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Des sons de sabots résonnaient dans la salle rectangulaire où deux filles de races différentes discutaient entre elles à voix basse. De larges escaliers flanquaient la salle pour mener à des couloirs de l'étage supérieur. Deux portes se faisaient face sur les autres murs de la salle au centre de laquelle se dressait un pilier sur lequel était gravé le verset d'un ouvrage quelconque faisant allusion au Code Sith. Kael errait, le regard dans le vide, le visage tronqué par une mèche de cheveux. Les Siths étaient partis en guerre dernièrement et il n'avait pas été appelé à quitter l'Académie pour prendre les armes, que ce soit sur Dubrillion, sur Dathomir ou même sur Gree. Quel guerrier était-il si on ne lui faisait pas confiance ? Il n'avait toujours pas trouvé de maître voulant de lui, comme s'il était voué à rester cet Apprenti errant allant gentiment aux cours comme un bon élève qui ne serait jamais pris au sérieux.

Son heure viendrait où un Guerrier Sith s'intéresserait à lui et voudrait de lui comme apprenti, il le savait. S'il baissait les bras, il attirerait encore moins l'attention sur lui. Il en allait de sa fierté, de son honneur même. Il devait garder la tête haute. Joignant le geste à la pensée, Kael leva le regard. Il vit alors que trois Apprentis avaient descendu les escaliers et allaient lui passer à côté, et il les connaissait déjà. Il savait très bien que ces trois-là n'allaient pas lui passer à côté sans rien dire. Deux Humains et un Trandosien, tous les trois mâles, tous les trois au courant du passé d'esclave de Kael.

Cela ne manqua pas.

Apprenti Humain 1 – Faut vraiment qu'ils gardent les chevaux à l'écurie et arrêtent de les laisser entrer dans le bâtiment, c'est n'importe quoi... J'ai l'impression d'être à la ferme de mes grands-parents, rien qu'à l'odeur...

Le Trandosien ricana et l'autre Humain se lança dans une piètre imitation de hennissement. Le sang de Kael ne fit qu'un tour. Il se cabra en faisant volte-face et se laissa retomber en claquant violemment le sol carrelé de ses deux sabots.

KAEL – Tu n'as pas retenu ta dernière leçon ? Tu tiens à te faire broyer devant tes deux amis ?
Apprenti Humain 1 – Tu veux me broyer ? Oh mais attrape-moi si tu peux !

Quel imbécile ! Il n'était qu'un Humain et provoquait un Chironien à la course ! Il pensait vraiment ne pas se faire attraper ? Kael s'élança en serrant les poings, bien décidé à lui faire manger ses mots à lui en faire péter les dents. Sauf que l'Humain n'était pas aussi débile que Kael le crut : il avait calculé son coup. Il courut vers le pilier, et avec le Chironien à ses trousses, il tourna autour brusquement. L'homme-cheval ne sut opérer le même changement brusque de direction, voulut freiner pour tourner autour du pilier, mais ses sabots dérapèrent sur le carrelage, et il se vautra sur le flanc bien lamentablement. Il se remit debout au plus vite mais l'Humain rejoignait déjà ses deux amis qui éclataient de rire. Même les deux filles plus loin – une Humaine et une Falleene – étouffaient difficilement leur rire devant la gamelle de Kael.

Ce dernier n'en fut que plus enragé. Il s'approcha au pas du groupe des trois abrutis, les poings serrés à en avoir les mains blanchies.

Apprenti Humain 2 – Oh là, attention, on dirait qu'il est énervé, le canasson !

Kael fit mine de braquer son regard sur le premier Humain qu'il venait d'essayer de pourchasser, pour faire baisser leur garde aux deux autres abrutis. Sournoisement, en marchant, il vient écraser de toute ses forces le pied nu du Trandosien. Le reptile siffla de douleur et se recula en boitillant, puis se tint le pied dans une main. Il empoigna ensuite l'Humain à la gorge, manquant de l'étrangler, et s'apprêta à lui délivrer un bon coup de sabot dans le ventre... quand il reçut soudain une claque sèche sur la croupe par l'autre Humain. Le Chironien lâcha nerveusement un hennissement en avançant mécaniquement de deux pas. Humilié.
Il riposta avec une ruade par réflexe, un peu trop prévisible par l'Humain qui se décala à temps.

Apprenti Humain 2 – Vilain cheval !

Kael lâcha l'autre Humain pour s'occuper de lui, mais alors qu'il tourna le dos à sa première cible, cette dernière en profita pour lui claquer la croupe à son tour.

Apprenti Humain 1 – Hue dada !

Kael hennit encore et rua dans le vide.

Apprenti Humain 1 – Tu vois Mudo, c'est ça un hennissement ! Tu le fais mal !
MUDO – Ouais, bah j'suis pas un cheval, moi !
Apprenti Humain 1 – Attends, regarde...

Le Chironien sentit le copain de Mudo prendre appui sur sa croupe pour bondir et lui atterrir à califourchon sur le dos, osant ainsi le chevaucher comme une simple monture. La pire insulte qu'il était possible de faire à un Chironien comme Kael. Ce dernier hurla en se cabrant, alors que son cavalier se tenait à ses cornes.. Mudo fut stoppé dans ses ricanements par un coup de sabot en plein menton. En se cabrant, Kael n'essayait pas simplement de désarçonner l'autre Humain, il venait d'en profiter pour attaquer l'autre.

MUDO – Putain Ladig tiens-le !
LADIG – Ouais bah reste pas juste en face non plus, sinon c'...aaaaaaah !

Kael saisit le bras de Ladig, et donna un coup de cul en tirant violemment dessus, faisant perdre tout appui à son cavalier en réussissant à lui faire lâcher prise sur sa corne. Ladig s'écroula comme une poupée en gémissant.

Kael le plaqua au sol sous son sabot antérieur droit.

KAEL – Tu as de la chance que je n'aie pas le droit ici de te faire rentrer le nez à l'intérieur de crâne...

Mudo sentait le goût du sang dans sa bouche et se tenait maintenant à l'écart, tout comme le Trandosien qui s'était assis pour se masser le pied – sans avoir eu besoin de retirer quelconques chaussures.
Absalom Thorn
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— Je dis simplement que…
— Il y a des manières plus subtiles de gérer un Empire que par la seule opposition entre une rébellion et un autocrate. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas une démocratie que le pluralisme est une valeur sans intérêt, et sans efficacité, en particulier dans les plus hautes sphères.

Silence.

Aux yeux des observateurs extérieurs, les deux Siths qui discutaient à voix basse dans un coin d’un vaste hall de l’académie tristement célèbre de Korriban auraient fort bien pu être en train d’échanger des considérations pédagogiques sur la formation des Apprentis. Darth Noctis n’avait jamais paru y accorder un intérêt très prononcé, mais il y faisait parfois son apparition, et daignait y dispenser, dans quelques conférences exceptionnelles, un peu d’un savoir qu’on assurait encyclopédique.

Pour lui, c’était l’occasion de repérer quelques Apprentis prometteurs et de lisser sa réputation. L’avènement de la nouvelle impératrice avait rendu ces exercices plus compliqués. On complotait dans tous les coins de l’Empire, soit pour s’assurer la bienveillance de la souveraine parachutée sur un trône devenu bien fragile, soit pour renverser une Apprentie qu’on jugeait mal taillée pour l’exercice de l’État.

Pour se dépêtrer de ce danger, Noctis devait fournir des efforts considérables. Si à ses yeux les changements récents au sommet de l’Empire défiaient la logique la plus élémentaire, il n’avait aucune attention de perdre un temps précieux à s’acoquiner avec des conspirateurs. L’Empire n’avait jamais été qu’un moyen pour parvenir à ses fins et, quand un outil exigeait plus d’entretien qu’il n’offrait de secours dans les travaux que l’on se proposait, c’était qu’il avait perdu de son utilité.

— Loin de moi l’idée de suggérer une quelconque forme de rébellion, se défendit la professeure d’astromécanique, que la perspective d’avoir mal interprété les intentions de Darth Noctis et de s’être exposée à une dénonciation fâcheuse effrayait soudain.
— Naturellement, répondit l’Hapien.

Depuis quelques semaines, il s’employait à mettre autant de distance possible entre lui et les éventuels rebelles, sans pour autant se rapprocher de l’Impératrice. C’était un exercice d’équilibriste bien délicat, mais à ses yeux tout à fait nécessaires au genre de liberté dont il estimait avoir besoin pour poursuivre ses travaux. Sur Korriban, il venait prendre le pouls des intellectuels siths et de la jeune génération.

— Ceci étant dit…

Des bruits qui montaient d’un couloir voisin l’interrompirent. Les altercations entre les élèves n’étaient pas rares et les règles académiques ne suffisaient pas à contenir la rage et la violence que les éducateurs cultivaient par ailleurs avec beaucoup de zèle. Noctis plissa les yeux. La professeure vit dans cette diversion une occasion en or de se défiler d’une discussion devenue trop compromettante.

— Je dois préparer mes prochains cours.
— Je ne voudrais pas vous retenir, conclut l’Hapien d’un ton distrait.

Deux sourires de façade plus tard et elle s’éloignait sur ses innombrables petites pattes. Noctis fit un signe à Darth Venenous, l’inquisitrice qui le servait fidèlement.

— Suis-la, murmure-t-il tout bas, il est temps que j’exerce mon magister moral sur les membres du personnel les plus indisciplinés.

Le chantage était une arme précieuse qu’il ne répugnait pas d’employer. Venenous inclina la tête et ne tarda pas à se fondre dans les ombres, tandis que Noctis remontait le couloir où l’altercation entre les Apprentis touchaient à sa fin. Quand il fit son apparition dans la salle, les deux guerrières qui observaient la scène en pouffant se mirent soudain comme au garde-à-vous, mais les garçons étaient sans doute trop pris dans leur combat pour remarquer sa présence.

Pour les Apprentis de Korriban, Darth Noctis était une figure lointaine, et par conséquent entourée de légendes de dortoir. Il faisait partie de ces Seigneurs Siths dont les activités avaient peu à voir avec l’Académie, et qui n’existaient la plupart du temps pour celles et ceux qui y résidaient que sous la forme de nouvelles lointaines, d’histoires enjolivées et sensationnelles. On parlait du rituel de Kano-IV, des expérimentations que menait Noctis, des secrets qu’il dissimulait, de la ferveur presque fanatique de son entourage.

Et puis, bien sûr, il y avait des instincts plus primordiaux qui commandaient à la fascination exercée par l’Hapien. La beauté. La sienne était le fruit tout autant des arts du Côté Obscur que de ceux de la génétique de sa planète d’origine. Même si personne n’ignorait les penchants masculins de Darth Noctis, et même si ceux-ci alimentaient parfois les plaisanteries désobligeantes des apprentis mâles, les jeunes femmes de Korriban échafaudaient de temps à autre d’irréalistes projets de séduction.

Le regard du jeune homme courut sur chacun des protagonistes. C’était le regard des Seigneurs Siths, qui vous remuait de l’intérieur. La combativité de Kael était indubitablement remarquable, et quoique Noctis n’eût que peu de goût lui-même pour les batailles, petites ou grandes, il avait bien conscience de la nécessité de savoir parfois s’entourer de guerriers compétents. Fussent-ils aussi… particuliers… que celui-là.

— C’est lui qui nous a agressés, s’exclama soudain Mudo, en fort mauvaise posture, quand il s’aperçut de la présence d’un Seigneur Sith dans la salle.
— Manifestement avec succès, commenta tranquillement l’Hapien en s’approchant de lui, vous n’avez pas eu l’air de savoir vous défendre.

Ce n’était pas exactement la réaction escomptée. Mudo baissa les yeux, pour ne pas croiser le regard inquisiteur du Sorcier, alors que le silence d’après bataille régnait désormais dans la petite salle. Les yeux de l’Hapien se posèrent rapidement sur Kael. Noctis désigna Ladig d’un geste de la main.

— Laissez-le tranquille et racontez-moi plutôt ce qui s’est passé.
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MUDO – C'est lui qui nous a agressés !...

A qui parlait-il, celui-là ? Kael leva le regard, Mudo lui tournait le dos, s'adressant à une personne qui était entrée dans la salle sans que personne – à part peut-être les deux filles – ne l'eût remarqué. Le visage de cette personne était inconnu de Kael, et pourtant sa tenue présentait quelques parements bien distinctifs : il s'agissait d'un Seigneur Sith. Kael eut un instant d'hésitation : devait-il retirer son sabot et libérer Ladig, ou bien au contraire le maintenir plaqué au sol dans cette position de domination devant le regard du Seigneur Sith ? Au final il ne bougea pas, ne permettant pas à Ladig de se mettre dans une bonne position pour regarder la personnalité s'approcher de son copain.

DARTH NOCTIS – Manifestement avec succès, vous n'avez pas eu l'air de savoir vous défendre.

Kael resta méfiant. Le Seigneur Sith pouvait très bien décider de tous les réprimander, Ladig, Mudo et le Trandosien pour avoir été mis en défaite malgré leur supériorité numérique, et Kael pour avoir agressé ces trois abrutis dans l'enceinte de l'Académie. Kael se garda donc d'éprouver le moindre soulagement en voyant la plainte de Mudo se retourner contre lui-même.

Mudo dévia le regard, honteux, tandis que le Trandosien exécutait un salut révérencieux sans dire un mot, en même temps que Kael, de qui s'approcha le Seigneur Sith. Ce dernier s'adressa à lui en désignant Ladig du doigt :

DARTH NOCTIS – Laissez-le tranquille et racontez-moi plutôt ce qui s'est passé.

Kael recula sa patte antérieure droite, libérant ainsi Ladig, tout en s'inclinant encore devant le Seigneur Sith. Dans cette position inclinée, il se permit discrètement de le renifler. Il était naturel chez lui de renifler ses interlocuteurs et même beaucoup de choses en général, mais il savait que dans les sociétés humaines, c'était un geste assez inconvenant, que l'on laissait aux animaux. Le Seigneur Sith avait une odeur corporelle assez douce, presque veloutée, peu virile mais charmante. Sa voix était plus masculine, mais toujours dans le velours, suave et envoûtante. Kael se redressa enfin.

Son regard plongea alors dans le bleu profond de celui de son vis-à-vis aux cheveux blonds, à la peau hâlée et aux traits finement dessinés. Cet Humain était beau, indéniablement. Kael avait une beauté virile, un charme animal, tandis que son vis-à-vis avait une beauté plus subtile, plus profonde. L'échange de regard fut bref mais intense, sans jamais trahir un manque de respect de la part de l'Apprenti qui était un véritable étalon dans tous les sens du terme.

Ladig se dépêcha de se décaler et de se mettre debout, ne voulant pas subir l'humiliation de rester au sol plus longtemps.

KAEL – Ils m'ont insulté, j'ai défendu mon honneur en leur apprenant à me respecter, Seigneur. J'estime que c'est le comportement que doit avoir un noble guerrier.

Mudo ne put se retenir de pouffer. Ladig, époussetant sa bure, en rajouta une couche :

LADIG – « Noble guerrier »... Non mais pour quoi il se prend, l'autre...

Ladig salua le Seigneur Sith pour pouvoir prendre la parole.

LADIG – Le combat n'était pas fini, Maître. Vous m'avez vu le chevaucher ? J'ai toujours réussi à le dominer les fois précédentes, il n'y avait pas de raison que ce soit différent cette fois-ci. Cet animal nous a agressés parce qu'il est vexé de son infériorité.

Kael lui lança un regard noir, laissant sa queue fouetter l'air.

KAEL – Je ne suis ni un animal, ni ta monture, et je te mettrai à terre aussi souvent que tu le prétendras.
LADIG – Mais regarde-toi ! Tu pues le cheval ! Tu hennis comme un cheval ! Tu es un cheval ! Tu t'es vautré parce que tes sabots glissent sur le sol ! Tu n'as pas ta place ici !

Kael claqua un sabot sur le sol, les poings serrés, la queue toujours plus agitée. Il entendit l'Humaine ou la Falleene, une des deux, étouffer péniblement un rire en se rappelant la gamelle du Chironien dont les sabots avaient dérapé sur le carrelage de la pièce.
Absalom Thorn
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Ah.
Voilà.
Noctis se souvenait à présent de certaines raisons qui le poussaient à éviter les couloirs de l’Académie : ils n’aimaient pas les jeunes. Les groupes de jeunes, en tout cas. Trop de fiertés facilement froissées, de bravades inutiles, trop d’impulsions primaires, dictées par les hormones. La perspective de se retrouver au milieu d’une querelle d’école le fatiguait d’avance.

Au prix d’un effort, il leur conserva néanmoins son attention. S’il leur tournait le dos sans régler la situation, l’altercation reprendrait aussitôt et toute cette énergie juvénile serait gâchée inutilement. Il y aurait un mort, peut-être, et pour Noctis, il n’y avait peu de crimes plus considérables que de retirer à la Galaxie l’un de ses êtres sensibles à la Force.

— Nombreux sont les animaux qui mangent des fruits, jugez-vous pour autant que l’homme qui en mange soit au même rang que l’animal ?

Ladig fixa Darth Noctis d’un air surpris. Il ne s’attendait pas à se faire embusquer par de la philosophie.

— Celui qui siffle comme un oiseau n’est pas nécessairement un oiseau, et celui qui hennit comme un cheval n’est pas nécessairement un cheval. Gardez vous de tirer des conclusions hâtives de caractéristiques communes. Nous avons tous des parentés de ce genre et ce que vous dites d’un tel, on pourrait très bien le dire de vous.
— Oui mais il y a quand même une hiérarchie entre les espèces, non, intervint la Fallenne, ?
— Il y a tant d’espèces sur tant de planètes qui se considèrent au sommet de l’évolution galactique qu’il me paraît prudent d’adopter à cet égard une certaine réserve.

Noctis sentit le scepticisme dans la petite assemblée.

— Ce n’est pas une question de bonté de coeur, c’est une question d’efficacité pragmatique. Les préjugés vous forceront toujours à vous priver d’excellents éléments et à méjuger les autres. Vous ne serez jamais des stratèges et des chefs efficaces si vous vous en tenez à vos préconceptions.

C’était une leçon bien étrange qu’on leur dispensait là, parce qu’elle fleurait bon la philosophie jedi et qu’elle venait de la bouche d’un Hapien, l’une des races sans doute les plus pétries d’eugénisme de la Galaxie. Noctis était lui-même un fleuron de la sur-sélection naturelle et artificielle entraînée par les préjugés hapiens.

Et, au fond, quand il regardait Kael, il voyait lui aussi, d’abord et avant tout, un cheval. Ce qui le frappait chez l’Apprenti, c’était ce qu’il y avait chez lui d’animal et la beauté de sa partie humaine ne suffisait pas à éclipser la bestialité du reste de son corps. Et l’on savait que dans l’entourage de Noctis, les humains et les proches-humains étaient infiniment plus nombreux que les autres espèces.

Mais le Seigneur Sith était le premier à se faire violence pour tenter de se détacher de cette partie de son éducation. Ses efforts n’étaient pas toujours couronnés de succès, il en avait bien conscience, mais il était déterminé à ne pas s’exposer à des erreurs, faute d’avoir pu dominer son racisme latent.

— Quoi qu’il en soit, ce n’est certes pas à vous de juger qui a sa place ici, et qui ne l’a pas. Et comme vous avez manifestement échoué à l’emporter, malgré tous les défauts que vous tenez à souligner chez votre adversaire, j’incline plutôt à penser que c’est vous que l’on devrait peut-être songer à réorienter.

L’un des jeunes gens marmonna quelque chose dans la barbe qu’il n’avait pas et le regard du Seigneur Sith se braqua aussitôt sur lui. L’autre sentit l’esprit du Sorcier envahir le sien. Une présence obscure, étouffante, qui abattait, les uns après les autres, les faibles remparts de sa résistance et de sa volonté. Son corps se mit à trembler. Il parvint, tant bien que mal, à murmurer des excuses pitoyables. Noctis détourna le regard.

— Vous, dit-il à Kael, suivez-moi. Vous trois, direction la bibliothèque. J’attends pour demain un rapport sur la nécessité d’une diversité d’espèces dans une armée qui doit se déployer sur des théâtres d’opération variés. Quant à vous…

Noctis considéra l’Humaine et la Falleene, puis haussa les épaules. Difficile de marquer l’esprit du Seigneur Sith, quand on était une femme. Après s’être assuré que Kael le suivait, il quitta la salle. Dans les corridors, il demeura silencieux, jusqu’à ce qu’ils eussent atteint l’un des chemins sables de l’extérieur.

— Votre espèce est peu commune sur Korriban, et dans le reste de l’Empire, dit Noctis, en reprenant enfin la parole, comment en êtes-vous venu à vous retrouver ici ? A essayer de concilier vos conceptions de l’honneur avec la vie d’un Sith, où l’ambiguïté et la compromission sont souvent des maîtres-mots ?
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Le Seigneur Sith fit la leçon à Ladig, défendant ainsi Kael qui s'efforça de dissimuler un sourire narquois envers l'adolescent Humain qui ne savait plus bien comment se défendre. La Falleene prit pour la première fois la parole, rappelant d'un ton sagement interrogatif qu'il existait une hiérarchie entre les espèces. S'il devait en exister une, alors les Chironiens se situeraient au-dessus des Humains et de bien d'autres races de toute manière, selon Kael – qui manquait évidemment d'objectivité de par sa débordante fierté. S'il avait connu le Seigneur Sith qui se tenait face à lui et aux adolescents, il aurait trouvé pour le moins insolite de le voir nuancer cette théorie de hiérarchie des espèces, pourtant en vogue chez les Siths. Evidemment, personne n'acceptait de voir sa propre race classée comme inférieure à d'autres. Cette Falleene avait-elle une raison de se sentir supérieure ou inférieure à Ladig juste par le fait de leurs races différentes ? Tout ce qui était certain pour Kael, c'est que les Chironien avait une supériorité, une noblesse qu'aucun humanoïde ne pouvait leur voler.

Le Seigneur Sith assena ces derniers mots à Ladig, comme un coup de grâce :

DARTH NOCTIS – Quoi qu’il en soit, ce n’est certes pas à vous de juger qui a sa place ici, et qui ne l’a pas. Et comme vous avez manifestement échoué à l’emporter, malgré tous les défauts que vous tenez à souligner chez votre adversaire, j’incline plutôt à penser que c’est vous que l’on devrait peut-être songer à réorienter.

L'on entendit Mudo marmonner, se sentant touché dans sa propre fierté par procuration puisque ce qui venait d'être dit à son copain pouvait lui être dit de même. Ce ne fut pas au goût du Seigneur Sith qui écrasa Mudo, non pas par les mots, mais par l'esprit. Il ordonna ensuite à Kael de le suivre. Le Chironien s'inclina gracieusement. Ladig, Mudo et leur copain Trandosien dont Kael ne connaissait toujours pas le nom depuis le temps qu'il les croisait tous les trois, reçurent un devoir à rendre sur un sujet qui avait de quoi faire rire compte tenu du contexte. Il n'y eut rien pour l'Humaine et la Falleene, qui n'avait rien fait de plus répréhensible que de pouffer pendant la bagarre.

Kael emboîta le pas à l'Humain. Discrètement, quand le regard de ce dernier n'était pas posé sur lui, il le reniflait, écarquillant ses larges narines évoquant la forme des naseaux d'un cheval. Cet Humain était aussi beau qu'il sentait bon. Il avait de la grâce en lui, dans sa voix, dans ses geste, dans son odeur. Kael était sous le charme. Il eut le temps de se laisser envahir par la présence du Seigneur Sith jusqu'à ce qu'ils trouvassent un patio où les sabots du Chironien foulèrent un sol sablonneux et non plus dallé. La sensation était différente mais pas moins nocive à long terme, le sable pouvant tout aussi bien éroder ses sabots. Korriban manquait cruellement de terre et d'herbe. De terre, en tout cas.

DARTH NOCTIS – Votre espèce est peu commune sur Korriban, et dans le reste de l’Empire. Comment en êtes-vous venu à vous retrouver ici ? A essayer de concilier vos conceptions de l’honneur avec la vie d’un Sith, où l’ambiguïté et la compromission sont souvent des maîtres-mots ?

Cherchait-il simplement à faire connaissance avec lui ? Ou avait-il quelque chose derrière la tête ? Kael n'avait pas entendu Ladig ni Mudo pointer devant ce Seigneur Sith le fait qu'il n'avait pas de maître, mais puisque justement Kael était d'une espèce si singulière, ce Seigneur Sith le savait peut-être déjà sans même l'avoir encore rencontré en personne. En ce cas, il fallait peut-être voir là-dedans le début d'un test. Si ce Seigneur Sith savait déjà que Kael était sans maître, il savait aussi probablement qu'il avait eu un passé d'esclave. Pourtant, par fierté, il était hors de question pour Kael de l'évoquer aussi librement, même devant un Seigneur Sith ; tant pis si cela passait pour de la malhonnêteté.

KAEL – J'ai reçu une pré-formation sur Dilbana de la part d'un Sith qui m'a aidé à me défaire de ceux qui m'ont arraché à ma tribu sur Chiron. Mes origines sont sur Chiron, mais ma tribu actuelle est l'Ordre Sith, elle est ma force maintenant, et c'est en tant que Sith que je deviendrai le plus grand guerrier.
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— Le plus grand guerrier, répéta le Seigneur Sith d’un air pensif, en observant les vallées désertiques qui s’étendaient au-delà de l’Académie.

C’était une obsession communément partagée, chez les Jedis comme chez les Siths, et qu’il n’avait jamais réussi à tout à fait comprendre. Combien de Padawans et d’Apprentis Siths avaient-ils croisé qui s’acharnaient, dans les salles d’entraînement des Temples et de l’Académie, sabres lasers à la main, dans l’espoir de marcher dans les pas des grands maîtres d’armes ? Combien étaient fascinés par les éclats lasers, et la gloire que l’on conquérait dans les combats ?

Pour Darth Noctis, c’était une idéologie néfaste qui promettait l’Empire à une fin précipitée. Désormais, le prestige ne s’acquérait presque plus qu’à la force du sabre. L’Impératrice avait été parachutée sur son trône à moitié instruite et à moitié éduquée, sur la seule fois de quelques hauts faits militaires. Le savoir et la connaissance intime de la Force le cédaient face à la logique implacable de l’expansion territoriale, qui servait presque seule d’alibi à un Etat par ailleurs fragile, et on alimentait la violence des combats en entretenant les idéaux militaires de la jeunesse.

Pour un diplomate et un érudit tel que lui, c’était une voie dangereuse, et même une hérésie.

— C’est assurément une noble vocation, dit-il d’un ton confiant.

Il fallait savoir composer avec les hérésies.

— Je vous avoue que je prends rarement part aux affaires de l’Académie, et presque jamais à la formation des Apprentis. J’ai sur ces questions des perspectives qui cadrent mal avec les politiques éducatives actuelles.

Ses perspectives cadraient mal avec beaucoup de politique de l’Empire, certes.

— Et je suis de toute façon trop occupé par ailleurs. De sorte que je ne suis pas nécessairement très familier avec les dossiers respectifs des différents Apprentis.

Une manière détournée de laisser entendre que le passé difficile que Kael avait évoqué à demi-mots n’entrait pas en ligne de compte pour lui et qu’il était prêt à envisager la situation du Chironien à nouveaux frais.

— De ce que j’ai pu voir en tout cas, vos talents martiaux sont à la hauteur de vos ambitions. Je ne doute pas que vous vous illustriez bientôt dans le Tournoi des Apprentis, qui ne devrait pas tarder à rouvrir ses portes.

Une institution barbare, à son humble avis, qui avait probablement fait périr bien de jeunes esprits utiles, dont l’Empire aurait pu tirer un grand profit.

— Mais je crois que vous serez d’accord que le vrai valeur d’un guerrier ne se mesure pas aux combats qui se tiennent dans le cadre contraint des tournois et des écoles, mais bien sur le terrain, où tout ce que l’existence a d’imprévisible s’oppose aux habitudes et à l’académisme. Trop souvent, en ces temps de guerre, de jeunes Apprentis sont jetés sur les champs de bataille, qui n’ont jamais connu que Korriban.

L’Empire, qui était loin d’avoir une opération de repérage des jeunes talents prometteurs aussi systématique et bien rodée que celle de l’Ordre Jedi, avait encore probablement de vastes réserves de jeunes gens à éduquer à Korriban, mais Noctis était persuadé que si le conflit s’éternisait, les forces vives de l’une et l’autre nations finiraient par s’épuiser. Une manière d’arriver à la paix bien peu profitable.

— Et j’imagine donc que vous êtes désireux de mettre vos compétences à l’épreuve du réel. De participer aux luttes de votre tribu. De parcourir ces mondes que la guerre secoue, pour y faire l’utile démonstration de votre honneur.

C’était une manière de chasser le souvenir de la bagarre entre gamins à laquelle il avait assistée, pour lui substituer le cadre bien plus reluisant des grands conflits galactiques.

— Ainsi, comment se fait-il que vous soyez sur Korriban ? De toute évidence, vous avez tous les talents nécessaires pour vous illustrer ailleurs. Que pouvez-vous encore espérer apprendre des enseignements que l’on dispense ici… ?

Etape 1 : Faire rêver d’ailleurs. Etape 2 : Remuer le couteau dans la plaie du présent. Etape 3 : Proposer un avenir brillant. Etape 4 : Tirer parti de ses nouvelles recrues. Ce n’était pas une méthode infaillible, mais c’était une méthode éprouvée. Or, quelque dédain que Noctis pût avoir de la chose militaire, il avait bien conscience qu’il était toujours utile d’être entouré de guerriers capables, quand la diplomatie avait besoin d’être rehaussée d’un peu de force.
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Imitant le Seigneur Sith, Kael porta son regard vers l'horizon toujours aussi sablonneux servant de décor à l'Académie. A chaque fois qu'il observait ce paysage, il ne pouvait pas s'empêcher de le comparer aux étendues verdoyantes de Chiron. Ici, par un arbre, pas une rivière, pas un buisson, pas un brin d'herbe. Et le sable menaçait d'éroder ses sabots trop rapidement, tandis qu'il était possible de se les entretenir naturellement sur un sol terreux. S'il y avait bien une planète où il aurait normalement été impensable de bâtir une académie, c'est Korriban. Et pourtant...

Le Seigneur Sith fit un commentaire ambigu sur les ambitions de Kael. Le genre de phrases qui sonnaient positives, mais dont on soupçonnait un “mais” venant contrebalancer tout le début. Le Seigneur Sith n'ajouta rien, pourtant, alors peut-être pensait-il réellement que Kael avait une noble vocation. Et pourquoi ne le penserait-il pas, de toute façon ? Le mot “guerrier” servait même de grade dans la hiérarchie sith des utilisateurs de la Force. Un Apprenti ayant fait ses preuves pouvait mériter le grade de Guerrier. Ce n'était pas anodin.

Toutefois, l'interlocuteur de Kael avoua avoir quelques perspectives divergentes avec les affaires de l'Académie. Kael ne sut pas bien ce qu'il devait comprendre de cela. Avec quels principes ce Seigneur Sith n'était-il pas d'accord, par exemple ? Il n'avait pas fini de parler, aussi Kael ne l'interrompit-il pas pour lui poser la question.

DARTH NOCTIS – De ce que j'ai pu voir en tout cas, vos talents martiaux sont à la hauteur de vos ambitions. Je ne doute pas que vous vous illustriez bientôt dans le Tournoi des Apprentis, qui ne devrait pas tarder à rouvrir ses portes.

Kael hocha la tête avec conviction. Il était toujours flatteur qu'un Seigneur Sith remarquât vos talents martiaux. Forcément, un compliment venant d'une figure d'élite de la hiérarchie sith touchait d'autant plus Kael. Ce Tournoi des Apprentis, il y participerait, bien évidemment. Il avait déjà manifesté auprès des bonnes personnes sa volonté implacable de s'y illustrer.

DARTH NOCTIS – Mais je crois que vous serez d'accord que le vrai valeur d'un guerrier ne se mesure pas aux combats qui se tiennent dans le cadre contraint des tournois et des écoles, mais bien sur le terrain, où tout ce que l'existence a d'imprévisible s'oppose aux habitudes et à l'académisme. Trop souvent, en ces temps de guerre, de jeunes Apprentis sont jetés sur les champs de bataille, qui n'ont jamais connu que Korriban.

Kael tourna la tête vers le Seigneur Sith, qui l'invitait à la réflexion.

DARTH NOCTIS – Et j'imagine donc que vous êtes désireux de mettre vos compétences à l'épreuve du réel. De participer aux luttes de votre tribu. De parcourir ces mondes que la guerre secoue, pour y faire l'utile démonstration de votre honneur. Ainsi, comment se fait-il que vous soyez sur Korriban ? De toute évidence, vous avez tous les talents nécessaires pour vous illustrer ailleurs. Que pouvez-vous encore espérer apprendre des enseignements que l'on dispense ici... ?

Dans son orgueil, Kael se sentait définitivement flatté par ce Seigneur Sith. Il arrivait toutefois à être surpris par la radicalité des propos tenus par celui-ci. Il semblait dire que Kael n'avait plus rien à faire à l'Académie, à y suivre des cours et des entraînements. Habitué à la tempérance de son père si exigeant qu'il lui avait jusqu'au dernier moment refusé de participer aux combats – certes, il y a six ans, Kael n'était pas encore un adulte – il était presque brusqué par ce Seigneur Sith qui le poussait dehors. Curieusement, par réflexe, Kael y opposa de l'humilité :

KAEL – Cela ne fait qu'un an que je suis à l'Académie. Je suis d'accord avec vous, j'estime avoir la valeur nécessaire pour être envoyé en mission sur le terrain et participer aux guerres de notre clan ; mais je pense avoir encore autant ma place ici qu'en mission. Les enseignements dispensés par les autres Seigneurs me sont précieux. Et les entraînements me sont essentiels, notamment au sabre-laser.

Kael repensa à sa tribu d'origine et son regard se perdit de nouveau dans le paysage.

KAEL – Les guerriers Chironiens participent aux batailles contre les autres tribus, mais quand ils ne sont pas sur le champ de bataille, ils continuent de s'entraîner au camp, et se mesurent les uns aux autres. L'Académie m'a déjà envoyé quelques fois en mission à l'extérieur. J'ai livré bataille sur Gravlex Med, et tenu front contre deux puissants Jedis. Mais je sais que je peux toujours me perfectionner au sabre-laser. Les Seigneurs et les autres instructeurs ont de précieux conseils. Entre deux missions, je poursuis mon entraînement ici, et c'est ainsi que je deviens toujours meilleur guerrier pour ma prochaine mission.
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Une jeune femme enveloppée d’innombrables rubans noirs se présenta sur la terrasse de l’Académie qui surplombait la vallée des Seigneurs Siths. Son regard croisa celui de Darth Noctis et, quoi qu’elle y lût, elle fut apparemment convaincue de rebrousser chemin. Noctis avait parfois la réputation d’être le moins violent des Seigneurs Siths, mais ses états de service n’en avaient pas mois de quoi faire frémir, et la première leçon de sagesse que l’on apprenait, en entrant à l’Académie, était de ne pas brusquer cette lointaine élite.

— La patience est une vertu, assurément. Certains Apprentis gagneraient à mieux cerner quel est leur rôle et leur place dans le fonctionnement de l’Empire.

Etait-ce une référence à peine voilée à l’intronisation d’une Apprenti ? Elle avait en tout cas quelque chose de bien ironique, si l’on considérait la rapidité avec laquelle Noctis s’était lui-même élevé dans les deux hiérarchies, celle de l’Ordre et celle des Siths. Il était jeune, beaucoup plus jeune que bien des Seigneurs, et l’on se doutait sans peine qu’il avait dû faire preuve d’une ambition impatiente pour se hisser si vite si haut.

— Mais vous conviendriez avec moi que l’Académie n’est pas une école égalitaire et que si son but est de former la jeunesse de l’Empire, il n’est pas nécessairement de transformer chaque Apprenti en Guerrier. En réalité, je crois que la majorité de celles et ceux qui passent par ces couloirs finissent par grossir les rangs des acolytes, de cette foule d’hommes de mains plus habiles au sabre qu’à la Force, qui répondent aux nécessités perçues des opérations.

Et l’Empire avait tout intérêt à entretenir une certaine médiocrité dans le gros de la population étudiante de Korriban, parce que le système n’aurait jamais pu supporter de vastes promotions de Guerriers compétents et avides de pouvoir et d’indépendance. Aux yeux de Noctis, l’Académie était tout autant une machine à broyer qu’à former : sous le couvert d’une parfaite quoique rigoureuse méritocratie, elle était occupée à produire en masse un contingent d’assistants dociles.

L’entourage du Seigneur Hapien comptait peu de ces Acolytes ou de ces assassins. En la matière, Noctis préférait des soldats civils, non pour des raisons véritablement stratégiques, mais bien plutôt parce que l’idée qu’on avait sacrifié le potentiel qui dormait en tout utilisateur de la Force lui fendait le cœur.

— A mon sens, une bonne partie de la formation dispensée ici devrait être itinérante, développé en partenariat avec les grandes écoles impériales et en prise avec les affaires de notre temps. Un Sith digne de ce nom est un esprit développé et un esprit ne se développe qu’en découvrant ce qu’il ignore, par l’expérience autant que la théorie. Dans le monde aseptisé des couloirs académiques, on n’apprend jamais que ce qui est déjà su, et la véritable école, c’est la Galaxie.

Pour Noctis, à partir d’un certain âge, un Apprenti aurait dû enchaîner les semestres, un peu partout dans l’Empire, et les expériences concrètes, dans la flotte, dans les gouvernements, dans la diplomatie, dans l’État-Major. Ce qu’il ne soulignait pas, c’était que ce tableau idyllique redoublait les exigences intellectuelles qui pesaient sur les Apprentis et si l’on pouvait espérer à bon droit qu’il profiterait à une petite élite d’élèves brillants, il laisserait sur le carreau ceux qui, dans le système en vigueur, pouvaient espérer s’élever dans les rangs par la seule vertu de leur sabre.

— Bref, quoi qu’il en soit, l’idéalisme est stérile s’il nous empêche de composer avec la réalité et vous avez certainement raison de chercher à tirer tout le profit de la vôtre.

Mais tout son propos avait bien eu pour but de jauger l’ambition de Kael, et de stimuler son appétit.

D’un geste de la tête, le Seigneur Sith désigna le bâtiment derrière eux.

— Et ce genre de scène, ça vous arrive souvent ? Le… Racisme, je suppose, des autres élèves. C’est une chose courante dans cette Académie ?

Un temps.

— Je suppose que tout le monde est pétri par des préjugés façonnés à l’aune de sa propre nature, évidemment. Moi-même, je mentirais en disant que je n’ai pas spontanément des a priori.

C’était un trait typique de la discipline de Noctis, probablement largement héritée de sa formation de Jedi : essayer d’identifier ses propres défauts et de les regarder en face. Les Jedis y voyaient une précieuse leçon d’humilité ; le Seigneur Sith, lui, était persuadé que c’était une rigueur qui l’aidait à être plus performant. Même l’aveu de ses faiblesses était le fruit de son ambition.
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DARTH NOCTIS – La patience est une vertu, assurément. Certains Apprentis gagneraient à mieux cerner quel est leur rôle et leur place dans le fonctionnement de l'Empire.

Ladig, par exemple, devrait apprendre où était sa place, et ce n'est pas sur le dos d'un Chironien ; mais Kael doutait fort qu'il fallût y voir une allusion à ce crétin raciste. Le Seigneur Sith parlait de trouver sa place dans le fonctionnement de l'Empire, c'était donc plus global que ça. Alors, fallait-il entendre un reproche à Kael de sous-estimer sa vraie place dans l'Empire ? Pourquoi ce Seigneur Sith cherchait autant à flatter Kael alors qu'il l'avait simplement vu se bagarrer avec trois Apprentis plus jeunes que lui ?

DARTH NOCTIS – Mais vous conviendriez avec moi que l'Académie n'est pas une école égalitaire et que si son but est de former la jeunesse de l'Empire, il n'est pas nécessairement de transformer chaque Apprenti en Guerrier.

Mais ça l'était quand même aussi, non ? Le Seigneur Sith commençait sa phrase par « vous conviendrez avec moi », mais qu'est-ce que Kael en savait réellement ? Comment pouvait-il porter un tel jugement sur l'Académie ? Certes, en un an, on a déjà le temps de se forger une opinion, normalement ; mais de ce que Kael en a vu, certains Apprentis de l'Académie sont promis à devenir de grands guerriers, et c'est le destin que Kael se voyait tracé. L'Académie n'était pas égalitaire mais Kael finirait dans le haut du panier. Si ce Seigneur Sith avait remarqué son potentiel, d'autres le remarqueraient aussi, surtout avec l'échéance du Tournoi des Apprentis sous peu.

DARTH NOCTIS – A mon sens, une bonne partie de la formation dispensée ici devrait être itinérante, développée en partenariat avec les grandes écoles impériales et en prise avec les affaires de notre temps. Un Sith digne de ce nom est un esprit développé et un esprit ne se développe qu'en découvrant ce qu'il ignore, par l'expérience autant que la théorie. Dans le monde aseptisé des couloirs académiques, on n'apprend jamais que ce qui est déjà su, et la véritable école, c'est la Galaxie.

Et Kael avait bien cité sa mission sur Gravlex Med. Il pourrait aussi citer la fois où il avait été envoyé sur Nar Shaddaa ou sur Myrkr. Et tout cela durant sa toute première année à l'Académie, ce qui laissait augurer encore de belles missions aux quatre coins de la galaxie dans le futur. Ce que disait ce Seigneur Sith – qui ne s'était pas présenté et à qui Kael n'osait pas demander le nom – était vrai, mais d'autres Seigneurs Siths à l'Académie en avaient bien conscience, et les Apprentis qui se distinguaient de la masse d'acolytes étaient ainsi envoyés régulièrement sur le terrain pour joindre la pratique à la théorie. Kael ne comprenait donc pas bien les critiques de son interlocuteur.

Perplexe, le Chironien continuait à marcher aux côtés de son interlocuteur en l'écoutant parler avec attention. Ce dernier désigna d'un geste de la tête le bâtiment qu'ils venaient de laisser derrière eux :

DARTH NOCTIS – Et ce genre de scène, ça vous arrive souvent ? Le... racisme, je suppose, des autres élèves. C'est une chose courante dans cette Académie ?

Il devait bien le savoir, non ? A moins qu'il ne soit pas bien observateur... Il était un Humain, un bien bel Humain au demeurant, qui devait plus souvent être courtisé que méprisé. Le racisme, il n'avait pas dû beaucoup le subir dans sa vie, ou en tout cas, faisant partie de la race majoritaire, ça avait dû moins l'affecter. Tous les non-Humains restaient susceptibles de tenir des propos racistes sur les Humains, mais il était toujours plus facile de taper sur les minorités.

KAEL – Très souvent, oui. D'autant que presque personne n'a jamais entendu parler des Chironiens, ici. Ca les amène bêtement à imaginer que je ne suis qu'un animal, certains en sont convaincus.

Il ne pouvait pas dire que c'était quotidien à proprement parler, mais c'en était pas loin. Sans parler du fait que certains avaient entendu parler du passé de Kael et s'en servaient pour le rabaisser d'autant plus ; mais Kael ne voulait pas aborder ce sujet de lui-même, surtout avec un Seigneur Sith. Autant ne pas dégrader inutilement l'image que cet interlocuteur pouvait s'être faite de lui.

DARTH NOCTIS – Je suppose que tout le monde est pétri par des préjugés façonnés à l'aune de sa propre nature, évidemment. Moi-même, je mentirais en disant que je n'ai pas spontanément des a priori.

Même Kael devait reconnaître qu'il avait des préjugés sur bien d'autres races. Sur les Hutts, par exemple, c'était l'exemple le plus évident. Il évitait toutefois autant que possible de s'en fabriquer. Et quand il parlait des Chironiens comme d'une race supérieure, c'était plus souvent pour provoquer des interlocuteurs trop méprisants, mais il ne le pensait pas au fond de lui.

KAEL – Alors, vous aussi, vous avez des a priori sur moi ?

Ce Seigneur Sith avait-il défendu Kael de façon quelque peu hypocrite devant Ladig, Mudo et leur copain Trandosien ? Mais s'il avait des a priori négatifs même sur Kael, pourquoi le flatter à ce point en lui disant, basiquement, que l'Académie n'avait plus rien à lui offrir ? Kael n'avait toujours pas compris ces propos.

KAEL – Vous semblez pourtant dire que l'Académie n'a plus rien à m'apporter, que ma place est sur le terrain. Comme je vous l'ai dit, j'ai accompli une mission importante sur Gravlex Med en étant confronté à des Jedis. J'ai aussi été envoyé sur Nar Shaddaa et sur Myrkr. Et cela ne fait qu'un an que je suis entré à l'Académie. Je suis déjà envoyé sur le terrain, et j'apprends beaucoup. Que dois-je comprendre alors de ce que vous me dites ? Allez droit au but, Seigneur.

Il s'inclina légèrement pour atténuer sa dernière phrase, ne voulant surtout pas que cela passe pour un ordre direct ou un reproche. Kael ne maîtrisait pas bien tous les codes sociaux et la rhétorique, mais il avait bien appris une chose : les Seigneurs Siths tenaient à toujours rappeler la hiérarchie aux Apprentis.
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— J’ai des a priori sur tout le monde. Ceux qui n’en ont pas sont des saints, et je ne suis certes pas un saint.

C’était le genre d’autocritiques radicales qu’on apprenait à se faire au sein de l’Ordre Jedi, mais qui n’étaient pas très populaires chez les Siths. Un Sith devait entretenir son ego, et c’était bien normal : après tout, le reste du monde se chargerait de lui souligner ses défauts. Mais Noctis estimait qu’il était plus exigeant avec lui-même que les autres, de sorte que son humilité en la matière… était une forme d’orgueil.

(Il y a décidément des gens qui auraient besoin d’une longue psychothérapie.)

— J’ai été élevé dans un monde où l’esthétique personnelle jouait un rôle absolument primordial et où le champ de cet esthétique était singulièrement réduit. À mes yeux, intuitivement, même les humains ordinaires sont la plupart du temps négligeables.

Ce qui sous-entendait qu’il n’était pas un humain ordinaire, et peut-être pas un humain du tout.

— Ce n’est pas une attitude dont je sois particulièrement fier et je ne la trouve certes pas utile. Mais je suppose que la lucidité est le préalable nécessaire pour se prémunir de ses défauts et, quoique je puisse ressentir spontanément des autres races, quand je vois la démonstration d’une compétence individuelle et d’une force de caractère, comme les vôtres, je m’efforce de réfléchir au-delà de mes préjugés.

Mais était-ce vraiment le genre d’attitudes que l’on pouvait à bon droit exiger des étudiants qui peuplaient l’Académie, pour la plupart des adolescents loin de pouvoir se plonger dans les subtilités labyrinthiques de la réflexion personnelle avec la même habileté qu’un adepte de la Force habitué aux méditations les plus profondes ? Si un Seigneur Sith lui-même avouait la complexité de la tâche, que pouvait-on espérer des plus jeunes ?

— Et bien des gens au sein de l’Empire ont des a priori sur moi, fondés sur mon espèce et mon apparence. Des a priori quant à ma faiblesse et ma fragilité, notamment.

Certains d’ailleurs ne survivaient pas longtemps à ces a priori là.

— Bref, quoi qu’il en soit, pour revenir à l’Académie.

Il s’arrêta de marcher et, les mains dans les poches, se tourna vers le vénérable bâtiment qui abritait tant des espoirs et des peurs des jeunes gens qui s’éveillaient à la Force au sein de l’Empire.

— J’ai un certain degré de respect pour l’institution. À la différence des Temples Jedi, l’Académie Sith fait le pari difficile de former des gens dont personne d’autres n’auraient voulu, des gens qui ont été repérés tard. Elle a la volonté de trouver de la grandeur même dans les endroits les plus insoupçonnables et, de bien des manières, elle laisse la place à l’expression personnelle. Je suppose que si je suis aussi critique à son endroit, c’est parce que l’on voit plus aisément, et l’on ressent plus vivement, les défauts de ce que l’on estime et que l’on aime.

Pour une bonne part, cette belle opportunité était de la poudre aux yeux, tant il était évident qu’on avait d’autant plus de chance de réussir au sein de l’Académie qu’on était repéré plus tôt, mais les exemples d’Apprentis qui parvenaient à tirer tardivement leur épingle du jeu étaient assez nombreux pour que Noctis y voie une réforme utile de l’étroitesse pédagogique des Jedis.

— Mais je crois que la part de missions et la part d’enseignement théorique, pour quelqu’un comme vous, pour tous les étudiants qui savent déjà se battre et se débrouiller dans le monde, devrait être inversée. Que les missions devraient être votre règle et les retours à l’Académie votre exception. Mais puisque vous m’invitez à aller droit au but…

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Darth Noctis mais, comme chacun savait sur Korriban, un sourire amusé de la part d’un Seigneur Sith était tout aussi bien précurseur de décapitation.

— Il m’arrive d’avoir des affaires qui exigent des interventions musclées, parfois loin des milieux urbains, en pleine nature, avec de longues distances à couvrir et des combats imprévisibles. Le genre de choses où vos compétences uniques, je suppose, s’exprimeraient le mieux. C’est que je travaille régulièrement avec la Bordure.

La vie d’un Seigneur Sith consistait souvent à tenter d’étendre son emprise, formellement ou informellement, sur tel ou tel monde au sein de l’Empire, pour faire valoir sa position, se laisser les coudées franches ou intriguer jusqu’au sommet du pouvoir, et Darth Noctis avait rapidement compris, en quittant la République, qu’il devait lui aussi se bâtir sa zone de protection. Et comme il aimait qu’on le laisse tranquille pendant ses expériences, il avait choisi essentiellement des mondes de la périphérie.

— Seriez-vous disposé à ce principe ? Je ne demande pas un accord général pour n’importe quelle mission, mais, disons, simplement pour commencer l’expression d’un intérêt, et nous verrions ensuite au cas par cas.
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Son interlocuteur botta en touche sur la questions des a priori, que Kael avait centrée sur lui spécifiquement, en disant qu'il avait des a priori sur tout le monde, comme tout le monde. Les Chironiens étaient simplement une race méconnue, très rare, dont Kael pensait être le seul représentant à l'Académie de Korriban, il voulait donc savoir s'il inspirait des sentiments racistes au Seigneur Sith autant qu'à Ladig et ses deux copains. D'une réponse aussi bateau, il n'avait rien à tirer. Le Seigneur Sith se força tout de même à prolonger sa réponse, mais tout ça pour un charabia dont il n'y avait pas plus de choses à tirer, se finissant sur une autre flatterie à l'égard du Chironien.

Kael aimait être flatté, certes, mais il ne comprenait toujours pas ce qui pouvait pousser ce Seigneur Sith à lui faire autant de compliments en l'ayant juste vu se bagarrer contre trois adolescents immatures, surtout quand tout pouvait l'amener à croire que Kael avait déjà perdu plusieurs autres bagarres contre les mêmes adolescents, et qu'il n'était donc arrivé que pour voir sa première victoire à un contre trois. Pour une fois que Kael s'en sortait bien en se faisant harceler par le caïd et ses deux sbires, un Seigneur Sith assistait à la bagarre ; et ce même Seigneur Sith ne mesurait pas que c'était un coup de chance d'être arrivé juste au bon moment ?

De toute façon, Kael venait de lui demander d'aller droit au but. Loin de s'en offenser, le Seigneur Sith, mains dans les poches, s'arrêta de marcher et se tourna face au bâtiment. Kael s'arrêta à côté de lui, suspendu à ses lèvres. Le Seigneur Sith argua que pour les élèves qui savaient déjà se battre et « se débrouiller dans le monde », il fallait que les missions de terrain soient la base, et les cours théoriques un simple apport.

DARTH NOCTIS – Il m'arrive d'avoir des affaires qui exigent des interventions musclées, parfois loin des milieux urbains, en pleine nature, avec de longues distances à couvrir et des combats imprévisibles. Le genre de choses où vos compétences uniques, je suppose, s'exprimeraient le mieux. C'est que je travaille régulièrement avec la Bordure.

Avec la Bordure ? Quelle Bordure ? Kael n'était pas encore calé en spatiographie. Il savait qu'il existait la Bordure Intérieure, la Bordure Médiane et la Bordure Extérieure ; ça, il l'avait bien retenu. L'Empire Sith se trouvait en Bordure Extérieure. Mais du coup, quand ce Seigneur Sith parlait de la Bordure, tout court, il parlait de quoi ?
Quoi qu'il en soit, ce qu'il proposait était évidemment alléchant dans un premier temps. Kael serait mis à contribution dans des affaires en milieux non urbains, promettant longs voyages terrestres et combats, tout ce pour quoi le Chironien était taillé.

DARTH NOCTIS – Seriez-vous disposé à ce principe ? Je ne demande pas un accord général pour n'importe quelle mission, mais, disons, simplement pour commencer l'expression d'un intérêt, et nous verrions ensuite au cas par cas.

Serait-ce là l'occasion de montrer qu'il était déjà un vrai guerrier digne d'aller sur le terrain et d'y passer plus de temps que dans le confort de l'Académie ? Ce qui le dérangeait, toutefois, c'est que cette proposition ne vînt que d'un seul Seigneur Sith, qui avait avoué lui-même avoir des divergences avec l'Académie sur la formation des Apprentis. Kael ne voulait pas se lancer à corps perdu dans le soutien d'un seul Seigneur Sith. Sa maison, c'était l'Ordre Sith en général.

KAEL – Je suis certain d'être taillé pour les missions que vous auriez à me proposer. Je suis plus à l'aise en environnement non urbain (c'était vaste, mais il ne voulut pas entrer dans les détails) et je peux parcourir de grandes distances bien mieux qu'un Humain ou qu'un bipède plus généralement. Sans offense, Seigneur.

Il s'inclina encore. Il était quelque peu frustré de ne toujours pas connaître le nom de son interlocuteur, mais n'osait pas le lui demander, justement parce que c'était un Seigneur Sith.

KAEL – Mais que pensera l'Académie ? Et le Conseil Noir ? Je n'ai même pas encore de maître, et cela ne fait qu'un an que je suis arrivé ici. Je suis prêt pour les missions que vous auriez à me confier, mais je ne peux pas faire défaut à l'Académie sans avoir accompli ce que l'on attend de moi. Ce serait un manque de respect. Je ne demande qu'à pouvoir partir en mission autant que possible, mais je ne veux pas être un marginal. J'ai une place, ici, je ne veux pas la perdre.
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— Oh…

Noctis balaya les objections du jeune homme d’un haussement d’épaules.

— Je ne vous demande pas d’être constamment à mon service. Enfin, je n’écarte pas la possibilité non plus, mais ce serait très prématuré, et pour vous, et pour moi. Je pensais plutôt à des missions ponctuelles, dont je ne doute pas qu’elles puissent s’intégrer à votre formation ici. Des stages pratiques, si l’on peut dire. Rien qui ne vous retienne plus de quelques jours loin de vos études théoriques, si tout se passe bien.

Et, c’était bien connu, tout se passait toujours bien lors des missions, n’est-ce pas ?

— Mais autant vous donner un exemple concret. Si vous voulez bien me suivre…

Darth Noctis avait l’art et la manière de présenter comme des invitations ce qui, de la part d’un Seigneur Sith, relevait de toute évidence de l’ordre auquel il eût été dangereux de désobéir. Ils regagnèrent les couloirs de l’Académie, croisant au passage quelques enseignants, dont la plupart saluèrent l’Hapien avec une courtoisie évidente, signe s’il en fallait qu’il n’était pas aussi ostracisé qu’il voulait bien le laisser entendre.

Certains professeurs de l’Académie se méfiaient naturellement des opinions peu orthodoxes du Sorcier, et d’autres méprisaient son jeune âge, qui dans les sphères académiques de Korriban était toujours associé à l’inexpérience, quelque preuve qu’on eût donné de ses talents, mais la plupart reconnaissait volontiers en lui l’économiste, le diplomate et l’ésotériste chevronné, dont les contributions à la formation des Apprentis, pour être ponctuelles, n’en étaient pas moins nécessaires.

Quelques étages plus haut, Darth Noctis finit par passer la porte automatique d’un bureau, à côté duquel une plaque de métal gravée indiquait « Darth Noctis ». C’était le bureau que l’on prêtait aux conférenciers de passage, le temps de leur séjour, et qui changeait d’occupant tous les mois ou presque. À l’intérieur, par conséquent, tout était un peu impersonnel, et on n’y retrouvait pas les artefacts anciens et les œuvres d’art qui décoraient d’ordinaire les intérieurs du Seigneur Hapien.

La porte se referma derrière Kael, Noctis tira de sa poche une petite sphère et la plaça sur le projeteur d’hologrammes. La silhouette d’une planète ne tarda pas à flotter au milieu de la pièce.

— Ces derniers temps, je me penche sur les planètes agricoles peu industrialisées qui peuplent les secteurs de l’Empire les plus éloignés des grandes voies hyperspatiales. Ce sont des mondes qui attirent peu l’attention, parce qu’ils sont loin de fournir de manière essentielle à l’effort de guerre, mais dont le développement économique et l’intégration au tissu commercial de l’Empire seront absolument nécessaire, si nous voulons soutenir notre croissance, ou même simplement la reconstruction.

Nombreux étaient les Apprentis qui, en découvrant que les séminaires d’un Sorcier Sith dont on se murmurait les exploits aussi génocidaires que magiques étaient en réalité peuplés de considérations sur les enjeux économiques du développement impérial, se retrouvaient frustrés dans leurs désirs d’exotisme et d’aventure.

— Hélas, précisément parce que l’Empire n’accorde qu’une attention limitée à ces planètes, des groupuscules à l’organisation quasi militaires y sèment parfois la terreur. Des pirates, si vous préférez. Leur présence freine considérablement la création d’une économie robuste et l’intégration aux échanges. Depuis quelque temps, j’ai entamé une entreprise de nettoyage de ces zones périphériques.

Lutter contre les pirates pour stabiliser les Etats, c’était un grand classique des entreprises de civilisation. Et pour Darth Noctis, bien entendu, c’était un excellent moyen pour mettre la main sur des bases plus ou moins bien équipés, dans le pourtour de l’Empire, afin de continuer à asseoir son autorité de Seigneur de Guerre. Le jeune Seigneur Sith était connu pour sa propension à déployer un réseau tentaculaire d’entreprises, de centres de recherche, d’institutions éducatives, de pays fantoches, dont il était le coeur attentif.

— Voici Syleria, dans un secteur voisin de celui de Mytus, à la limite des zones explorées par l’Empire, et beaucoup trop loin du front pour que qui ce soit juge opportun d’y consacrer des ressources. C’est une planète de sylviculture et d’agriculture légumière, dans un secteur avec de riches ressources minières localisées dans des champs d’astéroïdes. Si l’agriculture sylerienne se développait, elle pourrait soutenir des avant-postes d’exploitation des minerais.

On était loin du glamour des machinations machiavéliques des Siths qui faisaient fantasmer les nouvelles recrues de Korriban, mais c’était ainsi que les Etats fonctionnaient au quotidien.

— Pour l’heure, les champs d’astéroïdes servent surtout de cache pour des pirates, qui échappent ainsi à la vigilance des rares patrouilles douanières et, plus encore, aux scans de leurs concurrents. Et ces pirates s’approvisionnent sur Syleria, qui subit des raids réguliers. Cette situation perturbe gravement le prolongement de la Voie Hydienne dans ces confins de l’Empire et, naturellement, le développement de la planète.

Et la Voie Hydienne était l’épine dorsale des échanges hyperspatiaux au sein de l’Empire.

— Les pirates surveillent activement la planète, ce qui rend le déploiement d’une équipe d’investigation au grand complet assez difficile. Et j’ai moi-même peu de ressources à mobiliser pour une attaque d’ampleur, sans information préalable. J’ai donc besoin d’un combattant capable de couvrir rapidement de longues distances, pour se livrer à une reconnaissance de tous les points sensibles, de toutes les zones de contact lors des raids, afin de préparer une série d’embuscades et d’utiliser les forces que j’y enverrai au meilleur escient.

En somme, c’est un siège délocalisé qu’il projetait de mettre en place, en coupant les vivres aux pirates pour les affamer, les forcer à quitter en nombre les champs d’astéroïdes et, sans doute, les anéantir dans l’espace ouvert, sans prendre le risque de détruire les astéroïdes eux-mêmes, et de pulvériser leurs précieuses ressources.
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L'entendre dire qu'il avait une place ici et qu'il y tenait, avait de quoi faire sourire. Il avait une place, mais laquelle ? Celle d'un non-Humain à la morphologie atypique, moqué aussi bien pour son assimilation à une monture que pour son passé d'esclave, subissant le dédain pour ne pas avoir de maître... Kael affirmait ne pas vouloir être un marginal, mais de fait, il l'était déjà un peu malgré lui. Seulement, il estimait que sa loyauté envers l'Ordre Sith prévalait, et que même lorsque l'on est au bas de la hiérarchie dans un troupeau, on a malgré tout une place. Il ne tenait qu'à lui de devenir le mâle dominant du troupeau. Pas le chef, mais le plus grand guerrier. Oui, Kael avait sa place, elle n'était simplement pas définitive puisqu'il escomptait évoluer. C'était important pour lui de rester loyal, car ainsi il pourrait montrer ce qu'il valait vraiment, et sa loyauté servirait d'argument supplémentaire pour obtenir le respect de tous.

Son interlocuteur essaya de le rassurer en affirmant que même s'il acceptait, il n'en viendrait pas à être constamment à son service. Kael devait voir cela plutôt comme une succession de stages pratiques qui s'intègreraient à sa formation, sans l'éloigner plus de quelques jours de ses études théoriques.

Mais alors quelle différence avec les missions qui pouvaient déjà parfois être confiées à Kael, que ce fût dans le but de parfaire sa formation ou de le tester pour peut-être attirer sur lui l'intérêt d'un maître ? Pourquoi ce Seigneur Sith avait-il commencé par expliquer qu'il avait des divergences avec l'Académie, et pourquoi présentait-il tout cela comme un choix important pour Kael, comme si ça allait changer son mode de vie ?

Il espéra y voir un peu plus clair quand le Seigneur Sith l'invita à le suivre dans les couloirs pour un exemple concrets. Quittant le paysage sablonneux pour retrouver ces murs et ces plafonds mettant chacun à l'abri des vents abrasifs, le Seigneur Sith reçut les marques de respect de la part des enseignants qu'il croisa ; il n'était donc pas tant que cela un étranger ici, ce qui avait aussi de quoi rassurer Kael, tout en le laissant encore plus dans le flou quant à la situation exacte de ce Seigneur Sith à qui il n'osait pas demander le nom.

Ce nom, il put enfin le connaître, non pas en l'entendant, mais en le lisant : Darth Noctis, ainsi était-ce écrit sur une plaque de métal fixée à côté de la porte du bureau du Seigneur. Un bureau qui ressemblait plus à une salle de conférence qu'autre chose. A se demander si c'était vraiment le bureau de Darth Noctis, comme le supposait d'emblée Kael. Le Chironien ne s'attendait pas à voir de la verdure, mais même par rapport à d'autres pièces de l'Académie et aux quelques vrais bureaux dans lesquels il avait eu l'occasion d'entrer, cette pièce était froide, impersonnelle.

Darth Noctis commença alors à détailler son projet. La déperdition d'informations orale était telle que Kael ne retint pas la moitié de tout ce que le Seigneur lui raconta. Kael retint en synthèse que Darth Noctis parcourait des planètes reculées auxquelles l'Empire s'intéressait peu mais qui lui semblaient propices à l'expansion. Seulement, puisque la présence de l'Empire n'était pas encore assurée, des pirates nuisaient aux développement économique sur ces planètes. Et parmi ces planètes, il y avait Syleria.
Voilà, basiquement, c'était le topo. Ce qui concernait véritablement Kael, c'est la dernière phrase de Darth Noctis :

DARTH NOCTIS – J'ai donc besoin d'un combattant capable de couvrir rapidement de longues distances, pour se livrer à une reconnaissance de tous les points sensibles, de toutes les zones de contact lors des raids, afin de préparer une série d'embuscades et d'utiliser les forces que j'y enverrai au meilleur escient.

Kael agita la queue sous l'effet d'une certaine excitation joyeuse. Oh que oui, cette mission lui plaisait. Parcourir une planètes, traverser de longues distances en pleine nature, faire de la reconnaissance, préparer des embuscades, éliminer des pirates... Tout ce qui relevait des compétences d'un Chironien guerrier digne de ce nom.

KAEL – Oui. Je n'ai pas besoin de réfléchir longtemps : oui, je suis fait pour cette mission.

Voilà qui ne pouvait pas être plus clair.
En revanche, pour Kael, il restait justement des éléments qui ne l'étaient pas – clairs.

KAEL – Mais qu'est-ce que cette mission aurait de particulier, par rapport aux mission que l'Académie a pu déjà me confier ? Je veux dire... Vous m'avez parlé de vos différends avec l'Académie, vous me proposez de me joindre à vous comme si c'était un projet particulier qui mérite réflexion... Que dois-je comprendre, Seigneur Noctis ?

Il espérait cette fois-ci formuler suffisamment bien ses interrogations pour véritablement comprendre ce qu'il devait accepter.

KAEL – Je vous l'ai dit, ma place est au sein de l'Ordre. Tant que le corps directeur de l'Académie n'a pas estimé que j'étais digne de ne plus être qu'un Apprenti, je resterai à ma place et je continuerai à faire mes preuves. Avec le Tournoi des Apprentis, par exemple. Je ne surpasserai pas l'autorité. Je ne contournerai pas l'Académie. Si votre mission est validée par l'Académie, alors je me lancerai avec passion.
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— Excellent.

L’enthousiasme de Darth Noctis était à l’image de ses autres expressions : élégant, poli et mesuré. On pouvait à bon droit se demander s’il lui échappait jamais un mouvement d’humeur. Mais, après tout, la dissimulation et la maîtrise de soi n’étaient-elles pas des qualités absolument nécessaires à qui voulait survivre dans le monde si hostile des Seigneurs Siths ? Le talent permettait d’y accéder mais la prudence permettait d’y demeurer.

Tout en écoutant les questions de Kael, Noctis, qui avait contourné le bureau, pianotait sur une console virtuelle pour charger sur un petit datapad les données dont le Chironien aurait besoin pour mener à bien sa mission.

— La différence est essentiellement géopolitique, je suppose. Depuis un moment, la préoccupation principale de l’Académie est de former des guerriers qui seront envoyés sur le front de la guerre avec la République en général et les Jedis en particulier. J’imagine que dans ce contexte, les missions de reconnaissance solitaire sur des planètes relativement isolées ne sont pas légions.

Les conflits ouverts en particulier, comme celui qui opposait désormais la République et l’Empire, n’étaient guère favorables à ce genre d’exercices. C’était les planètes stratégiques qui tombaient, souvent urbanisées, à force d’assauts concertés et massifs. Et, dans un camp comme dans l’autre, Noctis avait observé l’empressement des autorités à jeter sur les champs de bataille des jeunes utilisateurs de la Force plus ou moins bien formés, puisant dans les forces vives d’une jeune génération qui avait encore beaucoup à apprendre et que l’on sacrifiait sans scrupule sur l’autel d’une prétendue nécessité.

— Et les conséquences pour vous seront également différentes. Tout apprenti que vous soyez, votre travail méritera un salaire. Tenez, la description planétaire, les données cartographiques et les codes d’accès à mes installations du secteur, pour le cas où vous auriez besoin d’un lieu sûr ou de ravitaillement. Vous constaterez, hélas, que le maillage de mon organisation n’est pas particulièrement étroit dans la région, et pour l’essentiel, il vous faudra surtout compter sur vous-même.

C’était aussi — et Kael s’en doutait peut-être — que Noctis ne confiait pas au Padawan tout le détail de ses opérations dans le secteur. Compartimenter l’information était l’une de ses grandes spécialités.

Après avoir tendu le disque à Kael, il enfonça les mains dans les poches et considéra le Chironien. Peut-être aurait-il dû lui proposer une autre mission. Plus complexe, plus intellectuelle, moins primitive. Peut-être que ses préjugés l’empêchaient encore d’estimer cette nouvelle recrue à sa juste valeur. Chassant ses doutes, il reprit le fil de ses réflexions :

— Le salaire, donc. Je peux vous payer en crédits, naturellement. Et vous en aurez toujours besoin. Même si c’est regrettable, le succès hors de l’Académie repose très souvent beaucoup plus sur les ressources que l’on parvient à rassembler que sur ses talents propres.

Et ainsi l’une des premières choses qu’il avait enseignées à son propre Apprenti était la nécessité d’investir avec perspicacité les fruits de son labeur, pour faire fructifier sa fortune et se prémunir ainsi des coups du sort qui agitaient si souvent l’Ordre Sith.

— Mais je peux aussi vous offrir des cours particuliers.

La proposition lui était venue après coup et Kael n’avait certes pas le profil des gens qu’il prenait sous son aile. Mais, comme à son habitude, Noctis était déterminé à se faire violence, pour repousser ses limites et exceller. Personne ne se dresserait sur le chemin de sa grandeur, et surtout pas lui-même, dût-il patiemment éradiquer ses défauts les uns après les autres.

— Tout dépend du genre de Sith que vous voulez devenir, naturellement. Vous n’êtes pas sans ignorer que mes spécialités sont très…

La phrase demeura suspendue. Darth Noctis avait l’air de considérer que sa réputation le précédait. Dans les Temples de l’Ordre, la plupart des Padawans savaient à peu près qui était et ce que faisait chaque Maître Jedi et l’Hapien supposait qu’il en allait de même au sein des Siths, quoique les Seigneurs y jouissent d’une indépendance beaucoup plus grande.

— Je ne m’occupe pas vraiment des affaires guerrières, la plupart du temps, si ce n’est pour aider les gouvernements à en tourner la page, mais ce que je sais sur la Force et la galaxie peut servir néanmoins à ce genre de préoccupations.

Il se murmurait parfois dans les couloirs de l’Académie que les cours particuliers de Darth Noctis étaient une proposition à double tranchant : le Seigneur était réputé pour son talent avec la Force et ses connaissances encyclopédiques, mais les exigences qu’il faisait peser sur ses élèves étaient si considérables que la plupart étaient contraints d’abandonner, avant de perdre l’esprit dans les méandres du Côté Obscur — ou la vie, tout simplement.
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DARTH NOCTIS – La différence est essentiellement géopolitique, je suppose. Depuis un moment, la préoccupation principale de l’Académie est de former des guerriers qui seront envoyés sur le front de la guerre avec la République en général et les Jedis en particulier. J’imagine que dans ce contexte, les missions de reconnaissance solitaire sur des planètes relativement isolées ne sont pas légions.

Kael eut un sentiment partagé sur cette déclaration. D'un côté, la mission que lui proposait Darth Noctis correspondait parfaitement à son profil, et il était très enthousiaste à l'idée de partir l'accomplir. D'un autre côté, être envoyé comme guerrier au front contre la République et les Jedis, ça, ça correspondait parfaitement à ses ambitions. Il ne voulait plus être écarté des combats comme il avait pu l'être adolescent au sein de sa tribu. Cette frustration, maintenant qu'il était adulte et formé, il n'avait plus à la subir. Les propos de Darth Noctis sonnaient comme un choix à faire : soit effectuer des missions de reconnaissance, soit participer aux combats directs contre la République. Kael ne voulait pas choisir. Il était fait pour les deux.

Darth Noctis tendit un holodisque à Kael, contenant les détails de cette mission sur Syleria, tout en précisant par exemple un élément qui distinguait cette mission d'une autre plus classique attribuée par l'Académie : le salaire. A ce sujet, Kael n'afficha aucune excitation. Les crédits, ça lui parlait peu. Culturellement, il avait grandi sans notion de monnaie universelle. Il n'avait découvert cela qu'en étant emporté hors de Chiron, sa planète natale, et n'avait jamais montré un intérêt particulier pour la richesse. Ca ne risquait donc pas d'être la question du salaire qui le motiverait dans cette mission.

DARTH NOCTIS – Mais je peux aussi vous offrir des cours particuliers.

Kael dressa les oreilles, un regain d'intérêt lisible sur son visage. A ses yeux, les cours particuliers d'un Seigneur Sith étaient forcément plus intéressants qu'un salaire en crédits. Il était toutefois étrange de proposer des cours en récompense d'une mission, quand à l'inverse les professeurs de l'Académie Sith confiaient des missions aux élèves qui montaient en compétences au fil des cours.
Ce regain d'intérêt fut donc mitigé. Les cours, les missions, de façon alternative, c'était la norme pour Kael. Proposer des cours comme rétribution, même s'il s'agissait de cours particuliers, était assez ironique. Il pouvait entendre devoir mériter de partir sur le terrain en démontrant qu'il avait des compétences, mais il n'entendait pas devoir mériter d'apprendre. Ca n'avait pas de sens.
De plus, quitte à obtenir des cours particuliers, Kael préfèrerait apprendre auprès d'un puissant guerrier, taillé pour le combat... ce que ne semblait pas être Darth Noctis. Fallait-il donc démontrer que l'on méritait d'obtenir des cours d'une nature peu intéressante ? C'est ainsi que l'orgueil de Kael lui faisait voir les choses. Et ça le gênait.

KAEL – Seigneur Noctis, dans le but de devenir le plus grand guerrier de l'Ordre Sith, j'alterne entre l'apprentissage ici et les missions sur le terrain. Je n'estime pas avoir besoin de mériter d'obtenir un enseignement. L'Académie me donne déjà l'enseignement dont j'ai besoin parce que l'Ordre croit en moi et sait que j'apporterai le meilleur dont je suis capable. La mission que vous désirez me confier est faite pour moi, mais c'est aussi le cas des missions sur le front, au combat contre l'ennemi. Il me reste à trouver un maître ici, mais je sens que je trace déjà ma voie dans la bonne direction.
Absalom Thorn
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Un sourcil levé. C’était toujours mauvais signe. Un froid s’était abattu sur le bureau de l’Académie désertique, un froid presque littéral, alors que Kael avait commencé à faire la fine bouche. La présence de Darth Noctis, ordinairement conciliante, et même avenante, s’était muée en une pulsation inquiétante à travers la Force, comme celle d’un prédateur reptilien qui attendait patiemment de s’enrouler autour de sa proie.

D’autres Seigneurs Siths auraient probablement donné libre cours à leur colère, mais, s’il était tout aussi peu enclin à être désobéi, Noctis était d’un naturel beaucoup moins volcanique. L’insolence de Kael ne fut pas donc pas d’abord accueilli par des éclairs de Force, mais par un silence pesant, alors que l’Hapien contournait le bureau pour s’asseoir dans le fauteuil professoral.

En quelques mots, Kael avait rappelé au Sorcier l’une des raisons pour laquelle il avait peu d’estime pour l’Académie : elle était peuplée de ce qui n’était, à ses yeux, qu’une masse grouillante d’étudiants aux ambitions médiocres, tous prêts à rentrer docilement dans le rang d’un Empire militarisé, et dont la connexion à la Force était au mieux instrumentale, au pire anecdotique. Pour un élitiste de l’ésotérisme comme lui, c’était l’antithèse même de ce que devait constituer une formation de Sith.

Que l’Apprenti attendît apparemment de lui qu’il négocie sa participation à la mission, plutôt que de se plier docilement à ses ordres, déjà fort généreux, et que de saisir l’opportunité au vol, lui paraissait à la limite du concevable. Etait-ce l’avènement d’une impératrice grossièrement sous-qualifiée qui avait donné à la foule des impétrants de Korriban une idée nouvelle et dangereuse, surtout pour eux, de leur place dans la hiérarchie sith, et plus encore impériale ? Ou était-il tombé sur un cas particulier, une forte tête qui passait en moins d’une heure des brimades subies par ses camarades aux velléités d’indépendance ?

— Je suis ravi que vous estimiez n’avoir pas besoin de mériter d’obtenir un enseignement, finit-il par déclarer d’un ton égal, ce doit être bien agréable de se sentir, si jeune, déjà si compétent. La confiance et l’assurance sont des atouts précieux : on les trouve toujours chez les soldats qui peuplent nos champs de bataille.

Darth Noctis plissa légèrement les yeux et l’holodisque s’extirpa comme de lui-même des mains de Kael pour atterrir sur le bureau du Seigneur Sith. Apparemment, la mission était annulée.

— Et vous n’avez pas tort de considérer que de nombreuses autres missions sauraient vous convenir. D’ailleurs, si vous n’étiez bon qu’à une seule chose, il faudrait sérieusement s’interroger sur la qualité de la formation qui vous est fournie. En tout cas, il se trouve réciproquement que de nombreuses personnes conviennent à chaque mission. En somme, nous vivons dans une économie de l’abondance et nous avons tout lieu de nous en féliciter.

La perspective de devoir prospecter un nouveau second de couteaux un peu plus ambitieux pour mener à bien cette mission annexe ne l’enchantait guère, mais il ne doutait pas que les couloirs de l’Académie ou les rues de la capitale impériale regorgeaient d’agents à peu près compétents qui pourraient lui offrir un résultat satisfaisant. Se rabattre sur un second choix n’était en soi pas dramatique, et en tout cas de loin préférable à la perspective de devoir composer avec l’orgueil d’un simple Apprenti.

— Si vous aviez l’obligeance de bien vouloir fermer la porte derrière vous en continuant à tracer votre voie dans le couloir, ce serait bien aimable de votre part, acheva Darth Noctis, en indiquant d’un signe de tête la sortie du bureau.

L’Hapien attrapa un datapad et se plongea dans la lecture d’un nouveau rapport économique, mais son aura obscure s’était refermée sur la pièce, comme une présence menaçante et oppressante dans la Force, et un signe dépourvu de toute ambiguïté qu’il valait mieux ne pas insister.
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