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# Au détour d'un chemin [PV Yath] - Lun 24 Sep 2018 - 15:35
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Lun 24 Sep 2018 - 22:02
Après un déjeuner copieux en compagnie d'autres Padawan qui l'avaient honoré de leur compagnie, Yath Von avait décidé d'user son après-midi à inspecter les quelques fleurs qu'il avait plantées quelques semaines auparavant. Celles-ci, selon les informations qu'il avait eues de l'un de ses coreligionnaires, venaient d'éclore pour la toute première fois. Il semblait donc naturel que celui qui les avait ensemencé ait le droit d'admirer ce que cette flore, si harmonieuse que l'on savait tout de suite qu'elle n'était pas naturellement disposée, avait pu bien donner.
Yath, sur la route vers le parc du temple, avait relu l'inventaire des plantes qu'il avait mis en terre : quelques anagallii, classiques mais très efficaces pour égayer un jardin par leurs couleurs châtoyantes, des asyrs importées tout droit de Bothawui dont les embruns étaient réputés parmi les plus agréables en horticulture ainsi qu'une poignée de Nannariae, originaires de Drall dans le système Corellien, qui étaient connus pour leurs larges pétales rayonnant d'une douceur couleur bleue tirant sur l'indigo quand ils venaient d'éclore. Si planter ses fleurs dans un sol aussi fertile que celui des jardins du temple Jedi ne représentait en aucun cas un défi ardu à relever, le Padawan ressentait une certaine fierté à savoir que ses pousses avaient grandi sans encombres et qu'il pouvait, maintenant, aller admirer le résultat et, si besoin était, prendre quelques notes.
Quelques minutes suffirent pour que le Kel Dor arrivât dans les jardins. Certains initiés étaient tranquillement assis dans l'herbe, à méditer ou à discuter tout en profitant du maternel soleil au-dessus d'Ondéron. On apercevait, au loin et légèrement dissimulées par l'épaisseur de l'atmosphère, les larges courbes de Dxun. Les jardiniers de l'AgriCorps, eux, se trouvaient plus loin, près des potagers. Si la plupart d'entre eux se plaisaient souvent à prodiguer de nombreux soins aux fleurs, leur première mission était avant tout de cultiver de quoi nourrir les maîtres, les chevaliers et les Padawan de l'Ordre.
Pour ce faire, ils avaient l'usufruit de nombreuses serres à l'extérieur du temple et de quelques potagers discrets, dans l'enceinte de celui-ci, où ils invitaient les initiés qui le voulaient à partager un moment avec eux en ensemençant et en déracinant les légumineuses et autres plantes nutritives mises à disposition de celles et ceux qui avaient faim. En ne regardant qu'à peine autour de lui, il aperçut rapidement le carré de jardin où il avait planté les fleurs. Effectivement, celles-ci avait goûté les généreux rayons de lumière et la pluie rafraîchissante des nuages ondéroniens à tel point qu'elles avaient fini par s'étendre de tout leur long, comme si elles en demandaient encore plus. C'était, à n'en point douter, un beau parterre de fleurs et Yath Von en tirait une grande satisfaction. Cela compensait pour la fois où il avait tenté, en vain, de planter des fleurs N'Omis qui n'avaient pas supporté de vivre ailleurs que sur Toydaria. Il avait finalement dû se résoudre à abandonner, ce qui ne lui était pas familier dans le domaine de la botanique.
Devant le parterre, le Kel Dor mit un genou en terre afin d'apprécier davantage les belles fleurs qui s'offraient, devant lui, au soleil. Il regrettait alors de devoir porter ce masque anti-Ox qui l'empêchait de respirer les doux arômes que ces beautés devaient dégager de leurs pétales et de leurs pistils gorgés de pollen. Et il se consolait en se disant que ce même masque le protégeait des rhumes des foins. Le plus délicatement possible, il releva l'un des pétales de l'anagallia la plus proche de lui et la souleva pour en apprécier les reflets presque irisés, signe d'une bonne hydratation. Puis il dégagea quelques morceaux de terre, tout précautionneusement, pour voir si les racines étaient bien enfoncés dans le terreau. De l'une des poches de sa besace dans laquelle dormaient de nombreux bouquins qu'il avait emprunté à la bibliothèque du temple, le Padawan en sortit un petit datapad, son carnet de notes personnel, et il s'attela à prendre de nombreuses informations sur les fleurs en face de lui : leurs tailles, leur âge depuis l'ensemencement, et d'autres observations quant à leur santé générale.
Il se demandait alors si les pollens produits par les fleurs mâles allaient pouvoir, à terme, être croisés avec des spécimens femelles d'autres fleurs pour en faire des greffes tout à fait nouvelles. C'était, en effet, un projet qu'il nourrissait de longue date et il en avait longuement parlé avec des membres de l'AgriCorps qui l'avaient encouragé à tenter l'expérience, sans doute enthousiasmés par l'idée d'assister à l'éclosion du produit d'un croisement entre un nannarium et une asyr. Il y avait de quoi l'être, assurément : ces deux fleurs étaient magnifiques, sans doute qu'une espèce née des deux pouvait l'être encore plus. Le Kel Dor approcha donc davantage sa tête pour regarder les pistils et les androcées de chacune des fleurs et, tout en griffonnant sur son datapad, surveillait attentivement les étamines des mâles, les carpelles des femelles. Très attentivement...
Il sursauta d'un coup alors qu'une voix se fit entendre derrière lui. Comme à son habitude quand il étudiait les fleurs et les autres plantes, il avait fini par ne plus prêter attention à ce qui se passait autour de lui. Comme lorsqu'il était en méditation. D'ailleurs, il lui arrivait de se demander si étudier la botanique n'était pas, un peu, comme une forme de repos de l'esprit qui l'aidait à se concentrer davantage, une fois sorti de son étude, sur d'autres problèmes. Peut-être était-ce, après tout, une forme de méditation introspective. Il avait d'ailleurs tendance à ne plus s'entendre réfléchir quand il étudiait les plantes. Il se retourna immédiatement pour voir de qui provenait cette voix. Il tomba nez à nez avec un Whiphid, grand et massif comme la plupart de ceux de son espèce, enveloppé dans une grande bure de Jedi. Aucun doute pour le Kel Dor : il s'agissait de maître Tore. Ni une ni deux, le genou de Yath quitta la terre et il se leva pour mieux s'incliner, par la suite, face au maître Jedi, comme le voulait le protocole. Puis il releva doucement la tête.
"Maître Tore, je ne vous avais pas vu, tenta de justifier le jeune Padawan. Oui, c'est une très belle journée."
Le regard de Yath quitta le maître Jedi pour se poser, à nouveau, sur les pétales des fleurs. S'il ne se l'admettait même pas à lui-même, il était fier qu'un maître Jedi pût admirer ce qu'il considérait comme sa création. Si le maître admettait lui-même, malgré tout, qu'il ne connaissait pas les subtilités de la botanique, tout le monde avait une attirance pour les belles choses que la nature avait à offrir. Retour sur le maître.
"J'ai planté ces fleurs il y a quelques temps, je désirais voir où elles en étaient, renchérit le Kel Dor. Désirez-vous que je vous montre, maître ?"
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Ven 28 Sep 2018 - 0:03
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Ven 28 Sep 2018 - 0:46
Yath Von, s'il ne le fit toutefois pas remarquer au maître Jedi (plus par gentillesse que par peur de déplaire à la hiérarchie), admit que Tore Ae avait toutes les peines du monde à accomplir les tâches que le Padawan lui demandait d'accomplir. Celui-ci eut d'ailleurs à plusieurs reprises à accompagner les gestes du maître Jedi qui manqua d'abîmer les fleurs qu'il devait manipuler. Bien évidemment, ce ne devait pas être facile pour quelqu'un avec si peu de notions en botanique, ou tout simplement en jardinage. D'ailleurs, ses mains ne devaient pas faciliter l'affaire, bien que Yath pouvait témoigner que tout était une question d'habitude dans ce cas : lui-même étant quadridactyle et doté d'une peau sacrifiant souplesse pour une peau davantage résistante, il avait dû travailler ses mouvements pour rattraper la dextérité dont jouissaient les êtres humains, avec leurs cinq doigts fins, leurs ongles assez courts et émoussés et une peau lisse et plus élastique. La présence d'un annulaire, chez eux, était d'ailleurs pratique pour les opérations les plus délicates, en botanique comme dans d'autres domaines comme la chirurgie ou encore le jeu d'un instrument de musique : la puissance de ce doigt et sa place parfaite sur la main faisait de lui un outil parfait, bien que les humaines ne réfléchissaient jamais vraiment à son utilité (si ce n'étaient les instrumentistes les plus virtuoses désireux d'augmenter leurs capacités musciales).
Rapidement, le maître Jedi s'épousseta les mains en avançant qu'il préférait arrêter avant de faire une bêtise qui coûterait la vie à une pauvre fleur. Le Kel Dor, lui, continua à planter quelques graines et à retourner le terreau encore vierge de cultures afin de le préparer au mieux à sa future exploitation. Il fit cela sans outils, se servant de ses grands mains griffues qui étaient parfaites dans ce rôle. Il augmenta toutefois le rythme de son travail : il n'était pas question de continuer infiniment le travail alors que le maître Jedi n'avait pas certainement envie de regarder le Padawan faire son bazar durant toute la sainte journée. Par ailleurs, il avait presque fini. Une fois la dernière graine plantée et la dernière mauvaise herbe arrachée, il se releva en époussetant légèrement ses mains quelque peu entachées de terres, puis il épousseta ses genoux et le bas de sa bure qui étaient, elles aussi, un peu salies par la séance de jardinage. Il se releva et, alors, Tore Ae fit une référence au maître de Yath. L'enthousiasme du jeune Jedi se mua rapidement en un long moment de silence pensif mêlé de mélancolie. Il n'avait définitivement pas fait le "deuil" des moments passés avec son ancien maître, les bons comme les mauvais. Surtout les mauvais, d'ailleurs. Ses yeux se rivèrent sur le sol sans même qu'il ne voulut, comme si c'était l'embarras qui le poussait à baisser la tête. Le maître Jedi renchérit presque aussitôt, demandant le nom du Kel Dor. Celui s'inclina légèrement pour se présenter, comme il le faisait presque dans tous les cas.
"C'est à moi de m'excuser de ne pas m'être présenté, maître Tore, déclara le Padawan soucieux de ne pas mettre le Whiphid dans un quelconque embarras. Mon nom est Von. Yath Von. Je suis... il suspendit sa phrase pendant toute une seconde, comme s'il voulait marquer le fait qu'il avait commis une erreur. J'étais le Padawan de maître Miridio."
Son regard se perdit dans le vide, comme s'il désirait éviter celui du maître Jedi qu'il devinait curieux, voire inquisiteur. Il savait certainement que ce n'était pas pour des raisons autrement plus tragiques mais compréhensibles que la formation du Kel Dor par Miridio s'était achevée : celui-ci n'était pas mort et il était encore maître Jedi. Tore Ae étant un être intelligent, il avait dû comprendre que c'était une raison beaucoup moins raisonnable, si l'on put dire, qui avait poussé l'apprenti et son maître à entamer une telle séparation, rarissime au sein de l'Ordre Jedi. Le Padawan se demanda d'ailleurs s'il ne devait pas lui-même parler de ce qui s'était passé, afin d'éviter tout fantasme, toute rumeur, toute imagination trop débordante.
"Maître Miridio et moi avons... Yath chercha longuement ses mots, de peur de choisir ceux les moins adaptés à la diplomatie que requiérait cette situation pour le moins casse-gueule. ... eu des différends profonds."
Il ne réussit pas à continuer son explication. Il avait peur qu'on ne le jugeât trop sévèrement, tout comme il avait peur qu'on jugeât aussi sévèrement son ancien maître qui, s'il avait eu des oppositions très fortes et directes avec lui, gardait sa gratitude et, dans une certaine mesure, son amitié. Après tout, il était admis que Miridio était un Jedi sage, bien qu'un peu bourru. Surtout, il n'était certainement pas digne de recevoir le mauvais regard des autres sur lui. Depuis peu, d'ailleurs, sa quête d'un autre maître avait perdu en "intensité". Il n'avait pas pris contact avec un maître depuis plusieurs semaines et s'était résolu à abandonner la voie des consulaires pour rejoindre l'AgriCorps, voire les Universités. Il avait beau avoir grandi depuis l'épreuve de son "divorce" (comme il avait nommé cette situation auprès de son ami Luke Kayan), il avait encore peur qu'il ne s'attirât l'inimitié d'un autre maître, que ce fût maître Tore Ae, maître Miridio ou un autre. Et puis, en définitive, beaucoup de maîtres étaient pris. Celui qui parlait depuis quelques minutes avec Yath devait l'être également, sans doute.
"Je ne veux pas vous ennuyer avec ça, conclut le jeune Padawan en secouant nonchalamment la main, vous avez certainement des préoccupations autrement plus importantes, maître Tore."
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Dim 7 Oct 2018 - 19:52
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Dim 7 Oct 2018 - 21:01
Yath fut surpris, et quelque peu embarassé, d'apprendre que Tore Ae savait ce qu'il s'était passé entre lui et son ancien mentor, les dissenssions qui avaient conduit les deux Jedi à se séparer avec plus ou moins de douceur, avant que les choses ne finissent par réellement "exploser". Mais était-ce vraiment surprenant qu'un maître ait appris ce qu'il était arrivé à un autre maître ? Des dossiers étaient déposés dans ces situations-là, et des discussions étaient entreprises au sein même du conseil pour y remédier. A partir de ces états de fait, n'était-ce pas somme toute tout à fait normal que le Whiphid connût les recoins de cette affaire ? Sans compter le fait que ce genre de querelles, et les conséquences qui la suivirent, étaient relativement rares au sein de l'Ordre Jedi. Par conséquent, il était facile de retenir les noms et les contextes liés à cette situation, même des mois après. Le regard du Kel Dor se perdait dans le vide, comme s'il voulait éviter celui du maître à côté de lui, de peur de laisser transparaître une immédiatement perceptible sensation de gêne et de honte. Il était vrai que la situation n'était pas facile à gérer pour Yath Von qui avait dû se résoudre à faire appel au conseil Jedi pour trancher ce différend, finalement, à contrecoeur. Et il était tout aussi vrai qu'il avait, depuis, l'impression d'avoir subi un échec en le faisant. Il n'arrivait à relativiser qu'en songeant à cette époque, où les relations entre Padawan et Maîtres pouvaient se finir autrement plus violemment, dans les larmes et le sang. Cette guerre entre les Sith et les Jedi, cette guerre de conversion, avait en effet fait basculer de trop nombreux apprentis du côté Obscur de la Force, et Yath tenait plus que tout à se distinguer de ces traîtres à la cause de la Lumière, à ceux qui avaient fini par succomber à leurs désirs de puissance, leur orgueil, leur égoïsme. Il concédait volontiers que ce qu'il s'était passé entre lui et Miridio dénotait de sa part un manque évident de sagesse, mais il se savait malgré tout assez intègre pour ne pas s'engouffrer dans l'abîme et ce qu'elle invoquait.
Tore Ae continua de discuter avec le Kel Dor qui tâchait, simplement, de l'écouter avec attention. Il argumentait que la posture de maître Miridio était respectable, et Yath était, dans l'absolu, tout à fait d'accord avec cette idée-là, même s'il ne la partageait pas. Pis encore, le Céréen avait des arguments pertinents pour appuyer sa thèse pacifiste, notamment celui selon lequel envoyer les Jedi en masse dans les batailles face aux Sith représentait un grave risque d'en voir chuter plusieurs de l'autre côté. Mais il y en avait déjà qui succombaient dans ces batailles-là, et Yath estimait qu'il fallait épauler à tout prix l'effort de guerre Républicain face à l'impérialisme Sith qui, de toute façon, avait vocation à détruire l'Ordre Jedi tôt ou tard : par la conversion progressive de ses membres ou par l'anéantissement physique. C'était l'un des nombreux points qui avaient fini par envenimer les relations entre Yath Von et Saj Miridio. Maître Tore continua en incitant Yath à reprendre la conversation, à exposer ses idées et pourquoi elles avaient déclenché une rupture entre lui et son ancien maître. Il fut plutôt réticent au départ, puisque c'était bien le fait qu'il exprime celles-ci qui avaient posé problème au départ. Etait-ce donc une bonne idée de le refaire face à un autre maître ? Peut-être que oui, après tout : Tore Ae était un maître sage lui aussi, et il devait avoir au moins la sagesse d'écouter et de considérer les propos des autres s'il proposait que Yath lui en parle.
"Je sais que maître Miridio a des très bons arguments, concéda volontiers le Padawan en se redressant et en faisant face à Tore Ae. Mais ces dernières années nous ont prouvé que le pacifisme à tout prix était une mauvaise stratégie à adopter face à l'expansionnisme Sith. Le traité d'Artorias a donné des centaines de systèmes à un Empire à la recherche de ressources qu'elle a par la suite utilisées pour reprendre ses attaques de plus belle. Nous aurions dû refuser les termes de cet accord et continuer de combattre, conclut Yath avec toute la sincérité dont il était capable. Je vous prie de ne pas vous méprendre sur mes idéaux, maître Tore. J'ai foi en la paix et en son pouvoir pour le monde. Mais l'histoire nous a appris que pour les Sith, la paix est un mensonge. Yath resta silencieux un court instant, son regard dissimulé sous ses protections oculaires dirigé vers le ciel azur. Il n'y a pas de paix possible avec l'Empire. S'ils ne sont pas vaincus, la République s'effondra et l'espoir s'éteindra. A jamais."
Son regard se reporta sur Tore Ae qui l'avait patiemment écouté. Il était rare de connaître quelqu'un avec une telle faculté d'écoute. Yath avait toutefois occulté quelques unes de ses idées parmi les moins populaires parmi l'Ordre et dont Miridio et quelques rares Padawan seulement connaissaient les tenants et les aboutissants. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le "divorce" entre les deux Jedi avait été consumé. Certains avaient considéré les propositions du Kel Dor comme extrêmes, voire dangereuses, et c'est pourquoi le Jedi s'était toujours gardé d'exprimer ses idées, parmi lesquelles l'adoption d'un Etat Spécial en temps de guerre durant lequel les Jedi constitueraient un haut pouvoir politique pour sauvegarder la stabilité politique au sein du Sénat Galactique et surveiller les sénateurs et sénatrices susceptibles de profiter des problèmes galactiques pour leurs intérêts personnels. Tout cela, il ne le partageait pas. De toute façon, ces idées restaient et resteraient à jamais des idées. Jamais Yath Von n'aurait le pouvoir nécessaire pour les appliquer, et il lui arrivait souvent de douter ce celles-ci. Il avait juste assez de recul de nécessaire pour s'interroger à ce sujet : avait-il raison de penser cela ?
"Je ne devrais pas vous parler autant de tout cela, confia le jeune Padawan passablement gêné par son propre monologue. Je n'aurais d'ailleurs jamais dû en parler, quand je vois les conséquences qui en ont découlé. Yath garda le silence, comme s'il désirait chercher les meilleurs mots à prononcer. Je ne sais pas si je suis un bon Jedi, maître. Mais je veux faire de mon mieux, parce que j'ai foi en l'idée et l'Ordre que je sers, et je veux les défendre."
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Ven 19 Oct 2018 - 16:54
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Ven 2 Nov 2018 - 18:45
Yath avait suffisamment plongé son nez, en tout cas son équivalent dans l'anatomie des Kel Dor, dans les ouvrages et les archives historiques consciencieusement gardés par l'Ordre Jedi à travers les siècles pour se faire une opinion un tant soit peu éclairée sur la question de la guerre totale qui se profilait entre les Jedi et la République et l'Empire Sith. Mais là encore, après toutes ses longues soirées passées à se renseigner sur les Douze Exilés, sur les Guerres Mandaloriennes ou encore sur la Grande Guerre Sith, il se sentait encore enveloppé d'un épais brouillard lui dissimulant une vision claire du futur et des conséquences des actes du passé. Les époques de guerre étaient par essence incertaines quant aux issues qu'elles promettaient, certes, mais il semblait que celle-ci pouvait bien être la dernière. Etait-ce un sentiment légitime ? Celles et ceux qui avaient affronté les légions d'Exar Kun avaient-ils ressenti la même chose ? Et celles et ceux qui avaient fui l'extermination lors de la Purge, qu'avaient-ils pensé en voyant fondre sur leurs anciens coreligionnaires, ceux qui n'avaient pas enfoui leur bure et qui avaient été assassinés par les Sith ? Y avait-il de l'incertitude dans leurs pensées, ou bien étaient-ils restés certains du bien-fondé de leurs actions ? Ce qui était sûr, c'est que Yath n'arrivait pas à se raccrocher à quoi que ce soit qu'il pouvait considérer comme absolu et intangible, si ce n'était sa propre confiance envers la sagesse de ses maîtres. Il avait beau s'être "battu" contre l'un d'entre eux, le sien, mais il savait que maître Miridio avait certainement plus de raisons de penser certains choses que le Kel Dor de penser les choses inverses...
Tore Ae expliquait au jeune Padawan à quel point il était important que ce dernier pût s'exprimer, quand bien même il n'était pas tout à fait d'accord avec ses propos. Yath affirma, en songe, que le Whiphid était sensiblement moins têtu que son coreligionnaire Céréen, à n'en point douter. Et sans doute moins que le Kel Dor également. Si maître Miridio avait peut-être manqué d'écoute et de compréhension face aux propos de son propre Padawan, ledit Padawan pouvait lui aussi se voir reprocher, à juste titre, le fait qu'il n'avait certainement pas assez considéré les opinions de son propre mentor. C'était sans doute là le pire défaut que l'on pouvait trouver à certains Jedi dont Yath faisait honteusement partie : le dogmatisme. C'était peut-être d'ailleurs là que se trouvait la faiblesse que les Sith exploitaient sans vergogne afin de les amener à embrasser leur cause. Après tout, qu'y a-t-il de plus efficace, pour convertir un ennemi, que de détruire les croyances auxquelles il se rattache comme si elles étaient invulnérables et invincibles ? Sans nul doute, un être sans ses croyances est un être fragile, propice à la perversion, à l'anomie. Et les Jedi ne faisaient certes pas défaut à cette impitoyable loi de l'Univers.
C'était justement ce que tentait de faire, sous son propre contrôle, Tore Ae qui essayait de faire voir quelques éléments nouveaux au jeune Kel Dor. Celui-ci essayait de rechercher la contradiction dans les croyances de Yath, avançant que le traité d'Artorias avait peut-être eu davantage de bons points que de mauvaises idées. Le jeune Padawan tiqua.
"Les massacrés de Dubrillion n'en ont eu que faire de la visibilité de l'Empire, objecta le Padawan. Les opprimés d'Axxila, les martyrisés de Télos, les esclavagés de Lorrd... Tout cela en valait-il vraiment la peine, maître ?"
La question avait beau sembler provocatrice, ce n'était que candidement que le Padawan avait décidé de la poser. Il ne savait franchement pas si le fait de livrer les peuples qui vivaient dans les systèmes retrocédés à l'Empire était un sacrifice qui valait vraiment "le coup". Etait-il, en définitive, acceptable pour un Jedi (comme l'était Halussius Arnor, chancelier suprême à l'époque de la ratification de ce traité) de penser que le sacrifice de millions voire de milliards de personnes valait "le coup" ? Tore Ae, bien qu'il n'était pas en parfaite osmose avec les points de vue de Yath, concéda que le conseil Jedi avait quelquefois manqué, effectivement, d'une certaine fermeté sur certains points de la guerre froide pendant laquelle la République et l'Empire s'étaient regardés en chiens Kath de faïence. Il avisa toutefois le Padawan avec lequel il discutait qu'il n'était pas prudent de s'enfoncer sur ses positions comme si elles étaient non seulement les meilleures, mais les seules proprement acceptables. Sur ce point, Yath ne pouvait que concéder qu'il avait tout à fait raison, et que c'est lui qui avait parfaitement tort...
Tore Ae demanda au Padawan ce que ce dernier pouvait bien faire pour "faire de son mieux", reprenant les mots que celui-ci avait utilisé quelques secondes auparavant. C'était une bonne question. Entendre par là que le Kel Dor n'avait certainement pas les bonnes réponses à celle-ci. Concrètement, que pouvait-il faire pour tenter, au mieux, d'améliorer la situation dans laquelle la galaxie s'enlisait depuis plus d'une décennie ? Des idées, il en avait plein, assurément. Mais des bonnes idées ? Yath ignorait combien de ses idées pouvaient être considérées comme un tant soit peu acceptables pour améliorer la situation, pour "faire de son mieux".
"Aider, lâcha-t-il presque laconiquement, incertain quant au fait que ce mot représentait en vérité un concept très vague, sans doute trop vague. Ce que je veux, c'est aider. Et pour cela, j'ai besoin d'un maître qui puisse m'aider à devenir un meilleur Jedi."
Yath tourna la tête vers Tore Ae. Le message semblait suffisamment clair pour qu'il n'y ait aucun besoin d'expliciter. Peut-être même que le maître Jedi pensait à prendre le Kel Dor sous son aile, en partant de l'idée qu'il n'avait pas déjà un Padawan. Yath manquait de subtilité pour ce genre de choses qui demandait, d'habitude, un tantinet davantage de tact. Il n'était, de toute façon, pas très doué pour les discussions et les requêtes en tous genres.
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Lun 5 Nov 2018 - 18:54
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Lun 5 Nov 2018 - 22:12
Bien qu'il écouta avec attention les arguments du maître Jedi et que ces mêmes arguments faisaient objectivement sens, le Padawan ne fut pas entièrement convaincu par ceux-ci. A vrai dire, peu de gens auraient été convaincus par ces arguments pour la simple et bonne raison que personne ne pouvait affirmer avec certitude qu'Artorias et son traité avaient évité à de nombreux mondes de la République la rage meurtrière de l'Empire Sith. Toutefois, Yath avoua intérieurement que la réciproque était tout aussi incertaine. Cette discussion était celle de deux Jedi qui, s'ils se vouaient sincèrement à apprendre et comprendre l'univers qui les entourait, étaient condamnés à ne rester que de minuscules grains de sable inconscients de faire partie d'un grand désert. Tore Ae et le jeune apprenti le savaient, par ailleurs : il pouvait être dangereux de s'attarder sur les "si" aux dépens des aléas réels auxquels les Jedi, au même titre que les soldats et les politiciens, devaient résoudre et comprendre afin d'y apporter les réponses nécessaires. Si Yath comprenait cet état de fait, il lui était difficile de se remémorer les réels souvenirs qui allaient l'accompagner le long de sa vie : les flammes rongeant les murs du temple, les chevaliers Jedi tombant un à un, ses heures passées caché dans les sous-sols du temple à prier la Force que les Sith ne le trouvent pas... Si le Kel Dor jamais ne l'avoua, il était vrai que l'attaque d'Ondéron par les Sith l'avait profondément marqué au point qu'il portait ces souvenirs douloureux comme autant de blessures que la méditation, l'étude et, dans un certain sens, son engagement politiques, tentaient de faire cicatriser afin que, plus jamais, ce genre d'horribles choses ne se reproduise.
Le Whiphid évoqua sa propre expérience sur les mondes ravagés par la guerre menée par les Impériaux, notamment sur le monde de Lorrd. Yath avait longuement étudié l'histoire sinistre de ce peuple qui, durant des siècles, avait été réduit en esclavage. Cette tragédie avait trouvé un terme il y a à peine deux cents ans. Aujourd'hui, à nouveau, le peuple de cette planète devait renouer avec le traumatisme de l'oppression. L'idée d'un peuple entier devenant le jouet d'une Impératrice vouée corps et âme aux horreurs du côté Obscur ne le laissaient pas de marbre : au contraire, cela renforçait sa détermination à s'entraîner. Artorias, Ondéron, Dubrillion... S'il ne prit jamais part à ces batailles, il eut de longues descriptions sinistres de ces carnages de la part de certains chevaliers et il s'attachait à recouvrer de nombreuses informations sur ces évènements afin de se faire une idée précise de ceux-ci. Bien qu'il n'eut jamais envie de se retrouver sur un front aussi sauvage que ceux-là, il lui arrivait souvent de penser qu'il aurait pu avoir une influence sur ces batailles. Il n'était peut-être pas un excellent bretteur, mais il prenait souvent soin d'apporter à celles et ceux qui en avaient besoin l'aide nécessaire, car c'était bien le credo central que devait respecter tous les Jedi qui se targuaient d'en être. Et c'était bien ce que ce mot, qu'il avait prononcé un peu plus tôt, voulait réellement signifier : aider. Aider ses frères et soeurs jurés, les civils, les soldats de la République, la République elle-même.
"Je n'ai jamais posé les pieds sur un véritable champ de bataille, concéda volontiers Yath qui ne voyait aucune honte au fait qu'un si jeune Padawan n'ait pas encore fait connaissance avec les horreurs de la guerre. Et même si j'étais présent au temple lors de l'attaque des Sith, j'étais bien trop jeune pour prendre part au combat. C'est justement cela qui me motive, maître, affirma-t-il avec un sursaut de motivation. Je n'étais pas haut comme trois fleurs quand j'ai vu des chevaliers Jedi mourir sous mes yeux pour me protéger des assassins Sith, J'ai regardé le côté Obscur de la Force en face et j'ai vu ce qu'il promettait à la galaxie s'il s'en emparait. Apporter ce que je sais à l'Ordre Jedi n'est pas seulement lié au fait que je préférerais mourir au combat plutôt que de laisser la victoire finale aux Sith. C'est une promesse que j'ai faite à ceux qui m'ont protégé. Il n'est pas question de vengeance, mais de gratitude, conclut-il avec une pointe de mélancolie dans la voix."
L'un des rêves récurrents de Yath était lié à cette attaque dont il fut l'impuissant spectateur. La méditation Jedi, avec le temps, lui avait appris à se débarrasser des cauchemars qui le hantaient au début de sa formation d'initié. Mais il continuait à faire ce rêve durant lequel il se retrouvait face au chevalier Jedi qui l'avait sauvé des griffes des Sith et qui l'avait caché dans les entrailles du temple. Dans ce rêve, le Kel Dor s'affairait dans les jardins du temple où il se trouvait, présentement, en compagnie de maître Tore. A côté de lui, ce chevalier Jedi, se tenant debout face à deux jeunes enfants d'à peu près cinq ans, auquel il enseigne une leçon sur ce que doivent être les Jedi. Yath, bien qu'il se méfiait régulièrement des interprétations que l'on pouvait des rêves, comprenait à chaque réveil que c'était ce qui aurait dû se passer sans cette attaque. Si Yath s'affairait souvent, dans la réalité, dans les jardins du temple, ce chevalier à qui il devait sa vie ne pourrait plus jamais enseigner les fondements et les idéaux pour lesquels il était mort. Ce songe lui était important, car il lui permettait de se souvenir des traits du visage de ce chevalier Jedi dont il avait pourtant oublié le nom. Etait-il réellement important, en définitive ?
Tore Ae, lui, finit par proposer au Kel Dor, toujours à demi-mot, de devenir son professeur. Bien que Yath savait qu'il avait lui-même posé la question, plus ou moins, la réponse le fit tiquer. A vrai dire, il ne s'attendait pas à ce qu'un maître au courant des déboires qu'il avait eu avec son ancien mentor accepte de "l'aider" en devenant son propre maître. Il ne s'attendait pas, non plus, à ce que le Whiphid réfléchisse pendant aussi peu de temps à faire un tel choix. Maître Miridio lui-même, bien que Yath arriva dans ses pattes quand ce dernier atteint son treizième printemps, avait de son propre aveu longuement réfléchi à l'idée de prendre un Padawan sous son aile, et ce fut seulement parce qu'il avait compris qu'il était important de transmettre son savoir aux générations futures qu'il avait accepté de prendre sur lui cette lourde responsabilité. D'ailleurs, Tore fit évidemment référence aux différends opposant Yath au Céréen, et ajouta qu'il n'était pas certain que son propre entraînement soit optimal pour le Padawan. Ce dernier y analysa immédiatement une certaine sagesse : après tout, c'était par la modestie qu'on finissait par prendre la décision de s'améliorer... Yath, en signe de gratitude, s'inclina longuement devant le Whiphid. Sa quête d'un nouveau maître, manifestement, venait de prendre fin.
"C'est un grand honneur que vous me faites, maître, déclara le Padawan avec toute la solennité dont il pouvait faire preuve face à la décision toute aussi solennelle de le prendre sous son aile. Je ne vous décevrai pas."
C'était bien la déception qui constituait la principale hantise du Padawan. Après tout, c'était bien cela qu'il avait fait à son ancien mentor, et il ne voulait pas voir tout cela se reproduire. Il allait pouvoir tenir la promesse qu'il s'était faite quand lui et Miridio se séparèrent : il allait terminer sa formation et aller voir le Céréen pour lui affirmer tout cela n'était pas l'échec de ce dernier, mais bel et bien celui de Yath. Il devait bien ça à son premier mentor qui, si Yath ne partageait pas le moindre point de vue, savait qu'il n'aurait jamais pu devenir un bon Jedi sans lui.
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Ven 9 Nov 2018 - 18:32
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Sam 10 Nov 2018 - 1:28
"Il aura fallu du courage à ces Jedi pour affronter des ennemis dont ils n'avaient aucune idée qu'ils se préparaient dans l'ombre, renchérit Yath. Ne pas avoir leur courage serait nier leur sacrifice. Je m'y refuse."
Si les visions de mort et de destructions avaient pu, pendant une bonne partie de sa jeune, scarifier l'esprit du jeune Kel Dor qui avait fini par retrouver la paix par la méditation et l'étude, les Jedi qui s'étaient sacrifiés au nom du bien et de la protection de la galaxie avaient été un modèle pour lui. Il savait que c'était précisément comme cela qu'un Jedi devait se comporter, en dépit de la mort, de la peur et de la douleur. Il n'avait certes jamais fait l'expérience de la véritable douleur, celle qui brûle à la fois la chair et l'âme sans que rien ne puisse l'apaiser, mais il s'était juré d'accepter de se l'infliger à lui-même si cela pouvait permettre de l'épargner à ceux qu'il s'était juré de protéger. Et il savait que son maître, sage et puissant dans la Force, pensait la même chose que lui. Lui-même avait combattu lors de la bataille du Temple Jedi, il avait d'ailleurs affronté les leaders de cette effroyable tuerie. Et Yath ne lui tenait nullement rigueur de l'échec qui avait été le sien, car c'était en vérité l'échec de l'Ordre Jedi tout entier, incapable qu'il fut à ressentir le retour des Sith et à se préparer en conséquence. Le Padawan n'était pas sûr s'il eût été possible de le prévoir, d'ailleurs. Les Sith étaient l'engeance des ombres, se servant d'elles pour se mouvoir et se regrouper. Dans toute la galaxie, aucun culte, espèce ou organisation politique de quelque ordre que ce soit ne pouvait s'enorgueillir de maîtriser la dissimulation et la fourberie comme les Sith le faisaient. S'il y avait une erreur à reprocher, elle devait être reprochée à tous les Jedi, et c'était celle d'avoir sous-estimé la capacité des serviteurs du côté Obscur de la Force à progresser dans le noir.
Mais cela était effectivement un désanvatage qui n'existait plus. Les Sith s'étaient alors révélé aux regards de tous les êtres qui peuplaient la galaxie, dans la République comme ailleurs. Ils avançaient à visage découvert et, même si certains affichaient sans complexe leur sympathie envers l'Empire, beaucoup avaient décidé de rejoindre le combat contre le crépuscule de tous les espoirs des opprimés dans la galaxie. De nombreux soldats, Jedi et âmes volontaires avaient perdu la vie dans ce conflit et il y avait fort à parier que celui-ci réservait encore nombre d'effroyables batailles au cours desquelles d'autres volontés allaient s'éteindre. Yath lui-même savait qu'il pouvait ne pas survivre à cette guerre et que la prochaine période de paix, s'il y en avait une, se construirait peut-être sans lui. S'il espérait bien pouvoir survivre à tout cela pour aider à rebâtir et à panser les blessures causées par les Sith et les cruelles exactions dont ils étaient capables, il avait fait depuis longtemps la paix avec la possibilité d'y laisser sa vie. Si le moment se présentait un jour devant lui, alors il l'accepterait tout en essayant de faire de son mieux pour que son sacrifice ne soit pas vain. En définitive, c'était peut-être en cela qu'il considérait les Jedi tombés lors de la bataille menée par Darth Sinya comme des modèles : parce qu'ils étaient allés au devant de la mort, sachant pertinemment qu'ils ne pouvaient y échapper, sachant que les Jedi qui les suiveraient continueraient le combat à leur place, en leur nom.
Son nouveau mentor lui assura qu'il l'écouterait si Yath, à son tour, faisait des efforts pour écouter les points de vue divergeant du sien. Cela semblait être un contrat acceptable, et il avait suffisamment de souffert de son défaut d'écoute pour être décidé à faire de son mieux. S'il n'avait pas réussi à faire tout cela sous la coupe de maître Miridio, il allait faire de son mieux pour pouvoir le faire sous la coupe de Tore Ae. Ce dernier remarqua d'ailleurs, dans sa grande sagacité, que les efforts que feraient Yath serait à mettre à son crédit et que la réconciliation que le Padawan espérait avec son ancien maître allait pouvoir se faire. Cela rassura quelque peu le Kel Dor qui savait, malgré tout, qu'il allait devoir travailler dur pour atteindre ce but.
"Merci de me donner une chance."
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Mar 13 Nov 2018 - 11:09
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# Re: Au détour d'un chemin [PV Yath] - Mer 12 Déc 2018 - 14:01
Le jeune Padawan parcourut les allées des jardins en suivant son nouveau mentor, lequel venait de lui dire qu'il avait quelque chose à lui montrer, ce qui retint l'attention du jeune Kel Dor. Ce dernier se plaisait à contempler les arbustes qui reposaient aux abords des cheminements que les deux êtres empruntaient et sur lesquels - c'était la saison - poussaient déjà quelques fleurs qui, d'ici quelques mois, allaient donner des fruits délicieux que les initiés allaient cueillir, ou dévorer en douce en espérant ne pas être repéré par un chevalier passant par là. Si le jeune Jedi avait lui aussi apporté de sa force à l'ouvrage pour la cueillette et l'entretien des arbres fruitiers, sa condition particulière l'avait empêché de se donner au plaisir à la fois coupable et innocent de s'envoyer un ou deux fruits en catimini. Si cela l'avait frustré la première fois, se considérant comme lesé par rapport à ses coreligionnaires, il avait fini par regarder ce moment de sa vie avec autant de nostalgie que s'il avait effectivement pu le faire. Cela faisait partie des nombreux bons souvenirs de son enfance, ceux qui l'aidaient à surmonter les moins bons.
Peut-être que les chevaliers Jedi qui étaient chargés de surveiller les cueillettes savaient pertinemment, en définitive, que les initiés profitaient du travail pour mettre quelques uns des fruits cueillis de leur côté, et qu'ils gardaient une certaine tolérance envers tout cela, afin que les jeunes garçons et les jeunes filles du temple puissent avoir quelques souvenirs que l'on pouvait voir chez tous les enfants. La vie d'un Jedi était singulièrement différente de celle d'une personne "normale", à coup sûr. Elle était faite d'évènements exceptionnels qui, entre les mains d'un Jedi, devenaient presque monotones, coutumiers, banals. Il était bon d'instaurer un semblant de "normalité" et d'innocence chez les jeunes enfants : cela leur permettait, dans le futur, de ne pas trop envier ceux qui jamais n'eurent à supporter un fardeau comme celui de rejoindre un Ordre certes vertueux, mais qui posait un certain nombre d'interdits et de règles assez rigides au nom de cette vertu parfois considéré comme dogmatique.
Après quelques instants au cours desquels les deux Jedi avaient arpenté les quelques chemins de gravier des jardins du temple, Tore s'arrêta et s'écarta pour laisser voir à son Padawan ce qu'il voulait lui montrer : une souche qui avait dû subir l'épreuve du feu mais de laquelle s'échappait une force bien vivante qui semblait créer une sorte de bulle protectrice au sein de laquelle l'air lui-même semblait bercé et apaisé. Dans ce dôme de verdure, aucun courant d'air agressif ne venait faire bruisser les feuillus au-dessus des têtes des deux individus. Seule une pâle lumière bleue s'échappant de la source venait noircir les feuilles vertes qui ne pouvaient, de toute évidence, réfléchir cette calme lueur qui leur parvenait. On pouvait s'y sentir comme dans une cuve, dans le bon sens du terme. Tout était calme, léger, doux. Tore Ae fit alors signe au Kel Dor que c'était un sanctuaire où l'on venait honorer les Jedi qui avaient donné jusqu'à leurs vies lors de l'assaut afin de défendre le temple. Il ajouta qu'en se concentrant, l'on pouvait deviner les noms de ces Jedi. C'est ce que fit Yath qui était curieux. En douceur, il posa sa main droite sur la souche calcinée et ferma les yeux. Bien qu'il se concentra, seuls quelques murmures difficilement audibles vinrent à se faire entendre, non dans ses ouïes mais directement dans les tréfonds de son esprit. Peut-être était-il trop décontenancé par le fait qu'il n'avait jamais aperçu ce petit sanctuaire pour entendre ces noms de manière convenable.
D'ailleurs, ces noms ne risquaient pas de lui être familier, et il n'en cherchait aucun. Il se devait, toutefois, d'offrir un hommage digne de ce nom à celles et ceux tombés pour lui, pour l'Ordre Jedi, pour tous ceux qu'ils avaient juré de protéger. Il retira donc lentement sa main de la souche pour la plonger dans sa petite besace qu'il ressortit presque aussitôt après avoir saisi un livre vraisemblablement usé et gondolé. A l'intérieur, on pouvait y discerner de nombreuses fleurs séchées que le Kel Dor avait pris soin de cueillir lors de ses nombreuses heures passées à jardiner dans le parc du temple. Les fleurs avaient été délicatement collées aux pages et l'on pouvait y discerner de nombreuses notes les concernant, prises par le jeune Padawan. Elles avaient germé, grandi et fleuri grâce à ces Jedi partis trop vite, il lui semblait donc naturel d'en décorer le sanctuaire qui leur était dédié. Il posa le livre délicatement, sur la souche. Il adressa un regard à son maître.
"Merci de m'avoir amené ici."
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