Korgan Kessel
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//… hier soir. Le principal suspect n’est autre que l’éminent professeur en xenoarchéologie, Mister Kali Jones. L’artefact Gree, propriété du Temple Jedi, comme une large partie de cette collection qui n’avait jamais été exposée au public, a été vu pour la dernière fois entre ses mains quelques heures seulement avant que la sécurité du Musée Archéologique de Coruscant ne constate sa disparation. Le professeur Jones est depuis introuvable. D’après des éléments proches de l’enquête, il aurait fui précipitamment le monde capital très tard dans la soirée… Un mandat d’arrêt Républicain a été émis ce matin à son encontre, et... //
 
****

 
Allongé dans les herbes hautes, en stand-by, je tue le temps en repassant les informations de la mission sur l’affichage tête-haut de mon casque. Professeur Jones. Putain de traitre. Ça fait des semaines que le type est dans le collimateur des services secrets. Son profil défile devant mes yeux. Brillant archéologue, spécialité xenoartéfacts Gree. Le type, la quarantaine, a passé près de la moitié de sa putain de vie sur Gree. Supervision de fouilles, intermédiaire entre des commanditaires privés et le gouvernement Gree. Il a même bossé en collaboration étroite avec l’Explocorp Jedi…  Sacré CV. Sauf que depuis la chute de Gree, tombé dans le giron impérial, il a perdu son taff, ses recherches, ses projets de fouilles. Profil psychologique : imbu de lui-même, orgueilleux, le genre de type qui ne recule devant rien pour parvenir à déterrer un vieux machin et montrer au reste de la galaxie que sa théorie est la meilleure. Je vois le genre.
 
Je soupire. Jones est passé à l’ennemi. Les impériaux lui ont certainement promis le bouquet complet : supervision de nouvelles fouilles du Gree, une équipe, des moyens, et j’en passe. Bordel. Est-ce que des vieilleries valent vraiment qu’on trahisse sa patrie ?! Moi j’pige pas…
 
Je relève la tête, sort les jumelles des hautes-herbes. En contrebas un plateau nu. Dégagé. Une aire d’atterrissage clandestine, comme il en existant tant un peu partout dans la galaxie. La zone est dégagée, la terre retournée. A l’ombre des quelques arbres encore debout, on distingue des caisses planquées sous des bâches. De la contrebande ? Une navette est déjà posée. Celle qui a conduit le Professeur Jones jusqu’ici. Je zoom un peu, focus sur son visage. Il fait plus jeune que ses quarante deux ans. Un gars sportif, qui prend soin de son image. Rasé de près, teint halé par les heures passées en extérieur à creuser un peu partout. Ses yeux sont dissimulés derrière une paire de lunettes de soleil chic. Il porte un chapeau. Le genre que l’on peut voir dans les vieux holofilms où des explorateurs s’introduisent dans des vieilles ruines oubliées de tous. Un cliché. Mais ma main qu’il joue là-dessus. Ce cliché du professeur-explorateur. Du type qui gère sur le terrain. De l’intellectuel en physique de sportif. Ouais clairement, ce mec est du genre à se la péter grave.
 
Plusieurs voix résonnent dans les haut-parleurs de mon casque intégral. Toutes les équipes sont en place pour le coup de filet. Jones ne se doute de rien. Il discute tranquillement avec les contrebandiers qui lui ont fait quitter Coruscant la veille. Le soleil, a son Zénith, nous tape violement sur la gueule. J’avais être franc : je sais même pas sur quelle planète on a posé nos culs. Tout est allé si vite… Bordel, tout ça pour un scientifique à la con qui menace de passer à l’ennemi ? C’est louche très louche… Et mon instinct me dit que la nature de l’arterfact Gree n’est pas étranger à cette soudaine opération précipitée. Les ordres sont clairs : ramener Jones… Et s’il refuse de coopérer : le neutraliser. Quant au fameux artéfact… La haut-commandement a expressément donné l’ordre de le remettre aux forces Jedi qui nous épaulent sur ce coup.
 
Ouais, quand j’y pense, c’est pas net cette affaire… Et c’est pas la première fois que les Gree sont au centre de machinations chelou. Hmmm. Quand j’y repense… Pourquoi l’empire a-t-il attaqué le monde d’origine des Gree ? Ce monde est a moitié crevé… Et les Jedi, pourquoi ont-ils tenu à le défendre coute que coute ? Putain, c’est louche, trop louche. Serait-ce en rapport avec ces foutus artefacts d’un autre temps ? A mes yeux c’est juste de vieux trucs poussiéreux, mais il parait que les Gree maitrisaient, y’a des millénaires de ça, des technologies oubliées de tous depuis. Bordel de merde, c’est presque évident une fois qu’on y pense : tout ça c’est qu’une putain de course à la technologie… Tant de sang coulé pour ça…
 
Les Jedi sont aussi en position. Ils ne sont qu’une poignée mais sont clairement motivé pour récupérer ce qui leur a été dérobé. Au total, on est quinze. Cinq Jedi, dix membres des FS : deux escouades. Typhon et Cerbère. On encercle le lieu du rendez-vous. Approche furtive dans les hautes herbes. La cible est à trois cents mètres… Mais l’assaut n’est pas pour tout de suite. Il faut attendre que les complices de Jones se posent pour passer à l’action… S’il s’agit effectivement de l’Empire, nous pourrions tirer un sacré avantage de l’incident diplomatique… Enfin j’imagine, moi j’pige pas grand-chose à tous ces putains de jeux politiques. Si ça tenait qu’à moi je les buterais tous. Un bon impérial, c’est un impérial avec un impact encore fumant de laser entre les deux yeux.
 
Les minutes passent. La tension monte d’un cran lorsqu’une signature énergétique est détectée en haute atmosphère par les systèmes espions déployés en orbite. Un cargo civil approche de notre position. Rapidement il nous survole. Les répulseurs bourdonnent alors qu’il entame la phase d’atterrissage. Je l’observe de près. Aucun marquage impérial. C’était à prévoir, ils ne sont pas complètement cons non plus. On a beau être sur un monde neutre, ils gardent profil bas. Parfaitement logique. Ou alors ils ont embauché des intermédiaires obscurs. Qui sait. Bref. C’est plus qu’une question de secondes…
 
Les trains d’atterrissage touchent enfin le sol. Ils s’enfoncent de quelques centimètres dans la terre meuble. Le stress monte chez Jones et ses potes qui démontrent des signes évident de nervosité. Les gars reculent, se positionnent en arc de cercle, main sur la crosse de leurs flingues comme redoutant un coup foireux. Le hurlement des répulseurs s’évapore. La rampe s’ouvre. Une colonne de types en descend. Dix, quinze… Ils sont bientôt une trentaine… Ils sont bien plus nombreux que prévus ! Direct je demande :
 
« Typhon-1 a commandement. Quarante cibles au total. Ils sont bien plus nombreux que prévu. Demande confirmation des ordres. »
 
La réponse met une très longue seconde à venir.
 
« Ordres confirmés. Tirs léthaux autorisés. Les Jedi se focalisent sur l’artefact. Typhon, Cerbère : élimination des forces hostiles. La priorité est toujours de d’exfiltrer Jones vivant. »
 
Ça a le mérite d’être clair. Immédiatement, les hommes et femmes sur les pistes clandestines passent au rouge dans l’affichage tête-haute du casque. Excepté Jones. Ça va être une sacrée fusillade. Je commence à ramper, imité par les restes des Typhons. Il faut qu’on s’approche le plus possible avant d’ouvrir le feu. Seul Mad’ reste en retrait, son fusil sniper au bout de l’œil. L’approche est lente et laborieuse. Mais indispensable. Impossible de tenir tête à quarante types sur un terrain à découvert. Je ne quitte pas les cibles des yeux. Les discussions semblent houleuses. J’imagine que les impériaux réclament des preuves, des garantis. Plusieurs fois Jones exhibent l’artefact. Il n’est pas plus gros que son poing. Rectangulaire. Si j’étais terre à terre j’dirais qu’il s’agit d’une télécommande d’holovision préhistorique. T’imagine ? Si ça se trouve on s’étripe pour une putain de télécommande qui servait à un Gree, y’a dix mille ans, pour zapper et mater des films de boules. Cette pensée me traverse l’esprit, mais je la chasse aussitôt. Faut rester focus bordel !
 
L’approche prend plusieurs minutes. L’ennemi est plus ou moins séparé en trois groupes. D’un coté les potes de Jones. Au centre Jones et cinq pseudo-impériaux. Derrière le reste des enfoirés. La tension est palpable, mais aucun ne montre un signe d’agressivité qui me fait dire que ça va partir en sucette. Enfin, je quitte les herbes hautes, et me retrouve à l’ombre d’un grand arbre sous lequel trainent des caisses. Elles portent des inscriptions. Il s’agit d’effets personnels de Jones. Travaux de recherche, ses possessions, quelques autres trucs Gree probablement. Clairement le type compte pas revenir. Il déménage.
 
Je m’adosse à l’une d’elle.
 
« En position. »
 
Cerbère confirme, les Jedi aussi. Un compte à rebours se déclenche dans l’affichage tête-haute des tenues de combat. Cinq secondes. J’inspire un grand coup, bloque ma respiration…. Et expire. Zéro.
 
Je me redresse, épaule mon arme et fait feu. Tir automatique. Le canon de mon fusil d’assaut blaster crache des dizaines de lasers. Pas de tirs précis, j’arrose la zone. Plusieurs rayons mortels font mouche, mais la plupart s’écrasent contre les carlingues de vaisseaux, ou dans la végétation derrière. Objectif : leur filer la frousse, qu’ils ne puissent coordonner une réaction. L’effet de surprise est total. Les moins courageux se jettent au sol, mains sur la tête. Les plus courageux dégainent leurs armes et ripostent tout en essayant de trouver un couvert. Un gars se tourne dans ma direction, lève son flingue. J’met une fraction de seconde de trop pour réagir. On presse la détente au même instant. Nos laser se frôlent. Il est touché en pleine tête… Tandis que son tir s’écrase sur une barrière invisible levée par Jesaëlle, en retrait, le visage déformé par la concentration nécessaire pour couvrir le cul d’une escouade de tête-brulées.
 
Pris entre les tirs croisés des deux escouades, l’ennemi tombe comme des putains de mouches. Quinze morts en quelques secondes. Mais les survivants, particulièrement les impériaux, réagissent avec une célérité digne d’un entrainement des Forces Spéciales. Ils se regroupent, bougent, se couvrent mutuellement. Rapidement ils se servent des deux navettes comme de boucliers. Plusieurs des leurs reculent, tente de s’esquiver de nos regards dans la végétation probablement pour tenter de nous contourner. L’escouade Cerbère décroche, change de position, tandis que Typhon maintenant la sienne, canardant toujours la zone.
 
De leurs coté les Jedi passent aussi à l’action, aussi mortels que discrets. S’ils ne se sont pas jetés dans la bataille, c’est pour ne pas se retrouver entre les feux croisés. Les lueurs surnaturelles des sabres fondent sur leurs adversaires, sans aucune pitié. J’suis content d’être dans le même camp…
 
Soudain, un imprévu vient tout niquer. Jones, jusqu’alors cloué au sol, se relève. J’ajuste ma visée… Mais le type disparait à l’intérieur de sa navette avant que je n’aie eu le temps de lui viser la cuisse. Même si les ordres sont de le neutraliser s’il résiste, je préfère lui laisser une dernière chance. Ce type, même si c’est un putain de traitre, est l’un des nôtres.
 
« Fait chier ! Il se tire ! »
 
Je frappe sur l’épaule de Jett’ pour lui intimer l’ordre de me suivre. L’énorme besalisk sort de sa cachette avec ses deux fusils blasters en mains, canardant comme un dingue tout ce qui bouge, et même ce qui ne bouge plus.
 
« Les autres, couvrez-moi ! »
 
Je fonce, traverse le champ de tir. Plusieurs lasers me frôlent… Mais ceux qui devraient m’atteindre sont absorbés par les boucliers de Jez. Elle assure cette petite. Mais je suis trop lent. J’ai pas couvert la moitié de la distance qui me sépare de la navette de Jones que sa rampe remonte. Les répulseurs bourdonnent aussitôt. Bordel, il va se tirer !
 
« Changement de plan putain ! Jett’ tu me colles au train ! »
 
Je change de trajectoire, sprint comme si ma vie était en jeu. Ce qui est le cas en fait. Bref. Je cours à m’en décoller les poumons de la cage thoracique. Mon cœur est sur le point d’exploser. Sans une seule hésitation, je bondis sur la rampe du cargo impérial banalisé. Un type tente de s’opposer. Mais il n’a même pas le temps d’esquisser un geste. Ma prothèse s’écrase sur sa gueule. A l’impact, j’acte le mini-lance flamme. Le type dégringole la rampe, hurlant de douleur, les mains serrées sur son visage dont la peau fondue part en lambeaux couverts de cloques carbonisées. Je saute à l’intérieur. Fonce en direction du cockpit. Je lâche mon fusil, qui tombe à mon côté maintenu par la bandoulière. Ma main droite s’empare du pistolet blaster. Je le lève, les deux mains fermement serrées sur la crosse, prêt à faire feu au moindre mouvement. Je me lance à l’assaut du cockpit, toujours épaulé par Jett’. Je m’attends au pire. Si des types armés se planquent à l’intérieur va falloir la jouer fine. Un tir de blaster sur une console, et le vaisseau pourrait rester cloué au sol. J’inspire un grand coup… Et presse sur le bouton contre la cloison. La porte coulisse ne sifflant… Et la pression retombe direct. Cockpit vide.
 
« Jett ! Tu prends les commandes ! Faut pas perdre Mister Kali Jones ! »
 
La navette de cet enfoiré est déjà haut dans le ciel !
 
« Mad ? »
« C’est déjà fait Typhon-1. La balle traçante est en place, alignez-vous sur son signal pour le suivre. »
« T’as entendu Jett’ ? »
« Ouais ! On va la lui coller au cul, ou qu’il tente d’aller ! »

 
Des tirs tout proches me font faire volte-face. Plusieurs impériaux tente d’entrer… Mais ils sont aussitôt fauchés par un sabre lasers. Un Jedi monte à bord. Jett’ referme la rampe derrière lui. Enfin elle. Une Jedi. Et putain. Pas un de ceux qu’on oublie en deux secondes. Une grande perche aussi haute que moi, et dont il transpire une aura charismatique difficile à décrire. Elle vient de découper les soldats ennemis comme moi j’étale mon beurre sur mes tartines le matin. Bordel, ils me filent toujours la chair de poule… Mais j’ai pas le temps de pousser plus loin mon observation. Jett’ gueule déjà dans le cockpit.
 
« Putain ! Y’a une sorte de… verrouillage numérique des commandes ! J’sais pas décoller ! »
 
Fait chier, me faut Matt’, le technicien de l’escouade.
 
« Matt’ ? »
 
Mais c’est Jez qui répond.
 
« Il est touché. Au flanc. Rien de grave, mais il ne peut pas vous rejoindre. »
« Bordel ! »

 
Et Mad en rajoute une couche.
 
« Jones prend de l’altitude. Il cherche clairement à quitter le puits de gravité pour sauter en hyperespace ! »
« Raaaah »
« Il vient de sauter ! »
« Putain, donnez moi une bonne nouvelle... »
« J’ai toujours le signal de la balle traçante. Attend, je transmets le vecteur de saut à Jett… »
« Reçu. »

 
Il pianote sur la console de vol. Visiblement, le verrouillage des commandes qui empêche le vaisseau de décoller, n’interdit en rien Jett’ de consulter les cartes d’astronavigation. Les secondes paraissent des heures. Dehors, les coups de feu redoublent d’intensité. Le leader de l’escouade Cerbere hurle de nouveaux ordres. L’ennemi contre-attaque. Ces gars sont entrainés, c’est clair.
 
« J’ai. Pas de doute possible. Te Hasa. Jones vient de sauter en direction de Te Hasa. C’est un monde de l’enclave Gree. »
 
Je peste. Bordel. Techniquement toute l’enclave Gree est entre les mains de l’empire même si la République ne leur reconnait que la prise de Gree, le monde d’origine des Gree… Putain sérieux, cette race manque clairement d’imagination. Gree, Gree, Gree… Putain de Gree !
 
« Il a toujours l’artefact, on peut pas le lâcher… Faut qu’on décolle et qu’on le choppe sur Te Hasa ! »
 
Je lève ma visière, braque mon regard sur la Jedi.
 
« Si y’a un truc que vous pouvez faire c’est le moment… »
 
Les Jedi. L’expérience m’a appris qu’ils cachent toujours des compétences et des techniques improbables. Comme taper la discute avec les oiseaux… Ou se battre en slip. Alors je croise les doigts pour que cette Jedi sache comment faire sauter les sécurités du vaisseau… Sinon c’est foutu pour coller au cul de Mister Kali Jones.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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« Il s’avère qu’ils ont besoin d’un spécialiste en informatique et en robotique. Qui eut cru qu’un jour, vos lubies soient utiles à l’Ordre ? » Ah ses « lubies »…Cela faisait un moment que quelqu’un au sein de l’Ordre ne lui avait pas rappelé que c’était complètement abscons pour un Jedi d’être ingénieur. En robotique qui plus est. Ce petit élan ironique, gentiment offert par la Force, était délectable aux yeux de l’Arkanienne qui ne retint même pas le sourire narquois qui naquit sur ses lèvres. « Je vous transmets donc toutes les informations concernant cette mission. » indiqua le messager du Conseil sans même s’intéresser à sa volonté – ou non – de participer.

Compte tenu des circonstances, ce n’était carrément pas une bonne idée, songea la jeune femme à qui l’on ne laissait pas le choix. Retenant un soupir, elle coupa la communication et pendant que Légion vocalisait les informations, tâcha de préparer ses affaires. En entendant « artefact gree », elle comprit pourquoi elle avait été choisie. Non pas qu’il s’agisse de sa spécialité mais l’affaire était suffisamment sensible pour qu’on opte pour une « perte » acceptable si tout ne se déroulait pas bien. See’Ryl faisait clairement partie des Jedis dont la perte ne serait jamais vue comme un drame pour l’Ordre. Et pour faire les choses bien, on lui avait mis des « collègues ». Restait à espérer qu’ils lui obéissent puisqu’elle était la seule Maître.

Sur le terrain, elle distribua quelques ordres de base aux Jedis, toujours suivie de Légion dont la présence en avait probablement agacé plus d’un… dans la plus grande indifférence de l’Arkanienne. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, elle laissa la direction de l’opération aux militaires. C’était eux les spécialistes des assauts. Elle se contentait d’appuyer les instructions et de veiller sur ses quatre collègues sans en avoir l’air. L’avantage des lunettes ça. Pour l’assaut, le droïde de plus de deux mètres fut laissé un peu en arrière, protégé tant par sa posture accroupie dans les hautes herbes que par sa peinture du moment. Autant faire ça bien, non ?

Les premiers tirs furent bientôt échangés et lorsque vint le moment, See’Ryl fut la seule Jedi à ne se servir de son sabre que pour se défendre. Elle blessa ceux qui se présentaient devant elle, intervenant surtout pour protéger les militaires républicains. Ce n’était pas vraiment une question d’éthique mais plus de pragmatisme : un prisonnier en état de parler était toujours plus pratique qu’un mort. Question de points de vue, en vérité. Au beau milieu de tout cela, une navette décolla… La cible, bien évidemment. See’Ryl pesta dans sa langue maternelle et tout en se dirigeant vers la navette où était entrés deux militaires républicains, ordonna à Légion de la rejoindre, laissant au droïde le choix de l’itinéraire.

A peine eut-elle le temps de poser un pied dans la navette que, pour la première fois depuis le début de l’affrontement, elle usa de son sabre pour attaquer. Sans broncher, sans montrer une once de regrets. Là aussi c’était pragmatique. La rampe se ferma derrière elle, lui faisant froncer les sourcils. Ils n’avaient pas captés qu’elle était accompagnée ou bien ? La question n’eut pas le temps de fuser que celui qui s’était mit en tête de piloter, hurlait que les commandes étaient verrouillées. Quelques secondes s’écroulent pendant qu’elle attendait patiemment qu’on lui laisse la place pour agir. Dehors, Légion était en attente, à couvert.

Et enfin ! Quelques mots qui provoquèrent un petit sourire en coin pendant qu’elle levait les bras pour montrer qu’à part son sabre, elle n’avait rien. Comme si elle se baladait avec de quoi bricoler. « Mon droïde est à 10 mètres sur la droite. Récupérez-le. » Lâcha-t-elle en franchissant la distance jusqu’au cockpit. Le « pilote » lui laissa la place et elle consulta l’ordinateur de bord jusqu’à ce que Légion soit récupéré. Sans quitter des yeux l’interface, See’Ryl énuméra « Interface secondaire. Compartiment 2, 4, 5, 9 et 18. » Les compartiments s’ouvrirent un à un. L’interface, accompagnée de fils, vola jusqu’à sa main pendant que le reste tombait au sol. See’Ryl effectua les branchements et se lança dans le décodage. Pas sa spécialité mais le cryptage restait basique. « Protocole d’urgence n°33D. 20 jours. » Quelques lumières étincelèrent sur le droïde, signe de l’intégration du protocole. « Vous pouvez le laisser sortir. Il rejoindra Coruscant avec votre unité avant d’accomplir ses instructions. D’une poussée, elle rouvrit la rampe pour laisser son droïde sortir.

A peine l’endroit était de nouveau clos qu’elle se leva en débranchant son interface. Les panneaux de commande s’illuminèrent et elle laissa la place au pilote. Dehors, Légion arriva jusqu’à l’arrière garde et se mit en attente. Une fois sur Coruscant, il rejoindrait la base militaire de Balian et resterait chez lui. Dans la navette, See’Ryl rassembla ses affaires dans un sac tout en se félicitant d’avoir vidée la mémoire de Légion des données sensibles qu’il contenait avant de partir.
Korgan Kessel
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« Votre quoi ?! »

Les mots s’échappent de ma bouche avec une violence uniquement due à l’urgence de la situation. Bordel, c’est quoi cette histoire de droïde ?! Raaah. Je peste, mais obtempère. C’est pas comme si j’avais le choix… C’est aller chercher le tas de ferraille ou abandonner la mission.
 
« Je m’en charge… JETT’ LA RAMPE ! »
 
J’hurle cet ultime ordre et fonce en direction de l’unique sortie de la navette. Un petit modèle, usuel, classique, prévu pour transporter une dizaine d’hommes, sans équipement lourd et volumineux. La soute est réduite à son plus simple appareil, remplacée par une salle des machines honorable, et des compartiments pour les voyageurs. Une parfaite couverture ouais.
 
Les vérins en fin de course sifflent. L’extrémité de la rampe claque au sol. Dehors c’est toujours l’anarchie. Dans le comlink de ma radio les ordres fusent, tout comme les cris des soldats touchés. L’ennemi est mieux armé et organisé que prévu. Passé l’effet de surprise, ils ont reculé dans le sous-bois tout proche pour se regrouper, nous contourner et tenter une percée afin de reprendre possession de leur appareil. A peine ai-je passé la tête par l’ouverture qu’une salve de laser manque de me l’arracher. Bordel ! Les tirs s’écrasent contre la coque, y laissant des cratères noircis fumants. Le blindage tient le choc, heureusement… Même si l’on est loin de la solidité d’un modèle militaire. Je recule. Aussitôt les tirs s’arrêtent… Et je pige que l’ennemi fait son max pour ne pas esquinter son unique moyen d’échapper à cette planète. Leur professionnalisme me fait dire qu’il s’agit de soldats de choc impériaux sous couverture civile… Mais rien ne le prouve. Je bascule sur la fréquence des Typhon.
 
« Typhon-1. Je tente une sortie. Couvrez-moi ! »
 
Avec un œil entraîné par des centaines d’heures de combat direct, j’observe le champ de bataille. L’escouade Cerbère s’est enfoncée dans les hautes-herbe. Semi retraite stratégique, semi tentative de prendre l’ennemi à revers. Putain de jeu de chat et de la souris. Les Typhons sont cloués derrière quelques caisses entreposées à l’ombre d’un arbre centaine ayant miraculeusement échappé au défrichage de la zone d’atterrissage improvisée. Ils subissent un feu nourri, ne peuvent faire autre chose que riposter en aveugle afin d’occuper l’ennemi, et de le dissuader d’avancer en terrain découvert pour regagner sa navette. Je peste. Les Jedi sont diamétralement opposés à nous. Une dizaine de mètres sur la droite. Le fameux droïde est non loin d’eux. Bon… Quand faut y aller, faut y aller…
 
Je baisse les yeux, presse sur les commandes tactiles rivées sur l’intérieur de mon poignet gauche. La spalière blindée de mon armure de combat high-tech se déploie. Une plaque de métal amovible, assez épaisse pour encaisser une bonne quinzaine de tirs.
 
« GO ! »
 
Épaule blindée en avant, je bondis hors de la navette. L’ennemi me prend immédiatement pour cible. Les lasers fusent dans ma direction. Un premier me frôle, l’autre s’écrase contre la plaque de blindage. Le choc est rude, mais je campe solidement sur mes deux jambes. Au même instant, plusieurs Typhons sortent de leur couvert pour arroser les impériaux d’un feu nourri. Leurs tirs sont précis. Leurs lasers rouges frappent de plein fouet la végétation du sous-bois. Très rapidement, plusieurs feuilles sèches prennent feu, tout comme des buissons de ronces.
 
Moi, pendant ce temps, je ne perds pas une seule seconde. Je fonce en sprint en direction du droïde, prenant toujours bien soin de présenter mon bouclier d’épaule en direction de l’ennemi… Mais le feu qui m’assaille décroit d’intensité. La couverture des Typhon fait son job.
 
En une poignée de seconde je suis à son niveau… Mais la surprise manque de me faire prendre un tir en pleine gueule. Le droïde se relève. Il est plus grand que moi ! Largement plus de deux mètres. Bordel ! Jamais vu un modèle pareil ! Mais pas le temps pour les questions inutiles. Il est encore plus vulnérable que moi. Pas besoin de mots. Il réagit avec une célérité déconcertent. J’ai juste à me placer dans son dos pour le couvrir. Enfin, couvrir ce qui ne dépasse pas au-dessus de ma tête…
 
Par chance, ou par la volonté de la Force comme diraient ces fanatiques de Jedi, le retour est tout aussi rapide et sans imprévus. Les pieds d’acier du droïde martèlent la rampe. C’est qu’il pèse son poids le pépère. Je remonte à bord et referme la navette.
 
Je soupire, le souffle court. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour sauver une mission qui part en couilles hein…
 
« J’suis à bord, c’est bon ! Dégagez de là dès que vous pouvez… »
 
Mais d’autres infos fusent de la fréquence Républicaine réservée pour l’opération :
 
« Cerbère leader à Typhon-1. On a contourné l’ennemi. Avancez sur eux, on va les prendre en feux croisés.
« Reçu. Je suis à bord de la navette, je poursuis la cible. Le reste de l’équipe vous assiste. »

 
Blablabla. Dès que j’ouvre ma gueule, je sais qu’il va y avoir une réaction. Et elle est instantanée. Elle vient du commandement de la mission :
 
« Négatif Typhon-1 ! Descendez de cette navette ! La cible est déjà en territoire impérial, vous n’avez…
« Pardon ?! Qu’est-ce que vous dites ? Y’a des parasites ! On décolle… QzzzQzzzQzzzz »

 
Ouais, je fais super bien le bruit caractéristique du parasite électromagnétique causé par l’allumage d’un répulseur mal calibré. Des années d’expérience, haha. Je coupe la com, et gueule en direction du cockpit :
 
« C’est maintenant ou jamais ! »

 
La rampe d’ouvre une ultime fois, pour débarquer le droïde… Et c’est parti !
 
****
 
Une demi-heure plus tard. Quelque part à la lisière de l’espace Impérial. Hyperespace.
 
Putain de mission. Je compte pas laisser un traître se faire la malle. Mister Calli Jones hein. Quel nom de merde tout droit sorti d’un vieux tube rétro. Faut reconnaître que le gars n’a pas froid aux yeux. Il a planté tout le monde pour se la jouer en solitaire et échapper à la capture. Ca en dit long sur sa personnalité. Un égoïste égocentrique prêt à tous les sacrifices pour garder la tête haute.
 
Mais pour l’instant j’ai autre chose en tête que de faire de la psychologie de bas étage. J’peux pas rester en armure de combat. Dans peu de temps, on posera le pied sur un monde impérial… Bonjour l’indicent diplomatique si je me balade en uniforme Républicain. J’compte pas m’éterniser, mais je dois faire profil bas. Un minimum. Du coup, depuis que Jett’ et la Jedi ont poussé la manette des gaz et propulsé notre boite de conserve dans le corridor hyperspatial, moi je fouille les quartiers des passagers. C’est spartiate, y’a pas grand-chose. Mais je mets tout de même la main sur une tenue décontractée. Pantalon en simili cuir moulant, tee-shirt jaune pastel, une vieille veste de pilote, élimée, mais dotée d’une quantité phénoménale de poches. Ainsi qu’une casquette de Hutt-ball. Un putain de fan des Diablotins de Klatooine, la pire équipe du premier championnat de l’espace Hutt. Je peste tout seul, mais retire l’armure et enfile mes découvertes. Je croise les doigts pour que le précédent proprio n’ait pas eu des morpions. Pense pas à ça Korgy putain ! Coté armement je ne trouve rien de très sérieux. Quelques flingues traficotés qui font peur à voir. Je reste donc sur ma panoplie Républicaine : Fusil d’assaut, pistolet blaster léger, couteau de combat. Le combo classique et gagnant.
 
Bref. Je suis rapidement de retour au service actif, et fonce en direction du cockpit pour rejoindre les deux autres passagers. Jett' et la Jedi.
 
« Jett', des news utiles ? »
« Quedal chef. Notre navette est plus rapide que la sienne. Il n’aura pas plus de quinze minutes d’avance sur Te Hasa… Sinon, on a reçu une com. du commandement juste avant de sauter… »

 
Merde.
 
« ah ouais ? Et ? »
 
Jett hausse les épaules, sourire en coin, regard complice.
 
« J’en sais rien. Trop de parasites. Y’a surement un tir qui a déjointé une plaque de blindage électromagnétique autour d’un des moteurs. Ca perturbe toutes les communications entrantes… »
« Mince, pas de bol, haha. »

 
Pas un pour rattraper l’autre dans cette foutue équipe. C’est bon de voir qu’on est sur la même longueur d’ondes.
 
« Tu peux me dire quoi sur Te Hasa ? »
« Pas grand-chose. C’est un monde mineur de l’enclave Gree. Les données sont peu nombreuses. Monde aride, atmosphère de type II. Faudra prévoir un respirateur. C’est à peu prêt tout… Faut s’attendre à une fournaise pire que sur Tatooine… »
« Rah. Putain j’espère que ce con va se poser à l’ombre. J’ai pas pris ma crème solaire. »

 
Je me tourne vers la Jedi.
 
« Et vous ça ira ? »
 
Passé l’urgence et la surprise, j’ai eu le temps de piger que cette Jedi était Arkanienne. Grande perche, blanche comme un cul. La conclusion est peut-être hâtive, mais j’crois avoir visé dans me mille. J’ai rien contre les Arkanien, même s’ils ont pas la meilleure réputation galactique… J’suis qui pour juger hein ? Mais de mémoire leur monde c’est plus un frigo d’un désert de dunes.
 
« D’ailleurs j’crois pas qu’on eu l’honneur d’être présenté. »
 
Peut-être qu’au briefing le commandement nous a fait un speech sur le commando Jedi pour accompagnant… Mais j’avais déjà décroché. Trop de mots tuent l’attention. J’arrête pas de le leur dire !
 
« Typhon-1, Korg. Appelez-moi comme ça vous chante. Mais bref. Y’a un stock de respirateurs à l’arrière. Quelques armes et des munitions. Y’a peut-être encore du change, si vous voulez… Heu… Passer quelque chose de plus neutre. »
 
En même temps, j’me dis que c’est pas les fringues qui changeront grand-chose. Elle doit passer difficilement inaperçue cette nana.
 
« Jett’ restera à bord pour nous sortir de là si y’a un problème… On va avoir l’immense honneur de faire équipe, héhé. Paré pour le sprint de votre vie ? On se pose, on fonce, on choppe le type, on revient, on décolle, et c’est plié. Ni vu, ni connu. »

 
Mais Jett’ commence à s’agiter.
 
« Un truc qui cloche ? »
« Ouais ! Cet enfoiré est sorti de l’hyperespace pour ajuster sa trajectoire et traverser la nébuleuse ! Même avec les données de la balle traçante pour coller dans son sillage, ça va secouer, accrochez-vous ! »

 
Y’a un truc encore plus pénible que les intellos. C’est les intellos/aventuriers/tête-brûlées/gros cons. Je peste et me jette sur un siège derrière la Jedi.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Ouais son droïde. A la question – fort idiote – du militaire, See’Ryl s’était contentée de hausser un sourcil comme pour lui demander s’il était sérieux. N’avait-il pas vu les 2m50 métalliques qui la suivaient partout ? Si c’était le cas, il devait être le seul. Certains militaires n’avaient pas manqué de faire savoir à l’Arkanienne que son droïde n’avait rien à faire là. L’expérience lui avait dicté qu’on avait toujours besoin d’un droïde à un moment ou à un autre… Et la réalité n’avait fait que confirmer. Ceci dit, quand Légion arriva, See’Ryl ne fit aucun commentaire, lâchant ses instructions sans attendre. Ses affaires récupérées, elle fut toute aussi efficaces pour se mettre à l’ouvrage, laissant à Légion le soin d’accomplir la suite de sa programmation.

Elle ne cilla pas quand les communications s’échangèrent résonnant à son oreille grâce à son implant. En revanche, elle cessa un court instant son contournement. Trop tard, cependant, pour éviter la mise en route de la navette. Indéchiffrable, elle s’occupa de rassembler ce que Légion lui avait laissé et passa le début du voyage dans un silence que l’on pouvait qualifier de méditatif. Lorsque Korgan lui demanda son avis, elle haussa encore un sourcil. « Parce que mon avis vous intéresse ? » répondit-elle avant d’ajouter. « Ca ira. J’ai déjà vécu pire. » Par pire, elle entendait un incendie dans lequel elle avait plongé sans ciller. Depuis, les lunettes qui trônaient sur le haut de son crâne s’étaient vues améliorée. Rien de transcendant mais quelque chose de carrément utile : une matière résistante aux chaleurs extrêmes. Ce qui aiderait la jeune femme à ne pas risquer de perdre la vue à chaque fois.

Elle écouta la présentation, se souvenant parfaitement du briefing où tout le monde avait été présenté. « See’Ryl Lun’Sa Asho’Tye ». répondit-elle. Son nom complet simplement pour le plaisir de la perplexité qu’il provoquait. « See’Ryl ou Maître… Comme vous préférez. Je ne suis pas à cheval sur ma dénomination. » Un sourire bref mais visible, se dessina sur ses lèvres. Elle se leva pour aller dans les quartiers des passagers qu’elle fouilla sans vraiment le faire, se fiant à son intuition pour retrouver une tenue un peu plus « neutre » qu’elle enfila sans réfléchir plus en avant. Ce n’était pas vraiment sa taille mais c’était déjà bien mieux que la bure Jedi qu’on l’avait forcée à enfiler au lieu de sa sempiternelle combinaison noire. Elle revint bientôt près du poste de pilotage…

Juste à temps pour entendre que le voyage allait empirer. Sans paraître effrayée, elle s’installa et attacha sa ceinture. « Il n’est pas idiot… Il sait qu’on le suit. » dit-elle. Une remarque probablement des plus inutiles… mais qui indiquait combien elle n’était pas surprise. « D’ailleurs, je ne pense pas qu’une fois sur la planète, cela se résume à « courir, attraper, repartir. ». Pour un spécialiste, il n’aura pas choisi ce monde sans espérer y trouver de quoi nous échapper. » Du See’Ryl dans toute sa splendeur. Elle s’était exprimée comme si la navette continuait un voyage paisible… Alors qu’en réalité, le verbe secouer était un sacré euphémisme.

Korgan Kessel
Korgan Kessel
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Quelques minutes avant l’enfer
 
Alors que la Jedi quitte le cockpit, Jett’ balance :
 
« Tu parles d’un nom à coucher dehors ! »
 
Il pouffe, je pouffe. Nous pouffons. Et je lui réponds :
 
« Ouais grave… Mais bon plus ne rien m’étonne avec ces Jedi. J’sais pas… Ils ne sont pas comme tout le monde… Tu te souviens du Chevalier Torr ? Le gars qui parlait aux oiseaux… »
« Arrête… Il était cool le type. Non la pire c’est Hildegarde ! »
« Rah putain ! Hildegarde ! Complètement timbrée la vieille peau… »
« Et Eve… »
« Ta gueule Jett’ ! Tu dis une saloperie sur Evengellyne et tu prends mon poing dans la gueule. C’est une crème cette nana »
« Sujet sensible… »

 
Il explose d’un rire si tonitruant que la verrière en tremble. Moi je lui balance un regard assassin, un index accusateur. Quel enfoiré. Bordel. Il parait qu’on a l’équipe qu’on mérite. J’ai dû faire des saloperies dans une vie antérieure. De sacrées saloperies.
 
 
****

 
Retour au présent, toujours dans le cockpit…
 
La navette fait une embardée. Je suis propulsé en avant. Les sangles du harnais claquent, grincent, agonisent. Bordel. Je manque de bouffer le tableau de bord, la cloison. Tout part en couilles. La carcasse grince, se déforme, hurle, sous l’effet des prodigieuses forces qui tourbillonnent à l’intérieur de la nébuleuse. L’espace, d’habitude vide, est chargé de poussières d’étoiles. La visibilité est dégueulasse. Mais à vrai dire, ça ne change pas grand-chose : Jett’ à les yeux rivés sur les écrans devant lui. Il absorbe, comme une éponge à l’agonie, les informations retransmises par la balle traçante logée dans la carlingue du vaisseau de Mister Calli Jones.
 
Une nouvelle secousse m’arrache un juron coloré. Bordel de merde ! J’aime pas ça. J’ai jamais aimé les vaisseaux. Putain de boites de conserves. Un trou au mauvais endroit et on est tous cuits. Aucun moyen de s’en sortir… Sensation de ne rien contrôler. Ça me fout les nerfs en boule, la bave aux lèvres, la saloperie au cordes vocales. Mais Jett’ est un pro, un vrai. Ses quatre bras fusent dans tous les sens. Si de prime abord on pourrait croire à l’anarchie la plus totale, il suffit de lire la concentration dans son regard pour piger que le type sait exactement ce qu’il fait. D’ailleurs, lorsqu’il est dans cet état, mieux vaut pas lui parler ou essayer de toucher à quelque chose. Le dernier qui l’a ramené à fini avec un tir entre les deux yeux. Heureusement l’arme avait été réglée sur le mode paralysant… Mais je doute que Jett’ ait vérifié ce détail avant de presser la détente.
 
Bref, je m’accroche à ce que je peux, ronge mon frein, et médite sur les dernières paroles de la Jedi. La sagesse légendaire des Jedi ? La bonne blague. Ils sont du genre à tout prendre au premier degré. Je me doute que le type va pas nous attendre les bras en l’air… Mais sans ses chaperons pour le faire entrer sur le territoire impérial sans encombre, il n’ira pas bien loin. Oui, il a forcément prévu un plan B pour se précipiter comme ça sur Te Hasa. Pourquoi ce monde bordel ? La question tourne et retourne dans ma cervelle.
 
Soudain les secousses cessent. D’un coup, sans prévenir. Silence lourd, total. Même les instruments de bord semblent s’être tut. Jett’ est couvert d’une épaisse pellicule de sueur. Du sommet de son crane informe jusqu’à ses ongles pointus. Il lève enfin les yeux, s’affale dans son siège, lève un bras pour tendre l’index vers un point légèrement plus lumineux que les autres sur la toile de fond galactique. Je plisse les yeux. Le point bouge, accélère, s’évapore dans une traînée bleutée.
 
« Il vient de sauter… »
 
Jett lâche ces mots qui glissent entre ses lèvres comme une gerbe de chiasse entre des fesses serrées. Ma tension monte d’un coup :
 
« Bah qu’est-ce que t’attends ! Saute aussi ! »
 
Le Besalisk tourne sa grosse tête. Il me fusille du regard. L’énorme veine sur son front menace d’exploser tel une arme de destruction massive.
 
« Putain ! Ouais ! Comment j’y ai pas pensé bordel ? T’es un génie Korg’ ! »
« … »
« Tu veux un scoop ? Je peux pas ! Faut reboot tout le système pour recalibrer l’hyperdrive et l’électronique embarquée. Les perturbations électro-magnétiques de la nébuleuse ont tout déréglé… »
« Chier… »

 
Je secoue la tête. C’était ça le plan de Calli Jones ? Raaah. Mais à peine cette pensée me saute à la gueule que je l’écarte d’une bonne grosse mandale dans sa mâchoire imaginaire. Peu probable. Lui aussi a subit les effets des perturbations, ce qui explique qu’on l’ait pratiquement rattrapé alors qu’il avait une bonne longueur d’avance sur nous. Non. Clairement, c’est Te Hasa qui intéresse l’enfoiré de professeur. Il est prêt à prendre tous les risques pour pénétrer l’enclave Gree par ce monde. Pourquoi ?! Question futile. Y’a d’autres priorités que de se casser la tête avec une question dont la réponse est incertaine. En vrai, là, tout de suite, maintenant, y’a juste qu'un seule et unique truc qui m’importe :
 
« Ça va prendre combien de temps ?! »
 
La réponse est immédiate. Autant pour moi que pour la Jedi :
 
« Une éternité si je suis le seul à me sortir les doigts du cul ! See’Ryl faut que tu descendes dans la fosse de maintenance pour shunter manuellement les circuits de secours… Korg’ est trop gros pour l’atteindre… Korg’, toi, tu fonces dans la soute. Actionne le coupe-circuit général du tableau électrique. Moi je reste ici pour relancer les systèmes dès que tout sautera… »
« T’es sérieux putain ? Y’a pas juste un bouton « reset » sur ce fichu tableau de bord ? »
« Ta gueule ! C’est pas le genre de truc que t’es sensé faire en plein vol ! Quand je dis que tous les systèmes vont reboot… Je déconne pas : Survie, gravité, boucliers déflecteurs… La température va chuter d’un coup et on va se bouffe tout le rayonnement de la nébuleuse. Alors si vous commencez à pisser le sang des yeux et du nez, c'est parfaitement normal… »

 
Putain, tu parles d’un plan. Je hoche la tête. Y’a un moment pour cogiter, et un moment pour agir. Et moi par principe, j’évite de trop cogiter. C’est douloureux et pas naturel. Je détache le harnais, me lève, fais volte-face et m’apprête à quitter le cockpit, lorsque je me fige. Je pose la foutue question qui rebondit soudainement entre mes tempes :
 
« Juste une question Jett’ ça ressemble à quoi un coupe-circuit ?! »
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