivotait, la leur aussi ; si elle s'avançait, la leur aussi ; si elle s'arrêtait, la leur aussi...

Je tendis ma main, et mes doubles firent pareils, jusqu'à ce que nos mains ne fassent qu'une. Et alors que je regardais ma propre main, je me surprenais à avoir du mal à en soutenir la vue. C'était comme si, en un endroit, l'intégralité de mon âme, de mon ressenti, de mon vécu se retrouvait enfermé. Devais-je avoir peur ? Devais-je refuser le contact ? Quel effet ce qu'elle comptait faire aurait pour moi ? Et pour elle ? Trop de questions, mais aucune réponse ni même de réaction. Le temps s'écoulait si vite, mon bras n'eut pas le temps de suivre mes raisonnements qu'il était trop tard.

Je ne pouvais plus que voir, alors que je sentais la présence de Bogan tenter encore de s'imposer.

~Laisse-moi ! Je veux m'amuser... Lui faire voir la vérité...~

-*Non !*

Je chassais cet ombre, cette part de moi-même selon le ressenti de ma jeune amie, afin de la protéger de ce que j'étais, avais pu être, et de ce qu'à jamais j'étais devenu.
Thann Sîdh
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« Ne t’inquiète pas, je veux juste te faire sentir ce que je sens, lorsque je te vois, faute de pouvoir te faire partager ma vue. Ce sera toujours plus parlant ainsi que si j’essaye de trouver les mots… Ils seront toujours trop limités. »

Elle lui sourit, chaleureusement. C’était ainsi qu’elles procédaient avec Seïid, lorsqu’elles ne trouvaient plus les mots, lorsqu’elles ne voulaient plus en parler, lorsqu’elles voulaient… se comprendre pleinement et non pas l’imaginer seulement. Elle glissa finalement sa main dans la sienne, plus qu’elle ne la prit vu leurs tailles respectives, et se concentra.

« Concentre-toi simplement sur nous, oublie le reste du monde. Concentre-toi sur ma respiration, oublie la tienne. Suis les battements de mon cœur, qu’ils deviennent les tiens. Je deviens toi, tu deviens moi. Ne pense plus que nous. »

En même temps qu’elle guidait celui qui était désormais un adulte, elle suivait ses propres conseils et bientôt les limites entre ce qu’elle considérait comme elle et ce qu’elle considérait comme lui, un temps plus tôt, s’effondrèrent. Elle accepta sa présence en elle, comme il la laissait entrer en lui. Si elle ne pouvait encore lui apprendre à voir à sa façon, du moins pouvait-elle lui donner accès au sentiment le plus exact qu’il faisait naître en elle. à ce sentiment de partage, d’instabilité, de violence et pourtant de courage, de force et de perpétuelle reconstruction.

Bien sûr il était une part d’ombre, mais il était aussi sa lumière. Bien sûr, il ne connaissait plus l’harmonie, mais il recherchait son propre équilibre.


* Sens-tu ? *

Si profondément lié, les mots n’avaient plus besoin d’être prononcés pour être entendu de l’autre. Plusieurs fois, des maîtres l’avaient averti contre cette technique. Faire ainsi disparaître les frontières, s’étaient risqués de tisser des liens trop profonds, de tromper le jugement. Mais son Maître, lui, lui faisait confiance et l’avait convaincu : un Jedi devait vivre s’il voulait pouvoir défendre la vie. Alors soit, elle franchissait les barrières, encore, et partageait avec Zelonion un moment de grande intimité. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment, elle avait le sentiment que cela pouvait l’aider et qu’elle n’avait guère besoin d’autre motivation. Au fond, même occupait qu’il était à dompter son dragon intérieur, il restait un être bon et soucieux des autres puisqu’il avait préféré se faire du mal que de lui en faire. Pour le sang qui coulait de son front, elle pouvait prendre ce risque.

* Comprends-tu ? Ce fragment de toi, si noir, n'est qu'un fragment de toi, comme l'est ta blancheur. Il ne peut te dominer, car il n'est pas tout entier toi. Et tu ne peux l'ignorer, car il sera toujours là. Je ne sais comment t'amener à trouver l'équilibre ni même comment t'éviter de souffrir. Je sais juste que vous êtes liés et qu'il gagnera si tu ne parviens à l'accepter car il se nourrira de la violence que tu jetteras contre lui. Zelonion, tu souffres, je le sens. Tu as souffert et continue de souffrir. Et tu es si en colère... Tu ne peux l'ignorer, alors accepte-le, tu n'en seras pas moins beau. Tu trouveras un nouvel équilibre, tu sauras apprendre, de nouveau, à vivre avec toi et avec les autres. J'ai confiance en la volonté qui t'anime et en ton cœur. Il est le même, le jeune adolescent qui m'aida par le passé et ce jeune homme à qui je tiens la main aujourd'hui et qui pour m'épargner à préférer se faire du mal - il n'a fait que vieillir, et vivre, et se laisser marquer par les épreuves et le temps. *
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J'étais comme emporté, moi et mes autres facettes, dans son monde. Et ainsi immergé dans la Force, j’entrapercevais ce qu'elle voyait de moi, ce qu'elle en comprenait. Je connaissais cette impression, mais pas à ce niveau. Pas de cette manière non plus.

*Zelonion, tu souffres, je le sens. Tu as souffert et continue de souffrir. Et tu es si en colère...*

Elle voulait m'aider, c'est en tout cas ce que j'en comprenais. Mais finalement, ce qu'elle voyait, cette part, ce n'était pas elle la noirceur. Dans ce monde, dans ce que je percevais de moi, j'étais convaincu que ce qu'elle prenait pour mon obscurité, c'était les cicatrices de la réelle ombre qui se tapissait en moi.

*Tu trouveras un nouvel équilibre, tu sauras apprendre...*

Peut-être. Peut-être qu'un jour, j'y arriverais. Mais à ce jour, il n'y avait qu'une personne qui y était parvenu à mes yeux, et je m'étais attaché à cette personne beaucoup plus profondément que je n'aurais pu le faire d'un maître. Mais derrière toutes ces vérités, je ressentais aussi les siennes. Thann était curieuse, et je penses réellement désintéressée. Mes doigts glissèrent entre les siens, se repliant sur le dos de sa main, et je m'y risquais : j'abaissais les barrières. L'impression fut étrange, car j'eus jusqu'à l'impression que Bogan et Ashla revenaient en moi, comme pour ne plus faire qu'un.

*C'est différent, vu d'ici...*

Je l'invitais, tentant également de la protéger en partie de l'obscurité qui sommeillait en moi. Mais je ne pouvais pas tout cacher, tout contenir. Car il n'y a pas de Lumière sans Obscurité... Telle était la leçon de Tython. Le souvenir de ce berceau se matérialisait à mon esprit, et j'espérais au sien.

*J'ai été orgueilleux. J'ai été prétentieux.*

Je me souvenais de ma quête, aux mobiles égoïstes. Je me souvenais des embûches, et même des orages cosmiques qu'on avait du traverser juste pour assouvir les envies d'un adolescent capricieux. Les Nexus et leurs pouvoirs, ce monde dangereux qu'était Tython, Bogan et Ashla les deux lunes, et surtout lui... Ce Dragon au cuir épais qui nous avait défait, moi et Joclad.

*J'ai cru que je pourrais contrôler ce pouvoir. J'ai voulu utiliser les Nexus. J'étais un idiot.*

D'ailleurs, il y avait fort à parier que je l'étais toujours.

*J'ai cru que le premier était un Nexus de Lumière, qu'il m'aiderait dans ma recherche. Et Bogan s'est immiscé en moi.*

Bogan. Le pire de mes ennemis. Il se dessinait, tranchant l'air de ma lance, dévoilant les pires choses que j'avais pu faire ses derniers mois.

*Je n'ai plus rien du Novice que tu as connu. Je n'en suis pas plus un Sith. Je suis juste... quelque chose d'autre.*
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L’expérience se prolongeait et l’esprit des deux Jedis s’entremêlaient, se jaugeaient, cherchaient à se comprendre, à sympathiser au sens le plus profond du terme, à ressentir ce que l’autre ressentait, pleinement. Les aveux du jeune homme ne l’inquiétèrent pas. Il avait fauté, il avait conscience d’avoir fauté, qui eût-elle été pour lui jeter la pierre ? Cependant, elle décida de mettre fin d’elle-même à l’expérience. Au-delà de la fatigue que cela représentait pour elle, un doute avait surgi en elle. Alors que son esprit revient lentement à son unité, elle lui sourit et lui répond :

« Bien sûr que tu n’es plus le même, Zélonion, et moi-même j’ai changé. Qu’espérais-tu, rester toute ta vie un adolescent ? Elle rit doucement, brièvement, et reprend : Je ne suis pas une consulaire ni une médecin. Ce que tu gardes au fond de toi, je serais imprudente d’en approcher comme tu as été imprudent sur Tython. Ne serais-je pas particulièrement idiote, lorsque tu me dis les bêtises que tu as pu faire, de les réitérer dans la foulée ? Elle marqua une pause, toujours souriante, sans avoir lâché les mains de celui qu’ele considérait toujours comme à l’époque, son camarade faute de se connaître assez pour être ami. Tu vois ? Tu continues de m’enseigner, comme tu le faisais, et de m’apprendre ce que j’ignore encore. Je suis intimement convaincue que d’autres, plus compétents que moi, sauront t’apprendre mieux que je ne le fais. Je ne veux pas prendre le risque d’aggraver tes souffrances uniquement par orgueil ou par une curiosité mal placée. Tu comprends ? Mais je tiens aussi à te remercier pour avoir… Partagé cela avec moi. »

– Et pourtant, tu es là ? Tu es restée, même quand d'autres auraient préférés que tu partes ? Tu es venue, alors que d'autres ont tout simplement disparus ? »

Ses paroles avaient quelque chose de sibyllin que l’adolescente avait du mal à saisir. Il semblait presque se parler à lui-même plutôt que de s’adresser à elle, chargé son propos de sous-entendu qu’elle était bien incapable de comprendre. Il poursuivit pourtant.

« Mon amie m'a appris que l'on va voir un médecin lorsque l'on a quelque chose à guérir. Mais ce mal, comme tu l'as dit tantôt, fais partie de moi. Il fait partie de ton ami. »

Il avait insisté sur le mot et cette insistance la fit sourire. Ce qu’ils venaient de partager, elle n’aurait pas su le partager avec quelqu’un d’autre qu’un ami. Elle ne voulut pas insister. Elle ne pouvait décider pour lui de ce qui était le mieux. Bien sûr, si le choix lui avait été donné, elle l’aurait emmenée voir le meilleur spécialiste Jedi quant au traitement des syndromes post-traumatique et de la psyché. Elle se tut donc, et continua de l’écouter.

« Il y a certaines choses que je regrettes. J'ai tué des innocents, abîmés d'autres... J'ai transgressé un nombre incommensurable de fois les règles de l'Ordre. J'ai presque été tenté de rejoindre le camp adverse. Mais je ne regrette pas Tython. Ce voyage... ce voyage est la clé de la liberté que j'ai aujourd'hui. Les Consulaires, les médecins, et même les Maitres... Ils peuvent aller se faire voir. Qu'ils aillent au Diable. Toi, tu es venue. Juste toi. Cela te rend beaucoup plus apte à m'aider qu'eux tous réunis. »

Elle sentait, aussi bien dans les paroles que dans son aura, le tourbillon d’émotions négatives que l’évocation de leurs aînés évoquait en lui. Elle ne pouvait faire autrement que de s’en trouver chagriné et, à la fois, elle ne savait quoi lui dire. Pouvait-il réellement en vouloir ainsi à tous ces gens alors même qu’il n’avait passé au Temple qu’à la façon d’un coup de vent ? Ils n’auraient probablement pas entendu parlé de sa venue avant qu’il ne soit reparti. Elle-même, si elle était au courant, c’était bien grâce à Seiïd ! Il ne lui laissa pourtant pas vraiment le temps de répondre, peut-être trouverait-elle l’occasion plus tard ?

« As-tu faim ? Il se fait tard. Je peux peut-être t'inviter, et te ramener ensuite au Temple ?

– Me ramener ? Tu as peur que je ne me fasse manger toute crue sur la route du retour ? Elle rit avant de reprendre très vite. Je crois que je n’ai même jamais mangé dans un restaurant d’Iziz depuis que je suis sur Ondéron… Tu m’emmènes où ? »

Les padawans n’avaient pas d’argent de poche, il le savait, si bien que s’il lui proposait de l’inviter, elle ne pouvait qu’accepter humblement, le remercier, mais surtout pas payer sa part ; elle savait qu’elle aurait l’occasion, un jour, de lui rendre la pareille et ne se formalisait pas pour si peu.
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